Pandémie grippale et vie des entreprises40

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Rencontre avec p-2 Didier Houssin, Directeur général de la santé, Délégué interministériel à la lutte contre la grippe avaire. Avis d'expert p-4 Colette Le Bâcle, chef de projet risques biologiques à l’INRS. Côté partenaires p-6 Geneviève Abadia, médecin conseiller en santé au travail, Caisse centrale de la mutualité sociale agricole. La parole à p-8 Jean-Pierre Bacarisse, médecin du travail de GE Healthcare, site de Buc (Yvelines). Regard international p-10 Donato Kiniger-Passigli, task force sur l’influenza aviaire du Bureau international du travail. Actualités INRS p-12 R I S Q U E S P R O F E S S I O N N E L S T R A V A I L S O C I É T É Réalité préventi n O Mars 2007 - N°14 Édito © Pascal Sittler/REA Depuis 2003, l’implantation durable du virus H5N1 sous sa forme hautement pathogène fait peser la menace d’une pandémie grippale qui, compte tenu du niveau de l’importance des échanges, n’épargnerait sans doute aucun pays. Si la sensibilité de l’opinion à ce risque s’avère fluctuante et est souvent fonction du traitement médiatique, la mobilisation des autorités sanitaires internationales et nationales ne faiblit pas. Un délégué interministériel à la lutte contre la grippe aviaire (DILGA) a ainsi été désigné en France, en août 2005. La troisième édition du plan national de prévention et de lutte “pandémie grippale” a été présentée par le Premier ministre le 6 février 2007. Ce plan se démarque des précédents par la priorité qu’il donne à la nécessaire continuité de la vie sociale et économique. Les entreprises y sont incitées à anticiper l’organisation de la production en mode “dégradé”, alors qu’il est envisagé, dans l’éventualité d’une pandémie, des taux d’absentéisme pouvant atteindre 40 %. Les entreprises ont-elles pris conscience de l’impact que pourrait avoir une pandémie sur leur activité ? Comment s’organisent-elles face à ce risque ? Les implications en termes de santé et sécurité sur les lieux de travail ne sont pas négligeables ; sous effectifs, horaires décalés, sur-activité pour certains secteurs, autant de facteurs à anticiper pour tenter de limiter les dégâts dans l’éventualité d’un scénario “catastrophe”. Réalité Prévention a souhaité consacrer son 14 e numéro au risque de pandémie grippale et à ses implications sur la vie en entreprise. Stéphane Vaxelaire Directeur de la rédaction Pandémie grippale et vie des entreprises

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■ Rencontre avec p-2Didier Houssin,Directeur général de la santé,Délégué interministériel à lalutte contre la grippe avaire.

■ Avis d'expert p-4Colette Le Bâcle, chef de projetrisques biologiques à l’INRS.

■ Côté partenaires p-6Geneviève Abadia,médecin conseiller en santéau travail, Caisse centrale dela mutualité sociale agricole.

■ La parole à p-8Jean-Pierre Bacarisse,médecin du travail de GEHealthcare, site de Buc(Yvelines).

■ Regard international p-10Donato Kiniger-Passigli,task force sur l’influenza aviairedu Bureau internationaldu travail.

■ Actualités INRS p-12

R I S Q U E S P R O F E S S I O N N E L S T R A V A I L S O C I É T É

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OMars 2007 - N°14

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Depuis 2003, l’implantation durable du virus H5N1 sous sa formehautement pathogène fait peser la menace d’une pandémie grippalequi, compte tenu du niveau de l’importance des échanges, n’épargneraitsans doute aucun pays.Si la sensibilité de l’opinion à ce risque s’avère fluctuante et est souventfonction du traitement médiatique, la mobilisation des autoritéssanitaires internationales et nationales ne faiblit pas. Un délégué interministérielà la lutte contre la grippe aviaire (DILGA) a ainsi été désigné en France, en août 2005.La troisième édition du plan national de prévention et de lutte “pandémie grippale”a été présentée par le Premier ministre le 6 février 2007. Ce plan se démarque desprécédents par la priorité qu’il donne à la nécessaire continuité de la vie sociale etéconomique. Les entreprises y sont incitées à anticiper l’organisation de la productionen mode “dégradé”, alors qu’il est envisagé, dans l’éventualité d’une pandémie, des tauxd’absentéisme pouvant atteindre 40 %.Les entreprises ont-elles pris conscience de l’impact que pourrait avoir une pandémiesur leur activité ? Comment s’organisent-elles face à ce risque ?Les implications en termes de santé et sécurité sur les lieux de travail ne sont pasnégligeables ; sous effectifs, horaires décalés, sur-activité pour certains secteurs, autantde facteurs à anticiper pour tenter de limiter les dégâts dans l’éventualité d’un scénario“catastrophe”. Réalité Prévention a souhaité consacrer son 14e numéro au risque depandémie grippale et à ses implications sur la vie en entreprise.

Stéphane VaxelaireDirecteur de la rédaction

Pandémie grippaleet vie des entreprises

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Rencontre avec

Didier Houssin,Directeur général de la santé,Délégué interministériel à lalutte contre la grippe avaire

(DILGA)

Didier Houssin Une troisième édition du plangouvernemental de préventionet de lutte “Pandémie grippale”a été présentée le 6 février 2007.Quelles sont les principalesnouveautés ?Le Plan dont la première versiondate de 2004, est régulièrementmis à jour pour tenir compte del’évolution de la situation épidé-miologique mondiale, des nou-velles connaissances acquises,et des enseignements tirés desexercices et des échanges avecnos partenaires tant en Francequ’à l’étranger. La précédenteversion datait de janvier 2006.Alors que le premier plandit gouvernemental s’adressaitprincipalement aux ministèreset à l’administration, le nouveauplan concerne tous les acteurs dela société, dont les collectivités

locales, les professionnels detous les secteurs, les entrepriseset les associations. Il s’agit d’unplan véritablement national.Il poursuit l’évolution amorcéedans la version précédente quiau-delà des mesures visant àlimiter la contagion et à prendreen charge les malades par uneadaptation du système de soin,organisait la vie sociale et éco-nomique pour assurer le main-tien des activités essentiellespour la continuité de l’action del’État et pour la sécurité et la viede la population. L’objectif estmaintenant le maintien au plushaut niveau possible des activi-tés économiques, tous secteursconfondus, tout en assurantla protection de la santé du per-sonnel. Ceci est essentiel pourune crise qui durera vraisembla-

blement plusieurs mois. On peutcraindre qu’une pandémie sur-vienne dans des circonstancesautres que celles prévues selonles différentes phases définiespar l’Organisation Mondiale dela Santé (OMS). Il faudra dans cecas s’adapter en faisant preuvede beaucoup de flexibilité et deréactivité. C’est la raison pourlaquelle il a été ajouté aux fichesd’aide à la décision, une fiche deréaction rapide pour répondreà une situation où le démarraged’une pandémie paraît immi-nent, notamment si une exten-sion de grande ampleur de lamaladie apparaît brusquementdans une partie du monde.Comme les autres fiches, elleliste une série de mesures dontla pertinence est à examinerau cas par cas en fonction de

L’OBJECTIF EST MAINTENANT LE MAINTIENAU PLUS HAUT NIVEAU POSSIBLE DESACTIVITÉS ÉCONOMIQUES…

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“ ”Définition des phases des plans de lutte OMS et Francecontre une pandémie grippale

OMS FrancePériode interpandémique SituationsPHASE 1 Pas de nouveau virus grippal circulant chez l’homme • 1 idem OMSPHASE 2 Pas de nouveau virus grippal circulant chez l’homme, • 2A idem OMS mais la France

malgré un virus animal occasionnant un risque substantiel n’est pas concernéede maladie humaine • 2B la France est concernée

Période d’alerte pandémique (pré-pandémique) SituationsPHASE 3 Infection humaine par un nouveau virus (pas de transmission • 3A idem OMS mais la France

interhumaine, ou cas rares et isolés liés à des contacts rapprochés) n’est pas concernée• 3B la France est concernée

PHASE 4 Cas groupés (“clusters”) de transmission interhumaine limitée • 4A idem OMS mais la Franceet localisée (virus incomplètement adapté aux humains) n’est pas concernée

• 4B la France est concernéePHASE 5 Extension des cas groupés, encore géographiquement localisée • 5A idem OMS mais la France

(le virus s’adapte à l’homme) n’est pas concernée• 5B la France est concernée

Période pandémique SituationPHASE 6 Forte transmission interhumaine dans la population, • 6 idem OMS

avec extension géographique rapideSource DILGA

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la situation. Certains chapitressont plus détaillés, notammentsur les mesures d’hygiène et deprotection individuelle, le recoursaux antiviraux et aux vaccins, lagestion internationale de la criseet le dispositif de prise en chargedes ressortissants français àl’étranger.

En matière d’épizootie, le planintègre l’échelle de risque pro-posée par l’Agence française desécurité sanitaire des aliments,qui comporte six niveaux d’alerte.Enfin, les principes éthiquesfont l’objet d’un développementparticulier car il est essentiel queles mesures préconisées fassentl’objet d’un consensus de toute lapopulation pour qu’elles soienteffectivement mises en œuvre etque la cohésion de la société soitassurée. Ceci porte en particuliersur la priorité d’accès à certainesressources en quantité limitée etsur la nécessaire solidarité.

Une des orientations de cettenouvelle édition évoque lanécessité d’une continuité de lavie sociale et économique.Comment sensibiliser les entre-prises et leurs salariés au risquede pandémie grippale ? Quellesdémarches sont prévues vers lesPME et TPE qui jouent un rôleimportant dans la vie économi-que du pays ?Il est vrai que le risque depandémie grippale n’apparaîtpas immédiat et que les entre-prises ont beaucoup d’autresproblèmes à gérer tous les jours.Il est donc nécessaire de leurfaire prendre conscience del’impact d’une pandémie nonseulement au niveau sanitairemais aussi au niveau de l’activitéde chaque entreprise. Aujourd’huila plupart des grandes entrepri-ses ont intégré ce risque et éla-borent des plans de continuitéd’activité permettant la pour-suite des activités tout en veil-

lant à la protection dela santé du personnelet certaines ont orga-nisé des exercices desimulation. La mobili-sation des PME et desTPE est plus difficile.La première étape aconsisté à associerles représentants desprofessionnels auxréflexions de l’adminis-tration sur la manièrede gérer les différentsdomaines. Ainsi, cha-que semaine, j’organise

une réunion sur un thème précisà laquelle participent les ministè-res et les opérateurs ou organisa-tions professionnelles concer-nées. Ceci permet de définir unestratégie pour le secteur, lesmesures de gestion les plus adé-quates et les actions de mobilisa-tion à mettre en œuvre.Par la suite, la mobilisation peutêtre enclenchée en mettant lapandémie grippale à l’ordre dujour de réunion de professionnelsavec la participation de membresde l’administration en chargede ce dossier. J’ai moi-mêmeparticipé à plusieurs réunions dece type avec des secteurs profes-sionnels variés. Pour plusieurssecteurs, des documents decommunication sous la formede guides pratiques sont élaborésavec les représentants desprofessionnels visés, par exempleles secteurs de l’alimentation,de la grande distribution, de larestauration, de la fabricationde médicaments, du transportroutier de marchandises. Certainsde ces secteurs, comme l’alimen-tation et le transport routier demarchandises, comprennent untrès grand nombre de PME et TPE.Les guides visent à les sensibiliseret à leur fournir une méthodolo-gie pour se préparer. En outre,plus spécifiquement pour lesPME et TPE, nous prévoyonsde préparer avec l’Assembléepermanente des chambres demétiers, un guide proposant des

recommandations adaptées auxdifférentes modalités de contactavec le public.

Le fonctionnement en modedégradé, pour reprendre les ter-mes du rapport, impliquera pourcertaines entreprises l’apparitionou l’accentuation de certainsrisques professionnels (travailisolé, surcroît d’activité danscertains secteurs, horaires déca-lés, hausse de l’absentéisme).Quelles sont les principalesrecommandations du plan gou-vernemental pour faire face àces situations exceptionnelles ?Comme le prévoit le Code dutravail, le chef d’entreprise doitprendre les mesures nécessairespour assurer la sécurité etprotéger la santé de tous sesemployés. Il évalue les risquespour la sécurité et la santé dupersonnel et les transcrit dansun document unique qui doitêtre actualisé pour tenir comptedes changements de circonstan-ces. Ce dispositif général deprévention et de protection doitêtre étendu aux risques liés àune pandémie grippale, tels quele contact avec des malades oudes personnes susceptibles del’être, les risques liés aux change-ments de poste et au manque depratique. Il convient de considé-rer aussi le risque de contamina-tion dans les transports en com-mun sur les trajets du domicileau lieu de travail. Le médecindu travail peut être utilementconsulté sur ces questions.

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Le nouveau plan de lutte national prévoit le maintien au plus

haut niveau possible des activités économiques, tous secteurs confondus,

tout en assurant la protection de la santé du personnel.

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Avis d’expert

L’ENTREPRISE DOIT ANTICIPERLES PROBLÈMES QUI POURRAIENTSE POSER DANS UN FONCTIONNEMENTEN MODE DÉGRADÉ.

Pourquoi craindre une nouvellepandémie grippale ?La menace d’une pandémiegrippale est annoncée depuisprès de 20 ans, mais malgré labrève alerte liée aux 18 cas degrippe aviaire (dont 6 décès) àHong-Kong en 1997, elle n’avaitpas été sérieusement prise encompte jusqu’à l’épidémie deSRAS (syndrome respiratoireaigu sévère). Celle-ci a provoquéune prise de conscience du ris-que,au moment même où appa-raissaient fin 2003 les nouveauxfoyers d’influenza aviaire (lamaladie chez l’animal) en Asie.La souche H5N1 possède lescapacités habituelles de glisse-ments et de dérives antigéni-ques des virus influenza A, res-ponsables des grippes animaleset humaines et certains signeslaissent penser que le virusaviaire H5N1 hautement patho-gène est en train de s’adapteraux mammifères. Ces nouvellescaractéristiques du virus H5N1

et le possible franchissement dela barrière d’espèce, font crain-dre l'émergence d'un nouveausous-type viral ayant acquisun potentiel pandémique.Selon l’Organisation Mondialede la Santé, le monde n’a jamaisété aussi proche d’une nouvellepandémie grippale puisquetoutes les conditions préala-bles à cette pandémie sontmaintenant réunies sauf une :l’établissement d’une transmis-sion interhumaine effective.

Quel serait l’impact médico-économique d’une pandémie ?Chaque année, la grippe toucheentre 3 à 7 millions de personnesen France avec en moyenne 2 à3 000 décès (avec parfois despics à 8 000) survenant majori-tairement chez les personnesâgées de plus de 65 ans. En 2005,à la demande du ministère encharge de la santé, l’Institut deveille sanitaire (InVS) a cherché àétablir des prévisions en prenant

comme référence la pandémiedite ”grippe espagnole”. En l’ab-sence d’intervention sanitaire,le bilan de la pandémie pourla France pourrait être de 9 à21 millions de malades, avec91 000 à 212 000 décès. Il s’agitbien sûr des résultats d’une étudeutilisant un modèle mathéma-tique. À titre de comparaison, ladernière pandémie en 1968 aété beaucoup moins virulenteet n’a été responsable “que” de18 000 décès directs.

Quelles entreprises sont concer-nées par le plan pandémiegrippale ?Selon leurs activités, les entre-prises sont concernées à diverstitres par les trois grands prin-cipes inscrits dans ce plan :- Le maintien des “activitésessentielles pour la continuité del’action de l’État et pour la sécu-rité et la vie de la population”,production et transport d’énergieet d’eau potable, approvisionne-ment alimentaire (alimentationdes hommes et des animauxd’élevage), industrie pharmaceu-tique et médicale, circuits finan-ciers et moyens de paiement,communications, production dematériels de protection, de pro-duits de ménage et d’hygiène,média, transports jugés indispen-sables, collecte et traitementdes déchets, traitement des eauxusées… - Le maintien de la sécuritédes installations dangereusesdans un contexte particulier depénurie de personnel.La préparation du pays (popula-tion générale et professionnels)par la diffusion d’une information

Colette Le Bâcle

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Colette Le Bâcle,chef de projet risques

biologiques à l’INRS

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régulière et pédagogique sur lesrisques liés à la pandémie.Le plan est accompagné d’unesérie de fiches pratiques dontl’une incite à la rédaction d’unplan de continuité ayant pourobjectif de “maintenir l’activitéau niveau le plus élevé possibletout en protégeant les person-nels exposés”. L’élaboration d’unplan de continuité est obliga-toire pour les administrations del’État et fortement recomman-dée pour les collectivités territo-riales et pour les entreprises.

Comment se préparer ?Dès l’entrée en situation de crise,des mesures pourront être prisesà l’échelle de la nation ou sur unplan régional : la fermeture ou lecontrôle des frontières, l’arrêtdes transports publics, la restric-tion des déplacements, la sus-pension des rassemblements depopulation, la fermeture des éta-blissements scolaires et des crè-ches… De grandes entreprises etadministrations, des organisa-tions professionnelles… ont com-mencé à réfléchir aux profondesperturbations qu’entraînerait lamise en place de ces mesures,afin d’organiser leur proprefonctionnement en situationde pandémie et faire face àun absentéisme important(absence pour maladie, difficul-tés de déplacement, garded’enfant ou soins d’un membrede la famille). Le principe debase de ces plans de fonction-nement en mode dégradé estla mise en place d’une struc-ture de pilotage et de gestionde crise, laquelle s’organise engénéral autour de “trois volets”.

Le volet sécurité de l’entrepriseCertaines entreprises ne peu-vent être brutalement arrêtéeset doivent, si cela n’est déjà fait,s’organiser pour avoir un fonc-tionnement en mode dégradé :entreprises avec des installa-tions à haut risque (type Seveso),entreprises à “feu continu”,entreprises travaillant avec des

animaux, laboratoires derecherche… Elles doiventprévoir la mise en sécuritédes installations en situa-tion de crise : inventairedes installations à risque,entretien minimum deslocaux et machines,stockage des produitsnécessaires, traitementdes déchets et enfin pré-voir, en cas de fortescontraintes, les modalitésd’une fermeture du site(absentéisme trop impor-tant, difficultés d’approvi-sionnement en énergie…).

Le volet ressourceshumaines Il concerne les effectifs quiviendront travailler. En casde réquisition, des équipesrestreintes doivent être défi-nies, leur mode de vie sur placeorganisé, leur rotation assuréeainsi que les modalités de larelève. Dans tous les cas, il faut :- recenser les personnels etles activités de sous-traitanceindispensables au maintien desactivités vitales pour l’entreprise,- explorer les possibilités detélétravail,- prévoir le partage desconnaissances entre plusieurspersonnes, en particulier sur lesfonctions stratégiques (systèmeinformatique, comptabilité…),- prévoir des délégations poursuppléer les absences des res-ponsables de certains secteurset organiser les contacts partéléphone, fax, courrier électro-nique et vidéoconférences…,- identifier les salariés les plusfaciles à mobiliser (volontariat,localisation du domicile,absencede jeunes enfants à charge…),- éventuellement, prévoir l’orga-nisation d’un soutien auxpersonnels indispensables pourpallier les difficultés du transportlors de la fermeture des trans-ports en commun ou le pro-blème de la garde des enfantsen cas de fermeture des crècheset des écoles.

Le volet santé au travail Il concerne les équipes qui conti-nueront à travailler, tant vis-à-visdes risques liés aux activités àassurer, que vis-à-vis des risquesde stress et de contaminationpar le virus malgré les précau-tions prises. En raison de ladésorganisation générale et del’importance de l’absentéisme,le risque d’incident voire d’acci-dent sera majoré. Au momentd’un incident dans un process,y aura-t-il le bon geste par labonne personne,au bon moment,avec toutes les connaissancesnécessaires ?

L’évaluation des postes etactivités à risque doit donc allerau-delà du fonctionnementen mode normal et anticiperles problèmes qui pourraient seposer dans un fonctionnementen mode dégradé.

Différentes actions sont néces-saires : évaluation des besoinsen matériels de protection etmodalités de stockage, disposi-tions et consignes face auxrisques de propagation de lamaladie à l’intérieur de l’entre-prise, organisation des déplace-ments obligés en dehors del’entreprise et mise en placed’une formation spécifique sinécessaire, en particulier pour le

port d’appareils de protectionrespiratoire. La communicationau sein de l’entreprise est aussiun volet important de cette pré-paration en particulier la“communication pédagogiquesur les comportements” afin defaire connaître et comprendreles règles d’hygiène et les mesu-res barrières.

Ceci doit permettre, le momentvenu, de favoriser l’adoption decomportements individuels etde gestes adaptés et de susciterl’adhésion à la logique de ges-tion de moyens parfois limités.

Quel serait le rôle des médecinsdu travail en situation demenace de pandémie grippale ?En phase pré-pandémique,le médecin du travail est dansson rôle habituel de conseillerauprès des responsables d’entre-prise et des salariés pour organi-ser la prévention sur les lieux detravail. En phase pandémique, ils’agira d’organiser les servicesde santé au travail en fonctiondes effectifs de médecins dutravail n’ayant pas fait l’objetd’une réquisition afin d’assurerleurs missions auprès des tra-vailleurs. Le principe de réquisi-tion éventuelle de certainsmédecins du travail soulève laquestion de l’équilibre à trouverentre les effectifs de médecinsdu travail volontaires ou réquisi-tionnés pour aider à la prise encharge des malades et les effec-tifs nécessaires aux actions enentreprise et au suivi médicaldes travailleurs.

Comment convaincre les entre-prises de se préparer ?Nul ne peut dire aujourd’hui nioù ni quand démarrera la vaguepandémique mais il semble qu’ilsoit temps de s’y préparer afind’en limiter les conséquences.De plus, la préparation d’unegestion de crise “pandémiegrippale” amène à réfléchir àtoute situation de crise sanitairemajeure.

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Les entreprises doivent se préparer en amont au risque de survenue d’une pandémie en élaborant

un plan de continuité qui intègre trois volets essentiels, sécurité de l’entreprise, ressources humaines

et santé au travail.

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Côté partenaires

En cas d’apparition du virusinfluenza dans un élevage devolailles, les éleveurs ont unrôle particulier à jouer pouréviter la diffusion du virus etsa transmission à l’homme.Quelles sont les recommanda-tions en termes de préventionvis-à-vis de ces personnes ?

En effet, lorsque le virusinfluenza aviaire apparaît dansun élevage, comme ce fut le casen France l’an passé, l’éleveur etles services vétérinaires setrouvent en première ligne etjouent un rôle fondamental,notamment pour éviter lapropagation de la maladieanimale et limiter les risquesde transmission à l’homme.Un arrêté du ministère chargé

de l’agriculture du 5 février2007 décrit très précisémentles signes d’alerte à surveilleren fonction des espèces etles règles à appliquer en cas desuspicion et de confirmationd’un cas. Les risques de trans-mission du virus à l’hommesont extrêmement faibles maisdes mesures de protectionprécises sont préconisées pourl’éviter et surtout pour empê-cher sa propagation à d’autresélevages. En cas de suspicion,l’accès à l’élevage est limitéaux personnes absolumentindispensables, il faut qu’ellessoient informées sur le risqueet qu’elles respectent lesmesures de prévention. En casde confirmation d’un foyer,d’autres acteurs doivent entrer

en jeu pour assurer l’euthanasie,l’évacuation et la destructiondes animaux, ce sont souventdes salariés qui ne relèvent pasdu régime agricole. Toutes lespersonnes exposées doiventégalement faire l’objet d’unesurveillance de la part desservices sanitaires pour pouvoirréagir au plus vite en cas d’appa-rition de symptômes grippaux.

Le dispositif repose beaucoupsur la vigilance des éleveurs devolaille, mais on sait qu’ils sontbien sensibilisés notammentsuite à l’épisode que nousavons connu l’an passé dans ledépartement de l’Ain.Aujourd’hui, la réglementationest stabilisée et les mesures àprendre connues.

Geneviève Abadia,médecin conseiller en santéau travail, Caisse centrale dela mutualité sociale agricole

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L’IDÉE EST D’INCITER LES EXPLOITANTSÀ ANTICIPER LES FORTES PERTURBATIONSD’ORGANISATION…“ ”

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En cas de pandémie grippale,la problématique est diffé-rente, les agriculteurs devronts’organiser pour maintenir leurproduction afin d’assurer l’ap-provisionnement alimentairedu pays. Là, c’est tout le mondeagricole qui est concerné, leniveau de sensibilité et depréparation est-il équivalent ?

La problématique est tout àfait différente et la consciencedu risque est plus faible. Sur cesujet, nous en sommes encoreà faire de la sensibilisationet de l’information. La MSAcontribue ainsi à l’élaborationde guides établis sous l’égidede la délégation interministé-rielle de lutte contre la grippeaviaire (DILGA). Plusieurs guidessont déjà parus (destiné auxindustries agroalimentaires,

à la grande distribution, à larestauration collective), noustravaillons actuellement à l’éla-boration d’un quatrième des-tiné aux exploitants agricoles.Ces documents fournissentles informations de base surce qu’est une pandémie,expliquent la différence avecla maladie animale et incitentà anticiper les problèmes quisurviendraient en cas d’alerte.Les mesures qui y sont préconi-sées sont organisationnelles,elles concernent la conduitede l’exploitation en situation decrise et ne sont pas des recom-mandations individuelles.

Par exemple, ils invitent leséleveurs laitiers à prévoir descapacités de stockage de laitet d’alimentation animale,à envisager l’organisation de

vêlages ou encore à penserdes dispositifs d’entraide entreexploitants pour pallier l’ab-sence de personnes malades.L’idée est d’inciter les exploi-tants à anticiper les fortesperturbations d’organisationqui surviendraient pendant lacrise, tout en maintenant leuractivité indispensable au pays.

Sur ce point les agriculteurssont dans une situation prochede celle de nombreuses entre-prises aux activités indispensa-bles, ils doivent se préparer aumême titre qu’elles. À titred’exemple, nous sommes entrain de préparer à la MSAnotre propre plan de continuitépour pouvoir assurer les servi-ces (retraites, prestations socia-les…) à nos adhérents en cas depandémie.

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Les professionnels du monde agricole ont un rôle primordial à jouer

aussi bien dans la lutte contre la propagation de l’influenza aviaire

qu’en cas de pandémie grippale.

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Sur le webSur le web

Grippe aviaireUn nouveau dossier de l’INRSfait le point sur les risquesprofessionnels et les mesuresde prévention à mettre enplace face au risque degrippe aviaire.www.inrs.fr/dossiers/grippe-aviaire.html

NanomatériauxL'émergence desnanotechnologies et la priseen compte des particulesultra-fines émises lors decertains procédés industrielsposent la question desrisques encourus lors del'exposition professionnelle.En attendant l’avancée desétudes, il est recommandéd’appliquer des règles deprotection maximale desopérateurs pour atteindrele niveau d’exposition le plusbas possible.www.inrs.fr/dossiers/nanomateriaux.html

Nouveau siteUn nouveau portail dédiéà l'information en santéenvironnement et santéau travail vient d'ouvrir.Il donne accès à près de2 500 documents didactiquesdestinés au grand public ethiérarchisés en fonction deleur niveau de complexité.www.sante-environnement-travail.fr

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La parole à…

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NOUS AVONS DEUX CARACTÉRISTIQUESQUI NOUS INCITENT À ÊTRE TRÈSVIGILANTS SUR CETTE QUESTION.

Vous avez engagé une réflexionsur la préparation de votreétablissement à l’éventualitéd’une pandémie grippale.Pouvez-vous nous expliquervos motivations ?Nous avons deux caractéristi-ques qui nous incitent à être trèsvigilants sur cette question. Lapremière est liée à notre métier,nous fournissons en matériel deradiologie de très nombreuxhôpitaux et assurons la mainte-nance de ces équipements.En cas de pandémie grippale, lesservices de radiologie seront sur-sollicités et notre service aprèsvente devra intervenir chez nosclients, il sera donc exposé à unrisque particulier. La seconde estliée à l’organisation de notreentreprise qui est multinatio-nale. Nous avons des sites dans

le Sud de l’Inde et en Chine, cequi n’est pas anodin au regarddu risque lié à la grippe aviaire.Une partie des salariés del’établissement de Buc est enpermanence en voyage dansces pays, mais aussi en Afrique,au Moyen-Orient. L’épisode duSRAS (syndrome respiratoireaigu sévère) nous a fait prendreconscience des problèmes quecela pouvait poser.

Quelle démarche avez-vous en-gagé pour préparer l’entreprise ?Nous avons d’abord convaincula direction de l’entreprise de lanécessité de travailler sur cettequestion : comment continuerà fonctionner tout en assurantl’obligation de sécurité dessalariés dans un contexte depandémie ? Il est évident que

cela ne pourra pas s’improviser.Un groupe restreint a donc étéconstitué, il rassemble unepersonne responsable du fonc-tionnement général du site, unchargé de mission de la direc-tion générale et moi-même.Nous avons listé les problèmeset réfléchi à des solutions envi-sageables. Nous allons mainte-nant ouvrir cette réflexion à unnoyau élargi d’une vingtaine dedirigeants, car il va falloir fairedes choix impliquant parfoisdes moyens importants ou desmodifications d’organisation, leplan n’est pas chiffré à ce stade.

Quelles actions sont envisagées,quelles difficultés peuvent-ellesposer ?Le premier objectif du plande continuité est d’assurer la

Jean-Pierre Bacarisse,médecin du travail de

GE Healthcare, site de Buc(Yvelines)

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“ ”GE Healthcare est le leader mondial de l’imagerie médicale, le siège social est situéà Milwaukee aux États-Unis, le site de Buc dans les Yvelines rassemble les activitésconcernant l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient.

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sécurité des salariés, cela passepar des mesures de protectioncomme le passage en télétravaild’une partie de l’effectif, l’inter-diction d’accès au site auxpersonnes malades, avec miseen place de détecteurs thermi-ques et des mesures d’hygièneet de protection individuellenotamment l’équipement despersonnels du service aprèsvente en masques de protectionrespiratoire. Il faut donc enconstituer une réserve, maisnous avons appris récemmentque l’INRS avait montré quel’efficacité des masques n’étaitpas garantie après une longuepériode de stockage (voir enca-dré), ce qui veut dire qu’il faudrapeut-être renouveler les stocksrégulièrement. Il faut égale-ment se préoccuper des salariésrégulièrement en déplacementà l’étranger qui risquent de seretrouver bloqués sur place,quelles consignes leur donner ?Comment organiser leur retourdans des conditions de sécuritésatisfaisantes ? Faut-il qu’ilsaient des antiviraux avec euxen permanence ?

Le second objectif est demaintenir nos équipementsen service chez nos clients,d’autant plus qu’ils serviront àla prise en charge des malades.Il est, d’un point de vue éthique,impossible de ne plus assurer lamaintenance et le dépannage,mais cela implique une organi-sation particulière car nousfonctionnons sans stock. Lespièces sont commandées enfonction des besoins et en casde pandémie les transportsseront sans doute perturbés,ce qui veut dire que pour êtreen mesure de dépanner nosclients nous devrons disposerde stocks. La décision d’enconstituer relève évidemmentde la direction. Il faut arriver à cequ’une décision soit prise sur cesujet même si elle est coûteuse

pour un risque hypothétique.Il faudra par ailleurs organiserdes actions de sensibilisation etde formation des personnels.Sachant que tous nos supportsde communication interne sonttraduits en 11 langues, il faut sepréparer en amont. Enfin, nousdevons composer avec notreobligation de respect de laréglementation française et lesdirectives du service santéCorporate du groupe baséaux États-Unis, heureusementen général les informations serecoupent.

C’est d’ailleurs l’occasion de serendre compte que la France estplutôt en avance sur ce sujet.

Êtes-vous optimiste quant àla capacité d’une entreprisecomme la vôtre à faire face àune crise de grande ampleur ?Au regard des dommagesprovoqués par les grandespandémies du XXe siècle, ilconvient d’être prudent.

La mondialisation des échangeset la complexité des chaînesd’approvisionnement peuventêtre pénalisantes.Par contre, la rapidité de circu-lation de l’information et desprises de décision sera unavantage. Les entreprises fontaujourd’hui preuve d’une grosseréactivité. ©

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L’élaboration d’un plan de continuité implique des prises de décisions relevant nécessairement

des directions d’entreprise.

Conditions de stockage des masques

L’INRS a effectué des tests visant à évaluer les effets de la durée de stockage (avantutilisation) des masques sur leur efficacité. Les premiers résultats montrent qu’une perted’efficacité peut être constatée dans certains cas.

D’autres travaux sont en cours pour définir plus précisément les facteurs en cause.Dans l’attente de ces éléments, les dates limites d’utilisation indiquées par les fabricantsdoivent impérativement être respectées.

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Regard international

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Pourriez-vous rappeler le rôledu Bureau international dutravail (BIT) face au risque depandémie et notamment l’ac-tualité influenza aviaire ?En juin 2006, la Banquemondiale a estimé qu'unepandémie de grippe humained'origine aviaire pourrait cau-ser une perte de 3,1 % duproduit intérieur brut mondialet coûter à l'économie mon-diale 1,25 trillions de dollars(USD). Ces pertes seraient cau-sées par un déficit de revenuset une crise du secteur aéro-nautique et touristique, entreautres secteurs économiquesaffectés. En outre, en se fon-dant sur les précédents casd'épidémie de grippe, lespertes humaines pourraientse chiffrer en millions dans lepire des scénarios.

De par sa structure tripartite, leBureau international du travailest une des organisations lesmieux placées pour répondreaux préoccupations des gou-vernements, des employeurset des travailleurs concernantles menaces que fait peser lagrippe aviaire. En plus deprovoquer des pertes directesliées à l’abattage des volailleset à la baisse de la demande deproduits avicoles, elle affaiblitdes structures commercialesdéjà fragiles et menace lesmoyens de subsistance despetits aviculteurs.

Afin de prévenir une éventuellepandémie de grippe aviaire et

d’en atténuer les conséquences,les institutions des Nationsunies se sont employées à éla-borer des plans d’interventionà l’échelle mondiale et régio-nale. Un plan d’action a étépublié en juillet 2006. Il s’agitd’un plan renouvelable et le BITa été invité à contribuer à samise à jour au début de l’anprochain.

Dans ce contexte, le BIT aaccueilli le 27 septembre 2006,à Genève (Suisse), un ateliertechnique sur la grippe aviaireet le milieu de travail (prépara-tion et interventions). L’atelierauquel ont participé des repré-sentants des employeurs et destravailleurs et des institutionsinternationales a été l’occasiond’examiner des questions déci-sives relatives à la sécurité et àla santé au travail, à l’emploi etaux moyens de subsistance,dans le contexte du Pland’action consolidé relatif auxcontributions de l’Organisationdes Nations Unies (ONU) etsous l’angle d’une éventuellepropagation du virus de lagrippe aviaire.

Concernant l’action préventive,les questions relatives aux droitsdes travailleurs et à la sécuritéet à la santé sur le lieu detravail entrent pleinementdans le champ d’action du BIT.Il est nécessaire de renforcerles capacités et de veiller à ceque des mécanismes et desinfrastructures efficaces soienten place pour combattre la

grippe aviaire sur le lieu de travail.Les gouvernements et lespartenaires sociaux aidés par lesorganisations internationalesdevraient mettre en place desstructures appropriées pourfaire face à une éventuellepandémie. Les campagnes d’in-formation auront aussi un rôlefondamental à jouer dans lecombat contre les effets de lagrippe aviaire. Le lieu de travailconstitue un important moyend’informer les employeurs,les travailleurs et la populationen général sur les mesures deprécaution à prendre et les meil-leures pratiques à adopter.

Quelles sont les principalesconclusions de la réunionorganisée en septembre 2006 ?Il a été suggéré que le BITcontinue de suivre la questionsous l’angle des préparatifs etdes réponses possibles. Les par-tenaires sociaux ont manifestéleur intérêt à maintenir cettequestion à leur ordre du jour etsont parvenus à un consensussur la nécessité de porter cesujet à l’attention du Conseild’administration du BIT.

Les participants sont convenusde recommander les mesuressuivantes :- Le BIT apportera son appui auxinitiatives de l’ONU et des paysen se maintenant dans le cadredéfini par le plan d’action del’ONU.- En conséquence, le BIT, dansle cadre des efforts de l’ONU,s’occupera des questions de

Donato Kiniger-Passigli,task force sur l’influenza

aviaire du Bureauinternational du travail (BIT)

Donato Kiniger-Passigli

LE LIEU DE TRAVAIL CONSTITUEUN IMPORTANT MOYEN D’INFORMERLES EMPLOYEURS, LES TRAVAILLEURSET LA POPULATION…“ ”©

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sécurité et de santé au travailen réunissant et en publiantdes informations. Il soulignerala nécessité de traiter les ques-tions relatives aux droits destravailleurs, au dialogue social àtous les niveaux, à la protectionsociale et aux pertes de revenusen cas de grippe aviaire.

Le BIT recensera les domaines oùil dispose d’un avantage compa-ratif et peut apporter une valeurajoutée aux initiatives de l’ONU.Il pourrait notamment recueillirdes informations de premièremain et les diffuser par descanaux efficaces en mobilisantles partenaires sociaux.- Le BIT pourrait égalementtravailler avec d’autres institu-

tions, notamment la Banquemondiale et la FAO, pour élabo-rer des mesures appropriéesd’indemnisation, de protectionsociale et de protection desrevenus.- Le BIT fera parvenir à l’UNSIC(Coordination de l’ONU pourles grippes aviaire et humaine)des suggestions préliminairesà intégrer dans le plan d’actionde l’ONU. Ces suggestionstireront parti des apports déjàdisponibles et seront amélioréesaprès consultation des parte-naires sociaux et des unitéstechniques du BIT.

Enfin, des propositions plusspécifiques ont également étéformulées pour intégration

dans la prochaine version duPlan d’action consolidé relatifaux contributions de l’ONU.Ces propositions partent duprincipe que la grippe aviairedevrait être considérée commeune maladie liée au travail dansle cas des personnes qui peu-vent être exposées au virusdans l’exercice de leur activitéprofessionnelle.Le lieu de travail est donc unlieu fondamental de préventionoù doivent être abordées lesquestions de sécurité sociale,de sécurité et de santé autravail et les préoccupationsconcernant les groupes vulné-rables tels que les enfants,les travailleurs migrants et lesagents de santé.

Dans l’avenir proche, l’action duBIT devra cibler principalementquatre objectifs du plan d’actionde l’ONU :- protéger les moyens desubsistance,- garantir le respect desrèglements sanitaires internatio-naux et mettre en place dessystèmes d’alerte précoce,- renforcer les synergies entreles parties prenantes nationales,régionales et internationales,- fournir aux principaux décideursdes informations en temps utileet encourager les changementsde comportement.

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Le BIT contribue aux travaux de l’ONU sur la grippe aviaire en pointant notamment la nécessité de traiter

les questions relatives aux droits des travailleurs, au dialogue social, à la protection sociale et aux pertes

de revenus en cas de pandémie.

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En cas de pandémie, adapter ses comportements

Les mesures barrières

Dans l’attente d’un vaccin efficace et facilement disponible pourtoute la population, la mise en œuvre de mesures barrières par leplus grand nombre, en particulier les simples mesures d'hygiène,doit permettre de limiter l’impact d’une pandémie grippalecomme cela a pu être vérifié lors d’autres épidémies de maladiesinfectieuses.

Ces mesures sont les suivantes :• Le lavage des mains

Il se fait à l’eau et au savon et il est suivi par un essuyagesoigneux avec une serviette en papier à usage unique qui serajetée dans une poubelle fermée.

• Les mouchoirsIl faut utiliser de préférence des mouchoirs à usage unique etles jeter après usage dans une poubelle fermée équipée d’un sacplastique.

• Les comportements sécuritairesIl fait appel au civisme de chacun pour respecter les consignessuivantes : limiter les déplacements, les visites aux personnesmalades et éviter les lieux de rassemblement et surtoutmodifier le temps de l’épidémie les habitudes sociales et nepas embrasser ni serrer la main quels que soient le lieu, le motifet les personnes.

Quels masques pour quelles utilisations ?

- “masques anti-projections” encore appelés masques médicaux ou chirurgicaux. Ils doivent êtreportés par les malades pour protéger leur entourage.Pour plus d’information sur l’emploi de ces masques et les différences par rapport à un appareil deprotection respiratoire, il est possible de se référer au document ED 4136 co-signé INRS, Directiongénérale de la santé et ministère chargé du travail.Le plan national prévoit que “le port du masque anti-projection pourra être préconisé dans lesespaces publics à titre de précaution” par toutes les personnes.

- “appareils de protection respiratoire de type FFP2”. Dans certains documents officiels, ils sontaussi appelés PRI pour protection respiratoire individuelle mais il s’agit bien de ceux qui sont déjàutilisés pour les risques liés aux poussières et aérosols en milieu professionnel. Ils sont destinésà protéger en priorité les personnes au contact rapproché et répété des malades ou de leursprélèvements biologiques, notamment les professionnels de santé et assimilés (professionnelsdes secours et de la sécurité en situation d’exposition importante).En fonction des quantités disponibles, le personnel réquisitionné ayant un risque d’exposition(contact permanent et rapproché avec du public, services à domicile chez des personnesisolées…) pourra également être équipé d’appareils de protection respiratoire de type 1 ou 2.

Pour en savoir plus consulter la Fiche pratique de sécurité ED 105, Appareils de protectionrespiratoire et métiers de santé, à télécharger sur le site www.inrs.fr

Actualités INRS

INRS, 30 rue Olivier Noyer - 75680 Paris cedex 14 - Tél. : 01 40 44 30 00 - Télécopie : 01 40 44 30 99 - www.inrs.frDirecteur de la publication : Jean-Luc Marié - Directeur de la rédaction : Stéphane Vaxelaire - rédaction : Marc MalenferComité de rédaction : Jean-Claude André, Pierre Angot, Philippe Jandrot, Marc Malenfer, Stéphane Vaxelaire - A participé à ce numéro : Colette Le BâcleN° ISSN : 1762-3561 - Contact : [email protected] et réalisation : ORC, Image & Stratégies d’Employeur, 6 boulevard des Capucines, 75441 Paris Cedex 09.

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