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SommaireRevue de presse 4

30 jours 5

Courrier 6

Débat/opinion 8• La crise financière

Actualité 10• Grève nationale jeudi 20 novembre• États généraux du lycée• Budget : lettre aux députés• Le point sur le lycée• Actions interprofessionnelles• Élections professionnelles du 2 décembre

Droits et libertés 16• Questions à la CIMADE

Éco/social 18• La crise• Le retour de l’État ?• Grenelle

Dossier 21• Libérer son travail, agir sur son métier

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L’Université Syndicaliste, hebdomadaire du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES, 46, avenue d’Ivry, 75647 Paris Cedex 13. Tél. standard : 01 40 63 29 00).Directeur de la publication : Serge Chatelain. Tél. : 01 42 80 91 04. Rédacteurs en chef: Matthieu Leiritz, Alexis Chabot. Secrétaire de direction: Thérèse Bara. Collaborateurs permanents :Nicolas Béniès, Carole Condat, Nicolas Morvan. Régie publicitaire : Com d’habitude publicité, 25,rue Fernand-Delmas, 19100 Brive. Clotilde Poitevin, tél. : 05 55 24 14 03 - Fax : 05 55 18 0373 - Site : www.comdhabitude.fr. Compogravure : C.A.G. Imprimerie : RPN, Livry-Gargan (93). C.P. N° 0108 S 06386. I.S.S.N. N° 0751-5839. Dépôt légal à parution. Conception :Voltaire & Associés, 15, rue de la Banque, 75002 Paris. Photo de couverture: © Thierry Nectoux. Prix du numéro: 1,30 €. Abonnement: 1) Personnels de l’Éducation

nationale : France 30 € ; étranger et DOM-TOM: 44 €. 2) Autres, France : 42€ ; étranger : 56 €. Publicité : GMF (p. 2), MAIF (p. 7), Conseilrégional d’Île-de-france (p. 17), CASDEN (p. 33), Athéna, Triangle (p. 46), SNCF (p. 47), Ligue de l’enseignement (p. 48). Joint à ce numéro :un supplément de 32 p. « Mouvement inter 2008 », un supplément TZR ; pour les établissements : un Courrier de S1 de 32 p.

Entretien avec Yves Lacoste

DossierLibérer son travail,agir sur son métier

Métier 28• Orientation

• Stages à La Réunion

• Enseignement de l’histoire

Portrait 30• L’engagement des jeunes

Catégories 32• Prime entrée dans le métier

• Revalorisation

Fenêtre sur 34• La Poste

International 36• Luttes syndicales en Europe

• Entretien avec Domenico Pantaleo,secrétaire général de la FLC-CGIL

Culture 38• Livres-revues

• Cinéma/Théâtre/Spectacles/Expositions

Entretien 44• Yves Lacoste

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Édito60… 65… 70…Comme c’est souvent le cas à l’Assemblée nationale,les mauvais coups se votenten pleine nuit par unamendement parlementairetéléguidé par le gouvernement…Le recul de l’âge obligatoirede départ à la retraite n’amalheureusement pas dérogéà cette mauvaise habitude.À plus d’un titre cetamendement a une portéeredoutable, d’abord parce quec’est le choix de l’individualismeen lieu et place des droitset garanties collectives.C’est aussi feindre d’ignorerque l’augmentation duchômage, en particulier chezles plus de 55 ans, n’a aucunechance d’être limitée par unetelle mesure, bien au contraire.Le texte voté à l’Assemblée estune façon cynique de prendreacte du niveau insuffisant despensions, à la fois par l’effetde l’augmentation de la duréede cotisation et par la baissecontinue de leur pouvoird’achat. Le slogan devientalors : « devoir travailler pluslongtemps pour avoirune pension décente ».Enfin, personne ne peut croireaujourd’hui qu’il ne s’agit pasd’une première étape visantà remettre en causedéfinitivement et formellementla possibilité de partirà la retraite à 60 ans.On voit donc bien que ce quele gouvernement veut présentercomme un droit individuelnouveau est en fait une arme de

guerre contrel’ensembledes salariésdu publicet du privé.

Fenêtre surLa Poste

Daniel Robincosecrétaire général

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4 - US MAGAZINE - Supplément au no 673 du 25 octobre 2008

REVUE DE PRESSEZones d’ombre de la République

23 octobre 2008

Par peur, personne ne dénoncepar Olivier Bertrand, journaliste

25 oct. 2008

LE PÈRE DE L’ENSEIGNANTSAISIT LA JUSTICELe père de Jean-Luc Bubert, cetenseignant au collège César-Savartde Saint-Michel (Aisne) qui avait étéretrouvé pendu à son domicileaprès avoir été accusé, à tort, parun élève qui lui reprochait de l’avoirfrappé, a annoncé qu’il allait seconstituer partie civile. Leprofesseur de 38 ans avait laissé unmot chez lui annonçant qu’il allaitmettre fin à ses jours, sanss’expliquer sur les raisons de songeste. La veille, il avait été placé engarde à vue à la suite d’une plaintedéposée par un élève de 15 ans, quilui reprochait de lui avoir donné uncoup de poing dans une salle declasse, ce que l’enseignant niait.Mais tout récemment, le collégien areconnu avoir menti. Et il va fairel’objet de poursuites judiciaires.L’adolescent, âgé de 15 ans, va êtreprésenté à un juge pour enfant envue de sa mise en examen pourdénonciation calomnieuse, selon leparquet de Laon. [...]

22 octobre 2008

APRÈS DOLTOLe danger, à mes yeux, estprécisément dans un retour àl’autoritarisme, d’autant plusinquiétant qu’il irait de pair avec cequi se passe dans la société.Qu’observe-t-on en effet, à lacroisée d’une certaine psychiatrieet de la politique ? D’une part, uneexpertise de l’Inserm qui déclareque tout enfant faisant des colèresà deux ans est susceptible d’être unfutur délinquant – ce qui est d’unestupidité rare. De l’autre, uneremise en cause de la justice desmineurs et de l’ordonnance de 1945qui prônait non seulement larépression, mais aussi l’éducation.Si on renonce à ce dernier volet, onreviendra des siècles en arrière, àune époque où un enfant de 13 ans,pour un vol de saucisse, pouvaitfaire trois ans de bagne parce qu’ilétait de la « mauvaise graine ».Les querelles autour de Dolto sontun rideau de fumée qui cache unvrai retour en arrière d’une sociétéqui, de plus en plus, refuse deprendre en compte le psychismeréel des individus. [...]

Le dessin du mois

Charlie Hebdo, 8 octobre 2008

24 octobre 2008

SERVICE MINIMUM : PARIS RÉSISTELe bras de fer continue. Saisi parl’État, le tribunal administratif aordonné, mercredi, à BertrandDelanoë de « suspendre » sadécision de ne pas appliquer, dans lacapitale, la loi sur le Serviceminimum d’accueil (SMA) à l’école,en cas de grève. La Ville de Paris aaussitôt fait appel de cette décision.Et conseille toujours aux familles degarder leurs enfants chez eux en casde grève. « Les conditionsd’application ne sont pascompatibles avec l’impératif desécurité des enfants accueillis,maintient la municipalité. Enattendant que le jugement en appelsoit rendu, la Ville continuera deplacer la sécurité des enfants au-dessus de toute autre considération. »Le groupe communiste au Conseil deParis a apporté, hier, son soutien àBertrand Delanoë. [...]

30 octobre 2008

DÉGÂTS EN CASCADEC’est la débâcle sur les marchésfinanciers mondiaux. Mais aussi,comme dans un jeu de dominos, toutprès de nous. Dans les Régions, lesdépartements et les communes. Àl’heure où elles préparent leurbudget pour l’année 2009, lescollectivités locales découvrent avecstupeur l’ampleur du bourbierfinancier dans lequel elles sontengluées. Piégées par la crise, prisesà la gorge par un gouvernement quipoursuit la réduction drastique deses dépenses, elles se retrouventdans le même temps en premièreligne pour affronter les dégâtssociaux causés par la récession.Première raison de l’angoisse quimonte au niveau local, lesconséquences de la dettespéculative contractée par certainescollectivités. Cédant au chant dessirènes des banques, notamment deDexia – première banque descollectivités, aujourd’hui plongéedans la tourmente financière –, lesélus ont ainsi eu recours à desproduits structurés pour financerleur dette, contractant des empruntsà taux variables indexés sur desdevises « exotiques » (yen, livresterling, etc.). [...]

Avant d’entamer son récit, il sort une carte plastifiée avec la photo deson visage. « Je ressemblais à ça, dit-il, avant mon incarcération. »

Un homme encore jeune, aux traits fins, vivant. Très loin de ce visagefatigué, décharné, ces yeux vides d’un homme qui raconte deux ans decauchemar dans des prisons françaises. La maison d’arrêt Saint-Paul, àLyon, puis celle de Villefranche-sur-Saône. [...] « J’ai été incarcéré le27 juillet 2006 à Saint-Paul, raconte-t-il. Lorsque vous arrivez, vous lais-sez votre pécule à l’entrée, mais toute la prison sait immédiatement quevous avez de l’argent. J’avais 1 500 euros. Je me suis retrouvé dans unecellule de deux, où nous étions cinq en tout. Le premier soir, il ne s’estrien passé. Le lendemain, le plus âgé est resté dans la cellule avec moipendant que les autres allaient en promenade. Il m’a dit : “si tu veuxêtre protégé, tu devrais te mettre avec moi, tu éviteras les ennuis”. J’aifait la bêtise d’accepter. On a fait ça, puis les autres sont remontés depromenade et il leur a raconté, en arabe. Après, ils m’ont violé pendantquatre jours et obligé à cantiner pour eux, à commander des cigarettes.Ils menaçaient de faire des tournantes dans les douches si je refusais.L’auxiliaire d’étage a fini par prévenir le directeur et j’ai été transférépendant dix jours. » Vincent Stasi n’a pas porté plainte. Par peur desreprésailles, explique-t-il. Les viols à Saint-Paul doivent cependantêtre évoqués le mois prochain devant la commission plénière du comitéeuropéen pour la prévention de la torture du Conseil de l’Europe. À Vil-lefranche, Vincent Stasi a été placé dans un bâtiment où l’on regroupaitles détenus incarcérés pour des affaires de mœurs. « Mais ils ne voulaientpas être comparés à moi, poursuit-il. J’étais trop efféminé. Ils ontdétourné vers moi l’attention des jeunes Arabes qui s’en prenaient à eux.En prison, il y a un amalgame complet, pédé veut dire pédophile. Ils metraitaient comme un violeur d’enfants. Certains gardiens me dési-gnaient en me parlant au féminin, en m’appelant “la blonde”. » [...]

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Supplément au no 673 du 25 octobre 2008 - US MAGAZINE - 5

Garderie obligatoire. La justice ordonne à la Mairiede Paris d’appliquer la loi sur le service minimum à l’école.

Logée pour l’hiver. Christine Boutin se heurte au refus des sénateurs d’assouplir l’obligation faite aux communes d’avoir au moins20 % de logements sociaux.

22oct.

Sa liberté de pensée. Le Prix Sakharov 2008 pourla liberté de pensée est décerné au dissident chinois Hu Jia.

23oct.

Barack Obama est le 44e président des États-Unis.

4nov.

Le 2 décembre votez SNES. 2

déc.

Le prix Nobel de littérature attribuéà Jean-Marie Gustave Le Clézio.

9oct.

Dans l’attente du vaccin... Le prix Nobel de médecine honore les chercheurs français Luc Montagnieret Françoise Barré-Sinoussi pour leur découverte du virus du Sida.

La paix bientôt. Le Finlandais Martti Ahtisaari remporte le prixNobel de la paix qui salue ses nombreuses médiations dans le monde.

10oct.

Ultime dérapage. Le populiste autrichien Jörg Haidermeurt dans un accident de voiture.

11oct.

30 JOURS

Merci qui ? L’Europe adopte un plan contre la faillite desbanques prévoyant une garantie publique des crédits interbancairesjusqu’à la fin 2009.

12oct.

« Je voulais l’Absolu ». Décès de Sœur Emmanuelle,qui consacra sa vie à lutter contre la pauvreté.

20oct.

L’Amérique !I l fallait 270 grands électeurs au sénateur de

l’Illinois et candidat du Parti démocrate,Barack Obama, pour emporter la victoire : ilen aurait obtenu 349, contre 163 à son adver-saire républicain, John Mc Cain. Le scrutin aété marqué par une participation record, quidevrait même dépasser les 63 % qui avaientmarqué l’élection de J.-F. Kennedy ennovembre 1960. « Le changement est arrivéen Amérique. Si jamais quelqu’un douteencore que l’Amérique est un endroit où toutest possible, se demande si le rêve de nospères fondateurs est toujours vivant, douteencore du pouvoir de notre démocratie, laréponse lui est donnée ce soir », a déclaréB. Obama lors de son premier discours deprésident élu, à l’issue d’un scrutin à touségards historique.

Oui, il peut

A lain Juppé, hier, à la Matinale de Canal Plus, sansdoute sous le choc.

À ce propos, je regrette un peu Bruce Toussaint… maisje m’égare.Donc Alain, l’homme de 1995, exalté, prophétise : « Enfin,c’en est terminé des néoconservateurs, de leur arro-gance, de ce libéralisme… (blanc)… enfin évidemmentj’en partage des valeurs, la liberté d’entreprendre… »Il s’égarait.

Matthieu Leiritz

BILLET D’HUMEUR

Contraint. Xavier Darcos présente sa réforme de la classe deSeconde.

21oct.

Alleluia. La Chambre des représentants adopte le plan Paulson de700 milliards de dollars afin de sauver le système bancaire américain.

3oct.

6oct.

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6 - US MAGAZINE - Supplément au no 673 du 25 octobre 2008

DÉBAT Courriers

Suite aux propos le concernant, tenus par M. Antoine Prostlors de l’entretien publié dans « L’Université Syndicaliste »(supplément au n° 671 paru fin septembre), le collectif« Sauver les lettres » demande, dans le cadre du droitde réponse, de bien vouloir publier le texte suivant dansle prochain numéro de L’US : « L’association Sauver les lettress’étonne des propos tenus à son sujet par M. Antoine Prostdans L’Université Syndicaliste » (supplément au n° 671du 18 septembre 2008) et qui l’assimilent, en un raccourcirapide, à SOS Éducation. Or, rien ne saurait être plus éloignéde notre propre conception d’une école de qualité, publique,laïque et gratuite, que celle de SOS Éducation. […] »

Michel Buttet, président de l’association Sauver les lettresBien que n’étant pas obligée par la loi de publier ce texte, L’US, partisanede la transparence dans les débats, a accepté d’ouvrir ses colonnes.

Sauver les lettres Débat

Les récentes manifestations ont remis l’amiante surle devant de la scène. Comme cette fibre une fois inhaléepeut attendre jusqu’à 40 ans avant de manifester

sa nocivité, elle concerne les retraités que nous sommes.Montrer les dangers de l’inhalation d’amiante à partirde matériaux en mauvais état tels que flocages de faux plafonds,

isolation des parois, protection des fours et chaufferiesdes ateliers entre autres, ne peut que rappeler à un

grand nombre d’entre nous les conditions parfoisdéplorables dans lesquelles nous avons exercénotre métier. L’amiante a connu son usagemaximum dans les années 1960-1980 : on en

trouvait partout, même dans les bacs à fleurs enéternit ! Et comme la médecine du travail n’existe

pas à l’Éducation nationale, c’est autant d’économiesen prévention comme en réparation au cas où une

maladie de l’amiante pourrait lui être imputée. [...]Un collègue vient de se faire connaître : professeur

de physique, il a manipulé les plaques d’amiante poséessur les becs bunsen pendant toute sa carrière et découvreun mésothéliome. L’inspection académique refuse

la qualification en maladie professionnelle.Combien de collègues ne savent pas qu’ils peuventfaire défendre leurs dossiers et gagner.C’est en faisant passer l’information dans nos réunions,

dans nos clubs de retraités, dans nos publications,que nous parviendrons à nous faire entendre.

Être syndiqué, ça sert à défendre nos droits, même lorsquenous avons posé nos cartables !

Si on reparlait d’amiante ?C. A., malade de l’amiante

Nos droits

En 2006 j’ai été nommée en collège en Côtes-d’Armor. Le recrutement est en partie urbain et en majorité rural (440 élèves dont 80 en SEGPA). Les élèves des zones rurales,

soumis aux horaires du ramassage scolaire, sont donc présentsla journée entière. Je suis depuis ma nomination en CPA progressive.Les deux années scolaires précédentes, les 6 heures de mon tempspartiel n’ont pas été compensées. Rien de surprenant... En cetterentrée 2008 je n’assure plus que 18 heures au collège et nousespérions bien que les 12 heures manquantes seraient cette foiscompensées. Un premier avis favorable avait été donné en juinau principal... Avis, hélas, très vite démenti par le rectorat !À la rentrée de septembre 2008 le collège a aussi perduun quart (!) de poste d’ASEN. L’aide envisagée des ASENpour l’ouverture du CDI s’est révélée impossible, vu leur proprecharge de travail, aggravée par la fermeture du CDI deux jourspar semaine. Conséquences préjudiciables aux élèves et auxenseignants, sans parler de moi-même : je dois « tout » faireen deux jours et demi avec le CDI quasiment plein toutes lesheures. Il est évident que cette année ce TOUT sera réduit, fautede faire du bénévolat ! Avec l’accord de mon principal, j’ai putout de même maintenir l’heure hebdomadaire d’initiationpour les quatre classes de Sixième. Les autres restent àla porte... À la réflexion, rien d’étonnant quand on saitqu’au dernier mouvement au moins sept postes sontrestés vacants dans l’académie de Rennes. Alors les tempspartiels ! Les trop nombreux exemples de ce type prouventque décidément pour le ministère la documentation est plus quejamais un « supplément d’âme ».

Un supplément d’âme ?Maryvonne, Rennes

Documentation

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Les économies développées vont donc ralentir, parce qu’elles dépen-dent de leur financement pour fonctionner. C’est même l’innovationqui a permis un spectaculaire développement économique depuis troisdécennies. Les pays émergents, qui dépendent moins dans le quoti-dien de la sophistication financière, sont néanmoins lourdementexposés à la fragilisation de la finance internationale. Comme desdominos, ils menacent de tomber et d’entraîner dans leur chuted’autres morceaux du système financier. Mais la propagation de lacrise financière à l’économie non financière induira une nouvelle pres-sion sur les banques. Des entreprises feront faillite, ne pouvant plus

recouvrer leurs créances surdes entreprises dont lesbanques auront jugé qu’ellesétaient trop risquées. D’autresperdront leurs clients, fautede crédit pour entreprendre uninvestissement ou la construc-tion d’un logement. Et lespertes encaissées par le sys-tème bancaire nourriront lesrestrictions à venir.Ce schéma est renforcé parles anticipations dépressivesdes agents économiques. Cha-cun préfère anticiper le défautde son débiteur que le subirplus tard. La spirale infernale

est donc enclenchée et seule une politique budgétaire qui frappe vite,fort et partout pourrait inverser ce mécanisme.

Le second canal est politique et idéologiqueLa crise remet en cause le dogme des marchés autorégulateurs etapporte un démenti profond au projet politique ultralibéral (moinsd’État, plus de marchés, moins de régulation, plus de liberté). Maisla crise n’apporte pas de solution prête à l’emploi aux dysfonc-tionnements ainsi révélés. On pourrait rêver d’une économie de mar-ché asservie aux démocraties, qui limite les libertés économiquesde chacun au motif de l’intérêt de tous. Parce qu’elle implique la sta-bilité économique de l’ensemble de la planète, la finance globali-sée doit se soumettre à la régulation des démocraties. Mais à ce rêvepeut se substituer un cauchemar. La finance et la banque ne sont pasque des intermédiaires entre l’épargne et l’investissement. Elles sontles lieux de pouvoir de l’économie des pays développés. C’est là ques’établissent les normes de rentabilités, les leviers du profit et les stra-tégies de pression sur l’appareil productif. Or ces stratèges tout puis-sants peuvent proposer un tout autre modèle dans la situation déses-pérée de l’économie mondiale : une alliance entre les États et lespuissants financiers ; un nouvel ordre social et économique com-binant l’institutionnalisation du pouvoir de la finance et l’élabora-tion d’un système économique enfin stable. Des loups devenusbergers du troupeau de moutons. ■

* Ce texte résume des éléments développés dans « Les promesses del’ombre », in Revue de l’OFCE n° 107. Voir aussi www.ofce.sciences-po.fr

8 - US MAGAZINE - Supplément au no 673 du 25 octobre 2008

DÉBAT opinion

Le monde vient de connaître l’impensable : une crise bancaireet financière qui a menacé de dégénérer en un effondrement dusystème de paiement et de financement de l’économie mondiale.

Cette crise rappelle la crise de 1929 ou la crise japonaise desannées 1990 et va avoir un impact durable et profond sur nos éco-nomies par deux canaux.

Le premier canal est économiqueLa crise n’est pas terminée. Elle entre aujourd’hui dans une dyna-mique où l’économie non financière va servir de relais aux méca-nismes dépressifs qui sesont d’abord enclenchésdans la sphère financière etimmobilière. La crise est eneffet partie d’une bulle spé-culative très particulière.Ce furen t des ménagesaméricains appartenant auxclasses moyennes labo-rieuses qui, rêvant d’une vie meilleure, ont fait repo-ser la viabilité du finance-ment de leur logement surdes hausses futures des prix de ce logement (lesfameuses subprimes). Pous-sés par des courtiers préda-teurs, presque obligés par l’exemple de leurs voisins, ils ont toutperdu aujourd’hui. La crise est devenue une crise bancaire lors-qu’est apparue une singulière vérité : les banquiers, qui pen-saient avoir disséminé les risques pris ici à l’ensemble des épar-gnants de la planète, avaient en fait concentré dans leur bilan cesfutures mauvaises créances. La bulle montant haut et explosantbrutalement a laissé ces banquiers dans un embarras dont ils nese sont pas remis.Parce qu’ils sont la pierre angulaire de nos économies, les banquierset les financiers ont été la source d’une panique sans précédentdepuis quelques décennies ; les pertes sur les subprimes de quelque700 milliards de dollars ont engendré une dépréciation de plus de

20 000 milliards de dollars sur les marchés boursiers. Des faillitespossibles ou effectives de banques ont fait trembler l’édifice mon-dial et les interconnexions de la finance globalisée ont accéléré lespropagations. Les plans de sauvegarde et de recapitalisation (mas-sifs) ont colmaté la première brèche. Ils ne vont pas empêcher lesbanques dont les bilans sont massacrés à être d’autant plus pru-dentes dans l’octroi du crédit qu’elles ne se feront pas concurrenceavant quelque temps, échaudées par le cataclysme qu’elles vien-nent de subir.

Xavier TimbeauDirecteur du Département

analyse et prévisions(OFCE, Centre de

recherches en économiede Sciences Po)

©D

R

La crise remet en cause le dogme des marchés

autorégulateurs et apporte un démenti profond

au projet politique ultralibéral

LA CRISE ACTUELLE renvoie aux heures de la Grande Dépression de 1929 : effondrement boursier et bancaire, puis extensionà l’« économie réelle », croissance nulle, remontée du chômage et accroissement des inégalités. La crise de 29 avait

Une crise particulière*

La crise financière :

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options et les actions gratuites,au nouveau forfait social de 2 %à la charge des employeurs.Le second point commun de cesplans est de ne pas prendre encompte la logique de diffusionde la crise, et c’est pourquoi leurmise en place n’a fait cesser nila volatilité de la Bourse, ni lesrestrictions de crédit. Ils sous-estiment d’abord les mauvaisesnouvelles possibles du côté de la sphère financière : lesdéfaillances de créances moinsdouteuses que les subprimes(crédits « Alt-A » et cartes ban-caires), les pertes encourues par

les fonds spéculatifs (hedge funds) et le risque d’effondrement des CDS(Credit Default Swaps). Ils ne prévoient rien non plus pour compenserla faillite des fonds de pension et l’exemple argentin montre que cette ques-tion va être extraordinairement difficile à traiter, puisque la seule annonced’une réintégration des fonds de pension dans un système de retraitespublic a suffi à faire plonger la Bourse et le peso.Ces plans ne tiennent pas compte non plus du fait que la crise finan-cière et bancaire s’est d’ores et déjà transmise à l’économie réelle quiest entrée en récession dans la plupart des pays développés. Et c’est

un spectacle proprement hallu-cinant que celui d’un Sarkozyqui s’obstine à faire des cadeauxaux entreprises (aides aux PME,suppression de la taxe profes-sionnelle sur les investissements,

voire suspension des cotisations à l’Unedic) en oubliant qu’on ne faitpas boire un âne qui n’a pas soif. L’échec de cette logique est patent :c’est le même qui n’a pas cru bon que les pouvoirs publics soientreprésentés au conseil d’administration des banques bénéficiairesdes capitaux publics, qui en appelle, quelques jours plus tard, aux pré-fets pour vérifier que les banques ouvrent le robinet du crédit au lieude garder pour elles les fonds publics.Il faut donc refuser le faux dilemme selon lequel on n’aurait le choixqu’entre sauver les banques ou être tous emportés dans leur faillite. Ilétait possible, et il est encore possible, d’assortir les plans de sauvegarded’une conditionnalité contraignante et de les combiner avec un plan derelance coordonnée, ciblé sur des activités socialement et écologique-ment utiles et permettant de sauvegarder – aussi – l’emploi et le niveaude vie de la majorité. Or, la propension naturelle des classes diri-geantes va être de chercher à reporter sur « les autres » les effets de lacrise. Les autres étant, à l’intérieur, les salariés et les budgets sociaux,mais aussi, à l’extérieur, les autres pays. C’est pourquoi il ne faut pasattendre de ce système de solution spontanément coopérative, les deuxtests étant la refonte du système monétaire international (un « nouveauBretton Woods ») et un plan de relance coordonné au niveau européen.Les seuls progrès seront forcément imposés, par l’ampleur de la réces-sion qui reste sous-évaluée, et par celle du mouvement social. ■

La crise est un processuschaotique, chargé d’in-certitudes. Il force à

la modestie. On peut malgrétout souligner un certainnombre de points. Le premierest que les différents plans –« Paulson » aux États-Unis,« Brown » au Royaume-Uni,« Sarkozy » (?) au niveaueuropéen – sont en contra-diction totale avec les grandsdiscours sur la nécessité demieux réguler le système ban-caire. Ils combinent tous,selon des proportionsvariables, des ouvertures deligne de crédit (jusqu’à 320 milliards d’euros en France) et des prisesde participation au capital des banques (40 milliards dans le cas fran-çais). Ces pseudo-nationalisations sont en réalité une privatisation del’argent public : elles sont partielles et à durée déterminée, le tempsque les banques se restructurent, s’assainissent et puissent être resti-tuées au secteur privé. Mais cette injection d’argent public se fait sansaucune exigence en contrepartie, parce que leur véritable objectif estle rétablissement des profits bancaires. L’occasion était pourtant extraordinaire d’imposer aux banques, àchaud, de nouvelles règles prudentielles enca-drant ou interdisant les pratiques et tech-niques qui ont permis la propagation de lacrise. Mais on ne trouve rien dans ces planssur la titrisation, rien sur les produits dérivés,ni aucune taxe « à la Tobin » sur les transac-tions financières. On braque le projecteur sur les rémunérations des diri-geants mais les mesures prises sont d’une extraordinaire timidité. Le gou-vernement vient par exemple de refuser un amendement émanant desdéputés UMP qui voulait soumettre tous les parachutes dorés, les stock

Supplément au no 673 du 25 octobre 2008 - US MAGAZINE - 9

Michel HussonÉconomiste, membre du

Conseil scientifique d’Attac,http://hussonet.free.fr

Dernier ouvrage publié :Un pur capitalisme.Éditions Page Deux,

Lausanne, 2008

©D

R

La propension naturelle des classes

dirigeantes va être de chercher à reporter

sur « les autres » les effets de la crise

abouti à Roosevelt aux États-Unis, à Hitler en Allemagne, et partout à une profonde remise en cause du capitalisme libéral.Sommes-nous revenus à Keynes ? Michel Husson (IRES) et Xavier Timbaud (OFCE) esquissent quelques scénarios possibles.

Plans de sauvetage, oui mais de quoi ?

CHRONOLOGIE17 février 2008 : nationalisation de la banque britannique Northern Rock.Juillet : écroulement boursier des deux piliers du refinancement hypo-thécaire aux États-Unis, Fannie Mae et Freddie Mac.14 septembre : faillite de Lehman Brothers, quatrième banque d’affairesaméricaine.3 octobre : le Congrès américain adopte le plan Paulson de sauvetagedu secteur bancaire.23 octobre : N. Sarkozy prône « plus d’État ».24 octobre : 69e anniversaire du Krach de 1929 ; depuis janvier, les prin-cipales places boursières ont perdu près de 50 % de leur capitalisation ;le prix du pétrole a perdu 55 % en trois mois.30 octobre : l’ANPE annonce 8 000 chômeurs supplémentaires après41 000 en août ; l’OFCE prévoit un chômage à près de 8 % en 2009.

colmater ou refonder ?

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ACTUALITÉ

10 - US MAGAZINE - Supplément au no 673 du 25 octobre 2008

Après le succès de la manifestation du 19 octobre, l’ensemble des organisations syndicales, dans le premier degré, le second degrés’inscrit dans le cadre de la semaine de mobilisation du 17 au 21 novembre à l’appel du collectif associant parents, personnels, élèves

GRÈVE NATIONALE DANS TOUTE L’ÉDUC

pensions de retraite) sont enbaisse en euros constants. Cebudget manifeste clairement quel’Éducation nationale n’est pasune priorité du gouvernement.Les conséquences seront unenouvelle dégradation des condi-tions d’étude et de travail pourles élèves et les personnels :réduction de l’offre de forma-tion, augmentation des effectifs,suppression de postes, multipli-cation des affectations sur plu-sieurs établissements...On peut légitimement s’interro-ger sur ces restrictions massivesprévues depuis plusieurs moisquand dans le même temps desdizaines de milliards d’euros ontété débloqués pour venir en aideaux banques.

Collèges et lycéesAu collège, le socle commundevient le seul horizon pour cer-tains élèves ; avec la générali-sation de l’accompagnementéducatif, l’aide aux élèves estrenvoyée en dehors du tempsscolaire tandis que l’ordinairede la classe se dégrade. L’assouplissement de la cartescolaire renforce la ghettoïsa-tion des établissements scolairesdéfavorisés.

Au lycée, la réforme Darcosreste inacceptable, malgré lespremiers reculs du ministre.Il convient d’amplifier la mobi-lisation pour une autre politiqueéducative et en particulier pourune réforme du lycée qui res-pecte les disciplines et lesmétiers, qui garantisse des par-cours cohérents dans les troisvoies de formation pour menerdavantage de jeunes au bacca-lauréat, examen national garan-tissant l’accès à l’Université.

Revalorisation des métiersL’ouverture de négociations surla revalorisation de nos métierscontinue de se faire attendremalgré les demandes répétéesdu SNES et les promessesrenouvelées du gouvernement.La dégradation des rémunéra-tions, des conditions de travail etd’emploi depuis plusieursannées rendent pourtant cetteexigence incontournable, aupoint que Nicolas Sarkozy avaitété obligé de s’engager avant etaprès l’élection présidentiellesur cette question. Pour leSNES, il s’agit bien d’une reva-lorisation dans toutes ses dimen-sions (rémunération, conditions

de travail et d’emploi) et quidoit s’appliquer pour tous.

Formationdes maîtresL’élévation du niveau de recru-tement des enseignants et desCPE est un enjeu pour la reva-lorisation de l’ensemble de laprofession. Le gouvernementtente de se servir de cetteréforme pour déqualifier nosmétiers en réduisant la forma-tion professionnelle au simplecompagnonnage. Lors des dis-cussions sur les maquettes deconcours, le SNES a pesé pourque les épreuves restent en lienavec la discipline. Il a été enpartie entendu. Aujourd’hui, lamobilisation de tous est néces-saire pour imposer l’idée d’uneformation professionnelle aucours de l’année de stage, enalternance avec des allers-retoursentre la théorie et la pratique.

Paritarisme,défendre l’égalité de traitement et la transparenceAvec la note de service sur lesmutations 2009, le ministèreouvre la porte à des affectationsdiscrétionnaires, à une indivi-dualisation des situations endehors de toute transparence etsans garantie de règles com-munes et équitables. Les inter-ventions du SNES s’appuyantsur les premiers milliers designatures de la pétition natio-nale ont déjà conduit à quelquesbougés (concertation avec lesorganisations syndicales, rôledes commissions paritaires réaf-firmé par exemple) mais qui nesuffisent pas.Les principes de gestion deshors-classes nous montrent déjàles conséquences de ce type dechoix qui remet en cause leparitarisme et la capacité desélus à exercer un véritablecontrôle sur les décisions del’administration.

UNE GRÈVE POURQUOI ?Le 19 octobre, 80 000enseignants, parents, élèveset acteurs de l’éducation ontmanifesté à Paris pour faireentendre leur exigence d’uneautre politique pour l’école,ils ont dénoncé des réformesqui creusent les inégalitéset remettent en cause le sensmême et la nature des métiersde l’enseignement. Ils ontrappelé que l’éducation devaitredevenir une priorité pourla Nation dans une sociétéminée par des inégalités quela crise accentue. Ils ont étélargement soutenus parl’opinion publique.Mais, si de premiers reculsont été obtenus sur la réformedu lycée, encore bien loindu compte, la plupartdes revendications n’ontpas été entendues.

Budget 2009Le budget 2009 de l’Éducationnationale (enseignements sco-laires) a été voté mardi4 novembre par la majorité del’Assemblée nationale en pre-mière lecture. Ce budget se caractérise par dessuppressions massives d’emplois(13 500 dont 5 500 dans lesecond degré) mais aussi par unebaisse de crédits sans précédent.Pour la première fois depuis1945, les crédits (hors coût des

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et le supérieur, appellent à la grève le jeudi 20 novembre. Cette nouvelle journée d’actionet partenaires de l’éducation, qui avait initié la manifestation nationale.

C ATION JEUDI 20 NOVEMBRELA STRATÉGIEDU SNES

La réunion des organisationsenseignantes du second degré(SNES, SNUEP, SNEP,

SNALC, SE-UNSA, SGEN-CFDT, FO, CGC, FAEN,SNETAA, Sud éducation), le5 novembre, a conclu à la nécessitéd’un appel à la grève le jeudi20 novembre dans le second degré.Elle a abouti à la rédaction d’untexte d’appel rappelant l’ensembledes revendications : budget, main-tien de l’offre de formation, reva-lorisation des personnels, respectdu paritarisme et réforme du lycée. Sur ce dernier point, les syndicatsde la FSU présents ont insisté sur

la nécessité d’intégrer dans laplate-forme l’exigence d’uneréforme du lycée au service de laréussite de plus de jeunes et quirespecte les métiers de l’éduca-tion, les disciplines, les trois voiesde formation et le baccalauréat.Les différences d’appréciation desorganisations syndicales présentesont conduit l’intersyndicale a lais-ser jusqu’au vendredi 7 novembrela possibilité de consultation deleurs instances pour se positionnersur cet appel commun.À l’heure où nous imprimons cenuméro, nous ne savons pas quisignera cet appel, le SGEN-CFDT

L’action collective porte ses fruits :la mise en place d’actions dèsla rentrée et la manifestation du

19 octobre ont illustré la détermina-tion de tous à défendre et à amélio-rer le système public d’éducation, etpermis de premiers résultats sur lelycée, comme sur le paritarisme.La révélation, dans un contexte decrise, que les caisses de l’Étatn’étaient pas aussi vides que le clai-ronnait le président de la République,a renforcé l’idée qu’on pouvait finan-cer les services publics.C’est pourquoi le SNES invitechacun, à l’initiative de l’ensembledes participants du 19 octobre, àinterpeller son député sur le budgetvoté le 4 novembre.Le constat des reculs imposés àXavier Darcos sur le lycée, notam-ment sur les horaires, doit inciter àaccentuer la pression, développernos propositions pour un lycée plusdémocratique ne conduisant pas àde nouvelles réductions de postes.Le 20 novembre, nous défendronsnotre conception du lycée mais aussicelle de l’ensemble de la politiqueéducative, d’une amélioration desconditions de travail et d’étude, demesures pour l’éducation prioritaire,de respect des missions des person-nels et de revalorisation de leursmétiers. En pesant sur l’ensemblede ces dossiers, nous pourrons pro-gresser vers une école de qualité pourtous. Le ministre, lui, a choisi de trai-ter les questions l’une après l’autre,de la maternelle à l’Université.Le 20 novembre, c’est tout le secteuréducatif qu’il aura à affronter. Laréussite de la grève permettra deconcrétiser le plus rapidement pos-sible les suites de l’action, au momentoù se préparera la rentrée 2009 dansles établissements et où le ministre del’Éducation nationale voudrait mettreen place la nouvelle Seconde. D’oreset déjà des rendez-vous sont pris, le29 avec les états généraux sur leslycées, le 2 décembre où, dans lesurnes, chacun pourra faire entendre lavoix de la profession, en renforçantle SNES. Frédérique Rolet

Supplément au no 673 du 25 octobre 2008 - US MAGAZINE - 11

Parce qu’investirdans l’Éducation c’est l’avenir !Pour un autre budget 2009– non aux 13 500 suppressions d’emploisPour de meilleures conditions d’étudeset de travail en collège et en lycée– du temps au service des élèves– du temps pour le travail en équipe– du temps pour se formerPour le respect du paritarisme– pour des règles communes et appliquées à tous

garantissant équité et transparencedans les mesures d’affectation, de promotion...

Pour revaloriser nos métiers – ouvrir de vraies perspectives de carrière– reconnaître les qualifications par le salaire – recruter au niveau master avec des concours

préservés et une véritable formationPour un lycée de la réussite pour tous avec– trois voies de formation– des parcours lisibles et cohérents d’accès au bac– des disciplines et des métiers respectés– des horaires suffisants

QUELLE UNITÉ SYNDICALE ?et FO ayant émis d’importantesréserves sur le texte, ainsi que,dans une moindre mesure, leSE-UNSA.En tout état de cause, le SNESet le SNEP ont décidé d’appe-ler à la grève le 20 dans lesecond degré et continuent àrechercher l’unité la plus largepossible sur une plate-formequi n’occulte pas les sujetsd’inquiétude et de colère despersonnels confrontés au quo-tidien à des difficultés crois-santes dans l’exercice de leurmétier et qui exigent une autrepolitique éducative.

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ACTUALITÉ

12 - US MAGAZINE - Supplément au no 673 du 25 octobre 2008

Individuellement ou collectivement, au nom de l’ensemble des personnels ouavec les parents d’élèves, peu importe. L’essentiel est de mettre chaque élu sénateur oudéputé devant ses responsabilités au moment où se débat le budget 2009 de l’Éducationnationale. Nous vous proposons ci-dessous un modèle de lettre à adapter, qui concerne enparticulier le second degré.

BUDGET 2009

INTERPELLEZ VOTRE DÉPUTÉ !

Vous trouverez

sur notre site

www.snes.edu

et sur le site

www.uneecole-

votreavenir.org

d’autres modèles

valables pour

l’ensemble du

système éducatif

dans des

versions

collectives

ou individuelles

à faire circuler

en ligne.

À utiliser sans

modération.

Madame la Députée, Monsieur le Député

Vous allez être amenés à examiner en deuxième lecture dans les prochaines semaines le projet de budget

2009. Nous tenons à attirer votre attention sur certains éléments de ce projet concernant l’enseignement

scolaire et notamment les enseignements du second degré.

Pour la première fois depuis 1945, le budget de l’éducation nationale(1) (hors pensions) en euros courants est

en diminution très significative (même si une légère baisse a déjà été enregistrée en 2008). Il s’agit là d’un

élément très fort de rupture de la politique budgétaire du gouvernement en matière d’éducation et de

formation.

Si on regarde l’évolution en euros constants de ce budget, la baisse est encore plus forte et de l’ordre de –

5,5 %.

Mais un autre élément montre bien que le gouvernement a décidé de ne plus faire de l’éducation une priorité

de son action. Alors que l’ensemble des dépenses de l’Etat augmente en 2009 en euros courants de 2,46 %,

le budget de l’Éducation nationale en euros courants diminue de 3, 37 %.

Ce budget relève d’abord d’une logique comptable. En effet, alors que le ministre X. Darcos annonce depuis

le début juillet la suppression de 13 500 emplois, la ventilation de ces suppressions entre les différents

niveaux d’enseignement et les motifs avancés par le ministère pour les justifier n’ont cessé d’évoluer depuis.

C’est bien la preuve que ce sont des raisons strictement budgétaires qui président à ces choix.

Construit dans la même logique que celui de l’année dernière, ce budget ampute massivement les moyens du

second degré, mettant en péril la qualité de l’enseignement et dégradant encore les conditions de travail dans

les collèges et dans les lycées. Les 5 500 suppressions d’emploi envisagées sont sans commune mesure avec les

évolutions démographiques prévues et occultent même la remontée des effectifs en Sixième dès la rentrée

prochaine et dans l’ensemble du second degré dès 2010.

La suppression de 1 000 emplois de stagiaires hypothèque gravement l’avenir et donne un signe très négatif

aux étudiants alors qu’il est prévu de recruter les futurs enseignants au niveau du master dès 2010.

Alors que Nicolas Sarkosy, candidat puis président, s’est engagé à mettre en oeuvre la revalorisation des

métiers de l’enseignement, que le ministre X. Darcos a encore rappelé récemment que 2009 serait « l’année

des enseignants », ces engagements ne trouvent aucunement leur traduction dans ce budget. Pire encore, la

baisse de ce budget découle en grande partie d’une évolution extrêmement faible du point d’indice (une

progression de 0,63 % est prévue) qui ne pourra conduire qu’à une nouvelle dégradation du pouvoir

d’achat des personnels.

Enfin, nous attirons votre attention sur le fait que l’enseignement public est lourdement plus « taxé » que

l’enseignement privé. En effet, jusqu’à présent, la répartition des emplois entre public et privé dans

l’Education nationale obéissait à une règle simple : les mesures de créations ou de suppressions de postes

appliquées à l’enseignement privé représentaient 20 % de celles appliquées à l’enseignement public. Or,

cette année, à l’occasion du projet de budget 2009, cette règle est remise en cause pour favoriser davantage

encore l’enseignement privé au détriment de l’enseignement public. Ainsi, dans plusieurs domaines

(remplacements dans le second degré, emplois de stagiaires), les suppressions dans le privé ne représentent

que 11 à 12 % de celles envisagées pour le public. Ainsi est remis en cause un équilibre respecté depuis

plusieurs décennies.

Nous vous appelons donc à des interventions dans le débat parlementaire permettant que d’autres choix

soient faits notamment celui « d’investir dans l’Éducation » pour un service public d’enseignement

ambitieux, soucieux de l’élévation des qualifications et de la réussite de tous.

Veuillez croire , ...

1. Enseignement scolaire premier et second degré et enseignement supérieur

Madame la Députée, Monsieur le Député,

Vous allez être amené à examiner en deuxième lecture dans les prochaines semaines le projet de budget

2009. Nous tenons à attirer votre attention sur certains éléments de ce projet concernant l’enseignement

scolaire et notamment les enseignements du second degré.

Pour la première fois depuis 1945, le budget de l’Éducation nationale(1) (hors pensions) en euros courants

est en diminution très significative (même si une légère baisse a déjà été enregistrée en 2008). Il s’agit là

d’un élément très fort de rupture de la politique budgétaire du gouvernement en matière d’éducation et de

formation.

Si on regarde l’évolution en euros constants de ce budget, la baisse est encore plus forte et de l’ordre de

– 5,5 %.

Mais un autre élément montre bien que le gouvernement a décidé de ne plus faire de l’éducation une priorité

de son action. Alors que l’ensemble des dépenses de l’État augmente en 2009 en euros courants de 2,46 %,

le budget de l’Éducation nationale en euros courants diminue de 3,37 %.

Ce budget relève d’abord d’une logique comptable. En effet, alors que le ministre X. Darcos annonce depuis

le début juillet la suppression de 13 500 emplois, la ventilation de ces suppressions entre les différents

niveaux d’enseignement et les motifs avancés par le ministère pour les justifier n’ont cessé d’évoluer depuis.

C’est bien la preuve que ce sont des raisons strictement budgétaires qui président à ces choix.

Construit dans la même logique que celui de l’année dernière, ce budget ampute massivement les moyens du

second degré, mettant en péril la qualité de l’enseignement et dégradant encore les conditions de travail dans

les collèges et dans les lycées. Les 5 500 suppressions d’emploi envisagées sont sans commune mesure avec les

évolutions démographiques prévues et occultent même la remontée des effectifs en Sixième dès la rentrée

prochaine et dans l’ensemble du second degré dès 2010.

La suppression de 1 000 emplois de stagiaires hypothèque gravement l’avenir et donne un signe très négatif

aux étudiants alors qu’il est prévu de recruter les futurs enseignants au niveau du master dès 2010.

Alors que Nicolas Sarkozy, candidat puis Président, s’est engagé à mettre en oeuvre la revalorisation des

métiers de l’enseignement, que le ministre X. Darcos a encore rappelé récemment que 2009 serait « l’année

des enseignants », ces engagements ne trouvent aucunement leur traduction dans ce budget. Pire encore, la

baisse de ce budget découle en grande partie d’une évolution extrêmement faible du point d’indice (une

progression de 0,63 % est prévue) qui ne pourra conduire qu’à une nouvelle dégradation du pouvoir

d’achat des personnels.

Enfin, nous attirons votre attention sur le fait que l’enseignement public est lourdement plus « taxé » que

l’enseignement privé. En effet, jusqu’à présent, la répartition des emplois entre public et privé dans

l’Éducation nationale obéissait à une règle simple : les mesures de créations ou de suppressions de postes

appliquées à l’enseignement privé représentaient 20 % de celles appliquées à l’enseignement public. Or,

cette année, à l’occasion du projet de budget 2009, cette règle est remise en cause pour favoriser davantage

encore l’enseignement privé au détriment de l’enseignement public. Ainsi, dans plusieurs domaines

(remplacements dans le second degré, emplois de stagiaires), les suppressions dans le privé ne représentent

que 11 à 12 % de celles envisagées pour le public. Ainsi est remis en cause un équilibre respecté depuis

plusieurs décennies.

Nous vous appelons donc à des interventions dans le débat parlementaire permettant que d’autres choix

soient faits, notamment celui « d’investir dans l’éducation » pour un service public d’enseignement

ambitieux, soucieux de l’élévation des qualifications et de la réussite de tous.

Veuillez croire , ...

1. Enseignement scolaire premier et second degré et enseignement supérieur

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Supplément au no 673 du 25 octobre 2008 - US MAGAZINE - 13

LE P INT SUR

RÉFORME DU LYCÉEREFUS DE CETTE SECONDE-LÀDepuis la présentation par le ministre du deuxième

« rapport d’étape » sur la réforme du lycée (L’US 673),

aucun élément nouveau n’a été annoncé.

Si l’organisation de la classe de Seconde est en partie précisée, le flou

le plus complet continue de régner sur celle du cycle terminal, inter-

disant toute vision globale de l’architecture du lycée et brouillant les

cartes dans les choix que les élèves actuellement en Troisième seraient

censés faire dans les mois qui viennent.

De nombreuses questions restent donc en suspens en particulier en

Seconde.

Les horaires : si le recul du ministre sur l’horaire élève qui passerait à

30 heures hebdomadaires est important, des précisions s’imposent sur :

• l’horaire-prof attribué à chaque division : cette question est centrale

pour la détermination des postes d’enseignants dans les établissements

mais aussi pour déterminer les possibilités de dédoublements et tra-

vaux en groupes ;

• la répartition horaire entre les disciplines à l’intérieur du groupe

« Enseignements généraux » : par exemple, l’enseignement obligatoire

de français serait réduit à 3 heures hebdomadaires (au lieu de 4 h 30

actuellement), renvoyant l’aide, le soutien ou l’approfondissement à

3 heures obligatoires d’accompagnement et séparant l’enseignement

du français en étude de la langue pour tous et littérature pour certains,

solution antipédagogique et inégalitaire ;

• les programmes : la réduction de l’horaire global consacré au tronc

commun induirait des réductions dans les programmes actuels (français,

mathématiques) ou une autre conception de ces programmes (SVT et phy-

sique-chimie regroupés sous la dénomination « sciences expérimen-

tales »). Quand, comment et par qui seront débattus ces choix de pro-

grammes ? Quelle cohérence avec les nouveaux programmes du collège ?

Les modules d’enseignements complémentaires : construire la diver-

sification de la classe de Seconde sur 6 heures est un élément intéressant,

mais l’architecture proposée n’est pas satisfaisante sur trois points :

• aucune précision n’est donnée sur « les passages obligés » : des

champs disciplinaires nouveaux pour un élève qui arrive en Seconde

seront-ils obligatoires ? Un élève peut-il choisir tous ces modules dans

un seul champ ou doit-il en choisir dans au moins deux ? Les réponses

à ces questions sont essentielles pour l’existence même de disciplines

fragilisées par leur absence du tronc commun et leur mise en concur-

rence dans ces modules de découverte avec les disciplines des ensei-

gnements généraux qui figurent dans les deux groupes ;

• l’articulation entre « enseignements généraux » et « modules d’en-

seignements complémentaires » pose de nombreux problèmes péda-

gogiques et de conception même des disciplines éclatées en deux pôles

sans articulation claire, une telle organisation rendra l’hétérogénéité

des groupes quasiment impossible à gérer ;

• l’absence de visibilité sur le cycle terminal pose le problème de la réa-

lité du maintien réel de la voie technologique et de la série ES, leur

accrochage en Seconde apparaissant bien flou et peu assuré.

L’accompagnement personnalisé : censé répondre à une demande

des lycéens, son organisation reste peu précise, et, comme pour l’ac-

S A M E D I 2 9 N O V E M B R E 2 0 0 8E U R O S I T E S S A I N T - O U E N

ASSISES DES LYCÉESOrganisées par le SNES, le SNEP, le SNUEP et le SNUPDEN

POUR IMPULSERUNE AUTRE REFORME DES LYCEES

Alors que la démocratisation de l’accès au baccalauréat est unenécessité sociale et économique, la réforme du lycée, en l’étatactuel de la réflexion, ne sera pas en mesure de répondre à cetteexigence et aux attentes des personnels et des lycéens.Le calendrier présenté par le ministre qui veut avancer à marche for-cée occulte de fait un débat nécessaire.Les syndicats de la FSU sont porteurs d’un autre projet pour lelycée général, technologique et professionnel, et entendent por-ter la parole des personnels tout en la confrontant à celle de cher-cheurs, pédagogues et usagers.Les assises ont la vocation de regrouper les représentants deslycées, des parents, des lycéens, des mouvements pédagogiques,des associations disciplinaires... pour une journée d’expression,de débats comportant une table ronde, un travail en ateliers et desdébats en plénière.Le programme complet et définitif, et les conditions d’inscriptionseront téléchargeables sur le site du SNES.

LES OPTIONSLa notion même d’enseignement optionnel disparaît dans l’archi-tecture proposée, l’horaire hebdomadaire de tous les élèves étantuniformisé en Seconde. Les enseignements actuellement optionnelssont intégrés au bloc « enseignements complémentaires » organi-sés sous forme de modules semestriels.Cette organisation fragilise encore davantage ces disciplines misesen concurrence directe avec les disciplines qui marqueront le par-cours ultérieur du lycée. Cette rivalité interdit de fait les espaces derespiration et de réussite que constituaient les options facultatives,même si ces dernières furent les premières et principales victimesdes réductions budgétaires toutes ces dernières années.

compagnement éducatif en collège, ressemble davantage à un assem-

blage hétéroclite de dispositifs et d’activités qu’à un véritable espace

d’aide et d’accompagnement : comment le lycéen sera-t-il maître de

ses choix, quelle sera la place des enseignants et des CO-Psy ?

L’organisation semestrielle :

Annoncée comme permettant de résoudre les difficultés d’accompa-

gnement des élèves en terme d’orientation et ouvrant les possibilités

de diversification, elle reste rejetée par une majorité de collègues, qui

y voit une détérioration des conditions de travail et souligne les risques

de dénaturation de leur discipline.

C’est sur la base de ces analyses que le SNES ne peut accepter ce

projet de Seconde.

Roland Hubert

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Colloque MGENi

Quel avenir pour l’hôpital ?

Mercredi 26 novembre 2008 de15 heures à 18 heures (ouverturedes portes à 14 h 45). Faculté dedroit de Malakoff, de l’UniversitéParis V, grand amphi « René Lachar-rière », 10, avenue Pierre Larousse,92 Malakoff à côté de Paris-PorteBrancion (M° Malakoff-Plateau deVanves, à 100 m, en sortant àgauche).Table ronde avec notamment :• Axel Kahn, président de l’Univer-sité René Descartes - Paris V, géné-ticien, médecin.• Patrick Pelloux, médecin-urgen-tiste.

Mutuellei

Vers des assurancesprivées ?Les ministères sont en train de réfé-rencer les organismes complémen-taires susceptibles de bénéficierd’une aide de l’employeur (subven-tion d’ailleurs dérisoire dans l’EN).Alors que plusieurs ministères ontfait le choix de labelliser la mutuellede leur secteur, le MEN semble enclinà ouvrir le champ de notre protec-tion sociale aux assurances privées.Dans un contexte où la loi va ouvrirplus largement la porte aux cliniquesprivées, et faire de l’hôpital uneentreprise, la marchandisationprogressive de la santé s’effectue audétriment de l’égalité d’accès. LeSNES et la FSU ont écrit au ministrepour lui dire leur totale opposition àce choix, et rappeler les solidaritésconstruites depuis des années dansl’Éducation nationale avec la MGEN,solidarités volontaires auxquellesles collègues sont profondémentattachés.

ACTUALITÉ

14 - US MAGAZINE - Supplément au no 673 du 25 octobre 2008

CRISE

Contrat de travail, retraite, pro-tection sociale : chaque jour legouvernement décide de nou-

velles mesures, unilatéralement ettoujours dans le même sens.La stratégie est claire : s’appuyersur le contexte économique pourpoursuivre une politique d’attaquesystématique des salariés, deman-deurs d’emplois et retraités, et leurfaire porter le coût de la crise.À l’invitation de la CGT, l’en-semble des organisations syndi-cales CFDT, FO, CFTC, CGC,FSU, UNSA, Solidaires se sontretrouvées mercredi dernier pourdébattre de la situation et exami-ner les possibilités d’une riposteinterprofessionnelle unitaire. Lecontexte n’était pas favorable àun mois d’élections prud’homalesqui avivent la concurrence entreles uns et les autres. Pourtant, l’ac-cord a été large sur l’analyse de lacrise, sa gravité et ses consé-quences pour les salariés et chô-meurs, sur la nécessité d’y appor-

ter des réponses en tant que syn-dicat. Accord aussi pour engagerun travail commun permettant deconstruire des revendications àadresser dans l’unité aux pouvoirspublics et au patronat. L’idée d’unmémorandum qui pourrait parexemple être porté ensemble àl’occasion du sommet socialannoncé pour la mi-décembre parNicolas Sarkozy doit être tra-vaillée. Un prochain rendez-vousa été fixé avec cet objectif le24 novembre.La FSU est intervenue pour expri-mer son souhait d’une action inter-professionnelle d’envergure avantla fin décembre et en même tempsson souci qu’elle n’entre pas enconcurrence avec les actions sec-torielles déjà décidées, par exempledans l’éducation avec la grève du20 novembre. La CGT a annoncésa volonté d’initiatives rapidespour fin novembre avec des moda-lités adaptées à des situations trèsdiverses en terme de mobilisation

selon les secteurs. Solidaires s'estexprimé dans le même sens que laCGT. FO a proposé une journée degrève.La plupart des autres organisations(CFDT, UNSA en particulier) ontsoutenu la nécessité d’une actionde masse dont la modalité pou-vait être la grève mais ont contestéle calendrier proposé.De leur point de vue, rien ne seraitpossible avant janvier.La CGT, après avoir réuni unbureau national, a finalement fait laproposition aux autres organisa-tions d'une première initiative avecune semaine d'actions du 24 au 29novembre, comprenant un tempsfort le mercredi 26 qui se traduiralocalement par des arrêts de travail,des rassemblements, des manifes-tations. Le SNES avec la FSU endébattront le 12 novembre avecl’objectif de contribuer à laconstruction d’un mouvementd’ampleur de tous les salariés. ■

Claudie Martens

Mercredi dernier, toutes les organisations syndicales se sont réuniespour examiner les possibilités d'une riposte interprofessionnelle aux multiples attaques contre les salariés dans le contexte économiquede crise générale. De premières propositions ont été débattues.

COMMUNIQUÉ COMMUN DES ORGANISATIONS SYNDICALES

CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSALes organisations syndicales se sont réunies le5 novembre 2008. Elles mesurent la gravité de lasituation économique et sociale, et le risque qu’onfasse payer aux salariés, demandeurs d’emploi etretraités, les conséquences de la crise en particulieren termes d’emplois, de salaires et de précarité.Elles ont décidé de se revoir le 24 novembre.Devant l’inquiétude, l’indignation, voire l’exaspérationdes salariés, elles estiment de leur responsabilité d’en-

gager un travail commun pour construire des revendi-cations à adresser aux pouvoirs publics et au patronat.Elles affirment que la mobilisation des salariés est unimpératif, plusieurs propositions sont en débat.Elles condamnent toute politique de déréglementa-tion et de dérégulation économique et sociale. Ellesinterpellent le gouvernement et le patronat pourqu’ils prennent la mesure de la situation.

Le 5 novembre 2008

PREMIÈRES RÉPONSESSYNDICALES

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Supplément au no 673 du 25 octobre 2008 - US MAGAZINE - 15

Cela constitue une garantiecontre l’arbitraire, l’autorité hié-rarchique devant présenter etsoumettre au débat et à l’avisdes CAP les décisions qu’ellecompte prendre. La transmissiondes résultats et l’éclairage géné-ral que communiquent les élusdu SNES sont des éléments fortsde cette transparence.

Faire vivre le paritarisme,c’est quoi ?Lier de façon concrète défenseindividuelle et intérêts collectifsde la catégorie, de la profession,lier problèmes de carrière et exi-gences pour le système éduca-tif, faire vivre et défendre nosdroits statutaires, articuler tra-vail dans les CAP et action col-lective pour le système éducatifet les personnels, c’est ce quidonne de la force au SNES et à

ÉLECTIONS PROFESSIONNELLES DU 2 DÉCEMBRE

DÉFENDRE LE PARITARISME

Grâce à l’intervention de toutela FSU et dans l’unité, lesattaques frontales contre le

rôle des CAP ont été mises enéchec l’an passé. Le ministère del’Éducation, notamment pour lesmutations 2009, reprend donc leflambeau gouvernemental. Laconception du paritarisme que leSNES et ses élus dans les CAPfont vivre est en ligne de mire.

Qu’est ce qui est en jeu ? • L’égalité de traitementCe principe est essentiel pour lesfonctionnaires. Depuis de longuesannées, le SNES a particulière-ment œuvré pour construire desrègles communes qui engagentl’administration en matière degestion des personnels. C’est l’undes axes clés de l’action du SNESet de l’intervention en CAP deses élus. Cette démarche reven-dicative concerne aussi le fonc-tionnement du système éducatif(moyens d’enseignement attri-bués aux établissements,postes...). Obtenir un cadre com-

mun à tous et à chacun, c’est unecondition majeure pour avoir,avec des personnels égalementqualifiés et en situation d’êtretraités de la même manière, unservice public d’égale qualité surtout le territoire national, pourlutter concrètement contre lesinégalités de tous ordres.

• Le droit d’être défenduLa quasi-totalité des décisionsindividuelles (notation, promo-tions, affectations, congés de for-mation...) prises par l’autorité hié-rarchique en matière de carrièredoit être soumise à l’avis préa-lable des CAP. Tout fonction-naire a le droit de saisir les CAP.L’efficacité des élus du SNESface à l’administration repose surleur capacité à connaître les droitsstatutaires et à appuyer leurs inter-ventions sur la confiance majori-taire des personnels. Leur travail s’appuie sur uneorganisation syndicale présentedans la plupart des établissements.L’administration ne peut doncignorer la connaissance concrèteet précise des situations person-nelles et collectives d’exercice.Le potentiel d’information et deréaction collective que représentele SNES est une force au servicede chacun et de tous. Pour êtreefficaces dans la défense dessituations en CAP, il ne suffit pasen effet de s’en tenir à la procla-mation de principes généraux. Cequi fait la spécificité des élus duSNES, c’est de conduire un tra-vail approfondi sur les dossiersindividuels et de les mettre enrelation avec l’analyse des enjeuxcollectifs et la connaissance desrègles communes.

• La garantie de la transparenceRègles communes, examencontradictoire des décisions indi-viduelles sur la base de docu-ments dressés par l’administra-tion, garantissent la transparence.

ses élus dans les instances pari-taires. Le paritarisme que nousavons porté et contribué à forgera permis d’apporter des amélio-rations, plus de transparence etd’égalité de traitement dans lespromotions, les mutations. Nousrefusons les passe-droits et toutarbitraire, seule façon de bienprendre en compte l’intérêt indi-viduel dans le cadre de règlescommunes à tous.C’est une démarche permanenteau service de chacun et de tous,telle est la conception du pari-tarisme que défend le SNES etdont le ministère voudrait sedébarrasser. Dans l’action et parle vote de chacun le 2 décembre,affirmons clairement notredétermination à défendre et àrenforcer le rôle de nos élusdans les CAP. ■

Nicole Sergent

Dans le cadre de la RGPP, la fonction publique de l’État est remise en cause dansses principes fondamentaux. Nicolas Sarkozy a clairement fixé ce cap dans lediscours prononcé à Nantes en septembre 2007 : réduction du champ des missionsde la fonction publique, disparition des corps, remise en cause des concours, recours au contrat en lieu et place du statut, abandon du paritarisme. Le ministère de la Fonction publique s’est donc attelé à la tâche mais l’action l’a contraint à reculer.

mon vote a du

Avec le

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16 - US MAGAZINE - Supplément au no 673 du 25 octobre 2008

L’US Mag : Pensez-vous que la volontédu ministre de relancer un nouvel appeld’offres va à nouveau menacer le travailaccompli par la CIMADE ?L. G. : Je fais un constat grave sur un sujetsi sensible : le ministère de l’Immigration estsourd ; il ne sait pas écouter les associationset n’entend rien ! Pour mémoire, nous avionsdit à plusieurs reprises au printemps 2008 quela situation au CRA de Vincennes était alar-mante, qu’il y avait urgence à prendre desdécisions pour éviter un drame. Il n’a rienécouté, tellement sûr de lui-même. Le dis-cours permanent : « nous avons été élus pourcela, donc nous le faisons » est affligeantd’aveuglement et de dogmatisme ! Résultat :un mort, une révolte, un incendie qui auraitpu être encore plus dramatique. Au-delà d’unchangement de politique qui est plus quenécessaire, il doit y avoir un changement decomportement : moins d’arrogance seraitapprécié ! ■

Propos recueillis par Philippe Castel

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IMMIGRATION ET IDENTITÉ NATIONALE : le ministère a décidé d’ouvrirpar appel d’offres la présence à d’autres associations que la CIMADEdans les centres de rétention administrative. Laurent Giovannoni,secrétaire général de la CIMADE, répond à nos questions.

Droits en danger

DROITS ET LIBERTÉS

L’US Mag : Que provoque la décision deBrice Hortefeux ?Laurent Giovannoni : Deux dispositionsremettent en cause le rôle des ONG pour ladéfense des étrangers en rétention : une quiconfie à une «personne morale» la missiond’aide à l’exercice des droits, quand le texteprécédent évoquait « une association de dimen-sion nationale ». On voit bien que le décret apour but de nier ou d’écarter les associations.Il ouvre la voie à une logique de concurrrencecomplètement déplacée quand il s’agit dedroits de l’homme et de dignité des personnes.L’autre interdit à plusieurs associations (ou« personnes morales ») d’agir ensemble et encomplémentarité dans un même centre derétention. Cette disposition vise à s’oppo-ser à la proposition faite d’être présents dansles CRA avec le Secours Catholique et éven-tuellement d’autres partenaires intéressés.Le ministre affirme qu’il veut la « diver-sité » et la « pluralité », sauf que ses textesl’interdisent et organisent le contraire !Quant à l’appel d’offres, il pousse à sonextrême cette volonté d’éclatement et demarginalisation des ONG qui aident les étran-gers sans-papiers : il interdit l’organisationd’une équipe de soutien national opération-nelle, alors qu’elle est indispensable si onveut aider utilement les étrangers, elle place

fet et que par contre il y a eu des barrages avecpoliciers en tenue de combat, des hélicoptères,des projecteurs ? Pourquoi les casseurs res-ponsables d’infractions dans la journée n’ont-ils pas été neutralisés avant la manifestation ?

Pourquoi se sont retrouvés jugés au tribunaltrois pauvres bougres alors que les casseursavaient miraculeusement disparu ? ■

Michel Beau,militant SNES, coordinateur du collectif

EUROPE Des ponts, pas des mursÀ

Vichy le 3 novembre s’est tenu le « som-met européen sur l’intégration », ras-semblant sous la houlette de M.M. Horte-

feux et Sarkozy les ministres de l’UnionEuropéenne chargés de l’immigration, pourconstruire une Europe forteresse sur une orien-tation d’ «immigration choisie», en fait triée.

Le collectif pour « une Europerespectueuse des Droits de l’Homme » a ripostéIls étaient 350 participants au contre-som-met, 4000 manifestants à Vichy puis 1000 aumeeting unitaire de Cusset. Ils ont réalisél’unité joyeuse, au coude à coude, associatifs,politiques, syndicalistes, demandant des droitsdémocratiques pour tous les étrangers,des conditions de vie décentes, l’accès à lasanté et au travail pour tous les immigrés.Maintenant, ils s’interrogent : pourquoi lasécurisation du trajet de la manifestation n’apas été assurée comme convenu avec le pré-

les associations en concurrence, elle les trans-forme en simples prestataires d’informationsà distribuer, elle les menace de sanction sielles s’expriment publiquement de façontrop critiques, etc. C’est la négation du rôled’action et de témoignage de la société civile,et cela a pour but de casser l’aide et ladéfense des droits des étrangers.

L’US Mag : Quelles sont les conséquencesde la décision récente du tribunal adminis-tratif de Paris de débouter le ministre ?L. G. : Le ministère doit revoir son disposi-tif et nous ne savons absolument pas ce qu’ilcompte faire. Ce que nous demandons, asso-ciations et organisations syndicales, c’estque la mission d’aide et de défense des droitsdes étrangers en rétention ne soit plus unmarché public, mais une mission d’intérêtgénéral assumée par plusieurs ONGensemble. Il est temps aussi, et il n’est pastrop tard, de revenir et d’abandonner la direc-tive « retour » – la « directive de la honte »– qui a été adoptée en juin dernier parl’Union européenne. Cette directive est unehonte pour l’Europe, mais elle s’avère aussiune catastrophe pour les relations de l’Unioneuropéenne avec l’Afrique et l’AmériqueLatine. C’est vraiment se tirer une balle dansle pied, par démagogie électoraliste.

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La crise se présente sous troisformes, qui appellent troisréponses différentes. Les

banques qui possédaient des titresqui ne valent plus rien, faute decapital, ne peuvent plus prêter etrisquent la faillite. La France aemprunté 40 milliards d’eurospour les recapitaliser, dont 10 mil-liards ont été utilisés jusqu’ici. Enéchange de son apport, l’Étatobtient des actions sans droit devote des banques. En les reven-dant en temps utile, il rentrera pro-bablement dans ses frais. Maisl’État aurait dû exiger, commel’ont fait les Anglais, le blocagedes salaires des dirigeants, la sup-pression des bonus et des para-chutes dorés. Il s’est contenté d’unvague code de bonne conduite.Deuxièmement, les banques hési-tent à prêter à d’autres banques, dufait des risques de faillite. De cefait, les spécialistes du crédit autoou conso, qui financent leurs prêtsen empruntant à court terme, sontcontraints d’interrompre leurs acti-vités faute de financement. Poursurmonter ce problème grave,l’État apporte sa garantie aux prêtsinterbancaires, à hauteur de320 milliards d’euros. Ces mesures sont utiles et peucoûteuses pour l’instant pour lecontribuable. Encore faut-il queles banques se remettent effecti-vement à prêter. Le plan anglaisoblige les banques à distribuer aumoins autant de crédits qu’en

2007. Rien de tel en France, où legouvernement a demandé aux pré-fets (aux préfets !) de veiller à ceque le crédit soit débloqué. On sedemande bien comment ils pro-céderont. Une pièce essentiellemanque donc dans le puzzle.D’autre part, l’injectionde liquidités par lesÉtats et les banquescentrales, combinée à la garantied’État des prêts bancaires, jette lesbases d’une nouvelle bulle spécu-lative. Dès la crise passée, il estprobable que la spéculation vareprendre de plus belle. En quelquesorte, les mesures prises aujour-d’hui par les États fournissent lecarburant du prochain incendie. Il

est donc vital que des mesuresd’encadrement des activités finan-cières empêchent ce scénario dese réaliser. C’est l’enjeu de laconférence de Washington du15 novembre, voulue par Sarkozy. Mais rien n’est gagné, du fait

de l’hostilité amé-r icaine , luxem-bourgeoise, voire

anglaise. Il faut en effet luttercontre les paradis bancaires et fis-caux, qui permettent aux banquesde faire n’importe quoi en lecachant aux autorités de régula-tion, consolider les bilans ban-caires et revoir les normes comp-tables, limiter fortement ouinterdire la titrisation, supprimercertains produits financiers dontla dangerosité a été démontrée etchanger les règles de rémunéra-tion des traders et des banquiers, defaçon à ce qu’ils prennent moinsde risques. Vaste programme pourdes libéraux jusqu’ici hostiles auxréglementations ! Certains sem-blent y consentir, pour « sauver »le capitalisme. Celui-ci a toujourssu s’adapter face aux crises, répon-dant ainsi à la crise de 29 en met-tant en place l’État providence.Saura-t-il répondre à celle-ci ? Le15 novembre donnera un début deréponse. Mais pour les salariés quisubissent les effets d’une autrecrise, économique, celle-là, laréponse du gouvernement est pourl’instant inexistante. ■

Arnaud Parienty

ECO/SOCIAL

18 - US MAGAZINE - Supplément au no 673 du 25 octobre 2008

Rien n’est gagné

LA CRISE FINANCIÈRE a rendu nécessaires des plans de sauvetage des banques, inspirésdu plan Brown. Mais Sarkozy, conseillé par le président de la BNP, a mal copié le plan anglais.

360 milliards pour quoi faire ?Retraitesi

Toujours un peu plus loinLes députés de l’UMP viennent d’of-frir aux salariés du privé un nou-veau droit : celui de travailler « s’ilsle veulent » jusqu’à 70 ans* ! Alorsqu’à peine un tiers sont encore enactivité à 60 ans, malgré les dis-cours sur l’emploi des seniors, etque les salariés qui ont eu les plusmauvaises carrières sont souventceux qui ne peuvent prolonger – lesouhaiteraient-ils –, oubliant aussides différences d’espérance de vieentre les catégories socioprofes-sionnelles, cet amendement indé-cent montre des parlementairesenfermés dans leur bulle, aux ordresd’un Président qui a fait du travaillerplus longtemps son leitmotiv. Au-delà de cette mesure, qui ne faitpas sauter le repère des 60 ans,mais qui dessine des perspectivesinquiétantes, c’est bien la réformedes retraites qui, en organisant labaisse des retraites, va contraindreles salariés qui le peuvent à pour-suivre leur activité pour obtenir uneretraite à taux plein.

* Les fonctionnaires pourront quant àeux prolonger jusqu’à 65 ans.

Livresi

Tour du mondeComme chaque année, l’IFRI(Institut français des rela-tions internationales) pro-pose son bilan géopolitiquede 2007. Il s’ouvre avec lacrise financière que JacquesMistral, responsable de

cette partie, semble sous-estimée. Aumoment de l’écriture, il n’est pas leseul. Les gouvernants vont même jus-qu’à nier la réalité de cette crise qui nedevient évidente, pour ces commen-tateurs engoncés dans l’idéologie libé-rale, qu’en septembre de cette année,alors qu’elle commence en août 2007.Des encadrés dont celui sur les para-dis fiscaux restent d’actualité. La suiteprend en compte les grands ensemblesgéopolitiques mettant en évidence lasituation aux États-Unis et les blo-cages de la construction européenne,tout en soulignant les risques d’in-cendies liés aux guerres, notammentcelle d’Afghanistan. Le pensum deThierry de Montbrial ouvrant cetouvrage se conjugue de plus en plussur le mode personnel. Un peu lourdmême s’il est révélateur d’une concep-tion du monde. Intéressant et néces-saire malgré tout.• Ramsès 2009, IFRI, sous la direction deThierry de Montbrial et Philippe MoreauDefarges, Dunod, 351 p. ©

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Travail, emploi,souffranceet résistanceUne revue, Lesmondes du travail,et un livre, Résis-tance au travail,pour analyser lesnouveaux rapportsau travail liés à l’in-dividualisation, à laprécarisation del’emploi qui ne per-mettent plus de voir larésistance à la surex-ploitation des salariéset surtout des femmessalariées. Les caissièresdes hypermarchés ont bien montré,par leur mobilisation, la réalité desconditions de travail, d’emploi et desalaire, comme le mépris régentantces relations. La revue traite aussi – thème de l’ac-tualité de la crise – de la marchan-disation des retraites via les fonds depension aujourd’hui menacés defaillite, appauvrissant ou ruinant lesretraités anglo-saxons… Au total,des interrogations renouvelées à lafois sur les formes du travail et del’emploi par les sociologues réunispar Stephen Bouquin et sur les pos-sibilités de l’émancipation dans uncontexte où recule l’idée même dutravailler moins.• Résistances au travail, coordinationStephen Bouquin, Syllepse ; Les Mondes duTravail, semestriel, n° 6, www.lesmondesdutravail.net

Nouveaux visagesde la pauvretéDenis Clerc montre, dans cepetit livre écrit rapidementpour protester contre le RSAet ses conséquences néga-tives sur l’emploi, le nou-veau visage de la pauvretélié au chômage de masse, àla précarité qui en résulte pour for-mer une nouvelle catégorie de popu-lation, « les travailleurs pauvres »,ceux et celles – surtout – qui ont unsalaire en dessous du seuil de pau-vreté soit 60 % du revenu médian. Aumoment de la journée de lutte contrela misère, le Haut Commissaire MartinHirsh annonçait un changement duthermomètre. Son nouvel indicateurde pauvreté se rapportait à la pau-vreté absolue – critère retenu par laBanque mondiale – faisant ipso factobaisser le nombre de pauvres de2 millions… L’auteur lutte contretoutes les tentations de faire peur –l’angoisse est mauvaise conseillère –ou de manipuler les chiffres.• La France des travailleurs pauvres,Denis Clerc, Grasset/Mondes vécus, 221 p.

Supplément au no 673 du 25 octobre 2008 - US MAGAZINE - 19

L’ÉTAT N’AVAIT PAS DISPARU, puisque c’est le pouvoir politique qui a institué le systèmelibéral aujourd’hui en crise et qui organise le contrôle sécuritaire des populations.

Le retour de l’État ?T

outefois, il est vrai que ladébâcle de l’idéologie libé-rale, du tout marché et du

tout privé ne peut manquer deproduire des effets durables etprofonds, qui seront l’enjeu debatailles âpres dont l’issue estincertaine.Le jeu est donc plus ouvert pourle syndicalisme, mais il n’est pasgagné d’avance. La tendance quise dessine, notamment au niveaudu gouvernement français, estd’abord de sauver les meubles,d’où les mesures prises dans ledomaine financier, et d’intervenirpour le moment a minima afind’éviter une crise économiquetrop profonde.La récession s’annonçant auxyeux de nombreux économistessévère et globale, il est clair queles mesures de relance du gou-vernement Sarkozy apparaissentbien maigres, sans parler du videdu plan social (en dehors deson aspect provocateur sur larelance des CDD et le travail dudimanche) annoncé à Rethel. Guaino nous en promet plus siça s’aggrave, mais dans ce typede situation, il faut savoir antici-per et mettre le paquet pour êtreefficace. On est donc loin d’unretour fulgurant des idées key-nésiennes chez nos « élites »,

même si les grandes déclarationsdu Président sur le retour duvolontarisme politique annoncentque le vent tourne.Le gouvernement semble croire lasituation réversible : l’engage-ment de l’État nécessaire aujour-d’hui en période de crise pourraêtre réduit lorsqu’on sera revenudans les eaux calmes d’un capi-talisme « moralisé » (on n’osepas le promettre pour Noël).La principale caractéristique de lapolitique Sarkozy est en fait des’accrocher au modèle socialouvertement inégalitaire quiconstitue avec son versant sécu-ritaire la base de ses fondamen-taux : refus d’une politique dehausse salariale, démembrementdu droit du travail et des protec-tions des salariés, recul de la pro-tection sociale et des servicespublics, maintien vent debout dela RGPP, politique fiscale anti-redistributive (on protège autantque faire se peut les stock-optionset les niches fiscales, on se cram-ponne au bouclier fiscal comme àune bouée, pour donner lechange, on donne des petitssignes de redistribution, cf. RSA).Cette politique ouvre la possibilitéd’une crise sociale car elle peutfaire l’union des classes popu-laires et des classes moyennes, et

le succès de la critique popu-laire (des milliards pour lesbanques et rien pour nous)attaque la légitimité de cepouvoir.Le modèle de croissance fondésur le partage inégalitaire durevenu, ainsi que sur les dettesprivées des ménages, des entre-prises et des banques, qui est àl’origine de la crise finan-cière, n’est plus opérant.Mais accroître les revenus sala-riaux, faire de la redistributionen taxant les revenus du capital eten rétablissant une impositionprogressive, utiliser l’accroisse-ment inévitable de la dettepublique (qui compensera labaisse des dettes privées) pourfinancer des dépenses d’avenir,de l’éducation au développementdurable, en passant par le loge-ment social curieusement sacrifiéaujourd’hui, est-ce à la portéed’un personnel qui a construit safortune politique sur l’inverse ?Le retour de l’État est toutefoisune question qui mérite discus-sion, car cela ne peut être leretour à l’ancien (l’État gaulliste),ni à l’étatisation du politique quia été responsable de multiplesdérives dans le passé.En ce sens, cette crise pose unequestion moderne, qui intéressedirectement le syndicalisme :comment s’élaborent les préfé-rences collectives ? Quelle est laplace des acteurs sociaux dansles choix de société et pour unmonde plus juste ?Nous ne pouvons tolérer d’êtreréduits à assister au spectacle desG4, des G7, des G20... ■

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catalogue affecte l’ensemble desgroupes (La Redoute a l’inten-tion de supprimer 672 emploisd’ici à quatre ans, dans le cadred’un « plan de relance »), mais lavente par Internet a sans douteété décidée trop tard et malmenée. La crise avec l’effondre-ment des ventes a achevé d’as-phyxier l’entreprise. Et les der-niers clients risquent bien de nepas recevoir leur commande, nide retrouver leur argent. Les salariés, tristes et en colère,accusent en tout cas la direction del’entreprise et les administrateursd’incompétence, et estiment qu’ils’agit d’un véritable gâchis. Ilsont manifesté à Niort et à Paris. Lesecrétaire d’État chargé de l’In-dustrie et de la Consommation,Luc Chatel, a annoncé « la priseen charge par l’État du reclasse-ment » du personnel de la CAMIF,ce qui a provoqué la déceptiondes salariés : ceux-ci jugent cettemesure inadaptée et estiment quel’État doit favoriser la reprise de

l’activité de l’entreprise en appor-tant sa garantie, et donc en mettantles 22 millions annoncés pour lereclassement dans la relance del’entreprise.Pour beaucoup d’enseignants,même si une certaine fidélité avaitperduré, la page avait déjà com-mencé à se tourner il y a quelquesannées, alors que la CAMIF s’en-gageait dans des opérations quiont fragilisé la coopérative en luifaisant perdre son identité, et lesvaleurs éthiques et solidaires aux-quelles beaucoup d’entre nousétions attachés.La CAMIF n’est plus ce qu’elleétait... mais j’ai gardé, soigneu-sement rangée, la part sociale de30 F qui faisait de moi, depuis1980, une « sociétaire » de laCAMIF. ■ Élizabeth Labaye

* CAMIF SA possède plusieurs autresfiliales – CAMIF Collectivités,CAMIF Habitat, Romactis, LéonFargues –, mais celles-ci ne sont pasconcernées par les procédures en cours.

ECO/SOCIAL

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LA CAMIF A VÉCU

Sale temps sur NiortP

lus d’un demi-siècle après sacréation en 1947 à Niort àl’initiative de la MAIF,

CAMIF Particuliers, détenue à66 % par le fonds d’investisse-ments américain Osiris Partners,(le reste étant détenu par CAMIFSA), et encore hier troisièmegroupe de la vente par correspon-dance, a déposé son bilan. 780emplois sont supprimés. La coopé-rative mère, CAMIF SA*, est elle-même mise en redressement avecune période d’observation de sixmois, et à la clé également dessuppressions d’emplois. Au total,c’est sans doute un millier d’em-plois qui vont disparaître, aux-quels vont s’ajouter sans douteceux liés à la sous-traitance dansle bassin niortais.Depuis 2001, après une aventureeuropéenne mal pensée dans lesannées 90, la CAMIF avait dûsupprimer 200 emplois en 2001,200 en 2006, 340 en 2007, 509en août 2008. Certes, le déclin dela vente par correspondance par

Un tel consensus a pu êtreobtenu parce que le texte actesurtout des principes et des

objectifs sans traiter des moyens dela mise en œuvre. Il évite parailleurs tous les sujets polémiquescomme le nucléaire et ne prendaucun engagement précis sur lafiscalité environnementale. Le texte acte des principes géné-raux comme la reconnaissancerenforcée de l’urgence écologiqueou la nécessité d’une diminutiondes consommations en énergie.Dans la perspective de la divi-sion par quatre des émissions degaz à effet de serre d’ici 2050, ildéfinit des objectifs à moyenterme de natures très diverses.Ainsi la part des énergies renou-velables dans la consommationfinale énergétique de la Francedoit atteindre 23 % d’ici 2020.Dans le secteur du bâtiment, unvaste plan de rénovation énergé-tique va être engagé. Du côté des

transports, la prioritéest donnée aux modesalternatifs à la route.Les calendriers sur leséco-quartiers serontaccélérés. 20 % dessurfaces agricolesdevraient être consa-crées à l’agriculturebiologique d’ici 2020.L’objectif de doublement de laquantité de masses d’eau en bonétat d’ici 2015 est affiché, lesphosphates interdits dans les pro-duits lessiviels d’ici 2012. Leprincipe du bonus-malus seraétendu mais très lentement surplusieurs produits de grandeconsommation, les ampoules àforte consommation d’énergieseront retirées de la vente en2010. La quantité de déchets rési-duels à incinérer ou stocker devrabaisser de 15 % d’ici 2012. Les objectifs fixés par la loi « Gre-nelle 1 » devront trouver des finan-

cements. Pour cela, les prochainsrendez-vous seront la loi definances pour 2009 et la loi « Gre-nelle 2 », qui doit décliner concrè-tement le « Grenelle 1 ». Soncontenu, qui crédibilisera ou nonles objectifs fixés dans le Gre-nelle 1, n’a toujours pas été dévoilé.C’est donc au travers de cette loiGrenelle 2, mais aussi au traversdes objectifs des textes européenssur le climat et la révision de laPAC, qu’apparaîtra ou non lavéritable ambition écologique dugouvernement français. ■

Claudie Martens

LA LOI D’ORIENTATION « GRENELLE 1 » a été adoptée le 21 octobrepar l’Assemblée avec 526 oui, 21 abstentions et 4 non.

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CHIFFRES EN VRAC3 000 milliards d’eurosMontant des capitaux injectés par lesÉtats développés pour le sauvetage desbanques (Libération, 16/10/08).

1 700 milliards d’eurosMontant du plan européen de sauve-tage des banques (Libération, 14/10/08).

30 milliards d’eurosFinancement annuel nécessaire estimépour assurer la sécurité alimentaire del’humanité (Libération, 16/10/08).

20 milliards d’eurosPrimes des employés du secteur finan-cier (« fat cats ») britannique en 2008,soit 320 euros par Britannique (Libéra-tion, 19/10/08).

600 millions d’eurosPerte subie par des traders de la Caissed’épargne (Libération, 19/10/08).

53,5 millions de dollarsGains de Lloyd Blankfein, PDG de GoldmanSachs en 2007 (Le Monde, 20/10/08).

310 SMICGains des patrons du CAC 40 en 2008(L’Humanité, 30/10/08).

51 %Augmentation des 2 500 salaires lesplus élevés en France, entre 1988 et2006 (Le Monde, 21/10/08).

923 millions de personnes affa-mées en 2008 (Libération, 22/10/08),soit 75 millions en plus en un an.

7,1 millions de pauvres enFrance, gagnant moins de 817 euros parmois (Libération, 17/10/08).

7 ansDifférentiel d’espérance de vie entrecadres et ouvriers à 35 ans (Libéra-tion, 19/10/08).

RevueLe numéro 5 de Savoir/Agir,la revue trimestrielle de l’as-sociation Raisons d’agir estparu. Le dossier, coordonnépar Frédéric Pierru estconsacré à la question de lasanté : comment elle a étéprogressivement « soumise

au régime néolibéral » au cours desdernières années ?Le grand entretien avec Alfred Spira,directeur de l’Institut de rechercheen santé publique, est consacré à lasanté publique et à la façon dont lesoutils de la recherche contempo-raine dans ce domaine ont contri-bué au renouveau de la médecine.Les rubriques habituelles (Paroles, Larhétorique réactionnaire, Chroniquede la gauche de la gauche, Actua-lité, Europe, Politiques d’ailleurs)complètent ce numéro de 172 pages,disponible au prix de 15 € dans lesbonnes librairies ou franco de portaux éditions du Croquant, Broissieux,73340 Bellecombe-en-Bauges.([email protected]).

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DOSSIERPartenariat CNAM-SNES

Libérer son travail,agir sur son métier

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uxDossier coordonné par Claudie Martens, Carole Condat et Nicolas Morvan et réalisé par : • pour le SNES : Patrick Bader, Michelle Carmes,Jean-Michel Gouezou, Hélène Latger, Sandra Matos, Catherine Remermier, Frédérique Rolet • pour l'équipe de clinique de l'activité du CNAM :Danielle Ruelland-Roger et Jean-Luc Roger • pour les professionnels de l'Éducation nationale (professeurs, CPE, CO-Psy) : Sylvie Amici, Yolande Allognier, Laurent Danne, Christine Grandjean, Marie-José Houssin, Fabrice Madkaud, David Maréchal, Christelle Serra.

Au quotidien, inlassablement, les professionnels del’Éducation nationale construisent leur métier, évoluentdans leurs pratiques, travaillent collectivement à faireréussir les élèves par le biais de savoirs vivants etformateurs. Cela ne se fait pas sans des difficultés

croissantes, une fatigue et des interrogations de plus en plus sensibles ;le métier traverse une crise dans son cœur même, le travaild’enseignement. Qu’enseigner, comment le faire, pour quels objectifsdans une société de plus en plus traversée par les inégalités, unedépense d’éducation en régression, une fracture palpable entre lesexigences scolaires et une partie des jeunes ?Ces questions traversent l’exercice du métier, requièrent des outils deformation, des échanges aptes à faire émerger les débats professionnels,la parole des enseignants sur leur activité. Or, l’institution, au fil desréformes, cherche à modifier les façons de faire des équipes éducatives,

encadrer le métier, renforcer contrôles et prescriptions au détrimentdu pouvoir de décision. Les injonctions ministérielles s’accentuent,le renoncement politique à une éducation exigeante pour tous setraduit par la volonté d’élargir les missions des enseignants, réduireles équipes. Des batteries d’indicateurs sont mises en place, censéesmesurer des compétences fractionnées alors que ce qui se joue dansla classe articule des données très complexes. En dépit de tout, lesenseignants, les CPE, les CO-Psy, les documentalistes persistent à fairevivre leur métier, innovent et opèrent les choix propices à faire entrerles élèves dans les apprentissages.En choisissant de mener un travail de recherche avec le CNAM(Conservatoire national des arts et métiers), le SNES a fait le pariqu’il était possible de recréer du collectif, de dépasser l’individualisation,voire la psychologisation des problèmes professionnels, pour remobiliserle métier et redonner le pouvoir de décision aux acteurs. ■

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À la demande du SNES, l’équipe de clinique de l’activité duLaboratoire de Psychologie du Travail et de l’Action duCNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers) mèneune recherche. Trois collectifs de professeurs d’histoire-géographie, philosophie et maths travaillent sur leur travailavec des chercheurs.

• Remise d’un rapport au SNES : Il a permisde valider la possibilité de mener avec desprofessionnels de l’Éducation nationale unedémarche de reprise en main personnelle etcollective du métier par ceux qui le font.

2001-2004 : une phase de rechercheChronologie

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IER Constat

Restaurer son pouvoir d’agir

plexes entre des exigences contradictoires.Dans le cours quotidien de leur activité, lesprofessionnels sont pris dans des « conflits decritères » nécessitant des arbitrages perma-nents et multiples. Quelques exemples prischez les professeurs : à un moment du cours,s’adresser à toute la classe, à un élève, àquelques élèves, peut devenir incompatible et

rendre difficile lapoursuite du cours ;la recherche del’écoute collectivepeut s’opposer àl’activité propre dechaque élève ; la

poursuite du programme peut gêner une véri-table construction des connaissances ; lesobjectifs d’acquisition de savoirs, de réflexi-vité et de compétences peuvent entrer encontradiction avec des modalités et des conte-nus d’apprentissages prescrits ou avec lafragmentation du temps scolaire.En fin de compte, dans leur travail, les pro-fessionnels de l’enseignement sont toujoursdavantage pris au piège de situations où s’op-posent entre eux les objectifs à atteindre.Pourtant ils tiennent bon et inventent dessolutions qui permettent en général d’avancermais qui sont bien souvent partielles, limitéeset surtout instables.

Un véritable « travail sur le travail »Une solution est certainement d’engager un« véritable travail sur le travail ». C’est ce quepropose « l’équipe de clinique de l’activité »du CNAM. En se confrontant à des traces dece que l’on a fait (par exemple des vidéos de

cours), il s’agit de construire une vraie contro-verse entre les professionnels, hors de toutjugement de valeur, sur les façons de faire dechacun : s’interroger sur ses gestes de métierdans leur détail, s’en étonner, les confronterà ceux des autres pour faire surgir les tenantset les aboutissants de ce que l’on fait : com-ment on fait plutôt que pourquoi on le fait.Autrement dit, mettre au jour « le réel del’activité » : les hésitations, interrogations,les bifurcations, les modifications de son pro-jet ; ce que l’on voulait faire mais que l’on n’apas fait, ce qu’on a été amené à faire – du faitde l’activité des élèves –, ce qui a été trans-formé dans le cadre même du cours, ce qui estresté implicite ou inconscient, ce qui s’estfait – ou ce qui a été empêché – en pensant auxcollègues, aux parents, à l’IPR qui a dit que...

Penser le métierLes conflits dans lesquels on est pris peuventalors se dire et s’expliciter pour soi-même.En les remettant en dialogue, en interroga-tions, on y trouve de nouveaux échos, onréveille des gestes et des façons de faireoubliés, abandonnés autrefois, modifiés.Confrontés à ceux des autres, ils s’enrichis-sent de nouvelles potentialités.On développe ainsi pour soi-même, et pourles autres, une palette élargie de ressourcesnouvelles ou réactivées, qui enrichissent sonmétier non pas par l’imposition normative de« bonnes pratiques » mais par le développe-ment collectif des manières de faire et depenser le métier. Il s’agit de restaurer – dansles deux sens du terme : rétablir, renouveler– le pouvoir d’agir des professionnels. ■

Face à la crise des métiersde l’enseignement, l’équipe de cliniquede l’activité du CNAM propose d’engagerun véritable travail sur le travail.

La crise des métiers de l’enseignementqui gagne partout aujourd’hui est unecrise de réalisation, d’effectuation du

travail. Elle tourne autour de la question quese posent quotidiennement de plus en plus deprofessionnels : « Comment faire ce que jedois faire, que j’ai envie de faire, qu’on me ditque je dois faire, que je me dis de faire et queje n’arrive pas à faire ? »

Attentes contradictoiresCar les contraintes pesant sur l’activité d’en-seignement et compliquant son exercice sesont multipliées : attentes des familles etattentes sociales contradictoires, contenusdes programmes et apprentissages, pressionsde l’administration, prescriptions de plus enplus normalisées, organisation des établis-sements, conditions de travail, etc. Cescontraintes sont alourdies par la diversité descomportements sco-laires des élèves.La quasi-disparitiondes lieux qui per-mettaient de débattreou même simple-ment d’échanger surle métier – formation continue, réunions péda-gogiques... – a distendu les liens entre pro-fessionnels au moment où il aurait fallu lesrenforcer. Ces liens sont constitués demanières de faire, de concevoir son travail, debuts communs, de valeurs partagées, définis-sant un patrimoine commun – des genres pro-fessionnels dans lesquels les professionnels dusecond degré se sont, historiquement, recon-nus. Aujourd’hui, ces genres sont en crise,les désaccords sur les questions de métier sesont amplifiés.En fin de compte, les professionnels del’enseignement ont le sentiment d’êtreabandonnés à eux-mêmes, sans même lerecours de choix partagés avec les col-lègues, face à des prescriptions elles-mêmesde moins en moins pertinentes pour faire du« bon travail », voire pour pouvoir sim-plement faire son travail. Et pourtant, ilsessayent d’accomplir leur métier « malgrétout », en cherchant des compromis com-

❶ Le collectif de professionnels travaille à partir de traces de l’activité. Les professionnels sont filmés lors d’une séquencede travail, ici, un enseignant est filmé en cours.❷ Le professionnel est confronté aux images de sa séquence de travail, en présence de l’intervenant. C’est l’autoconfrontationsimple. On cherche à entrer dans le détail des gestes du métier.

❶❶ ❷

Les contraintes pesant sur l’activitéd’enseignement et compliquant son exercice se sont multipliées

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2005-2008 : une phase d’expérimentation• De nouveaux collectifs de professeurs sont constitués,encadrés par un couple de « professionnels-animateurs » (unprofesseur membre du groupe de suivi CNAM-SNES et unprofesseur ayant participé à la première phase). Un groupe deCO-Psy et un groupe de CPE voient aussi le jour.• Cette expérimentation est suivie par les chercheurs del’équipe de clinique de l’activité : Danielle Ruelland-Roger,

Jean-Luc Roger, et les duos de « professionnels-animateurs ».Ainsi la validité scientifique de la démarche est garantie.• L’expérience montre que des collectifs de travail sur letravail peuvent être animés par des professeurs, à conditionqu’un cadre soit garanti. C’est la première fois que cette étapeest expérimentée.

Hélène, enseignante en histoireet géographie, animatrice del’un des collectifs de professeurs,rend compte d’une démarche originalehors de tout regard hiérarchique.

Sur ma boîte académique, je trouve undocument transmis par le rectorat :« Guide des bonnes pratiques pédago-

giques », rédigé par les IPR-IA...

La parole des expertsStupéfaction ! C’est bien la première fois queje suis destinataire d’une telle note portant untel titre... Indignation ! À la lecture, il est évi-dent que les rédacteurs vivent sur une autre pla-nète : ils ne semblent pas avoir dedoute sur la faisabilité ni sur la per-tinence de leurs prescriptions qu’ilsne justifient jamais... Colère ! Unefois de plus, des experts nous disentce que nous devons faire. Personnene m’a, ne nous a, consultés ni demandé cequ’il en était. Et pourtant comme les autresenseignants je m’adapte aux élèves, auxréformes, aux exigences sociales, je prendsdes initiatives, je cherche et parfois je trouvedes solutions, j’invente, au quotidien, dansl’urgence. Et je suis là, seule face à cette note,face à cette institution qui me méprise, menie ! Décidément, la tentative de normalisationdes pratiques par les experts de l’Éducationnationale via les instructions, la formation etl’inspection est un des éléments essentiels dela crise du métier.

Une démarche sans regard hiérarchiqueOr une démarche radicalement différente,expérimentée, est possible : celle du dévelop-pement par chacun de son métier, dans lecadre d’un collectif de travail, constitué depairs, sans regard hiérarchique. Certes celaexige un cadre rigoureux. Dans un tel collec-tif, un intervenant, qui peut être un profes-sionnel, doit garantir un cadre strict sans jamaisadopter une posture de surplomb : c’est lapossibilité pour chacun, dans le dialogue, de laparole libre, c’est-à-dire hors de tout juge-ment, de tout modèle importé, de toutes normesexternes. Rien de plus étranger à l’Éducationnationale. Au sein d’un tel collectif de travail,chacun est porteur de façons de faire considé-rées comme acceptables par le milieu profes-sionnel, issues de son histoire. Mais chacun les

retravaille par ses propres expériences, et parson histoire personnelle. Dans la controverseamicale, mais sans concession, qui s’instauresur le métier, chacun traverse les expériencesdes uns et des autres, tissant, ce faisant, les filsdu métier. Les plus anciens font vivre le métiercomme une somme d’épreuves et de pro-blèmes à résoudre ; repenser son expériencec’est faire vivre son histoire personnelle etprofessionnelle dans l’histoire de l’institution.Le métier se reconstruit alors en chacuncomme une palette élargie de manières defaire dans lesquelles on se reconnaît – « être dumétier » – et qui permet de ne plus être isoléface aux prescriptions, aux difficultés..., voired’en contester avec pertinence les fondements.

En même temps, la démarche garantit àchaque individu la liberté de faire à sa façon,avec son propre pouvoir d’action. Chacunen prend et en laisse et gagne ainsi en auto-nomie. En remettant en dialogue ses façons defaire, ses conflits de critères, on y trouve denouveaux échos, on réveille des actes et desfaçons de faire oubliés, modifiés…, on lesconfronte à ceux des autres. Ils s’enrichissentde nouvelles potentialités. On développe ainsipour soi-même des ressources nouvelles ouréactivées, qui enrichissent son activité, nonpas par l’imposition normative de « bonnespratiques » mais par le développement col-lectif des manières de faire.

Un collectif de travail Se tissent alors les contours d’un collectifde travail qui retend les fils communs dumétier en laissant ouvert le développement dumétier individuel. On est aussi loin du« travail d’équipe » qui modélise les pratiquesindividuelles sur des normes imposées etculpabilise les professionnels, que de laproclamation de la « liberté pédagogique duprofesseur », réduite de fait à un « débrouille-toi tout seul ». On est également loin desdémarches d’analyse des pratiques : elles secontentent du récit – critiqué – de ce que faitun professionnel, et l’analyse finale de lapratique est quasiment toujours effectuée parun « sachant ». On est très loin aussi de lavision thérapeutique qui prétend soigner desindividus victimes de leur souffrance autravail.La dimension personnelle, individuelle, dutravail et la dimension sociale, collective,sont ainsi pensées ensemble. Pour les plusjeunes des professionnels, l’expérience a étéparticulièrement enrichissante. Ils y onttrouvé, selon eux, ce que ne fournissent ni uneformation abstraite, ni une simple observationdes pratiques des anciens dont ils ne perçoi-vent que les formes extérieures et les auto-matismes installés. Ils ont pu avoir accès auxdiverses façons de faire, et surtout à desdébats à partir desquels ils ont pu, à égalitéd’interrogation avec les anciens, élaborerleurs propres façons de faire.On a là un outil d’action, de formation et detransmission du métier efficace dont la miseen œuvre devrait être reconnue commemoment constitutif de notre travail. ■

2008...Le travail se poursuit.Des groupesinterdisciplinaires ontété constitués dans deuxcollèges difficiles.À suivre…

Démarche

Richesse collective et liberté individuelle

❸ Le professionnel est confronté à nouveau à ses images, en présence de l’intervenant et d’un pair, qui s’est lui-mêmeconfronté aux images de sa propre activité. C’est l’autoconfrontation croisée. On confronte les manières de faire.❹ Confrontation des manières de faire à l’intérieur du collectif de professionnels de départ. La confrontation dialogique surl’activité de travail n’a, a priori, pas de limites. Le dernier mot n’est jamais dit…

❸ ❹❹

La dimension personnelle, individuelledu travail et la dimension sociale,collective sont ainsi pensées ensemble

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Les propositions du SNES Recrutement et formation• Prérecruter et rénover les concours– Élever le niveau de recrutement desenseignants et des CPE en recourant à devéritables prérecrutements, sur critères scolaires etuniversitaires, à toutes les étapes du cursus.– Maintenir des épreuves à caractère disciplinairepermettant de s’assurer que les candidats

• Construire la professionnalité– Construire la professionnalité sur plusieursannées, de la préprofessionnalisation à l’annéede stage.– Faciliter l’entrée dans le métier : premièreannée de titulaire à demi-service sansaugmentation du stage en responsabilité.

«C e qui rend le travail difficile, c’est de ne pas arriver à fairequelque chose qu’on a prévu, enfin qu’on voudrait faire.C’est ça qui fatigue, qui use et il n’est pas possible de

concevoir qu’on ait pour seule possibilité de s’en sortir tout seul.Pourtant ça paraît des problèmes assez partagés, des situations cou-rantes ; il y a bien des choses à trouver collectivement » dit Clau-dine, professeur en collège ZEP. D’autant, dit Line, du même col-lège, que « ce n’est pas son échec personnel. Ça dépasse noslimites individuelles, c’est le métier qui va mal. ».Mais « tout le monde est très pudique » sur les situations usantesauxquelles sont confrontés les uns et les autres. D’autant que le quo-tidien du travail, c’est la course : « il y a une heure et puis l’heured’après, et puis on passe à une autre classe, et puis c’est le len-demain, et puis il y a les réunions, le soir on n’a pas pu, il y a lesenfants ».Cependant il est aussi possible de faire autrement. Mais « Il a falluvraiment un moment où il y a eu un échange, soit comme pour moiavec des stagiaires, soit comme pour toi avec l’autoconfrontationaux images de ta classe et de celle de ta collègue, pour qu’on trouvedu plaisir à revisiter une séance de cours, pourqu’on se donne le temps de le faire. » Néan-moins, elles sont rares, les occasionsd’échanges, de discussions, de controversessur ce qu’on fait, ce qu’on voudrait faire, cequ’on n’arrive plus à faire, ce qu’on pensequ’il serait bien de faire, d’autant que chacun travaille seul et nevoit pas comment font les autres.Dès lors, chacun a tendance à accentuer la part qui lui incombe dansles difficultés qu’il rencontre. Pourtant, comme le disait Guilaine

qui a partagé avec Claudine et Line l’expérience des autocon-frontations et des échanges sur les images de leurs cours, « être pro-fesseur, c’est faire un métier et comme pour tout métier, il y a desoutils. Maintenant que c’est clair pour moi, quand je me remets en

cause, je ne me remets plus en cause en tant quemoi, Guilaine, mais en tant que moi, professeurde mathématiques, qui fais mon métier. Ducoup je me pose toujours autant de questionsqu’avant, mais quand je cherche des solutions,je ne les cherche plus, je dirais, dans mes res-

sources personnelles. Comment dire ? Je ne vais pas les chercherdans mon caractère, mais plus dans mon statut de professeur. Jeme dis : qu’est-ce que je peux faire pour faire face à cette situa-tion ? Quelles sont mes ressources ? » ■

Sur le terrain : retour des collectifs de travail

CO-Psy : reprendre le métier, une question d’actualitéPour les Conseillers d’orientation-psycholoques,le renoncement ou le repli peuvent être au rendez-vous : à quoi bon s’évertuer à développer unmétier dont le compte apparaît déjà réglé dans denombreux rapports ! Pourquoi remettre en jeunos pratiques professionnelles quand elles sontattaquées de toutes parts ? Et pourtant entreabandon et sclérose, il y a une troisième voie : par-ler métier.Ainsi Karine et Sylvie, engagées dans la rechercheavec le CNAM, débattent de la place que l’on doitaccorder aux évaluations scolaires et des objec-tifs d’un entretien avec un élève de Terminale, aumois de janvier.K : Dans un entretien, on peut évoquer l’hypo-thèse des redoublements. Cela reste une possibi-lité. Le travail sur les vœux, la réflexion sur l’orien-

tation se font sans que l’on sache s’il aura effec-tivement son bac.S : Oui mais ce n’est pas une donnée que l’onpeut intégrer, alors que les bulletins, c’est plusconcret. Je suis quand même dans l’idée qu’il fautqu’il réussisse son troisième trimestre. Qu’il bosseun peu au lieu de tout lâcher et dire « de toutefaçon, la CO-Psy m’a dit ton dossier de DUT, il nepassera jamais, la fac tu n’es pas prêt pour cela ».Je me dis que s’il sort du lycée avec son bac,même si pour être chef d’entreprise, il n’a pasbesoin de son bac, ce ne serait quand même pasmal qu’après l’entretien, il soit un peu en cours. Tune le vois pas mais là, il peut passer le troisièmetrimestre très tranquillement.K : Tu es dans l’optique de restaurer une dyna-mique jusqu’à la fin de l’année, déjà.

Dans cet échange apparaissent des dimensions fon-damentales propres à un métier. D’abord la pres-cription est bien là. Nos pratiques viennent s’ados-ser aux textes officiels, c’est la dimensionimpersonnelle du métier. La manière de traiter ceprescrit apparaît dans la dimension personnelle, lestyle. Quant à la dimension transpersonnelle, elleest dans l’enjeu de l’entretien : pour cet élève deTerminale avec un dossier scolaire faible, quelsens prend l’ouverture du champ des possibles ?Pour un CO-Psy, ce métier, c’est examiner avecl’élève les différentes possibilités de vœux sans enexclure, la possibilité que son dossier soit retenuet la congruence avec son projet personnel. Maisc’est aussi créer une dynamique pour permettreà l’élève de prendre conscience de ses ressourcespour envisager au mieux ses projets.

Être professeur, c’est faire un métier et comme pourtout métier, il y a des outils

Quand le métier va mal :s’en sortir seul ?

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Conditions de travail MétierDévelopper la formation continue On doit l’inclure dans le temps de travail, et elle

doit permettre aux enseignants de se former toutau long de leur carrière.

Elle doit valoriser la dimension conceptrice dumétier.

• Abaisser les maxima de services de tous– Pour mieux tenir compte des différentes tâchesconstitutives du métier (tutorat, vie de classe…).– Intégrer dans le service des enseignantsles missions de soutien scolaire.

• Limiter les effectifs – Limiter les effectifs par classes et groupe.

• Faciliter le travail en équipe pour tous – En créant un forfait horaire géré par les équipes.

• Travailler la question du métier– En augmentant les connaissances portantsur le métier et les enseignements disciplinaires.– En favorisant la réflexion collective et enorganisant l’analyse critique sur les programmes,

Sur le terrain : retour des collectifs de travail

Comment se perdre

«I l vaut mieux ne pas trop s’appuyer sur cequi a été fait avant avec les élèves, ou toutau moins, ne pas trop attendre que ça

marche. » Voilà une surprise pour Marion,jeune néotitulaire de mathématiques, surprisequi entraîne des inquiétudes : « Du coup, jeprépare une heure de cours et j’en ai pourtoute la semaine et j’ai la pression du pro-gramme. »Chance pour Marion, c’est dans un groupe detravail qu’elle exprime son problème. Elle peutse tourner vers ses collègues : « Ça fait forcé-ment une pression de ne pas pouvoir faire cequ’on a prévu. Non ? Comment m’y perdre...Euh... m’y prendre ? »Ils ne lui répondent pas directement. Mais ilsdisent qu’il leur arrive de faire face au mêmedilemme : « On est toujours bloqué par descalculs simples correspondant à des appren-tissages anciens et finalement ça prend dutemps car il faut toujours réexpliquer » ou, unautre : « On s’aperçoit que le programme, il estquasiment infaisable avec eux si on veut vrai-ment que tous comprennent correctement. Onessaie de faire ce qui est essentiel pour lasuite ». Un de ses collègues un peu plus expé-rimenté affirme ses propres difficultés : « jeme suis dit, je préfère qu’ils comprennent ».Ainsi Marion va trouver du répondant à ses

« Maintenanttu sais que tu es

légitime danstes façons de faire »

Enseigner autrement ? C’est laquestion dont débattent Fabrice,débutant, Yolande, très expéri-mentée, et Christelle qui a dix ansd’expérience :F. Ce qui manque dans le discoursinstitutionnel, c’est le contexte.Toute la diversité des outils qu’onnous délivre ! Si l’institution veutqu’on s’y investisse, il faut qu’elletrouve d’autres moyens pour qu’onrentre dans ces outils.C. Moi je ne demande pas de moded’emploi !F. Ici [dans ce groupe] ce queYolande me donne ce n’est pas unmode d’emploi. Elle explique com-ment elle fait et je comprends com-ment sa mayonnaise prend. Alors jepeux essayer de faire prendre mamayonnaise à moi. Quand on nouspropose des outils en stage ouailleurs, on nous dit : vous faitesça comme ça. Après il y a une zoned’ombre qui est quand mêmesacrément importante et que per-sonne ne peut éclaircir. C’est là toutle problème ! Pourtant je prends parfois desrisques ! Mais je ne prendrais pasces risques si je n’avais pas parti-cipé à ce groupe.Denis et Guilaine appartiennentà un autre groupe de travail. Ilss’interrogent sur ce qui a changé,avec l’expérience commune qu’ilsviennent de vivre, dans leur rap-port à l’innovation. Leur discus-sion permet de mieux comprendrela prise de risque évoquée parFabrice.G. Ce qu’on fait entre nous, c’estune appropriation du métier. Çanous donne la liberté d’essayer deschoses, on s’autorise beaucoupplus, on a les clefs pour essayerdes choses alors qu’on ne les avaitpas avant.D. Je ne crois pas que ce soit seu-lement une question d’assurance.C’est une question de légitimité carmaintenant tu sais que tu es légi-time dans tes façons de faire, que tupeux les changer.

CPE : un collectif de travail émancipateurCette recherche en clinique de l’ac-tivité a réuni sept CPE franciliensvolontaires autour de deux cher-cheurs, toutes les cinq semaines,pendant trois ans. Ils ont procédé demanière indirecte (instruction ausosie, confrontation à desséquences d’activité filmées) puisont retravaillé seuls et en collectifles traces écrites de ces travaux, detelle sorte que chaque productionécrite devenait objet de la réflexiondu collectif. En rentrant dans ledétail extrême du geste profes-sionnel, ils ont pu s’interroger sur le« comment » de l’activité.Par exemple, au sujet de l’ouver-ture du collège : certains ne

voyaient pas comment on pouvaitorganiser sa journée de travail sansarriver bien avant les élèves et lesenseignants. Tous n’ont pas cettepratique et une controverse sedéveloppe dans le cadre garantipar les chercheurs. Se dégage l’hy-pothèse qu’il y a là une manièrede tenter de maîtriser l’instantpour compenser l’imprévisibilitéintrinsèque au métier de CPE. Ils enviennent alors à considérer cemode d’organisation comme UNEdes possibilités qui s’offrent à euxet s’affirment comme concepteursde leur métier.D’autres controverses ont surgi aufil du collectif. Elles concernent

l’usage du carnet de correspon-dance, la validité d’un motif d’ab-sence, l’entretien avec l’élève et lesinterruptions qui peuvent le ryth-mer...Tout en donnant l’illusion de s’at-tacher au « comment » et d’éluderle « pourquoi », ce travail enrichitprofondément ses participants. Ilsy gagnent en capacité d’analysedu réel (les possibles au-delà duréalisé) et en assurance parce que,dans ce cadre, c’est le profession-nel qui est l’expert de son métier,y compris face à une hiérarchietrop souvent prescriptive. En cela,ce travail a été ressenti par le col-lectif comme émancipateur.

ou comment s’y prendre ?

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interrogations dans les répliques des uns et desautres. Elle prend alors conscience qu’il s’agit làd’un problème de métier auquel tout enseignantest plus ou moins confronté dans les conditionsde travail actuelles. Elle prend aussi conscienceque ce travail sur le travail avec quelques pairsplus ou moins expérimentés s’avère être « unbon accompagnement. À peu près le seul travailpositif qu’elle ait fait cette année-là avec des col-lègues », c’est-à-dire, d’une autre façon, un bonmoyen d’assurer la transmission du métier entreceux qui le font. ■

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R Entretien

L’US : La presse se fait de plus en plussouvent l’écho des questions, ou toutau moins des problèmes du travail.Notamment depuis les cas dramatiquesde suicides au travail. Commentexpliquez-vous le retour de ce thème ? En fait, sur fond d’intérêts sociaux antago-niques, on assiste à la généralisation d’unecrise du travail humain. Partout il est deplus en plus difficile pour les profession-nels, de tout simplement effectuer leur travailet encore plus de faire du « bon travail » donton peut être fier.Cette crise renvoie à la complexification de cequ’est l’acte de travail. Les mutations desobjectifs et missions, des contenus etméthodes, de l’organisation, ont considérablement intensifié le tra-vail et transformé ses composantes, laissant les professionnels endifficulté pour faire face à des situations de travail de plus en plusproblématiques. C’est ce qui sous-tend les injonctions répétées desinstances dirigeantes à « l’engagement de soi » des professionnels.Car ce sont eux qui, en fin de compte, doivent, en travaillant, assu-mer les problèmes, inventer des solutions, tenter de faire tenir« malgré tout » des situations parfois difficilement tenables.Car dans le système de domination dans lequel nous vivons, aulieu que s’instaure un dialogue fructueux entre ceux qui font etceux qui pilotent, il s’est mis en place, sur une vaste échelle, uneconception de type technocratique, aux préoccupations pure-ment gestionnaires, qui impose des règles et normes, en niant lesavoir d’expérience de ceux qui travaillent. Du coup l’organi-sation du travail n’est pas tant un lieu de coopération pour réglerles problèmes, qu’un moyen de plier les professionnels à des fina-lités et des formes d’organisation qui non seulement viennent d’enhaut et leur échappent mais les soumettent à des tensions diffi-cilement supportables, car inadaptées à l’accomplissement d’untravail de qualité dans lequel ils se reconnaîtraient.

L’US : Comment cela se concrétise-t-il dans les relations de travail ?On fait davantage appel à la pensée, à l’initiative, là où le tay-lorisme chassait la pensée, mais cette initiative est à la foisprescrite et proscrite, exigée et interdite. Les travailleurs sont sol-licités car ils doivent se débrouiller avec des situations réelles pluséquivoques qu’auparavant. Mais ils sont tenus éloignés desobjectifs et de leur évaluation. Eux sont évalués toujours plus,mais leur propre évaluation des finalités du travail est le plus sou-vent refoulée. C’est la généralisation de l’activité empêchée, rava-lée. Ceux qui travaillent sont entamés parce qu’ils ne peuvent pasfaire, par exemple, un travail de qualité au nom des procédures« Qualité ». Dans les services, l’objet travaillé est encore pluséquivoque : c’est l’activité d’autrui, celle de l’usager et duclient ; le travail est potentiellement plus engageant.C’est quelque chose qui est bien avancé dans nombre dedomaines et cela s’installe progressivement dans d’autres commel’Éducation nationale. En témoigne l’action modélisatrice qui

tente de dégager les « bonnes pratiques », deles formaliser, de les imposer. Ainsi en est-il encore des tentatives d’encadrement accruet de mobilisation des professionnels, sin-gulièrement au niveau local, et dans cellesd’individualiser les cadres, les modalités dutravail, donc sa rémunération.Les effets sociaux d’une telle orientationsont graves. Cela conduit à des pertes d’ef-ficacité, des gâchis et une difficulté dans laréalisation des missions sociales à assumer.Pour les professionnels eux-mêmes, la tyran-nie du court terme, le mépris du réel, la ren-tabilité immédiate, rongent le plaisir de tra-vailler ; l’intensification gestionnaire devientd’autant plus insupportable, mettant sou-

vent en cause la santé physique ou psychique. On en est à un pointtel que nombre de directions d’entreprises ou d’administrationsmettent en place une sorte de « coussin compassionnel » sousforme de soutiens psychologiques diversifiés. Elles espèrentpallier ainsi les ravages de l’organisation technocratique du tra-vail, mais surtout convaincre les individus d’entrer dans le cadreprescrit, de s’imputer personnellement les dysfonctionnementsdu travail et en fin de compte d’accepter l’inacceptable.

L’US : Dans ce contexte, en quoi votre démarche de « travail sur le travail » avec les professionnels, se démarque-t-elle de ces choix ? L’impression qu’on peut avoir est celle d’un rouleau compres-seur auquel s’associent certains professionnels dans l’espoir des’en tirer personnellement. Mais nos travaux prouvent que les pro-fessionnels peuvent faire preuve d’étonnantes capacités d’in-tervention pour « soigner leur métier », quand on engage avec eux– qu’ils engagent entre eux – un vrai « travail sur le travail ». Carc’est bien le travail qu’il faut soigner là où on propose de plusen plus de soigner les personnes. Soigner le travail ne peut se faireque collectivement, entre connaisseurs de ce travail. En recréant,par l’échange, les liens du métier distendus par les injonctions,les réglementations, l’organisation du travail, c’est le tissu de sou-tien que constitue le métier qui se reconstitue. En analysant lesfaçons de faire de chacun, qui sont, de fait, communes à tous surdes modes personnalisés, on enrichit les ressources de chacun touten retissant les liens du métier, on relie autrement l’individu etle collectif. Ainsi peut, à certaines conditions, se renouveler lepatrimoine professionnel commun. C’est pourquoi la clinique dutravail que nous proposons sous le nom de clinique de l’activitévise le développement du pouvoir d’action des professionnels surleur propre activité dans l’organisation du travail telle qu’elle est,mais contre l’organisation du travail, au-delà de l’organisationdu travail actuelle. Sa finalité n’est pas fondamentalement de s’in-digner – quoique – mais de permettre une prise en main de leurtravail par ceux qui le font, une méthode d’action, pour agir surle travail et sur son organisation. Pour parvenir à faire autoritésur le travail, étendre le pouvoir d’agir des professionnels faceà des pouvoirs trop souvent nécrosés et déréalisés. ■

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« Se reconnaître dans son travail »Yves Clot est professeur titulaire de la chaire de psychologie du travail au CNAM

et directeur du Centre de Recherche sur le Travail et le Développement.Il vient de publier aux PUF un ouvrage intitulé Travail et pouvoir d’agir.

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Le SNES a toujours été porteur d’uneconception construite des métiers desecond degré, métiers complexes, néces-

sitant une formation de haut niveau tant scien-tifique que professionnelle, articulée avec lesrevendications pour un développement et uneamélioration du système scolaire.

Aller voir le travail : une démarche syndicaleAu milieu des années 90, les évolutions fortesvécues par le second degré sous l’effet de lamassification rapide, ont fait surgir de nouvellesquestions : était-on enseignant et/ou éduca-teur, y avait-il un ou plusieurs métiers desecond degré selon les disciplines ou le lieud’exercice, que signifiait « travailler enéquipe »... ? Pour répondre à ces interrogationset à certaines attaques contre les statuts et l’or-ganisation du travail qui les accompagnaient,il devenait indispensable d’explorer plus avantle métier enseignant pour argumenter plus for-tement dans une situation où l’on était presséde toutes parts (institution, enseignants, parentsd’élèves...). D’où le choix du SNES d’aller voirde plus près, en passant par la recherche avecle CNAM sur le travail réel.

Réinvestir des éléments de réflexiondans les discussions avec le ministèreAujourd’hui, la tentative de remodeler pro-fondément les métiers de l’éducation est enœuvre au travers de la réforme de la formationdes maîtres, du développement du profilage despostes, de la réforme du lycée, de l’indivi-dualisation des carrières. Elle vise à imposerune conception d’un métier défini selon desnormes techniques « expertes ». Les résultatsdu travail mené avec le CNAM peuvent être

Retour d’un stage organisé par la FSU Bretagne

réinvestis par le SNES pour démonter cettevision simplificatrice proposée par l’institution.Ainsi la complexité de l’activité dans lesmétiers de l’enseignement, que l’on ne peutréduire à un ensemble d’éléments juxtaposés,apparaît très nettement. On est à mille lieues dudiscours officiel et médiatique qui alimente lestentatives de réformes.Les collègues impliqués dans l’expérienceont du mal à s’en détacher, témoignant duréel besoin de ce travail de réflexivité. Sansdoute y a-t-il là matière à avancer sur l’exi-gence d’intégrer dans le service un temps« réflexif » de travail sur le travail. Un autre axea été expérimenté : le tutorat des stagiaires.Membres d’un même groupe, tuteurs et sta-giaires ont ouvert des perspectives intéres-

santes concernant la transmission de l’expé-rience professionnelle. Les résultats permettentde retravailler autrement la notion « d’ac-compagnement » proposée dans la réformede la formation.

Redonner à tous une parole offensive sur le travailEnfin, et c’est sans doute l’essentiel, les résul-tats obtenus confirment la faisabilité et lanécessité de multiplier des dispositifs permet-tant la mise à jour et en débat de la réalité dutravail individuel dans le cadre collectif. LeSNES envisage concrètement de dupliquerdes collectifs disciplinaires dans les académies,de démarrer l’expérience des collectifs de pro-fesseurs de différentes disciplines, exerçantdans le même établissement. Des stages natio-naux et académiques sont organisés dans cetteperspective L’objectif est de redonner à cha-cun une parole non plus défensive, mais offen-sive sur leur travail, de libérer le langage (onne parle plus sur les élèves mais sur son travail)et ainsi de gagner un pouvoir d’action trèsfort face aux experts de l’institution. ■

Le travail, parlons-en !

mon métier a du

Avec le

Depuis plusieurs années, nous avons acquis la conviction que notre syndi-calisme doit intégrer dans sa réflexion et ses pratiques les questions rela-tives à l’activité réelle de travail des collègues.C’est un des enseignements que nous tirons des stages organisés par l’ob-servatoire académique des contenus et des pratiques : les collègues ytrouvent un espace de débats, de confrontation, de réflexion, libre de toutregard hiérarchique.Au fil des ans, sans abandonner le travail sur les contenus, nous avons éla-boré des programmes autour de problématiques liées à l’évolution desnouveaux publics scolaires, la mise en activité des élèves, la difficulté sco-laire, la tenue de la classe, les conduites à risques, l’utilisation des TICE, lesnouveaux modes d’évaluation, la notion de compétences… Ce faisant nousrépondons à une attente des collègues.Il faut cependant aller plus loin : pris en tenaille entre les injonctions insti-

tutionnelles et leur conception du métier, les collègues doivent pouvoir dis-poser des outils nécessaires pour individuellement et collectivement résis-ter et reprendre la main sur leur métier. C’est ainsi que nous allons, parexemple, travailler sur l’évaluation dans la mesure où les critères retenuspar les IPR de l’académie visent à forcer la mise en œuvre de groupes de com-pétences, l’engagement dans l’accompagnement éducatif... Le stage FSU-Bretagne « le travail parlons-en » a ouvert d’autres pers-pectives : la démarche de l’autoconfrontation a suscité beaucoup d’intérêt,nous allons tenter l’aventure ! Enfin une meilleure prise en compte du travail devrait aussi nous permettred’intervenir dans les instances de concertation avec plus de pertinence lorsde l’élaboration du Programme académique de performances, du projet aca-démique, et dans les CHS.Avec le SNES, le métier a du sens ! ■

Enjeux - Perspectives

S’emparer syndicalementde la démarche

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MÉTIER

Qu’il soit important derecueillir l’opinion desjeunes, des parents et des

enseignants ne fait pas de doute,mais une telle initiative interroge aumoment où trois études de terrain,réalisées par le Céreq (voir enca-dré) avec des méthodologies rigou-reuses, viennent d’être publiées.Elles portent justement sur l’ana-lyse de la parole des élèves, l’étudedes parcours et de l’action des dif-férents acteurs locaux.Mais peut-être les conclusions neconviennent-elles pas au COE ?Elles constatent en effet que plusde 80 % des élèves sont satisfaitsde leur orientation. Elles infir-ment totalement l’hypothèse tes-tée par les auteurs de « l’inutilitédes CO-Psy » et soulignent aucontraire leur rôle incontournabledans les établissements et la per-ception positive de leur aide parles élèves. Ce sont particulière-ment les jeunes de milieumodeste, ceux qui sont scolarisésen filière technologique et pro-fessionnelle qui sont les plusnombreux à mentionner cette aide.De plus, contrairement à ce quiest asséné régulièrement, ces

études soulignent la visibilité duréseau des CIO. Alors qu’attend-on de cet appel à témoignages ?Comment seront contrôlées lasource des messages et la repré-sentativité des échantillons ?Comment replacer ces parolesdans un contexte personnel, localet scolaire ? Quelles catégoriesd’analyse seront retenues en

fonction de quelles hypothèses ?Le COE s’est saisi de la ques-tion de l’orientation des jeunesuniquement sous l’angle del’amélioration de l’emploi. Ilpasse ainsi sous silence la com-plexité des processus en jeu etparticulièrement le fait qu’un pro-jet d’avenir à l’adolescence n’arien à voir avec un plan de car-

rière. Il a également pris le partid’écarter de ses membres, laFSU. Or, les organisations quisiègent aujourd’hui n’ont passemblé élever de vives protesta-tions par rapport aux orientationsde ce groupe de travail.Puisque le COE évite les organi-sations représentatives du seconddegré, exprimons-nous sur son site(www.coe.gouv.fr) pour refuserl’externalisation des missions liéesà l’orientation, la confusion entreconseils et manipulation des choix,la suppression des CIO et le trans-fert d’une partie des tâches desCO-Psy vers les enseignants. ■

Catherine Remermier

28 - US MAGAZINE - Supplément au no 673 du 25 octobre 2008

LE 29 OCTOBRE par communiqué de presse, le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE), appelaitles collégiens, les lycéens, les étudiants, les membres de la communauté éducative dont les parents,à donner leur avis sur « la manière dont ils sont informés, conseillés pour s’orienter tout au longde leur parcours scolaire et universitaire ».

Orientation : attention manip’BRÈVES DU CÉREQ

• Les acteurs locaux de l’orien-tation : un exemple aquitain (sep-tembre 2008).• Orientation : la parole auxélèves (juillet 2008).• Orientation : quels repères pourtrouver son chemin ? (sep-tembre 2008)http://www.cereq.fr

Le ministre de l’Éducationnationale a tiré un bilan uni-latéral de la session 2008 du

baccalauréat. Ce bilan ignore lestensions qui ont eu lieu dans plu-

sieurs académies, où seule la trèsgrande responsabilité des per-sonnels a évité le pire. Il affichela réussite du dispositif de main-tien des élèves de Seconde dansles établissements expérimen-taux : en fait peu d’élèves ont eudes cours assurés après le 15 juin.Le « compactage » du calendriera rendu la situation particuliè-rement difficile en philosophie etpour l’EAF. Des enseignants ontdû refuser les conditions qui leurétaient faites pour conserver laqualité de leur travail et le res-pect des élèves. Des préavis degrève ont été déposés.Il ne serait pas acceptable que lecalendrier de la session 2009soit publié sur la base d’unegénéralisation de l’expérimen-

tation, sans que soient intégréesles modifications nécessaires.Déjà, des centaines d’ensei-gnants de philosophie se sontadressés au ministre pour le dire.Le SNES vient de s’adresser denouveau à Xavier Darcos pourrappeler l’exigence largementmajoritaire du Conseil supérieurde l’Éducation le 22 mai 2008(36 pour, 3 contre, 12 abs. et2 NPPV) d’« une remise à plat ducalendrier 2009, à partir d’un vraibilan de l’expérimentation », etdemander qu’une concertationait lieu avec les personnels etleurs représentants, avant toutepublication officielle du calen-drier 2009 (voir la lettre sur lesite du SNES). ■

Thierry Breton

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CALENDRIER DU BAC : SESSION 2009

Le SNES intervientZEP

Une journée en banlieueLe Sénat vient de publier le rapportd’information de Gérard Longuetintitulé « l’éducation prioritaire dansles académies de Créteil et de Ver-sailles ». Ce texte de 25 pages faitsuite au déplacement du sénateur le27 mai dernier dans ces deux aca-démies. Visite de deux établisse-ments (le collège Paul-Éluard àGarges-lès-Gonesse classé en RARet le collège Gérard-Philipe à Aulnay-sous-Bois classé en RRS), mais aussientretiens avec le recteur de Ver-sailles, le secrétaire général du rec-torat de Créteil et des IA, le tout enune journée.Nous reviendrons dans une pro-chaine US sur ce rapport particu-lièrement « léger » mais qui pour-rait annoncer certaines mesuresen matière d’évaluation et derenforcement du rôle des chefsd’établissement. Bruno Mer

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Supplément au no 673 du 25 octobre 2008 - US MAGAZINE - 29

STAGES À LA RÉUNION

Clarifier les enjeux

PROGRAMMES D’HISTOIRE

Nouvelle offensive mémorielle ?«

Est-ce qu’il ne faudrait pasqu’une bonne fois pourtoutes ce que nous consi-

dérons comme devant être ensei-gné aux élèves soit prescrit par lareprésentation nationale ? »Cette déclaration de Xavier Dar-cos, le mardi 28 octobre, lors deson audition devant la Mission

parlementaire sur les questionsmémorielles montre une profondeméconnaissance – démagogique-ment entretenue ? – de l’élabo-ration des programmes scolaires.En quoi les députés, qui décla-rent par ailleurs l’importance fon-damentale d’enseigner des hérospositifs à la jeunesse, sont-ils

compétents pour légiférer sur descontenus enseignés ? Le SNESréaffirme que la définition descontenus de programmes relèvede l’Éducation nationale enconcertation avec les enseignantset leurs organisations représenta-tives, l’Inspection générale, lesuniversitaires.Plus grave encore, le ministredéclare que l’école intègre parti-culièrement les lois mémorielleset il cite l’article 4 de la loi de2005 (portant sur le « rôle positifde la présence française outre-mer ») qui a pourtant été abrogé.Comment le ministre de l’Édu-cation nationale pourrait-ill’ignorer ? Il ajoute qu’il y étaitpersonnellement favorable...L’ensemble des propos duministre(1) et des députés présentsest inquiétant : volonté de court-

circuiter la société civile, confu-sion constante entre les loismémorielles, la question des com-mémorations à l’école et lecontenu des programmes d’his-toire. On ne peut que dénoncer le dan-ger que représente l’écriture d’unehistoire officielle même sous cou-vert d’un vote parlementaire. Pluson légifère sur ce point, plus onajoute de la confusion, de la polé-mique. Loin d’apaiser les que-relles, cette logique les fait naîtreou les réactive.Les dérives d’instrumentalisationne sont que trop évidentes et pour-raient concerner bien d’autres dis-ciplines. ■

Alice Cardoso

1. Tous les liens utiles sur http://www.snes.edu/spip.php?article15931.

Environ soixante-dix camarades,secrétaires de S1 et candidatsaux élections professionnellespour la plupart, se sont retrouvéspendant deux jours pour faire le point,avec Roland Hubert, cosecrétairegénéral, sur tous les dossiers« chauds » qui animentles salles des professeurs.

La réforme du lycée a soulevé denombreuses questions, révélatrices duflou et de la précipitation qui la carac-

térisent. Est-il nécessaire de réformer, pour-quoi tant de précipitation, où en est-on duprojet, que propose le syndicat ? Lesréponses de Roland Hubert et les débatssuscités nous ont permis d’avancer et deretourner mieux armés dans nos établisse-ments. Si la réforme ne s’est pas tout àcoup révélée transparente – il ne faut pasrêver – nous avons pu clarifier la stratégiedu ministère et la nécessité d’informer l’en-semble de la communauté éducative et d’or-ganiser la riposte la plus large possible.De nombreux camarades se sont prononcéspour un appel à la grève le 20 novembre,avec un bémol de la part des camarades decollège qui ont demandé un argumentaire endirection de leurs collègues. Tous ontsouligné la nécessité d’inscrire cette grèvedans une perspective d’actions plus diver-

sifiées et à plus long terme : actions variéesdans les établissements, « assises de l’Édu-cation » le 22 novembre qui feraientpendant à la journée du 29 en métropole et,le 6 décembre, « nuit des établissements »,jour de la Saint-Nicolas.Évolution de nos métiers, « revalo », pari-tarisme, stratégies et formes d’action... tousles sujets présentés pendant ces deux joursont fait l’objet de débats animés. Laprésence de nombreux jeunes camarades(et de moins jeunes) décidés à prendre desresponsabilités a permis d’éviter les débatsconvenus pour se situer aussi sur un terrainconcret autour des problèmes de chacun :comment convaincre ceux qui ne veulentrien voir, comment répondre au ras-le-bolde la grève de 24 heures, comment passer de« correspondant du SNES » à militant etsecrétaire de S1 ?...Pas de réponses convenues non plus de lapart du cosecrétaire général, mais plutôtdes pistes de réflexion et une clarificationdes propositions du SNES sur tous les sujetsd’actualité. Dire que nous sommes sortis dece stage rassurés et rassérénés serait excessifet bien naïf, mais ce qui est sûr c’est que cestage a permis à notre section académiquede mieux resserrer les rangs autour desenjeux et des élections professionnelles,face aux menaces sans précédent contrenotre service public d’éducation. ■

Martine Massias,cosecrétaire adjointe du SNES-Réunion ©

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EN 2002, BENJAMIN, CAMILLE, HÉLÈNE ET MAXIME SONT LYCÉENS et descendentdans la rue pour protester contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour des présidentielles. Quatre ans plus tard, étudiants à l’universitéde Lyon II, ils se mobilisent contre le CPE et la LEC. Pendant trois mois,leur implication est totale mais les modalités de leur engagement sont diverses.

PORTRAITS CROISÉS

Benjamin : Je ne suis actuelle-ment dans aucun syndicat ni partipolitique, mais je reste le pluspossible au contact de la vie mili-tante à la fac, et plus générale-ment à Lyon. Je reste persuadéque les syndicats ont leur utilitémais je ne me considère pas suf-fisamment en phase avec leursdifférentes positions pour adhé-rer. Ils font toutefois un travaild’information sur les campus quiest vraiment important. Nous avons proposé dans notrelivre la notion du NOPA, c’est-à-dire le Non Organisé Politi-quement Actif. Je me reconnaispleinement dans cette idée: jene suis dans aucune organisa-tion, je ne milite dans aucun

L’US : Quel estvotre parcoursd’étudiante et demilitante ? Hélène : Je mesuis inscrite en

DEUG de Communication à lafac de Lyon II en sep-tembre 2001 et je suis rentée àl’UNEF après le 25 avril 2002.C’est vraiment à partir de cettedate que se fait le déclic mili-tant et que je décide de m’enga-ger. J’étais déjà une lycéenneengagée et j’ai grandi dans unefamille militante avec desparents syndicalistes. Pour moi,l’engagement politique, surtoutaprès la défaite de la gauche,n’est pas naturel alors que je meretrouve tout de suite dans unedémarche syndicale. Peu à peu,j’ai pris des responsabilités et, enjuin 2005, je deviens présidente

de la section locale de l’UNEF.Dès l’annonce du projet de loisur le CPE en janvier 2006, nousengageons un travail d’informa-tion et de sensibilisation. Noussommes les seuls à organiser lamobilisation à cette période del’année.L’US : Comment avez-vousvécu cette période? Hélène : Ma priorité a été d’or-ganiser la mobilisation la pluslarge possible.Est aussi apparue au grand jourla question de la précarité desétudiants qui sont de plus en plusaussi des salariés pour financerleurs études. Être étudiant, c’estla précarité au quotidien et leCPE, c’était la précarité pous-sée jusqu’à son terme. C’étaitaussi la crainte d’un monde dutravail qui prolongerait la pré-carité étudiante. On ne dit pas

Hélène, responsable de l’UNEF« Confortée dans mon engagement »En mars 2006, Hélène a 22 ans. Elle est étudianteà l’université de Lyon II et responsable de l’UNEF Lyon.Aujourd’hui, elle est membre du bureau national de l’UNEF,chargée de la communication.

Benjamin, collectif 4 bis« Non Organisé Politiquement Actif »En mars 2006, Benjamin est étudiant en sciences politiques àLyon II. Il est actuellement en deuxième année de master à l’IEPde Lyon en sociologie politique.

cadre défini, je n’en reste pasmoins très concerné par les ques-tions politiques et syndicales. L’US : Pour quelle causeseriez-vous prêt à vous enga-ger aujourd’hui ?Benjamin : Les politiques gou-vernementales qui me révoltentlittéralement sont légion, depuisl’attitude vis-à-vis des étrangers,qu’on a tendance à systémati-quement criminaliser, le mas-sacre de l’Éducation nationale,la privatisation à peine cachéede l’enseignement supérieur,de la recherche, la braderie dela santé, etc. Ce qu’il memanque pour passer de l’intérêtà l’action, c’est un déclic, uneopportunité. ■

Le retrait du CPE, en avril 2006, marque le retour à la normalemais ces semaines de manifestations et de blocages ont laissédes traces. Les étudiants se sont approprié l’Université commeun lieu de débat et d’action politique. Certains décident alors

de répondre à la sollicitation de leur professeur de sciences politiques.Sophie Béroud propose à ses étudiants de « faire naître une parole étu-diante sur le mouvement » en participant à un groupe de réflexion etd’analyse. Le collectif 4 bis voit ainsi le jour. Pendant une année, dixétudiants se réunissent régulièrement. Ces ateliers d’écriture sont unmoyen de produire une réflexion collective sur les étapes, les enjeux,les tensions de la mobilisation. C’est aussi l’occasion de réinvestir lesconnaissances et les outils sociologiques étudiés en cours. Ce travailaboutit en avril 2007 à la publication d’un livre aux éditions Syllepse« le CPE est mort, pas la précarité ».Cet ouvrage est l’occasion de revenir sur le parcours politique et mili-tant de ceux que les sociologues rangent rapidement dans la catégo-rie « génération 21 avril » ou « génération CPE ». S’ils partagent lamême difficulté à concrétiser leur engagement dans des structurespérennes, leur réactivité politique et leur attachement à un engagementcollectif restent intacts. Témoignages à l’appui. Carole Condat

L’US : Quels ont été vos pre-miers engagements ? Benjamin : Ma première expé-rience militante remonte au prin-temps 2002. J’ai été assez tôt sen-sibilisé à la politique avec desparents enseignants qui en par-laient beaucoup. L’année de maTerminale, en 2003, a été trèsanimée, avec des mouvementssociaux à répétition : statut dessurveillants, défense du systèmede retraite, guerre en Irak.En arrivant à la fac, j’ai envisagéde me syndiquer, mais sansgrandes certitudes. L’UNEF étaitalors omniprésent à Lyon II, maisje n’ai pas franchi le pas. Fin2003, la réforme LMD fait bou-ger les facs et je me suis très viterendu aux AG. Mais sur Lyon, cemouvement a été un échec cui-sant. À partir de ce moment-là,ma vie militante a été mise entre

parenthèses, je me suis senti unpeu écœuré par tout ça. J’ai beau-coup suivi les débats sur laConstitution européenne en 2005,mais sans vraiment participer...C’est aussi pour ça que j’ai étéun peu lent à véritablement ren-trer dans le mouvement contre laLEC et le CPE. J’étais persuadéque les rivalités allaientreprendre le dessus. Mais je mesuis vite réinvesti dans les AG.J’ai fait partie de ceux qui ontvoulu ne pas limiter le mouve-ment au seul CPE, mais bienl’élargir à toute la LEC. Plusrécemment, j’ai suivi de près laprotestation contre la réformeLRU, mais sans vraiment adhé-rer aux formes de la lutte. L’US : Vous reconnaissez-vousdans des expressions comme« militant à la carte » ou « mili-tant sans adhérer » ?

Le CPE est mort... pas l’engagement des jeunes

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Supplément au no 673 du 25 octobre 2008 - US MAGAZINE - 31

Camille, collectif 4 bis« C’est la cause des sans-papierset des sans-abri qui pourrait me faire bouger »En 2006, Camille est étudiante en histoire et en sciences politiquesà Lyon II. Après une année Erasmus à Berlin, elle poursuitactuellement ses études à l’université de Paris X Nanterre où elleest inscrite en Master « Travail politique et parlementaire ».

L’US : Le mouve-ment anti-CPE etLEC a été votrepremière expé-rience militante?Camille : J’avais

auparavant participé à des manifscomme à l’occasion de l’arrivéede Le Pen au second tour desprésidentielles.2002 a été pour beaucoup d’entrenous le premier mouvement col-lectif d’ampleur, surtout quandon habite une petite ville de pro-vince. Cette date c’est aussi unedésillusion de plus ! Noussommes entrés en politique etdevenus électeurs sans véritablechoix et alternative.En février, mars 2006, je suisdans un premier temps plutôtobservatrice. Ce sont des amismobilisés dans une autre villeuniversitaire qui m’incitent àaller assister à une AG sur Lyonet j’ai alors pris conscience de lasituation. Cette loi s’inscrivaitdans toute une série de mesurescensées favoriser l’emploi et qui,en réalité, précarisaient les jeunessalariés. Plus globalement, je

trouvais le contexte politique trèsinquiétant.Je me suis investie sur le cam-pus des berges du Rhône quiest beaucoup plus conservateurque le campus de Bron. Je mesuis retrouvée dans la commis-sion finances. J’ai participé àdes blocages, des diffusions detracts.L’US : Comment envisagez-vousde poursuivre votre engagementaprès le retrait du CPE ?Camille : Après le retrait duCPE, je suis partagée entre lasatisfaction et un sentimentd’inachevé. Je m’interroge surun engagement politique pen-dant toute l’année de la rédac-tion du livre mais je ne fran-chis pas le pas. Je suis dansl’attente. J’observe la vie poli-tique. Je vais suivre le congrèsde Reims par exemple.Je me sentirais prête à m’enga-ger dans RESF ou une associa-tion pour les sans-papiers. Jecrois que c’est vraiment la causedes sans-papiers et des sans-abriqui pourrait me faire bougeraujourd’hui. ■

L’US : Où en êtes-vous aujour-d’hui ? Maxime : Il me semble impor-tant au quotidien de s’organiserdans les structures regroupant lemaximum de monde. Pour moil’investissement dans les partisou syndicats est essentiel. Siaujourd’hui je suis investi dans leNouveau Parti Anticapitaliste(NPA) c’est aussi pour cela. Demême je viens d’intégrer un col-

lectif d’étudiants en travail social,très actif sur l’ensemble des ques-tions concernant notre brancheprofessionnelle et au-delà.C’est vrai que le « militantismeà la carte » est de bon ton aujour-d’hui. Toutefois, on peut remar-quer que lorsque les structuress’adaptent aux gens l’adhésionest possible. Il faut parvenir àassocier engagement collectif etrespect des individualités. ■

Maxime, collectif 4 bis« L’investissement dans les partisou syndicats est essentiel »En 2006, Maxime est inscrit en sciences politiques à Lyon II. Actuellement, il suit une formation d’éducateurspécialisé à l’Institut du Travail Social de Caluire (69).

assez que la première caused’abandon des études, ce sontles difficultés financières.Pendant trois mois j’ai « vécu »CPE nuit et jour. Le retour auquotidien n’est pas évident. Maistrès vite, je reprends l’activitésyndicale avec une motivationencore plus grande. Je me suissentie confortée dans mon enga-gement et j’ai eu envie, locale-ment, d’approfondir les contactsnoués pendant le mouvement.L’US : As-tu le sentiment que lalutte contre CPE a conduit desétudiants vers l’engagement ?Hélène : nous avons vu affluerde nouveaux adhérents à la ren-trée 2007 et si on regarde lesderniers résultats aux électionsCROUS, ils ont conforté laposition de l’UNEF comme

syndicat majoritaire. Le CPEest l’illustration même du rôlefondamental d’un syndicat pourorganiser la mobilisation, maisil y a effectivement une cer-taine tendance à la radicalisa-tion face à la politique actuelledu gouvernement. Certainsjeunes refusent l’adhésion à unestructure pérenne. À long terme,c’est une attitude dangereuse.Le rôle d’une organisation syn-dicale étudiante n’est pas demener des actions minoritaireset ponctuelles. Il faut faire com-prendre que l’organisation syn-dicale n’est pas une adminis-tration tentaculaire ; elle est lapropriété de ses adhérents et ilest nécessaire de s’y engagerpour maintenir le rapport deforce sur la durée. ■

EN TROIS LETTRESCPE : Contrat Première Embauche(2006).LEC : Loi Égalité des Chances, ausein de laquelle prenaient place leCPE et le CNE. LMD : Réorganisation du cursus uni-versitaire français autour des troisdiplômes Licence, Master, Doctorat,dans le cadre de l’harmonisation descursus d’enseignement supérieureuropéen. Elle a débuté en 1998. LRU : Loi relative aux Libertés etResponsabilités des Universités, diteaussi loi Pécresse (2007).

organisation. 2006 fut évidem-ment l’année du CPE. Depuislors je suis ce que l’on pourraitnommer un militant aux posi-tionnements multiples, cherchantdans la mesure du possible àaccompagner toutes les luttes.L’US : Avez-vous le sentimentd’appartenir à la « générationdu 21 avril » ? Maxime : Je ne pense pas aprèsréflexion que l’on puisse parlerde génération au sens stricte.Mais il y a eu une sorte de déclic« citoyen » avec 2002 et militantavec 2006. Aujourd’hui, pourune large frange de la jeunesse,il y a des situations inacceptablespour lesquelles elle est prête às’impliquer. Néanmoins celareste des engagements ponctuelset souvent spontanés.

L’US : Quel est votre parcoursde jeune militant ? Maxime : Mon entrée dans lemilitantisme s’est faite en 2001lors des premières manifesta-tions contre la guerre en Afgha-nistan après les attentats du11 septembre. Ce n’était pas àproprement parler du militan-tisme mais plutôt une premièrerencontre avec le milieu. Jus-qu’en 2005, j’ai participé à denombreux mouvements natio-naux ou locaux (lois Fillon,sécuritaire, sans papiers...).À l’université de Lille où j’aicommencé mes études, je tombeen plein milieu de la campagnepour le Non au Traité constitu-tionnel européen. Des actionssont organisées par la LCR 59 etje me suis investi dans cette

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CATÉGORIES

32 - US MAGAZINE - Supplément au no 673 du 25 octobre 2008

DÉBUTER DANS LE MÉTIER, c’est souvent devoir faire face à un déménagement, à l’acquisition d’un véhicule et d’un équipement indispensable pour préparer ses cours.

Prime d’entrée dans le métier :un acquis du SNES

POUR L’AVENIR DE NOS MÉTIERS

Ouvrir enfin le dossier de la revalorisation

Le SNES, comme les autressyndicats enseignants de laFSU, revendique depuis

plusieurs années une primed’équipement. Cette demandevient d’aboutir. Au JO du13 septembre, un décret institue la« prime d’entrée dans le métier ».D’un montant de 1 500 €, elledevrait faire l’objet d’un verse-ment prochain. Pour les collèguestitularisés à date d’effet du 1er sep-tembre 2008, le versementdevrait intervenir en deux fois :750 € au 1er novembre 2008, puis750 € au 1er février 2009. Pourles titularisations dont la dated’effet est comprise entre le1er octobre et le 31 décembre :au mois suivant la titularisation,puis au 1er février 2009. Pourcelles dont la date d’effet estcomprise entre le 1er janvier et le31 août 2009 : versement uniquede 1 500 euros en mars 2009.

Succès syndical aussi le carac-tère universel de cette indemnité.En bénéficient en effet tous lespersonnels, lorsqu’ils sont titula-risés pour la première fois dans uncorps enseignant du premier etdu second degré, dans le corpsdes CPE ou dans celui des CO-Psy. L’intervention du SNES apermis d’éviter que ceux qui ontpréalablement exercé commenon-titulaires soient écartés. Unepremière dans nos métiers,puisque l’indemnité de premièreaffectation était réservée auxseules académies et disciplinesjugées déficitaires, et de ce fait àun nombre limité de collègues.Ces limites ont ensuite justifié sadisparition de fait en 1995.

Revaloriser les traitementsUne prime versée une fois ne sau-rait suffire à l’amélioration de lacondition enseignante annoncée

par le gouvernement. Mais cetacquis de l’action syndicale estun encouragement à continuer deposer la question de la revalori-sation de nos métiers dans sonensemble. Le SNES dénoncedepuis plusieurs années la fai-blesse des rémunérations des

débuts de carrière. Il y a doncurgence à revoir les grilles desrémunérations enseignantes.Cette orientation que défend leSNES a besoin du soutien de tous.Le vote du 2 décembre est uneoccasion de l’exprimer. ■

Anne Féray

Ce devait être « l’annéedes enseignants » selonle ministre mais, à l’exceptionde la prime d’entrée dans lemétier, rien n’est encore venuconcrétiser les engagementsde revaloriser nos carrières.

Il serait grand temps d’ouvrir lechantier pour assurer l’attracti-vité de nos métiers et l’avenir

des enseignements de seconddegré. Dégager les moyens finan-ciers, c’est possible : c’est unequestion de choix et de volontépolitiques et économiques.Dans l’immédiat, et dans le cadrede la reconstruction indispensable

de nos carrières, les débuts decarrière doivent se situer au moinsà 1 800 € nets par mois (valeuractuelle du point d’indice) lesrythmes d’avancement doiventêtre accélérés pour tous : rythmeunique jusqu’au 6e échelon puisraccourcissement de la durée deséjour aux échelons suivants pouraller vers une carrière en 20 ans.L’accroissement des possibilitésde promotion aux hors-classesdoit être poursuivi : après les amé-liorations enregistrées ces deuxdernières années, nous n’avonspas encore atteint le doublement.Un ratio de 10 % serait un pre-mier signe, avec des critèresnationaux d’accès plus équitableset plus transparents. Nous vou-lons en même temps augmenterles possibilités de promotion aucorps des agrégés par liste d’ap-titude en passant au 1/5 (une pro-motion pour 5 titularisations parconcours, au lieu du 1/7). Avec les suppressions d’emplois etdes effectifs par classe plus lourds,les conditions de travail sont

encore un peu plus difficiles. Dansles collèges et lycées, le suivi desélèves est toujours plus consom-mateur de temps alors que l’ISOEest rognée par la dévalorisation dupoint d’indice (c’est le même pro-blème pour l’indemnité forfaitairedes CPE et l’ISS CO-Psy dontnous revendiquons l’alignementsur l’ISOE). Avec le cahier descharges des IUFM, les responsa-bilités des conseillers pédago-giques tuteurs s’accroissent aussi.Tout en ne substituant pas cettedemande à nos exigences deréduction de notre charge de tra-vail, il y a nécessité de revaloriserles indemnités et de mieux

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Les personnels du CNED étaient appelés à voter pour élire leurs représentants auConseil d’orientation et au Conseil d’administration.La FSU garde la majorité absolue des suffrages et 8 sièges sur 15 à pourvoir.Au Conseil d’administration, les enseignants gardent 2 sièges sur 3, les personnelsadministratifs et techniques 1 sur 3.Au Conseil d’orientation, la FSU garde 4 sièges sur 6 pour le premier collège(enseignants), garde 1 siège sur 3 pour le second (personnels administratifs ettechniques) où elle en perd un.Forts de cette confiance, le SNES et la FSU continueront à défendre le service publicd’enseignement à distance et ses personnels.

prendre en compte les situationsd’exercice marquées par une fortepénibilité.À compter de 2010, le recrute-ment au master doit se traduirepour le SNES dans le classementindiciaire et prendre au minimumpour base la grille revalorisée desactuels agrégés. En l’état, le choixministériel est de maintenir pourles collèges et lycées deux corpsrecrutés au même niveau avec desconcours différents. Le SNEScontinuera à agir pour que l’agré-gation revalorisée soit la référencepour tous, collègues en exercicecomme nouveaux recrutés. ■

Nicole Sergent

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FENÊTRE SUR LA POSTEMI-JUILLET, PAR VOIE DE PRESSE, J.-P. Bailly dévoile le projet de changement de statut de La Poste... En janvier 2009,elle deviendra Société Anonyme et, courant 2010, on procédera à l’ouverture du capital.

La Poste, c’est LE service public auqueltient la population mais, depuis lesannées 80, sa dégradation se poursuit :

il y manque du personnel, notamment dansles quartiers populaires des villes, et certainsbureaux sont laissés à l’abandon ; dans leszones rurales, il n’est pas rare que lesbureaux soient fermés ; le service financierde La Poste est transformé en banque pos-tale ; les files d’attente s’allongent au gui-chet, provoquant le mécontentement de plusen plus fréquent des usagers.

Dégradation des servicesEn effet, depuis une trentaine d’années,avec la libéralisation progressive du cour-rier, la dégradation des services est enmarche.Est-ce une raison pour se « défaire » decette entreprise publique ? Il est vrai que lefinancement des services publics a uncoût : l’accessibilité bancaire, le serviceuniversel, le transport et la distribution dela presse, l’aménagement du territoire :entre 800 millions et un milliard chaqueannée... et J.-P. Bailly, son président,estime que La Poste a besoin de trois mil-liards d’euros pour assurer son dévelop-pement.Cela justifierait donc la privatisation del’entreprise... Avec le recul de quinze ans de dérégle-mentation européenne des services publics,nous pouvons prévoir : les bureaux etautres services de La Poste jugés trop peu« rentables » seront sacrifiés ; nous sup-

porterons une augmentation des tarifs (enSuède, un des premiers pays à avoir remisen cause le monopole de la poste, trans-formée en SA dès 1994, les tarifs postauxont augmenté de 40 %) et une baisse de laqualité de service rendu à la personne...sans parler des conséquences dramatiquespour l’emploi : suppressions d’emplois(depuis 1993, en Suède, les effectifs sontpassés de 53 000 salariés à 32 000), maisaussi précarisation, dégradation des condi-tions de travail.

Directives européennesEn effet, le contexte européen nous instruit,il nous contraint aussi : des directives euro-péennes organisent la déréglementationdu secteur.En 1992, la libéralisation est fixée dans unlivre vert, et les gouvernements de l’époque,de gauche comme de droite, acceptent des’engager dans cette voie. De 1998 à 2007,des directives successives ont imposé unedéréglementation des envois; seul le « serviceuniversel », peu rentable, reste à la charge duservice public.Enfin, si la directive postale de 2006 pré-conise l’ouverture du marché postal euro-péen au 1er janvier 2011, « elle n’imposepas un changement de statut de La Poste.C’est un choix franco-français », insisteJean-François Dannely, (FAPT-CGT).« Même s’il n’y a que 1 % de capitaux pri-vés, ce n’est plus une entreprise publique,elle répond donc à des objectifs purementcapitalistes. »

Alors, privatisation, ou non ?Le Premier ministre déclare fin septembreque la privatisation n’est pas d’actualité,puisque, dit-il, son capital sera ouvert avecune prise de participation de la Caisse desDépôts et Consignations... François Fillonne remet pas en cause le changement destatut de La Poste, et c’est justement celaqui permettra, à terme, de privatiser l’en-treprise... Un nouveau service public est attaqué,comme l’ont été France Télécom ou EDF-GDF : l’ouverture du capital introduitimmédiatement des intérêts qui pèsent, etla part de l’État peut même devenir mino-ritaire, comme c’est le cas à France Télé-com (l’État ne possède plus que 27,3%). La« loi » du marché pourra alors sévir : aunom de la rentabilité, de la concurrence, dela performance, la direction de l’entreprisepourra supprimer certains bureaux de Poste,certaines missions... Et le directeur deLa Poste ne manque pas d’ambition :J.-P.Bailly ne cache pas que son seul objec-tif est de devenir, il le dit lui-même,« champion d’Europe du marché » !

Luttez avec la Poste!

Point de vue...

Je suis opposé à l’ouverture du capital dela Poste, parce qu’il m’apparaît clairementque c’est un premier pas vers la privatisa-tion ; l’exemple de FranceTélécom m’inspire la plusgrande méfiance. Dans undépartement rural commele mien, c’est une catas-trophe annoncée : cela vaaboutir à une grandeinégalité de traitement, car certains terri-toires ne seront pas couverts par les servicesde la Poste, jugés trop peu rentables. C’esttotalement injuste puisque 80 % de la popu-lation vivent sur 20 % du territoire enFrance, et ce sont les 80 % de régionsrurales qui seront délaissées. Au nom de larentabilité et de la rationalisation, on crée

toujours plus d’inégalités. Le timbre aura-t-il le même prix, le facteur continuera-t-ilà passer partout? La présence des facteurs

est une garantie de l’éga-lité sociale, c’est aussi unemesure de préventiondans certains cas : le fac-teur, c’est la vigilanceenvers les plus isolés, c’estle garant du lien social.

S’il y a ouverture à la concurrence en 2011,quelles garanties aurons-nous d’éviter lecomplet démantèlement, d’aboutir à lasituation de France Télécom ? En tantqu’élu, et avec l’ensemble des maires de laCreuse, nous allons nous prononcer trèsvite pour le maintien du service public dela Poste.

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34 - US MAGAZINE - Supplément au no 673 du 25 octobre 2008

Michel Vergnier,

député PS, maire

de la ville de Guéret

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Supplément au no 673 du 25 octobre 2008 - US MAGAZINE - 35

Faire tomber La Poste du côté du privé, c’estprendre le risque de sa faillite. Une erreurgrave au moment où il faut sortir de la logiquedu marché pour satisfaire les besoins sociaux.

La société civile reprend la main Les Français ont compris les dangers duprojet de privatisation : dans un sondage

CSA publié le 23 septembre par le journalL’Humanité, ils sont 61 % à soutenir lesgrévistes ce même jour (grève suivie à40 % : taux historique !) et autant à s’élevercontre le projet.Des pétitions circulent pour demander leretrait du projet (début octobre, on comptaitdéjà plus de 210 000 signatures toutes péti-

tions confondues), la population s’emparedu contenu de l’appel du comité et relaiel’exigence d’un referendum d’initiativepopulaire : sur ce dossier, la société civilereprend la main.Nicolas Galepides (Sud PTT) insiste sur lefait que « la Poste nous appartient ! À nousde ne pas accepter qu’elle tombe dans laconcurrence, la rentabilité ; aujourd’hui,nous avons une fenêtre de tir qui permet dedire « voilà ce que je veux de la Poste », ilfaut s’en emparer ! La Poste, c’est uneentreprise publique, qui doit investir pours’améliorer, au profit de la collectivité – etcertainement pas pour faire des divi-dendes ».

Mobilisation unitaire Depuis juillet, un processus de lutte voit lejour ; les forces syndicales, associativeset politiques unissent leurs forces dans unélan convergent et créent le « comité natio-nal de mobilisation contre la privatisationde la Poste, pour l’ouverture d’un débatpublic et pour un referendum sur le servicepublic postal », qui regroupe plus de50 organisations, dont la FSU. Les appelsà la mobilisation sont lancés(1).La défense de La Poste engendre donc unesituation inédite : elle a permis de regrouperau sein d’un même comité des entitésdiverses, le mouvement de grève du23 octobre a été massifet l’opinion publiquese prononce contre le projet gouvernemental.Tout est donc réuni pour que ce combataboutisse : une première victoire dans lalutte pour la défense des services publicsen appellerait d’autres, dont nous avonsbesoin. ■ Véronique Ponvert

1. http://www.appelpourlaposte.fr/

Témoignage

CCoonnvveerrggeenncceennaattiioonnaallee

des collectifs de Défenseet de Développement

des services publics, sousla présidence de B. Defaix,

œuvre à la défensedes services publics

sur l’ensemble du territoire.L’assemblée générale

de Convergence nationalese réunira à Cognac

les 29 et 30 novembre 2008.

La Poste, c’est:•11 726 bureaux de poste... Ils étaient 14 000 il y a 5 ans.

•17000 points de contacts de La Poste... À côté des bureauxde poste se développent des « Agences PostalesCommunales », ou des « relais poste » ; certains servicespostaux sont proposés dans une épicerie ou un bureau detabac, notamment dans les zones rurales…

•279 795 personnes, dont 58 % de fonctionnaires…43 580 emplois ont été supprimés les 5 dernières années.

• 45 % de suppressions d’emploi parmi les personnesaffectées au grand public (au guichet, donc…) en 5 ans

• 12 000 guichetiers en moins… depuis 2005 !

•5 milliards d’euros... montant de la dette de La Poste

•20 milliards d’euros... montant de son chiffre d’affaires.

Quelques dates1921 : création des PTT,Postes Télégrapheset Télécommunications

1988 : séparation des PTT etcréation de France Télécom1991 : La Poste devient unexploitant autonome de droitpublic

Quant à France Télécom…

1996 : France Télécom prend lestatut de SA

1997 : ouverture du capital

2004 : privatisation

La Postenous appartient !

Ensemble le 22 novembre 2008 : àl’appel du Comité national, partout, enFrance, rassemblement des postiers,postières, citoyens, citoyennes, desusager(e)s et des élu(e)s contre laprivatisation de La Poste !

Dans mon bureau de poste, les conditionsde travail ne cessent de se dégrader et le ser-vice rendu à la clientèle baisse lui aussi : en4 ans, on a supprimé 6 personnes au gui-chet ! C’est énorme... Enfait, comme beaucoupd’autres, c’est un bureaulaissé à l’abandon, et donc,à terme, menacé de fer-meture. Il est déjà fermé,de temps à autre ; il suffit qu’un personnelsoit absent et on ne peut plus tenir leshoraires d’ouverture.En fait, ce bureau est laissé à l’abandonparce qu’il ne rapporte pas assez : on ytraite toutes les opérations (financier, cour-rier...) et ce n’est pas rentable... ; les gensfont la queue, pour un simple retrait, parexemple, et un de nos directeurs dit que« ça cannibalise les files d’attente » ! Maisles gens ici, des gens parfois âgés, préfèrentparler avec le guichetier plutôt qu’aller audistributeur… Dans le quartier, depuis

juillet, beaucoup nous questionnent, s’in-quiètent d’une possible fermeture : ils tien-nent à leur bureau de poste, à sa proxi-mité. Pour la population, La Poste, c’est

encore un service public,même si objectivement, lasituation est très dégradéedepuis ans.La Poste s’est transforméepeu à peu en boutique, et

ce qui prime, pour notre direction, c’est leprofit : alors on nous oblige à proposer à laclientèle des produits à valeur ajoutée (despacks pour les changements d’adresse, desenveloppes prétimbrées, des envois enColissimo...) et on nous rappelle à l’ordre(avec lettre individuelle, pour faire pression)si ce n’est pas fait... Alors, oui, les clientsveulent du service public, ça reste un véri-table besoin ; mais tout est fait pour que LaPoste devienne une entreprise, et une entre-prise qui fait du profit. Nos dirigeants nes’en cachent même plus...

Cédric, guichetier

d’un bureau

de poste à Paris

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PARTOUT EN EUROPE, des mobilisations des enseignants et personnels d’éducation. Actions de grève,rassemblements et manifestations. La profession enseignante se mobilise.

L’Europe de l’éducationse mobilise

Vous avez dit « réforme » ?Quelques exemples concrets. Au Portugal,les enseignants, par l’introduction de nou-velles mesures d’évaluation, sont à la foisdésorientés et dévalorisés. Ce qu’ils deman-dent est simple : recentrer leur travail surleur mission fondamentale, enseigner ! EnItalie, c’est le sens même du terme« réforme » qui est dévoyé (voir entretien ci-contre). Comment peut-on parler de réformedu système éducatif quand l’unique objec-tif des mesures programmées pour soi-disantaméliorer la qualité, « l’efficacité » et la« rentabilité » du système est de diminuerl’emploi public, quitte d’ailleurs à avoirrecours à des personnels précaires ? Le sec-teur de l’éducation est également touchéde plein fouet quand il s’agit de balayerd’un revers de la main un accord salarialconcernant les enseignants.C’est ce qui se passe en Roumanie où lestrois fédérations, Spiru Haret, Alma Materet FSLI se battent pour faire appliquer la loivotée en avril 2008, laquelle prévoyait uneaugmentation de 50 % (salaire en début decarrière 180 euros, fin de carrière 500euros). Les luttes salariales se poursuiventdans d’autres pays, comme en Bulgarie où,si les enseignants ont obtenu (après 42 joursde grève en 2007/2008 de 80 % des ensei-gnants) une première augmentation (352euros salaire minimum), les deux leadersdes syndicats SEB et PODKREPA à l’ini-tiative du mouvement sont poursuivis par lajustice, remettant ainsi en cause le droit degrève. Au Royaume-Uni, la NUT (NationalUnion of Teachers) poursuit sa campagnesur les salaires.En Grèce, le syndicat du second degré

OLME exige un salaire de 1 400 euros endébut de carrière et le droit à bénéficierd’une retraite complète après 30 annéesd’exercice.

Renforcer le syndicalisme européenDes convergences dans les luttes et desdemandes pour un autre budget de l’édu-cation, un vrai dialogue social, le respect desaccords passés et des missions de servicepublic, des métiers revalorisés et des condi-tions de travail améliorées. Cela ne vousrappelle rien ? Un besoin croissant de soli-darité et d’échanges entre syndicats auniveau européen se fait jour. Ce qui va dansle sens d’un renforcement du syndicalismeenseignant au sein même du syndicalismeeuropéen en général, avec un CSEE (ComitéSyndical Européen de l’Éducation) encoreplus actif et plus visible pour répondre auxpréoccupations et revendications de laprofession. ■ Odile Cordelier

Un besoin croissant de

solidarité et d’échanges

entre syndicats au niveau

européen se fait jour.

Ce qui va dans le sens

d’un renforcement du

syndicalisme enseignant au

sein même du syndicalisme

européen

Bucarest, 15 septembre : 15 000 mani-festants à l’appel des trois fédérations del’enseignement pour exiger le respect

d’un accord salarial. Paris 30 octobre :80 000 personnes pour demander un autrebudget 2009 et une autre politique éduca-tive. Lisbonne, 8 novembre : grande mani-festation programmée afin d’obtenir leretrait de tout le dispositif d’évaluation desenseignants mis en place à la rentrée deseptembre. Des réalités certes différentes,compte tenu de la diversité des systèmeséducatifs à travers l’Europe, mais des ten-dances générales et des préoccupationscommunes.Et pour les organisations syndicales ensei-gnantes, le même objectif : construire lerapport de force pour obliger les gouverne-ments et autorités éducatives à tous lesniveaux décisionnels (ministères de l’Édu-cation et de l’Enseignement supérieur etde la Recherche, Régions et municipalités)à prendre en compte les revendications et àtravailler dans le sens de réformes pour laréussite de tous, pour une éducationpublique de qualité et non un enseignementau rabais.

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Supplément au no 673 du 25 octobre 2008 - US MAGAZINE - 37

ARGENTINE

Répressioncontre desenseignants

ENTRETIEN AVEC DOMENICO PANTALEO, secrétaire général de la FLC-CGIL, Fédération des tra-vailleurs de la connaissance de la CGIL (Confédération générale italienne des travailleurs)

Forza scuola pubblica L’US : Quelle analyse fais-tu des mesures du gouvernement Berlusconi ?Domenico Pantaleo : Chaque paysdevrait considérer son système éducatifcomme un investissement et non commeun coût. Le gouvernement Berlusconi,quant à lui, procède à des coupes budgétaires :8 milliards d’eurosen moins pour les troisprochaines années,la suppression de plusde 130 000 emploiset le licenciementde milliers deprécaires. Afin defaire des économies àtous les niveaux dusystème éducatif, onréduit les heuresd’enseignement pourles élèves et onaugmente le nombred’élèves par classe.Dans le premier degré, c’est le retour au maîtreunique et à un enseignement réduit à 24 heurespar semaine (29 à 31 actuellement). Le seconddegré est également touché par la diminutiondu nombre d’heures d’enseignement pour lesélèves et rien n’est prévu pour des activitéstelles que l’aide aux devoirs. Les deux dernièresannées de la scolarité obligatoire (jusqu’à16 ans) peuvent être également effectuées dansla voie professionnelle. Enfin, le comportementà l’école est considéré comme un élément pourl’évaluation de fin d’année : une insuffisanceau niveau du comportement signifiele redoublement. Certes, l’école italiennea de nombreux problèmes mais ils ne peuventcependant pas être résolus en se tournantvers le passé, c’est-à-dire avec la nostalgied’une école à l’ancienne, sélective et classique.

L’US : Qu’en est-il des mobilisations etdes grèves du 30 octobre et du14 novembre ?D. P. : La grève ainsi que la grandemanifestation nationale du 30 octobre,les mobilisations dans l’ensemble du pays,la grève dans l’enseignement supérieuret de la recherche programmée le 14 novembre,montrent bien la puissance d’un mouvementextraordinaire qui rassemble les étudiants,les personnels d’éducation, les parents etles établissements, et qui interroge l’ensembledes mesures du gouvernement. Les acteursprincipaux de ce mouvement sont sans aucundoute les garçons et les filles qui se rassemblentde façon pacifique sur les places des villesparce qu’ils ne veulent pas être condamnésà la précarité ni dans leur vie au quotidien

ni dans leur futur emploi.

L’US : Quelles sont les propositions mises en avant par ton organisation ?D. P. : Notre premier objectif est de donnerun autre sens au mot réforme. Le défi estde concilier scolarité de masse et qualité. Cela

signifie, plus demoyens pourl’éducation dans unpays qui investitmoins dans ce secteurque la moyenne despays de l’OCDE,défense de l’écoleélémentaire tellequ’elle existeactuellement, scolaritéobligatoire jusqu’àl’âge de 16 ans àl’intérieur du systèmescolaire pourparvenir à 18 ans.

Valorisation de l’autonomie scolaire commeinstrument indispensable d’ouverture auxexigences du territoire et véritable intégrationdes élèves migrants dans la scolarité« normale ».

L’US : Quelles suites envisages-tuà ce mouvement ?D. P. : Nous poursuivrons avec des initiativespour informer et mobiliser, en recherchantles convergences entre organisationssyndicales, élèves, étudiants et parents.Cela prendra la forme de journées avecassemblées générales, conseils municipauxouverts à tous, spectacles et rendez-vousculturels. Nous sommes seulement au débutd’une bataille qui sera longue et difficileafin de défendre l’école publique, conditionindispensable à une société authentiquementdémocratique et pluraliste. ■

Le lundi 20 octobre dernier,le gouverneur de la villede Buenos Aires envoyait

sa police pour réprimer bruta-lement des enseignants dusecondaire qui avaient décidéde protester pacifiquementpour dénoncer le peu demoyens accordés par la ville àl’Éducation publique.En effet, la Confédération destravailleurs de l’Éducation dela République argentine(CTERA) avait lancé uneaction intitulée « 100 heuresde veille » des enseignants enattendant des réponses auxrevendications sur le budgetde l’Éducation (salaires, infra-structures, bourses, etc.).Les collègues argentins ontcommencé à monter une tenteface au siège du gouverneur dela ville de Buenos Aires.Opposé à cette initiative, le gou-verneur a décidé d’envoyer lapolice avec pour résultat l’agres-sion physique, entre autres mili-tants présents sur cette action, detrois responsables de laCTERA, la secrétaire généraleStella Maldonado, le porte-parole de la CTERA Alejandrode Michelis, le secrétaire auxrelations internationales de laCTERA Eduardo Pereyra, etd’un directeur d’école.Avec moins de 1 % du budgetde la ville, il serait possible derépondre aux demandes d’aug-mentation de salaires, debourses et d’améliorationsd’infrastructures. ■

Odile Cordelier

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La FLC-CGILNée en 2004 de la fusion entre laCGIL École et le Syndicat national del’Université et de la Recherche, elleregroupe 175 000 adhérents dans lesecteur de l’enseignement (public, privéet écoles italiennes à l’étranger), del’éducation des adultes, de l’Universitéet de la recherche publique et privée, dela formation professionnelle et desécoles supérieures d’arts et de musique.Voir site www.flcgil.it (page de présen-tation en français).

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À LIRENotre sélection� GUERRE ET EXILUn roman essentiel pour comprendreles conflits qui ont déchiré l’ex-You-goslavie. La vie n’est plus jamais« comme avant » pour ces exilés. Ilsvivent en Hollande et sont les élèves dela « camarade professeure », la nar-ratrice. Tous portent les stigmates dela guerre, qu’ils soient croates, serbesou bosniaques. Ils n’ont ni langue, nipays, ni dates. Leurs « yougogênes »leur donnent de temps en temps desbouffées de «yougonostalgie », qui leplus souvent tournent au drame. Per-sonne ne sort indemne d’une guerre.Dubravka Ugresic, croate exilée a étéremarquée pour sa force et sa subtilitéà dire toutes les contradictions del’âme humaine. Son humour noir distilleavec ironie le voyage aux enfers detout exilé. Jacqueline Dérens• Le Ministère de la Douleur, DubravkaUgresic. Albin Michel.

� LES LIBERTÉS À L’ENCANLes attentats du 11/09/2001 ontpermis de justifier toutes lesremises en cause des libertésdémocratiques au nom de la luttecontre le terrorisme. Les démo-craties sont menacées de se

perdre dans cette législation liberti-cide dessinant une forme autoritaire del’État. Didier Bigo, Laurent Bonelli –auteur de la « France a peur » aux édi-tions La Découverte, expliquant à lafois la montée de Le Pen et la victoirede Sarkozy – et Thomas Deltombe ontréuni une trentaine de spécialisteseuropéens pour nous informer de cetteréalité et en analyser les conséquences.À lire de toute urgence. N. B.• Au nom du 11 septembre... Les Démocratiesà l’épreuve de l’Antiterrorisme, La Décou-verte, 420 p.

� THE WINNER IS...Une information nécessaire sur laprocédure spécifique et bizarrede l’élection présidentielle amé-ricaine. Avant de savoir quigagnera, de Barak Obama ou deJohn McCain. Il faut comprendreà la fois le racisme encore pré-

gnant et des institutions fédérales don-nant une responsabilité sous la formede grands électeurs aux États. N. B.• Les élections présidentielles aux États-Unis, Roger Persichino, folio actuel.

Il faut lire Aragon dans toutes ses dimensions,sans séparer le poète du romancier, et en relationavec les bruits de guerres et de barbaries dont ce

XXe siècle ne fut pas avare. La Pléiade continue àpublier cette œuvre multiple, d’un écrivain cher-chant le sens d’un ordre au milieu d’un chaosindescriptible. Les années 1951-1964 représententl’avant-dernière période, avant de passer à celle queDaniel Bougnoux dans son introduction nomme la« fauve», mais ce sera pour le prochain volume.Des années de guerre froide, de rapport secret ducamarade Khrouchtchev, de coexistence pacifique,de transformations profondes de l’Union sovié-tique – pour lui, et malgré tout, la « patrie » – et despartis communistes. Le Français résistera pluslongtemps que l’Italien au grand dam de l’écrivain.Il publie les tomes IV et V des Communistes, titrequi ne pouvait que faire tiquer, sorte d’hommageaux militants et en même temps – la relecture estnécessaire – un roman foisonnant par la multipli-cation des trajectoires individuelles et par les bou-leversements de la guerre, dans laquelle s’exerceune certain jouissance de la vie et de l’écriture. Ils’en expliquera dans une postface publiée après laparution en 1958 de la Semaine sainte, reconnueimmédiatement comme un chef d’œuvre où le

romancier est plussubtil que le politique,ne sachant plus fairefaire de différencesd’honneur et deconscience à ses per-sonnages, dont lepeintre Géricaultauquel l’auteur s’identifie. Il a compris le mentir-vrai – reproduit aussi dans cette édition –, de l’im-possibilité d’écrire une histoire «vraie » sinon enl’imaginant. La fin du « monde réel», titre de cettepostface, se veut une explication en même tempsqu’une défense pro domo. En tant que telles –pour les deux – elle vaut profession de foi.Cette édition, comme toujours dans cette collection,offre plusieurs grilles de lecture, ne laisse rienignorer des engagements staliniens de l’auteur,tout en mettant l’accent sur l’originalité de cetteœuvre multiple s’inscrivant tellement dans sonépoque qu’elle la transcende. ■ Nicolas Béniès• Œuvres romanesques complètes tome IV, sous la direc-tion de Daniel Bougnoux, avec la collaboration deBernard Leuilliot et de Nathalie Piégay-Gros, LaPléiade/Gallimard, 1760 p., prix de lancement jusqu’au31/12/2008, 69€, 75 ensuite.

CULTURE Livres/RevuesARAGON, ROMANCIER

Théorie du chaos

Cesare Pavese, au-delà des engagements – il futmembre après 1945 du Parti Communiste Ita-lien, à la recherche d’un nouveau monde – a

quelques ressemblances avec Aragon. Une mêmegoinfrerie de l’écriture, une même façon de s’ap-proprier l’instant, une manière de se servir d’uneimprovisation pour faire parler l’inconscient, aller au-delà des limites, les percuter pour leur faire avouerleur inconséquence. Quelque chose du jazz, dans cejeu continuel de la mémoire, dans cette volonté deretrouver l’enfance, l’instinct, passe chez ces écri-vains. Sans nul doute aussi, le rapport à la mort, cettemort qui n’en finit pas de rôder. Pavese s’est suicidéle 27 août 1951 et les commentateurs ont donné unsens à sa mort pour organiser sa vie et son œuvre.Or, le mystère est plus profond. Pourquoi le suicide ?Pourquoi avoir cédé à cette tentation ? Tentation quel’on retrouve chez tous les grands auteurs et que JeanAméry a mis en évidence dans ses écrits. Vivre estun métier écrira-t-il pour la conjurer. Du coup, ilinsistera sur la logique de la forme voulant ainsi –

comme chez Aragon– donner un sens auchaos. Il sera, via son« journal», un des spé-cialistes de la construc-tion d’un espace-temps spécifique,d’une forme dont lacolline sera le mythe.Elle inspire et teinteles personnages de sacouleur, comme l’écritMartin Rueff dans sapréface à ces «Œuvres» qui donnent à lire tout ceque Pavese a publié de son vivant, dont l’éditionintégrale du Métier de vivre et son premier écritTravailler fatigue... Précédés par Le portrait d’unami de Natalia Ginzburg et d’une biographie. CesarePavese, notre contemporain. ■ N. B.

•Œuvres, Cesare Pavese, présentée par Martin Rueff,Quarto/Gallimard, 1840 p.

Le chaos et la forme

HISTOIRES DE PEINTUREMark Rothko est à lui seul une histoire de la peinture. L’expressionnisme, comme première influence, le surréalisme etun retour à un expressionnisme devenu abstrait et qui prend des dimensions considérables. L’œil et le cerveau se per-

dent dans ces tableaux-océans. Cet ouvrage, sorte de catalogue de l’exposition Rothko àla Fondation Beyeler (à Bâle en Suisse), sous la direction d’Olivier Wick, se propose de fairedécouvrir ou redécouvrir l’œuvre et le créateur. Dessins, tableaux, photos se mêlent auxtextes pour y contribuer.Daniel Arasse (1944-2003) avait publié cette Histoire rapprochée de la peinture sans lesillustrations. Cette nouvelle édition y remédie, nous faisant apprécier d’autant mieux l’in-telligence de cette manière de voir et de comprendre la chronologie des œuvres picturalesà partir de l’analyse des détails dans lesquels se trouverait le «bondieu »... De quoi décou-vrir de nouveaux horizons. N. Béniès• Rothko, sous la direction d’O. Wick, éd. Skira, 232 p., 130 illustrations.Le Détail. Pour une histoire rapprochée de la peinture. D. Arasse, éd. Flammarion, 352 p., 380 illustrations.

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Que s’est-il passé, cette année, sur le front duNobel ? Rien de notable : une fois de plus,Philip Roth n’a pas obtenu le Prix Nobel de

littérature et, à vrai dire, on s’en moque. Trentelivres d’une force et d’une drôlerie exception-nelles, une interrogation permanente de l’écritureet des capacités du genre romanesque, une inves-tigation véhémente et tragique de l’histoire desÉtats-Unis, une vivacité intacte dont porte témoi-gnage un nouveau roman, Indignation (dont la tra-

duction française devrait êtrepubliée en 2009) : l’essentielest dans une œuvre corrosivequi a fait de Roth un écrivainà la réputation sulfureuse,obsédé sexuel pour les uns,juif hanté par la haine de soipour les autres, véritable géniepour tous ceux qui savent lire.Ce dernier opus est du pur

Roth : l’histoire d’un jeune juif, fils d’un boucherkasher de Newark (d’où Roth est lui-même originaireet où il a situé l’action de nombreux romans), enfantheureux sous l’ombre tutélaire d’un père plus grandque nature, puis adolescent tourmenté par ce mêmepère rongé par une folle inquiétude, comme si de ter-rifiants dangers devaient s’abattre sur son fils àchaque minute, comme si l’univers était devenumystérieusement agressif et hostile. Or, comme laplupart de ses héros, le jeune Marcus Messner est enquête de normalité et d’équilibre, il veut d’abord etavant tout devenir un homme juste et moralementdécent, en accord avec autrui, un juif parfaitementintégré à l’histoire et à la société américaines. Étu-diant à l’université de Winesburg au début desannées cinquante, le jeune homme va pourtant allerde déconvenue en déconvenue en voulant défendrecette même intégrité morale, et notamment en reven-diquant son athéisme contre la bêtise bien-pensantequi l’oblige à assister à des sermons religieux pourespérer obtenir son diplôme. Le jeune Messner finirasoldat en Corée : mises à part ses dernières pages, lerécit est donc tout entier le monologue d’un jeunehomme mort à dix-neuf ans pour se battre contre lecommunisme, son ultime tentative pour comprendrecomment il a été mené à cette mort absurde.L’identité juive et l’antisémitisme, la figure d’un«Moïse» paternel et les sentiments ambivalentsqu’elle inspire à son fils, la force maternelle, lebonheur de l’enfance, la puissance transgressivedu désir et de la sexualité, la haine du puritanismeet l’éloge de la libre pensée : tout Roth est dans ce

court roman qui nefigurera pas parmises œuvres majeuresmais qui possède labeauté et la puis-sance de tous seslivres. C’est aussi l’occasion de lire ou de reliredes romans nourris à une source autobiographiquedans lesquels Roth aura multiplié les «doubles »,tels le Portnoy du délirant Portnoy et son com-plexe, mais aussi Nathan Zuckerman (dans la trilogieZuckerman enchaîné) ou Adrian Kepesh (dans,notamment, Professeur de désir). À travers desouvrages tels que La contrevie (1987) ou OpérationShylock (1993), Roth interroge avec distance etironie son identité et sa judéité au point que certainsont cru pouvoir y déceler, mais à tort, une véritable« haine de soi ». Mais l’important à ses yeux estdans cette double identité de Juif et d’Américain,qu’il interroge à travers la quête malheureuse deSeymour Levov dans son chef-d'œuvre, Pastoraleaméricaine (1998), roman qui forme avec J’aiépousé un communiste (à l’époque du maccar-thysme) et La Tache (à l’époque Clinton), une tri-logie passionnante sur les tragédies et les turpi-tudes de la société américaine.Dans Le Complot contrel’Amérique (2004), Roth ima-gine une Amérique présidée,dans les années quarante, parCharles Lindbergh, allié desnazis, et met en scène, dansune fusion extraordinaire del’intime et du collectif, de lamémoire personnelle et del’Histoire, des Juifs viscérale-ment attachés aux valeurs de l’Amérique roose-veltienne et qui se trouvent soudainement exilés ausein d’une société qu’ils croyaient être la leur.Ainsi Roth a-t-il déjà sa place parmi les plus grandsauteurs de la littérature américaine et universelle :ami de Saul Bellow, héritier paradoxal et subver-sif du réalisme du roman du dix-neuvième siècle etde l’étrangeté tragique d’un Kafka (dont il réécritLa métamorphose dans Le Sein, pur délire tragi-comique), Roth est à la fois un écrivain hanté parla relation entre la fiction et la réalité et un intel-lectuel aux prises avec son temps. Alors qu’àsoixante-quinze ans, il a annoncé vouloir cesserd’écrire après son prochain roman, on peine àcroire que sa voix puisse jamais s’éteindre. ■

Alexis Chabot

AMÉRIQUE

L’éternelle jeunessede Philip Roth

NOS COLLÈGUES PUBLIENT� PRENDRE SOIN DE SON ÂMENotre ami, le philosophe Gil Ben Aych,publie une « Nouvelle lettre à Méné-cée » dans laquelle, après Épicure, ilenvisage l’enseignement de la philoso-phie comme l’occasion d’apprendre àêtre heureux. Ce bel éloge de la philo-sophie et de sa transmission nous rap-pelle que «personne n’est trop jeune nitrop vieux pour apprendre à prendresoin de son âme ».• Du bonheur d’enseigner la philoso-phie, Gil Ben Aych, Éd. L’Harmattan.

�VOYAGE DANS LE CONCEPT DE «RACE »Nicole Medjigbodo a longtemps enseignéla philosophie. Sa thèse, sur le conceptde «race», permet de comprendre sestransformations en une idée présentéecomme scientifique au XIXe, alors quenaturalistes et philosophes tentaientd’établir les causes de la diversitéhumaine. Les récits de voyageurs,l’étude de leurs relations avec les popu-lations, permettent de saisir comment sesont constituées les doctrines raciales,et leurs influences... et comment s’estréalisée la pénétration d’une visionracialisée du monde dans l’idéologiedominante. Alors que l’aide au déve-loppement et l’action d’ONG en Afriqueprennent des chemins souvent douteux,cette lecture devrait aider à repenserplus sainement nos relations avecl’Afrique et ses habitants.•La construction du concept de « race»et les récits des voyageurs anglais etfrançais sur la côte des esclaves et leroyaume du Danhomè (1670-1865),N. Medjigbodo, 550 p. Éd. de l’ANRT(http://www.anrtheses.com.fr/)

� INTERACTIONS LANGAGIÈRESOU RAPPORTS SOCIAUXQue la communication, la médiati-sation donc le langage prennent lepas sur l’analyse des rapportssociaux, des classes sociales, desgroupes sociaux est révélateur de laprégnance d’une sociologie compo-sée d’acteurs sociaux, d’individus. Dece fait le langage imposé par les puis-sants obscurcit la réalité. La thèse deClaude Morilhat éclaire notre monde,nous conduisant, pour changer le monde,à changer notre langage.•Empire du langage ou impérialisme lan-gagier ? C. Morilhat, éd. Page deux, 165 p.

� LA FRANCOPHONIE EN ACTIONJeanne Fouet-Fauvernier proposeaux enseignants de Lettres d’en-treprendre, avec leur classe, l’étudede la littérature francophone magh-rébine. Dans cette optique, elle aécrit une étude pédagogique del’œuvre de Driss Chraïbi.• La Mère du printemps (L’Oum-er-Bia)de Driss Chraïbi, Approches LittérairesL’Harmattan, 93 p.

POLARQUELQUE CHOSE DE POURRI...La Suède bien sûr. Un point de départ quipourrait servir de pub à la sécurité rou-tière, Funestes carambolages (titre fran-çais). Un homme sort d’une réunion trèsalcoolisée. Il prend le volant, tue unenfant qui marchait sur la route, fuit... etsubit un chantage qui l’amène à tuer.Hakan Nesser en profite pour raconter laSuède, la solitude, le travail policier. Unpeu long souvent. Mais efficace. Il faut sesouvenir que ce roman a été écrit en1999. On a quelque fois l’impression quec’était avant-hier... N. B.• Funestes carambolages, H. Nesser,Seuil/Policiers, 294 p.

NOIRE EST LA VILLEMarc Villard est un amateur de jazz –Bird, le titre de ce roman plus vrai quevrai est une référence à Charlie Par-ker, génie du jazz – qui connaît aussile blues, ces bleus virant au noir.Nous sommes dans Paris, la nuit, avecle Samu social. Une équipe de jeunesgens et filles essaye d’apporter unpeu de chaleur à ceux et celles nom-més SDF, une catégorie nouvelle quepersonne ne sait définir avec préci-

sion – voir le Repères por-tant ce titre, La Découverte– mais qui existe. Cécile, auprénom de son âge, 25 ans,recherche son père parmiles personnes qu’ellesecourt, saxophoniste audestin brisé qui l’a aban-donnée lorsqu’elle avait14 ans. Cette quête secoue toute la liede la société que personne ne veutvoir, de ces jeunes gens des beaux

quartiers cassant du SDFaux flics corrompus dans unenvironnement qui neconnaît que le poids de l’ar-gent, de la fortune. Lorsquele bout du tunnel se dis-tingue, la misère des autresempêche de l’atteindre...Noir c’est noir, où est passé

l’espoir ? N. Béniès• Bird, Marc Villard, Editions Joëlle Los-feld, 100 p.

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Après L’approche et Le quotidien, La viemoderne est le troisième volet de la tri-logie dans laquelle, depuis dix ans, Ray-

mond Depardon déclare son amour au mondepaysan. Lui-même a vécu son enfance dansune ferme de la vallée de la Saône, et s’en sou-vient avec émotion. Mais, dans ce film, commedans les précédents, aucune quête égoïste desracines. Simplement, Depardon est entière-ment tourné vers l’autre, qui est aussi uneimage de lui-même, un pareil discret et silen-cieux. Au son de Fauré, une route le ramène,comme au bercail, chez ces paysans demoyenne montagne. Eux attendent ce témoinamical de leur solitude, qui pose un regardtendre sur leurs paysages nus et leurs inté-rieurs modestes. Jamais peut-être il n’aura étéautant à la fois photographe et cinéaste, peintrede l’instant prolongé, comme cette pose incer-taine et joyeuse d’Alain et Cécile, les nouveauxmariés qui commencent leur vie à la ferme.Cécile vient de loin, prête à se dévouer à cepays rude, que sa force et sa jeunesse viennentrevitaliser, tandis que les deux oncles, duo

CINÉMA MUSICAL (DVD)Chanteuse du désertSainkho Namtchylak enregistrepour Léo Records, un label spécia-lisé dans les musiques de jazz etactuelles. Elle se sert de sa voix, àla tessiture élargie pouvant monterdans l’aigu, proche du cri, mais fai-sant aussi penser à la musique despierres du désert lorsque le vent lesenchante. Originaire du désert deTuva, à la frontière de la Mongolieet de la Sibérie, une région, on lesait, pas très accueillante. Le film deGuy Girard permet de les découvrir,de l’entendre aussi aux côtés dedeux musiciens de la scène new-yorkaise d’aujourd’hui, WilliamParker à la contrebasse et HamidDrake à la batterie et aux percus-sions. Un DVD nécessaire pourtomber sous le charme de cette voixne ressemblant à aucune autre. Unemanière de se servir des imagespour donner un nouvel écrin à cettemusique, difficile d’accès mais quirecèle une sorte de magie permet-tant d’espérer dans l’avenir.

Nicolas Béniès• La Huit présente Sainkho Namtchylak,un film de Guy Girard, Freedom Now,Spirale/DG Diffusion.

MUSIQUES• JAZZ

Jazzmen detous les pays,unissez-vous !Pour sa 6e édition,le festival Jazzycolorsaccueille des musi-ciens du Canada,

Corée, Estonie, Finlande, Hongrie,Japon, Pologne, Roumanie, Serbie,Slovaquie, Suède et Suisse, pour desrencontres dans les instituts culturels.Il est parrainé par Bojan Z, pianisteserbo-croate, sorte de symbole detous les exils et de toutes les trans-figurations. L’invité d’honneur serale pianiste canadien Oliver Jones.Pour découvrir que le jazz est un etmultiple à la fois. N. B. • Jazzycolors, du 18 au 29/11.www.jazzycolors.net

• CLASSIQUEUn drôle d’oiseauCent ans après sa naissance, laFrance rend hommage à l’un deses plus grands compositeurs, Oli-vier Messiaen, disparu en 1992.Élève du Conservatoire de Paris, oùil enseignera lui-même durant desdécennies, Messiaen allie dès l’ado-lescence ses deux passions : lamusique et le chant des oiseaux,qui le mèneront à l’écriture d’unTraité de rythme, de couleur etd’ornithologie en sept volumes.« Les oiseaux sont les plus grandsmusiciens qui existent sur notreplanète » expliquait-il. Organiste àl’église de la Trinité, il composedes œuvres inspirées par sa foichrétienne, telles que L’Ascensionou La Nativité du Seigneur, sonpremier grand cycle d’orgue. Soncélèbre Quatuor pour la fin duTemps est créé en 1941 dans lecamp où il est prisonnier et, aprèsla guerre, il compose de nom-breuses œuvres majeures, àl’exemple des Vingt regards sur

monde entier et il enexiste des enregistre-ments indispensables,tels le Saint Françoisd’Assise dirigé parKent Nagano (DG) oules œuvres orchestralesdirigées par Boulez.Myung-Whun Chung,

chef de l’Orchestre philharmoniquede Radio France, vient de publierun nouveau disque remarquabled’œuvres essentielles de Messiaen,dont il fut l’ami : les Trois petitesliturgies de la Présence divine, lesCouleurs de la Cité céleste etl’Hymne pour grand orchestre(DG). Alexis Chabot• À consulter :http://www.messiaen2008.com/

l’Enfant Jésus, de laTurangalîla-Sympho-nie, créée à Bostonsous la direction deLeonard Bernstein, desSept haïkaï créés parPierre Boulez ouencore de Et exspectoresurrectionem mor-tuorum créé à la Sainte Chapelle en1965. En 1975, le directeur del’Opéra de Paris lui commandeSaint François d’Assise, opéra crééen 1983 par Seiji Ozawa avec JoséVan Dam dans le rôle-titre. Sonœuvre singulière a souvent dérouté,entre avant-garde et inspirationmédiévale, passion ornithologiqueet sentiment religieux ; aujourd’hui,ses œuvres sont jouées dans le

comique mais digne, commentent le boule-versement de la famille. Ce n’est pas la seulechose qui change. Il y a aussi les deux der-nières vaches qu’on vend, Amandine quirenonce à ses projets de reprendre une fermeparce qu’on ne lui fait pas sa place ; il y a levieux Marcel Privat dont le visage presque fos-silisé semble déjà retiré du monde. Dans cesrégions isolées de Haute-Saône, le temps necompte ni ne se conte. Germaine et MarcelChalaye ne savent même plus depuis quand ilssont mariés, et Daniel, souriant sur son trac-teur, jeune et déjà vieux, aurait voulu faireautre chose mais ne sait plus quoi. Depardonfilme des silences qui sont des réponses : lavraie vie était peut-être ailleurs, mais elleest ici et maintenant. La vie moderne n’est pasun titre ironique ni paradoxal. C’est biend’aujourd’hui qu’il s’agit, d’un aujourd’huivivace parce qu’il s’acharne à faire vivre cequi tend à mourir. Pour autant, ce troisièmeépisode de ce qui fut les Profils paysans estle dernier, et malgré l’apaisement des ultimesimages, malgré la promesse de retour, la fin

du voyage fait un pincement au cœur. Pourdire ce mélange de précarité et d’espoir, ilfaut un toucher délicat, le sien et celui de sacompagne Claudine Nougaret, la relation deprofonde confiance qu’ils ont nouée au fil desans avec des personnes devenues person-nages ; en un mot la fameuse « bonne dis-tance » qui, mettant le documentariste aupoint exact où l’attention se conjugue avec lerespect, fait la grâce unique du cinéma deRaymond Depardon. ■ Jacqueline Nacache

• La vie moderne, Raymond Depardon. Entretiensur www.advitamdistribution.com.

LE REGARD DE DEPARDON SUR LE MONDE PAYSAN

La vraie vie est ici

CULTURECinéma/Théâtre/Spectacle

BIOGRAPHIE-JAZZ

Supplément au no 673 du 25 octobre 2008

CLOWN ET GÉNIELe jazz est une musique faite de performances. Au senssportif du terme. Résultat d’un engagement total, corps etâme. Roland « Rahsaan » – ce nom, il l’avait rêvé ou, plutôt,pour employer une terminologie des nations indiennes, ilavait eu une « vision » – Kirk fut de ceux qui savaient quela mémoire du jazz, la création spontanée ne peut provenirque de cette alliance a priori contre nature, du moins à nosyeux d’occidentaux. C’est à ce niveau que se situe l’héritagedes cultures africaines. Le voir était un spectacle, l’en-tendre un choc renouvelé à chaque fois. Il jouait de troissaxophones, un ténor, un strich, un manzello. Les deux

derniers étaient le résultat d’un bricolage. John Kruth explique, met en perspective,en multipliant les témoignages dont celui de Kirk lui-même – il a retrouvé unecassette autobiographique – et de sa compagne, pour rendre au saxophoniste, maisaussi flûtiste « à nez », amateur de souffle continu, utilisateur de boîtes à musique,de sirènes qu’ils utilisaient dans un timing totalement pensé, sa place, toute sa placefondamentale dans les jazz. Un auteur aussi poète, critique de jazz et écrivain. Kirkmérite cette biographie ne respectant pas l’ordre chronologique – le titre le dit expli-citement Des moments lumineux. Sa vie, son héritage –, recommandée pour com-prendre, surtout pour ceux et celles qui disent ne pas aimer le jazz, un des géniesmusicaux du XXe siècle. Les autres ont déjà compris... N. B.• Rahsaan Roland Kirk. Des moments lumineux. Sa vie, son héritage. John Kruth,Infolio, 416 p.

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L’US magazine : De toutes vos activités(auteur, acteur, metteur en scène, directeurd’une école de théâtre) laquelle vous procurele plus grand plaisir ?Jean-Yves Ruf : Comédien ? Je ne le suisplus beaucoup. Il faut maintenant tellementprévoir une mise en scène à l’avance. J’ai jouéau « Théâtre du Peuple » à Bussang avecgrand plaisir. Auteur ? Je ne suis pas auteurde textes, je suis plutôt voleur de textes.Quand j’écris des spectacles, je pars souventd’une matière collective, de l’improvisationdes comédiens. J’agence, j’écris à partir de ça,mais je n’ai jamais fait l’expérience d’amenerun texte déjà écrit. Mais c’est la mise enscène qui me procure le plus de joie.

L’US magazine : Avec Mesure pour Mesure,vous montez Shakespeare pour la deuxièmefois.J.-Y. R. : La première fois, ce n’était paspour Shakespeare. C’était pour la forêt. Àl’époque, j’habitais au bord d’une forêt etj’ai eu l’envie de faire un spectacle, sur laforêt, sur la peur et le plaisir de se perdre enforêt. Une intuition que j’ai confrontée à deslectures. Julien Gracq, Marienstras... puis j’aipensé à Shakespeare. J’ai lu Le songe etquand j’en suis arrivé à Comme il vous plaira,je me suis dit que c’était exactement ce quej’avais envie de décrire. Rosalynde qui seperd dans son désir comme en forêt. Mesureest une pièce passionnante à plusieurs égards.Dans sa forme, elle est très contemporaine.Ses lignes de force sont nombreuses et char-gées de résonances actuelles. Elle commencecomme une pièce sombre et politique, et autroisième acte, il y a cette pastorale...L’US magazine : Qu’apporte la traductiond’A. Markowicz ?J.-Y. R. : André traduit à l’oreille, de façon

très musicale. C’est quelqu’un qui aime leslangues, les structures de la langue, la cultureque trimballe la langue. Il est très attentif àl’aspect musical de la langue de Shakespeare.

L’US magazine : Et votre collaboration avecEric Ruf ?J.-Y. R. : Cela faisait un moment que nousvoulions travailler ensemble. Le sujet deMesure nous convenait bien. Quand je l’ai vuen Hippolyte dans Phèdre, j’ai pensé qu’ilallait faire un superbe Angelo. Il y a quelquechose sur la foi, sur le désir de pureté quevéhicule notre famille. La pièce nous offraitun matériau intime. On avait la peur tous lesdeux mais on avait quelques heures de volderrière nous...

L’US magazine : Votre mise en scène va-t-elle donner une lecture limpide de la pièce ?J.-Y. R. : C’est le but. Même s’il y a dans letravail des partis pris esthétiques, la gageureest de faire entendre la narration. Il n’y a entous cas aucun parti pris volontariste quinécessiterait de connaître la pièce pour com-prendre.

L’US magazine : Quel est votre rapport avecles jeunes publics ?J.-Y. R. : Je fais un théâtre que j’aime, que jedéfends. Je ne bêtifie pas quelque chose poureux. Après, il y a sans doute une manière departager son désir de théâtre avec le jeunepublic mais il n’y a pas de différence d’es-sence. Il y a dans Mesure des résonancesavec l’actualité. Justice expéditive, prisonssaturées et ce désir de religion qui revienttrès fort... La guerre au nom de Dieu... ■

Propos recueillis par Francis Dubois

• Mesure pour mesure de William Shakespeare, du7/11 au 2/12/2008 à la MC 93 de Bobigny.

Nos collègues enregistrentUn groupe s’appelant Tes baisers ont le goût dela mort pour un album au titre suggestif Un doigtde serpent ne peut pas êtrefondamentalement mauvais.Plus même, il s’est produit auNancy Jazz Pulsations. Un jazzpluriel sollicitant tous les stylesjusqu’à la bossa nova. Malgré lacouverture bizarre, un albumà écouter. P. L.• À se procurer sur www.bouliki.com

Nevers, ville du jazzNevers, comme beaucoup de villes dans lesquelless’organise un festival de jazz, connaît une pro-grammation qui couvre l’année. Il reste que lasemaine du 7 au 15 novembre – après les vacancesde la Toussaint bizarrement – en est le moment fort.Les rencontres internationales d’jazz de Neversfêtent leur 22e anniversaire avec des invités allantde la Finlande, un jazz qui se découvre et emporteles adhésions du public et des organisateurs, à ladanse avec une création de Joseph Nadj asso-ciant 4 danseurs et 4 musiciens – Nadjqui organisait des festivals de jazz etinvitait Archie Shepp – en passant parJohn Scofield, Joey Baron, Louis Sclavis,Paolo Fresu... ainsi qu’un hommagenécessaire à Albert Ayler. Des ren-contres qui laissent rêveurs sur l’ac-tualité et la présence des jazz. Il faudraitcontinuer d’en parler plusieurs semaines de suitepour en épuiser les richesses. Et pourtant, lesmédias donnent peu de place au jazz... N. B.• Rens. 03 86 59 40 65, www.neversdjazz.com

Actualité culturelle :du nouveau sur internet !

Avez-vous visité le nouveau site du SNES,complètement rénové ? Les pages culture,constituées de plusieurs centaines d’ar-ticles, avec des actualisations chaquesemaine, sont beaucoup plus accessibles : encliquant dès la page d’accueil sur « Publi-cations, éditions, culture» dans le premierencadré à gauche titré « Le SNES », puissur « Culture » (http://www.snes.edu/spip.php?rubrique2562) on peut découvrir entrois « clics » les différentes sous-rubriquesaffichant les derniers articles mis en ligne,les précédents étant consultables en« archives » de chaque sous-rubrique...Sont ainsi proposés de nombreux complé-ments aux articles des pages culture duMagazine, avec l’actualité cinématogra-phique, théâtrale, chorégraphique, musi-cale... dans les théâtres partenaires... débatset conférences, expositions, collègues créa-teurs, festivals, entretiens avec des auteurset artistes... et, chaque fois que nous enavons connaissance, des échos des mobili-sations des professionnels de divers sec-teurs culturels menacés par les conséquencesdes orientations gouvernementales de culturedu « résultat », de désengagement de l’Étatréduisant le budget, démantelant l’actionculturelle, précarisant la création...Est par ailleurs toujours accessible en per-manence, pour les syndiqués (avec le mot depasse de la carte SNES), la base« Réduc’snes » de la centaine de théâtresacceptant de faire bénéficier les syndiquésd’un tarif réduit, dans diverses régions...Si vous connaissez d’autres lieux pouvantaccepter d’être partenaires, d’autres initia-tives culturelles de qualité à soutenir...contactez-nous. [email protected]

Supplément au no 671 du 25 octobre 2008 - US MAGAZINE - 41Ont participé à la conception de ces pages Nicolas Béniès, Alexis Chabot, Francis Dubois, Philippe Laville, Jacqueline Nacache, Micheline Rousselet

Images des femmes et cultures

Le Musée Dapper àParis présente du10 octobre 2008 au

12 juillet 2009 Femmesdans les arts d’Afrique.Que nous disent les sta-tues et les masques del’image des femmes, deleur place dans la

société et dans l’imaginaire des sculpteursafricains ? Les œuvres exposées (près de 150provenant souvent de grands musées) nousparlent de leur rôle de mère, d’épouse, maisaussi de leurs pouvoirs magiques, de leursfonctions dans la vie sociale, économique etreligieuse. Le plus souvent réalisées par des

hommes, elles traduisent la multiplicité desconditions et statuts dévolus aux femmes.Mais ce sont aussi des œuvres d’art excep-tionnelles dont les cubistes se sont beaucoupinspirées. L’exposition leur associe les pho-tos d’Angèle Etoundi Essamba qui utiliseles portraits de femmes pour s’interroger surla représentation et l’identité culturelle. L’ex-position s’accompagne de rencontres-débats(polygamie, atteintes au corps, place desfemmes aujourd’hui), d’un cinéclub Afrique,de représentations théâtrales et de séancesdestinées au jeune public. ■

Micheline Rousselet

• Musée Dapper, 35, rue Paul-Valéry, 75016Paris, tél. 01 45 00 91 75, www.dapper.com.fr

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ENTRETIEN AVEC JEAN-YVES RUFmetteur en scène.

Mesure iinnttiimmee eett aaccttuueellllee

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42 - US MAGAZINE - Supplément au no 673 du 25 octobre 2008

CULTUREMultimédia

DES SITES POUR EN SAVOIR PLUS

– L’œuvre de Lamarck : http://www.lamarck.cnrs.fr/– L’œuvre de Darwin : http://darwin-online.org.uk/– Institut Charles Darwin International (créé par Patrick Tort) :http://www.darwinisme.org– Dossier très complet sur l’évolution, CNRS, Sagascience http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosevol/, une référence. – Hominidés, très complet, tenu à jour : http://www.hominides.com/index.html.– CanalU, vidéothèque de conférences dont plusieurs sur l’évolution,http://www.canalu.tv/index.php/canalu/themes__1/sciences_fondamentales/sciences_de_la_vie, avec J. Gayon s’adressant à des lycéens, http://www.canalu.tv/index.php/canalu/themes__1/sciences_fondamentales/sciences_de_la_vie/theorie_de_l_evolution_et_creationnisme_jean_gayon– L’Union rationaliste, valorisant résolument la Raison devant toutesidéologies et croyances, présente un dossier intéressant sur l’évolu-tion et son argumentation : http://www.rationalisme.org/french/sciences_preuves_2.htm.– L’Association française pour l’information scientifique promeut lascience contre ceux qui nient ses valeurs culturelles ou la détournent, avecdes articles de réflexion et d’actualité : http://www.pseudo-sciences.org/.– Communiqués du SNES : http://www.snes.edu/spip.php?rubrique3838.

ENSEIGNANTS, C’EST NOTRE MÉTIER DE DONNER aux élèves connaissances et outils méthodologiques pour aborderles questions qui interpellent le citoyen et l’obligent à prendre position. Il paraît indispensable de protéger l’école contrel’intrusion de groupes qui, au titre de croyances ou en jouant sur le registre des émotions..., empêcheraient la prisede distance nécessaire à la réflexion. Si quelques associations, avec insistance, tentent de s’introduire dans nos classes,par exemple pour militer contre toute expérimentation sur l’animal, il faut reconnaître qu’il est difficile de venir fairedu prosélytisme dans l’école. Sauf à penser que l’environnement de l’école pénètre celle-ci et c’est évidemment lecas du Web. Certains groupes de pression du secteur économique et certaines organisations du champ religieux l’ontbien compris. Ainsi, les tenants du néo-créationnisme et du dessein intelligent sont très soucieux de pédagogie surla toile et nous serions bien imprudents de les ignorer !

L’enseignement de questions socialement vivLa biologie, entre intrusions et enseignement

Enseigner l’évolution du vivantdans un contexte de regain du créationnisme

volume. Cet argumentaire contrele darwinisme est plutôt habilecar, s’il paraît grossier pour toutepersonne ayant une bonne for-mation scientifique, il est diffi-cile à « démonter » pour unlycéen. Ce livre ayant été rapide-ment rejeté, la tentative serait-elle un échec ? Pas sûr : superbe-ment illustré, il est entièrementen ligne : http://www.mensongedelevolution.com/index.php ethttp://www.harunyahya.fr/livres/evolution/atlas/atlas_01.php.L’Université Interdisciplinaire deParis, http://www.uip.edu, a elleaussi une belle vitrine sur le Netavec cours, actes de colloques,forums. Elle milite pour remettreDieu dans la science (le Desseinintelligent), en utilisant tous lesmoyens possibles pour paraître cau-tionnée par des « scientifiques »,

tantôt pseudo-savants tantôt authen-tiques chercheurs piégés dans descolloques « contradictoires ».De nombreux sites, souventmoins habiles, sont explicitementanti-darwiniens comme http://www.info-bible.org/science/evolution.htm (évangélistes ?).

Les joies de GoogleEn saisissant « darwinisme »,« théorie de l’évolution », « ori-gine de l’homme », ... nos lycéensse voient proposer dès les 30 pre-mières occurrences des liens versdes sites prosélytes conçus notam-ment pour les « convaincre ». Sicertains de ces sites sont interditsdepuis les établissements publics,ils ne le sont certes pas quand lesélèves sont chez eux. Ne devrait-on pas les amener à y travailler, ycompris devant nous, dans unedémarche guidée de formation àla recherche documentaire, avecanalyse critique des sources etdes démarches ?

Un enseignement moinsefficace qu’on le voudraitL’évolution apparaît bien commele paradigme central de la biolo-gie scolaire mais elle est peu

Certes, nous n’enseignons pasla théorie de l’évolution« contre » telle ou telle

croyance. Ce serait mettre sur lemême terrain science et croyanceet c’est le piège qui nous esttendu ! Mais il est prudent d’ob-server ce qui se passe pour donnerà nos élèves les outils intellec-tuels nécessaires.

Un contexte inquiétantSi listes de diffusion et forumsrévèlent une grande inquiétudevis à vis de remises en cause dudarwinisme, les « aventures »américaines semblent exotiques !L’Atlantique est-il infranchis-sable ? Le rapport Lengagneauprès du Conseil de l’Europemontre que, si la France reste rela-tivement protégée, l’Europe n’estpas indemne. On peut consulter :

Interroger des chercheurs– Le forum éducation du MNHN,http://forumeducation.mnhn.fr,permet aux enseignants commeau lycéens de poser des ques-tions directement aux chercheursdu Muséum. Il suffit de seconnecter, de s’inscrire (la pre-mière fois) puis de déposer laquestion dans la rubrique thé-matique correspondante. Vous avez dit bizarre !– Une liste noire des sites scien-tifiques bidon, http://www.e-scio.net/noire/liste.html, par A.Moreau, physicien.– Quelques ouvrages sur lesbizarreries polaires et la Terrecreuse, http://www.artivision.fr/docs/biblioterrecreuse.html, parF. Idylle.

NOS SITES DU MOIS

– le rapport (juin 2007) http://assembly.coe.int/Main.asp?link=/Documents/WorkingDocs/Doc07/fDOC11297.htm ;– la résolution 1580 du Conseil del’Europe http://assembly.coe.int/mainf.asp?Link=/documents/adoptedtext/ta07/fres1580.htm.Une recherche montre que, chezdes enseignants, parfois en SVT, lescroyances peuvent perturber la pen-sée scientifique : Les conceptions[...] d’enseignants [...] de douzepays, http://www.congresintaref.org/actes_pdf/AREF2007_Marie-Pierre_QUESSADA_ 407.pdf.

Des croyances agressivesEn 2007, un luxueux Atlas de laCréation (par Harun Yahya, seréclamant de l’Islam), est adresséaux établissements belges et fran-çais, puis en 2008 le second

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Supplément au no 671 du 18 septembre 2008 - US MAGAZINE - 43

[...] L’absence de réflexion moralesur des sujets humains aussi sen-sibles est d’ailleurs visible defaçon symptomatique dans lesdocuments d’accompagnementdes programmes officiels sur laprocréation.(2) » Pour en savoir plus : communi-qué du diocèse, http://www.acep.asso.fr/Communique-de-la-direction-diocesaine-de-l-Enseignement-catholique-de-Paris_a446.html ; un article de journaliste(La République du centre),http://www. libertepolitique. com/liberte-deducation/621-un-recteur-qvictime-des-anti-ivgq-sic-larticle-de-la-rblique-du-centre, cité sur cemême site très marqué par le mili-tantisme anti-avortement ; oumieux, saisissez [avortement + loiVeil + baccalauréat] dans Google,des milliers de références vous ren-verront à cet « évènement ». ■

1. Site catholique libertepolitique.com2. Direction diocésaine de l’enseigne-ment catholique de Paris.

ADAPT A PUBLIÉ SUR LES QSV

– L’évolution, théorie scientifique et enseignement (cédérom), actesde rencontres du SNES, 2008, 9,50€.Sur ce type de sujets, le recours à l’Internet a tendance à devenirexclusif. Nous pensons que c’est une erreur, que livres et sites Web secomplètent, nos livres prévoient une sitographie, nos pages multimédiaspeuvent prévoir une bibliographie ! Deux livres donc :– L’évolution, un enseignement semé d’embûches ? Dir M. Coquidé etS. Tirard, 2008, sous presse ;– L’enseignement des questions socialement vives en histoire et géo-graphie, actes du colloque SNES-CVUH, 2008, 16€.Ces publications sont décrites sur http://www.adapt.snes.edu et onpeut commander en ligne.

DES NOUVELLES DU MONDE DES CÉDÉROMS

– Pour comprendre la marche de l’histoire, 35 années d’archives duMonde diplomatique, 40 000 documents – articles, bibliographies, cartes,traductions des éd. étrangères –, sur DVD-rom (1973-2008) : http://www.monde-diplomatique.fr/cederom/commande. – Des centaines de tests effectués par des collègues :http://www.adapt.snes.edu/spip.php?rubrique14

QUELQUES THÈMES SENSIBLES EN SVT

• Pages réalisées par Alain Prévot pour Adapt-SNES – 46, avenue d’Ivry, 75641 Paris Cedex 13 – 01 40 63 27 70, alain.prevot@adapt. snes.eduCes articles sont soumis à la licence Creative Commons, la reproduction exacte et la distribution intégrale sont permises sur n’importe quel support, à autantd’exemplaires que vous le désirez, pourvu que cette notice et les mentions de copyright soient préservées, et à l’exclusion de toute utilisation commerciale.

Tous les articles multimédias parus dans L’US Magazine, des centaines de tests de cédéroms éducatifs, de nombreux liens,le catalogue des publications d’Adapt (commande en ligne possible) sur http://www.adapt.snes.edu

v es : pas sans l’Internet ?

1975-2005, un anniversairequi laisse des traces

Bien des sujets font l’objet de dossiers documentaires réalisés par desgroupements d’intérêts ou des associations partisanes, pas toujoursrigoureuses, or nos élèves acquièrent difficilement le réflexe d’identifierles sources. Ce qu’ils pourraient trouver dans les premiers liens d’unerecherche sur quelques mots : – [OGM] : 2/3 de sites partisans comme http://www.institutmolinari.org/editos/20060420.htm ;– [Alcool + santé] : le deuxième lien est, semble-t-il, le site d’une revuefinancée par l’industrie de l’alcool, http://www.educalcool.qc.ca/fr/(« Les grands distillateurs s’associent de plus en plus aux champions deFormule 1 [...] pour promouvoir leurs messages contre l’alcool au volant ») ;– [Alimentation + équilibrée] : à droite, liens commerciaux vers Maggi,Knorr, Danone, Carrefour, etc., ainsi plus faciles donc à trouver quel’AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) ;– [Origine + races] : en troisième lien, une Racial nationalist library fortpeu recommandable.Bien évidemment, on trouve tout aussi facilement des sites de qualité,« neutres » ou partisans.

LES SVT NE SONT PAS TOUJOURSEN PREMIÈRE LIGNE : HISTOIRE ET QSV

Récemment, plusieurs interventions venues du champ de la politiqueont conduit les historiens à réagir et prendre position sur la fonctionde leur enseignement dès lors qu’il s’agit de questions de colonisation,de conflits en cours, de racisme ou d’antisémitisme, du « fait » reli-gieux, etc. Là aussi, on ne peut ignorer le contenu du Web et il vautmieux y faire appel explicitement. On trouvera dans les actes du col-loque organisé, en 2008, par le SNES et le CVUH (Comité de vigilanceface aux usages publics de l’histoire), des réflexions sur l’enseignementde ces questions et les références de ressources en ligne.Nous préparons un dossier sur ce sujet.

En 2005, plusieurs institutionsdont la direction diocésainede l’enseignement catholique

de Paris interpellent le ministre, àpropos du sujet de SVT du bacL, 30 ans après la loi Veil légali-sant l’avortement, l’obligeant às’exprimer. En septembre, ledéplacement d’un recteur seraattribué à ces réactions… Le sujetest pourtant conforme aux pro-grammes, selon l’inspection géné-rale. La vive polémique del’époque reste très présente sur leWeb. Quelques citations, récupé-rées en ligne, permettent de situerle terrain de l’argumentation :« L’épreuve [...] a porté atteinte àla liberté de conscience. Il étaitdemandé aux candidats [...] dedégager des arguments en faveurde l’avortement(1). Le ministre [...]doit s’expliquer sur une entorsegrave à la rigueur scientifique etaux règles déontologiques les plusélémentaires. [...] Face à une ques-tion qui heurtait sa conscience,l’élève était [...] contraint et piégé.

enseignée pour elle-même, sesmécanismes sont à peine abordésen dernière année de lycée géné-ral et, la démarche expérimentaleétant privilégiée, on néglige lesspécificités méthodologiques del’étude du passé. D’où des étu-diants peu armés épistémologi-quement, très finalistes... Lire parexemple : http://www.snes.edu/observ/spip/IMG/pdf/Epistemologie_de_l_evolution_C-Orange.pdf (C. Orange). On peut consul-ter les programmes sur http://eduscol.education.fr

Utilisons donc, nous aussi,l’InternetNous ne pouvons offrir ici unesitographie suffisante mais noussignalons quelques pistes, les unesincontournables, d’autres mécon-nues. Ceux qui « font » la science(CNRS, universités...), des coursuniversitaires, des « réponses »

aux néo-créationnistes, desexemples de progressions pour laclasse... :– Évolution et créationnismes,par G Lecointre, http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosevol/decouv/articles/chap1/lecointre1.html ;– Science, Evolution, and Crea-tionism, National Academy ofSciences and Institute of Medi-cine, 2008, http://books.nap.edu/html/11876/SECbrochure.pdf ;– R e s s o u r c e s d e l ’ I N R P ,http://acces.inrp.fr/evolution ; – Exercices intéressants dès leprimaire, à l’école des sciencesde Bergerac, http://www.perigord.tm.fr/~ecole-scienc/pages/activite/monde_vivant/Telechargements/SoMod.htm ;– Enseignement en contexte reli-gieux (Tunisie), http://www.inrp.fr/Acces/Biennale/6biennale/Contrib/affich.php?&mode=long&NUM=73 (thèse de S. Aroua). ■

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44 - US MAGAZINE - Supplément au no 673 du 25 octobre 2008

réédité plusieurs fois et l’édition de 1975porte comme sous-titre « géopolitiqued’une crise ». Dans ce livre, je prends encompte, la croissance démographique.C’était novateur à l’époque, surtout pourun géographe inscrit dans la mouvancecommuniste car Marx avait critiqué lesthèses de Malthus. Il faut ajouter que j’aiquitté le PCF en 1956, sans drame. Ensuite, j’ai fait une rencontredéterminante en Algérie, c’est celle dugrand historien arabe Ibn Khaldoun. Leparti communiste algérien souhaitaitcélébrer le 450e anniversaire de sa mort etje me suis retrouvé en charge d’un article.J’apprends qu’il existe à la BibliothèqueNationale d’Alger une traduction de sonœuvre. Je la consulte et je suis emballé.Ibn Khaldoun s’interroge sur les blocages,les limites de la société maghrébine duXIVe siècle. Ce texte me passionne car jesuis alors un colonial – aujourd’hui, je me

L’Université Syndicaliste : Vousêtes reconnu comme le fondateurde l’école française de géopolitique.Votre formule « la géographie,ça sert, d’abord, à faire la guerre »est restée célèbre. Dans votreparcours de géographe, commentavez-vous rencontré la géopolitique ?Yves Lacoste : Le terme degéopolitique n’est pas employéen France avant les années 1980,aussi bien par moi-même que parles autres géographes. C’était alorsune expression taboue, considéréecomme nazie, associée à la théoriede l’« espace vital ».Personnellement, ce n’était paspar prudence mais je ne voyais pasl’intérêt de parler de géopolitique.Pierre George et Jean Dresch, mesdeux maîtres, ne l’employaientpas. Mais, dans les faits, mesréflexions portaient sur lesrapports entre la géographie et lepolitique. Quand j’écris en 1976« la géographie, ça sert, d’abord,à faire la guerre», c’est en réalitéMichel Foucault qui, dans un article parudans le premier numéro d’Hérodote, parlede géopolitique de façon fort négative.Le terme de géopolitique est sorti del’ombre au moment de la guerre Vietnam-Cambodge, en 1979. Ce conflit stupéfaitl’opinion publique qui ne comprend pascomment deux « frères communistes »,solidaires contre l’impérialismeaméricain, pouvaient se faire la guerreuniquement pour un territoire (le delta duMékong). Le journal Le Monde, dans unéditorial, qualifie alors ce conflit degéopolitique.

L’US : Dans les années 70, vos recherchesportent sur les pays sous-développés. Vosréflexions sur la géopolitique s’inscrivent-elles dans le prolongement de ces travauxinitiaux ?Y. L. : Mon ouvrage sur la géographie dusous-développement publié en 1965 a été

définis encore comme un colonialanticolonialiste – et j’ai laconviction que les sociétéscolonisées ont besoin d’êtrechangées. Je m’aperçois aveccette lecture que le blocage de cessociétés n’est pas seulement lecontrecoup de la conquêtecoloniale mais, au contraire, quec’est cet ancien blocage qui arendu possible la colonisation.Pour résumer, dans mon livre surle sous-développement,j’introduis la dimensiondémographique et je commence àexpliquer que ce n’est pasforcément la colonisation qui abloqué la croissance. mais que cesont des sociétés bloquées qui ontété bouleversées par la conquêtecoloniale. J’utilisais unraisonnement marxiste àl’encontre du discours dominant.Pour comprendre moncheminement, il faut revenir à mavocation de géographe qui estdouble. D’une part, mon père était

géologue et il m’expliquait déjà desthéories comme celle de la dérive descontinents. Lorsque j’ai voulu entamer desétudes de géologie, la discipline étaitdevenue très mathématique. J’ai alorspréféré me diriger vers la géographiephysique. D’autre part, je suis né au Marocet j’ai été fasciné par ce pays. Mon premiertravail de géographe se trouve au carrefourde ces deux centres d’intérêts: c’était uneétude de géomorphologie au Maroc surune plaine alluviale où un gros fleuvecoule sur ses alluvions au-dessus de laplaine. Ce travail qui date de 1950 m’aembarqué 22 ans plus tard dans l’affaire dubombardement des digues au Vietnam ! Eneffet, les Vietnamiens communistesaccusaient les Américains de bombarderles digues du fleuve Rouge qui lui aussicoule au-dessus de la plaine. Cesbombardements avaient pour but de causerau moment de la mousson, des inondations

ENTRETIEN

Le terme de géopolitique

n’est pas employé en France avant

les années 1980, aussi bien par moi-même

que par les autres géographes.

C’est alors une expression taboue.

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Yves Lacoste répond aux questions de Carole Condat et Élisabeth Morlin

Un géographe franc-tireurRésolument anticonformiste, un brin provocateur, souvent iconoclaste, Yves Lacoste est le père de l’école

française de géopolitique. Universitaire de terrain, inlassable chercheur et intellectuel engagé, il est depuis 1976le fondateur-directeur de la revue Hérodote et défend avec enthousiasme une géographie active au service

des citoyens ; une géographie capable de rendre lisible la complexité du monde. Il a dirigé autrefois avecle cartographe Ghirtadi une belle collection de manuels scolaires de géographie aux éditions Nathan. Missionaccomplie pour Yves Lacoste qui écrivait en 1984 vouloir « redonner aux géographes la fierté de leur tâche ».

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Supplément au no 673 du 25 octobre 2008 - US MAGAZINE - 45

meurtrières. C’est cette mission sur leterrain en 1972, en pleine guerre duVietnam, qui m’a amené à faire le lienentre la géographie et la guerre.

L’US : Que ce soit au Maghreb ou au Vietnam,vous montrez à chaque fois l’efficacitédu raisonnement géographique.Y. L. : Le véritable raisonnementgéographique est formidable et j’ai eul’occasion de le tester lors une mission enHaute-Volta, le Burkina actuel, en 1965-1966. Les bureaux d’études estiment queles possibilités de développement y sontinexistantes. Il y a en effet un plateaucentral surpeuplé encadré par des grandesvallées inhabitées et jugées inhabitablescar y sévissent la maladie du sommeil (ellea pourtant déjà disparu) et l’onchocercose,une maladie qui rend aveugle. Pourtant surdes photographies aériennes, j’identifiequelques points dans la vallée qui me fontpenser à des habitations... Je décide alors

d’aller sur place et je découvre l’existenced’un gros village entouré de champsd’oignons.Cette découverte ne satisfait pas lesbureaux d’étude qui avaient conclu àl’impossibilité de vivre dans ces vallées.J’écris un article sur cette vallée de laHaute-Volta. Quelques années plus tard,en 1968, j’apprends que la BanqueMondiale a eu connaissance de cettepublication et elle me demande conseil. Jepropose une stratégie géographique trèsécologique pour éliminer les petitesmouches responsables de l’onchocercoseet développer l’agriculture vivrière. Avecle soutien de l’OMS et de nombreusesorganisations internationales, la décision aété prise de répandre par hélicoptères desinsecticides biodégradables. Ce fut uneopération réussie sur le plan sanitaire maispas sur le plan économique carl’agriculture vivrière ne rapportait pasassez d’argent et beaucoup d’habitants ontfait le choix d’émigrer en Côte d’Ivoire.

L’US : Comment situez-vous la géopolitiquepar rapport à la géographie?Y. L. : La géographie, dès l’origine, estgéopolitique. Hérodote, qui est le premiergrand géographe il y a vingt-cinq siècles, aune démarche géopolitique et depuis dessiècles il y a des géographes au service deschefs d’État et des grandes entreprisescoloniales. Les géographes universitaires,n’existent que depuis le XIXe siècle mais en

France, pour des raisons complexes, ilsont longtemps refusé d’envisager lesphénomènes politiques. Pour moi, il n’y a

pas concurrence, maiscomplémentarité entregéographie et géopolitique.Je suis géographe, jen’aime pas être qualifié degéopoliticien.

L’US : Vous êtes toujoursprofesseur

à l’Institut français de géopolitique.Quelle est la spécificité de l’école françaisede géopolitique?Y. L. : A la différence des spécialistes desRelations Internationales qui nes’intéressent guère à la géographie et auxconflits locaux, l’Institut français degéopolitique, qui a aussi pour vocationpremière de former des jeunes chercheurs,accorde une grande importance auraisonnement géographique et historien ettravaille aussi bien sur des questions degéopolitique internationale que degéopolitique locale. La géopolitique, c’estl’étude des rivalités de pouvoir sur duterritoire mais pas forcément pour ceterritoire. Ces rivalités ne sont pasexplicables seulement par l’enjeu quereprésente ce territoire mais aussi par lesreprésentations des protagonistes. Pourcela, il faut faire appel à l’histoire.

L’US : Quels sont selon vous les points chauds de la planète ?Y. L. : Sans hésitation, la Méditerranée,au sens large. Il faut aujourd’hui incluredans cet ensemble tout le Moyen-Orient,l’Afghanistan et le Pakistan. On ne peutplus raisonner sur les rivages de laMéditerranée sans tenir compte de ce quefont les Iraniens, par exemple, et ce quise passe en Méditerranée se répercuteau sud du Sahara.

L’US : Et la Chine ?

Pour moi, il n’y a pas concurrence,

mais complémentarité entre géographie

et géopolitique. Je suis géographe,

je n’aime pas être qualifié de géopoliticien.

Y. L. : Il y a une rivalité entre les États-Unis et la Chine, mais économiquement ils sont aussi très dépendants l’un del’autre. On ne dit pas assez que la criseéconomique actuelle peut être aussi unecatastrophe pour la Chine. Il y a aussi unproblème interne à la Chine qui est trèsgéographique: c’est la spoliation despaysans chinois. ■

Yves Lacoste en 10 dates1929 : naissance à Fès au Maroc.1952-1955 : professeur en Algérie, il est enrelation avec les milieux anti-colonialistesalgériens.1965 : Ibn Khaldoum-naissance de l’histoire duTiers-Monde, éditions Maspero et Géographiedu sous-développement, PUF.1968 : enseigne à l’Université de Paris VIII.1972 : mission au Vietnam.1976 : La géographie, ça sert d’abord à fairela guerre, éditions Maspero. Création de larevue Hérodote dont Yves Lacoste est toujoursdirecteur.1989 : fondateur du Centre de recherches etd’analyses de géopolitique qui est devenul’Institut français de géopolitique.1998 : Vive la nation, destin d’une idée poli-tique, Fayard.2000 : Yves Lacoste reçoit le grand prixVautrin Lud du Festival international de la géo-graphie, dont la procédure est celle des prixNobel.

Dernières publications :• Atlas géopolitique, Larousse, 2007.• Géopolitique de la Méditerranée, ArmandColin, 2006.• Géopolitique. La longue histoire d’aujour-d’hui, Larousse, 2006.• De la géopolitique aux paysages - Diction-naire de la géographie, Armand Colin, 2003.• L’eau dans le monde-les batailles pour lavie, Larousse, 2OO3.• L’eau et les hommes, Le cercle d’art, 2001.

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un service du SNESDerniers parus chez Adapt

L’enseignement des questions socialementvives en histoire et géographieActes du colloque organisé par le SNES et le CVUH en mars 2008Comment enseigner les sujets brûlants comme la Shoah, la Résis-tance, l’immigration, la colonisation, le conflit israëlo-palestinien... ?

C’est dans un contexte d’injonctions politiques toujours plus fortes vis-à-visde l’histoire et de la géographie, qu’est née l’idée d’un partenariat entre deshistoriens engagés au Comité de Vigilance face aux Usages publics de l’His-toire et des enseignants syndicalistes (SNES-FSU). Cet ouvrage rassemble la plupart des contributions des universitaires et deschercheurs qui ont participé aux deux journées de ce colloque organisé à Parisen mars 2008.• Adapt Éditions, octobre 2008, 16 euros.

L’évolution, théorie scientifique, et son enseignement (cédérom)SNES, observatoire des contenus et pratiques.Actes du stage de mars 2006 et du colloque d’octobre 2007.• Coédition Adapt-SNES, septembre 2008, 9,50 euros.

À paraître en coédition avec L’Entretemps

La scénographie – Guy-Claude François à l’œuvre• Luc Boucris.

En ces temps de réforme, un ouvrage indispensableà notre fonction d’enseignants

Petite histoire des collèges et des lycéesPour prendre du recul face à la réalité de l’enseignement secon-daire dont nous sommes les acteurs principaux, voici un éclai-rage historique qui nous permet d’en percevoir les grandesévolutions récentes et plus anciennes et de mieux saisir les

enjeux d’aujourd’hui.En tant qu’ancien responsable du SNES sous sept ministres de l’Éducation natio-nale, Denis Paget fait une synthèse originale des recherches en histoire de l’édu-cation à laquelle il ajoute son point de vue de syndicaliste et de pédagogue.Où l’on voit que l’enseignement secondaire n’a jamais cessé de se transfor-mer ni d’être au coeur de débats tantôt fondateurs tantôt biaisés...L’auteur : longtemps chargé de la responsabilité des programmes et desquestions pédagogiques au sein du SNES, Denis Paget a également animé unséminaire sur la culture scolaire au sein de l’Institut de recherche de la FSU dontles résultats ont été publiés dans le livre Aventure commune et savoirs parta-gés (Syllepse/Nouveaux Regards, 2006).• Denis Paget, coédition Institut de Recherche de la FSU / Éd. du Temps, avec la par-ticipation d’Adapt-SNES, 160 p., 14 euros, mars 2008.

Dans la collection Inflexions, coédition Adapt-VuibertDernier paru :

Inventer la préhistoireLes débuts de l’archéologie préhistorique en France.Dès le début du XIXe les savants pressentent que l’homme exis-tait en un temps lointain et partent en quête de ses origines mal-gré les croyances établies. C’est après 1859 (L’origine des espèces

de Darwin) que l’archéologie se développe et vient alimenter le débat sur l’évo-lution de l’homme. Ce livre retrace les découvertes, les errements et les com-bats de la préhistoire au xixe qui s’élabore scientifiquement et provoque lacuriosité d’un large public.• Nathalie Richard, coédition Adapt-Vuibert, juillet 2008, 25 euros franco de port.

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Roger-Charles Le Breton

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