Onésha Afrika 17

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Afrique : Prolongation des mandats drame ou espoir ? RDC, Congo-Brazaville, Burundi ... www.oneshaafrika.net MONDE La situation tragique des chrétiens de l’Orient SOCIETE Mariages précoces, enfances volées ECONOMIE Les investisseurs se ruent vers l’Afrique SPORT Cyclisme, le 1 er Noir Africain au Tour de France Onésha Afr ika MAGAZINE INTERNATIONAL Magazine Août - Septembre 2015 Politique Économique Social Sportif… Numéro 17 page 33 L’Afrique intéresse à nouveau les investisseurs page 36 Echanges commerciaux entre partenaires inégaux page 34 L’Afrique centrale présente l’un des taux de bancarisation les plus faibles du continent

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La problématique de l’alternance au sommet du pouvoir politique s’impose avec fracas dans l’actualité politique de quelques pays subsahariens qui ont chacun leur point de vue sur le respect stricto sensus des dispositions constitutionnelles élaborées comme autant de costumes qui ne seyent pas à un corps social en butte un peu partout à des graves problèmes de survie.

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Afrique :

Prolongationdes mandats drame ou espoir ?RDC, Congo-Brazaville,Burundi ...

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MONDELa situation tragique des chrétiens de l’Orient

SOCIETEMariages précoces, enfances volées

ECONOMIELes investisseursse ruent vers l’Afrique

SPORTCyclisme, le 1er NoirAfricain au Tour de France

Onésha AfrikaMAGAZINEINTERNATIONAL

M a g a z i n eAoût - Septembre 2015

PolitiqueÉconomiqueSocialSportif…

Numéro 17

page 33

L’Afrique intéresse à nouveau les investisseurs

page 36

Echanges commerciaux entre partenaires inégaux

page 34

L’Afrique centrale présente l’un des taux de bancarisation les plus faibles du continent

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ÉDITEUR RESPONSABLEVictor OLEMBO LOMAMI

DIRECTEUR DE PUBLICATIONCyrille MOMOTE KABANGE

RÉDACTEUR EN CHEFJean BOOLE

RÉDACTEUR EN CHEFADJOINT

Fifi MBAMBI KUMBU

Photos / CaméraBumba Balilonoso Gudule

RÉVISIONLouisyanne Pezzo

COMITÉ DE RÉDACTIONPersyde Doowo

Jérôme Bigirimana,Emeline Segura,

DIna Kitoko, Cornelis Landu,Israël Mutala,

Cyrille Momote,Noella Kalanga,Sarah Mangaza

Victor Olembo Lomami

ONT COLLABORÉ À CENUMÉRO

Donnay Ngalasi,Virginie Shako

SERVICE MARKETINGOlembo L. Onya Naomi

DESIGN GRAPHIQUENéo SONDI Christian,

QommUnick

Note de l’éditeur

COMMENT FAIRE DE SA DIASPORA UN PARTENAIRE DU DÉVELOPPEMENT ?Cas de la RDC

C’est urgent : il faut organiser les diasporas !

Par Victor [email protected]

De retour sur le marché, nous espérons que vous êtes toujours de cœur avec nous et que vous continuez à partager ce qui nous préoccupe en ce moment, à savoir, le développement des pays africains, ici la RDC tout particulièrement.

Dans ce sens nous pensons que la RDC ne peut se développer sans l’apport de tous ses enfants. En tenant compte de l’exemple que nous avons sous nos yeux, il y a un nombre croissant des pays en Afrique qui trouve dans leur diaspora un levier très im-portant pour développer des programmes touchant de près la vie des gens.

A titre d’exemple, Israël a été un des premier peuple qui a été poursuivi par le sort pendant des nombreux siècles et qui a tenu bon jusqu’à son émergence en tant qu’État grâce spéciale-ment à l’apport des migrants.

Selon l’ONU, il y aurait 181 mil-lions d’émigrés dans le monde, en terme de population, ils constitueraient la sixième na-tion au monde, derrière la Chine, les Etats -unis, l’Inde ... Et ceux qui, parmi ces gens, vivent dans des pays développés, font régulièrement des rémittences,

entendez des envois de fonds dans leurs pays d’origine. Un chiffre : en 2014, les émigrés ont envoyés 435 milliards d’euros. Cette somme est trois fois plus importante que la totalité de l’aide publique au développe-ment dans le monde.

En 2008, selon Eurostat (Of-fice des statistiques de l’UE), c’étaient plus de 32 milliards d’euros que les seuls immigrés de l’Union européenne ont en-voyé dans leurs pays d’origine. Alors que le montant de l’aide publique de l’UE est de 49, 5 milliards d’euros. Ces chiffres témoignent du potentiel en termes de contribution aux dé-veloppements des différentes diasporas. Le problème est la traduction de ces possibilités dans des programmes natio-naux du développement. Ici les responsabilités sont à partager entre tous les acteurs du déve-loppement : les membres de la diaspora, les pays d’accueil et ceux d’origine.

Or, les Congolais brillent par leur dynamisme !

Dans le cas de la RDC, un pays dont de nombreux ressortis-sants ont fui soit pour des rai-sons liées aux conditions de

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vie précaires, à cause, à la fois de la mauvaise gouvernance et des guerres qui ont occasion-nées des massacres, des viols dans toute l’étendu du terri-toire et plus particulièrement à l’est du pays. Même s’il n’existe pas des statistiques fiables sur le nombre, les congolais à l’étranger seraient plus de 200 milles concentrés en Eu-rope, notamment en Belgique, pays colonisateur, en France, en Allemagne, au Pays-Bas, au Royaume-Uni, etc. En dehors de l’Europe c’est au Canada et aux Etats-Unis qu’on trouve la plus forte présence congolaise. Partout, où ils se trouvent, les Congolais brillent par leur dy-namisme. N’entend-on pas souvent dire que les Congolais sont plus dynamiques à l’étran-

ger qu’au pays ? Dernièrement, à Bruxelles, le 11 mars 2015 au Siège des ACP (groupement des États d’Afrique-Caraïbes et Pa-cifique), lors de l’inauguration de la Chambre de Commerce Panafricaine (CCPA en sigle), le rôle de la diaspora a été évoqué, en tant que trait d’union entre les pays d’accueil et les pays de provenance.

La Diaspora congolaise, en l’oc-currence, peut être ainsi un par-tenaire pour le développement de ce pays, c’est-à-dire peut

renforcer sa contribution au développement économique de la RDC. On l’a vu, pendant qu’il était ambassadeur en Belgique, Mr Henri Mova Sakania a régu-lièrement organisé des forums économiques qui réunissaient des éminents membres de la communauté congolaise de Bel-gique, et des hommes d’affaires belges. Quant à leurs résultats, là, c’est un autre débat.

A l’instar d’autres communau-tés, la grande partie de trans-ferts de fonds des migrants congolais est destinée à finan-cer les dépenses de consomma-tion, de santé, de l’éducation de leurs membres de famille. Ce qui veut dire rien ou presque pour l’investissement. Là-des-sus, les statistiques font cruelle-ment défaut.

Dans ces conditions, quelles sont les mesures à prendre ?

Au niveau des Etats d’accueil, on doit oser la confiance ; en octroyant des crédits aux mi-grants qui veulent créer des entreprises en RDC. Bien sûr avec un accompagnement ou en partenariat avec les chefs d’entreprises étrangers sur le terrain. Il y a aussi l’insertion des migrants dans des struc-tures économiques par l’emploi et les formations. Pour la Répu-blique démocratique du Congo,

la bonne gouvernance, ce qui veut dire l’assainissement de l’environnement tant politique qu’économique. Mais surtout des mesures d’incitation en di-rection des congolais vivant à l’étranger pas seulement en Belgique, par exemple la sup-pression des visas pour les Congolais ayant acquis d’autres nationalités, des mesures préfé-rentielles douanières, etc. Dans ce cas, le ministère des Congo-lais de l’Etranger se doit d’être un catalyseur, en prenant des initiatives audacieuses allant dans ce sens. L’exemple d’autres diasporas comme celles des pays de l’Afrique de l’ouest (Mali, Sénégal, Guinée...) doit inspirer la communauté congolaise de l’étranger. Comment ? En s’or-

ganisant dans des coopératives et par la création en son sein des struc-tures afin des ca-naliser les envois dans des investis-sements divers, en travaillant avec des entreprises désireuses de sou-tenir de tels efforts

ou par la voie d’organisations intermédiaires et des organisa-tions nationales.

Aujourd’hui où l’Union euro-péenne en proie à la crise, les difficultés de la Grèce sont là pour en témoigner, elle va re-voir son aide au développement à la baisse. D’où l’urgence et la nécessité de transformer, en tout cas, dans le cas du Congo, sa diaspora en pôle important du développement national.

Des participants à une édition du FECUE

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Voilà qu’une ardoise financière qui d’ordinaire relève d’un gent-lemen’s agreement entre les dif-férents protagonistes devient une pièce de théâtre à rebon-dissement et se transforme su-bitement en une fin angoissée pour le deux parties. Jusqu’à ce dimanche 12 juillet, le flou était total sur les résultats des négociations au finish relatives au maintien ou non de la Grèce dans la zone euro. Ce qui n’em-pêche pas qu’au vu des positions jusqu’au-boutistes prises par les Allemands, les Slovaques et les Finlandais, en vertu de la règle de consensus qui prévaut au sein de l’Union Européenne, les marrons pourraient être cuits au détriment d’une majorité de Grecs qui, dans cette pers-pective, adressaient des prières à la Madonne (on sait combien les Orthodoxes sont attachés au culte des icones, en parti-culier celle de la Vierge Marie). A moins que les Allemands et leurs suppôts se départissent d’un refus qui risquerait de pas-ser aux yeux d’un grand nombre d’Européens pour un acte idéo-logique en face du recentrage dans les débats des poids lourds tels les Français et les Italiens.

Mais, Angela Merkel aurait eu une raison de plus pour évi-ter d’envoyer M. Tsipras et son gouvernement aux enfers. Sans doute la majorité qui soutient la chancelière est hétéroclite de par sa composition qui fait une place de choix à la mouvance sociale-démocrate qui est, elle-même influencée par des opi-nions allant de la gauche clas-sique à l’extrême gauche. Cette frange de l’électorat indispen-sable à l’équilibre de sa majori-té ne veut pas entendre parler d’une sortie de la Grèce alors que, pense-t-elle, tout aura été favorable. Au-delà de cette ligne d’horizon souvent hasardeuse à laquelle sont confrontés les spé-cialistes de tous bords.

Les péripéties de “la dette grecque” renferment à la fois une leçon morale et une forte tonalité philosophique sur la manière dont l’économie (mot grec «oikonomios» qui désigne la façon de gérer sa maison) de-venue une finalité concrétisant à tout point de vue le «Mythe de la caverne» de Platon. Il eut, en effet, une époque où l’escla-vage a constitué pour les riches, un masque jeté sur la terrible

condition d’esclave dont la du-reté intrinsèque aura été atté-nuée comme à Athènes par l’af-franchissement et l’intégration dans la civilité, c’est-à-dire dans la politique, même si un citoyen vaincu est toujours préférable à un esclave affranchi. Mais, en ces temps immémoriaux, la servitude faisait partie de la na-ture des choses. La différence est que de nos jours, les grands de ce monde ont tout-à-fait conscience de l’écart entre l’il-lusion et la réalité. Ils ont trouvé sur la lancée un moyen efficace d’amadouer les pauvres en gé-néral en leur faisant croire que les deux mamelles du progrès social que sont la démocratie et la consommation de masse se tiennent à équidistance l’une par rapport à l’autre. A savoir que le premier pôle dès qu’il est conquis ouvre automatique-ment sur le second.

Les Grecs qui sont aujourd’hui dans le camp des pauvres d’Eu-rope font l’amère expérience de la perfidie de leurs coreligion-naires devenus d’intraitables créanciers, près de leurs sous et n’ayant aucune espèce d’intérêt

... Lire la suite à la page 30

ÉDITORIALL’Austérité à l’épreuve de l’Histoire

Par Cyrille MOMOTE KABANGE

Onésha AfrikaMagazine

N°17

Ce qui s’est passé en cinq mois des négociations entre le gouvernement grec et ses créanciers regroupés au sein de la Troïka (F.M.I., Euro-group et la B.C.E.) marquera longtemps la mémoire des peuples du continent européen.

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Onésha Afrika17

SOMMAIRE

Note de l’éditeurEditorialSommaire

356

TCHAD : Peine de mort rétablie

ONU : Identifier un kamikaze

CAMEROUN et NIGERIA : Coopération rétablie

RCA : élections

CÔTE D’IVOIRE : Banny élu

7

8

10

12

13

> ACTUALITÉ | pages 7 - 13

> POLITIQUE | pages 14 - 15

BURKINA-FASOÉCHOS DU MOIS

> DOSSIER | pages 17 - 20

PROLONGATION DES MANDATS

Les chrétiens d’orient

JAPON / CHINE

L’ANGOLA s’éloigne du Portugal

Migration clandestine

21

25

26

28

> MONDE | pages 21 - 30

Les investisseurs veulent l’AfriqueTaux de Bancarisation en Afrique Centrale Echanges commerciaux entre partenaires inégaux

31

32

34

> ÉCONOMIE | pages 32 - 39

> CULTURE | pages 44 - 46

Cuisine africaine en Occident

BRIGHT QUEST

Mariages précoces, enfances volées

40

42

> SOCIÉTÉ | pages 40 - 43

> SANTÉ | page 31

Tour detaille

> SPORT | pages 47 - 51

Cyclisme

Football Fifa

Mondial 2018

47

49

50

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Quelques mois seulement après son abolition, le Tchad a réintroduit jeudi la peine de mort, afin de punir les auteurs d’actes “terroristes” dans ce pays devenu la cible des islamistes nigérians de Boko Haram.

Le Tchad, en pointe dans la coalition régionale formée dé-but 2015 contre les insurgés, a été frappé à deux reprises par des attentats-suicides en moins d’un mois, une première dans le pays.

Le président Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 1990, a affirmé mi-juillet qu’il ne «reculerait ja-mais» devant les islamistes qui, après avoir subi de lourdes dé-faites, ont intensifié leurs raids ces dernières semaines.

C’est dans ce contexte que, après plusieurs heures de vifs débats, le Parlement tchadien

Par AFP

Le Tchad rétablit la peine de mort pour les auteurs d’actes terroristes

a adopté dans la soirée le pro-jet de loi antiterroriste soumis par le gouvernement. Mais en le durcissant considérablement.

Les députés ont en effet rempla-cé les «peines à perpétuité» pré-vues dans le texte initial pour les cas les plus graves par des «peines de mort».

Un choix qui a de quoi sur-prendre: la peine capitale avait été abolie au Tchad il y a envi-ron six mois.

De la même façon, les députés ont remplacé par des «peines à perpétuité» les peines de huit à 20 ans de prison prévues dans la première version du texte.

La loi a été votée dans la soirée par 146 voix pour, 0 contre et 0 abstention. Une quarantaine de députés étaient absents, dans une assemblée largement domi-née par les partis pro-pouvoir.

S’agissant de la garde à vue, les députés ont là aussi nettement durci les choix du gouverne-ment.

Alors que l’exécutif prévoyait déjà de faire passer à 15 jours, renouvelables deux fois, la du-rée maximale d’une garde à vue - jusque-là de 48 heures -, les dé-putés se sont accordés sur une durée de «30 jours», renouve-lable jusqu’à deux fois.

Les débats avaient été houleux tout l’après-midi. Ce sont des amendements proposés par la commission des lois qui ont per-mis de parvenir à un consensus.

Dérives liberticides?

Les débats ont surtout porté sur l’article 14 du texte de loi et sa définition du «terrorisme», ju-gée trop vague par l’opposition et les défenseurs des droits de l’Homme, qui redoutaient des dérives liberticides.

Le texte vise en effet les auteurs «d’actes, de menaces (attentats, prises d’otages, etc...) commis par une organisation pour créer un climat d’insécurité, exercer un chantage sur le gouvernement ou satisfaire une haine à l’égard d’une communauté, d’un pays, d’un système». Sont également visés les actes portant atteinte au «fonctionnement régulier du service public».

Cette définition «expose les or-ganisations de la société civile, les partis politiques à des répressions sous couvert du terrorisme», ont affirmé la Ligue tchadienne des droits de l’Homme Le Tchad, en pointe dans la coalition régio-nale formée début 2015 contre les insurgés, a été frappé à deux reprises par des attentats-sui-cides en moins d’un mois, une

Idriss Déby, Président du Tchad

> Actualité | Tchad

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première dans le pays.

Le président Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 1990, a affirmé mi-juillet qu’il ne «reculerait ja-mais» devant les islamistes qui, après avoir subi de lourdes dé-faites, ont intensifié leurs raids ces dernières semaines.

C’est dans ce contexte que, après plusieurs heures de vifs débats, le Parlement tchadien a adopté dans la soirée le pro-jet de loi antiterroriste soumis par le gouvernement. Mais en le durcissant considérablement.

Les députés ont en effet rempla-

cé les « peines à perpétuité » pré-vues dans le texte initial pour les cas les plus graves par des « peines de mort ».

Un choix qui a de quoi sur-prendre: la peine capitale avait été abolie au Tchad il y a envi-ron six mois.

l’ONU dresse une liste d’éléments permettant d’identifier un kamikazePar lemonde.fr

« Une peau claire de la partie infé-rieure du visage prouvant un rasage récent » ou encore « très concentré et vigilant, se parlant à lui-même (peut-être en train de faire sa der-nière prière) » : l’ONU a dis-pensé des conseils au person-nel du Système des Nations unies (SNU) au Tchad pour permettre d’identifier un ka-mikaze.

Cet avis de sécurité a été pu-blié par le département de la sûreté et de la sécurité des Nations unies au Tchad le 13 juillet, soit deux jours après un attentat suicide qui a fait au moins 15 morts sur le marché central de N’Djame-na. Son but est de donner « des indications aidant à la détection d’individus suspects dont l’attitude suggère qu’ils sont porteurs d’engins explo-sifs artisanaux ». Contacté par Le Monde Afrique, l’UNDSS Tchad n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet.

Pour identifier un kamikaze, l’ONU préconise de faire attention au « port de vêtements lourds et épais, quelle que soit la saison, ou très

amples pour dissimuler des explo-sifs ». Et la note de poursuivre: « Par conséquent, le suspect transpire abondamment à cause de la ten-sion, le stress et le port de vêtements

inappropriés au climat.»

«L’attitude détachée de quelqu’un se sachant condamné»

Le kamikaze peut aussi «dégager un parfum inhabituel aux notes fleu-ries ou végétales» pour l’ONU, qui y

voit « la volonté de sentir bon en entrant au paradis ». « Toujours sur le qui-vive », le kamikaze « marche avec détermination », et peut être identifié grâce à un « port de sac ou

sac à dos » dont « les fils [de son en-gin explosif] partent du sac. »

Pour identifier un «candidat au suicide», il est donc recommandé de veiller à «l’attitude détachée de quelqu’un se sachant condamné ». Il peut par exemple « ne pas réclamer

Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations unies

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Page 9: Onésha Afrika 17

sa marchandise ou son dû après achat.»

L’avis stipule que ces «indications» sont fournies par l’ONU «dans le contexte de la récurrence d’attentats suicides à N’Djamena et probable-ment sur l’ensemble du territoire». Depuis le début du mois de juin, trois attentats suicides ont été per-pétrés dans la capitale tchadienne. Le 11 juillet, un homme dissimulé sous un voile intégral avait fait ex-ploser une charge explosive, tuant au moins 15 personnes.

Le Tchad, avec le Cameroun et le Nigeria, est à la tête des opérations militaires contre les islamistes ni-gérians de Boko Haram, qui ont fait allégeance à l’Etat Islamique en mars devenant ainsi « l’Etat is-lamique (EI)-wilaya d’Afrique de l’Ouest ». Le Cameroun a renforcé le 28 juillet le nombre de soldats déployés dans la région de l’Ex-trême-Nord du pays, frontalière avec les territoires contrôlés par les djihadistes.

l’ONU dresse une liste d’éléments permettant d’identifier un kamikazePar lemonde.fr

De la même façon, les dé-putés ont remplacé par des «peines à perpétuité» les peines de huit à 20 ans de pri-son prévues dans la première version du texte.

La loi a été votée dans la soi-rée par 146 voix pour, 0 contre

et 0 abstention. Une quaran-taine de députés étaient ab-sents, dans une assemblée lar-gement dominée par les partis pro-pouvoir.

S’agissant de la garde à vue, les députés ont là aussi nette-ment durci les choix du gou-vernement.

Alors que l’exécutif prévoyait déjà de faire passer à 15 jours, renouvelables deux fois, la du-rée maximale d’une garde à vue - jusque-là de 48 heures -, les députés se sont accordés sur une durée de « 30 jours », renouvelable jusqu’à deux fois.

Les débats avaient été hou-leux tout l’après-midi. Ce sont des amendements proposés par la commission des lois qui ont permis de parvenir à un consensus.

Dérives liberticides?

Les débats ont surtout porté sur l’article 14 du texte de loi et sa définition du « terrorisme », jugée trop vague par l’op-position et les défenseurs des droits de l’Homme, qui redou-taient des dérives liberticides.

Le texte vise en effet les au-teurs « d’actes, de menaces (at-tentats, prises d’otages, etc...) commis par une organisation pour créer un climat d’insécu-rité, exercer un chantage sur le gouvernement ou satisfaire une haine à l’égard d’une commu-nauté, d’un pays, d’un système ». Sont également visés les

actes portant atteinte au « fonc-tionnement régulier du service public ».

Cette définition « expose les or-ganisations de la société civile, les partis politiques à des répres-sions sous couvert du terrorisme

», ont affirmé la Ligue tcha-dienne des droits de l’Homme (LTDH), l’Union des syndicats du Tchad et le Syndicat des en-seignants du Tchad dans un communiqué conjoint.

Mais le texte amendé par les dé-putés stipule désormais qu’« est exclue du champ de cette défini-tion (du terrorisme) toute action individuelle ou collective relevant de l’expression des droits et liber-tés reconnus par la Constitution et les lois de la République ».

« Le gouvernement a lâché du lest, nous sommes relativement satisfaits, même s’il n’y a pas de quoi pavoiser », a réagi le chef de file de l’opposition, Saleh Ke-bzabo, à propos de l’article liti-gieux.

« Personne n’est favorable au ter-rorisme », mais la lutte contre Boko Haram « est une aubaine pour le gouvernement tchadien », selon le député d’opposition, pour qui « cela lui permet d’orga-niser l’appareil répressif avant la présidentielle » prévue en 2016.

Les autorités ont très nettement renforcé les mesures de sécurité après les attentats-suicides à N’Djamena en juin (38 morts) et en juillet (15 morts).

Le maire de N’Djamena a an-noncé jeudi l’interdiction de la mendicité dans la capitale.

Le port du voile islamique, qui permet aux kamikazes de ca-moufler des explosifs, est déjà interdit, fouilles et perquisitions se multiplient, et plusieurs cen-taines d’arrestations ont eu lieu ces derniers mois à N’Djamena.

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Le Cameroun et le Nigéria saluent “l’exemplarité” de leur coopérationEchanges entre services de renseignement, finalisation de la démarcation de la fron-

tière terrestre entre les deux pays, dynamisation des échanges commerciaux. Le bilan du séjour de Muhammadu Buhari.

Les soldats de la garde prési-dentielle, la police et la gen-darmerie peuvent souffler. Le président nigérian a achevé son séjour en terre camerounaise le jeudi 30 juillet sans fausse note. Ayant craint une tentative d’attentats durant le séjour de Muhammadu Buhari, de nom-breux hommes en tenue avaient été déployés durant son séjour dans les artères de la capitale politique, et tout un boulevard – jouxtant l’hôtel hébergeant le président nigérian et sa suite –

Par Eugène C. Shema

avait été bouclé pour la cause.

Muhammadu Buhari a qualifié son séjour d’«agréable», à l’aé-roport international de Yaoun-dé-Nsimalen. Dans le communi-qué conjoint, lu en anglais et en français à l’aéroport quelques minutes avant l’envol de l’avion de l’hôte du Cameroun, Paul Biya et son homologue se sont félicités de «l’exemplarité» de leur coopération et des «excel-lentes» relations qu’ils entre-tiennent.

Coopération en matière de sécurité

Aucune friction n’a été déce-lée dans le message des deux hommes d’Etat. Paul Biya et M. Buhari ont noté «avec satisfac-tion» «l’affaiblissement en cours des capacités opérationnelles de Boko Haram». Contre le groupe terroriste, le communiqué conjoint souligne que les deux pays ont convenu d’«intensifier l’échange de renseignements» entre leurs services respectifs; et de «renforcer la coopération

> Actualité | Cameroun - Nigéria

Le président nigérian Muhammadu Buhari (à gauche) a été reçu par son homologue camerounaisPaul Biya, le 29 juillet 2015 à Yaoundé. (image : AFP.Mag)

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Page 11: Onésha Afrika 17

tout le long de leurs frontières communes». Rien n’a été men-tionné sur la question du droit de poursuite des terroristes et autres groupes ennemis en ter-ritoire étranger.

Les deux personnalités ont éga-lement apporté «leur soutien» à la Force multinationale mixte en gestation, tout en réitérant leur «détermination commu-nique à éradiquer Boko Haram». La Force multinationale devrait être opérationnelle «d’ici à la fin de ce mois», a déclaré Muham-madu Buhari devant la presse ce 30 juillet, indiquant qu’elle compterait sur la formation et des équipements de la part des pays du G7.

Yaoundé et Abuja ont salué la tenue prochaine d’un Sommet CEEAC-CEDEAO pour mutua-liser les efforts dans la lutte contre la secte terroriste. Ils ont par ailleurs adressé leur «gratitude» à l’endroit de l’ONU, de l’Union africaine, de la CE-DEAO, de la CEEAC et de mul-tiples autres partenaires mul-tilatéraux pour leur «solidarité agissante» contre Boko Haram.

Le renforcement de la coo-pération sécuritaire entre les deux pays sur le plan maritime a également été l’objet des dis-cussions entre les deux chefs d’Etat, l’objectif étant de faire des eaux territoriales partagées par le Cameroun et le Nigéria: «des lieux où règne la sécurité».

Le Cameroun et le Nigéria par-tagent, selon le service des nouvelles et analyses humani-taires de l’ONU, une frontière d’une longueur de 2 100 km qui traverse des montagnes et un désert au Nord et une forêt dense au Sud. Elle compte 21

points frontaliers maritimes. A l’issue de la visite de travail du président nigérian, Paul Biya et Muhammadu Buhari «ont convenu d’accorder une suite fa-vorable à la recommandation du secrétaire général de l’ONU, relative à la finalisation avant la fin de l’année 2015 des travaux de démarcation de la frontière terrestre, afin de se consacrer à l’amélioration de la coopération transfrontalière», a-t-on appris via le communiqué conjoint.

Muhammadu Buhari était ac-compagné, dans sa suite, de six gouverneurs; à la tête d’Etats partageant des frontières avec le nord et le sud-ouest du Came-roun. La première est victime des incursions de Boko Haram tandis que la seconde abrite la péninsule de Bakassi, localité pétrolifère et halieutique long-temps disputée entre les deux pays mais rétrocédée en 2006 au Cameroun.

Les présidents Biya et Buha-ri ont souhaité une tenue ré-gulière des réunions entre les gouverneurs des Etats fédérés du Nigéria, et ceux des régions frontalières entre le Cameroun et le Nigéria. La première réu-nion de ce type s’est tenue au Nigéria, dans l’Etat fédéré de Akwa-Ibom, les 16 et 17 janvier derniers.

Economie, circulation des biens et des hommes

Le président camerounais a souhaité, lors du toast prononcé au dîner d’Etat le 29 juillet, que les opérateurs économiques ca-merounais et nigérians puissent mettre en place des joint-ven-tures et œuvrer pour une «dyna-mique nouvelle dans la relation économique». Paul Biya a ajouté

sur ce point qu’il faudrait «plus de solidarité et de complémen-tarité» dans les échanges. Le Nigéria est le deuxième fournis-seur du Cameroun et la balance commerciale entre les deux pays est largement déficitaire côté camerounais.

On a appris ce jeudi qu’un fo-rum d’affaires Cameroun-Nigé-ria aura lieu à Abuja, à une date qui n’a pas encore été fixée.

Celle dont on connait la date ce-pendant, c’est la tenue à Abuja «d’ici octobre 2015», de la «pre-mière session du Comité des af-faires consulaires et d’immigra-tion Cameroun – Nigéria». Elle aura pour mission de procéder à la revue d’un protocole d’accord signé en 1963, et ayant trait à la libre circulation des hommes et des biens entre les deux pays.

La visite du président nigérian au Cameroun les 29 et 30 juillet rentre dans le cadre d’un périple qui l’aura initialement mené au Niger et au Tchad, les 03, 04 et 05 juin derniers.

Après il se rendra au Bénin pour rencontrer son homologue Tho-mas Yayi Boni. L’objectif étant, d’après les services de la prési-dence du Nigéria, de renforcer la coopération régionale contre le terrorisme et de rendre beaucoup plus difficile pour Boko Haram d’opérer à travers les frontières nationales.

Le président nigérian a promis de rétablir l’intégrité territoriale du Nigéria «le plus tôt possible» et aussi d’éliminer ce phéno-mène «sans délai», en collabo-ration avec les autres pays de la région.

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Elections en Centrafrique :Le calendrier est connu

Le calendrier des élections en Centrafrique est désormais connu. Le référendum constitutionnel se tiendra le 4 octobre prochain. Le premier tour des législatives et de la présidentielle, le 18 octobre. L’éventuel second tour est prévu pour le 22

novembre. Quant au recensement électoral, il doit démarrer le 27 juin prochain et est prévu pour durer un mois, rapporte RFI ce 18 juin.

L’organisation des élections en RCA a connu plusieurs reports.

L’Autorité nationale des élec-tions (ANE), créée en novembre 2013, avait initialement décidé de fixer la tenue du scrutin en février 2015. Ce premier chro-nogramme électoral avait été rendu public en février 2014.

En septembre 2014, Le président de l’Autorité Nationale des Elec-tions (ANE), Dieudonné Kom-bo-Yaya, décidait d’ajourner la tenue des élections sine die, du fait du manque de moyens.

En novembre de la même an-née, l’ANE proposait ainsi un calendrier électoral révisé, pré-voyant cette fois l’organisation des élections législatives et de

Par JDC

la présidentielle à deux tours entre juin et juillet 2015. A la mi-décembre 2014, le Conseil national de transition adoptait la feuille de route de la Transi-tion en retenant le mois de juil-let 2015 pour le premier tour des élections présidentielle et législatives; et celui d’août pour le second tour.

Lors du Forum de Bangui, tenu du 4 au 11 mai dernier dans la capitale, les délégués deman-dèrent encore le report des élec-tions, afin de réunir des condi-tions d’organisation d’élections libres, transparentes et équi-tables.

La France souhaitait cependant que les élections se tiennent avant la fin d’année 2015, et

l’avait fait savoir à la présidente de la Transition, Cathérine Samba Panza, en visite à Paris le 27 mai 2015.

La présidente de la Transition a indiqué au début de cette se-maine, lors d’une interview accordée à RFI, qu’elle ne sou-haitait pas voir la transition prolongée davantage. Elle a ma-nifestement décidé de joindre la parole à l’acte avec le calendrier communiqué ce jeudi 18 juin.

La Centrafrique s’est retrouvée en plein chaos après le renverse-ment en mars 2013 du président François Bozizé par Michel Djo-todia, à la tête d’une rébellion à dominante musulmane, la Sélé-ka.

Les exactions commises par la Séléka ont ensuite débouché sur la création de milices chré-tiennes - les anti-balaka - qui s’en sont alors pris aux civils musulmans, déclenchant des violences inter-religieuses qui ont fait des milliers de victimes. Celles-ci ont conduit à l’inter-vention militaire de la France et de l’ONU, à l’éviction de Djoto-dia et à la mise en place d’une autorité de transition en janvier 2014.

> Actualité | RCA

Mme Catherine Samba-Panza : « la transition ne peut plus durer » (REUTER)

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Charles Konan Banny désigné

président de la coalition anti-Ouattara

L’ex-Premier ministre ivoirien Charles Konan Banny a été désigné président de la coalition contre le chef d’Etat Alassane Ouattara, à trois mois de l’élection prési-dentielle, ont indiqué jeudi, 23 juillet 2015, plusieurs membres de ce mouvement.

Principale figure de la Coalition nationale pour le changement (CNC), M. Banny a été “désigné président de la CNC ” lors d’une réunion de ce mouvement, a dé-claré Fabien Diby, un cadre du Lider, petit parti d’opposition membre de la CNC.

Mais Charles Konan Banny “n’est pas le candidat” de la CNC, qui mène actuellement des “consultations”pour savoir si elle enverra un “candidat unique” à l’élection d’octobre pour affronter le président Ouattara qui brigue un nouveau mandat, a poursuivi M. Diby. “Il nous fallait un chef de file. Mais la désignation de M. Banny comme président n’a rien à voir avec celle d’un candidat au scru-tin”, a confirmé Laurent Akoun, qui représente les “frondeurs” du Front populaire ivoirien (FPI, le parti de Gbagbo), également membres de la CNC. “Si le mo-ment arrive, je pense que nous se-rons assez intelligents pour choi-

Par AFP

sir celui qui nous offre le plus de chances, que ce soit M. Koulibaly ou M. Banny”, a-t-il observé.

Officiellement lancée le 15 mai, la CNC réunit une vingtaine de personnalités politiques ivoi-riennes issues de la majorité comme de l’opposition. Deux de ces personnalités se sont déjà déclarées candidats pour la pré-sidentielle : Mamadou Kouliba-ly, fondateur du Lider et ancien président de l’Assemblée na-tionale sous l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo, et le député de la majorité Bertin Konan Koua-dio.

Mais les chances de la coalition de s’imposer paraissent faibles au vu de ses difficultés à propo-ser une ligne commune à trois mois de la présidentielle. La Côte d’Ivoire vivra en octobre une élection qualifiée de cru-ciale pour la stabilisation du pays, après la crise post-électo-rale de 2010-2011.

Plus de 3.000 Ivoiriens étaient morts en cinq mois de violences causées par le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la vic-toire d’Alassane Ouattara. La CNC exige la dissolution de la Commission électorale indé-pendante, qu’elle considère fa-vorable au président sortant, et demande la libération des “prisonniers politiques”, no-tamment de M. Gbagbo, détenu depuis trois ans par la Cour pé-nale internationale, où son pro-cès pour “crimes contre l’huma-nité” débutera le 10 novembre.

Alassane Ouattara est consi-déré comme le grand favori du scrutin à venir. Son bilan éco-nomique et social est loué par la communauté internationale, qui se montre plus sceptique quant à la réussite de la récon-ciliation qu’il prône.

> Actualité | Côte d’Ivoire

Charles Konan Banny veut les commandes de la Côte d’Ivoire pour « mieux assurer la réconciliation » (image : laguneinfo.net)

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Rien n’est pire que l’orgueil de la vertu”

Cette phrase de Saint Augustin pourrait s’ap-pliquer à ce dernier

épisode de la crise politique au « pays des hommes in-tègres », une traduction lit-térale du nom même de cet Etat d’Afrique Occidentale. L’après Blaise Compaoré s’illustre aujourd’hui par un nouveau round dans le dé-veloppement du drame, au sens premier du mot, qui se joue. Appels sur l’actualité de Rfi, selon un connaisseur des arcanes du pouvoir à Ouagadougou, Boniface Vi-gnon, illustre une certaine révolte face à une donnée courante sous nos latitudes, celui de régler un compte personnel en l’enrobant d’un juridisme reluisant.

présentée par 30 députés du Conseil national de transition a été adoptée le 16 juillet dernier en séance plénière par 60 dé-putés - sur 63 votants dont 3 se sont abstenus ...

En tout cas, les résolutions vo-tées par les députés doivent maintenant être transmises sans délai par le président de l’Assemblée nationale au pro-cureur général de la Cour de cassation. Il reviendra ensuite à la Haute Cour de justice de confirmer ou non les poursuites réclamées par les députés du Conseil national de transition. Elle pourrait aussi exiger l’ex-tradition de Blaise Compaoré, réfugié en Côte d’Ivoire.

Quelles sont ses prérogatives ?

La Haute Cour de justice est ins-crite dans la Constitution. Elle a été créée en 1995 sous le régime de Blaise Compaoré. C’est la ju-

Par Boniface Vignon Appels sur l’actualité revient sur le vote des députés du par-lement intérimaire du Burkina Faso, qui ont voté à une large majorité lune demande de mise en accusation de Blaise Com-paoré par la Haute Cour de Justice pour “haute trahison” et “attentat à la Constitution”. L’ancien chef de l’Etat est no-tamment accusé de s’être “en-têté à mettre en œuvre sa volon-té de modifier la Constitution en vue de freiner le processus de l’alternance démocratique”. Les députés ont également mis en accusation l’ex-Premier mi-nistre du président Compaoré, Luc-Adolphe Tiao, et tout son gouvernement pour “coups et blessures volontaires, assassi-nats et complicités de coup et blessures et d’assassinats”. Ana-lyse.

La résolution de mise en ac-cusation de Blaise Compaoré

> Politique | Burkina-Faso

Blaise Compaoré, l’ancien président du Burkina-Faso (image : rtl.fr)

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ridiction habilitée à juger le chef de l’État burkinabè pour des actes commis alors qu’il était au pouvoir et relevant de haute trahison, d’attentat à la consti-tution ou de détournement de deniers publics. S’il était recon-nu coupable, l’ex-président en-courrait une peine d’emprison-nement pouvant aller jusqu’à la perpétuité, et même la peine de mort, toujours en vigueur au Burkina Faso, mais qui n’a pas été appliquée depuis les années 1980.

Justement, Blaise Compaoré a dû quitter le pouvoir pour avoir tenté de violer la Constitution… Quel acte l’ancien président burkinabè a-t-il posé pour être accusé de « haute trahison » ?

Ce qui est curieux, et je le dis de-puis le début de cette transition, c’est que le président Blaise Compaoré a été contraint de quitter le pouvoir le 31 octobre 2014 suite à un règne de vingt-sept ans, certes, mais surtout pour avoir tenté de violer la constitution. Or aucun acteur de la transition, que ce soit le président Michel Kafando ou les

membres du CNT, n’occupent leurs fonctions sur la base de cette constitution que tentait de violer le président déchu...

Que voulez-vous dire ?

Il me semble qu’aucune charte, qu’elle soit de transition ou non - je dis bien aucune charte - n’est au dessus de la loi fondamen-tale, c’est-à-dire la constitution. En d’autres termes, la charte de la transition ne peut pas être au-dessus de la constitution... On ne peut pas reprocher au président Compaoré de tout mettre en œuvre pour violer la constitution et la violer soi-même ! Constitution qui a pré-vu que c’est le président de l’As-semblée nationale qui assure la vacance du pouvoir, le premier

vice-président de l’Assemblée nationale devenant, de facto, le président de l’Institution.

Or ce n’est pas ce à quoi nous avons assisté au Burkina ...

En tout cas, il y a une belle ba-taille juridique qui s’annonce... Ne serait-ce sur la légitimité du CNT dont les membres ne sont pas élus - car ceux-ci ont été dé-

signés en lieu et place de la re-présentation nationale qui a été dissoute !

Que signifie “haute trahison” ?

Pour un président de la Répu-blique, la haute trahison se dé-finit comme l’action volontaire d’agir contre les principes que la constitution le charge de défendre. Constitution sur la-quelle il a prêté serment. Autre-ment dit, l’acte ou l’action mé-ritant la qualification de haute trahison pour un chef d’Etat, est un crime qui consiste en une ex-trême déloyauté à l’égard de son pays ou de ses institutions. En tout état de cause, il s’agit d’une question interne du ressort de la souveraineté de chaque pays, non recevable devant la Cour pénale internationale, par exemple.

Donc, la haute trahison sup-pose une situation de crise …

Oui. Une situation de crise qui, comme telle, amène à des solu-tions hors normes, en fonction de la gravité ressentie et de la peur engendrée dans la popu-lation. Mais souvent, cette in-fraction est politique... Et l’ac-cusation de haute trahison est alors employée, à défaut, pour résumer un faisceau de faits dif-fus, faute de pouvoir étayer suf-fisamment des chefs d’inculpa-tion plus précis. L’accusation est d’ailleurs souvent prétexte à se débarrasser d’un adversaire po-litique ou à légitimer une révo-lution ou un coup d’État réussis.

Luc-Adolphe Tiao (image : africatopsports.com)

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Le dossier de

prolongationdes mandats présidentielsen Afrique

RDC :“le masque & la sagesse

Par Cyrille Momote Kabange

La problématique de l’alternance au sommet du pouvoir politique s’impose avec fra-cas dans l’actualité politique de quelques pays subsahariens qui ont chacun leur point de vue sur le respect stricto sensus des dispositions constitutionnelles éla-

borées comme autant de costumes qui ne seyent pas à un corps social en butte un peu partout à des graves problèmes de survie.

Sur un continent en proie à des contradictions liées à l’accélération de l’histoire, les po-pulations prennent peu à peu conscience de l’enjeu qui les concerne au plus haut point à savoir leur place dans un dispositif institutionnel qui, en théorie leur confère une souve-raineté à laquelle ils ne peuvent accéder en pratique. Cette distorsion de la réalité socio politique se retrouve dans les pays circonscrits dans le présent dossier de couverture.

arrière plan de guerre ethnique, devrait faire réfléchir. Pourquoi ce remue-ménage qui vire dans certains cas en des lendemains tragiques ? N’y aurait-il pas moyens de procéder autrement que par des appels au meurtre ?

> Dossier | RDC, Congo-Brazaville, Burundi ...

Au delà du caractère exemplatif du « Printemps de Ouagadou-gou » où l’on vit l’armée soute-nir une révolte des membres de la société civile Burkinabée en vue de renverser Blaise Com-paoré qui s’apprêtait à modifier

la constitution pour briguer un autre mandat présidentiel, les tensions qui agitent le lander-nau politique en RDC, les morts de Bujumbura (Burundi) et la perspective d’un embrasement entre factions rivales avec un

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Pourquoi faut-il que ces péri-péties dont le formalisme stu-péfie les observateurs objectifs deviennent la priorité dans un contexte où la prépondérance des choix socio-économiques saute aux yeux ?

De peur de voir ce questionne-ment débouché sur une aporie, il faut exiger aux gouverne-ments de veiller comme à la pru-nelle de leurs yeux à libérer les médias pour aboutir à l’expres-sion d’une critique responsable. Le rôle de la presse est écra-sant dans ces circonstances où doivent se forger les opinions et les attitudes politiques valables. Une formule des débats pu-blics pourrait s’enraciner dans la conscience des citoyens, les-quels se sentiraient associés de cette façon, à la prise de risque.

Le travail en vue d’un change-ment des mentalités devrait être appréhendé dans tous les aspects de sa concrétisation pour donner pleinement ses ef-fets. L’Etat doit subventionner une telle entreprise de mobili-sation des esprits.

En RDC, il y a en ce moment une tentative de conciliation mais les termes de cet engage-ment restent flous. Selon les dé-clarations de certains membres de l’opposition notamment Mr. Vital KAMERHE, qui rejette le principe même de la concerta-tion : « A quoi servirait une telle concertation lorsqu’on sait qu’on a déjà eu l’année passée une concertation dont les recomman-dations sauf l’une d’elle relative à la formation d’un gouvernement dit de la cohésion nationale, les autres ont été renvoyées aux ca-lendres grecques ».

Le pouvoir semble bien dis-

posé à se sortir de l’ornière mais compte mettre beaucoup d’atouts de son côté.

Apparemment, le Président KA-BILA s’efforce de dissiper toute méfiance et tente d’obtenir un large consensus autour du concept de dialogue. Or l’oppo-sition et certains membres de sa majorité n’en veulent pas pour des raisons qui se recoupent dans la crainte d’un coup poli-tique le plus flamboyant étant la mise en branle de l’opération de découpage territorial dès le 30 Juin 2015. Certains commen-taires mettent en rapport cette décision avec une prétendue manœuvre de déstabilisation d’un « adversaire » potentiel, le charismatique Moïse KATUMBI gouverneur du Katanga d’avant le saucissonnement du terri-toire national. Sans qu’il n’y ait aucune chance de vérifier une telle allégation, il faut, néan-

moins, dire que le Président KABILA n’a rien révélé au sujet des intentions dont on l’accable.

Entre temps, les jours passent et 2016 s’approche à grands pas. Pourtant ce ne sont pas des res-sources d’imaginations et d’in-telligence qui font défaut à la classe politique. Au lieu de s’en-fermer dans une suspicion chro-nique et paranoïaque à chaque fois que l’autorité vous tend la main. En attendant, le risque est grand qu’un jour ou l’autre, les tensions s’exacerbant qu’il n’y ait aucune possibilité d’évi-ter une déflagration générale. Les frustrations se sont agglo-mérées et la société congolaise doit opérer son aggiornamento et la seule façon d’y parvenir est de taire les pulsions consumé-ristes des uns et des autres.

Joseph Kabila Kabange / RDC (image : bet.com)

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Le cas du Congo Brazzaville

Dans ce pays indépendant de la France en 1960, les problèmes politiques ont toujours été tri-butaires d’une sorte d’atavisme ethnico-tribal et l’intervention-nisme économique de l’étran-ger.

Sur le matelas de ces deux ré-alités incontournables se su-perposent les luttes de pouvoir distribuées en tendances os-cillant entre des têtes de turc marxistes au verbe haut de type Marien NGUOABI l’ancien Président assassiné et les vel-léitaires pro-occidentaux dans l’âme (ex : La majeure partie du ceux qui forment cette ten-dance ont fait une carrière mili-taire qui commence par l’Ecole des enfants de troupe sous la colonisation française en pas-sant par Saint-Cyr). C’est le

type Denis SASSOU NGUESSO. L’autre mouvance, enfin, qui part des reflexes clientélistes sur base régionaliste est com-posée d’anciens bureaucrates coloniaux ou séminaristes type Fulbert YOULOU ou MASSAM-BA Débat.

Ce schéma correspond plus ou moins, aujourd’hui, au fonctionnement politique du Congo/Brazzaville.

L’avènement du Président Pascal LISSOUBA généticien, profes-seur d’Université, a un moment, donné le change. Pourtant, la dernière guerre civile qui a pro-voqué la mort de milliers de gens et jetés sur la route de l’exil des centaines d’autres, n’est pas à mettre sur le compte du seul SASSOU NGUESSO.

Monsieur le Professeur avait

surtout manqué d’imagination et de doigté face à un ad-versaire qui l’a vain-cu grâce à l’utilisa-tion de la stratégie connue du Cheval de Troie. C’est-à-dire que « l’homme du 5 Février », ce-lui-là même qui s’est faussement retiré sur la pointe des pieds du pou-voir n’a pas, a l’évi-dence, cessé de miner un terrain laissé friche. La ca-rapace moderniste s’est hélas fendue en dès le surgisse-ment de la guerre civile, exactement comme l’avait ima-giné le stratège De-

nis SASSOU NGUESSO.

Est-ce son intelligence tactique que redoutent ses opposants actuels qui ont, à ce jour, ex-primé un refus net au dialogue que le Chef de l’Etat prône, en attendant les prochaines prési-dentielles ?

La valse-hésitation entre une franche décision de se présen-ter à la magistrature suprême pour la troisième fois et la ma-nière dont il s’essaie à couler sa volonté sous le couvert de « la chose instituée » ne risque-t-elle pas de projeter cette Répu-blique sœur dans un tragique remake ?

Sassouo Nguesso / Congo-Brazaville (image : ponaekolo.net)

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Derrière Pierre Nkurunziza, l’op-posant Agathon Rwasa, 18,99 % avec sa coalition Amizero Y’aba-rundi. L’ex-chef de la rébellion FNL avait déjà dit que pour lui, le processus électoral n’était pas crédible et qu’il n’en reconnaîtrait pas les résultats même si on lui donnait la victoire. Comme lui, le reste de l’opposition ne devrait reconnaitre aucune des institu-tions issues de ce processus. C’est du moins ce que disent la plupart des ténors.

Pour le président de la Commis-sion électorale, ce sont les Bu-rundais qui se sont exprimés et massivement. Le taux de parti-cipation annoncé lors de cette proclamation des résultats provi-soires est 73,44 %. De l’avis des ob-servateurs étrangers, il s’agit pro-bablement de la seule surprise. Selon la mission d’observation électorale de la communauté est-africaine, par exemple, la par-ticipation dans les 80 bureaux de vote qu’elle a pu visiter était faible à moyenne.

L’autre constat de la mission d’ob-servation régionale est que le processus électoral au Burundi a échoué à atteindre les standards et les principes d’élections libres,

Pierre Nkurunziza réélu pour un troisième mandat : Le Burundi va-t-il retrouver les anciens démons ? La Commission électorale burundaise a proclamé le vendredi 24 juillet 2015 les résultats de l’élection présidentielle de mardi 21 juillet. Pierre

Nkurunziza est réélu président pour un troisième mandat avec plus de 69 % des voix, selon la Commission électorale.

justes, transparentes et crédibles. Même si le déroulement de la présidentielle s’est passé dans « une paix relative ». « Ce ne sont ni les journalistes, ni les observa-teurs qui valident le scrutin, c’est la Cour constitutionnelle », rétorque le président de la Commission électorale, ajoutant que c’était le peuple burundais qui avait rendu ces élections crédibles par sa par-ticipation massive.

Pour Agathon Rwasa, représen-tant de la coalition d’opposi-tion, il dénonce un « simulacre » d’élection. Les États-Unis quant à eux déclarent qu’elles ne sont « pas crédibles ». Le président de la commission électorale, Pierre Claver Ndayicariye, précise que quelques 2,8 millions d’électeurs se sont exprimés, soit 73,4% du nombre d’inscrits sur les listes électorales.

A la radio des Nations unies, Ab-doulaye Bathily, représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique cen-trale, assurait que « les élections se sont bien déroulées ». Mais de préciser « qu’organiser des élec-tions c’est une chose, mais apaiser la situation dans le pays en est une autre. »

Le 5 mai dernier, la Cour consti-tutionnelle burundaise autorisait le chef d’État sortant à briguer un troisième mandat à l’élection présidentielle. Cette décision, contestée par une partie de la population, a conduit à une ten-tative de coup d’État le 14 mai et près de trois mois de troubles dans les rues de la capitale. Plus d’une centaine de personnes aurait trouvé la mort lors de ces émeutes selon l’association bu-rundaise pour la protection des droits humains et des personnes détenues (APRODH) et près de 127 000 burundais auraient déjà fui le pays selon le Haut Commis-sariat des Nations unies pour les réfugiés.

L’assassinat du bras droit du Pré-sident Nkurunziza est venu en manière d’oracle nous prévenir des meurtriers lendemains pour le Burundi.

En effet, ce meurtre s’illustre comme la réponse de l’opposition à la hargne du pouvoir très déter-miné à normaliser une situation qui risque de nous ramener dix ans en arrière.

Au Burundi

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Les chrétiens d’Orient face à la terreur

Pour la première fois dans l’histoire des Nations unies, le sort des chrétiens d’Orient a été évoqué au Conseil de sécurité. C’est la France, pays qui depuis XVIe siècle offre « protection » aux chrétiens d’Orient, qui en a fait la demande. L’initiative est très symbo-lique tant la situation des chrétiens d’Orient est dramatique. Mais l’enjeu en vaut plus que jamais la peine pour que cette communauté plurimillénaire continue d’exister.

C’est une première dans l’his-toire de l’ONU : une « charte d’action » pour protéger les chrétiens d’Orient et les autres minorités « qui sont en train d’être éradiqués » a été évoquée devant le Conseil de sécurité. Le projet a été défendu par le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, vendredi 27 mars. L’objectif affiché du mi-nistre est de plancher sur un texte mettant un point final à la dynamique de disparition des minorités. Un document que

Par Anne Bernas

Ban Ki-moon, secrétaire géné-ral de l’ONU, serait chargé d’éla-borer par la suite. « L’initiative française à l’ONU est un signe positif, puisque jamais aupara-vant il n’y avait eu de réunion du Conseil de sécurité sur la ques-tion des chrétiens, confie Mgr Pascal Gollnisch, directeur géné-ral de L’Œuvre d’Orient. Même s’il n’y a pas résolution, ça sera tou-jours une force d’entraînement, une force symbolique. »

Un projet avec quatre priorités

Le plan d’action proposé par Laurent Fabius, la France pré-sidant l’instance onusienne en mars, s’articule autour de quatre principaux points : un volet hu-manitaire qui permettrait le retour des déplacés, un volet sécuritaire offrant aux déplacés la possibilité de retourner chez eux sains et saufs bien que la coalition poursuive ses frappes. « A mesure que Daech recule, a affirmé le ministre, nous devons permettre le retour des minorités. […] Cela implique que les troupes

“ Rien qu’en février 2015, plus de 220 chrétiens assyriens ont été enlevés en Syrie ”

> Monde

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aujourd’hui mobilisées au sol assurent la sécurisation de ce re-tour ».

Sur le plan politique, troisième priorité affichée par la France, la nécessité pour les Etats (Sy-rie et Irak) d’assurer une place suffisante à leurs minorités via la mise en place d’un réel Etat de droit. Enfin, Paris entend lutter contre l’impunité et sou-haite que le Conseil de sécuri-té saisisse la CPI, compétente pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humani-té, pour les crimes com-mis contre les minorités par, entre autres, le mou-vement Etat islamique. Parce que les mouve-ments jihadistes n’ont de cesse de grimper en puissance face à des ré-gimes qui flanchent et font craindre ainsi le pire. « On voit bien que les frappes aériennes n’ont pas été suffisantes jusqu’à maintenant pour provoquer un recul de Daech, même si elles l’ont stoppé dans son avance », témoigne Pascal Goll-nisch. Car c’est en Syrie et en Irak bien entendu que la minorité des chré-tiens d’Orient est la plus en danger. En Irak, tout le monde est à peu près d’accord sur la nécessi-té de neutraliser Daech. « Il faut cependant que l’actuel gouvernement irakien ne se situe pas dans une perspective de re-vanche contre les sunnites mais construise une véritable unité nationale », poursuit Mgr Goll-nisch.

En revanche, en Syrie, « nous sommes dans une guerre ci-

vile qui est totalement dans l’impasse,analyse le directeur de l’Œuvre d’Orient. Les diplo-maties, qu’elles soient occiden-tales, russe ou iranienne, ne permettent pas d’arriver à une solution sur le terrain, et donc cette guerre risque de continuer encore plusieurs années avec encore des milliers de morts sup-plémentaires si aucune initiative forte n’est prise. Par conséquent, ce qu’il faut, c’est une grosse ini-tiative diplomatique afin de re-

mettre à plat le développement de Daech en Syrie ».

Daech, l’ennemi numéro un des minorités

Car Daech sème la terreur par-tout où il passe. Et les minorités - chrétienne, mais aussi yézi-die etc. - sont la première cible

de la barbarie des jihadistes. Avant la guerre qui a mis à feu et à sang la Syrie, quelque 2 mil-lions de chrétiens (10% de la population), dont 30 000 assy-riens, vivaient relativement en sécurité sous Bachar el-Assad, qui prenait soin de « protéger » ses minorités pour mieux les contrôler. Depuis quatre ans maintenant, près de 40% d’entre eux ont quitté le pays, vers l’Oc-cident ou vers des pays limi-trophes (Liban, Jordanie, Tur-

quie). Rien qu’en février dernier, plus de 220 chrétiens assyriens ont ainsi été enlevés en Syrie, provoquant l’exode de près de 1000 familles, soit quelque 5000 personnes.

Il en va de même en Irak où la présence des chrétiens se réduit

Le pape François en conférence de presse, dans l’avion qui le ramenait des JMJ de Rio,lundi 29 juillet. REUTERS/Luca Zennaro/Pool (image : RFI)

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Le Pape François : une croisade contre le « capitalisme débridé »

Le Souverain pontife a effectué pendant le mois de juillet un périple plein d’enseignements dans trois pays d’Amérique la-tine (l’Equateur, la Bolivie te le Paraguay). Les trois Etats en-tretien avec le saint siège des rapports différentient ; Avec l’Equateur qui est dirigée par un économiste qui se dit chré-tiens de gauche est au beau fixe, le gouvernement « équatorien affiche des positions qui vont dans le sens souhaité par le saint père à savoir une politique en retrait des ... du système ca-pitaliste tel qu’il se présent dans cette région du monde long-

temps mise en coup réglée par les multinational américaines. Les deux premier pays visités se sont écarter du model écono-mique américain pour adopter comme a Cuba le système poli-tique du type marxiste le niniste Raphael Corréa de l’Equateur dont les ressources proviennent pour une grande partie de l’ex-ploitation du pétrole et de l’ex-ploitation de la banane ; a fa-çonner le ... Espace politique et économique de son pays a pris plusieurs ... De dictature et mise au pays des forces prédatrices des propriétaires ... Quant a la Bolivie, son chef Evo Morales a fait de la réhabilitation des po-pulations ... dont il est lui-même issu, son cheval de bataille. Il a

procédé a des nationalisations sélectives notamment dans les secteurs stratégiques de l’eau potable, de l’énergie et des mines en dépit d’une forte oppo-sition de la classe bourgeoises et des multinational. Le Paraguay est un cas à part. Dans ce pays qui fait de la maire mis étran-gères la norme, la paysannerie vit son la coupe des ... Qui ... à eux seuls 88% des terres laissant sur la ... majorité de la popula-tion. Le Pape n’a pas marché ses mots pour dénoncer une situa-tion intenable: « A bas le capita-lisme débridé » et il a carrément exhorté le Paraguay à changer le système économique.

Dans le monde, les chrétiens dits « d’Orient », principalement des catholiques et des orthodoxes, sont environ 200 millions. Le chef de la diplomatie française l’a répété, la France « protectrice des chrétiens d’Orient, est une tradition constitutive de notre histoire, de notre identité même, mais aussi de celles du Moyen-Orient ». Et Laurent Fabius de réclamer que l’Hexagone de-meure fidèle à cette tradition.

C’est en 1536, en effet, que

François Ier et Soliman le Ma-gnifique scellent une alliance contre Charles Quint, un « pacte » considéré comme première alliance diplomatique non idéo-logique entre un empire chré-tien et un empire musulman. La France s’engage dès lors à pro-

comme une peau de chagrin : ils étaient environ 1,4 million en 1987, avant la première guerre du Golfe. Vingt-cinq ans plus tard, il en reste environ 400 000. Aujourd’hui, plus de 800 000 d’entre eux ont fui leur pays et plus d’un millier a été tué. Pa-ris a déclaré le 21 mars dernier avoir accordé 1 500 visas d’asile à des chrétiens d’Orient depuis juillet 2014. Une annonce qui semble une goutte d’eau tant l’ampleur de la catastrophe est

énorme.

Quant à la minorité Yézidie, se-lon une enquête des Nations unies publiée mi-mars, les at-taques des jihadistes contre la communauté pourraient là aussi constituer un génocide. Et les précédents existent malheu-

reusement. En Turquie, même si la raison était plus nationa-liste que religieuse, le génocide arménien (environ 1,5 million de morts) a fait disparaître une grande partie des chrétiens dans le pays. Il en est allé de même lors dugénocide assyrien, en 1915, qui a fait plusieurs cen-taines de milliers de morts. Pour Laurent Fabius, ce qui se passe actuellement en Syrie et en Irak n’est rien d’autre qu’une « entre-prise barbare d’éradication eth-

nique et religieuse ». L’histoire des chrétiens d’Orient date en effet de plus de 2000 ans … Une histoire dans laquelle la France a toujours eu un rôle majeur.

La France, « protectrice » des chrétiens d’Orient depuis Fran-çois 1er

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téger les chrétiens d’Orient et plus particulièrement ceux du Mont-Liban et des Lieux saints. Jusqu’à la Première Guerre mon-diale, les écoles catholiques sont ainsi très nombreuses sur

tout le territoire de l’empire Ot-toman.

Aujourd’hui, de nombreux conflits au Proche-Orient font craindre la disparition totale de ces chrétiens d’Orient. Et les appels lancés à la communauté internationale ont souvent été vains, au grand dam des défen-seurs des minorités, « un tort de la communauté internatio-nale », estime Pascal Gollnisch qui explique ce silence par la convergence de plusieurs fac-teurs. « Pour les uns, analyse-t-

il, c’est une sorte de laïcisme qui ne fait pas prendre en compte ces communautés chrétiennes, pour les autres, c’est la peur de froisser un certain islam. Pour d’autres encore qui ignorent

tout de la religion, c’est s’imagi-ner que de parler des chrétiens c’est parler des alliés, des Occi-dentaux, ce qui n’est pas le cas. C’est oublier que les chrétiens d’Orient sont des citoyens sou-vent persécutés de ces pays-là. »

En effet, à côté des conflits qui ensanglantent le Proche-Orient et qui fauchent une grande par-tie des chrétiens d’Orient, de nombreuses discriminations perdurent envers les minorités religieuses de nombreux Etats de la région et sont parfois bien

loin de jouir des droits de ci-toyens à part entière. La men-tion de la religion figure sur la carte d’identité dans de nom-breux pays et l’interdiction de lieux de cultes est tout simple-

ment en vigueur dans certains pays notamment en Arabie saoudite.

Avec l’initiative française à l’ONU, il n’est en tout cas plus possible d’ignorer « l’entre-prise de purification ethnique et culturelle » qui se joue contre les chrétiens d’Orient en Irak et en Syrie.

Manifestations des chrétiens en Syrie (image : journalchretien.net)

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La Chine a vertement répliqué au Japon après la publication à Tokyo d’un rapport mettant en cause la politique chinoise en mer de Chine méridionale. Pour le ministère chinois de la Défense, le Japon « tente par tous les moyens de créer la tension ».

Le Japon n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Dans son livre blanc annuel de la Défense, ren-du public le 21 juillet, Tokyo dé-nonce les ambitions militaires de Pékin. Selon ce document, « la Chine, en particulier en ce qui concerne les questions ma-ritimes, continue à agir de ma-nière autoritaire », dénonçant une stratégie chinoise « unilaté-rale et sans place au compromis ». LelLivre blanc japonais dé-nonce également les opérations de remblaiement menées par les

Par RFI – Heike Schmidt

Le Japon tente de “déshonorer la Chine”, selon Pékin

autorités chinoises pour gagner des terrains sur la mer de Chine méridionale. Le conflit qui op-pose la Chine au Japon autour des îles Sensaku - Diaoyu est également pointé dans le docu-ment japonais, qui affirme que le nombre de navires chinois n’a cessé d’augmenter dans cette zone.

La réaction chinoise ne s’est pas fait attendre. Hors de ques-tion pour Pékin de se laisser taper sur les doigts par Tokyo. Le Japon accuse le budget mi-litaire chinois d’être à la fois trop opaque et démesuré ? C’est faux, rétorque sur un ton glacial Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Af-

La Chine « recommande au Japon d’apprendre les leçons de l’Histoire »

faires étrangères. « Le Japon n’a pas le droit d’accuser la Chine pour faire évoluer son armée. La Chine doit bâtir sa défense nationale, en cohérence avec son développement. Ceci ne se dirige contre aucun pays et ne menace aucun pays », affirme-t-elle.

Sans détour, Pékin assume aus-si ses ambitions territoriales en mer de Chine méridionale, où des bulldozers ont transformé, ces derniers mois, des récifs co-ralliens en bases militaires. « Le Japon ne fait pas partie des pays concernés par la question de la mer de Chine méridionale, mais il tente par tous les moyens de déshonorer la Chine et de créer de la tension », accuse Hua Chunying. « C’est pour justifier auprès de son propre peuple l’important changement de sa politique de défense. A ce pro-pos, nous voudrions vivement recommander au Japon d’ap-prendre les leçons de l’Histoire, d’être plus prudent et d’arrêter d’accuser la Chine pour rien. »

Pour la Chine, qui n’a pas en-core digéré la décision du gou-vernement japonais de réviser sa Constitution pacifiste pour pouvoir engager ses troupes dans des missions internatio-nales, la meilleure défense reste donc l’attaque.

> Monde | Japon - Chine

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Poussés par la crise, les Portugais sont partis massivement travailler dans leur ancienne colonie, l’Angola, pays de la croissance à deux chiffres. A son tour, l’économie de ce pays vacille pour cause de pétrole bon marché. C’est, pour les Portugais, le spectre d’un retour anticipé en terre lusitanienne.

Les Portugais sont 200 000 ou 250 000 à vivre en Angola. Dif-ficile à dire avec exactitude, mais ils constituent la première communauté étrangère dans leur ancienne colonie africaine. Ces dernières années, la crise, le chômage ou le besoin de main-tenir un niveau de vie désormais entamé par l’austérité ont pous-sé des milliers de travailleurs à rejoindre la capitale, Luanda, gagnée par une soif d’expansion sans précédent.

L’Angola absorbe avec frénésie les professionnels qualifiés que sont les Portugais, favorisés par une langue et une histoire communes avec le pays d’ac-cueil. Qualifiés et compétents, soucieux du travail bien fait et durs à la tâche, les architectes, ingénieurs, informaticiens et spécialistes des communica-tions font merveille dans un

Par Marie-Line Darcy / Rfipays qui a besoin de toutes les infrastructures.

« L’Angola nous confie du travail parce que nous apportons la cer-tification européenne, du maté-riel solide et nous pouvons garan-tir les finitions. De sérieux atouts face à la concurrence chinoise et brésilienne », explique Antonio Duarte, un architecte installé depuis trois ans en Angola. Un exemple d‘insertion réussie par-mi beaucoup d’autres.

Le baril de brut est passé de 85 à 45 dollars

Pourtant, l’image d’eldorado des temps modernes qu’in-carne pour beaucoup l’ancienne colonie portugaise se fissure. Le pays subit de plein fouet la chute du prix du pétrole : en quelques mois, le baril de brut est passé de 85 à 45 dollars. Le pétrole pour l’Angola, c’est 95

% des exportations, et 72 % des recettes. Une situation qui vient d’obliger le gouvernement de Luanda à concocter en ur-gence un budget rectificatif sur la base d’un baril à 40 euros. Avec, pour première consé-quence concrète, la diminution de l’investissement public. « Nous savons que les mesures de

L’Angola, un mirage qui s’éloigne pour le Portugal

> Monde Angola

José Edouardo Dos Santos (Angola)

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restrictions ne concernent pas uniquement les Portugais, mais nos entreprises n’ont pas les ap-puis financiers dont disposent les autres étrangers, à commencer par les Chinois », souligne Nico-lau Santos, directeur-adjoint de l’hebdomadaire Expresso, fin connaisseur de l’Angola.

La diminution des projets struc-turaux ou de l’immobilier peut menacer à court terme la sur-vie des entreprises de construc-tion ou d’installation de services, pourvoyeuses d’emploi sur place. A cela s’ajoute l’impact de la rareté de la devise - le pétrole se monnaie en dollars et non en kwan-za, la monnaie angolaise. « Les paiements déjà bien souvent tardifs risquent de souffrir de nouveaux délais. Sans liquidité, les entreprises les moins so-lides vont mettre la clef sous la porte. Et les salariés vont devoir rentrer », estime Nicolau Santos.

« Les perspectives ne sont pas brillantes : encore trois ou quatre mois comme ça et c’est la clef sous la porte pour les entreprises étrangères. J’ai préféré prendre les devants », explique Vitalino, qui vient de décrocher un em-ploi qu’il qualifie d’avantageux dans une société d’entretien d’immeubles. Il travaillait pré-cédemment pour Sonangol, la compagnie pétrolière.

Un pays aux abois, et des Por-tugais inquiets

Les travailleurs et employés portugais sont sous la menace directe de la raréfaction de la de-vise. Ils envoient régulièrement une partie de leurs revenus aux

familles restées au Portugal. Or, Luanda veut ponctionner les transactions bancaires, impo-ser une taxe de l’ordre de 18%, pour retenir le plus possible les précieux euros ou dollars dans le pays. Une énorme ponction, alors que l’Angola représente désormais 10 % de l’ensemble des fonds renvoyés au pays par la diaspora lusitanienne dans le monde (quelque 5 millions de personnes vivent hors du pays).

Entre 2011 et 2013, les temps forts de la crise économique portugaise, les transferts en eu-ros depuis l’Angola sont passés de 147 millions à 304 millions d’euros. Mais avec les premiers frémissements de la chute du prix du pétrole en 2014, ces transferts ont diminué de 15%, et de près de 50% en décembre dernier. Quelques Portugais sont rentrés, mais une nouvelle vague de retornados – les colons rentrés au pays après la révolu-tion de 1974 - serait redoutable pour le Portugal en crise, frappé par un chômage à 14%.

Les remous à Luanda in-quiètent Lisbonne

Plus menaçante encore, la dé-cision angolaise d’imposer des quotas d’importation, notam-

ment sur les produits alimen-taires, principalement fournis par le Portugal. « Nous consta-tons des retards dans les livrai-sons depuis Lisbonne. L’Angola, pour limiter ses dépenses, veut devenir autonome à 60 % sur le plan alimentaire. Cela va sans doute contraindre les Portugais à changer de stratégie, et les obliger à créer des entreprises sur place en Angola », déclare avec pru-dence Paulo Varela, directeur de la Chambre de commerce et d’industrie Angola-Portugal. Il est l’un des rares a avoir accep-té de s’exprimer sur la question. Ni le ministère de l’Economie, ni l’AICEP (Direction du com-merce), ni les exportateurs n’ont voulu communiquer, au risque de confirmer l’existence du malaise.

L’Angola est le 5e partenaire économique du Portugal, pays qui fait des exportations le mo-teur de sa reprise économique. Mais après une courte embellie, celles-ci stagnent à nouveau. Les freins mis par Luanda ne sont pas de bon augure, même si le baril de pétrole passe à nouveau au-dessus des 60 dol-lars fatidiques.

L’Angola va sans doute pour-suivre sur la voie de la diversifi-cation de ses recettes pour évi-ter la flambée des prix : le litre d’essence est passé de 65 cen-times à 1,20 euro en quelques semaines, au moment où le pays s’avance vers une présidentielle qui marquera la fin de la domi-nation directe de José Eduardo dos Santos. Quant au gouver-nement de Lisbonne, il ne peut s’offrir le luxe de se passer de l’Angola, alors que se profilent les législatives d’octobre 2015.

Anibal Cavaco Silva (Portugal)

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«Nous n’avons plus d’alibi», a lancé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogheri-ni, avant une réunion conjointe des ministres des Affaires étran-gères et de l’Intérieur de l’UE. «Les tragédies de ces derniers jours, de ces derniers mois, de ces dernières années, c’en est trop», a-t-elle martelé.

La nouvelle du chavirement d’un chalutier dimanche au large de la Libye, avec potentiel-lement 950 personnes à bord selon un survivant, a choqué le monde entier.

Mais l’urgence est devenue en-core plus évidente après que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé à la mi-journée avoir reçu un appel à l’aide d’une per-sonne affirmant que son navire, avec 300 personnes à bord, était en train de couler dans les eaux

internationales.

Vingt passagers sont déjà morts et deux autres bateaux à proxi-mité sont également en difficul-té, a précisé ce passager à l’OIM, qui a contacté les garde-côtés italiens. Selon l’OIM, ceux-ci «n’ont pas les moyens de les secourir maintenant» car ils manquent de ressources en rai-son du naufrage d’un chalutier tôt dimanche au large de la Li-bye, probablement lorsque ses occupants se sont précipités du même côté en apercevant un cargo portugais venu porter se-cours.

Seuls 24 corps et 28 survivants ont pu être repêchés alors que le chalutier de 20 mètres était ca-pable de «transporter plusieurs centaines de personnes», selon les garde-côtes italiens. Les dé-pouilles des victimes ont été dé-barquées lundi matin sur l’île de

Malte. Les rescapés sont atten-dus plus tard dans la journée à Catane, en Sicile.

La chef de la diplomatie euro-péenne, Federica Mogherini, le 20 avril 2015, s’adresse à la presse avant la tenue en ur-gence d’une réunion après la mort d’au moins 700 migrants dans un naufrage. Selon le ré-cit d’un survivant, le bateau de pêche transportait quelque 950 personnes, dont une cinquan-taine d’enfants et 200 femmes. Un autre a évoqué 700 passa-gers. Ces chiffres n’ont pas été confirmés de source officielle.

La chancelière allemande Ange-la Merkel s’est dit «bouleversée», affirmant que l’Europe devait «trouver des réponses». Le pape François a appelé la commu-nauté internationale à «agir avec décision et rapidité».

«On a besoin de mesures immé-

> Monde | Tragédie en Méditerranée

“C’en est trop”pour l’UE

Par JdC, source AFP

L’Union européenne a admis lun-di qu’elle devait enfin prendre à

bras le corps la question des migrants en Méditerranée, où un navire trans-portant plus de 300 personnes était en train de sombrer, au lendemain d’un autre naufrage qui fait craindre des centaines de morts.

Federica Mogherini, la chef de la diplomatie de l’UE (image: EurActiv)

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diates de la part de l’UE et des Etats membres», a assuré Mme Mogherini, citant le renforce-ment de l’opération européenne de surveillance maritime Tri-ton, mais aussi une meilleure répartition de l’accueil des mi-grants au sein de l’Union, alors que l’Italie, la Grèce, Malte et l’Espagne portent la quasi-tota-lité du fardeau.

Les Européens sont très réti-cents à renforcer le secours en mer et à accueillir plus de gens, craignant que cela ne crée un

appel d’air alors que le flot de migrants n’a jamais été aussi élevé. Selon le Haut commis-sariat aux réfugiés, 35.000 mi-grants sont arrivés par bateau dans le sud de l’Europe depuis le début de l’année, et 1.600 sont portés disparus.

«Pas de solution magique»

«La réputation de l’Union eu-ropéenne est en jeu», a jugé le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni. A court terme, un renforcement de Triton se

profile. «Il y a aujourd’hui 21 ba-teaux, quatre avions, un hélicop-tère. Il faut des moyens beaucoup plus conséquents», a pour sa part souligné le ministre fran-çais, Harlem Désir.

L’UE veut renforcer la lutte contre les réseaux de trafi-quants, «qui est une sorte d’es-clavage du XXe siècle», selon M. Gentiloni.

Les Européens misent aus-si sur la coopération avec les pays d’origine et de transit pour

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) s’alarme du nombre de migrants qui sont entrés illégalement en Europe via la Méditerranée, de-puis le début de l’année 2015. Ces personnes sont pour la plupart originaires d’Afrique de l’Ouest (du Mali, de la Côte d’Ivoire, de Guinée, etc.) et d’Afrique de l’Est (en particulier l’Erythrée et la Somalie).

La principale raison du départ des migrants reste la crise éco-nomique. Bon nombre d’entre eux fuient la précarité éco-nomique et «la détérioration des sols, qui rendent l’agricul-ture plus complexe», explique un chercheur. Par ailleurs, les personnes fuient les zones de conflits. Au milieu des années 2000, énormément de migrants convergeaient vers les zones cô-tières, notamment au large du Sénégal et de la Gambie, pour embarquer dans des pirogues, qui avaient ensuite pour desti-nation les côtes italiennes et es-pagnoles. Mais la mise en place

de la surveillance des côtes a quelque peu découragé les pas-seurs.

Pour échapper aux contrôles maritimes, de plus en plus de migrants empruntent les routes. Il y a notamment l’axe Dakar-Nouakchott-Nouhadi-bou-Oujda. D’autres, à pied ou à bord de véhicules, transitent par le Niger, pour s’engager dans une traversée du Sahara souvent difficile. Leur objectif : la Tunisie ou la Libye, d’où ils embarquent dans des bateaux pour traver-ser la Méditerranée. Des orga-nisations locales de la société civile prônent, pour leur part, une conférence euro-africaine afin de faire un état des lieux de l’émigration clandestine. Ce type de rencontre, permettrait selon un expert, de mener à une réflexion commune sur des so-lutions à ce problème.

Al Mustapha Al Hacen travaille dans une association locale, à Arlit, au nord du Niger, où bon nombre de migrants transitent. Il tente de les sensibiliser sur les

dangers de l’émigration clan-destine et les illusions d’une vie meilleure en Europe. « Il y a des passeurs qui ont des pick-ups. Ils les entassent, une bonne trentaine, parfois 35, et les trans-portent du Niger à Tamanras-set, à l’entrée de l’Algérie ou vers la Namibie. Ils paient énormé-ment d’argent avant d’arriver là-bas. Les passeurs leur prennent quelque chose, les gens qui les logent, il y a des ghettos… Ils se cachent ici avant de partir, parce qu’il ne faut pas qu’on les voit. Des fois ils vont à 50 km et ils tombent en panne. Il faut les ramener en ville. Ils ont perdu de l’argent. Ils doivent trouver le moyen de re-tourner ou de continuer, pour ceux qui ont les moyens. On vient pour leur dire que, très sincère-ment, il ne faut pas se faire d’il-lusions sur l’Europe. Même là-bas vous allez dormir dans la rue, vous allez manger dans des pou-belles. Ça n’est pas tout de suite garanti. Même pour des gens qui ont des papiers, alors pour les gens qui n’ont pas de papiers, c’est encore pire.»

Cartographie des migrations clandestines en Afrique

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pour la démocratie dont ils ne cessent pourtant de rabattre les oreilles de ceux qu’ils prennent de haut à chaque occasion de faiblesse anti-démocratique.

Pour tout dire, le pays qui a in-venté la démocratie, ne peut pas plonger dans une tragique désespérance. Suite à un accord obtenu le 15 juillet 2015, le gou-vernement grec très affecté par les exigences boulimiques des créanciers, a déposé les armes. Pourtant rien ne présage d’une bonne harmonie entre euro-péens qui réfléchissent par deux fois avant de rêver d’une Europe qui se sera imposée comme le centre universel de la démocra-tie et du droit. Même si le vent semble irrémédiablement tour-né, ce peuple dont le courage a été immortalisé par l’Illiade d’Homère, l’intelligence par le

miracle grec, trouvera des ap-puis nécessaires pour se sortir de la gadoue.

Quant au reste de l’Europe, la tendance droitière qui s’est enclenchée et donne la confi-guration politique au sein de l’Union Européenne ouvre les yeux un peu endormis par les effets conjugués de la confusion des objectifs, particulièrement, en ce qui concerne le parti-pris des gouvernements dont les politiques d’austérité prônent l’orthodoxie budgétaire mais se prennent les pieds dans des atavismes idéologiques tels que «le tout au privé» et qui pour vendre leurs slogans enfumeurs, renchérissent sur des emplois qui ne sont pas encore créés.

Une autre réflexion que je dois me faire est celle-ci : l’exemple

du traitement fait aux Grecs ne peut-il pas inspirer sérieu-sement les responsables poli-tiques de nos Etats africains ? Quand il survient qu’un pays comme la Grèce, membre de l’U.E., berceau avec le christia-nisme de la civilisation et de la culture européenne, est de cette façon stigmatisé, humilié par ses pairs pour une affaire de gros sous sans que ne soit tenu aucun compte ni de la proximi-té culturelle, politique et stra-tégique, ni de la dimension hu-maine relative aux populations les plus pauvres, qu’en sera-t-il un jour de nos pays enfermés comme des crabes dans les pro-grammes de prêts et rembour-sements du FMI et autres orga-nismes financiers? Les masques sont tombés et c’est toujours bon à prendre.

... Suite de l’éditorial

mieux réguler les flux. Ils pèsent de toute leur force sur les parle-ments libyens rivaux, qui négo-cient la formation d’un gouver-nement d’union pour mettre fin au chaos dans le pays, où l’or-ganisation Etat islamique (EI) s’est implantée.

La stabilité en Libye semble le

seul moyen d’endiguer durable-ment les départs de migrants africains et de réfugiés syriens massés sur ses côtes, alors que les trafiquants profitent de la situation. L’UE promet un «sou-tien», mais reste vague sur les options envisagées.

Les négociations s’annoncent

en revanche très difficiles sur l’accueil des migrants. Mme Mogherini a reconnu qu’il n’y avait «pas de solution facile, de solution magique», mais elle a en même temps appelé «tous les Etats membres» à la «respon-sabilité» pour mettre au point «une véritable politique migra-toire».

Le commissaire européen en charge de la question, Dimitris Avramopoulos, doit présenter à la mi-mai une «stratégie» euro-péenne.

Mais le chef du gouvernement italien Matteo Renzi veut porter le sujet au plus haut niveau po-litique, et réclame un sommet des 28 chefs d’Etat dès cette se-maine.

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Surveiller son tour de taille pour vivre vieux...

Plus vous avez de centimètres en trop sur votre tour de taille, moins vous vivrez longtemps. C’est une étude américaine qui le dit. Une raison de plus pour ne

plus reporter votre régime. Avoir un gros ventre n’est pas qu’inesthétique. En effet, cumuler un surplus de graisse autour de la taille est dangereux pour la santé et aug-mente les risques de mourir plus jeune, d’après les résul-tats de cette étude publiée dans l’édition de Mars de la Mayo Clinic Proceedings.

Les chercheurs de la Mayo Cli-nic ont en effet mis en évidence que les hommes et les femmes avec un large tour de taille mais avec des IMC «normaux» étaient plus susceptibles de dé-céder plus jeunes, de mourir de maladies cardiaques, d’avoir de graves problèmes respiratoires et de développer des cancers. Les chercheurs ont mis en com-mun les données de 11 études de cohortes différentes. Ils ont donc analysé les données mé-dicales de 600 000 personnes.

Par Célia d’Alméida avec Topsante.fr

«En raison de l’ampleur cette étude, les cher-cheurs ont pu montrer claire-ment la contri-bution indé-pendante du tour de taille sur la mau-vaise santé», explique James Cerhan, méde-cin épidémio-logiste de la Mayo Clinic et auteur princi-

pal de l’étude.

Espérance de vie inférieure

Ils ont constaté que les hommes avec un tour de taille de 109 cen-timètres ou plus augmentaient leur risque de mortalité précoce de 50% que les hommes dont la taille est inférieure à 88.9 cm, donc une espérance de vie infé-rieure de trois ans après 40 ans. Les femmes ayant un tour de taille de 94 cm ou plus avaient un risque de mortalité précoce

accrue de 80% que les femmes ayant un tour de taille de 68.5 cm ou moins, donc une espérance de vie inférieure de cinq ans après 40 ans.

Les scientifiques ont aussi remar-qué que le risque augmente de façon linéaire tous les 5 cm de circonférence supplémentaires et qu’il est observé même parmi les personnes aux IMC normaux. «L’IMC n’est pas une mesure parfaite» rappelle le Dr Cerhan. «Cette mesure ne fait pas la dif-férence entre la masse maigre et la masse grasse et n’informe pas sur la localisation de votre masse grasse.»

«Or, la localisation des graisses est cruciale pour déterminer son effet sur l’organisme. Les graisses placées sur les hanches n’ont pas les mêmes conséquences que les graisses abdominales ou celles qui se situent autour de certains organes vitaux comme le cœur, le pancréas ou le foie. On les ap-pelle graisses ectopiques et ce sont les plus délétères. La graisse sur le ventre est associée à des maladies telles que le diabète et les maladies cardiaques»

Dr Cerhan conclue que «les médecins doivent considérer à la fois l’IMC et le tour de taille pour évaluer le risque de morta-lité prématurée liée à l’obésité. Le principal objectif devrait être d’éviter à la fois un IMC et un tour de taille élevés».

> Santé

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ÉCONOMIE

Nous publions dans ce nu-méro plusieurs articles d’experts internatio-

naux sur l’Afrique en géné-ral, en particulier l’Afrique subsaharienne. Cette partie du continent d’avenir est aujourd’hui à la croisée des chemins. Plusieurs points d’achoppement sont soule-vés et qui se trouvent pour l’essentiel dans les péripé-ties de ses relations interna-tionales dont on sait qu’elles sont basées sur les rapports

de force. L’Afrique Noire a-t-elle réagi suffisamment aux entourloupes de leurs par-tenaires occidentaux qui au travers des mécanismes de régulation des rapports entre elle et les pays européens semblaient donner les gages pour une mondialisation ba-sée sur l’équité et l’éradica-tion des écarts scandaleux entre les économiques des pays du Nord et du Sud.

Malheureusement entre les A.C.P et le monde occiden-

tal dans les conventions de Lomé I et Lomé II, les esprits restent tributaires d’une lo-gique purement économiste.

L’Afrique noir a réagi en ordre dispersé dans un dé-bat qui mettait aux prises deux doctrines opposées. Les Africains protectionnistes et on les comprend face aux libre-échangistes européens pour la plupart, ces derniers étant les seuls à tirer les marrons du feu.

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L’Afrique intéresse à nou-veau les investisseurs

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Echanges commerciaux entre partenaires inégaux

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L’Afrique centrale présente l’un des taux de bancarisa-tion les plus faibles du conti-nent

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L’Afrique intéresse à nouveau les investisseurs

Les capitaux investis directement en Afrique en 2014 se sont élevés au total à 128 mil-liards de dollars, en hausse de 136% comparé à 2013, selon une enquête publiée lundi 15 juin 2015 à New York.

L’Afrique est la deuxième des-tination mondiale des investis-sements étrangers, permettant la création d’un nombre record d’emplois sur le continent l’an dernier, selon une étude du ca-binet de conseils et d’audit EY (ex-Ernst & Young).

Le continent noir a attiré 17,1% des investissements directs étrangers dans le monde en 2014, contre 7,8% en 2013. Seule l’Asie-Pacifique a fait mieux, af-firme EY.

Les capitaux investis directe-ment en Afrique en 2014 se sont élevés au total à 128 milliards de dollars, en hausse de 136% comparé à 2013, selon cette enquête publiée lundi 15 juin à New York.

De retour en Afrique du Nord

Les investisseurs sont revenus en Afrique du nord, notamment

au Maroc et en Egypte, attirés par les projets d’agrandissement du Canal de Suez, du métro du Caire, de la modernisation des chemins de fer égyptiens et de la construction d’installations portuaires, résume EY.

Treize projets de construction en Afrique du nord ont attiré 40 milliards de dollars à eux seuls, selon le cabinet, qui ob-serve aussi des investissements de groupes agroalimentaires comme Nestlé et Almarai qui veulent profiter de l’essor de la consommation.

« Les investisseurs estiment que les incertitudes politiques créées par le Printemps arabe ont com-mencé à se dissiper », explique à l’AFP James Newlands, respon-sable chez EY du centre Amé-riques-Afrique.

Explosion de projets hôteliers

L’Afrique sub-saharienne, qui devrait connaître un des taux de croissance les plus importants dans le monde cette année, de-vrait rester attirante grâce à ses ressources naturelles et à l’ex-plosion de projets hôteliers, re-marque EY. Le groupe Marriott International est en train de s’y développer.

Dans l’ensemble, la plupart des fonds sont allés en 2014 vers des méga-projets: en moyenne, 174,5 millions de dollars ont été injectés par projet contre 67,8 millions de dollars en 2013.

Le géant pétrolier français Total a par exemple investi 16 mil-liards de dollars dans un pro-jet pétrolier en coentreprise en Angola baptisé Kaombo, dont les réserves pétrolières sont es-timées à 650 millions de barils, selon EY.

Par AFP

> Economie | Afrique

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Nouvelles tendances

Si les infrastructures et les pro-jets énergétiques se taillent tou-jours la part du lion, EY note l’émergence de nouvelles ten-dances: l’immobilier, l’hôtelle-rie, les médias et les télécom-munications, la distribution, les services financiers et la techno-logie.

Ces capitaux ont permis de créer 188’400 emplois sur le continent, soit une hausse de 68% sur un an, selon EY.

La plupart de ces fonds viennent des investisseurs américains, britannique, français, des Emi-rats arabes Unis, du Portugal, d’Allemagne, de Chine, d’Inde, d’Espagne, mais aussi d’Afrique du Sud.

Encore du travail

Toutefois, l’Afrique a encore beaucoup à faire pour com-plètement séduire les investis-seurs, selon EY.

Sur les 501 entrepreneurs et diri-geants d’entreprises interrogés par EY pour cette enquête, 55% estiment que l’instabilité poli-tique en Afrique reste un frein aux investissements. Viennent ensuite la corruption, l’insé-curité, le manque d’infrastruc-tures, le manque de personnels compétents, l’absence de trans-parence en matière règlemen-taire et l’absence de mesures incitatives en matières fiscale et financière.

Ces barrières ont affecté le nombre de projets lancés par les investisseurs étrangers en 2014: ceux-ci ont baissé de 8,4% contre 3,1% en moyenne dans le monde.

L’Afrique centrale présente l’un des taux de bancarisation les plus faibles du continent

Le ministre congolais de l’Economie, des Finances et du Budget, Gilbert Ondongo, a annoncé lundi à Brazzaville le faible taux de bancarisation en Afrique centrale qui est de 5 à 7 % contre en moyenne contre 50 à 60 % au Maghreb, à l’ouverture de la conférence régionale sur l’inclusion financière en Afrique centrale, a constaté la PANA.

‘’En fin d’année 2012, le taux de bancarisation n’y était que de 5 à 7 % en Afrique centrale en moyenne contre en moyenne 50 à 60 % au Maghreb. Le ratio du crédit privé au Produit intérieur brut (Pib) est à moins de 10% en Afrique centrale contre 142% en Afrique du sud, 127% en Chine, 30% au Sénégal et à peu près de

20% en Côte d’Ivoire, a déclaré Ondongo.

Selon lui, l’insuffisante inclusion financière en Afrique centrale a tendance à entretenir la pau-vreté et a freiné le rythme ainsi que la diffusion de la croissance dans les pays de la sous-région. « Les principales causes de la sous-financiarisation sont le

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L’Afrique centrale présente l’un des taux de bancarisation les plus faibles du continent

> Econimie | Afrique Centrale

faible niveau des revenus natio-naux et du revenu par habitant. Il est aujourd’hui établi que plus le revenu national et le revenu par habitant sont faibles, moins dense est le système financiers du pays », a-t-il précisé.

« Dans plusieurs établissements bancaires, l’ouverture d’un compte, par exemple, n’a lieu qu’à la condition d’un premier versement minimum, consistant le plus souvent en montant éle-vé. A cette condition rédhibitoire s’ajoutent d’autres telle que l’obli-gation de disposer d’un revenu permanent, stable et suffisant pour alimenter régulièrement le compte », a dénoncé Ondongo.

En Afrique centrale, l’offre du

crédit bancaire reste très sélec-tive, même si l’on note que le vo-lume de crédits octroyés est en constante augmentation depuis le milieu des années 2002. Selon une étude de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), le nombre de prêts et de bénéficiaires de crédits en proportion des personnes adultes dans la zone Commu-nauté économique et moné-taire d’Afrique centrale (Cemac) représente respectivement 1,8% et 1,9%.

Presque en Afrique centrale, les conditions à remplir et les ga-ranties à donner pour obtenir un prêt paraissent insurmon-tables à la grande majorité de la

population adulte.

De son côté, la directrice ad-jointe, département Afrique du Fonds monétaire internatio-nale, Anne-Marie Gulde-Wolf, a affirmé que « l’inclusion finan-cière favorise la croissance inclu-sive. Il est maintenant reconnu qu’un système financier acces-sible peut contribuer à améliorer les perspectives économiques et sociales, en particulier dans les pays aspirant à l’émergence ».

« Un meilleur accès aux services financiers permet aux popula-tions démunies de s’affranchir des contraintes rigides des tran-sactions menées en espèces; de commencer à épargner; de rece-voir des microcrédits pour inves-tir », a ajouté Mme Gulde-Wolf.

La conférence régionale sur l’in-clusion financière en Afrique centrale, qui regroupe près de 200 praticiens du financement des infrastructures, des mi-nistres des Finances, des gou-verneurs de Banques centrales et autres décideurs, va leur per-mettre d’échanger sur les défis de politiques et les risques de supervision liés à l’élargisse-ment de l’accès aux services fi-nanciers.

Luc-Adolphe Tiao (image : africatopsports.com)

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En mars de l’an 2014 à Bruxelles, 61 chefs de gouvernement et hauts responsables, africains et européens, se sont réunis. Après deux jours de délibérations, ils ont publié un accord de 63 points énonçant des platitudes telles que “Nous sommes fiers de l’étendue de notre partenariat” ou “Nous sommes convaincus

> ECONOMIE | l’Afrique & l’UE

L’Afrique & l’UE recherchent un accord jusque-

là hors de portée. Confrontée aux défis de l’économie mondiale, l’Afrique est contrainte de faire des choix dif-ficiles lors des négociations d’accords commerciaux avec ses principaux partenaires économiques, notam-ment l’UE et les Etats-Unis. Parallèlement, le commerce intra-africain réclame toujours des solutions.

que la croissance sera mutuelle-ment bénéfique.”

De tous les sujets abordés – les combats en République centrafricaine, la démocratie, l’intégration régionale, l’immi-gration, l’aide au développe-ment - c’est le fléchissement des relations commerciales

entre l’Afrique et l’UE qui était le plus crucial. Le président sud-africain, Jacob Zuma, dont le pays est l’un des partenaires africains les plus importants de l’UE, n’a pas assisté au sommet, par solidarité avec le président zimbabwéen, Robert Mugabe, qui a refusé de se rendre en Bel-gique car sa femme n’a pas obte-nu de visa. “Il faut cesser de nous considérer comme des sujets et nous dire qui doit ou ne doit pas venir”, a-t-il déclaré. Son boy-cott avait été l’un des incidents qui ont émaillé les négociations interminables.

Le Président de la Commission européenne, José Manuel Bar-

Echanges

commerciaux entre partenaires

inégauxPar Kingsley Ighobor

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Echanges

commerciaux entre partenaires

inégaux

roso, a réitéré que l’UE préfé-rait établir un partenariat avec les pays africains sur un pied d’égalité, mais selon Christo-ph Hasselbach, rédacteur de la Deutsche Welle, seule l’Afrique du Sud, l’économie la plus so-phistiquée du continent, pour-rait l’être.

Les négociations en vue d’un accord commercial ont débuté en 2000, après la signature par l’UE et 79 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) de l’Accord de Cotonou sur le commerce, l’aide et les rela-tions politiques, qui stipulait que des accords de partenariat économique (APE) devaient

être signés au plus tard en 2008. Les APE exigent la réduction des tarifs douaniers sur les im-portations et les exportations, mais les parties divergent sur les modalités. Néanmoins, 14 pays dont l’île Maurice, Mada-gascar, les Seychelles et le Zim-babwe, ont accepté des APE intérimaires permettant aux pays d’exporter vers le marché européen en franchise de droits et facilitant les importations de l’UE sur 15 à 25 ans. L’île Mau-rice a accepté d’ouvrir son mar-ché aux produits européens sur 15 ans. Pour protéger les in-dustries locales, les signataires peuvent exclure des produits comme Madagascar qui a exclu les exportations européennes de viande, de tabac, de sucre et de produits chimiques.

Avec la Convention de Lomé de 1975, l’UE accordait des préfé-rences commerciales “non ré-ciproques” aux pays ACP pour l’exportation de matières pre-mières agricoles et minérales

en franchise de droits vers l’UE. Aujourd’hui, elle veut les remplacer par les APE “réci-proques”, de sorte que les pays

ACP puissent ouvrir leurs mar-chés aux exportations de l’UE. Or l’Afrique n’est pas pressée de libéraliser ses marchés.

La pomme de discorde

“Les pays africains sont dans l’ensemble protectionnistes, donc la libéralisation bénéficierait à l’UE”, écrit Paul Collier, direc-teur du Centre d’étude des éco-nomies africaines à l’Universi-té d’Oxford. L’Afrique n’adhère pas aux APE car elle craint que les entreprises européennes l’inondent de produits meilleur marché, provoquant ainsi la destruction des industries lo-cales naissantes. L’abaissement des tarifs douaniers provoque-rait la réduction des recettes publiques nécessaires pour in-vestir entre autres dans l’agri-culture, la santé et l’éducation.

James Asare-Adjei, le président de l’Association des indus-tries du Ghana, affirme que le pays compte sur les recettes douanières pour financer son développement et qu’un APE

pourrait faire perdre jusqu’à 300 millions de dollars par an. Aliyu Modibo Umar, un ancien

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Les Chefs d’Etat de la CEMAC (image : africasunu.com)

Ministre du commerce nigé-rian, déclare : “Si 30 années de libre accès au marché de l’UE non réciproque n’ont pas amé-lioré la situation, comment un accord réciproque pourrait-il mieux faire?” BinguwaMu-tharika, le défunt président du Malawi, a qualifié les APE de “tactique égoïste promue par l’UE visant à diviser pour mieux régner.”

L’UE reconnaît que les APE vont créer plus d’emplois en Europe mais note que l’Afrique a tout à gagner d’une meilleure stabilité éco-nomique, des possibilités de formation, du transfert de connaissances, et d’exporta-tions plus importantes. L’UE indique sur son site Internet que “pendant plus de 30 ans, les pays ACP ont bénéficié d’un accès préférentiel au marché européen qui n’a pas réussi à stimuler les économies locales ni la croissance.”

Mise en œuvre provisoire

L’UE promeut l’accord sur la facilitation des échanges (FE) de l’OMC, conclu l’an dernier à Bali, visant à ré-duire les coûts d’exploitation en minimisant les procédures né-cessaires au transport de biens et de services entre pays. Cet accord émane du cycle de négo-ciations de Doha en 2001 et ex-horte les pays à adopter des pro-cédures douanières efficaces. L’Afrique n’est pas convaincue de ses avantages supposés. Les ministres africains du com-merce ont convenu d’une mise en œuvre provisoire selon une clause de l’accord de Bali. Mais l’UE est déterminée à engager un bras de fer pour une applica-

tion intégrale.

Les négociateurs de l’UE qui étaient à Malabo au cours du sommet de juin de l’Union afri-caine (UA), ont accru la pres-sion sur les dirigeants pour les amener à revoir leur position. Un responsable de l’UA a qua-lifié cette approche de “bras de fer sans précédent dans le cadre d’une rencontre des chefs d’État africains.” Irrités par ces pres-sions, le Nigéria, la plus grande économie d’Afrique, et l’île Mau-rice, l’une de ses économies les plus dynamiques, ont annon-

cé qu’ils pourraient revenir sur leur acceptation provisoire.

Mais l’Afrique pourrait ne pas tenir longtemps face aux me-naces de l’UE de supprimer l’aide et celles des États-Unis de ne pas renouveler la Loi sur la croissance et les potentialités de l’Afrique (AGOA) qui doit ex-pirer en 2015. Adoptée en 2000, elle stipule que l’Afrique peut exporter certains produits en franchise de droits aux États-Unis.

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Les Chefs d’Etat de la CEMAC (image : africasunu.com)

Des failles dans la position de l’Afrique

L’OMC milite pour la mise en œuvre totale de l’accord FE. Son Directeur général, Roberto Azevêdo, a averti qu’une mise en œuvre provisoire pourrait se traduire par une diminution de l’aide au développement. “Les décisions prises à Bali seraient compromises.” AngelosPangra-tis, l’envoyé de l’UE à l’OMC, affirme que “La crédibilité de la fonction de négociation de cette organisation [OMC] est une fois de plus en cause.” Mais Nelson

Ndirangu, direc-teur de l’économie et du commerce extérieur au mi-nistère kényan des Affaires étrangères, s’étonne que l’UE s’oppose à la pro-position “de mettre en œuvre l’accord de facilitation des échanges sur une base provisoire conformément à la Déclaration de Doha. Il y a deux poids deux me-sures.”

À l’issue du som-met de Malabo, des divisions sont apparues. “Nous n’avons jamais dit que nous ne met-trons pas en œuvre l’accord FE, mais nous ne savons pas comment le faire,” affirme M. Ndi-rangu, renvoyant la balle dans le camp de l’UE. Mais l’Afrique du Sud, l’Ouganda, la Tan-

zanie et le Zimbabwe ont exhor-té l’Afrique à ne mettre l’accord en œuvre qu’une fois que l’UE aura concrètement démontré son engagement à fournir une aide. Or selon l’accord FE, cet engagement n’est pas contrai-gnant.

L’éveil de l’Asie

La croissance des échanges de l’Afrique avec l’Asie, notam-ment la Chine, préoccupe l’UE, affirme M. Hasselbach. La part de l’Afrique dans le commerce mondial a augmenté de façon

constante, passant de 277 mil-liards (2,3 %) en 2001 à environ 1 000 milliards de dollars (4,6 %) en 2011, selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement. Alors que l’UE est encore le partenaire commercial le plus important de l’Afrique, le commerce avec l’Asie a augmenté de 22 % du-rant cette période, contre 15% avec l’UE. En outre, la contribu-tion de l’UE aux importations de produits manufacturés est tombée de 32 % en 2002 à 23 %, tandis que la part de l’Asie a augmenté de 13 % à 22 % en 2011.

Selon certains experts les craintes liées à l’accord FE peuvent être exagérées. Patrick Kanyimbo et Calvin Manduna, spécialistes du commerce au-près de la Banque africaine de développement, soutiennent qu’un accord FE permettra de réduire la complexité des opé-rations douanières et viendra compléter “les investissements d’infrastructure sur le continent, en particulier dans le secteur des transports.”

Les relations commerciales entre l’UE et l’Afrique connaî-tront sans doute de nouveaux aléas en cette année 2015, date butoir pour la mise en œuvre de l’accord FE. Les grandes éco-nomies comme le Nigéria et l’Afrique du Sud durcissent le ton, mais les autres sont plus réservées. Rashid Pelpuo, le mi-nistre d’Etat ghanéen aux par-tenariats public-privé, note que les accords commerciaux sont toujours liés à “l’aide, l’assistan-ce technique et politique ... Ne pas signer coûterait trop cher.”-Seul le temps dira si, ou quand, l’Afrique acceptera ces accords.

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Poursuivez vos études universitaires aux États-Unis, en Angleterre ou au Canada grâce à

Les statistiques démontrent que 60% des candidats univer-sitaires ne trouvent pas leur voie vers les cours qui leurs conviennent le mieux. Bright Quest est là pour contribuer à réduire ce pourcentage.

Qu’est-ce que Bright Quest ?

Nous sommes un cabinet de conseils qui fournit des services aux jeunes dynamiques, à tra-vers le monde, désirant se diri-ger vers les universités anglo-phones situées aux États-Unis, au Royaume-Uni ou au Canada.

Quels sont les services que votre entreprise fournit aux personnes intéressées ?

Nous fournissons un service d’orientation académique per-mettant aux jeunes de trouver les études qui leurs corres-pondent le mieux. Nous locali-sons et sélectionnons les meil-leures universités en fonction du programme choisi et pre-nons en charge TOUT le proces-sus d’inscription universitaire (processus qui est assez com-

plexe dans le système éducatif anglophone).

Par la suite, nous examinons et certifions tous les documents scolaires requis par l’universi-té et accompagnons également l’étudiant dans ses demandes d’aides financières.

Délivrez-vous, au sein de votre entreprise, des visas aux can-didats ?

Non, nous ne délivrons pas de visa, nous ne sommes pas une ambassade. Néanmoins, tous les candidats qui en ont besoin sont accompagnés par notre équipe tout au long de la procé-dure de demande de visa. Nous leurs délivrons des conseils ef-ficaces qui leurs permettront l’octroi de leur visa.

Vos services sont-ils payants ?

Oui, nos services sont payants suite aux différents frais qu’en-gendrent les démarches d’ins-cription. Nos prix diffèrent également en fonction de la pé-riode d’inscription de l’étudiant et des services qu’il souhaite bé-

néficier.

En promouvant les études américaines, anglaises et ca-nadiennes vous mettez en avant le système anglophone. Selon vous, pourquoi ce type d’éducation est-il le meilleur ?

Les universités anglophones sont souvent mieux position-nées parmi les meilleures au monde.

En 2014, 89% des diplômés an-glophones ont trouvé un em-ploi, par contre nous tombons à un taux de 64% dans les autres catégories d’universités. Ceci s’explique tout simplement par le fait que l’éducation anglo-phone est basée à 50% sur la théorie et 50% sur la pratique. Comparée aux autres systèmes éducatifs, ceci fait toute la dif-férence et cela se traduit par le fait que ces diplômés ont beau-coup plus de valeurs aux yeux des employeurs car ils ont en plus de leur diplôme, de l’expé-rience pratique.

De nos jours, les employeurs ne

> Société – BRIGHT QUEST

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prêtent plus seulement atten-tion au diplôme mais également à l’expérience pratique.

Les établissements universi-taires anglophones sont-ils coûteux ?

De manière générale, il est vrai que les universités anglophones sont plutôt onéreuses. Mais, il faut savoir, que celles-ci dis-posent de beaucoup plus de moyens qui leurs permettent de recruter davantage de profes-seurs, et de mieux équiper leurs salles de classe avec des appa-reils à la pointe de la technolo-gie, par exemple.

D’ailleurs, beaucoup d’entre-prises investissent dans ces ins-titutions. Après leurs études, les étudiants ont donc beaucoup plus de chances de bénéficier d’un soutient en terme de de-mande d’emploi.

Il faut également savoir que les diplômes de la majorité des uni-versités anglophones sont ré-putés au niveau mondial. Nous pensons donc que: « Certes c’est un investissement, mais qui vaut vraiment la peine ! »

Dans quels pays sont situées vos filiales ?

Notre siège social est établi à Londres mais nous avons une branche représentative à New York, Taiwan, et Kinshasa pour l’Afrique Centrale.

Prochainement, nous ouvri-rons trois nouvelles succur-sales, à Dakar (Sénégal) pour la branche d’Afrique de l’Ouest, à Marrakech pour l’Afrique du nord, et à Johannesburg pour l’Afrique anglophone.

Pourquoi avez-vous choisi Kinshasa pour représenter

l’Afrique Centrale? »

Premièrement, le Congo est un grand pays et sa situation géo-graphique nous donne plus de facilités pour atteindre les pays situés aux alentours.

Deuxièmement, nous avons choisi une ville dynamique, qui évolue à grande vitesse grâce au nombre de jeunes talentueux.

Finalement, nous pensons, que dans l’avenir le Congo attein-dra une croissance économique considérable au vue de sa com-position démographique, prin-cipalement composée d’une po-pulation jeune.

Quel sera l’impact du déve-loppement de vos services en République Démocratique du Congo ?

Il faut savoir que pour notre mis-sion d’implantation en Afrique centrale, notre but est de faci-liter l’accès des jeunes africains au sein des meilleures écoles anglophones situées dans les trois pays cités précédemment.

Nous voulons également créer une vague de jeunes qui retour-neraient dans leur pays natal munis de leurs atouts et compé-tences nouvellement acquises.

Nous voulons montrer les op-portunités de développement et de croissance que présente

l’Afrique. Nous pensons que celle-ci représente le futur et qu’il est grand temps que ces jeunes construisent l’Afrique de demain.

Nous voulons montrer les op-portunités de développement et de croissance que présente l’Afrique. Nous pensons que celle-ci représente le futur et qu’il est grand temps que ces jeunes construisent l’Afrique de demain.

Nous voulons donc sensibili-ser les jeunes aux diverses op-portunités que présente leur continent et surtout changer les mentalités de ceux qui pensent encore que l’Eldorado se trouve en Europe ou aux États-Unis.

Au jour d’aujourd’hui, le marché européen est un marché com-plètement saturé et l’Afrique s’avère être l’endroit idéal pour développer une start-up.

Filiale d’Afrique centrale

5B, avenue des Ambassa-deurs, commune de la Gombe,

Kinshasa, R.D.C.Téléphones :

+243 84 104 9180 / +243 82 606 1414

E-mail : [email protected]

Site web : www.thebrightquest.com

NOS SERVICES1. Service d’orientation académique2. Localisation et sélection des meilleures universités3. Assistance dans la procédure d’inscription universitaire (éva-

luation, traduction et certification des documents requis).4. Assistance dans la procédure de visa d’études5. Sécurisation d’un logement universitaire6. Arrangement d’un moyen de transport à votre arrivée7. Pour les services supplémentaires, veuillez visiter notre site

web ou contacter notre branche pour de plus amples infor-mations

Onésha Afrika • Août - Septembre 2015 • Page 41

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Mariages précoces, enfances volées

Aujourd’hui, 700 mil-lions de femmes dans le monde ont

été mariées avant l’âge de 18 ans. Et c’est toujours la pauvreté qui pousse les familles à marier leurs filles parfois dès l’âge de 10 ans. L’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne sont les régions où cette pratique est la plus répan-due. Regards croisés entre Heather Barr, de l’ONG Human Rights Watch, et le Dr Kadiatou Keïta, de l’ONG Iamaneh Mali, sur un phénomène qui a des conséquences sociales et sanitaires désastreuses. Le constat gagnerait à ne pas être généralisé. Le phéno-mène évoqué participe également de l’énorme diversité de sous-cultures en Afrique subsaharienne qui se conjugue à des systèmes d’évolution so-cio-économique. En RDC par exemple, où les popu-lations notamment celles des zones rurales intermé-diaires ont été impactées par les programmes des télévisions et radios édu-catives, ces pratiques ont donc ainsi perdu de leur caractère inévitable et sont largement criminali-sées.

Par Juliette Gheerbrant, Rfi et Onésha Afrika

Une fille mariée est une bouche de moins à nourrir voire une dot qui a m é l i o re -ra tempo-rairem ent l’ordinaire. Cette réali-té concerne de nom-breux pays. Le Bangla-desh en fait partie. Heather Barr a dirigé une enquête approfondie sur les mariages d’enfants dans ce pays, où 29 % des fillettes sont mariées avant 15 ans. Lors-qu’une famille n’a pas, ou plus, les moyens d’envoyer sa fille à l’école, le mariage s’impose comme une norme sociale, ex-plique le rapport.

La dot pour changer l’ordinaire

Mais au Bangladesh, un autre facteur intervient, lié à la vul-nérabilité du pays face aux ca-tastrophes naturelles et à l’envi-ronnement. Souvent, le lien avec le mariage est indirect. Ainsi, un cyclone ou un glissement de terrain vient appauvrir encore les foyers les plus fragiles, pour-suit Heather Barr. Mais il est parfois direct : « Certaines fa-milles perdent leur terre et leur

maison à cause de l’érosion des berges, indique la chercheuse. Elles voient arriver le phéno-mène, elles savent qu’elles vont perdre leur maison et donc se dépêchent de marier leur fille, parce qu’il sera plus difficile de lui trouver un mari après ».

La coutume joue également un rôle important dans les ma-riages d’enfants. Dans tous les pays, on remarque d’ailleurs de grandes disparités entre les capitales et les régions rurales, parfois très isolées, où les tra-ditions sont plus ancrées. C’est le cas au Mali, explique le Dr Kadiatou Keita qui travaille pour l’ONG suisse de dévelop-pement Iamaneh : « Chez nous, par exemple, on fiance parfois les enfants avant même la nais-sance. Entre parents, on peut se dire: quand tu accouches, si c’est une fille, je la réserve pour mon fils. A la naissance, on attache alors un morceau de pagne au poignet de la fille. » Par ailleurs, la société accorde plus d’importance aux garçons qu’aux filles, poursuit-elle, et ces dernières peuvent être considé-

> Société

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Page 43: Onésha Afrika 17

rées comme un fardeau dont on se libère en les mariant.

Mariée pour éviter le viol

Au Bangladesh, cette discrimi-nation va plus loin : certaines fa-milles marient leur fille simple-ment pour éviter qu’elles soient enlevées ou violées, a constaté Heather Barr : « Les filles sont souvent harcelées sur le che-min de l’école ou menacées. Il arrive qu’un garçon dise à une famille : « Je vais épouser votre fille et si vous ne voulez pas, je l’enlèverai «. Les familles que j’ai rencontrées semblaient dans l’incapacité de demander l’aide des autorités, souvent peu pré-sentes dans ces régions isolées, et elles se disaient que le meil-leur moyen de protéger leur fille était de la marier ».

Mais un mariage précoce ne protège pas les jeunes filles de la violence, constate le Dr Kei-ta, car elles ne sont pas prêtes à assumer le rôle d’épouse et de maîtresse de maison : « La jeune fille ne peut pas dire par exemple si elle souhaite ou non avoir des rapports sexuels, elle est toujours forcée et abusée par son mari. Si elle refuse, il peut y avoir des violences phy-siques. Si elle ne fait pas bien les travaux domestiques, elle peut recevoir des coups. Elle est exposée à toutes les violences,

sexuelles, physiques, psycholo-giques ».

Les grossesses arrivent très vite, et là non plus ces jeunes ne sont pas prêtes. Une fille qui accouche avant l’âge de 15 ans risque cinq fois plus de mourir en couche qu’après 20 ans. Les complications liées à la gros-sesse et à l’accouchement ex-posent ces filles à des risques de lésion comme la fistule obsté-tricale. Elles risquent aussi des hémorragies, des ruptures uté-rines. La mortalité maternelle et la mortalité infantile est très élevée chez les jeunes mariées trop tôt, conclut le médecin. Par ailleurs, ces dernières sont en général privées d’éducation et n’ont pas la possibilité d’accéder à une certaine autonomie éco-nomique, et elles sont souvent confinées au foyer.

Faire appliquer la loi

Au Mali, l’âge légal du mariage des filles est fixé à 16 ans. Il est urgent de le relever à 18, estime le Dr Kadiatou Keita. Mais quel que soit l’âge légal ou le pays concerné, le principal sou-ci, selon Heather Barr, réside dans l’application des textes. « Au Bangladesh, j’ai vu des res-ponsables locaux très motivés, prêts à intervenir pendant des mariages ou à aller parler aux familles pour leur expliquer les

risques qu’elles font courir à leurs filles. Mais dans le même temps, lorsqu’on demande aux jeunes filles comment le ma-riage a eu lieu, la réponse est toujours la même : leur famille a payé pour obtenir un faux certi-ficat de naissance. Les fonction-naires territoriaux acceptent des pots-de-vin pour faciliter le mariage des enfants. La loi ne sert à rien si on ne met pas un terme à ces pratiques. Le gouvernement a le pouvoir de le faire mais cela demande des efforts pour contrôler l’appli-cation des textes à tous les ni-veaux administratifs du pays. »

Des progrès à renforcer

Aujourd’hui dans le monde, 700 millions de femmes ont été mariées avant l’âge de 18 ans (contre 150 millions de gar-çons). Une sur trois vit en Inde, deuxième pays le plus peuplé de la planète. En pourcentage de la population, les cinq pays les plus touchés sont le Niger, le Tchad et la République cen-trafricaine, le Bangladesh et le Mali. La tendance générale est à la baisse, surtout en ce qui concerne les enfants de moins de 15 ans, constate l’Unicef dans son rapport 2014 (en anglais). Mais si les efforts ne sont pas amplifiés, les chiffres risquent d’augmenter en raison de la dé-mographie de l’Asie du Sud.

Page 44: Onésha Afrika 17

La cuisine africaine en quête de nouveaux adeptes en France

En France, la cuisine africaine peine à s’imposer au-près du grand public. Pas facile pour les restaurants sénégalais, ivoiriens ou camerounais, de rivaliser

avec les cuisines françaises, italiennes ou chinoises. Pourtant, les adresses ne manquent pas et de nouveaux chefs émergent, bien déterminés à faire sortir leur art cu-linaire du “ghetto”.

« Ce soir, italien ou chinois ? » : amorce usuelle, prélude au voyage culinaire. Mais, en France comme dans de nom-breux pays européens, le ré-flexe reste moins évident pour les « restos africains ». De-puis quelques mois, pourtant, l’Afrique à la carte attise l’appé-tit des entrepreneurs, mais aus-si celui de gourmets néophytes et de chefs se voyant ambassa-deurs d’un continent largement sous-représenté.

Une nouvelle vague de restau-rants africains émerge, à la fois « exotiques », modernes et pra-tiques, comme en témoigne le

Par Akouavi Assogba-Migan

concept « Osè - African Cuisine » (Paris Xe). Imaginé par Mor-laye Touré, d’origine guinéenne, Gabriel Stein, métis malgache, et Hassoun Camara, d’origine sénégalaise. Quand on leur de-mande leur motivation, les trois amis trentenaires évoquent leur propre expérience et les diffi-cultés rencontrées dans les res-taurants africains classiques : décoration parfois caricaturale, salle trop bruyante et lenteur du service.

Décidés à faire mentir ces sté-réotypes, et après une étude de marché, ils ont récemment ouvert « Osé ». « Notre but est

d’interagir avec le client afin qu’il comprenne ce qu’il dé-guste et qu’il se familiarise avec les divers aspects de la cuisine africaine », souligne Gabriel. En entrant, un tableau en quatre étapes propose une offre à la fois variée et interchangeable : « la base », accompagnements au riz blanc ou riz rouge mal-gache, « les sauces », au nombre de sept différentes, un choix de viandes ou de crevettes et, en-fin, « le piment maison » allant crescendo - du doux gingembre, on monte en gamme avec le tamarin puis la mangue, pour culminer avec le piment « Osè ». Et Morlaye Touré promet de prochaines nouveautés : « Des bananes plantains, des mets africains plus régionaux, un plat végétarien, et la livraison à do-micile, sachant que c’est le dé-but puisqu’on vise la franchise ! ». Si beaucoup d’autres adresses existent déjà, tel que « Best Afri-ca » pour le fast-food ou dans un genre plus classique encore le « Mono », le « Dogon » ou en-

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core le « Rio dos Camaros » qui, depuis 1994, s’évertue à s’ou-vrir à une clientèle au-delà sa diaspora, « Osè » inaugure une manière résolument moderne d’enfin aborder l’Afrique par le menu !

Du « ghetto » aux « bobos »

Les fruits, légumes et condi-ments africains ont long-temps été difficiles à trouver en France. Ce qui a contribué

à la « ghettoïsation » de cette gastronomie aux produits issus d’un terroir exotique : poissons séchés, gombo, sorgho, manioc,

igname, bissap, safou, viande de brousse, etc. « Nous sommes l’une des dernières cuisines où les produits sont bruts, non ma-nufacturés », souligne le chef Alexandre Bella Ola du restau-rant « Rio de Camaraos » et au-teur du livre Cuisine actuelle de l’Afrique Noire ( éditions First-Gründ, 2012).

Dans les années 1960, ces res-taurants s’adressaient pour la

plupart aux seuls migrants travail-leurs puis, par la suite, à une clien-tèle issue de la diaspora. À partir des années 1980, de nombreux res-taurants africains ont ouvert, en ré-gion parisienne, mais la cuisine afri-caine peine à réel-lement sortir du « ghetto ». Certains tentent de rectifier le tir avec une cer-taine créativité : « Le Stendhal » (Pa-

ris XXe), par exemple, met « les deux cultures dans l’établisse-ment et dans l’assiette, tout en faisant sortir la cuisine africaine du ghetto », selon David Souma.

Ce Français d’origine sénéga-lo-guinéenne compte vingt ans d’expérience en restauration française. Son nouveau défi : jongler entre carte française le jour et cuisine africaine le soir, dans un cadre d’authentique bistrot parisien. Une approche contemporaine et atypique, dont le succès « surprend » le restaurateur au point qu’il pré-pare l’ouverture d’une seconde adresse parisienne…

L’Afrique, mal exportée ?

En province, des villes inatten-dues s’y mettent. Ainsi à Nice, le « Planet Mafé » ou encore « Le Duplex » font le plein d’une clientèle en quête de nouveau-té et de convivialité. Cela dit, la cuisine africaine sort de l’ombre au moment où d’autres cui-sines étrangères occupent le paysage gastronomique depuis de longues années. Comment expliquer un tel retard ? Sous la pression coloniale, puis dans un désir d’intégration, les géné-rations à même de faire évoluer le commerce de cette cuisine ne se sont pas particulièrement in-vesties dans le secteur de la res-tauration. En outre, au moment des premières migrations vers la France, la cuisine « afro » ne se

L’art culinaire africain se dévoile en Occident ...

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trouvait que dans des cercles fa-miliaux et n’a suscité de curiosi-té que chez les personnes ayant de sérieuses attaches avec le continent; la seule exposition/marchandisation extérieure de cette cuisine se trouvant au sein de foyers de travailleurs.

Il fut un temps où seuls les res-taurants destinés à la diaspora, reprenant les codes du pays, avaient pignon sur rue, car « la commercialisation et la pré-sentation culinaire ne font pas partie des habitudes africaines en milieu rural. Elles ont émer-

gé en milieu urbain avec l’exode rural depuis une cinquantaine d’années avec des formes de res-tauration informelles telles que les maquis ou le ganda, vers la restauration classique », précise Alexandre Bella Ola, qui s’est in-téressé à la problématique.

Une mosaïque de spécialités à découvrir

Mais au juste, quand on parle

de cuisine africaine, de quel pays parle-t-on ? L’Afrique, ce sont cinquante-quatre Etats re-couvrant une réalité ethnique encore plus foisonnante, donc au moins autant de traditions culinaires. Or, pour le grand pu-blic non africain, seuls les plats sénégalo-maliens sont identi-fiés, comme le mafé (sauce ara-chide), le célèbre thiéboudienne (riz au poisson sénégalais) ou le yassa (plat au poulet ou au pois-son à base d’oignons avec de la moutarde, du citron). Des plats moins traditionnels qu’il n’y paraît, selon le chef Alexandre

Bella Ola : « Le thiéboudienne, le yassa, le mafé sont des plats urbains apparus il y a une cin-quantaine d’années au Sénégal avec des brisures riz cuit façon risotto, mais à la vapeur et non mouillé comme à l’italienne. Leur seule particularité c’est leur nom, car ils sont simples à réaliser dans le monde entier ». En revanche, le n’dolé came-rounais (plat à base de feuilles vertes amères, cousin de l’amen-

vivè au Bénin, ou de l’aloma au Togo) demande plus de dextéri-té et de patience : vingt-quatre heures de préparation.

D’autres cuisines - notam-ment ivoirienne, togolaise ou éthiopienne - ont aussi leurs spécificités, mais sont encore mal connues du grand public. Pour déguster les mets d’autres pays africains, le néophyte doit donc avoir « le » bon carnet d’adresses, ce qui n’était pas tâche aisée avant l’arrivée d’in-ternet et le succès des sites de

réservation en ligne. Mais pour Alexandre Bella Ola, l’autre clé de la réussite - essentielle - « c’est la connaissance du pro-duit d’origine et la maîtrise du métier de la restauration par une formation dans une école (européenne) qui permettra de s’adapter à cette nouvelle clien-tèle. »

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L’Erythrée honore l’Afrique

Avec son compatriote Merhawi Kudus, Daniel Teklehaimanot sera le premier Noir africain à cou-rir le Tour de France depuis sa création en 1903.

Avec l’équipe sud-africaine MTN-Qhubeka, l’Érythréen de 26 ans va écrire une nouvelle page de l’histoire de la Grande Boucle. Des montagnes d’Érythrée aux 21 lacets de la montée mythique de l’Alpe d’Huez, Teklehaimanot a réalisé un parcours incroyable.

Par Farid Achache

À Saint-Gervais dans les Alpes, en juin, il régnait comme un pe-tit air de Tour de France durant le Critérium du Dauphiné : cara-vanes sur le bas-côté et cyclistes amateurs comme supporters… Sur la route, l’Erythréen Daniel Teklehaimanot, certainement le coureur le moins connu du peloton, maillot de meilleur grimpeur sur le dos, faisait le spectacle. Et au fil des jours, cet homme venu de l’Est de l’Afrique est devenu l’attraction du Critérium du Dauphiné.

À chaque fin d’étape, le public découvrait sur le podium pro-tocolaire ce jeune homme sec et élancé, venu d’un pays, l’Ery-

thrée, que beaucoup de per-sonnes ne pourraient pas pla-cer sur une carte, à commencer par son directeur sportif belge, Jean-Pierre Heynderickx. Il a dû consulter une mappemonde à son arrivée dans l’équipe. Lors de la prochaine Grande Boucle, ils seront sûrement nombreux à chercher la capitale Asmara sur le globe.

Une opération cardiaque en Suisse

Daniel Teklehaimanot pose ses valises en Suisse en janvier 2009 sans aucun problème de visa. Quelques mois plus tard, le président de la Fédération érythréenne de cyclisme profite

Le tour de France b i e n

qu’ayant son existence grâce aux Français et se déroule en France avec des étapes des dé-buts du tour dans certains pays européens, est devenu une com-pétition de portée mondiale par l’engouement qu’il suscite par-mi les medias de toute la pla-nète.

Dans ce sens le fait qu’un Afri-cain originaire d’un petit pays de la corne de l’Afrique ancien territoire colonisé par l’Italie et mis sous protectorat éthio-pien après la chute de Mussolini peu avant la fin de la deuxième guerre mondial, se voit attri-buer cet honneur qu’excite la fierté de ses compatriotes et de tous les Africains. Le journaliste FARI ACHACHE qui l’a rencon-tré trace de lui ce portait tou-chant.

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des Championnats du monde en Italie pour se faire la belle. Depuis, les athlètes érythréens ont énormément de mal à sor-tir de leur pays, dirigé d’une main de fer. Daniel Teklehai-manot a donc eu chaud. Lors du Critérium du Dauphiné, Da-niel Teklehaimanot et son futur mentor se sont parlé tous les jours. Michel Thèze a décroché le premier contrat professionnel de l’Erythréen et c’est encore lui qui a tout fait pour que le jeune homme se fasse opérer du cœur juste après son arrivée en Suisse. Les médecins lui avaient diagnosti-qué un problème de tachycardie lors d’un test d’effort. « Il est comme mon fils, j’ai tout mis en œuvre pour qu’il soit opéré. Ce n’était pas simple. Il a même fallu trouver un inter-prète pour lui ex-pliquer ce qu’il ris-quait ».

« Il sera le pre-mier représentant d’Afrique noire sur le Tour de France », avait prédit il y a trois ans Jean-Claude Hérault, le directeur de la Tropicale Amis-sa Bongo au Gabon. « Tout le monde veut faire le Tour de France, dit avec une pointe de timidité l’Érythréen. Je suis ex-cité. Penser au Tour de France, c’est quelque chose de tellement spécial. Des fois, les rêves de-viennent réalité. Quand j’étais jeune, je regardais les étapes du Tour de France et j’adorais le maillot à pois (de meilleur grim-

peur, ndlr( plus que le Maillot Jaune (de leader au classement général, ndlr). Je me disais : « Oh ! Ca a l’air génial «. Ça va bientôt être à mon tour de me battre. Je suis heureux d’avoir réussi cela. Les fans de cyclisme vont savoir où se trouve l’Érythrée. Faire le Tour, c’est devenir un exemple pour son pays et son continent ».

« Tout le pays va me suivre et pas seulement ma famille »

Le poids de l’histoire semble tout de même difficile à por-ter pour Teklehaimanot. « Oui, c’est un sacré truc de faire le Tour de France en tant que premier Noir africain. J’ai une énorme pression sur les épaules ». Daniel Teklehaimanot avait déjà été le premier Noir africain à participer au Tour d’Espagne en 2012 et le premier à deve-nir professionnel dans l’équipe australienne Orica GreenEdge.

Cela fait beaucoup de premières fois. « Tout le pays va me suivre et pas seulement ma famille », narre le jeune homme qui reste-ra toujours « Daniel » pour ses proches et pour tous. La grosse tête, ce n’est pas son truc.

Des montagnes d’Érythrée aux cols du Tour de France, Daniel Teklehaimanot a vécu l’exil pour réussir. Ce qui ne l’em-pêche pas d’être très attaché à sa famille. Alors, il n’est pas rare qu’il trouve du réconfort auprès

de ses deux compatriotes et coéquipiers : Merhawi Kudus et Natnael Berhane. « On est plus que des amis, on est des frères. On vit ensemble et on s’entraîne ensemble en Italie. C’est parfois difficile d’être loin de son pays, alors, c’est bien d’être avec eux ».

Propos recueillis par Farid Achache au Critérium du Dau-phiné 2015

DanielTeklehaimanot 1er Noir africain du

Tour de France

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FIFADe la petite association au géant du foot business

Eclaboussé par des révélations et des scandales de corruption, le président de la Fifa Sepp Blatter a jeté l’éponge mardi 2 juin 2015. Il démissionne de son mandat à la tête de la fédération internationale de football. La Fifa, une petite association

qui a grossi comme un ballon de baudruche et conduit au foot business.

Par Patricia Lecompte

A l’origine la Fifa était une pe-tite association au service du football. Ironie de l’histoire, de par son statut, c’est une associa-tion à but non lucratif… qui au-jourd’hui est devenue une mul-tinationale! Plus qu’un succès économique c’est la fulgurance de cette réussite financière qui étonne. Une ascension qui s’ex-plique par l’habilité du maitre du football mondial Joseph Sepp Blatter. Preuve de la puis-sance de celui qui règne sur la planète foot depuis 17 ans. Des que Sepp Blatter arrive quelque part c’est tapis rouge et récep-tion digne d un chef d’Etat.

Des sommes brassées de manière colossale

Puissante et riche, la Fifa regorge d’argent et brasse des milliards de dollars. Son bas de laine c’est la coupe du monde de football et ses spon-

sors. La Fifa tire 85 pourcents de sa richesse de l’organisation du mondial. Pour la dernière édition au Brésil, la Fédération internationale de football a ré-colté près de 5 milliards de dol-lars! Une somme colossale, au regard de ce qu’elle percevait il y a 10 ans. Le gain a augmenté de 60 pourcents. On comprend mieux que les caisses de la Fifa soient de plus en plus fournies.

Du siège de Zurich, l’homme que l’on dit rusé et habile a fait du grand rendez-vous catho-dique planétaire une grande messe mon-diale. Et de

Coupe du Monde en Coupe du Monde, les droits de retrans-missions télé enflent au point de devenir des enchères. Ce sont les télévisions du monde entier qui abondent au pot et c’est la ressource la plus lucra-tive, loin devant les autres. Le deuxième financement vient des sponsors. Les grandes multinationales sont prêtes à payer très cher pour apparaitre sur les écrans lors du déroule-ment des matchs. Loin derrière viennent la vente des billets et le merchandising à savoir tous les produits dérivés estampil-

lés Fifa. La dernière Coupe du Monde au Brésil a été

une bonne affaire: près de 5 milliards de recettes contre 2,2 milliards de dépenses.

... Lire la suiteà la page 51

> Sport | FIFA

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Sepp Blatter

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Mondial 2018mode d’emploi des éliminatoires en Afrique

En Afrique, 53 équipes devraient prendre part à ces éliminatoires, le Zimbabwe étant suspendu. Les 26 pays les moins bien placés au clas-sement Fifa de Juillet 2015 devront disputer un premier tour, avec un match aller le 5 octobre 2015 et un match retour le 13 octobre 2015.

Les 13 équipes rescapées rejoin-dront les 27 autres nations quali-fiées d’office pour le second tour, comme l’Algérie, la Cote d’ivoire ou le Ghana. A l’issue d’une autre

série de matches aller/retour, vingt sélections seront qualifiées pour le dernier tour décisif.

Un mini-championnat décisif

Celui-ci se jouera sous la forme d’un mini-championnat avec cinq groupes de quatre équipes.

Les premiers de chaque groupe disputeront la phase finale de la Coupe du monde 2018 en Rus-sie. L’Algérie, le Cameroun, la cote d’Ivoire, le Ghana et l’Algé-

rie s’étaient qualifiées pour les Coupes du monde 2010 et 2014.

Les 26 équipes qui participeront au premier tour :

Djibouti, Somalie, Erythrée, Sou-dan du Sud, Sao Tome et Prin-cipe, Comores, Seychelles, Mau-rice, Tchad, Centrafrique, Liberia, Gambie, Tanzanie, Swaziland, Guinée-Bissau, Lesotho, Bu-rundi, Mauritanie, Madagascar, Botswana, Kenya, Namibie, Sierra Leone, Malawi, Ethiopie, Niger.

Les 27 équipes directement quali-fiées pour le deuxième tour :

Algérie, Cote d’ivoire, Ghana, Tu-nisie, Sénégal, Cameroun, Congo, Cap-Vert, Egypte, Nigeria, Guinée, RD Congo, Mali, Guinée équa-toriale, Gabon, Afrique du Sud, Zambie, Burkina Faso, Ouganda, Rwanda, Togo, Maroc, Soudan,

La fédération internationale de football a dévoilé la formule des éliminatoires pour la Coupe du monde 2018, ce 9 juillet 2015. En Afrique, il y aura deux pre-

miers tours avec des matches aller-retour, puis une phase de groupes décisive. Explications. C’est le 25 juil-let 2015 à Saint-Pétersbourg que la Fifa procèdera au ti-rage au sort des éliminatoires pour la Coupe du monde 2018 en Russie. En attendant, la Fédération internationale de football a dévoilé la formule de qualification pour chaque confédération.

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Les conditions d’attribution du mondial pointées du doigt

Des accusations de corruption planent sérieusement autour des dirigeants ; or son fonc-tionnement est légal, et c’est la ligne de défense de la Fifa dont l’activité est transparente. Ses comptes ne présentent pas d’irrégularité. Là où le bât blesse, c’est sur les conditions d’attribution du mondial aux pays en compétition. Obtenir l’organisation du mondial pour un pays c’est l’assurance de re-tombées économiques impor-tantes, même si cela nécessite des dépensés élevées. C’est aus-si l’occasion de lancer de grands

chantiers publics générateurs d’emplois. C’est pourquoi les pays demandeurs sont prêts à accorder des largesses à la puis-sante Fifa.

Tous les quatre ans, la fédé-ration négocie les conditions d’attribution et ce sont ces der-niers qui aujourd’hui font l’ob-jet de toutes les attentions. Les prétendants sont nombreux et les critères pour les départager pourraient s’avérer opaques… Certains dirigeants de la Fifa peu scrupuleux auraient pu se laisser « graisser la patte » par des intermédiaires en vue de leur accorder le Graal. Ce sont ces soupçons de dessous de table, de pression et de corrup-tion qui ont conduit le FBI a lan-cé une enquête à l’encontre de certains dirigeants de la Fifa.

Une tempête sur la planète football

Certains sponsors soucieux de leur image menacent de quit-ter la compétition, pas de quoi inquiéter la Fifa. En bonne gestionnaire, la fédération est loin d’être démunie. Il est peu probable que ces secousses ébranlent ses finances, d’au-tant qu’elle dispose de réserves suffisantes. Dans ses coffres repose un milliard et demi de dollars, de quoi faire face aux turbulences à venir. Pour au-tant, c’est tout de même une vraie tempête qui souffle sur la planète football… La bourse de Doha à chuté a l’ouverture ce matin de 3 pourcents. Les investisseurs s’inquiètent de la remise en question de l’organi-sation du prochain mondial au Qatar.

Angola, Mozambique, Benin, Li-bye.

Classement Fifa : Algérie, Cote d’Ivoire et Ghana progressent

Par RFI

La fédération internationale de football (Fifa) a dévoile le classe-ment Fifa des nations du mois de juillet 2015. L’Argentine est désor-mais en tête. Au niveau africain, l’Algérie (19e), la Cote d’Ivoire (21e) et le Ghana (25e) ont tous trois progressé.

Si l’Argentine est la nouvelle pa-tronne du Classement Fifa a la place de l’Allemagne, il n’y a pas de changement du côté africain, en revanche. L’Algérie (19e) reste la nation la mieux placée, devant la Cote d’Ivoire (21e) et le Ghana (25e), en ce mois de juillet 2015. Mais ces trois équipes ont progres-

sée, contrairement a la Tunisie (32e ,3 places et au Sénégal (39e -3.

Le Cameroun (42e, +7), le Congo-Brazzaville (47e), le Cap-Vert (52e,-14), l’Egypte (55e) et le Nigeria (57e)complètent ce top 10 officieux en Afrique. La plus forte chute du mois concerne la Répu-blique centrafricaine, désormais (170e -29 places).

Mauritanie et Niger boostés par le chan 2016

D’autres sélec-tions ont en re-vanche bondi, comme le Rwan-da (78e, +16), le Soudan (90e, +18), la Libye (96e ex-æquo, +23), le Niger (96e ex-æquo, +21), la Maurita-nie (128e, +21), la Guinée-Bissau (133e, +22) ou le

Swaziland (138e,+24). De bonnes performances dues, dans certains cas, aux éliminatoires du Chan 2016 dont les résultats sont dé-sormais comptabilisés par la Fifa dans son Classement.

Suite de :Fifa, De la petite association au

géant du foot business

Les Léopards de la RDC

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