PALUDISME GRAVE EN REANIMATION Karine AUGEUL-MEUNIER DES Hématologie Saint-Etienne.
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PALUDISME GRAVE EN REANIMATION
Karine AUGEUL-MEUNIERDES HématologieSaint-Etienne
Rappels …
Paludisme grave = paludisme à Plasmodium Falciparum: LE SEUL QUI TUE !
Zones d’endémie: pays situés entre les 2 tropiques et Afrique < 1500m (Afrique tropicale subsaharienne)
Prémunition: sujets semi immuns et sujets non immuns (paludisme d’importation et enfants autochtones)
En France: paludisme d’importation: 4000 à 5000 cas/an, dont une centaine de cas graves
Physiopathologie
Pourquoi P.Falciparum peut provoquer des accès graves ?
Pouvoir de multiplication intense dans les capillaires profonds peu riches en oxygène (+++ cerveau)
Aptitude à envahir toutes les hématies quelque soit leur âge
Phénomène de cytoadhérence des GR parasités: séquestration dans les viscères (hypoxie)
Contexte: absence de prophylaxie, ou prophylaxie inadéquate, ou arrêt prématuré de la prophylaxie
La prophylaxie ne confère pas une immunité totale!
Comment reconnaître un paludisme grave?
Accès palustre simple: hyperthermie, frissons, céphalées, myalgies, signes digestifsPas de signes pathognomoniques du paludismePas de manifestations cliniques sans parasitémie
Critères OMS 2000:
Cliniques:
Prostration Troubles de conscience Respiration acidosique Convulsions répétées Collapsus cardiovasculaire Œdème pulmonaire Saignement anormal Ictère Hémoglobinurie macroscopique
Biologiques:
Anémie sévère (<5g/dl chez l’enfant, Hb<7g/dl chez l’adulte)
Hypoglycémie (<2,2 mmol/l) Acidose (bicar < 15) Hyperlactatémie (>5) Hyperparasitémie (4%) Insuffisance rénale (créat > 265,
diurèse < 400 ml/j)
Paludisme grave = Paludisme de réanimation ?
Saïssy, 2003, Med Trop
Dysfonctions d’organes:
Défaillance neurologique +/- neuroplaudisme
Défaillance respiratoire: ALI +/- ARDS
Défaillance hépatique Défaillance CV Défaillance rénale
(diurèse < 0,5 ml/kg après réhydratation avec créat > 265)
Défaillance de l’hémostase (P < 20 G/l)
Dysfonctions métaboliques:
Acidose métabolique Acidose lactique Hypoglycémie
Porter un diagnostic
Frottis mince (étude morphologique) + goutte épaisse (parasitémie)
PCR: pour les parasitémies très faibles
Rapid Diagnostic Test
Au moins trois résultats négatifs avant d’exclure le diagnostic
La parasitémie peut être nulle en réa
Cas particuliers
La fièvre bilieuse hémorragique:
hyperthermie et hémoglobinurie paroxystique due à une hémolyse intravasculaire aiguë, choc, anémie aiguë, insuffisance rénale aiguë
Femme enceinte: plus de prémunition au 2° et 3° trimestre:
diminution de la susceptibilité avec augmentation du nombre de grossesses (immunisation contre les parasites adhérents au placenta)
Mortalité foetomaternelle, anémie, RCIU
Hypoglycémies sévères après le début du traitement par la quinine, OAP, anémie
Cas particuliers
Enfant: immunité labile et incomplète, fréquence des formes graves
Grand enfant: neuropaludisme, crises convulsives
Jeune enfant: anémie grave
Détresse respiratoire sur acidose métabolique isolée ou associée à une anémie ou un neuropaludisme
Traitement étiologique
Schizontocide de référence endoérythrocytaire puissant et prolongé: quinine IV
Dose de charge de 17 mg/kg chez tout sujet non immun avec un paludisme grave, dans du G5% en 4 heures, puis entretien avec 8 mg/kg/8h en perf de 4h, ou 24 mg/kg/jour à la SAP (attention à l’hypoglycémie)
Dosages de quininémie à H4 puis une fois par jour: entre 10 et 15 mg/l (30-35 mmol/l)
Si insuf rénale: posologies idem sur les 48 premières heures puis diminution de 1/3
Si hémodialyse ou hémofiltration: posologies idem Si insuffisance hépatique: diminution de 50% dès la 2° perfusion
Puis relais par quinine orale dès que parasitémie nulle, pendant 7 jours
CI dans la FBH
Adjuvants et traitements symptomatiques
Antibiotiques: adjuvants et synergiques, si sensibilité diminuée à la quinine (Asie de Sud Est, Amazonie)
Doxycycline: 100 mg/12h IV pendant 7 jours Si CI: clindamycine: 10 mg/kg/_h IV pendant 5 jours
Traitement symptomatique:
Ventilation mécanique (coma, OAP) Support hémodynamique (rarement amines vasoactives) Epuration extra rénale (majoration de l’hypoglycémie) HTIC
Anticonvulsivant (Valium 10 mg IV, pas de prévention systématique)
Transfusions (GR, plaquettes, PFC)
Alternatives à la quinine
Dérivés du qinghaosu (armoise):
Artémether (Paluther):
pour les CI à la quinine (FBH), ou si palu grave contracté dans une zone de résistance à la quinine, ou si formes résistantes à la quinine:
équivalent à la quinine en terme de mortalité, pas d’AMM en France, disponible sous ATU nominative
Artesunate (Arsumax): à l’essai, meilleure tolérance
Etude randomisée: Lancet 2005, Dondorp et al.: baisse de la mortalité en IV (mais grande hétérogénéité des patients et pas de palu d’importation)
Résistance: parasitémie avec formes asexuées après 3 jours de traitement bien conduit par la quinine, ou réapparition de la parasitémie dans les 7 jours
EST: indications discutées: non recommandée par la conférence de consensus (méta analyses: pas d’intérêt)
Facteurs pronostics Etude rétrospective (Abidjan): facteurs de mortalité: coma (GSG < 7) détresse respiratoire acidose métabolique insuffisance rénale convulsions répétées
Etude rétrospective en France: facteurs de mortalité: choc acidose coma OAP troubles majeurs de la coagulation bili totale > 50
Mortalité du paludisme grave d’importation: 10 à 30%
Facteur de mauvais pronostic: surinfection bactérienne
Conclusion…
Prise en charge comparable aux autres états infectieux graves
Nécessité de développer des structures de réanimation en zones d’endémie…