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14 FéVRIER Nos arrangements floraux P. 17 LAUSANNE Poulet aux prunes P. 7 NYON Dieudonné mais pas gratuit P. 5 BEVAIX La coupe des vices P. 4 JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA Vendredi 7 février 2014 // N o 178 CHF 3.– // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch * nom connu de la rédaction *

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14 févrierNos arrangements floraux P. 17

LausannePoulet aux prunesP. 7

nyonDieudonné mais pas gratuit P. 5

BevaixLa coupe des vices P. 4

JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA

Vendredi 7 février 2014 // No 178 CHF 3.– // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch

* nom connu de la rédaction

*

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Vigousse vendredi 7 février 2014 Vigousse vendredi 7 février 2014

Circulez, les retardataires, il n’y a plus rien à voir.

C’est con, ça : à quelques jours près, on vous en

aurait fichu plein la vue. Des images de forêts

dévastées, de rivières à l’écosystème à jamais

bousillé, de familles expropriées par les flics

et les bulldozers, puis relogées dans des taudis sans eau ni

électricité, de kilomètres d’autoroutes à prix pharaoniques, de

bâtiments de dix étages construits sur des sables mouvants et

de champs de gravats pour une demi-éternité répandus sur ce

qui était encore, il y a peu, des jardins.

Mais tout ça, c’était avant. Avant que le bastringue commence.

Que les caméras, forcément dociles puisque inféodées au

pouvoir, balaient les pistes immaculées et les enceintes

rutilantes (pour combien de temps ?) ; qu’elles multiplient les

gros plans sur le gratin des sports d’hiver, membres du CIO et

dirigeants russes confondus « au nom de l’olympisme ».

Les Jeux de Sotchi coûteront quarante ou, on ne sait trop,

cinquante milliards de dollars au peuple russe. Un tiers, voire

la moitié de cette somme est partie en pots-de-vin ; et il n’est

pas exclu qu’un certain Vladimir premier du nom – dont selon

certains analystes la fortune tournerait autour des cinquante

milliards de nos francs – ne se soit lui aussi servi au passage.

Et alors ? Alors, on s’en fout ! Nous, ce qu’on veut, ce sont

des Jeux. Et c’est bien ce qu’on va nous montrer : le sourire

de Lara Gut, celui, édenté, d’un joueur de hockey canadien,

mille matches de NHL dans les gencives, des bobeurs plus

rapides que l’éclair, et les petits culs des danseuses sur glace.

Du sport, du vrai, quoi ! Pas des embrouilles politico-écolo-

crimino-économiques.

Du sport et puis des médailles. Beaucoup de médailles pour

bien figurer au classement par nations et par bibelots. Et là,

on verra bien qui des Russes, des Américains, des Français et

des Suisses sont les plus forts.

Le reste est sans importance aucune. Sauf, peut-être, qu’il ne

faudrait pas que le tremplin de saut à skis, comme c’est déjà

arrivé deux fois parce que lui aussi a été construit là où il

n’aurait pas fallu, s’effondre sous les soixante kilos de notre

Simon Ammann. Lequel, dans cette vaste escroquerie, est loin

d’être le seul à voler pour de l’or.

Ç a , C ' e s T f a i T !C ’ e s T P a s P o u r D i r e ! Q u e L L e s e M a i n e ! 32

LE CHIFFRE

67 000 francs

C’est la somme que réclamait la mère d’un enfant de Buenos Aires fauché par une voiture. Pas n’importe laquelle, celle de l’ambassadeur suisse en

Argentine Johannes Matyassy. Au volant de la VW blanche diplomatique se trouvait le

jeune compagnon du diplomate. L’assurance propose 1300 francs à la famille de la victime. Et une

boîte de Ferrero Rocher ?

Eh bien, jouez maintenant !Roger Jaunin

Ça l’affiche mal « Bientôt 1 million de musulmans ? » questionne une pub parue dans la presse romande. Sous un graphique abscons, les logos de la Lega et du Mouvement citoyens genevois accompagnent la référence au « comité d’Egerkingen ». Le Mouvement citoyens genevois se dit victime d’un malentendu, lui dont le conseiller d’Etat Mauro Poggia s’est converti à l’islam en 1996. Un malentendu ? Inch’Allah !

Cannibalisme enfarinéLa Fédération romande des consommateurs (FRC) craint que la Suisse n'emboîte le pas à l’Union européenne en autorisant à nouveau les farines animales (Mieux Choisir, 28.01.14). La FRC a débusqué des marchands suisses prêts à se faire du blé avec la farine. « Actuellement, une grande partie des morceaux non consommés en Suisse sont exportés ; d’autres résidus sont transformés en nourriture pour animaux domestiques, un débouché très rentable. » De la vache folle aux lasagnes de cheval, les autorités sanitaires n’ont pas une mémoire d’éléphant.

Musique de chanvreLe vieux débat sur la libé-ralisation du cannabis est relancé par des experts fédéraux. Sur les modèles de vente libre états-unien et uruguayen, ainsi que les « Cannabis Social Club » espagnols, des solutions vont être examinées pour réduire marché noir et tra-fic. Peine perdue : d’ici que nos autorités se mettent d’accord, les consomma-teurs seront tous passés au joint électronique.

Mauvais genreEffrayés par la « théorie du genre » à laquelle ils n’ont manifestement pas tout compris, des milliers de protestataires français, pour la plupart catholiques conserva-teurs, descendent dans la rue : ils accusent le gouvernement de vou-loir changer les garçons en filles et réciproque-ment. Emportés par leur élan, ces dignes militants ne devraient pas tarder à manifester contre la théorie du chaos et la théorie de la relativité.

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Vigousse vendredi 7 février 2014 Vigousse vendredi 7 février 2014

A Bevaix, riante bourgade de 3800 habitants au bord du lac de Neuchâtel, les autorités tentent tant bien que mal de calmer la population, qui pleure un parc su-blime au centre du village. Proprié-té de la famille Zutter, la maison de maître du Closel a été rachetée par la commune pour 3 millions de francs, suite à un référendum. Et le 29 novembre dernier, les tronçon-neuses sont entrées dans la danse.Fer de lance de la contestation, le chanteur lyrique retraité Ar-mand Arapian ne décolère pas : « Au début, je me battais pour les arbres, mais là je sens l’arnaque politique. Car dézoner cette parcelle de 10 000 mètres carrés rapporterait gros », s’enflamme-t-il. Il a photo-graphié les 230 souches, histoire de prouver que les arbres sacrifiés étaient sains. Mis en cause, le président de commune, le bien nommé Cédric Maire, se défend : « Il y avait un

problème sanitaire, mais aussi de sécurité. » Dans un reportage de la RTS, il parle d’arbres malades à partir de 1,5 mètre de hauteur (ce qui fait rire les spécialistes) et de danger de chute sur la ligne CFF et les bâtiments.

Ce vendredi 7 février, Armand Arapian et ses amis déposent une pétition munie de plus de 570 si-gnatures (« et sur 1400 votants, c’est plutôt bon ! ») pour que le terrain soit replanté. Et comme ces râleurs craignent que leur « poumon vert » soit dézoné pour passer en zone constructible, ils réclament aussi que la population soit consultée en cas de réaffectation. Il faut dire que le soupçon se nour-rit du nouvel emploi de Cédric Maire. Depuis décembre, il travaille en effet chez Foncia Geco, une ré-gie immobilière. Et la rumeur lui prête le rôle de sous-marin pour la construction de luxueuses villas.

ZoNE à PâtIr La commune de Bevaix a fait abattre 230 arbres prétendument malades. Craignant que cette coupe rase ne dissimule un projet immobilier, bien des habitants en sont malades.

Un parc ratiboisé

f a i T s D i v e r s e T v a r i é s4 f a i T s D i v e r s e T v a r i é s 5

« J’ai bien pensé que certains ver-raient d’un mauvais œil mon nouvel emploi. Foncia est une grande entre-prise, je m’occupe d’administration et non de construire des PPE. »

D’autres imaginent des appar-tements en terrasse pour attirer une riche clientèle. « Toujours un sourire aux lèvres, c’est un boni-menteur de première, disent les adversaires de Cédric Maire ; il a été représentant de croquettes pour chiens, puis de matériel médical. » Elu de l’Entente bevaisanne, il s’est présenté au Grand Conseil en 2013 sur la liste des Verts libéraux, sans succès.

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« Cette affaire est montée en épingle par un quérulent, retraité du monde du spectacle, qui a envie de rester sur scène », argue Cédric Maire qui, visiblement, n’est pas amateur d’opéra. « Il faut être clair : ça ne sera jamais comme avant. On fait un drame avec rien. Moi, je suis né au village et nous passions volontiers la haie pour aller jouer dans le parc, autour de la maison de la sorcière », se sou-vient-il. « On n’a pas acheté pour en faire quelque chose de précis, mais la situation idéale du Closel nous fait une magnifique réserve pour la collectivité si le village s’agrandit. Et nous ne sommes pas New York : avec 466 hectares de forêt, la commune n’a pas besoin de poumon vert… » Armand Arapian le reconnaît, il est colérique : « Normal, je suis Marseillais. Mais si cette situation découle de l’incompétence, c’est grave. S’il y a un projet caché, c’est encore plus grave. » Etabli depuis vingt ans à Bevaix, il a des convic-tions bien ancrées. Il a goûté à la matraque des CRS en 1968 sur la Canebière, il a refusé de chanter dans le Chili de Pinochet. Et s’il apprécie la démocratie helvète, il ne supporte pas les mensonges. Si dans quelques années Le Clo-sel est devenu une zone villas, on saura que ce Marseillais-là n’exa-gérait pas. Jean-Luc Wenger

Habitant à banDans le reportage diffusé le 23 janvier par la rtS, on voit Armand Arapian devant un grillage avec en toile de fond le vide laissé par l’abattage des arbres du Closel.

« J'avais rendez-vous avec le journaliste et le cameraman devant le portail. Lorsque je suis entré dans le parc pour voir les souches, un agent de sécurité m’a demandé de sortir du Closel. Il a appelé son supérieur et m’a dénoncé à la police cantonale. » Sur quoi un grand policier plutôt sympa et un petit policier pas commode ont débarqué : « Le petit roquet ne voulait pas qu’on le filme, il s’en est pris au cameraman qui a continué malgré les éclats de voix. » Finalement, ça s’est calmé. « J’ai promis de ne plus entrer dans Le Closel et ça s’est arrêté là. Les journalistes se sont vraiment rendu compte des tensions bevaisannes. »

De fait, Cédric Maire avait autorisé le tournage, mais exclu la présence, à l’intérieur du parc, d’Armand Arapian. Lequel est le seul citoyen interdit de séjour au Closel… « Si c’est un bien public, ça reste une propriété privée », justifie Maire. Arapian réplique : « Je n’avais enfreint aucune loi parce que Le Closel, que je sache, n’a pas été mis à ban. Il n’y a aucun panneau l’indiquant. » Il n’y a plus qu’à en mettre un qui stipule « interdit aux chanteurs d’opéra ».

Nyon, lundi 3 février, 19 heures. Le parvis du théâtre rappelle celui d’un tribunal lors d’un procès sulfureux : une armée de flics et de vigiles, des grappes de jour-nalistes. Avec Caro, on est là pour Vigousse ; mais pas moyen d’échapper à la ruée des stylos, des micros et des caméras : Le Matin, 24 heures, La Télé, RTS « Mise au point », RTS « Le 12.45 », RTS La 1ère, la Radio suisse italienne… tous avec les mêmes questions : « Que pen-sez-vous de Dieudonné ? », « A quoi vous attendez-vous ? », « Et la polémique ? » Une heure et demie plus tard, re-belote : « Comment avez-vous trouvé le spectacle ? A-t-il dépassé les bornes ? » Légitime curiosité, sachant que l’immense majorité des journalistes agglutinés dehors n’a pas pu voir la représentation, faute de billet. « C’était complet, notre rédaction n’a pas été fichue d’obtenir des entrées », rouspètent certains.

A Vigousse, au moins, on est débrouille. On a eu des sésames de dernière minute grâce à Djily Diagne (mer-ci), qui produit la tournée suisse de Dieudonné. On entre avant tout le monde. Dans le hall, entre deux silhouettes grandeur nature de l’artiste, la boutique attend les chalands : T-shirts à « quenelles », affiches, DVD. Tréfilée entre agents de sécurité et scan-neurs de tickets, la foule entre au compte-gouttes. Que des mecs ou presque, jeunes pour la plupart. Et des contrôleurs de la Licra et de la commune de Nyon, assez faciles à repérer.Dans le théâtre bondé, Dieu-donné démarre fort, balance les vannes, torpille les censeurs, les huissiers et les caméras muni-cipales à l’affût du dérapage. « Je ne suis pas antisémite », répète-t-il. Il singe un représentant de la Coordination inter-communautaire contre

La bête noire de but en blancSHoAH Et boNNE HUMEUr Sans propos antisémites mais sans concessions, sans peur mais sans reproches, Dieudonné a fait beaucoup rire. C’est très triste pour les censeurs.

l’antisémitisme et la diffamation (Cicad), évoque les Rothschild et les nazis, étrille Elie Semoun... Un vrai fouteur de merde, quoi, qui fait dans la provocation féroce et jubilatoire. Mais qui ne fait aucunement l’apo-logie d’un crime contre l’humanité ni ne rit de ses vic-times. Et puis tout ça est assez secondaire : l’humoriste (oui, c’en est un, et un bon) caricature abondamment les Africains, la chair à canon noire sous les drapeaux tricolores ou les usines à bébés du Niger, organes sépa-rés sur demande.

bien sûr, une partie du public applaudit bien plus fort ses bravades contre certains Juifs. Tous antisémites ? Sans doute pas : inconditionnels de Dieudonné, ils jouent son jeu du héros seul contre tous.Après plusieurs « quenelles » dirigées tous azimuts, le spectacle s’achève dans le grinçant et même l’émotion : Dieudonné évoque non sans humour le souvenir d’un jeune Genevois atteint d’un cancer généralisé en phase terminale, et qui rêvait de le rencontrer. Accueilli à Paris et monté sur scène, le malade amaigri, sans che-veux ni sourcils, a fait quoi ? Une « quenelle », enfoncée « dans le fion de la peur ». Noir.

C’est quand la salle se rallume pour l’ovation que sur-vient un léger malaise : des dizaines de jeunes types de-bout, fervents, uniformes, alignés, font la « quenelle » comme à la parade. Un détail semble échapper à ces idiots : quel qu’en soit le sens symbolique, les formes grégaires de salut discipliné, garde-à-vous ou autres, conviennent plutôt mal à l’esprit libertaire… Tant pis : après tout ils ont le droit, eux aussi, de faire rire.

Laurent Flutsch, dessins Caro

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Vigousse vendredi 7 février 2014 Vigousse vendredi 7 février 2014

Le 31 mars prochain, Jacques* comparaîtra devant le Tribunal de police de Lausanne : il a fait opposition à une amende d’ordre de 250 francs. Pour quel abomi-nable crime lui fut-elle infligée ? Sortant d’une soirée entre amis, lui et son épouse auraient « trou-blé l’ordre public », le samedi 27 avril, rue Pépinet à Lausanne. En fait, le couple s’est arrêté à la vue d’une scène courante de la nuit lausannoise : un poli-cier tenait un Africain menotté. Toutes les affaires du jeune homme arrêté gisaient sur le sol : un téléphone, une carte SIM, un porte-monnaie, du shampoing, une brosse à dents… « Nous avons demandé au policier s’il trouvait

normal d’éparpiller ainsi les affaires sur le trottoir », relate Jacques. Honnête citoyen, il pensait avoir le droit de se renseigner ainsi sur les procédés de la force publique.

L’agent concerné a bien sûr une autre vision des choses. Il prétend que Jacques l’aurait pris à partie verbalement et qu’il n’aurait pas respecté la « distance de sécurité » de 1,50 mètre. Du coup, réflexe, il somme Jacques et son épouse de présenter leurs papiers d’identité. Le couple obtempère. Mais voilà : selon Jacques, « le policier était tout simplement dans l’impossibi-lité de tenir son captif africain, son stylo et nos cartes d’identité. Il a dû attendre du renfort. » Arrive alors

DAUbE DE PoULEt A Lausanne, le témoin d’une arrestation musclée pose une question au policier. Réponse : une prune.

un second agent. Pour ce fin limier, Jacques et sa femme vocifèrent et attirent l’attention des badauds sur l’inter-vention (comme si elle allait passer ina-perçue dans une rue encore très animée). Sanction : 250 balles d’amende par personne. Quelques minutes plus tard, l’Africain est relâché.

Seuls condamnés dans cette grave affaire, Jacques et son épouse contestent. Une première audience réduit la contravention de 250 à 140 francs par tête. Mais Jacques ne lâche pas, question de principe. Il entend même réunir

Appel à témoins : fermez-la !

Voilà une épreuve intéressante pour une de ces innombrables émissions culinaires genre Master Chef : composer le dernier repas d’un condamné à mort. Oui, c’est morbide mais pas aussi débile que de « revisiter » la choucroute ou « sublimer » une sardine. Et puis il se trouve que c’est plein de surprises, les derniers repas de condamnés. Instructif même.Tenez : exécuté en 1992 dans l’Etat d’Arkansas, Ricky Ray Rector avait demandé une tarte aux noix de pécan comme dernier dessert. Excellent choix ! Tellement il était heureux, ce brave Ricky, qu’il avait demandé à ce qu’on lui mette les restes de côté, « pour plus tard »… C’est que ce garçon souffrait d’un retard mental sévère depuis qu’il avait tenté de se suicider en se tirant une balle dans la tête : pour com-prendre qu’on va mourir pour de bon, ça aide d’avoir un lobe frontal.

En 1998, Frank Basil McFarland, lui, s’est contenté d’une portion de laitue et quatre racines de céleri : c’est pas parce qu’on va mourir qu’il faut se laisser aller ! Une modéra-tion à comparer aux exigences de Lawrence Russell Brewer, exécuté en 2011 au Texas : poulet frit, sauce

et oignons ; triple cheeseburger, omelette au fromage et bœuf haché, tomates, oignons et piments ; un bol de gombos frits avec ketchup ; une livre de viande de barbecue avec une demi-miche de pain blanc ; trois fajitas ; une pizza à la viande ; un

pot de crème glacée ; du beurre de cacahuète aux cacahuètes brisées ; et trois « root beers ».

Considérant qu’il s’agissait là d’un foutage de gueule caractérisé, un sénateur de Houston obtint non seulement l’annulation de cette commande mais carrément celle de la tradition du dernier repas au Texas. Ce qui n’a pas empêché Gary Carl Simmons, en 2012, au Missis-sippi, de s’envoyer 28 974 calories en pizza, parmesan, glace à la fraise, chips au fromage, frites, milkshakes et Coca… Le goût du paradis sans doute.

Au-delà des anecdotes, que dit exactement le choix du dernier repas sur la psychologie d’un condamné ? Deux chercheurs en management et économie de l’Université Cornell, à New York,

HAPPy MEAL Selon une étude, les condamnés à mort envisagent leur dernier repas différemment selon qu’ils clament leur innocence ou non. Un petit digestif pour la route ?

ont tenté d’aborder cette question. Compulsant les dossiers de 247 condam-nés à mort aux Etats-Unis entre 2002 et 2006, ils par-viennent à un résultat intri-gant. D’abord, ils trouvent que dans leur grande majo-rité les condamnés à mort commandent un dernier re-pas (209/247). Seulement, il y a une nuance : ceux qui clament leur innocence ont 2,7 fois plus de chances de

décliner le dernier repas que ceux qui admettent leur culpa-

bilité (29 % contre 8 %). Et quand ils le demandent, les premiers mangent (un peu) plus léger : 2085 contre 2786 calories, soit 34 % en moins.Faut-il en conclure que le senti-ment d’injustice coupe l’appétit ? Qu’accepter un dernier repas serait légitimer un rituel barbare et, par-tant, admettre sa culpabilité ? Ou que l’acceptation de son sort rend plus vorace ? Difficile d’interpré-ter ces résultats sans en savoir plus sur chaque cas, mais les auteurs proposent tout de même d’exa-miner le dernier repas comme un possible « test d’innocence » chez les condamnés à mort. On ne peut décidément plus rien bouffer sans se sentir coupable… Sebastian Dieguez

Death Row Confessions and the Last Meal Test of Innocence, K.M. Kniffin et B. Wansink, Laws 2014, 3, 1–11.

C’est pour emporter ?

f a i T s D i v e r s e T v a r i é sf a i T s D i v e r s e T v a r i é s 76

« Vous téléchargez de manière quasi industrielle d’ignobles photos pédophiles ! »

Audience en correctionnelle dans un tribunal d’arrondissement. Noms fictifs mais personnages réels et dialogues authentiques.

Monsieur Lefèvre est accusé d’actes d’ordre sexuel avec des enfants, d’actes d’ordre sexuel commis sur une personne incapable de discernement ou de résistance, et de pornographie. Les faits :1. Entre 2006 et 2011, par le biais du réseau de partage fourni par le programme « e-mule », l’accusé a régulièrement téléchargé via internet des représentations à caractère principalement pédophile, parfois doublé d’un caractère urolagnique, scatologique ou violent, avant de les enregistrer sur le disque dur de son ordinateur ou un disque dur externe. Ce procédé a par ailleurs permis à d’autres utilisateurs du programme de télécharger à leur tour lesdits fichiers. L’analyse du matériel informatique a entraîné la découverte de 4595 fichiers, dont 620 vidéos, mettant en scène de la pornographie enfantine.2. A plusieurs reprises, le prévenu a profité d’instants passés seul avec sa filleule, âgée de 3 à 6 ans, pour tenter de l’embrasser sur la bouche, lui caresser le sexe par-dessus ses habits et lui pincer les seins. Il a également pris des clichés du corps nu de l’enfant sur son téléphone portable alors qu’il l’accompagnait aux toilettes. – Je ne vais pas lire l’acte d’accusation, qui est juste répugnant et que vous connaissez, annonce le juge. Vous admettez ?– Pour les photos et les vidéos, oui, mais pas pour ma filleule. Je ne lui aurais jamais fait de mal, murmure l’accusé.

– Donc elle a menti ?– C’était sûrement par vengeance, parce que je l’ai abandonnée.– Vous n’avez pas encore tout compris, vous, déclare le magistrat en respirant profondément. Vous téléchargez de manière quasi industrielle d’ignobles photos pédophiles, mais vous prétendez qu’une enfant de 6 ans a inventé des accusations aussi ciblées pour se venger ? Ça suffit maintenant, admettez !– A trois reprises, c’est elle qui m’a attrapé le sexe, ça m’a gêné, alors je lui ai dit d’arrêter. C’est peut-être pour ça qu’elle s’est vengée.– Et je tiens à préciser, intervient son avocat, que ces fichiers se téléchargent en bloc. Il y a tout et n’importe quoi. Mon client cherchait des photos de préadolescentes dénudées, pas les clichés de violences.– « C’est l’enfant qui a commencé » est la réponse de tous les abuseurs, poursuit le juge. Le traitement psy entrepris suite à votre condamnation pour pornographie en 2004 ne vous a pas apporté grand-chose, n’est-ce pas ?– Non, il n’y avait aucun dialogue avec le thérapeute.– Vous êtes imperméable au traitement comme beaucoup de prévenus ces temps-ci… Et vous n’avez pas demandé ou cherché quelqu’un d’autre ?– J’ai pris contact avec deux psys, mais ils ne pouvaient pas me recevoir.

– tout ça est d’une légèreté désastreuse et dangereuse. Vous ne réalisez pas la gravité de la situation !– Mais je veux changer ! D’ailleurs je vais mieux, j’ai une vie sociale, un groupe d’amis, un travail…– bon, je ne vais pas passer une heure à tenter de vous raisonner. Je suspends l’audience pour vous laisser réfléchir et parler avec votre avocat, et j’espère que vous reviendrez avec une autre version.Reprise :– Autre chose à déclarer ? demande le juge.– oui, c’est vrai, ça s’est passé, bégaie l’accusé. Mais je m’en voulais tellement d’avoir eu des gestes déplacés avec elle…– Vous reconnaissez tout ? Les caresses, le baiser et les photos ?– oui.– bien, maintenant il va falloir assumer.– Je sais, je veux me soigner, vraiment.– Vous ne téléchargez plus ? interroge le magistrat.– Non, je sais que vous pouvez tout contrôler !– Et il vous arrive de trouver un plaisir sexuel hors des enfants ? – oui.– Eh bien alors, foutez la paix aux enfants !Reconnu coupable, monsieur Lefèvre est condamné à 15 mois de prison, dont 6 mois ferme et 9 mois avec un sursis de 5 ans. De plus, un traitement sera entrepris durant l’incarcération et les frais de justice, soit 10 615 francs, sont à sa charge. Lily

PLUS VrAI QUE

VECU

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Cher Valentin,Depuis des lustres, on ne connaît plus de toi que cette maudite fête qui gangrène le mois de février. Fête à double tranchant s’il en est… En ef-fet, si le bienheureux qui s’en souvient récolte à tous les coups les faveurs de sa dulci-née, le beau diable qui, pour une raison ou pour une autre, a le malheur de te zapper risque bien de pouvoir se la mettre derrière l’oreille. Qu’il l’oublie deux années de suite, il ne lui reste plus qu’à poin-ter chez Meetic.Revenons-en aux faits. Valen-tin, donc. Prêtre chrétien, condamné à mort par l’empereur Claude II pour avoir célébré des mariages dans la clan-destinité, si ton époque t’a désavoué, sache qu’aujourd’hui chacun te vénère. Ou presque. A l’exception des célibataires auxquels tu rappelles annuel-lement la vacuité de leur exis-tence, des hommes sous pression qui peinent à trouver l’idée cadeau qui ne vexera pas leur douce moitié et de toutes ces tourterelles qui redoutent comme la peste l’affreux pré-sent qu’il va falloir ratifier d’une étreinte un peu forcée.Cependant, cher Saint, ton mar-tyr n’est pas vain : à l’instar de Bastian Baker, tu fais rêver de naïves prépubères. Et ça, ce n’est pas rien.

Sacha Durant

A Valentin Saint des femmes

LE CoUrrIEr DU CHIEUR

repas et trépas

les témoins de violence policière à Lausanne en les encourageant à ne pas abandonner les procédures. Et dans son cas, c’est donc le 31 mars que le tribunal de police devra dire si, oui ou non, certaines amendes d’ordre ne font pas un peu dé-sordre. Jean-Luc Wenger

* prénom d’emprunt

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Vigousse vendredi 7 février 2014 Vigousse vendredi 7 février 2014

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L’actu au passé recomposé !

A la faveur de l’ennuiZéroS SoCIAUx Grâce à Facebook, un demi-milliard de Terriens s’emmerdent en moyenne 103 heures par an à force de meubler sa vie avec celle des autres.

Le magazine états-unien Time présentait la semaine dernière un machin en ligne grâce auquel chaque utilisateur de Face-book peut savoir combien de temps il y a passé depuis son inscription. Si la méthode de calcul est un peu hasardeuse, un chiffre a toutefois été confir-mé par la direction du réseau social : en moyenne, les membres consacrent 17 minutes par jour à exhiber leur vie et surtout à re-garder, aimer ou commenter celle des autres. Et 17 minutes, c’est la durée de visite moyenne la plus longue de toute la Toile, presque à égalité avec un grand portail de vidéos érotiques.

Curieusement, une personne sondée sur deux affirme pourtant s’ennuyer régulièrement sur Face-book. On en déduit que la consul-tation du réseau social est devenue un réflexe tellement ancré qu’on y reste même quand on s’embête. La visite de Facebook est désormais une sorte de tâche quotidienne, machinale, sinon obligatoire. Au lieu de s’accorder plus de temps pour rêver, imaginer ou réfléchir, d’innombrables internautes pré-fèrent ainsi consulter passivement et obsessionnellement les plats, les chats, les tronches et les bébés de leurs « amis ».

C’est que le flux massif et dis-trayant de ces banalités a la triste vertu d’empêcher de rester seul avec soi-même. Une espèce de peur du vide pousse à se farcir l’esprit de n’importe quoi, à la manière d’un boulimique en crise qui bouffe jusqu’à l’emballage en carton de ses frites.

A ce sujet, le psychanalyste Jacques Lacan avait tout résumé dix ans avant la naissance de Zucker-berg : « C’est quand le manque vient à manquer que l’angoisse surgit. »

Jonas Schneiter

C’est pas sourcé !Pour faire du bourdonnement (du buzz, quoi !), Le Matin en ligne pompe allègrement les sites participatifs. Retrouver la source de ces divertissantes nouvelles est un sport auquel s’adonnent de nombreux « suiveurs » qui nourrissent la page Facebook « Où va le journalisme en Suisse romande ? ». Les exemples de sources non mentionnées, remplacées par une signature orange pullulent. La vidéo d’un gardien de hockey sur glace tchèque ivre postée le 31 janvier par Le Matin avait fait son apparition une semaine auparavant. Une pub pour la bière Budweiser mettant en scène un cheval et un chiot avait cartonné la veille sur Koreus.com. Idem pour « le soutien-gorge qui ne s’ouvre que si la femme est amoureuse », publié trois jours avant par Koreus. Le 22 janvier, autre papier signé sur la « grosse frayeur d’une baigneuse un peu trop fofolle pour sa sécurité à Santander ». Une « info » qui datait de deux jours. Plutôt que de consommer des produits périmés, autant s’abreuver à la source. J.-L. W.

Tamedia à hue et à diaEn octobre 2009, Pierre Lamunière, alors propriétaire d’Edipresse Suisse et désireux de vendre l’essentiel de ses journaux romands au groupe zurichois Tamedia, avait chargé Eric Hoesli de faire, comme on dit, « la mariée belle ». Bilan des coupes sombres : 100 postes de travail supprimés, quelques-uns par le biais de départs volontaires, la grande majorité par celui de licenciements accompagnés d’un plan social accepté par l’ensemble des partenaires sociaux.

Depuis, sous l’appellation de Tamedia Publications Romandes SA, le groupe zurichois n’a cessé de dégraisser, par touches successives et dans tous les secteurs. Dernier exercice en date, celui qui pas plus tard que la semaine dernière a consisté à appeler, par téléphone, une vingtaine de collaborateurs et à les inciter à « accepter de nouvelles conditions de travail »… Horaires modifiés, réduction du temps de travail, ceux qui diront non doivent s’attendre à recevoir leur lettre de licenciement. C’est sans doute ce que chez Tamedia on qualifie de liberté de la presse. Celle des employés, en revanche…

Le fait est qu'aux postes à responsabilités du groupe on s'interroge sur l'avenir. Après Eric Hoesli, directeur des rédactions démissionnaire en raison de « divergences de vues » avec ses employeurs zurichois, après François Pilet, responsable du cahier économique du Matin Dimanche, c'est Sandra Jean, rédactrice en cheffe du Matin semaine qui a décidé d'aller voir ailleurs. Elle occupera le poste de directrice des rédactions du groupe Nouvelliste. La rédaction en chef du quotidien valaisan a quant à elle été confiée à Vincent Fragnière, transfert de la télévision locale Canal 9. R. J.

Vidéo-gagStupeur en France après les vidéos d’un chat maltraité et d’un handicapé mental agressé, postées sur la Toile par les auteurs de ces actes eux-mêmes. Voyons les choses du bon côté : avec des abrutis pareils, il n’y aura bientôt plus besoin de vidéosurveillance.

Ne l’interrompez pas !A l’occasion des 10 ans de l’émission Infrarouge, ce portrait dithyrambique de l’animatrice Esther Mamarbachi dans 24 heures (04.02.14) : « La dompteuse de bêtes politiques connaît son travail et tient le cap. Intelligente et habile, elle ne se laisse pas intimider et ne lâche pas le morceau (…) Brillante, bosseuse et directe – loin du journalisme de connivence – [elle] a su imposer la brutalité de la transparence par son attitude affûtée et son indépendance d’esprit (…) elle se définit comme perfectionniste, rigoureuse. » C’est fou ce qu’on peut dire comme conneries quand personne ne vous interrompt. S. D.

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Vigousse vendredi 7 février 2014 Vigousse vendredi 7 février 2014

T e s T à C L a Q u e s 11B i e n P r o f o n D D a n s L ' a C T u10

Ils nous font marcherLES bALADES DoMINICALES DU ProFESSEUr JUNgE Cette semaine : comment je défile pour une cause qui paraît noble, mais qui cache ses véritables buts.

C’est un beau dimanche qui s’an-nonce. On ne dirait pas qu’on est en février. Ce serait bête de ne pas profiter du temps clément pour aller se balader. Voyons voir, qu’est-ce qu’il y a comme activités aujourd’hui ? La manif pour tous ? Ça a l’air pas mal. En plus, c’est pour défendre des idées. C’est bien, ça, les idées. J’en ai toujours plein. Et puis c’est accueillant si c’est pour tous. Au moins c’est varié, je suis certain de ne pas m’embêter. Je me rends au départ de la manif. L’ambiance est bigarrée et bon enfant. Normal, plein de gens sont venus en famille. C’est d’ailleurs le thème général de la manif : la famille. Ça tombe bien : je suis pour. Enfin, c’est vrai, qui pour-rait être contre la famille ? Voilà bien un thème uni-versel, un enjeu noble dans lequel tout le monde peut se reconnaître. Je sens que ça va être une chouette balade.

Pitc

h

Le cortège s’ébranle doucement dans la bonne humeur. Les slo-gans commencent à s’élever de la foule galvanisée par les me-neurs. « Les réformes, on n’en veut pas ! », « La famille, c’est un papa et une maman ! » Je scande joyeusement avec mes cama-rades, content d’appartenir à une communauté. La foule grossit. De nouveaux slogans apparaissent. « Aux chiottes les gouines et

les PD ! Pas d’adoption pour les dégénérés ! » Je cesse de scan-der, un peu interloqué. N’était-ce pas une manif pour tous ? Les homosexuels risquent de se sentir un peu exclus avec de tels mes-sages… Enfin bon, il fait beau, je prends l’air, je continue ma balade. La foule grossit encore. Pancartes et calicots arborent des mots d’ordre de plus en plus hétéro-

clites et dont le rapport avec le thème de la famille commence à m’échapper : « L’avortement est un meurtre ! », « Dehors les nègres et les bougnoules ! », « Les darwinistes brûleront en enfer ! » Je commence à me sentir mal à l’aise. Mais qu’est-ce que c’est que ce ramassis d’arriérés obscu-rantistes qui défilent avec moi ? C’est pas croyable. Dès qu’il y a un thème important et rassem-

bleur, les fachos et les tarés de tous bords le récupèrent pour faire la promotion de leurs idées débiles.

Et soudain, je comprends tout. Quel con ! Je me suis trompé de manif ! En fait je voulais participer à celle en faveur de vrais enjeux nobles : lutter contre la pol-lution et le bétonnage du pays, faire baisser le chô-mage, protéger nos valeurs. Comment elle s’appelle déjà ? Ah oui, l’initiative contre l’immigration de masse.

Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine

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Centre commercial Charpentiers, 4 rue des Fossés, 1110 Morges, tél 021 801 07 55

Ouvert du lundi au samedi

Le 8e conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

11

3Je ne sais pas quoi penser de cette initiative de l’UDC pour stopper l’immigration de masse.

Qu’en dites-vous, professeur Mamadou ?

Les travailleurs immigrés, c’est de la main-d’œuvre quasi gratuite !

Ah bon ?

Et en plus eux y en a faire le sale boulot que les Suisses ils veulent

pas faire.

Ah, je n’y avais pas pensé… Moi bien connaître

la question. Moi aussi être

étranger.

Vous, Mamadou ? Un étranger ? Pourtant

être vérité.

Mais dites-moi, si vous êtes étranger, pourquoi est-ce que vos services me coûtent si cher ?

Toi y en a être énorme pigeon.

Toi payer n’importe quoi sans regarder.

Incroyable !

D’un côté, je comprends. Personne n’aime les étrangers.

Mais je me demande si c’est bien pour la Suisse.

Vous y en a être fou ou quoi ?

Mais oui !C’est inouï !

Comment ?

C o n s o & C o n s o r T s

Cinéma cuisse

En début d’année, après les orgies des Fêtes et l’inactivité hivernale, beaucoup contemplent leur gras avec consternation et décident qu’il est temps de maigrir. D’où la foison de régimes et autres solutions d’as-sèchement miracles qui pullulent dans la presse. Après les classiques, comme le controversé régime Dukan, diverses cures ont fait leur apparition.Petite mise en bouche avec les trois plus dangereusement conster-nantes :Le « respirianisme », ou Breatha-rian Diet en version originale, qui consiste à ne s’alimenter que d’air et de lumière, et à s’adonner un maxi-mum à la méditation. Ce régime pratiqué par des stars tarées comme Madonna et Michelle Pfeiffer atteint surtout le nirvana de la bêtise.L’« alcorexia », ou « drunkorexia », prône le jeûne quasi complet en semaine, histoire de pouvoir se lâcher sur les calories en week-end en ingurgitant – uniquement ! – des litres d’alcool. Une cure qui se cuve péniblement.

Et enfin, le régime « biotyping », dont le chanteur Boy George, qui a tellement fondu qu’on ne le voit plus, vante les bienfaits. Une mé-thode tarabiscotée qui, après avoir mystérieusement déterminé la si-gnature biologique d’une personne – on peut être muriatiki, sulfuriki, phos et autres délires –, fixe une ali-mentation draconienne ne tolérant que de maigres denrées et provo-quant de grosses carences.Mieux vaut donc se bouger la moindre, manger sainement, sans s’affamer, et ne pas se bousiller la santé avec des régimes qui ne méritent qu’un gras d’honneur.

Alinda Dufey

Fin janvier 2014 : les magazines féminins préconisent de préparer sans tarder le passage fatidique à l’été. Et parmi les inepties récentes censées effacer la cellulite et dé-graisser la silhouette en un tourne-main figurent les ultrasons. Dotés de multiples talents, les ultrasons permettent de découper des den-rées alimentaires à très haute vi-tesse et sans pertes, de mesurer des distances, de disloquer la corrosion métallique ou encore de chasser les nuisibles tels que les moustiques, les rongeurs ou les jeunes. Et le gras ? Il n’y a qu’une façon de le savoir : essayons !

Le traitement d’une heure coûte en principe et en général dans les 160 francs, mais à force de persé-vérance j’obtiens une « séance d’es-sai » dans un institut lausannois. Evoquant le fameux procédé révo-lutionnaire, la patronne annonce, pas peu fière : « Le Cellumed nous vient de Belgique. » Une histoire belge, ça commence bien.Une fois en cabine, la dame com-mence par étaler du gel à ultrasons sur ce qu’elle appelle ma culotte de cheval en me demandant de pré-ciser mes attentes. Passons donc aux aveux : « J’ai beau faire du sport, là, à l’intérieur des cuisses, c’est jamais vraiment ça… » Elle tapote le secteur pour évaluer l’étendue des dégâts : « Ah, ben là, évidemment, c’est une des zones de stockage. Vous pouvez faire ce que vous voulez, à part un traitement très ciblé… Bon, je vous explique comment ça marche. Il y a trois actions combinées. »

Elle précise que les cellules grais-seuses, non contentes de se tapir dans des coques quasi incassables, se liguent entre elles pour créer un amas résistant aux volontés les plus féroces. La première phase, les ultrasons basse fréquence, vise à disjoindre ce magma en secouant les cellules et en les faisant s’entre-choquer : diviser pour mieux régner, quoi. S’ensuit l’aspiration-répulsion, qui « casse la coque ». Enfin, le drai-nage lymphatique achemine ces graisses libérées vers les voies d’éva-cuation naturelles.

Au passage, la patronne en profite pour dézinguer les autres techniques disponibles, qui selon elle sont bien moins efficaces, plus coûteuses et qui laissent des séquelles : « Comme dans le cas de la cliente d’avant que vous avez croisée : elle s’était retrou-vée avec des trous dans les cuisses. » Ennuyeux, en effet.La dame enchaîne aussi sec sur les modalités en vantant la for-mule forfaitaire par abonnement à 2000 francs, « parce que 20 séances, c’est quand même l’idéal ». En effet, « au bout de 5 séances, les résultats, c’est pas vraiment qu’on les voit, mais

on commence à les voir ». Tandis qu’après 20 séances, « c’est 4 centi-mètres de cuisse en moins ». D’accord, d’accord. Mais après le traitement, que se passe-t-il ? « Alors c’est un peu le problème. Le métabolisme reprend ses droits… C’est pourquoi je préco-nise des séances d’entretien toutes les 4 à 6 semaines. » Soit un budget total de 3000 francs par an, ce qui fait cher le centimètre de cuisse en moins.

D’autant que les opérations, disons-le, s’avèrent un brin dou-loureuses. Certains conseillent d’ailleurs de se bourrer d’Arnica avant chaque séance. Comme la dame trouve que malgré tout je supporte bien, elle propose de considérer cette séance comme la première séance. Euh… non merci, une simple « séance d’essai », ça va bien. Le supplice terminé (et l’absence de changement confirmée), je remets mon manteau, remercie et me dirige gaillardement vers la sortie. Là, la patronne intervient, un peu gênée : elle a oublié de le préciser, mais la « séance d’essai » coûte quand même 50 francs. Obtempérons sans ergoter : inu-tile de discuter le bout de gras…

Sacha Durant

ULtrACoN Détruire la graisse aux ultrasons, voilà une nouvelle technique infaillible pour mincir. Et ça fonctionne parfaitement : le résultat est maigre.

Mince alors !

pItIé ! GraIsse !

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Vigousse vendredi 7 février 2014 Vigousse vendredi 7 février 2014

C u L T u r eC u L T u r e 1312

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Vendredi 7 février (20 h 30)Samedi 8 février (20 h 30)Dimanche 9 février (17 h)

Le cirque des mirages

« Vagabonds des mers »

Vendredi 7 février (1re partie)

HugoChansons

courts-métrages

L’Esprit frappeur Villa Mégroz – 1095 Lutry (VD)www.livestream.com/espritfrappeur

BD

rome en cendresPhilippe Delaby, talentueux des-sinateur belge de bande dessinée, est décédé fin janvier à l’âge de 53 ans. Connu notamment pour la saga Murena, qui narre bril-lamment les frasques de Néron, Britannicus, Agrippine et autres épiques personnages, cet artiste créait des fresques fines, précises et incroyablement vivantes. Hom-mage donc à celui qui a consacré un tome grandiose à l’incendie de Rome, qui dessinait les plus beaux corps masculins nus et musclés, les drapés féminins les plus torrides, le décor et la vie antiques avec autant de réalisme que de poésie. Un maître du crayon sur qui il est très triste de devoir tirer un trait.

L. F. et A. D.

Murena, dessin de Philippe Delaby et scénario de Jean Dufaux, tomes 1 à 9, Editions Dargaud.

Des védés

Pas de pitiéLa marque des anges – Miserere, film au casting et au début prometteurs, s’embourbe hélas assez vite dans le polar socio-historico-paranormal difficile à digérer. Les rôles principaux sont ennuyeux. Il y a Depardieu, flic retraité mais encore doué qui larmoie sur sa femme défunte, Joey Starr, agent d’Interpol cogneur mais pas penseur qui pleure sa sœur décédée, et Héléna Noguerra, supérieure hiérarchique potiche et irritante. L’histoire est tarabiscotée. Ça commence avec des enfants sourds kidnappés dans le désert, ça continue avec un chef de chœur

La mort prématurée de Philip Seymour Hoffman, le 2 février dernier, est une bien triste nouvelle. Peu d’acteurs américains de cette dernière décennie auront su choisir leurs rôles avec autant de détermination et de courage, à commencer par le pédophile triste de Happiness ou le très ambigu Truman Capote. En hommage, il convient de revenir sur un film méconnu dans lequel il brilla et qui s’avère aussi être le dernier du grand réalisateur Sidney Lumet.L’histoire de deux frères, qui, lassés par les petits boulots et une vie sans avenir, décident de braquer la bijouterie de leurs propres parents, se déroule comme toutes les très mauvaises idées ; ça se termine atrocement mal. Polar malade, rapports filiaux et tragédie grecque, tout y est. L’interprétation tout en nuances d’Hoffman est jouissive et ce n’est que dans ses yeux que l’on croit remarquer la mélancolie qui l’amena à l’héroïne. Et il convient de relever le titre, en version originale, tristement prémonitoire de ce petit bijou : Before

the Devil Knows you’re Dead.

Michael Frei, Karloff, films cultes, rares et classiques, Lausanne

Hoffman céleste

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Gare aux grilles par égé

HorIZoNtAL 1 Etat d’un ex privé de sexe 2 Introduction en association 3 récoltes bon an mal an – Comme Eve de pied en cap 4 on nage dans ce virage 5 Son huile est la favorite d’agroalimentaire délétère – Son ascension met l’Hellène hors d’haleine 6 go au magot – Las à Dallas 7 Salutation à l’immaculée conception – Entre rFA et rDA – Mention de réflexion 8 Vers rimant avec ovide 9 gnangnan débutant – Quand les nénés piquent du nez 10 Se vide lors d’un bide du bidet – Le cacochyme blocher y fait chimie.

VErtICAL 1 Sculpta pietà 2 Du bas de l’initiale du journal – Engagent des gens prêts à tout engagement 3 Cinquante-quatre du Jules de Cléopâtre – A sa gare chez les Magyars 4 gnons nippons – Dur à aplatir sur cuir 5 Pas mises à table – Animal qui fait mal au futal 6 on y croque maïs – Que de sang avec cette Marie sans pitié 7 terme rajeunissant terme – trop mêlant rouge et blanc 8 Les teutonnes en chantonnent – grand bain germain 9 Le Mongol y rigole et batifole – Amour douloureux 10 Preuves par neuf.

Solution pour les nuls dans le prochain numé[email protected]

La marque des anges – Miserere, de Sylvain White, d’après le roman de Jean-Christophe Grangé, 2013, DVD, 106 min.

libidineux assassiné à Paris, ça enchaîne avec des expérimentations nazies au Chili et ça finit dans une secte chanteuse belge… Ni sensé ni palpitant, à une scène près (pour le palpitant, pas pour le sensé vu qu’elle va dans tous les sens, mais n’en a aucun) : la course-poursuite entre le vieux Depardieu et un fringant jeune homme est une pure merveille d’humour, même si ce n’est pas le but recherché.Des anges dont on se passe. A. D.

Un Suisse, un Italien, une Française. Trois artistes contemporains qui se forment dans leur pays respec-tif avant de se (re)trouver à Paris, capitale craquelée par l’Entre-Deux-Guerres, mais au scintillement artis-tique inextinguible. Trois esthètes, aussi bien peintres que sculpteurs, qui font de la figure leur modèle de prédilection, contemplent et caressent les formes, façonnent et tâtonnent les corps. Trois créateurs qui baignent dans l’art abstrait et s’en inspirent librement, mais ne veulent, ou ne peuvent, s’affranchir de l’es-sence de la figuration. Giacometti, Marini, Richier, trois figures de style.Sous la direction du conserva-teur Camille Lévêque-Claudet, le Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne a réuni une septan-taine de sculptures, ainsi que di-verses œuvres graphiques, de ces artistes internationaux largement connus et reconnus, vus et revus. Pourtant, cette exposition d’une qualité rare, qui réunit des œuvres issues d’illustres collections, vaut bigrement la visite. De la libératrice Cage (première version) du Grison au paisible Griffu de la Française, en passant par le débonnaire Cavaliere de l’Italien, les pièces, belles et poé-tiques, se laissent contempler avec délice. Et à l’entrée, un supplément à ne pas taire : le torse sensuel d’une femme se frottant le dos avec une éponge, de Degas… Une tourmente apaisante. Alinda Dufey

Giacometti, Marini, Richier. La figure tourmentée, Musée cantonal des beaux-arts, Lausanne, jusqu’au 27 avril, www.mcba.ch

Un film

De la poursuite dans les idées

En général, quand on filme une voi-ture qui, dans un parking souter-rain désert, «teste» ses suspensions, c’est que ses occupants s’y livrent à des exercices gymnasticatoires qui se contrefoutent de la morale et du confort. Pas chez Fred Cavayé où les cavaleurs sont d’un autre genre: ils ont la mort aux trousses! Le réa-lisateur ne se nourrit pas du lait de la tendresse humaine, mais de gros rouge qui tache. Dans une bagnole, une disco ou un TGV, ça cogne, ça flingue, ça pisse le sang.A Toulon, la violence ne reste pas en rade. Franck et Simon le savent. Ils étaient flics, mais ça, c’était avant.

Avant un accident de la route meur-trier qui a tout fait voler en éclats. Radiation, prison, explosion de la cellule familiale, Simon a tout per-du. Le poulet en a pris un coup dans l’aile. Cramé, il se noie dans la picole et le remords. Désormais convoyeur de fonds, il s’y connaît, il l’a touché. Un jour, son fils de 9 ans assiste à un règlement de comptes et devient une cible. Franck pourra alors compter sur Simon…Certes, les personnages sont un peu caricaturaux, le scénario moyen-nement convaincant – le mea culpa du titre, on l’avait vu venir –, mais la mise en scène, elle, pardon, c’est

de la balle et pas du petit calibre. Cavayé filme comme personne les courses-poursuites dans des lieux souvent clos et bondés. Même les Américains sont impressionnés. Pour elle a déjà eu droit à son re-make (Les trois derniers jours avec Russell Crowe), A bout portant aura sa version US (mais aussi coréenne et indienne !) alors que Mea culpa a déjà été acheté par la 20th Cen-tury Fox. Tout le monde court et ça marche! Bertrand Lesarmes

7 h 58 ce samedi-là, de Sidney Lumet, 2007, UGC, Vf et Vost, DVD, 115 min.

Mea culpa, de Fred Cavayé, avec Vincent Lindon, Gilles Lellouche. Durée: 1 h 30. En salles.

LE PoLAr Et LA MANIèrE Fred Cavayé fait cavaler ses acteurs dans Mea culpa sans s’excuser d’américaniser le film policier français. Le spectateur, qui a d’autres films à fuir, peut y courir…

Une expo

En pleine figure

Cavanna est mort. Bon, les hom-mages, symboles, commémorations et autres fanfreluches décoratives, c’était pas tellement son truc, il l’a assez répété. Mais de là à le réduire à un « provocateur », faut pas pous-ser quand même. Bien sûr, il y eut les fameuses unes de Hara-Kiri, les gonzesses à poil, les bites à l’air, l’humour trash, mais faut-il man-quer d’imagination pour évoquer sa disparition sur l’air éculé de « Pour ou contre peut-on rire de tout ? ».

Alors non, Cavanna, ce n’était pas un « provocateur », en tout cas pas dans le sens crétin du terme. S’il provoquait bien quelque chose, c’étaient le rire et les larmes. Oui, les larmes : vous pensiez vous marrer un bon moment en lisant un truc léger et vous vous retrou-vez, comme un con, submergé par l’émotion. Pour que la simple évocation de la camelote que son maçon de papa trimballait dans ses poches parvienne à vous tirer des larmes, il faut être un sacré écrivain. Et Cavanna, avant tout, en était un. Un tout grand même. Son œuvre est

gigantesque, bordélique, éparpillée partout. Il faut absolument rééditer tout ce bazar. Il a écrit sur lui, beau-coup. Les Ritals (1978) et Les Russ-koffs (1979) restent à cet égard des œuvres majeures, qu’on enseigne-

rait partout s’il existait des classes d’humanité. L’enfance, la guerre, l’amour, la mort, la rencontre avec les Choron, Fred, Reiser et toute la bande, toutes choses parfaite-ment insignifiantes face au cosmos indifférent, mais qui sous sa plume devenaient la seule, l’unique réalité.

Lire Cavanna, c’est réaliser à quel point tout est fascinant, et impor-tant. Quand on est habité par cette

Ô Cavanna !curiosité omnivore, alors oui, on peut rire de tout, mais simplement parce que c’est alors impossible de faire autrement. « Tout », ça vaut pour Hitler, les pubs pour denti-frice, les documentaires sur les pin-gouins, Dieu et toute sa clique, la maladie, les grands noms de l’His-toire, le fromage rassis et surtout – surtout ! – le point-virgule, « ce parasite, ce timoré, cet affadisseur, qui ne marque que l’incertitude, le manque d’audace, le flou de la pen-sée... ».

oui, la pensée. Chez lui, elle était claire, rigoureuse, intransigeante, spontanée. Petit, Cavanna ado-rait l’école. Quel provocateur ! Il vénérait la langue, la grammaire et l’orthographe. Sacré fouteur de merde, va ! Il ne jurait que par la connaissance, l’histoire, la science, le raisonnement juste. Anarchiste ! Alors d’accord, Hara-Kiri et Char-lie, c’était sympa. Mais sortons Cavanna de cette case réductrice et insultante. Sa place n’est pas dans nos débats stériles : elle est dans la Pléiade. Sebastian Dieguez

d'art et décès

Page 8: o Bevaix nyon Lausanne 14 février Dieudonné maisvigousse.ch/numeros/178/pdf/Vigousse_no178.pdf14 février Nos arrangements floraux P. 17 Lausanne Poulet aux prunes P. 7 nyon Dieudonné

Vigousse vendredi 7 février 2014 Vigousse vendredi 7 février 2014

rIrE Dimitri présente les meilleures scènes de ses trois spectacles en solo, Porteur, Theatro et Rittatro. Deux soirées pour (re)découvrir un clown, sinon LE clown. Théâtre Pré-aux-Moine, à Cossonay (VD), les 13 et 14 février, 20 h. Réservations sur www.theatrepam.ch ou au 021 861 04 75.

DégUStEr Sensible et drôle, le spectacle de Pierre-Do accompagné d’un quintette à cordes. La chanson francophone suisse dans tous ses éclats. A la Maison de quartier sous-gare (Lausanne). Le 13 février. Réservations à [email protected] ou au 077 421 49 50.

VoyAgEr A la même Maison de quartier sous-gare, une soirée de la St-Valentin aux accents (et à la cuisine) éthopiens, avec Imperial Tiger Orchestra, Cliff et Nathanaël. Réservations à [email protected] ou au 078 914 41 84.

rEtroUVEr L’ambiance et les accents du Paris canaille, celui de Fréhel, Piaf et Vian avec le duo guitare-voix Emile et Ginette. A la Grange de Culliairy (Ste-Croix), le 8 février, dès 20 h 30. Apéro offert, chapeau à la sortie. Réservation à [email protected] ou au 024 454 18 46.

FêtEr La St-Valentin en écoutant Maria Mettral en version duo au Vieux Bourg, à Mase. L’occasion de découvrir le nouveau CD de l’artiste genevoise réalisé avec la complicité du duo Aliose. Le 14 février, à 19 h. Réservation sur www.masemenchante.ch ou au 027 565 01 58.

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LE CAHIEr DES SPORTS

z o o M a v a n T s u r L ' i n f o 15

L’émission « En ligne directe » (RTS La 1ère, 30.01.14) revenait sur une info récente : des écoles privées romandes enseignent, en cours de sciences, le création-nisme au même titre que la théorie de l’évolution.Invité pour en parler, le sociologue Philippe Gonzales a clairement ex-pliqué que le créationnisme n’est pas une science mais une croyance religieuse, qu’on peut respecter, mais qui n’a rien à voir avec les tra-vaux de milliers de biologistes et de géologues depuis deux siècles. Des gens sérieux qui, ma foi, pra-tiquent le doute.

Maudit doute, éternel fardeau de l’humble scientifique agnostique qui, défiant Dieu, souhaite goûter aux fruits défendus de l’arbre de la connaissance.Hélas, du doute à la confusion, il n’y a qu’un pas. Comme quand le journaliste animant le débat répète vingt fois « l’homme des-cend du singe, alors ? », entonnant « l’argument » que les adversaires de Darwin ressassent depuis la pu-blication de L’origine des espèces. (L’homme partage 98,6 % de son capital génétique avec le chimpan-zé et le bonobo ; il est un primate et il est cousin des grands singes actuels, banane !)

Pire, la confusion règne dans la population : « 28 % des Suisses rejettent les théories de Darwin » au profit d’une forme de création-

nisme plus ou moins édulcorée. Parmi ceux-ci, Johan Silly, membre des Jeunes UDC genevois (pour qui par ailleurs 50 % des Suisses seront bientôt des étrangers, source de 100 % de problèmes : une croyance qui risque d’être partagée par plus de la moitié des votants le 9 février prochain).Inconsciemment, la foi aveugle habite ceux qui prétendent dé-fendre un enseignement juste. Lui aussi invité à l’émission, Pierre-Antoine Hildbrand, secrétaire général de l’Association vaudoise des écoles privées et homme très

C u L T u r e

SoNDEr Comment un ado mou se mue-t-il en tueur fou ? Une investigation théâtrale sur le massacre de masse, un spectacle aux émanations aigres-frousses. Valse aux cyprès, anamnèse d’un prochain massacre, par le collectif Division, Petithéâtre, Sion, du 6 au 9 février, www.petitheatre.ch

grELottEr Apéros, concerts, fondues, marché artisanal, marche aux flambeaux et autres animations pour faire sa fête au froid ! La Sibérie de la Suisse vous accueille chaleureusement. Fête du froid, vallée de la Brévine, les 7 et 8 février, www.vallee-brevine.ch

VADroUILLEr Le comédien Jean-François Châtelain narre avec force les bribes de l’enfance épique et fantastique du grand écrivain et poète suisse Blaise Cendrars. Le monologue du badin. Bourlinguer, mise en scène : Darius Peyamiras, Le Poche, Genève, Théâtre en vieille ville, du 10 février au 2 mars, www.lepoche.ch

SoUrIrE Trois paires de pieds couronnées par autant de paires de mains qui s’activent avec frénésie et maîtrisent, entre des coquilles d’œufs, des briques, des caisses, de la sciure et autre joyeuse pagaille. Quel cirque ! Six pieds sur terre, par la Cie Lapsus, Théâtre Bicubic, Romont, samedi 15 février à 20 h, www.bicubic.ch

SAVoUrEr Une voix douce et fragile, des textes poétiques et chimériques, une musique improvisée et vivante, le tout dans des concerts Fleury. Oh ma lune !, chanson électro-bricolo d’Edmée Fleury, le 7 février à 20 h à La Corde de Moudon, les 15 et 16 février à 20 h et 17 h au Théâtre de la Ruelle à La Chaux (Cossonay), www.laruelle.ch

S’éVEILLEr Une talentueuse pianiste pour ouvrir les yeux en douceur ; de la musique de chambre pour quitter la sienne. Récital de piano de Valentine Buttard, Café du Soleil, Saignelégier, dimanche 16 février à 11 h, www.cafe-du-soleil.ch

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Le strip de Bénédicte

Classes du siècle

libéral, enseignerait-il aussi la maxime d’Adam Smith pour qui « all money is a matter of belief », tout argent est une question de croyance ?

De son côté, le très conservateur Jean Romain Putallaz, sur le blog lesobservateurs.ch (31.01.14), ne prend note des études PISA que lorsqu’elles démontrent que les élèves suisses font les singes. Ce pédagogue politiquement hémi-plégique ne doute pas ; il a sûre-ment à moitié raison. Stéphane Bovon

tAréS PoUr tAréSCe qu’il y a de bien, du côté de chez l’oncle Sam, c’est que tout se termine par des millions de dollars. Enfin, pas pour tout le monde, mais pour les déjà riches, le jackpot n’est jamais très loin. La preuve. La finale du Super bowl vient tout juste de s’achever avec la victoire des Seahawks de Seattle sur les Broncos de Denver que ressurgit l’affaire dite « des indemnités » accordées aux anciens joueurs de la NFL victimes de traumatismes post-carrière.

En jeu, pas moins de 765 millions de dollars, à répartir entre quelque 4500 joueurs mis à la casse et chez lesquels les médecins ont diagnostiqué des restes de commotions cérébrales à répétition, des troubles cognitifs et/ou sensoriels, des effets dépressifs, voire de fortes propensions au suicide. L’accord avait été passé entre les représentants de ces mutilés du bulbe et la Ligue nationale de football (NFL) ; sauf qu’une juge du tribunal de Pennsylvanie, une certaine Anita brody, a estimé que la somme était insuffisante et qu’il convenait de remettre tout ce beau monde autour de la table. Les avocats vont se goinfrer… en attendant que les plus atteints d’entre tous crèvent d’alzheimer, de la maladie de Parkinson ou de celle de Charcot. Du coup, les responsables de la Ligue de hockey sur glace professionnelle (NHL), comme ceux de la National Collegiate Athletic Association (le sport universitaire), sont inquiets : et si tous ceux qui terminent leur carrière tarés suivaient l’exemple des footballeurs ? Vous imaginez le pétchi ? Les milliards qu’il leur faudra sortir des caisses et le nombre de maisons de retraite médicalisées qu’il va falloir construire ?

Le plus simple, à mon sens, serait de soumettre tous les candidats au sport professionnel à un test de QI. Afin, le cas échéant, de le ressortir à l’heure de leur payer quelques indemnités. ou pas.

Une chose est certaine, c’est que cela coûterait beaucoup moins cher.

Et ce sera tout pour cette semaine.

Roger Jaunin

Page 9: o Bevaix nyon Lausanne 14 février Dieudonné maisvigousse.ch/numeros/178/pdf/Vigousse_no178.pdf14 février Nos arrangements floraux P. 17 Lausanne Poulet aux prunes P. 7 nyon Dieudonné

Vigousse vendredi 7 février 2014

L a s u i T e a u P r o C H a i n n u M é r o16

Charles Kleiber a commencé par être architecte, comme son grand-papa Charles Kleiber et son papa Charles Kleiber. Puis Charles Kleiber III s’est reconverti dans la construction de savants concepts. Sans avoir fait médecine, le voilà chef du Service vaudois de la santé publique en 1981. Neuf ans plus tard, il défend sa thèse de docto-rat : « Incitation économique à la performance dans les services de soins ». Ce qui dénote une haute pensée humaine et philosophique. L’économie, ça, il adore. Les éco-nomies aussi : les Vaudois se sou-viennent encore de son programme de coupes budgétaires « Orchi-dée 1 », qui a sévèrement affecté les organismes dont le grand ges-tionnaire avait la charge. Ses amis radicaux étaient très contents de lui, d’autres nettement moins : « Il a mis toute sa compétence à priver au maximum le Parlement de son pouvoir et à créer un brouillard te-nace sur les comptes et la gestion du CHUV », résumait alors le journal Gauche Hebdo.

En 1997, Charles Kleiber fut bombardé secrétaire d’Etat à la Science et à la Recherche auprès du Conseil fédéral. Là, du haut de son autorité, il ratifia pour la Suisse les fameux accords de Bologne en 1999 contre l’avis des recteurs des hautes écoles : un « coup d’Etat », selon les milieux universitaires où « Bologne » rime avec « rogne ».

Kleiber allait-il cesser de ramener sa science en prenant sa retraite en 2007 ? Non : en 2011, le Conseil d’Etat valaisan ne trouva pas meil-leur cheval de retour pour diriger le conseil d’administration d’Hô-pital du Valais, histoire d’y « rame-ner paix et sérénité ». Très réussi, comme on sait.

De fait, il aurait mieux fait de se contenter d’une paisible retraite vaudoise plutôt que d’embar-quer dans la galère valaisanne. Non content de soutenir mordi-cus Vincent Bettschart contre les méchants médias, il absout en octobre 2013 le néphrologue Pas-cal Meier, privé de son titre acadé-mique par le CHUV et l’UNIL pour avoir manipulé des données de recherche. L’ex-secrétaire d’Etat à l’Education et à la Recherche ne

voit pas malice à ce bidouillage, car « il ne concerne pas la pratique médicale ». A force d’être coulant, Kleiber risque d’être définitive-ment coulé. Joël Cerutti/Agence PJ Investigations

Charles Kleiber ramène sa science

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Ukraine dU bal Il est bien long,

le temps des crises

Thaï qUe vaille L’opposition persiste

et saigne

JeUx demain Jeux de vilains

C'ESt ArrIVéLA SEMAINE PROCHAINE

(ou du moins ça se pourrait bien)