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Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture Première évaluation de la structure et de l’importance du secteur avicole commercial et familial en Afrique de l’Ouest Synthèse des rapports nationaux Bénin Cameroun Mali Niger Sénégal Togo juin 2006 Dr Charles-Eric BEBAY Consultant international [email protected]

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Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture

Première évaluation de la structure et de l’importance du secteur avicole commercial et familial en Afrique de

l’Ouest

Synthèse des rapports nationaux

Bénin Cameroun

Mali Niger

Sénégal Togo

juin 2006

Dr Charles-Eric BEBAY Consultant international

[email protected]

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Remerciements

Le Consultant International remercie tous ses collègues consultants nationaux1 qui ont élaboré les rapports pays. Ses remerciements s’adressent également aux Représentations de la FAO du Bénin, du Cameroun, du Mali, du Togo et du Sénégal pour leur concours. Enfin, il remercie tout particulièrement le personnel FAO des services AGAP, AGAH et TCEO pour leur franche et fructueuse collaboration.

1 Dr Fanou du Bénin, Dr Ngatchou et Teleu du Cameroun, Dr Adama TRAORE du Mali, Dr Hadji TRAORE du Sénégal et Mr Badjé Yawo du Togo

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Sommaire

Liste des sigles …………………………………………………………………………………………………..4

Résumé……………………………………………………………………………………………………………5

Introduction ……………………………………………………………………………………………………….6

Système de production et analyse économique de la filière………………………………………………...7

Organisation de la filière ………………………………………………………………………………………26

Mesures ad hoc et impacts de la grippe aviaire sur la filière………………………………………………28

Conclusion……………………………………………………………………………………………………….29

Annexes ……………….. ………………………………………………………………………………………30

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Liste des sigles

ACSA : Agent Communautaire de Santé Animale

AVSF : Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières

CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest

IAHP : Influenza Aviaire Hautement Pathogène

IDH : Indice de Développement Humain

MNC : Maladie de Newcastle

OAC : Œufs à Couver

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PIB : Produit Intérieur Brut

RIR : Rhodes Island Red

TEC : Tarif Extérieur Commun

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

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Résumé

Le présent document est la synthèse des rapports nationaux sur la thématique importance et la structure de l’aviculture commerciale et familiale en Afrique du Centre et de l’Ouest. Cette étude qui concerne le Bénin, le Cameroun, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo se présente en trois parties : la première partie traite des systèmes de production et de l’analyse économique de l’aviculture dans ces pays. Deux systèmes de production coexistent : l’un traditionnel plus ou moins amélioré, exploitant les races locales, l’autre commercial ou encore « moderne » avec des niveaux de production très variés selon les pays. Le Cameroun et le Sénégal présentent le secteur commercial le plus important des pays retenus pour la présente étude. Ce secteur est particulièrement dépendant des importations d’œufs à couver (OAC) ou de poussins, d’intrants vétérinaires, d’équipements d’élevage ce qui réduit fortement sa compétitivité face aux importations de viandes volailles. Seul le « volet » production d’œufs de consommation, essentiellement grâce aux investissements privés, semble résister à ces difficultés. Le système de production traditionnel plus ou moins amélioré est le plus répandu. Il est pratiqué par la quasi-totalité des paysans et représente un important pilier alimentaire et économique des familles rurales pauvres.

La deuxième partie traite de l’organisation de la filière. Dans tous les pays existent des initiatives de regroupement des acteurs de la filière avicole sous l’impulsion du secteur commercial. Les objectifs de ces regroupements aux formes diverses (interprofession, syndicats..) et aux degrés de structuration variés (groupement, union, fédération…) sont essentiellement de deux types ; l’allègement des conditions d’importation des intrants et le durcissement des conditions d’importation des produits avicoles (viandes et œufs et de consommation...). Face aux enjeux socio-économiques ainsi que ceux liés à la sécurité alimentaire, il existe dans chaque pays une réflexion partagée entre pouvoirs publics et promoteurs pour développer la filière commerciale. La promotion de l’aviculture familiale fait l’objet d’une attention des Etats qui, avec l’aide de la solidarité internationale, en font un outil de lutte contre la pauvreté.

Enfin, la troisième partie rappelle les mesures prises par chaque pays dans le prévention/lutte contre la grippe aviaire. A partir des plans d’urgence élaborés, ces mesures se rejoignent sur la nécessité de renforcer les capacités des laboratoires et des services d’épidémiosurveillance, d’information des populations et d’indemnisation, le cas échéant, des producteurs affectés. Une bibliographie ainsi que de nombreux tableaux ont été fournis en annexe.

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Introduction

En raison de ses conséquences connues tant sur les élevages avicoles que potentiellement sur la santé humaine, l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) représente à juste titre une véritable menace. L’apparition de la maladie sur le continent africain en février 2006 a accentué cette dernière, débouchant sur une série de mesures prises ou en cours de l’être par les Gouvernements avec l’assistance des organisations internationales, en particulier la FAO. Même si jusqu’à présent l’Afrique de l’Ouest a été relativement préservé malgré les foyers déclarés à ce jour au Nigeria, au Niger, au Cameroun, au Burkina, et en Côte d’Ivoire, la maladie reste un réel défi en raison même de la structure et de l’importance de l’aviculture dans ces pays, mais également des relations commerciales importantes qu’ils entretiennent.

Grâce aux concours des acteurs de la filière, des Gouvernements des pays impliqués dans l’étude et des consultants nationaux, la FAO a souhaité dresser un premier état des lieux des filières avicoles dans certains pays. Ce travail s’intéresse à la fois à l’aviculture commerciale et à l’aviculture familiale car leur importance dans la sécurité alimentaire et la propagation de l’IAHP est complémentaire et distincte.

Nous retiendrons l’extrême difficulté rencontrée par les consultants nationaux, notamment dans la récolte d’informations relatives aux races et aux effectifs exploités durant les cinq dernières années, confirmant ainsi tout l’intérêt de ce premier travail au moment où la menace de l’IAHP se précise. Enfin, dans le cas du Niger, seule a été réalisée une synthèse bibliographique.

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Présentation du secteur avicole

Chapitre I - Systèmes de production et analyse économique de la filière

1. Description des ressources génétiques aviaires locales

Dans l’ensemble, les ressources génétiques aviaires en Afrique de l’Ouest sont principalement représentées par la poule locale domestique (Gallus gallus domesticus). Il s’agit d’un animal rustique de petit format (1 kg pour la femelle et 1,5 pour le male) qui atteint l’âge adulte à l’âge de six mois environ. La poule domestique a subi de profondes modifications génétiques liées aux nombreux croisements pour certains initiés par des projets de développement de l’aviculture villageoise. Les coqs utilisés à cet effet sont pour la plupart des RIR avec parfois l’obtention de produits aujourd’hui reconnus « standard » comme le Wassa-Ché, (métis ¾ RIR et ¼ Koko Ché) au Mali2.

Il est donc très difficile de caractériser la poule locale mais sa particularité caractéristique est, à l’instar des autres espèces aviaires exploitées, sa grande variabilité génétique. Il existe des particularités phénotypiques connues et parfois exploitées pour leurs caractéristiques. On peut ainsi noter la poule frisée et la poule au cou nu.

La deuxième espèce aviaire la plus fréquemment rencontrée est la pintade (Numida meleagris). La zone d’étude correspond à celle de l’Afrique où la pintade est traditionnellement très présente. Il s’agit essentiellement de la pintade sauvage domestiquée. Son absence dans certaines régions (souvent les régions méridionales humides des pays concernés) est liée aux conditions climatiques. Très peu d’interdits, comme le poulet et contrairement au canard, ont été identifiés sur cet animal.

Dans la plupart des pays, les canards (Cairina sp.) sont la troisième espèce aviaire la plus exploitée. Cependant leurs effectifs restent très inférieurs à ceux des poules et des pintades. En l’absence de statistiques fiables, certains auteurs considèrent comme comparables les effectifs de dindes et de canards, notamment dans les pays ou les régions situées loin des côtes. L’élevage des autres ressources génétiques locales montre l’existence des pigeons locaux.

2. Espèces et effectifs avicoles exploitées

Toutes les espèces aviaires locales citées plus haut sont exploitées depuis toujours par des familles rurales paysannes selon des systèmes d’élevages qui ont relativement peu évolué. Ce type d’élevage constitue encore l’essentiel des effectifs des cheptels avicoles de ces pays. Les animaux sont élevés à la fois pour les œufs et la chair, la divagation est de règle, tout comme la mixité des espèces dans le même élevage. Ce système d’exploitation caractérise l’élevage avicole classiquement qualifié de « traditionnel » et fréquemment rencontré en zone rurale.

Avant les indépendances se pratiquait déjà en Afrique de l’Ouest une aviculture exploitant les ressources génétiques importées. Elle a constitué le point de départ de ce qui est aujourd’hui qualifié de secteur « moderne » ou « commercial3 » dont les variantes sont nombreuses tant en ce qui concerne les modes d’élevage que les races et les effectifs exploitées. L’essentiel de ces exploitations se trouvent en zone périurbaine. L’espèce la plus exploitée est la poule (chair et ponte) puis largement après, dans un ordre dont les faibles effectifs ne permettent pas de les classer, les canards, les autruches, les cailles….

Il est désormais acquis de classer les élevages avicoles en systèmes classés de 1 à 4 selon un ensemble de critères comme le montre le tableau 1 suivant.

2 Centre de recherche zootechnique de Sotuba 3 En réalité, les deux types d’aviculture ont chacun un caractère commercial. La différence est que en aviculture moderne, les animaux d’un même âge sont conduits en bande et leur production (chair, œufs) sont exclusivement destinés à la vente tandis qu’en aviculture familial, aux ventes s’ajoutent une part d’autoconsommation et les dons. De plus, les animaux peuvent être vendus ou donnés à tout âge.

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Tableau 1 : caractéristiques des élevages avicoles selon les systèmes (FAO, 2004)

Type de système

Critères Système 1 Système 2 Système 3 Système 4

Niveau de biosécurité

Elevé Moyenne - élevée

Faible Inexistant ou très faible

Destination des produits avicoles

Exportation, urbaine

Urbaine/rurale Urbaine/rurale Rurale/urbaine

Importance des intrants Élevée Élevée Élevée Faible

Importance de la qualité des voies de communication

Élevée Élevée Élevée Faible

Implantation En périphérie des grandes villes

En périphérie des grandes villes

Villes moyennes ou zones rurales

Partout, essentiellement dans des zones éloignées ou enclavées

Mode d’élevage Enfermées Enfermées Enfermées/semi-divagation

Essentiellement en divagation

Bâtiment Fermé Fermé Fermé/ouvert Ouvert

Contact avec d’autres poulets

Aucun Aucun Oui Oui

Contact avec les canards

Aucun Aucun Oui Oui

Contact avec d’autres volailles domestiques

Aucun Aucun Oui Oui

Contact avec la faune Aucun Aucun Oui Oui

Soins et conseils vétérinaires

Internes Externes Externes

Irréguliers, dépendent des services vétérinaires publics

Approvisionnement en vaccins

Marché (liberal)

Marché (liberal)

Marché (liberal) Etat/Marché (liberal)

Source d’informations à caractère technique

Multinationales nationales spécialisées

Vendeurs d’intrants Vendeurs d’intrants Services de

vulgarisation

Financement Banques/fonds propres

Banques/fonds propres

Banques/circuit informel4/programmes d’assistance

Banques/fonds propres/programmes d’assistance

Race exploitée Améliorée Améliorée Améliorée Rustique +/- métissée

Niveau de sécurité alimentaire des producteurs

Elevé Bonne Bonne Bonne ou faible

Afin de mieux exploiter les chiffres présentés dans certains tableaux de ce document, il convient d’expliquer le sens des mentions ci-après :

- la mention du chiffre zéro indique que l’information a été communiquée et que le chiffre est réellement de zéro ;

4 Usuriers, familles…..

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- la présence des pointillés (----) indique que l’information n’a pu être fournie car inexistante ou inaccessible par les consultants.

Les tableaux suivants montrent l’évolution des effectifs de volailles selon les unités administratives des pays.

Tableau 2 : effectif de volailles selon les pays (toutes espèces et tous systèmes confondus) 2001 2002 2003 2004 2005

Bénin 13 075 240 13 646 735 16 950 933 15 360 171 16 689190 Cameroun 44 929 262 Mali5 22 000 000 23 000 000 24 850 000 27 150 000 28 400 000 Niger Sénégal -------- --------- -------- 27 867 860 --------- Togo 6 347 027 6 103 333 6 355 968 5 744 754 10 000 000 Source : rapports consultants nationaux (mai 2006)

2.1 Effectifs annuels de pondeuses et de poulets de chair selon les pays

Tableau 3 : poulets6 de chair et pondeuses exploitées selon les pays (système 1 à 3) 2001 2002 2003 2004 2005

Bénin total Dont pondeuses

1 150 916 650 902

1 305 270 654 560

3 907 901 757 351

1 976 252 683 145

2 907 938 635 054

Cameroun total7

Dont pondeuses -------

---------------

---------------

---------------

--------19 929 262 3 000 000

Mali total Dont pondeuses ------ ------

850 000------

1 150 000------

1 400 000-------

Niger total Dont pondeuses

43 200 40 000

Sénégal total Dont pondeuses

6 115 3171 324 862

5 174 2551 369 660

4 694 0331 190 598

5 284 6671 289 788

6 907 679 1 605 736

Togo total Dont pondeuses

123 46789 292

123 91089 485

153 245110 440

147 222121 222

176 272 150 525

Source : rapports nationaux (mai 2006)

2.2 Autres espèces aviaires exploitées en élevage moderne (système 1 à 3)

Tableau 4 : effectifs aviaires exploitées autres que la poule (système 1 à 3) 2001 2002 2003 2004 2005

Bénin PintadesDindons

117 130128 866

113 473132 862

143 100 99 932

129 78183 130

145 448 69 054

Cameroun8

CanardsDindes

Pigeons/pintades/oies

194 57910 557

100 063

------------

-------

------------

-------

------------

-------

------ ------

------- Mali ----- ------ ------ ------ ------ Niger ----- ------ ------ ------ ------ Sénégal ------ ------- -------- -------- -------- Togo Canards Cailles Autruches

------------

-------

------------

-------

------------

-------

------------

-------

------ ------

------- Source : rapports nationaux (mai 2006)

5 Les effectifs des années 2001, 2002 ne concernent que les effectifs de volailles villageoises 6 Y compris les parentaux7 Seules les données de 2005 sont disponibles 8 Données de 1998, les seules fournies.

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A l’exception du Bénin, les effectifs de volailles autres que les poules ne sont pas communiqués. Aux réalités d’une rareté de statistiques sur le cheptel en général s’ajoutent tout particulièrement pour les autres espèces, le fait qu’il s’agit souvent de troupeaux de petites tailles dont l’exploitation est très irrégulière.

3. Localisation et nombre d’exploitations selon la typologie FAO (secteur de 1 à 4) par unité administrative notamment pour les secteurs 1 à 3

Tableau 5 : nombre total d’exploitations par pays les cinq dernières années (secteur 1 à 3) 2001 2002 2003 2004 2005

Bénin 217 252 285 315 266 Cameroun ------ ----- ------ ------- 619 Mali ------ ------- 251 275 326 Niger ------ ------- ------ ------- 25 Sénégal --------- --------- --------- --------- --------- Togo 67 72 82 87 155

Source : rapports nationaux (mai 2006)

Il arrive que le nombre d’exploitations avicoles soit nettement plus important en 2005 (Togo, Mali), cela traduit certes l’augmentation de l’activité par un plus nombre de personnes mais également la réalité d’une information de meilleure qualité en 2005, certaines exploitées n’ayant été « comptabilisées » pour la première fois qu’en 2005. Dans le cas du Cameroun, les chiffres donnés se limitent à la dernière année et les exploitations retenues sont celles qui correspondent à un décret datant de 1975. Le nombre d’exploitations est sûrement bien plus important que celui indiqué ici. Les informations obtenues du Mali ne sont disponibles qu’à partir de 2003. Enfin, celles du Sénégal n’ont pu être communiquées.

3.1 Détail des effectifs annuels des exploitations avicoles selon les systèmes d’élevage 1 à 3

La dernière colonne donne le total des exploitations par région pour l’année 2005 que l’on pourrait dorénavant considérer comme année de référence. Certains rapports nationaux ont fournis des informations pour l’année 2006 que nous n’avons pas retenues car celle-ci étant en cours. Dans ce cas, elles ont été comptabilisées en 2005.

Au Bénin

Système 1 Système 2 Système 3

Département 01 02 03 04 05 01 02 03 04 05 01 02 03 04 05 Total 05

Atacora Donga 0 0 0 0 0 1 0 0 2 2 3 4 3 2 1 3

Atlantique littoral 3 4 7 5 5 30 36 49 65 46 57 67 80 97 83 134

Borgou Alibori 1 1 1 1 2 1 2 1 3 1 2 2 3 2 3 6

Mono Couffo 1 1 1 1 1 2 7 7 4 3 44 45 44 27 9 13

Ouémé Plateau 3 3 2 5 5 8 12 17 14 13 30 27 27 33 37 55

Zou collines 1 1 2 1 0 7 9 11 13 15 23 31 30 40 40 55

Total 9 10 13 13 13 49 66 85 101 80 159 176 187 201 173 266 Source : rapport national Bénin (mai 2006)

Les exploitations sont essentiellement de type 3 (+ de 65% des élevages en 2005). Cette proportion est probablement supérieure car la distinction système 2/système 3 est relativement peu stricte dans de nombreux cas.

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Au Cameroun

Tableau 7 : répartition géographique des exploitations avicoles selon le système d’élevage au Cameroun en 2005

Province Système 1 Système 2 Système 3 TOTAL

Adamaoua 0 2 6 8

Centre 7 2 14 23

Est 0 1 3 4

Extrême Nord 0 1 3 4

Littoral 23 86 37 146

Nord 0 0 11 11

Nord-Ouest 0 2 63 65

Ouest 34 44 152 230

Sud 0 0 0 0

Sud -Ouest 13 11 104 128

Total 77 149 396 622

Source : rapport national (mai 2006)

Seule l’année 2005 fournit des chiffres qui renseignent sur la répartition et l’importance relative des différents systèmes d’élevage avicoles au Cameroun. La prédominance des élevages de type système 3 se confirme avec + de 64% en 2005.

Au Mali

Les données existantes ne permettent pas de distinguer ni en 2005, ni pour les années antérieures la ventilation des élevages modernes selon la typologie des systèmes 1, 2 et 3. Au Mali, plus de 97% des élevages ont moins de 10 000 sujets, il est peu probable d’avoir des élevages de type 1, à l’exception d’une exploitation signalée à Bamako. Comme dans la plupart des pays, la quasi-totalité des exploitations sont plutôt de type 3, parfois 2.

Au Sénégal

Les informations recueillies au Sénégal n’ont pas permis, comme dans le cas du Mali, de ventiler les exploitations selon leur appartenance à un système. Toutefois, les performances techniques et les niveaux de production de l’aviculture sénégalaise étant parmi les meilleurs des pays étudiés, l’on peut aisément penser qu’ils s’y trouvent probablement quelques fermes de type 1. Cependant, l’on devrait retrouver, à l’instar des autres pays, une prépondérance des systèmes 3 et 2.

Au Togo

La majorité des élevages modernes au Togo sont plutôt de type 2 et 3.

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4. Effectifs de volailles et répartition par unité administrative

4.1 Elevage traditionnel

Au Bénin

Tableau 8 : répartition annuelle et départementale des effectifs de volailles villageoises au Bénin EFFECTIFS

Départements 2001 2002 2003 2004 2005

Atacora - Donga 1 250 337 1 292 838 1 378 150 1 416 778 1 603 298

Atlantique - Littoral 1 782 534 1 861 266 1 982 809 2 059 597 2 286 302

Borgou - Alibori 2 155 299 2 248 563 2 384 638 2 476 513 2 718 878

Mono - Couffo 1 910 658 1 964 562 2 091 277 2 111 392 2 309 480

Ouémé - Plateau 2 196 483 2 255 841 2 359 210 2 415 490 2 619 860

Zou - Collines 2 383 017 2 472 060 2 603 916 2 691 230 2 028 932

Total 11 678 328 12 095 130 12 800 000 13 171 000 13 566 750

Source : rapport national (mai 2006)

Les effectifs de volailles villageoises ont peu augmenté durant les cinq dernières années : + 16% malgré les programmes d’assistance mis en œuvre. Il faut cependant relativiser cette faible progression car les statistiques restent très faiblement suivies.

Au Cameroun

Tableau 9 : répartition provinciale des effectifs de volailles villageoises au Cameroun en 1988 et 1989

Effectifs

Provinces 1988 1989

Adamaoua 320 303 360 539

Centre 1 456 899 1 813 173

Est 223 793 62 482

Extrême Nord 1 217 338 741 682

Littoral 1 290 599 4 709 898

Nord 406 638 376 434

Nord-Ouest 842 000 740 020

Ouest 3 772 907 3 624 950

Sud 338 865 387 921

Sud -Ouest 194 822 210 449

Total 10 064 164 13 027 548 Source : rapport national (mai 2006)

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Au Mali

Tableau 10 : répartition des effectifs de volailles villageoises au Mali Région 2004

District de Bamako 1 736 000

Kayes 2 592 000

Koulikoro 3 726 000

Mopti 4 300 000

Ségou 4 501 900

Sikasso 9 389 000

Total 26 244 900

Source : rapport national (mai 2006)

Le tableau montre bien que les régions Sikasso et le district de Bamako se distinguent l’une par un effectif très important (plus d’un tiers des effectifs sont dans la région de Sikasso) et l’autre par la faiblesse relative de ses effectifs (district de Bamako avec moins de 7% des effectifs). Les effectifsdes autres régions se rejoignent à peu près).

Au Sénégal

Tableau 11 : répartition des effectifs de volailles villageoises au Sénégal en 2004 Région Effectif

Dakar 1 768 341

Diourbel 2 215 519

Fatick 1 625 703

Kaolack 2 869 504

Kolda 2 187 493

Louga 1 852 066

Matam 781 008

Saint Louis 1 533 273

Tambacounda 1 246 034

Thiès 3 369 716

Ziguinchor 1 411 522

Total 20 960 181

Source : rapport national (mai 2006)

Le Sénégal se distingue par une relative homogénéité dans la répartition des effectifs de volailles villageoises sur l’ensemble du pays.

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Au Togo

Les effectifs de volailles exploitées en système 4 sont donnés par le recensement général agricole de 1996 réalisé avec l’appui de la FAO selon le tableau 12 suivant.

Tableau 12 : effectifs de volailles exploitées en système 4 Région 1996

Centrale 677 343

Kara 1 280 845

Plateaux 2 254 467

Maritime 2 040 199

Savanes 2 370 161

Total 8 623 015

Source : RNA 1996

4.2 Elevage moderne

Au Bénin

La répartition des effectifs de volailles en élevage moderne selon les départements n’a pu être fournie mais les témoignages recueillis indiquent que les départements de l’Atlantique/Littoral et de l’Ouémé/Plateux abritent la quasi-totalité des exploitations avicoles modernes.

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Au Cameroun

Tableau 13 : effectifs de volailles exploitées en élevage moderne (système 1 à 3) en 2005 Provinces Effectifs

Adamaoua total Chair Ponte

-- -- --

Centre total Chair Ponte Parentaux

310 000 ---

310 000 ------

Est total Chair Ponte

----- ----

----- Extrême Nord totalChair Ponte

4 500 1 500 3 000

Littoral total Chair Ponte Parentaux

973 238 108 738 864 500

-------- Nord total Chair Ponte

8 787 4 300 4 487

Nord-Ouest Chair Ponte Parentaux

86 500 20 000 66 500

------- Ouest total Chair Ponte Parentaux

2 424 900 460 000

1 964 900 ------

Sud total Chair Ponte Parentaux

----- ----

----- -----

Sud –Ouest total Chair Ponte Parentaux

257 600 36 000

221 600 ------

Total Chair Ponte Parentaux

4 355 408 630 538

3 434 987 289 883

Source : rapport national (mai 2006)

Le tableau fait apparaître très distinctement les « bassins de production avicoles modernes » qui sont l’Ouest (56% des effectifs) et le Littoral (22%). Les effectifs de pondeuses sont nettement les plus importants car ils représentaient près de 80% du cheptel moderne au moment de l’étude. La répartition des effectifs de parentaux n’a pu être donnée par région. Sur les 289 883 parentaux recensés, 203 379 sont des parentaux chair soit plus de 70% des effectifs de parentaux.

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16

Au Mali

Tableau 14 : effectifs de volailles exploitées en élevage moderne (système 1 à 3) Régions 2003 2004 2005

District de Bamako 700 000 1 000 000 1 100 000

Kayes 10 000 12 000 15 000

Koulikoro 58 000 62 000 165 000

Mopti 5 000 6 000 8 000

Ségou 52 000 50 000 72 000

Sikasso 25 000 20 000 40 000

Total 850 000 1 150 000 1 400 000

Source : rapport national (mai 2006)

Même si les informations ne sont disponibles que pour les trois dernières années, elles permettent d’apprécier (i) la place déterminante du district de Bamako (79% des effectifs en 2005) et (ii) l’augmentation régulière des effectifs (+ 65% depuis 2003).

Au Sénégal

Tableau 15 : effectifs annuels de volailles exploitées en élevage moderne (système 1 à 3) au Sénégal EFFECTIFS

Région 2001 2002 2003 2004 2005

Dakar Chair Ponte

-------------

-------------

-------------

-------------

6 907 679 5 301 943 1 605 736

Sénégal total Chair Ponte

6 115 317 4 790 4551 324 862

5 174 2553 804 5951 369 660

4 694 0333 503 4351 190 598

5 284 6673 994 8791 289 788

6 907 679 5 301 943 1 605 736

Source : rapport national (mai 2006)

Les effectifs avicoles « modernes » n’ont que très peu varié ces cinq dernières années au Sénégal et Dakar concentre la quasi-totalité du cheptel.

Au Togo

Tableau 16 : effectifs annuels de volailles exploitées en élevage moderne (système 1 à 3) au Togo EFFECTIFS Région

2001 2002 2003 2004 2005

Centrale 12 400 12 100 11 500 13 000 13 900

Kara 1 910 1 600 1 200 950 1 750

Plateaux 17 109 19 033 24 130 17 067 21 169

Maritime 92 048 91 177 116 415 117 105 139 053

Savanes 0 0 0 0 400

Total 123 467 123 910 153 245 148 122 176 272

Source : rapport national (mai 2006)

Les effectifs exploités ont connu une augmentation de près de 43% en cinq ans. Cette augmentation est principalement liée à celle des effectifs de la région Maritime qui est la principale zone de production nationale en aviculture moderne avec près de 80% des effectifs en 2005.

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5. Description détaillée des systèmes de production au sein de chaque secteur

5.1 Alimentation

L’aliment (coût, disponibilité et qualité) est déterminant dans le développement de l’aviculture aussi bien moderne que traditionnelle. Elle représente généralement plus des 2/3 des coûts de production en aviculture commerciale.

En aviculture commerciale, les formules alimentaires varient peu selon les pays car elles doivent respecter les recommandations des firmes de sélection animale créatrices des souches exploitées : céréales (maïs, sorgho, son de farine de blé ou de riz..), tourteaux d’oléagineux (coton, soja, palmiste, sésame…), farines animales (poisson, viande, sang…), compléments minéraux (coquillage, os…) et vitaminés sont utilisés, selon les proportions différentes pour fabriquer les aliments destinés aux différents stades physiologiques ; démarrage ponte et chair, croissance et finition chair, poulette et pondeuse sont ainsi spécifiquement élaborés à cet effet.

La disponibilité et la qualité des matières premières alimentaires sont variables selon les pays, les régions et les années. La production national de maïs ne satisfait pas les besoins posant cette question : peut on envisager un développement durable et rentable de la filière sans l’existence d’une production céréalière correspondant aux besoins9 ? A cela il faut ajouter la baisse des rendements et les pertes post récolte des céréales. Les fabricants d’aliments ont (eu) régulièrement recours aux importations de maïs en provenance des pays de la sous-région, d’Europe, des Amériques (USA, Brésil). Beaucoup d’éleveurs fabriquent eux-mêmes leur aliment et sa qualité varie d’un fabricant à un autre. A l’exception des élevages classés en système 1 (les moins nombreux, parmi lesquels on retrouve surtout les éleveurs de parentaux), la plupart des fabricants d’aliments ne font pas faire d’analyses soit par ignorance, soit par souci de minimiser les coûts : souvent, la valeur nutritionnelle réelle de l’aliment ne correspond pas à celle indiquée sur les emballages, ce qui influence les performances génétiques des animaux.

En aviculture familiale, la divagation est la tradition et les animaux trouvent dans la basse-cour le complément de leurs rations. Ils passent ainsi la journée à la recherche d’aliments, s’exposant ainsi aux prédateurs et aux accidents sur la voie publique. Dans les systèmes d’élevage traditionnels améliorés, avec l’introduction des coqs « raceurs », la pratique de la vaccination et la séparation des poussins de la mère dès les premiers jours est apparu la nécessité de distribuer un aliment « amélioré » aux animaux, en privilégiant les stades physiologiques suivants : poussin, poule en ponte, coq en engraissement. L’aliment est dans ce cas constitué de résidus de la ration familiale de la journée, de grains de céréales distribués tel quel ou grossièrement concassés et mélangés à la poudre d’os ou aux coquilles de moules de rivière. Dans la plupart des cas, l’animal trouve sa ration complémentaire lui-même car il est alors en semi-divagation. Il faut retenir que comme en aviculture commerciale, la disponibilité en céréales est également déterminante.

Tableau 17 : coût moyen de production de l’aliment volaille (FCFA/kg) 2001 2002 2003 2004 2005

Bénin ---- ---- ---- --- [145 – 191] Cameroun [180 – 260] Mali 135 150 160 172,5 175 Niger 153Sénégal ---- ---- ---- ----- [183 – 198] Togo 150 150 150 150 200

Source : rapport national (mai 2006)

On peut constater une hausse tendancielle du coût moyen de production dans tous les pays avec cependant le Togo où cette hausse a été très importante en 2005 (+ 33%).

5.2 Reproduction

Il faut distinguer les élevages modernes dans lesquels la reproduction est maîtrisée car elle recherche des animaux aux performances génétiques accentuées (taux de ponte, croissance et poids vif à

9 D’autant que nombre de ces pays sont en déficit vivrier persistant

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l’abattage…) des élevages traditionnels. Dans le premier cas, il n’existe pas réellement de stratégie de reproduction car les aviculteurs exploitent des races standard importées sous la forme de parentaux, ou d’œufs à couver (OAC). La marge de manœuvre est très limitée car la sélection est faite en amont par des multinationales. L’implantation de ce type d’élevage suppose une forte demande intérieure permettant de rentabiliser les importants investissements qu’ils nécessitent. Seuls le Cameroun et le Sénégal (dans une moindre mesure le Bénin et le Mali) disposent de tels élevages.

En élevage traditionnel, la recherche d’un format plus grand a incité depuis des décennies, les promoteurs à introduire des coqs « raceurs » sans schéma de croisement précis avec comme résultats la production de métis très fréquents dans les basses-cours en milieu rural. Tous ces pays ont connu l’expérience d’introduction de ces coqs, mais sans impact durable.

5.3 Gestion d’exploitation

Dans les élevages modernes, la gestion en bandes est le principe mais son application trouve des limites dans les systèmes les moins intégrés. La spécialisation des producteurs en producteurs d’œufs ou de poulets de chair est plus le fait des systèmes intégrés (système 1) et des gros producteurs10 des systèmes 2. La production d’œufs et de poulets de chair est fréquemment rencontrée chez les producteurs moyens (5 000/10 000 sujets), parfois sur des sites voisins dont la séparation n’est pas systématiquement marquée, entraînant ainsi la contamination de l’environnement. Bien que connu, le principe du vise sanitaire est pratiqué avec beaucoup d’approximation et les bandes sont parfois conservées bien au-delà des délais recommandés. En effet, les contraintes de gestion et de commercialisation imposent aux producteurs de conserver parfois les pondeuses au-delà de 12 mois de ponte. En ce qui concerne les poulets de chair, le système de commercialisation où domine le circuit vif et l’absence d’abattoirs font que les objectifs de production recherchés (par exemple 42 jours pour un poulet de 2 kgs) sont très souvent dépassés avec des conséquences néfastes sur la rentabilité des élevages. Les petits producteurs et les éleveurs en systèmes 3 semblent les plus touchés car ils pratiquent plus la vente au détail.

Dans les élevages familiaux, il n’existe pas réellement de stratégie de gestion d’exploitation car traditionnellement, l’exploitation de ces élevages se fait sur le principe de la cueillette. Les animaux en âge d’être exploités commercialement le sont peu car très souvent, les ventes se font en fonction des besoins de la famille ou autour des périodes de fêtes. Dans les élevages traditionnels améliorés et à l’instar de ce qui se pratique en élevage moderne, la gestion d’exploitation se traduit par le ciblage de la période favorable de vente avec parfois la production d’un type de volaille pour un marché particulier (jeune pintade à griller, dindons…).

5.4 Santé animale

Par son extrême contagiosité et son ampleur, la maladie de Newcastle reste la principale pathologie dans les élevages modernes et traditionnels en Afrique de l’Ouest. Elle fait l’objet d’un plan de prophylaxie intégré dans les élevages modernes tandis que, grâce aux divers programmes d’assistance en élevage villageois, la formation d’ACSA a permis au Togo et dans certaines régions du Sénégal, du Bénin et du Mali de réduire de manière considérable son impact sur la filière traditionnelle11. En second lieu, l’importance de la bronchite infectieuse, de la gumboro, des maladies parasitaires (notamment les coccidioses) et de la variole est signalée. En élevage familial, la « maîtrise » de la MNC fait ressortir la variole comme seconde pathologie aux côtés de laquelle les parasitoses externes et surtout externes sont particulièrement remarquées. En élevage moderne, même s’il existe des plans de prophylaxie « standard », le suivi sanitaire des animaux est généralement pratiqué avec cependant des différences importantes selon le système. Il existe un gradient en termes d’intensité et de qualité de soins et de personnels vétérinaires lorsqu’on considère successivement les différents systèmes. Ainsi, dans les systèmes 1 (intensité et qualité des soins optimales), les exploitants disposent de personnels qualifiés, souvent salariés de l’exploitation. Dans les système 2 et plus rarement 3, les conseils vétérinaires sont soit contractualisés avec un personnel qualifié, soit délivrés par des compétences sollicitées selon les besoins. A l’exception de l’influenza aviaire dont il sera question dans le dernier chapitre, il n’existe pas à proprement parler de « maladies émergentes » dans ces élevages. On observe cependant pour certaines maladies des pics

10 Au regard des effectifs présents dans différents pays, on peut considérer qu’à partir de dix mille sujets, un producteur peut être considéré comme « gros producteur » 11 Grâce au ACSA, 15% du cheptel avicole traditionnel togolais est vacciné chaque année.

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enzootiques selon les années comme ce fut le cas de la gumboro au Bénin en 2003. L’incidence de ces maladies en élevages avicoles reste inconnue car les investigations quand elles sont faites se limitent souvent aux diagnostics cliniques et les capacités des laboratoires vétérinaires sont encore limitées. Enfin, certains éleveurs se plaignent du manque de transparence de la part des producteurs de poussins car ils considèrent que ceux-ci ne pratiquent pas systématiquement toutes les vaccinations.

En élevage traditionnel, la MNC reste la préoccupation majeure et les services vétérinaires de proximité promus par la FAO et les ONG donne de bons résultats dans certains pays. La vaccination contre la variole est encore faiblement réalisée, de même que les traitements antiparasitaires. Il faut signaler les fortes mortalités de jeunes rencontrées dans l’élevage familial de pintades (parfois plus de 90%) causant un important manque à gagner pour le paysan.

6. Production annuelle les cinq dernières années

Tableau 18 : production annuelle de poussins chair et ponte selon les pays 2001 2002 2003 2004 2005

Bénin total Chair Ponte

467 200429 824

467 200429 824

467 200429 824

467 200429 824

794 072 710 144

Cameroun totalChair Ponte

----------------------

----------------------

----------------------

----------------------

33 250 000 7 280 000

Mali total Chair Ponte

----------------------

----------------------

----------------------

----------------------

295 000 500 000

Niger total 0 0 0 0 0 Sénégal total Chair Ponte

4 635 1351 187 792

3 784 489 1 277 757

3 443 4351 109 378

3 918 6431 141 222

5 244 113 1 508 054

Togo total 0 0 0 0 0 Source : rapports nationaux (mai 2006)

Le tableau 18 montre une structure et des niveaux de production différents selon les pays. Par rapport à la production de poussins ponte, celle de poussins de chair est plus importante au Sénégal (environ 4 fois plus) et au Cameroun (environ cinq fois plus) tandis que celles-ci sont quasiment équivalentes au Bénin et les tendances s’inversent au Mali.

Tableau 19 : production annuelle d’œufs de consommation (en millions d’œufs) par le secteur moderne

2001 2002 2003 2004 2005 Bénin 144 160,5 189 144,4 178

Cameroun 718 780 800 810 750

Mali 83 23 45 55 68 Niger ----- ----- 4,4 ----- -----

Sénégal 254 339 340 340 349 Togo 18 19 23 24 31

Source : rapports nationaux (mai 2006)

Le Cameroun est indiscutablement un poids lourd dans la production des œufs de consommation pour le groupe des pays étudiés. En 2005, sa production était supérieure au total de celle de tous les autres pays. Ramené à la population la même année, la production d’œufs/habitant reste la plus importante : 45 œufs/habitants contre 6 œufs/habitant pour le Togo et le Mali.

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Tableau 20 : production annuelle viande de volaille (en tonnes) tous secteurs confondus 2001 2002 2003 2004 2005

Bénin total Moderne Traditionnel

13 9954 6529 343

13 5033 8279 676

14 9184 678

10 240

15 1014 564

10 537

13 196 2 343

10 853 Cameroun totalModerne Traditionnel

26 500------

19 500------

13 000------

14 500-------

16 000 --------

Mali total Moderne Traditionnel

168----

45-----

103-------

153------

191 ------

Niger Sénégal total Moderne Traditionnel

7 822------

7 372------

5 063-------

7 267-------

9 203 -------

Togo total ----- ----- ----- ----- ------ Source : rapports nationaux (mai 2006)

La production de viande de volailles en élevage moderne est faible et augmente peu (voire diminue considérablement dans certains pays). Elle est par exemple, dans le cas du Bénin, faiblement compensée par la production traditionnelle.

7. Coûts estimatifs de production unitaire et évolution depuis cinq ans

Tableau 21 : coût moyen de production du poussin en 2005 selon les pays Pays Coût unitaire Bénin Chair Ponte

------ ------ -----

CamerounChair Ponte

225 400

Mali Chair Ponte

550 760

Niger 0 Sénégal Chair Ponte

[280- 300] [480 – 500]

Togo 0 Source : rapports nationaux (mai 2006)

Sans tenir compte des races exploitées, on peut noter l’extrême différence des coûts de production moyens des poussins d’un pays à l’autre (environ 2 fois plus cher pour le poussin ponte entre le Cameroun et le Mali).

Tableau 22 : coût moyen de production de l’œuf de consommation (en FCFA) 2001 2002 2003 2004 2005

Bénin [35 – 36] 37 41 41 [38-4312] Cameroun ----- ----- ----- ------ 30 Mali ------ ----- ------ ------ [28-35] Niger 70Sénégal ----- ----- ----- ------ 41 Togo 40 40 40 40 50

Source : rapports nationaux (mai 2006)

Les coûts de production de l’œuf sont également variables d’un pays à l’autre avec cette fois-ci, un meilleur coût de production au Mali et au Cameroun. C’est au Togo que le coût unitaire de production de l’œuf semble t-il, a été le plus élevé (2/3 plus cher qu’au Cameroun) en 2005. 12 38 pour le secteur 1 et 43 pour le secteur 3 selon le consultant national

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Tableau 23 : coût moyen de production du poulet de chair (FCFA/kg) 2001 2002 2003 2004 2005

Bénin 1 100 1 180 1 180 1 200 1 200 Cameroun ----- ----- ----- ----- 1 000 Mali ------ 1 450 1 500 1 475 1 800 Niger 1 600Sénégal ----- ----- ---- ---- 950 Togo 1 000 1 000 1 000 1 000 1 700

Source : rapports nationaux (mai 2006)

Après une remarquable stagnation durant quatre ans, le coût de production du poulet de chair a connu en 2005 une hausse de 70% au Togo probablement à cause des troubles socio-politiques que le pays a traversé la même année. Malgré cela, c’est au Mali que la production d’un poulet de chair est la plus chère, deux fois plus qu’au Sénégal voisin.

8. Description des systèmes de commercialisation de la volaille et impact potentiel de chaque système dans la propagation des maladies aviaire

8.1 Aviculture moderne

Contrairement aux viandes de volailles importées, c’est le circuit vif qui domine pour la volaille (système 1 à 4) produite localement. Ce système de commercialisation favorise la propagation des maladies, en particulier la MNC. Pour les deux types d’aviculture, on peut aisément distinguer :

- la vente13 directe aucours de laquelle le producteur vend directement au consommateur. Il arrive que le lieu de consommation de l’animal soit très éloigné du lieu de production (plusieurs centaines de kms). C’est le cas des dons remis aux parents habitant en ville à l’occasion de visite ;

- la vente indirecte pour laquelle le produit est tour à tour « vendu » par plusieurs personnes dont certaines en ont fait leur métier.

Les ventes effectuées par certains producteurs (systèmes 1, 2, et 3) aux supermarchés sont intermédiaires entre les deux car les transactions entre le supermarché et le producteur sont courtes et la manipulation des produits/animaux est très limitée. Il s’agit principalement de poulets prêts à cuire (PAC).

La commercialisation des œufs emprunte un circuit mieux « organisé ». En plus de l’existence d’une vente directe comme dans le cas de la viande, l’essentiel de la production est achetée et revendue par des revendeurs en points de nombreux points de vente des marchés et quartiers.

8.2 Aviculture familiale

Les circuits commerciaux sont complexes car les producteurs vendent à la fois aux grossistes, aux détaillants et aux consommateurs. Nous retenons la description suivante des marchés de volailles traditionnelles selon qu’elle est rencontrée au Togo et dans une large mesure transférable aux autres pays.

En fonction de leur taille, du nombre d’opérations marchandes subies, du caractère élevé ou non de la spéculation, du type de vendeurs ou d’acheteurs et de la fréquence d’animation hebdomadaire, on peut classer les marchés de produits avicoles familiaux en :

- marché de collecte, de taille modeste dans lesquels les collecteurs locaux et les paysans viennent vendre leurs animaux. A ce stade, l’animal n’a généralement « subi » aucune opération marchande depuis le lieu de production. Les acheteurs sont essentiellement ici des collecteurs régionaux et il est rare que ce marché s’anime plus d’une fois par semaine. La spéculation y est très souvent faible ;

13 Il peut également s’agir de dons qui sont plus fréquents en élevage traditionnel

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22

- marchés de regroupement qui sont des marchés de taille plus importante avec une fréquence d’animation au minimum hebdomadaire. Les volailles qui y sont vendues proviennent essentiellement des collecteurs régionaux ; elles ont « subi » à ce stade au moins une opération marchande. Dans cette catégorie se rencontrent les marchés frontaliers et les marchés des villes importantes (capitales de région et de préfectures). La spéculation y est moyennement élevée ;

- marchés de débouché final dans lesquels se réalise généralement la dernière opération marchande. Ils sont animés tous les jours et il y règne une très forte spéculation.

9. Description de la demande et de son évolution ; place de la production avicole commerciale dans la sécurité alimentaire en zone urbaine et périurbaine

La demande en produits avicoles locaux a augmenté dans tous les pays de l’étude. Sans qu’elle soit quantifiée avec précision faute d’enquêtes, on estime qu’elle est liée à un triple phénomène : la croissance démographique avec son effet mécanique sur la demande, l’urbanisation qui change les habitudes alimentaires avec le développement de la restauration rapide et/ou collective et enfin, la sensibilité de certains ménages nantis par rapport à la dangerosité des produits importés14. C’est donc principalement la ville qui influence la demande nationale.

Dans tous les pays, la progression de la demande est plus forte pour les œufs que pour la viande pour deux raisons : l’œuf n’a pas de produits directement concurrents et son faible coût unitaire à l’achat en fait une source de protéines plus facilement accessible. Si les besoins en œufs de consommation sont à peu près couverts dans les pays comme le Cameroun et le Sénégal par la production nationale, tel n’est pas le cas en viande de volailles pour l’ensemble des pays étudiés d’où le recours aux importations.

En milieu rural, la production avicole joue un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire des familles. Premièrement, elle est source de protéines animales de qualité pour la famille ; le petit format de l’animal et le cycle de reproduction court permettent de prélever de le prélever du cheptel sans le déséquilibrer. Deuxièmement, elle procure des revenus qui donne plus aisément à d’autres aliments (riz, maïs, sorgho…).

10. Prix moyen de vente unitaire et évolution depuis cinq ans

Tableau 24 : prix moyen de vente du poussin (en FCFA) 2001 2002 2003 2004 2005

Bénin Chair Ponte

[500 – 550]590

[500 – 550]590

[500 – 550]590

[500 – 550]590

[500 – 550] 590

CamerounChair Ponte

350650

350650

350600

350600

350 600

Mali Chair Ponte

----------

----------

----------

----------

625 825

Niger Chair Ponte

----------

----------

450[600 – 1000]

----------

----- -----

Sénégal Chair Ponte

----------

----------

----------

----------

363 525

Togo Chair Ponte

650800

650800

650800

650800

650 800

Source : rapports nationaux (mai 2006)

14 Cette sensibilité s’est accrue avec la menace de la grippe aviaire parfois au détriment du poulet produit localement. En fait, on observe un retour à la confiance vis-à-vis de la production locale quelques semaines après l’apparition de la menace sur le continent.