Numéro 49 - Janvier/Mars 2011

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JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL D’AQUITAINE EN PYRÉNÉES ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ JANVIER > MARS 2011 Olivier Coëffard, Roméo et Juliette photo Olivier Houeix PAGE 3 PAGE 4 PAGE 4 PAGE 7 PAGE 10 PAGE 11 PAGE 12 ÉDITO ACTIVITÉ LA PRESSE EN PARLE DANSE À BIARRITZ #44 SENSIBILISATION EN BREF CALENDRIER

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Malandain Ballet Biarritz ©YOCOM

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Olivier Coëffard, Roméo et Juliette • photo Olivier Houeix

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ÉDITO

ACTIVITÉ

LA PRESSE EN PARLE

DANSE À BIARRITZ #44

SENSIBILISATION

EN BREF

CALENDRIER

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lors des 6ème Rencontres Inter-universitaires UPPAdanse, deux cents étudiants participaient au concours chorégraphique organisé par l’Université de Pau et des Pays de l’Adour sur son site de la Côte Basque. Les lauréats furent par la suite accueillis au CCN où durant une semaine, six heures par jour, ils travaillèrent des extraits de notre répertoire sous la direction de Dominique Cordemans, chargée de la sensibilisation. Des fragments dansants qu’ils présentèrent à Biarritz à l’occasion du festival le Temps d’Aimer, puis à Bordeaux, Pau et Bayonne avec des créations d’autres chorégraphes aquitains : Célia Thomas et Thierry Martinez.

Ce type de projet impliquant des non-professionnels dans un processus artistique est un exemple parmi d’autres actions de sensibilisation conduites par le CCN. Naturellement, depuis longtemps, la plupart des compagnies s’investissent de la sorte pour aller à la rencontre de nouveaux publics. Nous-mêmes, il y a vingt-ans, dansions sous les préaux, dans les réfectoires, les salles de classe des établissements scolaires. Depuis lors, combien de répétitions publiques, de représentations, d’ateliers, de rencontres, de spectacles montés avec des jeunes. Un travail éprouvant car jamais achevé, mais qui vaut la peine d’être effectué tant il ouvre de perspectives. A commencer par celle de voir ces jeunes élire la danse, plus tard de les croiser aux spectacles en famille. C’est ainsi que nous avons conquis le public à Elancourt, à Saint-Etienne et aujourd’hui à Biarritz. Pour cela, la motivation ne doit jamais faiblir, et toujours il faut s’ouvrir à de nouveaux projets, de nouvelles formes, de nouveaux contenus. Par exemple, après des livrets pédagogiques sur Casse Noisette financés par le Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques, c’est un documentaire retraçant les épisodes de la création de Roméo et Juliette, réalisé par Catherine Guillaud et Caroline de Otéro qui sera bientôt diffusé dans les établissements scolaires du département.

Mais voilà, malgré les efforts accomplis par tout un chacun pour aller au devant des publics, selon une étude sur les pratiques culturelles des français, le résultat des politiques de démocratisation de la culture resterait décevant. Ainsi, les jeunes, les habitants des secteurs urbains défavorisés, ceux de l’espace rural continueraient de s’éloigner de l’offre culturelle. Face à ce constat, le Ministère de la Culture et de la Communication invite à passer de « la culture pour tous » à « la culture pour chacun » en s’appuyant sur un programme d’actions et perspectives intitulé justement « culture pour chacun » (1).

On se réjouira de cet élan donné au partage de la culture tout en regrettant qu’il ne soit pas d’abord question d’une ambitieuse politique d’éducation artistique à l’école qui sauverait des inégalités sociales et du retard éducatif. Qu’il convienne seulement dit le texte : « d’investir les lieux où la culture peut jouer un rôle essentiel de formation et d’éveil ou d’ouverture sur le monde ». Ce à quoi les acteurs culturels s’appliquent déjà. On s’inquiétera en revanche de ne lire qu’une seule fois le mot « art » dans les treize pages du programme d’orientation ; sans doute parce que l’exigence et l’excellence y sont suspectées d’élitisme : « D’une certaine manière, le véritable obstacle à une politique de démocratisation culturelle, c’est la culture elle-même. Une certaine idée de la culture, répandue dans les composantes les plus diverses de la société, conduit, sous couvert d’exigence et d’excellence, à un processus d’intimidation sociale. » En clair, même s’il est vrai qu’il reste beaucoup à entreprendre, les lieux de culture, les artistes, à force d’exigence, effraieraient les masses populaires et seraient responsables de l’échec de la démocratisation culturelle. Cauchemardesque pour ceux qui pensaient que l’art était une consolation avant toute chose. Et le texte en opposant la culture savante à la culture populaire de proposer de « faire accéder le populaire au rang des intérêts culturels de notre patrimoine et de la création française » ; car « c’est en incluant les cultures populaires, que l’on fera progresser la mixité sociale et qu’on luttera contre les antagonismes religieux ou communautaires ». Est-ce à dire que notre culture n’aurait pas fait place, intégré, des artistes et des expressions s’enracinant ailleurs ? Ce serait oublier par exemple que les six candidats retenus pour succéder à Maguy Marin au CCN de Rillieux-la-Pape sont des chorégraphes issus de l’immigration.

Sérieusement peut-on parler d’échec quand malgré la crise nos salles sont pleines ? Quand partout les associations culturelles et les artistes s’activent sincèrement à créer du lien social ? Parlons plutôt d’un frein et dans ce cas parlons de moyens supplémentaires, parlons des enseignements artistiques à l’école, parlons de certaines télévisions qui considèrent que c’est un crime économique que de passer une émission culturelle à 20h30, parlons du nivellement par le bas, de l’argent roi, parlons des véritables obstacles au lien social et à la démocratisation culturelle. Mais, cessons les paroles en l’air, les écrans de fumée. Bref, avec l’espoir chevillé à la vie, agissons et partageons le rêve de croire que l’art élève l’humanité ; ne l’enterrons pas avec des mots !

n Thierry Malandain, décembre 2010

(1) Culture pour chacun,programme d’actions et perspectives, Francis Lacloche, septembre 2010.

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lors des 6ème Rencontres Inter-universitaires UPPAdanse, deux cents étudiants participaient au concours chorégraphique organisé par l’Université de Pau et des Pays de l’Adour sur son site de la Côte Basque. Les lauréats furent par la suite accueillis au CCN où durant une semaine, six heures par jour, ils travaillèrent des extraits de notre répertoire sous la direction de Dominique Cordemans, chargée de la sensibilisation. Des fragments dansants qu’ils présentèrent à Biarritz à l’occasion du festival le Temps d’Aimer, puis à Bordeaux, Pau et Bayonne avec des créations d’autres chorégraphes aquitains : Célia Thomas et Thierry Martinez.

Ce type de projet impliquant des non-professionnels dans un processus artistique est un exemple parmi d’autres actions de sensibilisation conduites par le CCN. Naturellement, depuis longtemps, la plupart des compagnies s’investissent de la sorte pour aller à la rencontre de nouveaux publics. Nous-mêmes, il y a vingt-ans, dansions sous les préaux, dans les réfectoires, les salles de classe des établissements scolaires. Depuis lors, combien de répétitions publiques, de représentations, d’ateliers, de rencontres, de spectacles montés avec des jeunes. Un travail éprouvant car jamais achevé, mais qui vaut la peine d’être effectué tant il ouvre de perspectives. A commencer par celle de voir ces jeunes élire la danse, plus tard de les croiser aux spectacles en famille. C’est ainsi que nous avons conquis le public à Elancourt, à Saint-Etienne et aujourd’hui à Biarritz. Pour cela, la motivation ne doit jamais faiblir, et toujours il faut s’ouvrir à de nouveaux projets, de nouvelles formes, de nouveaux contenus. Par exemple, après des livrets pédagogiques sur Casse Noisette financés par le Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques, c’est un documentaire retraçant les épisodes de la création de Roméo et Juliette, réalisé par Catherine Guillaud et Caroline de Otéro qui sera bientôt diffusé dans les établissements scolaires du département.

Mais voilà, malgré les efforts accomplis par tout un chacun pour aller au devant des publics, selon une étude sur les pratiques culturelles des français, le résultat des politiques de démocratisation de la culture resterait décevant. Ainsi, les jeunes, les habitants des secteurs urbains défavorisés, ceux de l’espace rural continueraient de s’éloigner de l’offre culturelle. Face à ce constat, le Ministère de la Culture et de la Communication invite à passer de « la culture pour tous » à « la culture pour chacun » en s’appuyant sur un programme d’actions et perspectives intitulé justement « culture pour chacun » (1).

On se réjouira de cet élan donné au partage de la culture tout en regrettant qu’il ne soit pas d’abord question d’une ambitieuse politique d’éducation artistique à l’école qui sauverait des inégalités sociales et du retard éducatif. Qu’il convienne seulement dit le texte : « d’investir les lieux où la culture peut jouer un rôle essentiel de formation et d’éveil ou d’ouverture sur le monde ». Ce à quoi les acteurs culturels s’appliquent déjà. On s’inquiétera en revanche de ne lire qu’une seule fois le mot « art » dans les treize pages du programme d’orientation ; sans doute parce que l’exigence et l’excellence y sont suspectées d’élitisme : « D’une certaine manière, le véritable obstacle à une politique de démocratisation culturelle, c’est la culture elle-même. Une certaine idée de la culture, répandue dans les composantes les plus diverses de la société, conduit, sous couvert d’exigence et d’excellence, à un processus d’intimidation sociale. » En clair, même s’il est vrai qu’il reste beaucoup à entreprendre, les lieux de culture, les artistes, à force d’exigence, effraieraient les masses populaires et seraient responsables de l’échec de la démocratisation culturelle. Cauchemardesque pour ceux qui pensaient que l’art était une consolation avant toute chose. Et le texte en opposant la culture savante à la culture populaire de proposer de « faire accéder le populaire au rang des intérêts culturels de notre patrimoine et de la création française » ; car « c’est en incluant les cultures populaires, que l’on fera progresser la mixité sociale et qu’on luttera contre les antagonismes religieux ou communautaires ». Est-ce à dire que notre culture n’aurait pas fait place, intégré, des artistes et des expressions s’enracinant ailleurs ? Ce serait oublier par exemple que les six candidats retenus pour succéder à Maguy Marin au CCN de Rillieux-la-Pape sont des chorégraphes issus de l’immigration.

Sérieusement peut-on parler d’échec quand malgré la crise nos salles sont pleines ? Quand partout les associations culturelles et les artistes s’activent sincèrement à créer du lien social ? Parlons plutôt d’un frein et dans ce cas parlons de moyens supplémentaires, parlons des enseignements artistiques à l’école, parlons de certaines télévisions qui considèrent que c’est un crime économique que de passer une émission culturelle à 20h30, parlons du nivellement par le bas, de l’argent roi, parlons des véritables obstacles au lien social et à la démocratisation culturelle. Mais, cessons les paroles en l’air, les écrans de fumée. Bref, avec l’espoir chevillé à la vie, agissons et partageons le rêve de croire que l’art élève l’humanité ; ne l’enterrons pas avec des mots !

n Thierry Malandain, décembre 2010

(1) Culture pour chacun,programme d’actions et perspectives, Francis Lacloche, septembre 2010.

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Chorégraphie Thierry MalandainMusique Piotr Ilitch TchaïkovskiComposition additionnelle Nicolas DupéroirDécor et costumes Jorge GallardoDirection de la production, conception lumière Jean-Claude AsquiéRéalisation costumes Véronique MuratRéalisation masques Annie OnchaloRéalisation décor Alain Cazaux

Avec Ione Miren Aguirre, Aurélien Alberge, Olivier Coëffard, Ellyce Daniele, Frederik Deberdt, Cédric Godefroid, Aureline Guillot, Miyuki Kanei, Abraham Muñoz Carrera, Mathilde Labé, Fabio Lopes, Nuria López Cortés, Silvia Magalhaes, Arnaud Mahouy, Joséphine Pra, Magali Praud, Nathalie Verspecht, Daniel Vizcayo.

L’amour sied fort bien à l’univers de Thierry Malandain qui a présenté son Roméo et Juliette à l’occasion du 20ème anniversaire du Temps d’Aimer. L’amour pas uniquement à quatorze ans (l’âge de Juliette), mais celui que l’on peut croiser à tout âge et qui transporte les êtres dans un état d’euphorie, de fraicheur, de candeur, où la tendresse et la sensualité sont les maîtres mots de la passion. En célébrant l’amour de neuf couples, le chorégraphe dessine savamment et avec une étonnante liberté tous ces états dans une pièce magistrale adossée à la partition de Berlioz qu’il a quelque peu désordonnée. En effet, l’histoire commence par le récit de la fin racontée par frère Laurent. Une excellente idée qui permet de mettre en exergue le socle de cette union dramatique dans une scénographie composée uniquement de malles en aluminium délimitant les lieux de l’intrigue. Cette œuvre, sans aucun doute la plus aboutie de Thierry Malandain, est un tourbillon éblouissant car sa danse d’une immense richesse semble née du cœur où chaque pas, chaque caresse, chaque soupir sont des allégories de l’amour. La virtuosité des interprètes complète ce magnifique tableau romantique qui se termine par l’élévation des esprits vers Dieu et l’image de frère Laurent à jamais seul avec ses incertitudes.

n Danser, Sophie Lesort, octobre 2010

« O Romeo, Romeo, wherefore art thou Romeo ? »Le point culminant absolu de la 20ème édition du Temps d’Aimer à Biarritz de cette année a été le Roméo et Juliette de Thierry Malandain, dont Vérone, choix évident, avait accueilli la première quelques semaines plus tôt. Ecrite sur la partition de Berlioz, la nouvelle création de Malandain est peut-être son œuvre la plus accomplie

à ce jour et penche davantage vers le contemporain dans l’œuvre de ce néo-classique suprême qui a le chic parfait pour les synchronies exaltantes. Il en reste encore beaucoup pour nous délecter, notamment au début, quand tous les corps jaillissent de malles d’aluminium et retombent dedans comme du linge sale. Singulièrement, tous les couples représentent - que ce soit en groupes ou en duos - le couple tragique. Cependant, il semblerait que les ensembles dans ce ballet présentent une forme beaucoup plus atomisée que d’habitude et avec une crudité quelque peu éloignée du style sensuel habituel de Malandain. Il s’agit d’une pièce très dure et violente avec certaines scènes de guerre et de mort visuellement puissantes. Malandain commence par la fin, montrant Frère Laurent qui erre parmi des rangées de couples morts. Le prêtre est au centre même de la pièce et mène le bal lugubre. Il est, après tout, celui dont la première machination astucieuse a entraîné le gâchis final. Pour cette œuvre, Malandain a renoncé à ses costumes de scène étriqués et moulants et les danseurs pour la plupart, portent des vestes quelconques et intemporelles qui signalent également une approche nouvelle et plus contemporaine de son travail. Malandain a fait savoir qu’il a été inspiré par l’Arte Povera (art pauvre), un mouvement artistique italien qui utilise n’importe quel type de matériau disponible. Cela peut être une nouvelle étape vestimentaire quoique Thierry Malandain a toujours utilisé avec parcimonie décors et accessoires, dont il se sert souvent pour divers effets multiples. Les différentes utilisations des malles en

aluminium fonctionnent à merveille et la multiplication du couple éponyme apporte une sauvagerie indéniable à l’action. Cela prévient toutefois un élément d’intimité qui serait propice à plus d’émotion. C’est sans doute notre seule réserve. Mais il est clair que Malandain souhaite mettre l’accent plus intensément sur un sentiment de panique et de folie furieuse. Et le résultat est une réussite incontestable. Notamment en raison des danseurs les plus âgés de la société et des tout derniers - 18 au total, ce que Malandain annonce mystérieusement comme étant le nombre idéal - qui se sont déjà glissé parfaitement dans le style. Ils méritent tous une mention, mais il serait difficile de ne pas donner une place très spéciale à Frédéric Deberdt en Frère Laurent et une autre au trépidant Mahouy Arnaud pour son style vivifiant et son interprétation magistrale de Mercutio.

n Dance Europe, François Fargues, novembre 2010

Juste le temps d’aimerJamais festival n’aura aussi bien porté son nom : en présentant une création sur le drame des célèbres amoureux shakespeariens de Vérone, Thierry Malandain ne pouvait mieux sublimer cette manifestation chorégraphique, la 20ème du nom qui, d’ailleurs, était née sous ses pas. Car, si Roméo et Juliette est avant tout un drame né de la jalousie et de la haine, c’est aussi une tragédie universelle encore trop présente de nos jours qui laisse à peine à nos héros le temps de s’aimer. Peut-être, d’ailleurs, est-ce pour bien nous y sensibiliser que le chorégraphe a mis en scène non un seul couple mais bien neuf, décuplant de ce fait les sentiments de culpabilité qui étreignent le spectateur lors du déroulement du spectacle. Peut-être aussi la raison pour laquelle les décors sont réduits à leur plus simple expression, de simples malles qui sont tout à la fois lits, tables, coffres de rangement, balcon, escaliers des maisons, murs de la ville, tombeaux, cercueils… éliminant de ce fait tout ce qui peut détourner l’attention de la danse, d’une expressivité et d’une force étonnantes… Peut-être, enfin, la raison pour laquelle il

n’a gardé de l’argument original de la Renaissance que sa trame, plaçant ainsi l’histoire hors du temps, la rendant plus actuelle que jamais. Les danseurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés : ils n’interprétaient pas le drame, ils le vivaient tout en le créant, dégageant une émotion considérable, spécialement les deux protagonistes de l’œuvre ainsi que Frère Laurent, alias respectivement Silvia Magalhaes, Giuseppe Chiavaro et Frederik Deberdt.

Et, si Malandain a choisi non la partition de Prokofiev, optée par la majorité des chorégraphes séduits par ce thème mais celle de Berlioz, en fait une symphonie dramatique avec chœurs d’ailleurs beaucoup plus riche sur le plan musical, c’est peut-être en écho à Béjart qui le premier l’avait utilisée pour clamer cette maxime désormais célèbre : « Faites l’amour, pas la guerre ! » Car ce drame met aussi et surtout en exergue les luttes fratricides qui gouvernent aujourd’hui encore notre monde, l’exclusion et les guerres qui en résultent. Or, cette œuvre a aussi pour but de nous faire prendre conscience de cette épée de Damoclès suspendue chaque jour plus près au dessus de nos têtes. Malandain est un conteur né ; il a l’art et la manière d’exprimer les sentiments en trouvant les gestes justes, ceux qui touchent, qui vous atteignent droit au cœur. Tout est parfaitement lisible et le chorégraphe montre à nouveau que le langage néoclassique est parfaitement adapté à l’expression des sentiments, les vils comme les purs et les nobles, la mort comme la vie et l’amour, la haine comme le désir, l’espérance et la joie.

La pièce qui ne se terminera pas sur une note optimiste puisque le rideau se fermera sur Frère Laurent se frayant, solitaire, un chemin vers le néant en portant le poids son échec, est une œuvre grave, poignante, superbe, peut-être la plus profonde que ce chorégraphe, un des derniers sans doute à utiliser conventionnellement le langage classique, ait jamais réalisée jusqu’à aujourd’hui.

n Critiphotodanse, Jean-Marie Gourreau, 13 décembre 2010

ACTIVITÉ LA PRESSE EN PARLE

au Théâtre National de Chaillot

Magifique

A l’invitation de Dominique Hervieux, directrice du Théâtre National de Chaillot, Magifique sera présenté à guichet fermé sur la scène de la salle Jean Vilar les 9, 10 et 11 février 2011 à 20h30. Parallèlement, une « Gigabarre » sera proposée à 19h00 avant chaque représentation.

LA PRESSE EN PARLE...

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Chorégraphie Thierry MalandainMusique Piotr Ilitch TchaïkovskiComposition additionnelle Nicolas DupéroirDécor et costumes Jorge GallardoDirection de la production, conception lumière Jean-Claude AsquiéRéalisation costumes Véronique MuratRéalisation masques Annie OnchaloRéalisation décor Alain Cazaux

Avec Ione Miren Aguirre, Aurélien Alberge, Olivier Coëffard, Ellyce Daniele, Frederik Deberdt, Cédric Godefroid, Aureline Guillot, Miyuki Kanei, Abraham Muñoz Carrera, Mathilde Labé, Fabio Lopes, Nuria López Cortés, Silvia Magalhaes, Arnaud Mahouy, Joséphine Pra, Magali Praud, Nathalie Verspecht, Daniel Vizcayo.

L’amour sied fort bien à l’univers de Thierry Malandain qui a présenté son Roméo et Juliette à l’occasion du 20ème anniversaire du Temps d’Aimer. L’amour pas uniquement à quatorze ans (l’âge de Juliette), mais celui que l’on peut croiser à tout âge et qui transporte les êtres dans un état d’euphorie, de fraicheur, de candeur, où la tendresse et la sensualité sont les maîtres mots de la passion. En célébrant l’amour de neuf couples, le chorégraphe dessine savamment et avec une étonnante liberté tous ces états dans une pièce magistrale adossée à la partition de Berlioz qu’il a quelque peu désordonnée. En effet, l’histoire commence par le récit de la fin racontée par frère Laurent. Une excellente idée qui permet de mettre en exergue le socle de cette union dramatique dans une scénographie composée uniquement de malles en aluminium délimitant les lieux de l’intrigue. Cette œuvre, sans aucun doute la plus aboutie de Thierry Malandain, est un tourbillon éblouissant car sa danse d’une immense richesse semble née du cœur où chaque pas, chaque caresse, chaque soupir sont des allégories de l’amour. La virtuosité des interprètes complète ce magnifique tableau romantique qui se termine par l’élévation des esprits vers Dieu et l’image de frère Laurent à jamais seul avec ses incertitudes.

n Danser, Sophie Lesort, octobre 2010

« O Romeo, Romeo, wherefore art thou Romeo ? »Le point culminant absolu de la 20ème édition du Temps d’Aimer à Biarritz de cette année a été le Roméo et Juliette de Thierry Malandain, dont Vérone, choix évident, avait accueilli la première quelques semaines plus tôt. Ecrite sur la partition de Berlioz, la nouvelle création de Malandain est peut-être son œuvre la plus accomplie

à ce jour et penche davantage vers le contemporain dans l’œuvre de ce néo-classique suprême qui a le chic parfait pour les synchronies exaltantes. Il en reste encore beaucoup pour nous délecter, notamment au début, quand tous les corps jaillissent de malles d’aluminium et retombent dedans comme du linge sale. Singulièrement, tous les couples représentent - que ce soit en groupes ou en duos - le couple tragique. Cependant, il semblerait que les ensembles dans ce ballet présentent une forme beaucoup plus atomisée que d’habitude et avec une crudité quelque peu éloignée du style sensuel habituel de Malandain. Il s’agit d’une pièce très dure et violente avec certaines scènes de guerre et de mort visuellement puissantes. Malandain commence par la fin, montrant Frère Laurent qui erre parmi des rangées de couples morts. Le prêtre est au centre même de la pièce et mène le bal lugubre. Il est, après tout, celui dont la première machination astucieuse a entraîné le gâchis final. Pour cette œuvre, Malandain a renoncé à ses costumes de scène étriqués et moulants et les danseurs pour la plupart, portent des vestes quelconques et intemporelles qui signalent également une approche nouvelle et plus contemporaine de son travail. Malandain a fait savoir qu’il a été inspiré par l’Arte Povera (art pauvre), un mouvement artistique italien qui utilise n’importe quel type de matériau disponible. Cela peut être une nouvelle étape vestimentaire quoique Thierry Malandain a toujours utilisé avec parcimonie décors et accessoires, dont il se sert souvent pour divers effets multiples. Les différentes utilisations des malles en

aluminium fonctionnent à merveille et la multiplication du couple éponyme apporte une sauvagerie indéniable à l’action. Cela prévient toutefois un élément d’intimité qui serait propice à plus d’émotion. C’est sans doute notre seule réserve. Mais il est clair que Malandain souhaite mettre l’accent plus intensément sur un sentiment de panique et de folie furieuse. Et le résultat est une réussite incontestable. Notamment en raison des danseurs les plus âgés de la société et des tout derniers - 18 au total, ce que Malandain annonce mystérieusement comme étant le nombre idéal - qui se sont déjà glissé parfaitement dans le style. Ils méritent tous une mention, mais il serait difficile de ne pas donner une place très spéciale à Frédéric Deberdt en Frère Laurent et une autre au trépidant Mahouy Arnaud pour son style vivifiant et son interprétation magistrale de Mercutio.

n Dance Europe, François Fargues, novembre 2010

Juste le temps d’aimerJamais festival n’aura aussi bien porté son nom : en présentant une création sur le drame des célèbres amoureux shakespeariens de Vérone, Thierry Malandain ne pouvait mieux sublimer cette manifestation chorégraphique, la 20ème du nom qui, d’ailleurs, était née sous ses pas. Car, si Roméo et Juliette est avant tout un drame né de la jalousie et de la haine, c’est aussi une tragédie universelle encore trop présente de nos jours qui laisse à peine à nos héros le temps de s’aimer. Peut-être, d’ailleurs, est-ce pour bien nous y sensibiliser que le chorégraphe a mis en scène non un seul couple mais bien neuf, décuplant de ce fait les sentiments de culpabilité qui étreignent le spectateur lors du déroulement du spectacle. Peut-être aussi la raison pour laquelle les décors sont réduits à leur plus simple expression, de simples malles qui sont tout à la fois lits, tables, coffres de rangement, balcon, escaliers des maisons, murs de la ville, tombeaux, cercueils… éliminant de ce fait tout ce qui peut détourner l’attention de la danse, d’une expressivité et d’une force étonnantes… Peut-être, enfin, la raison pour laquelle il

n’a gardé de l’argument original de la Renaissance que sa trame, plaçant ainsi l’histoire hors du temps, la rendant plus actuelle que jamais. Les danseurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés : ils n’interprétaient pas le drame, ils le vivaient tout en le créant, dégageant une émotion considérable, spécialement les deux protagonistes de l’œuvre ainsi que Frère Laurent, alias respectivement Silvia Magalhaes, Giuseppe Chiavaro et Frederik Deberdt.

Et, si Malandain a choisi non la partition de Prokofiev, optée par la majorité des chorégraphes séduits par ce thème mais celle de Berlioz, en fait une symphonie dramatique avec chœurs d’ailleurs beaucoup plus riche sur le plan musical, c’est peut-être en écho à Béjart qui le premier l’avait utilisée pour clamer cette maxime désormais célèbre : « Faites l’amour, pas la guerre ! » Car ce drame met aussi et surtout en exergue les luttes fratricides qui gouvernent aujourd’hui encore notre monde, l’exclusion et les guerres qui en résultent. Or, cette œuvre a aussi pour but de nous faire prendre conscience de cette épée de Damoclès suspendue chaque jour plus près au dessus de nos têtes. Malandain est un conteur né ; il a l’art et la manière d’exprimer les sentiments en trouvant les gestes justes, ceux qui touchent, qui vous atteignent droit au cœur. Tout est parfaitement lisible et le chorégraphe montre à nouveau que le langage néoclassique est parfaitement adapté à l’expression des sentiments, les vils comme les purs et les nobles, la mort comme la vie et l’amour, la haine comme le désir, l’espérance et la joie.

La pièce qui ne se terminera pas sur une note optimiste puisque le rideau se fermera sur Frère Laurent se frayant, solitaire, un chemin vers le néant en portant le poids son échec, est une œuvre grave, poignante, superbe, peut-être la plus profonde que ce chorégraphe, un des derniers sans doute à utiliser conventionnellement le langage classique, ait jamais réalisée jusqu’à aujourd’hui.

n Critiphotodanse, Jean-Marie Gourreau, 13 décembre 2010

ACTIVITÉ LA PRESSE EN PARLE

au Théâtre National de Chaillot

Magifique

A l’invitation de Dominique Hervieux, directrice du Théâtre National de Chaillot, Magifique sera présenté à guichet fermé sur la scène de la salle Jean Vilar les 9, 10 et 11 février 2011 à 20h30. Parallèlement, une « Gigabarre » sera proposée à 19h00 avant chaque représentation.

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A l’invitation de Frédéric Flamand, directeur du Ballet National de Marseille Thierry Malandain a créé Les Nuits d’été d’Hector Berlioz pour la troupe phocéenne. Les premières représentations se sont déroulées à l’Opéra de Marseille, les 14, 15 et 16 octobre 2010.

La saveur du pas comptéPour le retour de Métamorphoses de Frédéric Flamand dans la cité phocéenne, le Ballet National de Marseille programmait en début de soirée Les Nuits d’été de Thierry Malandain. L’occasion de découvrir une autre création du directeur du Ballet Biarritz, après le magnifique Sextet de l’année dernière.

Les Nuits d’été, c’est un cycle de six mélodies pour voix et piano composées par Hector Berlioz sur des poèmes de Théophile Gautier. De la joie de vivre aux amours perdues, de l’exaltation à la perte et au deuil, la partition aborde le romantisme dans ses grandes largeurs, prenant le risque du pathos et de l’outrancier. Mais la force de Thierry Malandain, c’est d’examiner au plus près ce que signifie la justesse d’un placement du pied, d’un écart maîtrisé, d’un glissé sur le tempo. Quand la danse épouse à ce point une musique qui n’avait rien demandé, on comprend mieux la difficulté d’aborder un langage classique. Ici, la sobriété et l’indice minimum jouent les qualités d’une peinture : une teinte claire entrecoupe le noir de l’horizon, le soyeux se révèle dans un halo de lumière. Tout est tamisé, feutré, parfois volontairement ralenti pour révéler le piqué d’une pointe, l’accéléré d’un demi-tour, l’exaltation d’une diagonale. On est loin des enjeux contemporains d’une danse qui se refuse de plus en plus au pas compté, mais quand la technique épouse la clairvoyance, une présence se magnifie aux yeux de tous, une évidence prend forme dans ses plus beaux atours et l’on attend évidemment la suite.

n Ventilo, Karim Grandi-Baupain, 27 octobre 2010

Thierry Malandain souhaitait depuis vingt ans chorégraphier Les Nuits d’été d’Hector Berlioz, cycle de six mélodies pour mezzo-soprano ou ténor, et piano, composées entre 1838 et 1841 sur des poèmes de Théophile Gautier. C’est chose faite grâce à la proposition de Frédéric Flamand de créer ce ballet au BNM avec quatre couples de danseurs classiques chargés d’exprimer, sur le thème de la perte

LA DANSE À BIARRITZ # 44

La furia

LA PRESSE EN PARLE

à Marseille

Les Nuits d’été

et du deuil, un voyage onirique « au pays des amours ».La voix poignante de la cantatrice Brigitte Baleys a donc inspiré à Thierry Malandain une chorégraphie d’une délicatesse et d’une distinction rares, sans difficultés techniques pour les danseurs, mais exigeant d’eux, particulièrement dans les portés, une précision et une habilité constantes. Chaque pièce est dansée par un couple, exceptées la première (La Villanelle) et la dernière (L’Ile inconnue) qui rassemblent les huit danseurs. L’émotion est souvent au rendez-vous dans des pas de deux éblouissants : celui de Gilles Porte à l’écoute des battements de cœur de Mylène Martel dans Le Spectre de la Rose, celui de Laurence Ponnet, colombe bléssée, dans les bras de Thibault Amanieu (Absence), de Valérie Blaecke dans ceux de Thierry Vasselin (Sur les Lagunes); émotion à son comble encore dans les gestes éperdus d’amour de Julien Lestel et d’Agnès Lascombes (Au Cimetière), quand « l’âme éveillée pleure à l’unisson de la chanson »… Et lorsque les quatre couples pirouettent après une charmante ronde balanchinienne, dans le mouvement lyrique de la barcarolle de L’Ile inconnue, avant de se livrer à un dernier baiser, un véritable ravissement transporte le spectateur. On ne saurait assez féliciter Thierry Malandain d’avoir su exploiter le talent singulier de chaque danseur en mettant en valeur des sensibilités qui s’expriment ici merveilleusement.

n La Revue Marseillaise du Théâtre, Philippe Oualid, 18 octobre 2010

...

Au cours de la première moitié du XIXéme siècle, en pleine période romantique et orientaliste, l’Espagne fut à la mode à travers les impressions de voyage des écrivains, des peintres, qui, parcourant la péninsule Ibérique, des Pyrénées jusqu’aux Portes de l’Orient, s’enthousiasment pour toutes les curiosités locales. Naturellement, entre les forêts romantiques et les palais orientaux, entre les sylphides et les almées, la scène chorégraphique ne résista pas à cette furia. C’est à cette époque que la danseuse autrichienne, Fanny Elssler, se produit à l’Opéra dans Le Diable Boiteux de Jean Coralli. Le 1er juin 1836, au 3ème acte, elle y interprète La Cachucha, une danse populaire andalouse « scandée par le cliquetis des castagnettes » qui lui assure le succès, mais choque les yeux et le bon goût des « taglionistes ». Car explique un vieil abonné : « La danse de Fanny Elssler s’éloignait complètement des principes académiques : elle s’adressait directement aux sens. Marie Taglioni était une danseuse chrétienne, si l’on peut employer ce mot à propos d’un art proscrit par le catholicisme ; elle ressemblait à une âme. Fanny Elssler, au contraire, rappelait la Terpsichore païenne, avec son tambour de basque et sa tunique fendue sur la cuisse et relevée par des agrafes d’or. » (1) Invitée deux mois plus tard au Grand Théâtre de Bordeaux avec sa sœur Thérèse qui lui servait de partenaire, Fanny Elssler triomphera de nouveau dans La Cachucha. Au même moment des troupes de danseurs espagnols déferlent en Europe. Dolorès Serral et son partenaire Mariano Camprubi seront ainsi les premiers à faire sensation à Paris. Assistant en 1834 à leurs débuts aux bals qui se donnaient à l’Opéra sous le règne de Philippe Musard, l’organisateur des fêtes de ce genre, Théophile Gautier, les signalera de la sorte : « Serral et Camprubi n’ont aucun rapport avec nos danseurs; c’est une passion, une verve, un entrain dont on n’a pas d’idée ils n’ont aucunement l’air de danser pour gagner leurs feux (2) , comme les autres, mais pour leur plaisir et leur satisfaction personnelle il n’y a rien de mécanique, rien d’emprunté et qui sente l’école, dans

leur manière; leur danse est plutôt une danse de tempérament qu’une danse de principes et l’on y sent à chaque geste toute la fougue du sang méridional. » (3) En costume du pays, Serral et Camprubi exécutent des boléros, des fandangos, des jotas aragonesas et la fameuse Cachucha. Notons que c’est Dolorès Serral qui aura initié Fanny Elssler aux beautés de cette danse. Une danse voluptueuse aux accents fiers et cambrés qu’elle « éleva à l’état de modèle classique » dira Théophile Gautier, « elssleriste »

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A l’invitation de Frédéric Flamand, directeur du Ballet National de Marseille Thierry Malandain a créé Les Nuits d’été d’Hector Berlioz pour la troupe phocéenne. Les premières représentations se sont déroulées à l’Opéra de Marseille, les 14, 15 et 16 octobre 2010.

La saveur du pas comptéPour le retour de Métamorphoses de Frédéric Flamand dans la cité phocéenne, le Ballet National de Marseille programmait en début de soirée Les Nuits d’été de Thierry Malandain. L’occasion de découvrir une autre création du directeur du Ballet Biarritz, après le magnifique Sextet de l’année dernière.

Les Nuits d’été, c’est un cycle de six mélodies pour voix et piano composées par Hector Berlioz sur des poèmes de Théophile Gautier. De la joie de vivre aux amours perdues, de l’exaltation à la perte et au deuil, la partition aborde le romantisme dans ses grandes largeurs, prenant le risque du pathos et de l’outrancier. Mais la force de Thierry Malandain, c’est d’examiner au plus près ce que signifie la justesse d’un placement du pied, d’un écart maîtrisé, d’un glissé sur le tempo. Quand la danse épouse à ce point une musique qui n’avait rien demandé, on comprend mieux la difficulté d’aborder un langage classique. Ici, la sobriété et l’indice minimum jouent les qualités d’une peinture : une teinte claire entrecoupe le noir de l’horizon, le soyeux se révèle dans un halo de lumière. Tout est tamisé, feutré, parfois volontairement ralenti pour révéler le piqué d’une pointe, l’accéléré d’un demi-tour, l’exaltation d’une diagonale. On est loin des enjeux contemporains d’une danse qui se refuse de plus en plus au pas compté, mais quand la technique épouse la clairvoyance, une présence se magnifie aux yeux de tous, une évidence prend forme dans ses plus beaux atours et l’on attend évidemment la suite.

n Ventilo, Karim Grandi-Baupain, 27 octobre 2010

Thierry Malandain souhaitait depuis vingt ans chorégraphier Les Nuits d’été d’Hector Berlioz, cycle de six mélodies pour mezzo-soprano ou ténor, et piano, composées entre 1838 et 1841 sur des poèmes de Théophile Gautier. C’est chose faite grâce à la proposition de Frédéric Flamand de créer ce ballet au BNM avec quatre couples de danseurs classiques chargés d’exprimer, sur le thème de la perte

LA DANSE À BIARRITZ # 44

La furia

LA PRESSE EN PARLE

à Marseille

Les Nuits d’été

et du deuil, un voyage onirique « au pays des amours ».La voix poignante de la cantatrice Brigitte Baleys a donc inspiré à Thierry Malandain une chorégraphie d’une délicatesse et d’une distinction rares, sans difficultés techniques pour les danseurs, mais exigeant d’eux, particulièrement dans les portés, une précision et une habilité constantes. Chaque pièce est dansée par un couple, exceptées la première (La Villanelle) et la dernière (L’Ile inconnue) qui rassemblent les huit danseurs. L’émotion est souvent au rendez-vous dans des pas de deux éblouissants : celui de Gilles Porte à l’écoute des battements de cœur de Mylène Martel dans Le Spectre de la Rose, celui de Laurence Ponnet, colombe bléssée, dans les bras de Thibault Amanieu (Absence), de Valérie Blaecke dans ceux de Thierry Vasselin (Sur les Lagunes); émotion à son comble encore dans les gestes éperdus d’amour de Julien Lestel et d’Agnès Lascombes (Au Cimetière), quand « l’âme éveillée pleure à l’unisson de la chanson »… Et lorsque les quatre couples pirouettent après une charmante ronde balanchinienne, dans le mouvement lyrique de la barcarolle de L’Ile inconnue, avant de se livrer à un dernier baiser, un véritable ravissement transporte le spectateur. On ne saurait assez féliciter Thierry Malandain d’avoir su exploiter le talent singulier de chaque danseur en mettant en valeur des sensibilités qui s’expriment ici merveilleusement.

n La Revue Marseillaise du Théâtre, Philippe Oualid, 18 octobre 2010

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Au cours de la première moitié du XIXéme siècle, en pleine période romantique et orientaliste, l’Espagne fut à la mode à travers les impressions de voyage des écrivains, des peintres, qui, parcourant la péninsule Ibérique, des Pyrénées jusqu’aux Portes de l’Orient, s’enthousiasment pour toutes les curiosités locales. Naturellement, entre les forêts romantiques et les palais orientaux, entre les sylphides et les almées, la scène chorégraphique ne résista pas à cette furia. C’est à cette époque que la danseuse autrichienne, Fanny Elssler, se produit à l’Opéra dans Le Diable Boiteux de Jean Coralli. Le 1er juin 1836, au 3ème acte, elle y interprète La Cachucha, une danse populaire andalouse « scandée par le cliquetis des castagnettes » qui lui assure le succès, mais choque les yeux et le bon goût des « taglionistes ». Car explique un vieil abonné : « La danse de Fanny Elssler s’éloignait complètement des principes académiques : elle s’adressait directement aux sens. Marie Taglioni était une danseuse chrétienne, si l’on peut employer ce mot à propos d’un art proscrit par le catholicisme ; elle ressemblait à une âme. Fanny Elssler, au contraire, rappelait la Terpsichore païenne, avec son tambour de basque et sa tunique fendue sur la cuisse et relevée par des agrafes d’or. » (1) Invitée deux mois plus tard au Grand Théâtre de Bordeaux avec sa sœur Thérèse qui lui servait de partenaire, Fanny Elssler triomphera de nouveau dans La Cachucha. Au même moment des troupes de danseurs espagnols déferlent en Europe. Dolorès Serral et son partenaire Mariano Camprubi seront ainsi les premiers à faire sensation à Paris. Assistant en 1834 à leurs débuts aux bals qui se donnaient à l’Opéra sous le règne de Philippe Musard, l’organisateur des fêtes de ce genre, Théophile Gautier, les signalera de la sorte : « Serral et Camprubi n’ont aucun rapport avec nos danseurs; c’est une passion, une verve, un entrain dont on n’a pas d’idée ils n’ont aucunement l’air de danser pour gagner leurs feux (2) , comme les autres, mais pour leur plaisir et leur satisfaction personnelle il n’y a rien de mécanique, rien d’emprunté et qui sente l’école, dans

leur manière; leur danse est plutôt une danse de tempérament qu’une danse de principes et l’on y sent à chaque geste toute la fougue du sang méridional. » (3) En costume du pays, Serral et Camprubi exécutent des boléros, des fandangos, des jotas aragonesas et la fameuse Cachucha. Notons que c’est Dolorès Serral qui aura initié Fanny Elssler aux beautés de cette danse. Une danse voluptueuse aux accents fiers et cambrés qu’elle « éleva à l’état de modèle classique » dira Théophile Gautier, « elssleriste »

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passionné. Ce qui est à demi la vérité, puisqu’à la danse espagnole, Serral et Camprubi joignaient déjà l’élégance de l’école classique. Une fusion née dans les académies de danse de la Péninsule que l’on nomme la Escuela Bolera, qui prospéra dès le XVIIIème siècle sous l’influence des maîtres italiens et français enseignant en Espagne. Citons seulement, Pierre Rameau qui à partir de 1714, fut engagé au service d’Isabel Farnese de Parme, la seconde épouse de Philip V. Pour témoigner des échanges qui s’opèrent alors, dans Le Maître à danser publié à Paris en 1725, Pierre Rameau fixe quelques attitudes caractéristiques de la danse espagnole. A l’inverse, un traité corrigé par Pablo Minguet à la faveur d’une édition parue à Madrid en 1764, examine « les pas de danse à l’espagnole sur des séguidillas, fandangos et autres rythmes ». Mais aussi « les pas italiens, français et anglais sur des rythmes et des figures de ballet ». De cette union naîtra une danse classique typiquement nationale riche de pas de batteries, de ports de bras arrondis, d’épaulements, de cambrés qui connut son apogée au XIXème siècle. Ainsi après Serral et Camprubi, qu’accompagnent Manuela Dubinon et Francisco Font, car les « quadrilles » espagnols se produisent à quatre, six, huit ou plus, les têtes d’affiche seront Lola de Valencia, La Petra Camara, La Pepe Vargas qu’on inonde d’une pluie de fleurs au Théâtre du Palais Royal en 1853. Enfin, Pepita de Oliva qui fait fureur à Copenhague avec la troupe du Señor Ruiz. Elle y interprète El Olé de la Curra devant Auguste Bournonville. Lors de cette tournée dans le Nord de l’Europe, elle fascinera également le suédois Charles Edström dont la marque était d’imiter les danseuses célèbres. Pour l’anecdote, Napoléon III et l’impératrice feront grand cas de son talent original et on raconte que Pepita de Oliva flattée de se voir copiée léguera par testament ses bijoux et ses costumes à son imitateur. Mais revenons à Serral et surtout à Mariano Camprubi que Manet peint en 1862, lorsque la troupe du Théâtre Royal de Madrid s’installe à Paris pour danser Flor de Sevilla à l’Hippodrome. Car ce danseur « aussi agréable à voir danser qu’une femme » dixit Théophile Gautier, s’est peut-être produit non pas à Biarritz qui

n’était alors qu’un modeste village de pêcheurs, mais à Bayonne en 1839. Pourquoi en douter ? Parce que Le Bulletin de la société des sciences et des arts de Bayonne qui reproduit l’information en 1901 ne précise pas s’il s’agit de Mariano Camprubi ou bien de son fils Juan. Né en 1825 à Reus, Juan Camprubi fit ses débuts en 1836, à l’âge de onze ans. On sait qu’il avait pour partenaire Manuela Garcia, laquelle figure au tableau du « quadrille » en visite à Bayonne. Il s’agit donc certainement de Juan Camprubi. Bref, le 18 mars 1839, un corps de ballet composé de quatre femmes et quatre hommes, fut engagé par M. Ferchaud, directeur du théâtre de Bayonne. Les danseuses étaient Goze, Garcia, Monzo et Lopez ; les danseurs Camprubi, Garcia, Ibanez et Piatoli. Ce dernier apparaissant comme chef de troupe. Soulignons qu’il présentera la même année au théâtre de la Renaissance à Paris, El Marco bomba, un ballet d’action à la manière des contes de Cervantes dont Jules Perrot s’inspirera en 1854 à Saint-Petersbourg. Mais ce soir là, ils dansèrent : Las Balbras del Caballo, à trois les Illanchegas, à six le Fandango, à quatre La Cachucha et La Jota Aragonesa. Le spectacle produisit un vif enthousiasme parmi les bayonnais et les nombreux espagnols habitant la ville, mais il se passa un incident, publié dans La Sentinelle des Pyrénées, que Le Bulletin de la société des sciences et des arts de Bayonne rapporte : « On venait de danser La Cachucha et le public attendait avec impatience que la toile se levât pour le deuxième acte de Lestocq (4), lorsque M. Napoléon Duchatel, le préfet sous l’administration duquel nous avons la faveur de vivre, et que ni vous ni moi ne connaissions sans doute jusqu’alors, vint prendre place dans la loge municipale. Quelques instants s’étaient déjà écoulés depuis son arrivée, et le public commençait à s’irriter, quand un commissaire de police se leva et avertit qu’on allait danser une seconde fois La Cachucha pour quelques personnes qui n’étaient pas venues assez à temps, et le public, si facile en d’autres circonstances, de répondre au commissaire que ceux qui redemandaient La Cachucha voulussent bien se montrer. Mais nos préfets sont de petits pachas qui ne descendent pas jusqu’au peuple. Force fut donc de continuer la pièce, et l’ordre du spectacle ne fut pas interrompu. »

Enfin, le rédacteur de La Sentinelle des Pyrénées, journal de Bayonne et de la Péninsule, termine par ce commentaire : « Que vous dirais-je ? Il y a dans ces danses, auxquelles nous avons assisté, une bizarrerie, un caractère distinct et original qui ne ressemble en rien à ce que nous voyons tous les jours parmi nous. C’est bien là l’Espagne, telle qu’on nous la racontait et que nous nous l’étions figurée, avec sa vivacité et sa grâce, sa mollesse et son énergie. C’est bien là l’image fidèle de ses goûts, de ses passions, l’histoire de sa vie. Ce ciel est trop brûlant, ce climat trop lourd, pour que les pieds ne restent pas fixés au sol et qu’ils puissent, en s’élevant, atteindre la hardiesse et les tours de force de nos sylphides. Il faut que la nature de l’homme cède à l’autre nature, qu’elle s’abandonne, qu’elle se livre à je ne sais quoi de mou et d’énervant, qu’on y respire avec l’air, avec le parfum des fleurs, avec la brise des montagnes. Aussi, voyez quel laisser-aller, quel abandon, quelle volupté dans ces poses. N’est-ce pas l’idéal de la femme, telle qu’on la rêve, alors que le sang bouillonne et que la tête est brûlante de désirs ? Comme ces bras s’arrondissent avec grâce, comme ce corps fléchit sous l’impulsion qui lui est donnée, comme cette tête se penche en nous regardant. N’est-ce pas que vous vous sentez attiré malgré vous-même, que vous voudriez être transporté plus près de ces yeux noirs, de ce sourire qui vous a séduit et que plus d’une fois vous vous êtes surpris à regretter qu’à l’exemple de nos Taglioni, ces robes d’argent et de soie ne fassent pas étinceler plus haut l’éclat dont elles brillent? Oui, toutes ces impressions vous viennent à la fois, lorsque vous vous laissez aller à ce mystérieux prestige des danses espagnoles car, je le répète, leur valeur et leur mérite ne sont que là. Il y a cependant ailleurs un mérite particulier, dont toute la gloire revient aux artistes eux-mêmes, c’est la vérité, la fidélité avec laquelle ils ont exécuté certaines danses nationales et par dessus tout la Jota aragonesa. Rien de plus vrai, de plus expressif. Qui n’a reconnu là ce costume étrange et sans façon que nous voyons passer si souvent dans nos rues, ces larges ceintures, si bien garnies d’ordinaire, ces coiffures bizarres, qui tiennent plutôt de l’autre sexe que du nôtre. Et cette désinvolture grave, méditative, cette nonchalance et en même temps

cette fierté ? Voilà des tableaux tracés avec intelligence et avec talent, et nous n’avons pu nous défendre de nous rappeler, en les voyant, quelques-unes des fières esquisses de Callot et de Téniers. Nous aimons qu’on nous représente de temps en temps de pareils spectacles, parce que nous y découvrons le peuple, avec la naïveté, le calme, la joie pure qu’il sait mêler à ses fêtes, et qui le consolent de bien des misères. Nous remercions M. Piatoli de n’avoir pas dédaigné les danses populaires et les seules nationales, au milieu des plaisirs élégants et aristocratiques qu’il nous a si richement et si dignement représentés. Pour dessiner un tableau aussi juste, aussi naturel du peuple, il fallait l’avoir compris, et nous l’en félicitons. Nous sommes heureux d’ajouter ce témoignage de notre sympathie à celui des applaudissements qu’il a rencontrés dans notre ville et qui ne sont que le prélude de ceux qui l’attendent ailleurs. » (5) n

LA DANSE À BIARRITZ # 44

(1) Ces Demoiselles de l’Opéra, Un Viel abonné, 1887(2) Les « feux », attribués pour chaque représentation, permettaient d’augmenter les appointements des artistes.(3) Fusains et eaux-fortes, Les danseurs espagnols, Théophile Gautier, 1837(4) Lestocq, ou L’Intrigue et l’Amour, opéra comique en 4 actes de Daniel François Esprit Auber, livret d’Eugène Scribe, créé à l’Opéra Comique le 24 mai 1834(5) Bulletin de la société des sciences et des arts de Bayonne, Edouard Ducéré, 1901

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Dolores Serral, Mariano Camprubi, Manuela Dubinon & Francisco Font

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passionné. Ce qui est à demi la vérité, puisqu’à la danse espagnole, Serral et Camprubi joignaient déjà l’élégance de l’école classique. Une fusion née dans les académies de danse de la Péninsule que l’on nomme la Escuela Bolera, qui prospéra dès le XVIIIème siècle sous l’influence des maîtres italiens et français enseignant en Espagne. Citons seulement, Pierre Rameau qui à partir de 1714, fut engagé au service d’Isabel Farnese de Parme, la seconde épouse de Philip V. Pour témoigner des échanges qui s’opèrent alors, dans Le Maître à danser publié à Paris en 1725, Pierre Rameau fixe quelques attitudes caractéristiques de la danse espagnole. A l’inverse, un traité corrigé par Pablo Minguet à la faveur d’une édition parue à Madrid en 1764, examine « les pas de danse à l’espagnole sur des séguidillas, fandangos et autres rythmes ». Mais aussi « les pas italiens, français et anglais sur des rythmes et des figures de ballet ». De cette union naîtra une danse classique typiquement nationale riche de pas de batteries, de ports de bras arrondis, d’épaulements, de cambrés qui connut son apogée au XIXème siècle. Ainsi après Serral et Camprubi, qu’accompagnent Manuela Dubinon et Francisco Font, car les « quadrilles » espagnols se produisent à quatre, six, huit ou plus, les têtes d’affiche seront Lola de Valencia, La Petra Camara, La Pepe Vargas qu’on inonde d’une pluie de fleurs au Théâtre du Palais Royal en 1853. Enfin, Pepita de Oliva qui fait fureur à Copenhague avec la troupe du Señor Ruiz. Elle y interprète El Olé de la Curra devant Auguste Bournonville. Lors de cette tournée dans le Nord de l’Europe, elle fascinera également le suédois Charles Edström dont la marque était d’imiter les danseuses célèbres. Pour l’anecdote, Napoléon III et l’impératrice feront grand cas de son talent original et on raconte que Pepita de Oliva flattée de se voir copiée léguera par testament ses bijoux et ses costumes à son imitateur. Mais revenons à Serral et surtout à Mariano Camprubi que Manet peint en 1862, lorsque la troupe du Théâtre Royal de Madrid s’installe à Paris pour danser Flor de Sevilla à l’Hippodrome. Car ce danseur « aussi agréable à voir danser qu’une femme » dixit Théophile Gautier, s’est peut-être produit non pas à Biarritz qui

n’était alors qu’un modeste village de pêcheurs, mais à Bayonne en 1839. Pourquoi en douter ? Parce que Le Bulletin de la société des sciences et des arts de Bayonne qui reproduit l’information en 1901 ne précise pas s’il s’agit de Mariano Camprubi ou bien de son fils Juan. Né en 1825 à Reus, Juan Camprubi fit ses débuts en 1836, à l’âge de onze ans. On sait qu’il avait pour partenaire Manuela Garcia, laquelle figure au tableau du « quadrille » en visite à Bayonne. Il s’agit donc certainement de Juan Camprubi. Bref, le 18 mars 1839, un corps de ballet composé de quatre femmes et quatre hommes, fut engagé par M. Ferchaud, directeur du théâtre de Bayonne. Les danseuses étaient Goze, Garcia, Monzo et Lopez ; les danseurs Camprubi, Garcia, Ibanez et Piatoli. Ce dernier apparaissant comme chef de troupe. Soulignons qu’il présentera la même année au théâtre de la Renaissance à Paris, El Marco bomba, un ballet d’action à la manière des contes de Cervantes dont Jules Perrot s’inspirera en 1854 à Saint-Petersbourg. Mais ce soir là, ils dansèrent : Las Balbras del Caballo, à trois les Illanchegas, à six le Fandango, à quatre La Cachucha et La Jota Aragonesa. Le spectacle produisit un vif enthousiasme parmi les bayonnais et les nombreux espagnols habitant la ville, mais il se passa un incident, publié dans La Sentinelle des Pyrénées, que Le Bulletin de la société des sciences et des arts de Bayonne rapporte : « On venait de danser La Cachucha et le public attendait avec impatience que la toile se levât pour le deuxième acte de Lestocq (4), lorsque M. Napoléon Duchatel, le préfet sous l’administration duquel nous avons la faveur de vivre, et que ni vous ni moi ne connaissions sans doute jusqu’alors, vint prendre place dans la loge municipale. Quelques instants s’étaient déjà écoulés depuis son arrivée, et le public commençait à s’irriter, quand un commissaire de police se leva et avertit qu’on allait danser une seconde fois La Cachucha pour quelques personnes qui n’étaient pas venues assez à temps, et le public, si facile en d’autres circonstances, de répondre au commissaire que ceux qui redemandaient La Cachucha voulussent bien se montrer. Mais nos préfets sont de petits pachas qui ne descendent pas jusqu’au peuple. Force fut donc de continuer la pièce, et l’ordre du spectacle ne fut pas interrompu. »

Enfin, le rédacteur de La Sentinelle des Pyrénées, journal de Bayonne et de la Péninsule, termine par ce commentaire : « Que vous dirais-je ? Il y a dans ces danses, auxquelles nous avons assisté, une bizarrerie, un caractère distinct et original qui ne ressemble en rien à ce que nous voyons tous les jours parmi nous. C’est bien là l’Espagne, telle qu’on nous la racontait et que nous nous l’étions figurée, avec sa vivacité et sa grâce, sa mollesse et son énergie. C’est bien là l’image fidèle de ses goûts, de ses passions, l’histoire de sa vie. Ce ciel est trop brûlant, ce climat trop lourd, pour que les pieds ne restent pas fixés au sol et qu’ils puissent, en s’élevant, atteindre la hardiesse et les tours de force de nos sylphides. Il faut que la nature de l’homme cède à l’autre nature, qu’elle s’abandonne, qu’elle se livre à je ne sais quoi de mou et d’énervant, qu’on y respire avec l’air, avec le parfum des fleurs, avec la brise des montagnes. Aussi, voyez quel laisser-aller, quel abandon, quelle volupté dans ces poses. N’est-ce pas l’idéal de la femme, telle qu’on la rêve, alors que le sang bouillonne et que la tête est brûlante de désirs ? Comme ces bras s’arrondissent avec grâce, comme ce corps fléchit sous l’impulsion qui lui est donnée, comme cette tête se penche en nous regardant. N’est-ce pas que vous vous sentez attiré malgré vous-même, que vous voudriez être transporté plus près de ces yeux noirs, de ce sourire qui vous a séduit et que plus d’une fois vous vous êtes surpris à regretter qu’à l’exemple de nos Taglioni, ces robes d’argent et de soie ne fassent pas étinceler plus haut l’éclat dont elles brillent? Oui, toutes ces impressions vous viennent à la fois, lorsque vous vous laissez aller à ce mystérieux prestige des danses espagnoles car, je le répète, leur valeur et leur mérite ne sont que là. Il y a cependant ailleurs un mérite particulier, dont toute la gloire revient aux artistes eux-mêmes, c’est la vérité, la fidélité avec laquelle ils ont exécuté certaines danses nationales et par dessus tout la Jota aragonesa. Rien de plus vrai, de plus expressif. Qui n’a reconnu là ce costume étrange et sans façon que nous voyons passer si souvent dans nos rues, ces larges ceintures, si bien garnies d’ordinaire, ces coiffures bizarres, qui tiennent plutôt de l’autre sexe que du nôtre. Et cette désinvolture grave, méditative, cette nonchalance et en même temps

cette fierté ? Voilà des tableaux tracés avec intelligence et avec talent, et nous n’avons pu nous défendre de nous rappeler, en les voyant, quelques-unes des fières esquisses de Callot et de Téniers. Nous aimons qu’on nous représente de temps en temps de pareils spectacles, parce que nous y découvrons le peuple, avec la naïveté, le calme, la joie pure qu’il sait mêler à ses fêtes, et qui le consolent de bien des misères. Nous remercions M. Piatoli de n’avoir pas dédaigné les danses populaires et les seules nationales, au milieu des plaisirs élégants et aristocratiques qu’il nous a si richement et si dignement représentés. Pour dessiner un tableau aussi juste, aussi naturel du peuple, il fallait l’avoir compris, et nous l’en félicitons. Nous sommes heureux d’ajouter ce témoignage de notre sympathie à celui des applaudissements qu’il a rencontrés dans notre ville et qui ne sont que le prélude de ceux qui l’attendent ailleurs. » (5) n

LA DANSE À BIARRITZ # 44

(1) Ces Demoiselles de l’Opéra, Un Viel abonné, 1887(2) Les « feux », attribués pour chaque représentation, permettaient d’augmenter les appointements des artistes.(3) Fusains et eaux-fortes, Les danseurs espagnols, Théophile Gautier, 1837(4) Lestocq, ou L’Intrigue et l’Amour, opéra comique en 4 actes de Daniel François Esprit Auber, livret d’Eugène Scribe, créé à l’Opéra Comique le 24 mai 1834(5) Bulletin de la société des sciences et des arts de Bayonne, Edouard Ducéré, 1901

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Dolores Serral, Mariano Camprubi, Manuela Dubinon & Francisco Font

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Dolores Serral

Page 10: Numéro 49 - Janvier/Mars 2011

Aquitaine /Saint-Jean-de-LuzA l’initiative de Philippe Hirigoyen et d’Odile Provost, conseillers pédagogiques de la Circonscription IEN 64 de Saint-Jean-de-Luz, dix enseignants d’écoles primaires ont débuté au mois de novembre un parcours de formation autour de la danse par un accueil à la classe et à la répétition des danseurs et une visite de la Gare du Midi. En janvier, Dominique Cordemans animera un atelier avec ces enseignants, avant de recevoir leurs élèves, en préparation de leur venue aux représentations Jeune Public de Roméo et Juliette programmées par Biarritz Culture les 5 et 6 mai 2011.

Aquitaine / Bordeaux

Dans le cadre du partenariat passé entre le CCN Malandain Ballet Biarritz, le Cefedem d’Aquitaine et le CDC le Cuvier de Feydeau, des rencontres artistiques autour de l’œuvre de Thierry Malandain s’adresseront aux étudiants du Diplôme d’Etat de professeur de danse, aux danseurs et aux enseignants lors des saisons 2010.2011 et 2011.2012. Pour commencer des master classes et des ateliers de transmission du répertoire avec Dominique Cordemans se dérouleront les 26, 27 et 28 janvier 2011, puis des répétitions publiques lors de la programmation de Magifique au Casino de Bordeaux les 8, 9 et 10 mars 2011.

Aquitaine / Bordeaux

Les 9 et 10 octobre 2010, s’est déroulé un week-end de master classes et d’ateliers en préambule de la transmission d’un extrait de ballet de Thierry Malandain au Jeune Ballet d’Aquitaine.

Aquitaine /Biarritz & BayonneLa présentation du documentaire sur Roméo et Juliette, réalisé par Catherine Guillaud et Caroline de Otero, a regroupé plusieurs centaines d’élèves et d’adultes les 7, 9 et 13 décembre au Conservatoire National de Région Bayonne Côte Basque, à la Médiathèque de Biarritz et au Centre Serge Blanco à Hendaye. Par ailleurs, sous l’impulsion d’Elizabeth Lecussant, Laurence Lanté et Julie Charles du

Conservatoire National de Région Bayonne Côte Basque et de Catherine Molia de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, une cinquantaine d’étudiants de la faculté de Bayonne ont été accueillis au CCN en amont des représentations de Roméo et Juliette données à Biarritz les 20, 21 et 22 décembre 2010.

PACA /Nice & Sainte-Maxime

A l’occasion de la représentation de Magifique donnée le 4 décembre au Carré de Sainte-Maxime, des masters classes, des ateliers et une répétition publique ont rassemblé 150 élèves du Conservatoire à Rayonnement Régional de Nice et du Conservatoire à Rayonnement Intercommunal de Sainte-Maxime.

Haute-Savoie / Château Rouge & AnnemasseA l’occasion de la représentation de Roméo et Juliette au Château Rouge d’Annemasse, le 13 janvier 2011, Dominique Cordemans animera un stage de deux jours pour les élèves des écoles de danse, et un stage de trois jours pour une classe option danse du lycée Jean Monet d’Annemasse.

Bretagne /Saint-MaloDu 28 février au 5 mars, puis du 22 au 26 mars 2011, Dominique Cordemans est invitée au Conservatoire à Rayonnement Départemental de Saint-Malo et au Jeune Ballet Malouin pour transmettre « La Valse des Fleurs » du Casse Noisette de Thierry Malandain à 12 jeunes danseurs, qui sera représentée les 25 et 26 mars 2010 au Théâtre de Saint-Malo.

Accueil à Biarritz du Centre National de la danse

Du 30 mars au 1er avril 2011, le CCN Malandain Ballet Biarritz accueille le Centre National de la Danse pour une formation interministérielle des personnes-ressources, formateurs et chefs de projets pour la Danse à l’école, organisée par le PREAC Danse Orléans-Tours et mise en œuvre par Danse au cœur et le Centre National

de la Danse. Cette formation s’adresse aux personnels de l’Éducation nationale : des formateurs des 1er 2nd degrés, des IUFM et des universités, aux artistes chorégraphiques et personnes des collectivités territoriales et des structures culturelles (chargés de mission danse dans les associations départementales musique et danse, services d’action culturelle, coordonnateurs de projets pour l’éducation populaire). Au sein de la thématique « danse, mémoire, création », Dominique Cordemans animera des ateliers et des rencontres - vidéo autour des œuvres de Thierry Malandain. Renseignements : CND Agnès Bretel 01 41 83 98 76

DocumentaireFruit d’une collaboration entre le secteur sensibilisation du CCN et le Département image de la Médiathèque de Biarritz, un documentaire intitulé « Roméo et Juliette – La création d’un ballet par Thierry Malandain et Malandain Ballet Biarritz » a été réalisé par Catherine Guillaud et Caroline de Otero. D’une durée de 30 minutes, il retrace toutes les étapes artistiques et techniques de la création du spectacle, des premières répétitions jusqu’aux représentations données à Vérone et Biarritz.

Diplôme d’Etat de professeur de dansePour à la fois transmettre l’art de la danse et préparer leur reconversion, Ione Miren Aguirre, Analisa Cioffi, Frédérik Deberdt, Aureline Guillot, Miyuki Kanei, Fabio Lopez, Arnaud Mahouy, Magali Praud et Nathalie Verspecht, ont bénéficié grâce aux intervenants du Cefedem de Bordeaux que dirige Josiane Rivoire, d’un cursus de 200 heures de formation en vue d’obtenir leur Diplôme d’Etat de professeur de danse.

Entre deux à Introdans

A l’invitation de Roel Voorintholt, directeur artistique de la compagnie Introdans (Hollande), Thierry Malandain a réglé un duo sur le Concerto in D d’Igor Stravinsky qui aura pour titre : Entre deux. Première à Arhem, le 4 février 2011 avec au programme de cette soirée Stravinsky : Le Sacre du Printemps de Nils Christe et La Symphonie des psaumes de Lucinda Childs.

Festival des lycéens et des apprentis d’AquitaineLe CCN a accueilli la commission de sélection des projets de la 12ème édition du Festival des Lycéens et Apprentis d’Aquitaine. Ce Festival a été créé en 1999, à l’initiative du Conseil régional d’Aquitaine, en partenariat avec le Rectorat de l’Académie de Bordeaux et la Direction régionale de l’Agriculture et de la Forêt. Les participants sont chaque année plus nombreux : depuis la première édition en 2000, ce sont

près de 5 000 élèves qui participent chaque année à l’événement. Sports, arts plastiques, sciences et techniques, écriture, danse, musique, théâtre, photo, défilés de mode, toutes les disciplines ont droit de cité au festival. Les lycéens soumettent un projet à une commission dont la fonction est de les orienter vers les bons partenaires, de les guider dans le bon achèvement de leur idée.

Festival International de Ballet de La Havane

Silvia Magalhaes & Giuseppe Chiavaro se sont produits à Cuba les 5 et 6 novembre 2010 dans le cadre du 22ème Festival International de Ballet de La Havane. Lors de deux soirées réunissant des danseurs de l’American Ballet Theater, du New York City Ballet, de l’English National Ballet, et du Ballet de Stuttgart, ils ont interprété des fragments du Portait de l’Infante et de Mozart à 2.

Ballet Junior GenèveLe Ballet Junior Genève dirigé par Patrice Delay & Sean Wood a présenté Le Cid de Thierry Malandain sur une musique de Jules Massenet, les 18 et 19 décembre 2010 à Genève à l’occasion de son 30ème anniversaire.

Orquesta Sinfónica de EuskadiSous la direction d’Eduardo Portal, l’Orquesta Sinfónica de Euskadi et le Malandain Ballet Biarritz se produiront en février à San Sebastián, Pampelune et Bilbao.

Orchestre de PicardieUne représentation jeune public et une représentation tout public de Carmen et L’Amour Sorcier ont été données le 10 décembre 2010 au Théâtre Impérial de Compiègne avec l’Orchestre de Picardie placé sous la direction de Harie van Beek.

Le Temps des Mômes9 au 12 février 20111ère Biennale de danse jeune publicDirection artistique : Thierry Malandain

Mercredi 9 Février à 16h00 au Colisée. Compagnie Traversée - Les voisins, Battit et Luzia, auzokoak - dès 4 ans. Un comédien et une danseuse nous racontent avec dérision et humour cette histoire d’amitié rudement compliquée, inspirée du best-seller de la littérature jeunesse, La Brouille de Claude Boujon.

Vendredi 11 Février à 20h30 au Casino MunicipalCompagnie NGC 25 - Et droit devant jusqu’au matin – dès 8 ans.Un conte chorégraphique imaginé par Hervé Maigret d’après Peter Pan.

Samedi 12 Février à 11h00 au Théâtre des ChimèresCompagnie Pernette – Animale - dès 5 ans.Une danseuse et 50 souris. Nathalie Pernette nous invite à une improbable rencontre entre le monde de la danse et le monde animal.

Et le Temps des Mômes c’est aussi des ateliers, une boum pour danser en famille.

InformationsEloixa OspitalChargée de CommunicationBiarritz CulturePlace des RésistantsBP 3018564 204 Biarritz Cedextel: 05 59 22 20 21fax: 05 59 22 40 [email protected]

SENSIBILISATION EN BREF

Transfrontalier Biarritz & San-SebastianAprès une répétition publique de Roméo et Juliette au Teatro Victoria Eugenia de San Sebastian, réunissant le 17 novembre 2010, 600 personnes, un stage « Danse sans Frontière » composé de master classes et d’ateliers animés par Dominique Cordemans, organisé en collaboration avec l’Association des professeurs de danse de Guipùzcoa, présidée par Maria Eugenia Maisueche a été offert aux participants en l’échange de l’achat d’une place de spectacle. Les 20 et 21 novembre 2010, cette opération a réuni 70 élèves d’une dizaine d’écoles de danse de San Sebastian. Proposée à la Gare du Midi de Biarritz, les 18, 19 et 20 décembre 2010, cette même opération a réuni 130 élèves des écoles de danse des Pyrénées-Atlantiques et des Landes, ainsi que 70 adultes et adolescents lors des ateliers « Voulez–vous danser avec nous ? » programmés le 24 novembre 2010, et les 14 et 15 décembre.

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Page 11: Numéro 49 - Janvier/Mars 2011

Aquitaine /Saint-Jean-de-LuzA l’initiative de Philippe Hirigoyen et d’Odile Provost, conseillers pédagogiques de la Circonscription IEN 64 de Saint-Jean-de-Luz, dix enseignants d’écoles primaires ont débuté au mois de novembre un parcours de formation autour de la danse par un accueil à la classe et à la répétition des danseurs et une visite de la Gare du Midi. En janvier, Dominique Cordemans animera un atelier avec ces enseignants, avant de recevoir leurs élèves, en préparation de leur venue aux représentations Jeune Public de Roméo et Juliette programmées par Biarritz Culture les 5 et 6 mai 2011.

Aquitaine / Bordeaux

Dans le cadre du partenariat passé entre le CCN Malandain Ballet Biarritz, le Cefedem d’Aquitaine et le CDC le Cuvier de Feydeau, des rencontres artistiques autour de l’œuvre de Thierry Malandain s’adresseront aux étudiants du Diplôme d’Etat de professeur de danse, aux danseurs et aux enseignants lors des saisons 2010.2011 et 2011.2012. Pour commencer des master classes et des ateliers de transmission du répertoire avec Dominique Cordemans se dérouleront les 26, 27 et 28 janvier 2011, puis des répétitions publiques lors de la programmation de Magifique au Casino de Bordeaux les 8, 9 et 10 mars 2011.

Aquitaine / Bordeaux

Les 9 et 10 octobre 2010, s’est déroulé un week-end de master classes et d’ateliers en préambule de la transmission d’un extrait de ballet de Thierry Malandain au Jeune Ballet d’Aquitaine.

Aquitaine /Biarritz & BayonneLa présentation du documentaire sur Roméo et Juliette, réalisé par Catherine Guillaud et Caroline de Otero, a regroupé plusieurs centaines d’élèves et d’adultes les 7, 9 et 13 décembre au Conservatoire National de Région Bayonne Côte Basque, à la Médiathèque de Biarritz et au Centre Serge Blanco à Hendaye. Par ailleurs, sous l’impulsion d’Elizabeth Lecussant, Laurence Lanté et Julie Charles du

Conservatoire National de Région Bayonne Côte Basque et de Catherine Molia de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, une cinquantaine d’étudiants de la faculté de Bayonne ont été accueillis au CCN en amont des représentations de Roméo et Juliette données à Biarritz les 20, 21 et 22 décembre 2010.

PACA /Nice & Sainte-Maxime

A l’occasion de la représentation de Magifique donnée le 4 décembre au Carré de Sainte-Maxime, des masters classes, des ateliers et une répétition publique ont rassemblé 150 élèves du Conservatoire à Rayonnement Régional de Nice et du Conservatoire à Rayonnement Intercommunal de Sainte-Maxime.

Haute-Savoie / Château Rouge & AnnemasseA l’occasion de la représentation de Roméo et Juliette au Château Rouge d’Annemasse, le 13 janvier 2011, Dominique Cordemans animera un stage de deux jours pour les élèves des écoles de danse, et un stage de trois jours pour une classe option danse du lycée Jean Monet d’Annemasse.

Bretagne /Saint-MaloDu 28 février au 5 mars, puis du 22 au 26 mars 2011, Dominique Cordemans est invitée au Conservatoire à Rayonnement Départemental de Saint-Malo et au Jeune Ballet Malouin pour transmettre « La Valse des Fleurs » du Casse Noisette de Thierry Malandain à 12 jeunes danseurs, qui sera représentée les 25 et 26 mars 2010 au Théâtre de Saint-Malo.

Accueil à Biarritz du Centre National de la danse

Du 30 mars au 1er avril 2011, le CCN Malandain Ballet Biarritz accueille le Centre National de la Danse pour une formation interministérielle des personnes-ressources, formateurs et chefs de projets pour la Danse à l’école, organisée par le PREAC Danse Orléans-Tours et mise en œuvre par Danse au cœur et le Centre National

de la Danse. Cette formation s’adresse aux personnels de l’Éducation nationale : des formateurs des 1er 2nd degrés, des IUFM et des universités, aux artistes chorégraphiques et personnes des collectivités territoriales et des structures culturelles (chargés de mission danse dans les associations départementales musique et danse, services d’action culturelle, coordonnateurs de projets pour l’éducation populaire). Au sein de la thématique « danse, mémoire, création », Dominique Cordemans animera des ateliers et des rencontres - vidéo autour des œuvres de Thierry Malandain. Renseignements : CND Agnès Bretel 01 41 83 98 76

DocumentaireFruit d’une collaboration entre le secteur sensibilisation du CCN et le Département image de la Médiathèque de Biarritz, un documentaire intitulé « Roméo et Juliette – La création d’un ballet par Thierry Malandain et Malandain Ballet Biarritz » a été réalisé par Catherine Guillaud et Caroline de Otero. D’une durée de 30 minutes, il retrace toutes les étapes artistiques et techniques de la création du spectacle, des premières répétitions jusqu’aux représentations données à Vérone et Biarritz.

Diplôme d’Etat de professeur de dansePour à la fois transmettre l’art de la danse et préparer leur reconversion, Ione Miren Aguirre, Analisa Cioffi, Frédérik Deberdt, Aureline Guillot, Miyuki Kanei, Fabio Lopez, Arnaud Mahouy, Magali Praud et Nathalie Verspecht, ont bénéficié grâce aux intervenants du Cefedem de Bordeaux que dirige Josiane Rivoire, d’un cursus de 200 heures de formation en vue d’obtenir leur Diplôme d’Etat de professeur de danse.

Entre deux à Introdans

A l’invitation de Roel Voorintholt, directeur artistique de la compagnie Introdans (Hollande), Thierry Malandain a réglé un duo sur le Concerto in D d’Igor Stravinsky qui aura pour titre : Entre deux. Première à Arhem, le 4 février 2011 avec au programme de cette soirée Stravinsky : Le Sacre du Printemps de Nils Christe et La Symphonie des psaumes de Lucinda Childs.

Festival des lycéens et des apprentis d’AquitaineLe CCN a accueilli la commission de sélection des projets de la 12ème édition du Festival des Lycéens et Apprentis d’Aquitaine. Ce Festival a été créé en 1999, à l’initiative du Conseil régional d’Aquitaine, en partenariat avec le Rectorat de l’Académie de Bordeaux et la Direction régionale de l’Agriculture et de la Forêt. Les participants sont chaque année plus nombreux : depuis la première édition en 2000, ce sont

près de 5 000 élèves qui participent chaque année à l’événement. Sports, arts plastiques, sciences et techniques, écriture, danse, musique, théâtre, photo, défilés de mode, toutes les disciplines ont droit de cité au festival. Les lycéens soumettent un projet à une commission dont la fonction est de les orienter vers les bons partenaires, de les guider dans le bon achèvement de leur idée.

Festival International de Ballet de La Havane

Silvia Magalhaes & Giuseppe Chiavaro se sont produits à Cuba les 5 et 6 novembre 2010 dans le cadre du 22ème Festival International de Ballet de La Havane. Lors de deux soirées réunissant des danseurs de l’American Ballet Theater, du New York City Ballet, de l’English National Ballet, et du Ballet de Stuttgart, ils ont interprété des fragments du Portait de l’Infante et de Mozart à 2.

Ballet Junior GenèveLe Ballet Junior Genève dirigé par Patrice Delay & Sean Wood a présenté Le Cid de Thierry Malandain sur une musique de Jules Massenet, les 18 et 19 décembre 2010 à Genève à l’occasion de son 30ème anniversaire.

Orquesta Sinfónica de EuskadiSous la direction d’Eduardo Portal, l’Orquesta Sinfónica de Euskadi et le Malandain Ballet Biarritz se produiront en février à San Sebastián, Pampelune et Bilbao.

Orchestre de PicardieUne représentation jeune public et une représentation tout public de Carmen et L’Amour Sorcier ont été données le 10 décembre 2010 au Théâtre Impérial de Compiègne avec l’Orchestre de Picardie placé sous la direction de Harie van Beek.

Le Temps des Mômes9 au 12 février 20111ère Biennale de danse jeune publicDirection artistique : Thierry Malandain

Mercredi 9 Février à 16h00 au Colisée. Compagnie Traversée - Les voisins, Battit et Luzia, auzokoak - dès 4 ans. Un comédien et une danseuse nous racontent avec dérision et humour cette histoire d’amitié rudement compliquée, inspirée du best-seller de la littérature jeunesse, La Brouille de Claude Boujon.

Vendredi 11 Février à 20h30 au Casino MunicipalCompagnie NGC 25 - Et droit devant jusqu’au matin – dès 8 ans.Un conte chorégraphique imaginé par Hervé Maigret d’après Peter Pan.

Samedi 12 Février à 11h00 au Théâtre des ChimèresCompagnie Pernette – Animale - dès 5 ans.Une danseuse et 50 souris. Nathalie Pernette nous invite à une improbable rencontre entre le monde de la danse et le monde animal.

Et le Temps des Mômes c’est aussi des ateliers, une boum pour danser en famille.

InformationsEloixa OspitalChargée de CommunicationBiarritz CulturePlace des RésistantsBP 3018564 204 Biarritz Cedextel: 05 59 22 20 21fax: 05 59 22 40 [email protected]

SENSIBILISATION EN BREF

Transfrontalier Biarritz & San-SebastianAprès une répétition publique de Roméo et Juliette au Teatro Victoria Eugenia de San Sebastian, réunissant le 17 novembre 2010, 600 personnes, un stage « Danse sans Frontière » composé de master classes et d’ateliers animés par Dominique Cordemans, organisé en collaboration avec l’Association des professeurs de danse de Guipùzcoa, présidée par Maria Eugenia Maisueche a été offert aux participants en l’échange de l’achat d’une place de spectacle. Les 20 et 21 novembre 2010, cette opération a réuni 70 élèves d’une dizaine d’écoles de danse de San Sebastian. Proposée à la Gare du Midi de Biarritz, les 18, 19 et 20 décembre 2010, cette même opération a réuni 130 élèves des écoles de danse des Pyrénées-Atlantiques et des Landes, ainsi que 70 adultes et adolescents lors des ateliers « Voulez–vous danser avec nous ? » programmés le 24 novembre 2010, et les 14 et 15 décembre.

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Page 12: Numéro 49 - Janvier/Mars 2011

CALENDRIER JANVIER > MARS 2011

www.malandainballet.com

09/01

13/01

28/01

30/01

05/02

06/02

09/02

10/02

11/02

08/03

09/03

10/03

12/03

22/03

24/03

26/03

29/03

Soustons

Annemasse

Orly

Noisy le Sec

Nanterre

Rosny sous Bois

Chaillot

Chaillot

Chaillot

Bordeaux

Bordeaux

Bordeaux

Perpignan

Sochaux

Charleville

Massy

Châtellerault

Roméo et Juliette

Roméo et Juliette

Magifique (extraits) / La Mort du cygne / L’Amour sorcier

Magifique (extraits) / La Mort du cygne / L’Amour sorcier

Magifique

Conférence dansée

Magifique

Magifique

Magifique

Magifique (scolaire et tout public)

Magifique

Magifique

Magifique

Roméo et Juliette

Magifique (extraits) / La Mort du cygne / L’Amour sorcier

Roméo et Juliette

Magifique (extraits) / La Mort du cygne / L’Amour sorcier

Représentations en France

Roméo et Juliette

Roméo et Juliette

Magifique (avec orchestre Euskadi)

Magifique (avec orchestre Euskadi)

Magifique (avec orchestre Euskadi)

Magifique (avec orchestre Euskadi)

Carmen / L’Amour sorcier

Roméo et Juliette

Représentations à l’étranger

15/01

17/01

17/02

18/02

20/02

24/02

27/02

19/03

Suisse / Vevey

Allemagne / Neuss

Espagne / San Sebastián

Espagne / San Sebastián

Espagne / Pamplona

Espagne / Bilbao

Porto Rico / San Juan

Espagne / Barakaldo

Rom

éo e

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phot

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Gare du Midi 23, avenue Foch F-64200 Biarritz Tél. : +33 5 59 24 67 19 Fax : +33 5 59 24 75 40 [email protected]

Président Pierre Durand Vice-Président Pierre Moutarde Trésorier Marc Janet

Directeur / Chorégraphe Thierry Malandain Directeur délégué Yves Kordian

Maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc

Artistes chorégraphiques Ione Miren Aguirre, Aurélien Alberge, Giuseppe Chiavaro, Olivier Coëffard, Ellyce Daniele, Frederik Deberdt, Cédric Godefroid, Aureline Guillot, Jacob Hernandez Martin, Miyuki Kanei, Mathilde Labé, Fabio Lopes, Nuria López Cortés, Silvia Magalhaes, Arnaud Mahouy, Abraham Muñoz Carrera, Joséphine Pra, Magali Praud, Nathalie Verspecht, Daniel Vizcayo

Professeur invité Angélito Lozano

Pianistes Alberto Ribera, Miyuki Brickle, Corinne Vautrin

Sensibilisation des publics et transmission du répertoire Dominique Cordemans Formation et accueil studio Gaël Domenger

Administrateur Jacques Jaricot Comptabilité Arantxa Lagnet Communication Sabine Lamburu, Mélissandre Lemonnier Accueil, logistique, diffusion, secrétariat technique Lise Philippon, Carine Laborde

Directeur de production / Concepteur lumière Jean-Claude Asquié

Régisseur général Oswald Roose Régie lumière Frédéric Eujol, Christian GrossardRégie plateau Chloé Bréneur Régie son Jacques Vicassiau, Nicolas RochaisTechnicien plateau Gilles Urrutia Régie costumes Karine Prins Construction décors & accessoires Alain Cazaux Technicien chauffeur Thierry Crusel Agents d’entretien Ghita Balouck, Sabrina Guadagnino

Attaché de presse Yves Mousset / MY Communications Consultant en communication Frédéric Néry / YocomMécénat, sponsoring Thibault Taniou / In the middle

Projet transfrontalier / Fonds européen Interreg IV A

Coordination ACG Productions

Malandain Ballet Biarritz Yves Kordian directeur délégué Carine Laborde suivi du projet Sabine Lamburu, Mélissandre Lemonnier communicationArantxa Lagnet relations partenaire, traduction basque

Teatro Victoria EugeniaAtton Azpitarte co-directeur Norka Chiapuso responsable artistique du projet Cristina Olaizola coordination et communication

NuméroDirecteur de la publicationThierry MalandainConception & réalisation graphique Frédéric Néry Imprimeur SAI (Biarritz) ISSN 1293-6693 - juillet 2002

centre chorégraphique nationald’aquitaine en pyrénées atlantiques