ormation - OPCA de la branche sanitaire, sociale et ... · C OneP tin grAPhiQUe & se rét Ari t De...

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T Le Fonds d’Assurance Formation de la Branche sanitaire, sociale et médico-sociale, privée à but non lucratif n° 28 | Sept. 2013 Formation SANTé SOCIAL FONDS MUTUALISéS Unifaf publie son Plan national d'actions 2014-2016 éTHIQUE Un secteur exposé aux dérives sectaires DéMATéRIALISATION Tous en ligne le 1 er octobre ! Des parcours personnalisés, pour se construire pas à pas ACCOMPAGNEMENT DES JEUNES

Transcript of ormation - OPCA de la branche sanitaire, sociale et ... · C OneP tin grAPhiQUe & se rét Ari t De...

T Le Fonds d’Assurance Formation de la Branche sanitaire, sociale et médico-sociale, privée à but non lucratif n° 28 | Sept. 2013

formations a n t é s o c i a l

F o n d s m u t u a l i s é s

Unifaf publie son Plan national d'actions 2014-2016

é t h i q u e

Un secteur exposé aux dérives sectaires

d é m a t é r i a l i s a t i o n

tous en ligne le 1er octobre !

Des parcours personnalisés, pour se construire pas à pas

a c c o m p a g n e m e n t

d e s j e u n e s

Sommaire Le message des présidents

il est indispensable de privilégier la notion de parcoursLa proximité, la complémentarité et la cohérence des réponses participent

à la qualité de l’accompagnement des personnes en difficulté. C’est

d’autant plus vrai pour les enfants et les adolescents, dont la prise en

charge nécessite une intervention sociale ou médico-sociale et le maintien

des liens avec leurs parents, leur famille, leurs proches et leur scolarité.

Depuis leur création et leur développement à partir des années 50, nos

institutions se sont organisées de façon indépendante au sein de nos asso-

ciations, privilégiant une réponse globale aux problématiques des jeunes.

Or cette organisation a montré ses limites en raison du cloisonnement

des actions entre les différents intervenants. Aujourd’hui, c’est la notion

de parcours qu’il est indispensable de privilégier, entre les dispositifs en

milieu naturel et les institutions sociales en lien avec tous les acteurs

concernés au sein des réseaux sociaux et médico-sociaux.

Cela nécessite de réinterroger l’organisation des services et des établisse-

ments, de revoir les périmètres d’intervention des professionnels en évitant

les superpositions, de rendre visibles et lisibles pour l’enfant, l'adolescent,

et sa famille, les interventions des uns et des autres. Le respect des droits

des usagers, acteurs de leur prise en charge, implique la compréhension

de la cohérence des parcours.

Face à ces constats, Unifaf a décidé d’accompagner les équipes par une

action collective (terme désormais en vigueur…) permettant, à partir d’un

diagnostic et des expériences innovantes existantes, d’appréhender de

nouvelles formes de coopération sur les territoires. L’enjeu est multiple :

≥ améliorer la qualité de l’accompagnement des enfants et adolescents ;

≥ permettre aux parents d’assumer pleinement leurs responsabilités ;

≥ assurer une cohérence et une continuité des interventions en évitant

les ruptures et leurs conséquences ;

≥ organiser la transversalité des parcours sur le territoire ;

≥ réduire les coûts découlant de la superposition de mesures et de dis-

positifs non coordonnés.

Avec cette initiative qui a mobilisé un nombre très important d’adhérents

et de salariés, Unifaf a l’ambition de participer, par une meilleure profes-

sionnalisation, à "faire société" en améliorant les chances de réussite des

enfants et des adolescents marqués par la vie. •

jean-Baptiste plarier – (cFe - cgc), président d’unifafjean-marie poujol – (unifed - synéas), président adjoint d’unifaf

FOrmAtiOn sAnté sOCiAL no28 | septembre 2013

31, rue Anatole-France | 92309 Levallois-Perret

tél : 01 49 68 10 10 | Fax : 01 49 68 10 39

Publication trimestrielle éditée par Unifaf,

le Fonds d’Assurance For mation de la Branche sanitaire,

sociale et médico-sociale, privée à but non lucratif.

DireCteUr-gérAnt ≥ Jean-Pierre Delfino

réDACtriCe en CheF ≥ hélène Le Courtois

[email protected]

réDACteUrs ≥ emmanuel thévenon ≥ nathalie Quéruel ≥ Bérengère Ducloux

COnCePtiOn grAPhiQUe & seCrétAriAt De réDACtiOn

≥ Atelier marge Design | www.atelier-chevara.com

PhOtOgrAPhies ≥ thibaut Voisin ≥ emmanuel thévenon≥ Unifaf

imPressiOn ≥ néotypo

tirage à 30 000 exemplaires | issn 1141-8745

03 quoi de neuf à unifaf ?

• UnifafpubliesonPlannational

d’actions 2014-2016

• Unpasdeplusdanslamobilisation

pour l’emploi

04 tous en ligne le 1er octobre !

• LeFPSPPsoutientl’actiond’Unifaf

• CIF:vosfacturesrégléesdirectement

• Unifafpubliesonrapport

d’activité 2012

04 Une nouvelle formation proposée

aux moniteurs d’atelier

06 entretien avec le Comité d'éthique

08 dossier

• Un vent de transformation souffle sur les

structures qui accueillent des jeunes dans

la Branche : un contexte réglementaire

en évolution, une société et des publics

qui changent, des budgets en baisse, des

territoires qui se renforcent, des logiques

de travail qui émergent… Une nouvelle

dynamique est en marche avec, en toile de

fond, un changement des représentations

et des compétences à développer chez les

professionnels.

22 actualités de la formation

• 2e conférence sociale : la formation

au service de l’emploi

• Économiesocialeetsolidaire:

Le projet de loi bientôt devant

le parlement

23 L’Usgeres devient l’Udes

24 portrait

• Auchevetdesnourrissons…

et des mères

02Formation Santé Social N° 28

Le message des présidents

03Quoi de neuf à Unifaf ?Formation Santé Social N° 28Septembre 2013

m é d i c o - s o c i a l 

Un pas de plus dans la mobilisation pour l’emploiÀ l’initiative de Michèle Delau­nay, ministre déléguée chargée des Personnes âgées et de l’Au­tonomie, Unifaf, la CnsA et l’état ont

signé le 30 mai dernier un avenant

à l’accord-cadre 2013-2015 sur le

financement d’actions de qualifica-

tion ou de professionnalisation dans

le secteur médico-social. Baptisée

“un ehpad, un emploi d'avenir”, cette

initiative prévoit le cofinancement

des formations des jeunes en emploi

d’avenir, de la formation des tuteurs

et de l’indemnité tutorale dans les

établissements accueillant des per-

sonnes âgées ou handicapées. Objectif

pour Unifaf : 420 parcours cofinancés

en 2013. L'OPCA, par la voix de ses

présidents, Jean-Baptiste Plarier et

Jean-marie Poujol, a assuré la ministre

de l’engagement de l’OPCA dans cette

démarche. •

À   l a   u n e 

Unifaf publie son Plan national d’actions 2014-2016Le soutien à l’emploi et l’accom­pagnement des transformations sectorielles, priorités du Plan, orien-

teront l’essentiel des fonds mutualisés

sur la période 2014-2016. Ainsi en a

décidé le Conseil d’administration

paritaire de l’OPCA lors de sa séance

du 27 juin dernier.

Prochaine étape : l’élaboration, à

l’automne, de plans régionaux, en

déclinaison des orientations natio-

nales et des spécificités de chaque

territoire. Le plus pour l’adhérent ? Un

cadrage à moyen terme permettant

de mûrir ses projets de formation et

de se faire accompagner aux étapes

clés de ses démarches.

Bénéficiant du soutien de nombreux

partenaires financiers au niveau

européen, national ou local, le Plan

s’articule autour de huit programmes

phares :

≥ le développement de la qualifica-

tion ;

≥ l’appui à des projets de formation

professionnalisants ;

≥ la formation des emplois aidés (et

en particulier des emplois d’avenir) ;

≥ le développement des savoirs de

base et la lutte contre l’illettrisme ;

≥ le soutien aux éta blissements et

services en difficulté éco nomique ;

≥ la reconversion des personnels

reconnus handicapés ;

≥ la formation des animateurs-pré-

venteurs de troubles musculo-sque-

lettiques ;

≥ les actions collectives de l’OPCA.

Plus d’infos : Contactez votre service régional.

04 Quoi de neuf à Unifaf ?Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013

d é m a t é r i a l i s a t i o n 

tous en ligne le 1er octobre !

c i f 

Vos factures réglées directe ment

C’est l'initiative lancée par six délégations régionales d’Uni­faf qui, à partir du 1er octobre, expérimentent avec leurs adhérents

la dématérialisation intégrale des dos-

siers de formation.

Alors si vous êtes adhérents en Cham-

pagne-Ardenne, Franche-Comté,

haute-normandie, Languedoc-rous-

sillon, Lorraine ou PACAC, et si vous

n’avez pas encore opté pour la gestion

en ligne de vos démarches formation,

plus de temps à perdre : connectez-

vous sur www.unifaf.fr, cliquez sur

l’onglet Webservices et laissez-vous

guider !

À la clé, la garantie d’un délai de trai-

tement de vos dossiers formation opti-

misé, un suivi en temps réel de votre

plan de formation et l’introduction

régulière de nouvelles fonctionnalités

pour mieux répondre à vos besoins. •

Fini l’avance de frais… Pour toute formation

dans le cadre d'un CiF démarrant en 2014, Unifaf

vous propose de contractualiser avec votre orga-

nisme de formation et d’effectuer directement le

paiement des factures. •

Plus d’infos : Contactez votre service régional.

b i l a n

Unifaf publie son rapport d’activité 2012386 millions d’euros collectés (+ 3,3 %), 400 000 départs en formation enregistrés et des dépenses de formation en légère progression (0,3 %) après la baisse consta­tée en 2010 et 2011. tels sont les grands enseignements du bilan dressé

par l'OPCA. mais au-delà de ces indicateurs clés,

que retenir de l’année 2012 ? Assurément des

initiatives qui ont rencontré leurs publics (comme

le coup de pouce de 2 000 e en faveur des associa-

tions de moins de 20 salariés), un soutien renforcé

aux politiques d’emploi (avec le lancement de la

prestation Conseil rh), un appui renouvelé aux

programmes sectoriels (esAt, développement

professionnel continu, autisme…). en bref : des

interventions plurielles qui confortent et singu-

larisent la position de la Branche dans le contexte

socio-économique actuel. •

Consultez le rapport sur www.unifaf.fr

i l l e t t r i s m e 

le FPsPP soutientl’action d’Unifaf 3,4 millions d’euros : c’est le mon-

tant de la subvention accordée cette

année par le FPsPP à Unifaf afin de

poursuivre son action en faveur des

savoirs de base (lire, écrire, compter...).

Avec 10 000 parcours financés en 2011

et 2012, Unifaf avait déjà franchi une

première étape dans la lutte contre

l’illettrisme, grande cause nationale

2013. La nouvelle programmation

poursuit l’effort engagé en direction

des salariés de niveau 5 et infra.

Côté financement, Unifaf prend en

charge 100 % des frais pédagogiques

et des salaires. •

Plus d’infos : Contactez votre service régional.

05Quoi de neuf à Unifaf ?Formation Santé Social N° 28Septembre 2013

e s a t 

Une nouvelle formation proposée aux moniteurs d’atelier

Plusieurs régions pilotes tra­vaillent actuellement sur le sujet et proposeront d’ici la fin de l’année la nouvelle formation aux établissements concernés. Au terme des trois premières années

de mise en œuvre, une inscription au

répertoire national des certifications

professionnelles (rnCP) permettra la

délivrance d’un titre professionnel de

niveau iV (dont bénéficieront égale-

ment les premiers formés).

L’enjeu est le développement des

compétences des professionnels

concernés en assurant l’équilibre

entre toutes les composantes de la

mission d'encadrement des travail-

leurs handicapés.

La formation s’articulera autour de

trois grandes compétences : 1 l’accompagnement des travailleurs

handicapés dans l’atelier, au sein d’une

équipe pluri-professionnelle ;

2 l’animation, l’organisation et la ges-

tion de la production ou des presta-

tions de service d’une équipe dans la

structure et/ou hors les murs ; 3 la gestion et le développement des

compétences individuelles et la parti-

cipation à leur évaluation.

La formation d’une durée totale de 441

heures se déroulera sur 14 à 16 mois et

prévoit un stage de 105 heures.

À savoir : l’accès à la formation est

conditionné à la capacité de rédaction.

Une formation préalable pourra être

proposée.

Prise en charge : Unifaf prend en

charge 100 % des coûts pédagogiques

et des frais annexes ainsi que la rému-

nération et les charges du stagiaire

pendant la formation (y compris pen-

dant les périodes de stage) à raison de

15 euros de l’heure. •

retrouvez la liste des sites pilotes

sur www.unifaf.fr

Soucieux d’harmoniser la formation des profes-

sion nels des ESAT et des entreprises adaptées,

les partenaires sociaux ont créé le “certificat de

Branche moniteur d’atelier”, délivré par la Com-

mission paritaire nationale de l’emploi et de la

formation professionnelle (CPNE-FP).

Journées des adhérents 10 sept. 2013 AquitaineContact : 05 56 00 85 10

[email protected]

12 sept. 2013  Basse­NormandieContact : 02 31 15 65 00

[email protected]

24 sept. 2013 LorraineContact : 03 83 57 63 27

[email protected]

27 sept. 2013  Nord­Pas de CalaisContact : 03 20 30 36 90

[email protected]

1 oct. 2013 Midi­PyrénéesContact : 05 34 31 34 60

[email protected]

3 oct. 2013 BretagneContact : 02 23 44 04 40

[email protected]

10 oct. 2013 AuvergneContact : 04 73 28 57 40

[email protected]

17 oct. 2013 BourgogneContact : 03 80 30 84 46

[email protected]

22 oct. 2013 LimousinContact : 05 55 10 32 00

[email protected]

30 oct. 2013  Île de la RéunionContact : 02 62 90 23 59

[email protected]

14 nov. 2013  Languedoc­RoussillonContact : 04 67 92 07 64

[email protected]

26 nov. 2013 Pays de la LoireContact : 02 40 89 03 43

[email protected]

3 déc. 2013  Poitou­CharentesContact : 05 49 77 11 33

[email protected]

Propos recueillis par Bérengère Ducloux

06 Quoi de neuf à Unifaf ?Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013

Pourquoi le Comité d’éthique s’est­il penché sur les pra­tiques non conventionnelles ? Florence Leduc : Les activités

générées par les établissements

de la Branche sont destinées à des

personnes malades, fragiles et donc

particulièrement vulnérables. Or, ce

sont elles qui sont les plus exposées

au risque de maltraitance. Que nous

soyons employeurs ou salariés nous

devons donc être particulièrement

vigilants sur ces questions ! Ce qui

est vrai pour les usagers l’est aussi

pour les salariés : quand on travaille

au quotidien avec des personnes dé-

pendantes ou démentes, cela génère

de la fatigue, du stress et donc de la

vulnérabilité. C’est aussi le terreau des

dérives sectaires !

Denis Lavat : La relation et la prise

en charge étant notre cœur de métier,

nous sommes plus exposés que les

autres branches aux dérives liées au

relationnel. en matière de formation, la

question des pratiques alternatives est

donc une question centrale. Quand on

sait qu’entre 40 % et 60 % des patients

ont recours à des thérapies complé-

mentaires, cela justifie une analyse

approfondie de certaines d'entre elles !

Pourquoi les thérapies alternatives ont­elles pris un tel essor ?Florence Leduc : Cela pose la ques-

tion de la part respective de la tech-

nique et du relationnel dans la prise

en charge des patients… Au-delà de

la technique médicale et soignante,

sommes-nous suffisamment à l’écoute

des usagers ? C’est une question com-

plexe : d’un côté, certains médecins

estiment que la connaissance médicale

leur appartient et qu’ils n’ont pas à la

partager, de l’autre, les patients veulent

comprendre leur traitement et être

entendus sur ce qu’ils sont prêts à sup-

porter ou non. s’il n’y a pas d’échanges,

le risque est que les patients aillent

“faire leur marché” sur internet et se

tournent vers des pratiques relevant

de l’escroquerie ! il faut donc trouver

une posture juste pour que le médecin

et le patient nouent des relations de

confiance et s’entendent sur un pro-

tocole thérapeutique.

Quels facteurs expliquent la prolifération des dérives ?Denis Lavat : même si la miviludes1

exerce une veille, il y a un vrai pro-

blème de contrôle par les pouvoirs

publics ! Aujourd’hui, il n’existe pas

de gendarme et la sécurité sociale ne

contrôle pas les pratiques qu’elle ne

prend pas en charge.

Pour se déclarer organisme de for-

mation, il suffit d’obtenir un numéro

de déclaration d’existence. Or, cette

procédure n’est en aucun cas un

agrément ! Par ailleurs, certains di-

plômes universitaires ont été créés

pour l’enseignement de médecines

parallèles, qui ne sont pas reconnues

par les autorités de santé publique.

Bref, il manque un cadre !

1- La miviludes est une mission interministé-rielle chargée d’obser-ver et d’analyser le phénomène sectaire. elle coordonne l’action préventive et répressive des pouvoirs publics et informe le public sur les risques et les dangers auxquels il est exposé.

c o m i t é   d ' é t h i q u e 

“nous sommes plus exposés que les autres branches aux dérives liées au relationnel”Après deux ans de recherches et d’auditions, le Comité d’éthique d’Unifaf a présenté

en avril dernier ses conclusions sur la question des pratiques non-conventionnelles

et des risques de dérives sectaires. Le point avec Florence Leduc (Unifed-Fehap) et

Denis Lavat (CFTC), deux membres très investis dans cette démarche.

07Quoi de neuf à Unifaf ?Formation Santé Social N° 28Septembre 2013

Florence Leduc : C’est un paradoxe :

d’un côté on manque d’argent public

pour assurer la qualité des soins et,

de l’autre, les particuliers sont prêts

à investir des sommes considérables

dans des soins alternatifs, parfois com-

plètement fantaisistes.

Quel est le rôle et l’apport du Comité d’éthique pour Unifaf et la Branche ?Denis Lavat : Le Comité d’éthique

n’est pas un comité scientifique, mais

son rôle est d’analyser ce qui est pro-

posé pour sensibiliser les équipes aux

risques attachés à certaines offres de

formation et de thérapie. C’est un peu

comme une cellule de veille, où l’on

peut partager des informations, rece-

voir des spécialistes… récemment

par exemple, des représentants de

l’AP-hP2 et des CLCC3 ont présenté

des études sur les thérapies complé-

mentaires. J’ai été frappé de voir que

d’aussi gros établissements explorent

certaines pratiques et essayent de

“faire le tri”pour retenir celles qui

méritent de trouver leur place à côté

des prises en charge classiques.

si au départ j’étais plutôt très réticent,

j’ai trouvé intéressante l’idée de “mar-

cher avec” plutôt que de “marcher

contre”… Dans une logique d’évalua-

tion et de suivi, et pour éviter que les

usagers ne se tournent aveuglément

vers certaines pratiques par défaut

d’information…

Florence Leduc : L’intérêt majeur

du Comité d’éthique

est de permettre

aux représentants

des employeurs et

des salariés de la

Branche, mais aussi

aux associations

et aux politiques

d ’ é c h a n g e r d e s

informations, de

questionner pour

définir une position

commune sur des

sujets fondamen-

taux qu’on n’aborde

pas ailleurs. nous

sommes tous dans le même bateau !

notre responsabilité est de protéger

les usagers et les salariés. D’où l’intérêt

de consacrer du temps à une réflexion

commune.

Quelles sont ses recommandations ?Denis Lavat : La recommandation

essentielle, c’est le doute ! Être vigilant,

exercer son esprit critique, comparer les

organismes pour être sûr de son choix.

Lorsqu’on fait un appel d’offres, il est

essentiel de savoir qui propose quoi,

pourquoi, comment ? Quel est le profil

des intervenants ?… C’est le message

que je fais passer lorsque je rencontre

les administrateurs en région.

Florence Leduc : il faut aller au-delà

des apparences, ne

pas choisir un orga-

nisme de formation

(OF) uniquement

sur des critères de

coût. La réglementa-

tion sur les appels à

projets conduit trop

souvent à une bana-

lisation des achats de

formation ! Passer un

contrat avec un OF, ce

n’est pas simplement

acheter une presta-

tion. il faut analyser les besoins des sa-

lariés, voir ce que l’organisme propose

pour y répondre et ce que les deux par-

ties peuvent construire ensemble. Les

services achats ne doivent pas être les

seuls décisionnaires, il faut associer au

choix les cadres de santé et les autres

salariés concernés par la formation.

En quoi peuvent­elles avoir un impact sur l’activité d’Unifaf ?Florence Leduc : Les services d’Uni-

faf ont intégré cette nécessité de vigi-

lance. Lorsqu’ils sont alertés sur des

pratiques contestables, ils cherchent

des renseignements, recoupent des

témoignages… Les échanges entre

régions mais aussi entre OPCA sont à

ce titre essentiels.

Denis Lavat : Ces contrôles peuvent

conduire à des refus de prise en charge.

C’est le cas, par exemple, si l’on constate

qu’un organisme ayant perdu son

agrément dans une région, rouvre ses

portes sans transition dans une autre

région avec une offre similaire… •

2- Assistance Publique hôpitaux de Paris3- Centres de lutte contre le cancer

le comité d’éthique en bref

Créé en 1998 à l’initiative du Conseil d’administration paritaire (CAP),

le Comité d’éthique d’Unifaf a pour mission de protéger les salariés

et les usagers de la Branche des dérives sectaires et de contribuer à

la moralisation des pratiques de formation.

Composé de 31 membres – représentants des organisations constitu-

tives d’Unifaf, d’administrations centrales, de missions interministérielles,

d’experts et d’autres OPCA –, il se réunit deux fois par an et rend des avis

qui sont soumis au CAP pour validation. •

« C’est un paradoxe :

d’un côté, on manque

d’argent public pour

assurer la qualité des

soins et, de l’autre, les

particuliers sont prêts

à investir des sommes

considérables dans

des soins alternatifs,

parfois complètement

fantaisistes »

sommaire10 entretien avec marie derain

12 quels sont les établissements qui accueillent des jeunes dans la Branche ?

14 un réseau fort au service de 40 enfants

16 éducation et soin au programme

20 Être parent devient de plus en plus difficile

08Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013

Dossier

Dossier réalisé par hélène Le Courtois

1- Cet accueil varie d’une journée à l’hôpi-tal à de l’hébergement permanent dans d’autres types de structures. On compte ainsi 49 000 places en hébergement de l’Aide sociale à l’enfance, 40 000 places en sessad, 163 000 places dans les établisse-ments de l’enfance handicapée, 22 000 places pour jeunes en établissements de type Chrs, environ 11 000 places dans le sanitaire, auxquelles s’ajoutent les accompagnements via les mesures d’AemO, dans les Cer-CeF, et des places dans les structures de la petite enfance…

2- Loi 2002-2 du 2 jan-vier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale ; loi handicap du 11 février 2005 ; loi du 5 mars 2007 réformant la pro-tection de l’enfance ; loi du 21 juillet 2009 hôpital, Patients, santé et territoires.

Un vent de transformation

souffle sur les structures

qui accueillent des jeunes

dans la Branche : un

contexte réglementaire en

évolution, une société et

des publics qui changent,

des budgets en baisse, des

territoires qui se renforcent,

des logiques de travail qui

émergent… Une nouvelle

dynamique est en marche

avec, en toile de fond, un

changement des

représentations et des

compétences à développer

chez les professionnels.

Un ac cueil des jeunesqui év olue avec la société

P rotection de l’enfance,

handicap, santé, la Branche

accompagne chaque jour

plus de 350 000 enfants et

adolescents dans ses établissements1.

et pour tous la même tendance : des

prises en charge de plus en plus indi-

vidualisées.

Nouveau paradigme Jean-Yves Barreyre, sociologue, direc-

teur du Cedias et du Crehai Île-de-

France, plante le décor : « La logique

même de l’entrée par la structure dans

l’idée de la loi de 1975 ne correspond

plus à la situation actuelle ». Une prise

de conscience émerge parce que la

société a évolué. « Les situations de

09Formation Santé Social N° 28Septembre 2013

Dossier

vulnérabilité ne peuvent être réduites

à des disciplines ou à des cliniques par-

ticulières et donc, encore moins à des

établissements particuliers. » Comment

alors se positionner ? « Les établisse-

ments s‘interrogent », explique Francis

Batifoulier, vice-président de l’Anmecs.

« Nous sommes dans une période de

basculement déjà perceptible depuis

plusieurs années mais qui se confirme

aujourd’hui ». Du côté des réponses,

les différentes lois2 venues bousculer

le secteur dans les années 2000 ont

intégré de nouvelles logiques, invitant

à plus de transversalité, plus de réseau,

plus d’interdépendance. reste à trou-

ver la bonne articulation entre les uns

et les autres sur le terrain. et pour cela,

apprendre à mieux se connaître. « Il

faut travailler ensemble tout en pré-

servant les compétences des uns et des

autres. La compétence d’un médecin ne

remplacera jamais celle d’un éducateur

et inversement » souligne Fabienne

Quiriau, directrice de la CnAPe.

Coresponsabilité et travail en réseau « Ce qui fait institution ce ne sont pas

les murs, c’est l’intelligence du travail à

plusieurs », relève François Delacourt,

président-adjoint de l’association des

iteP et de leurs réseaux. L’association

milite pour une diversification des

réponses pour les publics accueillis :

« Nous souhaitons que le parcours

de l’enfant, qui n’est pas une courbe

linéaire, prime par rapport aux logiques

de place en établissement ».

Parcours. Le mot est désormais pré-

sent sur toutes les lèvres. C’est bien

autour du parcours de vie du jeune

qu’il faut construire l’action avec une

véritable coordination. « L’enjeu stra-

tégique est de réussir à faire que des

professionnels d’un même territoire

s’accordent sur une coresponsabilité

du parcours pour éviter des actions

compartimentées au détriment d’une

approche globale de la personne, ex-

plique Francette Perruchot, adminis-

tratrice d'Unifaf (CFDt). Trop souvent,

il n’existe pas de fil rouge aux prises en

charge, pas de logique conductrice sur

le long terme, mais une succession de

réactions “ponctuelles” souvent liées à

un “épuisement” de l’équipe en charge

du jeune et, comme les interventions, les

décideurs se multiplient. »

Cette mise en réseau fait l’unanimité.

Céline Poulet, administratrice d’Unifaf

(Unifed-Fegapei), explique : « Cette né-

cessaire coordination dépasse le champ

du médico-social et doit se réaliser avec

tous les autres acteurs, l'école en priorité

et les autres lieux de vie au cœur de la

cité (centres de loisirs, crèches, CFA etc.).

Il nous faut aujourd'hui construire des

passerelles entre ces différents acteurs

pour inscrire le parcours personnel

dans la durée, éviter la rupture entre

les dispositifs ».

Un public en mutation si les associations s’interrogent

également, c’est qu’elles font face

à un public en mutation : la société

évolue, marquée par les difficultés

économiques, la diversification des

schémas familiaux, la révolution nu-

mérique. « Alors que l’on n’a jamais

autant parlé de cohésion, on assiste

dans le même temps à une véritable

dissipation sociale, rendant l’appren-

tissage des âges toujours plus difficile »,

souligne Jean-Yves Barreyre. « L’ac-

cueil de jeunes présentant des troubles

psychiques augmente et nous avons,

dans nos établissements, de plus en

plus de mal à faire vivre des collectifs

harmonieux », explique Francis Bati-

foulier. et puis la diversité des prises

en charge, si elle est positive, a

Un ac cueil des jeunesqui év olue avec la société

lexiquel ’ a i r eL’Association nationale des instituts thérapeutiques éducatifs et pédagogiques et de leurs réseaux propose un espace de rencontres et de réflexion aux établissements et services accueillant des enfants et adolescents qui présentent des difficultés psychologiques et dont l’expression, notamment les troubles du comportement, perturbe gravement la socialisation et l’accès aux apprentissages. www.aire-asso.fr

l ’ a n m e c s L’Association nationale des maisons d’enfants à caractère social regroupe plus de 160 établisse-ments. elle représente l’intérêt des meCs auprès des pouvoirs publics et défend leur identité spécifique tout en engageant une réflexion technique et clinique des accompa-gnements. www.anmecs.fr

l e   c é d i a s - 

m u s é e   s o c i a lLe CéDiAs-musée social est une fondation. sa réflexion porte sur les actions sociales et les grands problèmes sociaux. C’est un lieu de rencontres en lien avec de nom-breux organismes publics et privés. www.cedias.org

l a   c n a P eLa Convention nationale des associations de protection de l’enfant fédère une centai ne d’associations dans la protection de l’en fan ce, la justice juvénile, le médico-social, l’insertion sociale et/ou professionnelle, des groupe ments nationaux engagés auprès de l’enfant, de l’adolescent et des familles en difficulté, des bénévoles et des professionnels et une association nationale d’usagers. elle accompagne ainsi plus de 250 000 enfants, adolescents et jeunes adultes. elle contribue auprès des pouvoirs publics à une meilleure compréhension des besoins des populations et à l'élaboration des réponses. www.cnape.fr

l e   c r e a h i   

î l e - d e - f r a n c e Le Centre régional d’études et d’actions sur les handicaps et les inadaptations assure une mission d’observation et d’évaluation des besoins, d’évaluation des services rendus, d’accompagnement métho-dologique des schémas d’organi-sation sociale, d’accompagnement de projets, auprès d’associations, d’établissements ou de collectivités locales. www.creahi-idf.org

• • •

marie derain, Défenseure des enfants, promeut

l’intérêt et les droits de l’enfant définis par la loi

ou par un engagement interna tional de la France.

10Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013

Dossier

pour conséquence de réserver

les institutions à ceux qui connaissent

les difficultés les plus lourdes. « Les

professionnels qui travaillent dans

les établissements, et notamment les

centres éducatifs renforcés, accueillent

des jeunes aux comportements de plus

en plus violents. C’est un exemple parmi

d’autres mais qui nécessite, à mon sens,

un reparamétrage des formations »,

témoigne Jean-michel tavan, admi-

nistrateur d'Unifaf Île-de-France (Uni-

fed-synéas).

La formation, un enjeu majeur« On demande de plus en plus à nos pro-

fessionnels : gérer un groupe d’enfants,

faire de l’ambulatoire, construire le pro-

jet du parcours en lien avec les familles,

les partenaires (Éducation nationale,

psychiatres, Aide sociale à l'enfance…).

Pour les aider, la formation est incon-

tournable », explique François Dela-

court. Un avis partagé par Annie Lé-

culée, administratrice d'Unifaf (Cgt) :

« Même si la formation initiale leur a

apporté des références théoriques et des

indications de modalités d’intervention,

ces professionnels ont besoin de soutien

institutionnel, d’occasions d’échanges,

de mise en réseau pour dépasser les

nécessités d’une contenance physique

et offrir à ces jeunes et à leur famille des

parcours individualisés sécurisants. La

mise en place d’une action de formation

nationale (voir p. 19) sur ces enjeux est à

saluer comme le signe d’une préoccupa-

tion partagée tant pour les salariés que

pour le devenir de ces jeunes. C’est toute

l’expertise de la Branche professionnelle

qui est engagée ici . »

et pour complexifier un peu plus le

décor, les budgets sont à la baisse.

Comment faire mieux avec moins ?

telle est l’équation à résoudre, sans

jamais perdre de vue l’intérêt de

l’enfant. « L’enfant reste avant tout un

enfant », conclut Fabienne Quiriau.

« Ce n’est pas un enfant protégé, han-

dicapé ou délinquant. C’est un être à

part entière qu’il nous faut repenser

dans sa réalité propre ». .

Vous intervenez suite à la réclamation individuelle des enfants eux­mêmes ou de leurs représentants légaux ou encore d’associations qui défendent les droits des enfants. Sur quelles probléma­tiques êtes­vous le plus sollici­tée aujourd’hui ? Les questions de maintien de liens et

de contestations relatives à l’autorité

parentale – généralement les sépara-

tions conflictuelles de parents – repré-

sentent notre premier motif de saisine,

avec plus du quart de nos dossiers.

Votre champ d’intervention (santé,

handicap, protection de l’enfance)

constitue ensuite le deuxième sujet

avec plus de 10 % des demandes, puis

dans une forte proportion également

les questions en lien avec l’école. À

l’automne 2012, l’institution du Défen-

seur des droits a également réalisé une

opération particulière autour de l’ac-

cès aux cantines scolaires (difficultés

d’inscription, problèmes d’accessibilité

en termes de handicap…), à partir de

quelques réclamations reçues sur ce

sujet. notre travail commence avec les

réclamations individuelles et quand

nous constatons qu’une thématique

mérite de passer du traitement indivi-

duel à un traitement collectif, avec une

réflexion plus dense, plus complexe

et plus générale, nous changeons de

registre en proposant une véritable

opération.

De nouvelles demandes ont­elles émergé ces dernières années ? La question de la précarisation

devient très prégnante. Un certain

nombre de familles basculent, en rai-

son de difficultés liées à la pauvreté

ou à l’hébergement, dans des situa-

tions qui relèvent de la protection de

l’enfance. nous l’observons avec les

magistrats, les services sociaux. Or,

l’intervention en matière d’enfance

en danger ne peut pas reposer sur

de simples difficultés financières.

Dans une société où tout bouge vite,

la montée des incertitudes fragilise

beaucoup la relation parents-enfants,

et les enfants eux-mêmes. Avoir en

face de soi des interlocuteurs capables

de recevoir et de comprendre la

demande et manifestant la volonté

de trouver des solutions dans une

relation empathique, est essentiel.

et c’est aussi en cela que beaucoup

de personnes se tournent vers nous

et plus précisément vers les délégués

du Défenseur des droits présents sur

tout le territoire français.

e n t r e t i e n

“s’adapter au plus près des besoins des enfants”

• • •

11Formation Santé Social N° 28Septembre 2013

Dossier

Les établissements de la Branche travaillent de plus en plus dans une logique de réseau et de transversalité, de désinstitutionnalisation également. Quel regard por­tez­vous sur ces évolutions ? Les fonctionnements doivent être

beaucoup plus souples et permettre

d’aller d’une structure à une autre.

il faut développer

des réponses qui ne

rentrent pas stricte-

ment dans les projets

des établissements

et pouvoir faire des

pas de côté pour

répondre réellement

aux besoins des jeunes. sur la désins-

titutionnalisation, je suis partagée.

Comme tous les effets de balan-

cier, certains résultats globalisants

peuvent être négatifs. il faut savoir

pourquoi et pour qui on l’envisage.

en protection de l’enfance, certaines

situations peuvent être extrêmement

dramatiques et conduire à des cas très

graves de maltraitance. Pour ceux-là,

il serait complètement irresponsable

de parler de désinstitutionnalisation.

en revanche, sur des difficultés plus

ordinaires, la question mérite d’être

posée mais pas à n’importe quel prix,

avec - et seulement avec - un système

d’accompagnement en proximité des

parents ou de ceux qui accueillent

l’enfant par exemple. il faut penser

le fait que, certes, les institutions ne

répondent pas suffisamment parfois

en individualité, en proximité aux be-

soins des enfants mais qu’un certain

nombre d’entre eux ne peuvent être

ailleurs que dans des établissements

de placement. Du

côté du handicap,

il est peut-être plus

facile de l’envisager,

mais pas non plus

de manière systé-

matique, car il y a

des enjeux de tech-

nicité : comment permet-on à des

enfants non placés d’avoir accès sans

trop de complexité à des profession-

nels et des soins de qualité ? il faut se

garder d’une vision trop urbaine des

choses. il y a des familles très isolées

géographiquement par exemple et

pour lesquelles l’accès à ces services

est plus complexe.

La mission de votre institution vous permet de vous exprimer dans le cadre législatif et régle­mentaire des droits de l’enfant. Quelles recommandations

effectuez­vous notamment dans notre champ ?nous avons fait une série de recom-

mandations dans le rapport annuel

2011 consacré aux droits de l’enfant.

nous insistons sur la participation des

parents et des proches à la vie de l’en-

fant, sur une meilleure connaissance

du parcours des jeunes pour avoir des

dispositifs plus adaptés, des offres de

service diversifiées, particulièrement

pour ceux, dans la protection de l’en-

fance, qui ne rentrent pas justement

dans les clous, “les fameux incasables”.

Dans le champ du handicap, nos der-

nières recommandations ont porté

sur l’accès des enfants aux activités

extrascolaires : si on encourage de plus

en plus l’accès des enfants porteurs de

handicap à l’école aux activités extras-

colaires, c’est l’organisation sociale

de la famille toute entière que nous

encourageons, pour permettre par

exemple le retour au travail de mères

qui souvent ont cessé leur activité pour

s’occuper de leur enfant. L’institution

du Défenseur des droits est en place

pour six ans et nous avons ce luxe in-

croyable de pouvoir prendre le temps

de la réflexion sur des problématiques

globales. Ce recul est précieux sur des

sujets souvent graves qui méritent une

vraie réflexion en profondeur. .

« Il est indispensable

de pouvoir faire des

“pas de côté” pour

répondre aux besoins

de l’enfant. »

l e   d é f e n s e u r   

d e s   d r o i t s 

Créé par la loi organique du 29 mars

2011, le Défenseur des droits est une

autorité indépendante. Dominique

Baudis a été nommé Défenseur

des droits en 2011 pour six ans. il

assure les missions précédemment

exercées par le médiateur de la

république, la haute autorité de

lutte contre les discriminations de

la république (halde), la Commis-

sion nationale de déontologie de la

sécurité et le Défenseur des enfants.

marie Derain, adjointe du Défenseur

des droits, assure les fonctions de

Défenseure des enfants.

www.defenseurdesdroits.fr© David Delaporte

12Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013

Dossier

P a n o r a m a 

Quels sont les établissements qui accueillent des jeunes dans la Branche ?1  l a   P r o t e c t i o n   d e   l ’ e n f a n c e

2  l ’ e n f a n c e   h a n d i c a P é e

depuis 2007, une

croissance des effectifs

moyenne de 2,8 % par

an, mais avec un déclin

sur la dernière période

(- 0,7 % en 2011).

L’Aide sociale à

l’enfance et la justice

des mineurs sont les

deux principaux volets

du secteur.

L’Aide sociale à l’enfance, placée sous l’autorité et le financement du Conseil général comprend :≥ la protection des enfants

avant et à la naissance

(accueil mère-enfant, poupon-

nières… ) : 60 établissements

et 1 600 professionnels ;

≥ la protection des enfants

jusqu’à leur majorité (exception-

nellement jusqu'à 21 ans) ;

≥ plus de 1 000 maisons, foyers,

villages d’enfants… regroupant

près de 40 000 professionnels ;

≥ une centaine de services de

placement familial représentant

5 000 salariés ;

≥ des établissements

expérimentaux : 80 structures ;

2 000 professionnels.

Des établissements et services en lien avec la justice pour mineurs, habilités et financés par le ministère de la Justice : ≥ 150 établissements et

services (foyers d’action

éducative, centres éducatifs

renforcés, centres éducatifs

fermés, milieu ouvert…) ;

≥ 4 100 professionnels.

depuis 2007, une crois-

sance moyenne des

effectifs de 2 % par an.

Des activités très

spécialisées selon le

type de handicap.

L’éducation spéciale pour les situations de déficience mentale et polyhandicap comprend :≥ les instituts médico-éducatifs

qui accompagnent enfants

et adolescents atteints de dé-

ficience intellectuelle quel que

soit le degré. 1 060 établisse-

ments ; 53 900 professionnels ;

≥ les établissements et services

pour enfants et adolescents

polyhandicapés (association

d'une défi cience mentale grave

à une déficience motrice im-

portante) : une soixantaine

d’établissements ; 3 500 profes-

sionnels.

L’éducation spéciale pour les situations de troubles du comportement com­prend essentiellement : les instituts thérapeutiques,

éducatifs et pédagogiques

(iteP) : 250 établissements ;

11 600 professionnels.

L’éducation spéciale pour les situations de déficience motrice­cérébrale : une centaine d’établissements ;

6 200 professionnels

L’éducation spéciale pour les situations de déficience sensorielle (visuelle, auditive) : une centaine d’établisse-

ments ; 5 100 professionnels.

Les services à domicile ou ambulatoires comprennent : ≥ les services d’éducation spé-

ciale et de soins à domicile

(sessAD) dont l’intervention

vise à favoriser l’autonomie, dans

tous les lieux de vie de l’enfant

(domicile, école…) : 600 services ;

9 400 professionnels ;

≥ les centres médico-psycho-

pédagogiques (CmPP) dont

les services médico-sociaux

assurent des consultations,

2 130 établissements

et services

67 000 professionnels

soit environ 10 %

des salariés de

la Branche

La Branche

représente

71 % de la capacité

d’accueil nationale

2 900 établissements

et services

106 600 salariés soit 15 %

des salariés de

la Branche

La Branche

représente

85 % de la capacité

d’accueil nationale

13Formation Santé Social N° 28

DossierSeptembre 2013

Quels sont les établissements qui accueillent des jeunes dans la Branche ?

3  l ’ a i d e   À   l a   f a m i l l e

4  le  secteur   

des adultes et  familles   

en difficulté sociale

5   le  secteur sanitaire

Des services concourant à la protection de l’enfance, dans le cadre de mesures d’Aide sociale à l’enfance ou de mesures judiciaires qui accompagnent enfants et adolescents :≥ dans leur milieu familial :

285 services d’AemO

(action éducative en milieu

ouvert) regroupant

8 000 professionnels ;

≥ dans leur environnement :

plus de 300 clubs de préven-

tion ; 5 500 professionnels ;

≥ des services d’orientation

et d’investigation…

des diagnostics et des soins

ambulatoires pour des enfants

et adolescents de 0 à 20 ans.

300 établissements ;

7 300 professionnels.

≥ les Centres d’action médico-

sociale précoce (CAmsP) qui ont

pour mission de dépister et de

proposer une cure ambulatoire

et une rééducation pour des

enfants présentant des déficits

sensoriels, moteurs ou mentaux.

150 établissements et 2 900

professionnels accueillent

des enfants de 0 à 6 ans.

La Branche compte également

180 établissements d’héberge-

ment (5 300 professionnels), une

trentaine de classes adaptées, des

établissements expérimentaux…

Elle comprend entre autres : ≥ l’accueil de jeunes enfants dans des crèches

collectives, familiales, parentales et haltes-garde-

ries : 440 établissements ; 7 500 professionnels ;

≥ des centres de loisirs, maisons familiales de

vacances : 40 structures ; 650 professionnels.

Difficile de comptabiliser ce qui relève

directement de l’accompagnement d’enfants

ou d’adolescents mais la Branche compte des

établissements d’hébergement qui accueillent,

en urgence et sur des projets de plus long terme,

des familles. il en est de même pour les centres

d’accueil pour demandeurs d’asile.

si le secteur sanitaire accueille lui aussi

des jeunes au quotidien dans ses services,

il est très difficile de distinguer ce qui

les concerne spécifiquement.

Mais quelques activités emblématiques se distinguent :≥ les services de maternité de la Branche ;

≥ les services pédiatriques des centres

hospitaliers et des centres de lutte contre

le cancer ;

≥ les services de soins de suite, de rééduca-

tion, de réadaptation fonctionnelle spécialisés

en pédiatrie ; parmi les établissements de

soins de suite, l’enquête emploi 2012 compte

encore une dizaine de « maisons d’enfants

à caractère sanitaire » spécialisées dans le

polyhandicap, l’obésité ou les troubles

de l’apprentissage… ;

≥ des structures dédiées à la santé mentale :

hôpital de jour… ;

≥ quelques maisons des adolescents.

les Pr ofessionnels de l a Pr otection de l’enfance 

les  Pr ofessionnels du secteur enfance handic aPée 

27 %

des sala

riés

16 %

des sala

riés

12 %

8 %

7 %

6 %

4 %4 %

3 %

2 % 2 %

11 %

10 %

8 %

4 % 4 % 4 %3 %

2,2 %

• Éducateurs spécialisés • Moniteurs- éducateurs • Agents des services hôteliers et généraux • Assistants familiaux • Chefs de services • Psychologues • Surveillants de nuit • Maîtresses de maison • Directeurs d’établissement ou de pôle

• Éducateurs spécialisés • Agents des services hôteliers et généraux • Moniteurs-éducateurs • AMP • Psychologues • Psychomotriciens • Orthophonistes • Enseignants et enseignants spécialisés • Chefs de service • Directeurs d’établissement ou de pôle

source :enquête emploi 2012

20 000

15 000

10 000

5 000

0

20 000

15 000

10 000

5 000

0

14Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013

Dossier

U n centre d’action médico-

sociale précoce (CAmsP)

était déjà implanté dans

chaque préfecture de la

région Auvergne, mais il existait une

vaste zone grise – à l’intersection du

Puy-de-Dôme, du Cantal et de la haute-

Loire – dans laquelle les temps de dé-

placement, surtout en hiver, découra-

geaient de nombreuses familles de s’y

rendre. Comment, dans ces conditions,

organiser un accompagnement adapté

pour un enfant en situation de han-

dicap, ou susceptible de l’être ? Pour

répondre à cette question, l’APAJh 431

a créé, en 2011, une structure originale :

rezocamsp. installée à Brioude, au

nord-ouest de la haute-Loire, le centre

porte bien son nom : en phase avec les

directives de l’Ars (Agence régionale

de santé), il fonctionne en réseau afin

d’offrir aux familles une prise en charge

sur mesure. il s’agit du premier CAmsP

rayonnant sur trois départements.

Une équipe pluridisciplinairetout en bois et en verre, offrant des

espaces lumineux, colorés et fonction-

nels, le centre abrite une succession de

bureaux installés autour d’un espace

de balnéothérapie et d’un vaste hall

d’accueil. Une équipe pluridisciplinaire,

composée d’une douzaine de profes-

sionnels (médecin, psychologue, ortho-

phoniste, psychomotricien, ergothéra-

peute, kinésithérapeute, etc.), y reçoit

chaque enfant, quelle que soit la nature

de son handicap, et ses parents. elle

établit un bilan complet (médical, so-

cial…), puis identifie les problèmes et

les besoins propres à chaque situation.

« Ce travail collectif apporte une vision

globale des enfants. On se sent moins

isolé dans son champ de compétence »,

assure Laurence renaud, orthopho-

niste. « Cela évite aussi de commettre des

erreurs, renchérit le Dr richard Defay,

directeur médical du centre. Il faut être

modeste. Nous ne sommes pas dans une

optique de guérison, mais de compen-

sation, d’adaptation, de vivre avec… À

plusieurs, nous avons une compréhen-

sion plus fine du vécu des familles, du

côté pénible de leur quotidien. »

Pour être au plus près des familles,

les professionnels du centre n’hé-

sitent pas à se déplacer jusqu’à leur

domicile. « Cela nous permet de mieux

cerner leur environnement, explique

Aline raymondeau-Jayat, éducatrice

de jeunes enfants. C’est ainsi que nous

nous sommes aperçus qu’une petite fille

de quinze mois restait longtemps dans

son transat sans jouer, tant ses parents

avaient peur pour elle. Depuis, le travail

accompli avec la famille a permis à cette

enfant, même fragile, de progresser. »

La mutualisation des compétencesUne fois le “projet personnalisé d’ac-

compagnement” validé par les parents,

b r i o u d e

Un réseau fort au service de 40 enfantsRezocamsp est installé à Brioude, en Haute-Loire. Son

équipe pluridisciplinaire suit 40 enfants à risque ou en

situation de handicap (6 ans pour les plus grands), ainsi

que leurs familles, en mutualisant les compétences et

les moyens disponibles sur le territoire.

1- Association pour adultes et jeunes handicapés de haute-Loire.

photographies de haut en bas :richard Defay, médecin ; Aline raymondeau-Jayat, éducatrice de jeunes enfants ; Dominique Filiol, directrice de rezocamsp.

reportage réalisé par emmanuel thévenon

15Formation Santé Social N° 28Septembre 2013

Dossier

la cure ambulatoire peut commencer.

en moyenne, chaque enfant bénéfi-

cie de trois à quatre séances de trois-

quarts d’heure chacune par semaine.

elles sont assurées sur place par

l’équipe de rezocamsp ou, au choix de

la famille, confiées à un professionnel

en libéral plus proche de la résidence

de l’enfant. « Nous passons alors une

convention avec ce spécialiste, explique

Dominique Filiol, la directrice de l’éta-

blissement. Nous le payons directement,

grâce à une dotation globale que nous

verse l’ARS, et nous l’appelons réguliè-

rement afin qu’il nous donne son avis

sur l’évolution de l’enfant. » À l’inverse,

faute de confrère installé à proximité,

l’ergothérapeute du centre de Brioude

peut se déplacer à Ambert dans les

locaux du sessad (service d’éducation

spécialisée et de soins à domicile) pour

y réaliser un bilan.

Des conventions-cadres lient égale-

ment le centre à différents services

publics, comme le ChrU de Clermont-

Ferrand. « Au service de néonatalogie,

explique richard Defay, nous pouvons

rencontrer les parents de grands pré-

maturés avant leur sortie afin de leur

présenter l’intérêt d’un suivi au Rezo-

camsp. » De son côté, tous les deux

mois, un chirurgien orthopédiste du

ChU se rend à Brioude et reçoit trois

ou quatre familles dans la matinée.

La formation au cœur des pratiquesLa spécificité du centre de Brioude ne

s’arrête pas là. son ouverture a en effet

nécessité des investissements consé-

quents en formation. Avant d’être

nommée directrice, Dominique Filiol

avait une longue expérience d’assis-

tante sociale et une grande connais-

sance de ses futurs partenaires sur le

territoire, un atout capital pour exercer

sa nouvelle responsabilité. « Cepen-

dant, avoue-t-elle, pour répondre

aux exigences réglementaires, je me

rends cinq jours par mois à Lyon pour

suivre une formation Cafdes (Certificat

d’aptitude aux fonctions de directeur

d’établissement ou de service d’inter-

vention sociale) qui devrait prendre fin

en novembre 2014. Mon absence ne

perturbe pas trop le travail de terrain,

car l’équipe est très autonome et fonc-

tionne très bien. » Le directeur médical,

un ancien médecin généraliste exer-

çant en libéral, bénéficie du même

traitement : « La loi réservant ce poste

à des pédiatres ou pédopsychiatres, une

dérogation m’a été accordée. » en atten-

dant d’atteindre le niveau de compé-

tences requise, ce stagiaire nomade

part en formation huit semaines par

an, un peu partout en France (Paris,

montpellier, nancy, Lille, strasbourg,

grenoble…). Les autres membres

du personnel ont également suivi

des formations dans leur spécialité,

financées par Unifaf. Depuis l’ouver-

ture du centre, chacun a pu partir en

formation un ou deux jours par an

en moyenne, pour mettre à niveau

ses connaissances ou améliorer sa

pratique. Ainsi, isabelle marques, la

kinésithérapeute, s’est-elle formée

en pédiatrie car, exerçant jusqu’alors

en libéral, elle avait peu travaillé avec

des enfants.

enfin, en 2014, mutualisation oblige,

le centre devrait accueillir pour la

première fois dans ses locaux une

formation en orthophonie ouverte

aux orthophonistes salariés, mais aussi

aux professionnels exerçant en secteur

libéral. Le début d’une longue série ? .

Aline Lamboley, chargée de formation d’Unifaf Auvergne accompagne l'éta-blissement dans l'élaboration de son plan de formation.

1- maison d'accueil spécialisée2- service d'éducation et de soins spécialisés à domicile

Rezocamsp en bref

géré par l’APAJh 43, comme le CAmsP du Puy, le mAs1 d'Allègre et le

sessAD2 de Brive-Charensac, rezocamsp prend en charge toutes les

formes de handicap. Le but est d'améliorer la précocité du diagnostic,

d'assurer l'accès à une action médico-psycho-sociale précoce des enfants

de moins de six ans et l'accompagnement de leurs familles dans le cadre

de la cure ambulatoire. L’établissement articule le médico-social, le sani-

taire, le social et le pédagogique autour des besoins de l’enfant et de sa

famille. employant douze salariés, le centre est autorisé à suivre quarante

enfants en phase de traitement, auxquels s’ajoutent tous les enfants en

phase de bilan. Depuis sa création, en 2011, une centaine d’entre eux

ont été accueillis dans ses locaux.

16Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013

Dossier

l e s   P l é i a d e s

éducation et soin au programme

D e petits pavillons du

siècle dernier dispersés

dans un joli parc arboré.

Un havre de paix pour

jeunes filles tourmentées. C’est

là que sont accueillies des adoles-

centes en grande difficulté, confiées

par les juges des enfants ou les

services d’aide sociale à l’enfance.

L’établissement dispose de trois

services d’hébergement et d'un ser-

vice d’AemO1. « Nous sommes agréés

MECS mais le fait d’animer un service

en milieu ouvert permet un échange

très riche entre les professionnels qui

interviennent hors les murs ainsi que

dans l’institution. Cette multi-activité

fait notre force », explique Josiane

ripert, la directrice.

Un lieu éducatif où le soin est très présentPetit détour par le Pavillon saint-

exupéry. Douze jeunes filles sont

hébergées ici au sein du service

d’accueil observation et orientation.

La durée du séjour est en moyenne

de trois mois. Un temps durant le-

quel l’équipe éducative procède aux

investigations nécessaires (compor-

tement, relations familiales, scolarité-

formation) afin de proposer ensuite

au service placeur une orientation

adaptée, tant sur le plan du lieu de

vie que du projet scolaire ou profes-

sionnel.

À Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine, l’établissement les Pléiades

prend en charge des adolescentes qui rencontrent des difficultés dans

leur milieu familial, social et/ou scolaire, associées parfois à des troubles du

comportement et de la personnalité. À leurs côtés, une équipe de professionnels

motivés et passionnés, qui évolue dans un contexte où les transformations

sont multiples : société ultra connectée, schémas familiaux diversifiés, secteur

revisité… sur fond de restrictions budgétaires.

1- L’Action éducative en milieu ouvert est une mesure de protection de l’enfant vivant dans son milieu familial. elle intervient quand les conditions de vie de l’enfant sont susceptibles de le mettre en danger ou que ses parents ren-contrent des difficultés particulières dans leurs responsabilités édu-catives. Cette mesure est mise en œuvre par des services éducatifs à la demande de l’autorité administra-tive (le président du Conseil général par l’intermédiaire de son service de l’Aide sociale à l’enfance) ou judiciaire (le juge des enfants).

17Formation Santé Social N° 28Septembre 2013

Dossier

Parmi les profils accueillis, beaucoup

de jeunes passées, à un moment

donné, par un service de soins psy-

chiatriques. « Nous nous servons du

facteur court pour faire des investi-

gations dans tous les domaines. Nous

menons un travail d’analyse, de clinique

auprès des jeunes et avons développé

un véritable savoir-faire (deux médecins

psychiatres sont aujourd’hui attachés à

l’établissement). Mais attention, nous

ne sommes pas un service post-cure,

prévient Patricia de La Perrière, la di-

rectrice-adjointe. Notre terrain est bien

celui de l’éducatif auquel vient s’ajouter

de plus en plus la dimension du soin ».

Une réalité que les Pléiades essaient

de valoriser dans leur projet d’établis-

sement tout en revendiquant bien

leur étiquette éducative.

Un positionnement pas toujours

facile à affirmer devant l’autorité de

tutelle ainsi que devant les établis-

sements de soin spécialisés, mais

qui trouve sa légitimité du côté du

territoire.

Le relais, indispensable pour réussir La réalité du terrain démontre que

les frontières ne sont pas strictes

et que c’est bien par un travail en

étroite collaboration avec tous les

acteurs que l’on ressort gagnant de

situations parfois très difficiles.

À l’heure où la

tendance est de

sortir des insti-

tutions et de pri-

vilégier les sui-

vis externes, le

public accueilli

ici est souvent

celui qui n’a

pas trouvé la

solution dans

les nouveaux

m o d e s d e

prise en charge.

« I l existe au-

jourd’hui beaucoup d’AEMO renforcées,

de soutien à la parentalité… Le place-

ment apparaît de plus en plus comme

la dernière solution quand beaucoup

ont déjà été épuisées », rapporte

michèle Cochand, chef du service

d’accueil observation et orientation.

Arrivent alors aux Pléiades des jeunes

qui cristallisent toutes sortes de

problématiques. et pour réussir à

les accompagner, le travail en ré-

seau s’avère indispensable. « Nous

essayons de travailler le plus possible

avec le service placeur, avec la famille.

Et quand ça ne marche pas, c’est sou-

vent parce que nous nous sommes

retrouvés seuls

face à la situa-

tion. Nous tra-

vaillons avec un

public difficile

avec lequel il

faut du séquen-

tiel, de la sou-

plesse, du relais.

Sinon, nous pou-

vons rapidement

nous retrouver

dans une situa-

tion explosive.

Tous les acteurs

impliqués ont un intérêt partagé à

co-construire ».

Un langage commun pour assurer la continuité du projetDéjà dans cette dynamique, l’éta-

blissement a accéléré le mouvement

ces dernières années pour tisser des

liens avec des structures du soin

(qui manquent de plus en plus de

moyens), mais aussi avec

« Nous travaillons avec un

public difficile avec lequel

il faut du séquentiel, de la

souplesse, du relais. Sinon,

nous pouvons rapidement

nous retrouver dans une

situation explosive.

Tous les acteurs impliqués

ont un intérêt partagé à

co-construire »

de gauche à droite :Josiane ripert, directrice ;Patricia de la Perrière, directrice adjointe.

• • •

18Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013

Dossier

l’éducation nationale et les

écoles où sont accueillies les jeunes

filles pendant la journée, ou encore

avec la police… « Nous avons notre

propre façon de penser, de travailler

et nous accompagnons les jeunes dans

un processus de construction de leur

vie à un moment donné, puis ce sera

ensuite à un autre partenaire d’inter-

venir. Mais pour assurer la continuité

du projet, il faut que nous parlions le

même langage. Et pour cela, il faut

se connaître », témoigne Christian

Lemoine, éducateur spécialisé dans

le service d’accueil-observation et

orientation. « Aujourd’hui, le jeune est

connecté avec l’extérieur en continu.

Nous devons nous adapter en perma-

nence. Et pouvoir s’adapter, c’est aussi

partir à la rencontre d’autres profes-

sionnels, s’enrichir avec eux d’autres

connaissances, d’autres compétences »

poursuit l'éducateur qui a participé à

l'action collective "adolescents en dif-

ficulté" proposée par Unifaf (voir p. 19).

La relation avec la familleDes partenaires plus nombreux mais

aussi des relations plus développées

avec les familles. « La place de la famille

a changé. Nous tissons davantage de

liens avec elle. Le système sociétal re-

donne de la place aux parents. Avant,

nous étions dans le “tout institution”.

Parents et école étaient laissés de côté.

Mais aujourd’hui, avec l’évolution du

métier, la prise en compte de la famille

est bel et bien là. On parle même de

co-éducation », explique Patricia de

la Perrière. « Sans oublier que le but

ultime, c’est que l’enfant rentre chez

lui. » rappelle michèle Cochand. « Et

nous trouvons une vraie légitimité

auprès des familles, car en tant que

service d’hébergement, nous vivons

auprès de leurs enfants. Nous faisons

donc alliance avec elles. »

Un projet au service des jeunes Actuellement en pleine évaluation

externe, les Pléiades commencent à

travailler sur leur nouveau projet d’éta-

blissement 2014-2018, en lien avec

le projet départemental des hauts-

de-seine 2012-2018, qui demande

de diversifier les modalités d’accueil

en fonction des situations des jeunes.

« Et l’on retrouve bien là l’idée de la loi :

que les structures collectives s’adaptent

aux situations individuelles des jeunes »,

conclut Josiane ripert. .

Un établissement presque centenaire

Les Pléiades existent depuis 1920 et dépendent de l’association

henri-rollet qui gère également une autre structure dans les

hauts-de-seine. L’établissement prend en charge plus de 200 jeunes

à travers un service d’AemO (161 jeunes accompagnées de la naissance

à 18 ans) et trois services d’hébergement (65 jeunes sur du court

ou moyen séjour). soixante salariés, dont la majorité sont éducateurs

spécialisés pour l’encadrement des jeunes, constituent l’équipe.

de gauche à droite :michèle Cochand, chef du service d’ac-cueil observation et orientation ; Christian Lemoine, éducateur spécialisé.

• • •

19Formation Santé Social N° 28Septembre 2013

Dossier

Unifaf propose depuis cette année une action prioritaire nationale sur le thème de l’adolescence en difficulté. Une formation originale où les professionnels d’un même territoire mais de structures diffé­rentes se rencontrent et s’invitent dans leurs structures respectives.Au départ, un constat : un des écueils

majeurs auxquels se heurtent les établisse-

ments et les professionnels œu vrant au-

près des adolescents en difficulté est la

discontinuité de l’accueil et de l’ac com-

pagnement. souvent, les usagers fré-

quentent successivement plusieurs éta blis-

sements qui ont sur les territoires peu de

liens entre eux, et donc des possibilités

restreintes pour construire un projet

personnalisé autour du parcours du jeune.

Pour permettre aux professionnels d’amé-

liorer leurs pratiques et de diversifier leurs

modes de prise en charge, Unifaf propose

cette année une action de formation fon-

dée sur l’in terdisciplinarité. Les différents

types de struc tu res participantes se ren-

contrent et partagent leur expertise. Cet

échange est complété par des éléments de

formation. Les apports de l’action doivent

être appliqués en situation de travail pen-

dant les intersessions. Par ailleurs, un stage

d’une semaine dans un établissement

du même groupe (mais avec une activité

distincte) vient compléter les modules

de formation. L’amplitude de la formation

est de six à sept mois.

Public viséAu sein de chaque structure intéressée,

le directeur, un chef de service et deux

salariés issus de l’équipe médico-socio-

éducative.

Établissements concernés équipes médico-socio éducatives d’iteP

(institut thérapeutique, éducatif et péda-

gogique), de sessAD (service d’éducation

spéciale et de soins à domicile), d’ime

(institut médico-éducatif), de meCs

(maison d’enfants à caractère social),

de CeF (Centres éducatifs fermés), de

Cer (Centres éducatifs renforcés), de

FAe (Foyer d’action éducative) et d’AemO

(Action éducative en milieu ouvert).

Prise en charge100 % des coûts pédagogiques financés

par Unifaf.

Plus d’infosContactez votre service régional.

Et aussiLes services régionaux d’Unifaf proposent

différentes actions coordonnées pour les

professionnels du secteur. exemples : en

Languedoc-roussillon “Les institutions en

évolution”, en Champagne-Ardenne “Les

alternatives au placement”, en Lorraine “La

prise en charge des adolescents en meCs”. .

adolescents en difficulté Quel accompagne ment sur les territoires ?

Alors que les experts s’entendent sur la

triple nécessité d’un diagnostic précoce,

de l’accroissement du nombre des places

dans les structures d’accueil et du perfec-

tionnement de la formation des profession-

nels accompagnant ces publics, cette

action rencontre déjà un beau succès.

L’idée est d’apporter à chacun une meil-

leure connaissance de l’autisme, en met-

tant en perspective les recommandations

de la haute autorité de santé et de l’Agence

nationale de l’évaluation et de la qualité

des établissements et services sociaux et

médico-sociaux, afin d’accompagner au

mieux les personnes accueillies. L’OPCA

propose dans un premier temps de former

les équipes encadrantes (directeurs, chefs

de service), et ensuite les équipes éduca-

tives, médicales et paramédicales, ainsi que

les professionnels assurant l’accompagne-

ment des usagers ou qui en sont référents

(éducateurs spécialisés, infirmiers, psycho-

logues, psychomotriciens...). L’objectif est

de mieux connaître les troubles associés à

l’autisme pour mieux intervenir auprès des

personnes concernées, grâce à des apports

précis sur les modes de diagnostic et

d’évaluation, mais aussi sur des techniques

éducatives et d’accompagnement. il s’agit

de questionner également les pratiques à

la fois institutionnelles et personnelles des

acteurs en charge de ces publics. .

Pour en savoir plus et s’inscrire : Contactez votre service régional

autisme : les premières sessions ont commencé !Particulièrement impliqué dans la formation des équipes

au service des personnes autistes (voir FSS n°26 p. 6-7),

Unifaf poursuit son action à l'heure du 3e plan autisme.

a c t i o n s   c o l l e c t i v e s   n a t i o n a l e s 

20Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013

Dossier

Pourquoi la réédition de ce cahier ?Jean­Luc Salomé : Au moment de

la première édition en 2004, le cahier

avait rencontré un vif succès auprès

des professionnels et des étudiants,

jusqu’à épuisement des stocks ! Ces

regards croisés sur les problématiques

rencontrées sur le terrain restent

aujourd’hui encore d’actualité. La

question de la parentalité est fonda-

mentale dans la prise en charge des

usagers de notre secteur, ce qui est

partagé par nos principaux parte-

naires institutionnels dans le cadre

du volet sectoriel du Contrat de plan

régional de développement des for-

mations professionnelles (CPrDFP).

Aujourd’hui réimprimée, cette publi-

cation devrait contribuer à la réflexion

des professionnels, des étudiants et

des partenaires du secteur.

Jean­Marie Duriez : La réédition

d’un document de ce niveau est une

excellente initiative dans l’esprit de

la loi de 2002 réformant notre champ

professionnel et mettant en avant le

droit des usagers donc des parents

coéducateurs.

sans doute insuffisamment formés

sur le sujet durant leur formation ini-

tiale, les professionnels en lien direct

avec le public “au cœur du métier”

sont souvent en difficulté dans cette

dimension du travail. Avec ce cahier,

ils seront mieux outillés pour appré-

hender leur relation aux familles, plus

“au clair” dans une meilleure distance

pour élaborer leur action. Plus que

jamais la formation continue est indis-

pensable à nos métiers.

De nouveaux sujets autour de la problématique de la parentalité ont­ils émergé depuis la première parution ?Jean­Luc Salomé : Le cahier a été

réactualisé au regard des évolutions

législatives et des pratiques profes-

sionnelles depuis 2004. il a été enrichi

d’expériences nouvelles, innovantes

et expérimentales menées dans cer-

tains établissements de la région. La

question de la médiation familiale,

pratique qui s’est beaucoup dévelop-

pée ces dernières années, a également

été introduite en définissant les prin-

cipes éthiques et professionnels qui y

sont attachés. et puis, dans la mesure

où nous travaillons de plus en plus

auprès de familles venues d’autres

pays européens, voire d’autres conti-

nents, les équipes en place cherchent

à mieux appréhender les pratiques

culturelles et les modes de vie de ces

publics. Cette interculturalité conduit

les éducateurs à se former et à s’adap-

ter en développant notamment le tra-

vail en réseau.

Jean­Marie Duriez : Le contexte

économique et la transformation de

notre société rendent la probléma-

tique très actuelle. Face à la crise et ce

qu’elle traduit (insécurité de l’emploi,

précarité, pauvreté, etc.), et face à une

société en perte de repères, avec des

schémas familiaux désormais divers,

être parent devient de plus en plus

difficile. il faut trouver sa place. À

cela, il convient d’ajouter les modes

de communication (réseaux sociaux,

utilisation du téléphone portable) qui

bouleversent complètement nos

échanges. On assiste à une inflation

de la communication et, dans le

même temps, à une difficulté pour

certains parents de nouer des liens

avec leurs enfants.

« P a r e n t a l i t é ,   r e g a r d s   P l u r i e l s »

Être parent devient de plus en plus difficilePublié une première fois en 2004, le Cahier d’Unifaf

Nord-Pas de Calais1 “Parentalité, regards pluriels” est

en passe d'être réédité. La notion complexe qu’il

aborde intéresse à plus d’un titre des professionnels

en lien avec les familles et à la recherche de repères

pour mieux comprendre la relation parents-enfants.

Jean-Luc Salomé (Unifed-Synéas) et Jean-Marie Duriez

(CGT), administrateurs d’Unifaf Nord-Pas de Calais,

reviennent sur cette étude, aujourd’hui revisitée.

1- encore sous le nom de Promofaf à l’époque.

21Formation Santé Social N° 28Septembre 2013

Dossier

Comment la parentalité est­elle un vecteur de formation continue ?Jean­Luc Salomé : La parentalité et

l’approche des familles questionnent

constamment les professionnels de

notre secteur. Pour y répondre, plu-

sieurs actions de formation ont été pro-

posées par Unifaf aux adhérents pour

professionnaliser leurs équipes sur le

sujet. L’action coordonnée “Parenta-

lité, accompagnement des familles et

pratiques sociales” organisée en 2010

a ainsi été renouvelée en 2011 et 2012

(réunissant 89 stagiaires). Cette action

a non seulement permis de conforter

certaines pratiques et de renforcer la

professionnalisation des personnels

des établissements, mais aussi de favo-

riser l’échange de pratiques entre les

professionnels de terrain.

Jean­Marie Duriez : nous pouvons

également citer l’action prioritaire

régionale 2012 “La relation avec les

familles” qui, là aussi, a connu un

grand succès avec 72 participants.

nous constatons que les salariés des

établissements sont de plus en plus

confrontés à ce sujet, quel que soit

leur domaine d’intervention. Pour les

accompagner, les outiller et les former,

la délégation régionale paritaire d’Uni-

faf nord-Pas de Calais réfléchira, dans

le cadre de son plan d’actions 2014, à

aborder ce sujet dans les formations

collectives proposées aux adhérents,

en lien avec ses partenaires institu-

tionnels. .

Patrick Roquet est chef de service à la Maison d’enfants de Quesnoy­sur­Deûle dans le Nord­Pas de Calais. Il livre son regard sur la parentalité, notion fondamentale dans la construction de l’enfant mais délicate quand elle n’est pas maîtrisée. La relation aux familles est un sujet sur

lequel il pourrait parler des heures, tant le

sujet habite le quotidien de Patrick roquet

et de son équipe. « Et parce que chaque

situation est unique, chaque relation aux

parents est singulière et demande un effort

d’adaptation de la part des éducateurs. »

Une réalité souvent vécue comme difficile

au début. « On voit de jeunes profession-

nels arriver après leur formation, encore

pétris de représentations et confrontés à

des schémas familiaux qui leur échappent

totalement ». il faut alors être très attentif

à leur savoir, mais aussi à la manière dont

ils le positionnent auprès des familles qui,

en dix ans, ont évolué au même titre que

la société. « Les profils se diversifient et se

multiplient. Nous accueillons de plus en

plus de mineurs étrangers isolés, voire des

familles d'origine étrangère, ce qui implique

une nécessaire évolution des savoirs et des

pratiques professionnelles dans la prise

en compte de cette diversité culturelle. La

crise économique a également amplifié la

précarité de certaines familles déjà fragi-

lisées et des parents qui n'apparaissaient

pas dans notre champ d'action y figurent

aujourd’hui. »

Dans ce paysage, « la formation théorique

ne peut pas remplacer l’apprentissage sur

le terrain et son expérience propre, mais

elle s’avère un complément particulière-

ment utile. C’est de la responsabilité de

l’employeur de permettre au salarié d’ana-

lyser ses pratiques et de les confronter pour

ensuite mieux appréhender des situations

complexes ». .

“Parce que chaque situation est unique, chaque relation à la famille est singulière”

22Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013

Actualités de la formation

À lire…« L’accompagnement au quotidien des personnes déficientes visuelles »Josiane heyraud avec les textes  

de christianne almendros

éditions erès - 232 pages - 2013 - 14 €

«Je ne parlerai qu’à ma juge »Catherine sultan, éditions du seuil  

238 pages - 2013 - 19,50 €

éducatrices spécialisées

auprès de déficients

visuels et formatrices,

les deux auteures té -

moignent de leur

expérience profes-

sionnelle auprès

d’enfants aveugles de

naissan ce, aveugles tardifs, malvoyants

et adultes handicapés visuels. elles

montrent comment, en utilisant des

techniques palliatives, il est possible

pour ces personnes de construire des

représentations spatiales opérantes et

de développer leur autonomie dans

les divers contextes de la vie. Des clés

pour les professionnels et les proches

qui accompagnent au quotidien les

personnes déficientes visuelles et fa-

vorisent leur accès à une vie citoyenne.

Catherine sultan

est juge des enfants

depuis 1988, d’abord

à Douai, puis evry,

Paris et Créteil. Déta-

chée comme ensei-

gnante à l’école de la

magistrature de 1995

à 2000, elle est présidente du tribunal

pour enfants de Créteil depuis 2007.

Forte de sa pratique quotidienne de

la justice des mineurs, elle livre une

réflexion sur cette justice, sur les dif-

ficultés des famille, l’application du

code civil, et aussi le réseau de parte-

naires ouvrant sur l’accompagnement

socio-éducatif et thérapeutique. Face

à un monde où tout change la juge

insiste : le rapport de responsabilité

des adultes à l’égard de l’enfant doit,

lui, rester immuable.

La réforme annoncée devrait ainsi

« mieux orienter la formation profes-

sionnelle vers ceux qui en ont le plus be-

soin » et « faire de la formation un levier

de compétitivité pour l’ensemble des en-

treprises » a précisé François hollande.

Dans la foulée de cette conférence,

les services du premier ministre ont

immédiatement transmis aux parte-

naires “la feuille de route sociale” : un

document de 44 pages qui reprend

les conclusions des débats et qui liste

les travaux paritaires et les concerta-

tions tripartites et quadripartites de

l’année à venir. Le rendez-vous est déjà

pris avec les acteurs concernés pour

un bilan de cette feuille de route au

printemps prochain, lors de la grande

conférence sociale, devenue désor-

mais annuelle.

Trois objectifsDès l’ouverture, le chef de l’état a ap-

Le projet de loi concernant l’économie sociale et solidaire (ess) a été examiné

en Conseil des ministres à la mi-juillet. il devrait être débattu en octobre au

sénat pour un vote devant l’Assemblée avant fin 2013. Le projet s’articule au-

tour de trois principaux objectifs : « la reconnaissance de l’économie sociale et

solidaire, sa structuration et son développement ». La Banque publique d’inves-

tissement devrait jouer un rôle primordial dans la nouvelle architecture. elle

prévoit notamment de financer des projets du secteur à hauteur de 500 mil-

lions d’euros. Avec cette loi, Benoît hamon, le ministre délégué à l’ess, entend

que cette économie « soit au cœur de la stratégie de croissance » du pays. .

La seconde édition de la conférence sociale s’est

tenue à Paris les 20 et 21 juin derniers, devant

300 participants, représentants de l’État, des régions,

employeurs et syndicats de salariés. À cette occasion,

le président de la République a appelé à une réforme

de la formation professionnelle au service de l’emploi.

pelé à une réforme de la formation

professionnelle, “rendue encore plus

impérieuse” dans une France aux trois

millions de chômeurs (+ de 10 % de

la population active). trois objectifs

devront guider cette réforme : “ren-

forcer la contribution de la politique

de la formation à la sécurisation des

parcours professionnels”, “renforcer

le rôle de la formation profession-

nelle dans la compétitivité de notre

économie” et “simplifier et améliorer la

gouvernance des politiques de forma-

tion professionnelle”.

Développer l’alternanceParmi les outils plébiscités, François

hollande a insisté sur l’importance

de l’alternance dans la bataille pour

l’emploi. La nouvelle feuille de route

prévoit ainsi le lancement d’une

concertation sur le sujet. Objectif du

2 e   c o n f é r e n c e   s o c i a l e

la formation au service de l’emploi

é c o n o m i e   s o c i a l e   e t   s o l i d a i r e

le projet de loi bientôt devant le parlement

23Formation Santé Social N° 28Septembre 2013

À lire…« La professionnalisation des assistants familiaux »Laurent Cambon, éditions esF éditeur

157 pages - 2013 19,90 €

« Nouvelles pratiques d’écriture en travail social »Philippe Crognier, éditions esF éditeur

121 pages - 2013 - 14,90 €

Avec la loi du 27 juin

2005, « nous sommes

définitivement

passés d’une culture

de l’accueil familial

dévoué, peu gratifié et

peu gratifiant, à une

fonction essentielle

du champ de la pro-

tection de l’enfance : l’hébergement

et l’accompagnement d’un jeune en

difficulté par un salarié au sein de

sa propre cellule familiale ». Laurent

Cambon, directeur d’une association

parisienne qui gère plusieurs ser-

vices de placement familial, invite à

repenser les modalités de manage-

ment des assistants familiaux afin

d’intégrer la professionnalisation et

de modifier les représentations d’un

métier essentiel dans le dispositif

de protection de l’enfance.

Les travailleurs so-

ciaux trouveront

ici un ouvrage péda-

gogique pour se per-

fectionner dans le

champ des écrits

professionnels. « Des

écrits jamais statiques

ou conçus et réglés une fois pour

toutes » mais au contraire des écrits

qui « mutent au rythme des variations

du milieu professionnel et participent

aux métamorphoses du secteur et au

développement des pratiques nou-

velles ». Philippe Crognier met notam-

ment en évidence l’émergence de

références idéologiques importées,

associées à l’utilisation d’un vocable

spécifique influençant particulière-

ment les pratiques d’écriture en

travail social.

Les représentants de l’Union de syndicats et de groupements d’employeurs

représentatifs dans l’économie sociale (Usgeres) ont adopté en juin dernier

un nouveau nom : l’Union des employeurs de l’économie sociale et soli-

daire (UDes) et de nouveaux statuts afin « d’accueillir d’autres syndicats

d’employeurs de l’ess et ainsi, de représenter l’ensemble du champ multi-

professionnel de l’économie sociale et solidaire ».

Le synéas a rejoint ce nouvel ensemble mais conserve ses mandats

au sein de la Branche au titre de l’Unifed. Ce syndicat prendra d’ailleurs

la présidence d’Unifaf en janvier prochain. .

gouvernement : former 500 000 ap-

prentis au cours des trois prochaines

années. Autre grand volet de la fu-

ture réforme : le compte personnel

de formation dont la concertation

quadripartite engagée entre l’état,

les régions et les partenaires sociaux

sur le sujet devrait se poursuivre. Ce

compte devra notamment faciliter

l’accès à la formation des travailleurs

handicapés.

Formation de 30 000 chômeurs Le document détaille également le

plan de “formations prioritaires pour

l’emploi”, annoncé par le Premier

ministre lors de la conférence. Ce plan

devrait être mis en place dès septem-

bre 2013 et prévoit la formation de

30 000 demandeurs d’emploi supplé-

mentaires d’ici la fin de l’année. Côté

financement, “des engagements com-

plémentaires et des redéploiements

de l’état, du FPsPP (Fonds paritaire de

sécurisation des parcours profession-

nels) et des régions” sont envisagés.

Calendrier La nouvelle réforme devrait aboutir

avant la fin de l’année 2013 selon le

calendrier suivant : négociation d’un

accord national interprofessionnel à

partir de septembre pour un projet

de loi présenté en conseil des minis-

tres d’ici à la fin 2013 avant le vote au

parlement début 2014. .

l’Usgeres devient l’Udes

la feuille de route sociale s’articule autour de 7 chapitres

1 Démocratie sociale. 2 Mobiliser pour

l’emploi et la formation

professionnelle.3 Améliorer les

conditions de travail,

prévenir les risques

et améliorer la santé

des salariés. 4 Assurer l’avenir des

retraites et de notre

protection sociale. 5 Développer les filières

et anticiper les emplois

de demain.6 Moderniser l’action

publique pour conforter

notre modèle de services

publics. 7 Donner un nouveau

souffle à l’Europe sociale.

Portrait24Formation Santé Social N° 28 Septembre 2013

au chevet des nourrissons… et des mèresÀ la maternité de l’hôpital Saint Joseph-Saint Luc (Lyon), Maryline Rodot,

auxiliaire de puériculture depuis treize ans, accorde de plus en plus d’importance

à l’échange avec les parents des nouveaux nés comme avec les élèves auxiliaires.

À 52 ans, maryline rodot

ne se lasse pas

d’accom pagner les

parents et leur nou-

veau-né dans leurs premiers instants.

Avec toujours la même émotion : « La

plus belle récompense est de les voir par-

tir rassurés sur leur capacité à s’occuper

de leur bébé. » sans doute parce que

cette vocation a mis du temps à se

concrétiser. Après avoir obtenu son

diplôme d’auxiliaire de puériculture,

faute de trouver immédiatement un

poste, la jeune femme a été recrutée

comme aide-soignante au service de

chirurgie OrL du Centre hospitalier

saint Joseph-saint-Luc. De retour

d’un congé parental de trois ans, elle

intègre le service de cardiologie puis

celui de pneumologie : « Pendant ces

années, j’ai beaucoup appris du tra-

vail en binôme avec les infirmières, la

collaboration au sein d’une équipe de

soin et l’importance du relationnel avec

les adultes, surtout quand il s’agit de

grands malades. » raconte-t-elle.

L'importance de la communicationCette longue expérience forgée sur

le terrain se révèle précieuse lorsque

maryline rodot rejoint la maternité en

2000, réalisant son rêve. sa fonction

est bien loin de se résumer aux soins

d’hygiène et de confort du nourris-

son. Une partie de ses gestes profes-

sionnels, elle doit les transmettre aux

nouveaux parents pour préparer le

retour à domicile : « Il faut être dans

l’observation et dans l’écoute pour

adapter ses conseils à chaque person-

nalité. » C’est d’ailleurs cette dimen-

sion de communication qui évolue le

plus dans son métier ces dernières

années ; les parents posent quantité

de questions, sollicitent davantage

son appui. Au cœur de ces interroga-

tions : l’allaitement, devenu un enjeu

central pour les mères. Pour mieux

l'appréhender, maryline a suivi en

2009 une formation sur le sujet : « Il

existe aujourd’hui une forme de pression

sociale qui les incite à penser qu’une

mère parfaite doit allaiter. Ce qu’elles

ont pu lire sur le Net suscite une cer-

taine angoisse. Auparavant, il y avait

une transmission de mère à fille assez

réaliste de ce qu’est la maternité; dé-

sormais, ce passage de connaissances

se fait aussi par Internet, les magazines

ou les copines et c’est notre rôle de les

aider à faire la part des choses et de

les rassurer. »

S'enrichir et transmettreAprès plus de trente ans à saint Jo-

seph, maryline rodot n’a guère en-

vie de quitter la pouponnière. elle

pourrait poursuivre sa carrière dans

une crèche mais le développement

psychomoteur de l’enfant l’intéresse

moins que l’accueil des nouveau-nés.

elle envisage d’ailleurs certaines for-

mations pour enrichir sa pratique pro-

fessionnelle, comme “Le massage du

bébé”ou “La réanimation du bébé en

salle de naissance”, pour mieux répon-

dre à l’évolution des demandes de la

parentalité.

Lorsqu’en 2010, on lui propose de

devenir évaluatrice d’élèves auxili-

aires de puériculture et d'intervenir

dans le module “communication”, elle

n’hésite pas : « Voir comment les jeunes

appréhendent les échanges avec les par-

ents à partir de cas concrets rencontrés

dans leurs stages est aussi une façon

de réfléchir sur mon métier… » Une

façon, à sa manière, de transmettre

ses connaissances aux futures profes-

sionnelles..

Nathalie Quéruel

Parcours

Sept. 1981 :certificat

d’apti tude

aux fonctions

d’auxi liaire de

puériculture.

Oct. 1981 : 1er poste d’aide-

soignante au

Centre hospita-

lier saint

Joseph-saint

Luc de Lyon.

2000 : auxi-

liaire de puéri-

culture à la

maternité de

saint-Joseph-

saint Luc.

2010­2011 : évaluatrice des

élèves auxiliai-

res puéricultri-

ces de l’école

rockefeller de

Lyon, pour le

module « Com-

munication ».

Formations suivies1983 “Vivre et

mieux travailler

avec son corps"

1986 "Le

som meil dans

l'hygiène de vie"

1998

"Diagnostic

infirmier,

transmissions

ciblées"

2005 "rôle

de l'auxiliaire

de puéricul-

ture dans la

prévention des

affections noso-

comiales"

2009 “L'allaite-

ment des nou-

veaux-nés”