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T Le Fonds d’Assurance Formation de la Branche sanitaire, sociale et médico-sociale, privée à but non lucratif n° 28 | Sept. 2013
formations a n t é s o c i a l
F o n d s m u t u a l i s é s
Unifaf publie son Plan national d'actions 2014-2016
é t h i q u e
Un secteur exposé aux dérives sectaires
d é m a t é r i a l i s a t i o n
tous en ligne le 1er octobre !
Des parcours personnalisés, pour se construire pas à pas
a c c o m p a g n e m e n t
d e s j e u n e s
Sommaire Le message des présidents
il est indispensable de privilégier la notion de parcoursLa proximité, la complémentarité et la cohérence des réponses participent
à la qualité de l’accompagnement des personnes en difficulté. C’est
d’autant plus vrai pour les enfants et les adolescents, dont la prise en
charge nécessite une intervention sociale ou médico-sociale et le maintien
des liens avec leurs parents, leur famille, leurs proches et leur scolarité.
Depuis leur création et leur développement à partir des années 50, nos
institutions se sont organisées de façon indépendante au sein de nos asso-
ciations, privilégiant une réponse globale aux problématiques des jeunes.
Or cette organisation a montré ses limites en raison du cloisonnement
des actions entre les différents intervenants. Aujourd’hui, c’est la notion
de parcours qu’il est indispensable de privilégier, entre les dispositifs en
milieu naturel et les institutions sociales en lien avec tous les acteurs
concernés au sein des réseaux sociaux et médico-sociaux.
Cela nécessite de réinterroger l’organisation des services et des établisse-
ments, de revoir les périmètres d’intervention des professionnels en évitant
les superpositions, de rendre visibles et lisibles pour l’enfant, l'adolescent,
et sa famille, les interventions des uns et des autres. Le respect des droits
des usagers, acteurs de leur prise en charge, implique la compréhension
de la cohérence des parcours.
Face à ces constats, Unifaf a décidé d’accompagner les équipes par une
action collective (terme désormais en vigueur…) permettant, à partir d’un
diagnostic et des expériences innovantes existantes, d’appréhender de
nouvelles formes de coopération sur les territoires. L’enjeu est multiple :
≥ améliorer la qualité de l’accompagnement des enfants et adolescents ;
≥ permettre aux parents d’assumer pleinement leurs responsabilités ;
≥ assurer une cohérence et une continuité des interventions en évitant
les ruptures et leurs conséquences ;
≥ organiser la transversalité des parcours sur le territoire ;
≥ réduire les coûts découlant de la superposition de mesures et de dis-
positifs non coordonnés.
Avec cette initiative qui a mobilisé un nombre très important d’adhérents
et de salariés, Unifaf a l’ambition de participer, par une meilleure profes-
sionnalisation, à "faire société" en améliorant les chances de réussite des
enfants et des adolescents marqués par la vie. •
jean-Baptiste plarier – (cFe - cgc), président d’unifafjean-marie poujol – (unifed - synéas), président adjoint d’unifaf
FOrmAtiOn sAnté sOCiAL no28 | septembre 2013
31, rue Anatole-France | 92309 Levallois-Perret
tél : 01 49 68 10 10 | Fax : 01 49 68 10 39
Publication trimestrielle éditée par Unifaf,
le Fonds d’Assurance For mation de la Branche sanitaire,
sociale et médico-sociale, privée à but non lucratif.
DireCteUr-gérAnt ≥ Jean-Pierre Delfino
réDACtriCe en CheF ≥ hélène Le Courtois
réDACteUrs ≥ emmanuel thévenon ≥ nathalie Quéruel ≥ Bérengère Ducloux
COnCePtiOn grAPhiQUe & seCrétAriAt De réDACtiOn
≥ Atelier marge Design | www.atelier-chevara.com
PhOtOgrAPhies ≥ thibaut Voisin ≥ emmanuel thévenon≥ Unifaf
imPressiOn ≥ néotypo
tirage à 30 000 exemplaires | issn 1141-8745
03 quoi de neuf à unifaf ?
• UnifafpubliesonPlannational
d’actions 2014-2016
• Unpasdeplusdanslamobilisation
pour l’emploi
04 tous en ligne le 1er octobre !
• LeFPSPPsoutientl’actiond’Unifaf
• CIF:vosfacturesrégléesdirectement
• Unifafpubliesonrapport
d’activité 2012
04 Une nouvelle formation proposée
aux moniteurs d’atelier
06 entretien avec le Comité d'éthique
08 dossier
• Un vent de transformation souffle sur les
structures qui accueillent des jeunes dans
la Branche : un contexte réglementaire
en évolution, une société et des publics
qui changent, des budgets en baisse, des
territoires qui se renforcent, des logiques
de travail qui émergent… Une nouvelle
dynamique est en marche avec, en toile de
fond, un changement des représentations
et des compétences à développer chez les
professionnels.
22 actualités de la formation
• 2e conférence sociale : la formation
au service de l’emploi
• Économiesocialeetsolidaire:
Le projet de loi bientôt devant
le parlement
23 L’Usgeres devient l’Udes
24 portrait
• Auchevetdesnourrissons…
et des mères
02Formation Santé Social N° 28
Le message des présidents
03Quoi de neuf à Unifaf ?Formation Santé Social N° 28Septembre 2013
m é d i c o - s o c i a l
Un pas de plus dans la mobilisation pour l’emploiÀ l’initiative de Michèle Delaunay, ministre déléguée chargée des Personnes âgées et de l’Autonomie, Unifaf, la CnsA et l’état ont
signé le 30 mai dernier un avenant
à l’accord-cadre 2013-2015 sur le
financement d’actions de qualifica-
tion ou de professionnalisation dans
le secteur médico-social. Baptisée
“un ehpad, un emploi d'avenir”, cette
initiative prévoit le cofinancement
des formations des jeunes en emploi
d’avenir, de la formation des tuteurs
et de l’indemnité tutorale dans les
établissements accueillant des per-
sonnes âgées ou handicapées. Objectif
pour Unifaf : 420 parcours cofinancés
en 2013. L'OPCA, par la voix de ses
présidents, Jean-Baptiste Plarier et
Jean-marie Poujol, a assuré la ministre
de l’engagement de l’OPCA dans cette
démarche. •
À l a u n e
Unifaf publie son Plan national d’actions 2014-2016Le soutien à l’emploi et l’accompagnement des transformations sectorielles, priorités du Plan, orien-
teront l’essentiel des fonds mutualisés
sur la période 2014-2016. Ainsi en a
décidé le Conseil d’administration
paritaire de l’OPCA lors de sa séance
du 27 juin dernier.
Prochaine étape : l’élaboration, à
l’automne, de plans régionaux, en
déclinaison des orientations natio-
nales et des spécificités de chaque
territoire. Le plus pour l’adhérent ? Un
cadrage à moyen terme permettant
de mûrir ses projets de formation et
de se faire accompagner aux étapes
clés de ses démarches.
Bénéficiant du soutien de nombreux
partenaires financiers au niveau
européen, national ou local, le Plan
s’articule autour de huit programmes
phares :
≥ le développement de la qualifica-
tion ;
≥ l’appui à des projets de formation
professionnalisants ;
≥ la formation des emplois aidés (et
en particulier des emplois d’avenir) ;
≥ le développement des savoirs de
base et la lutte contre l’illettrisme ;
≥ le soutien aux éta blissements et
services en difficulté éco nomique ;
≥ la reconversion des personnels
reconnus handicapés ;
≥ la formation des animateurs-pré-
venteurs de troubles musculo-sque-
lettiques ;
≥ les actions collectives de l’OPCA.
Plus d’infos : Contactez votre service régional.
04 Quoi de neuf à Unifaf ?Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013
d é m a t é r i a l i s a t i o n
tous en ligne le 1er octobre !
c i f
Vos factures réglées directe ment
C’est l'initiative lancée par six délégations régionales d’Unifaf qui, à partir du 1er octobre, expérimentent avec leurs adhérents
la dématérialisation intégrale des dos-
siers de formation.
Alors si vous êtes adhérents en Cham-
pagne-Ardenne, Franche-Comté,
haute-normandie, Languedoc-rous-
sillon, Lorraine ou PACAC, et si vous
n’avez pas encore opté pour la gestion
en ligne de vos démarches formation,
plus de temps à perdre : connectez-
vous sur www.unifaf.fr, cliquez sur
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À la clé, la garantie d’un délai de trai-
tement de vos dossiers formation opti-
misé, un suivi en temps réel de votre
plan de formation et l’introduction
régulière de nouvelles fonctionnalités
pour mieux répondre à vos besoins. •
Fini l’avance de frais… Pour toute formation
dans le cadre d'un CiF démarrant en 2014, Unifaf
vous propose de contractualiser avec votre orga-
nisme de formation et d’effectuer directement le
paiement des factures. •
Plus d’infos : Contactez votre service régional.
b i l a n
Unifaf publie son rapport d’activité 2012386 millions d’euros collectés (+ 3,3 %), 400 000 départs en formation enregistrés et des dépenses de formation en légère progression (0,3 %) après la baisse constatée en 2010 et 2011. tels sont les grands enseignements du bilan dressé
par l'OPCA. mais au-delà de ces indicateurs clés,
que retenir de l’année 2012 ? Assurément des
initiatives qui ont rencontré leurs publics (comme
le coup de pouce de 2 000 e en faveur des associa-
tions de moins de 20 salariés), un soutien renforcé
aux politiques d’emploi (avec le lancement de la
prestation Conseil rh), un appui renouvelé aux
programmes sectoriels (esAt, développement
professionnel continu, autisme…). en bref : des
interventions plurielles qui confortent et singu-
larisent la position de la Branche dans le contexte
socio-économique actuel. •
Consultez le rapport sur www.unifaf.fr
i l l e t t r i s m e
le FPsPP soutientl’action d’Unifaf 3,4 millions d’euros : c’est le mon-
tant de la subvention accordée cette
année par le FPsPP à Unifaf afin de
poursuivre son action en faveur des
savoirs de base (lire, écrire, compter...).
Avec 10 000 parcours financés en 2011
et 2012, Unifaf avait déjà franchi une
première étape dans la lutte contre
l’illettrisme, grande cause nationale
2013. La nouvelle programmation
poursuit l’effort engagé en direction
des salariés de niveau 5 et infra.
Côté financement, Unifaf prend en
charge 100 % des frais pédagogiques
et des salaires. •
Plus d’infos : Contactez votre service régional.
05Quoi de neuf à Unifaf ?Formation Santé Social N° 28Septembre 2013
e s a t
Une nouvelle formation proposée aux moniteurs d’atelier
Plusieurs régions pilotes travaillent actuellement sur le sujet et proposeront d’ici la fin de l’année la nouvelle formation aux établissements concernés. Au terme des trois premières années
de mise en œuvre, une inscription au
répertoire national des certifications
professionnelles (rnCP) permettra la
délivrance d’un titre professionnel de
niveau iV (dont bénéficieront égale-
ment les premiers formés).
L’enjeu est le développement des
compétences des professionnels
concernés en assurant l’équilibre
entre toutes les composantes de la
mission d'encadrement des travail-
leurs handicapés.
La formation s’articulera autour de
trois grandes compétences : 1 l’accompagnement des travailleurs
handicapés dans l’atelier, au sein d’une
équipe pluri-professionnelle ;
2 l’animation, l’organisation et la ges-
tion de la production ou des presta-
tions de service d’une équipe dans la
structure et/ou hors les murs ; 3 la gestion et le développement des
compétences individuelles et la parti-
cipation à leur évaluation.
La formation d’une durée totale de 441
heures se déroulera sur 14 à 16 mois et
prévoit un stage de 105 heures.
À savoir : l’accès à la formation est
conditionné à la capacité de rédaction.
Une formation préalable pourra être
proposée.
Prise en charge : Unifaf prend en
charge 100 % des coûts pédagogiques
et des frais annexes ainsi que la rému-
nération et les charges du stagiaire
pendant la formation (y compris pen-
dant les périodes de stage) à raison de
15 euros de l’heure. •
retrouvez la liste des sites pilotes
sur www.unifaf.fr
Soucieux d’harmoniser la formation des profes-
sion nels des ESAT et des entreprises adaptées,
les partenaires sociaux ont créé le “certificat de
Branche moniteur d’atelier”, délivré par la Com-
mission paritaire nationale de l’emploi et de la
formation professionnelle (CPNE-FP).
Journées des adhérents 10 sept. 2013 AquitaineContact : 05 56 00 85 10
12 sept. 2013 BasseNormandieContact : 02 31 15 65 00
24 sept. 2013 LorraineContact : 03 83 57 63 27
27 sept. 2013 NordPas de CalaisContact : 03 20 30 36 90
1 oct. 2013 MidiPyrénéesContact : 05 34 31 34 60
3 oct. 2013 BretagneContact : 02 23 44 04 40
10 oct. 2013 AuvergneContact : 04 73 28 57 40
17 oct. 2013 BourgogneContact : 03 80 30 84 46
22 oct. 2013 LimousinContact : 05 55 10 32 00
30 oct. 2013 Île de la RéunionContact : 02 62 90 23 59
14 nov. 2013 LanguedocRoussillonContact : 04 67 92 07 64
26 nov. 2013 Pays de la LoireContact : 02 40 89 03 43
3 déc. 2013 PoitouCharentesContact : 05 49 77 11 33
Propos recueillis par Bérengère Ducloux
06 Quoi de neuf à Unifaf ?Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013
Pourquoi le Comité d’éthique s’estil penché sur les pratiques non conventionnelles ? Florence Leduc : Les activités
générées par les établissements
de la Branche sont destinées à des
personnes malades, fragiles et donc
particulièrement vulnérables. Or, ce
sont elles qui sont les plus exposées
au risque de maltraitance. Que nous
soyons employeurs ou salariés nous
devons donc être particulièrement
vigilants sur ces questions ! Ce qui
est vrai pour les usagers l’est aussi
pour les salariés : quand on travaille
au quotidien avec des personnes dé-
pendantes ou démentes, cela génère
de la fatigue, du stress et donc de la
vulnérabilité. C’est aussi le terreau des
dérives sectaires !
Denis Lavat : La relation et la prise
en charge étant notre cœur de métier,
nous sommes plus exposés que les
autres branches aux dérives liées au
relationnel. en matière de formation, la
question des pratiques alternatives est
donc une question centrale. Quand on
sait qu’entre 40 % et 60 % des patients
ont recours à des thérapies complé-
mentaires, cela justifie une analyse
approfondie de certaines d'entre elles !
Pourquoi les thérapies alternatives ontelles pris un tel essor ?Florence Leduc : Cela pose la ques-
tion de la part respective de la tech-
nique et du relationnel dans la prise
en charge des patients… Au-delà de
la technique médicale et soignante,
sommes-nous suffisamment à l’écoute
des usagers ? C’est une question com-
plexe : d’un côté, certains médecins
estiment que la connaissance médicale
leur appartient et qu’ils n’ont pas à la
partager, de l’autre, les patients veulent
comprendre leur traitement et être
entendus sur ce qu’ils sont prêts à sup-
porter ou non. s’il n’y a pas d’échanges,
le risque est que les patients aillent
“faire leur marché” sur internet et se
tournent vers des pratiques relevant
de l’escroquerie ! il faut donc trouver
une posture juste pour que le médecin
et le patient nouent des relations de
confiance et s’entendent sur un pro-
tocole thérapeutique.
Quels facteurs expliquent la prolifération des dérives ?Denis Lavat : même si la miviludes1
exerce une veille, il y a un vrai pro-
blème de contrôle par les pouvoirs
publics ! Aujourd’hui, il n’existe pas
de gendarme et la sécurité sociale ne
contrôle pas les pratiques qu’elle ne
prend pas en charge.
Pour se déclarer organisme de for-
mation, il suffit d’obtenir un numéro
de déclaration d’existence. Or, cette
procédure n’est en aucun cas un
agrément ! Par ailleurs, certains di-
plômes universitaires ont été créés
pour l’enseignement de médecines
parallèles, qui ne sont pas reconnues
par les autorités de santé publique.
Bref, il manque un cadre !
1- La miviludes est une mission interministé-rielle chargée d’obser-ver et d’analyser le phénomène sectaire. elle coordonne l’action préventive et répressive des pouvoirs publics et informe le public sur les risques et les dangers auxquels il est exposé.
c o m i t é d ' é t h i q u e
“nous sommes plus exposés que les autres branches aux dérives liées au relationnel”Après deux ans de recherches et d’auditions, le Comité d’éthique d’Unifaf a présenté
en avril dernier ses conclusions sur la question des pratiques non-conventionnelles
et des risques de dérives sectaires. Le point avec Florence Leduc (Unifed-Fehap) et
Denis Lavat (CFTC), deux membres très investis dans cette démarche.
07Quoi de neuf à Unifaf ?Formation Santé Social N° 28Septembre 2013
Florence Leduc : C’est un paradoxe :
d’un côté on manque d’argent public
pour assurer la qualité des soins et,
de l’autre, les particuliers sont prêts
à investir des sommes considérables
dans des soins alternatifs, parfois com-
plètement fantaisistes.
Quel est le rôle et l’apport du Comité d’éthique pour Unifaf et la Branche ?Denis Lavat : Le Comité d’éthique
n’est pas un comité scientifique, mais
son rôle est d’analyser ce qui est pro-
posé pour sensibiliser les équipes aux
risques attachés à certaines offres de
formation et de thérapie. C’est un peu
comme une cellule de veille, où l’on
peut partager des informations, rece-
voir des spécialistes… récemment
par exemple, des représentants de
l’AP-hP2 et des CLCC3 ont présenté
des études sur les thérapies complé-
mentaires. J’ai été frappé de voir que
d’aussi gros établissements explorent
certaines pratiques et essayent de
“faire le tri”pour retenir celles qui
méritent de trouver leur place à côté
des prises en charge classiques.
si au départ j’étais plutôt très réticent,
j’ai trouvé intéressante l’idée de “mar-
cher avec” plutôt que de “marcher
contre”… Dans une logique d’évalua-
tion et de suivi, et pour éviter que les
usagers ne se tournent aveuglément
vers certaines pratiques par défaut
d’information…
Florence Leduc : L’intérêt majeur
du Comité d’éthique
est de permettre
aux représentants
des employeurs et
des salariés de la
Branche, mais aussi
aux associations
et aux politiques
d ’ é c h a n g e r d e s
informations, de
questionner pour
définir une position
commune sur des
sujets fondamen-
taux qu’on n’aborde
pas ailleurs. nous
sommes tous dans le même bateau !
notre responsabilité est de protéger
les usagers et les salariés. D’où l’intérêt
de consacrer du temps à une réflexion
commune.
Quelles sont ses recommandations ?Denis Lavat : La recommandation
essentielle, c’est le doute ! Être vigilant,
exercer son esprit critique, comparer les
organismes pour être sûr de son choix.
Lorsqu’on fait un appel d’offres, il est
essentiel de savoir qui propose quoi,
pourquoi, comment ? Quel est le profil
des intervenants ?… C’est le message
que je fais passer lorsque je rencontre
les administrateurs en région.
Florence Leduc : il faut aller au-delà
des apparences, ne
pas choisir un orga-
nisme de formation
(OF) uniquement
sur des critères de
coût. La réglementa-
tion sur les appels à
projets conduit trop
souvent à une bana-
lisation des achats de
formation ! Passer un
contrat avec un OF, ce
n’est pas simplement
acheter une presta-
tion. il faut analyser les besoins des sa-
lariés, voir ce que l’organisme propose
pour y répondre et ce que les deux par-
ties peuvent construire ensemble. Les
services achats ne doivent pas être les
seuls décisionnaires, il faut associer au
choix les cadres de santé et les autres
salariés concernés par la formation.
En quoi peuventelles avoir un impact sur l’activité d’Unifaf ?Florence Leduc : Les services d’Uni-
faf ont intégré cette nécessité de vigi-
lance. Lorsqu’ils sont alertés sur des
pratiques contestables, ils cherchent
des renseignements, recoupent des
témoignages… Les échanges entre
régions mais aussi entre OPCA sont à
ce titre essentiels.
Denis Lavat : Ces contrôles peuvent
conduire à des refus de prise en charge.
C’est le cas, par exemple, si l’on constate
qu’un organisme ayant perdu son
agrément dans une région, rouvre ses
portes sans transition dans une autre
région avec une offre similaire… •
2- Assistance Publique hôpitaux de Paris3- Centres de lutte contre le cancer
le comité d’éthique en bref
Créé en 1998 à l’initiative du Conseil d’administration paritaire (CAP),
le Comité d’éthique d’Unifaf a pour mission de protéger les salariés
et les usagers de la Branche des dérives sectaires et de contribuer à
la moralisation des pratiques de formation.
Composé de 31 membres – représentants des organisations constitu-
tives d’Unifaf, d’administrations centrales, de missions interministérielles,
d’experts et d’autres OPCA –, il se réunit deux fois par an et rend des avis
qui sont soumis au CAP pour validation. •
« C’est un paradoxe :
d’un côté, on manque
d’argent public pour
assurer la qualité des
soins et, de l’autre, les
particuliers sont prêts
à investir des sommes
considérables dans
des soins alternatifs,
parfois complètement
fantaisistes »
sommaire10 entretien avec marie derain
12 quels sont les établissements qui accueillent des jeunes dans la Branche ?
14 un réseau fort au service de 40 enfants
16 éducation et soin au programme
20 Être parent devient de plus en plus difficile
08Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013
Dossier
Dossier réalisé par hélène Le Courtois
1- Cet accueil varie d’une journée à l’hôpi-tal à de l’hébergement permanent dans d’autres types de structures. On compte ainsi 49 000 places en hébergement de l’Aide sociale à l’enfance, 40 000 places en sessad, 163 000 places dans les établisse-ments de l’enfance handicapée, 22 000 places pour jeunes en établissements de type Chrs, environ 11 000 places dans le sanitaire, auxquelles s’ajoutent les accompagnements via les mesures d’AemO, dans les Cer-CeF, et des places dans les structures de la petite enfance…
2- Loi 2002-2 du 2 jan-vier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale ; loi handicap du 11 février 2005 ; loi du 5 mars 2007 réformant la pro-tection de l’enfance ; loi du 21 juillet 2009 hôpital, Patients, santé et territoires.
Un vent de transformation
souffle sur les structures
qui accueillent des jeunes
dans la Branche : un
contexte réglementaire en
évolution, une société et
des publics qui changent,
des budgets en baisse, des
territoires qui se renforcent,
des logiques de travail qui
émergent… Une nouvelle
dynamique est en marche
avec, en toile de fond, un
changement des
représentations et des
compétences à développer
chez les professionnels.
Un ac cueil des jeunesqui év olue avec la société
P rotection de l’enfance,
handicap, santé, la Branche
accompagne chaque jour
plus de 350 000 enfants et
adolescents dans ses établissements1.
et pour tous la même tendance : des
prises en charge de plus en plus indi-
vidualisées.
Nouveau paradigme Jean-Yves Barreyre, sociologue, direc-
teur du Cedias et du Crehai Île-de-
France, plante le décor : « La logique
même de l’entrée par la structure dans
l’idée de la loi de 1975 ne correspond
plus à la situation actuelle ». Une prise
de conscience émerge parce que la
société a évolué. « Les situations de
09Formation Santé Social N° 28Septembre 2013
Dossier
vulnérabilité ne peuvent être réduites
à des disciplines ou à des cliniques par-
ticulières et donc, encore moins à des
établissements particuliers. » Comment
alors se positionner ? « Les établisse-
ments s‘interrogent », explique Francis
Batifoulier, vice-président de l’Anmecs.
« Nous sommes dans une période de
basculement déjà perceptible depuis
plusieurs années mais qui se confirme
aujourd’hui ». Du côté des réponses,
les différentes lois2 venues bousculer
le secteur dans les années 2000 ont
intégré de nouvelles logiques, invitant
à plus de transversalité, plus de réseau,
plus d’interdépendance. reste à trou-
ver la bonne articulation entre les uns
et les autres sur le terrain. et pour cela,
apprendre à mieux se connaître. « Il
faut travailler ensemble tout en pré-
servant les compétences des uns et des
autres. La compétence d’un médecin ne
remplacera jamais celle d’un éducateur
et inversement » souligne Fabienne
Quiriau, directrice de la CnAPe.
Coresponsabilité et travail en réseau « Ce qui fait institution ce ne sont pas
les murs, c’est l’intelligence du travail à
plusieurs », relève François Delacourt,
président-adjoint de l’association des
iteP et de leurs réseaux. L’association
milite pour une diversification des
réponses pour les publics accueillis :
« Nous souhaitons que le parcours
de l’enfant, qui n’est pas une courbe
linéaire, prime par rapport aux logiques
de place en établissement ».
Parcours. Le mot est désormais pré-
sent sur toutes les lèvres. C’est bien
autour du parcours de vie du jeune
qu’il faut construire l’action avec une
véritable coordination. « L’enjeu stra-
tégique est de réussir à faire que des
professionnels d’un même territoire
s’accordent sur une coresponsabilité
du parcours pour éviter des actions
compartimentées au détriment d’une
approche globale de la personne, ex-
plique Francette Perruchot, adminis-
tratrice d'Unifaf (CFDt). Trop souvent,
il n’existe pas de fil rouge aux prises en
charge, pas de logique conductrice sur
le long terme, mais une succession de
réactions “ponctuelles” souvent liées à
un “épuisement” de l’équipe en charge
du jeune et, comme les interventions, les
décideurs se multiplient. »
Cette mise en réseau fait l’unanimité.
Céline Poulet, administratrice d’Unifaf
(Unifed-Fegapei), explique : « Cette né-
cessaire coordination dépasse le champ
du médico-social et doit se réaliser avec
tous les autres acteurs, l'école en priorité
et les autres lieux de vie au cœur de la
cité (centres de loisirs, crèches, CFA etc.).
Il nous faut aujourd'hui construire des
passerelles entre ces différents acteurs
pour inscrire le parcours personnel
dans la durée, éviter la rupture entre
les dispositifs ».
Un public en mutation si les associations s’interrogent
également, c’est qu’elles font face
à un public en mutation : la société
évolue, marquée par les difficultés
économiques, la diversification des
schémas familiaux, la révolution nu-
mérique. « Alors que l’on n’a jamais
autant parlé de cohésion, on assiste
dans le même temps à une véritable
dissipation sociale, rendant l’appren-
tissage des âges toujours plus difficile »,
souligne Jean-Yves Barreyre. « L’ac-
cueil de jeunes présentant des troubles
psychiques augmente et nous avons,
dans nos établissements, de plus en
plus de mal à faire vivre des collectifs
harmonieux », explique Francis Bati-
foulier. et puis la diversité des prises
en charge, si elle est positive, a
Un ac cueil des jeunesqui év olue avec la société
lexiquel ’ a i r eL’Association nationale des instituts thérapeutiques éducatifs et pédagogiques et de leurs réseaux propose un espace de rencontres et de réflexion aux établissements et services accueillant des enfants et adolescents qui présentent des difficultés psychologiques et dont l’expression, notamment les troubles du comportement, perturbe gravement la socialisation et l’accès aux apprentissages. www.aire-asso.fr
l ’ a n m e c s L’Association nationale des maisons d’enfants à caractère social regroupe plus de 160 établisse-ments. elle représente l’intérêt des meCs auprès des pouvoirs publics et défend leur identité spécifique tout en engageant une réflexion technique et clinique des accompa-gnements. www.anmecs.fr
l e c é d i a s -
m u s é e s o c i a lLe CéDiAs-musée social est une fondation. sa réflexion porte sur les actions sociales et les grands problèmes sociaux. C’est un lieu de rencontres en lien avec de nom-breux organismes publics et privés. www.cedias.org
l a c n a P eLa Convention nationale des associations de protection de l’enfant fédère une centai ne d’associations dans la protection de l’en fan ce, la justice juvénile, le médico-social, l’insertion sociale et/ou professionnelle, des groupe ments nationaux engagés auprès de l’enfant, de l’adolescent et des familles en difficulté, des bénévoles et des professionnels et une association nationale d’usagers. elle accompagne ainsi plus de 250 000 enfants, adolescents et jeunes adultes. elle contribue auprès des pouvoirs publics à une meilleure compréhension des besoins des populations et à l'élaboration des réponses. www.cnape.fr
l e c r e a h i
î l e - d e - f r a n c e Le Centre régional d’études et d’actions sur les handicaps et les inadaptations assure une mission d’observation et d’évaluation des besoins, d’évaluation des services rendus, d’accompagnement métho-dologique des schémas d’organi-sation sociale, d’accompagnement de projets, auprès d’associations, d’établissements ou de collectivités locales. www.creahi-idf.org
• • •
marie derain, Défenseure des enfants, promeut
l’intérêt et les droits de l’enfant définis par la loi
ou par un engagement interna tional de la France.
10Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013
Dossier
pour conséquence de réserver
les institutions à ceux qui connaissent
les difficultés les plus lourdes. « Les
professionnels qui travaillent dans
les établissements, et notamment les
centres éducatifs renforcés, accueillent
des jeunes aux comportements de plus
en plus violents. C’est un exemple parmi
d’autres mais qui nécessite, à mon sens,
un reparamétrage des formations »,
témoigne Jean-michel tavan, admi-
nistrateur d'Unifaf Île-de-France (Uni-
fed-synéas).
La formation, un enjeu majeur« On demande de plus en plus à nos pro-
fessionnels : gérer un groupe d’enfants,
faire de l’ambulatoire, construire le pro-
jet du parcours en lien avec les familles,
les partenaires (Éducation nationale,
psychiatres, Aide sociale à l'enfance…).
Pour les aider, la formation est incon-
tournable », explique François Dela-
court. Un avis partagé par Annie Lé-
culée, administratrice d'Unifaf (Cgt) :
« Même si la formation initiale leur a
apporté des références théoriques et des
indications de modalités d’intervention,
ces professionnels ont besoin de soutien
institutionnel, d’occasions d’échanges,
de mise en réseau pour dépasser les
nécessités d’une contenance physique
et offrir à ces jeunes et à leur famille des
parcours individualisés sécurisants. La
mise en place d’une action de formation
nationale (voir p. 19) sur ces enjeux est à
saluer comme le signe d’une préoccupa-
tion partagée tant pour les salariés que
pour le devenir de ces jeunes. C’est toute
l’expertise de la Branche professionnelle
qui est engagée ici . »
et pour complexifier un peu plus le
décor, les budgets sont à la baisse.
Comment faire mieux avec moins ?
telle est l’équation à résoudre, sans
jamais perdre de vue l’intérêt de
l’enfant. « L’enfant reste avant tout un
enfant », conclut Fabienne Quiriau.
« Ce n’est pas un enfant protégé, han-
dicapé ou délinquant. C’est un être à
part entière qu’il nous faut repenser
dans sa réalité propre ». .
Vous intervenez suite à la réclamation individuelle des enfants euxmêmes ou de leurs représentants légaux ou encore d’associations qui défendent les droits des enfants. Sur quelles problématiques êtesvous le plus sollicitée aujourd’hui ? Les questions de maintien de liens et
de contestations relatives à l’autorité
parentale – généralement les sépara-
tions conflictuelles de parents – repré-
sentent notre premier motif de saisine,
avec plus du quart de nos dossiers.
Votre champ d’intervention (santé,
handicap, protection de l’enfance)
constitue ensuite le deuxième sujet
avec plus de 10 % des demandes, puis
dans une forte proportion également
les questions en lien avec l’école. À
l’automne 2012, l’institution du Défen-
seur des droits a également réalisé une
opération particulière autour de l’ac-
cès aux cantines scolaires (difficultés
d’inscription, problèmes d’accessibilité
en termes de handicap…), à partir de
quelques réclamations reçues sur ce
sujet. notre travail commence avec les
réclamations individuelles et quand
nous constatons qu’une thématique
mérite de passer du traitement indivi-
duel à un traitement collectif, avec une
réflexion plus dense, plus complexe
et plus générale, nous changeons de
registre en proposant une véritable
opération.
De nouvelles demandes ontelles émergé ces dernières années ? La question de la précarisation
devient très prégnante. Un certain
nombre de familles basculent, en rai-
son de difficultés liées à la pauvreté
ou à l’hébergement, dans des situa-
tions qui relèvent de la protection de
l’enfance. nous l’observons avec les
magistrats, les services sociaux. Or,
l’intervention en matière d’enfance
en danger ne peut pas reposer sur
de simples difficultés financières.
Dans une société où tout bouge vite,
la montée des incertitudes fragilise
beaucoup la relation parents-enfants,
et les enfants eux-mêmes. Avoir en
face de soi des interlocuteurs capables
de recevoir et de comprendre la
demande et manifestant la volonté
de trouver des solutions dans une
relation empathique, est essentiel.
et c’est aussi en cela que beaucoup
de personnes se tournent vers nous
et plus précisément vers les délégués
du Défenseur des droits présents sur
tout le territoire français.
e n t r e t i e n
“s’adapter au plus près des besoins des enfants”
• • •
11Formation Santé Social N° 28Septembre 2013
Dossier
Les établissements de la Branche travaillent de plus en plus dans une logique de réseau et de transversalité, de désinstitutionnalisation également. Quel regard portezvous sur ces évolutions ? Les fonctionnements doivent être
beaucoup plus souples et permettre
d’aller d’une structure à une autre.
il faut développer
des réponses qui ne
rentrent pas stricte-
ment dans les projets
des établissements
et pouvoir faire des
pas de côté pour
répondre réellement
aux besoins des jeunes. sur la désins-
titutionnalisation, je suis partagée.
Comme tous les effets de balan-
cier, certains résultats globalisants
peuvent être négatifs. il faut savoir
pourquoi et pour qui on l’envisage.
en protection de l’enfance, certaines
situations peuvent être extrêmement
dramatiques et conduire à des cas très
graves de maltraitance. Pour ceux-là,
il serait complètement irresponsable
de parler de désinstitutionnalisation.
en revanche, sur des difficultés plus
ordinaires, la question mérite d’être
posée mais pas à n’importe quel prix,
avec - et seulement avec - un système
d’accompagnement en proximité des
parents ou de ceux qui accueillent
l’enfant par exemple. il faut penser
le fait que, certes, les institutions ne
répondent pas suffisamment parfois
en individualité, en proximité aux be-
soins des enfants mais qu’un certain
nombre d’entre eux ne peuvent être
ailleurs que dans des établissements
de placement. Du
côté du handicap,
il est peut-être plus
facile de l’envisager,
mais pas non plus
de manière systé-
matique, car il y a
des enjeux de tech-
nicité : comment permet-on à des
enfants non placés d’avoir accès sans
trop de complexité à des profession-
nels et des soins de qualité ? il faut se
garder d’une vision trop urbaine des
choses. il y a des familles très isolées
géographiquement par exemple et
pour lesquelles l’accès à ces services
est plus complexe.
La mission de votre institution vous permet de vous exprimer dans le cadre législatif et réglementaire des droits de l’enfant. Quelles recommandations
effectuezvous notamment dans notre champ ?nous avons fait une série de recom-
mandations dans le rapport annuel
2011 consacré aux droits de l’enfant.
nous insistons sur la participation des
parents et des proches à la vie de l’en-
fant, sur une meilleure connaissance
du parcours des jeunes pour avoir des
dispositifs plus adaptés, des offres de
service diversifiées, particulièrement
pour ceux, dans la protection de l’en-
fance, qui ne rentrent pas justement
dans les clous, “les fameux incasables”.
Dans le champ du handicap, nos der-
nières recommandations ont porté
sur l’accès des enfants aux activités
extrascolaires : si on encourage de plus
en plus l’accès des enfants porteurs de
handicap à l’école aux activités extras-
colaires, c’est l’organisation sociale
de la famille toute entière que nous
encourageons, pour permettre par
exemple le retour au travail de mères
qui souvent ont cessé leur activité pour
s’occuper de leur enfant. L’institution
du Défenseur des droits est en place
pour six ans et nous avons ce luxe in-
croyable de pouvoir prendre le temps
de la réflexion sur des problématiques
globales. Ce recul est précieux sur des
sujets souvent graves qui méritent une
vraie réflexion en profondeur. .
« Il est indispensable
de pouvoir faire des
“pas de côté” pour
répondre aux besoins
de l’enfant. »
l e d é f e n s e u r
d e s d r o i t s
Créé par la loi organique du 29 mars
2011, le Défenseur des droits est une
autorité indépendante. Dominique
Baudis a été nommé Défenseur
des droits en 2011 pour six ans. il
assure les missions précédemment
exercées par le médiateur de la
république, la haute autorité de
lutte contre les discriminations de
la république (halde), la Commis-
sion nationale de déontologie de la
sécurité et le Défenseur des enfants.
marie Derain, adjointe du Défenseur
des droits, assure les fonctions de
Défenseure des enfants.
www.defenseurdesdroits.fr© David Delaporte
12Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013
Dossier
P a n o r a m a
Quels sont les établissements qui accueillent des jeunes dans la Branche ?1 l a P r o t e c t i o n d e l ’ e n f a n c e
2 l ’ e n f a n c e h a n d i c a P é e
depuis 2007, une
croissance des effectifs
moyenne de 2,8 % par
an, mais avec un déclin
sur la dernière période
(- 0,7 % en 2011).
L’Aide sociale à
l’enfance et la justice
des mineurs sont les
deux principaux volets
du secteur.
L’Aide sociale à l’enfance, placée sous l’autorité et le financement du Conseil général comprend :≥ la protection des enfants
avant et à la naissance
(accueil mère-enfant, poupon-
nières… ) : 60 établissements
et 1 600 professionnels ;
≥ la protection des enfants
jusqu’à leur majorité (exception-
nellement jusqu'à 21 ans) ;
≥ plus de 1 000 maisons, foyers,
villages d’enfants… regroupant
près de 40 000 professionnels ;
≥ une centaine de services de
placement familial représentant
5 000 salariés ;
≥ des établissements
expérimentaux : 80 structures ;
2 000 professionnels.
Des établissements et services en lien avec la justice pour mineurs, habilités et financés par le ministère de la Justice : ≥ 150 établissements et
services (foyers d’action
éducative, centres éducatifs
renforcés, centres éducatifs
fermés, milieu ouvert…) ;
≥ 4 100 professionnels.
depuis 2007, une crois-
sance moyenne des
effectifs de 2 % par an.
Des activités très
spécialisées selon le
type de handicap.
L’éducation spéciale pour les situations de déficience mentale et polyhandicap comprend :≥ les instituts médico-éducatifs
qui accompagnent enfants
et adolescents atteints de dé-
ficience intellectuelle quel que
soit le degré. 1 060 établisse-
ments ; 53 900 professionnels ;
≥ les établissements et services
pour enfants et adolescents
polyhandicapés (association
d'une défi cience mentale grave
à une déficience motrice im-
portante) : une soixantaine
d’établissements ; 3 500 profes-
sionnels.
L’éducation spéciale pour les situations de troubles du comportement comprend essentiellement : les instituts thérapeutiques,
éducatifs et pédagogiques
(iteP) : 250 établissements ;
11 600 professionnels.
L’éducation spéciale pour les situations de déficience motricecérébrale : une centaine d’établissements ;
6 200 professionnels
L’éducation spéciale pour les situations de déficience sensorielle (visuelle, auditive) : une centaine d’établisse-
ments ; 5 100 professionnels.
Les services à domicile ou ambulatoires comprennent : ≥ les services d’éducation spé-
ciale et de soins à domicile
(sessAD) dont l’intervention
vise à favoriser l’autonomie, dans
tous les lieux de vie de l’enfant
(domicile, école…) : 600 services ;
9 400 professionnels ;
≥ les centres médico-psycho-
pédagogiques (CmPP) dont
les services médico-sociaux
assurent des consultations,
2 130 établissements
et services
67 000 professionnels
soit environ 10 %
des salariés de
la Branche
La Branche
représente
71 % de la capacité
d’accueil nationale
2 900 établissements
et services
106 600 salariés soit 15 %
des salariés de
la Branche
La Branche
représente
85 % de la capacité
d’accueil nationale
13Formation Santé Social N° 28
DossierSeptembre 2013
Quels sont les établissements qui accueillent des jeunes dans la Branche ?
3 l ’ a i d e À l a f a m i l l e
4 le secteur
des adultes et familles
en difficulté sociale
5 le secteur sanitaire
Des services concourant à la protection de l’enfance, dans le cadre de mesures d’Aide sociale à l’enfance ou de mesures judiciaires qui accompagnent enfants et adolescents :≥ dans leur milieu familial :
285 services d’AemO
(action éducative en milieu
ouvert) regroupant
8 000 professionnels ;
≥ dans leur environnement :
plus de 300 clubs de préven-
tion ; 5 500 professionnels ;
≥ des services d’orientation
et d’investigation…
des diagnostics et des soins
ambulatoires pour des enfants
et adolescents de 0 à 20 ans.
300 établissements ;
7 300 professionnels.
≥ les Centres d’action médico-
sociale précoce (CAmsP) qui ont
pour mission de dépister et de
proposer une cure ambulatoire
et une rééducation pour des
enfants présentant des déficits
sensoriels, moteurs ou mentaux.
150 établissements et 2 900
professionnels accueillent
des enfants de 0 à 6 ans.
La Branche compte également
180 établissements d’héberge-
ment (5 300 professionnels), une
trentaine de classes adaptées, des
établissements expérimentaux…
Elle comprend entre autres : ≥ l’accueil de jeunes enfants dans des crèches
collectives, familiales, parentales et haltes-garde-
ries : 440 établissements ; 7 500 professionnels ;
≥ des centres de loisirs, maisons familiales de
vacances : 40 structures ; 650 professionnels.
Difficile de comptabiliser ce qui relève
directement de l’accompagnement d’enfants
ou d’adolescents mais la Branche compte des
établissements d’hébergement qui accueillent,
en urgence et sur des projets de plus long terme,
des familles. il en est de même pour les centres
d’accueil pour demandeurs d’asile.
si le secteur sanitaire accueille lui aussi
des jeunes au quotidien dans ses services,
il est très difficile de distinguer ce qui
les concerne spécifiquement.
Mais quelques activités emblématiques se distinguent :≥ les services de maternité de la Branche ;
≥ les services pédiatriques des centres
hospitaliers et des centres de lutte contre
le cancer ;
≥ les services de soins de suite, de rééduca-
tion, de réadaptation fonctionnelle spécialisés
en pédiatrie ; parmi les établissements de
soins de suite, l’enquête emploi 2012 compte
encore une dizaine de « maisons d’enfants
à caractère sanitaire » spécialisées dans le
polyhandicap, l’obésité ou les troubles
de l’apprentissage… ;
≥ des structures dédiées à la santé mentale :
hôpital de jour… ;
≥ quelques maisons des adolescents.
les Pr ofessionnels de l a Pr otection de l’enfance
les Pr ofessionnels du secteur enfance handic aPée
27 %
des sala
riés
16 %
des sala
riés
12 %
8 %
7 %
6 %
4 %4 %
3 %
2 % 2 %
11 %
10 %
8 %
4 % 4 % 4 %3 %
2,2 %
• Éducateurs spécialisés • Moniteurs- éducateurs • Agents des services hôteliers et généraux • Assistants familiaux • Chefs de services • Psychologues • Surveillants de nuit • Maîtresses de maison • Directeurs d’établissement ou de pôle
• Éducateurs spécialisés • Agents des services hôteliers et généraux • Moniteurs-éducateurs • AMP • Psychologues • Psychomotriciens • Orthophonistes • Enseignants et enseignants spécialisés • Chefs de service • Directeurs d’établissement ou de pôle
source :enquête emploi 2012
20 000
15 000
10 000
5 000
0
20 000
15 000
10 000
5 000
0
14Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013
Dossier
U n centre d’action médico-
sociale précoce (CAmsP)
était déjà implanté dans
chaque préfecture de la
région Auvergne, mais il existait une
vaste zone grise – à l’intersection du
Puy-de-Dôme, du Cantal et de la haute-
Loire – dans laquelle les temps de dé-
placement, surtout en hiver, découra-
geaient de nombreuses familles de s’y
rendre. Comment, dans ces conditions,
organiser un accompagnement adapté
pour un enfant en situation de han-
dicap, ou susceptible de l’être ? Pour
répondre à cette question, l’APAJh 431
a créé, en 2011, une structure originale :
rezocamsp. installée à Brioude, au
nord-ouest de la haute-Loire, le centre
porte bien son nom : en phase avec les
directives de l’Ars (Agence régionale
de santé), il fonctionne en réseau afin
d’offrir aux familles une prise en charge
sur mesure. il s’agit du premier CAmsP
rayonnant sur trois départements.
Une équipe pluridisciplinairetout en bois et en verre, offrant des
espaces lumineux, colorés et fonction-
nels, le centre abrite une succession de
bureaux installés autour d’un espace
de balnéothérapie et d’un vaste hall
d’accueil. Une équipe pluridisciplinaire,
composée d’une douzaine de profes-
sionnels (médecin, psychologue, ortho-
phoniste, psychomotricien, ergothéra-
peute, kinésithérapeute, etc.), y reçoit
chaque enfant, quelle que soit la nature
de son handicap, et ses parents. elle
établit un bilan complet (médical, so-
cial…), puis identifie les problèmes et
les besoins propres à chaque situation.
« Ce travail collectif apporte une vision
globale des enfants. On se sent moins
isolé dans son champ de compétence »,
assure Laurence renaud, orthopho-
niste. « Cela évite aussi de commettre des
erreurs, renchérit le Dr richard Defay,
directeur médical du centre. Il faut être
modeste. Nous ne sommes pas dans une
optique de guérison, mais de compen-
sation, d’adaptation, de vivre avec… À
plusieurs, nous avons une compréhen-
sion plus fine du vécu des familles, du
côté pénible de leur quotidien. »
Pour être au plus près des familles,
les professionnels du centre n’hé-
sitent pas à se déplacer jusqu’à leur
domicile. « Cela nous permet de mieux
cerner leur environnement, explique
Aline raymondeau-Jayat, éducatrice
de jeunes enfants. C’est ainsi que nous
nous sommes aperçus qu’une petite fille
de quinze mois restait longtemps dans
son transat sans jouer, tant ses parents
avaient peur pour elle. Depuis, le travail
accompli avec la famille a permis à cette
enfant, même fragile, de progresser. »
La mutualisation des compétencesUne fois le “projet personnalisé d’ac-
compagnement” validé par les parents,
b r i o u d e
Un réseau fort au service de 40 enfantsRezocamsp est installé à Brioude, en Haute-Loire. Son
équipe pluridisciplinaire suit 40 enfants à risque ou en
situation de handicap (6 ans pour les plus grands), ainsi
que leurs familles, en mutualisant les compétences et
les moyens disponibles sur le territoire.
1- Association pour adultes et jeunes handicapés de haute-Loire.
photographies de haut en bas :richard Defay, médecin ; Aline raymondeau-Jayat, éducatrice de jeunes enfants ; Dominique Filiol, directrice de rezocamsp.
reportage réalisé par emmanuel thévenon
15Formation Santé Social N° 28Septembre 2013
Dossier
la cure ambulatoire peut commencer.
en moyenne, chaque enfant bénéfi-
cie de trois à quatre séances de trois-
quarts d’heure chacune par semaine.
elles sont assurées sur place par
l’équipe de rezocamsp ou, au choix de
la famille, confiées à un professionnel
en libéral plus proche de la résidence
de l’enfant. « Nous passons alors une
convention avec ce spécialiste, explique
Dominique Filiol, la directrice de l’éta-
blissement. Nous le payons directement,
grâce à une dotation globale que nous
verse l’ARS, et nous l’appelons réguliè-
rement afin qu’il nous donne son avis
sur l’évolution de l’enfant. » À l’inverse,
faute de confrère installé à proximité,
l’ergothérapeute du centre de Brioude
peut se déplacer à Ambert dans les
locaux du sessad (service d’éducation
spécialisée et de soins à domicile) pour
y réaliser un bilan.
Des conventions-cadres lient égale-
ment le centre à différents services
publics, comme le ChrU de Clermont-
Ferrand. « Au service de néonatalogie,
explique richard Defay, nous pouvons
rencontrer les parents de grands pré-
maturés avant leur sortie afin de leur
présenter l’intérêt d’un suivi au Rezo-
camsp. » De son côté, tous les deux
mois, un chirurgien orthopédiste du
ChU se rend à Brioude et reçoit trois
ou quatre familles dans la matinée.
La formation au cœur des pratiquesLa spécificité du centre de Brioude ne
s’arrête pas là. son ouverture a en effet
nécessité des investissements consé-
quents en formation. Avant d’être
nommée directrice, Dominique Filiol
avait une longue expérience d’assis-
tante sociale et une grande connais-
sance de ses futurs partenaires sur le
territoire, un atout capital pour exercer
sa nouvelle responsabilité. « Cepen-
dant, avoue-t-elle, pour répondre
aux exigences réglementaires, je me
rends cinq jours par mois à Lyon pour
suivre une formation Cafdes (Certificat
d’aptitude aux fonctions de directeur
d’établissement ou de service d’inter-
vention sociale) qui devrait prendre fin
en novembre 2014. Mon absence ne
perturbe pas trop le travail de terrain,
car l’équipe est très autonome et fonc-
tionne très bien. » Le directeur médical,
un ancien médecin généraliste exer-
çant en libéral, bénéficie du même
traitement : « La loi réservant ce poste
à des pédiatres ou pédopsychiatres, une
dérogation m’a été accordée. » en atten-
dant d’atteindre le niveau de compé-
tences requise, ce stagiaire nomade
part en formation huit semaines par
an, un peu partout en France (Paris,
montpellier, nancy, Lille, strasbourg,
grenoble…). Les autres membres
du personnel ont également suivi
des formations dans leur spécialité,
financées par Unifaf. Depuis l’ouver-
ture du centre, chacun a pu partir en
formation un ou deux jours par an
en moyenne, pour mettre à niveau
ses connaissances ou améliorer sa
pratique. Ainsi, isabelle marques, la
kinésithérapeute, s’est-elle formée
en pédiatrie car, exerçant jusqu’alors
en libéral, elle avait peu travaillé avec
des enfants.
enfin, en 2014, mutualisation oblige,
le centre devrait accueillir pour la
première fois dans ses locaux une
formation en orthophonie ouverte
aux orthophonistes salariés, mais aussi
aux professionnels exerçant en secteur
libéral. Le début d’une longue série ? .
Aline Lamboley, chargée de formation d’Unifaf Auvergne accompagne l'éta-blissement dans l'élaboration de son plan de formation.
1- maison d'accueil spécialisée2- service d'éducation et de soins spécialisés à domicile
Rezocamsp en bref
géré par l’APAJh 43, comme le CAmsP du Puy, le mAs1 d'Allègre et le
sessAD2 de Brive-Charensac, rezocamsp prend en charge toutes les
formes de handicap. Le but est d'améliorer la précocité du diagnostic,
d'assurer l'accès à une action médico-psycho-sociale précoce des enfants
de moins de six ans et l'accompagnement de leurs familles dans le cadre
de la cure ambulatoire. L’établissement articule le médico-social, le sani-
taire, le social et le pédagogique autour des besoins de l’enfant et de sa
famille. employant douze salariés, le centre est autorisé à suivre quarante
enfants en phase de traitement, auxquels s’ajoutent tous les enfants en
phase de bilan. Depuis sa création, en 2011, une centaine d’entre eux
ont été accueillis dans ses locaux.
16Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013
Dossier
l e s P l é i a d e s
éducation et soin au programme
D e petits pavillons du
siècle dernier dispersés
dans un joli parc arboré.
Un havre de paix pour
jeunes filles tourmentées. C’est
là que sont accueillies des adoles-
centes en grande difficulté, confiées
par les juges des enfants ou les
services d’aide sociale à l’enfance.
L’établissement dispose de trois
services d’hébergement et d'un ser-
vice d’AemO1. « Nous sommes agréés
MECS mais le fait d’animer un service
en milieu ouvert permet un échange
très riche entre les professionnels qui
interviennent hors les murs ainsi que
dans l’institution. Cette multi-activité
fait notre force », explique Josiane
ripert, la directrice.
Un lieu éducatif où le soin est très présentPetit détour par le Pavillon saint-
exupéry. Douze jeunes filles sont
hébergées ici au sein du service
d’accueil observation et orientation.
La durée du séjour est en moyenne
de trois mois. Un temps durant le-
quel l’équipe éducative procède aux
investigations nécessaires (compor-
tement, relations familiales, scolarité-
formation) afin de proposer ensuite
au service placeur une orientation
adaptée, tant sur le plan du lieu de
vie que du projet scolaire ou profes-
sionnel.
À Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine, l’établissement les Pléiades
prend en charge des adolescentes qui rencontrent des difficultés dans
leur milieu familial, social et/ou scolaire, associées parfois à des troubles du
comportement et de la personnalité. À leurs côtés, une équipe de professionnels
motivés et passionnés, qui évolue dans un contexte où les transformations
sont multiples : société ultra connectée, schémas familiaux diversifiés, secteur
revisité… sur fond de restrictions budgétaires.
1- L’Action éducative en milieu ouvert est une mesure de protection de l’enfant vivant dans son milieu familial. elle intervient quand les conditions de vie de l’enfant sont susceptibles de le mettre en danger ou que ses parents ren-contrent des difficultés particulières dans leurs responsabilités édu-catives. Cette mesure est mise en œuvre par des services éducatifs à la demande de l’autorité administra-tive (le président du Conseil général par l’intermédiaire de son service de l’Aide sociale à l’enfance) ou judiciaire (le juge des enfants).
17Formation Santé Social N° 28Septembre 2013
Dossier
Parmi les profils accueillis, beaucoup
de jeunes passées, à un moment
donné, par un service de soins psy-
chiatriques. « Nous nous servons du
facteur court pour faire des investi-
gations dans tous les domaines. Nous
menons un travail d’analyse, de clinique
auprès des jeunes et avons développé
un véritable savoir-faire (deux médecins
psychiatres sont aujourd’hui attachés à
l’établissement). Mais attention, nous
ne sommes pas un service post-cure,
prévient Patricia de La Perrière, la di-
rectrice-adjointe. Notre terrain est bien
celui de l’éducatif auquel vient s’ajouter
de plus en plus la dimension du soin ».
Une réalité que les Pléiades essaient
de valoriser dans leur projet d’établis-
sement tout en revendiquant bien
leur étiquette éducative.
Un positionnement pas toujours
facile à affirmer devant l’autorité de
tutelle ainsi que devant les établis-
sements de soin spécialisés, mais
qui trouve sa légitimité du côté du
territoire.
Le relais, indispensable pour réussir La réalité du terrain démontre que
les frontières ne sont pas strictes
et que c’est bien par un travail en
étroite collaboration avec tous les
acteurs que l’on ressort gagnant de
situations parfois très difficiles.
À l’heure où la
tendance est de
sortir des insti-
tutions et de pri-
vilégier les sui-
vis externes, le
public accueilli
ici est souvent
celui qui n’a
pas trouvé la
solution dans
les nouveaux
m o d e s d e
prise en charge.
« I l existe au-
jourd’hui beaucoup d’AEMO renforcées,
de soutien à la parentalité… Le place-
ment apparaît de plus en plus comme
la dernière solution quand beaucoup
ont déjà été épuisées », rapporte
michèle Cochand, chef du service
d’accueil observation et orientation.
Arrivent alors aux Pléiades des jeunes
qui cristallisent toutes sortes de
problématiques. et pour réussir à
les accompagner, le travail en ré-
seau s’avère indispensable. « Nous
essayons de travailler le plus possible
avec le service placeur, avec la famille.
Et quand ça ne marche pas, c’est sou-
vent parce que nous nous sommes
retrouvés seuls
face à la situa-
tion. Nous tra-
vaillons avec un
public difficile
avec lequel il
faut du séquen-
tiel, de la sou-
plesse, du relais.
Sinon, nous pou-
vons rapidement
nous retrouver
dans une situa-
tion explosive.
Tous les acteurs
impliqués ont un intérêt partagé à
co-construire ».
Un langage commun pour assurer la continuité du projetDéjà dans cette dynamique, l’éta-
blissement a accéléré le mouvement
ces dernières années pour tisser des
liens avec des structures du soin
(qui manquent de plus en plus de
moyens), mais aussi avec
« Nous travaillons avec un
public difficile avec lequel
il faut du séquentiel, de la
souplesse, du relais. Sinon,
nous pouvons rapidement
nous retrouver dans une
situation explosive.
Tous les acteurs impliqués
ont un intérêt partagé à
co-construire »
de gauche à droite :Josiane ripert, directrice ;Patricia de la Perrière, directrice adjointe.
• • •
18Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013
Dossier
l’éducation nationale et les
écoles où sont accueillies les jeunes
filles pendant la journée, ou encore
avec la police… « Nous avons notre
propre façon de penser, de travailler
et nous accompagnons les jeunes dans
un processus de construction de leur
vie à un moment donné, puis ce sera
ensuite à un autre partenaire d’inter-
venir. Mais pour assurer la continuité
du projet, il faut que nous parlions le
même langage. Et pour cela, il faut
se connaître », témoigne Christian
Lemoine, éducateur spécialisé dans
le service d’accueil-observation et
orientation. « Aujourd’hui, le jeune est
connecté avec l’extérieur en continu.
Nous devons nous adapter en perma-
nence. Et pouvoir s’adapter, c’est aussi
partir à la rencontre d’autres profes-
sionnels, s’enrichir avec eux d’autres
connaissances, d’autres compétences »
poursuit l'éducateur qui a participé à
l'action collective "adolescents en dif-
ficulté" proposée par Unifaf (voir p. 19).
La relation avec la familleDes partenaires plus nombreux mais
aussi des relations plus développées
avec les familles. « La place de la famille
a changé. Nous tissons davantage de
liens avec elle. Le système sociétal re-
donne de la place aux parents. Avant,
nous étions dans le “tout institution”.
Parents et école étaient laissés de côté.
Mais aujourd’hui, avec l’évolution du
métier, la prise en compte de la famille
est bel et bien là. On parle même de
co-éducation », explique Patricia de
la Perrière. « Sans oublier que le but
ultime, c’est que l’enfant rentre chez
lui. » rappelle michèle Cochand. « Et
nous trouvons une vraie légitimité
auprès des familles, car en tant que
service d’hébergement, nous vivons
auprès de leurs enfants. Nous faisons
donc alliance avec elles. »
Un projet au service des jeunes Actuellement en pleine évaluation
externe, les Pléiades commencent à
travailler sur leur nouveau projet d’éta-
blissement 2014-2018, en lien avec
le projet départemental des hauts-
de-seine 2012-2018, qui demande
de diversifier les modalités d’accueil
en fonction des situations des jeunes.
« Et l’on retrouve bien là l’idée de la loi :
que les structures collectives s’adaptent
aux situations individuelles des jeunes »,
conclut Josiane ripert. .
Un établissement presque centenaire
Les Pléiades existent depuis 1920 et dépendent de l’association
henri-rollet qui gère également une autre structure dans les
hauts-de-seine. L’établissement prend en charge plus de 200 jeunes
à travers un service d’AemO (161 jeunes accompagnées de la naissance
à 18 ans) et trois services d’hébergement (65 jeunes sur du court
ou moyen séjour). soixante salariés, dont la majorité sont éducateurs
spécialisés pour l’encadrement des jeunes, constituent l’équipe.
de gauche à droite :michèle Cochand, chef du service d’ac-cueil observation et orientation ; Christian Lemoine, éducateur spécialisé.
• • •
19Formation Santé Social N° 28Septembre 2013
Dossier
Unifaf propose depuis cette année une action prioritaire nationale sur le thème de l’adolescence en difficulté. Une formation originale où les professionnels d’un même territoire mais de structures différentes se rencontrent et s’invitent dans leurs structures respectives.Au départ, un constat : un des écueils
majeurs auxquels se heurtent les établisse-
ments et les professionnels œu vrant au-
près des adolescents en difficulté est la
discontinuité de l’accueil et de l’ac com-
pagnement. souvent, les usagers fré-
quentent successivement plusieurs éta blis-
sements qui ont sur les territoires peu de
liens entre eux, et donc des possibilités
restreintes pour construire un projet
personnalisé autour du parcours du jeune.
Pour permettre aux professionnels d’amé-
liorer leurs pratiques et de diversifier leurs
modes de prise en charge, Unifaf propose
cette année une action de formation fon-
dée sur l’in terdisciplinarité. Les différents
types de struc tu res participantes se ren-
contrent et partagent leur expertise. Cet
échange est complété par des éléments de
formation. Les apports de l’action doivent
être appliqués en situation de travail pen-
dant les intersessions. Par ailleurs, un stage
d’une semaine dans un établissement
du même groupe (mais avec une activité
distincte) vient compléter les modules
de formation. L’amplitude de la formation
est de six à sept mois.
Public viséAu sein de chaque structure intéressée,
le directeur, un chef de service et deux
salariés issus de l’équipe médico-socio-
éducative.
Établissements concernés équipes médico-socio éducatives d’iteP
(institut thérapeutique, éducatif et péda-
gogique), de sessAD (service d’éducation
spéciale et de soins à domicile), d’ime
(institut médico-éducatif), de meCs
(maison d’enfants à caractère social),
de CeF (Centres éducatifs fermés), de
Cer (Centres éducatifs renforcés), de
FAe (Foyer d’action éducative) et d’AemO
(Action éducative en milieu ouvert).
Prise en charge100 % des coûts pédagogiques financés
par Unifaf.
Plus d’infosContactez votre service régional.
Et aussiLes services régionaux d’Unifaf proposent
différentes actions coordonnées pour les
professionnels du secteur. exemples : en
Languedoc-roussillon “Les institutions en
évolution”, en Champagne-Ardenne “Les
alternatives au placement”, en Lorraine “La
prise en charge des adolescents en meCs”. .
adolescents en difficulté Quel accompagne ment sur les territoires ?
Alors que les experts s’entendent sur la
triple nécessité d’un diagnostic précoce,
de l’accroissement du nombre des places
dans les structures d’accueil et du perfec-
tionnement de la formation des profession-
nels accompagnant ces publics, cette
action rencontre déjà un beau succès.
L’idée est d’apporter à chacun une meil-
leure connaissance de l’autisme, en met-
tant en perspective les recommandations
de la haute autorité de santé et de l’Agence
nationale de l’évaluation et de la qualité
des établissements et services sociaux et
médico-sociaux, afin d’accompagner au
mieux les personnes accueillies. L’OPCA
propose dans un premier temps de former
les équipes encadrantes (directeurs, chefs
de service), et ensuite les équipes éduca-
tives, médicales et paramédicales, ainsi que
les professionnels assurant l’accompagne-
ment des usagers ou qui en sont référents
(éducateurs spécialisés, infirmiers, psycho-
logues, psychomotriciens...). L’objectif est
de mieux connaître les troubles associés à
l’autisme pour mieux intervenir auprès des
personnes concernées, grâce à des apports
précis sur les modes de diagnostic et
d’évaluation, mais aussi sur des techniques
éducatives et d’accompagnement. il s’agit
de questionner également les pratiques à
la fois institutionnelles et personnelles des
acteurs en charge de ces publics. .
Pour en savoir plus et s’inscrire : Contactez votre service régional
autisme : les premières sessions ont commencé !Particulièrement impliqué dans la formation des équipes
au service des personnes autistes (voir FSS n°26 p. 6-7),
Unifaf poursuit son action à l'heure du 3e plan autisme.
a c t i o n s c o l l e c t i v e s n a t i o n a l e s
20Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013
Dossier
Pourquoi la réédition de ce cahier ?JeanLuc Salomé : Au moment de
la première édition en 2004, le cahier
avait rencontré un vif succès auprès
des professionnels et des étudiants,
jusqu’à épuisement des stocks ! Ces
regards croisés sur les problématiques
rencontrées sur le terrain restent
aujourd’hui encore d’actualité. La
question de la parentalité est fonda-
mentale dans la prise en charge des
usagers de notre secteur, ce qui est
partagé par nos principaux parte-
naires institutionnels dans le cadre
du volet sectoriel du Contrat de plan
régional de développement des for-
mations professionnelles (CPrDFP).
Aujourd’hui réimprimée, cette publi-
cation devrait contribuer à la réflexion
des professionnels, des étudiants et
des partenaires du secteur.
JeanMarie Duriez : La réédition
d’un document de ce niveau est une
excellente initiative dans l’esprit de
la loi de 2002 réformant notre champ
professionnel et mettant en avant le
droit des usagers donc des parents
coéducateurs.
sans doute insuffisamment formés
sur le sujet durant leur formation ini-
tiale, les professionnels en lien direct
avec le public “au cœur du métier”
sont souvent en difficulté dans cette
dimension du travail. Avec ce cahier,
ils seront mieux outillés pour appré-
hender leur relation aux familles, plus
“au clair” dans une meilleure distance
pour élaborer leur action. Plus que
jamais la formation continue est indis-
pensable à nos métiers.
De nouveaux sujets autour de la problématique de la parentalité ontils émergé depuis la première parution ?JeanLuc Salomé : Le cahier a été
réactualisé au regard des évolutions
législatives et des pratiques profes-
sionnelles depuis 2004. il a été enrichi
d’expériences nouvelles, innovantes
et expérimentales menées dans cer-
tains établissements de la région. La
question de la médiation familiale,
pratique qui s’est beaucoup dévelop-
pée ces dernières années, a également
été introduite en définissant les prin-
cipes éthiques et professionnels qui y
sont attachés. et puis, dans la mesure
où nous travaillons de plus en plus
auprès de familles venues d’autres
pays européens, voire d’autres conti-
nents, les équipes en place cherchent
à mieux appréhender les pratiques
culturelles et les modes de vie de ces
publics. Cette interculturalité conduit
les éducateurs à se former et à s’adap-
ter en développant notamment le tra-
vail en réseau.
JeanMarie Duriez : Le contexte
économique et la transformation de
notre société rendent la probléma-
tique très actuelle. Face à la crise et ce
qu’elle traduit (insécurité de l’emploi,
précarité, pauvreté, etc.), et face à une
société en perte de repères, avec des
schémas familiaux désormais divers,
être parent devient de plus en plus
difficile. il faut trouver sa place. À
cela, il convient d’ajouter les modes
de communication (réseaux sociaux,
utilisation du téléphone portable) qui
bouleversent complètement nos
échanges. On assiste à une inflation
de la communication et, dans le
même temps, à une difficulté pour
certains parents de nouer des liens
avec leurs enfants.
« P a r e n t a l i t é , r e g a r d s P l u r i e l s »
Être parent devient de plus en plus difficilePublié une première fois en 2004, le Cahier d’Unifaf
Nord-Pas de Calais1 “Parentalité, regards pluriels” est
en passe d'être réédité. La notion complexe qu’il
aborde intéresse à plus d’un titre des professionnels
en lien avec les familles et à la recherche de repères
pour mieux comprendre la relation parents-enfants.
Jean-Luc Salomé (Unifed-Synéas) et Jean-Marie Duriez
(CGT), administrateurs d’Unifaf Nord-Pas de Calais,
reviennent sur cette étude, aujourd’hui revisitée.
1- encore sous le nom de Promofaf à l’époque.
21Formation Santé Social N° 28Septembre 2013
Dossier
Comment la parentalité estelle un vecteur de formation continue ?JeanLuc Salomé : La parentalité et
l’approche des familles questionnent
constamment les professionnels de
notre secteur. Pour y répondre, plu-
sieurs actions de formation ont été pro-
posées par Unifaf aux adhérents pour
professionnaliser leurs équipes sur le
sujet. L’action coordonnée “Parenta-
lité, accompagnement des familles et
pratiques sociales” organisée en 2010
a ainsi été renouvelée en 2011 et 2012
(réunissant 89 stagiaires). Cette action
a non seulement permis de conforter
certaines pratiques et de renforcer la
professionnalisation des personnels
des établissements, mais aussi de favo-
riser l’échange de pratiques entre les
professionnels de terrain.
JeanMarie Duriez : nous pouvons
également citer l’action prioritaire
régionale 2012 “La relation avec les
familles” qui, là aussi, a connu un
grand succès avec 72 participants.
nous constatons que les salariés des
établissements sont de plus en plus
confrontés à ce sujet, quel que soit
leur domaine d’intervention. Pour les
accompagner, les outiller et les former,
la délégation régionale paritaire d’Uni-
faf nord-Pas de Calais réfléchira, dans
le cadre de son plan d’actions 2014, à
aborder ce sujet dans les formations
collectives proposées aux adhérents,
en lien avec ses partenaires institu-
tionnels. .
Patrick Roquet est chef de service à la Maison d’enfants de QuesnoysurDeûle dans le NordPas de Calais. Il livre son regard sur la parentalité, notion fondamentale dans la construction de l’enfant mais délicate quand elle n’est pas maîtrisée. La relation aux familles est un sujet sur
lequel il pourrait parler des heures, tant le
sujet habite le quotidien de Patrick roquet
et de son équipe. « Et parce que chaque
situation est unique, chaque relation aux
parents est singulière et demande un effort
d’adaptation de la part des éducateurs. »
Une réalité souvent vécue comme difficile
au début. « On voit de jeunes profession-
nels arriver après leur formation, encore
pétris de représentations et confrontés à
des schémas familiaux qui leur échappent
totalement ». il faut alors être très attentif
à leur savoir, mais aussi à la manière dont
ils le positionnent auprès des familles qui,
en dix ans, ont évolué au même titre que
la société. « Les profils se diversifient et se
multiplient. Nous accueillons de plus en
plus de mineurs étrangers isolés, voire des
familles d'origine étrangère, ce qui implique
une nécessaire évolution des savoirs et des
pratiques professionnelles dans la prise
en compte de cette diversité culturelle. La
crise économique a également amplifié la
précarité de certaines familles déjà fragi-
lisées et des parents qui n'apparaissaient
pas dans notre champ d'action y figurent
aujourd’hui. »
Dans ce paysage, « la formation théorique
ne peut pas remplacer l’apprentissage sur
le terrain et son expérience propre, mais
elle s’avère un complément particulière-
ment utile. C’est de la responsabilité de
l’employeur de permettre au salarié d’ana-
lyser ses pratiques et de les confronter pour
ensuite mieux appréhender des situations
complexes ». .
“Parce que chaque situation est unique, chaque relation à la famille est singulière”
22Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013
Actualités de la formation
À lire…« L’accompagnement au quotidien des personnes déficientes visuelles »Josiane heyraud avec les textes
de christianne almendros
éditions erès - 232 pages - 2013 - 14 €
«Je ne parlerai qu’à ma juge »Catherine sultan, éditions du seuil
238 pages - 2013 - 19,50 €
éducatrices spécialisées
auprès de déficients
visuels et formatrices,
les deux auteures té -
moignent de leur
expérience profes-
sionnelle auprès
d’enfants aveugles de
naissan ce, aveugles tardifs, malvoyants
et adultes handicapés visuels. elles
montrent comment, en utilisant des
techniques palliatives, il est possible
pour ces personnes de construire des
représentations spatiales opérantes et
de développer leur autonomie dans
les divers contextes de la vie. Des clés
pour les professionnels et les proches
qui accompagnent au quotidien les
personnes déficientes visuelles et fa-
vorisent leur accès à une vie citoyenne.
Catherine sultan
est juge des enfants
depuis 1988, d’abord
à Douai, puis evry,
Paris et Créteil. Déta-
chée comme ensei-
gnante à l’école de la
magistrature de 1995
à 2000, elle est présidente du tribunal
pour enfants de Créteil depuis 2007.
Forte de sa pratique quotidienne de
la justice des mineurs, elle livre une
réflexion sur cette justice, sur les dif-
ficultés des famille, l’application du
code civil, et aussi le réseau de parte-
naires ouvrant sur l’accompagnement
socio-éducatif et thérapeutique. Face
à un monde où tout change la juge
insiste : le rapport de responsabilité
des adultes à l’égard de l’enfant doit,
lui, rester immuable.
La réforme annoncée devrait ainsi
« mieux orienter la formation profes-
sionnelle vers ceux qui en ont le plus be-
soin » et « faire de la formation un levier
de compétitivité pour l’ensemble des en-
treprises » a précisé François hollande.
Dans la foulée de cette conférence,
les services du premier ministre ont
immédiatement transmis aux parte-
naires “la feuille de route sociale” : un
document de 44 pages qui reprend
les conclusions des débats et qui liste
les travaux paritaires et les concerta-
tions tripartites et quadripartites de
l’année à venir. Le rendez-vous est déjà
pris avec les acteurs concernés pour
un bilan de cette feuille de route au
printemps prochain, lors de la grande
conférence sociale, devenue désor-
mais annuelle.
Trois objectifsDès l’ouverture, le chef de l’état a ap-
Le projet de loi concernant l’économie sociale et solidaire (ess) a été examiné
en Conseil des ministres à la mi-juillet. il devrait être débattu en octobre au
sénat pour un vote devant l’Assemblée avant fin 2013. Le projet s’articule au-
tour de trois principaux objectifs : « la reconnaissance de l’économie sociale et
solidaire, sa structuration et son développement ». La Banque publique d’inves-
tissement devrait jouer un rôle primordial dans la nouvelle architecture. elle
prévoit notamment de financer des projets du secteur à hauteur de 500 mil-
lions d’euros. Avec cette loi, Benoît hamon, le ministre délégué à l’ess, entend
que cette économie « soit au cœur de la stratégie de croissance » du pays. .
La seconde édition de la conférence sociale s’est
tenue à Paris les 20 et 21 juin derniers, devant
300 participants, représentants de l’État, des régions,
employeurs et syndicats de salariés. À cette occasion,
le président de la République a appelé à une réforme
de la formation professionnelle au service de l’emploi.
pelé à une réforme de la formation
professionnelle, “rendue encore plus
impérieuse” dans une France aux trois
millions de chômeurs (+ de 10 % de
la population active). trois objectifs
devront guider cette réforme : “ren-
forcer la contribution de la politique
de la formation à la sécurisation des
parcours professionnels”, “renforcer
le rôle de la formation profession-
nelle dans la compétitivité de notre
économie” et “simplifier et améliorer la
gouvernance des politiques de forma-
tion professionnelle”.
Développer l’alternanceParmi les outils plébiscités, François
hollande a insisté sur l’importance
de l’alternance dans la bataille pour
l’emploi. La nouvelle feuille de route
prévoit ainsi le lancement d’une
concertation sur le sujet. Objectif du
2 e c o n f é r e n c e s o c i a l e
la formation au service de l’emploi
é c o n o m i e s o c i a l e e t s o l i d a i r e
le projet de loi bientôt devant le parlement
23Formation Santé Social N° 28Septembre 2013
À lire…« La professionnalisation des assistants familiaux »Laurent Cambon, éditions esF éditeur
157 pages - 2013 19,90 €
« Nouvelles pratiques d’écriture en travail social »Philippe Crognier, éditions esF éditeur
121 pages - 2013 - 14,90 €
Avec la loi du 27 juin
2005, « nous sommes
définitivement
passés d’une culture
de l’accueil familial
dévoué, peu gratifié et
peu gratifiant, à une
fonction essentielle
du champ de la pro-
tection de l’enfance : l’hébergement
et l’accompagnement d’un jeune en
difficulté par un salarié au sein de
sa propre cellule familiale ». Laurent
Cambon, directeur d’une association
parisienne qui gère plusieurs ser-
vices de placement familial, invite à
repenser les modalités de manage-
ment des assistants familiaux afin
d’intégrer la professionnalisation et
de modifier les représentations d’un
métier essentiel dans le dispositif
de protection de l’enfance.
Les travailleurs so-
ciaux trouveront
ici un ouvrage péda-
gogique pour se per-
fectionner dans le
champ des écrits
professionnels. « Des
écrits jamais statiques
ou conçus et réglés une fois pour
toutes » mais au contraire des écrits
qui « mutent au rythme des variations
du milieu professionnel et participent
aux métamorphoses du secteur et au
développement des pratiques nou-
velles ». Philippe Crognier met notam-
ment en évidence l’émergence de
références idéologiques importées,
associées à l’utilisation d’un vocable
spécifique influençant particulière-
ment les pratiques d’écriture en
travail social.
Les représentants de l’Union de syndicats et de groupements d’employeurs
représentatifs dans l’économie sociale (Usgeres) ont adopté en juin dernier
un nouveau nom : l’Union des employeurs de l’économie sociale et soli-
daire (UDes) et de nouveaux statuts afin « d’accueillir d’autres syndicats
d’employeurs de l’ess et ainsi, de représenter l’ensemble du champ multi-
professionnel de l’économie sociale et solidaire ».
Le synéas a rejoint ce nouvel ensemble mais conserve ses mandats
au sein de la Branche au titre de l’Unifed. Ce syndicat prendra d’ailleurs
la présidence d’Unifaf en janvier prochain. .
gouvernement : former 500 000 ap-
prentis au cours des trois prochaines
années. Autre grand volet de la fu-
ture réforme : le compte personnel
de formation dont la concertation
quadripartite engagée entre l’état,
les régions et les partenaires sociaux
sur le sujet devrait se poursuivre. Ce
compte devra notamment faciliter
l’accès à la formation des travailleurs
handicapés.
Formation de 30 000 chômeurs Le document détaille également le
plan de “formations prioritaires pour
l’emploi”, annoncé par le Premier
ministre lors de la conférence. Ce plan
devrait être mis en place dès septem-
bre 2013 et prévoit la formation de
30 000 demandeurs d’emploi supplé-
mentaires d’ici la fin de l’année. Côté
financement, “des engagements com-
plémentaires et des redéploiements
de l’état, du FPsPP (Fonds paritaire de
sécurisation des parcours profession-
nels) et des régions” sont envisagés.
Calendrier La nouvelle réforme devrait aboutir
avant la fin de l’année 2013 selon le
calendrier suivant : négociation d’un
accord national interprofessionnel à
partir de septembre pour un projet
de loi présenté en conseil des minis-
tres d’ici à la fin 2013 avant le vote au
parlement début 2014. .
l’Usgeres devient l’Udes
la feuille de route sociale s’articule autour de 7 chapitres
1 Démocratie sociale. 2 Mobiliser pour
l’emploi et la formation
professionnelle.3 Améliorer les
conditions de travail,
prévenir les risques
et améliorer la santé
des salariés. 4 Assurer l’avenir des
retraites et de notre
protection sociale. 5 Développer les filières
et anticiper les emplois
de demain.6 Moderniser l’action
publique pour conforter
notre modèle de services
publics. 7 Donner un nouveau
souffle à l’Europe sociale.
Portrait24Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013
au chevet des nourrissons… et des mèresÀ la maternité de l’hôpital Saint Joseph-Saint Luc (Lyon), Maryline Rodot,
auxiliaire de puériculture depuis treize ans, accorde de plus en plus d’importance
à l’échange avec les parents des nouveaux nés comme avec les élèves auxiliaires.
À 52 ans, maryline rodot
ne se lasse pas
d’accom pagner les
parents et leur nou-
veau-né dans leurs premiers instants.
Avec toujours la même émotion : « La
plus belle récompense est de les voir par-
tir rassurés sur leur capacité à s’occuper
de leur bébé. » sans doute parce que
cette vocation a mis du temps à se
concrétiser. Après avoir obtenu son
diplôme d’auxiliaire de puériculture,
faute de trouver immédiatement un
poste, la jeune femme a été recrutée
comme aide-soignante au service de
chirurgie OrL du Centre hospitalier
saint Joseph-saint-Luc. De retour
d’un congé parental de trois ans, elle
intègre le service de cardiologie puis
celui de pneumologie : « Pendant ces
années, j’ai beaucoup appris du tra-
vail en binôme avec les infirmières, la
collaboration au sein d’une équipe de
soin et l’importance du relationnel avec
les adultes, surtout quand il s’agit de
grands malades. » raconte-t-elle.
L'importance de la communicationCette longue expérience forgée sur
le terrain se révèle précieuse lorsque
maryline rodot rejoint la maternité en
2000, réalisant son rêve. sa fonction
est bien loin de se résumer aux soins
d’hygiène et de confort du nourris-
son. Une partie de ses gestes profes-
sionnels, elle doit les transmettre aux
nouveaux parents pour préparer le
retour à domicile : « Il faut être dans
l’observation et dans l’écoute pour
adapter ses conseils à chaque person-
nalité. » C’est d’ailleurs cette dimen-
sion de communication qui évolue le
plus dans son métier ces dernières
années ; les parents posent quantité
de questions, sollicitent davantage
son appui. Au cœur de ces interroga-
tions : l’allaitement, devenu un enjeu
central pour les mères. Pour mieux
l'appréhender, maryline a suivi en
2009 une formation sur le sujet : « Il
existe aujourd’hui une forme de pression
sociale qui les incite à penser qu’une
mère parfaite doit allaiter. Ce qu’elles
ont pu lire sur le Net suscite une cer-
taine angoisse. Auparavant, il y avait
une transmission de mère à fille assez
réaliste de ce qu’est la maternité; dé-
sormais, ce passage de connaissances
se fait aussi par Internet, les magazines
ou les copines et c’est notre rôle de les
aider à faire la part des choses et de
les rassurer. »
S'enrichir et transmettreAprès plus de trente ans à saint Jo-
seph, maryline rodot n’a guère en-
vie de quitter la pouponnière. elle
pourrait poursuivre sa carrière dans
une crèche mais le développement
psychomoteur de l’enfant l’intéresse
moins que l’accueil des nouveau-nés.
elle envisage d’ailleurs certaines for-
mations pour enrichir sa pratique pro-
fessionnelle, comme “Le massage du
bébé”ou “La réanimation du bébé en
salle de naissance”, pour mieux répon-
dre à l’évolution des demandes de la
parentalité.
Lorsqu’en 2010, on lui propose de
devenir évaluatrice d’élèves auxili-
aires de puériculture et d'intervenir
dans le module “communication”, elle
n’hésite pas : « Voir comment les jeunes
appréhendent les échanges avec les par-
ents à partir de cas concrets rencontrés
dans leurs stages est aussi une façon
de réfléchir sur mon métier… » Une
façon, à sa manière, de transmettre
ses connaissances aux futures profes-
sionnelles..
Nathalie Quéruel
Parcours
Sept. 1981 :certificat
d’apti tude
aux fonctions
d’auxi liaire de
puériculture.
Oct. 1981 : 1er poste d’aide-
soignante au
Centre hospita-
lier saint
Joseph-saint
Luc de Lyon.
2000 : auxi-
liaire de puéri-
culture à la
maternité de
saint-Joseph-
saint Luc.
20102011 : évaluatrice des
élèves auxiliai-
res puéricultri-
ces de l’école
rockefeller de
Lyon, pour le
module « Com-
munication ».
Formations suivies1983 “Vivre et
mieux travailler
avec son corps"
1986 "Le
som meil dans
l'hygiène de vie"
1998
"Diagnostic
infirmier,
transmissions
ciblées"
2005 "rôle
de l'auxiliaire
de puéricul-
ture dans la
prévention des
affections noso-
comiales"
2009 “L'allaite-
ment des nou-
veaux-nés”