OFPC 50ans MEP v6 - GE.CH – République et canton … · Tous les jours, les collaborateurs ......
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O F F I C E P O U R L’ O R I E N T A T I O N , L A F O R M A T I O N P R O F E S S I O N N E L L E E T C O N T I N U E
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Cinquante ans déjà que les missions du tout nouvel
Office cantonal de la formation professionnelle ont
été tracées, concentrées autour de la formation pro-
fessionnelle, de l’orientation et de l’insertion profes-
sionnelle des jeunes gens sans oublier l’information
scolaire et professionnelle.
Issu des travaux du Grand Conseil et du
Conseil d’Etat, l’Office repose sur la Loi cantonale de
1959 sur la formation professionnelle et le travail des
jeunes gens. Avec une volonté affirmée à l’époque par
le premier directeur – Raymond Uldry – que chaque
jeune trouve sa voie et que personne ne reste au bord
de la route, sans formation, sans emploi qualifié. Dans
un véritable esprit de service public.
Et cet esprit est toujours présent, cinquante
ans plus tard dans l’actuel Office pour l’orientation,
la formation professionnelle et continue (OFPC).
L’ouverture, l’automne dernier, de la Cité des métiers
et de la formation est la dernière illustration d’une lon-
gue série d’actions et de prestations. Tous les jours,
les collaborateurs et collaboratrices de l’OFPC font
preuve d’une disponibilité constante pour répondre
aux besoins complexes d’un public de plus en plus
diversifié.
Cinquante ans aussi d’une collaboration tout
aussi constante avec les partenaires sociaux, repré-
sentants du patronat et des syndicats qui, ensemble,
œuvrent à la réussite de la formation professionnelle
et continue.
Plus que jamais, l’OFPC est confronté aux
transformations de la société et à l’évolution de ses
exigences. L’apprentissage n’y échappe pas. Il ne suf-
fit plus de savoir imiter ou copier le maître pour réussir
une formation et répondre aux attentes du monde du
travail. Il faut en comprendre les processus et faire
preuve de créativité.
Savoir répondre au principe de l’orientation et
de la formation tout au long de la vie, tel est le défi
que doivent relever au quotidien les collaborateurs et
collaboratrices de l’OFPC. L’OFPC entend conserver
l’esprit d’innovation et l’engagement qui l’ont caracté-
risés depuis sa création pour mener à terme ses nom-
breux projets et accomplir ses missions, dont celle
que 95% des jeunes soient titulaires d’un diplôme du
secondaire II en 2015.
Charles Beer
Conseiller d’État, en charge du Département de l’instruction publique
Préface de Charles Beer
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D’abord destiné au suivi des apprentis et apprenties, l’OFPC a vu au fil des ans ses prestations évoluer et s’étoffer pour répondre aux besoins de ses partenaires et de ses usagers.
1959-2009Cinquante ans pour renforcer l’orientation et
la formation dans le canton de GenèveGrégoire Evequoz
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Un rattachement contestéL’analyse de ce projet fit apparaître de profondes
divergences sur le rattachement de l’Office chargé
d’appliquer la nouvelle loi cantonale. Les milieux pro-
fessionnels s’opposaient à ce qu’il soit rattaché au DIP,
craignant que leurs besoins ne soient plus suffisam-
ment pris en compte si tel était le cas. Pour sortir de
ce blocage, le Conseil d’État prit plusieurs mesures.
Il désigna un nouveau chef au Service des appren-
tissages, en la personne de Raymond Uldry. Mission
délicate mais pas impossible : réorganiser ce ser-
vice en expérimentant de nouvelles prestations et
en définissant des modalités de collaboration avec
les milieux professionnels, les écoles et les dépar-
tements concernés. À cette occasion, il nomma une
commission consultative provisoire en matière de for-
mation professionnelle, constituée de représentants
des associations professionnelles et des directions
d’école, qui devait assister le chef du service dans
ses missions et préparer la nouvelle loi.
C’est ainsi qu’en 1959, avec finalement l’ac-
ceptation de la loi, le Service de l’apprentissage devint
officiellement l’Office cantonal de la formation profes-
sionnelle. La commission consultative se transforma
en Conseil central interprofessionnel. Le CCI était
né. L’Office était dépendant administrativement du
L’Office pour l’orientation, la formation pro-
fessionnelle et continue a cinquante ans. L’occasion
de fêter cet anniversaire et de se rappeler que c’est
effectivement en 1959 que le Grand Conseil genevois
a adopté la première Loi sur la formation profession-
nelle et le travail des mineurs. Elle prévoyait la création
d’un office cantonal de la formation professionnelle.
En réalité, cette loi a nécessité plus de dix ans de
travaux avant d’être votée. Pour en comprendre les
enjeux, un petit retour en arrière dans le contexte de
l’époque s’avère utile.
L’organisation de l’apprentissage depuis la fin
du siècle dernier dépendait du Département de l’in-
dustrie, du commerce et du travail devenu plus tard
celui de l’économie. De son côté, le Département de
l’instruction publique (DIP) avait déjà sous sa respon-
sabilité les écoles professionnelles. Pour mettre fin à
cette dichotomie, en 1948, fut déposé au Parlement
un projet de loi demandant « une unité de législation et
d’organisation » dans le domaine de la formation pro-
fessionnelle et du travail des mineurs. Ce même projet
proposait, et c’était déjà une innovation importante,
de mieux organiser l’orientation pour aider les jeunes
à faire leur choix au moment d’entrer en formation. Il
n’existait jusque-là aucune législation se référant à ce
type de prestations.
Grégoire Evequoz
Directeur général de l’Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue
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Département de l’industrie, du commerce et du tra-
vail. Les écoles professionnelles restaient de la com-
pétence du DIP, mais figuraient tout de même dans la
nouvelle loi. Comme le mentionne très explicitement le
rapport de la commission chargée d’examiner le pro-
jet de loi : « En effet s’il paraît exclu de faire dépendre
actuellement la formation professionnelle d’un seul
département, il nous a paru essentiel de confier l’ exé-
cution de la loi à un seul organisme qui sera le garant
de l’unité de la formation professionnelle à laquelle
tous les milieux intéressés et nous-mêmes sommes
fermement attachés ».
Les attributions de ce nouvel office étaient
les suivantes : assurer l’orientation professionnelle,
faciliter le placement des mineurs et développer la
formation professionnelle ; surveiller l’apprentissage
dans l’entreprise et contrôler (d’entente avec la direc-
tion de l’enseignement secondaire et les directeurs
concernés) la formation professionnelle en école ;
organiser les examens ; favoriser le perfectionnement
professionnel.
Le partenariat socialPlutôt qu’une grande maison, l’Office dès sa créa-
tion avait donc vocation d’être un pont, de faciliter
les échanges, de développer les liens entre les deux
départements concernés, avec les écoles, entre les
différentes instances. Et l’une de ces dernières va
jouer un rôle déterminant dans le développement de
la formation professionnelle de notre canton. C’est le
Conseil central interprofessionnel (CCI). La création
de ce conseil trouve son fondement dans une idée
très novatrice. La formation professionnelle relève du
tripartisme impliquant les syndicats, les associations
patronales et l’État. Elle ne peut réussir sa mission
et se développer qu’à la condition de reposer sur un
consensus entre ces trois partenaires. Si le canton de
Genève, dans le domaine de la formation, de l’orienta-
tion, de la formation continue, a souvent innové, c’est
en grande partie grâce au CCI et à cette forme de
partenariat social.
Quelques exemples parmi les plus récents.
Premier Fonds en faveur de la formation profession-
nelle et du perfectionnement, quinze ans avant qu’il ne
soit prévu par la Loi fédérale sur la formation profes-
sionnelle de 2002. Premier centre interinstitutionnel
de bilan en Suisse. Première et plus grande Cité des
métiers et de la formation jamais organisée dans notre
pays. C’est également avec le CCI devenu depuis CIF,
Conseil interprofessionnel pour la formation, que le
projet de réforme de la formation professionnelle en
sept pôles a pu être mené à bien.
En cinquante ans le tripartisme n’a cessé
de se renforcer. Une preuve : il a fallu dix ans pour
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écrire et faire adopter la première loi sur la formation
professionnelle ; une seule année fut nécessaire pour
la rédaction par le CCI de la Loi de 2008, adoptée
ensuite à l’unanimité par le Grand Conseil.
Une vision humanisteHormis le tripartisme, la fondation de l’Office va éga-
lement reposer sur une autre base solide : une vision
profondément humaniste. Tout doit être mis en œuvre
pour que chacun et chacune puisse se développer, se
former, trouver sa voie. Les conditions de formation et
de travail doivent être respectueuses de la personne.
Les jeunes doivent obtenir aide et soutien dans leur
choix scolaire et professionnel à travers une concep-
tion de l’orientation centrée sur la personne.
La qualité de la formation en école et en entre-
prise doit être garantie. L’apprentissage n’est pas un
emploi, c’est une formation à part entière. Le dépistage
des jeunes handicapés ou en difficulté doit être le plus
précoce possible et des mesures spécifiques et spé-
cialisées doivent être trouvées. Des aides financières
et d’autres mesures, comme le logement, doivent être
prévues pour encourager la formation. Les jeunes tra-
vailleurs ont droit à des mesures de protection.
Avoir une vision humaniste, c’est aussi
prendre en compte que le contexte change, que de
nouveaux besoins apparaissent, que des remises en
question sont nécessaires. Pendant ses cinquante
années d’existence, l’Office n’a cessé de s’adapter,
de modifier son organisation, de créer de nouvelles
prestations, d’innover.
Importants développementsDans les années 60, l’orientation a connu de forts
développements, non seulement avec la création des
cycles d’orientation mais aussi avec l’élargissement
des prestations à d’autres publics : collégiens et collé-
giennes, étudiants et étudiantes, salariés et salariées,
demandeurs et demandeuses
d’emploi. Pour marquer cette
évolution, en 1969, l’Office est
devenu Office d’orientation
et de formation profession-
nelle (OOFP), sigle qui restera
inchangé jusqu’en 2005.
À partir des années 90, l’orientation s’est spé-
cialisée avec la création de deux services. L’un pour
l’information scolaire et professionnelle, chargé de
produire et de diffuser de l’information sur l’ensemble
des filières d’étude et de formation, d’aider les per-
sonnes à s’informer, à entrer en contact avec les entre-
prises. L’autre pour la consultation psychologique en
orientation, devant faire face à des demandes de
publics toujours plus divers, confrontés à des phases
« Plutôt qu’une grande maison,
l’Office dès sa création avait
vocation d’être un pont. »
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multiples de transition, subissant parfois lourdement
les conséquences des crises économiques succes-
sives et plus particulièrement du chômage. En 2008,
le législateur genevois a adopté la première Loi canto-
nale sur l’information et l’orientation scolaires et pro-
fessionnelles, donnant ainsi une meilleure visibilité à
l’orientation.
Augmenter la qualité de la formationDans la formation professionnelle, l’Office a connu
à trois reprises un changement de loi fédérale, en
1963, 1978 et 2002. La dernière allait avoir des inci-
dences importantes dans la mesure où étaient inté-
grés pour la première fois dans la législation fédérale
les domaines de la santé, du social, de l’agriculture
et des arts. À chaque fois, le canton a dû adapter sa
législation. Le Service de la formation professionnelle,
à maintes reprises (à peu près chaque quatre à cinq
ans), a modifié son organisation.
Toujours avec une préoccupation centrale.
Celle d’élever le niveau de l’apprentissage, de mieux
suivre celles et ceux qui sont en difficulté, de préve-
nir les échecs aux examens et les résiliations, sans
oublier la nécessité de trouver de nouvelles places
d’apprentissage. Le canton de Genève innova avec
la création en 1998 d’Interface Entreprises, première
structure de prospection en Suisse.
L’Office cantonal de 1959 avait comme mis-
sion la protection du travail des mineurs. Cette tâche
s’expliquait historiquement par le fait que l’appren-
tissage était d’abord assimilé à un travail. En 1961,
l’Office créait la Fondation de
l’association d’aide aux jeunes
travailleurs et apprentis (AJETA),
qui est bien sûr toujours active,
même si aujourd’hui totalement
indépendante de l’Office.
Le Secteur des jeunes
travailleurs, créé en 1973, va disparaître en 2005 et
faire place à Tremplin-Jeunes, prestation destinée aux
jeunes en rupture de formation.
Du perfectionnement à la formation continueDès le départ, l’Office a pour tâche également le déve-
loppement du perfectionnement professionnel qui
intègre les brevets, maîtrises et diplômes supérieurs.
Progressivement, la notion de perfectionnement va
elle-même évoluer. On parle de plus en plus, avec les
impulsions du Conseil pour l’éducation continue des
adultes (CECA), instance tripartite qui sera dissoute
au moment de la création du Conseil économique et
social en 1994, de formation permanente, d’éducation
permanente puis de formation tout au long de la vie.
« Avoir une vision humaniste,
c’est aussi prendre en compte
que le contexte change. »
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En 2001, le Grand Conseil va doter le canton
de Genève d’une Loi sur la formation continue parti-
culièrement audacieuse, qui fera de notre canton un
pionnier en Suisse.
Cette loi institue notamment le développement
de la validation des acquis, l’introduction du Chèque
annuel de formation, la mise en place d’une politique
qualité pour les institutions de formation, la coordina-
tion de l’offre qui touche désor-
mais toutes les formations utiles
professionnellement. Ce qui était
considéré comme du perfection-
nement est aujourd’hui intégré
à la formation professionnelle
supérieure. En 2005, pour mar-
quer l’importance de la forma-
tion continue, l’Office changeait une seconde fois de
dénomination et devenait l’Office pour l’orientation, la
formation professionnelle et continue (OFPC).
Encouragement à la formationDernier élément à relever qui illustre certaines adap-
tations : les allocations d’étude et d’apprentissage.
Jusque dans les années 80, les bourses d’études et
les allocations d’apprentissage étaient traitées par
deux services différents, l’un pour les apprentis et
l’autre pour les étudiants.
Au milieu des année 90, un seul service fut
créé, le Service des allocations d’études et d’appren-
tissage, dépendant des Services administratifs et
financiers du DIP. En 2007, le DIP décida d’intégrer
ce service à l’Office, en demandant à sa direction de
préparer un projet de loi qui mette sur un pied d’éga-
lité étudiants et apprentis, ce qui n’était pas le cas
jusqu’ici.
Au cœur du système éducatifEt au-delà de tous ces changement, une des évolu-
tions les plus importantes tient à la place de l’Office
aujourd’hui dans le système éducatif. Il y cinquante
ans, on s’en souvient, il était hors de question qu’un
seul département garde l’entière compétence sur la
formation professionnelle.
Depuis 1994, avec le passage de l’Office du
Département de l’économie au DIP, c’est pourtant le
cas. Ceci n’a pas eu les conséquences que certains
peut-être craignaient : un éloignement des préoccu-
pations économiques, un affaiblissement de l’impli-
cation des partenaires sociaux ou encore un repli de
l’Office sur lui-même.
Au contraire, la nouvelle loi cantonale, entrée
en vigueur en 2008, renforce considérablement le rôle
des associations professionnelles, leur donne de nou-
velles prérogatives, les implique dans l’ensemble des
« Tout ceci a été possible grâce
à l’engagement sans réserve
de tous les cadres et collabo-
rateurs et collaboratrices. »
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filières de formation professionnelle et non plus seu-
lement l’apprentissage. Elle situe la formation profes-
sionnelle et l’orientation au cœur du système éducatif.
Cette nouvelle loi renforce aussi de manière
significative les partenariats avec l’Office cantonal
de l’emploi (OCE) dans le domaine du chômage des
jeunes et des adultes. La mise en place, en septembre
2008, de la Cité des métiers et de la formation perma-
nente illustre cette dynamique. Pour la première fois
dans un espace commun, les deux offices offrent des
prestations au public.
Application des quatre loisCes rappels historiques l’ont bien fait apparaître :
les tâches et les missions de l’Office se sont pas-
sablement complexifiées et développées au cours
du temps. L’OFPC est actuellement chargé de l’ap-
plication de quatre lois différentes : la formation pro-
fessionnelle, l’information et l’orientation scolaires et
professionnelles, la formation continue des adultes et,
bientôt, les bourses et prêts d’études.
Tout ceci a été possible grâce aux compé-
tences et à l’engagement permanent et sans réserve
de tous les cadres et collaborateurs et collaboratrices
qui se sont succédés au cours de ces années. Qui ont
pris à cœur leur mission, qui ont intégré cette culture
de service public
Fort de ces cinquante années d’existence et
de son expérience, l’OFPC se sent bien armé pour
faire face à tous les défis qui l’attendent demain, que
ce soit par rapport aux personnes, aux entreprises ou
aux institutions. Comme par le passé, ceci nécessi-
tera un haut niveau de compétences et de profession-
nalisation, de la créativité, de la souplesse et beau-
coup d’imagination pour s’adapter aux circonstances,
faire face aux évolutions, en ne perdant jamais de vue
les besoins des usagers. ■
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Raymond Uldry : réconcilier les milieux professionnels et l’écoleLorsqu’à la fin des années 1940, le Parlement décide
de légiférer sur la formation professionnelle, c’est
pour tenter de combler le fossé qui sépare les milieux
professionnels de ceux de l’enseignement. Il s’agit
notamment d’établir une unité de législation et d’or-
ganisation dans le domaine de la formation profes-
sionnelle, mais aussi du travail des mineurs.
Le Conseil d’Etat de l’époque désigne alors
un ancien instituteur devenu inspecteur, puis tuteur
général, comme chef du Service des apprentissages.
Raymond Uldry a pour mission de réorganiser le ser-
vice – devenu office, qu’il dirigera jusqu’en 1976 – en
vue d’établir une collaboration entre les milieux inté-
ressés, afin de préparer la transition vers la nouvelle
loi. Il est assisté par une commission consultative for-
mée de représentants des associations profession-
nelles et des directeurs des écoles professionnelles
et complémentaires.
Raymond Uldry intervient aussi dans le
collège d’experts qui prépare la première Loi can-
tonale sur la formation professionnelle et le travail
des mineurs. Son parcours d’enseignant comme
son engagement de tuteur le font bénéficier de la
confiance des milieux qu’il doit amener à collaborer.
Il étend les compétences de son service à la formation
professionnelle des handicapés, au perfectionnement
professionnel, au placement en apprentissage et à
l’orientation professionnelle.
La nouvelle loi que Raymond Uldry est chargé
de mettre en œuvre à partir de 1959 place le nouvel
office sous l’autorité administrative du Département
du commerce, de l’industrie et du travail. Mais des
liens forts sont maintenus avec le Département de
l’instruction publique dont dépendent les écoles pro-
fessionnelles et complémentaires.
Dans ce cadre, Raymond Uldry s’engage dans
de nombreux projets rendus possibles par l’émer-
gence d’organes paritaires sur lesquels il s’appuie.
La création de la Société genevoise pour l’intégration
professionnelle d’adolescents et d’adultes (SGIPA),
tout comme l’organisation de répétitoires pour les
apprentis et apprenties en difficulté, sont l’expression
de son souci constant de donner à chacun sa chance.
Pour lui, la démocratisation des études devait aller de
pair avec une vraie reconnaissance de la valeur des
filières professionnelles.
La parole aux anciens directeurs généraux
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Roger Beuchat : étendre et développer la formationIssu, comme son prédécesseur, de l’enseignement,
Roger Beuchat – directeur de l’OFPC de 1976 à 1994
– se sentait « particulièrement intéressé par la problé-
matique à la fois délicate et cruciale du passage des
jeunes de la vie scolaire à la vie professionnelle* ».
Dans cette optique, il s’est beaucoup investi pour
réduire la distance entre les conseillers et conseillères
en orientation et les entreprises formatrices.
En nommant des personnes issues de l’en-
seignement à la tête du Service de la formation pro-
fessionnelle, il marque la préséance qu’il accorde
dans l’apprentissage à la formation sur le travail de
production. Sous sa direction, les cours pour maîtres
d’apprentissage sont introduits à Genève. Roger
Beuchat participe aussi activement à l’élaboration
de la Loi fédérale sur la formation professionnelle et
à la formalisation des missions de l’OOFP dans la Loi
cantonale de 1985.
Le grand chantier des années 80 reste le
développement du perfectionnement profession-
nel. Genève est le premier canton à positionner la
formation continue comme une des responsabilités
de l’Etat. Dans ce contexte est créé le Conseil de
l’éducation continue des adultes dont Roger Beuchat
assure la présidence. Un Fonds en faveur de la for-
mation continue et du perfectionnement profession-
nel est mis en place.
Aux yeux de Roger Beuchat, la valorisation de
la formation professionnelle passe par une meilleure
reconnaissance. Il développe donc la collaboration
intercantonale et régionale, aboutissant à la recon-
naissance des formations suisses en France voisine.
Dans le cadre de la Conférence des offices cantonaux
de formation professionnelle de Suisse romande et
du Tessin (CRFP) où il représente Genève, il plaide
pour un resserrement des liens avec son équivalent
alémanique, la DBK. À ce titre, il sera un des acteurs
précurseurs de la création de la maturité profession-
nelle et des Hautes écoles spécialisées (HES).
S’inscrivant dans la lignée des réalisations
de son prédécesseur « marquées par l’intelligence du
cœur et tournées vers les moins favorisés* », il sou-
tient le Centre de coopération technique de Lancy
qui accueille des boursiers de la coopération tech-
nique et de l’aide au développement. Il participe à
des missions de recrutement en Afrique, preuve que
l’ouverture au monde de l’OOFP ne se limite pas à des
horizons rapprochés.
* Roger Beuchat étant décédé en 2006,
les citations qui illustrent ce texte sont dues
à Bernard Gabioud, ancien directeur du Service
de la formation professionnelle.
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La formation professionnelle, un enjeu essentiel
Erwin Fischer
Soutenue par de nouvelles lois fédérale et can-tonale, la qualité de la formation des jeunes
– et des adultes – à Genève est le fruit d’une collaboration étroite entre les différents parte-naires (office, écoles, entreprises formatrices).
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La mise en œuvre par la Confédération d’une poli-
tique de formation ambitieuse et l’entrée en vigueur
de la nouvelle Loi fédérale sur la formation profes-
sionnelle en 2004 ont largement redynamisé la for-
mation professionnelle de notre pays, en renforçant
les collaborations entre les divers acteurs que sont
les organisations du monde du travail, les cantons et
la Confédération.
Le Service de la formation professionnelle
participe à la mise en œuvre du système de forma-
tion cantonal et assume les missions légales dont il
a la responsabilité en termes de promotion, de pro-
positions d’innovations, de contrôle et de gestion
administrative de la formation professionnelle initiale.
Il contribue largement au développement de la forma-
tion professionnelle genevoise en collaborant avec les
associations professionnelles cantonales, le Service
informe et accompagne également les formateurs
en entreprise dans la mise en œuvre des nouvelles
ordonnances fédérales de formation et proposer une
offre de formation duale suffisante.
Dans un flux continu et selon le rythme du
Masterplan fédéral, cent vingt nouvelles ordon-
nances de formation ont été introduites depuis 2004,
nécessitant une révision systématique des anciennes
autorisations de former délivrées aux entreprises du
canton. Durant cette même période, 1771 nouvelles
entreprises formatrices ont intégré le système de
formation et contribué à offrir près de 2000 places
d’apprentissage en septembre 2008, meilleur résultat
des vingt dernières années. Notons encore que 73
nouvelles ordonnances verront le jour d’ici 2012.
Sept pôles de formationAvec la création en 2007 des sept pôles de formation
professionnelle, la lisibilité du système cantonal de
formation s’est grandement améliorée. Cette réorga-
nisation favorise l’orientation, le choix professionnel
et la transition entre l’école obligatoire et la formation
professionnelle. Preuve en est l’augmentation de la
demande de formation professionnelle, du nombre
de nouveaux contrats d’apprentissage et des effec-
tifs globaux des apprentis et apprenties en formation
duale et en école de métiers à plein temps.
La Loi cantonale sur la formation profession-
nelle de 2007 a mis l’accent sur le développement de
la qualité de la formation professionnelle et la redéfi-
nition des rôles et responsabilités des divers acteurs
concernés (entreprises, associations professionnelles,
écoles professionnelles et OFPC).
La mise en œuvre de cette loi est en cours.
Sept commissions de formation professionnelle
regroupant l’État et les partenaires sociaux ont été
constituées en septembre 2008.
Erwin Fischer
Directeur du Service de la formation professionnelle
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Une de leurs tâches prioritaires est la mise
en place d’un système de surveillance de l’apprentis-
sage efficace qui garantisse la qualité de la formation
professionnelle en entreprise et permette à chaque
personne en formation de bénéficier de visites régu-
lières des commissaires d’apprentissage sur leur
lieu de travail. Les travaux sont en cours pour que
la surveillance soit effective d’ici fin 2009, impliquant
l’activité de commissaires de milice, de commissaires
professionnels mandatés par les associations profes-
sionnelles et, par substitution, de spécialistes qualité
engagés par l’Office.
Suivi individualisé La mise en place du dispositif de suivi individualisé
des apprentis et apprenties « Réussir + » en 2006 a
modifié considérablement la nature des activités des
collaboratrices et collaborateurs du Service de la
formation professionnelle. La prévention des risques
d’échecs des apprentis est devenue une des préoc-
cupations de la formation professionnelle.
L’approbation des contrats d’apprentissage a
évolué, passant d’un acte purement administratif à une
démarche de conseil aux apprentis et employeurs afin
de favoriser la réussite de la formation. Cette démarche
se concrétise par des conseils sur le choix de la filière
de formation – Attestation fédérale professionnelle
(AFP) ou Certificat fédéral de capacité (CFC) –, par
la mise en place de mesures de soutien dès l’entrée
en formation et par des bilans réguliers tout au long
de l’apprentissage, en collaboration avec les écoles
professionnelles. L’accompagnement individualisé des
personnes qui doivent se représenter aux examens
d’apprentissage sans être au bénéfice d’un contrat
d’apprentissage fait partie intégrante de ce dispositif.
Les résultats positifs de ces trois dernières
années, en termes de diminution des taux d’échecs
aux examens de fin d’apprentissage ou du nombre de
ruptures de contrats d’apprentissage, montrent que
l’échec scolaire en formation professionnelle – même
s’il reste encore trop important – n’est pas une fata-
lité. Pour y remédier, l’Office travaille activement au
développement des formations en deux ans et des
mesures d’encadrement des jeunes les plus fragiles.
L’enjeu est de permettre au plus grand nombre
d’obtenir une attestation fédérale ou un certificat fédé-
ral de capacité, synonymes d’insertion professionnelle
mais également de premiers échelons d’un système
de formation qui permet l’accès à des formations
supérieures, en école supérieure (ES) ou en Haute
école spécialisée (HES), qui dispensent des qualifi-
cations de haut niveau particulièrement adaptées aux
besoins de l’économie et du monde du travail. ■
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Bernard Nicole : dialogue et collaborationDélégué à la formation professionnelle et continue
pour la métallurgie du bâtiment depuis 1986, Bernard
Nicole est un témoin privilégié de l’évolution des rela-
tions entre l’OFPC et le monde syndical. À titre per-
sonnel, il collabore activement avec l’OFPC depuis le
début des années 80. « Au début, c’était très dur. Nous
nous trouvions face à des services austères, fruits
d’une administration autoritaire. Il n’y avait vraiment
pas grand-chose à quoi se raccrocher : même le bâti-
ment qui hébergeait l’Office était moche ! », raconte le
syndicaliste. Au-delà de la boutade, Bernard Nicole
souligne un « immobilisme pesant » et des « relations
extrêmement tendues, parfois houleuses » qui ne
contribuaient guère à encourager – ni même à envisa-
ger, pour certains – une collaboration efficace. « Il faut
aussi rappeler le contexte socio-économique dans
lequel nous nous trouvions alors, avec une formation
par apprentissage qui n’avait, et de loin, pas du tout
la même image qu’aujourd’hui ».
Bernard Nicole situe le tournant décisif au
moment du rattachement – en janvier 1995 – de ce qui
était encore l’OOFP au DIP. Un seul département de
tutelle et des interlocuteurs bien identifiés (« jusque-
là, on travaillait par ricochets, chacun se passant la
patate chaude », grince le syndicaliste) vont permettre
le démarrage d’un véritable partenariat au service des
apprentis et des apprenties et des acteurs de la for-
mation professionnelle genevoise. « Dans le cadre d’un
réel tripartisme qui permet à chacun de défendre ses
convictions tout en contribuant activement aux pro-
jets communs, nous avons réussi en quelques années
à faire entrer la formation genevoise dans une nouvelle
dimension », s’enthousiasme Bernard Nicole. Création
des pôles de formation, nouvelle loi sur la formation
professionnelle, qualité et impact sur le public des
prestations d’information : Bernard Nicole se plait à
rappeler quelques-unes des nombreuses innova-
tions et améliorations qui ont jalonné ces dernières
années. Sans oublier de saluer, par-dessus tout, « la
valeur et la permanence du dialogue qu’entretiennent
désormais l’OFPC et le DIP avec l’ensemble de leurs
partenaires . »
Partenaires de l’OFPC
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Gabriel Barrillier : maintenir et renforcer les relations entre partenaires« Secrétaire patronal du secteur de la construction, je
collabore étroitement avec l’OFPC comme membre
du Conseil interprofessionnel pour la formation (CIF)
et dans d’autres commissions spécialisées. Depuis
trente ans représentant de la Fédération des métiers
du bâtiment (FMB) et de l’Union des associations
patronales genevoises (UAPG), j’ai eu l’occasion de
travailler avec l’OFPC à deux importantes révisions
de la loi cantonale sur la formation professionnelle
qui ont permis, avec d’autres mesures, d’améliorer
la qualité de l’enseignement et de l’encadrement des
jeunes tout en respectant le rôle et les intérêts des
PME formatrices.
» Le passage de l’OFPC du Département de
l’économie publique (DEP) à celui de l’instruction
publique (DIP) a été un moment important qui s’est
finalement plutôt bien passé, grâce au doigté et au
travail de Sisyphe des directions de l’Office et des
partenaires sociaux (UAPG et Communauté gene-
voise d’action syndicale – CGAS). Les premières
ont su s’imposer et faire respecter la formation
professionnelle au sein du DIP, tout en instaurant de
bonnes relations entre les milieux professionnels et
le monde de l’enseignement. De leur côté, les asso-
ciations professionnelles ont constaté que la place
des entreprises formatrices serait maintenue, voire
renforcée.
» L’OFPC est chargé de surveiller l’applica-
tion des politiques publiques en matière de forma-
tion professionnelle et ce, en étroite collaboration
avec les partenaire sociaux. Dans ce cadre tripartite,
deux réalisations me paraissent exemplaires : la mise
sur pied régulière de la Cité des métiers à Palexpo,
manifestation complétée par une Cité permanente à
l’Office. Elles contribuent à valoriser et améliorer l’at-
trait de la formation professionnelle, avec la maturité
professionnelle et la création des HES. Aujourd’hui, il
n’y a plus de voie royale vers les études longues ni de
cul-de-sac après l’apprentissage. Toutefois, dans une
économie en mutation rapide, le CFC reste le meilleur
antidote contre le chômage. »
20
L’orientation est une démarche qui doit commencer tôt
Jean-Pierre Cattin
Processus long et parfois complexe, l’orien-tation veut bénéficier de l’apport des tech-nologies de l’information pour gagner en qualité, tout en conservant ses valeurs et sa déontologie.
20
21
Avec la complexification de l’offre de formation et la
nécessité de se former tout au long de la vie, la mis-
sion de l’orientation reste plus que jamais d’actualité.
Elle consiste à aider les jeunes et les adultes à faire
des choix de formation ou d’études et à mieux gérer
leur trajectoire professionnelle. Sous la pression de
modifications du cadre légal et du développement
des nouvelles technologies de l’information et de la
communication, les conditions dans lesquelles elle
va désormais se réaliser évoluent. Un certain nombre
d’enjeux y sont liés.
Les activités d’un service de l’État sont déter-
minées en premier lieu par le cadre légal dans lequel
elles s’inscrivent. Or, depuis le 1er janvier 2008, le can-
ton de Genève bénéficie – pour la première fois de son
histoire – d’une loi exclusivement dédiée à l’informa-
tion et à l’orientation, consacrant ainsi l’importance de
ces domaines dans les nouveaux systèmes d’éduca-
tion et de formation.
Cette loi, basée en grande partie sur les pra-
tiques actuelles, clarifie les buts, l’organisation et
le fonctionnement de l’orientation. Elle souligne en
particulier le rôle d’appui aux personnes dans l’éla-
boration et la mise en œuvre de projets de formation
et de projets professionnels, et ce tout au long de la
vie. L’accès des prestations d’information et d’orien-
tation aux adultes est ainsi officialisé. L’orientation
ne concerne pas que les élèves de l’enseignement
secondaire obligatoire ou postobligatoire, même s’ils
constituent à l’évidence une cible privilégiée.
Politiques publiquesPlusieurs nouveautés ont été introduites dans la loi.
Une distinction est opérée entre des prestations d’in-
formation et d’orientation de base, qui sont gratuites,
et des prestations spécifiques, qui sont plus appro-
fondies et peuvent être payantes. Cette disposition
n’est actuellement que virtuelle, car les prestations
sont aujourd’hui gratuites pour le public, mais le cadre
est posé pour les rendre payantes, si tel devait être
le souhait du Conseil d’État. Une autre nouveauté
concerne la mise en place d’un système de qualité
reposant sur des normes, dont le respect est évalué
par une instance de certification accréditée.
Au-delà du respect des dispositions légales,
la mise en place d’un système de qualité représente
un enjeu de taille pour l’orientation. En aidant les
personnes à faire les meilleurs choix, c’est-à-dire à
s’engager dans une filière de formation ou d’études
correspondant à leurs aspirations, valeurs et apti-
tudes, l’orientation contribue à leur développement
personnel, tout en maximisant les chances de fluidi-
fier les parcours de formation. Mais contrairement à la
formation, dont la réussite peut se mesurer à l’aune de
Jean-Pierre Cattin
Directeur du Service de l’orientation scolaire et professionnelle
23
titres délivrés, le succès de l’orientation ne peut s’ap-
préhender par un indicateur simple, même lié aux par-
cours des personnes. L’orientation, en accompagnant
le processus de choix, déploie en effet son action de
manière souterraine, et donc non directement visible.
Dans un environnement marqué par de fortes pres-
sions aux économies, un service dont les prestations
ne produiraient pas d’effets manifestes s’exposerait
à un risque de réductions budgétaires. Un système
de qualité certifié selon une norme liée à l’orientation
représenterait à l’évidence une reconnaissance de la
valeur des prestations. De plus, la mise en place d’une
boucle de qualité (définition d’objectifs, mise en place
de prestations destinées à les atteindre, évaluation
du travail effectué, mesure des écarts aux objectifs et
mise en place d’actions correctrices) apporterait des
arguments concrets en faveur de l’utilité des presta-
tions. Le Service projette ainsi d’obtenir la norme de
qualité Matrix en 2010.
Orientation continue dès la 7e année du COLe nouveau Cycle d’orientation, qui a été accepté
par votation populaire en mai de cette année, cris-
tallise aussi un certain nombre d’enjeux en termes
d’orientation. Il est en effet prévu que l’orientation
soit continue au cours des trois années du cycle. Les
modalités de l’information scolaire et professionnelle,
dont l’enseignement n’est actuellement donné qu’en
9e année, devront être revues et articulées aux inter-
ventions des psychologues-conseillers et conseillères
en orientation.
Enfin, avec l’essor des nouvelles technologies
de l’information et de la communication (TIC), la ques-
tion à laquelle l’orientation sera confrontée dans un
proche avenir n’est pas de savoir s’il est utile et perti-
nent de recourir aux TIC pour tout ou partie des pres-
tations d’orientation, mais bien de définir la forme et
les usages que les TIC prendront dans la consultation,
de manière à ce que les ajustements des pratiques
qui en découleront nécessairement soient pleinement
compatibles avec la déontologie des psychologues-
conseillers en orientation. Pour prendre les devants, le
Service de l’orientation collabore, dans le cadre d’un
projet transfrontalier, à l’élaboration d’outils d’orien-
tation à distance qui devraient être fonctionnels au
début 2011.
Ces différents chantiers sont importants pour
renforcer le positionnement de l’orientation et adapter
les prestations aux nouveaux besoins du public et de
la société. ■
24
Jacques Thiébaut : réorganiser pour mieux intégrerD’abord mandaté par le DIP pour une évaluation des
structures et du fonctionnement de la formation pro-
fessionnelle après un parcours de direction dans des
entreprises privées, Jacques Thiébaut devient direc-
teur général de l’OFPC en janvier 1995.
« Mon rôle principal a été celui d’un intégra-
teur, à cette époque charnière où l’OFPC sortait du
Département de l’économie pour être rattaché au
DIP ». La problématique était la suivante : soit l’Office
était démantelé et ses services intégrés çà et là dans
le nouveau département d’accueil, soit il y était intégré
comme une nouvelle entité, avec une mission redéfi-
nie. « La seconde option étant heureusement choisie,
ma première tâche consista à moderniser la structure
interne de l’Office. La cohérence entre les différents
services de l’OFPC devait s’améliorer, en particulier
entre l’orientation et la formation professionnelle, de
même que dans les services administratifs. Cette
nouvelle cohérence a favorisé l’énergie interne, empê-
chant ainsi la dispersion des prestations et des efforts
fournis », rappelle Jacques Thiébaut.
C’est dans ce contexte que l’OFPC a égale-
ment redéfini son rôle dans son environnement géné-
ral, en s’orientant notamment vers les prestations.
« Ce qui a suscité de vifs débats, particulièrement au
Service de l’orientation… C’est aussi à ce moment-là
que le Service de la formation professionnelle est
devenu le lieu d’expertise en matière de formation
qu’il est aujourd’hui », explique-t-il. Pour répondre au
mieux aux attentes des usagers, un rapprochement
avec les entreprises formatrices – en lien avec les
écoles professionnelles – a alors été entrepris. « Les
partenaires sociaux craignant, par le rattachement au
DIP, une scolarisation de la formation professionnelle,
il fallut renforcer les rapports entre l’OFPC et l’éco-
nomie genevoise », précise l’ancien directeur général.
Dès 1996, Jacques Thiébaut mènera en
parallèle son activité de directeur général de l’OFPC
et un nouveau mandat portant sur l’organisation des
Hautes écoles spécialisées (HES). Et en 1998, prêt à
relever ce nouveau challenge organisationnel, il pas-
sera le flambeau à Jean-Marc Frère.
La parole aux anciens directeurs généraux
24
Jean-Marc Frère : améliorer l’image de la formation professionnelleEntré à l’OFPC en 1973 comme documentaliste,
Jean-Marc Frère en devient le directeur général
de 1999 à 2004. Suite à l’audit initié par Jacques
Thiébaut préconisant la restructuration de l’OFPC,
il poursuit la démarche. « Le centre de mon mandat
a concerné la revalorisation de la formation profes-
sionnelle et le développement de la formation conti-
nue. Conséquence paradoxale de la démocratisation
des études, la formation professionnelle était deve-
nue ’ la cinquième roue du char ’, au profit des études
gymna siales. Et les dixième et onzième degrés étaient
considérés comme un espace-temps dédié à l’orien-
tation et la réorientation. Ce qui représente beaucoup
de temps perdu et de démotivation de la part des
jeunes », confie-t-il.
Apparaît également à ce moment-là une ina-
déquation grandissante entre le niveau scolaire des
jeunes qui se destinent à la formation profession-
nelle et les exigences des formations et des entre-
prises formatrices, sans parler du fossé entre le désir
d’orientation des jeunes et les propositions d’ap-
prentissage. « L’évolution progressive des structures
a amélioré l’image de la formation professionnelle,
qui demeure un point fort de l’intégration sociale,
et lui a donné de la perspective grâce à la maturité
professionnelle. L’apprentissage ne pouvait plus être
considéré comme une impasse, bien au contraire »,
poursuit Jean-Marc Frère.
Il a fallu pour ça batailler, convaincre l’en-
semble des partenaires – écoles, entreprises, parte-
naires sociaux – de l’importance de leur rôle et de
leur responsabilité. « L’équipe de professionnels de
l’OFPC a soutenu ces projets et nous a permis de
faire évoluer positivement la situation. Une entreprise
de service public comme l’OFPC doit constamment
avoir des projets pour adapter ses prestations aux
besoins économiques et sociaux », souligne Jean-
Marc Frère. C’est ainsi qu’ont été lancés le Chèque
annuel de formation dans le cadre de la nouvelle Loi
sur la formation continue, la formation modulaire pour
le CFC d’informaticien-ne ; les CFC d’assistant-e en
soins et santé communautaire et d’assistant-e socio-
éducatif-ve et que l’offre de places d’apprentissage
a constamment progressé au cours de ces cinq
années. « Il faut parfois anticiper les situations pour
optimiser certains secteurs professionnels », conclut
l’ancien directeur général.
25
26
La formation continue veut répondre aux besoins de tous les publics
Cyrille Salort
Le développement de prestations innovantes a donné à la formation continue une dimen-sion nouvelle à Genève. Avec pour objectif que l’éducation et la formation tout au long de la vie deviennent des réalités.
26
27
Le deuxième dispositif, baptisé « Qua lifica-
tions+ », a été chargé de mettre en place pour la pre-
mière fois en Suisse le principe de la validation des
acquis de l’expérience (VAE), qui permet de convertir
des compétences acquises dans le cadre d’activités
professionnelles et/ou bénévoles en tout ou partie
d’une certification reconnue (certificat fédéral de
capacité, attestation de qualification, etc.). En dix
ans, grâce à ce dispositif, ce sont près de mille cinq
cents CFC qui ont été attribués dans trente métiers
différents.
La prise de conscience qu’une formation
continue « réussie » dépend de l’existence d’une offre
de formation de grande qualité a été à l’origine du troi-
sième dispositif. Fin 2003, l’obtention de la certifica-
tion EduQua pour les centres de formation désireux
de percevoir le CAF est devenue une obligation. Des
systèmes d’assurance-qualité ont été mis en place et
garantissent désormais des formations efficaces et
équitables.
Parcours de formation individualiséPour la période 2009-2013, tandis que le processus
devant conduire à l’élaboration de la future loi fédérale
sur la formation continue est en cours, le canton de
Genève va s’appuyer sur ces trois points forts pour
poursuivre son développement.
Juin 2000 marque une étape essentielle dans le
développement de la formation continue à Genève.
En adoptant une loi spécifique, le Conseil d’État affir-
mait ainsi sa volonté d’inscrire la formation continue
comme un enjeu de société majeur en permettant à
tous les citoyens – quelle que soit leur situation per-
sonnelle, sociale ou économique – d’acquérir, d’ac-
tualiser et de développer tout au long de leur vie
les compétences (professionnelles et personnelles)
nécessaires pour assurer leur employabilité et favori-
ser l’approfondissement de leur formation.
Priorité absolueDurant la période 2000-2009, les dispositions légales
ont permis de donner une priorité absolue à l’incitation
des adultes (notamment les plus faiblement qualifiés),
à la formation tout au long de la vie. Les actions priori-
taires engagées dès janvier 2000 ont permis d’aboutir
à la mise en place de trois nouveaux dispositifs d’inté-
rêt national, désormais pérennes sur le canton.
Le premier est le Chèque annuel de formation
(CAF). D’un montant annuel de 750 francs, le CAF a été
attribué à deux mille bénéficiaires en 2001. Il concerne
aujourd’hui près de quatre mille neuf cent cinquante per-
sonnes. Dans le même temps, l’offre de formation a éga-
lement fortement progressé en passant de quatre cents
à deux mille deux cents cours proposés.
Cyrille Salort
Directeur du Service de la formation continue
29
La priorité consiste à faire en sorte que l’édu-
cation et la formation tout au long de la vie deviennent
une réalité, en particulier pour les publics faiblement
qualifiés. Pour atteindre cet objectif, trois nouveaux
chantiers ont été ouverts.
Tout d’abord, une action sur la qualité de
l’offre de formation. Un projet transfrontalier en cours
d’instruction devrait permettre de développer deux
offres de formation complémentaires, présentées
sous forme de modules capitalisables. La première
sera destinée à des publics relevant des formations
de base (alphabétisation, illettrisme, etc.). Elle sera
articulée avec une seconde offre, plus centrée sur
les métiers et donc plus qualifiante, qui permettra de
déboucher sur une certification reconnue.
À terme, le développement de ces deux offres
devrait faciliter la mise en place de parcours de forma-
tion plus individualisés, parfaitement articulés avec le
dispositif de VAE, autorisant le mélange des publics
(salariés et demandeurs d’emploi) et des sources de
financement. De plus, ces formations modulaires pour-
raient être mise en place en fonction des besoins, sur
des plages horaires plus adaptées à un public adulte.
Développement de la validation des acquisLe second chantier concerne la poursuite du dévelop-
pement de la VAE à de nouveaux métiers. Le travail,
actuellement en cours, d’information et de communi-
cation sur ce dispositif auprès des Organisations du
monde du travail (ORTRA) devrait permettre l’intégra-
tion dans ce dispositif de cinquante nouveaux métiers
à fin 2011.
Le dernier chantier vise à favoriser la formation
des salariés les moins qualifiés. Face au défi que consti-
tue la nécessité d’actualiser et de développer régu-
lièrement les compétences en fonction de l’évolution
de la situation économique et sociale, ces personnes
sont les plus menacées. Et le phénomène s’aggrave
lorsqu’ils exercent leur activité dans des entreprises
de moins de cinquante salariés. La concertation enga-
gée au sein de la Fondation en faveur de la formation
professionnelle et continue devrait donc aboutir à
des propositions et des solutions concrètes avant
la fin 2010. ■
30
Stefania Martins
« Appelée à m’occuper des apprentis
et apprenties d’une grande agence de
voyage pour toute la Suisse romande,
j’ai suivi la formation pour maître d’ap-
prentissage (EduPro). J’ai trouvé très
intéressant de rencontrer des gens
d’autres sociétés. Chacun a dû parler
de ses problèmes, chacun a raconté
son histoire. Nous savons maintenant
où obtenir de l’aide, à qui s’adresser
en cas de problèmes.
Bravo aux personnes qui ont organisé
cette formation qui met les gens en
face de leurs responsabilités. »
Edwin Dedigama
« À la fin de ma première année d’école de
commerce, j’étais en échec. Je suis passé
par Tremplin-Jeunes. Ils m’ont aidé à
chercher ce que je voulais. Je voulais être
gestionnaire du commerce de détail pour
être en contact avec les gens, ne pas être
seul dans un bureau. Ils m’ont aidé à trou-
ver des adresses pour mes lettres, des
magasins auxquels je n’avais pas pensé.
Ils m’ont bien entouré, motivé.
J’ai pu faire des stages à la Migros et
à la Coop. Et j’ai obtenu un poste. »
Marie-Claire Fischer
« J’ai été danseuse, puis hôtesse de l’air
pendant cinq ans. Je travaille en entre-
prise depuis vingt ans. Sans diplôme.
On m’a accordé récemment le droit de
former une apprentie. J’ai voulu passer
par une procédure de validation des
acquis pour obtenir moi aussi mon CFC
d’employée de commerce. J’ai présenté
un mémoire qui m’a demandé six mois de
travail. Ils ont réussi à me faire donner le
meilleur de moi-même. Ce travail de vali-
dation, c’est un soin thérapeutique. Je ne
remercierai jamais assez les organismes
qui m’ont entourée et même harcelée
pour obtenir ce résultat… »
« Je suis Somalien, à Genève depuis 2005.
J’ai fait de la mécanique en préappren-
tissage, mais ça ne m’a pas plu. Je ne
savais pas quoi faire. Finalement, j’ai fait
un stage de peintre en bâtiment. Quand
la conseillère a rappelé le patron, il lui a
dit que si je voulais, je pouvais finir l’an-
née en apprentissage chez lui. Ça m’a
bien aidé et je suis content. »
Témoignages d’usagers
30
31
Annick Steiner
« J’ai travaillé plus de vingt ans dans les
Jardins Robinson du canton. Je me suis
adressée à l’OFPC pour une validation
des acquis. Le CFC d’assistante socio-
éducative m’intéresse. J’ai constitué le
dossier qui me permettra d’aller de l’avant
dans cette formation. J’ai reçu informa-
tion, appui et reconnaissance auprès des
professionnels et professionnelles de
l’OFPC, qui m’ont motivée à concrétiser
ce choix professionnel. »
Perpahim Toska
« Mon point de départ : non promu à l’école
de commerce. À Tremplin-Jeunes, on
m’a préparé à l’entretien d’embauche
et à rédiger une lettre de motivation.
Je voulais être gestionnaire de commerce
de détail en multimédia. Je n’avais pas
trouvé de place alors que j’aurais trouvé
une porte grande ouverte dans une
entreprise si je l’avais contactée. Je n’y
avais tout simplement pas pensé. Si on ne
m’avait pas mis dans le bain, je n’aurais
pas trouvé seul. »
« Mon suivi à Projet-Emploi a été très
professionnel et a surtout atteint le
but que je recherchais. Une fois l’aide
à l’orientation faite par des entretiens
et des tests, j’ai eu la confirmation que
mon projet de métier correspondait à
ce que je souhaitais.
Projet-Emploi m’a rendu service
avec une belle efficacité et, si c’était
à refaire, j’y retournerais. »
Ana Frossard
« Femme & Emploi est un point d’ap-
pui formidable quand on se trouve
– comme je l’étais – démunie, sans
profession, avec cinq enfants à charge.
Une personne de contact m’a sui-
vie pendant plusieurs années, dans
toutes mes démarches personnelles
et professionnelles. D’abord se rendre
compte de la situation à améliorer,
ensuite rassembler le courage néces-
saire à commencer une formation et
devenir autonome financièrement. Ces
étapes ont été vitales pour moi et j’en
suis reconnaissante. »
Aryan Panschiri
« Je suis Afghane. Arrivée à Genève il y a
cinq ans, je me suis d’abord initiée au
français. J’ai spontanément aidé mon
mari – indépendant – avant de vouloir
reprendre une formation. Femmes &
Emploi me conseille et m’aide alors à
m’orienter vers une formation commer-
ciale, qui me ravit. Je suis donc satisfaite
de la manière dont se déroule ma vie
professionnelle et Femme & Emploi
n’y est pas pour rien. »
31
32
Une information ciblée, réactive et exhaustive
Damien Berthod
L’information scolaire et professionnelle doit s’adapter aux pratiques des jeunes et des adultes, en créant ou en développant très rapidement des prestations de plus en plus ciblées.
32
33
Chacun s’accorde aujourd’hui à considérer l’informa-
tion comme un élément essentiel dans la conception
et la réalisation d’un projet de formation scolaire ou
professionnelle. Une loi cantonale, entrée en vigueur
en 2008, lui donne désormais un cadre officiel. Mais
l’OFPC, très rapidement conscient de l’enjeu fonda-
mental que représente une information de qualité, a
fait œuvre de pionnier en mettant progressivement à
la disposition de ses différents publics des prestations
toujours plus nombreuses et toujours mieux ciblées.
Le domaine universitaire a été le première bénéficiaire
de cette volonté, à travers la publication dès la rentrée
1967 d’articles remarquablement fouillés dans la revue
Études et Carrières. En 1974, la volonté de toucher un
public plus large a conduit l’Office à créer un nouveau
support, Perspectives professionnelles, dont l’objectif
était l’information des parents d’élèves confrontés à la
problématique du choix professionnel.
Informations « de terrain »Concevant la notion d’information de manière très
exhaustive, l’OFPC ne s’est pas contenté de ces sup-
ports traditionnels et a développé une importante
prestation d’information en direct dans le cadre de
son Centre de documentation, devenu par la suite
le Centre d’information sur les études et professions
(CIEP). Un changement d’intitulé qui marquera très
clairement son évolution vers un espace d’accueil et
de conseil préfigurant – dès 1996 – la Cité des métiers
et de la formation ouverte en septembre 2008 dans
les locaux de l’Office. Dans ce même esprit d’ouver-
ture, l’OFPC a mis sur pied plusieurs prestations « de
terrain » destinées notamment aux élèves du cycle
d’orientation, comme les Rencontres d’information
professionnelle ou les visites d’entreprises qui ont
réuni chaque année plusieurs milliers de participants.
Poursuivant ses efforts en matière de qua-
lité de l’information, l’OFPC a remplacé en 1984
Perspectives professionnelles par une revue bap-
tisée BIP – Bulletin d’information professionnelle et
adressée pour la première fois aux élèves du CO et du
10e degré. Avant de diversifier encore ses supports
à travers le lancement d’une collection de vidéos
présentant des métiers et des filières de formation
(1988), la contribution au projet national de service
sur Vidéotex TIPTOP (1992) ou la réalisation, en colla-
boration avec la Direction générale du post obligatoire,
d’un annuaire de référence destiné aux élèves du CO,
Après la scolarité obligatoire (1993).
Développement et innovationsLa création en 1996 d’un Service de l’information indé-
pendant (jusqu’alors, ses prestations dépendaient du
Service d’orientation) constitue une étape importante.
Damien Berthod
Directeur du Service de l’information scolaire et professionnelle
35
Le nouveau service va étoffer ses compétences et
fonctionner à la fois comme producteur d’informa-
tion et comme service ressource, notamment pour le
Secrétariat général du DIP. C’est ainsi que le Service
de l’information scolaire et professionnelle (SISP) sera
sollicité pour réaliser et publier, entre autres, le nou-
veau journal du DIP, L’École.
Avec ses deux magazines, L’École et Options
(créé en 1992 et destiné à toutes les personnes scola-
risées à Genève en situation de choix d’études ou pro-
fessionnel, Options tirera jusqu’à 27 000 exemplaires,
cinq fois par an), ses nombreuses publications, ses
participations à plusieurs mandats intercantonaux
(fiches, dossiers, etc.), ses collaborations extérieures
(cahier Emploi-Formation de la Tribune de Genève
notamment), le SISP vit son âge d’or jusqu’au milieu
des années 2000. Des exigences d’économies et
la volonté – affirmée conjointement par la Direction
générale de l’OFPC et celle du SISP – d’offrir des
prestations répondant toujours plus précisément aux
besoins d’une palette d’usagers qui va en s’élargis-
sant ont conduit le service à repenser son offre et à
redimensionner ses activités.
Une nouvelle èreLa réorganisation complète du SISP, qui sera effec-
tive d’ici la fin 2009, va permettre de répondre à ces
besoins nouveaux. Décloisonné, le Service ne sera
plus constitué de groupes aux mandats bien cir-
conscrits, mais fonctionnera comme un ensemble de
compétences (en matière d’organisation, de rédac-
tion, d’animation, d’accueil, etc.) mises au service
de projets ponctuels ou pérennes. Favorisant l’im-
plication des collaborateurs et collaboratrices du
service, encourageant leur créativité et leur esprit de
coopération, améliorant la transparence des projets
et fluidifiant la transmission de l’information (à l’interne
comme à destination de nos usagers), cette nouvelle
structuration donnera au SISP les outils et les moyens
qui lui permettront de remplir efficacement ses mis-
sions. À la croisée des chemins, le Service sera ainsi
prêt à relever de nouveaux défis, dans l’esprit des
pionniers de l’information scolaire et professionnelle
à Genève. ■
36
Roland Andrey : un partenariat efficace et enrichissant« Depuis plus de dix ans qu’il existe, le partenariat
entre l’Association Cité des métiers et l’OFPC est
toujours enrichissant », lance Roland Andrey, son
président. L’aventure a débuté en 1999 autour d’une
idée de Salon des métiers. L’association tripartite –
Etat, syndicats, employeurs – s’est réunie à l’OFPC,
« histoire d’avoir dans un premier temps une adresse
postale et un secrétariat », mais aussi de faciliter le lien
avec la direction du DIP et de bénéficier de l’expertise
de l’Office en matière de formations et de métiers.
« Le travail de notre comité a si bien fonctionné
que nous avons développé rapidement le concept de
la première Cité des métiers, organisée en 2001 à
Palexpo, continue Roland Andrey. Chacune des trois
entités a amené son lot de savoir-faire et de réseaux,
au point de former une véritable équipe, sans éti-
quette, disposant toujours en son sein d’une majorité
claire ne laissant pas de place au doute.»
Désormais organisée tous les trois ans, cette
manifestation – la plus importante de Suisse – a trouvé
son rythme de croisière et atteint ses objectifs : faire
découvrir la richesse et la variété des métiers et des
filières de formation, promouvoir les hautes écoles et
la formation continue, donner de la visibilité aux nou-
veaux pôles genevois de formation professionnelle.
« Notre association tripartite est unique, conti-
nue son président. En effet, aucune autre organisation
en Suisse ne bénéficie de l’apport des trois entités
liées au monde du travail, avec un investissement
aussi important en ressources humaines et aussi
modeste en termes financiers.»
Toujours en collaboration avec l’OFPC, l’As-
sociation s’investit également dans d’autres missions
que l’organisation de la Cité des métiers de Palexpo.
Elle parraine, depuis sa création en 2008, la Cité des
métiers et de la formation installée en permanence
dans les locaux de l’OFPC et assume également un
lien transfrontalier actif avec la région Rhône-Alpes.
« La méfiance initiale entre patrons et Etat ou entre
syndicats et employeurs s’est vite estompée au profit
d’un travail collaboratif étonnant, qui a démontré son
efficacité au fil des années et qui continue de dynami-
ser l’Association grâce à de futurs projets innovants .»
Partenaires de l’OFPC
37
Patrick Schmied : « L’OFPC est un relais privilégié »« La réinsertion professionnelle et la formation pro-
fessionnelle sont intimement liées, affirme Patrick
Schmied, directeur général de l’Office cantonal de
l’emploi (OCE). À l’OCE, nous faisons de la réinser-
tion professionnelle mais nous n’avons que peu de
temps et de moyens à disposition pour offrir aux
demandeurs d’emplois une formation certifiée com-
plète. C’est pourquoi nous sommes très demandeurs
de la validation des acquis de l’expérience (VAE).
Observateurs privilégiés du marché du travail, nous
souhaitons transmettre ces observations aux écoles,
aux enseignants et aux élèves. À cet égard, le relais
le plus important pour nous reste incontestablement
l’OFPC.
» Aujourd’hui, plus qu’hier, la collaboration
entre nos deux offices est nécessaire. En effet, la
pression est grande en raison d’un marché du travail
devenu de plus en plus compétitif. Il faut donc se don-
ner les moyens nécessaires pour préparer les jeunes à
affronter la dure réalité du monde du travail. De l’autre
côté, nous constatons chez certains de ces jeunes
une dégradation de la résistance à la frustration qui
fait partie de la vie professionnelle. Tous ces éléments
doivent être pris en compte lorsque nous nous occu-
pons du monde professionnel.
» Le travail accompli par l’OFPC depuis cin-
quante ans est remarquable. Partenaire incontestable
et privilégié de l’OFPC, l’OCE est heureux d’avoir pu
participer au développement et à la réalisation de
certains projets commun d’envergure. Le succès
de la Cité des métiers et de la formation, dont l’OCE
occupe et anime l’un des cinq espaces, est le témoi-
gnage éclatant d’un partenariat équilibré et totalement
partagé. Il en va de même pour la Cité des métiers
de Palexpo qui permet, tous les trois ans, aux jeunes
de découvrir l’ensemble des métiers et des filières de
formation offertes à Genève et dans la région.
» Je souhaite à l’OFPC de réussir avec autant
de fraîcheur ces cinquante prochaines années. Et,
d’avance, je me réjouis des futures collaborations qui
continueront d’animer les excellentes relations qui
existent déjà entre nos deux offices. »
38
Le financement des formations est un sujet complexe
Brigitte Beaud
L’aide à la formation poursuit deux objectifs : faciliter l’accès à la formation et favoriser l’égalité des chances.
38
39
Le Service des allocations d’études et d’apprentis-
sage (SAEA) a pour mission de mettre en application
la politique d’aide à la formation voulue par l’État de
Genève dans le respect de la législation fédérale et
cantonale. L’aide à la formation, qui a vu le jour en 1973
au travers de la Loi sur l’encouragement à la formation,
poursuit deux objectifs : faciliter l’accès à la formation
et favoriser l’égalité des chances. Le dispositif légal a
été renforcé en 1985 par la mise en application de la
Loi sur l’orientation, la formation professionnelle et le
travail des jeunes gens, remplacée aujourd’hui par la
Loi sur la formation professionnelle et par l’entrée en
vigueur en 2000 de la Loi sur la formation continue.
Une aide subsidiaireLes aides à la formation sont des prestations qui
permettent à leurs bénéficiaires d’entreprendre, de
poursuivre ou de terminer une formation. Elles sont
versées à titre subsidiaire, c’est-à-dire lorsque la per-
sonne en formation ou ses parents ne disposent pas
de ressources suffisantes. En effet, l’aide de l’État
ne peut pas se substituer au devoir d’entretien des
parents. Ses aides peuvent prendre quatre formes : les
allocations d’études ou bourses qui sont des presta-
tions uniques ou périodiques non remboursables, les
prêts d’études qui doivent être remboursés à l’issue
de la formation ou en cas d’interruption de celle-ci, les
remboursements de taxes de cours ou d’examen, les
Chèques annuels de formation.
Les prestations sont versées pour toutes les
études du niveau secondaire II, du niveau tertiaire, les
formations professionnelles, ainsi que les cours de
musique du Conservatoire de musique de Genève,
du Conservatoire populaire de musique de Genève et
de l’Institut Jaques-Dalcroze. Les formations hors du
canton de Genève (Écoles polytechniques fédérales,
Hautes écoles spécialisées, etc.) ne sont financées que
si la formation souhaitée n’est pas dispensée à Genève.
Plusieurs conditions définiesL’obtention d’une bourse ou d’un prêt est liée à plu-
sieurs conditions définies par la législation, notam-
ment le domicile, l’assujettissement fiscal, la détermi-
nation du répondant et du groupe familial, les revenus
de la personne en formation et de ses parents et la
normalité des études.
Les formulaires pour les demandes sont dis-
ponibles dans les secrétariats des écoles, à la Cité
des métiers et de la formation et téléchargeables
sur le site internet www.citedesmetiers.ge.ch. Les
demandes doivent être renouvelées chaque année.
Durant l’année scolaire 2008-2009, le SAEA a
traité plus de sept mille six cents demandes et versé
sous forme de bourses, de prêts ou de remboursement
Brigitte Beaud
Directrice du Service des allocations d’études et d’apprentissage
41
de taxes un montant de plus de 29 millions de francs.
Près de cinq mille chèques annuels de formation ont
également été délivrés, pour un total d’environ deux
millions de francs.
Égalité de traitementLors de leur adoption, les spécificités propres à cha-
cune des lois ne posaient pas de problèmes particu-
liers car ces lois étaient appliquées par deux services,
dans deux départements différents. En 1995, lors de
la fusion de ces deux services, les différences qui
existaient entre les deux dispositifs légaux ont été
mises en évidence. La cohabitation de ces deux lois
distinctes ne favorise ni l’harmonisation des mesures
déployées, ni leur compréhension par les bénéfi-
ciaires potentiels. Dans une même famille, un étudiant
et un apprenti ne sont pas traités de manière similaire.
Au fil des ans, un « fossé » s’est creusé entre
la réalité estudiantine – au sens général du terme – et
les objectifs visés par deux lois issues de réflexions
du milieu des années 80 qui ne sont plus en adéqua-
tion avec l’évolution du tissu économique et social
genevois.
Une nouvelle loiDe plus, de nombreux changements sont interve-
nus ces dernières années dans le domaine de la
formation. Pour toutes ces raisons, il est impératif de
créer une nouvelle loi unique. Un projet est actuel-
lement à l’étude. Il prend en considération les élé-
ments suivants : la nécessité de supprimer l’inégalité
de traitement entre les apprentis et les étudiants ;
l’intégration des conséquences de l’Accord sur la
libre circulation des personnes et de la Réforme de
Bologne, notamment le libre choix du lieu de forma-
tion à Genève, en Suisse ou à l’étranger ; l’adoption par
la Conférence des directeurs de l’instruction publique
d’un Concordat intercantonal sur l’harmonisation des
régimes de bourses d’études qui prévoit pour le degré
secondaire II et le degré tertiaire des standards mini-
maux (ayants droit, limite d’âge, durée du soutien
financier, montants minimaux des aides financières,
etc.) pour l’octroi des allocations de formation (ces
principes auront force obligatoire pour les cantons
signataires); l’introduction d’une nouvelle méthode
de calcul basée sur l’établissement du budget de la
famille et de la personne en formation qui sera mis en
relation avec les coûts de la formation et les frais d’en-
tretien de l’étudiant et les revenus de la famille. Cette
manière de procéder permettra de diminuer, voire de
supprimer les effets de seuil. ■
42
L’OFPC, un office résolument ouvert sur la Suisse… et l’Europe
Yvonne-Marie Ruedin
Dans une agglomération qui compte près de huit cent mille habitants, les demandes augmentent et les besoins en formation et en emploi se multiplient. L’OFPC s’investit dans de nombreux projets régionaux, natio-naux et transfrontaliers.
42
43
Genève est un canton très particulier: il partage moins
de 5 % de sa frontière avec la mère patrie. C’est peu
dire qu’il est naturellement ouvert sur la France avec
laquelle il voisine sur 103 kilomètres pour seulement
4,5 kilomètres avec la Confédération.
Cette réalité géographique est une donnée
centrale. Genève se pense région : bassin genevois,
région franco-valdo-genevoise, Romandie. Genève
agit région : le canton fait partie d’une agglomération
de quelque huit cent mille habitants. Avec, à la clé, des
besoins accrus en matière de formation et d’emploi.
Cette réalité, l’Office pour l’orientation, la for-
mation professionnelle et continue l’a intégrée depuis
longtemps dans sa politique. Il n’a pas attendu la
signature des accords bilatéraux entre la Suisse et
l’Union européenne pour agir au plan transfrontalier
dans le cadre par exemple du Comité régional franco-
genevois. Il a anticipé la création des Conférences
suisses de l’orientation et de la formation profession-
nelle en œuvrant au sein de nombreuses commissions
des Conférences régionales romandes.
Une longue histoire Avant même la création de l’Office, des collabora-
tions existaient entre les différents cantons romands :
plusieurs décennies avant la première Loi fédé-
rale sur la formation professionnelle, le Service des
apprentissages – ancêtre de l’actuel OFPC – a travaillé
avec les cantons romands pour promulguer des pro-
grammes d’apprentissage et d’examens communs.
L’expérience est donc longue de contacts avec les
voisins, d’animation de réseaux, d’échange de pro-
jets, de partage d’expériences. Avec toujours le même
objectif : offrir des prestations d’information, d’orienta-
tion, de formation professionnelle et continue en adé-
quation avec l’évolution de la société et les besoins
des usagers.
Le canton de Genève est exigu, ses res-
sources par définition limitées. Or, les demandes aug-
mentent, les besoins se multiplient, les supports se
complexifient. D’où l’impérative nécessité de regrou-
per les forces existantes. La Confédération l’a bien
compris. Alors que précédemment les cantons jouis-
saient d’une grande autonomie, ils doivent aujourd’hui
composer avec une Berne fédérale plus présente.
La volonté de fédérer les cantons au sein
de conférences nationales, de travailler avec des
associations professionnelles faîtières, de créer un
Centre suisse de services Formation professionnelle/
orientation professionnelle universitaire et de carrière
offre un avantage certain : des projets d’envergure
peuvent être déployés avec des moyens importants.
Citons la réforme des ordonnances de formation
professionnelle, le case management ou encore des
Yvonne-Marie Ruedin
Cheffe de projet à la Direction générale
45
plates-formes informatiques pour les tests d’orienta-
tion et les examens de fin d’apprentissage.
La signature, en août 2009, de l’Accord bilaté-
ral sur l’éducation va enfin donner une base légale à la
Suisse pour participer aux activités de mobilité et aux
projets de coopération avec des droits pratiquement
égaux à ceux des partenaires européens. Voilà qui va
faciliter la tâche de l’OFPC.
En effet, l’Office pilote OPIR, le seul projet
européen mené en Suisse romande sur les ECVET,
le système européen de crédits d’apprentissage pour
l’enseignement et la formation professionnels.
Notre Office est aussi actif dans d’autres pro-
jets européens dont le projet Regio LLL (Long Life
Learning) qui promeut la mobilité des jeunes en for-
mation professionnelle. Il a été et est toujours impliqué
dans plusieurs projets du programme Interreg, tout
particulièrement le programme Interreg IV France-
Suisse 2007-2013. Rappelons qu’Interreg a pour
mission de renforcer la coopération économique et
sociale au sein de l’Union européenne et de ses pays
limitrophes. Là, l’OFPC est très investi dans la vali-
dation des acquis et la modularisation de formations
pour adultes, les équivalences CAP-CFC ou encore
la conception d’un système d’orientation à distance.
On l’oublie un peu, mais la région Rhône-
Alpes est aussi vaste que la Suisse. Chaque jour des
dizaines de milliers de frontaliers traversent la fron-
tière pour venir travailler dans le canton. Avec l’Accord
bilatéral sur la libre circulation des personnes, leur
nombre a considérablement augmenté. Leur besoins
en information professionnelle et en insertion aussi.
D’où une collaboration transfrontalière
intensifiée avec le Comité régional franco-genevois
et l’Union lémanique de l’artisanat et des métiers.
L’OFPC co-préside même le groupe de travail
Echanges transfrontaliers.
Ces quelques lignes montrent à l’évidence
que l’OFPC, de par sa situation géographie et sa poli-
tique d’ouverture, est à l’écoute de ses voisins. Il a su
s’inspirer de leur expérience pour mettre en place des
prestations nouvelles en Suisse.
Le voisin français a été sollicité pour le Centre
de bilan de Genève, les référentiels de compétences,
le processus de reconnaissance et validation des
acquis, le Chèque annuel de formation, les Cités des
métiers et de la formation à Palexpo et, plus récem-
ment, la Cité des métiers et de la formation à l’Office.
Aujourd’hui c’est au tour de la Grande-
Bretagne, plus précisément sa certification Matrix, de
servir de modèle pour la mise en place d’un système
certifié de qualité en orientation, un système imposé
par la Loi sur l’information et l’orientation scolaires et
professionnelles. ■
47
Son personnel• 196 collaborateurs et collaboratrices, dont 72% de
femmes.
• L’âge moyen des collaborateurs et collaboratrices
de l’office est de 46 ans.
• 69% du personnel de l’OFPC travaille à temps
partiel.
• 61% des collaborateurs et collaboratrices ont une
formation de niveau universitaire (Université et HES)
et 21% disposent d’un CFC.
Ses prestationsCité des métiers et de la formation
• 15 170 personnes reçues à la Cité des métiers et
de la formation en 2008-2009, dont 80% sont
des adultes. Les demandes du public concernent
essentiellement des projets de formation (27%), le
financement des formations (25%) et des questions
en matière de formation continue (12%).
Formation professionnelle
• Près de 1900 places d’apprentissage offertes en
2009.
• 1431 certificats fédéraux de capacité (CFC) et 96
attestations fédérales de formation professionnelle
(AFP) délivrés en 2009.
L’OFPC aujourd’hui• 8943 apprentis et apprenties en formation en 2009,
dont 4689 en filière duale (1715 femmes) et 4254 en
filière plein temps.
Formation continue
• Près de 5000 chèques annuels de formation (CAF)
délivrés pendant l’année 2008.
• Depuis 2000, 1320 adultes au total ont obtenu leur
CFC avec validation des acquis (141 personnes en
2009).
SAEA
• Près de 7000 demandes d’allocations d’études et
d’apprentissage traitées pendant l’année 2008-
2009, dont 38% concernent le niveau secondaire II.
Orientation professionnelle
• Plus de 7000 jeunes et adultes ont consulté un psy-
chologue-conseiller en orientation ou une psycho-
logue-conseillère en orientation en 2008-2009, dont
55% de femmes.
Information scolaire et professionnelle
• Plus de 5000 stages organisés en 2009.
Impressum
Comité d’édition : Yvonne-Marie Ruedin, Natacha Juda, Damien Berthod
Ont aussi collaboré à la rédaction:Robin Bleeker, Bernard Dumont, Natacha Juda et Eliane Schneider
Crédits photographiques : DR (pp. 19, 24 et 37), Frank Mentha (pp. couverture, 2, 8, 12, 16, 22, 28, 30, 31, 34, 40, 44, 46 et 47), Emmanuel Rossi (p. 43), François Schaer (pp. 3 et 5) et BD-OFPC (pp. 15, 21, 27, 33 et 39)
Conception et réalisation graphique : Michel Schnegg et Thomas Rüesch, apprenti polygraphe de 3e année
Impression : Atar Roto Presse
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