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Page 1 sur 13 Chap. 2 LES DOCTRINES IMPERIALISTES - Présenter les fondements 1 de l’impérialisme ; - Identifier les partisans et les adversaires de cette idéologie tout en présentant leurs arguments ; INTRODUCTION La situation fluorescente des grands Empires et royaumes africains à l’instar du Mali, Songhaï, Ghana, a suscité l’intérêt des peuples voisins au point où dès le VIe siècle, l’Afrique entre en relation avec les arabo-islamiques ouvrant ainsi la porte à la colonisation islamique. De cette première rencontre avec le monde islamique, naitra dix siècles plus tard une autre rencontre avec les occidentaux. Ce premier contact avec les européens marque le début de la triste et sombre histoire des peuples africains qui dès le XVe siècle sont extirpés de leur terre sous le prétexte de vouloir « sauver leurs âmes». Quatre siècles après le début de la Traite grière, et une fois les grandes misères résolues en Europe, l’Afrique se voit attribuer un nouveau rôle dans son essor. Au début du 19e siècle, l’Afrique attire de plus en plus les regards du monde : c’est le début de l’impérialisme. On entend par impérialisme une doctrine qui préconise une domination politique, économique et culturelle des Etats forts sur les Etats dits « faibles » ou « sauvages ». Deux questions, à savoir comment en est-on arrivé à l’impérialisme (I) ? Quelles ont été les positions des uns et des autres à ce sujet ? Mais d’abord il faut clarifier cette notion. I- LA NOTION DIMPERIALISME A- Définition Etymologiquement, impérialisme vient du latin imperare, commander. L'impérialisme est la politique d'un pays qui cherche à conserver ou à étendre sa domination sur d'autres peuples ou d'autres territoires. L'impérialisme est une stratégie ou une doctrine politique de conquête, visant la formation d'un empire ou d'une domination. De nos jours ce terme est employé de façon large 2 pour désigner tout rapport de domination établi par une nation ou pays sur un ou plusieurs autres pays. B- Origine et évolution du terme 1- John Atkinson Hobson emploie le terme pour la première fois en 1902 dans un livre intitulé Imperialism. L'auteur y analyse les forces et les facteurs économiques moteurs de l'impérialisme et certains de ses prolongements politiques. Pour John Atkinson Hobson la 1 1. élément qui constitue la base (de quelque chose) Exemple : un scientifique qui a jeté les fondements de la science moderne 2. raison valable ou réelle Synonyme: justification Synonyme: motif Exemple : une affirmation dénuée de tout fondement 2 Par extension, le terme impérialisme, souvent synonyme d'hégémonie, s'utilise aussi dans des domaines plus restreints qu'une domination totale : politique, économique, militaire, culturel, technologique, intellectuel, racial... On peut ainsi parler d'impérialisme américain en matière de culture.

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Chap. 2 LES DOCTRINES IMPERIALISTES

- Présenter les fondements1 de l’impérialisme ;

- Identifier les partisans et les adversaires de cette idéologie tout en présentant leurs

arguments ;

INTRODUCTION

La situation fluorescente des grands Empires et royaumes africains à l’instar du Mali,

Songhaï, Ghana, a suscité l’intérêt des peuples voisins au point où dès le VIe siècle, l’Afrique

entre en relation avec les arabo-islamiques ouvrant ainsi la porte à la colonisation islamique.

De cette première rencontre avec le monde islamique, naitra dix siècles plus tard une autre

rencontre avec les occidentaux. Ce premier contact avec les européens marque le début de la

triste et sombre histoire des peuples africains qui dès le XVe siècle sont extirpés de leur terre

sous le prétexte de vouloir « sauver leurs âmes». Quatre siècles après le début de la Traite

Négrière, et une fois les grandes misères résolues en Europe, l’Afrique se voit attribuer un

nouveau rôle dans son essor. Au début du 19e siècle, l’Afrique attire de plus en plus les

regards du monde : c’est le début de l’impérialisme. On entend par impérialisme une doctrine

qui préconise une domination politique, économique et culturelle des Etats forts sur les Etats

dits « faibles » ou « sauvages ». Deux questions, à savoir comment en est-on arrivé à

l’impérialisme (I) ? Quelles ont été les positions des uns et des autres à ce sujet ? Mais

d’abord il faut clarifier cette notion.

I- LA NOTION D’IMPERIALISME

A- Définition

Etymologiquement, impérialisme vient du latin imperare, commander. L'impérialisme est la

politique d'un pays qui cherche à conserver ou à étendre sa domination sur d'autres peuples ou

d'autres territoires.

L'impérialisme est une stratégie ou une doctrine politique de conquête, visant la formation

d'un empire ou d'une domination. De nos jours ce terme est employé de façon large2 pour

désigner tout rapport de domination établi par une nation ou pays sur un ou plusieurs autres

pays.

B- Origine et évolution du terme

1- John Atkinson Hobson emploie le terme pour la première fois en 1902 dans un livre intitulé

Imperialism. L'auteur y analyse les forces et les facteurs économiques moteurs de

l'impérialisme et certains de ses prolongements politiques. Pour John Atkinson Hobson la

1 1. élément qui constitue la base (de quelque chose) Exemple : un scientifique qui a jeté les fondements de

la science moderne

2. raison valable ou réelle Synonyme: justification Synonyme: motif Exemple : une affirmation dénuée

de tout fondement 2 Par extension, le terme impérialisme, souvent synonyme d'hégémonie, s'utilise aussi dans des domaines plus

restreints qu'une domination totale : politique, économique, militaire, culturel, technologique, intellectuel,

racial... On peut ainsi parler d'impérialisme américain en matière de culture.

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nouveauté dans l'impérialisme de la fin du XIXe siècle et du début du XX

e siècle c'est qu'il

n'est plus lié à l'idée d'un empire couvrant le monde connu, comme c'était le cas dans le cadre

de la Pax Romana1. Au contraire, suite à la montée du nationalisme au XIX

e siècle, cet

impérialisme donne lieu à une lutte entre empires concurrents1 (Empire allemand, Empire

britannique, Russie impériale etc.)..

2- Des auteurs marxistes, principalement Rudolf Hilferding, Rosa Luxemburg, et Lénine avec

son ouvrage L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme (1916), reprennent le terme de

Hobson et le popularisent. Dans le cadre de la théorie marxiste, l'impérialisme correspond à

un stade de développement du capitalisme, et répond à une logique essentiellement

économique et non pas politique. L'impérialisme est le moyen de faire face à la baisse

tendancielle du taux de profit en étendant l'exploitation dans le monde colonial. Lénine

analyse ainsi la Première Guerre mondiale comme le produit de la lutte entre capitalistes pour

l'appropriation des colonies. Au cœur de ce stade de développement du capitalisme, on trouve,

après la concentration ayant eu lieu au XIXe siècle, le « grand capital », largement contrôlé

par les banques et la finance selon Lénine.

Pour les marxistes, l'impérialisme est inhérent au capitalisme. En effet, comme le montrent les

différentes crises de la politique internationale des XIXe et XXe siècles, la recherche d'un

maximum de profits conduit les différents pays à l'affrontement.

Cf. "Impérialisme, stade suprême du capitalisme" (Lénine, 1917)

"La tendance du capitalisme aux expansions soudaines constitue l'élément le

plus important, le trait le plus remarquable de l'évolution moderne ; en fait

l'expansion accompagne toute la carrière historique du capital, elle a pris dans

sa phase finale actuelle, l'impérialisme une énergie si impétueuse qu'elle met

en question toute l'existence civilisée de l'humanité."

Rosa Luxemburg - 1871-1919

Cette thèse n'a cessé de faire l'objet de vives critiques. En particulier, de très nombreux

auteurs ont contesté l'idée que la finalité de l'impérialisme soit avant tout économique. Un des

premiers critiques de cette théorie, Joseph Schumpeter défend, par exemple, l'idée qu'il faut

voir dans l'impérialisme un phénomène de nature sociologique. Il insiste ainsi sur l'importance

de l'aristocratie, notamment les Junkers en Allemagne, dont la position sociale est fondée sur

le contrôle de ressources politiques, l'exploitation de richesses terriennes locales et la

domination des métiers des armes. C'est plutôt dans cet habitus guerrier, entré en synergie

avec l'appareil de l'État moderne, que Joseph Schumpeter situe l'impulsion première de

l'impérialisme.

3- En 1934, Wilhelm Röpke souligne, dans Impérialisme et capitalisme, que « la prospérité du

capitalisme n’est pas fonction du nombre de kilomètres carrés dominés ». Il s'efforce aussi de

montrer que le capitalisme libéral, en défendant le libre-échange, constitue un barrage à

l'impérialisme. S'opposer au capitalisme écrit-il, c'est renforcer les États et par conséquent

l'impérialisme des plus forts2. Selon cette tradition intellectuelle libérale, ce qui doit prévaloir,

c'est la paix par le commerce dans laquelle les États, acteurs de l'impérialisme, ont un pouvoir

limité. Au niveau économique donc, l'impérialisme est alors de nature protectionniste et

s'oppose au libre-échange

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4- Dans les Origines du Totalitarisme (1951), Hannah Arendt rattache l'impérialisme à la

notion d'expansion (à différencier de la conquête, selon elle) comme fin en soi. Selon elle,

l'impérialisme est apparu quand l'État-nation devint trop étroit pour le développement de

l'économie capitaliste. Son approche rattache l'impérialisme à la genèse du totalitarisme :

d'une part il a inauguré une « politique mondiale », d'autre part, il a préfiguré au sein de

certains pays la négation de l'État-nation au cours du XXe siècle (exactions coloniales,

pouvoirs spéciaux dans les colonies...). L'impérialisme aurait également permis l'apparition

des conceptions raciales qui ont été exploitées par le nazisme.

5- François Thual, géopolitologue, chargé de cours à l'École des Hautes Études et directeur

d'études au Collège Interarmées de Défense, donne la définition suivante: « Le mot

impérialisme est employé ici comme signifiant avant tout une dynamique de contrôle

territorial de vaste envergure complétée par un contrôle politique plus ou moins direct; le

contrôle territorial pouvant aller de l'annexion pure à une tutelle plus indirecte. »

— François Thual, Lignes 7 à 11 de la page 33 de la partie Le concept de

sous-impérialisme de Contrôler et Contrer, Ellipses, 2000, (ISBN 2-7298-0269-X).

D'autre part, afin d'affiner l'étude des différentes formes de contrôle géopolitiques, le concept

de sous-impérialisme a été créé par les spécialistes de la géopolitique. La définition donnée

par François Thual est la suivante : « Quelle signification peut-on donner au concept de sous-

impérialisme? En aucun cas une acceptation quantitative ne saurait convenir, un sous-

impérialisme n'est pas un petit impérialisme; ce serait plutôt un impérialisme qui fonctionne

au service d'un autre impérialisme, qui le contrôle et le domine de différentes façons. »

— François Thual, Lignes 1 à 5 de la page 33 de la partie Le concept de sous-

impérialisme de Contrôler et Contrer.

C- Les formes d'impérialisme : le colonialisme

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L'impérialisme est une méthode de domination qui peut prendre de nombreuses formes : le

pays dominé peut avoir le statut de colonie, de protectorat3. L'impérialisme peut aussi être

masqué par une égalité formelle et fictive entre pays dominateur et pays dominé : les pays

frères de l'Europe de l'Est étaient des satellites de l'URSS, des pays subjugués militairement

ou économiquement par l'Empire romain ou les États-Unis se sont vu qualifier d'alliés. En

outre, l'impérialisme ne passe plus forcément par des relations d'État à État, ou d'État à

population ; il peut s'agir de relations d'entreprises multinationales à filiales nationales, ou de

multinationales à populations. Ce terme recouvre donc une vaste diversité de réalités

économiques, politiques et juridiques.

Les visées d'expansion d'un régime impérialiste peuvent se faire directement ou par

l'intermédiaire de sphères d'influence. Le colonialisme et le néo-colonialisme sont des

formes d'impérialisme.

Le colonialisme est une doctrine politique qui préconise ou cherche à justifier l'exploitation

d'une colonie4, d'un territoire ou d'un Etat par un Etat étranger. La souveraineté que le pays

colonisateur exerce sur sa colonie se traduit par une domination politique (mise en place

d'une administration, d'un gouverneur...), militaire et une exploitation économique au

détriment des populations locales.

L'expansion des pays colonisateurs s'effectue sur des territoires moins développés ou

militairement plus faibles. Les motivations du colonialisme peuvent être variées :

Accaparer des ressources naturelles, des matières premières.

S'assurer de nouveaux débouchés en cas de surproduction.

Disposer d'un espace de peuplement, lorsque le pays colonisateur apparaît trop étroit.

Contrôler des routes commerciales et assurer leur sécurité.

Empêcher l'expansion de puissances concurrentes.

Disposer de bases militaires avancées à des emplacements stratégiques.

Accomplir une "mission civilisatrice" (voir ci-dessous).

Les grandes puissances coloniales comme la France, l'Angleterre, la Belgique, l'Espagne, le

Portugal ont longtemps considéré qu'il était de leur devoir, en tant que pays civilisés de race

blanche, d'aller "apporter la civilisation à des races inférieures". Depuis la Seconde Guerre

3 Etymologie : du verbe protéger, venant du latin protegere, couvrir devant, abriter, garantir, protéger.

Historiquement, le protectorat est la dignité de protecteur. C'est sous ce titre que Cromwell et son fils

gouvernèrent l'Angleterre de 1653-1659 après la mort de Charles Ier.

En politique, le protectorat est le contrôle exercé par un Etat puissant sur un Etat plus faible. Prenant la forme

d'une convention ou d'un acte unilatéral, il crée une dépendance limitée de l'Etat protégé à l'égard de l'Etat

protecteur.

L'Etat protecteur prend en charge les relations extérieures, la sécurité et parfois une partie de l'administration de

l'Etat protégé qui garde une certaine autonomie intérieure et sa personnalité internationale, ce qui le

différencie de la colonisation pure et simple.

Créé au moment de l'expansion coloniale dont il est l'une des facettes, le protectorat est une institution qui a

disparu avec l'accession des Etats protégés à l'indépendance.

L'Empire britannique a largement utilisé du système de protectorat, considérant qu'il était plus économique de

laisser en place des institutions existantes que de les remplacer par une administration coloniale.

La France, quant à elle, privilégia la colonisation par l'administration directe, sauf pour la Tunisie, le Maroc,

Madagascar, les Comores et l'Indochine (Annam, Cambodge, Laos, Tonkin) où elle recourut au protectorat. 4 Etymologie : du latin colonia, venant de colere, cultiver. Etymologiquement une colonie est une population qui

s'installe sur une terre lointaine pour y cultiver la terre et pratiquer son culte.

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Mondiale, le colonialisme est perçu négativement car il s'oppose au droit des peuples à

disposer d'eux-mêmes.

Le colonialisme antique, grec notamment, se distingue du colonialisme moderne (depuis le

XVIe siècle) par un essaimage de colonies autonomes, mais porteuses de la culture de la

métropole, alors que dans ce dernier l'exploitation de la colonie se fait surtout au profit de la

métropole.

Si le colonialisme est toujours lié à une conquête territoriale, l'impérialisme n'est pas

forcément territorial mais peut être une domination culturelle, économique et politique par

exemple. Des puissances européennes comme la France et l'Angleterre ont été de puissants

empires coloniaux. Les États-Unis, au XXe siècle, au contraire, ont mené une stratégie

d'impérialisme économique, qui consista à briser toute forme d'empire colonial à tendance

autarcique. Avec la chute de l'URSS, l'impérialisme colonial a encore reculé face à

l'impérialisme "immatériel". La Chine reste le dernier grand empire colonial (colonisation en

cours du Tibet et des autres provinces occidentales)[réf. nécessaire]

.

Etymologie : du latin neo, nouveau, et de colonialisme.

Le terme néocolonialisme (ou néo-colonialisme) désigne, à partir des années 1960, les

diverses tentatives d'une ex-puissance coloniale de maintenir par des moyens détournés ou

cachés la domination économique ou culturelle sur ses anciennes colonies après leur

indépendance.

Le néocolonialisme est principalement fondé sur des politiques commerciales, économiques et

financières qui de facto permettent un contrôle de pays du tiers-monde, ayant une

similitude avec le colonialisme traditionnel. Les anciennes puissances colonisatrices tentent

par ces moyens de maintenir leur présence dans ces pays, notamment en ce qui concerne

l'accès aux matières premières.

Par extension, le terme néocolonianisme est utilisé pour qualifier les politiques d'institutions

financières internationales comme la Banque mondiale, le Fonds Monétaire International ou

le G8, qui, par leur choix d'accorder ou non des prêts ou des aides économiques, contraignent

les pays pauvres à prendre des mesures structurelles qui accroissent la pauvreté tout en

favorisant les intérêts financiers des pays riches et des multinationales.

II- LES FONDEMENTS IDEOLOGIQUES DE L’IMPERIALISME

L’idéologie peut se définir comme un ensemble structuré d’idées visant à expliquer le monde

et à organiser la société. Le XIXe siècle est marqué par l’expansion européenne dans le

monde. Cette expansion obéit à une idéologie : l’impérialisme ou le colonialisme. Les

doctrines impérialistes s’entendent donc comme des idées formulées en Europe au XIXe

siècle, consécutives aux transformations économiques pour justifier l’impérialisme. Ces idées

ont été formulées par des hommes politiques, des intellectuels, des hommes d’affaires.

Cependant à ces tendances impérialistes se sont opposé des tendances anticolonialistes.

A- Les courants impérialistes :

1- La position des intellectuels : la justification ethnocentrique de l’impérialisme ou

l’élaboration d’une idéologie raciste institutionnalisée

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Pour être pleinement efficace et acceptée par toutes les couches de la société européenne, la

domination de l’Afrique et les moyens de son exercice se doivent d’être justifiés, légitimés au

plan moral, philosophique, religieux. Des penseurs européens décrètent alors l’infériorité

intellectuelle du Nègre. Ils ont pour noms : Voltaire (1694-1778), Cuvier (1769-1832),

Gobineau (1816-1882) et Lévy-Bruhl (1857-1939) en France, Hume (1711-1776) en

Angleterre, Kant (1724-1804) et Hegel (1770-1831) en Allemagne,. ... Ainsi, la puissance

impériale jouit-elle d'une supériorité (culturelle, intellectuelle, technologique, économique ou

raciale) sur le pays dominé.

On trouve chez Voltaire (François Marie Arouet de son vrai nom, 1694-1778), philosophe

du Siècle des Lumières, certains éléments fondamentaux des théories racistes qui prendront au

19ème

et dans la première moitié du 20ème

siècle, en Europe, leur forme achevée : "Leurs yeux

ronds, leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la

laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces

d'hommes des différences prodigieuses. Et ce qui démontre qu'ils ne doivent point cette

différence à leur climat, c'est que des Nègres et des Négresses transportés dans les pays les

plus froids y produisent toujours des animaux de leur espèce, et que les mulâtres ne sont

qu'une race bâtarde d'un noir et d'une blanche, ou d'un blanc et d'une noire. (Œuvres

complètes de Voltaire, Essai sur les mœurs et l'Esprit des Nations, tome 1, Paris, J. Esneaux,

1821, p. 6 et 7).

Emmanuel Kant (1724-1804), dans Observations sur le Sentiment du Beau et du Sublime

écrit : "Les nègres d'Afrique n'ont reçu de la nature que le goût des sornettes. Monsieur Hume

(voir David Hume, Essays Moral and Political, 1748) défie qui que ce soit de lui citer

l'exemple d'un nègre qui ait montré des talents, et il affirme que, parmi les centaines de mille

de noirs transportés loin de leur pays, et dont un grand nombre cependant ont été mis en

liberté, il ne s'en est jamais trouvé un seul pour produire quelque chose de grand dans les arts,

dans les sciences ou dans quelque autre noble discipline, tandis qu'il n'est pas rare de voir des

blancs issus de la plèbe susciter l'admiration du monde par l'excellence de leur don ... "

Georges Cuvier, dans Recherches sur les ossements fossiles, (Volume 1, Paris,Deterville,

1812, p. 105) écrit s'agissant des Noirs africains : "La plus dégradée des races humaines, dont

les formes s'approchent le plus de la brute, et dont l'intelligence ne s'est élevée nulle part au

point d'arriver à un gouvernement régulier". Dans Histoire naturelle de l'Homme, il traite de

"De la dégénération des animaux", (Paris, 1766, tome XIV, pp. 311-374) affirmant que

l'homme blanc incarne par excellence la nature humaine et les autres races seraient le produit

d'une dégénérescence.

Voici comment le comte Joseph Arthur de Gobineau (1816-1882) résume les caractères de

la race noire dans son ouvrage, Essai sur l’inégalité des races humaines : "La variété

mélanienne est la plus humble et gît au bas de l'échelle. Le caractère d'animalité empreint

dans la forme de son bassin lui impose sa destinée, dès l'instant de la conception. Elle ne

sortira jamais du cercle intellectuel le plus restreint. Ce n'est cependant pas une brute pure et

simple, que ce nègre à front étroit et fuyant, qui porte, dans la partie moyenne de son crâne,

les indices de certaines énergies grossièrement puissantes. Si ses facultés pensantes sont

médiocres ou mêmes nulles, il possède dans le désir, et par suite dans la volonté, une intensité

souvent terrible. Plusieurs de ses sens sont développés avec une vigueur inconnue aux deux

autres races : le goût et l'odorat principalement. (Gobineau : Essai sur l’inégalité des races

humaines, Paris, Nouvel Office d’Édition, 1963, Introduction, p. 368)

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Le philosophe allemand Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831) écrit dans La Raison

dans l'Histoire. Introduction à la Philosophie de l'Histoire : "L'Afrique, aussi loin que

remonte l'histoire, est restée fermée, sans lien avec le reste du monde ; c'est le pays de l'or,

replié sur lui-même, le pays de l'enfance qui au-delà du jour de l'histoire consciente, est

ensevelie dans la couleur noire de la nuit." (Hegel, La Raison dans l'Histoire. Introduction à

la Philosophie de l'Histoire, trad. Kostas Papaioannou, Paris, Plon, 1965, p. 39. Collection :

"Le monde en 10/18", p. 247). Cf. Théophile Obenga, Cheikh Anta Diop, Volney et le

Sphinx, Paris, Présence africaine / Khepera, 1996, p. 91, 37, 21).

Lucien Lévy-Bruhl (1857-1939) a écrit l’ouvrage intitulé : La Mentalité primitive (1922) qui

fait suite à son précédent livre Les Fonctions mentales dans les sociétés inférieures

(1910). Les sociétés inférieures sont les sociétés non européennes. La Mentalité primitive se

définit par son caractère mystique et prélogique. L. Lévy-Bruhl a dirigé en France, la Revue

philosophique (1917). Il a été un membre important de la Société française de philosophie et

a enseigné à la Sorbonne. Il crée en 1925 l’Institut d’ethnologie.

C’est donc cette idéologie raciste ou ethnocentrique qui a fondé l’idée d’une mission

civilisatrice de l'Europe vis-à-vis du monde non Blanc5. L'intelligentsia occidentale cherche

donc à consolider encore son dispositif idéologique de domination de l'Afrique.

Le constat d'Aimé Césaire dans Discours sur le colonialisme est sans appel : "Et je dis que de

la colonisation à la civilisation la distance est infinie ; que de toutes les expéditions coloniales

accumulées, de tous les statuts coloniaux élaborés, de toutes les circulaires ministérielles

expédiées, on ne saurait réussir une seule valeur humaine."

2- Les positions pro-impérialistes des hommes politiques

Plusieurs hommes politiques européens manifestent leur adhésion à la politique coloniale avec

des arguments plus ou moins variés.

2.1. L'impérialisme français : Civilisation, revanche et prestige

"La connaissance de notre histoire et de nos aptitudes nationales démontre jusqu'à l'évidence

que la France a reçu le mandat de révolutionner le monde." Dr Bodichon, Etudes sur l'Algérie

et l'Afrique

"Un pays comme la France, quand il pose le pied sur une terre étrangère et barbare, doit-il se

proposer exclusivement pour but l'extension de son commerce et se contenter de ce mobile

unique, l'appât du gain ? Cette nation généreuse dont l'opinion régit l'Europe civilisée et dont

les idées ont conquis le monde, a reçu de la Providence une plus haute mission, celle de

l'émancipation, de l'appel à la lumière et à la liberté des races et des peuples encore esclaves

de l'ignorance et du despotisme. Eteindra-t-elle en ses mains le flambeau de la civilisation vis-

à-vis des ténèbres profondes de l'Annam ?" Francis Garnier, futur conquérant du Tonkin, La

Cochinchine française en 1864, E. Dentu éd., 1864, pp. 44-45(cité par Jacques Bouillon et

coll., Le XIXe siècle et ses racines, histoire/seconde, Bordas, Paris, 1981, p. 347)

5 La proclamation de l'abolition de l'esclavage, au cours du 19ème siècle, l'apparition du concept idéologique de

mission civilisatrice de l'Europe vis-à-vis du monde non Blanc, marquent la charnière entre deux périodes

consécutives d'une économie mondiale dominée par les puissances occidentales qui basculent dans l'ère

industrielle. Au système du commerce transatlantique de Noirs réduits en esclavage (commerce dit "triangulaire"

- Europe, Afrique, Amérique -) se substitue la domination coloniale de l'Afrique, l'appropriation de son sol, de

son sous-sol, de son espace maritime et plus tard aérien par l'Europe. Aussi l'abolition officielle de l'esclavage ne

s'est-elle nullement accompagnée d'une remise en cause institutionnelle des théories racistes, mais au contraire,

celles-ci ont été savamment affinées, renforcées par des arguments présentés comme scientifiquement fondés.

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"40 millions de Français concentrés sur notre territoire ne sont guère suffisants pour faire

équilibre aux 51 millions d'Allemands que la Prusse réunira peut-être sur notre frontière, et à

la population croissante de la Russie dans un avenir un peu plus éloigné; (...) (...) nous avons

encore cette chance suprême, et cette chance s'appelle d'un nom qui devrait être plus populaire

en France, l'Algérie. (...) Puisse-t-il venir bientôt ce jour où nos concitoyens, à l'étroit dans

notre France africaine, déborderont sur le Maroc et la Tunisie, et fonderont enfin cet empire

méditerranéen qui ne sera pas seulement une satisfaction pour notre orgueil, mais sera

certainement, dans l'état futur du monde, la dernière ressource de notre grandeur !"

L. Prévost-Paradol, journaliste libéral, La France nouvelle, 1868.(cité par Jacques Bouillon

et coll., Le XIXe siècle et ses racines , histoire/seconde, Bordas, Paris, 1981, p. 353)

Mais, c’est surtout Léon Gambetta et Jules Ferry qui manifestent mieux la position pro-

impérialiste des hommes politiques français.

En 1872, un Français, le républicain de gauche Léon Gambetta lance à Angers : «Pour

reprendre véritablement le rang qui lui appartient dans le monde, la France se doit de ne pas

accepter le repliement sur elle-même. C'est par l'expansion, par le rayonnement dans la vie

du dehors, par la place qu'on prend dans la vie générale de l'humanité que les nations

persistent et qu'elles durent ; si cette vie s'arrêtait, c'en serait fait de la France».

De ce moment-là, les États européens vont s'engager dans la «course au drapeau» en Afrique

et en Asie... mais sans que les citoyens s'y intéressent le moins du monde. L'Afrique noire,

considérée comme une terre sans maître, fait l'objet d'un partage au cordeau au Congrès de

Berlin en 1885.

La même année, en France, le porte-parole de la gauche républicaine, Jules Ferry6, lance

devant les députés : «Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis

des races inférieures. Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un

devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures» (28 juillet 1885).

6 Jules Ferry, président du Conseil, dans un discours à la Chambre des députés le 28 juillet 1885, affirme : « Au

point de vue économique pourquoi des colonies ? ... La forme première de la colonisation c'est celle qui offre un

asile et du travail au surcroît de population des pays pauvres ou de ceux qui renferment une population

exubérante. [...] Les colonies sont, pour les pays riches, un placement en capitaux des plus avantageux [...] Je dis

que la France, qui a toujours regorgé de capitaux et en a exporté des quantités considérables à l'étranger a intérêt

à considérer ce côté de la question coloniale. La question coloniale, c'est, pour des pays voués par la nature de

leur industrie à une grande exportation, comme la nôtre, la question même des débouchés [...] la fondation d'une

colonie c'est la création d'un débouché.

Messieurs, il y a un second point, un second ordre d'idée que je dois également aborder, le plus rapidement

possible, croyez-le bien, c'est le côté humanitaire et civilisateur de la question. Il faut dire ouvertement que les

races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures.

[...]

Cette politique d'expansion coloniale s'est inspirée d'une vérité sur laquelle il faut pourtant appeler un instant

votre attention : à savoir qu'une marine comme la nôtre ne peut se passer, sur la surface des mers d'abris solides,

de défenses, de centres de ravitaillement [...] Et c'est pour cela qu'il nous fallait Saigon et la Cochinchine ; c'est

pour cela qu'il nous faut Madagascar.

Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, en se tenant à l’écart de toutes les combinaisons

européennes, en regardant comme un piège, comme une aventure toute expansion vers l'Afrique ou vers l'Orient,

vivre de cette sorte pour une grande nation c'est abdiquer, et, dans un temps plus court que vous ne pouvez le

croire, c'est descendre du premier rang au troisième ou au quatrième. »

Discours de Jules Ferry en faveur de l'expansion coloniale, devant la chambre des députés, le 28 juillet

1885

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Des hommes d'État poursuivent cette politique impérialiste de façon plus ou moins

systématique, en raison des ressources dont dispose leur pays et des résistances qu'ils

rencontrent : Disraeli et Chamberlain ; Jules Ferry, Étienne et Delcassé ; Roosevelt et Mac

Kinley ; Crispi ; Léopold II.

2.2. L'impérialisme britannique : "Rule Britannia" (la colonisation : vecteur de paix, de

sécurité et de richesse)

Une nation est comme un individu : elle a ses devoirs à remplir et nous ne pouvons plus

déserter nos devoirs envers tant de peuples remis à notre tutelle. C'est notre domination qui,

seule, peut assurer la paix, la sécurité et la richesse à tant de malheureux qui jamais

auparavant ne connurent ces bienfaits. C'est en achevant cette œuvre civilisatrice que nous

remplirons notre mission nationale, pour l'éternel profit des peuples à l'ombre de notre sceptre

impérial (...)Cette unité (de l'Empire) nous est commandée par l'intérêt : le premier devoir de

nos hommes d'Etat est d'établir à jamais cette union sur la base des intérêts matériels (...)Oui,

je crois en cette race, la plus grande des races gouvernantes que le monde ait jamais connues,

en cette race anglo-saxonne, fière, tenace, confiante en soi, résolue que nul climat, nul

changement ne peuvent abâtardir et qui infailliblement sera la force prédominante de la future

histoire et de la civilisation universelle (...) et je crois en l'avenir de cet Empire, large comme

le monde, dont un Anglais ne peut parler sans un frisson d'enthousiasme (...) "

Discours de Joseph CHAMBERLAIN, ministre des colonies en 1895

Auparavant, en 1872, le Premier ministre britannique Benjamin Disraeli avait annoncé au

Crystal Palace (Londres) sa volonté de promouvoir l'empire anglais.

2.3. L'impérialisme allemand : L'espace vital et pangermanisme

"Un peuple a besoin de terre pour son activité, de terre pour son alimentation. Aucun peuple

n'en a autant besoin que le peuple allemand qui se multiplie si rapidement, et dont le vieil

habitat est devenu dangereusement étroit. Si nous n'acquérons pas bientôt de nouveaux

territoires, nous irons inévitablement à une effrayante catastrophe. Que ce soit au Brésil, en

Sibérie, en Anatolie ou dans le sud de l'Afrique, peu importe, pourvu que nous puissions à

nouveau nous mouvoir en toute liberté et fraîche énergie, pourvu que nous puissions à

nouveau offrir à nos enfants de la lumière et de l'air d'excellente qualité et quantité

abondante." Albrecht Wirth, Volkstum und Weltmacht in der Geschichter, 1904

" La question des indigènes doit être résolue uniquement dans le sens de l'évolution naturelle

de l'histoire universelle, c'est-à-dire que la moralité supérieure doit avoir le pas sur la

civilisation inférieure. L'Etat moderne, en tant que puissance coloniale, commet vis-à-vis de

ses sujets le plus grand des crimes, lorsque se laissant hypnotiser et dominer par de confuses

idées humanitaires, il épargne aux dépens de ses propres nationaux des races nègres vouées à

disparaître." Discours de Kopsch au Reichstag

3- Les autres groupes de pression

Il s'agit des écrivains (exemple: Ruydard Kipling), des missionnaires (exemple: les Français:

Marchand, Gallieni - Les Anglais: Lord Kitchener, Lord Luguard).

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En effet, à la fin du XIXe siècle et au début du XX

e siècle un même mouvement entraîne des

écrivains et des journalistes. Citons pour l'Angleterre Charles Dilke, John Seeley, James

Froude ; pour la France, Paul Leroy-Beaulieu, Paul Gaffarel, J. Chailley-Bert, Léon

Deschamps, Jules Harmand. Aux États-Unis même, avec John Fiske, John W. Burgess et

Alfred Mahan, s'élabore une doctrine expansionniste qui abandonne la tradition

anticolonialiste de Monroe. En Allemagne, Treitschke et Friedrich Fabri développent les

théories colonialistes formulées dès 1841 par Friedrich List.

Des associations se constituent pour susciter l'adhésion des milieux d'affaires divisés et

prudents et convaincre une opinion publique réticente : Royal Colonial Institute, Imperial

Federation League, Kolonial Verein, Gesellschaft für deutsche Kolonisation, Comité de

l'Afrique française, etc.

4- Le soutien des hommes d'affaires à l’impérialisme

Ils demandent à leur gouvernement de protéger les commerçants installés sur les côtes

Africaines, par une annexion pure et simple des territoires concernés (Adolf Woermann au

Cameroun).

B- Les positions anticolonialistes

Contrairement au camp impérialiste, les partisans de l’anticolonialisme sont peu nombreux.

L'opposition à celles-ci est portée en Angleterre par le chef du parti libéral (whig7), William

Gladstone, un Écossais animé par des convictions religieuses très rigides, grand rival de

Benjamin Disraeli...

En France, les principaux opposants se recrutent chez les royalistes, qui ne voient pas l'intérêt

de disperser tous azimuts les forces vives de la nation, et dans la droite nationaliste qui veut

privilégier la revanche sur l'Allemagne, vainqueur de la France en 1870-1871. A gauche,

Georges Clemenceau, chef des radicaux, mû par le même patriotisme, fait figure d'électron

libre en dénonçant lui aussi les équipées coloniales. Il combat la politique impérialiste de

Jules Ferry et déclare "n'essayons pas d'évertuer la violence du manteau hypocrite de la

civilisation." Les socialistes: Ils combattent l'impérialisme fruit du capitalisme en estimant

qu'il représente l'exploitation de l'homme par l'homme. Léon Blum, membre du parti

socialiste affirme :

"Nous n'admettons pas qu'il existe un droit de conquête, un droit de premier occupant au

profit des nations européennes sur les peuples qui n'ont pas la chance d'être de race blanche ou

de religion chrétienne. Nous n'admettons pas la colonisation par la force (...). Nous aurons

accompli ce que vous appelez notre mission civilisatrice le jour où nous aurons pu rendre les

peuples dont nous occupons les territoires à la liberté et à la souveraineté. En revanche, en

présence de situations de fait dont nous ne sommes pas comptables, auxquelles nous nous

sommes toujours opposés, que nous avons obstinément combattues, que nous combattrons

encore en toute occasion, nous ne nous contenterons pas de cette solution à la fois trop simple

et trop périlleuse qui consiste soit à prêcher l'insurrection et à faire appel à la guerre de races,

soit à exiger l'évacuation immédiate avec tous les périls qu'elle comporterait et pour les colons

7 Membre du parti libéral qui apparut en 1679 en Angleterre et qui fut traditionnellement opposé au parti

conservateur (mot anglais) Exemple : un whig qui prépare un projet de loi

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et pour les indigènes eux-mêmes." Extrait d'une déclaration de Léon Blum à la Chambre, le

10 juin 1927

III- LES CAUSES DE L’IMPERIALISME

Les positions pro-impérialistes exprimées par les uns et les autres permettent de déceler des

ensembles de motivations qui ont sous-tendu8 l’impérialisme. Jusqu'au milieu du XIXe siècle,

les Européens s'en tiennent en Afrique à des établissements côtiers où ils troquent leurs

marchandises contre de l'ivoire et... des esclaves avec les chefs de l'intérieur.

Les causes de l’impérialisme sont à la fois démographiques, économiques, politiques,

scientifiques et humanitaires.

INTRODUCTION

La 2e moitié du XIXe siècle est marqué par une course à la colonisation. L'Europe domine

alors le monde et le marque de son influence. Le système colonial prend des formes variés

mais il porte en lui-même de nombreuses contradictions.

Comment s'exerce la domination de l'Europe sur le monde ? Dans quelle mesure la

colonisation peut-elle être acceptée par les peuples dominés ?

I) Les facteurs de l'expansion européenne.

A) Une forte vitalité démographique.

En 1850, il y avait 275 millions d'habitants en Europe. En 1973, ils sont passés à 481 millions

d'habitants. Cela s'explique car l'Europe est en pleine transition démographique. Cela entraîne

du chômage. Du coup, les colonies apparaissent comme un asile de travail. Entre 1800 et

1913, il y a 40 millions d'Européens émigré.

B) La puissance économique, financière et technique.

Dans les années 1880, l'Europe traverse une crise économique. Le pouvoir d'achat baisse ainsi

que la demande. Par contre, l'offre est toujours importante puisque l'on n'est dans une période

de 2eme Révolution Industrielle, il y a une surproduction. Par conséquent, les colonies

apparaissent comme des débouchés d'où l'expression de Jules Ferry "La politique coloniale est

fille de la politique industrielle". 2e raison économique : l'Europe détient 60% du stock d'or

mondial, elle cherche des pays où elle pourrait l'investir. 3e raison : les pays d'Europe ont les

moyens techniques pour coloniser puisqu'ils ont les bâteaux à vapeur, les canaux

transocéaniques par exemple le canal de Suez en 1869 qui permet de diminuer de 40% le

temps entre Liverpool et Bombey. Et aussi, le canal de Panama, en 1914.

C) Une volonté humanitaire et civilisatrice.

Les Européens se considère comme une race supèrieur car ils sont blancs. Du coup, ils

estiment avoir le devoir de civiliser les races dites "infèrieur". Ils veulent leur rapporter de

grandes valeurs telles que la paix, la liberté, l'égalité et la fraternité pour la France. Les idéaux

de la..

A- Les causes économiques

Avant 1880, Les Européens disposaient pour l'essentiel d'implantations côtières.

La France se réservait une partie du Maghreb, et en Afrique occidentale, le Sénégal.

L'Angleterre possédait la colonie du Cap, la Côte de l'or, des compagnies commerciales

8 Constituer la base de (quelque chose) Exemple : la théorie qui sous-tend toute son argumentation

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anglaises travaillaient en Afrique occidentale et orientale. Toutefois, de 1870 à 1880,

l'exploration de l'Afrique progresse : on découvre des richesses intéressantes, or et diamants

d'Afrique du Sud, cuivre de Rhodésie.

Les Européens voient miroiter, à tort souvent, l'image d'une Afrique noire riche et peuplée. A

la fin du XIXe siècle les européens ont déjà exploré la majeure partie de l'Afrique. Ils ont

dressé les cartes des fleuves, des lacs, des montagnes et ont multiplié les contacts avec les

populations locales. De retour dans leurs pays, les explorateurs ont décrit les abondantes

richesses naturelles du continent. Très vite, exploration et commerce ne suffisent plus aux

européens. Ils veulent prendre le contrôle des territoires et des lucratifs marchés africains.

On voit dès lors que les raisons économiques constituent le fondement même de

l’impérialisme. En effet, L’Europe, en pleine révolution industrielle, a un besoin croissant et

urgent de matières premières et des sources d'énergie (pour ravitailler les industries

occidentales) qu’elle ne trouve pas nécessairement sur place, mais aussi besoin de débouchés

pour écouler le surplus de la production Européenne et de placement en capitaux (la conquête

coloniale permet de placer outre-mer les capitaux générateurs des bénéfices énormes) :

l’industrie exige non seulement les matières premières, mais aussi les débouchés pour les

produits finis. Or le protectionnisme douanier implanté en Europe (qui occasionnera la crise

économique de 1881 à 1895), et la concurrence des nouveaux pays industrialisés va pousser

les européens à conquérir les territoires hors d’Europe. Prospecter les possibilités de l’Afrique

en plantations et mines, contrôler au besoin ses sources de productions et disposer d’un

débouché humain le plus vaste possible pour la consommation tel sera de plus en plus la

tendance des capitalistes européens. Ce n’est donc pas un hasard si les pays les plus

industrialisés ont été les plus grandes puissances coloniales.

B- Les causes politiques

On peut citer ici la recherche des points stratégiques et l'installation des bases navales de par

le monde, lesquels serviront de point d’appui et de renfort en cas d’une éventuelle guerre et

dans lesquelles les puissances européennes lèveront des armées coloniales à peu de frais.; la

recherche du prestige (les grands Etats entendent s’assurer un prestige mondial en affirmant

leur force et leur influence); le goût de l'aventure et la protection des nationaux installés outre-

mer (émigration, commerçant, missionnaires).

C- Les causes démographiques

En liaison avec les progrès scientifiques et techniques, la population européenne connaît une

croissance très rapide dans la deuxième moitié du XIXème siècle. Cette population devenant

trop nombreuse par rapport aux ressources aura tendance à migrer. Or à partir de 1890, les

Etats-Unis absorbent moins d’immigrants. Cette situation pousse donc les immigrants

européens à s’intéresser aux terres africaines. C’est pour soutenir cette cause que

GAMBETTA déclare : « le peuple étouffe sur le vieux continent ». Animés par toutes ces

idées, les Européens se saisissent de l’Afrique et se la partagent après le congrès de Berlin de

novembre 1884 à février 1885. Pour la France, il est surtout question de combler le déficit

démographique face à l’Allemagne en cas de conflit.

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La population européenne, nombreuse et en constante augmentation, se trouve souvent en

insuffisance de ressources sur son territoire (Irlande, Europe du sud) et a tendance à émigrer

dans le monde entier. Ainsi l’Europe peuple les régions du monde dont le climat lui convient :

Amérique du Nord, Afrique du Sud, Algérie…

D- Causes humanitaires ou morales

Les européens impérialistes ont souvent évoqués les causes morales pour justifier leur

agression et certains penseurs les ont encouragés. Les européens prétendent être investis d’une

« mission sacrée », celle de « civiliser les primitifs ». Il s’agit de supprimer les guerres

intertribales et les razzias d’esclaves, apporter les bienfaits de la médecine aux indigènes et de

rependre le christianisme par la création de routes, hôpitaux, écoles, églises, voies de

communication.... Ils parlent du « lourd fardeau de l’homme blanc ».

CONCLUSION

Pour toutes les raisons ci-dessus présentées et malgré l’opposition d’une frange de l’opinion

publique, les Européens se lancèrent dans la conquête de l’Afrique et de l’Asie.

Bibliographie :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Imp%C3%A9rialisme

http://www.toupie.org/Dictionnaire/Imperialisme.htm

http://tematio.blogspot.com/2010/05/imperialisme-en-afrique.html

http://www.africa-onweb.com/histoire/colonisation.htm

http://www.encyclopedie.bseditions.fr/article.php?pArticleId=125&pChapitreId=30489&pArt

icleLib=L%92imp%E9rialisme+europ%E9en%A0%3A+le+colonialisme+%5BHistoire+%3A

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