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OBSERVATIONS ET QUESTIONNEMENTS CONCERNANT LA PRESENTATION DU CADRE PHYSIQUE ET GEOLOGIQUE ET DE L’ALEA SISMIQUE POUR LES PROJETS D’IMPLANTATION DE LA CENTRALE A GAZ DE LANDIVISIAU ET DU PROJET DE GAZODUC EN BRETAGNE SUD ET DE SON RACCORDEMENT (Pages 1-8) LE HERISSE Alain, Géologue, Chercheur au CNRS, Docteur es-Sciences L’autorité environnementale a fait un certain nombre de recommandations et demandé des compléments sur le dossier étude d’impact présenté par CEB pour les projets de canalisation de gaz en Bretagne Sud et pour l’établissement de la centrale à gaz de Landivisiau. Sur un point précis, la présentation du cadre physique et géologique des projets, on a retenu page 3 de cet avis qu’il est demandé de compléter l’état des sols et la localisation précise des secteurs où il sera nécessaire de trancher la roche mère. Pour cela il est nécessaire de présenter une étude géologique, c’est -à-dire la nature du sous-sol, sur le parcours de la canalisation de gaz et sur le secteur d’implantation de la centrale. Ceci n’a pas été proposé, ou énoncé de façon trop succincte. Le contexte géologique de la centrale à gaz Pour présenter le contexte géologique du projet de centrale à gaz (page 58 du rapport CEB, Géologie au droit du site), les opérateurs utilisent un document établi par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières de 1996. C’est à priori celui utilisé dans le document « Bassin versant de Brest » réalisé à l’époque. C’est en réduction la carte géologique de la Bretagne (Massif Armoricain) à l’échelle 1/ 1 000 000, c’est-à-dire que 1 cm sur la carte représente 10 kms. C’est une échelle qui n’est pas en rapport avec la précision attendue pour un tel projet et qui n’est pas comparable avec l’échelle des autres documents (cartes) produits pour ce site. D’autre par la géologie du secteur de Landivisiau est masquée sur la carte utilisée, par un cartouche blanc marqué Landivisiau. Cette présentation du cadre géologique du secteur est sans valeur, et la description des terrains page 59, ne correspond pas à de la géologie mais à de la pédologie (description du sol et non du sous-sol). Le Bureau de Recherches Géologiques et minières (BRGM Orléans) continue son travail de cartographie géologique à l’échelle 1/50000 pour le territoire français. La carte au 1/50000 de LANDERNEAU, en cours de publication, qui concernera également la zone de Landivisiau, donnera une image réactualisée de la géologie du secteur et de son interprétation tectonique. Mais les documents publics du BRGM publiés en 2008, et disponibles en ligne, ainsi que la plaquette PATRIMOINE GEOLOGIQUE DU FINISTERE réalisée à la demande du conseil général du Finistère et de la région Bretagne en 2012, reprennent déjà une partie de ces résultats (Figs.1 et 2).

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OBSERVATIONS ET QUESTIONNEMENTS CONCERNANT LA PRESENTATION DU CADRE

PHYSIQUE ET GEOLOGIQUE ET DE L’ALEA SISMIQUE POUR LES PROJETS D’IMPLANTATION

DE LA CENTRALE A GAZ DE LANDIVISIAU ET DU PROJET DE GAZODUC EN BRETAGNE SUD ET

DE SON RACCORDEMENT (Pages 1-8)

LE HERISSE Alain, Géologue, Chercheur au CNRS, Docteur es-Sciences

L’autorité environnementale a fait un certain nombre de recommandations et

demandé des compléments sur le dossier étude d’impact présenté par CEB pour les

projets de canalisation de gaz en Bretagne Sud et pour l’établissement de la centrale

à gaz de Landivisiau.

Sur un point précis, la présentation du cadre physique et géologique des projets, on

a retenu page 3 de cet avis qu’il est demandé de compléter l’état des sols et la

localisation précise des secteurs où il sera nécessaire de trancher la roche mère.

Pour cela il est nécessaire de présenter une étude géologique, c’est-à-dire la nature

du sous-sol, sur le parcours de la canalisation de gaz et sur le secteur d’implantation

de la centrale. Ceci n’a pas été proposé, ou énoncé de façon trop succincte.

Le contexte géologique de la centrale à gaz

Pour présenter le contexte géologique du projet de centrale à gaz (page 58 du

rapport CEB, Géologie au droit du site), les opérateurs utilisent un document établi

par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières de 1996. C’est à priori celui

utilisé dans le document « Bassin versant de Brest » réalisé à l’époque. C’est en

réduction la carte géologique de la Bretagne (Massif Armoricain) à l’échelle 1/

1 000 000, c’est-à-dire que 1 cm sur la carte représente 10 kms. C’est une échelle

qui n’est pas en rapport avec la précision attendue pour un tel projet et qui n’est pas

comparable avec l’échelle des autres documents (cartes) produits pour ce site.

D’autre par la géologie du secteur de Landivisiau est masquée sur la carte utilisée,

par un cartouche blanc marqué Landivisiau. Cette présentation du cadre géologique

du secteur est sans valeur, et la description des terrains page 59, ne correspond pas

à de la géologie mais à de la pédologie (description du sol et non du sous-sol).

Le Bureau de Recherches Géologiques et minières (BRGM Orléans) continue son

travail de cartographie géologique à l’échelle 1/50000 pour le territoire français. La

carte au 1/50000 de LANDERNEAU, en cours de publication, qui concernera

également la zone de Landivisiau, donnera une image réactualisée de la géologie du

secteur et de son interprétation tectonique. Mais les documents publics du BRGM

publiés en 2008, et disponibles en ligne, ainsi que la plaquette PATRIMOINE

GEOLOGIQUE DU FINISTERE réalisée à la demande du conseil général du

Finistère et de la région Bretagne en 2012, reprennent déjà une partie de ces

résultats (Figs.1 et 2).

Fig. 1. Cadre géologique du secteur de Landivisiau. Extrait de : Carte géologique harmonisée du

Département du Finistère – Notice géologique – Rapport final, BRGM/RP – 56273 – FR. Octobre

2008 . Echelle 1/220 .000

Fig. 2. Géologie du Finistère. Plaquette Patrimoine Géologique du Finistère. Darboux et Plusquellec,

2012 . Conception Société Géàologique et Minéralogique de Bretagne. Echelle 1/500 .000

Il faut remarquer, Fig. 2, le réseau de failles N 20, N30°, au Nord de Landivisiau

(secteur du Vern) recoupant et décalant les Gneiss et Micaschistes (en orange et

vert Emeraude).

Pourquoi souligner l’importance du cadre géologique de la pointe bretonne pour ces

projets ?

Notre sous-sol, en Bretagne comme ailleurs, est à l’origine de la diversité des

paysages naturels que nous traversons, et il porte l’empreinte des évènements

géologiques qui se sont succédés au cours du temps. La structure actuelle de la

Bretagne (Massif Armoricain) résulte d’une longue histoire marquée par différentes

orogénèses (constitution de chaînes de montagne) : l’Icartien daté à environ 2

milliards d’années, l’orogénèse cadomienne entre 750 et 540 millions d’années et

l’orogénèse hercynienne il y a 360 Ma. La Bretagne est une zone intraplaque,

coincée entre la plaque Afrique et la plaque Europe. Elle connait des zones de

faiblesses, en priorité le long des failles héritées de l’histoire géologique.

Fig. 3. Carte géologique simplifiée du Massif Armoricain

Le Massif Armoricain apparaît comme un ensemble d’éléments limités par de

grandes discontinuités tectoniques disposées en éventail et convergent vers l’Ouest :

la Zone de Cisaillement Nord Armoricain (ZCNA) passant au Nord de Brest, suivant

l’Elorn est présente juste au Sud de Landivisiau et se poursuit ensuite vers la

Mayenne ; la Zone de Cisaillement Sud Armoricain (ZCSA) depuis la pointe du Raz

et vers la Vendée, où les effets de l’orogénèse hercynienne sont les plus importants.

L’Alea sismique

En Bretagne, c’est le long des failles majeures héritées de l’histoire géologique (cf.

Fig. 3), que semblent se concentrer les séismes. Même si elle est classée dans les

zones de sismicité faible (2), la Bretagne connait une activité sismique régulière :

environ une centaine de séismes pas an, et plus de 1000 depuis 1980.

Figure 4: Sismicité en France entre 1963 et 2007. Les localisations épicentrales et les magnitudes (

supérieures à 3) ici présentées sont celles calculées par le CEA et le RéNaSS.

Plusieurs tremblements de terre notables sont à rattacher à ces structures géologiques.

Quelques séismes historiques sont à retenir : 30 août 1286 (intensité VII), 25 janvier 1799 à Noirmoutier (intensité VII-VIII), 9 janvier 1930 à Vannes (intensité VII), 2 janvier 1959 à Quimper (intensité VII). Pour ce séisme de Quimper la magnitude estimée est : Mw=5.8 par l’IPG, Mw=5.2 par Strasbourg, Mw=5.4 par IRSN.

Ces séismes avaient été très largement ressentis dans toute la Bretagne et auraient été engendrés par une rupture sur la faille Sud-Armoricaine.

Plus près de nous le tremblement de terre de Lorient-Hennebont, du 30 Septembre 2002, magnitude 5.4 (Rénass), avec un épicentre à 25 Kms au NE de Lorient lieu-dit Quistinic (24 Kms de Plumergat), qui a donné lieu à plusieurs publications (ex : Mazabraud, 2004 ; Perrot et al. 2005). Il est recensé dans le rapport BCSF (pages 97 à 102) des dégats dans 130 communes.

Figure 5: Observations sismologiques 2000-2002. BCSF Bureau Central Sismologique Français.

Enfin en 2013 et 2014 une recrudescence de séismes : 11 Octobre 2013 près de Brest (Mw 4.1) ; 21 Novembre à Vannes (Mw 4.5) ; 11 Décembre 2013 à 15 Kms de Châteaulin (Mw 3.5) ; 11J Juillet, séisme ressenti tout au long de la côte Nord de la Bretagne (Mw 4.9).

Cette crise sismique avec récurrence rapprochée de séismes, pose une question préoccupante ?

- Comment une région géologique considérée comme très stable depuis le Trias (250 Ma), peut-elle être localement réactivée par des séismes de magnitude non négligeable ?

L’ensemble du territoire breton est concerné par un aléa sismique de niveau 2 sur 5, ce qui correspond à une sismicité faible. Mais la magnitude maximale ces dernières années est de 5,4.

En conséquence, la probabilité d’un séisme de magnitude supérieure à 5 en

Bretagne est faible, mais pas nulle. Alors :

- Quelles précautions pour la canalisation gaz, depuis le raccordement de

Montoire, qui recoupera deux fois des zones de failles décrochantes : la ZCSA

et la ZCNA (au Sud de landivisiau, vallée de l’Elorn ?

- Quelles normes pour la construction de la centrale, bâtiments de catégorie 4.

- Ces normes seront-elles équivalentes à celles préconisées pour les

constructions à l’Ile Longue, site de défense et nucléaire proche de la centrale

(41 Kms en ligne droite de Landivisiau), ou il est demandé dans les appels

d’offres des contraintes complémentaires pour répondre aux « sollicitations

sismiques » (cf. document en annexe) ?

Inondations et mouvements de terrain

Les communes de landivisiau et Bodilis sont concernés par les mouvements de

terrains et inondations. 34 arrétés de catastrophe naturelle ont été proclamés entre

1987 et 2008 ; Citons par exemple des inondations et coulées de boues du 25 au 29

Décembre 1999, ou plus récemmment du 23 au 24 Décembre 2013 etc.

En conclusion : Le fonctionnement des installations industrielles prévues à

Landivisiau (centrale électrique fonctionnant au gaz) et les canalisations

d’acheminement de gaz en Bretagne Sud, peuvent être mis en défaut par des

phénomènes naturels, notamment les « sollicitations sismiques » les

inondations et mouvements de terrain. Ce sont des éléments pris en compte

sur le site de défense et nucléaire de l’Ile longue, voisin de Landivisiau. Mes

réserves et questionnements sur ces projets de constructions, concernent

l’absence de précision sur les contraintes techniques à appliquer aux

structures, et le surcoût que cela engendrerait, comme principe de précaution

dans l’hypothèse de risque sismique, qui devraient tenir compte des plus

fortes intensités enregistrées en Bretagne à l’ échelle historique (intensités VII-

VIII), Quelle est également la réponse technique aux inondations et

mouvements de terrain à répétition, sur les communes de Bodilis et

Landivisiau.

A Brest le 30 Octobre 2014

A. Le Hérissé

Bibliographie :

Carte géologique harmonisée du département du Finistère, notice géologique. Rapport final,

BRGM/RP-562736-FR.Octobre 2008, 1-441.

Mazabraud, Y. 2004. Déformation active d’une region intraplaque à deformation lente:le cas

de la France. Sismicité et modélisations thermomécaniques 2D et 3D.Thèse Université de

Nice-Sophia Antipolis, 1-220.

Perrot, J, Arroucau, P, Guilbert, J et al 2005, 'Analysis of the Mw 4.3 Lorient earthquake

sequence: a multidisciplinary approach to the geodynamics of the Armorican Massif,

westernmost France', Geophysical Journal International, vol. 162, pp. 935-950.

(Annexe)

Base opérationnelle de l'Ile Longue, opération B 807. Bassins nord et sud, remplacement

des ponts roulants de 100 kN n° 1, chemins de roulement et consoles des niveaux

inférieurs et supérieurs. Mission de contrôle technique - 29 Finistère

Texte de l'annonce:

Base opérationnelle de l'Ile Longue, opération B 807. Bassins nord et sud, remplacement des

ponts roulants de 100 kN n° 1, chemins de roulement et consoles des niveaux inférieurs et

supérieurs. Mission de contrôle technique

AVIS D'INFORMATION

Identification de l'organisme qui passe le marché: Etat - MINDEF/SGA/DCSID, Direction

régionale du SID de Brest, Bureau des marchés, CC 16, 29240 Brest Cedex 9, tél.

02.98.14.81.04.

Procédure de passation : appel d'offres restreint.

Objet du marché : base opérationnelle de l'Ile Longue, opération B 807. Bassins nord et sud,

remplacement des ponts roulants de 100 kN n° 1, chemins de roulement et consoles des

niveaux inférieurs et supérieurs. Mission de contrôle technique.

Lieu d'exécution: Roscanvel (29, Finistère).

Caractéristiques principales :

Missions d'assistance à maîtrise d'ouvrage, contrôle technique dans le cadre de la définition et

la réalisation des travaux relatifs aux remplacements de deux ponts roulants de 100 kN et

d'environ 680 m de chemins de roulement et leurs consoles {ouvrages de structure

métallique).

Les missions demandées au contrôleur technique sont celles codifiées dans la norme NF P

03.100 relative aux critères généraux pour la contribution du contrôle technique à la

prévention des aléas techniques dans le domaine de \a construction, y compris une mission

complémentaire relative à la "résistance aux sollicitations sismiques".

Au-delà des prestations liées à la conception et à la réalisation des chemins de roulement et

des ponts roulants de 100 kN n° 1, la mission du contrôleur technique s'étendra au suivi de

l'intégrité de la structure de la charpente des bassins. Pour cela, il devra s'adjoindre les

services d'un topographe pour la création d'un référentiel optique, la mise en place d'un

système de cibles fixes permanentes permettant des relevés précis et comparables avant et

après la phase travaux, ainsi qu'un suivi fiable de la charpente dans le temps.

Acheteur public: Etat - MINDEF/SGA/DCSID

Description:

Particularité du marché : marché à clause de sécurité passé conformément aux dispositions de

l'article 13 de l'arrêté du 18 avril 2005 paru au Journal Officiel n°92 du 20 avril 2005 et

impliquant que l'industriel soit habilité "confidentiel défense" avant la notification du marché.

La durée de l'opération est estimée à 48 mois.

Le texte intégral de l'annonce, publié au BOAMP n° 122 B au 25 juin 2010 et au JOUE n°

2010/S 121-184374 du 25 juin 2010, est consultable sur Internet.

Justifications à produire quant aux qualités et capacités du candidat: elles sont précisées dans

l'annonce publiée au BOAMP.

Date limite de remise des candidatures : 2 août 2010.

Les dossiers seront envoyés avant 16 h, à la date indiquée ci-dessus, à l'adresse ci-dessous :

BCRM de Brest, DRSID de Brest, CC 16, 29240 Brest Cedex 9.

Date d'envoi de l'avis à la publication : 29 juin 2010.

Département: 29 Finistère

Type du marché: Etudes

Mode de passation: Appel d offres restreint