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21 RUE LERICHE 75015 PARIS - 01 48 42 90 00 21 SEPT/04 OCT 12 biMensuel Surface approx. (cm²) : 2728 Page 1/10 DESIGNER'S2 1230263300503/GFD/OTO/2 Eléments de recherche : DESIGNER'S DAYS : manifestation itinérante du 31/05 au 04/06/12 à Paris (75), toutes citations La mode entre au musée Vue de l'exposition « British Design 19^8-2012 : Innovation in thé Modem Age », 31 mars-12 août 2012, Victor & Albert Muséum, Londres. Au 1 er plan, robes de Mary Quant, créatrice anglaise qui lança la minijupe dans les années 1960. © Photo : V&A Images Invoquant l'exposition « Inspiration Dior », qui s'est tenue au printemps 2011 au Musée Pouchkine de Moscou et associait les créations de la maison de couture aux tableaux qui les avaient inspirées, le responsable du mécénat pour le groupe LVMH, Jean-Paul Claverie, parlait d'une « démarche moderne [consistant à] placer la mode et la peinture d'égal à égal ». Mais peut-on réellement parler d'égalité entre les beaux-arts et la mode ? Les musées internationaux n'ont que récemment ouvert leurs portes à la création vestimentaire, et les rétrospectives de couturiers fleurissent sur le circuit des expositions, parfois au détriment de la rigueur scientifique requise. À Paris, la Cité de la mode et du design a aussi ouvert ses portes, et cherche encore un positionnement pérenne. Comment, enfin, exposer mode et peinture de concert ? Le metteur en scène Robert Carsen lève le voile sur la scénographie qu'il a imaginée pour l'exposition « L'impressionnisme et la mode » au Musée d'Orsay.

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La mode entre au musée

Vue de l'exposition « British Design 19^8-2012 : Innovation in thé Modem Age », 31 mars-12 août 2012, Victor & Albert Muséum, Londres.Au 1er plan, robes de Mary Quant, créatrice anglaise qui lança la minijupe dans les années 1960. © Photo : V&A Images

Invoquant l'exposition « Inspiration Dior », qui s'est tenue au printemps 2011 au MuséePouchkine de Moscou et associait les créations de la maison de couture aux tableaux qui lesavaient inspirées, le responsable du mécénat pour le groupe LVMH, Jean-Paul Claverie, parlaitd'une « démarche moderne [consistant à] placer la mode et la peinture d'égal à égal ».Mais peut-on réellement parler d'égalité entre les beaux-arts et la mode ? Les muséesinternationaux n'ont que récemment ouvert leurs portes à la création vestimentaire,et les rétrospectives de couturiers fleurissent sur le circuit des expositions, parfois au détrimentde la rigueur scientifique requise.À Paris, la Cité de la mode et du design a aussi ouvert ses portes, et cherche encore unpositionnement pérenne. Comment, enfin, exposer mode et peinture de concert ? Le metteuren scène Robert Carsen lève le voile sur la scénographie qu'il a imaginée pour l'exposition« L'impressionnisme et la mode » au Musée d'Orsay.

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Des musées sur mesureAlors qu'ils ne collectionnaient que les tissus pour leur valeur patrimoniale ou artisanale, les musées

ont récemment ouvert leurs portes à la mode M Le travail de conservation peut commencer

onnaissez-vous le«Guggenheim 2 ?» Il ne s'agitni d'un nouveau concept nu-me'rique, ni du nouvel avatarinternational de la FondationSolomon R. Guggenheim, maisdu surnom donné à la nouvelleboutique Armani sur la 5f avenue àNew York City... En février 2009, ledemierflagship (vaisseau mère) dela marque italienne était inaugurésous les flashs et en compagnie descélébrités de rigueur par le maire dela ville, Michael Bloomberg en per-sonne. Et l'architecture du plus cé-lèbre édifice de Frank Lloyd Wright,situé à quelques blocks de là, étaitdans tous les esprits tant les architectes Massimiliano et DorianaFuksas ont usé et abusé de rampesblanches et ondulées pour relierles quatre étages du concept storede luxe (I). Quoi de plus astucieux(ou pervers !) que de présenter unvêtement affublé d'une etiquetteà la manière d'une œuvre d'artpour valoriser une clientèle et laconvaincre d'acheter à un prix élevéun produit que sa matière premièreet son façonnage, aussi rares etsophistiqués soient-ils, ne justifientpas ? Le principe a été décrit parl'économiste Thorstein Veblen :plus un objet est cher, plus il estdésirable et garant d'un certainstatut social.

Vue de l'exposition « Precious » au Musée Gucci, Florence, e Photo Richard Bryant/cuca

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En France,

la mode fait partie

du quotidien,

n'oublions pas qu'il

s'agit d'une industrie

(Pamela Golbin)Face à ces efforts de mise en va-leur muséale de produits relevant du quotidien, procédés quibrouillent les frontières entreart et commerce, rappelons quel'entrée de la mode dans la sphèredes musées est relativement ré-cente, spécialement en France.Si la collecte de textiles et d'étof-fes précieuses, historiques, voireethniques (broderies, dentelles,soieries, tenues d'apparat, tissuscoptes...) s'inscrit de longue datedans la tradition muséale, il aurafallu attendre les années 1950pour voir naître à Paris deuxmusées spécifiquement dévolusà la mode : le Musée Galliera, an-cien « Musée du costume », quidépend de la Ville de Paris, et leMusée de la mode, aujourd'huirattaché aux Arts décoratifs sousla forme d'un département. Faceau Victoria and Albert Muséum,à Londres, qui, en écho au mou-vement Arts & Crafts, a dès leXIXe siècle assimilé la mode àun art décoratif, la capitale de lamode aurait-elle fauté en tardantà reconnaître la « valeur artistique » de ses créations ? PamelaGolbin, conservatrice généraledes collections de mode et de

textile moderne et contemporainaux Arts décoratifs, justifie cedécalage par une différence deculture : «En France, la mode fai fpartie du quotidien, n'oublionspas qu'il s'agit d'une industrie.Alors que dans le monde anglo-saxon, les musées ne sont censésmontrer que de l'art. » Ainsi lacollection du Costume Instituteau Metropolitan Muséum of Art(Met) de New York est-elle néedans les années 1940 à partird'un fonds de costumes de théâtre, avant de s'étoffer au fil desans, notamment avec les donsde garde-robes de riches mécènesaméricaines. La primeur étantdonnée à la pièce rare et chère.Aujourd'hui, les grandes collec-tions mondiales se répartissententre le V&A (env. 15 DOO piè-ces, à partir du XVIIe), le Met(35 DOO costumes et accessoi-res, à partir du XVe), Galliera(100 DOO vêtements et accessoi-res, à partir du XVIIIe), Les Artsdécoratifs (55 DOO costumes etaccessoires, à partir du XVIIe) etle Kyoto Costume Institute (collec-tion privée japonaise, 12 DOO piè-ces à partir du XVII1).Animées par la volonté de conserver et rendre hommage à cet art

du quotidien, les collections fran-çaises se démarquent de cettesacralisation du vêtement ou del'accessoire de luxe. Cultivanttous deux des relations privilé-giées avec couturiers, créateurs etcollectionneurs, les deux muséessont complémentaires : Les Artsdécoratifs s'intéresseraient auvêtement en tant que créationpure, à replacer dans son contexteindustriel, tandis que Gallierapencherait pour son historicisa-tion, via une mise en parallèleavec des documents d'archives.Marie-Laure Gutton, en chargedu département accessoires etdu cabinet d'arts graphiques deGalliera, s'enthousiasme pourla multiplicité des domainesque touche l'étude de la mode- Histoire, sociologie, artisanat,arts décoratifs, ethnographie...Et ne peut s'empêcher de souriredevant des portraits peints datésde manière approximative alorsqu'une simple étude du vêtementpermettrait une datation précise.Sophie Grossiord, conservatricegénérale à Galliera, rappelle qu'àl'instant où un vêtement entredans le musée, aussi malmenéet méprisé fût-il dans sa vieantérieure, il devient immédia-

tement une pièce de collectionet n'est manipulé qu'à l'aide degants de coton. Car en termes deconservation, le textile requiert lamême délicatesse qu'une œuvresur papier, et l'alternance entresa durée d'exposition et celle desa mise en réserves est identi-que - trois mois/trois ans. D'oùl'impossibilité de créer des sallespermanentes pour retracer l'his-toire du costume. Le V&A a beauconsacrer des moyens importantsà cet effet, l'intégrité physique desa collection en est fragilisé.

L'indispensable boutiquede produitsLe travail des conservateurs seconcentre donc sur l'élabora-tion d'expositions thématiqueset monographiques, lesquellesdemandent d'importants prépa-ratifs scénographiques, incompa-rables avec un simple accrochagede tableaux. Comme l'expliqueOlivier Saillard, directeur deGalliera, au sujet de l'exposition« L'impressionnisme et la mode »au Musée d'Orsay, pour laquellele musée est le prêteur principal :« [Parce qu'}elles ont épouse les

formes de femmes de morpholo-gie différentes, chacune des robes

Le Musée Cristôbal Balenciaga,

à Getaria, dans le Pays basque

espagnol.

© Cnstobal Balenciaga museoa

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demande un "mannequmage" différent. ll faut minutieusement reconstituer la silhouette. » Un travailqui requiert des talents et une expertise avérée. «On ne s'improvisepas musée de la mode ! », renchéritPamela Golbin. Cette analyse estpartagée par Frédéric Chappey,directeur du Musée des Années1930 à Boulogne-Billancourt(Hauts-dé Seine), qui souhaiteélargir le champ d'études de Finstitution, historiquement dévoluaux beaux-arts académiques. Ledesign industriel, l'orfèvrerie etla mode ont récemment fait leurentrée dans les salles du musee,par le biais de dépôts. Concernantla mode, un partenariat avecGalliera s'est imposé, en raisonnon seulement de la richesse deses collections mais aussi du sa 'voir faire de ses equipes. Il suffitpour s'en convaincre d'apprécier ladextérité avec laquelle le bouffantet l'architecture très sophistiquéedes manches du manteau du soiren taffetas de soie Lanvin ont etérendus dans les vitrines du muséeboulonnais.Historiquement, les différentsmusées dè mode ont compté surla générosité des maisons de couture, qui leur ont volontiers cédéleurs archives, faute de place et depersonnel pour les gérer. Or, cesdernières années ont vu apparaîtredes musées de maisons de couture,à l'instar du Cristôbal BalenciagaMuseoa à Getaria, au Pays basqueespagnol (inauguré en mai 2011),qui, outre qu'ils centralisent lesarchives à partir desquelles lescréateurs de la maison peuvent retrouver l'inspiration, proposent de

retracer l'histoire de la marque. LeGucci Musee a Florence (inauguréen septembre 2011), par exempie, mêle parcours permanent,espace contemporain accueillantles présentations de pièces de lacollection Pinault, et l'indispensable boutique de produits haut degamme de la marque.

Critères de conservationLe regard inst i tut ionnel surces musées est mitigé : si l'onpeut se réjouir de cette prise deconscience patrimoniale, voire regretter qu'un tel travail n'ait paséte fait auparavant, les critèresde conservation n'y seraient pasaussi exigeants. Rappelons queles règles des grandes institutionssont strictes : une fois muséifîé,un modèle n'est plus porte. Enconservant elles-mêmes leursarchives, les maisons de couturese gardent la possibilité de faireporter leurs modèles uintage àdes vedettes posant dans les ma-gazines ou sur le tapis rouge, etd'entretenir l'idée dè révérenceenvers une marque historique.Faut il y voir une concurrencepour les institutions ? PamelaGolbin ne s'en inquiète pas :« Selon toute vraisemblance, dansune centaine d'années, le museesera toujours là, mais qu'en serat il de la marque ?»

Maureen Marozeau

(I) Rappelons qu'en 2000 les mêmes

Armani et Guggenheim avaient essuye

de sévères critiques a l'occasion d'une

exposition sur la « vision » du couturier

sous la celebre rotonde du musee.

Agnès, Robe du soir, vers 1925-1927, crêpe de soie rosé, broderiesde fils de soie, perles mauves, applications de crêpe gris, glandsde fils de soie bleus et beige, Galliera, Musée de la mode de la Villede Paris. © Photo Stéphane Piera/Golliera/Roger-Viollet

Ces dernières années ont vu apparaître

des musées de maisons de couture,

à l'instar du Cristôbal Balenciaga Museoa

à Getaria, au Pays basque espagnol

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Liaisons troublesPlébiscitées par le public, les expositions de mode qui se multiplient depuis quelques années

dans les musées brouillent l'image scientifique de ces institutions

naugurée en mars dernier,en même temps que le défiléautomne-hiver Louis Vuitton, laclinquante exposition que Les Artsdécoratifs, à Paris, consacrent àla maison de luxe et, simultanément, à son directeur artistiqueMarc Jacobs, pose d'emblée laquestion des frontières entre ex-position scientifique et opérationcommerciale. Servi par une scé-nographie tape-à l'œil, le parcoursne confronte jamais les deux personnalités, mais se de'double endeux voies parallèles. Louis Vuittonoccupe le rez-de chaussée, MarcJacobs, le premier étage, selon unemise en scène qui n'a rien à envieraux vitrines branchées des grandsmagasins, à l'image de ce mur rem-pli de sacs griffes et customisés parle créateur ou de ses modèles pré-sentés sur des mannequins auxposes alanguies. Comment ne pasattribuer des visées commercialesà la présente démonstration, oùsujet et mécène se confondent ?«La maison n'a aucun droit de re-gard sur le contenu scientifique dela manifestation », rétorque la com-missaire Pamela Golbin, conserva-trice au musée (à qui l'on doit, parailleurs, d'excellentes expositionscomme «Madeleine Vionnet»en 2009), qui déclare avoir voulufaire un parallèle entre les deuxhommes et montrer comment ils

ont écrit une page de l'histoire duluxe. Association de droit privé,Les Arts déco sont à la rechercheconstante de fonds pour financerleur programmation, qui est liéeexclusivement au mécénat (lireleJdA n"354, Zoet. 2011). Aussitransparent soit-il sur son financement, l'événement « Louis Vuitton-Marc Jacobs » illustre les limites decette dépendance.Directeur du Musée Galliera-Muséede la mode de la Ville de Paris etancien responsable des expositionsde mode et de design aux Artsdéco, Olivier Saillard admet queles budgets dont il dispose, bienque modestes, lui permettent d'aïler démarcher les mécènes l'espritserein. L'exposition « CristàbalBalenciaga, collectionneur demodes», que le musée parisien(actuellement fermé pour travaux)présente jusqu'au 7 octobre auxDocks en Seine, à Paris, est unpeu l'antithèse de la propositionspectaculaire des Arts décoratifs.À travers une scénographie sobreévoquant les réserves d'un muséeet multipliant les approches, le parcours dévoile la collection de modeconstituée par le couturier disparuen 1972. Le visiteur y découvre sessources d'inspiration et des pièceshistoriques d'une grande élégance.La Ville de Paris ne s'est pourtantpas toujours montrée exemplairesur le sujet, comme en témoigne,en 2010, l'exposition organisée auMusée Carnavalet sur les malles devoyage Louis Vuitton, véritable opé-ration marketing dotée de moyensconsidérables par le mécène del'opération, le groupe LVMH, pro-

priétaire de la maison Vuitton. Unesituation d'autant plus ambiguëque Christophe Girard, alors ad-joint au Maire de Paris chargé de laculture, est également directeur dela stratégie mode de LVMH. Quantà Dock en Seine, la très promet-teuse nouvelle « cité de la modeet du design » (p. 23) lancée par laVille de Paris en bord de Seine, ellene dispose, pour l'heure, pas plusde directeur que de projets scientifi-ques, et semblerait être surtout destinée à attirer commerces de luxe etévénements mondains. La présencede la mode au musée ne pourrait-elle éviter ce genre d'écueil ?

Événements mondainsLa confusion actuelle est moins àimputer au mécénat, pratique àlaquelle les musées sont désormaisrodés, qu'à la multiplication d'évé-nements n'opérant pas de distinction entre le travail d'un musée etcelui d'une maison de luxe, entrela présentation des collections etles expositions financées par lesmaisons elles-mêmes, au muséeou dans leur propre espace... ll y aquinze ans, on voyait peu d'exposi-tions de mode ; aujourd'hui le phénomène a explosé, à tel point quechaque maison de luxe a organisésa propre monographie. Hermès,Chanel, Dior se sont ainsi vu ouvrirles portes des musées ces dernièresannées, particulièrement en Chineet en Russie, deux des plus grandsmarchés de l'industrie du luxe. Cesexpositions se soucient peu ducontenu (parfois, elles sont mêmedépourvues de cartels) ; elles relè-vent plus de l'étalage de produits,

en lien direct avec l'actualité de lamaison. Ainsi, l'exposition qui s'estdéroulée en mars 2011 sur Chanelau Musée d'art contemporain deShanghai («Culture Chanel»)correspondait à l'ouverture, un anauparavant, d'une nouvelle bou-tique dans la ville. Le traditionnelMusée des beaux-arts Pouchkine,à Moscou, s'est fait une spécialitéde ce type de manifestation. AprèsGabrielle Chanel en 2007, dontl'atmosphère était chargée d'ef-fluves du parfum JV 5, ce fut en2011 au tour de la Maison Dior derecueillir les honneurs du muséemoscovite. Les tableaux de VincentVan Gogh et de Gustav Klimt exposes y servaient de faire-valoir auxrobes luxueuses de la maison demode, tandis qu'un chapitre en-tier était consacré aux célébritésayant porté la marque. Se poseici la question de la légitimité desexpositions monographiques quiont fleuri ces dernières années. LaFrance est, elle aussi, coutumièredu mélange des genres. En mars2010, l'Institut du monde arabe,à Paris, offrait ses cimaises à LeilaMenchari, responsable des vitrinesdu magasin Hermès installe ruedu Faubourg Saint-Honoré, pourune exposition au titre éloquent :« Orient Hermès ». Même le Muséedu quai Branly, champion de lalocation d'espaces, a entretenu letrouble cet été en accueillant sur saterrasse le grand planétarium éphé-mère conçu pour présenter quelque80 bijoux inspirés de la collectionde joaillerie réalisée en 1932 parCoco Chanel, des pièces présenfées à la Biennale des antiquaires

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(jusqu'au 23 septembre). Certes,il ne s'agit pas d'une exposition àproprement parler, mais la marqueprofite de l'image institutionnelledu musée... Et l'entrée au muséeassure une communication quivaut toutes les campagnes de pu-blicité. Au Met Costume Institute,à New York, le gala d'inaugurationde l'exposition mode de l'année faitpartie des événements mondains àne rater sous aucun prétexte : créa-teurs, actrices en vogue et autre VIPse prêtent au jeu du « red carpet»,immortalisé ensuite dans les pages« people » des magazines. Le vér-nissage de la dernière exposition en

date, consacrée à Elsa Schiaparelli(1890-1973) et Miuccia Prada(née en 1949), n'a pas dérogé à larègle. À quelques exceptions près(comme ici avec Prada), le Met s'estcependant (ke pour règle de ne pass'ouvrir aux couturiers vivants. Sesexpositions sont très appréciées dupublic : celle consacrée à AlexanderMcQueen en 2011 avait été prolon-gée à deux reprises, pour accueillirplus de 650 DOO visiteurs.

Un public en demandeDe manière générale, le public répond présent aux expositions demode. L'année dernière, « MadameGrès », organisée par le Musée

Galliera au Musée Bourdelle, adépassé les 90 DOO entrées, unchiffre nettement supérieur à lafréquentation annuelle du muséeparisien. Pour Olivier Saillard, lesuccès tient plus au sujet en luimême qu'à l'étiquette « expositionde mode ». Et de préciser : «H nes'agit pas de savoir si la mode estun art ou pas - ce que la présenceau musée pourrait suggérer-, maisune chose est sûre : la mode est faitepar des talents artistiques profonds.Le vêtement d'un auteur de modepeut se suffire à lui même ; un vê-tement cf [Azzedinej Alan [auquelle Musée Galliera va consacrer sonexposition de réouverture] n'a qua-

siment pas besoin de scénographie.Il faut savoir être prudent pour réus-sir à capturer l'essence d'une créa-tion et réfléchir, construire autour,signifier les choses; que l'industriede la mode fasse son travail et lesmusées, le leur. Il reste beaucoupde choses à imaginer, autour dela notion du corps par exemple.Jusqu'à présent, les musées ne s'ensont pas préoccupés et le vêtementest k plus souvent abordé commeune relique. » En prenant le tempsde la réflexion, la mode, les vête-ments, les créateurs ont encore,semble-t-il, de belles perspectivesdans les espaces du musée.

Daphné Bétard

Scénographies des expositions« Comme des Garçons,White Drama », à gauche,et « Cristôbal Balenciaga,collectionneur de modes »,à droite, présentées aux Docksen Seine. ©Photo Pierre Antoine

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Les Docks cherchent leurs marquesAprès des années d'incertitude, la Cité de la mode et du design a ouvert ses portes à Paris

avec un projet ambitieux qui met surtout en avant la mode et le monde de la nuit

i un lieu parisien afait parler de lui cet ete, c'est biencelui ci La Cite de la mode et dudesign, ou plus simplement « lesDocks », a offert une programmation festive et pléthorique depuissa reouverture en grande pompeen avril dernier, entre expositions du Musee Galliera hors lesmurs, résidence d'une créatrice,showrooms, boutiques, restaurants et bars nocturnesLe batiment, reperable a sa silhouette reptilienne arrimée surle quai d'Austerlitz, a pourtant eteinaugure il y a quatre ans, en juin2008 Maîs a l'époque, seul l'Institut français de la mode (IFM) mvesbt réellement les lieux, occupant apeine 2 300 metres carres sur les14 400 metres carres disponiblesAutant dire que le projet, lance des2002 par le ministere de Findustrie, peine alors a trouver des institubons et des partenaires commerciaux intéresses Malgre lesefforts conjugues de la Federationfrancaise de la couture, de l'IFMet de l'association Valorisation del'innovation dans l'ameublement,le lieu patine et cherche a tâtonsses marques entre design, modeet creation La grande cite de lacreation française censée valoriserl'image de Pans comme haut lieude la mode n'attire pas les foulesd'investisseurs Pourtant l'ambi

lion est la, les moyens égalementfinances par la Caisse des depotset consignations, les travaux deréhabilitation de l'ancien entrepot du port autonome de Paris,estimes a près de 40 millionsd'euros, ont ete confies au duoJakob + MacFarlane Les architectes conçoivent la résille verte quienserre le batiment en beton, sifacilement reconnaissable, le « trucvert» raille par l'ancien présidentNicolas SarkozyEntre 2008 et 2011, la Cite sommeille, tandis que la Caisse desdepots cherche une equipe pouranimer la belle endormie, et que laVille de Pans, sans doute occupéepar l'élaboration d'autres centresde production artistique, le « 104 »et la Gaite Lyrique, s'investit aminima Entre temps, en novembre 2009, la Région Ile de Francea cree de l'autre cote de la Seine le« Lieu du design », qui fédère professionnels et entreprises autourdu design et de l'édition Certes, laCite accueille des manifestationscomme la foire d'art contemporainChic Art Fair ou le Designer's Days,maîs la Caisse des depots, qui verseun loyer conséquent au Port autonome, a tout intérêt a rendre lesDocks attractifs sinon rentablesA la fin de l'année 2010, uneequipe est désignée pour définirun concept liant la mode et le design, les commerces et la cultureUn mille feuille complexe réunitChpperton Developpement pourl'événementiel et la commercial]sation des espaces, et Urbantech,dirige par le createur des restaurants Mama Shelter, pour piloterle secteur de la restauration

Une opportunité se présente pourpositionner des le depart la Citede la mode et du design le MuseeGalliera a besoin d'un espace pourses manifestations hors les murs,en attendant la reouverture dubatiment en 2013 Les expositions« Cnstobal Balenciaga, collectionneur de modes » et « Comme desGarçons, White Drama » coincident donc avec la reouverture dulieu en avril « Un element trèsstructurant, très fort, très communicant», qui a permis de construirele pôle mode autour de lui selonChpperton Developpement Lesespaces se sont ouverts progressivement jusqu'à l'étéVolontairement éphémères, cesmodules et boutiques sont appelésa se renouveler régulièrement Ducote de la mode, l'accent a ete missur le pnncipe du « concept store »,qui fait fureur depuis quelquetemps Une jeune marque, Bleude Paname, et une petite enseigne,PLG by Pigalle Plus ambitieuse,la résidence d'une jeune créatriceissue de l'Ecole nabonale supérieuredes arts decoratifs, Yiking Ym, programmee d'avril a octobre, permetd'accueillir un espace de creationallie a un espace de présentation desa collection La est la vraie bonneidée du lieu Au vu de ce qui estpropose en matiere de design, lesinterlocuteurs du milieu de la modeont ete beaucoup plus réceptifs auprojet que les designers La mode etle monde de la nuit se sont de touteévidence approprie le lieu, tandisque le design reste timide a la Cite« Ce sont deux mondes différents »,souligne un des acteurs du projet,« et a l'intérieur de ces mondes, ily a

des chapelles, des près carres, ce quirend la vie du lieu très complexe»Le design français dispose deja denombreux lieux dans Pans

Haut lieu de la nuit à ParisAujourd'hui, la Cite affiche cettedualité assez marquée, devenue enquelques mois un haut lieu de lanuit parisienne, avec 2 DOO personnes chaque nuit au Wanderlust, sonrestaurant club « Les espaces derestauration ont pris une place extremement importante », reconnaît onchez Chpperton DeveloppementDu cote dè l'Institut français de lamode, on y voit « une des des d'enfree du monde de la mode a Paris,qui peut drainer des acteurs dumonde entier, selon Lucas Delattre,professeur a l'IFM et responsablede la communication Ilfautsouhgner la dimension urbamstique duprojet, avec la creation d'un nonveau lieu dans le quartier, même sicela va prendre du temps »Restent quelques inconnues, et nondes moindres la Caisse des depots,qui n'est pas un organisme philanthropique, va t elle poursuivreet intensifier cette programmationculturelle et commerciale, qui pourl'instant n'est pas rentable economiquement? Si la saison estivalea rencontre un réel succès de frequentation, qu'en sera t il l'hivervenu, lorsque les terrasses de laCite ne seront plus exploitables ? Leconcept choisi est délibérément axesur un aspect branche (voire élitiste)et événementiel II va maintenantfalloir démontrer que le lieu estperenne dans le paysage pansienles defis ne manquent pas

Francine Guillou

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LES DOCKS-CITE DE LA MODE

ET DU DESIGN, 3<t, quai d'Auster-

Irtz 75013 Paris, tél. 0176 77 25 30,

wrow.paris-docks-en-seine.

fr, tlj sauf dimanche, loh-igh

(hors restauration).

Musée Galliera hors les murs :

<< Cristôbal Balenciaga, collec-

tionneur de modes » ; « Comme

des Garçons, White Drama »,

jusqu'au 7 octobre, tlj sauflundi, ioh-i8h.

Les Docks-Cité de la mode

et du design, Paris, mis en

lumière par Yann Kersalé.

©Jakob + MacFarlane Photo Nicolas Borel

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Eléments de recherche : DESIGNER'S DAYS : manifestation itinérante du 31/05 au 04/06/12 à Paris (75), toutes citations

« Du sur-mesure pour le projet »Le metteur en scène Robert Carsen se fait à nouveau scénographe d'exposition, cette fois pour

« L'impressionnisme et la mode » présentée au Musée d'Orsay • II détaille les aspects concrets de ce travail

Antoinette » aux Galeries nationales du Grand Palais en 2008,et « Charles Garnier » à l'Écolenationale supérieure des beaux-arts de Paris en 2010, le met-teur en scène canadien RobertCarsen se fait une nouvelle foisscénographe d'exposition avec« L'impressionnisme et la mode »,au Musée d'Orsay, et « Bohèmes »aux Galeries nationales du GrandPalais. Conçue par Gloria Groom,conservatrice de Peinture etSculpture du XIXL siècle européenà l'Art Institute de Chicago, l'ex-position d'Orsay rend compte dela modernité d'une epoque, maté-rialisée aussi bien par la peintured'avant-garde que par la mode.Outre Orsay et l'Art Institute ofChicago, l'exposition sera pré-sentée en 2013 au MetropolitanMuséum of Art, à New York. Lesmusées de Paris et de Chicago ontfait appel à Robert Carsen pour or-chestrer cette mise en regard iné-dite entre une vingtaine d'ensem-bles et une sélection de tableaux.Celui ci a remplacé au pied levé lecouturier John Galliano (I).

Comment le choix du scénogra-phe s'est-il porté sur vous ?L'amitié qui me lie à Guy Cogeval[président du Musée d'Osayj dated'une vingtaine d'années - elle acommence avec une fan letter. Ilétait alors directeur du Musée desmonuments français [à Paris] etpensait qu'il serait formidable de

faire un jour une exposition en-semble... J'avais déjà décliné deuxde ses propositions, c'est lui qui asuggéré mon nom aux organisa-teurs de « Marie Antoinette », etj'ai fini par accepter pour ce projetsur l'impressionnisme malgré descontraintes d'emploi du temps

près « Marie- [l'exposition « Bohèmes » ouvreau même moment]. Et je ne saurais que trop le remercier d'avoirpensé à moi, car ce genre de projetest devenu un complément impor-tant dans ma vie et mon travail.

Les commissaires vous ont-ilsdonné carte blanche ?J'ai eu carte blanche pour élaborer une proposition à partir d'uneliste préétablie de quatre-vingtstableaux, et j'ai participé à la sé-lection des robes. J'ai surtout suggéré d'élargir le champ d'étudesen incluant des accessoires, ce quin'était pas nécessairement l'inten-tion première. Ce travail sur les expositions me passionne d'autantplus que je me plonge dans desterrains inconnus. Si j'appréciebeaucoup la peinture impressionniste, il m'a fallu quand mêmem'imprégner du sujet - l'histoireest là, mais que veut-on raconter ?Pourquoi mettre en scène cette association entre mode et tableaux ?Il était primordial que ce dialoguesoit enrichissant, qu'il se fasse aubénéfice et non au détriment desdeux parties.Le plus beau chez les peintres impressionnistes est cette manièred'insuffler la vie, le mouvement, lalumière dans leurs tableaux. Ce quin'est pas le cas d'une robe simple-ment suspendue... Surtout cellesde cette epoque, aussi précieusesque rares, qui sont d'autant plusdélicates à manipuler. Comme iln'y a rien de plus fragile au monde,

il était exclu de jouer sur les postu-res, de lever un bras ou de tordrele tissu, ce qui risquait de provoquer des tensions sur les fibres. Lesconservateurs sont, avec raison,très exigeants. Mais l'associationdes deux amène une émotion mattendue ! Les tableaux tentent desaisir un instant fugace, et les robessont la trace tangible d'une modequi est par essence éphémère.

Pouvez-vous nous en dire plussur le parcours de l'exposition ?Tout est venu des tableaux et desespaces. Guy Cogeval tenait absolu-ment à ce que la galerie Chauchard|par laquelle le visiteur accède auxespaces temporaires] soit pourla première fois incluse dans lesespaces d'exposition. Grâce à cetajout, le parcours m'a paru évident.À mes yeux, lorsqu'on visite uneexposition - en particulier uneexposition de mode -, les espacesdoivent être utilisés à la perfection,taillés comme une robe de hautecouture, afin qu'ils semblent êtrefaits sur mesure pour ce projet etaucun autre. Et même si l'exposi-tion va voyager à New York puis àChicago, le lien avec Paris est trèsfort, tant sur le plan de l'Histoireque sur celui toujours actuel dela mode. Je voulais qu'elle soit trèsfortement ancrée dans le contextede l'époque, car l'obsession pourla mode y était aussi importantequ'aujourd'hui. La période 1860-1880 correspond à l'ouverture desgrands magasins, à la profusion decatalogues, d'illustrés, de revues,d'affiches, de réclames, à la parutionà'Au Bonheur des dames de Zola...On est dans l'analyse sociale d'uneepoque. Mais il fallait conserver lalégèreté d'esprit de la mode !

Quels sont les points forts ?

La sélection des tableaux se divi-sait d'elle même dans des sectionstrès différentes. Elle comporte unnombre important de toiles int!mes de femmes. Ce ne sont pasdes portraits car ils ne sont pasposés, mais des scènes de la viequotidienne : des hommes et desfemmes en public (au théâtre,au bal, au cirque...) ; les grandsformats de plein air ; la femmeen déshabillé ; les accessoires...J'ai été amené à créer des espacespour créer le bon contraste avec lesrobes ou les accessoires. J'ai aussivoulu faire un clin d'œil avec lemonde de la mode d'aujourd'hui :dans un tableau de Berthe Morisot,une femme se tient assise sur unechaise Napoléon III, très modernepour l'époque, laquelle chaise estaujourd'hui utilisée dans tous lesdéfilés de mode ! Je voulais aussidonner une ambiance particulièreen présentant des robes et des tableaux sur un fond de papier peint,comme on en voit en toile de fondde certaines compositions.

La mode revêtait-elle la même im-portance aux yeux des peintres ?La sélection ne présente pas uniquement des tableaux impressionnistes destinés à illustrer unevariété dans la représentation dela mode. James Tissot, par exem-ple, s'intéresse beaucoup plus autraitement de la robe, tandis qued'autres lui préfèrent l'émotiondu personnage. Le coton des robesest une matière très prisée par lespeintres impressionnistes pourdonner l'illusion du mouvement.

Le japonisme est-il présent ?On pense au portrait de CamilleMonet en habit japonais...Non. Cela dit, il y a beaucoup deportraits avec des accessoiresjaponisants (Renoir, Stevens,

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Manet... ). Le japonisme a surtouteu une influence sur les arts déco-ratifs, très peu sur la mode.

Les prêts ont-ils été difficiles àobtenir ?Au départ, nous étions très inquietsde ne pas disposer, pour plusieursraisons, de robes de l'époque ennombre suffisant. Grâce au MuséeGalliera et aux Arts décoratifs àParis, mais aussi aux prêts trèsimportants de collectionneursprivés, nous sommes parvenusà une sélection conséquente devingt-cinq robes, mais aussi, dansune moindre mesure, à un choixde vêtements d'homme.

Portez-vous beaucoup d'atten-tion au vêtement, au costume,dans vos mises en scène ?Dans les spectacles que je réalise,je n'utilise presque jamais decostumes d'époque, je préfère lescostumes contemporains les plussimples, pour cette raison que lethéâtre est un art vivant. Je veuxque le public soit impliqué dansce qu'il se passe sur scène. Devantdes gens en costumes XVIIIe, ona tendance à garder ses distan-ces. Mais quand vous regardez untableau, vous regardez une autreepoque. Au théâtre ou à l'opéra,même si la musique est d'époque,le reste ne l'est pas. Dans cette exposition, il n'y a pas cette menacedu kitch car l'on superpose deux

éléments de la même epoque. Laseule exception dans le parcoursest le tableau d'Albert Bartholomé[La Serre, v. 1881], le portrait enpied de son épouse qui est présente avec la robe originale.

Vous assurez au même momentla scénographie de l'exposition« Bohèmes ». Cette activité com-mence à prendre une place im-portante dans votre travail...Elle me prend un temps inimaginable ! Quand on me demande demonter un opéra célèbre, les spectateurs savent qu'il s'agit d'uneinterprétation. Ici, la responsabi-lité est tout autre. La présenta-tion des œuvres doit respecter lepropos scientifique, mais aussi lalumière, le graphisme des cartels,les couleurs, les textures, les misesà distance sécuritaires. Chaquedétail est crucial et doit contribuerà provoquer une émotion.

Propos recueillispar Maureen Marozeau

(I) A la suite d'une plainte pour injuresantisémites, John Galliano a ete licencieen mars 2011 par la maison de coutureChristian Dior (par ailleurs mécene del'exposition avec LVMH).

L'IMPRESSIONNISME ET LA

MODE, 25 septembre 2012-20 jan-

vier 2013, Musée d'Orsay, 1, rue de

la Légion-d'Honneur, 75007 Paris,

tél. 01 liu W) iiS ii», tlj sauf lundi

9h30-l8h, 9h3O-2ihii5 le jeudi.

Robert Carsen. © Felipe Sangumetti