Nouvelles N° 2141

8
LES ÉTUDIANTS INSCRIVENT LEUR MOBILISATION DANS LA DURÉE À la veille du 9 mars Débat Jeudi 10 mars 2016 - N° 2141 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

description

Nouvelles N° 2141 du 10 mars

Transcript of Nouvelles N° 2141

Page 1: Nouvelles N° 2141

LES ÉTUDIANTS INSCRIVENT LEUR MOBILISATION DANS LA DURÉE

À la veille du 9 mars

Débat

Jeudi 10 mars 2016 - N° 2141 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

Page 2: Nouvelles N° 2141

2 • Les Nouvelles 10 mars 2016

ACTUALITÉ

MME DELAUNAY SUR LA LOI TRAVAIL

Réaction des communistes girondins« Mme Delaunay s’est embarquée dans une bien sombre aventure. Après avoir ri au nez du million de signataires contre la loi Travail (“combien en ont lu une seule ligne ?”), elle explique qu’elle aurait simplement préféré entendre la “vraie gauche” s’indigner du sort fait aux femmes victimes d’inégalités sociales et culturelles et du sort fait aux migrants…

On ne veut pas être plus désagréable avec Mme la députée. Son indignation a été bien légère lorsque chefs de l’État et du gouvernement ont tripatouillé la Constitution pour y inscrire une proposition empruntée à l’extrême-droite : la déchéance de nationalité. On ne veut pas être insultant et lui rappeler ce que ce gouvernement vient de faire dans le camp de Calais, au mépris du travail de l’ensemble des associations qui y œuvrent quotidiennement.

Mais puisque, visiblement, elle est la seule dans ce pays à ne pas savoir ce qui se trouve dans la loi Travail, nous voulons bien lui offrir un an d’abonnement au journal l’Humanité. Le 16 février dernier, elle y aurait par exemple trouvé le détail du rapport Badinter et l’opinion que s’en font les syndicats.

Elle y apprendrait beaucoup de choses sur le droit du travail, les inégalités hommes-femmes et le sort fait aux demandeurs d’asile. Ceci dit, sans un zeste de mépris mais avec l’espoir sincère qu’elle ne reste plus la seule dans ce pays à croire que le gouvernement Valls est encore un gouvernement socialiste… »

Fédération PCF de la Gironde, le 8 mars

BORDEAUX MÉTROPOLE

Les mauvais comptes de Mme Calmels sur le dos de la santéLe conseil métropolitain du 12 février a entériné la création d’une opération d’intérêt métropolitain (OIM), structure de pilotage économique englobant le CHU Pellegrin. L’occasion pour Max Guichard d’interroger l’adjointe d’Alain Juppé qui ne rate pas une occasion de féliciter ses amis patrons…

« (…) Je voulais profiter de cette délibération pour interroger Mme Calmels sur un problème de mathématiques qui se pose à moi. Fin janvier, vous avez en effet madame remis à plusieurs entrepreneurs de Gironde leurs prix du meilleur recruteur de 2016. Parmi ces entrepreneurs, s’était glissé le directeur du centre hospitalier universitaire (CHU). Côte à côte avec le promoteur Pichet, il a aligné ses “performances” : “1,1 milliard d’euro à l’année, dit-il, soit 3 millions d’euros de chiffre d’affaire par jour”. Oui, c’est bien d’un hôpital public dont il parle en ces termes… Quelques jours plus tard, le journal Sud-Ouest enquêtait sur l’état de délabrement avancé de certains services de Pellegrin (1). Dans les couloirs, il se murmure que les urgences de l’hôpital Saint-André pourraient être fermées.

Mais vous n’aimez pas les sujets qui fâchent avec vos camarades entrepre-neurs, alors vous avez parlé embauches. Et ça tombe bien car le CHU prévoit d’embaucher 900 personnes dont la moitié d’infirmiers et aides-soignants. Très bien. Mais c’est là que j’ai un problème de mathématiques. Chaque année, le CHU décompte 1 500 départs de ses agents. 1 500 - 900… Est-ce que cela signifierait, madame, que vous avez décoré un directeur qui s’apprête à supprimer 600 postes de la fonction publique hospitalière !?

La santé est à mes yeux un sujet assez sérieux pour qu’on ne la mélange pas avec les affaires de M. Pichet et je ne crois pas qu’un élu local puisse se permettre de se féliciter de l’affaiblissement du système de santé dans une agglomération en pleine croissance démographique. Voilà un exemple de la raison qui nous incite à répéter que les organisations syndicales doivent être systématiquement prises en compte dans les politiques publiques en matière économique. »

(1) « CHU : des étages dans un état lamentable, les patients racontent », Sud-Ouest du 5 février 2016

54E ANNIVERSAIRE DU « 19 MARS 1962 »

Jour de mémoire, de paix et d’amitiéDéclaration de l’ARAC Pessac

« Il y a 54 ans se terminait la dernière guerre coloniale menée par la France. Après les accords d’Évian du 18 mars, signés par le gouvernement français et le gouvernement provisoire de la République algérienne, le cessez-le-feu était proclamé, le 19 mars 1962(…).

En cette journée commémorative, aujourd’hui reconnue officiellement comme “Journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc”, nous n’oublierons jamais ces huit années de souffrances et de deuils subis par deux peuples dont les Histoires étaient, sont et seront toujours solidaires.

Les peuples français et algériens souffrent encore de blessures de ce drame vécu par nos deux pays. Mais, à la mémoire, doit s’ajouter la volonté de com-battre ceux qui entretiennent les séquelles empoisonnant encore notre présent (racisme, haine, violence, xénophobie, réhabilitation des criminels de l’OAS, etc.) pour mieux aller de l’avant vers un avenir d’amitié et de coopération mutuellement avantageuse entre la France et l’Algérie. (…)

Il y a lieu d’obtenir l’abrogation du décret fixant au 5 décembre de chaque année “une commémoration”, sans rapport historique avec le cessez-le-feu qui a permis la fin de la guerre d’Algérie et qui entretient encore la confusion dans l’opinion publique et la division dans le mouvement combattant. L’ARAC appelle au respect de l’autodétermination de chaque peuple dans la construction de son avenir. »

À Bordeaux commémoration à la stèle face au cimetière de la Chartreuse à 9h30.

ÉTAT D’URGENCE

Tous suspects !Par le Collectif 33 Nous ne céderons pas !

HÔPITAL ROBERT PICQUÉ

« Arrêtons le massacre ! »Déclaration de Mutami

Manifestation à Bordeaux, samedi 12 mars 2016, 14h, place de la victoire

« Depuis trois mois, les partisans de l’ état d’urgence expliquent que ces mesures sont prises pour lutter contre le terrorisme. En réalité, ce sont les droits et libertés de toutes et tous qui sont menacés par le gouvernement Hollande-Valls, avec le soutien des Républicains et du FN qui partagent l’objectif d’un État policier » : perquisitions et assigna-tions à résidence facilitées ; droit de manifester menacé militants condam-nés ; pouvoirs policiers augmentés ; déchéance de nationalité.« Les décisions qui sont prises en ce moment sont graves et elles sont faites pour durer. Elles visent ceux qui résistent à la casse des emplois (Air France, Goodyear, Ford…), à la destruction des droits sociaux (mouvements de chômeurs, militants syndicaux…), à la dégradation de l’environnement (à Sivens, à Notre-Dame-Des-Landes…). Elles visent aussi les migrants, les sans-papiers. Elles encouragent les actes racistes, provoquant une augmenta-tion des agressions antimusulmans et antisémites.La crise économique se généralise et

provoque le chômage et la misère.Les guerres se multiplient et renforcent les dictatures et le terrorisme.L’exploitation des richesses et des ma-tières premières ne connait pas de limites et aggrave la crise environnementale.Tout cela ne peut provoquer que davan-tage de révolte et de contestation. C’est pour cela que la majorité des parlemen-taires sont prêts à soutenir Hollande et Valls pour instaurer un État fort. Ils veulent durcir les moyens de répression parce que le recul social généralisé pré-pare des contestations plus nombreuses.

État d’exception prolongé, peur collective alimentée ? Nous ne céderons pas !

Le samedi 30 janvier, nous étions des dizaines de milliers dans toutes les villes du pays à dénoncer l’état d’urgence, la déchéance de nationalité, la répression antisyndicale.Les députés ont commencé à discuter de la mise en œuvre (lois et modification de la constitution) de toutes ces mesures qui attaquent nos libertés.Nous encourageons chacun à prendre part aux initiatives organisées pour s’opposer à ce grave recul. Tous ensemble, nous pouvons exiger : la levée immé-diate de l’ état d’urgence, l’abandon

de la constitutionnalisation de l’ état d’urgence et de la déchéance de natio-nalité, le respect de la liberté de mani-fester et l’arrêt de la répression contre les militant-e-s des mouvements sociaux, la solidarité avec les migrants et l’arrêt de la répression contre eux ! »Collectif 33 Nous ne céderons pas ; AC ! Gironde ; Femmes Égalité Co-mité Flora Tristan ; EEL V Coordina-tion 33 ; PCF 33 ; Nouvelle Donne ; PCOF 33 ; Ensemble Girond ; UD CGT ; FSU 33 ([email protected]); LDH Gironde ([email protected]); NPA 33 ([email protected]); ATTAC 33 ; PG ; MBDPH ; Pales-tine 33 ; Solidaires 33 ; Appel des Cent pour la Paix.

RÉUNION PUBLIQUE

Le mardi 15 mars 2016 à 19h30

À l’Athénée municipal de Bordeaux - Place Saint Christoly. Avec la Par-ticipation du secrétaire général de la LDH France, du président national du Syndicat des Avocats de France (SAF), d’un représentant du Syndicat de la Magistrature et de l’ensemble des organisations du collectif, des témoignages de syndicalistes, de citoyens…

Un rassemblement était organisé le 8 mars, à partir de 7 heures, devant l’ hôpital Robert Picqué à Villenave d’Ornon (33), à l’initiative du Comité R. Picqué pour la défense et le développement de l’ hôpital public. L’hôpital Robert Picqué : victime des politiques d’austérité.

Austérité oblige, le Ministère de la Défense a engagé un plan de restruc-turation des 9 Hôpitaux d’instruction des Armées entrainant la disparition de plusieurs établissements ou l’inté-gration d’une partie de leurs activités dans un établissement public. L’HIA Robert Picqué maintiendra une activité médicale sur des spécialités propres à la traumatologie militaire (urgences, réanimation, chirurgie…) dans le cadre d’un groupement de moyens sanitaires regroupant l’ HIA R. Picqué et l’Hôpital Bagatelle (Hôpital privé à but non lucratif). Projet dit « BAHIA ».

Ce projet entraine : le regroupement sur un site unique des activités de l’HIAR. Picqué et de la Maison Pro-testante Bagatelle ; la suppression de 140 lits ; des emplois en moins ; une offre de soins dégradée.

Le projet BAHIA : une impasse

Le projet Bahia prévoit le regrou-pement sur le site de Bagatelle où l’hôpital doit engager des travaux pour accueillir les activités de R. Picqué (construction et extension). C’est une impasse car le site de Bagatelle est enclavé et dispose de peu de foncier. Il est peu commode pour accueillir un service d’urgences dont l’objectif est de recevoir 33 000 passages par an. Rien n’est prévu dans ce projet concernant l’héliport actuellement en service à Robert Picqué. Pire, tout laisse à penser que sans la suppression des 140 lits, le projet n’aurait proba-blement pas pu se réaliser. En clair, il ne pourra pas répondre aux besoins de

santé de la population en forte crois-sance, du sud de la métropole. Nous refusons ce gâchis ! Nous exigeons la construction, sur le site de Robert Picqué, d’un hôpital Public .Selon L’ ARS, le site de Bagatelle a été retenu après le refus du ministère de la Défense de céder les terrains de R. Picqué pour accueillir ce nouvel hôpital. Or, le site de Robert Piqué réuni toutes les conditions pour accueillir un nouvel hôpital public garantissant des tarifs opposables (sans dépassement d’honoraires) répondant aux besoins de santé du Sud de la Métropole voir au delà : accessibilité, foncier… Le gouverne-ment doit prendre ses responsabilités et permettre la construction de ce nouvel hôpital public. Ne laissons pas le Ministère de la Défense vendre le site de R. Picqué pour renflouer les caisses de Bercy et satisfaire quelques promoteurs immobiliers !

Déjà 5000 signatures sur la pétition

L’inquiétude ne cesse de grandir autour de la disparition de l’hôpital Robert Picqué. Des témoignages de médecins, d’urgentistes (Samu, pom-piers…) et d’usagers confirment le rôle essentiel de R. Picqué et la nécessité de développer un hôpital public sur ce site. Plus de 5 000 girondins ont signé la pétition pour la défense de l’hôpital R. Picqué. Ensemble, construisons la riposte !

Page 3: Nouvelles N° 2141

Les Nouvelles 10 mars 2016 • 3

EditorialACTUALITÉ

Relever la tête

La contestation contre le projet de loi Travail rentre cette semaine dans une nouvelle phase avec la journée de manifestation de mercredi 9 mars. Initiée en dehors des organisations et canaux structurés, la pétition lancée sur internet a mobilisé au delà des militants aguerris des réseaux sociaux, des centaines de milliers de salariés.

Pour la plupart, ne faisant partie d’aucune organisa-tion ils rejettent une loi qui les condamne à accepter des conditions d’emploi d’un autre âge, précaires et mal payés, de renoncer à vivre bien de leur tra-vail. Ce qu’ils décrivent, c’est la réalité de millions de salariés que le code du travail ne protège déjà plus : stress, pression, horaires imposées, en un mot, l’exploitation capitaliste aujourd’hui.

Ils donnent à voir, à leur manière, l’impasse sociale et économique dans laquelle nous plongent l’aus-térité et le libéralisme. Ils mettent la question du travail en tête du débat politique.

Le gouvernement se retrouve ainsi en grande diffi-culté. 70 % des français rejettent le projet dans un moment ou le gouvernement est à nouveau au plus bas dans les sondages d’opinion. Personne ne peut dire aujourd’hui jusqu’où peut aller ce mouvement. Il prendra sans doute des formes nouvelles, inédites, bousculant les codes de la protestation sociale.

Décrypter le projet de loi, engager des initiatives qui rassemblent le plus grand nombre, avancer des contre-propositions qui affrontent l’austérité, tout cela est nécessaire pour que cette colère soit dirigée vers un mouvement de transformation réel du travail, qui prenne en compte les aspirations du plus grand nombre et ce que permettent les avan-cées technologiques et informationnelles.

Avoir un emploi choisi, un métier, avec un salaire correct, et des horaires permettant d’avoir du « temps libre », tout ce que Gattaz veut détruire, flexi-insécurité, salariés kleenex, horaires contraints et dérégulés, salaires étouffés. Pire, certains pro-posent des nouveaux modes de travail, collaboratif, coopératifs, ou la production appartient à tous.

Ce mouvement met au centre du débat la contra-diction majeure du système capitaliste : l’affronte-ment capital/travail. Il a relégué au second plan les vieilles rengaines sécuritaires et xénophobes alors que l’Union Européenne se montre en dessous de tout vis à vis des réfugiés qui échouent sur nos côtes.

Il fait souffler une brise nouvelle sur une société qui souffre chaque jour un peu plus. Il permet à des millions d’hommes et de femmes, de jeunes de relever enfin la tête.

Sébastien Labordesecrétaire départemental,

et membres du conseil national

NOUVELLE RÉGLEMENTATION TRAVAIL FERROVIAIRE

Le projet de loi El Khomri sur les railsOlivier Dartigolles - PCF

À LA VEILLE DU 9 MARS

La mobilisation étudiante s’inscrit dans la duré

« Profitant des annonces du gouverne-ment sur la réforme du code du travail, le ministère des transports s’active pour accélérer la réglementation dans le domaine ferroviaire.Comme pour la réforme du code du travail, cette orientation a pour unique but la remise en cause totale de la règlementation de travail actuelle des cheminots.Le gouvernement vise un triple objec-tif : allonger la durée de travail, faire de la flexibilité la généralité et répondre aux exigences du patronat.

Nous ne laisserons pas faire.

Qui peut croire que ce texte répond aux objectifs initiaux de la loi du 4

août 2014 ? Cette loi donnait mandat au gouvernement pour fixer les règles relatives à la durée de travail des cheminots susceptibles “de garantir un haut niveau de sécurité des circu-lations et assurer la protection de la santé et la sécurité des travailleurs”. Nous sommes bien loin du compte. (…)Ce projet, qui propose une diminu-tion drastique des périodes de repos tout en augmentant le temps de travail annuel, comme l’amplitude horaire des journées fait peser de graves risques sur la santé des salariés.(…) La sécurité ferroviaire est lourde-ment menacée. Selon l’INRS (institut national de recherche et de sécurité), le risque d’accident augmente de 40 %

en cas d’absence de repos hebdoma-daire de 48 heures.Astreintes, mobilités quotidiennes forcées, protection de la santé et de la sécurité des travailleurs, généralisation du travail de nuit : les fossoyeurs du rail n’ont épargné aucun domaine. Cette déréglementation du travail mise en corrélation avec la suppression des trains de nuit, l’abandon d’une partie des TET et la libéralisation du transport de voyageurs par autocar, a pour objectif de mettre à mort le service public ferroviaire et ainsi de répondre aux volontés des grandes entreprises. (…)Au final, c’est toujours la même ques-tion qui revient : Dans quelle société voulons-nous vivre ? »

Le 9 mars est la date qu’avaient choisie les cheminots pour une grande journée de mobilisation contre la nouvelle règlementation du travail ferroviaire. À Bordeaux à 11h, ils se rassemblaient sur le parvis de la gare Saint-Jean. Les intermittents et les associations de chômeurs étaient, eux, à Pole em-ploi Meriadeck contre les remises en cause du régime d’indemnisa-tion. Enfin, le 9 mars, était la date de la première manifestation contre la loi Travail, lancée sur les réseaux sociaux et très vite investie par une vingtaine d’organisations de jeu-nesse, dans une large unité. C’est pour préparer le rendez-vous de 13h à la place de la Victoire que les étudiants tenaient des assemblées générales, la veille.

À la veille de la manifestation, avec d’autres militants, Théo, de l’Union des étudiants communistes, était à la porte des amphis dès 8h, le mardi 8 mars, sur le campus de la Victoire. « Nous avons diffusé toute la matinée le tract unitaire avec l’appel à la mani-festation de demain. Et nous sommes intervenus dans tous les amphis pour rappeler le contenu de cette loi. Les profs, au minimum, nous ont laissé faire. Leur accueil était plutôt sympathique, il y en a même un qui nous a demandé s’ il pouvait venir. » Théo est souriant, il semble plutôt confiant, bien dans ce qu’il fait en tout cas. « Les étudiants savent pourquoi nous nous mobilisons, les échanges ont été très bons ». Pour lui qui est étudiant depuis 5 ans, c’est le premier mouvement qui part vrai-ment des réseaux sociaux et s’élargit très vite. Il trouve aussi que l’unité entre organisations de jeunesse a été rapide et ça lui fait plaisir. « Parce que les réseaux sociaux ne vont pas mettre

les étudiants dans la rue, cela nécessite de discuter, de convaincre et les organi-sations sont importantes pour ça. Les assemblées générales contribuent aussi à mettre en mouvement. Elles permettent aux étudiants d‘être acteurs des décisions et c’est quelque chose qui manque beau-coup aux gens. »12h30, c’est justement l’heure de l’as-semblée générale, 150 étudiants sont réunis dans l’amphi, ils apprennent qu’ils sont 200 en AG à l’université Bordeaux 3, qu’il y en a eu plus de 500 à Paris 8, 400 à Toulouse Mirail… La mobilisation semble bien partie.Dans l’amphi, Michel, Lucile et Marion sont arrivés ensemble, ils ont 20 ans et des poussières, sont en L1 socio et ne sont pas habitués à battre le pavé mais ils iront à la manifestation et pour joindre l’utile à l’agréable, ils y feront un travail d’observation pour leur cours. Ils espèrent le retrait de la loi, Lucile peut-être un peu plus encore, elle qui cumule les CDD comme agent de sécurité, 20 à 30h par semaine.Un étudiant rappelle les principaux points de la loi : « atomisation du droit du travail », « des décisions locales peuvent effacer les acquis des luttes communes », l’augmentation du temps de travail, la baisse possible des salaires par accord d’entreprise, la limitation des indemnités… bref « un droit à la carte, au profit des patrons ».Vous voyez bien, Mme la députée Delaunay, qu’ils l’ont lue, la loi ! D’ailleurs, ça les énerve beaucoup les étudiants les propos méprisants de responsables politiques et ils le disent. « Dire comme le fait la Ministre Mme El-Khomri que ce serait “absurde” que les jeunes se sentent concerné-e-s par cette loi qu’ils n’auraient pas “comprise”, c’est prendre les jeunes pour des imbéciles »

affirme l’appel commun.« Nous avons bien compris le projet de loi, et c’est pourquoi nous le refusons. Nous refusons de travailler plus (jusqu’à 46 heures par semaine) pour gagner moins. Nous refusons de nous faire virer encore plus facilement pour grossir les chiffres du chômage qui nous touchent déjà particulièrement. Ce refus, nous entendons l’exprimer dans la rue et par le nombre.À dix ans de la lutte contre le CPE, c’est bien le spectre d’une mobilisation massive de la jeunesse convergeant avec celle des travailleur-se-s qui hante le gouvernement. C’est ce qui explique le report de la présentation du projet de loi devant le conseil des ministres. Avant même que nous ne soyons descendu-e-s dans la rue, la peur a déjà commencé à changer de camp ! »D’ailleurs, de camp, il semble bien être question quand témoigne un cheminot de Sud rail sur la réforme du travail ferroviaire ou une intermit-tente sur le régime d’indemnisation ou un chômeur d’AC !. Le fil n’est pas difficile à tisser et l’invitation à faire converger les luttes ne laisse pas indifférent même s’il apparaît néces-saire, dans un premier temps, de se concentrer sur ce qui a déclenché la révolte et peut rassembler largement. C’est donc presque sereinement que l’assemblée générale prend date du prochain rendez-vous à l’issue de la manifestation pour être plus nom-breux et prévoir la suite. Dans les tuyaux, il y a un mot d’ordre national d’assemblée générale le 17 mars et la journée unitaire du 31 mars. Mais il n’est pas sûr qu’ils attendent jusque là pour battre à nouveau le pavé.

Christelle Danglot

Page 4: Nouvelles N° 2141

4 • Les Nouvelles 10 mars 2016

AGRICULTURE

ÉLEVAGE

La pression des centrales d’achats plus forte que jamais

AGROALIMENTAIRE

Les salariés agricoles, autres victimes de la crise

EUROPE

Crise agricole, crise de société

ELEVEURS

Les éleveurs cherchent à s’organiser face aux industriels

La loi de modernisation de l’éco-nomie, votée sous Sarkozy, a donné les pleins pouvoirs aux acheteurs sur la fixation des tarifs. Elle est un des facteurs de crise.

Entamée en octobre 2015, la négo-ciation entre les centrales d’achats des enseignes de la distribution et les entreprises agroalimentaires sur les prix des produits référencés en maga-sin devait se terminer le 29 février. La loi de modernisation de l’économie (LME), votée par les parlementaires de droite en 2008, a donné trop de pouvoir aux acheteurs. Cette loi fut voulue par Michel-Édouard Leclerc et Nicolas Sarkozy, lequel demanda un rapport à Jacques Attali. La com-mission Attali, (…) pompa les idées d’un rapport que l’OCDE venait de produire pour rendre l’économie française plus « compétitive ». Enfin, le rédacteur final du rapport était Emmanuel Macron. (…)Depuis le vote de cette loi, les grandes enseignes ont réduit de moitié le nombre de leurs centrales d’achats. Désormais, elles sont quatre à négo-cier 92 % des parts de marché. Leurs négociateurs profitent de cette longue période de discussion pour faire chanter leurs fournisseurs via la menace d’un déréférencement

en magasin en cas de concessions insuffisantes sur les prix. Depuis octobre 2015, elles prennent prétexte de la baisse mondiale des cours de produits comme le blé, le lait, la viande bovine et la viande porcine, mais aussi le pétrole, pour exiger des baisses de prix de 3 % à 5 %, voire 8 % sur certains produits laitiers. (…)Pour maintenir cette pression sur le prix du lait de grande consom-mation, les centrales d’achats ont augmenté les importations de 16 % en 2015. Elles importent aussi davan-tage de viande de vache laitière de réforme et de viande de porc, histoire de faire chuter les cours à la production. Jouant la duplicité, les enseignes se disent néanmoins favorables à la mise en exergue de l’origine France en magasin, pour peu que les transformateurs jouent le jeu. Plus pervers encore, depuis la mise en place du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), les centrales d’achats demandent parfois à leurs fournisseurs de leur ristourner, sous forme de baisse des prix, 50 % des sommes perçues de l’État au titre du CICE. (…)

Gérard Le Puill l’Humanité du 1er mars

La Fédération nationale agroali-mentaire et forestière de la CGT alerte sur les impacts que pourrait avoir le séisme économique qui frappe l’agriculture pour les sala-riés du secteur.

Et les salariés dans tout cela ? Alors que la crise dure et se généralise dans toutes les filières agricoles, les salariés du secteur tirent eux aussi la sonnette d’alarme. La Fédération nationale agroalimentaire et forestière (Fnaf) de la CGT, épaulée de Philippe Mar-tinez, secrétaire général de la confé-dération syndicale, sillonna le Salon de l’agriculture, à la rencontre des syndicats d’agriculteurs. À la clé, un message essentiel : petits ou moyens exploitants et salariés de l’agriculture ou de l’industrie agroalimentaire, même combat.« Les crises des filières porcines et laitières touchent les éleveurs, mais également des dizaines de milliers de travailleurs, salariés ou non », relève Emmanuel Gruaud, de la Fnaf-CGT. (…) Alors que la FNSEA, syndicat agricole majoritaire, seul du secteur à siéger en tant qu’employeur lors des négociations collectives, re-vendique, pour sortir les éleveurs du bourbier, une baisse des cotisations sociales patronales, la Fnaf-CGT met

le holà. S’aligner sur des pays où la protection sociale est privée pour ne pas dire inexistante ne peut en aucun cas être porté comme une solution, insiste le syndicat. « On ne peut pas à la fois revendiquer une protection sociale de haut niveau et la saper à la base, reprend Emmanuel Gruaud. Au reste, l’exonération fiscale n’a jamais permis de créer d’emplois. » Comme pour les agriculteurs, la clé du pro-blème se trouve dans la revalorisation des prix agricoles et la régulation du marché. « Il faut également repenser les missions de l’agriculture, imposer une alimentation saine, respectueuse de l’environnement, et dont les nations aient pleinement la maîtrise. »L’emploi dans le secteur agricole (pêche et forêt incluses) dépassait, en 2014, les 240 000 salariés, avec ceci de singulier que les CDD tendent à y prendre de plus en plus de place. « 80 % de ces salariés restent payés au Smic », souligne encore Emmanuel Gruaud. Premiers à essuyer les contrecoups des crises qui secouent le secteur, ils continuent pourtant de passer pour invisibles au regard des médias, déplore la CGT, laquelle revendique entre autres une augmen-tation des salaires et la généralisation du 13e mois.

Marie-Noëlle Bertrand l’Humanité du 4 mars

Les agriculteurs, producteurs de lait, éleveurs, expriment depuis des mois, leur révolte, leur détresse. Analyse d’une crise par Michel Marc dans le Travailleur catalan du 19 février.

Depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, les images apparaissent, récurrentes, d’agriculteurs mani-festant leur colère et leur désespoir. Une immense question est posée, finalement peu ou mal traitée par l’information. Quelle agriculture, dans quel monde, avec quels acteurs ?Quelques réponses convergentes, parues dans le journal l’Humanité, éclairent la question.Le président du Modef, Jean Mou-zat, résume ainsi la problématique d’aujourd’hui : « Nous sommes à la croisée des chemins, entre un système agricole libéral, basé sur des fermes usines appartenant à des investisseurs extérieurs qui ont pour but de casser les coûts de production (…) et un système agricole familial, basé sur des exploitations à taille humaine où les agriculteurs sont maîtres de leurs outils de production et s’ insèrent dans la vie

d’un territoire. L’élément clé entre ces deux système est le prix ». Il poursuit en s’interrogeant : « Voulons-nous que les agriculteurs puissent vivre de leur travail en obtenant un prix qui les rémunère ou cherchons-nous à ce que les agriculteurs s’adaptent à un marché mondial ultralibéral qui fait la course au moins disant ? »Plus loin, il explique : « La PAC 2014-2020 a abandonné, a démantelé des outils de régulation des prix et des mar-chés (quotas, fixation des prix…) au nom de la libre concurrence et du libre marché (…). Or pour agir sur les prix, il faut enfreindre les règles de la libre concurrence ». Il termine en accusant le système : « Le marché est dirigé par les multinationales de l’agroali-mentaire et de la grande distribution. Du fait de leurs tailles et des volumes traités, elles imposent aux exploitants leurs prix et leurs conditions d’achat ». Laurent Pinatel, de la Confédération paysanne, ne dit pas autre chose. Il pose la question : « Pourquoi avoir menti à ce point ? Pourquoi industriels et pouvoirs publics se sont-ils donné la main pour s’assurer de la disparition de centaines de milliers de paysans ? ». Et il explique : « Tout le secteur agricole

n’est pas en crise. L’Agrobusiness se porte bien, très bien même (…). En fait, tout va bien, sauf pour les milliers de paysans qui disparaissent, sauf pour l’alimentation qui se dégrade, sauf pour les territoires qui se vident, sauf pour les sols qui s’ épuisent, sauf pour le climat qui se dérègle ! ».

L’enjeu alimentaire interpelle nos civilisations. L’agriculture est affaire citoyenne

Laurent Pinatel en appelle à la lutte : « On peut encore se battre, les pouvoirs publics peuvent encore prendre leurs responsabilités… les citoyens peuvent se mobiliser pour leur alimentation. Nous n’avons pas besoin de milliards en plus pour stopper la crise, nous avons besoin d’une réelle politique agricole et alimentaire. L’agriculture n’est pas l’affaire des paysans face aux agrobusinessmen. C’est une affaire de démocratie ! » De son côté, Xavier Compain, chargé de l’agriculture au PCF, développe les enjeux d’au-jourd’hui, qui touchent à l’écono-mique, au social, au politique et, au bout du compte, au philosophique : « Un vaste plan social qui n’en porte pas le nom guette les producteurs et, plus globalement l’ élevage français. (…). C’est donc vers un autre chemin, celui du progrès humain, de l’appropriation sociale, des biens communs qu’il faut faire route, avec courage (…). À tous les niveaux, monde, Europe, France, les politiques agricoles et alimentaires doivent planifier la production, se réapproprier la régulation des marchés et accompagner la transition écologique de l’agriculture. En France, repenser le territoire est devenu indispensable ».

Comment s’organiser pour faire le poids face aux industriels ? À l’heure où Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, se disait sur Europe 1, décidé à mettre les industriels au pas pour en finir avec « la spirale insensée sur le prix du lait », les éleveurs lai-tiers, eux, se retrouvaient au Salon de l’agriculture pour causer stratégie. « Les contrats signés avec les laiteries arrivent à terme », notait Yves Sau-vaget de la Confédération paysanne, lors d’un débat organisé sur le stand du syndicat. « Ils seront renégociés dans les prochains mois. » Sur quelle base ? C’est là toute la question.

La fin des quotas laitiers européens est intervenue le 1er avril dernier

Lancée en 2011 sous l’impulsion de Bruno Le Maire, alors ministre de l’Agriculture, la contractualisation visait à lier un éleveur avec une entre-prise de transformation (fromages, yaourts, etc.), via contrat donc, et sur une durée de cinq ans. Il s’agis-sait, dans l’anticipation de la fin des

quotas laitiers européens (intervenue le 1er avril dernier), de garantir une stabilité des volumes à produire.Dans la foulée étaient créées des organisations de producteurs (OP), visant à leur donner plus de pouvoir face aux industriels. « Le problème, c’est que ces derniers ont mis la pression pour que ces OP s’organisent de façon verticale », reprend Yves Sauvaget. Autrement formulé, chacune d’elle rassemble des producteurs rattachés à une seule et même entreprise. Difficile, dans ces conditions, de négocier un prix. D’autant que « les OP se sont multipliées : on en compte plus de cinquante », note le syndicat Coordination rurale. « Or, pour être efficaces, nous avons besoin de nous rassembler. »Saisir l’opportunité des renégo-ciations de contrats pour revoir ce système ? C’est l’idée partagée par nombre de syndicats d’éleveurs, lesquels plaident pour un rassem-blement par bassins de production. « Cela permettrait de nous massifier

autour de neuf bassins et de nous donner plus de forces », relève Yves Sauvaget. Le ministère de l’Agri-culture soutient l’idée. Reste que cela ne suffira pas, relève Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, syndicat rattaché à la FNSEA. « Il faut qu’industriels et politiques disent clairement la voie qu’ ils entendent suivre : celle de l’ultralibéralisme qu’ont empruntée les pays de l’Europe du Nord, ou celle du modèle social “à la Française”. » Surproduire ou mettre en adéquation l’offre avec la demande, en valorisant le produit. « Quand je dis ça à mes collègues du Copa-Cogeca (1), je passe pour un communiste », s’amuse-t-il, soulignant lui-même l’ironie de la chose.

Marie-Noëlle Bertrand, l’Humanité du 2 mars

(1) Confédération de syndicats agricoles européens à tendance libérale, dont fait partie la FNSEA.

Les jeunes éleveurs en colère lors de la visite de François Hollande au Salon de l’agriculture, le 27 février.

Page 5: Nouvelles N° 2141

Les Nouvelles 10 mars 2016 • 5

AGRICULTURE

ÉCONOMIE AGRICOLE

Après le Salon, la crise continueCIRCUITS COURTS

L’agriculture en ville

PCF SUR LE SALON

Construire des solutions avec les éleveurs

Les exposants et leurs bêtes de concours sont rentrés dans les fermes après 9 jours passés à Paris. Mais les prix des céréales et des produits de l’élevage, trop bas depuis de longs mois, ne devraient guère remonter d’ici la fin du prin-temps. La France paie désormais la facture de la mondialisation des échanges agricoles.

Le Salon de l’Agriculture a fermé ses portes dimanche soir après avoir accueilli quelques 611 000 visiteurs pendant neuf jours. Ce que son président, Jean-Luc Poulain, estime être un bon résultat « dans le contexte sécuritaire de l’après 13 novembre et celui des crises, économique en général et agricole en particulier. En raison d’une crise des débou-chés, les journaux, les radios et les télévisions ont davantage parlé du Salon que les autres années. Dans une partie de la presse écrite, quoti-dienne et hebdomadaire, ont surgi des commentaires de journalistes économiques, ignorant tout de la spé-cificité de l’économie agricole mais prétendant néanmoins donner au monde paysan la marche suivre pour gagner de la « compétitivité » face à la concurrence. Sans voir que, dans ces productions très particulières, une offre de marchandises supérieure de 2 ou 3 % à la demande solvable est utilisée par les opérateurs de l’aval

pour faire chuter les cours de 20 à 30 %, voire plus.Le chef de l’État et les membres du gouvernement s’étant fait conspuer, les dirigeants de la droite ont tenté de caresser le monde paysan dans le sens du poil, se gardant bien de recon-naître que la crise actuelle vient de loin et qu’ils y ont plus que leur part de responsabilité. Cette crise vient d’abord de l’inclusion de l’agriculture dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette inclusion fut acceptée par la France du temps où Jacques Chirac était le Premier ministre de François Mitterrand, dans le cadre de l’Uruguay round en cours de négociation. François Guillaume, ancien président de la FNSEA, était alors ministre de l’Agriculture et espérait que l’agricul-ture française gagnerait des parts de marché partout dans le monde pour son blé, ses viandes et ses produits laitiers. Il avait sous-estimé la baisse des droits de douanes aux frontières de l’Europe pour les produits des pays tiers et la fin des restitutions que Bruxelles versait aux exportateurs européens de poulets, de viande por-cine et de certains produits laitiers.La crise agricole vient de là, amplifiée par l’entrée dans l’Union européenne des pays d’Europe centrale et par les accords bilatéraux de libre échange négociés depuis entre la Commission européenne et des pays tiers avec le consentement de la France. Du coup,

l’Europe dispose de moins d’outils qu’il y a trente ans pour résoudre une crise agricole comme celle qui mal-mène le monde paysan aujourd’hui. D’où la colère des agriculteurs contre des décideurs politiques devenus inefficaces. Sur ce salon aussi les critiques ver-bales n’ont pas manqué contre Xavier Beulin, président de la FNSEA, de la part de commentateurs comme de certains dirigeants politiques. (…)Avec Xavier Beulin à sa tête comme avant lui, la FNSEA a toujours pratiqué un syndicalisme d’accom-pagnement des politiques mises en œuvre en Europe et en France, pra-tiquant aussi du lobbying à Bruxelles comme à Paris. Mais les temps ont changé. D’autres syndicats paysans comme la Confédération paysanne, la Coordination rurale et le MODEF contestent cette orientation et ils ont raison. Avec ses nombreuses asso-ciations spécialisées par filière de production dont plusieurs veulent produire toujours plus pour l’expor-tation dans une démarche produc-tiviste et gourmande en intrants, la FNSEA a besoin de se remettre en question. Mais cela relève avant tout de la responsabilité de ses militants qui ont aussi le droit exclusif d’élire leurs dirigeants. (…)

Gérard Le Puill l’Humanité du 7 mars

La volonté des paysans de tenir bon face à l’agro-industrie et la prise de conscience des consom-mateurs sur la qualité des produits et leurs conditions de production ont convergé dans le développe-ment des « circuits courts ». La vente directe de produits agricoles a pris diverses formes. En milieu rural, sur site de production ou sur les marchés, les producteurs ont retrouvé une clientèle et de justes prix. Du rural vers l’urbain, les amap*, les ruches, les drive fermiers ou les coopératives agri-coles ne cessent de se développer. C’est maintenant, au cœur même des zones urbaines que fleurissent les initiatives de production, Bor-deaux et sa métropole ne sont pas en reste.

Aquaponie (aquaculture qui asso-cie culture de végétaux et élevage de poissons), jardins en lasagnes (technique de culture sur sols in-grats), cultures d’insectes ou de fleurs comestibles… L’agriculture urbaine est une forme émergente de pratiques agricoles en ville qui recouvre différents types de pro-duction d’intérêt économique local, de plantes, de champignons ou d’animaux sur le territoire urbain ou péri-urbains. À Bordeaux et en métropole, plu-sieurs initiatives et projets ont vu le jour. À tel point qu’en juin 2015, a été organisée la première Journée d’agriculture urbaine animée par le Réseau d’Agriculture Urbaine (RES’A.U.) et la Zone d’Agriculture Urbaine Expérimentale (ZAUÉ) qui héberge déjà des initiatives comme la ferme Niel de Biapi (un jardin expé-rimental de plus de 1 000 m2 niché parmi les 36 ha de l’ancienne caserne Niel sur la rive droite bordelaise), Biz Biz Eco (essaimage de ruches dans la Métropole bordelaise et actions pédagogiques), Nature et potager (réalisation et vente de mini-potagers à Bordeaux et Bègles). L’enjeu pour ces structures est de mettre en réseau les initiatives et de réfléchir aux pos-sibilités de mutualisation des moyens humains, techniques et financiers.

Un jardin suspendu

Parmi les initiatives récentes, un jardin suspendu a vu le jour au 2 rue Paul Bert, au cœur du centre ville de Bordeaux, dans un ancien bâtiment art déco. Le centre social et culturel du Réseau Paul Bert y a fait émerger un véritable écosystème agro-écologique.Six ruches profitaient déjà depuis 2012 de cette toiture terrasse de 140

mètres carrés ; désormais s’y loge un jardin permaculturel composé de 5 bacs de plantations en carré ainsi qu’un poulailler. Perché à 27 mètres d’altitude, il est ouvert et accessible à qui le souhaite par le biais d’ateliers mis en place pour tous les âges. Le centre social et culturel avait déjà impulsé des aménagements végétali-sés généreux au pied de l’immeuble et un vermicomposteur collectif.

Jardins-potagers étudiants

Sur le campus de Bordeaux de Pessac-Talence, des jardins-potagers étudiants ont été réalisés : celui d’Ap-pellation Origine Campus (AOC) et celui de L’Astragale et la Fourmi.Ils sont censés être une réponse à « certaines dérives de notre société, renforcées par les grandes villes et la pré-carité étudiante : malbouffe, gaspillage, agriculture irrespectueuse de la nature, pollution de l’environnement, etc. » À défaut d’apporter des solutions, au moins prétendent-il « enclencher des réflexions », « recréer du lien entre étudiants et la terre ».« D’où vient cette nourriture qui est dans nos assiettes ? Comment est-elle produite ? Où vont ces déchets dont nous croyons voir la disparition dans des sacs poubelles ? C’est cette conscience des éléments qui nous entourent (graines et fruits, compost et humus, etc.), leur cycle de vie du début jusqu’à la fin puis au recommencement », que ces associations entendent ranimer.

Une ferme coopérative

Autre exemple trouvé dans la syn-thèse de la Journée d’agriculture urbaine, une ferme urbaine, sur 1 500 m2, située entre un parc muni-cipal et une zone d’activités, que la ville mettrait à disposition contre 10 interventions pédagogiques/an.La ferme est permaculturelle à voca-tion pédagogique et de production (petits fruits, légumes et fruits, fleurs comestibles, aromates). Des activités de poulailler (poules pondeuses), compostage et des ruches à vocation essentiellement pédagogique sont également développées. La produc-tion est vendue à des restaurateurs pour les produits à haute valeur ajoutée (petits fruits, légumes rares, fleurs et aromates) et sous forme de paniers à des citoyens (1/3 provenant de la ferme (œufs et légumes) et 2/3 provenant de partenariats extérieurs).

* Les AMAP - Associations destinées à favo-riser l’agriculture paysanne et biologique. Les consommateurs s’engagent à acheter la production des paysans à un prix équitable et en payant par avance. Ils retirent leur panier une fois par semaine dans un point relai.

Au Salon de l’agriculture, le PCF veut redonner sa place à la rému-nération du travail paysan.

Le Salon de l’agriculture a fermé ses portes hier. Mais la détresse que subissent de nombreux agricul-teurs demeure. Et des perspectives doivent être trouvées. C’est dans cet objectif que le Parti communiste français (PCF) a invité les acteurs du monde agricole pour entendre leurs revendications et développer des propositions.Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine (FNB) et représentant d’Interbev, a dressé la situation de l’élevage français avec gravité : « La dérégulation des quotas laitiers a entraîné avec elle la dérégula-tion de la filière viande. » « La France

a la particularité d’avoir un troupeau de vaches laitières et un autre com-posé de races à viande. C’est inédit en Europe », précise-t-il. Dans les autres pays, 80 à 90 % de la viande bovine consommée est issue du troupeau lai-tier, pour seulement 40 % en France. Jean-Pierre Fleury ajoute que les prix bas payés aux producteurs de lait les forcent à vendre leurs bêtes à l’abat-toir. Ces dernières viennent alors augmenter les volumes de viande sur le marché et font donc baisser les prix aux producteurs. « Dans le même temps, la restauration collective, qui est un segment du marché non négligeable, se fournit à 70 % en viande étrangère en raison des critères du moins-disant contenues par les appels d’offres, tem-pête-t-il. Il faut ajouter que dans les négociations commerciales permises par

la loi de modernisation de l’ économie (LME), ce sont les distributeurs et les industriels qui font leurs affaires, laissant les éleveurs au milieu du gué. » Jean Mouzat, président du Modef (Mouvement de défense des exploi-tants familiaux) et lui-même éleveur, partage ce constat, mais alors que la FNB peine à se départir de sa volonté de conquérir des parts à l’export et gagner en compétitivité, le Modef veut redonner les moyens de produire et de vivre de leur travail aux petites exploitations, « qui façonnent et font vivre les territoires ruraux, tout en produisant de la qualité ». Une qualité que l’on ne peut brader sur l’autel de l’économie, pour Pierre Laurent. Le premier secrétaire du PCF propose de revoir les codes des marchés publics afin d’ouvrir des débouchés dans la restauration collective, et veut répondre également aux légitimes revendications de rémunération du travail paysan en proposant en France, à travers un projet de loi, la mise en place de prix planchers éta-blis lors de conférences annuelles, et au niveau européen, avec les députés du Parti de la gauche européenne (PGE), le développement d’outils de gestion et de planification.

Olivier Morin, l’Humanité du 7 mars

Page 6: Nouvelles N° 2141

6 • Les Nouvelles 10 mars 2016

EUROPE

CALAIS

Le gouvernement face à ses mensonges

ROYAUME-UNI

L’autre Europe de Jeremy CorbynThomas Lemahieu, mercredi, 2 mars, 2016, l’Humanité

IRLANDE

L’eau, carburant du changementUNION EUROPÉENNE

Cachez ce réfugié que je ne saurais voir…Éditorial de Maud Vergnol, l’Humanité du 7 mars

Les associations d’aide aux réfugiés de Calais dénoncent le démantèle-ment brutal du bidonville et son inefficacité.

Un même rituel a marqué la semaine, dans la zone sud du camp des réfugiés de Calais voué au démantèlement. Des coups frappés à la porte d’une cabane et les mots de l’expulsion qui claquent : « Vous avez cinq minutes pour prendre vos affaires et partir. » Suit la destruction de la baraque. Quatre jours après une décision de justice validant l’évacuation de la moitié sud de ce bidonville, l’État a entamé, lundi 29 février, le démantèlement du camp, dans un climat tendu qui a dégénéré en heurts avec la police. Ce n’est pourtant pas comme cela que les choses devaient se passer. Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, lui-même, s’était engagé à ce que le démantèlement de la « jungle » se déroule progressivement pour permettre qu’une solution soit

proposée à chaque réfugié et que tous soient mis à l’abri. Alors que le démantèlement se poursuivait, sous haute surveillance policière, les associations, dans une déclaration commune, ont dénoncé le mensonge d’État. « On jette des gens dehors sans alternatives suffisantes. Les solutions ne sont pas là, s’alarme François Guennoc de l’Auberge des migrants. On ressort aujourd’hui d’anciennes tentes de la sécurité civile, inondées, inhabitables. » L’association, qui distribue trois mille repas par jour, doute sérieusement des capacités de prise en charge de tous ceux qui le souhaitent par les centres d’accueil et d’orientation (CAO) mis en place par les autorités.Le gouvernement avait annoncé la création de mille places supplé-mentaires dans ces centres destinés aux demandeurs d’asile en France, les associations se demandent bien comment elles ont été créées si rapide-ment. Elles s’interrogent surtout sur le devenir des personnes qu’elles ont vues partir seules, leur sac à bout de bras.

Refusant de partager les tribunes anti-Brexit (anti-sortie de l’Europe) avec Cameron, le leader du Labour se tourne vers la gauche anti-austé-rité en Europe.

Mi-février, contre la promesse de s’en-gager dans la campagne référendaire pour le maintien d’un Royaume-Uni « plus fort » dans une Union euro-péenne « réformée », David Cameron, le premier ministre britannique, a arraché à Bruxelles un accord consa-crant les discriminations entre les travailleurs européens et gravant un peu plus dans le marbre la dimension strictement néolibérale de l’Union européenne. Le dirigeant travailliste, Jeremy Corbyn, élu triomphalement sur une ligne anti-austérité à la tête du Labour en septembre dernier, a d’abord affirmé : « David Cameron trompe le monde en parlant d’un “ frein d’urgence” sur les allocations versées aux migrants européens qui viennent travailler au Royaume-Uni. Il n’est pas du tout évident que cela agisse comme un frein à l’ immigration, cela ne ramènera pas un centime dans les poches des travailleurs britanniques et cela n’arrêtera pas la pression à la baisse sur les salaires par l’exploitation des travailleurs migrants. »Quelques jours plus tard, c’est sur le terrain des « libéralisations » obte-nues par Cameron lors du sommet européen des 18 et 19 février qu’il se place. Le Labour est engagé dans la campagne commune officielle des opposants au Brexit. Celui-ci incarne les noces entre les affaires et les

conservateurs dont le porte-parole est Stuart Rose, ancien patron de Marks & Spencer. Jeremy Corbyn prend nettement ses distances : pas question pour lui de partager une tribune avec le locataire du 10 Downing Street lors de la prochaine campagne référen-daire ! « Nous ne sommes pas du tout du même bord, explique-t-il. Cameron veut une Europe du marché libre. Son programme à lui, c’est tout le contraire du mien ! Moi, je veux voir advenir une Europe qui protège notre environnement et qui assure le développement de nos industries, telles que la sidérurgie, de hauts niveaux d’emploi et de protection sociale. » N’hésitant pas à s’en prendre directement aux vents xénophobes que font souffler violemment les partisans du Brexit, mais aussi ses adversaires conservateurs, Corbyn accuse Cameron de se désintéresser totalement de la crise humanitaire des réfugiés sur le continent. « Au XXIe siècle, la moindre des choses que nous devrions faire, c’est de sortir de ces mentalités et aider ces gens en trouvant une solution politique, en soutenant le gouvernement grec dans ce qu’il essaie de faire et en mesurant nos responsabilités dans toute l’Europe. »D’un point de vue global, pour Jeremy Corbyn qui, ces dernières semaines, s’est affiché aux côtés d’Alexis Tsipras et du premier ministre portugais An-tonio Costa, et qui vient de faire savoir que Yanis Varoufakis, l’ex-ministre des Finances grec, allait le conseiller sur « certaines questions », les socialistes européens doivent forger une alliance avec Podemos, Syriza, Die Linke, le Sinn Féin - qu’il cite - et les partis

de la gauche radicale rassemblés au Parlement européen dans le groupe GUE-NGL.

Conséquences d’un Brexit sur le modèle européen ?

Pour Philippe Marlière, politiste, Uni-versity College London, il n’est pas sûr que le Brexit permettrait le retour de politiques redistributrices en Europe. « Le Royaume-Uni est déjà exempté des rares mesures sociales communautaires (la directive sur la semaine plafond de 48 heures). Il est également difficile de croire que la défense des services publics serait mieux assurée en dehors de l’UE. Dehors ou dedans, Cameron pourrait privatiser librement le service national de santé. Le premier ministre est un partisan du traité transatlantique avec les États-Unis. Si le Royaume-Uni quittait l’UE, rien n’empêcherait le gouvernement de signer ce traité com-mercial controversé. L’Écosse et le pays de Galles, pays sociaux-démocrates, vont majoritairement s’opposer au Brexit, comme la grande majorité des syndicats. Jeremy Corbyn et le Parti travailliste vont aussi recommander le statu quo, tout en essayant de construire un front anti-austérité en Europe. Une partie de la gauche européenne s’ illusionne sur les vertus du Brexit, et commet un contresens : cette campagne ne porte pas sur la nature des politiques à mener, mais sur le processus décisionnel, ce qui est en jeu, c’est la forme, pas le contenu des politiques. Le combat contre les politiques austéritaires sera le même dedans ou en dehors de l’UE et, dans les deux cas, cette lutte s’annonce difficile. »

Après la gifle des législatives pour les sortants, la taxation de l’eau courante, mesure phare de la cure d’austérité, pourrait être abolie.

Début février, Alan Kelly, ministre travailliste de l’Environnement dans la coalition rassemblant les conser-vateurs du Fine Gael et les sociaux-libéraux du Labour, candidat aux élections législatives dans le comté de Tipperary, était catégorique : « Les factures sur l’eau ne sont pas du tout un enjeu essentiel pour les gens. » Quelques jours plus tard, Larry, un militant du Sinn Féin, le parti républicain de gauche pleinement engagé dans les luttes sociales, ratisse un petit lot de maisons ouvrières dans la banlieue sud de Dublin et, au cours du porte-à-porte - le mode majeur d’intervention politique dans les campagnes électo-rales en Irlande -, il prend les paris en cognant le heurtoir : « Ici, c’est sûr, ils participent au boycott, je suis sûr qu’ils ne payent pas la taxe sur l’eau courante, lance-t-il. Les gens sont écœurés par ce gouvernement qui veut nous faire payer un bien commun aussi essentiel que l’eau, toujours gratuite jusque-là, alors qu’ils maintiennent les impôts sur les sociétés à un taux totalement dérisoire de 12 % et qu’ils cajolent les multinatio-

nales avec leur système d’évasion fiscale dit du double irlandais ! »

« Un gros enjeu pour les gens »

Vendredi dernier, à l’occasion des élec-tions législatives, le peuple a tranché entre ces représentations concurrentes. À Tipperary, les candidats du Fine Gael ont été éliminés et Alan Kelly n’a été élu que d’extrême justesse, devancé par plusieurs candidats par-tisans de l’abolition de la taxation de l’eau courante, la mesure phare de la cure d’austérité imposée aux Irlandais par le gouvernement sortant. Dans les circonscriptions de la capitale, le Labour a quasiment disparu, et les élus de la gauche anti-austérité - membres du Sinn Féin, de l’Anti-Austerity Alliance-People Before Profit ou « indépendants » de gauche radicale - ne sont pas loin, au total, d’obtenir une majorité des sièges…C’est l’histoire d’un mouvement profond qui, à partir d’une lutte symbolique portée directement par les citoyens via une « grève » du paiement des factures d’eau et coordonnée par la coalition Right2Change (« droit au changement ») rassemblant syndicats et partis politiques de gauche radi-cale, a chamboulé comme jamais un paysage politique irlandais plutôt

conservateur et modéré. En milieu de semaine dernière, le pre-mier ministre sortant, Enda Kenny, a fini par lancer : « Les citoyens devraient continuer à payer leurs factures. » The Irish Times, le journal « de référence », tente de désamorcer la bombe en insistant sur le coût du retour en arrière - 7 milliards d’euros -, mais cela n’effraie plus personne. « C’est un leurre, condamne Richard Boyd Barrett, député People Before Profit. La question, c’est de savoir comment on finance les infrastructures de l’eau, et ça, on peut le faire par un impôt beaucoup plus progressif qui aille chercher l’argent chez les plus riches… » Vice-présidente du Sinn Féin, Mary Lou McDonald souligne que plus de 400 000 électeurs ont voté pour les candidats alignés sur la plateforme de Right2Change. « Maintenant que le gouvernement Fine Gael-Labour a été chassé, les factures d’eau doivent suivre la même trajectoire, argumente-t-elle. Nous avons milité pour leur abolition et nous ne participerons à aucune opération qui consisterait à les main-tenir aujourd’hui ou à les réinstaller demain. »

Avec l’Humanité du 3 mars

« Souvenez-vous. Jean-Claude Juncker jurait la main sur le cœur que l’Europe allait tout mettre en œuvre pour accueil-lir dignement les migrants, en lançant en septembre un plan d’urgence fondé sur l’accueil des réfugiés et la solidarité entre les États membres. Six mois plus tard, le plan n’a absolument pas été respecté. Pire, les États membres se livrent désormais à un concours de lâcheté en se retranchant derrière les frontières nationales, laissant les corps de femmes, d’hommes, d’enfants fuyant les guerres s’échouer sur les rives de l’Europe forteresse.Les dirigeants européens devraient rou-gir de honte quand le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme est obligé de leur rappeler que dresser des murs “ face à l’afflux de ces gens déses-pérés est un acte de cruauté”. Au lieu de cela, les États s’entêtent dans une fuite en avant sécuritaire aussi inefficace qu’in-humaine. Des pays de l’Union s’essuient les pieds sur l’espace Schengen sans que les institutions européennes, pourtant si autoritaires pour imposer l’austérité, y

trouvent à redire. La liberté de circu-lation oui, mais pour les capitaux, pas pour les êtres humains. Cette situation tend à l’Union européenne un miroir bien peu reluisant, sur lequel déferlent le chacun pour soi et les vieilles obsessions identitaires. Les réfugiés sont présentés comme des “profiteurs” de l’aide sociale menaçant “l’ identité nationale”, des voleurs d’emplois, voire des terroristes en puissance.Seule la Grèce, pourtant essorée par l’austérité, fait preuve d’une solidarité exemplaire, alors que l’Europe fait peser sur ses frêles épaules le confinement des réfugiés sur son sol, s’ imaginant ainsi pouvoir se débar-rasser à peu de frais du “ fardeau” des migrants. Ce sera encore le cas au-jourd’hui, avec le sommet exceptionnel organisé à Bruxelles, où la Turquie est invitée à faire le sale boulot. L’UE s’en remet donc à Erdogan, devenu, pour une poignée de dollars et quelques compromissions, le nouveau gardien de l’Europe forteresse… »

Plusieurs jours de suite, des iraniens se sont fait coudre les lèvres en public pour protester contre leur sort tandis que la semaine d’évacuation s’achevait sur l’amertume des réfugiés et des bénévoles de associations.

Page 7: Nouvelles N° 2141

Les Nouvelles 10 mars 2016 • 7

PCF

BASSENS. Notre camarade Gratien Poydessus est décédé dimanche 6 mars à l’hôpital Robert Picqué. Ses camarades de travail à Everitube, du comité de chômeurs de l’UL-CGT de Bassens, ses camarades anciens combattants, ses amis de l’ACO, du pays basque et de Gironde, les communistes de Bassens et giron-dins seront nombreux à l’accompagner le 10 mars lors de ses obsèques à l’église Saint-Pierre-de-Bassens, où la célébration sera présidée par Antoine Brethomé, prêtre ouvrier. Avant que sa maladie ne l’en empêche, Gratien était un militant actif et un fidèle « plieur du jeudi » de l’hebdo Les Nouvelles. La Fédération de la Gironde du PCF, Les Nouvelles de Bordeaux, ses camarades de pliage expriment leur peine partagée et toute leur sympathie à Guillaume et Cyril, ses deux fils, ainsi qu’à tous leurs proches.

BÈGLES. Les amis et camarades de Christophe Latorre, disparu le 16 mars, lui rendront hommage samedi 12 mars à 11h30 au cimetière de Bègles. Ils dépo-seront sur la tombe familiale une plaque commune du PCF et de l’UL-CGT. Ils se retrouveront ensuite dans les locaux de l’union locale autour d’un verre, puis au siège de la section autour d’un repas « auberge espagnole », chacun amenant son panier à partager. Christophe aurait apprécié cette manière simple de se retrouver pour penser à lui.

Carnet

27E CONGRÈS

Le débat et l’action se poursuivent

La première phase du congrès s’est achevée le 6 mars avec l’adop-tion par le Conseil national de la proposition de base commune travaillée par la commission des textes. Mi-février, plus de 10 000 camarades avaient participé à des

réunions pour débattre des enjeux du congrès, dans des conseils départementaux, des assemblées générales de sections ou des réu-nions spécifiques sur le texte « La France en commun ».

Le site internet congres.pcf.fr a reçu 24 000 visites, dont 13 000 de visi-teurs différents, et près de 300 contri-butions ont déjà été déposées, nombre qui n’avait été atteint qu’à la veille du précédent congrès national. La mobilisation des communistes dans les débats, à trois mois du congrès, est donc importante.Un numéro spécial de la lettre d’infor-mation des communistes visant à présenter le projet de base commune de discussion proposé par le Conseil national sera disponible cette semaine. C’est à partir des trois textes qu’elle contient que les communistes vont poursuivre le débat et l’action pour construire le projet, les décisions du PCF pour 2017 et les transformations du parti.

AMICALE DES VÉTÉRANS

PermanencesNouvellement re-constituée, l’Amicale des Vétérans du PCF 33 tient une assemblée des adhérents-tes tous les derniers mercredis de chaque mois.

Tous les mercredis, à partir du 2 mars, les membres du bureau nouvellement élu, vous reçoivent au siège de la Fédération, 15, rue Furtado à Bordeaux.

Tél. 05 56 91 45 06

SouscriptionIls ont donné un total de 270 €Mme BRICHOT Danielle, St-Denis-de-PileMme TEXIER Christine, BèglesM. LAVERGNE Jean, BèglesM. BECHART Yves, Bègles

Mme CHASSEING Hélène, BèglesMme DOUAT Monique, BèglesM. LALINDE Jean-Paul, Bègles

PCF GIRONDE

Débat

Sébastien Laborde et Sophie Elorri (PCF 33), avec la participation deMaïté Mola, vice-présidente du Parti de la gauche euro-péenne (PGE) et membre d’Izquierda Unida (Espagne), Frédéric Boccara, économiste, dirigeant du PCF,

Jean-Luc Gasnier, membre de ATTAC 33, et

Olivier Sorce, syndicaliste cheminot.

À Bègles, salle Jean Lurçat, le 16 mars à 20h

Comment les démocraties euro-péennes, les peuples européens peuvent-ils déjouer les coups d’état financiers ?

PCF LES RIVES DE DORDOGNE

Repas du 19 marsPoule au pot, salle des fêtes de Lamothe Montravel

AG BÈGLES

Débattre, écouter pour être entendus

Réunis en AG le 29 février, une trentaine de camarade a débattu de l’actualité, de la situation politique et accueilli quatre des nouvelles et nouveaux adhérents-tes de la section.

Des camarades ont exprimé leurs inquiétudes face à la situation inter-nationale dans un contexte de guerre avec l’engagement de deux grandes puissances (USA/Russie). S’il est « difficile d’en discuter car la situation est très complexe », ces camarades sou-haitent une solution politique pour la paix par le biais de l’ONU, d’en finir avec l’OTAN, travailler à de nouvelles relations internationales.« Faire vivre l’espoir et l’utopie commu-niste pour le bonheur dans le monde » dira l’un, et « prendre des initiatives, organiser la solidarité avec des débats, des concerts », en particulier « en lien avec le conflit israélo-palestinien » dira une autre. S’appuyer aussi sur les solidarités qui s’expriment sur les migrants.En France, les camarades jugent « la période très sombre » mais se réjouissent de la montée des luttes contre la réforme El Khomri (pétition, rassem-blement…) sur le Travail : « La réac-

tion peut porter un projet alternatif » à condition « d’aider à passer du virtuel à l’action concrète et sur le long terme ».Mais c’est une bouffée d’espoir. Les camarades qui ont distribué le tract du PCF devant la Poste soulignent l’inté-rêt des jeunes. Il s’agit de « combattre les idées reçues » et de discuter avec les gens « à partir de leur situation ». « Pour être entendus, il faut d’abord écouter » dira une camarade. Pour aller débattre, le besoin de formation se fait sentir de plus en plus fort. Par exemple sur le Travail, les camarades ont besoin de s’approprier les propo-sitions du PCF.La situation politique créée par le lancement d’un appel aux primaires ont créé de la surprise sur « notre enga-gement apparent dans une primaire » et de la colère sur « la candidature solo de Mélenchon ». La Présidentielle n’est pas notre « tasse de thé », notre énergie doit se porter « sur les législatives. » Les primaires « renforcent la délégation de pouvoir, le présidentialisme et la personnalisation », ce que nous combattons. S’ensuivent beaucoup de questions et des avis divers : « Dans l’ imbroglio actuel à gauche, la candidature Mélen-chon peut-elle être une issue ? » « Après

les régionales, la page du FdG est-elle tournée ? » « Le FdG a échoué dans son élargissement populaire ». « Arrê-ter de se laisser porter par les élections successives, travailler sur le long terme. »Si la direction nationale « n’a pas décidé des primaires », sa réaction est prise pour « ne pas être à l’écart du débat et saisir l’occasion pour donner des conte-nus d’abord » par certains. Toutes ces questions vont continuer à se débattre dans les réunions par grands quartiers (5) et 3 AG de la section par thèmes, afin d’y associer le maximum de communistes.Une camarade insistera sur l’impor-tance de continuer à être « sur le terrain ». le 8 mars, les communistes béglais offiront 960 oeillets rouges « des droits » pour les femmes, avec un tract/propositions devant les écoles, les entreprises. D’autres seront dans le rassemblement pour l’hôpital public Robert Picqué. Le 9 mars, nombreux seront dans les rassemblements à Bor-deaux avec les cheminots, les jeunes, les salariés, les privés d’emploi. Le 16 mars, ils participeront au débat « pour une Europe des peuples contre la dictature de la finance » initié par le PCF Gironde.

Page 8: Nouvelles N° 2141

8 • Les Nouvelles 10 mars 2016

AVIS DE CONSTITUTION

Aux termes d’un acte SSP en date du 18/02/2016, il a été constitué une so-ciété dont les caractéristiques sont les suivantes :Dénomination : RéseaulutionForme : SASUObjet social : Agence de communication et évènementielsSiège social : 245 rue Lecocq 33000 Bor-deauxCapital : 2 745 € Durée : 99 ans à compter de son immatri-culation au RCS de BordeauxPrésident dirigeant, associé actionnaire unique : M. THIBAUT Jean-François, de-meurant 245 rue Lecocq 33000 Bordeaux

Pour avis,

Avis est donné de la constitution d’une société présentant les caractéristiques suivantes :Dénomination : A & M TRANSPORTForme : SARLSiège social : 4 allées des Forsythias Apt 415 33600 PessacObjet social : Transport et la livraison de colis et vente en ligne de produits manu-facturés vers l’Afrique et inversement.Capital : 1 800 € Durée : 99 ans à compter de son immatri-culation au RCS de BordeauxGérant : M. DIALLO ALPHA, demeurant 20 rue des Résédas Apt 1030 33600 Pessac

Pour avis,

ANNONCES LÉGALES

CULTURES & SOLIDARITÉS

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 eurosAssociés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. LabordeDirecteur de la publication : Frédéric MellierAbonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 eurosRédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest15, rue Furtado - 33800 BORDEAUXTél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : [email protected]é : [email protected] - Redaction/Proposition d’article : [email protected] nbso.frCommission paritaire de presse : 0113 C 85932

@nvlbxLes nouvelles de bordeaux

CHRONIQUENOUVELLES IDÉES REÇUESpar Gérard Loustalet Sens

Encore un mot sur cette bienheureuse spécificité qui aurait évité le fascisme à la France dans les années 30. En fait, il y eut bien alors des organisations fascistes en France et même un mouvement de masse, les Croix de Feu, revendiquant 2 millions d’adhérents en 1937 lors de sa transformation en Parti social français, appelant ouver-tement à la destruction de l’ordre social existant… Mais René Rémond n’y voit guère que du « scoutisme politique pour grandes personnes » (cité par Z. Sternhell, p.127). Leur chef, de la Roque, n’était, paraît-il, qu’un innocent conservateur chrétien autoritaire pour qui, quand même, « le culte de la raison fait perdre la notion du raisonnable (…). La glorification de l’égalité conduit à la jalousie puis à la haine des classes » (cité par Z. Sternhell, p.129). Sa courte déportation - dont il revint - servit de prétexte à la droite, gaullistes compris, pour l’absoudre. Bref, un fascisme « imaginaire » ose Jacques Julliard…

Parfait exemple de la mise en œuvre de tout un travail de refoulement d’un fascisme bien français qu’illustrèrent en-core le PPF de Doriot ou les Chemises vertes de Dorgères et surtout refoulement de l’ignominie d’un pétainisme qui, avec le régime dit de l’Etat français, reprit l’essentiel des caractéristiques du fascisme : suppression des libertés publiques, proscription de l’humanisme, de l’universa-lisme, du matérialisme, culte du chef et concentration entre ses mains de la puissance de l’Etat, répudiation de la démocratie, chasse aux Juifs et aux communistes… Le fascisme français n’était pas identique au fascisme italien pas plus que celui-ci n’était le décalque du nazisme mais les fondements en sont les mêmes et, en particulier, Zeev Sternhell signale cette « caractéristique essentielle », « l’acceptation du capitalisme comme fondement naturel de la société » (p.161).

Je vais y revenir, mais signalons encore la frilosité de l’historiographie française sur le sujet. Dans les années 50, c’est L’Histoire de Vichy de Robert Aron qui faisait autorité avec sa fiction d’un Pétain « bouclier » de la Nation face aux Allemands, De Gaulle complétant l’imagerie dans le rôle du « glaive »… La thèse est tout de même aujourd’hui discréditée mais, ainsi que l’observe Z. Sternhell, en 1972 encore, un ouvrage collectif issu d’un colloque organisé, introduit et conclut par René Rémond « ne contient pas un mot sur la persécution des Juifs, les lois raciales, le rôle des autorités françaises dans la déportation des Juifs étrangers » (note 122, p.891). Il faudra que ce soit un histo-rien américain Robert O. Paxton qui établisse la vérité sur Vichy en 1973, soulevant l’émoi dans une historiographie française bien timorée sur le sujet… Même s’il y a des combats d’arrière-garde comme quand un Zemmour crédite Pétain d’avoir « sauvé » les Juifs français en sacri-fiant les Juifs étrangers. Cette seule intention aurait déjà été ignoble, mais en plus c’est faux. Comme l’a précisé immédiatement Paxton, les lois de 1940 et 1942 ne font aucune distinction entre Juifs français et Juifs étrangers.

La participation du régime de Vichy à la « solution finale » hitlérienne n’est plus guère contestée. Par contre un large pan de la Collaboration continue de faire l’objet d’une véritable censure : la trahison des élites économiques et administratives lesquelles, à d’honorables exceptions près, se sont mises immédiatement au service de Vichy et sont entrées sans coup férir dans la Collaboration. Olivier Baruch l’a démontré pour une administration dont Papon reste l’archétype (Servir l’Etat français. L’adminis-tration en France de 1940 à 1944, Fayard, 1997). Ce travail reste isolé mais a été reconnu. Mais s’il est une histoire qui passe toujours mal, c’est celle de la Collaboration économique avec le Reich où industriels et banquiers français se bousculèrent pour profiter d’un désastre que certains d’entre eux avaient préparé. La référence sur cette histoire est, bien entendu, Annie Lacroix-Riz. Celle-ci par son travail inlassable de mise à jour d’archives terribles et indiscutables dérange… Et le mot esr faible ! Elle est donc violemment ostracisée par ceux que l’historien américain Robert Soucy appelle les « historiens du consensus » niant la puissance du mouvement fasciste en France dans les années 30. Notons seulement ici la richesse du site Internet d’Annie Lacroix-Riz, on y trouve, par exemple, ce document accablant : la commande à Louis Renault par l’Heerwaffenamt de chars et de chenilles montées pour 8 574 000 francs !

Pourquoi ce déni d’un fascisme français ?

DÉCLARATION DU PCF

Appel aux acteurs culturelsLe remaniement ministériel, tout le monde en convient, a fait pschitt. Mais il a donné lieu à une péripétie qui n’a pas été commenté : François Hollande aura usé trois ministres de la culture en moins de quatre ans. Franchement nous n’avons pas envie, au Parti communiste, d’ajouter notre pierre au concours indécent de com-mentaires « people » sur l’émotion de la sortante ou sur l’histoire familiale de l’entrante, sur les soutiens respectifs ou les mérites comparées des deux jeunes femmes qui au demeurant ont la même formation, l’ENA, appar-tiennent au même corps de l’État, la Cour des comptes, ce qui en dit long sur la vision élyséenne de la culture.Nous préférons poser les questions que le monde culturel se pose : que va devenir le « machin » dénommé projet de loi sur la création, l’architecture et le patrimoine qui se balade entre Assemblée nationale et Sénat ? Faut-il que le Président s’en soucie comme d’une guigne pour avoir débarqué la

ministre pendant la navette ! Ce projet de loi dont nous avions dénoncé le fait qu’il ne dessinait ni orientation politique claire ni programmation financière conséquente. Ce projet de loi tellement déclaratif et général qu’il a dû être réécrit en commission à l’Assemblée via des amendements notamment de Marie-George Buffet puis déshabillé par la droite au Sénat. Qu’en restera-t-il à l’arrivée ? Pas grand-chose sinon des articles dan-gereux pour les métiers artistiques ou pour l’archéologie préventive, entres autres…Pendant ce temps les « affaires » conti-nuent. Le MEDEF remet le couvert contre le régime des intermittents. La baisse des moyens des DRAC et des dotations de l’État aux collectivités provoque une véritable hécatombe culturelle dans tous les territoires. Notre soutien va bien sûr à toutes les luttes des artistes, des publics et des élus qui résistent à cela. Décidément notre pays a plus que

jamais besoin d’une nouvelle et forte ambition politique pour refaire de l’art et la culture les vecteurs essentiels d’une politique authentiquement de gauche, (…) afin de donner un nouveau souffle à la création artistique dans et hors des institutions dédiées ; afin de relancer une démocratie cultu-relle en panne, partout et avec tous, dans la Cité, au Travail et à l’École ; afin de faire vivre une mondialité culturelle hors des pièges identitaires et de promouvoir une culture com-mune fondée sur la relation et le métissage de toutes les cultures.Nous appelons les acteurs culturels comme tous les citoyens à se mêler de la nécessaire reconstruction de la gauche pour retrouver ensemble, contre la montée des obscurantismes, le sens de l’utopie, de l’imaginaire et de l’émancipation.

Alain HAYOT, délégué national du PCF à la Culture

ESCALE DU LIVRE

Festival des créations littéraires, 14e éditionGratuit, du 1er au 3 avril 2016 / Bordeaux, quartier Sainte-Croix (Place Renaudel)

Donner à voir la littérature dans toutes ses dimensions, encourager les rencontres et les créations originales pour montrer que cette dernière est bien vivante et est au cœur de nos interrogations, telle est l’ambition que poursuit le festival des créations litté-raires, Escale du livre, depuis 14 ans. Cette année encore, la program-mation invite les auteurs les plus confirmés et ceux qui feront la litté-rature de demain, propose au public

de découvrir de nouveaux éditeurs, brasse les idées, s’ouvre sur le monde, affirme que « nous avons besoin de sens et de comprendre notre monde » et « que le livre peut nous y aider ».Vendredi 18 mars / marche des Douves / bordeaux / 18h30. Grand entretien avec Boualem Sansal autour de 2084. La fin du monde.Le romancier algérien s’est imposé comme une des voix majeures de la littérature contemporaine. Avec son

livre, Poste restante, Alger, il est censuré dans son pays pour sa position très critique envers le pouvoir en place. Grand prix du roman de L’Académie française pour son roman, 2084. La fin du monde (Gallimard), Boualem Sansal, inspiré de 1984 d’Orwell, s’en prend aux ravages des religions, lorsqu’elles se radicalisent.Tout le programme sur : www.escaledulivre.com

LSR LANGON SUD-GIRONDE

Des valeurs solidesLSR Langon Sud-Gironde fait partie de la Fédération nationale LSR créée en 1981 par la CGT. Aujourd’hui indépendante et résolument ins-crite dans le champ associatif, elle n’en est pas moins porteuse de valeurs de progrès et de justice sociale. Ses associations accueillent toutes les femmes et hommes à la retraite, ou proches de la retraite, pour pratiquer des activités culturelles, physiques et sportives, des loisirs, des séjours, des moments de détente et d’enrichissement.En février 2016, LSR Langon a pro-posé une soirée bœufs gras à Bazas et soirée tropicale à St-Pierre d’Aurillac ; en mars : balade en Sauternais, visite

safranière et soirée moules-frites à Budos ; en avril : visite d’une oseraie et moulin de Piis ; en mai : visite d’une plantation de rhododendrons, sortie à la foire de Bordeaux et voyage en Sicile avec LSR Bordeaux ; en juin : sortie à Millau et sa région, sardinade et escargolade dans le cadre des fêtes de Budos, Festival des Fifres de St-Pierre-d’Aurillac.Permanence les 2e et 4e vendredis du mois à la Maison des Associations de Langon (20, rue Abel-Gourgues), jeux de société le mercredi après-midi et, pour les marcheurs, des sorties tous les 15 jours. Contact : 06 32 75 97 00 ou 06 87 38 84 78