Nouvelles d'Habitat-Cité N°1

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Printemps 2013 Nha casa Nha escola Nha futuro Cap-Vert Demandeurs d’asile Dans les coulisses d’un après-midi de permanence France Une maison pilote en adobe Nicaragua © Stéphane Etienne

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L'infolettre de l'association de solidarité internationale Habitat-Cité

Transcript of Nouvelles d'Habitat-Cité N°1

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Printemps 2013

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Habitat-Cité62 rue Vergniaud75013 ParisTél. : 01 45 88 71 75

Annexe de Pantin83 rue Jules Auffret93500 PantinTél. : 09 54 09 68 12

Courriel : [email protected]

Nouvelles d’Habitat-CitéConseiller artistique : Shântî-Paul Nguyên-GeslinCoordination : Stéphane EtienneRédaction : Cécile Daniel, C.D, Stéphane Etienne et Annabella Orange Illustrations : Vanessa DubuissonPhotographies : Stéphane Etienne, William Morais et Nadège Quintallet

Sur internetwww.habitat-cite.orghttp://habitatcite.wordpress.comwww.facebook.com/habitatcite

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Editorial

Droit à l’essentiel ici et là-bas

Maisons en carton et tôle ondulée, abris de fortune sans eau ni électricité, (sur)occupation d’un bâti-ment désaffecté ou d’un terrain sans droit ni titre…Des villages roms le long de la vallée de la Târnava en Transylvanie aux bidonvilles des rives du lac Cocil-bolca au Nicaragua, en passant par les squats aux Portes de Paris jusqu’aux hameaux isolés de l’îlot le plus sec de l’archipel du Cap-Vert, Habitat-Cité fait le même constat : des personnes sans-abri ou mal-logées luttent dignement pour avoir un toit.Construire, reconstruire, (se) (re)construire : Habitat-Cité est engagée depuis 10 ans dans des projets de développement et de lutte contre le mal-logement avec des associations de terrain, des habitants et l’appui d’élus locaux. Dans cette première newsletter, dans le sillon de la dernière édition de la Semaine de la Solidarité Inter-nationale qui s’intitulait « Droit(s) à l’essentiel », Habi-tat-Cité a choisi de donner la parole aux acteurs de ses projets ici et là-bas.

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Les quelques touristes qui découvrent Maio tombent sous le charme de ses immenses plages désertes et de sa tranquillité. Le bateau est encore le principal cordon ombilical qui relie Maio à la grande île voisi-ne, Santiago. Mais le ravitaillement est sporadique et il n’est pas rare que le bateau ait plusieurs semaines de retard. La municipalité ne ménage pas ses efforts pour sortir l’île de son isolement, avec notamment la construction d’un aéroport destiné à accueillir des charters internationaux. Mais pour l’instant, seuls les oiseaux des salines voisines et les petits avions à héli-ces foulent son tarmac brûlant.En attendant « la ruée vers l’or blanc », la spéculation immobilière s’accentue, excluant les familles modes-tes des possibilités d’accéder à des terrains construc-tibles. Consciente de ce phénomène, et pour éviter l’apparition de bidonvilles, la mairie a décidé de ré-server des terrains pour des familles pauvres. Ainsi, dans le cadre des projets d’Habitat-Cité, 17 familles ont reçu un titre de propriété sur des terrains cons-tructibles de 100 m².

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Cap-Vert

Depuis 2007, Habitat-Cité mène un pro-gramme d’amélioration de l’habitat et de lutte contre la pauvreté au Cap-Vert. Réalisé avec la municipalité locale de Maio et finan-cé principalement par la Fondation Abbé Pierre, il est en voie de s’achever. L’occasion de faire le point sur cinq années de colla-boration avec cette petite île de 8000 habi-tants.De sable et de vent

Jans ironise sur l’aridité de son île : « Ici, c’est pas le Cap-Vert, c’est le cap sec ! » Pourtant, il s’acharne à tenter de faire pousser maïs, haricots et canne à su-cre sur ces terres battues par les alizés. Malgré un en-vironnement défavorable, l’agriculture, la pêche et l’élevage occupent la majorité de la population. Ce sont surtout les mandats que les migrants envoient à leurs familles qui permettent d’améliorer le quotidien. Maio attend toujours le boom touristique tant espéré pour dynamiser l’économie locale.

Construire et réhabiliter pour les familles pauvres

Toits de tuiles, murs de pierres dorées... Les petites maisons aux façades colorées s’alignent le long des rues de Vila, la « capitale » de Maio. A l’intérieur, l’air circule, faisant oublier la chaleur du dehors. Mais ces charmantes maisons ne sont plus du goût des Capverdiens. Pour des raisons de coût, de mode et pour profiter de l’étage supplémentaire qu’autorisent les toitures en terrasse, modernité rime avec béton. Dommage. D’autant qu’au-delà de l’aspect esthéti-que et du confort thermique – largement favorables à l’habitat traditionnel -, la qualité des constructions en béton est trop souvent médiocre.« Regardez, mon plafond s’écroule ». Nha Costa a alerté la mairie, n’ayant pas les moyens de réhabili-ter sa maison avec la maigre retraite qu’elle perçoit. Elle pointe de son doigt noueux les aciers rouillés qui affleurent, le mortier qui s’effrite en plaque, gorgé d’humidité. Nul besoin d’être spécialiste pour estimer la dangerosité de sa toiture fissurée. Ce sera le cas pour la centaine d’habitations modestes que nous vi-©

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siterons avec les services sociaux. Ainsi, la majorité de nos interventions portent sur des toitures dégradées, lépreuses, menaçant de s’effondrer, et dont la com-plète reconstruction s’impose. Au-delà de ces interventions d’urgence, Habitat-Ci-té a contribué à la mise en place de solutions pour améliorer durablement la qualité des constructions. Formations aux métiers du bâtiment, sensibilisation aux « bonnes pratiques », renforcement des services techniques, amélioration du parc d’outillage… Des avancées significatives qui commencent à porter leurs fruits au vu des dernières réalisations.

« Ma maison, mon école, mon futur »

C’est le nom du dernier projet, mené avec la mairie de Maio et Crianças De Hoje E De Amanha, associa-tion franco-capverdienne qui oeuvre depuis plus de vingt ans en faveur des enfants du Cap-Vert. Récemment achevé, il a notamment permis de réha-biliter trois Jardins d’enfants et d’aider quinze familles à accéder à un logement digne. De l’avis de Manuel Ribeiro, maire de Maio, ces actions ont un fort impact social, particulièrement la formation en plomberie et canalisation qu’ont suivie vingt jeunes sans emploi. « Ma maison, mon école, mon futur » illustre bien l’esprit de ces cinq années de partenariat, axé sur l’amélioration des conditions d’habitat, mais aussi l’éducation et l’insertion professionnelle.

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Portrait

Patricia habite à Granada, au Nicaragua. Elle a longtemps vécu dans des conditions très précaires. Victime de violences, handi-capée et mère de 4 enfants, elle a été une des premières bénéficiaires de notre projet de construction de logements dignes - Vi-viendas dispersas -, financé par la Fonda-tion Abbé Pierre et coordonné par notre par-tenaire local, la Casa de la Mujer.

A cette époque, Patricia travaillait beaucoup, mais gagnait peu. « J’étais cuisinière dans un restaurant. Je travaillais en moyenne 7h par jour, parfois 12h… » Son salaire lui permettait tout juste de nourrir ses en-fants dont elle est seule à assumer la charge. Encore moins d’assurer les frais d’un logement.Alertée sur sa situation, la Casa de la Mujer a souhai-té lui apporter son soutien. En 2010, sur un terrain mis à sa disposition par la mairie de Granada, la construc-tion de sa maison commence. Pendant toute la du-rée du chantier, une chaîne de solidarité s’organise pour épauler Patricia. « C’est incroyable comme ils m’ont aidée », se rappelle Patricia. « Les voisins, le Conseil de quartier, la communauté… C’est fou ! » s’exclame-t-elle le jour de l’inauguration de sa mai-son.Grâce à son extraordinaire joie de vivre, Patricia a pu alors reconstruire sa vie, créant même sa petite entreprise de restauration. Mais une maladie grave l’a contrainte à être hospitalisée pendant plusieurs semaines. En son absence, c’est son fils aîné, tout jus-te majeur, qui s’est occupé des trois plus jeunes. Grâ-ce à une soirée de soutien au restaurant associatif parisien « La Rôtisserie » et aux dons de particuliers, nous avons pu apporter une aide supplémentaire à sa famille. Après avoir affronté ce nouveau coup dur, elle est

enfin rentrée chez elle, avec un nouveau projet en tête. « J’aimerais ouvrir une petite épicerie chez moi » annonce-t-elle, avec un sourire radieux. Elle devrait bientôt bénéficier d’un microcrédit pour lancer sa nouvelle activité, ce qui lui permettrait de travailler chez elle et d’être avec ses enfants. « Tout ce que je fais, c’est pour eux » assure-t-elle. « Comme tous les parents, non ? »Ce sont des personnes comme Patricia qui nous don-nent la force de nous battre et justifient notre enga-gement. Nous ne l’oublions pas.

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Le projet Viviendas dispersas (habitat en « diffus »)Ce projet de construction de maisons s’adresse à des personnes aux faibles revenus vivant dans des quar-tiers aisés de Granada. Il leur permet d’accéder à un logement digne et de continuer à habiter le quartier où elles vivent, souvent depuis longtemps. L’objectif est d’aider ces familles pauvres tout en préservant la mixité sociale.

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Demandeurs d’asile Dans les coulisses d’un après-midi de permanence

Le “Projet Squats”

France

Il est 12h30, ils sont pourtant déjà nombreux à attendre la permanence qui ne commen-ce qu’à 14h. Ils sont une trentaine - en ma-jorité des hommes mais aussi des femmes avec leurs enfants -, demandeurs d’asile ou migrants, tous originaires du Nord Caucase. Si certains sont déjà connus de l’association et ont déjà un dossier ici, d’autres viennent pour la première fois. L’accueil des personnes à la permanence du mer-credi constitue un des points forts du « projet Squat » d’Habitat-Cité, projet d’amélioration de l’accès au logement, d’accès aux droits et d’insertion par l’emploi en faveur de demandeurs d’asile et de réfu-giés politiques du Nord Caucase. Cette permanence est un espace d’accompagnement et d’orientation pour différents types de démarches : demande d’hébergement/logement social, dossier juridique

(demande d’asile, aide juridictionnelle, recours etc.), couverture médicale, demande d’allocations ou de pass Navigo Solidarité Transport, orientation vers les organisations dispensant des soins, aide alimentaire, domiciliation…

En attendant son tour

Quand les personnes arrivent, elles inscrivent leur nom sur une feuille d’émargement, se servent un thé ou un café (toujours bien sucré !) Des hommes ba-vardent entre eux, ouvrent leur porte-document et échangent quelques paroles sur les derniers papiers les contenant. Ils rient à la vue des photos d’identité de l’un d’entre eux.Concentrés, deux jeunes ont entamé une partie d’échecs. D’autres pianotent devant les ordinateurs pour passer le temps ; ils consultent leurs mails, les nouvelles, mais prennent aussi beaucoup de plaisir à regarder des vidéos de sport ou de musique. Ils font des allers-retours dehors, pour fumer une ciga-rette.

Une nouvelle personne entre dans la salle, salue d’un signe de tête et s’approche de ceux qu’elle connait pour échanger une poignée de main. Puis s’assoit, pensive, et attend son tour.

Avec les chargées de mission

Les permanentes les reçoivent un à un. Bérengère est russophone tandis que Mihaela est habituellement accompagnée par une bénévole russophone. Tou-tes deux ont une bonne connaissance des procédu-res et des démarches à suivre. Elles sont à l’écoute des gens et devinent les histoires complexes de ce qui est souvent dit à demi-mots. Elles connaissent bien les personnes que l’association soutient depuis longtemps, une confiance et une proximité se sont installées dans les relations. Appel au 115. Toutes les lignes sont occupées et le téléphone sonne une longue demi-heure avant que quelqu’un ne décroche. Mihaela demande un hé-bergement pour cet homme qui est à la rue depuis plusieurs nuits avec sa femme. Elle lui explique aussi

“Etre demandeur d’asile est une épreuve de solitude radicale”

Le cas emblématique d’une famille tchétchène

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Demandeurs d’asile :Le cas emblématique d’une famille tchétchène

comment aller au Resto du Cœur le plus proche pour recevoir des colis alimentaires ou un repas chaud.Il y a aussi cette maman avec sa fille de 17 ans. Seu-le l’adolescente parle le français. Entre lassitude et désœuvrement, elle continue d’accompagner sa mère (quand elle n’est pas en classe) dans ses dé-marches administratives. Cela fait deux ans qu’elles sont en France. Et ont déjà changé quatre fois d'hébergement, passant par des mois extrêmement difficiles dans des abris très précaires, des squats. Même détresse pour cette autre maman dont les deux jeunes enfants sont déscolarisés depuis octo-bre au motif de ne pas avoir un hébergement stable. Ils sont hébergés dans un hôtel par le 115. C’est son fils qui parle. Du haut de ses huit ans, il raisonne déjà comme un adulte. Il ne comprend pas pourquoi il est privé d’école depuis si longtemps et serre dans sa main un Playmobil, comme pour se raccrocher à son enfance.

Le dernier espoir ?

Quand les stores du local de Pantin s’abaissent à 19h (souvent bien après…), une trentaine de personnes ont été reçues durant l’après-midi. Toutes avec des situations sociales et juridiques diverses et souvent complexes. A la tombée de la nuit, sur le chemin du retour, mes pensées vagabondent, je ne peux que reconnaitre mon ignorance face à l’histoire de ce peuple du Nord-Caucase, face à la réalité d’un état de non-droit, d’une dictature dont je ne connais que des gé-néralités. Aujourd’hui, ces Caucasiens sont en France, pour la plupart depuis longtemps, et pourtant ils sont toujours exclus des dispositifs existants. Habitat-Cité essaie, malgré les difficultés, de les aider à trouver des solu-tions à leurs problèmes juridiques, de logement, de santé. L’année dernière, ce sont près d’une centai-ne d’adultes qui ont été accompagnés. Ainsi, aussi modeste qu’elle soit, la permanence du mercredi est essentielle pour eux et cela se voit.

Cécile Daniel – Service Civique

Contraints de fuir leur pays, le couple B. et leurs 3 enfants arrivent en France en avril 2004. Ils sont alors pris en charge par le dispositif national d’accueil des demandeurs d’asile (DNA) dans un centre d’accueil

pour les demandeurs d’asile (CADA) à Saint-Denis et les enfants - âgés de 3,7 et 9 ans - commencent à aller à l’école.

Mais en 2008, après 4 longues années d’attente, leur demande d’asile est refusée. Ils sont donc obligés de quitter le dispositif d’accueil. Commencent alors pour la famille B. des mois d’errance, d’hébergement en hébergement. Madame B. et ses 4 enfants - le der-nier est né en France – sont hébergés par le 115 dans différents hôtels d’Ile-de-France, souvent très éloi-gnés des établissements scolaires des enfants, tandis que Monsieur B. vit dans un squat au Pré Saint Ger-vais. L’été 2010, la famille ira même jusqu’à vivre au complet au squat, dans une pièce de 15 m².

Le couple obtient finalement une régularisation, au terme d’une procédure fastidieuse, mais ne reçoit pour autant aucune aide sociale, ni de RSA, ni d’allocations familiales pour les enfants.

Leur régularisation tardive n’a pas encore abouti à une stabilisation de leur situation. Même si Monsieur B. a réussi à trouver un emploi, la famille doit se con-tenter d’une carte de séjour d’un an et d’un nouvel hébergement temporaire par le Samu social. Le par-cours kafkaïen de cette famille n’est pas terminé…

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Jean Cresp est psychologue clinicien au centre d’écoute et de soins de Méde cins sans frontières (MSF) pour demandeurs d’asile politique. Confronté au quotidien à ces personnes en souffrance, il évoque les violences psychiques que subissent ceux qui sont venus chercher refuge au « pays des droits de l’Homme ».

Les demandeurs d’asile politique en exil ne sont pas isolés, ils sont seuls... Seuls avec les autres, pris dans une solitude radicale. Cette dénomination permet d’appréhender la réalité des demandeurs d’asile et souligne son aspect extrême : « L’exilé se trouve bru-talement envahi par une multitude de ruptures et de pertes, dépossédé de l’ensemble des organisateurs psychosociaux culturels, communautaires et linguis-tiques qui organisaient son identité et le sens de son existence ».

Cette solitude radicale dans laquelle sont plongés ces demandeurs d’asile est consécutive d’une rup-ture brutale et généralisée des liens fondateurs qui organisaient et structuraient leur rapport à eux-mê-mes. Ces personnes ont dû quitter brutalement leur pays, leur maison, leur famille, leur environnement. En résonnance avec cette privation des référents so-ciaux, familiaux et spatiotemporels, c’est l’ensemble des liens qui se trouve bouleversé.

Cette atteinte portée aux liens imprime une fragilité dans tout ce qui est vecteur de relation. Une relation frappée du sceau de la disparition. Ainsi, « le deman-deur d’asile vit avec la certitude qu’au rejet de sa demande succèdera son inévitable renvoi, c’est-à-dire sa propre disparition ». Le demandeur d’asile vit « à travers la crainte de l’expulsion ».

La solitude radicale, l’angoisse de disparition, génè-rent un mode de rapport au monde et à soi-même dicté par la survie. Face à cela, « l’exilé ne dispose pas d’autres choix pour sa reconstruction identitaire que de se reconnaitre à partir du seul Discours dispo-nible lui accordant une identité : le Discours politique porté par la suspicion, la menace et l’exclusion dont il est à la fois l’objet et le sujet ».

(D’après « Y-a-t-il de « faux » réfugiés ? La réalité de l’exil, la responsabilité des Etats » – Intervention de Jean Cresp au colloque d’Amnesty International et Sciences-po Paris, en avril 2012.)

“Etre demandeur d’asile est une épreuve de solitude radicale”

Dans le cadre du "Projet Squats", Habitat-Cité reçoit des demandeurs d’asile et des réfugiés originaires en majorité du Caucase du Nord. Ce sont généralement des hommes seuls, âgés en moyenne de 30 ans.En raison des violences qui sévissent dans leur région d’origine depuis plus de 15 ans, ils ont été contraints de fuir leur pays et ont choisi de demander l’asile en France. Mais ils vivent actuellement dans des squats en Sei-ne-Saint-Denis, insalubres et particulièrement ina-daptés à l’état de santé de ces personnes : beau-coup souffrent de maladies chroniques, de troubles psychologiques post-traumatiques et de carences alimentaires.Ces demandeurs d’asile ne sont pas pris en charge par le dispositif national d’accueil. Et même quand ils obtiennent le statut de réfugié, les résidents des squats restent défavorisés par rapport aux personnes qui ont été intégrées dans le dispositif. Exclus dans la plupart des cas, ils n’ont bénéficié ni d’une aide so-ciale, ni d’un hébergement.En 2012, grâce au soutien de la Fondation Abbé Pierre, du Fonds Social Européen et de la mairie de Pantin, Habitat-Cité a accueilli et suivi plus d'une centaine d’entre eux.

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Une maison pilote en adobe

Nicaragua

Dans un quartier populaire de Granada (Nicaragua), l’équipe des constructeurs s’active sur le chantier d’une maison en adobe dont la bénéficiaire est une vieille dame sans ressources. Il s’agit de la première construction en terre réalisée dans le cadre des projets d’Habitat-Cité. D’autres chantiers pilote sont prévus cette année, à savoir six maisons et un jardin public. L’enjeu de ce “retour à la terre” est de revaloriser les savoir-faire locaux, réduire la dépendance vis-à-vis des pro-duits d’importation, diminuer l’impact écologique et améliorer le confort thermique des maisons que nous construisons au Nicaragua.

Séminaire d’EsteliHabitat-Cité et la Casa de la Mujer, son par-tenaire nicaraguayen, invités du premier sé-minaire sur la coopération décentralisée et le développement territorial entre la France, l’Amérique centrale et Cuba.

Organisé par l’Ambassade de France et Cités Unies France, le séminaire s’est tenu à Esteli (Nicaragua) les 28 et 29 Novembre 2012 et réunissait 168 partici-pants venus d’Amérique Centrale, des Caraïbes et d’Europe. Ce séminaire a permis de souligner les pro - chains défis des politiques de développement dans le domaine de l’éducation et la culture, de l’eau et l’assainissement et le développement rural et urbain au Nicaragua. Marie-Claude Acero (membre du Conseil d’adminis- tration) y représentait Habitat-Cité tandis qu'Indira Morales (coordinatrice de projet de la Casa de la Mujer) a présenté le projet d’habitat de Granada, réalisé grâce à l’appui de la Fondation Abbé Pierre. Suite à ce colloque, Habitat-Cité et Apoyo Urbano – association basée à Lyon – ont décidé de concevoir un projet en commun avec la mairie de Granada et des contacts prometteurs ont été initiés avec la ré-gion Indre et Loire pour obtenir des fonds européens.

Plutôt habitués à construire en béton, les 12 cons-tructeurs ont bénéficié d’une formation intensive aux techniques de construction en terre.

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A l’automne dernier, l’exposition « Cap-Vert, l’avenir de nos enfants » a été présentée à Paris, dans les 11ème et 13ème arrondissements. Le projet de solidarité que mènent, avec la muni-cipalité locale, les associations Crianças De Hoje E De Amanha et Habitat-Cité pour l’amélioration des conditions de vie des habitants de Maio, a permis de monter cette expo photo, fruit du travail de trois pho-tographes français et capverdiens. Chacun dans des styles différents, ils ont réalisé un dialogue en images sur l’île de Maio, s’intéressant aussi bien aux difficultés socio-économiques de ses habitants qu’à la beauté singulière de ses paysages.

Le Cap-Vert“ en tournée ”

Habitat-Cité mène actuellement un projet en faveur de Roms vivant en Ile-de-France. Ce projet com-prend deux actions principales : lutte contre les discri-minations envers les Roms et accès aux droits.

Dans le cadre de la première action, Habitat-Cité organise plusieurs projections-débats de son docu-mentaire “Roms, l’Europe en marge”, dans le but d’informer et de sensibiliser sur les problèmes aux-quels sont confrontés la majorité des Roms.Le documentaire a notamment été présenté à Tem-pleuve (59), à l’initiative d’Amnesty International et du CCFD Terre Solidaire, à St-Chamond (42), en pré-sence de l’historienne Claire Auzias et de Solidarité Roms. Et pour la "première" au Ciné 104 de Pantin (93) en présence d’une élue de la mairie, Claude Moskalenko, avec la participation du MRAP.La prochaine projection aura lieu à Paris, à la Maison d’Europe et d’Orient, le 27 juin 2013.

Roms, l’Europe en marge

Parallèlement, Habitat-Cité propose l’exposition de photographies “R(r)oms, ici et là-bas”. Réalisées en France et en Roumanie, ces photos proposent une information sensible sur les conditions de vie de com-munautés roms.

“Habitat-Ciné”

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Habitat-Cité sollicite ses adhérents et sym-pathisants afin de soutenir les projets sui-vants :

En France : amélioration des conditions de vie de 40 demandeurs d’asile vivant dans des squats (hygiène, couchage, chauffage). • En partenariat avec l’association Comité Tchét-chénie de Paris• Somme nécessaire pour réaliser ce projet : 700 €

En France : aide à l’insertion professionnelle d’adultes roms habitant dans des conditions indignes en Ile de France.• Somme nécessaire pour réaliser ce projet : 2 250 €

Au Nicaragua : formation professionnelle aux métho-des de construction en terre à destination de 15 fem-mes du bidonville Pantanal. • En partenariat avec l’association locale Casa de la Mujer• Somme nécessaire pour réaliser ce projet : 5 000 €

Vos dons nous permettent de renforcer nos projets de développement et de solidarité au Nicaragua, en Roumanie, au Cap Vert et en France. De plus, vos dons sont déductibles des impôts (ils vous permettent de bénéficier d’une réduction d’impôt sur le revenu égale à 66 % de leur montant dans la limite de 20% de votre revenu net imposable).

Je souhaite participer et faire un don à l’association Habitat-Cité :• Par internet : via Paypal sur www.habitat-cite.org• Par chèque à :

Association Habitat-Cité 62, rue Vergniaud 75013 Paris

Appel aux dons 2013

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