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L E 9 1 off-cells jonas delaborde thierry liegeois 04 fév - 23 avr 17 les cahiers du 19 2017 - 1 le 19, centre regional d’art contemporain de montbéliard

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91 off-cellsjonas delabordethierry liegeois04 fév - 23 avr 17

les cahiers du 192017 - 1

le 19, centre regional d’art contemporain de montbéliard

éditoNouvelle direction, nouvelle charte graphique, nouvelles implications dans la vie collective, nouveaux partena-riats… Le 19 change ! Tout en restant le Crac, le Centre d’art contemporain, qui a pour mission de faire découvrir à tous les publics les artistes d’au-jourd’hui et leurs œuvres multiformes, soutenus en cela par une équipe enga-gée, dans un lieu à la fois hautement symbolique et magique, qui occupe une place centrale dans la ville de Montbéliard. Bienvenue au 19 Crac ! La présidente, Liliane Dangel

off-cellsjonas delabordethierry liegeois

Déjà ni l’un ni l’autre ne se rappelaient ce qu’ils avaient raconté et, en parti-culier, s’ils s’étaient eux-mêmes mis en scène, à défaut de héros disponibles, ou s’ils avaient remué leur propre passé ou, au contraire, inventé des per-sonnages et des événements, ou s’ils avaient repris les thèmes épiques des traditions (…), ou s’ils avaient ou non dérivé vers l’humour du désastre ou l’humour des camps ou le fantastique, DÀQ� GH� QH� SDV� pWDOHU� OHXU� GpVHVSRLU�intime, ni s’ils s’étaient aventurés dans des univers ou des tunnels ou des ima-ginaires parallèles, qui par principe leur échappaient et les obligeaient à présenter des versions du réel et des rêves totalement aléatoires et où leurs personnages et leurs voix n’étaient rien. (in Antoine Volodine, Terminus radieux, p. 615)

Dans l’espace du 19 s’entrecroisent deux expositions monographiques, celles de Jonas Delaborde et de Thierry Liegeois, qui tous deux par-tagent une attirance pour les cultures populaires ou vernaculaires avançant masquées pour mieux donner libre cours à leurs excès, quitte à rester dans l’ombre d’une marginalité par-fois bienvenue : cultures musicales (punk, heavy metal et noise), nou-veaux rites et pratiques urbains (de la Marche des Zombies aux milices urbaines), cinéma populaire (B- et Z-movies), imagerie pornographique...

Les derniers travaux de Jonas Dela-borde s’appuient sur la culture bré-silienne dans laquelle il détecte ces « coexistences ambivalentes »1 sur lesquelles repose sa démarche. De-puis la Seconde Guerre mondiale, le Brésil excelle en effet à combiner les formes modernistes, architecturales surtout, avec des esthétiques plus populaires, comme celle des cariocas et leurs excès vestimentaires carnava-lesques. Dans l’exposition du 19, ces ambivalences s’expriment à travers un récit imaginaire cocasse, parodie de quelque théorie du complot : des chiens de garde endoctrinés par un groupe d’extrémistes se retourne-raient contre leurs maîtres retranchés dans des zones pavillonnaires surpro-tégées, telles qu’en connaissent de plus en plus de pays émergents. Le condi-tionnement des animaux s’effectue-rait par une plongée au cœur même G·XQ�ODQJDJH�UpLÀp�GRQW�OH�SRXYRLU�GH�modélisation du monde, matérialisé par l’installation de l’artiste, s’inspire des théories ésotériques de l’exégèse kabbalistique du Zohar.

Pour cette exposition, Thierry Liegeois revisite quant à lui une histoire indus-trielle et ouvrière géographiquement plus proche de nous. Son propre récit se déroule en Franche-Comté, sur les voies de chemin de fer de la ligne Vou-jeaucourt/Saint-Hippolyte construite en 1879, déclassée en 1973 puis exclusivement utilisée par l’entreprise Arcelor-Mittal jusqu’en 2010. Dans un pastiche de western (eastern ?) mâtiné de road-movie, un groupuscule mas-qué part à la (re)conquête de ce tron-çon en friche, juché sur une draisine ou un lorry à moteur et outillé d’une mâ-choire à débroussailler. La quête reste obscure mais opiniâtre. A l’heure de la mobilisation pour conserver l’usine historique d’Alsthom à Belfort, ce véhi-cule ferroviaire bricolé n’est pas sans évoquer une version low-tech�GX�ÁHX-ron régional de la haute technologie que furent le TGV, mais également le tricycle à moteur déjà présent dans le SUHPLHU�RSXV�GX�ÀOP�Rise and Fall. La maison du garde barrière (reproduite au tiers dans l’exposition) hésite, elle, entre un statut de cabane (à outils, de jardin ou à poules) et d’abri précaire.

Qu’ils se situent dans des régions proches ou lointaines, ces récits d’anti-cipation nous transportent dans de nouveaux territoires intermédiaires dont la mondialisation a hâté le déve-loppement : dans les quartiers pavil-lonnaires ultra sécurisés à l’origine du récit de Delaborde, dans les zones rurbaines (entre ville et campagne) qui hantent le travail de Liegeois, se jouent inexorablement de nouveaux modes de vie, de nouveaux modes d’occupation de l’espace et de nou-veaux comportements sociaux dans lesquels les artistes détectent toute une violence latente.

Les formes plastiques découlent de ce creuset de pratiques marginales ou

occultées. D’une part, les artistes en détournent librement les codes (gra-phiques, ornementaux ou vestimen-taires), grâce auxquels ils pallient tout risque de raideur formaliste. D’autre part, la forme de l’installation qu’ils ont adoptée leur permet de combiner objets trouvés et fabriqués, méca-nismes low-tech et techniques artisa-nales, son, dessins, auxquels tous deux adjoignent la narration plus linéaire GX�ÀOP��/·LQVWDOODWLRQ�OHXU�SHUPHW�DLQVL�de transcrire les principes d’hétérogé-néité, de dérèglement et de mixage propres aux cultures, musicales surtout, qui les nourrissent.

C’est ainsi que celle de Jonas Delaborde relève d’un assemblage ou d’un montage de formes et motifs hétéroclites composant un véritable rébus. Ce dernier synthétise de façon elliptique, cryptée, un récit prétexte j� XQH� UpÁH[LRQ� VXU� OH� SRXYRLU� GX�langage. Celle de Thierry Liegeois s’apparente à un décor délaissé à la suite de quelque rituel cathartique. Sa démarche tient plutôt de celle GX� FKLIIRQQLHU�� FHWWH� ÀJXUH� TXH�Baudelaire décrivait comme celui qui ramasse « tout ce que la grande cité a rejeté, tout ce qu’elle a perdu, tout ce qu’elle a dédaigné, tout ce qu’elle a brisé », celui qui « compulse les archives de la débauche, le capharnaüm des rebuts »2. Celui, aussi, que le photographe Eugène Atget, dans le bien nommé album Zoniers, a montré campé devant sa cabane encombrée. Les techniques artisanales (mécanique, chaudronnerie) qui ont présidé à l’élaboration des divers éléments en préservent pourtant l’unité sculpturale tout en rappelant les savoir-faire ouvriers.

Le caractère hybride de ces installa-tions réactive bien celui qui caracté-rise structurellement les subcultures, et

qui seul peut, selon Stuart Hall, mettre « en scène les dissonances de pou-voirs »3. L’art, cette « production » au croisement d’une libre réappropria-tion et de l’invention serait une pos-sible réponse à la question, posée par le sociologue britannique, de notre capacité à élaborer et rendre visibles des histoires minoritaires (passées et futures) sans avoir recours à des récits identitaires essentialistes4. De cette hybridation peuvent surgir d’autres hypothèses inconnues jusqu’alors et revitalisantes – visuellement et donc culturellement – entre utopie et prag-matisme.

&RPPH�WRXW�ERQ�UpFLW�GH�VFLHQFH�ÀFWLRQ��les deux corpus mêlent le réel ou le plausible au fantastique ; et là aussi, l’imaginaire fait émerger la part la plus trouble des activités et pensées KXPDLQHV�� *LRUJLR� $JDPEHQ� DIÀUPH�que le contemporain est celui « qui ne se laisse pas aveugler par les lumières du siècle et parvient à saisir en elles la part de l’ombre, leur sombre inti-mité, (…) celui qui perçoit l’obscurité de son temps comme une affaire qui le regarde »5. Le philosophe use alors de la métaphore des off-cells, des cel-lules qui s’activent en périphérie de la rétine en cas d’absence de lumière. Les off-cells laissent en effet suppo-ser que l’obscurité n’est pas inerte mais le résultat d’une véritable acti-vité d’une partie de notre corps. Avec humour et distance, les œuvres de Jonas Delaborde et Thierry Liegeois activent la « sombre intimité » que recèle notre époque.

Anne Giffon-Selle, Le 19, Crac.

1Le mot est de l’artiste.2Charles Baudelaire, /HV�SDUDGLV�DUWLÀFLHOV��Du vin et du haschisch, œuvres complètes, Paris, Gallimard (La Pléiade). 3Stuart Hall, Diasporas, ou les logiques de la traduction culturelle, in Identités et cultures 2, politiques des différences, Paris, Editions Amsterdam, 2013, p. 82.4Stuart Hall, ibid., pp. 71-72.5Giorgio Agamben, Qu’est-ce que le contemporain ?, Paris, Rivages poche, 2008, pp. 20-21.

Thierry Liegeois, Rise & fall II, 2017, photo de tournage © Angelique PichonDouble page suivante : Overload, 2016, mosaïque de vaisselle brisée, tricycle, bois, mousse,

argile, grillage, 2 écrans plats diffusant un glitch en boucle, 5,20 x 3,40 x 3 m

Vers l’est

Le monde appartient à ceux dont les ouvriers se lèvent tôt.1

Thierry Liegeois poursuit dans ses re-FKHUFKHV� XQH� UpÁH[LRQ� VXU� OH� SUpVHQW�tel qu’il nous encombre et non tel qu’on le rêverait. Pas de grands récits dans son travail, pas non plus de rendez-vous calé avec l’Histoire, mais toujours une émancipation latente, loin du « réenchantement » qu’on nous sert à toutes les sauces. L’oeuvre est pour lui un travail, parce qu’elle malaxe nos représentations et nos certitudes bien sûr, mais aussi parce que la dimension physique que ce mot recouvre - l’im-plication du corps de l’artiste engagé dans l’accomplissement de quelque FKRVH���SUHQG�XQ� VHQV� WUqV� VSpFLÀTXH�lorsque l’on sait qu’il a lui-même tra-vaillé quelques temps dans une usine.Thierry Liegeois cherche, comme il le dit lui-même, « à rester libre » : que ce soit dans les sujets abordés ou dans les matériaux convoqués dans ses œuvres, il s’applique à échap-per aux classements, aux catégories confortables qui pourraient ranger son travail. Ses pièces, généralement construites sur des symboles et réfé-rents qui s’entrechoquent, adoptent une position critique - parfois avec hu-mour - sur les différences de classe et sur les fractures sociales et esthétiques dans lesquelles nous vivons. Les lieux qu’il investit ont souvent plus à voir avec le genre populaire, ordinaire, où poussent les espaces de la contre et de la « sous-culture », plutôt que les salons feutrés de la capitale et de la FXOWXUH�RIÀFLHOOH�

L’installation qu’il a imaginée pour le centre d’art le 19 est une transposi-tion de l’environnement de l’ancienne gare de Bourguignon, située sur le

tracé Montbéliard-Saint-Hippolyte. Aujourd’hui désaffectée, la voie ferrée qui longe la gare n’est plus entretenue et la végétation a sauva-gement repris ses droits. C’est dans ce contexte que l’artiste a choisi de réaliser une nouvelle vidéo qui met en scène une étrange machine de son invention, une sorte de débroussail-leuse construite à la main, qui pourrait être une transposition rurale de l’uni-vers Mad Max. Il s’agit d’une sorte de tacot fait de barres d’acier, mu par XQ� PRWHXU� j� HVVHQFH� HW� ÁDQTXp� GH�quatre roues sans pneus, destinées à faire avancer le véhicule sur les rails de l’ancienne voie ferrée. Au centre d’une petite plateforme trône le siège baquet du pilote. Tout l’avant de la machine est occupé par une structure en métal en forme d’arcade, d’une hauteur de près de deux mètres et bardée de lames en dent de scie. Dans la vidéo, on découvre que cette étrange machine, pilotée par un indi-vidu paré d’un masque, est destinée à débarrasser la voie ferrée de la végétation qui la rend impraticable. Différents personnages occupent le ÀOP�� LOV� VRQW� YrWXV� G·XQH� FRPELQDLVRQ�de travail orange et portent eux aussi cet étrange masque prolongé d’une trompe, qui n’est pas sans évoquer ce-lui des médecins de peste au moyen-âge2. Ces véritables « ouvriers de la mort » étaient généralement peu qua-OLÀpV�HW�H[SRVpV�j�XQ�WDX[�GH�PRUWDOLWp�très élevées, au contact des corps en décomposition. Plus près de nous, en 1986, les « liquidateurs » de la cen-trale de Tchernobyl, qui étaient eux aussi chargés de décontamination, bri-colèrent à leur tour dans l’urgence des FRPELQDLVRQV�WRWDOHPHQW�LQHIÀFDFHV�j�l’aide de plomb et de métal... Thierry Liegeois joue avec ces symboles de

l’ouvrier différencié par son vêtement, DXTXHO�RQ�FRQÀH�OHV�EDVVHV�±XYUHV��,FL��autour de la gare, le site sur lequel ces ouvriers-complices interviennent n’est pas à décontaminer mais plutôt à revitaminer, l’artiste parle d’ailleurs avec humour de la possible métaphore d’une nouvelle « conquête de l’est » : si le paysage américain des westerns est peuplé de vastes déserts ouverts sur l’horizon, le paysage de l’est investi par Thierry Liegeois est plutôt bouché, envahi de ronces, de lierres et de fou-gères.

L’ensemble de l’installation, qui com-porte en plus de cette vidéo intitulée Rise and Fall 2, une reproduction en acier de la gare en modèle réduit, la machine « débroussailleuse » ainsi qu’un hypothétique territoire déli-mité au sol à l’aide de rails, doit se replacer dans le contexte global du travail de l’artiste. S’il ne cherche pas à nous confronter directement à un art « politique », Thierry Liegeois est indéniablement un artiste engagé. Mais il ne s’agit pas chez lui de don-ner des leçons aux spectateurs, ou de leur imposer une lecture univoque. Il travaille sur des sujets généralement peu explorés par l’art contemporain, comme la désindustrialisation et ses conséquences sociales et environne-mentales – ce dont il est question dans le diptyque vidéo Rise and Fall.

Dans le premier volet de la vidéo (Rise and Fall), l’action prenait forme dans l’ancienne usine Duralex de Rive-de-Gier où les protagonistes étaient un peu comme des réminiscences des ouvriers de cette ancienne verrerie, maintenant désaffectée. On voit dans la première séquence deux person-nages construire avec les moyens du bord une sorte de tricycle à moteur (forme « primitive » et légère de la machine-débroussailleuse décrite plus

haut), qui va permettre à l’un d’eux de prendre la route pour rejoindre un groupe avec lequel il va créer une mer de verre, en recyclant dans une installation disposée au sol, des matériaux trouvés dans l’usine aban-GRQQpH��/D�SOXSDUW�GHV�DFWLRQV�ÀOPpHV�sont des gestes d’émancipation : bri-colage d’un véhicule non homologué « hors-la-loi », pour prendre la route vers une libération par le travail ar-tistique, accomplie avec d’autres ar-tistes. Dans cette première vidéo, les acteurs portaient déjà des masques, symbole d’une position à déterminer entre celle du bouffon et du bourreau. Thierry Liegeois n’idéalise en effet pas le monde ouvrier qu’il connaît bien : il en montre aussi, à l’aide de ces masques, la violence et la cruauté. Dans Rise and Fall 2, les personnages sont d’ailleurs épiés par un « voisin », qui pourrait être le pendant indien de ces cow-boys de l’est. L’artiste a eu l’idée de ce trouble-fête en voyant surgir, dans de nombreux villages, la pancarte « voisin vigilant », issue d’une plateforme internet qui incite monsieur-tout-le-monde à surveiller les faits et gestes de ses voisins pour aider la police à débusquer les com-portements jugés suspects. C’est aussi FHWWH�FUDLQWH�GH�O·DQRUPDOLWp��ÀJXUDQW�encore ici l’émancipation, que l’artiste met en lumière. Les deux vidéos pré-sentent par ailleurs un personnage qui collecte des éléments dans les pay-sages qu’il traverse. Dans Rise and Fall 2, il s’agit principa-lement d’objets issus de la voie ferrée. Cette « collection » ponctue l’installa-tion dans l’espace du 19, comme si l’artiste cherchait à abolir la frontière HQWUH� OD� ÀFWLRQ� ÀOPpH� HW� OD� UpDOLWp�matérielle de l’exposition. Un moyen aussi pour Thierry Liegeois de nous imprégner du terrain qu’il explore GDQV� OH� ÀOP�� GH� OH� UHQGUH� SK\VLTXH-ment présent sous nos yeux, comme

pour forcer cette immersion : un pro-cédé que l’on retrouve souvent dans ses installations, la plupart du temps SHQVpHV�VSpFLÀTXHPHQW�SRXU�OHV�OLHX[�qui l’accueillent. Que ce soit dans un centre d’art en Chine3 ou dans une galerie parisienne de la rive gauche4, Thierry Liegeois force toujours le réel à revenir dans le monde culturel. Là où l’on privilégie parfois les effets et les paillettes, il nous invite à dépla-cer notre regard vers les espaces qui n’alimentent pas l’euphorie du monde, mais qui dénoncent au contraire tous les oublis et toute l’aliénation qui le font – encore – tenir debout.

Gaël Charbau

1 Michel Colucci, dit Coluche (1944-1986).2 Il s’agissait de masques destinés à proté-ger le médecin des odeurs de décomposi-tion des cadavres. Dans la « trompe » ou le bec étaient comprimées différentes plantes DURPDWLTXHV� �FDPSKUH�� FORXV� GH� JLURÁH��mélisse, thym, etc.).3 Exposition Glitch City, 2016, Unicorn Cen-ter for Art, Beijing, Chine.4 Exposition de groupe Machinations, 2016, commissaire Aurélie Faure.

Thierry Liegeois, Rise & fall II, 2017, photo de tournage © Angelique Pichon

Jonas Delaborde, Principles of Hyperion’s inner architecture applied to Earth dogs uprising, 2016, dessin

Jonas Delaborde, Flag 2, 2017, impression textile, 250 x 120 cm, production Le 19, Crac

Cœurs de chien

Décrivons d’abord les éléments dis-joints de l’exposition de Jonas Dela-borde, à savoir : la modélisation laby-rinthique d’un hub de tunnels dont les cavités en forme de lettres de l’alpha-bet, construisent, en perspective, des embryons de messages cryptés ; dif-férentes dérives urbaines, parcourant la diversité architectonique et sociale de quartiers de Rio de Janeiro, tour-nées en Go Pro à dos de chien ; un ensemble de dessins où ces diffé-rents éléments sont rassemblés telles GHV� DIÀFKHV� GH� SURSDJDQGH� R�� OHV�échelles se télescopent : les canalisa-tions aux parois découpées de signes typographiques deviennent des archi-tectures cyclopéennes, peuplées de chiens géants à l’allure menaçante, toutes dents dehors. Autant révéler d’emblée le scénario qui lie et en-châsse ces fragments de story-board : quelque part, dans l’un de ces pays où le postmodernisme urbanistique n’a pas intégralement atomisé la lutte des classes, où la différenciation sociale est le marqueur qui découpe la ville en ghettos sécurisés où les riches se protègent des pauvres, un collectif d’activistes anonymes envisage une révolution. Mais comment pénétrer les gated areas, sinon en utilisant le seul cheval de Troie disponible, le seul être qui puisse encore circuler à l’intérieur et l’extérieur des zones vidéo-surveil-lées ? Seuls les chiens, dont les super-riches délèguent la promenade à des entreprises spécialisées, assurent encore la raison d’être des trottoirs et des passages que n’empruntent plus jamais aucun piéton. Tel est alors le SODQ�GHVVLQp�SDU�OHV�LQVXUJpV���V·LQÀOWUHU�parmi les accompagnateurs canins as-sermentés, et utiliser les bêtes comme instruments d’un meurtre de masse des SXLVVDQWV��/HV�KpVLWDWLRQV�HW�OHV�FRQÁLWV�

internes de l’organisation reposent alors sur le mode opératoire de l’at-tentat : certains envisagent d’utiliser les chiens comme bombes animales, en les QRXUULVVDQW�G·XQH�DOLPHQWDWLRQ� LQÁDP-mable, déclenchée à distance grâce à un détonateur ; d’autres de les dro-JXHU�DÀQ�TXH��GH�UHWRXU�DX�IR\HU�� LOV�s’attaquent à leur maître. Mais nous n’en sommes plus à Pavlov et à ses ex-périences sur le conditionnement. Pa-vlov ne voyait dans l’expérience avec son chien que ce qu’il voulait bien y voir, et ne se rendait pas compte que la cloche qu’il faisait sonner ne faisait pas simplement saliver le chien, mais stimulait chez l’animal battements de queue, aboiements et amorces de jeu. L’expérience du son de la cloche, du point de vue du chien, n’indiquait pas l’arrivée de la nourriture mais bien l’espoir d’une interaction sociale avec l’humain. L’insurrection dès lors ne saurait venir sans le consentement des chiens. Mais comment convaincre ces derniers du bien-fondé d’un ren-versement de régime, comment les convertir à une théorie révolution-naire ? « Ce n’est pas aux dominés que l’on apprend les principes de la do-mination », avait écrit, dans un autre contexte, le philosophe Jacques Ran-cière. Certes, les traités sur la domi-nation sont essentiellement à l’usage de ceux qui l’exercent, mais lorsqu’il s’agit d’animaux et de leur point de vue, à quel registre d’imaginaire peut-on faire appel si l’on cherche d’une part à les traiter en sujet sans toutefois les « anthropomorphiser » ? La théorie de l’Umwelt était en vigueur depuis le début du 20e siècle, formulée par le naturaliste Jacob von Uexküll. Il y décrivait comment l’animal, loin d’être le jouet de stimuli auquel il répondrait de manière immuable par un jeu de

déterminismes hormono-sensoriels, est au contraire un sujet percepteur, dont la perception est une activité, un acte FUpDWLI� TXL� DFFRUGH� GHV� VLJQLÀFDWLRQV�à des objets perceptifs dont l’animal peuple son milieu. Comme l’écrit Vin-ciane Despret, « L’Umwelt, ou monde vécu par l’animal, est dès lors un monde où les choses ne sont perçues, d’une part, que parce qu’elles sont captées par un équipement sensoriel particulier (…) et d’autre part, que dans la mesure où elles ont pris une VLJQLÀFDWLRQ��(W�F·HVW�DYHF�FHV�VLJQLÀFD-tions que l’animal construit son univers perceptif. Temps, espace, lieu, che-min, parcours, maison, odeur, ennemi, chaque événement du monde perçu HVW� XQ� pYpQHPHQW� TXL� ©�VLJQLÀH�ª�� TXL�Q·HVW�SHUoX�TXH�SDUFH�TX·LO� VLJQLÀH�²�HW�SDU�FH�TX·LO�VLJQLÀH�²�XQ�pYpQHPHQW�qui fait de l’animal un « prêteur » de VLJQLÀFDWLRQV��F·HVW�j�GLUH�XQ�VXMHW�1»

4XHOOH� VLJQLÀFDWLRQ�� HW� TXHOOH� IRUPH��peut prendre pour un chien la notion de soulèvement des opprimés contre leurs oppresseurs ? Dans le domaine GH� OD� OLWWpUDWXUH� GH� VFLHQFH�ÀFWLRQ�moderne, l’uplift, ou « soulèvement », est un motif qui consiste à postuler un processus de développement, ou de transformation, de certaines espèces DQLPDOHV�� TXL� VRQW� DORUV� JUDWLÀpHV�d’une intelligence supérieure à celle dont on pouvait les créditer à l’état de nature. Bien souvent, le motif de l’uplift animal, dans L’Ile du Docteur Moreau de Wells ou dans La Planète des singes de Boulle par exemple, a surtout consisté à prévenir de la dan-gerosité des apprentis-sorcier humains dans leurs expérimentations avec des êtres vivants, mais aussi à fantasmer des scénarios dystopiques sur la po-tentielle régression des êtres humains, dans la terreur qu’ils puissent être destitués, un jour, de leur place de maîtres dominant les autres espèces

animales. Rien de bon à tenter de PRGLÀHU�O·RUGUH�©�QDWXUHO�ª�GHV�FKRVHV��et la manière dont se distribuent les hiérarchies. La nouvelle Cœur de chien de Mikhaïl Boulgakov, interdite de publication en 1925, situait dans la nouvelle société bolchevique une expérience génétique d’uplift d’un chien à qui le professeur Filip Filipo-vitch Preobrajenski greffe les testi-cules d’un homme. Le docteur, rétif à la redistribution collectiviste des biens, se voit confronté à un homme-chien, le camarade Poligraph Poligraphovich Bouboulov, dont le comportement ré-vèle bientôt essentiellement la compo-sante chien dans son corps d’homme, et les bas instincts animaux qui lui font dénoncer son maître comme contre-ré-volutionnaire. Bientôt châtré, il retour-nera à sa condition canine après la parenthèse de sa dangereuse « évolu-tion ». Et tout rentre dans l’ordre.Jonas Delaborde postule, quant à lui, un couplage différent de la pers-pective marxiste de la conscience de classe. « L’histoire du marxisme », écrit Tristan Garcia dans Nous, « qui est traversée de débats interminables TXDQW�j�OD�GpÀQLWLRQ�PrPH�GHV�FODVVHV�qui découpent la société, est com-pliquée par l’ajout à la classe de la conscience de classe. Première possibi-lité : on estime que l’appartenance de classe constitue une réalité distincte du rapport qu’on entretient avec cette appartenance, mais on prête alors le ÁDQF� DX� UHSURFKH� GX� ©�PpFDQLVPH�ª��puisque la conscience, déterminée par l’appartenance concrète, s’y surajoute sans l’affecter. Seconde possibilité : on estime, à l’image de Lukacs dans Histoire et conscience de classe, que la conscience de classe est organique-ment liée à l’appartenance de classe, GH�VRUWH�TX·LO�Q·\�D�SDV�GH�OLJQH�GpÀ-nitive qui sépare l’intérêt et l’idée, le nous dont on hérite et le nous qu’on choisit.2»

Ce que le scénario de Jonas Delaborde échafaude comme schéma d’une « insurrection qui vient » n’est pas seulement une allégorie du dominé LQFDUQpH�GDQV�OD�ÀJXUH�GX�FKLHQ��PDLV�bien un nous, assemblant, non pas au-delà des différences de race, classe ou genre, mais bien à cause de ces différences mêmes, une conscience commune. Il en appelle à une notion de couplage inter-espèce, plus proche en cela de ce que décrit l’écrivaine de VFLHQFH�ÀFWLRQ�8UVXOD�.��/H�*XLQ�GDQV�ses cycles Terremer et Ekumen, où les relations entre espèces, en l’occurrence entre intelligences provenant de systèmes différents, autres, entre humains et dragons par exemple ou entre humains et extraterrestres, s’effectuent par empathie réciproque, dans une zone sensorielle infra-verbale accouplant, deux à deux, des identités dissemblables en une tierce entité qui tire son pouvoir de O·DJHQFHPHQW��GH�O·DGGLWLRQ��VSpFLÀTXH�de ses composants. La philosophe Vinciane Despret, dans son analyse des expériences d’apprentissage sur les rats dans les labyrinthes, ne dit pas autre chose. « Les rats répondent à une autre question que celle que leur expérimentateur leur pose. Et l’expérimentateur ne peut, à aucun moment, s’en douter, simplement parce qu’il n’a pas pris en considération le point de vue que le rat pourrait avoir sur la situation.3» Convaincre les chiens de la nécessité de la révolte ne consiste donc pas à leur apprendre un bréviaire révolutionnaire, en trouvant leur chemin familier dans le labyrinthe d’un langage à acquérir, mais de leur faire rapproprier un espace en tant qu’espace social et politique. Comme les rats de Vinciane Despret, « il ne s’agit plus seulement de « marquer » les lieux où l’on passe, comme le font les rats et nombre d’animaux, étendant leur corps aux limites de

leur territoire à grands coups de substance odoriférante, il s’agit aussi de se faire marquer par l’espace, lui-même organisé par le trajet, et d’en incorporer l’organisation.4» C’est par cette incorporation des aliénations, qui privilégie l’affect sur la distance rationnelle, qu’une conscience inter-classe se dessine, au loin, et peut-être alors, demain, nous les chiens…

François Piron

1 Vinciane Despret, Penser comme un rat, Versailles, éditions Quae, collection « Sciences en question », 2009, p. 29.2 Tristan Garcia, Nous, Paris, Grasset, 2016, pp. 162-163.3 Vinciane Despret, Penser comme un rat, Versailles, éditions Quae, collection « Sciences en question », 2009, p. 34.4 Vinciane Despret, ibid., p. 35.

Expositions personnelles

2015Clovis Carnival Conspiracy, act II, Néon, Lyon, en coproduction avec Tlön (Nevers).PL Sayhuite Convention, 1977, en collabo-ration avec Andres Ramirez, Centre d’Arts Plastiques de Saint-Fons.

2014Clovis Carnival Conspiracy, act I, Tlön, Ne-vers, en coproduction avec Néon (Lyon).

2007Jonas Delaborde, Un Regard Moderne, Paris.

Expositions collectives (sélection)

2016Nazi Knife - Congélation stéréo, Jonas Dela-borde & Hendrik Hegray, Galerie P38, Paris.

2015Providence - Fracas psychédélique en Nou-velle-Angleterre, commissariat de Jonas Delaborde, Musée International des Arts Modestes, Sète.

Images résistantes, commissariat Documents d’artistes Rhône-Alpes, en partenariat avec le Réseau dda, Fondation Bullukian, Lyon.

2013CHINESE WHISPERS, commissariat Andrea Baccin, Luca Francesconi, Ilaria Gianni, Ila-ria Marotta, Costanza Paissan, cura.base-ment, Rome, Italie.Splendid Splash, Atelier RATS Collectif, Vevey, Suisse.

2012Frédéric Magazine - Hors Format, espace public, Dunkerque.Impressed, Galerie Arko, Nevers.Modern Masters, Good Press gallery, Glas-gow, Ecosse.Superclub presents: Tria Menso, The Glad Cafe, Glasgow, Écosse.

2011Frédéric Magazine, Galerie Jean-Marc Thévenet, Paris.Harsh Patel - Whiteness: Zulu and Zulu De-mon City, Andrew Roth Galery, NYC, USA.Studio Romance, La Vitrine, Paris.

jonas delabordeNé en 1981 à Abbenay.Vit et travaille à Lyon.

biographies

Jonas Delaborde, Conspiração do caminhante do cão, 2017, vidéo, coproduction le 19, Crac

Expositions personnelles

2016Impressions de Chine, L’attrape-couleurs, Lyon.Hybristographie, OÙ, Marseille.Glitch City, Unicorn center for art, Beijing, Chine.

2015Cacography, Lab 47-experimental art, Bei-jing, Chine.

2014Le syndrome Murray Futterman, Invitation du collectif Or Nothing, Brussels, Belgique.

2013Rise and Fall, Résonance biennale d’art contemporain, atelier-galerie L’oeil de boeuf, Lyon.

2012The Uncanny Valley Saloon, Module, Fon-dation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent. Palais de Tokyo, Paris.Dystopia, Galeries Nomades 2012/IAC, Villeurbanne/Rhône-Alpes – Angle art contemporain, St-Paul-Trois-Châteaux.

Expositions collectives (sélection)

2016machination(s), galerie Eric Mouchet, Paris. Commissariat Aurélie Faure.

2014Le rire, un parcours jaune, commissariat Léo Guy Denarcy, Cac Atelier Estienne, Manoir de St Urchaut, Pont-Scorff.Espace/cellule, Thierry Liegeois VS Pierre Gaignard&Benjamin Collet Feat. Gordon Matta-Clark, Multiplex décomplexé, rési-dence de la galerie Néon, Lyon.

2013Toujours. Jure, crache, tatoue, organisée par l’association L’état des lieux, Lyon.

2012Fables Berurières-BxN-part1, Greenhouse-Saint-Etienne.

2011Les enfants du sabbat XII, Le Creux de l’Enfer, Thiers.

thierry liegeoisNé en 1983 à Montbéliard.Basé à Lyon.

biographies

Thierry Liegeois, Rise & fall, 2013, vidéo numérique, 15’55

Depuis plusieurs années, le 19 accom-pagne des artistes en résidence dans les collèges et les lycées de la région Franche-Comté. Ces résidences sont des moments d’échanges et de par-tages entre artistes et élèves autour de la production d’une œuvre, mais aussi avec les habitants du quartier ou de la ville et les parents d’élèves. Forts de ce dialogue noué entre les enseignants, les élèves, les artistes et le 19, deux plasticiens sont à nouveau invités cette année. Dans le cadre du dispositif « La Parole aux collégiens », 'DYLG�3RVW�.RKOHU�LQWHUYLHQGUD�DX�&RO-lège Anatole France de Bethoncourt, pendant qu’Olivier Millagou intervien-dra au Lycée professionnel du Luxem-bourg de Vesoul, au CFAA de Valdoie et au Lycée Louis Aragon d’Héricourt. De par leur capacité à s’approprier et à croiser divers registres culturels (art contemporain, artisanat, cultures vernaculaires et subcultures), Millagou HW� 3RVW�.RKOHU� SRXUURQW� HQFRXUDJHU�les élèves à intégrer leur propre uni-vers de références et de codes cultu-rels aux expériences plastiques qu’ils leur proposeront. Ces frottements de-vraient alors permettre la nécessaire mise à distance des idées dominantes, avec humour et ouverture à l’autre. /H� WUDYDLO� GH� 'DYLG� 3RVWK�.RKOHU�est fait de rencontres : rencontres d’images, de matières, de techniques et surtout de personnes. Artiste voya-geur, attentif à l’inhabituel et ouvert à l’accidentel, il se déplace et observe en touriste autant qu’en ethnologue le monde qui l’entoure. L’univers qu’il élabore fait la synthèse des cultures de notre monde : naviguant entre le consumérisme et le « Do it yourself », il réinvente des objets du commun en déplaçant leur fonction initiale, sou-

vent utilitaire, vers une fonction poé-WLTXH�RXYUDQW�j�OD�UpÁH[LRQ��'DYLG� 3RVWK�.RKOHU� UHFRXUW� SULQFLSD-lement au moulage et produit des sculptures en plâtre ou en céramique à partir d’objets sélectionnés dans son journal photographique partagé sur LQWHUQHW�R��VH�FURLVHQW�UpÁH[LRQV�SODV-tiques et instants de vie.Entre pratique artisanale et expérimentation, son travail révèle un désir d’émancipation de l’objet. En reconstruisant des formes communes (baskets, téléphone portable, sac à dos…), il propose de mieux les comprendre, de se les réapproprier, et de leur offrir une autre existence en dehors des registres préétablis. 'DYLG�3RVWK�.RKOHU�LQWHUURJH�OD�PLQFH�frontière qui sépare l’œuvre de l’objet quotidien. Par le biais de l’échange et du partage des savoirs, il porte un regard sur la pluralité du monde, faisant ainsi dialoguer les cultures.

Au cœur du travail d’Olivier Millagou on retrouve les subcultures, tout parti-culièrement celle du surf qui le fascine depuis longtemps, avec son lot de pop music, (les Beach Boys, bien sûr, mais aussi The Challenders ou The Surf-tones), de beach movies (Out of Sight de Lennie Weinrib, 1966) et d’images acidulées. Certaines techniques - bois brûlé, céramiques informes, lumières tamisées -, ainsi que toute une icono-JUDSKLH� ²� pFOLSVH�� VROHLO� QRLU�� ÀJXUHV�primitives, palmier tronqué, visages effacés… - laissent pourtant devi-ner un versant plus sombre que l’ap-parente blonde luminosité que l’on prête à la jeunesse de la Californie du Sud. Les œuvres de Millagou nous rappellent en effet les lointaines ori-gines polynésiennes d’un surf interdit par des missionnaires, choqués par

résidences en milieu scolaire

la liberté des corps que cette pra-tique induisait, puis sa réappropria-tion par la contreculture américaine d’un après-guerre puritain et encore belliciste. Cette quête a priori solaire s’avère alors celle, plus mélancolique, d’un paradis à jamais perdu.Dans ses installations, l’artiste accorde au son un rôle essentiel et structurant. S’il n’est pas musicien lui-même, il col-labore fréquemment avec certains d’entre eux et utilise volontiers le pro-cédé du ÀHOG� UHFRUGLQJ� (enregistre-ment direct des sons environnants puis éventuel remixage). C’est ce matériau qu’il utilisera de préférence pendant sa résidence.

Les deux artistes seront réunis dans une même exposition à La cantine

d’art contemporain de l’École d’art de Belfort G. Jacot du 31 mars au 1er juin. Cette exposition entremêlera œuvres récentes et productions iné-dites réalisées dans le cadre de leur résidence.

David Posth Kohler :www.instagram.com/davidposthkohler/davidposthkohler.tumblr.com/decalage6h.tumblr.com/

Olivier Millagou :www.oliviermillagou.comwww.documentsdartistes.org/artistes/millagou/repro.htmlwww.galeriesultana.com/

résidences en milieu scolaire

Olivier Millagou, résidence Lycée Louis Aragon, Héricourt

tout publicvisites commentées au 19Les premiers dimanches du mois, durée : 1h, gratuit.> 5 février, 5 mars, 2 avril à 15h30.

nouveau ! la nocturne apéro du 19Le 19 Crac est ouvert jusqu’à 20h !A l’issue d’une visite commentée, pour-suivez la discussion avec la complicité du médiateur en partageant un verre dans le cadre convivial du 19. > jeudi 23 mars de 18h à 20h.

visites de groupes adultesGroupes d’amis, associations, CE, le 19 vous propose des visites commen-tées sur mesure. Un moment privilégié de découverte de l’art contemporain. Sur réservation au 03 81 94 13 47 ou [email protected].

groupes scolaires et periscolairesDes rencontres-découvertes au plus proche des œuvres d’art.sur réservation au 03 81 94 13 47.

rdv des enseignants & des animateursRendez-vous spécial enseignants, ani-mateurs et responsables associatifs. L’équipe du service des publics est à votre disposition pour répondre à toutes vos questions sur l’exposition et les visites au 19. N’hésitez pas à ve-nir préparer vos sorties en apportant votre sandwich !> jeudi 9 février, à partir de 11h30 jusqu’à 13h30.

jeune public et familleles après-midi jeune publicVisites/ateliers pour les enfants 6-12 ans, les mercredis de 14h à 16h.7 € (tarifs dégressifs pour les fratries).

> les mercredis : 15 février, 8 mars, 12 avril.Ces visites et ateliers sont proposés à tous les enfants qui souhaitent exercer leur regard et s’initier à une pratique artistique.

stages vacances Workshop pour les 7-12 ans.30 € (tarifs dégressifs pour les fratries).Pendant les vacances c’est toi l’artiste ! Détourne des objets, invente ton dra-peau, fabrique tes masques et expé-rimente toutes sortes de matières pour créer ton propre univers.Le dernier jour, un goûter-exposition sera organisé pour présenter tes créa-tions à tes parents.> vacances d’hiver du 21 au 24 fé-vrier de 14h à 16h.> vacances de pâques du 18 au 21 avril de 14h à 16h.

visite/atelier FamilleUn temps de visite et de pratique artistique pour découvrir en famille l’exposition off-cells. Un moment de découverte complice et créative entre parents et enfants.> dimanche 19 mars de 15h à 17h, entrée libre.

Pensez à réserver les ateliers JEUNE PUBLIC ET FAMILLE.Pour cela 2 possibilités : 03 81 94 13 47 ou [email protected]. Un minimum de 2 personnes inscrites est nécessaire.

autour de l’exposition

autour de l’exposition les rdv

rencontre avec jonas delaborde et thierry liegeoisRencontre en avant-première avec les artistes de l’exposition off-cells pour les membres du 19 Club uniquement. Une bonne occasion de devenir un ami du 19…> jeudi 2 février à 18h30.

encore une soirée ratée !spéciale saint valentinToujours impertinent, le TRAC (Taquin Réseau d’Art Contemporain de l’Aire Urbaine Belfort-Montbéliard) propose une soirée de la Saint-Valentin très VSpFLDOH����DYHF�ÀOPV��SHUIRUPDQFHV���> mardi 14 février à partir de 20h30 à l’école d’art de belfort g. jacot.

club sandwich vidéosDes vidéos sélectionnées par les ar-tistes d’off-cells à l’heure du déjeu-ner. Pensez à réserver vos sandwichs (2 euros) par mail jusqu’à 11h le jour même. Réservation : 03 81 94 43 58 ou [email protected].> mardi 28 février de 12h30 à 13h30.

petit salon de la micro-édition et du FanzineLe temps d’un après-midi, éditeurs et artistes de la micro-édition et du fanzine en région vous proposent de découvrir leurs œuvres imprimées. Au programme : rencontres, découvertes, ateliers fanzine et sérigraphie pour petits et grands... Table ronde à 18h avec les auteurs et éditeurs invités. > samedi 18 mars à partir de 14h.

Finissage sonore de OFF-CELLSConcerts et performances de musiques divergentes et distordues pour termi-ner l’exposition avec fracas.> samedi 22 avril à 20h.

Rue des PyrénéesYves Bélorgey13 mai - 30 juil. 2017Les tableaux d’immeubles d’Yves Bélorgey se sont longtemps attachés à interroger l’ambivalence de la modernité à travers le seul motif frontal de l’architecture des grands ensembles, témoins d’un croisement paradoxal entre utopie et relégation. Ses grands formats carrés ont continué de faire écho à la grille moderniste tandis que le sujet redevenait constitutif de la pratique picturale. Depuis quelques années, son iconographie a pris de nouveaux chemins de traverse pour représenter d’autres habitats populaires, pendant que touche et couleur s’émancipaient aussi.

Pour son exposition au 19, Crac, Yves Bélorgey montrera son dernier projet au long cours : épuiser par le dessin un parcours en tout sens de la longue rue des Pyrénées à Paris. La retenue monochrome de ses dessins au gra-SKLWH� VHPEOH� WRXWH� TXDOLÀpH�� G·XQH�part pour traduire l’essentiel d’une vi-sion dans le mouvement de la marche, d’autre part pour détecter les lignes de force qui sous-tendent les relations entre le corps social et ses espaces de formation.

Prochainement

Le 19, Centre régional d’art contemporain

19 avenue des Alliés25200 Montbéliard

03 81 94 43 58 www.le19crac.com

Mardi-samedi : 14h-18h dimanche : 15h-18h

Fermeture les jours fériés

Le 19 est membre de DCA, TRAC et SEIZE MILLEDépôt légal, 1er trimestre 2017

Issn : 1957-0856

Jonas Delaborde remercie Tanja Baudoin, Chica, Clara Gensburger, Adeline Lépine, Odilei, Jean-Charles Paumier,

François Piron, Hudson Rabelo, Lomé Lu, Jonathan Terroir et l’ENSBA Lyon.

Thierry Liegeois remercie Nicolas Hensel, Maxime Lamarche, Amélia Lett, Jean-Paul et Emmanuelle Lett, Paul-Emmanuel

Lett, Céline Linguagrossa, Amandine Pelletier, Angélique Pichon, Fabien Steichen, Anne-Marie Thibaudin,

Véronique Thibaudin.

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