PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

32
1 PACE-MEdiA: CotE d’ivoirE Radios de pRoximité et conflits liés au pRocessus électoRal

description

PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

Transcript of PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

Page 1: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

1

PACE-MEdiA: CotE d’ivoirE

Radios de pRoximité et conflits liés au pRocessus électoRal

Page 2: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral
Page 3: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

eRis training manual 20113

ERISelectoral Reform international services (eRis) est une organisation britannique à but non lucratif qui offre des services d’assistance et d’expertise sur les thématiques électorales et sur les thématiques de gouvernance démocratique. eRis a travaillé dans plus de 70 pays et a fourni des experts pour des institutions internationales, des gouvernements, des institutions de gestion de l’organisation des élections, des onG et d’autres institutions centrales dans un système politique démocratique.

eRis est issu de la société britannique pour la Réforme electorale (electoral Reform society) qui travaille à l’amélioration du système électoral britannique depuis 1884.

ERIS a tRoIS pRIncIpaux pôlES d’actIvItéS:

1. l’observation électorale et la formation d’observateurs électoraux

eRis recrute et gère les observateurs électoraux britanniques pour le compte du ministère des affaires etrangères britannique pour leur envoi sur des missions d’observation électorale de l’union européenne et de l’osce (organisation pour la sécurité et la coopération en europe). eRis organise également ses propres formations pour observateurs, forme des observateurs pour les gouvernements et a gère le dispositif de formation de l’ensemble des observateurs électoraux de l’union européenne.

2. assistance technique au processus électoral

eRis fournit également une assistance technique pour les organismes d’organisation et de gestion des processus électoraux et d’autres organismes essentiels dans le cadre d’un système démocratique et gère un roster de plus de 400 consultants. l’expertise des consultants d’eRis couvre l’ensemble de l’assistance technique dans

les domaines de la gouvernance démocratique:

conseil aux organes de gestion des élections sur l’administration et la préparation des élections ou pour l’élaboration de systèmes d’enregistrement et d’inscription sur les listes électorales, sensibilisation de la population au vote, sensibilisation sur les thématiques de citoyenneté, formation des medias, évaluation du processus électorales, évaluation des programme de soutien au processus électoral des bailleurs de fonds, renforcement des capacités des observateurs locaux.

3. Appui à la Démocratie

eRis conduit aussi diverses activités et programmes de promotion de la démocratie: séminaires sur les problématiques de démocratie, formations, missions d’évaluation, gestion de projets pour bailleurs multilatéraux et partenariat avec la société civile (notamment avec les organismes locaux d’observation électorale, les partis politiques, groupements et associations de femmes, associations d’ex-combattants, groupes marginalisés).

IntRoductIon

eRis intervient en côte d’ivoire depuis 2008 avec un projet d’éducation électorale.

en 2010, eRis commença le projet actuel qui est constitué des volets suivants:

appui aux activités de monitoring des médias de la mission d’observation electorale de la convention de la société civile ivoirienne

formation des journalistes et animateurs des radios de proximité aux thématiques de conflits en période électorale et de sensibilisation de la jeunesse dans les activités de résolution de conflits.

assistance technique à distance et production d’émissions en synergie

ERIS En côtE d’IvoIRE

Page 4: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

4

lE mot dE pRéSEntatIon dE la foRmatIon

nous vous souhaitons la bienvenue à cet atelier, organisé sous l’égide du programme

eRis de promotion de la sensibilisation aux conflits en période d’élections (pace). ce

programme est une approche multisectorielle de prévention de la violence électorale. son

objectif global est de soutenir et de développer diverses initiatives locales de lutte contre

la violence électorale.

eRis collabore fréquemment avec les médias de masse dans les pays dans lesquels il travaille

afin d’organiser des ateliers de formation au journalisme électoral ou des activités

d’éducation civique.

le programme pace-media résulte de notre conviction que les médias ont une influence

profonde sur les attitudes publiques et la prévention de la violence en période électorale.

pace-media vise à aider les professionnels du journalisme à développer une

compréhension critique des conflits, à identifier les outils leur permettant de faire leur

métier de manière responsable, à faire face aux dilemmes en période de tension

électorale et à aider les professionnels du journalisme à utiliser le pouvoir des médias

pour disséminer l’information dans une optique de prévention des conflits.

pace-media est soutenu par le programme « Knowledge connect » du gouvernement

britannique, avec la participation de la thames Valley university de londres.

Je vous remercie de votre participation à cet atelier et espère sincèrement que vous le

trouverez utile.

Keith Best,

président du conseil d’administration d’eRis

Page 5: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

eRis training manual 20115

lES objEctIfS dE la foRmatIon « médIaS dE pRoxImIté, pRocESSuS élEctoRal Et RéSolutIon dE conflIt »

les objectifs de cette session de formation basée sur deux modules est, dans un premier module « médias, conflit et processus électoral » :

• de sensibiliser les journalistes et animateurs des radios de proximité sur le danger que font porter les processus électoraux sur les relations intercommunautaires

• de sensibiliser les journalistes au fait que de simples reportages sur les élections mais également d’autres informations peuvent déclencher et favoriser les tensions intercommunautaires

• de sensibiliser les journalistes et animateurs au fait que leurs reportages sur les élections, la campagne électoral et plus largement sur la vie locale, s’ils se fondent sur les principes d’éthique et de déontologie du métier de journaliste, peuvent éviter un grand nombre des conflits que les élections peuvent provoquer

puis, dans un second module, « conflits, jeunesse et radios de proximité » :

• de sensibiliser les journalistes et animateurs aux mécanismes qui amènent les jeunes à participer à la violence

• de sensibiliser les journalistes et animateurs des radios de proximité au traitement des thématiques de résolution de conflits pour un public jeune

Page 6: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

6

le décret 714-1995 fixant les règles de fonctionnement des radios de proximité interdit aux radios de proximité de produire et diffuser tout contenu « de nature politique ou produite ou conçue par ou pour tout mouvement ou organisation politique ou syndicale ».

aRtIclE 6 du décREt 714-1995 du 13 SEptEmbRE 1995 fIxant lES RèglES dE fonctIonnEmEnt dES RadIoS dE pRoxImIté

« Il est interdit à un exploitant de radio de proximité de produire et diffuser des émissions à caractère commercial, ou de nature politique, ou produites ou conçues par ou pour tout mouvement ou organisation politique ou syndicale que ces émissions donnent lieu ou non à la perception de recettes pour l’exploitant; et d’une façon générale, de produire ou de diffuser toute émission contraire aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur, à l’ordre public et à l’unité de la nation.

La violation du présent article entraîne le retrait, de plein droit et sans mise en demeure préalable du CNCA, de l’autorisation d’émettre »

en effet, le cnca, par la décision n°2010/08 du 13 octobre 2010 portant dérogation pour la diffusion des émissions relatives à la campagne électorale par les services de radiodiffusion sonores et de télévision privées non commerciales, stipule dans son article 1er que

« les services de radiodiffusion sonores et de télévision privées peuvent diffuser les émissions spéciales consacrées à la campagne en synchrone avec la Rti. ces émissions concernent:

• les reportages dans les journaux radiodiffusés et télévisés

• les magazines d’information

• les émissions spéciales conçues et montées par les candidats

• l’émission « face aux électeurs »

l’aRtIclE 2 dE cEttE décISIon du cnca pRécISE quE « lES émISSIonS RElayéES nE pEuvEnt faIRE l’objEt:

• de rediffusion

• de commentaires

danS Son aRtIclE 3, la décISIon du cnca RappEllE quE « lES RadIodIffuSIonS SonoRES pRIvéES non commERcIalES Sont IntERdItES:

• de produire et d’organiser des débats locaux relatifs aux élections sur leurs antennes;

• de changer le contenu des émissions ainsi relayées;

• de couvrir les activités des candidats »

Bien que ces deux dispositions réglementaires laissent une certaine marge de manœuvre aux radios de proximité (notamment pour ce qui concerne l’éducation civique et électorale), les données produites dans le cadre de l’activité de monitoring des radios de proximité de la mission d’observation electorale de la convention de la société civile ivoirienne (moe csci) montre qu’un grand nombre de radios de proximité n’ont pas respecté cette règle pendant la période électorale. en effet, beaucoup de radios de proximité semblent avoir estimé de leur devoir d’informer leurs auditeurs de l’actualité politique en débordant du cadre restrictif de l’éducation civique et électorale. une minorité de radios ont même produit et diffusé des meetings politiques en direct. cependant, il est à noter que certaines radios diffusaient sur leurs ondes les contenus d’informations de la Rti qui contenait des informations politiques tandis que d’autres radios de proximité ont cessé de les diffuser et de produire des flashs d’information pour ne pas être accusé de partialité.

RappEl du cadRE légISlatIf Et RéglEmEntaIRE dE fonctIonnEmEnt dES RadIoS dE pRoxImIté

Page 7: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

eRis training manual 20117

des élections crédibles sont souvent considérées comme un mécanisme de résolution pacifique d’un conflit politique ou politico-militaire. en afrique subsaharienne, un grand nombre de pays en sortie de crise ont connu des phases dites de transition:

• désarmement progressif et partiel des groupes armés

• protection des plus vulnérables (personnes déplacées, notamment)

• relance économique

• dialogue politique

• puis élections qui doivent marquer un certain retour à une situation de paix durable et de relance des processus de développement.

l’existence d’épisodes de violence liés aux processus électoraux constitue un échec de ce mode démocratique de désignation des détenteurs du pouvoir. en outre, elle mine la croissance d’une gouvernance démocratique qui renforcerait démocratie et institutions du pays considéré. les violences post-électorales au Kenya et au Zimbabwé, pays vivant alors en paix, ont montré que ce type de violences n’était pas circonscrit aux pays en sortie de crise.

les causes des conflits liés au processus électoraux sont multiples: existence de milices, endoctrinement de la jeunesse. mais on constate également qu’au niveau local, à l’intérieur du pays, elles se nourrissent d’autres antagonismes, d’autres conflits latents ou ouverts.

dans ces contextes, les médias peuvent être soit un facteur exacerbant les tensions ou, au contraire, avoir un effet stabilisant en contribuant à calmer les tensions et résoudre les conflits.

de façon plus spécifique, les médias peuvent jouer trois rôles positifs dans le cadre de violences liées aux processus électoraux en:

• en fournissant une image des dynamiques politiques, le niveau de polarisation de la société, et les voix possibles pour une résolution des conflits (rôle de miroir de la société)

• en portant des messages de non-violence dans les communautés et en mobilisant les bonnes volontés pour une action positive

• en fournissant un espace de dialogue entre les groupes politiques concurrents, organisations de la société civile et les citoyens

1.1 ElEctIonS Et cyclE élEctoRalune élection est un moment très important de la vie démocratique d’une société ou d’un pays. si elle constitue un moment central, elle s’insère dans les processus de gouvernance démocratique.

une élection ne fait pas une société démocratique. elle n’en est qu’un élément parmi d’autres (liberté de parole, liberté de presse, liberté d’association, existence de contre-pouvoir, indépendance de la justice, indépendance du pouvoir législatif).

1.1.1 défInItIon ElEctIonS/gouvERnancE démocRatIquE

défInItIon du tERmE ElEctIonS

une élection est une procédure formelle par laquelle une personne est élue à une charge.

la définition de cette procédure d’élection est du ressort de chaque état. cependant, une série d’accords et normes constituent un socle commun définissant une vision commune sur ce que doit être une élection crédible.

démocratie ou gouvernance démocratique

les élections sont l’élément le plus visible d’un système démocratique. en effet, le processus électoral doit permettre le choix pacifique de représentants des citoyens et/ou des détenteurs du pouvoir exécutif. il doit également permettre une alternance pacifique au niveau du pouvoir exécutif.

1. conflItS Et cyclE élEctoRal

Page 8: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

8

cependant, les élections ne garantissent pas la pérennisation d’un système démocratique. un système démocratique est soutenu par:

• le respect d’un équilibre entre les trois pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif

• l’existence d’un contrôle des citoyens sur leurs représentants (rôle de la société civile et des médias)

Citoyens/population Organisations de la sociéte civile

Professionalisme des médias(compétence, indépendance obtenues grâce a la viabilité

économique des entreprises médiatiques)

• Preparation des listes electorales• Annonce du calendrier electorales• Enregistrement des candidatures• Organisation logistique du vote• Sensibilisation du public• Campagne officielle• Information du public sur les modalites du vote

• Securisation des urnes pour transport• Comptabiliser les voix urnes par urnes• Enregistrer le nombre de voix par candidat• Communiquer le nombre de voix• Gerer les contentieux sur le nombre de voix• Annonce des resulats apres consolidation• Gestion des procedures de contentieux• Transmission du pouvoir• Installation de la nouvelle equipe

Jour de vote • Gestion des operations de vote• Accueil des votants• Gerer les contentieux sur l’operation de vote• Protection et securisation des urnes

Crédibilité des médias

Rôle des médias

OFFRE

DEMANDE Lien de causalité

Echange d’informations

Provision d’informations

Gardiens de la transparence et des règles de bonne gouvernance

Autorités politiques

Lieu du débat démocratique (forum)

“Agenda setter” du débat démocratique

Info

Info Info

PR

OC

ES

SU

S E

LEC

TO

RA

L

Schéma : Rôle des médias dans la gouvernance démocratique

Page 9: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

eRis training manual 20119

1.1.2 défInItIon cyclE ElEctoRal

dans un schéma plus large de gouvernance démocratique, les élections ne sont plus vues comme un moment détachée de la vie démocratique d’un pays, mais comme un composant de la transition démocratique et du renforcement de la gouvernance démocratique.

cette approche du cycle électoral englobe davantage de composants (il ne s’agit plus uniquement d’intervenir sur le vote):

• établissement de règles, notamment des règles législatives

• délimitation des circonscriptions

• procédures d’inscription sur les listes électorales

• logistique

• procédure de dépôt des candidatures

• procédures de choix des candidats à l’intérieur des parties politiques

• campagne électorale

• organisation et tenue du vote

• comptage des voix et consolidation des résultats

• procédures d’annonce des résultats et annonce des résultats

• contentieux électoral

1.1.3 pRIncIpalES paRtIES pREnantES du cyclE élEctoRal

différents acteurs ont un rôle central dans le cycle électoral:

l’InStItutIon d’oRganISatIon Et dE gEStIon dES élEctIonS

il s’agit de l’institution mandatée pour organiser et gérer le processus électoral. sa crédibilité et son professionnalisme ont un impact extrêmement important sur le succès ou l’échec d’un cycle électoral.

lES paRtIS polItIquES Et aSSImIléS (coalItIonS dE paRtIS, SyndIcatS ou aSSocIatIonS polItISéS)

il s’agit de groupes organisés de personnes qui cherchent á avoir une influence sur les politiques publiques en se faisant élire. les partis politiques ont un rôle important puisqu’ils portent les souhaits et revendications des citoyens au sein du pouvoir politique en ayant des élus, qui exercent parfois également des mandats exécutifs.

lE pouvoIR judIcIaIRE

le pouvoir judiciaire est très souvent chargé de trancher les contentieux électoraux. a ce titre, il peut être parfois un acteur important du cycle électoral.

lES oRganISatIonS dE la SocIété cIvIlE

les organisations de la société civile relaient les souhaits et revendications des citoyens sans appartenir au monde politique. elles jouent un rôle de contre pouvoir par rapport aux partis politiques et au pouvoir politique. souvent, elles sont extrêmement actives dans l’éducation à la citoyenneté, qui favorise un renforcement des contre pouvoirs nécessaires à une démocratie apaisée.

lES obSERvatEuRS natIonaux Et IntERnatIonaux

des personnes originaires du pays (souvent liées à la société civile) ou venant d’autres pays observent le processus électoral avec l’objectif de voir si le cycle électoral permet la libre expression de la volonté des citoyens. ces missions d’observation suivent des normes et standards internationaux dans leur méthode d’observation (nations unies, union européenne, osce…)

lES médIaS

les médias ont également un rôle central dans un cycle électoral. ils sont à la fois pourvoyeur d’information (sur les candidats, les partis politiques et la gestion du bien public par le gouvernement…) et lieu du débat politique et social.

Page 10: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

10

1.2 conflItS lIéS aux élEctIonS les conflits liés aux élections découlent 1) du manque de confiance des parties dans les institutions démocratiques et/ou 2) d’autres tensions ou conflits qui se trouvent exacerbés par le combat politique relatif à l’élection.

1.2.1 notIon dE conflItS lIéS aux élEctIonS

il existe différentes définitions du conflit lié aux élections. cependant, il est souvent caractérisé par la violence politique contre les individus ou des groupes, les propriétés de certains groupes ou individus ciblés ou encore contre les institutions en charge du cycle électoral.

deux éléments sont caractéristiques de la violence liée aux processus électoraux:

1. lES cauSES dE la vIolEncE

la motivation des actes de violence liés au processus électoral est d’influencer le déroulement de l’élection ou les résultats de l’élection.

2. lE momEnt

les actes de violence liés au processus électoral interviennent pendant le processus électoral: avant et après l’élection

1.2.2 cauSES dES conflItS lIéS aux élEctIonS

les causes des conflits liés aux processus électoraux varient dans leur nature et leur importance selon les pays:

• de règles mal adaptées du système électoral peuvent créer une situation de conflit

• le manque de confiance des parties prenantes dans l’institution qui gère le processus électoral

• préexistence d’un conflit qui se recristallise dans le processus électoral

• préexistence d’antagonismes ethniques

• compétition économique entre groupes sociaux

• existence d’une propagande efficace avec un objectif d’exacerbation des antagonismes dans certains médias populaires

1.2.3 conSéquEncES dE la vIolEncE lIéE aux pRocESSuS élEctoRaux

les conséquences de conflits et de la violence liés aux processus électoraux sont de plusieurs types:

déplacements de populations (réfugiés, personnes déplacées)

• menaces, attaques et assassinats pendant et après l’élection (par exemple, au pakistan, Benazir Bhutto a été assassinée pendant la campagne électorale de 2008 au pakistan)

• faible participation des citoyens (par exemple, en afghanistan, en 2009, le taux de participation aux élections générales n’a été que de 40 % à cause des menaces et attaques perpétrées par les talibans)

• effet sur la croissance et le développement économique (par exemple, le ministère des finances kenyan estime que les violences post-électorales ont fait perdre un milliard de dollars au pays)

1

Page 11: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

eRis training manual 201111

1.3 vIolEncE Et pRocESSuS élEctoRal le manque de confiance ou des dysfonctionnements sur une seule partie du processus électoral entraîne souvent la remise en cause de l’ensemble du cycle électoral et donc de potentielles violences.

1.3.1 pRIncIpalES étapES du pRocESSuS élEctoRal

Citoyens/population Organisations de la sociéte civile

Professionalisme des médias(compétence, indépendance obtenues grâce a la viabilité

économique des entreprises médiatiques)

• Preparation des listes electorales• Annonce du calendrier electorales• Enregistrement des candidatures• Organisation logistique du vote• Sensibilisation du public• Campagne officielle• Information du public sur les modalites du vote

• Securisation des urnes pour transport• Comptabiliser les voix urnes par urnes• Enregistrer le nombre de voix par candidat• Communiquer le nombre de voix• Gerer les contentieux sur le nombre de voix• Annonce des resulats apres consolidation• Gestion des procedures de contentieux• Transmission du pouvoir• Installation de la nouvelle equipe

Jour de vote • Gestion des operations de vote• Accueil des votants• Gerer les contentieux sur l’operation de vote• Protection et securisation des urnes

Crédibilité des médias

Rôle des médias

OFFRE

DEMANDE Lien de causalité

Echange d’informations

Provision d’informations

Gardiens de la transparence et des règles de bonne gouvernance

Autorités politiques

Lieu du débat démocratique (forum)

“Agenda setter” du débat démocratique

Info Info Info

PROCESSUS ELECTO

RAL

1.3.2 ElémEntS du pRocESSuS élEctoRal quI pEuvEnt conduIRE au conflIt

les principaux points sensibles du cycle électoral qui peuvent conduire à la mise en cause de l’équité de l’élection et donc au conflit sont:

1. le calendrier de l’élection (soupçons de manipulation du gouvernement)

2. la procédure de candidatures (problèmes d’éligibilité, les critères de sélection utilisés, la représentativité des candidats…)

3. l’enregistrement des votants (sentiment d’exclusion de certains citoyens, discrimination envers certains citoyens)

4. la nature de la campagne électorale (accès équilibré aux médias, liberté de rassemblement, entrave éventuelle à la campagne de certains candidats)

5. la gestion du processus électoral (sensibilisation du public, compréhension par le public du rôle de l’institution en charge de l’organisation de l’élection, rôle de la société civile dans la surveillance du processus électoral)

6. organisation des opérations de vote (information du public sur où et quand voter; accès aux bureaux de vote et aux urnes, la façon dont les candidats sont identifiés sur les bulletins de vote…)

Page 12: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

12

7. sécurisation des opérations de vote et mesures de prévention de la fraude (niveau de fraude au niveau des urnes, vols d’urnes, niveau de confiance des votants dans le processus de vote)

8. la comptabilisation des votes (mécanismes, transparence, délais)

9. l’annonce des résultats (calendrier, quel est la personne qui annonce les résultats, réaction des partis politiques et de leurs supporters, procédures de contentieux et appels)

10. la transmission du pouvoir en cas d’alternance (délai injustifié dans la transmission du pouvoir)

au delà du processus électoral, le contexte de l’organisation de l’élection peut également être une cause de la violence qui survient dans la période électorale; ces circonstances peuvent être de plusieurs ordres:

la restauration de la démocratie après une période de gouvernance totalitaire (exemple: l’ukraine après son indépendance à la suite de l’effondrement de l’uRss au début des années 90)

pendant une grave crise économique (exemple: le Zimbabwé après une grave crise agricole et une baisse dramatique du niveau de vie des citoyens en 2007)

a la suite d’une guerre avec un pays voisin (exemple: le liban après le conflit avec israël dans le sud liban en 2006)

a la suite de déplacements massifs de population (exemple: sri lanka en 2010 où la guerre civile a entraîné de vastes mouvements de population à l’intérieur du pays).

Page 13: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

eRis training manual 201113

2. médIaS Et conflItS

les médias jouent un rôle central dans la formation de l’opinion des citoyens et de l’opinion publique. ils permettent donc de déterminer ou d’affirmer son opinion ou encore son appartenance à un groupe social. dans les périodes troublées, l’information prend également encore plus d’importance puisqu’elle sert également à déterminer nos actions et nos décisions. malheureusement, les médias contribuent trop souvent à marquer les clivages et les antagonismes en se faisant la caisse de résonance des peurs et inquiétudes de groupes sociaux, se sentant menacés par d’autres groupes sociaux.

2.1 médIaS Et IncItatIon à la vIolEncEil existe de multiples exemples d’utilisation du pouvoir des médias pour suggérer et attiser les peurs et finalement inciter à la violence. en général, ces médias ont tendance à:

• favoriser les effets immédiats et l’émotion dans le traitement de l’information,

• préférer la simplicité dans les analyses et adopter systématiquement un seul point de vue (souvent ethnique) sur les événements présentés, en méprisant les autres opinions.

exemples:

• la machine de propagande de l’allemagne nazie (Goebbels) avec l’industrie du cinéma ou le journal der stürmer (l’attaquant de pointe), blâmant les juifs pour tous les problèmes sociaux et économiques de l’allemagne des années 30

• Radio mille collines au Rwanda appelant les tutsis « cancrelats »

2.2 médIaS Et RéSolutIon dE conflItles médias peuvent aussi jouer un rôle positif en cas de conflit ou de risque de violence (le second module de la formation reviendra sur ces questions), notamment en:

• condamnant les dérives ethniques, le racisme et l’autoritarisme de certains gouvernements

• suscitant le dialogue

• sensibilisant le public sur des problèmes oubliés (en espérant également alerter les décideurs)

• promouvant la paix et la non violence

• incluant le public dans le débat civique

• facilitant le débat public et la formation d’une opinion publique modérée qui marginalise les extrémismes violents.

Page 14: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

14

3. conflItS lIéS aux pRocESSuS élEctoRaux Et déontologIE du jouRnalISmE

3.1 EthIquE Et jouRnalISmE: lE caS du jouRnalISmE d’« EngagEmEnt »

3.1.1 quElquES défInItIonS

déontologIE du jouRnalISmE: ensemble de règles écrites n’ayant pas valeur coercitive définissant la mission du journaliste et qui assoit sa crédibilité.

EthIquE du jouRnalIStE: ensemble de régles à portée davantage individuelle si l’on compare à la déontologie. il est plus précis de parler de lignes directrices en termes d’éthique: il s’agit souvent de situation pour laquelle la règle de déontologie ne suffit pas à définir la bonne conduite à tenir.

moRalE: les règles morales déterminent ce qui est considéré comme bien ou comme mal dans le comportement humain

codE dE déontologIE Et d’éthIquE: liste les régles d’éthique et de déontologie qui se fixe une profession généralement élaboré par le principal syndicat des journalistes ou par l’institution d’autorégulation.

3.1.2 valEuRS communES aux dIfféREntS codES d’éthIquE Et dE déontologIE

certains principes contenus dans les codes de déontologie sont universels. tous les codes d’éthique et de déontologie comportent:

• un engagement d’honnêteté et d’intégrité

• un engagement d’équilibre dans le traitement de l’information

• un engagement à défendre l’accès du public à l’information

les codes d’éthique et de déontologie servent également à asseoir le rôle et la crédibilité des journalistes auprès du public. les journalistes ont le droit et le devoir de protéger ces sources par exemple (un grand nombre de droits et devoirs des journalistes peuvent être fixé par la loi). ce droit de protection des sources doit s’accompagner d’une confiance du public qui ne peut être maintenue quand s’astreignant à des régles strictes d’éthique et de déontologie.

le journaliste s’astreint également à défendre le bien public en fournissant au public:

• un accès à l’information

• un accès au divertissement

• une information sur les menaces et dangers de son environnement (mauvaise gouvernance, actions néfastes de certaines entreprises…)

• un accès au débat public

• un forum sur lequel les différentes opinions sociales et politiques se rencontrent

Page 15: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

eRis training manual 201115

3.1.3 codE dE déontologIE Et pRévEntIon dE conflItS

peu de code d’éthique et de déontologie précise explicitement la manière dont un journaliste doit travailler pour éviter d’attiser ou de provoquer un conflit. cependant, tous les codes stipulent qu’agir contre les intérets du public ne respecte pas les régles d’éthiques du journalisme. ils comportent notamment l’obligation:

• d’être personnellement responsable de ses actions

• d’être conscient des conséquences de ses actions

• d’agir en accord avec la morale et l’éthique

• d’éviter toute action allant contre l’intérêt du public tel que défini précédemment

la sécurité constitue un aspect fondamental des intérêts du public. par conséquent, le journaliste a une responsabilité: éviter toute action qui pourrait porter atteinte à la sécurité du public en provoquant ou en attisant des conflits.

3.1.4 pouRquoI lES codES d’éthIquE Et dE déontologIE Sont-IlS ImpoRtantS?

les développements des nouveaux médias (notamment sur internet) et la multiplication des médias plus traditionnels (baisse du prix des équipements nécessaires pour une radio ou une chaîne de télévision) permettent à l’information d’être transmis de manière très rapide sans aucun contrôle éditorial. une part importante de ce contenu informatif est produite sans respect des principes et standards journalistiques, multipliant les risques de conséquences importantes dans l’exacerbation des tensions notamment en période électorale.

3.1.5 lES jouRnalIStES pEuvEnt paRfoIS pRovoquER dES conflItS

les journalistes peuvent provoquer et attiser des conflits:

• en faisant un reportage sur un fait en accusant une communauté d’être responsable des problèmes

RappEl dES pRIncIpalES RèglES d’éthIquE Et dE déontologIE

• les principales règles d’éthique et de déontologie sont les suivantes:

• la vérification des sources: une source unique d’information est rarement suffisante; dans le cas où cette source d’information est unique, il est nécessaire de la citer

• le respect des propos obtenus auprès d’un interlocuteur

• l’égalité de traitement des parties en présence lors d’un conflit même si la ligne éditoriale appuie l’une des parties

• la transparence dans l’obtention de l’information: il faut en particulier toujours se présenter comme journaliste lors d’une conversion avec une personne pouvant être une source d’information et demander

l’autorisation de citer des propos tenus lors d’une conversation privée

• la probité vis-à-vis des erreurs possibles: mentionner et corriger les erreurs découvertes dans ses précédents papiers

• la probité vis-à-vis de la corruption; notamment ne pas se faire payer pour parler d’un sujet ou pour ne pas évoquer une information

• le respect de la vie privée même la frontière entre vie publique et vie privée peut être fragile et fluctuante

• la protection de ces sources d’information: un journaliste ne doit pas révéler où il a trouvé ces sources surtout si cette révélation met en danger la personne qui lui a confié ces informations

Page 16: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

16

• en faisant un reportage qui contribue à l’hostilité entre les communautés

• en faisant un reportage justifiant la violence comme réponse raisonnable à une situation de conflit civil

• en incluant dans son reportage des faits anciens qui suggèrent la vengeance

3.2 faItS Et éthIquE la sensibilité au contexte de conflit et l’éthique personnelle du journaliste par rapport à son métier entre en ligne de compte lorsqu’il s’agit de sa responsabilité de journaliste en période de conflit. cependant, le journaliste doit garder sa neutralité et son objectivité et maintenir en première place de ces préoccupations, l’intérêt du public.

en outre, sa responsabilité première est d’éviter d’exacerber les tensions. cette responsabilité qui relève de son éthique personnelle et d’une éthique du journaliste responsable dans un contexte de conflit peut s’opposer aux règles déontologiques de base.

3.3 jouRnalISmE Et RéSolutIon dE conflItSun journaliste dans un contexte de conflits électoraux ou non doit-il se contenter de fournir une information fiable et vérifiée sans se préoccuper de l’usage qu’en font les personnes qui reçoivent cette information ou a-t-il un rôle éducatif ou de sensibilisation?

ces distinctions et les implications qu’elles ont dans les choix éthiques sont propres à chaque journaliste. on peut distinguer dans les attitudes de dépassement du simple rôle du journaliste comme pourvoyeur d’informations fiables et vérifiées en période de conflits, trois autres types d’attitude éthique1:

• le « journalisme proactif » qui cherche de façon délibérée à influencer les attitudes et les perceptions du public en présentant des solutions et initiatives de résolution de conflits

• le « journalisme sensible au conflit » qui cherche à éviter de mettre l’accent sur les facteurs de division notamment ethniques dans son analyse; qui cherche à identifier les causes réelles des conflits qui cherche à mettre en lumière les efforts de résolution de conflit

• le « journalisme de paix » qui essaie de mettre en évidence les points communs des parties en conflit dans l’espoir de contribuer à la résolution du conflit

néanmoins, pour éviter d’attiser les tensions et contribuer au processus de résolution de conflit, quelques règles d’expression peuvent être suivies:

a. eviter de définir les camps en « gagnants » et « perdants »

b. eviter de définir les camps en accentuant les différences: « eux » et « nous »

1 cEttE dIStInctIon EffEctué paR RoSS howaRd ESt pRESEntéE danS “afRIquE cEntRalE - médIaS Et conflItS, vEctEuRS dE guERRE ou actEuRS dE paIx” SouS la dIREctIon dE maRIE SolEIl fRèRE, gRIp Et InStItut panoS paRIS, 2005.

pREnonS l’ExEmplE SuIvant:

dans une situation de conflit interethnique, un enfant est retrouvé assassiné. des extrémistes d’une ethnie a soupçonnent un membre de l’ethnie B. des ratonnades débutent dans la ville. un journaliste apprend, de sources judiciaires, que le meurtrier présumé appartient, en effet, à l’ethnie B. le motif du meurtre semble être le racisme. les autorités lui demandent de ne pas publier l’information et diffusent de fausses informations à propos d’un autre meurtrier présumé qui serait étranger.

son éthique personnelle lui commande de ne pas divulguer cette nouvelle. en effet, il sait que la publication de cette information risque fort d’entraîner la mort d’innocents. par ailleurs, les règles déontologiques lui commandent de ne pas céder aux souhaits des autorités politiques. de plus, il s’agit d’une information importante qui contredit des fausses informations: un enfant de l’ethnie B a

été tué par racisme et non par un étranger. le choix est difficile mais commande d’éviter avant toute chose la mort d’innocents.

Page 17: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

eRis training manual 201117

c. eviter de mettre en exergue les incidents passés, le conflit présent et l’impossibilité d’un futur commun

d. mettre l’accent sur les conséquences du conflit

e. Réduire l’influence négative de certains responsables en mettant en avant les opinions de personnes ordinaires (vox pop, libre antenne…)

f. mettre l’accent sur ce qui rapproche plutôt que ce qui sépare les communautés en conflit

g. Réduire l’impact de l’émotion dans les reportages sur les incidents violents

h. eviter la rhétorique de la complainte et du blâme de l’autre communauté et mettre en lumière les problèmes communs

i. eviter la déshumanisation des victimes d’un conflit et donner l’opportunité au public de toucher du doigt les conséquences réelle du conflit

RécapItulatIf:conSEIllé à nE paS faIRE

croiser ses sources publier toutes les informations que l’on obtient sans les vérifier

vérifier l’origine d’une information Relayer les rumeurs sans les avoir vérifiées

vérifier la véracité des rumeurs qui présenter les rumeurs commecirculent et faire connaître leur véracité une information sûre et vérifiéeou leur fausseté

Etre précis et respecter les propos Reprendre des propos publics rapportés parobtenus auprès d’un interlocuteur une tierce personne sans avoir vérifié qu’ils

ont vraiment été prononcés

Expliquer que l’on n’est pas sûr à 100% d’une information en employant le conditionnel ou en faisant de la source

Etre encore plus objectif que d’habitude epouser les thèses les plus extrémistes aumême si on travaille dans le cadre d’un prétexte que l’on appartient à une ethnie oumédia d’opinion que l’on est sympathisant d’un parti politique

confronter les différents points de vue ne pas mettre de distance entre ses convictionssur le même événement et son métier de journaliste

connaître les véritables raisons et se contenter de reprendre les communiquésmécanismes du contexte conflictuel de parties en présencedans lequel il évolue

ne pas focaliser les descriptions des faits et des individus sur les critères retenus par les parties qui s’affrontent

mettre l’accent sur ce qui rapproche Reprendre toutes les préjugés et la rhétoriqueplutôt que ce qui sépare d’une ou plusieurs parties en présence

ne pas oublier que sa responsabilité chercher le sensationnalisme à tout prixpremière est d’éviter d’exacerber les tensions.

Page 18: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

18

3.4 lES pRESSIonS SuR lES jouRnalIStES En péRIodE dE conflItles journalistes travaillant en zone sensible ou dans une période sensible subissent souvent des pressions:

• des propriétaires de médias qui affichent des préférences marquées en période électorale ou post-électorale

• de la part des forces de sécurité (police, armée, services de renseignements…)

• de la part de leur communauté religieuse ethnique

3.5 codE dE bonnE conduItE dES médIaS En péRIodE élEctoRalEles médias ont un rôle central pendant les périodes électorales. ils donnent les informations sur les candidats et leurs programmes, sont le lieu du débat électoral et sont souvent engagés dans des actions de sensibilisation à la participation citoyenne et au vote.

dans un grand nombre de pays, des codes de bonne conduite des médias pendant le cycle électoral ont été développés par les institutions d’organisation et de gestion du processus électoral, l’instance de régulation des médias ou les organisations professionnelles pour encourager les médias à faire leur travail d’information de manière équilibrée et responsable.

ces codes de bonne conduite définissent un certain nombre de règles concernant l’accès aux médias pour les partis politiques, le ton de la couverture de la campagne ou encore les modalités de couverture du processus électoral par les professionnels des médias.

un code de bonne conduite des médias en période électorale ressemble à un code d’éthique et de déontologie spécifique à la période électorale.

certains organes d’autorégulation des médias, l’instance de régulation des médias ou des institutions en charge de l’organisation des élections effectue un monitoring du contenu produit et diffusé par les médias pour vérifier le respect des règles édictées dans le code de bonne conduite.

Page 19: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

eRis training manual 201119

4. la RhétoRIquE polItIcIEnnE pEndant lE pRocESSuS élEctoRal

en cas de conflit lié au processus électoral, le discours mobilisateur qui fait basculer les communautés vers la violence est souvent le fait des hommes politiques pendant la campagne électorale ou dans leurs campagnes de mobilisation de l’opinion publique.

4.1 lE RôlE dES polItIcIEnS danS lES conflItS lIéS a un pRocESSuS élEctoRalles politiciens peuvent avoir un rôle négatif comme un rôle positif pour le déroulement d’un processus électoral et plus généralement dans l’atmosphère politique du pays.

4.1.1 RôlE dES polItIquES danS lE SyStèmE démocRatIquE

qui sont les politiciens?

• des personnes qui cherchent à obtenir un mandat électif

• des personnes travaillant pour un parti ou une organisation politique

• des personnes ayant traditionnellement un rôle de pouvoir ou un rôle dans le système de gouvernement

qu’incarnent les politiciens?

dans un grand nombre de systèmes politiques, les élus sont censés représenter l’ensemble des citoyens et œuvrer en donnant la priorité à l’intérêt général avant les intérêts particuliers selon:

• les idées et les marqueurs idéologiques de l’homme politique

• les connaissances et l’expérience de l’homme politique;

mais le système électif a tendance à les recentrer autour d’une fonction de représentation de groupes sociaux:

• élites traditionnellement proches du pouvoir

• groupes socio-économiques

• communautés régionales, religieuses ou ethniques

en effet, les politiciens ont besoin d’être élus pour exercer le pouvoir. il est plus facile d’obtenir ces votes:

• en promettant aux votants qu’ils chercheront systématiquement à protéger leurs intérêts personnels ou communautaires

• en présentant leurs capacités à l’exercice du pouvoir

• en montrant quelles sont leurs réalisations dans l’exercice de leur mandat

les problèmes de politiciens est que la solution la plus facile à mettre en œuvre est la solution 1: promettre aux votants qu’ils chercheront systématiquement à protéger leurs intérêts personnels ou communautaires.

cependant, il n’est pas possible de satisfaire l’ensemble des intérêts particuliers dans une nation. un politicien doit se trouver une « niche », comme tous offreurs de service (ici, l’assurance que la puissance publique vous aidera à réaliser vos objectifs et défendra vos intérêts). c’est pourquoi il est souvent tenté de délimiter son marché en mettant en valeur ce qui sépare ces personnes des autres communautés. il s’agit trop souvent d’un discours basé sur le ressentiment.

Page 20: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

20

le message politique est basé sur les affirmations suivantes:

• « vous êtes les victimes »

• « les autres tirent tous les bénéfices de la situation et vous, rien »

• « il faut se battre pour avoir ce qui vous revient »

• « je vous supporterai dans ce combat pour vos droits »

• « si je gagne cette élection, vos droits seront protégés » (« si je ne gagne pas, vos droits continueront être bafoués »)

dans le pays à faible gouvernance démocratique, les élections sont souvent perçues comme un jeu à somme nulle. en effet, il y a des gagnants et des perdants lors d’une élection. mais l’existence de contre-pouvoirs forts rend la défaite acceptable aux perdants, qui prépareront les arguments pour la prochaine élection. en cas de faiblesse des systèmes de contre-pouvoir, la perception de la défaite électorale est celle de l’entrée dans une période d’inégalité à son désavantage:

• les gagnants sont perçus comme ceux qui auront accès aux avantages octroyés par la puissance publique et donc à une plus grande part du patrimoine national

• les perdants se perçoivent comme ceux qui vont être privés de leur juste part des ressources nationales

4.1.2 lE « combat polItIquE » Et SES déRIvES

les dérives du discours politique sont souvent liées à cette capacité des hommes politiques à insérer le fragment de la division et du conflit pour se constituer une base électorale:

• le tribalisme ou le communautarisme religieux ou régional

• le fait de fonder son discours sur les privations passées

• la promotion du sentiment d’insécurité

• le fait de rendre responsable une communauté pour l’ensemble des problèmes de la nation

• le fait de saper la confiance entre les communautés

• l’utilisation d’une rhétorique basée sur l’émotion pour jouer sur les sentiments des interlocuteurs et non sur leur raisonnnement

• l’utilisation d’un langage violent sur des sujets qui ne nécessitent pas (« nous devons nous battre pour nos droits, et écraser nos opposants lors de cette élection »)

• l’utilisation de la rumeur comme argument

• l’insulte des membres des partis concurrents

• la remise en cause systématique du processus électoral lorsque l’on est minoritaire

4.1.3 ElémEntS dE RhétoRIquE dES candIdatS danS unE pERSpEctIvE dE RéSolutIon dE conflItS

les candidats peuvent au contraire utiliser une rhétorique de rassemblement dans le but de rallier les suffrages du plus grand nombre. ces méthodes sont plus difficiles à mettre en œuvre: il est souvent difficile de lutter contre la démagogie, même si celle-ci mène à la violence.

dans une optique d’apaisement des tensions, les candidats mettent davantage l’accent sur la résolution rationnelle des problèmes que sur les sentiments. en outre, ils ont tendance à:

• utiliser une rhétorique inclusive: « tous les citoyens ont le droit à l’éducation »

• avoir un discours tourné vers le futur et non vers le passé: « si nos ressources sont partagées et utilisées de manière appropriée, nous pourrons, tous, nous attendre à un meilleur avenir »

• porter des attaques sur les projets et décisions de leurs rivaux et non des attaques personnelles: « il a promis de baisser les taxes, mais dans les faits, il ne fera que couper dans les dépenses sociales »

Page 21: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

eRis training manual 201121

• dire leur confiance dans le système électoral: « samedi prochain, nous aurons notre mot à dire dans la manière dont nous serons gouvernés pour les 5 prochaines années »

• utiliser un langage qui montre sa foi dans la nation: « si nous travaillons tous ensemble pour relever notre république, ce pays pourra de nouveau reprendre toute la place qui lui revient dans le concert des nations »

• mettre l’accent sur la réconciliation nationale: « les erreurs du passé ne doivent pas se reproduire, nous devons panser nos blessures et construire un pays meilleur pour nos enfants »

• montrer de l’humilité et du respect pour l’ensemble des votants: « si j’ai l’honneur de remporter la majorité de vos suffrages samedi, je promets de servir l’ensemble des citoyens de ce pays du mieux que je pourrais »

4.2 campagnE élEctoRalE Et pRopagandE polItIquEcouvrir une campagne électorale ou tout simplement des meetings politiques (période post-électorale / batailles politiques autour du vote d’une mesure ou d’une décision gouvernementale) requiert la même attention accrue de la part du journaliste en période de conflit ou en période de tension extrême.

4.2.1 couvERtuRE dE la campagnE élEctoRalE Et dES RéunIonS polItIquES

• les outils utilisés par les équipes des candidats pendant une campagne électorale sont:

• les meetings, visites et discours

• les conférences de presse et les communiqués de presse

• les apparitions (ou invitations) sur des émissions de radio ou des émissions tV

• les sites internet, blogs et outils du social network (facebook, twitter etc…)

par leur comportement professionnel, les journalistes peuvent encourager les candidats à élaborer des campagnes plus responsables et qui ne mettent pas en danger la cohésion sociale.

mEEtIngS, vISItES, dIScouRS:

• eviter la couverture des discours négatifs

• eviter la couverture des discours portant la marque d’une rhétorique de division

• mettre l’accent sur les thématiques de campagne et les programmes électoraux

• eviter la couverture des événements violents quand cela n’est pas nécessaire à une meilleure information des citoyens

communIquéS dE pRESSE / conféREncES dE pRESSE

• essayer de contrôler l’événement

• poser des questions sur les problématiques et propositions du candidat ou du parti qui organise la conférence de presse (recentrer le débat sur les problématiques concrètes et non uniquement sur les termes du discours politique)

• prendre ses distances avec les discours inflammatoires

• mettre en question les affirmations péremptoires dans le discours du politicien

• mettre en question les affirmations contenues dans le communiqué de presse

Page 22: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

22

paRtIcIpatIon aux émISSIonS dE RadIo Et dE télévISIon

• faire un brief aux participants à l’émission des thématiques qui vont être abordées et cadrer ce qui est acceptable dans leur propos et ce qui ne l’est pas

• Garder le contrôle du débat et se tenir prêt à le cadrer s’il dévie dangereusement vers des propos qui mettent en danger la cohésion sociale

• etre prêt à intervenir lorsque le débat s’enflamme inutilement

• amener les candidats à présenter de façon claire leurs idées et leurs idéologies

médIaS SocIaux (blogS, facEbook, twEEtER):

• modération de blogs: blocage des interventions incitant à la violence

• Remettre les affirmations non étayées en question

• faire rapport des comportements inacceptables tels que les commentaires racistes

4.2.2 codE dE conduItE dES candIdatS Et dES paRtIES pREnantES du pRocESSuS élEctoRal

codE dE bonnE conduItE pouR lES paRtIS polItIquES Et lES candIdatS

les codes de bonne conduite des partis politiques sont généralement définis comme « une série de règles de comportement pour les partis politiques et leurs supporters liées à leur participation dans le processus électoral, auquel les partis se soumettent volontairement et qui peuvent être suivis d’une incorporation de l’accord dans la loi ».2

les codes de bonne conduite définissent ce que doivent être les comportements des partis politiques, de leurs candidats et de leurs supporters pendant le processus électoral. ils servent notamment à instaurer un climat de confiance dans le processus électoral entre les partis politiques et le public, en particulier en cas de violence ou d’abus de réglementations électorales, ou encore lorsque la transition post-conflit est source de tensions importantes. ils font partie des mesures de prévention de la violence en période de campagne électorale. en outre, l’organisation régulière de réunions et une communication soutenue entre les parties prenantes sont essentielles.

les codes de bonne conduite peuvent prendre des formes diverses:

• certains visent à regrouper et à centraliser tous les aspects du cadre légal lié à l’activité du parti politique (somaliland, 2005) 3

• d’autres constituent un résumé des éléments essentiels (côte d’ivoire, 2008) 4

• certains spécifient les limites de chaque exigence ou enfreinte potentielle (malawi 2009)

• d’autres se focalisent sur la définition de catégories larges sans spécifier les sanctions (inde 2007) 5

alors que certains codes de bonne conduite sont intégrés dans le droit électoral et sont applicables à ce titre, la plupart des codes de bonne conduite n’inclut pas de mecanisme coercitif et repose sur la bonne volonté des parties prenante pour leur application.

les codes de bonne conduite définissent de bonnes ou de mauvaises pratiques, telles que:

• l’utilisation d’un langage incitant à la violence

• les mesures illégales d’incitation au vote

• rendre difficile l’accès des candidats/ partis politiques aux électeurs afin de les museler

• rendre difficile la mission des personnes ou des institutions en charge de l’organisation du vote

2 IdEa « Code of CoNduCt for PoLItICAL PArtIes, CAmPAININg IN demoCrAtIC eLeCtIoNs », 19983 www.mbalI.Info/doc62.htm4 www.accESSdEmocRacy.oRg/fIlES/2305_cI_codEconduct_042908.pdf5 www.mEc.oRg.mw/ElEctIonS/codESofconduct/polItIcalpaRtIES/abId/70/dEfault.aSpx

Page 23: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

eRis training manual 201123

de plus, les codes de bonne conduite deviennent de plus en plus inclusifs et incluent de plus en plus souvent des dispositions sur l’achat de voix (inde, 2007) et d’abus de position dominante (Ghana 2008) notamment.

code de bonne conduite pour les partis politiques et les médias

afin qu’un code de bonne conduite puisse jouer pleinement son rôle incitatif, le public doit être informé des engagements des partis politiques d’autant plus que les codes de bonne conduite ne prévoient généralement pas de mesures coercitives pour garantir leur application.

par conséquent, les médias ont un rôle important à jouer afin de garantir que les politiciens se plient au code de conduite volontaire. dans certains cas, l’institution des régulations des médias conduit le processus d’élaboration et du monitoring du code de bonne conduite (République centrafricaine 2011) 6

4.3 géRER lES émISSIonS dE débat élEctoRalles médias dans les sociétés modernes sont le lieu des débats électoraux (ou politiques). ils sont donc le poumon du dialogue démocratique. cependant, il s’agit également d’un exercice délicat si le journaliste ne maîtrise pas les échanges.

4.3.1 RèglES danS la conduItE d’un débat élEctoRal ou polItIquE

lES RèglES:

• Bien choisir ses invités et éviter toute personne qui a la réputation d’être agressif ou de faire des déclarations incitant à la violence.

• s’assurer que la liste des invités est équilibrée et représentative des parties en présence (ou organiser une série de programmes dans lesquels chaque parti a un temps de parole).

• Briefer les invités. expliquer les règles éditoriales de l’émission et obtenir leur accord afin d’éviter tout comportement agressif ou toute déclaration incitant à la violence.

• expliquer aux invités que le programme souhaiterait éviter tout contenu ou propos qui pourrait susciter la colère du public et attiser les tensions.

• Rappeler aux invités l’objectivité et l’équilibre de la ligne éditoriale de l’équipe de production de l’émission et de sa volonté d’organiser un débat sain et informatif qui aidera les auditeurs à prendre leur décision de vote.

• ne pas hésiter à éteindre les micros des invités qui enfreignent les règles.

• utiliser si possible un différé (d’environ 10 secondes) ou des débats enregistrés afin d’avoir le temps d’éviter la diffusion de tout contenu incitant à la violence.

• contrôler la discussion, repérer les signes de dérapage dans les discours et imposer sa mainmise sur le débat.

• etre prêt à interrompre vos invités s’ils semblent s’engager en territoire glissant.

• ne pas laisser les invités parler trop longtemps: deux minutes de temps de parole suffisent généralement.

• essayer de conserver un ton amical et sans mauvaise humeur. cela permettra d’éviter les comportements agressifs (utiliser l’humour dans la mesure du possible).

• encourager les invités à donner des informations claires sur les programmes de leur parti. ne les laisser pas entrer dans un jeu de « qui est responsable ».

• si le débat dérape, interrompez la diffusion ou l’enregistrement. il vaut mieux diffuser en différé que continuer à diffuser en direct des propos d’incitation à la violence.

6 www.jouRnal-dES-ElEctIonS.nEt/docS/codE_bonnE_conduItE_hcc_15%2012_2010.pdf

Page 24: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

24

4.3.2 RèglES danS la conduItE d’unE émISSIon dE lIbRE antEnnE

ces formats présentent un risque évident de dérapage dans les propos. la libre antenne radio et télévisée, notamment devant un public en direct et via interventions téléphoniques, peut provoquer et susciter la colère du public ou d’une partie du public en diffusant des commentaires mal intentionnés, diffamatoires ou incitant à la violence. cependant, il s’agit de la forme la plus inclusive de programmes à thématique sociale ou politique, en particulier lorsque l’émission met face à face des responsables et des citoyens.

les personnes qui appellent ont souvent des reproches à faire et peuvent provoquer les auditeurs ou les invités avec des remarques corrosives. les animateurs de tels programmes sont souvent accusés de prendre le parti des auditeurs.

quElquES RèglES:

• fixer des objectifs clairs pour l’émission. déterminez le thème et le type de commentaires que vous attendez des auditeurs.

• prévoir du personnel supplémentaire pour filtrer les appels.

• mettre immédiatement hors d’antenne tout auditeur qui dépasse les limites imposées.

• encourager les auditeurs et vos invités à dialoguer et à ne pas s’enfoncer dans un monologue

• écouter attentivement ce que les auditeurs ont à dire et repérer tout ce qui dépasse les limites imposées.

Page 25: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

eRis training manual 201125

conflits, jeunesse et radios de proximité

dans un contexte de conflit, la jeunesse est souvent à la fois acteur et victime des forces qui créent la tension et mènent à l’affrontement. concrètement, les jeunes sont souvent les premiers acteurs impliqués dans les actes de violence. dans le même temps, ils sont souvent les premières victimes de la répression et les premières cibles de la propagande. cependant, ils sont également le moteur du changement et doivent être associé aux solutions de résolution de conflit mises en œuvre. les médias de proximité peuvent contribuer de manière décisive à l’inclusion des jeunes dans des mécanismes de stabilisation et de résolution des conflits.

1. jEunESSE, vIolEncE Et conflItlors de conflits, la matérialisation de la violence est très souvent le fait d’agissement de jeunes. c’est pourquoi ils sont à la fois cible de la propagande et moteur d’un changement des mentalités. sans l’adhésion d’une partie de la jeunesse, il n’y a souvent point de violence de masse possible. les mécanismes qui mènent à la violence exercée par les jeunes font partie d’un mécanisme cumulatif, le continuum de la violence, entretenu par la propagande. des mécanismes de résolution qui peuvent jouer un rôle important peuvent être mis en place et appuyés par les médias, notamment les médias de proximité.

1.1 lE contInuum dE la vIolEncEle continuum de la violence est un mécanisme de psychologie sociale qui conduit à la violence quand celle-ci n’est pas repérée et endiguée à temps. ce mécanisme a été décrit de manière théorique par les chercheurs américains en psychologie clinique et sociale ervin staub et laurie pearlman, qui ont notamment travaillé sur les problèmes du Rwanda et sur les problématiques de résolution par les médias dans l’est de la République démocratique du congo. ces mécanismes comportent les étapes suivantes:

1. des conditions de vie difficiles peuvent conduire à une frustration par rapport aux besoins fondamentaux de base et aux besoins psychologiques. le groupe éprouve le sentiment d’insécurité, de perte de contrôle sur les événements importants qu’il vit. le groupe perd aussi le sentiment d’avoir une image positive de lui-même. sa compréhension du monde et de sa propre place dans le monde ou dans la région est brouillée. plus spécifiquement, ces conditions

de vie difficiles peuvent être une détérioration de la situation économique, une désorganisation politique, des conflits persistants entre groupes ou un changement culturel et social important et rapide.

2. pour trouver une solution aux conditions de vie difficiles, les individus se rassemblent en groupes. ils recherchent à la place de leur identité individuelle affectée, une identité plus positive en tant que membre du groupe. ils recherchent le sentiment de connexion aux autres et de sécurité physique et psychologique. les groupes vers lesquels les individus se tournent, peuvent être leur nation, leur groupe religieux ou ethnique, un mouvement idéologique ou une combinaison de ces derniers.

3. les leaders, auxquels les groupes en difficulté se tournent, sont en général ceux qui, par le biais de leur position d´influence, assouvissent les besoins fondamentaux de base des membres du groupe: il s’agit très souvent de politiciens.

ces leaders désignent souvent un autre groupe comme responsable de la mauvaise situation que traverse son propre groupe souvent il s’agit d’une

Page 26: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

26

situation politique qui a des répercussions directes sur la situation économique des membres du groupe: « les autres accaparent les bonnes places de fonctionnaires et les bonnes affaires ; ils ne laissent rien aux membres de notre communauté qui vivent dans la misère à cause d’eux ». de telles accusations leur donnent le sentiment que leur propre groupe n’est pas responsable des problèmes vécus par leurs membres. le fait d´identifier un bouc émissaire, leur donnent l´impression que les conditions de vie vont s´améliorer.

4. le groupe et ses leaders créent leur propre idéologie – une vision de la société, des arrangements sociaux qui redonnent espoir aux membres du groupe qui traversent une situation difficile. ces idéologies ou mouvements idéologiques permettent aux membres du groupe d’avoir leur propre compréhension des réalités et renforcent leur identité.

ces idéologies comprennent souvent un élément positif. par exemple, l´égalité sociale complète selon l´idéologie des Khmers Rouges au cambodge. cependant, ces idéologies sont destructives car elles identifient d’autres groupes comme gêneurs dans la réalisation/mise en application complète de l´idéologie du groupe qui traverse une période difficile. au Rwanda la vision des Hutu extrémistes était de créer de meilleures conditions de vie pour les Hutus. les tutsis devaient donc être éliminés. il faut donc éliminer le groupe qui ne permet pas la mise en application de l´idéologie perçue comme une planche de salut.

5. le groupe qui fait du mal à un autre groupe, sur le plan psychologique, spirituel et physique, justifie son attitude en jugeant les autres d´une manière de plus en plus négative. de telle sorte que la dévalorisation des autres devient si intense que « les autres » sont exclus du spectre moral et humain et leur élimination est considérée comme un acte moral. par exemple, dans les années 30, les bolchéviques staliniens ont décrété que les paysans propriétaires de leur terre maintenaient des comportements « petits bourgeois » qui freinaient la réalisation du communisme en résistant à la collectivisation totale des terres. a ce titre, ils devaient être éliminés en tant que classe sociale. sur les médias hutus extrémistes, les

journalistes ont employés des vocables de plus en plus déshumanisants pour qualifier les tutsis: de « bandits » du fpR, alors mouvement rebelle, aux « cancrelats ».

6. le rôle des observateurs/spectateurs, membres du groupe ou extérieurs au groupe ainsi que le rôle des nations étrangères, est crucial. leur passivité renforce la position des bourreaux, rendant à leurs yeux leurs actes acceptables et renforçant leur croyance dans la justesse de leur cause. la passivité des spectateurs renforce la passivité des autres spectateurs. au cours des événements, les spectateurs passifs changent. afin de réduire leur détresse empathique, ils ont tendance á se distancer des victimes. certains rejoignent les bourreaux. il s’agit d’un phénomène qui favorise le glissement vers la violence extrême, puis les crimes de masse et enfin vers le génocide.

7. une histoire marquée par une division s´inscrivant dans la culture de la société, renforce les notions de séparation entre « eux » et « nous ». un passé portant des traces de dévalorisation entre groupes est souvent accompagné de discrimination.

8. les groupes qui dévalorisent les autres et qui commettent le mal ont souvent souffert et ont souvent été traumatisés dans le passé. l´existence de blessures sociales et psychologiques non guéries donne le sentiment au groupe qu´il est vulnérable. le monde lui semble dangereux. sentant qu´il doit se défendre, ce groupe est plus prompt à commettre des actes de violence quand il a le sentiment de subir de nouvelles menaces.

9. les traditions culturelles, les croyances, l’éducation des enfants, la façon de considérer et de traiter les anciens conduisent parfois à une soumission trop stricte à l’égard de l’autorité.

ce respect trop rigide de l’autorité conduit parfois les leaders d’opinion adeptes d’une idéologie destructive à ne pas être contestés ou remis en cause par les groupes.

10. les sociétés à parti unique qui manque de pluralisme et/ou qui excluent certains groupes de la sphère publique, empêchent l’émergence du pluralisme des opinions et empêchent diverses croyances à s´exprimer. surtout quand celles-ci

Page 27: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

eRis training manual 201127

s’opposent à l’idéologie destructive prônée par les leaders.

11. la guerre, les sentiments d´insécurité qu’elle produit, la frustration par rapport à d´autres besoins fondamentaux, la violence favorisent les conflits et les violences de masse. le degré de violence qui s´exerce au cours d´une guerre rend l´évolution vers la violence encore plus facile.

12. Quand des violences extrêmes se déroulent dans une société, les victimes survivantes sont traumatisées, blessés psychologiquement. les bourreaux sont aussi blessés par l´action qu´ils ont commise. même les membres passifs du groupe des bourreaux sont affectés de façon grave. si ces traumatismes ne sont pas soignés, ces blessures rendent la réconciliation difficile et de nouvelles violences en réponse à de nouvelles menaces sont possibles.

concluSIon

pour éviter à certains processus sociaux et psychologiques de conduire á l´antagonisme, il est important que les populations comprennent le processus et les influences qui mènent à la violence. cette compréhension permet de résister à ce processus et ces influences. pour prévenir la violence et réduire l´antagonisme, il est nécessaire d´humaniser le groupe qui a été dévalorisé l’autre et de créer une idéologie inclusive qui rassemblent les différents groupes en vue de résoudre ensemble et de façon réaliste leurs problèmes et outrepasser le conflit.

cette humanisation permet aussi aux victimes de guérir de leur traumatisme, de créer des sociétés pluralistes avec un respect modéré pour les autorités. elle permet aux individus de la société de se rassembler et de devenir observateurs/spectateurs actifs qui s´opposent à des politiques et pratiques destructives et à leurs leaders. enfin, elle permet aux groupes extérieurs et autres nations de devenir observateurs/spectateurs actifs.

1.2 pRopagandE Et jEunESSEla propagande désigne un ensemble d’actions psychologiques mis en œuvre par une institution ou une organisation qui définit quelle doit être la perception publique des événements, des personnes ou des enjeux politiques et sociaux, de façon à endoctriner ou embrigader une population et la faire agir et penser d’une certaine manière. l’apparition des médias de masse et des entreprises de communication ont joué un rôle considérable dans l’expansion des techniques de la propagande moderne.

Eléments clés de propagande dans un contexte de conflit

• notre groupe ou notre camp ne veut pas de conflit

• l’adversaire veut le conflit et est donc moralement condamnable

• l’adversaire commet ou est prêt à précipiter le pays dans le conflit et à commettre des atrocités

• dieu est de notre coté, de grands pays et un grand nombre d’intellectuels pensent que notre cause est juste

• ceux de notre camp qui doutent sont soit des traîtres soit des personnes victimes des mensonges de notre adversaire

• en effet; les médias proche de notre camp font de l’information tandis que les médias proches du camp adverse font de la propagande

• aujourd’hui la propagande prend souvent le visage de la « communication politique » ou des « relations publiques ».

dans un contexte de conflit, la propagande vise en premier lieu les jeunes:

• en cas de conflit, ils formeront les manifestants, les milices ou seront les soldats qui effectivement se battent

• les jeunes sont les adultes de demain: un jeune convaincu transmettra plus tard des « valeurs » à ses enfants

Page 28: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

28

2. jEunESSE Et RéSolutIon dE conflItS

2.1 concEpt généRal dE la non-vIolEncE« la non-violence est proposée comme une alternative à des formes de lutte violente. la lutte non violence est souvent utilisée par ceux qui engagent la négociation, la médiation et des formes variées de transformation des conflits ». (définition de la non violence proposée par l’université de la paix)

la lutte non violente a ses héros connus dans le monde entier: Gandhi, nkrumah, luther King, mandela, luthuli ou encore patrice lumumba. de même, elle a permis la fin de l’apartheid en afrique du sud, l’indépendance de l’inde ou du Ghana ou encore la chute du mur de Berlin. ces héros ont une forte résonance auprès de la jeunesse.

2.2 pRIncIpaux mécanISmES dE RéSolutIon dE conflItS• les principaux mécanismes de résolution de

conflits sont:

• les arbitrages législatifs (tribunaux)

• médiation

• former et soutenir les personnes, associations ou institutions capables de jouer un rôle de médiation

• faire la navette entre les deux parties en portant les messages de deux parties en conflits afin qu’une négociation directe puisse commencer

• facilitation de négociations discrètes entre les parties

2.3 mécanISmES tRadItIonnElS dE RéSolutIon dE conflItS« dans toute l’afrique, il existe des mécanismes traditionnels de résolution de conflits qui peuvent être appuyés ou mis en œuvre en cas de tension. ils sont souvent oubliés par les parties dès que le conflit prend des tournures qui ne sont pas considérées comme relevant de la tradition. par exemple, un conflit local de type électoral peut cacher un conflit foncier entre deux communautés, mais les processus traditionnels de résolution de conflit ne vont pas être mis en œuvre car les parties vont rester fixées sur l’aspect électoral du conflit.

ExEmplE dE conflIt EntRE dEux gRoupES d’agRIcultEuRS du vIllagE dE n’tEkEgo Et du hamEau dE mpEbougou (zonE dE fallou SItuéE danS la valléE dE SERpEnt, cERclE dE naRa, SahEl occIdEntal malI). cauSES Et mécanISmES dE RéSolutIon dES conflItS communautaIRES, jonaS djImaSdé mbaïbEguEm, 2008

en 1998, un conflit éclata entre deux familles cousines: l’une du village de n’tekedo (village mère) et l’autre du hameau de mpebougou issu de ntekedo depuis plus de deux (2) décennies. le motif du conflit portait sur

l’utilisation d’une vaste bande de terre agricole et pastorale située entre les deux agglomérations. la famille influente de mpebougou qui a prospéré grâce à la diversification de ses activités de production et possédait un troupeau important a demandé que cet espace soit réservé pour le passage des animaux et pour leur pâturage, alors que la famille leader du village d’origine (ntekedo), propriétaire terrien et restée rattachée à l’agriculture, revendiquait l’intégrité de la partie comme étant le patrimoine de ses aïeux et voulait la mettre en culture. suite aux altercations qui résultèrent de cette opposition, une plainte a été introduite par les nouveaux agro- pasteurs de mpebougou auprès de

Page 29: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

eRis training manual 201129

l’administration locale. afin de prévenir un affrontement violent, une commission informelle de médiation composée de représentant de quatre (4) villages ( à raison de 2 personnes par village) a été mise sur pied par des leaders villageois. suite à la médiation de cette commission, un consensus a été trouvé pour un partage de l’espace en litige entre le village et le hameau.

la commission procéda à une délimitation des portions revenant à chacune des deux parties.

peu après, un commerçant originaire de mpebougou et installé à Bamako décida de remettre en cause cette décision arrêtée de façon consensuelle par les acteurs locaux. il sollicita le concours de deux avocats de Bamako pour régler l’affaire devant les tribunaux en faveur de ses parents installés au hameau.

cependant, mis au courant de la procédure engagée, un officier de douane originaire de ntekedo usa de son influence pour l’annuler. en réaction, la famille de mpebougou saisit à son tour l’administration pour revendiquer à nouveau l’intégrité de l’espace. c’est alors que la commission de suivi intercommunautaire des conflits fut mobilisée par l’administration. la médiation de cette dernière aboutit, mais elle consista simplement à confirmer la décision prise et la délimitation faite par la commission informelle. la famille de mpebougou consentit enfin, de guerre lasse. toutefois, curieusement elle consacra l’espace qu’elle a obtenu aux activités agricoles et non à l’élevage.

ce conflit s’est étendu sur une période de deux mois.

commEntaIRE:

• a y regarder de plus près la cause profonde de ce conflit est le manque de disponibilité de bonne terre cultivable. le besoin d’extension des surfaces cultivables était le mobile essentiel de la démarche de la famille de mpebougou. mais il a été dissimulé sous les apparences de la nécessité de faire paître les troupeaux des hameaux.;

• la fonctionnalité et l’efficacité des mécanismes traditionnels de gestion des conflits sont en proie aux influences extérieures des personnes d’origine rurale installées en milieu urbain, notamment à Bamako

• les mécanismes traditionnels de gestion des conflits sont efficaces et crédibles parce que les autres modes de résolution des conflits se réfèrent à eux et confirment leurs décisions. cependant, leur efficacité ne résiste pas au temps et aux ambitions individuelles.

• la parole donnée ne semble plus avoir un caractère sacré au hameau de mpebougou et l’absence de preuves écrites ne permet pas de pallier cette dégradation morale. curieusement, l’administration elle non plus n’a pas introduit des documents contractuels (convention, accord, traité, entente, etc.) afin de garantir le respect des engagements pris par les deux parties. »

ExEmplE dES tRIbunaux tRadItIonnElS du buRundI Et du Rwanda

au Burundi comme au Rwanda, il existe un mécanisme traditionnel pour résoudre les conflits. au Burundi, ce système s’appelle les Bashingantahe, « ceux qui déterminent ce qui est juste ». au Rwanda, le système s’appelle Gacaca, « justice rendue sur la pelouse » a été utilisé pour juger les présumés coupables du génocide.

le système rwandais a été transformé en juridiction spécifique mais le système

burundais est resté informel. la population a souvent recourt au système des juges traditionnels pour régler des litiges de droit commun ou du droit foncier

Bien que le système et les structures judiciaires formelles du Burundi aient survécu, la justice s’est trouvée profondément affectée par les massacres, les représailles et la guerre civile. la reconstruction du pays et la restauration de la justice et de l’etat de droit constituent un grand défi.

Page 30: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

30

3. RadIo dE pRoxImIté Et communIcatIon vERS lES jEunES SuR lES thématIquES lIéES à la paIx, la cItoyEnnEté Et lES pRocESSuS dE RéSolutIon dE conflItles médias peuvent servir à faire passer 1) les concepts de non-violence dans les contextes de lutte politique ou de lutte pour ses droits sociaux et 2) promouvoir la participation des jeunes à la mise en œuvre des solutions de résolution de conflit.

en côte d’ivoire, il existe un grand nombre d’organisation de jeunesse politisées qui jouent un rôle important dans les conflits, notamment les tensions post-électorales.

3.1 dES appRochES IncluSIvES En tERmES dE communIcatIonles médias sont à la fois vecteur d’information mais également lieu du débat démocratique. pour communiquer efficacement vers la jeunesse, il est souvent nécessaire de l’inclure dans le processus de production (apprentissage) et dans les processus de débat démocratique:

• former et inclure des jeunes dans les équipes de production (élaboration, journalisme, animation) qui trouveront plus facilement le ton pour s’adresser directement au public jeune

• avoir une démarche de partenariat avec les organisations de jeunesse (sports, musique, santé, politique, étudiants) sur la production de contenu ou dans la participation au débat public

• ne pas cantonner les partenariats avec les organisations de jeunesse au sujet sur lesquels elles sont censés avoir une expertise (par exemple, inviter des membres de l’organisation des sports à débattre d’un problème de politique fiscale, afin de ne pas laisser uniquement les membres des organisations politiques s’exprimer et transformer leur engagement en carrière politique)

• penser à inclure des jeunes dans les émissions qui ne leur sont pas forcément destinées (débat sur la politique locale, par exemple, débat sur la prise en charge des anciens…)

3.2 dES appRochES communautaIRES En tERmES dE communIcatIon les approches communautaires de communication vers la jeunesse sur les thématiques de résolution de conflit permettent de choisir des thématiques les plus efficaces en termes d’impact pour les médias de proximité:

• la force des exemples:

de grandes figures de la lutte non violente pour ses droits restent des héros pour la jeunesse. outre leur figure d’exemplarité, elles montrent que l’on peut être victorieux et respecté en choisissant des moyens de lutte non violente. ces moyens de lutte non violente passent par une présence dans les médias de masse et une mobilisation au niveau de sa communauté (notamment travail avec les médias de proximité)

• promouvoir les avantages du combat non violent pour ses droits

outre l’exemple, la promotion du calcul rationnel du choix de la non-violence pour faire valoir les droits de sa communauté ou pour déterminer quels sont les droits qui doivent être défendus, est nécessaire. elle permet également de promouvoir le libre arbitre dans la détermination de ses choix propres auprès de la jeunesse.

• promouvoir la participation des jeunes et des organisations de jeunesse aux activités de résolution de conflit

Page 31: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

eRis training manual 201131

la promotion de la participation des jeunes et des organisations de jeunesse dans les activités de résolution de conflit permet à la fois d’atténuer les effets de la propagande sur la jeunesse (ils sont confrontés à la complexité des situations qui contredit souvent les messages simples de la propagande). de plus, les jeunes en tant que vecteurs possibles de violence, sont associés à la recherche de solutions de résolution de conflit non violentes.

• promouvoir la connaissance des solutions traditionnelles de résolution de conflit et la transmission de ces connaissances des plus anciens vers les jeunes

la recherche des solutions traditionnelles utilisées et qui étaient utilisées dans une région peut constituer à la fois un sujet mobilisateur pour des organisations de jeunesse intéressées et pour la communauté dans son ensemble en particulier si le conflit concerne de communautés qui vivaient auparavant en paix. le sujet de la transmission est également un thème mobilisateur et inclusif pour l’ensemble des membres.

3.3 lES typES dE pRogRammES quI pEuvEnt êtRE utIlISéS pouR communIquER vERS lE publIc jEunEStous les types de format radio peuvent être utilisés pour communiquer vers la jeunesse (en effet, le public jeune est un grand consommateur d’informations et de programmes de divertissement) ou dans le cas d’émissions jeunesse en particulier:

• le reportage

le reportage permet d’offrir une couverture médiatique aux événements et aux initiatives de jeunes ou d’organisation de la jeunesse, qui ont notamment valeur d’exemples.

• le magazine

le magazine doit être inclusif. il peut être produit par des jeunes ou donner des jeunes à voir/écouter à d’autres jeunes (phénomènes d’identification)

• les émissions de débats

les émissions de débats ou de libre antenne ont un caractère fortement inclusif. elles nécessitent cependant une technique sûre de l’animateur pour éviter tout dérapage sur les sujets. cependant, les émissions mêlant libre antenne sur des sujets sociaux et musique captent facilement l’attention du public jeune. de même, tous les programmes mélangeant divertissement et information ont une forte audience dans le public jeune.

• les spots

les messages ne doivent pas être au centre d’une stratégie de communication vers le public jeune. en effet, ils n’ont aucun caractère inclusif ce qui est l’un des éléments déterminants de succès lorsque l’on communique vers un public se ressentant comme marginalisé. cependant, des spots sont un bon élément de résumé d’un message, en complément d’autre type d’actions de communication et de programmes.

Page 32: PACE Media : Côte d'Ivoire, radios de proximité et conflits liés au processus électoral

ElEctoRal REfoRn IntERnatIonal SERvIcES6 chancel streetlondon se1 0uuunited Kingdomoffice tel: +44 (0)20 7620 3794office fax: +44 (0)20 7928 4366e-mail: [email protected]: www.eris.org.uk

company no: 4194448 Registered in england and Wales ERIS tIEnt à REmERcIER: m Karim Benard dende pour son adaptation du manuel pace-media au contexte ivoirien et sa participation dans la rédaction du module « conflit jeunesse et radios de proximité », m athanase Karayenga pour sa participation dans l’élaboration du module « conflit, jeunesse et radios de proximité ». eRis tient aussi a remercié le ministère Britannique des affaires etrangère pour son soutien.ce manuel a été préparé par le designer alexandra Huchet ([email protected])