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Cybergeo : European Journal of Geography Espace, Société, Territoire ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Pierre-Louis Têtu, Éric Mottet et Frédéric Lasserre La Chine à la conquête des ressources minières du Canada et de l’Arctique canadien ? Géographie de l’approvisionnement chinois dans le secteur du fer et de l’acier ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sous réserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluant toute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue, l'auteur et la référence du document. Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales développé par le Cléo, Centre pour l'édition électronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV). ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Référence électronique Pierre-Louis Têtu, Éric Mottet et Frédéric Lasserre, «La Chine à la conquête des ressources minières du Canada et de l’Arctique canadien ? Géographie de l’approvisionnement chinois dans le secteur du fer et de l’acier », Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Espace, Société, Territoire, document 750, mis en ligne le 13 novembre 2015, consulté le 14 novembre 2015. URL : http://cybergeo.revues.org/27300 ; DOI : 10.4000/ cybergeo.27300 Éditeur : CNRS-UMR Géographie-cités 8504 http://cybergeo.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://cybergeo.revues.org/27300 Document généré automatiquement le 14 novembre 2015. © CNRS-UMR Géographie-cités 8504

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La Chine à la conquête desressources minières du Canada et del’Arctique canadien ? Géographie del’approvisionnement chinois dans lesecteur du fer et de l’acier................................................................................................................................................................................................................................................................................................

AvertissementLe contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive del'éditeur.Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sousréserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluanttoute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue,l'auteur et la référence du document.Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législationen vigueur en France.

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Référence électroniquePierre-Louis Têtu, Éric Mottet et Frédéric Lasserre, « La Chine à la conquête des ressources minières du Canadaet de l’Arctique canadien ? Géographie de l’approvisionnement chinois dans le secteur du fer et de l’acier »,Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Espace, Société, Territoire, document 750, mis en lignele 13 novembre 2015, consulté le 14 novembre 2015. URL : http://cybergeo.revues.org/27300 ; DOI : 10.4000/cybergeo.27300

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La Chine à la conquête desressources minières du Canada et del’Arctique canadien ? Géographie del’approvisionnement chinois dans lesecteur du fer et de l’acierIntroduction

1 Poussée par une croissance économique rapide ces trente dernières années avec des tauxfrisant les 8 % par an, la demande chinoise en minerai de fer a considérablement augmentéau cours de cette période. En dépit de l’importance des réserves que recèle son sous-sol etde sa capacité d’extraction, les volumes de minerai de fer produit par la Chine apparaissentinsuffisants pour satisfaire l’importante demande nationale, laquelle est intimement liéeau développement économique rapide du pays. Ainsi, selon de nombreux analystes, Pékintenterait d’accroître ses débouchés commerciaux dans le secteur de l’acier et d’assurer lasécurité de ses approvisionnements en minerai de fer (Buckley et al., 2007 ; Li et al., 2012 ;Moran, 2012 ; Deng, 2013 ; Huang et Wang, 2013 ; Li, 2013 ; Manicom et Lackenbauer, 2013).C’est ce que certains analystes qualifient de « diplomatie des ressources », c’est-à-dire unerivalité entre économies globalisées pour sécuriser leur accès aux ressources nécessaires àla poursuite de leur croissance (Zhao,  2008  ; Lu et  al.,  2010  ; Song et Panayides,  2012  ;Deng,  2013). En particulier, en ce qui concerne l’approvisionnement en hydrocarbures etressources minières, on parle d’une diplomatie des ressources très active de la Chine enAfrique, en Asie centrale, en Amérique latine et en Russie.

2 L’intérêt de la Chine pour l’Arctique, incarné par sa demande d’admission comme membreobservateur au Conseil de l’Arctique, est fondamentalement mû par le souci de préserverun accès aux ressources de la région, que certains estiment fort abondantes. La montée enpuissance de l’économie chinoise, son affirmation politique sur la scène mondiale, et sadiplomatie des ressources, perçue comme agressive, ont donc contribué à développer uneperception négative de la Chine au sein de l’opinion publique canadienne, notamment dansun contexte de débats et d’inquiétudes sur la question de la souveraineté du Canada dansl’Arctique. La Chine chercherait-elle donc à faire main basse sur les ressources minièresde l’Arctique canadien ? S’il est probable que la menace soit faible, on relève, certes, desinvestissements chinois dans le secteur du fer et de l’acier dans l’Arctique et les régionssubarctiques du Canada. L’objectif de cet article vise donc à déterminer l’importance duterritoire Arctique canadien pour les entreprises chinoises dans le secteur du fer et de l’acier,dans le contexte des stratégies chinoises d’approvisionnement en minerai de fer.

MéthodologieDélimitation du territoire arctique canadien

3 Le territoire arctique canadien est défini comme la région au nord du 55e parallèle. Cettevaste région englobe quatre provinces : les régions du nord de Terre-Neuve et du Labrador(Nunatsiavut), du Québec (Nunavik), de l’Ontario et du Manitoba, ainsi que les trois territoiresque sont le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut.

Étude des stratégies d’approvisionnement de la Chine en matièrespremières minières : un défi méthodologique considérable

4 Déterminer la répartition géographique et la valeur des investissements dans le secteurminier présente un défi méthodologique considérable (Bridge, 2004). Alors que de nombreuxpays collectent des données sur les investissements au niveau national, les définitions de

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référence de ce qu’est un investissement direct à l’étranger (IDE) et les méthodes de collectedes données diffèrent considérablement entre les États. Par exemple, en 2007, les donnéesstatistiques du ministère du Commerce chinois (MOFCOM) indiquaient des investissementschinois totaux de 315 millions de dollars1 en Mongolie, alors que l’agence mongolienne desinvestissements étrangers indiquait un montant d’investissement total de plus de 900 millionsde dollars. En effet, « Official estimates of China’s FDI are contradictory, confusing andalmost certainly understate their true significance » (Kaplinsky et Morris, 2009, p.11) Parexemple, si l’on se fie aux données officielles chinoises, l’Angola ne figure pas dans lescinq principales destinations des IDE chinois en Afrique, même s’il est bien établi qu’ils’agit d’un des plus importants pays visés par les IDE chinois (Kaplinsky et Morris, 2009 ;Gonzalez-Vincente,  2012). De cet exemple est né le terme «  investissement en modeAngola » ou « paquet financier » (financing package) (Kaplinsky et Morris, 2009, p.11), unmode d’investissement typiquement caractérisé par un accord-cadre entre le gouvernementchinois et un autre pays, afin d’entreprendre le développement du territoire en échange dedroits d’accès aux ressources naturelles. Puisqu’aucune somme monétaire n’est généralementdirectement investie dans des infrastructures d’exploitation des ressources naturelles dansl’État bénéficiaire (Kaplinsky et Morris, 2009), il est d’autant plus complexe d’en dresser unportrait exhaustif.

5 La difficulté d’obtenir des données compatibles et comparables sur les IDE d’entrepriseschinoises dans le secteur minier (Bridge, 2004 ; Yellishety et al., 2010 ; Tan, 2012) rappelleque l’étude des stratégies d’approvisionnement de la Chine en matières premières minières estun sujet d’étude universitaire récent. En effet, peu de publications s’intéressent aux stratégiesd’approvisionnement de la Chine dans l’Arctique et aucune publication, à notre connaissance,ne s’intéresse au secteur spécifique du fer et de l’acier.

6 Sur les quelques articles scientifiques identifiés, Woo et Zhang (2006) tracent un portraitdes politiques mises en place par Pékin afin de favoriser l’investissement direct à l’étrangerdans le secteur minier et dressent un portrait statistique des investissements chinois dansle secteur extractif au Canada de 1979 à 2004. Ils précisent, dans leur article, que lesdonnées sur les IDE chinois ont été obtenues auprès de Statistique Canada2. Ceci paraîtvraisemblable compte tenu du fait que Grant (2012), dans son rapport pour le ConferenceBoard of Canada, souligne que Statistique Canada tient confidentiel le protocole de saisieet les données sur les IDE dans le secteur minier jusqu’en 2008. D’autres auteurs se sontintéressés à la question des investissements chinois dans le secteur minier. Yao et al. (2010),de leur côté, analysent les stratégies d’IDE de l’entreprise chinoise Chinalco et de l’Anglo-Australienne Rio Tinto Alcan de 2007 à 2009, et Shankleman (2011), associé au WoodrowWilson International Center for Scholars, examinent l'implication d'entreprises chinoisesoutre-mer sur la compétitivité globale. En ce qui concerne la répartition des IDE chinoisà l’étranger, Gonzalez-Vincente  (2012), dans un rapport préparé pour le défunt RawMaterial Group, aujourd’hui la propriété de SNL Metals & Mining, dresse un portrait dela répartition géographique des IDE chinois dans le secteur minier à travers le mondede 2000 à 2010, et Wilson (2012) fait le tableau des IDE d'entreprises chinoises dans lesecteur du minerai de fer de 2000 à 2010 et analyse la politique chinoise de sécurisationde l’accès à ce minerai stratégique. Finalement, dans son rapport pour le Conference Boardof Canada, Grant (2012) analyse les amendements possibles à la Loi sur l’investissementau Canada (L.R.C. (1985), ch. 28 (1er suppl.)), dans un contexte d’émergence de la Chine.En ce qui concerne les investissements chinois dans l’Arctique canadien, les travaux deLajeunesse et Lackenbauer (2014) s’intéressent aux IDE d’entreprises étatiques chinoises dansle secteur extractif dans l’Arctique canadien, puis finalement celui de Têtu et al. (2015) quis’intéresse aux perspectives d’expansion du trafic maritime dans l’Arctique canadien par ladocumentation de la logistique des projets des entreprises minières dans cette région, ce quicomprend des entreprises chinoises.

7 Selon Bridge (2004), une manière d’aborder le problème des données est d’utiliser des donnéescollectées au niveau du projet, c’est-à-dire à l’échelle géographique de la mine, plutôt quedes données compilées à l’échelle nationale. Pour y remédier, il propose l’utilisation de

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SearchMining.com, une base de données gratuite dont les données sont compilées par le MetalsEconomics Group, une entreprise de consultants basée à Halifax en Nouvelle-Écosse. Mais endépit du fait que la couverture des matières premières est large, puisqu’elle répertorie douzeproduits qui comprennent des métaux de base (cuivre, nickel, zinc, plomb, étain), des métauxprécieux (or, argent, platine et palladium) ainsi qu’un petit nombre de minéraux spécialisés(diamant, molybdène et cobalt), cette base de données ne comptabilise pas les projets liés auminerai de fer, ce qui la rend inutile pour notre recherche.

Géographie de l’approvisionnement chinois dans le secteur du fer etde l’acier : source des données

8 Des contacts préliminaires auprès d’un informateur clé – la Direction des stratégies et analysesdu Bureau de l’économiste en chef du ministère des Affaires étrangères, Commerce etDéveloppement Canada – ont permis d’identifier des jeux de données gratuites et disponiblesen ligne.

9 Les principaux partenaires d’approvisionnement de la Chine en minerai de fer, de janvier2009 à janvier 2014, ont ainsi été identifiés à partir des données de Customs China (2015)(Tableau 1). Ces données ont été validées par celles de la China Iron and Steel Association(2014), obtenues via la China Economic Data Database (CEIC). Celle-ci est accessible à partirdes serveurs de l’Université Laval (Québec, Canada) et comprend des données chronologiquessur les volumes et la valeur des importations chinoises de minerai de fer.

10 En ce qui concerne les investissements directs à l’étranger chinois dans le secteur minier,l’intervenant clé nous a recommandé d’utiliser le China Global Investment Tracker compiléconjointement par l’American Enterprise Institute et l’Heritage Foundation (2014). Cet outilrépertorie plus de 1250 transactions – réussies ou non – d’une valeur unitaire minimum de100 millions de dollars, dans tous les secteurs industriels (incluant l’énergie, les minerais,les transports, le logement). Tan  (2012). Il confirme d’ailleurs que parmi tous les jeuxstatistiques actuellement disponibles publiquement, celui de l’Heritage Foundation est le plusreprésentatif par le nombre de transactions majeures répertoriées et parce qu’il exclut lesachats d’obligations, de commerce, les prêts ou les aides, et les investissements de moins de100 millions de dollars.

11 À partir des données brutes du China Global Investment Tracker, les transactions liéesau fer et à l’acier ont été isolées des 141 transactions dans l’industrie minière (dans lessecteurs de l’acier et du fer, de l’aluminium, du cuivre, et une trentaine non identifiées). Afinde préciser la nature de ces transactions non identifiées, des recherches ont été effectuéesdans la presse générale et celle plus spécialisée, dans les banques de données en ligne(Infomine.com, Mining.com), ainsi que sur les sites Internet des différentes entreprises viséespar les investissements d’entreprises chinoises. Il s’agissait plus particulièrement de préciserle secteur visé par ces transactions. L’échantillon final comprend donc 67 transactions liéesau fer et à l’acier et qui ont été effectuées par près de 41 investisseurs chinois différents. Lesdonnées ont finalement été intégrées puis géoréférencées dans ArcGIS (ESRI, Version 10.2.2)aux fins de cartographie.Tableau 1 : Présentation des données utilisées.

Jeux de données utilisés Période de couverture des données Unité de mesure des données

China Global Investment Tracker(2014)

2005-2012

Valeur des investissements dans lesecteur minier par entreprise chinoise(en millions de dollars des États-Unis)

Customs China (2015) 2009-2014

Valeur des importations de mineraide fer dans les ports chinois,des cinq principaux partenairesd’approvisionnement (en milliards dedollars des États-Unis)

USGS China (2012)(selon Customs China)

1995-2012

Quantité (en millions de tonnes) etvaleur des importations de minerai defer de la Chine (en dollars des États-Unis)

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China Iron and Steel Association(2014)(selon CEIC, 2014)

Production de minerai de fer(2004-2013) ; Exportations(2003-2012) ; Importations(2004-2012)

Volume (millions de tonnes) etvaleur (en millions de dollarsdes États-Unis) du minerai de ferimporté/exporté/produit par la Chine

Géographie de l’approvisionnement chinois en minerai defer

Poids de la Chine dans la production et les réserves mondiales deminerai de fer

12 Depuis le début de la révolution industrielle en Occident, l’utilisation de l’acier est devenueune composante essentielle du processus de développement. La Chine ne fait pas exception, endépit d’une demande nationale croissante, quoique plus lente qu’envisagé (King, 2014), pourdes produits en acier. Par conséquent, la production de minerai de fer continue d’augmenter(Ibid.) pour satisfaire la demande mondiale désormais largement tirée par la croissance deséconomies émergentes.

13 La production mondiale de minerai de fer prend place sur l’ensemble des continents àl’exception de l’Antarctique, et concerne près de 48 pays (Yellishetty  et  al.,  2010). Or,l’essentiel des réserves et de la production mondiale est détenue par un nombre limité d’États ;les cinq plus grands pays producteurs de minerai de fer en 2013, en ordre décroissant deproduction, étaient la Chine (47  %), l’Australie (20  %), le Brésil (10), l’Inde (5  %) et laRussie (3 %). L’Ukraine, l'Afrique du Sud et les États-Unis occupaient les sixième, septièmeet huitième places, et le Canada se classait neuvième avec une production de 40 millions detonnes en 2013 (Tableau 2). Les cinq principaux pays producteurs représentent à eux seuls prèsde 85 % de la production mondiale de minerai de fer. Cependant, en dépit d’une productionchinoise de minerai de fer équivalent à près de la moitié de la production mondiale, les réservesdu pays ne représentent que 12 % des réserves mondiales. Les réserves les plus importantesse trouvent en Australie (espérance de vie moyenne des gisements estimée à 33 ans), au Brésil(30 ans), en Russie (77 ans) et en Chine (22 ans) (Yellishetty et al., 2010). Finalement, commele notent Yellishetty et al. (2010), les principaux producteurs de minerai de fer ne sont pasnécessairement les plus grands producteurs d’acier, mais la Chine fait figure d’exception : elleest le plus grand consommateur de minerai de fer et le plus grand producteur d’acier, mêmesi les trois plus grandes entreprises productrices – la Brésilienne Vale, l’Anglo-AustralienneBHP-Billiton et l’Anglo-Australienne Rio Tinto – contrôlent la grande majorité de l’offremondiale.Tableau 2 : Production de minerai de fer dans principaux pays producteurs du monde, en2014.

Production minière(millions de tonnes)

Réserves(millions de tonnes)

Pays2013 2014

% de laproductionmondiale en2014

% de laproductionmondialed’acier en2014**

Minerai brut Teneur en fer

% desréservesmondiales(mineraibrut) en2014

Australie 609 660 20,49 0,28 53 000 23 000 27,89

Brésil 317 320 9, 93 2,07 31 000 16 000 16,31

Canada 43 41 1,27 0,77 6 300 2 300 3,31

Chine 1 450* 1 500* 46,58 50,25 23 000 7 200 12,10

États-Unis 53 58 1,80 5,39 6 900 2 100 3,63

Inde 150 150 4,65 5,08 8 100 5 200 4,26

Russie 105 105 3,26 4,31 25 000 14 000 13,15

Ukraine 82 82 2,54 1,65 6 500 2 300 3,42

Reste dumonde

301 304 9,48 30,2 - - 15,93

Monde 3 110 3 220 100 100 190 000 87 000 100

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Source : USGS, 2014 ; données compilées par les auteurs. * La production minière chinoise est basée sur le mineraibrut, plutôt que sur le minerai disponible, comme c’est le cas pour les autres pays, étant donné l’absence de cetteinformation. ** Données issues de la World Steel Association (2014).

Géographie des importations chinoises de minerai de fer : les grandsproducteurs mondiaux sollicités

14 La demande mondiale en minerai de fer a considérablement augmenté depuis le début duXXIe siècle, et la Chine apparaît clairement comme la force motrice de cette augmentationrapide (Friedberg, 2006 ; Yellishetty et al., 2010 ; Ericsson, 2011a). En dépit d’une importantecapacité de production nationale, la teneur moyenne en fer du minerai de fer chinois se situeentre 30 % et 40 %, comparativement à 62 % pour le minerai de fer australien, 65 % pourcelui du Brésil et de l’Inde, mais elle est du même niveau que la teneur en fer du minerai duQuébec (Canada) (Tableau 3) ; la faible teneur en fer du minerai chinois augmente d’ailleursles coûts de sa transformation. De plus, l’éloignement des principaux gisements de fer chinois,principalement concentrés au Nord et à l’Ouest dans les régions de Beijing, de Benxi, dansles provinces du Sichuan, d’Anhui et en Mongolie-Intérieure, constitue un facteur limitant.Contrairement aux aciéries chinoises qui sont situées au nord-est, à proximité des principauxgisements miniers, il est très coûteux de transporter le minerai de fer vers les aciéries localiséesailleurs dans le pays. Ainsi, en raison de la faible teneur en fer du minerai chinois et descontraintes de transport à l’intérieur du pays, la Chine se voit dans l’obligation de se tournervers les importations, lesquelles ne répondaient cependant qu’à 40 % de sa demande en 2012(Wang et Zhu, 2014).Tableau 3 : Aperçu de la teneur en pourcentage de fer de certains gisements/mines dans lesprincipaux pays dotés de réserves en minerai de fer

PaysTeneur moyenne de certainsgisements/mines (en % de Fer)

Références

Australie

Gisements détenus par BHPBilliton, dans l’Ouest de l’Australie(56-60 %) ; Mine Hamersley (62 %) ;Mine Chichester Hub (57,6 %) ;Mine de Karara (36,4 %)

BHP Billiton (2015) ; ChichesterHub (Fortescue Metals Group,2015) ; Hamersley (Rio Tinto,2015) ;Karara (Karara Mining Ltd., 2015)

BrésilMine Carajás (66,7 %) ; MineSamarco Alegria (40,2 %) ; MineMinas Itabiritos (40-43,8 %)

(Vale, 2015)

Canada

Kami (29,5 %) ; Lac Otelnuk(29,8 %) ; Mary River (64 %) ;Roche Bay (25 %) – FraserBay (65 %) ; Lac Bloom, fermé(29,72 %);

Kami (Alderon Iron Ore, 2015) ;Lac Bloom (pas de données deCliffs Natural Resources ; donnéesde Consolidated Thompson IronMines Ltd., 2009) ; Lac Otelnuk(Adriana Resources Inc. Inc, 2015) ;Mary River (Baffinland Iron MinesCorporation, 2015) ; Roche Bay etraser Bay (Roche Bay Pl, 2015) ;

Chine Teneur moyenne de 22 % Mining-Technology (2014)

États-Unis

Gisement de Mesabi (30 %) ;Gisement de Comstock/MountainLion (39-43 %) ; Iron Mountain(34 %)

Comstock/Mountain Lion(Utahrails.net, 2015); Iron Mountain(Palladon Ventures, 2015); Mesabi(New Millenium Iron Ore, 2015)

IndeGisement de Bailadila (60-68 %) ;Mine de Kheonjhar (54-63 %)

Bailadila (National MineralDevelopment Corp. Ltd (NMDC),2015); Kheonjhar (Indian Bureau ofMines, 2012); The Orissa MiningCorporation Ltd. (2009)

RussieMine d’Olenegorsk (65,7 %) ;Anomalie magnétique de Kursk(52-66 %)

Kursk (Metalloinvest, 2015) ;Olenegorsk (Severstal, 2015) ;

UkraineMine de Kryvyi Rih (31.1 %) ;Mine de Shymanivske (32 %) Black Iron Inc. (2014)

Ailleurs dans le monde Mine de Kiruna (Suède) (60-70 %) Kiruna (LKAB, 2015) ; Marampa etIsua (Growth Financial, 2013)

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Projet de Marampa, Sierra Leone(65,5 %)Projet mine Isua (Groenland) (70 %)

Monde

Les ressources mondiales de minerai de fer sont estimées à plus de 800milliards de tonnes de minerai brut contenant plus de 230 millions detonnes de fer, à une teneur moyenne de minerai de fer de l’ordre de 28,75 %(Labrador Iron Mines Holding Ltd., 2015).

Source : données compilées par les auteurs via plusieurs sources3

15 En dépit d’une croissance rapide des importations chinoises de minerai de fer de 2003 à2012, de l’ordre de 19,6 % par année, la littérature souligne le besoin urgent pour la Chinede constituer des réserves physiques de minerai de fer afin de garantir le développementéconomique et social à long terme (Zhang et Wang, 2003  ; Chen, 2005). Ainsi, en termesde valeur totale des importations de minerai de fer, de janvier 2009 à janvier 2014, lesprincipaux pays partenaires d’approvisionnement chinois en minerai de fer étaient l’Australie(258 milliards ; Tcha et Wright, 1999 ; Deng, 2003 ; Zhang et Zheng, 2010 ; Ericsson, 2011a ;Farooki,  2012  ; Garnaut,  2012), le Brésil (près de 120 milliards) et l’Inde (32 milliards).La Chine importe donc du minerai de fer des trois principaux exportateurs mondiaux(Bridge,  2004  ; Firoz,  2008  ; Yellishetty  et  al.,  2010  ; Garnaut,  2012) (Tableau  4). LaChine importe également du minerai de fer provenant d’Afrique du Sud (29,9  milliards  ;Dhaka, 2014), d’Ukraine (7 milliards), d’Iran (6,1 milliards), du Canada (5,6 milliards ; Rosenet Hannemann,  2009  ; Lajeunesse et Lackenbauer,  2014) et de Russie (869  millions). Ànoter également, bien que ces informations n’apparaissent généralement pas dans les donnéesofficielles, que la Chine a déjà importé du minerai de fer du Gabon (Alves, 2008 ; Gonzalez-Vincente, 2011), de la Mauritanie (Rajith, 2008), de la Zambie (Haglund, 2008), de la Birmanie(Reuters, 2005) et de la mine de Musan en Corée du Nord (Ikegami, 2011), ceci traduisantbien un souci de diversification des sources ou un réel opportunisme commercial.Tableau 4  : Valeur des importations chinoises de minerai de fer selon la provenancegéographique, de 2009 à 2014 (en millions de dollars).

Pays 2009 2010 2011 2012 2013 2014Total(09-14)

Russie 869 869

Canada 2 420 2 403 383 405 5 613

Iran 526 1 841 2 395 1 875 6 112

Ukraine 2 386 2 323 2 291 7 001

Afrique duSud

2 873 4 096 6 399 5 527 6 024 4 927 29 963

Inde 7 638 11 274 9 691 3 711 32 317

Brésil 12 959 17 800 25 762 22 427 20 999 18 223 118 173

Australie 20 054 34 158 49 473 44 851 54 568 54 750 257 855

Source : Custom China (2015), données compilées par les auteurs.

Investissements chinois dans le secteur du fer et de l’acierDe Xiaoping à Jinping : réformes et politiques sur l’investissement direct à l’étranger

16 Depuis ses débuts, les investissements directs à l’étranger chinois dans le secteur dufer et de l’acier ont été pensés et approuvés par l’État central, qui conserve encore ungrand pouvoir de contrôle (Solidjanov,  2011). Cette forte implication du gouvernement,en grande partie par l’intermédiaire de ses grandes entreprises publiques centrales (SOEcentrale)  (Choi  et  al.,  2010  ; Yao  et  al.,  2010), a permis à Pékin de s’assurer que lesinvestissements étrangers s’alignent sur la stratégie de développement à long terme du pays(Zhang et Wang, 2003 ; Chen, 2005 ; Li, 2006 ; Robert et Rush, 2012 ; Ayodele et Sotola, 2014 ;Barclays Research, 2014 ; Li et al., 2014). Or, l’image d’une Chine intégrée à l’économiemondiale est un phénomène récent. Désormais deuxième économie mondiale devant le Japon,la transformation de la Chine, d’une position isolée à une position mondialisée, est le résultatdirect des aspirations du gouvernement chinois de maintenir une croissance soutenue à long

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terme (Tan,  2012). En accord avec ces aspirations, de nombreuses réformes et politiquesont été mises en place ces trente dernières années en Chine afin de favoriser l’intégrationchinoise au monde extérieur  : formulée pour la première fois en 1979 par Deng Xiaoping,la politique du « Go Global » ou « Zou-Chu-Qu » constitue un fait marquant de l’ouvertureéconomique chinoise au monde extérieur. En août 1979, le gouvernement chinois a mis enplace des réformes visant à favoriser progressivement les échanges commerciaux avec le restedu monde, en plus d’accueillir favorablement les investissements étrangers. Le Conseil d'Étatchinois a promulgué quinze mesures pour réformer l'économie chinoise, dont la 13e vise àlégitimer les investissements outre-mer (Tan, 2012). Ainsi, de 1979 jusqu’à la fin des années1980, les entreprises étatiques chinoises centrales, tout comme les entreprises économiquesmunicipales et provinciales, les seules admises à investir à l’étranger (Wu et Chen, 2001),acquirent une autonomie élargie, y compris le droit de produire et vendre des produits sur lemarché après avoir rempli les quotas du régime, ainsi que l’autorisation de promouvoir certainsgestionnaires sans l’approbation du gouvernement (Qian, 1999). La motivation principale desIDE d’entreprises chinoises à cette période était donc principalement dictée par les objectifspolitiques de la Chine, plutôt que par la maximisation du profit (Wu et Chen, 2001). Dansles années 1980, l’Australie était la destination principale, dans des proportions relativementmodestes, des investissements directs à l’étranger chinois post-réforme, et par exemplel’entreprise Channar avait des investissements dans un projet de minerai de fer dans la régionde Pibara (Drysdale et Findley, 2009). De tous les secteurs d’activité économique en Chine,le secteur minier est un de ceux qui ont eu la croissance la plus rapide pendant cette période(Qian, 1999).

17 La dernière décennie du XXe siècle, une période charnière dans l’évolution des réformes del’IDE chinois, laisse place au développement et à l’évolution d’un processus de système demarché en Chine, en fonction d’un certain nombre d’événements clés. Par exemple, lors du 14e

Congrès du Parti communiste chinois en septembre 1992, pendant un voyage en Asie du Sud,Deng Xiaoping se déclara en faveur de l’instauration d’une économie de marché socialiste(Qian, 1999). En novembre 1993, la « Décision sur les questions concernant l’établissementd’une structure économique socialiste de marché  » fut adoptée. À noter qu’alors que sedébattaient des projets de réformes économiques, de nombreuses politiques et régulations ontété mises en place au niveau national afin de faire face au problème de la fragmentation del’industrie chinoise de l’acier, c'est-à-dire la multiplication d’entités en sous-entités toujoursplus petites, ce qui augmente la concurrence sur le marché. À titre d’exemple, les dix plusgrandes aciéries chinoises représentaient 50 % de la production nationale d'acier en 2002, maisn’en représentaient que près de 33 % en 2010 (Jarczyk, 2010).

18 C’est, aussi, pendant cette période, que le gouvernement chinois ouvre la porte à laprivatisation des entreprises de l’État central, qui s’est intensifiée en 1995. Dans la Décisionde novembre 1993, les entreprises sous la tutelle de l’État étaient toujours considéréescomme la composante principale de l’économie, tandis que les entreprises privées étaientconsidérées comme une composante supplémentaire. Il faudra attendre le 15e Congrès du Parti,en septembre 1997, pour que les entreprises privées soient élevées au rang de composanteimportante de l’économie, les entreprises d’État étant considérées comme des piliers del’économie. En Chine, ces changements subtils dans la rhétorique signifiaient en fait de grandschangements dans l’idéologie. Somme toute, il a fallu attendre mars 1999 avant que lesentreprises privées n’obtiennent une réelle autonomie inscrite dans la Constitution chinoise. Eneffet, l’amendement de l’article 11 de la Constitution chinoise plaçait désormais les entreprisesprivées sur un pied d’égalité avec celles du secteur public en changeant la clause « l’économieprivée est un supplément à l’économie publique » par «  le secteur non public, incluant lesindividus et les entreprises privées, sont une importante composante de l’économie de marchésocialiste » (Qian, 1999).

19 Le début de ce XXIe siècle marque une période de consolidation de la politique du «  GoGlobal  » ou Zou-Chu-Qu  » (Qian,  1999  ; Wu  et  Chen,  2001  ; Woo  et  Zhang,  2006  ;Buckley  et  al.,  2007  ; Solidjanov,  2011  ; Tan,  2012). Votée en 2001 lors du 10e Plan

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quinquennal chinois, cette politique veillait, entre autres, à inciter les entreprises chinoisesà investir à l’étranger, dans le but de sécuriser les approvisionnements chinois en matièrespremières et en énergie chinois (Qian,  1999). L’essence de cette stratégie est donc depromouvoir les opérations chinoises outremer afin d’améliorer la disponibilité des ressourceset rendre les entreprises chinoises plus compétitives à l’échelle internationale. Ainsi, depuis2001, l’année où la Chine accède à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), denombreuses politiques appuyant les investissements à l’étranger ont été introduites. En octobre2004, par exemple, la National Development and Reform Commission (NDRC) et l’EXPORT-IMPORT Bank of China (EXIM Bank) ont produit conjointement un document encourageantles investissements à l’étranger dans 1) des projets d’exploration des ressources afin d’atténuerl’insuffisance de la production nationale, 2) dans des projets qui permettront d’exporter desproduits technologiques nationaux, des équipements et de la main-d’œuvre chinoise, 3) dansla recherche et le développement outre-mer. Enfin, le document incite à 4) effectuer desfusions-acquisitions qui permettraient d’augmenter le niveau de compétitivité internationaledes entreprises chinoises et d’accélérer leur entrée sur les marchés étrangers. D’ailleurs,selon Wilson (2012), en dépit d’un projet de Channar en Australie dans les années 1980(Drysdale  et Findley, 2009), les entreprises chinoises n’ont commencé à investir dans desprojets de minerai de fer outre-mer qu’à partir de 2005. Les politiques mises en place dansle secteur de l’acier dès 2005 incluent d’ailleurs une diversité de mesures afin d’améliorerla compétitivité des aciéries chinoises (Wilson, 2012). La politique d’investissement direct àl’étranger du gouvernement chinois de 2006, selon Shankleman (2011), souligne et encourageles catégories d’investissements à l’étranger qui prennent en compte « l’importance d’obtenirdes ressources ou des matières premières qui font défaut au sein de la Chine et pour lesquelsle développement de l’économie en dépend ».

Géographie des investissements des entreprises chinoises dans le monde20 De 2005 à 2013, le nombre de transactions effectuées par des investisseurs chinois dans le

monde, dans des projets liés au fer et à l’acier, a certes augmenté rapidement au départ,pour ensuite connaitre une certaine stabilité à partir de 2008  : une seule transaction a étéenregistrée en 2005, et respectivement quatre et trois transactions en 2006 et 2007, puis neufà onze transactions par année, de 2008 à 2013 (Tableau 5). Les données classées par ordredécroissant du montant total des investissements montrent que l’Amérique du Sud, l’Océanieet l’Afrique, qui représentent près de 80 % des investissements totaux entre 2005 et 2013,sont les régions d’investissements prioritaires pour les investisseurs chinois dans le secteurdu fer et de l’acier (Figure 1). En Amérique du Sud, le Brésil (12,9 milliards de dollars) etl’Argentine (2,2 milliards) sont les principaux récipiendaires d’IDE chinois dans ce secteur. EnAfrique, les investissements se concentrent principalement en Sierra Leone (4,4 milliards dedollars) et à Madagascar (2 milliards) alors qu’en Océanie l’Australie (7,6 milliards de dollars)et l’Indonésie (5,5 milliards) reçoivent la grande majorité des investissements. En Asie, dansl’environnement régional chinois, près de 10  milliards de dollars ont été investis dans lesecteur du fer et de l’acier, dont près de 4,3 milliards de dollars investis au Kazakhstan. Quantà l’Amérique du Nord et à l’Europe, elles ont reçu des investissements de respectivement1,8 milliard et 610 millions de dollars pendant cette période. En Europe, les investissementschinois étaient destinés à l’Allemagne (450  millions) et à l’Ukraine (160  millions). EnAmérique du Nord, le Canada a reçu un montant total de 800 millions de dollars répartis entretrois investisseurs, alors qu’aux États-Unis un investisseur chinois a investi près d’un milliardde dollars dans un projet d’aciérie.

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Figure 1 : Origine des approvisionnements chinois en minerai de fer.

Tableau 5  : Investissements chinois dans le secteur du fer et de l’acier par grands sous-ensembles géographiques, de 2005 à 2013 (en millions de dollars).

Années/Régions Afriquea

Amériquedu Nordb

(en deçà du 55e

parallèle)

Amériquedu Nord -Arctiquecanadien(au-dessus du 55e

parallèle)

Amériquedu Sudc Asied Europee Océanie f

Montanttotal desinvestissements

Nombretotal detransactions

2005 140 140 1

2006 230 2 540 2 920 4 690 4

2007 100 500 330 900 3

2008 110 200 6 020 2 050 8 380 9

2009 1250 3 800 480 1 390 6 920 11

2010 3 610 9 800 1 310 14 720 9

2011 4 790 120 1 950 500 3 744 11 104 9

2012 1 140 520 410 350 610 1 860 4 890 11

2013 2 690 1 698 2 460 6 848 9

Montanttotal desinvestissements

12 670 1 770 120 18 700 9 548 610 16 204

Nombretotal detransactions

14 5 1 12 11 2 22

Nombred’investisseurs

10 4 1 11 10 2 17

a Afrique du Sud, Cameroun, Guinée, Libéria, Ouganda, Sierra Leone, Tanzanie, Zimbabwe ;b Canada, États-Unis ;c Argentine, Brésil, Chili, Pérou, Venezuela ;d Cambodge, Inde, Iran, Kazakhstan, Madagascar, Mongolie, Russie, Vietnam ;e Allemagne, Ukraine,f Australie, Indonésie, Malaisie

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Tableau 6  : Investisseurs chinois dans le secteur du fer et de l’acier sur la scèneinternationale, de 2005 à 2014.

Nombre detransactions

Valeurtotale destransactions(en millionsde dollars desÉtats-Unis)

Investisseur(Date defondation del’entreprise)

Détails surl’investisseur

Rang mondialen termes deproductiond’acier (2014)(en millions detonnes)

Rang « ForbesLargest2000 Corporations »

Paysrécipiendairesdesinvestissementschinois

8 8 270$

Wuhan Ironand Steel(Group) Corp.(WISCO)(1993)

SOE centrale -Aciériste –possède minesen Chine

4e rang(39,3Mt)

WISCO : 1402Cliff NaturalResource :1626AdrianaRessource :non classée

Allemagne,Australie,Brésil, Canada(360M$),Libéria,Madagascar

7 3 250$

ChinaSteel Corp.(Sinosteel)(1993)

SOE centrale -Aciériste –possède minesen Chine

25e rang(14,3Mt)

696

Afrique duSud, Australie,Cameroun,Inde,Zimbabwe

4 3 020$

ChinaMetallurgicalGroup Corp.Ltd. (MCC)(1982)

SOE centrale –Entrepriseminière

-- 759

Argentine,Australie,Indonésie,Vietnam

1 120$

ChinaMachineryIndustryGroup Co. Ltd.(Sinomach)(1997)

SOE centrale - -- 1942Canada (120M$), Malaisie,Ouganda

3

690$

Anshan Ironand Steel(Group) Corp.(Ansteel)(1997)

SOE centrale- Aciériste –possède minesen Chine

8e rang(33,7Mt)

1642 Australie

3 260$

ChinaInternationalTrust andInvestmentCorp. (CITIC)(1979)

Fondd’investissementchinois

-- 754 Australie,Brésil

1 564$ ShougangGroup (1992)

Privé –Aciériste –possède minesen Chine

9e rang(31,5Mt)

-- Malaisie,Pérou

1 500$

ChinaMinmetalsCorporation(Minmetals)(1950)

SOE centrale - -- 1597 Inde, Russie

1 460$

ChinaNonferrousMetal MiningGroup Co.,Ltd. (1983)

SOE centrale - -- -- Iran, Russie

780$ Hebei Iron andSteel (2006)

SOEprovinciale- Aciériste –possède minesen Chine

3e rang(45,8Mt)

Hebei Iron andSteel: 1187Alderon IronOre Corp.: nonclassée

Afrique duSud,Canada (400M$)

2

320$SichuanHanlong(1997)

Problèmesfinanciers,cadre de

-- -- Australie

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l’entrepriseexécuté en2015 pourcorruption etassociationmafieuse…

1 34 388$ 29investisseurs Plusieurs types --- ----

Australie,Brésil,Cambodge,Chili, États-Unis, Guinée,Indonésie,Kazakhstan,Malaisie,Mongolie,Pérou, Russie,Sierra Leone,Tanzanie,Ukraine,Venezuela

21 Dans l’Arctique canadien, au-delà du 55e parallèle, l’aciériste chinois Wuhan Iron and SteelGroup Corp (WISCO) a investi 120 millions de dollars dans l’entreprise minière canadienneAdriana Resources Inc., qui explore des gisements de fer près du Lac Otelnuk au nord-ouestde Schefferville. WISCO possède ainsi un droit de regard sur 60 % du minerai extrait, dont lecontrat d’approvisionnement deviendra opérationnel dans quinze ans (Têtu et al., 2015). Cetinvestissement de WISCO dans Adriana Resources Inc. est la seule transaction enregistréedans le secteur du fer et de l’acier au-delà du 55e parallèle canadien. En revanche, les aciéristesWuhan Iron and Steel Group Corp et Hebei Iron and Steel Group ont des investissementsplus au sud. Finalement, Xinxing Ductile Iron and Pipes Co. Ltd., une filiale du conglomératchinois Xinxing Cathay International Group Co. Ltd., et Shandong Fulun Steel Company Ltd.,une filiale de Jinyang Enterprise Group, conjointement avec la China Mining Finance Partner(CMFP), ont investi 5 millions de dollars pour le développement du projet de mine de ferde Roche Bay, dans l’Arctique canadien continental (Têtu et al., 2015). Des investissementsde près d’un milliard de dollars ont été avancés, mais rien n’a encore été concrétisé (Ibid).De fait, comme le montant des investissements actuels est bien inférieur aux 100 millions dedollars minimum requis pour être présent dans le China Global Investment Tracker, il n’est pascomptabilisé dans cette dernière. Au Groenland, Xiny Mining, racheté par General Nice Groupen 2015 (China Daily USA, 2015), a investi des capitaux estimés à près de 2 milliards de dollarsdans l’entreprise London Mining, qui doit entreprendre l’exploitation d’une importante minede fer à Isua en 2015 (Lasserre et Têtu, 2014). Là encore, étant donné que cette transactionn’est pas comprise dans la période de saisie du China Global Investment Tracker (2005-2014)et que la transaction n’a pas encore été finalisée, elle n’est pas comptabilisée dans nos donnéessur les investissements.

22 Entre 2005 et 2013, près de 60 % des investissements chinois dans le secteur du fer et del’acier étaient effectués par un peu moins d’une trentaine d’investisseurs différents – desentreprises d’État centrales (SOE centrale), d’autres sous la gouvernance des provinces (SOEprovinciale), des entreprises privées (SOEP), des banques et des fonds d’investissement – dansdes pays aussi différents que l’Australie, les États-Unis, le Cambodge, la Russie, la Tanzanie,l’Ukraine et le Venezuela (Tableau 6). Les 40 % d’investissements restants sont répartis entreles mains de onze investisseurs, pour la majorité des grands groupes sidérurgiques chinoissous la tutelle de l’État central. Cependant, on retrouve également des entreprises minièreschinoises provinciales œuvrant dans le secteur du fer, ainsi que des entreprises spécialiséesdans l’extraction de métaux industriels de base (nickel, cuivre, zinc), comme c’est le cas dela China Minmetals Corporation qui a investi en Inde et en Russie, et qui investit dans le ferpour diversifier ses opérations.

23 Les groupes sidérurgiques chinois Hebei Iron and Steel et Wuhan Iron and Steel Group Corp.(WISCO), qui ont tous deux investi dans des entreprises d’exploration minières canadiennes,

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se classent parmi les 50 plus grands groupes sidérurgiques mondiaux. À ce titre, ils occupentrespectivement les 3e (45,8Mt) et 5e (39,3Mt) rangs mondiaux en termes de production d’acieren 2014 (World Steel Association, 2014). Par comparaison, ArcelorMittal, premier aciéristemondial en 2014, avait une production de 96,1Mt, et le Sud-Coréen POSCO se hissait au6e rang (38,4Mt), tandis que l’Américaine US Steel se classait 13e (10,4Mt). Les deux aciéristeschinois se trouvent également dans le classement Forbes des 2 000 plus grandes compagniespubliques mondiales : WISCO, classée 1402e, réalisait des ventes de 14,7 milliards de dollars etdes profits de 100 millions de dollars, alors qu’Hebei Iron and Steel, classée 1187e, réalisait en2014 des ventes de 17,4 milliards de dollars et des profits nuls (Forbes, 2014). À titre indicatif,l’Américaine Cliff Natural Ressources, qui exploitait jusqu’en janvier 2014 des gisements defer dans la fosse du Labrador au Québec, et qui a été l’objet d’investissements de la part deWISCO en 2012, se hissait au 1626e rang, avec des ventes de 5,6 milliards de dollars et unprofit de 400 millions de dollars. Les trois grands – BHP Billiton (44e) Rio Tinto (109e) etVale (179e) – ont réalisé des profits de plus d’un milliard de dollars au 1er mai 2014, dont BHPBilliton en tête avec 14,8 milliards.

L’indispensable rôle des transports dans la géographieéconomique minière chinoiseTemps, distance et coûts de transport maritime du minerai de fer :des facteurs logistiques clés

24 Dans un deuxième temps, l’analyse de la géographie de l’approvisionnement chinois enminerai de fer souligne l’importance du transport maritime : près de 70 % du minerai de ferchinois serait importé par voie maritime selon Lei (2008), quoique Wang et Zhu (2014) parlentplutôt de la totalité. Cet écart entre les données s’explique en partie par le peu d’étude sur cethème et la difficulté d’obtenir des statistiques détaillées en ce qui concerne les importationschinoises. Selon la littérature, il apparaît cependant que la stratégie chinoise d’accès auxressources minières s’appuie, dans un premier temps, sur les grands corridors énergétiquesterrestres eurasiens (Schwoob et Caussat,  2012). En effet, la Chine travaille activement àmettre en place une structure d’approvisionnement qui repose sur les corridors énergétiquesavec les pays limitrophes (Kudo, 2008 ; Ericsson, 2011a, c ; Schwoobe et Caussat, 2012) :entre la Chine, l’Inde, le Pakistan et l’Afghanistan (Sheraz,  2009), avec la Mongolie(Mayes et Wang, 2003 ; Korniyenko et Sakatsume, 2009), la Russie, où Pékin coopère avecMoscou pour développer les connectivités eurasiennes de leurs réseaux ferroviaires respectifs(Cohen, 2006). Cela implique notamment des travaux majeurs de rénovation sur le ChineseEastern Railway, principale artère ferroviaire commerciale entre Moscou et l’est de la Chine(Farooki, 2012). Gonzalez-Vincente (2011) laisse d’ailleurs entendre que du minerai de fer estimporté d’Ukraine grâce à ce lien ferroviaire qui relie l’Ukraine à la Chine à travers le territoirerusse. L’annonce de la mise en place par la Chine de la Banque asiatique d'investissement pourles infrastructures en octobre 2015 constitue un pas vers la mise en œuvre des projets liés àces grands corridors énergétiques (The Australian Business Review, 2015).

25 Il apparaît que c’est principalement par voie maritime que le minerai de fer est importéen Chine. L’importance accordée à ce mode de transport souligne d’ailleurs d’importantesquestions de logistique. La distance, le temps et les coûts de transport sont des facteurslogistiques prépondérants dans le choix d’une part des sites d’implantation des entrepriseschinoises à l’étranger, et d’autre part des partenaires d’approvisionnement. Ainsi, cesfacteurs d’ordres logistiques expliquent les avantages que présente le territoire australien(Tcha et Wright, 1999  ; Lei, 2008  ; Ericsson, 2011a  ; Castillo et Yu, 2012) pour la Chine(Zhang  et  al.,  2013). En effet, pour les entreprises minières qui exploitent des gisementsminiers en Australie, les ports chinois sont une destination d’exportation idéale, étant donné lesdistances de navigation plus courtes entre les ports d’exportations australiens et d’importationschinois, par exemple par rapport à ceux situés au Japon ou en Corée du Sud (Tableau 7). Laproximité entre les ports d’importations chinois et les ports d’exportations australiens placed’ailleurs ces derniers dans une position de force, creusant l’écart concurrentiel avec leurs

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concurrents brésiliens, sud-africains ou indiens. La faible valeur par tonne de minerai de ferdonne un poids plus important aux coûts de transport dans le coût global de production ; defait, la proximité des ports chinois et australiens permet de tirer profit de coûts de transport duminerai de fer compétitifs (Nolan et Zhang, 2002 ; Deng, 2004).Tableau 7 : Distance approximative entre les principaux ports d’exportation et d’importationde minerai de fer australien et brésilien.

Ports d’exportation

Port Hedland (Australie) Tubarão (Brésil)PaysPortsd’importation

Distance Durée du transit Distance Durée du transit

Chine Qingdao 6 648,13 km 10 jours et 16heures 20 619,21 km 33 jours et 3

heures

Corée du Sud Incheon 6 862,70 km 11 jours 20 839,23 km 33 jours et 11heures

Japon Tokyo 6 982,26 km 11 jours et 4heures 21 453,88 km 34 jours et 11

heures

Note : distances calculées dans un scénario où il n’y a aucune contrainte politique à la navigation ; distances et duréescalculées par les auteurs via http://www.searates.com, vitesse fixée par défaut à 14 nœuds.

26 Dans le calcul effectué par les entreprises minières et les compagnies de transport, un itinéraireau départ du port canadien de Sept-Îles, à travers les mers chaudes, se trouve à une distancemaritime considérablement plus grande du port de Qingdao que celles qui chargent du mineraivers la Chine à partir de ports australiens (Port  Hedland), indiens (Goa) et sud-africains(Richards Bay) (Tableau 8). En effet, la distance entre Sept-Îles et Qingdao via le cap deBonne-Espérance est légèrement supérieure à celle entre le Brésil (Tubarão) et la Chine(Qingdao). Par le canal de Panama, la route entre Sept-Îles et Qingdao est cette fois inférieurede quelques milliers de kilomètres par rapport à celle entre Tubarão et Qingdao. En ce quiconcerne le transit maritime à travers le Passage du Nord-Ouest vers Qingdao en Chine,la distance entre le port de Sept-Îles et Qingdao est plus courte que celle entre Qingdao etl’Afrique du Sud (Saldanha Bay), ou Qingdao et le Brésil (Tubarão), mais près de deux foisplus longue que celle entre Qingdao et l’Inde (Goa) ou Qingdao et l’Australie (Port Hedland).Tableau 8  : Distance approximative entre le port chinois de Qingdao et certains portsmondiaux d’exportations de minerai de fer

Port/ItinéraireTonnage moyendes navires

Distancemaritime(en km)

Coût moyen dutransport partonne (dollarsUS)

Point derestitution dunavire

Port Hedland (Australie) 170 000 6 648,13 8,50$ Singapour

Goa (Inde) 120 000 8 642,89 10,00$ Singapour

Saldanha Bay (Afrique du Sud) 150 000 13 227,21 13,50$ Singapour

Tubarão (Brésil)1 170 000 20 619,2 21,75 Singapour

17,97$ SingapourVia le cap deBonne-Espérance 150 000 21 119,81

29,75$ Sept-Îles

13,31$ Singapour

Sept-Îles(Québec,Canada) Via le Passage du

Nord-Ouest** 150 000 14 77818,66$ Sept-Îles

Nuuk(Groenland)Via le Passage duNord-Ouest**

Aucun grandnavire ne peutaccoster auGroenland

11 698 Ne s’applique pasencore

Ne s’applique pasencore

Note : distances calculées dans un scénario où il n’y a aucune contrainte politique à la navigation. Source : distancescalculées par les auteurs via http://www.searates.com, vitesse fixée par défaut à 14 nœuds4. Données pour Tubarão(Brésil) obtenues via Platts McGraw Hill Financial (2014).

27 Outre le temps et la distance, une autre composante importante est le coût du transport duminerai de fer, qui est estimé en dollars par tonne pour le transport maritime uniquement, horschargement ou déchargement. Un élément de ces coûts est le point de restitution pour le navire.Puisqu’aucun grand navire ne peut être chargé de minerai de fer dans les ports chinois, entreautres parce que les autorités chinoises n’ont pas approuvé l’entrée de ces navires dans ses

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ports, Singapour est un point de départ idéal pour une location d’un navire de transport de vracdans la région asiatique (King, 2014). Ainsi, une compagnie qui loue un navire qui déchargeradu minerai de fer en provenance d’Australie dans un port chinois, devra ensuite retourner àSingapour pour être chargé à nouveau de marchandises.

28 À l’heure actuelle, le coût de transport pour les cargaisons de minerai de fer en provenanced’Australie (port de Hedland) vers la Chine (port de Qingdao) est de 8,5 dollars par tonne.Comme le montre le tableau 8, les coûts de transport de maritime du minerai de fer lesplus faibles sont ceux en provenance de l’Australie, de l’Inde et de l’Afrique du Sud. Ence qui concerne le port de Sept-Îles, situé à une distance maritime plus grande que lesautres partenaires d’approvisionnement, les coûts de transport à partir de ce port canadiensont considérablement plus élevés, soit près de deux fois ceux du trajet entre Port Hedland(Australie) et Qingdao (Chine). Cependant, pour un mouvement entre Sept-Îles et Qingdao,avec restitution à Sept-Îles, le prix commercial actuel de près de 30 dollars par tonne impliqueégalement que l’opérateur du navire ramène le navire vide, ce qui augmente considérablementles coûts.

Conclusion29 Au Canada, au 1er juin 2015, aucune mine de fer avec des intérêts chinois n’était en

exploitation. Les importations chinoises de minerai de fer en provenance du territoire canadienreprésentaient d’ailleurs à peine 1 % de la valeur totale des importations chinoises entre 2009et 2013. Par comparaison avec la valeur des importations de minerai de fer en provenancede l’Australie, du Brésil, d’Inde ou d’Afrique du Sud, celles en provenance du Canada sonttrès réduites.

30 Dans le même ordre d’idées, la géographie des investissements chinois dans le secteur dufer et de l’acier montre bien que l’Amérique du Nord – le Canada et l’Arctique canadien desurcroît – n’est pas une région prioritaire d’investissement pour les entreprises chinoises dansce secteur entre 2005 et 2013. De plus, contrairement aux quarante autres entreprises chinoisesqui investissaient outre-mer dans le secteur du fer et de l’acier de 2005 à 2013, les investisseurschinois au Canada – Wuhan Iron and Steel (WISCO) et Hebei Iron and Steel – se classentparmi les 2 000 plus grandes entreprises mondiales selon Forbes. En 2014, elles se classentégalement parmi les plus grands groupes sidérurgiques mondiaux en termes de productiond’acier. Il ne s’agit donc pas d’entreprises inconnues ni d’entités grises, et les montants investisau Canada (et dans l’Arctique canadien) sont marginaux.

31 À l’image des réflexions stratégiques des entreprises occidentales, les entreprises chinoisesdans le secteur du fer et de l’acier font face aux mêmes contraintes que leurs concurrents,étrangers ou locaux. Dans une optique de maximisation des profits, de nombreux facteursguident et orientent les investissements des entreprises chinoises. Outre les facteurs de temps,de distance et de coût de transport du minerai par tonnes, les entreprises chinoises s’intéressentà la qualité du gisement et à sa teneur moyenne en fer, à son accessibilité, au climatd’investissement du territoire lui-même, ce qui va de la stabilité politique jusqu’aux détailsdes exigences règlementaires, les conditions d’exploration et l’absence de corruption. Lesentreprises chinoises, qui constituent des partenaires financiers importants pour des entreprisesd’exploration minières canadiennes et dont les projets se situent d’ailleurs principalement ausud de la limite nordique, négocient des contrats à long terme pour l’approvisionnement futuren minerai de fer. Le nouveau quai multi-usager en eaux profondes récemment construit àSept-Îles (Québec) est d’ailleurs un avantage compétitif du territoire québécois.

32 Dans les latitudes nordiques, au-delà du 55e parallèle, l’incertitude liée au développement deprojets miniers complexifie la logistique d’acheminement des matériaux de construction demême que l’exportation des matières premières par voie maritime. De fait, la viabilité dudéveloppement minier dans l’Arctique canadien, comme ailleurs dans l’Arctique, est lié àune large gamme de conditions, ce qui inclut les investissements directs à l’étranger pour ledéveloppement et la construction des infrastructures, les conditions de marché et la situationde la demande mondiale (qui détermine le prix des matières premières et la profitabilité d’unprojet), la perspective de sources alternatives de compétitivité, les conditions climatiques

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extrêmes, le coût élevé des opérations dans ces latitudes nordiques, la réglementation envigueur sur le territoire donné, la signature d’accords avec les communautés autochtones, etc.En outre, il ne faut pas négliger le fait que la navigation dans les eaux arctiques canadiennesnécessite des navires dotés d’un équipement spécialisé. Ainsi, à travers le Passage du Nord-Ouest, bien que cette situation ne soit qu’hypothétique, si la distance et le temps de navigationsont légèrement inférieurs aux routes traditionnelles entre la Chine et le Brésil, elles demeurenttoujours bien supérieures à celles entre la Chine et l’Australie.

33 En somme, de nombreux facteurs contraignent l’exploitation minière et la logistiqued’acheminement des matières premières dans les latitudes nordiques. De fait, il apparaîtclairement que les entreprises chinoises ne sont en aucun cas à l’assaut du minerai de ferdu Canada et de l’Arctique canadien. Certes des investissements chinois dans le secteurdu fer et de l’acier sont réalisés au Canada, mais ils se concentrent au Sud. De fait, larégion arctique canadienne ne constitue pas un territoire prioritaire d’investissement pour lesentreprises chinoises dans ce secteur. Dans le contexte des changements climatiques mondiauxqui augmentent l’accessibilité des gisements miniers du Nord et en dépit de tout ce qui a étéécrit à propos de l’intérêt et de la rentabilité d’un itinéraire à travers le Passage du Nord-Ouest,la rentabilité de ce dernier est difficile à évaluer. Finalement, le manque d’infrastructuresadéquates dans le Nord canadien, les réalités environnementales, ainsi que les contraintesde capacité institutionnelles, y compris des informations insuffisantes, auront contribué àaugmenter le coût du commerce dans le Nord, qui demeure un marché de niche.

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Notes

1 Dans cet article, on fait référence à des dollars des États-Unis (US Dollars).

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Pour citer cet article

Référence électronique

Pierre-Louis Têtu, Éric Mottet et Frédéric Lasserre, « La Chine à la conquête des ressources minièresdu Canada et de l’Arctique canadien ? Géographie de l’approvisionnement chinois dans le secteur dufer et de l’acier », Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Espace, Société, Territoire,document 750, mis en ligne le 13 novembre 2015, consulté le 14 novembre 2015. URL : http://cybergeo.revues.org/27300 ; DOI : 10.4000/cybergeo.27300

À propos des auteurs

Pierre-Louis TêtuDoctorant en sciences géographiques, Département de géographie, Université Laval, Québec (Canada),[email protected]Éric MottetProfesseur agrégé, Département de géographie, Université du Québec à Montréal, Québec (Canada),Directeur adjoint du Conseil québécois d’études géopolitiques (CQEG), [email protected]édéric LasserreDirecteur du Conseil québécois d’études géopolitiques (CQEG), Département de géographie,Université Laval, Québec (Canada), [email protected]

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Droits d’auteur

© CNRS-UMR Géographie-cités 8504

Résumés

 Poussée par une croissance économique rapide ces trente dernières années, la demandechinoise en minerai de fer a considérablement augmenté au cours de cette période. La montéeen puissance de l’économie chinoise, son affirmation politique sur la scène mondiale, et sadiplomatie des ressources perçue comme agressive, ont contribué à développer une perceptionnégative de la Chine au sein de l’opinion publique canadienne. La Chine, par l’entremise deses entreprises, chercherait-elle à faire main basse sur les ressources minières de l’Arctiquecanadien ? Cet article vise à déterminer l’importance du territoire Arctique canadien, pourles entreprises chinoises dans le secteur du fer et de l’acier, dans le contexte de leur stratégied’approvisionnement globale en minerai de fer.

China to the conquest of mining resources of Canada and theCanadian Arctic? Geography of China’s supply in the Iron and SteelsectorDriven by rapid economic growth, China’s demand for iron ore has significantly increasedover the past thirty years. The rise of the Chinese economy, China’s political statement atthe world stage, and its diplomatic resources strategy perceived as aggressive, contributed todevelop a negative perception of China among the population of Canada. Does China, throughits companies, wants to get its hands on the mineral resources of the Canadian Arctic? Thisarticle aims to determine the importance of Canada's Arctic territory for Chinese companiesin the iron and steel sector, in their global iron ore supply strategies.

Entrées d’index

Mots-clés :  Canada, Chine, économie des transports, industrie minière, routesarctiques, ArctiqueKeywords : Canada, china, economics of transportation, mining industry, Arctic routes,Arctic

Notes de l’auteur

Cette recherche a bénéficié du soutien financier du Conseil de recherches en sciences humainesdu Canada (CRSH), du Fonds de recherche du Québec - Société et Culture (FRQSC) etd’ArcticNet.