NUMÉRO 5 - Inserm...Pour ce dernier, les choses s’enchaînent assez rapidement : il dépose son...

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Édito Conjuguer les métiers entre unités et délégations Interlocuteurs privilégiés des unités de recherche, les services des Délégations Régionales vous accompagnent au quotidien pour l’ensemble de vos activités. Cette proximité des services déconcentrés de l’institut est très importante pour apporter des réponses à vos problématiques. Nos équipes regroupent des profils aux expertises complémentaires. Parmi celles-ci : la gestion financière et administrative des contrats, l’élaboration de plans de formation et de développement des compétences tout au long de la carrière pour chaque agent, le respect de la réglementation en matière d’hygiène et de sécurité, le conseil juridique, et évidemment celles liées aux ressources humaines. Interagir avec les équipes de la Délégation est essentiel pour sécuriser les activités de votre laboratoire. Les Délégations Régionales entretiennent également un lien régulier avec les partenaires de mixité de vos laboratoires, afin d’œuvrer localement à l’application de la politique de site de l’Inserm. Plus que jamais, nos services se tiennent à vos côtés pour vous guider et répondre au mieux à vos attentes. Marie-Pascale Martel, Camille Chaudonneret, Laurence Lomme, Laurence Parmantier Déléguées régionales Inserm de Paris 5, 6-12, 7, 11 NUMÉRO 5 MARS 2019 Des MÉCANISMES au DÉVELOPPEMENT cérébral Le système nerveux central (SNC, regroupant cerveau et moelle épinière) est l’objet d’étude de nombreux labo- ratoires. À commencer par l’Institut du Cerveau et de la Moelle Épinière (Inserm / CNRS / AP-HP /Sorbonne Université), dont les équipes œuvrent dans divers domaines (neurophysiologie, sciences cognitives…) pour développer des traitements contre les lésions du SNC. D’autres laboratoires comme Neuroscience Paris-Seine (Inserm / Sorbonne Université), s’intéressent aux mécanismes fondamentaux physiologiques au cours du développement et à l’âge adulte, ou encore l’Institut de biologie de l’École normale supérieure (Inserm / CNRS / ENS), parcourant les échelles moléculaires et cellu- laires, jusqu’aux réseaux neuronaux et la communication entre aires cérébrales. À l’hôpital Robert Debré, NeuroDiderot (Inserm / Université Paris Diderot) étudie les mécanismes altérant le fonctionnement du cerveau en développement du fœtus à l’adolescent, les dysfonctionnements génétiques ou acquis, et les maladies rares associées. Le cerveau en IMAGES Dans d’autres équipes, place à l’imagerie : à Gif-sur-Yvette, le centre NeuroSpin (Inserm / CEA / Université Paris-Sud) regroupe neuro- scientifiques, physiciens et mathématiciens autour de modèles pour décrypter le fonc- tionnement du cerveau normal et pathologique, avant ou après traitement. Autre axe : l’unité de Physique pour la médecine (Inserm / CNRS / ESPCI Paris) développe entre autres une technique d’imagerie non invasive : une échographie ultrarapide pour visualiser les changements subtils de flux sanguins liés à l’activité cérébrale. Mieux COMPRENDRE la santé mentale L’Institut de Psychiatrie et Neurosciences de Paris (Inserm / Université Paris Descartes) mêle recherche multidisciplinaire, fonda- mentale et clinique autour des processus biologiques du cerveau sain et des maladies neurologiques et psychiatriques. Ces travaux explorent neurodéveloppement et psychiatrie, apprentissage et émotions, système neuro- vasculaire, mécanismes de vieillissement du cerveau… Enfin, au Centre de recherche en Épidémiologie et Santé des Populations (Inserm / Université Paris-Sud), épidémiologistes et psychologues s’intéressent à la prévention et au traitement thérapeutique des addictions. L’équipe Déve- loppement et affects, constituée notamment de psychiatres et neuropsychologues, croise approches expérimentales, cliniques et épidémiologiques. Pour l’Inserm, la diversité des approches et des travaux de ces unités est un atout majeur pour faire progresser la recherche en neurosciences à échelle nationale et internationale. Françoise DUPUY-MAURY Cerveau : tour d’horizon des laboratoires Inserm en Île-de-France Près de 300 équipes de recherche étudient neurosciences, sciences cognitives, neurologie et psychiatrie. À l’occasion de deux événements grand public majeurs en mars, la Semaine du Cerveau et les Semaines d’Information en Santé Mentale, Inserm in vivo vous présente plusieurs de ces laboratoires. Sommaire En immersion / Pages 2 & 3    Au cœur du programme ATIP-Avenir : un tremplin pour les jeunes chercheurs Paroles croisées / Pages 4 & 5    Les projets de recherche hospitalo-universitaire en santé, un programme ambitieux au service des patients En application / Page 6    Le MTA, un outil incontournable de la recherche Initiatives / Page 7    L’Inserm à l’heure de la dématérialisation On s’est posé la question / Page 8    Qu’est-ce que le rythme circadien ? Agenda / Page 8 1

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  • Édito

    Conjuguer les métiers entre unités et délégationsInterlocuteurs privilégiés des unités de recherche, les services des Délégations Régionales vous accompagnent au quotidien pour l’ensemble de vos activités. Cette proximité des services déconcentrés de l’institut est très importante pour apporter des réponses à vos problématiques.

    Nos équipes regroupent des profils aux expertises complémentaires. Parmi celles-ci : la gestion financière et administrative des contrats, l’élaboration de plans de formation et de développement des compétences tout au long de la carrière pour chaque agent, le respect de la réglementation en matière d’hygiène et de sécurité, le conseil juridique, et évidemment celles liées aux ressources humaines. Interagir avec les équipes de la Délégation est essentiel pour sécuriser les activités de votre laboratoire.

    Les Délégations Régionales entretiennent également un lien régulier avec les partenaires de mixité de vos laboratoires, afin d’œuvrer localement à l’application de la politique de site de l’Inserm.

    Plus que jamais, nos services se tiennent à vos côtés pour vous guider et répondre au mieux à vos attentes.

    Marie-Pascale Martel, Camille Chaudonneret, Laurence Lomme, Laurence Parmantier

    Déléguées régionales Inserm de Paris 5, 6-12, 7, 11

    NUMÉRO 5MARS 2019

    Des MÉCANISMES au DÉVELOPPEMENT cérébralLe système nerveux central (SNC, regroupant cerveau et moelle épinière) est l’objet d’étude de nombreux labo

    ratoires. À commencer par l’Institut du Cerveau et de la Moelle Épinière

    ( Inser m / CNR S / A PHP / S or bonne Université), dont les équipes œuvrent

    dans divers domaines (neurophysiologie, sciences cognitives…) pour développer des traitements contre les lésions du SNC. D’autres laboratoires comme Neuroscience ParisSeine (Inserm / Sorbonne Université), s’intéressent aux mécanismes fondamentaux physiologiques au cours du développement et à l’âge adulte, ou encore l’Institut de biologie de l’École normale supérieure (Inserm / CNRS / ENS), parcourant les échelles moléculaires et cellulaires, jusqu’aux réseaux neuronaux et la communication entre aires cérébrales.

    À l’hôpital Robert Debré, NeuroDiderot (Inserm / Université Paris Diderot) étudie les mécanismes altérant le fonctionnement du cerveau en développement du fœtus à l’adolescent, les dysfonctionnements génétiques ou acquis, et les maladies rares associées.

    Le cerveau en IMAGESDans d’autres équipes, place à l’imagerie : à GifsurYvette, le centre NeuroSpin (Inserm / CEA / Université ParisSud) regroupe neuroscientifiques, physiciens et mathématiciens autour de modèles pour décrypter le fonctionnement du cerveau normal et pathologique,

    avant ou après traitement. Autre axe : l’unité de Physique pour la médecine (Inserm / CNRS / ESPCI Paris) développe entre autres une technique d’imagerie non invasive : une échographie ultrarapide pour visualiser les changements subtils de flux sanguins liés à l’activité cérébrale.

    Mieux COMPRENDRE la santé mentaleL’Institut de Psychiatrie et Neurosciences de Paris (Inserm / Université Paris Descartes) mêle recherche multidisciplinaire, fondamentale et clinique autour des processus biologiques du cerveau sain et des maladies neurologiques et psychiatriques. Ces travaux explorent neurodéveloppement et psychiatrie, apprentissage et émotions, système neurovasculaire, mécanismes de vieillissement du cerveau…

    Enfin, au Centre de recherche en Épidémiologie et Santé des Populations (Inserm / Université ParisSud), épidémiologistes et psychologues s’intéressent à la prévention et au traitement thérapeutique des addictions. L’équipe Développement et affects, constituée notamment de psychiatres et neuropsychologues, croise approches expérimentales, cliniques et épidémiologiques.

    Pour l’Inserm, la diversité des approches et des travaux de ces unités est un atout majeur pour faire progresser la recherche en neurosciences à échelle nationale et internationale.

    Françoise DUPUYMAURY

    Cerveau : tour d’horizon des laboratoires Inserm en ÎledeFrance

    Près de 300 équipes de recherche étudient neurosciences, sciences cognitives, neurologie et psychiatrie. À l’occasion de deux événements grand public majeurs en mars, la Semaine du Cerveau et les Semaines d’Information en Santé Mentale, Inserm in vivo vous présente plusieurs de ces laboratoires.

    Somm

    aire

    En immersion / Pages 2 & 3●  Au cœur du programme

    ATIPAvenir : un tremplin pour les jeunes chercheurs

    Paroles croisées / Pages 4 & 5●  Les projets de recherche

    hospitalouniversitaire en santé, un programme ambitieux au service des patients

    En application / Page 6●  Le MTA, un outil incontournable

    de la recherche

    Initiatives / Page 7●  L’Inserm à l’heure de la dématérialisation

    On s’est posé la question / Page 8●  Qu’estce que le rythme circadien ?

    Agenda / Page 8

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  • LES MOTIVATIONSOriginaire de Nice, Alexandre Puissant y passe sa thèse en 2011 puis s’envole pour Boston (ÉtatsUnis) afin d’y mener des recherches dédiées aux leucémies aiguës myéloïdes. Il mettra à profit ces quatre années de postdoctorat pour développer notamment, sur des modèles murins, une méthode de criblage rapide de milliers de gènes. Le but : identifier ceux impliqués dans le développement de ce type de cancers et dans la résistance aux traitements existants.

    Schéma similaire pour Pierre Galichon, chef de clinique dans le service de transplantation rénale de l’hôpital Tenon, où se trouve le laboratoire Inserm – à l’époque dirigé par Pierre Ronco – dans lequel il finalise son doctorat en 2013. Lors de son séjour sur le continent américain (Boston également), il mène des travaux sur le gène Nupr1 qu’il a identifié comme étant impliqué dans les mécanismes de résistance à l’insuffisance rénale aiguë.

    À l’issue de cette expérience enrichissante, l’un comme l’autre souhaitent tout de même rentrer en France. « J’aspirais à développer ma propre thématique de recherche et me rapprocher de la région parisienne, où se trouvent des laboratoires très réputés dans mon domaine » explique Alexandre. Ayant connaissance du programme ATIPAvenir, il songe à y postuler, constituant selon ses propres mots « un tremplin idéal pour mener à bien ce projet ». Les moyens attribués sont en effet conséquents : une dotation annuelle de 60 000 € par an pendant trois ans (renouvelable pour deux années supplémentaires après évaluation), le financement sur deux ans d’un postdoctorant,

    ainsi que le salaire du lauréat s’il est nonstatutaire. Alexandre se rapproche ainsi de deux centres : l’Institut de recherche SaintLouis sur le campus de l’hôpital du même nom, et l’Institut Gustave Roussy.

    Pour Pierre, la question du lieu de retour, prévu pour 2018, ne se pose pas car son activité clinique reste à Tenon. « Mais pour continuer mes recherches, je devais trouver des moyens financiers et du temps de laboratoire, indiquetil. Dès 2017, j’ai donc choisi de postuler à l’ATIP-Avenir, mais aussi auprès de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) et à des financements européens pour maximiser mes chances ». Une stratégie de candidatures multiples pour un financement final, ces trois subventions n’étant pas cumulables.

    Il reprend alors contact avec son laboratoire de thèse pour exposer son projet, ainsi qu’avec le partenaire de cotutelle (Sorbonne Université) et bien sûr l’hôpital.

    LA CANDIDATURE ET L’INSTALLATIONUne fois leur décision actée, les deux chercheurs constituent leurs dossiers de candidature. Il s’agit de présenter son projet scientifique, mais aussi de « démontrer ce que l’on peut apporter à l’unité d’accueil » souligne Pierre Galichon ; « une maturation intellectuelle qui prend plusieurs mois » complète Alexandre Puissant.

    Depuis 2009 (1), le programme ATIP-Avenir - conjointement porté par l’Inserm et le CNRS – permet à de jeunes chercheurs de créer et d’animer leur propre équipe dans une unité de recherche affiliée à au moins l’un des deux établissements. Un dispositif qui vise à attirer les scientifiques les plus prometteurs et leur donner les moyens de concrétiser leurs projets. Alexandre Puissant (2) (lauréat 2016) et Pierre Galichon (3) (lauréat 2018) partagent avec nous leur expérience.

    Au cœur du programme ATIP-Avenir : un tremplin pour les jeunes chercheurs

    Dates• 1990

    Création du programme ATIP (pour Action thématique incitative sur programme) au CNRS

    • 2000 Création du programme Avenir par l’Inserm

    • 2009 Naissance de l’ATIP-Avenir par la fusion des deux programmes de l’Inserm et du CNRS

    Chiffres-clés > 220 jeunes chercheurs soutenus par le programme depuis 2009 (407 jeunes chercheurs au total) > Le programme ATIP-Avenir dure 3 ans et peut être prolongé de 2 ans après évaluation

    > Le budget comprend 60 000 € par an de fonctionnement, un CDD de 2 ans pour un post-doctorant, un CDD de 3 ans pour le lauréat s’il n’est pas statutaire > 50 m2 minimum sont alloués par le laboratoire d’accueil qui assume les frais d’infrastructures et donne accès aux plateformes technologiques

    L’obtention d’un financement ATIP-Avenir permet à de jeunes chercheurs de recruter plusieurs personnels pour réaliser leur propre projet : doctorants, ingénieurs, techniciens...

    Les travaux d’Alexandre Puissant visent à mieux comprendre les mécanismes de progression et de chimiorésistance d’une forme très agressive de leucémie.2

    En immersion

  • Pour ce dernier, les choses s’enchaînent assez rapidement : il dépose son dossier en novembre 2015, qui sera retenu en mars 2016. S’en suit ainsi un allerretour à Paris pour passer l’oral de sélection. En juin, l’ATIPAvenir lui est accordé et il rejoint finalement l’hôpital SaintLouis en janvier 2017. « Le laboratoire n’avait jamais accueilli d’équipe ATIP-Avenir auparavant, ce qui créait une réelle attente, précisetil quant à son choix. De plus, cela m’offrait une certaine liberté pour organiser mon instal lation et la cohabitation avec les autres équipes. » La proximité avec les patients et le soutien apporté par l’association de malades de l’hôpital – notamment via le financement d’équipements – seront des critères supplémentaires confortant sa décision.

    En tant qu’hospitalouniversitaire, Pierre a la possibilité de réintégrer son ancien laboratoire à la rentrée, et y retrouve rapidement ses marques. Les équipes présentes lui libèrent de la place sur les paillasses, dans le laboratoire L2. Une aubaine : la faculté de médecine accepte même de financer les travaux d’aménagement des locaux. Il concède : « mon obtention de la bourse ATIP-Avenir a sans aucun doute aidé ! »

    LE RECRUTEMENT ET LE LANCEMENTEn parallèle de son installation physique, Alexandre entame dès la première année sa recherche de financements. Il en obtient plusieurs de la part d’associations, de fondations, de la Ligue Nationale contre le Cancer… et surtout un starting grant du Conseil européen de la recherche (ERC). « L’ATIP-Avenir a vraiment été un levier me permettant d’étoffer l’équipe et d’en assurer la stabilité pendant 5 ans » indiquetil, satisfait.

    Par ailleurs, le recrutement d’un postdoctorant a été une étape cruciale. « Il s’agit de trouver la perle rare » précise Alexandre, pour qui le choix

    s’est fait assez rapidement, Gaetano ayant été recommandé par son ancienne équipe niçoise. S’en suivra, sur deux ans, l’embauche de neuf autres collaborateurs français et étrangers, notamment

    grâce à son ERC : deux médecinschercheurs, une chargée de recherche Inserm,

    des doctorants, postdoctorants, et des assistants ingénieurs.

    « Une équipe qui s’est développée rapidement, et

    qu’ il a fallu apprendre à manager, sans y avoir été entraîné ! » reconnaîtil.

    Un sentiment partagé par Pierre visàvis du recrutement du postdoctorant, qui a

    dû trancher parmi de nombreuses candidatures.

    « C’est un choix délicat : le post-doctorant est la cheville

    ouvrière de l’équipe. Il a fallu s’assurer d’un équilibre entre des

    connaissances sur la thématique et sur l’environnement de la recherche académique française, une ouverture sur l’ international et une bonne entente avec les équipes de l’unité. » Il retiendra finalement la candidature de Morgane, dont le rôle sera d’assurer la continuité du projet et d’épauler Pierre dont un quart du temps reste consacré à son activité clinique. Elle sera de ce fait l’interlocutrice privilégiée des équipes du laboratoire avec lesquelles le chercheur a déjà entamé des collaborations, notamment autour de la production de lignées cellulaires et de la mise au point d’une technique spécifique de microscopie. « Son autonomie me permettra de dégager du temps pour chercher des financements complémentaires », complète Pierre.

    LES PERSPECTIVESSi le contrat ATIPAvenir d’Alexandre s’achève en 2020, son projet continuera jusqu’en 2023 grâce à son ERC. Aujourd’hui à miparcours, il se réjouit « d’avoir constitué une équipe harmonieuse, soudée et fonctionnelle [qu’il] souhaite pérenniser à moyen et long terme. » Une pérennité qui se concrétisera par l’achèvement de son projet scientifique et la publication dans des revues à fort impact comme Nature Medicine ou encore Cancer Cell.

    « À partir de 2023, nous serons en compétition avec de plus gros laboratoires, expliquetil. D’ici-là, nous devons donc asseoir notre notoriété. » Enfin, il espère que sa méthode de criblage sera reprise par d’autres équipes, voire qu’elle puisse faire l’objet d’une plateforme à part entière « mais il faudra alors du personnel pour la faire tourner ! » concèdetil.

    Pierre, quant à lui encore en phase de démarrage, souhaite finaliser une première publication dès que possible, déposer un brevet (avec l’aide d’Inserm Transfert), et bien sûr trouver des financements complémentaires publics, associatifs mais aussi privés. Une année bien chargée l’attend donc, remplie de projets rendus possibles par le programme ATIPAvenir.

    Françoise DUPUYMAURY

    (1) Année de la fusion des programmes déjà existants ATIP (CNRS) et Avenir (Inserm)

    (2) Unité Inserm 944 / Université Paris Diderot / Génomes, biologie cellulaire et thérapeutique

    (3) Unité Inserm 1155 / Sorbonne Université / Des maladies rénales rares aux maladies fréquentes, remodelage et réparation

    L’ATIP-Avenir a vraiment été un levier

    pour créer mon équipe.

    Animer un collectif, chercher des financements, finaliser une publication... les défis sont nombreux pour les lauréats.

    Modalités de candidatureProfils aptes à concourir

    > Chercheurs, enseignants-chercheurs, médecins et pharmaciens hospitaliers, statutaires ou non, quelle que soit la nationalité, titulaires d’une thèse de sciences (ou diplôme équivalent) depuis plus de 2 ans mais moins de 10. Présence de moins de 18 mois dans le laboratoire d’accueil.

    En pratique > Possibilité de postuler à 2 appels d’offres ATIP-Avenir différents. Pas d’obligation d’avoir un laboratoire d’accueil. Possibilité de postuler à des programmes similaires (ANR, ERC), mais pas de cumul de financement.

    Contact : [email protected]

    L’équipe de Pierre Galichon s’intéresse au rôle du gène Nupr1 dans l’insuffisance rénale aiguë.

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  • L’HISTORIQUEEn 2010, l’État lance via l’intermédiaire du Secré tariat général pour l’investissement (SGPI), un ambitieux plan de financement de projets innovants et prometteurs en France : le Programme d’Investissements d’Avenir (PIA). Le budget conséquent alloué à ce programme – 57 milliards d’euros – permet alors la mise en place de nombreuses initiatives, dont les projets de Recherche HospitaloUniversitaire en santé (RHU).

    Cette action se traduit par le lancement d’appels à projets pour soutenir financièrement plusieurs projets de recherche biomédicale aux objectifs larges : amélioration de la compréhension des maladies, meilleure prise en charge des patients, renforcement de la performance des systèmes de soin…

    Le premier, en 2015, a ainsi permis d’attribuer une enveloppe de 32,5 millions d’euros à quatre projets.

    LE PRINCIPE & LES CRITÈRESLe caractère translationnel de la recherche envisagée, associant très fortement recherche fondamentale et clinique, est un élément indispensable lors de l’examen des projets. Les projets doivent de plus impliquer des acteurs de trois secteurs : académiques évidemment, mais également hospitaliers et industriels. Le programme RHU s’appuie en effet sur le réseau existant et structuré des Départements HospitaloUniversitaires (DHU) et des Fédérations HospitaloUniversitaires.

    La sélection s’opère ensuite selon plusieurs critères : le programme scientifique détaillé, les applications thérapeutiques qui pourront en découler, ainsi que le potentiel de transfert rapide vers l’industrie ou la société. Il peut se traduire par des dispositifs médicaux, des biomarqueurs de diagnostic, la création de plateformes technologiques…

    À ce jour, les quatre vagues successives d’appels à projets du programme RHU ont permis de soutenir plus d’une vingtaine de projets : maladies cardiovasculaires, insuffisance respiratoire ou rénale, perte de l’ouïe et de la vision, obésité, diabète…

    LA PARTICIPATION DE L’INSERMEn tant que premier acteur de la recherche biomédicale en France, l’Inserm et ses laboratoires s’investissent naturellement dans ce programme prestigieux. L’ÎledeFrance est particulièrement bien représentée car la moitié des projets lauréats est coordonnée par un ou plusieurs centres de recherche en région parisienne : le Paris Centre de Recherche Cardiovasculaire (PARCC), l’Institut Gustave Roussy, l’Institut de la Vision, l’Institut Mondor pour la Recherche Biomédicale… (voir encadré)

    Les résultats de la quatrième vague seront annoncés au cours de l’été 2019.

    Catherine CluselDominique Valla Sophie Lotersztajn

    Les projets de recherche hospitalo-universitaire en santé, un programme ambitieux au service des patients

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    Paroles croisées

  • Lauréat de la 3e vague d’appel à projets (2017), le projet de RHU QUID NASH a pour objectifs le développement d’une biopsie virtuelle pour mieux diagnostiquer les cas de stéatoses hépatiques non-alcooliques et proposer des traitements spécifiques adaptés. QUID NASH est porté par le professeur Dominique Valla, médecin à l’hôpital Beaujon (Clichy), et hébergé au sein du Centre de Recherche sur l’Inflammation (1). Avec Catherine Clusel, directrice du département du Financement de la recherche collaborative d’Inserm Transfert, et Sophie Lotersztajn, directrice de recherche au CRI, Dominique Valla nous présente les grandes lignes de son projet.

    Inserm in vivo : Quels sont le domaine et les objectifs du projet QUID NASH ?

    Dominique Valla : La stéatose hépatique non alcoolique (NASH) est une pathologie qui se traduit par un dépôt anormal de lipides dans le foie, non lié à une consommation excessive d’alcool. Son développement est souvent associé à un diabète de type II, et peut évoluer dans 15 à 20 % des cas vers une cirrhose du foie, voire un cancer. À l’heure actuelle, la NASH est impossible à détecter sans procéder à une ponction biopsie hépatique (PBH), une procédure invasive mal acceptée par les patients et les médecins.

    L’alternative que nous proposons avec QUID NASH est une procédure de biopsie hépatique virtuelle, fondée sur l’acquisition de données très pointues issues de l’imagerie et de la biologie, exploitées par des outils bioinformatiques et biostatistiques. Un deuxième aspect du projet concerne l’identification de voies métaboliques et de cibles thérapeutiques, en exploitant le matériel recueilli pour construire la biopsie virtuelle.

    Inserm in vivo : Comment s’est déroulée la sélection de votre projet ?

    D. V. : Il a d’abord fallu constituer notre dossier de candidature, comprenant un programme scientifique, clinique et technique explicitant la méthodologie envisagée, ainsi qu’une présentation des objectifs attendus. Nous avons de plus identifié les partenaires publics et privés avec lesquels nous souhaitions collaborer, établi une demande de budget cohérente, puis pensé à un plan d’exploitation des résultats.

    Une fois ce dossier finalisé, le projet a été soumis pour examen à un jury international, indépendant des institutions françaises associées au programme RHU.

    Inserm in vivo : Comment s’est intégré ce projet au sein du laboratoire d’accueil ?

    Sophie Lotersztajn : QUID NASH fait partie intégrante des projets de plusieurs équipes de notre centre de recherche qui portent le projet, ou sont partenaires de plusieurs « work packages ». Les équipes dirigées par Valérie Paradis, Bernard Van Beers, ainsi que la mienne, ont notamment été partie prenante dans la conception de plusieurs

    aspects du projet, et en sont encore aujourd’hui des acteurs importants dans son développement.

    Inserm in vivo : Avec quels partenaires avez-vous initié des collaborations, et sur quels aspects ?

    D. V. : Comme tous les projets de RHU, QUID NASH implique des partenaires publics et privés. Parmi les établissements publics, on retrouve évidemment l’Inserm avec plusieurs grands centres de recherche, qui ont chacun apporté un savoirfaire dans un domaine bien particulier. Une expertise du diabète et de la physiopathologie de la NASH par l’Institut Cochin, la maîtrise de l’échographie à haute vitesse par l’Institut Langevin, celle de l’imagerie et des maladies du foie par le CRI… L’APHP a soutenu très fortement le montage via les services des hôpitaux Cochin, Lariboisière et Beaujon mais aussi par le renfort d’un cabinet de conseil. Les universités (Paris Descartes, Paris Diderot) et le CEA ont également eu des contributions majeures.

    Nous avons également travaillé avec les laboratoires Servier qui ont amené leurs connaissances du diabète, des modèles précliniques de la NASH, et de la métabolomique (l’étude des métabolites primaires et secondaires présents dans une cellule ou un organisme). L’entreprise BioPrédictive a apporté son expertise des biomarqueurs diagnostiques dans le domaine des maladies du foie.

    Inserm in vivo : Sur quels points spécifiques du projet Inserm Transfert a-t-il apporté son expertise ?

    Catherine Clusel : L’un de nos chefs de projet a été spécifiquement affecté à l’accompagnement du montage du projet QUID NASH.

    L’intervenant s’est principalement concentré sur plusieurs aspects stratégiques, la structuration du plan de travail ainsi que sur les questions de valorisation et de gouvernance. Nous avons coordonné la négociation de l’accord de consortium et aujourd’hui nous contribuons au pilotage du projet. Notre fine connaissance des rouages et des attentes intrinsèques au programme RHU a été une réelle plusvalue pour les porteurs de ce projet.

    Propos recueillis par Mehdi SIX

    (1) Unité Inserm 1149 / Université Paris Diderot, Centre de Recherche sur l’Inflammation

    L’Inserm et les RHU : les projets en Île-de-France

    Les trois premières vagues du programme RHU ont permis de lancer une dizaine de projets en région ÎledeFrance.

    2015• CARMMA : nouvelles voies thérapeutiques

    autour des comorbidités de l’obésité (Institut Mondor de Recherche Biomédicale)

    • LIGHT4DEAF : syndrome de Usher ; atteinte de l’audition et perte progressive de la vision (Institut de la Vision)

    • BioArt Lung 2020 : réponse thérapeutique dans la prise en charge de l’insuffisance respiratoire terminale (hôpital Marie Lannelongue, Inserm, CEA, CNRS)

    2016• iLite : production d’organoïdes hépatiques

    (consortium DHU HepatInnov : hôpital SaintLouis, Université ParisSaclay, Inserm, Inria, CEA…)

    • iMAP : approche thérapeutique des maladies autoimmunes (DHU i2B : hôpital de la PitiéSalpêtrière, soutenu par l’APHP, l’Inserm, et Sorbonne Université)

    • iVASC : amélioration de la prise en charge de l’athérothrombose (DHU FIRE, APHP, Inserm, Université Paris Diderot…)

    • LUMIERE : développement d’outils prédictifs de la réponse à certains traitements anticancéreux (DHU TORINO : Inserm, Institut Gustave Roussy, APHP, Université Paris Saclay…)

    • TRT cSVD : étude des maladies des petits vaisseaux du cerveau, contribuant au déclin cognitif et au handicap liés au vieillissement (DHU NeuroVasc)

    2017• QUID NASH : amélioration de la prise

    en charge des stéatoses hépatiques non alcooliques (DHUs UNITY et AUTHORS, Centre de Recherche sur l’Inflammation, Institut Cochin et Institut Langevin, CEA, Universités ParisDescartes et ParisDiderot et l’APHP – Paris centre et HUPNVS)

    • KTD-Innov : prévention de la perte de greffons rénaux (Paris Centre de Recherche Cardiovasculaire, PARCC)

    • MyProbe : développement d’outils d’identification des risques élevés de rechute du cancer du sein (Institut Gustave Roussy)

    • CilLico : développement d’une nouvelle approche pour la prise en charge de ciliopathies, qui dégradent la fonction rénale (Institut Imagine)

    Les projets de recherche hospitalo-universitaire en santé, un programme ambitieux au service des patients

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    Paroles croisées

  • Le Material Transfer Agreement ou « MTA » est un contrat qui régit les conditions de transfert et d’utilisation d’un matériel biologique ou de données entre deux structures - académiques ou industrielles - à des fins de recherche. Ses objectifs : protéger les résultats de recherche en matière de propriété intellectuelle et en assurer la traçabilité et la confidentialité. Présentation par deux spécialistes en Délégation Régionale : Hélène Louvel, chargée de valorisation (Paris 5) et Isaure Bouillon, chargée d’affaires juridiques (Paris 7).

    ENCADRER les transferts de matériel

    En recherche, tout envoi ou réception de matériel biologique doit impérativement faire l’objet d’un contrat. Lignées cellulaires, séquences génétiques, organismes vivants… tous sont concernés. Ce contrat, dénommé Material Transfer Agreement ou « MTA », est signé entre deux entités : le fournisseur et le bénéficiaire. Il stipule leurs droits et obligations, et ce pour une certaine durée, au terme de laquelle le matériel devra être détruit ou restitué. Il n’implique pas de flux financiers, à l’exception des frais éventuels d’envoi.

    Point important : le MTA définit une utilisation dans le cadre d’un projet de recherche mené par le bénéficiaire et indépendant de celui mené par le fournisseur. Il se distingue ainsi d’un contrat de collaboration ou d’un contrat de prestation.

    Deux cas de figure sont possibles :

    • un laboratoire Inserm est sollicité pour envoyer du matériel à l’extérieur ; on parle de MTA « out » ou « sortant » : le chargé de valorisation/d’affaires juridiques rédige et propose le MTA Inserm à la structure bénéficiaire pour validation ;

    • un laboratoire Inserm souhaite recevoir du matériel ; on parle de MTA « in » ou « entrant » : le fournisseur adresse son propre MTA qui devra être examiné, voire modifié, sur certains points qui seraient en défaveur du laboratoire Inserm.

    Ainsi, « tout laboratoire qui envoie ou reçoit du matériel biologique doit en aviser sa Délégation dès que possible » précise Hélène Louvel. À noter que dans le cadre d’éléments d’origine humaine, le Pôle de Recherche Clinique (PRC) de l’Inserm pourra également être sollicité pour valider les aspects règlementaires (voir encadré).

    « Dans tous les cas, notre rôle est de s’assurer que les conditions du contrat sont bien en accord avec les intérêts du laboratoire » précise Isaure Bouillon.

    PROTÉGER la propriété intellectuelle et la confidentialité

    Le MTA définit par ailleurs les droits de propriété intellectuelle de chacune des parties du contrat. Notamment, il précise que le fournisseur est

    propriétaire de ce qu’il transmet et il est d’usage que les résultats de recherche éventuellement générés par le bénéficiaire lui appartiennent. Les modalités de confidentialité et de communication sont également indiquées dans le contrat concernant d’une part le matériel, et d’autre part les résultats : le bénéficiaire ne peut pas transmettre le matériel à une entité tierce mais il doit pouvoir publier ses résultats.

    « C’est pour cette raison qu’il est très important de lire attentivement les conditions imposées par l’envoyeur au regard de la confidentialité et des droits d’utilisation des résultats qu’obtiendra le laboratoire Inserm en exploitant son matériel » explique Hélène Louvel. Ainsi, le contrat garantit la traçabilité d’une éventuelle « paternité » d’un résultat de recherche, sur laquelle reposent la publication et la valorisation technologique.

    Le rôle du chargé(e) de valorisation/d’affaires juridiques est primordial : son expertise juridique et/ou scientifique et sa capacité de négociation sont des atouts dans ses interactions avec les laboratoires et les partenaires. Le MTA ne représente d’ailleurs qu’une partie de leur activité consacrée plus largement aux divers besoins des unités tout au long de leurs projets de recherche.

    Mehdi SIX

    L’intranet de l’Inserm s’est beaucoup étoffé au cours des derniers mois avec l’ajout progressif d’informations relatives à l’organisation de l’institut. De nouvelles rubriques sont ouvertes telles que le télétravail ou l’aide au montage de projets de recherche (guide méthodologique, grille d’analyse, présentation des appels à projet européens).Compte rendus, brèves, interviews : les actualités mettent en lumière les nouveaux outils techniques comme les campagnes RH. Les temps forts de la vie de l’établissement (vœux du P.-D.G., réunion des directeurs de laboratoire…) sont désormais retransmis en direct par streaming.De nouvelles améliorations et fonctionnalités y sont régulièrement ajoutées. L’intranet devient ainsi un véritable carrefour de l’information, accessible à tous les agents, n’hésitez pas à le consulter !

    intranet.inserm.fr

    Les unités mixtes de recherche se situent au carrefour des relations partenariales du monde académique, dans un paysage universitaire francilien marqué par de profondes restructurations. Exemple récent : Sorbonne Université, issue du rassemblement des universités Paris-Sorbonne et Pierre et Marie Curie, est créée depuis le 1er janvier 2018 et concerne environ 30 laboratoires. L’Université de Paris, produit de la fusion des universités de Paris-Descartes et Paris-Diderot, sera la co-tutelle de près de 50 structures à partir de 2020. Enfin, l’Université Paris-Saclay réunira également en 2020 plus de 14 établissements de recherche et d’enseignement supérieur du territoire sud francilien, pour environ 40 unités.

    L’intranet évolue et s’enrichit Universités : un paysage en pleine mutation

    Le MTA, un outil incontournable de la recherche

    Matériels d’origine humaine : les obligations réglementairesAfin d’utiliser des échantillons biologiques d’origine humaine (EBH), la signature d’un MTA ou l’information et le consentement des participants ne permettent pas de s’affranchir des démarches imposées par la réglementation. Celles-ci dépendent avant tout des conditions d’obtention des matériels, et non de la nature des analyses qui seront réalisées. Le futur utilisateur doit donc déterminer le cadre réglementaire de son activité de recherche.Ainsi, les procédures peuvent relever :• de la procédure dite CODECOH (sang obtenu

    via l’EFS, achat de lignées…) ;• du cadre applicable aux recherches impliquant

    la personne humaine ne relevant pas de la procédure CODECOH : par exemple, le Comité de Protection des Personnes (CPP) ;

    • d’une procédure d’import-export lorsque les EBH franchissent la frontière.

    Le PRC de l’Inserm peut vous orienter et vous aider à identifier les formalités à accomplir.

    Contact : [email protected]

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    En application

    http://intranet.inserm.fr

  • Depuis le 1er janvier 2019, la plupart des fournisseurs facturant des marchandises ou prestations aux entités publiques ont l’obligation de le faire par voie électronique. Afin d’être en mesure de traiter ces documents, l’Inserm a lancé son projet de dématérialisation, qui a démarré par l’évolution technique de son outil de gestion financière, SAFIr (Système Automatisé Financier de l’Inserm). Une nouvelle approche qui simplifie et sécurise grandement toute la chaîne de facturation.

    UNE ÉVOLUTION des méthodes

    La mise en place, fin 2017, d’une Mission Dématérialisation a marqué le début de la réflexion de l’Inserm quant au projet d’évolution de la gestion des documents financiers. Après la validation en 2018 d’une stratégie par le comité de pilotage présidé par Claire Giry, directrice générale déléguée, les premiers changements ont pu être opérés en ce début d’année.

    Manuel Miranda, chef des services financiers et agent comptable secondaire de la Délégation Régionale Paris 11, explique : « Afin de répondre à une obligation réglementaire incombant aux établissements publics de dématérialiser leurs comptes, il a d’abord fallu modifier SAFIr, notre progiciel de gestion financière ». En effet, les fournisseurs des structures publiques (1) doivent désormais déposer leurs factures sur la plateforme Chorus Pro. Jusqu’à présent, elles étaient réimprimées pour être traitées.

    « Pour simplifier et moderniser ces procédures, nous avons fait évoluer techniquement SAFIr afin qu’ il intègre automatiquement les fichiers déposés sur Chorus Pro », explique Nathalie Feuardent, responsable SI Finance et Décisionnel au Département des Affaires Financières (DAF) de l’Inserm, « Depuis janvier, un nouvel écran est accessible aux gestionnaires en Délégation, où ils retrouvent l’ensemble des factures à traiter ». Aucune impression ni ressaisie de ces documents n’est ainsi nécessaire.

    Mieux, le croisement d’informations permet des contrôles automatiques qui génèrent éventuellement des blocages de facture. Par exemple, si la raison sociale du fournisseur indiquée sur le document ne correspond pas à celle répertoriée à l’INSEE (2), la facture est mise en attente. En relation avec la Cellule Tiers, le gestionnaire la corrige ou la rejette. « Grâce à cette évolution, il y a plus de sécurisation sur les tiers », précise Nathalie Feuardent. Un autre type de contrôle est le rapprochement d’une facture avec une commande, afin de s’assurer que cette dernière existe bien. Elle ajoute : « Dans SAFIr se trouvent actuellement toutes les factures et les pièces justificatives associées. Mais tous ces documents n’ont pas vocation à être stockés indéfiniment dans le progiciel ».

    Des échanges FACILITÉS

    Et c’est là que le deuxième projet piloté par la Mission Dématérialisation entre en jeu. « Le stockage et un meilleur partage de l’ information sont les objectifs d’un nouvel outil en cours de fabrication, à savoir la Gestion Électronique de Documents, ou GED, via l’outil Alfresco », intervient Manuel Miranda.

    Une solution dont la mise en œuvre est visée pour la fin du premier semestre 2019. Tous les processus liés à la commande, à la facturation, ou bien à la livraison seront alors dématérialisés, de la saisie des informations jusqu’à l’archivage ainsi que la réalisation du compte de gestion pour la Cour des comptes.

    Pour Manuel Miranda, les avantages de la dématérialisation sont nombreux : gain de temps dans le traitement des factures, comparaisons facilitées entre commandes et factures, limitation du risque de fraude, plus de papiers à imprimer et à stocker… « Quand le système sera rodé et que les gestionnaires se seront adaptés à cette évolution, les relations avec nos fournisseurs en seront améliorées : leurs factures seront payées plus rapidement et ils disposeront d’un suivi et d’alertes sur l’avancement de leur traitement », note Manuel Miranda.

    Les gestionnaires en laboratoires bénéficieront également des avantages de la GED, où seront centralisées toutes leurs archives : il sera plus facile de retrouver un document et de le transmettre à la Délégation. Les liens avec ces dernières devraient donc être plus fluides, d’autant qu’à terme, la dématérialisation concernera l’ensemble des activités administratives.

    Comme conclut Manuel Miranda : « La dématéria-lisation n’est pas un travail supplémentaire, c’est un travail différent ! ».

    Pascal NGUYÊN

    (1) Sauf les petites structures qui n’y seront soumises qu’au 1er janvier 2020.

    (2) Institut national de la statistique et des études économiques

    En bref

    PRIX ET DISTINCTIONS• Prix Inserm 2018 : le palmarès francilien

    Lors de la cérémonie annuelle des Prix Inserm qui s’est tenue le 11 décembre 2018 au Collège de France, quatre lauréats issus d’unités franciliennes ont été distingués :

    > Grand Prix : Alain Tedgui, directeur du Paris Centre de Recherche Cardiovasculaire (unité Inserm 970)

    > Prix d’Honneur : Antoine Triller, directeur de l’Institut de biologie de l’École normale supérieure (unité Inserm 1024)

    > Prix Opecst-Inserm : Robert Barouki, directeur de l’unité Inserm 1124

    > Prix Recherche : Ana-Maria Lennon-Duménil, chef d’équipe à l’Institut Curie (unité Inserm 932)

    Ces prix ont été décernés en présence d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, de Gérard Longuet (sénateur), et de Cédric Villani (député), respectivement président et premier viceprésident de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst).

    • Stéphane Hatem, directeur de l’unité de recherche sur les maladies cardiovasculaires et métaboliques (unité Inserm 1166 / Sorbonne Université) et de l’IHU ICAN, a obtenu le 18 janvier dernier le Prix Alain Castaigne, décerné par la Société Française de Cardiologie.

    • Archana Singh-Manoux, directrice de recherche au Centre de Recherche en Épidémiologie et Statistiques (unité Inserm 1153 / Inra / USPC / Université Paris 13 / Cnam), est lauréate du Prix Coups d’élan pour la recherche française, attribué par la Fondation Bettencourt Schueller. Ce prix récompense ses travaux dédiés aux facteurs favorisant le développement de maladies neurodégénératives lors du vieillissement.

    L’Inserm à l’heure de la dématérialisation

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    Initiatives

  • N° 5Mars 2019

    Comité éditorial : Kheira Abdelmoumene, Sandrine Ayuso, Sabine Barbut, Khadija Bertino, Élodie Biet, Myriam Billacois, Sandrine Bourgeois, Sylvie Briquet, Nicolas Chateigner, Olivier Christophe, Yann Cornillier, Muriel Delacroix, Martine Duquesne, Christine Guillard, Alexandra James, Nicolas Lafon, Anaely Landois, Sabrina Sahnoun, Nathalie SuzanneMembres du comité de publication : Catherine d’Astier de la Vigerie, Carine Delrieu, Camille Chaudonneret, Laurence Lomme, Laurence Parmantier

    Directrice de la publication : MariePascale MartelRédacteurs en chef : Cécile Nécol, Mehdi SixConception graphique : Frédérique Koulikoff Exécution maquette : www.kazoar.frRédacteurs : Françoise DupuyMaury, Pascal Nguyên, Bruno Scala Mehdi SixRessources iconographiques : Inserm Images, Mehrak Habibi, Hermance Triay, Adobe Stock/Galina Barskaya Contact et abonnement : [email protected]

    SUGGESTIONS : [email protected]

    Notre corps est programmé pour suivre des cycles de 24 heures. C’est ce qu’on appelle le rythme circadien. Si sa découverte n’est pas nouvelle, les applications cliniques qui en découlent sont beaucoup plus récentes. Dans l’équipe du Pr René Adam (1), médecin et chercheur, on utilise le rythme circadien pour optimiser les traitements contre le cancer. Mais son influence dépasse le cadre de l’oncologie…

    Nous avons tous le rythme dans la peau. Il n’est pas ici question de swing, mais bien de ce phénomène qui cadence nos vies, ou plus exactement nos journées : le bien nommé rythme circadien (en latin, cerca signifie « environ », dies « journée »). Ainsi, chaque cellule de notre corps suit un emploi du temps cyclique, d’une période de 24 heures. Les chefs d’orchestre de ce phénomène ? Les noyaux suprachiasmatiques situés dans la zone frontale du cerveau, juste audessus des yeux. Ils dictent leur partition à l’ensemble de nos cellules grâce à un jeu de signaux hormonaux et nerveux.

    Chacune d’elles dispose d’une horloge interne qui perçoit, analyse et interprète ces messages. Preuve de l’importance de cette machinerie :

    la découverte de gènes impliqués dans son fonctionnement a été récompensée en 2017 par le prix Nobel de médecine !

    Si l’alternance journuit, les repas ou encore le sommeil ont une forte influence sur notre rythme circadien, celuici est néanmoins endogène : chez un individu privé de ces indices, la période des cycles se consolidera tout de même autour de 24 heures. Ces facteurs structurent et stabilisent néanmoins les cycles.

    Ces connaissances sont utilisées en clinique, notamment en oncologie. Ainsi, les travaux pionniers du Pr Francis Lévi (Inserm), qui travaille à l’hôpital PaulBrousse de Villejuif avec René Adam, ont montré que certaines molécules utilisées en chimiothérapie sont beaucoup plus efficaces et moins toxiques à certaines heures de la journée : on parle de chronothérapie ! Aujourd’hui, on connaît les rythmes optimaux d’une douzaine de molécules chez l’homme.

    À l’hôpital PaulBrousse, les patients traités par chimiothérapie se voient confier un appareil qui délivre des molécules dans le sang : le dispositif est programmé à l’avance et injecte la dose requise au moment opportun. En revanche, et de façon encore inexpliquée, cette programmation chez les femmes doit être différente de celle des hommes… au risque d’être délétère ! D’où l’intérêt de mesurer les rythmes circadiens au préalable

    afin de personnaliser au mieux la chronothérapie.

    Il est possible d’aller plus loin, avec une médecine préventive. Des projets de domomédecine ont vu le jour ces dernières années : des patients portent des objets connectés qui renseignent leur cycle éveilsommeil, leurs heures de repas, leur activité physique et leur température corporelle… Autant d’indices liés au rythme circadien.

    De cette façon, il est possible de percevoir, avant même que le patient ne s’en rende compte, un début de dérèglement, et ainsi d’intervenir afin d’éviter des hospitalisations. Autre lien étonnant dans le cadre de la transplantation, suspecté très récemment par l’équipe du Pr Adam : un dérèglement de l’horloge circadienne – chez le donneur ou le receveur – voire un mauvais timing entre l’intervention chez le donneur et l’implantation chez le receveur, pourraient altérer le fonctionnement du greffon.

    Il reste encore beaucoup de choses à découvrir concernant le rythme circadien. Car si sa découverte n’est pas nouvelle, son importance en clinique ou les conséquences néfastes de son dérèglement n’ont été mises en évidence que récemment.

    Bruno SCALA

    (1) Unité Inserm 935 / Université ParisSud / Modèles de cellulessouches malignes et thérapeutiques

    Qu’est-ce que le rythme circadien

    DESTINATION LABO INSERMComme chaque année, plusieurs laboratoires franciliens de l’Inserm ouvrent leurs portes à des groupes scolaires (primaire, collège, lycée) pour les initier au monde de la recherche en santé et à la démarche scientifique.

    DU 20 AU 24 MAI 2019

    JOURNÉE DU COMITÉ D’ÉTHIQUE DE L’INSERM – 6e ÉDITIONPour sa journée annuelle, le Comité abordera la question de l’éthique en communication.

    LE 12 JUIN 2019 à Paris 14eInstitut de Psychiatrie et Neurosciences de Paris (IPNP)

    RENCONTRES SCIENTIFIQUESColloque scientifique : « Building, repairing, replacing organs »Organisé par l’Institut de Biologie ParisSeine (unités Inserm 1130, 1156 et 1164)

    LES 16 ET 17 MAI 2019 à Paris 5eCampus PierreetMarieCurie, Sorbonne Université

    CONFÉRENCE SANTÉ EN QUESTIONS• Sport : supplice ou délice ?

    LE 13 JUIN 2019 à Paris 19eCité des Sciences et de l’Industrie

    ÉCOLE D’ÉTÉ DE SANTÉ PUBLIQUE ET D’ÉPIDÉMIOLOGIE DE BICÊTREOrganisé par le CESP (unité Inserm 1018) et la faculté de Médecine ParisSud

    DU 24 JUIN AU 5 JUILLET 2019

    Agen

    da

    POUR EN SAVOIR PLUS SUR CES ÉVÉNEMENTS : www.inserm.fr

    10-31-1243 / Certifié PEFC / Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées. / pefc-france.org

    CONTACT : [email protected]

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    On s’est posé la question