OBSERVATIONS SUR LES VIBRATIONS DES...

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OBSERVATIONS SUR LES VIBRATIONS DES POUTRES. 859 i82. Le montage d'une poutre droite avec contre-flèche permet de réduire, ou de supprimer, ou enfin de faire changer de sens l'ac- tion de la force centrifuge. Mais i l est rare que les poutres droites arquées primitivement vers le haut conservent bien longtemps leur flèche de montage. Si, au lieu d'un train indéfini, roulant avec une vitesse uniforme sur la poutre, on veut tenir compte des dimensions finies du train, le régime n'est plus permanent, et le problème reprend toute sa complication. Il y a déformation de la poutre pendant le passage du train, et les forces d'inertie de la poutre elle-même sont néces- saires à l'équilibre. Néanmoins ces forces ne sont pas bien grandes en général, et l'on peut admettre que la déformation s'opère de manière à réaliser à chaque instant la situation d'équilibre qui con- vient à la position de la surcharge à cet instant; une fois le train passé, la poutre entre dans une série de vibrations autour de sa forme d'équilibre, jusqu'à ce que les frottements et la résistance de l'air l'aient ramenée au repos. L'amplitude initiale de la vibration dépend des efforts exercés par le train pendant son passage ; mais i l s'en faut qu'en pratique, le mouvement s'opère suivant les trajectoires con- tinues que suppose la théorie. Les chocs jouent là un rôle qui peut modifier sensiblement les résultats des calculs. Comme on n'a pas jusqu'ici de données bien positives sur l'intensité et la fréquence de ce genre d'efforts, il est impossible de déterminer par le calcul, sans observation directe, l'amplitude des vibrations. Cette recherche d'ailleurs serait peut-être sans résultats pour la question qui intéresse le plus le constructeur, à savoir, la durée de la construction. Il ne s'agit pas tant de chercher l'effet mécanique du passage des charges en mouvement, et de calculer les excès d'ef- fort qui peuvent se développer par suite de ce passage, que d'ap- précier l'altération moléculaire produite par les trépidations du mé- tal. Les calculs de flèches partent toujours d'un coefficient d'élasticité «constant, tandis que ce coefficient d'élasticité varie vraisemblable- ment à la suite de l'ébranlement des molécules. Peut-être un certain temps de repos est-il nécessaire pour qu'une poutre métallique, ébranlée par le passage d'une charge, reprenne son état molécu-

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OBSERVATIONS SUR LES VIBRATIONS DES POUTRES. 859

i82. Le montage d'une poutre droite avec contre-flèche permet de réduire, ou de supprimer, ou enfin de faire changer de sens l'ac­tion de la force centrifuge. Mais i l est rare que les poutres droites arquées primitivement vers le haut conservent bien longtemps leur flèche de montage.

Si, au lieu d'un train indéfini, roulant avec une vitesse uniforme sur la poutre, on veut tenir compte des dimensions finies du train, le régime n'est plus permanent, et le problème reprend toute sa complication. I l y a déformation de la poutre pendant le passage du train, et les forces d'inertie de la poutre elle-même sont néces­saires à l'équilibre. Néanmoins ces forces ne sont pas bien grandes en général, et l'on peut admettre que la déformation s'opère de manière à réaliser à chaque instant la situation d'équilibre qui con­vient à la position de la surcharge à cet instant; une fois le train passé, la poutre entre dans une série de vibrations autour de sa forme d'équilibre, jusqu'à ce que les frottements et la résistance de l'air l'aient ramenée au repos. L'amplitude initiale de la vibration dépend des efforts exercés par le train pendant son passage ; mais i l s'en faut qu'en pratique, le mouvement s'opère suivant les trajectoires con­tinues que suppose la théorie. Les chocs jouent là un rôle qui peut modifier sensiblement les résultats des calculs. Comme on n'a pas jusqu'ici de données bien positives sur l'intensité et la fréquence de ce genre d'efforts, i l est impossible de déterminer par le calcul, sans observation directe, l'amplitude des vibrations.

Cette recherche d'ailleurs serait peut-être sans résultats pour la question qui intéresse le plus le constructeur, à savoir, la durée de la construction. I l ne s'agit pas tant de chercher l'effet mécanique du passage des charges en mouvement, et de calculer les excès d'ef­fort qui peuvent se développer par suite de ce passage, que d'ap­précier l'altération moléculaire produite par les trépidations du mé­tal. Les calculs de flèches partent toujours d'un coefficient d'élasticité «constant, tandis que ce coefficient d'élasticité varie vraisemblable­ment à la suite de l'ébranlement des molécules. Peut-être un certain temps de repos est-il nécessaire pour qu'une poutre métallique, ébranlée par le passage d'une charge, reprenne son état molécu-