Nouvelle donne géopolitique au Proche-Orient

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    Horizons et dbatsHorizons et dbatsCase postale 729, CH-8044 ZurichTl.: +41 44 350 65 50Fax: +41 44 350 65 51E-mail: [email protected] 87-748485-6

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    Hebdomadaire favorisant la pense indpendante, lthique et la responsabilit

    pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains

    Edition franaise du journal Zeit-Fragen

    AZA8044 Zurich

    23 aot 201010e anne

    No 33

    hd. Le texte ci-dessous correspond la pre-mire partie dun article de Thierry Meys-san; dans une sorte dinventaire il dcrit lesdivers changements au Proche-Orient quiont eu lieu depuis la dfaite dIsral face auLiban.

    Lchec isralien face la Rsistance libanai-se, lt 2006, a marqu la fin de lhgmo-nie tats-unienne au Proche-Orient. En quatreans, la donne militaire, conomique et diplo-

    matique de la rgion a t entirement renou-vele. Dans la priode actuelle, le triangleTurquie-Syrie-Iran saffirme comme leader,tandis que la Chine et la Russie tendent leurinfluence au fur et mesure du retrait US.Cependant Moscou hsite saisir toutes lesopportunits qui soffrent lui dabord parceque le Proche-Orient nest pas sa priorit, en-suite parce quil ny a pas de projet consen-suel des lites russes pour cette rgion, etenfin parce que les conflits du Proche-Orientrenvoient la Russie des problmes internesnon rsolus.

    Etat des lieux 20012006: le mythedu remodelage du Proche-Orient largi

    Ladministration Bush avait su rassemblerautour dun projet grandiose le lobby p-trolier, le complexe militaro-industriel et lemouvement sioniste: dominer les champs p-

    troliers de la mer Caspienne la Corne delAfrique en redessinant la carte politiquesur la base de petits ethno-Etats. Dlimitenon en fonction de sa population mais desrichesses de son sous-sol, la zone a dabordt nomme Croissant de crise par luni-versitaireBernard Lewis, puis a t dsignecomme Proche-Orient largi (GreaterMiddle East) par George W. Bush.

    Washington na pas lsin sur les moyenspour la remodeler. Des sommes gigan-tesques ont t englouties pour corrompreles lites locales afin quelles renoncent leurs intrts nationaux au profit dintrtspersonnels dans une conomie globalise.Surtout, une armada titanesque a t trans-porte en Afghanistan et en Irak pour pren-dre en tenaille lIran, principal acteur de largion tenir tte lEmpire. Dj les pro-

    jets cartographis de ltat-major tats-uniencirculaient. On y voyait tous les Etats de largion, y compris les allis de Washington,dpecs en multiples mirats, incapables dese dfendre. Tandis que la Maison-Blan-che imposait lIrak vaincu une partition entrois Etats fdrs (un kurde, un sunnite etun chiite).

    Alors que rien ne semblait pouvoir arr-ter ce processus de domination, le Pentagone

    confia Isral le soin de dtruire les fronts se-condaires avant lattaque de lIran. Il sagis-sait dradiquer le Hezbollah libanais et derenverser le gouvernement syrien. Las! Aprsavoir cras un tiers du Liban sous un tapisde bombes sans quivalent depuis la guerredu Vietnam, Isral tait contraint de se reti-rer sans avoir atteint un seul de ses objectifs.

    Cette dfaite a marqu le renversement durapport de force.Dans les mois qui suivirent, les gnraux

    tats-uniens se rvoltrent contre la Maison-Blanche. Ils ne matrisaient toujours pas lasituation en Irak et anticipaient avec effroiles difficults dune guerre contre un Etatbien arm et organis, lIran, sur fond dem-brasement rgional. Unis autour de lami-ral William Fallon et du vieux gnralBrentScowcroft, ils firent alliance avec des politi-ciens ralistes qui sopposaient ce dangereuxsur-dploiement militaire. Tous utilisrent laCommission Baker-Hamilton pour influen-cer llectorat tats-unien jusqu renverserle secrtaire la DfenseDonald Rumsfeldet imposer un des leurs pour lui succder:Robert Gates. Par la suite, les mmes person-nalits hissrentBarack Obama la Maison-Blanche, pourvu quil conserve Robert Gates

    au Pentagone.En ralit, ltat-major US na pas de stra-

    tgie de rechange aprs lchec du remode-lage. Il se proccupe exclusivement de sta-biliser ses positions. Les GIs se sont retirsdes grandes villes irakiennes et se sont re-plis dans leurs bases. Ils ont laiss la ges-tion du pays aux Israliens dans la partiekurde, aux Iraniens dans les parties arabes.Le dpartement dEtat a cess ses cadeauxsomptueux aux dirigeants de la rgion etsemble de plus en plus avare en ces tempsde crise conomique. Les obligs dhier se

    cherchent de nouveaux matres qui les nour-rissent.

    Seul Tel-Aviv pense que le repli tats-unien nest quune clipse, et que le remo-delage reprendra une fois la crise conomi-que termine.

    La formationdu triangle Turquie-Syrie-Iran

    Washington avait imagin que le dmantle-ment de lIrak serait contagieux. La guerre ci-vile entre chiites et sunnites (la Fitna, selonlexpression arabe) aurait d projeter lIrancontre lArabie saoudite et diviser tout lemonde arabo-musulman. La quasi-indpen-dance du Kurdistan irakien aurait d sonnerlheure de la scession kurde en Turquie, enSyrie et en Iran.

    A contrario, la diminution de la pressiontats-unienne en Irak a scell lalliance desfrres ennemis turcs, syriens et iraniens.Tous ont ralis quils devaient sunir poursurvivre et quunis, ils pouvaient exercer leleadership rgional. En effet, eux trois, cesEtats couvrent lessentiel du champ politiquergional. La Turquie, hritire de lEmpireottoman, incarne le sunnisme politique. LaSyrie, seul Etat baasiste depuis la destruc-

    tion de lIrak, incarne la lacit. Enfin, lIran,depuis la rvolution de Khomeini, incarne lechiisme politique.

    En quelques mois, Ankara, Damas et T-hran ont ouvert leurs frontires communes,diminu leurs droits de douane, et jet lesbases dun march commun. Cette ouverturea cr un appel dair et une soudaine crois-sance conomique. Du coup, elle rencontreun vrai soutien populaire, malgr le souvenirdes querelles prcdentes.

    Cependant, chacun de ces Etats a sontalon dAchille par lequel non seulement

    les Etats-Unis et Isral, mais aussi certainsde leurs voisins arabes, esprent les bles-ser.

    Le programme nuclaire iranien

    Depuis plusieurs annes, Tel-Aviv et Washing-ton accusent lIran de violer ses obligationsde signataire du Trait de non-prolifration et

    de poursuivre un programme nuclaire mili-taire secret. Du temps du ShahReza Pahlevi,les mmes capitales plus Paris avaient or-ganis un vaste programme pour doter lIrande la bombe atomique. Personne ne pensait ce moment-l quun Iran nuclaire repr-senterait une menace stratgique, dans la me-sure o ce pays na pas eu de comportementexpansionniste au cours des derniers sicles.Une campagne de communication, fonde surdes informations volontairement falsifies, aalors object que les actuels dirigeants ira-niens seraient des fanatiques qui pourraientutiliser la bombe, sils en avaient une, de ma-nire irrationnelle, donc dangereuse pour lapaix mondiale.

    Pourtant, les dirigeants iraniens affirmentsinterdire de fabriquer, de stocker ou dutili-ser la bombe atomique, prcisment pour desraisons idologiques. Et ils sont crdibles sur

    ce point. Souvenons-nous de la guerre d-clare par lIrak de Saddam Hussein contrelIran deRouhollah Khomeini. Lorsque Bag-dad lana des missiles sur les villes iranien-nes, Thran lui rpondit lidentique. Lesmissiles en question taient des projectilesnon guids, que lon tirait dans une directionet une certaine puissance, et qui tombaient laveuglette. Limam Khomeini intervintalors pour dnoncer lusage de ces armes parson tat-major. Selon lui, de bons musulmans

    Sommaire

    Campagne contre lindpen-dance de la Suisse Cessons detrahir notre pays petit petit

    page 3

    Non aux spculationssur les produits agricoles

    page 5

    Le travail au service de la com-munaut, complment au travailrmunr

    page 6

    Le politicien et son filspage 7

    Suite page 2

    Gopolitique au Proche-Orientpar Thierry Meyssan

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    ne pouvaient prendre le risque moral de tuermassivement des civils en ciblant des mili-taires. Il avait alors prohib le tir de missilessur des villes, ce qui dsquilibra les forcesen prsence, allongea la guerre, et ajouta dessouffrances son peuple. Aujourdhui son

    successeur, le Guide suprme de la Rvolu-tion,Ali Khanenei, dfend la mme thique propos des armes nuclaires, et lon ne voitpas trs bien quelle faction de lEtat pourraitpasser outre son autorit et fabriquer secrte-ment une bombe atomique.

    En ralit, lIran, depuis la fin de la guerreque lui livra lIrak, a anticip lpuisementde ses rserves dhydrocarbures. Il a vouluse doter dune industrie nuclaire civile pourassurer son dveloppement sur le long terme,et celui des autres Etats du tiers-monde. Pource faire, les Gardiens de la Rvolution ontconstitu un corps spcial de fonctionnairesddi la recherche scientifique et technique,organis selon le modle sovitique au seinde villes secrtes. Ces chercheurs travaillentgalement dautres programmes, notam-ment ceux darmement conventionnel. LIran

    a ouvert toutes ses installations de produc-tion nuclaire aux inspecteurs de lAgenceinternationale de lEnergie atomique (AIEA),mais refuse de leur ouvrir les centres de re-cherche darmement conventionnel. On se re-trouve donc dans une situation dj vue: lesinspecteurs de lAIEA confirment quaucunindice ne permet daccuser lIran, tandis quela CIA et le Mossad affirment sans appor-ter dindice que lIran cache des activits illi-cites au sein de son vaste secteur de recherchescientifique. Cela ressemble sy mprendre la campagne dintoxication de ladminis-tration Bush qui accusait les inspecteurs delONU de ne pas faire correctement leur tra-vail et dignorer les programmes darmes dedestruction massive de Saddam Hussein.

    Aucun pays au monde nayant fait lobjetdautant dinspection de lAIEA, il nest passrieux de continuer accuser lIran, mais

    cela nrode pas la mauvaise foi de Washing-ton et de Tel-Aviv. Linvention de cette pr-tendue menace est indispensable au complexemilitaro-industriel qui met en uvre depuisdes annes le programme isralien de bou-clier anti-missile avec les fonds des contri-buables tats-uniens. Sans menace iranienne,plus de budget!

    Thran a men deux oprations poursextraire du pige quon lui a tendu. Il adabord organis une confrence internatio-nale pour un monde dnuclaris, au coursde laquelle il a enfin! expliqu sa posi-tion ses principaux partenaires (17 avril).De plus, il a accept la mdiation du Brsil,dont le prsident Lula da Silva ambitionne dedevenir secrtaire gnral de lONU. M. Lu-la a demand son homologue tats-unienquelle mesure serait susceptible de rtablir la

    confiance. Par crit, Barack Obama lui a r-pondu que le compromis conclu en novem-bre 2009 et jamais ratifi ferait laffaire. Leprsident Lula est venu Moscou sassurerque son homologue russe tait sur la mme

    ligne. Le prsident Dmitry Medvedev lui aconfirm publiquement que de son point devue aussi, le compromis de novembre suffi-rait rsoudre la crise. Le lendemain, 18 mai,M. Lula a sign avec son homologue iranien,Mahmoud Ahmadinejad, un document corres-pondant en tous points aux exigences tats-uniennes et russe. Mais la Maison-Blanche etle Kremlin ont soudain fait volte face et, re-venant sur leur position, ont dnonc des ga-ranties insuffisantes. Il ny a pourtant aucunediffrence significative entre le texte ratifi

    en mai 2010 et celui ngoci en novembre2009.

    Le passif de la Turquie

    La Turquie a hrit dun grand nombre de pro-blmes avec ses minorits et ses voisins quiont t entretenus par les Etats-Unis pour lamaintenir durant des dcennies dans une si-tuation de dpendance et de vassalit. Le pro-fesseurAhmet Davutoglu, thoricien du no-ottomanisme et nouveau ministre des Affairestrangres, a labor une politique extrieurequi vise dabord dgager la Turquie des inter-minables conflits o elle sest embourbe, puis multiplier ses alliances au travers de quantitdinstitutions intergouvernementales.

    Le diffrent avec la Syrie a t le premierrgl. Damas a cess de jouer avec les Kurdeset a renonc ses prtentions irrdentistes sur

    la province du Hatay. En change, Ankara acd sur la question du partage des eaux flu-viales, la aid sortir de lisolement diplo-matique et a mme organis des ngociationsindirectes avec Tel-Aviv qui occupe le Golan

    syrien. En dfinitive, le prsidentBachar el-Assada t reu en Turquie (2004) et le prsi-dentAbdullah Gl en Syrie (2009). Un Con-seil de coopration stratgique a t mis enplace entre les deux pays.

    Concernant lIrak, Ankara sest oppos linvasion du pays par les Anglo-Saxons(2003). Il a fait interdiction aux Etats-Unisdutiliser les bases de lOTAN situes sur sonterritoire pour attaquer Bagdad, provoquant lacolre de Washington et retardant la guerre.Lorsque les Anglo-Saxons passrent formel-

    lement le pouvoir des autochtones, Anka-ra favorisa le processus lectoral et encoura-gea la minorit turkmne y participer. Puis,la Turquie allgea le contrle la frontire etfacilita le commerce bilatral. Seule ombrepersistante au tableau: si les relations avec legouvernement national de Bagdad sont excel-lentes, celles avec le gouvernement rgionalkurde dErbil sont chaotiques. Larme tur-que sest mme octroye le droit de poursuitedes sparatistes du PKK en territoire irakien certes, avec laval et sous le contrle duPentagone. Quoi quil en soit, un accord a tsign pour garantir lexportation du ptroleirakien par le port turc de Ceyhan.

    Ankara a pris une srie dinitiatives pourmettre fin au conflit sculaire avec les Arm-niens. Utilisant la diplomatie du football, ila admis le massacre de 1915 (mais pas sa qua-

    lification de gnocide), est parvenu ta-blir des relations diplomatiques avec Ierevan,et cherche une solution au conflit du Haut-Karabagh. Cependant, lArmnie a suspendula ratification de laccord bipartite de Zurich.Le passif est galement trs lourd avec laGrce et Chypre. Le partage de la mer Egenest toujours pas clair et larme turque oc-cupe le Nord de la Rpublique de Chypre. Lencore, Ankara a propos diverses mesurespour rtablir la confiance, notamment larouverture mutuelle des ports et aroports.Nanmoins, les relations sont encore loin dela normalisation et, pour le moment, Ankarane semble pas vouloir lcher lautoproclameRpublique turque de Chypre du Nord.

    Lisolement diplomatique de la Syrie

    Washington reproche la Syrie de poursuivrela guerre contre Isral par intermdiaires in-

    terposs: les services iraniens, le Hezbollahlibanais et le Hamas palestinien. Les Etats-Unis ont donc feint de considrer le prsidentBachar el-Assad comme commanditaire delassassinat de lancien Premier ministre liba-nais,Rafic Hariri, et ont mis en place un Tri-bunal pnal spcial en vu de le juger. Avecune habilet surprenante, M. Assad, que lonprsentait comme un fils--papa incomp-tent, a su se tirer daffaire sans rien lcher, nitirer un coup de feu. Les tmoignages de sesaccusateurs se sont dgonfls et Saad Hariri,le fils du dfunt, a cess de rclamer quon

    lenchane pour venir lui rendre damicalesvisites Damas. Plus personne ne veut finan-cer le Tribunal spcial et il est possible quelONU le dmantle avant quil ait eu si-ger, moins quil ne soit utilis pour chargerle Hezbollah.

    Enfin, Hillary Clinton qui lui enjoignaitde rompre avec lIran et le Hezbollah, Ba-chard el-Assad a rpondu en organisant unsommet impromptu avec Mahmoud Ahmadi-nejad etHassan Nasrallah.

    La Chine est devenue le principal partenaire

    commercial de lIran et sappuie sur lexperti-se des Gardiens de la Rvolution pour carterles embches de la CIA en Afrique. En outre,elle apporte un soutien militaire aussi discretquefficace au Hezbollah (auquel elle a proba-blement livr des missiles sol-mer et des sys-tme de guidage rsistant aux brouillages) etau Hamas (qui a ouvert une reprsentation Pkin). Toutefois, elle se hasarde prudemmentet lentement sur la scne proche-orientale etnentend pas y jouer de rle dcisif.

    ***hd. Pour interprter, ou du moins observer etcomprendre les autres imbrications des diff-rents champs de force politiques, conomiqueset militaires, il faudrait disposer de divers pos-tes dobservation tout autour du globe. Maisdans tous les vnements politiques, il y a une

    marge de manuvre permettant aux hommes,dans le monde entier, de mieux dfendre leursintrts et de participer davantage lorganisa-tion de leurvie et de leuravenir. Il faut y treplus attentif.

    Gopolitique au Proche-Orientsuite de la page 1

    Bazar Bandar Abbas (Iran). (photo uk)

    Paysage terrass en Syrie. (photo boe)

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    No 33, 23 aot 2010 page 3Horizons et dbats

    Le bilatralisme va semble-t-il atteindre seslimites mais la Suisse officielle redoute un

    dbat sans prjugs sur lavenir de notre po-litique europenne. Il faut que cela change.Presque quotidiennement les mdias nous se-rinent que la voie de lindpendance de laSuisse est bouche. Comment se fait-il quilvient justement maintenant lide des m-dias que la population suisse, dont on saitquelle est oppose dans sa majorit uneadhsion lUE, devrait absolument d-battre de ce sujet?

    Ceux qui ont lu louvrage du think tankAvenir Suisse paru aux ditions de la NeueZrcher Zeitung et intitul Souvernitt imHrtetest (La souverainet en cause1) nepeuvent sempcher de penser que de nom-breux orateurs du 1er-Aot sen sont inspirs,ou inversement?

    Actuellement a lieu une importante cam- pagne planifie depuis longtemps et qui a

    pour objet de faire plier le peuple oppos ladhsion. On rpte cette absurdit ad nau-seam dans toute la presse ainsi qu la tl-vision. Nous naurons bientt plus quune so-lution: nous dsabonner et ne plus payer laredevance.

    A lautomne 2011 auront lieu les lectionsau Conseil national et il sagit de faire ensorte que les partis dfendent une politiquequi sonde de nouvelles voies dans la mesuredu possible (Markus Spillmann). De nom-breux mdias et politiques chantent la mmeantienne.

    Tout le monde le sait: le modle suisse est unerussite et lon sen rend compte justement un moment o de nombreux pays sont secouspar des crises politiques et conomiques. Lastratge dAvenir Suisse Katja Gentinetta nelignore pas lorsquelle constate que jusqu

    prsent, la Suisse a su imposer une stratgiede souverainet particulirement russie: lapolitique trangre, principalement la poli-tique europenne, signifiait en fait dabordla politique conomique extrieure: ceci lui afacilit la route en vue dune forte intgrationdans le march unique tout en maintenant unegrande indpendance politique et institution-nelle. (Rsum, p. 6). Que vouloir de plus,madame Gentinetta? Or les choses ne peuventpas en rester l: Dans les circonstances ac-tuelles, exprimer lide dun rapprochementde lUE, mme comme une sorte de worstcase scenario, signifie emprunter un chemintrs long et conflictuel. (p. 26). Faut-il serapprocher dune UE au bord de la faillite?(cf. Bruno Bandulet, Dieletzten Jahre desEuro).

    Ceux qui se souviennent de la votation de

    dcembre 1992 sur ladhsion lEEE qui at refuse par le peuple et les cantons con-naissent bien ces prvisions alarmistes; ils sesouviennent avec quelle insistance, lpo-que, le Conseil fdral et de nombreux poli-tiques nous mettaient en garde contre la ca-tastrophe conomique et sociale qui menaaitla Suisse si elle nadhrait pas. Or il nen arien t. Au contraire, la voie adopte par laSuisse, petit pays souverain avec ses capaci-ts conomiques et son modle de dmocra-tie directe et de fdralisme a continu faireses preuves. Or cela nintresse pas les stra-

    tges dAvenir Suisse, car ils visent dautresobjectifs.

    Le modle suissecontrarie Avenir Suisse

    Avant dtudier les thses principales deSouvernitt im Hrtetest, voquons bri-vement les objectifs et la manire de travaillerdAvenir Suisse .

    Ce think tank a t fond en 1999 par desgrands groupes oprant au niveau mondial2dans le but dinfluencer en coulisse le dve-loppement social et conomique de la Suisse:A la diffrence dassociations comme co-nomiesuisse,Avenir Suisse ne veut pas pourautant jouer un rle actif dans les procduresde consultation politique ou les campagnesde votation, contrairement des associationstelles queconomiesuisse. Elle consacre bienplutt ses nergies la sensibilisation des dif-frents milieux aux problmes quelle jugeopportun daborder et leur inclusion rapide

    dans lordre du jour des processus dcision-nels.3 Il est vident que les multinationalesreprsentes parAvenir Suisse ont tout int-rt avoir des structures politiques qui leurpermettent dtendre si possible sans limi-tes leur puissance financire et daugmenterleurs bnfices qui se chiffrent en milliards.Lindpendance de la Suisse, la dmocratiedirecte, le fdralisme sont souvent un obs-tacle lpanouissement des multinationalesetAvenir Suissevoudrait changer cela. Pourle think tank, les forces du march doiventen rgle gnrale bnficier de la plus grandemarge de manuvre possible. Dans cette op-tique, lEtat nintervient pas en premire ins-tance dans la rsolution des problmes exis-tants.3

    Aux niveaux communal, cantonal et f-dral, les citoyens ne cessent de soppo-ser ces objectifs. En Suisse, lEtat, cest

    le peuple et celui-ci se permet de limiter lamarge de manuvre des forces du mar-ch en sopposant par exemple la priva-tisation de la poste, des chemins de fer, deleau et de llectricit. Il arrive que dans lescommunes et les cantons, les demandes depermis de construire dusines chimiques surdexcellentes terres agricoles ou de super-marchs discounts trangers soient rejetespar le peuple. Et avant chaque votation f-drale sur un accord bilatral avec lUE, lesmilieux conomiques qui prfreraient maxi-miser sans restrictions leurs profits au sein du

    march intrieur europen et les politiquesqui louchent vers un emploi Bruxelles quileur apporterait influence et revenus levs

    doivent faire des pieds et des mains pour in-citer les citoyens accepter des progrs dansla libralisation ou, plus encore, les empcherde recourir au rfrendum facultatif.

    Si la Suisse tait membre de lUE, les cho-ses seraient naturellement beaucoup plus sim-ples pour les multinationales. Cest pourquoielles ont fondAvenir Suisse il y a 11 ansafin de communiquer au peuple leur messageafin de contribuer une meilleure compr-hension, par le grand public, des incertitudeset des dfis qui attendent les principaux ac-teurs dune Suisse en mouvement afin din-tervenir temps dans la sensibilisation desdiffrents milieux aux problmes et leurinclusion rapide dans lordre du jour des pro-cessus dcisionnels.

    Trois conseillers fdraux marchentde conserve avec Avenir Suisse

    Les trois conseillers fdraux qui a imeraientdepuis longtemps apparatre sur la photo degroupe des chefs dEtat de lUE ne se g-nent pas de dire ce quils pensent dans leursdiscours du 1er-Aot. Ainsi Moritz Leuen-berger, tout comme le think tank du grandcapital, a affirm que la voie bilatrale tou-chait sa fin et que la Suisse devait pr-voir un nouveau rapprochement avec lUE(NZZ du 2 aot). Selon ce journal, Leuenber-ger est all jusqu affirmer que nous devions lUE une paix durable avec nos voisins,comme si nimporte quel colier ne savait pasque notre pays vit en paix avec ses voisins de-puis 200 ans. Pour que la Suisse sapprochede lobjectif de ladhsion lUE en regrou-pant en rgions ses petites structures, Leuen-berger souhaite un renforcement des villeset des agglomrations et sest moqu, lins-

    tar des universitaires prtentieux de la villede Zurich, des symboles et mythes cam-pagnards qui caractrisent trop fortementnotre pays. Il sest surtout attaqu au mythedu monde intact des montagnes car celui-cia permis daboutir lInitiative pour la pro-tection des rgions alpinescontre le traficde transitalors quil jugeait absurde de limi-ter aux Alpes la rduction du trafic. Dcla-ration remarquable du chef du Dpartementdes transports qui, depuis des annes, ne tientsciemment pas compte de larticle sur la pro-tection des Alpes pourtant inscrit dans la

    Constitution afin de cder ces messieurs deBruxelles. Mais ceux qui connaissent lagendaeuropen et le nouveau projet de programme

    du PS ne stonnent plus de rien.Egalement sur la mme longueur donde

    quAvenir Suisse, la prsidente de la Conf-dration et cheffe du Dpartement de lco-nomieDoris Leutharda appel un dbatconstructif sur la question de savoir ceque devraient tre nos rapports avec nos voi-sins dans un monde en mutation. Ce nestpas tonnant car depuis longtemps, DorisLeuthard se fait la propagandiste infati-gable dun dveloppement sans limites delconomie globale, de lextension du rgi-me de lOMC et de son libre-change agri-cole (Cycle de Doha) au dtriment des payspauvres et de lagriculture des petites ex-ploitations, ce en quoi elle soppose fonda-mentalement aux conclusions du Rapportsur lagriculture mondiale. Elle dfend ga-lement un accord de libre-change agricole

    avec lUE qui, selon ses propres dires, entra-nerait la disparition dau moins la moiti desexploitations suisses.

    La troisime tre daccord avecAvenirSuisse,Micheline Calmy-Rey, a dclar quel-le ne voudrait pas que notre pays soit unmembre de facto de lUE sans droit de vote4.On sait que la conseillre fdrale socialistevoudrait depuis longtemps que la Suisse ad-hre lUE. Le point culminant de ses activi-ts dans ce sens fut sa tentative de faire par-ticiper larme suisse loprationAtalantede lUE, laquelle tentative a heureusementchou en septembre 2009 grce lopposi-tion du Conseil national, avant tout grce unnombre important de non dauthentiquessocialistes qui nont pas encore oubli que lapolitique de gauche doit absolument tre unepolitique de paix.

    La souverainet en causeCommenons par prciser ceci: Pour les di-teurs de louvrage, Katja Gentinetta, strat-ge dAvenir Suisse et Georg Kohler, profes-seur de philosophie zurichois, il ne sagitpas le moins du monde de la sauvegarde dela souverainet de la Suisse, cest--dire dupeuple suisse souverain. Ils sont gns, demme que la plupart des autres auteurs, parle fait quune forte majorit de Suisses tien-nent lindpendance de leur pays et ce

    Campagne contre lindpendance de la Suisse Cessons de trahir notre pays petit petit

    par Marianne Wthrich

    Suite page 4

    En tant que petit pays, la Suisse est plus libre de ses politiques en ce qui concerne le commerce extrieur, la monnaie, la fiscalit et les ressources pr-cisment parce quelle peut agir de manire indpendante au niveau global. En matire de commerce extrieur, de nombreux arguments, et en politique

    montaire tous les arguments parlent en faveur de lindpendance. (photo thk)

    Je suis horrifi, nous fait savoir of-ficieusement un membre de la Ban-que nationale suisse. Il se rfre une tude de la Stiftung Marktwirt-

    schaft allemandeet de lexpert enfinances publiques de Fribourg-en-Brisgau Raffelhschen, qui aboutit la conclusion effrayante suivan-te: La dette publique grecque est8 fois (!) plus importante que cellequi a t dclare (!). Selon sontude, une dette cache gigantes-que sajoute la dette officielle.

    Source: Vertraulicher Schweizer Briefno 1258 du 3/8/10

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    que le peuple, grce ses droits politiquestendus, ait tant de possibilits de partici-per aux dcisions. Lorsque les diteurs pr-tendent que le dbat sur les rapports entre laSuisse et lUE est soumis des tabous, ilsfont allusion au fait, agaant pour eux, que

    le think tank nait pas russi jusquici rem-plir une de ses missions: amener les Suis-ses vouloir adhrer lUE. Et cest dansce but qu Avenir Suisse part en campagne,une anne avant les lections fdrales, envue daffaiblir, voire de dtruire notre iden-tit et notre profonde identification au mo-dle suisse.

    Constatation tonnante: ladhsion lUEnest pas conomiquement ncessaire

    Contre toute attente, les conomistes qui sex-priment dans la IIe partie de louvrage arri-vent la conclusion quune adhsion lUEne simpose nullement pour des raisons co-nomiques: En tant que petit pays, la Suisseest plus libre de ces politiques [commerce ex-trieur, monnaie, fiscalit, ressources,prci-sion de lauteure] justement parce quelle peut

    agir de manire indpendante au niveau glo-bal. [] En matire de commerce extrieur,de nombreux arguments, et en politique mo-ntaire tous les arguments, parlent en faveurde lindpendance. (!) Cest ce quaffirmeHeinz Hauser5 sous le titre Aussenhandel:Souvernitt als Marktvorteil etErnst Bal-tensperger6 sous le titre Geldpolitik: Auto-nomie als Stabilittsanker.

    Une adhsion prtendument ncessairepour des raisons institutionnelles

    Rendez-vous compte: Malgr cette prise deposition trs claire des conomistes,AvenirSuisse insiste sur ladhsion. Bien que lesauteurs ne cessent de rpter quil ne sagitque dune stratgie de souverainet suisse,dun dbat de politique europenne sans ta-bous, tous les constitutionnalistes et les poli-

    tologues de la 1re partie du livre se prononcentnettement en faveur de ladhsion. Tout en re-connaissant que la voie bilatrale a t jus-quici un succs, ils la qualifient dimpasse(p. ex.Dieter Freiburghaus, 7p. 120 et Franzvon Dniken,8 pp. 51 sqq.). Selon eux, lad-hsion part entire apporterait la Suisseun gain de souverainet au plan politiqueparce quelle ne devrait plus appliquer le droitcommunautaire sans pouvoir prendre partaux dcisions de Bruxelles (cf. pp. 115 et288 notamment).

    Ici deux questions se posent: Qui, en casdadhsion, participerait aux dcisions Bruxelles? Et: Pourquoi le think tank desmultinationales dfend-il si fortement lad-hsion alors que lconomie marche appa-

    remment bien sous le rgime actuel des ac-cords bilatraux?

    Qui peut participeraux dcisions de lUE?

    Quen est-il du prtendu gain de souverai-net que nous vaudrait une adhsion? Quipourrait exercer une influence sur Bruxelles etparticiper aux dcisions? Pour Freiburghaus,les choses sont claires (p. 115 sqq.): Les ga-gnants sont le gouvernement et ladminis-tration, cest--dire lexcutif car ils sigentautour des tables o se prennent les dcisions.

    Les parlements nont que peu de moyens din-fluencer leur gouvernement.

    Les citoyens des pays voisins de laSuisse peuvent confirmer cette affirma-tion. A Bruxelles sigeraient quelques con-seillers fdraux ainsi quune multitude defonctionnaires fdraux, des reprsentantsdes partis politiques, des associations et dessyndicats. Les multinationales dont le sige

    est en Suisse, reprsentes parAvenir Suis-se, pourraient faire valoir leurs intrts di-rectement aux postes de commande de lUE.En outre, le transfert de souverainet de lacapitale vers Bruxelles a des consquencesbeaucoup plus ngatives pour un Etat fdralque pour un Etat centraliste comme la Fran-ce. Dans les fdrations, la comptence l-gislative des Etats fdrs est galement af-fecte. Ici, Freiburghaus minimise le risquecar on sait bien que les parlements des Ln-der allemands et autrichiens nont conservquune petite partie de leurs anciennes com-ptences.

    Si la Suisse adhrait, non seulement lesChambres fdrales, mais galement lesparlements et gouvernements cantonauxperdraient beaucoup de leurs compten-ces. Mais ce qui serait le plus grave pour les

    Suisses est que le vritable perdant serait lepeuple. Tous les auteurs de Souvernitt imHrtetest savent bien que la structure po-litique particulire de la Suisse avec sa d-mocratie directe trs prononce aux niveauxfdral, cantonal et communal est la vraieraison de la nette opposition des citoyens ladhsion. Comme le remarque Freibur-ghaus juste titre, il sagit du droit pres-que illimit du peuple sopposer ce quefait le personnel politique quil a mandat(p. 116). La perte de souverainet du peupleserait norme.

    Mais il sagit de plus encore, dune chosefondamentale: lidentit des Suisses, tout cequi constitue le modle suisse avec son carac-tre dencouragement pour dautres peuples,serait irrmdiablement dtruit. En plus de ladmocratie directe, le type particulier de f-dralisme avec les quatre langues de culture

    serait affect de mme que la forme parti-culire de neutralit arme qui ne consistepas en un isolement par rapport ltran-ger mais dans la mission humanitaire dunegrande porte que la Suisse sest impose lgard de tous les peuples du monde entant que sige du CICR et dEtat dpositai-re des Conventions de Genve. A cela sajou-te lautonomie communale avec linstitutionde lassemble communale dans laquelle lescitoyens peuvent grer leurs affaires et as-sumer une responsabilit dans la commune(principe de milice). Cela ne fonctionne quetant que le peuple aura son mot dire, caron sait que la folie rglementariste de la bu-reaucratie europenne touffe la participationdes individus et la rduit essentiellement larecherche de moyens dobtenir des aides fi-nancires de Bruxelles.

    Quest-ce qui drangeAvenir Suisse dans le modle suisse?

    La rponse cette question est simple: ce quidrange le think tank global, cest le fait quenSuisse, le peuple ait tant de moyens dexpri-mer son opinion, que la Suisse soit une na-tion ne de la volont populaire qui ne sou-haite pas de t ransfert de souverainet versla structure centraliste et antidmocratiquede lUE, ce sont les nombreuses petites struc-tures transparentes des communes et des can-tons plus ou moins importants que la po-pulation peut aisment contrler.

    Comme nous lavons dj mentionn plushaut, il est beaucoup plus facile pour lesgrandes socits dtablir leurs lobbyistes Bruxelles et dexercer une influence directesur lconomie europenne. Cest pourquoiles auteurs de la Ire partie du livre sont trs

    contraris par les liens profonds, caractris-tiques de la Suisse et de ses habitants, entrelidentit collective, lidentit individuelleet la dmocratie directe (Kohler, p. 36), parle fait que leur conception de la souveraine-t soit incompatible avec la supranationa-lit ( Jrg Martin Gabriel,9 p. 100). SelonThomas Maissen,10 une majorit de repr-sentants de la politique (conomique) tran-gre seraient sans doute prts un abandonde souverainet qui rend possible le com-merce global (!). Cependant le peuple sou-verain nen veut pas parce quil est impr-

    gn dexpriences et de conceptions surlEtat nation datant des XIX et XXe siclesselon lesquelles la souverainet par rapport ltranger et la neutralit sont la conditionla plus importante dun dveloppement paci-fique. (pp. 79 sqq.) Eh oui, cest bien cela,monsieur Maissen! Selon Freiburghaus, lepeuple et les cantons devraient approuverune adhsion qui rduirait leurs droits et il

    poursuit, du, en crivant que ce qui rendpresque impossible une adhsion, cest lerle de souverain du peuple. Le rle, mon-sieur Freiburghaus?

    Faire voler en clats la Suisseen la transformant radicalement

    On comprend maintenant pourquoi le thinktank cherche depuis de nombreuses annes remodeler la Suisse. Si donc le cot du ca-valier seul et du maintien de la souveraine-t devenait trop lev [le cot pour qui? rem.de lauteure], nous devrions quand mmesonger modifier nos institutions politiquesde manire ce quune participation ne soitplus un obstacle mais une chose salutaire.(Freiburghaus, p. 129). Selon Freiburghaus,le Conseil fdral aurait besoin dune plusgrande marge de manuvre, ce qui rdui-

    rait un peu (!) les comptences du Parle-ment et des cantons et restreindrait les droitspopulaires.

    Pour avoir le peuple lusure, les auteursne cessent de dnigrer le modle suisse etles citoyens rcalcitrants. Les mdias nousont habitus voir les Suisses consid-rs comme des gens qui sisolent, se rser-vent la meilleure part du gteau et persistentdans une conception dpasse de la dmo-cratie. Selon les auteurs, notre systme po-litique a besoin dune rnovation profon-de car aussi bien le Conseil fdral quele prtendu Parlement de milice sont demoins en moins en mesure de faire leur tra-vail (sic!). Le fdralisme nest plus quelombre de lui-mme (pp. 129 sqq.) car lescantons sont trop petits pour accomplir leursmissions.

    On connat les efforts d Avenir Suisse

    et de ses affids volontaires ou non dumonde politique et administratif ainsi que deleurs experts extrieurs en vue de remode-ler la Suisse pour la rendre euro-compatible:il sagit de crer des grandes rgions et desgrandes communes, des niveaux de pouvoirantidmocratiques au-dessus des agglomra-tions, de dpeupler les campagnes et les r-gions de montagne (cf. Leuenberger), din-troduire des acteurs supplmentaires unmtaniveau illgitime et non dmocratiquecomme les confrences mtropolitaines et lesateliers du futur, de privatiser les services pu-blics, de pratiquer la manipulation neurolin-guistique de la population, tout cela ad nau-seam.

    Paralllement, les auteurs tentent de pr-senter les citoyens comme des incapableslorsquils ne votent pas comme le voudrait

    llite: Peu peu, on se rend compte quela dmocratie directe nest un bienfait quelorsque les lites font bloc et prsentent aupeuple de bonnes solutions (p. 130). LesSuisses ont-ils besoin de professeurs duni-versit qui manifestent tant darrogance etcotent cher aux contribuables? LhistorienMaissen rvle dfinitivement le vrai visagedu think tank qui prtend vouloir sauve-garder la souverainet de la Suisse: Si leslites suisses dsirent tendre la marge demanuvre au plan international, elles doi-vent cesser de lutter pour lindpendancedes marchs trangers mais contre les droitsde veto de la dmocratie directe, notammentla minorit de blocage due la majorit descantons qui, dans le pire des cas (11 desplus petits cantons), ne reprsentent gureque le quart de la population. Plutt que dese confronter au peuple souverain dot du

    droit de rfrendum et ses reprsentantssouverainistes, il serait plus simple de ngo-cier dans lgalit des droits et dans le cadredun ordre juridique commun avec les repr-sentants dautres Etats. Mais quel dtenteurdun droit de veto renonce de plein gr cedroit? (p. 80)

    Donc on sattaque au peuple suisse et ses droits politiques gnants en brandissantla menace du Roi des aulnes (Goethe): Si tune veux pas, jutiliserai la force? Cela suf-fit maintenant. Nous, le peuple, restons sou-verains et rsoudrons les problmes auxquels

    la Suisse est confronte beaucoup mieux, coup sr, au sein de notre modle prouv dedmocratie quen tant que laquais de lco-nomie globale. La domination dune lite esttrangre au modle suisse; nous nen avonspas besoin.

    1 Souvernitt im Hrtetest. Selbstbestimmungunter neuen Vorzeichen von Katja Gentinetta u nd

    Georg Kohler (Hrsg.), Avenir Suisse und VerlagNeue Zrcher Zeitung, 2010. Rsum en franaisdu dernier chapitre: www.avenir-suisse.ch/content/themen/effizienz-der-institutionen/souveraenitaet/mainColumnParagraphs/0/document1/souv_resu-me_fin.p

    2 ABB, Crdit suisse, Groupement des banquiersprivs genevois, Jacobs Holding, Kuoni Holding,McKinsey Switzerland, Nestl, Novartis, Roche,Sulzer, Swiss Re, UBS et Zurich Financial Services

    3 www.avenir-suisse.ch/fr/ueber-uns/leitbild.html4 Toutes les citations sont tires de la NZZdu 2 aot.5 Professeur mrite de politique conomique tran-

    gre lUniversit de Saint-Gall et auteur du rap-port dexpertise sur les consquences conomiquesde ladhsion lEEE (1992)

    6 Professeur mrite dconomie aux Universits deBerne, de Saint-Gall, de Heidelberg et de lOhioainsi que conseiller de la Banque nationale suisse.

    7 Professeur mrite de sciences politiques et admi-nistratives Lausanne et fondateur des sminairessoleurois sur lEurope destins la formation con-

    tinue des fonctionnaires fdraux8 ex-Secrtaire dEtat et directeur politique de lAd-

    ministration fdrale9 Professeur mrite de relations internationales

    lEPFZ10 Professeur dhistoire des temps modernes

    lUniversit de Heidelberg

    Campagne contre lindpendance ...suite de la page 3

    La voie bilatralena pas atteint ses limites

    La voie bilatrale est une successstory impressionnante. En fait, laSuisse a aujourdhui une meilleure si-tuation conomique que la plupartdes pays de lUE. []

    Les accords bilatraux permettentune politique douverture et de col-laboration. Les principes essentielsde la souverainet de la Suisse (d-mocratie directe, fdralisme, auto-nomie montaire, financire et fisca-le) ne sont en principe pas affects.Rien nindique que la voie bilatraleait atteint ses limites.

    Source: Finanz und Wirtschaft du 4 /8/10

    LEtat no-libral

    ruine les communesMme aprs une fusion, les communes lacampagne se retrouvent en crise permanen-te. La politique conomique no-librale delEtat met les fournisseurs locaux, les pi-ciers, les boulangers et les bouchers en diffi-cult, de sorte quils doivent tous, petit petit,abandonner leurs activits.

    Lautodestruction no-librale de lEtat(surtout prive) a enlev aux communes lesavantages des installations publiques localeset rgionales. De nombreuses communes ontperdu leurs bureaux de poste, leurs gares, leurtribunal ou leurs tablissements scolaires. Lescitoyens de la commune sont devenus pendu-laires ou dmnagent en ville. La vie publi-que et prive dans les communes sappauvrit.Des maisons sont rachetes par des trangersque personne ne connat. Les recettes dimi-

    nuent. Les conseillers des banques incitentleurs clients sengager dans des oprationsrisques qui napportent que des pertes. Lesdettes augmentent, les prestations des com-munes deviennent de plus en plus chres oudisparaissent.

    Lors du libralisme de Manchester la findu XIXe sicle, il y a eu un exode rural qui atransform les ouvriers agricoles en proltai-res urbains. Les consquences du no-libra-lisme actuel nous rappellent ces temps-l.

    Erich Schfer, Vienne

    Selon le Service de renseignementde la Confdration (SRC), le D-partement des Affaires trangres(DFAE) a t la cible dune attaqueinformatique en octobre 2009. Despirates dont on ignore lidentit ontutilis un logiciel spcial pour p-ntrer le systme informatique duDpartement et rcuprer des in-

    formations. Le DFAE a isol son r-seau informatique du rseau Inter-net afin de stopper la transmissionde donnes vers lextrieur et dvi-ter toute manipulation du systmepar des tiers. Le ministre de la Con-fdration a ouvert une enqute.

    Source: Vertraulicher Schweizer Briefdu 3/8/10

  • 8/8/2019 Nouvelle donne gopolitique au Proche-Orient

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    No 33, 23 aot 2010 page 5Horizons et dbats

    La Russie dessche:larme climatique amricaine est-elle en jeu?

    La temprature anormalement leve dans lecentre de la Russie a dj engendr dnormespertes conomiques. Un cinquime des cul-tures a t dtruit et les prix des produits ali-mentaires principaux pourraient augmenterconsidrablement ds lautomne. Moscou estpris dans la fume des incendies des tour-bires. Les prvisions des experts sont loindtre rassurantes: les scheresses, les oura-gans et les inondations se rpteront de plusen plus souvent et seront de plus en plus vio-lents. Alexe Kokorine, le directeur du pro-gramme Climat et nergie des Fondsmondiaux pour la Nature (WWF), expliqueque la tendance actuelle (la scheresse) nesarrtera pas, elle nest pas le fruit du ha-sard 1

    Que lemploy dune organisation inter-nationale influente qui travaille dans diff-rentes rgions du monde sous la couverturedes programmes cologiques soit si bien in-form est trs significatif. Et cela ne se rduitpas au fameux rchauffement de la terrequi fait lobjet dintenses dbats scientifiqueset autres.2 La thorie du rchauffement dela plante en tant que cycle naturel nces-site, tout au moins, des preuves alors que lacanicule actuelle, observe, dailleurs, exclu-sivement sur le territoire de la Russie et deses territoires limitrophes, pourrait sous-en-

    tendre plus que des explications scientifiquesnaturelles.

    Le problme de rgulation de la mto,comme forme de rgulation sociale, a tabord ds les annes 1970 parZbigniewBrzezinski dans son livre Between TwoAges [Entre deux sicles]. Il est clair quelexpert de la gopolitique amricaine ne

    pouvait pas ne pas se poser la question surla possibilit dutiliser diverses formes dim-pact climatique aussi bien sur les systmessociaux que gopolitiques. Dautres auteurssrieux ont galement crit ce sujet, bienque pour des raisons videntes, il est peuprobable que les informations concernant lesdcouvertes dans le domaine de la cration etdessais dune arme climatique soient divul-gues un jour.

    En 2000,Michel Chossudovsky, professeurdconomie lUniversit dOttawa, a critsur la possibilit dun changement partiel duclimat comme rsultant de lutilisation dunenouvelle gnration darmement non ltal.Les Amricains travaillent sur la capacit decontrler le climat dans diverses rgions dumonde, cette technologie est dveloppe dansle cadre duHigh-frequency Active Aural Re-search Program (HAARP),3 capable de pro-

    voquer des phnomnes tels que des sche-resses, des ouragans, des tremblements deterre et des inondations.

    Du point de vue militaire, le HAARP estune arme de destruction massive, un instru-ment dexpansion qui permet de dstabiliserslectivement les systmes cologiques etagricoles des pays et des rgions cibls.4 Labase technique connue du programme est unsystme dmetteurs lectromagntiques des-tin ltude des processus dans lionosph-re et compos de 360 metteurs radio et de180 antennes dune hauteur de 22 mtres.5 En

    mettant dans le ciel 3600 kilowatts la sta-tion est devenue linstallation la plus puissan-te au monde pouvant agir sur lionosphre.6Le programme, lanc en 1990, est financpar la direction des Recherches maritimes etpar le laboratoire de Recherche de larmede lair amricaine avec la participation desplus grandes universits.

    Tout cela donne matire aux rumeurs etaux hypothses. On pourrait toujours conti-nuer rire de Hugo Chavez qui a expliqule tremblement de terre dvastateur en Hati(http://fondsk.ru/article.php?id=2755) par lamise en application de HAARP, mais des hy-pothses similaires ont t formules aprsle tremblement de terre dans la province chi-noise de Sichuan en 2008. De plus, une sriede faits montre que le programme amricainqui a pour objet le changement climatiquedans des pays et des rgions particuliers porteun caractre systmatique qui touche mainte-nant le milieu spatial.

    Ainsi, par exemple, le 22 avril 2010, ledrone amricain X-37B a t lanc sur lor-bite de la Terre et pourrait, selon certainessources, transporter son bord de nouveauxmodles darmement laser. Selon le NewYork Times, les reprsentants du Penta-

    gone nient fermement toute relation entrelappareil et un armement offensif quelcon-que mais admettent quil a pour but das-sister des oprations militaires terrestres etde remplir diverses missions auxiliaires.7 LeX -37B a t construit il y a 11 ans dj envertu dun programme de la NASA, et en2006 ce programme a t transmis larmede lair amricaine sous le cachet du secretdfense en ce qui concerne sa destination etson budget.8

    Les exigences de soulever le voile du se-cret dfense sur les exprimentations menes

    en Alaska nont jamais cess dtre expri-mes aux Etats-Unis et dans dautres pays.En Russie, les exigences similaires nont ja-mais t exprimes de faon bruyante. Nan-moins, il semblerait que les changements cli-matiques au service des intrts politiquessoient loin dtre un mythe et prochaine-ment la Russie, ainsi que le reste du monde,

    devrait faire face un nouveau type de me-nace. Les dveloppements dans le domainedarmement climatique semblent atteindrela capacit de rendement prvue, en en-gendrant les scheresses, en dtruisant les r-coltes et en provoquant sur le territoire de lacible toute une srie de phnomnes anor-maux. Lauteur de cet article,Andre Arechev, est expert dela Fondation pour la culture stratgique.

    Ce texte nengage que la responsabilit de lauteur.

    Source:RIA Novosti du 3/8/10, http://fr.rian.ru/discussion/20100803/187169238.html

    1 Odnako. 2010, No 28., p. 33.2 For details concerning the Wildlife Foundation,

    see: www.globoscope.ru/content/articles/2892/3 Program site: www.haarp.alaska.edu. The

    HAARP station is located in Alaska, 250 kmnorth-east of Ankoridge.

    4

    Chossudovsky M. Washingtons New World OrderWeapons Can Trigger Climate Changewww.mindfully.org/Air/Climate-Change-Weapons.htm

    5 www.haarp.alaska.edu/haarp/gen.html6 www.kp.ru/daily/24494/648410

    7 Surveillance Suspected as Spacecrafts MainRole. By William J. Broad, www.nytimes.com/2010/05/23/science/space/23secret.html?_r=1&hp

    8 The Times claimed that the secret unmanned ve-hicle might be testing laser weapons: www.newsru.com/world/24may2010/kosmorazvedhtml,www.fondsk.ru

    thk. Le bl vous enrichit! Cest le genre depublicit quon trouve sur Internet pour in-citer lachat de bl la bourse. On en eststupfait! Le bl, cette matire premire siimportante pour nourrir les populations est

    devenue depuis des dcennies lobjet de sp-culations sauvages. Dans lensemble, les hu-mains ne jouent pas avec une nourriture aussiimportante, sachant quels effets dvastateursla spculation dans ce domaine provoque.Cest pourquoi une telle publicit ne peut quedclencher malaise et dgot.

    Ceux qui ont vu le film documentaireBl de septembre, projet dans les cin-mas vers la fin des annes septante, dbuthuitante, naura pas oubli quel pointune mauvaise rcolte dans lUnion soviti-que avait fait grimper les prix du bl labourse amricaine, rjouissant les investis-seurs. Il est bien possible que certains aientpens quil sagissait dun dvoiement capi-taliste du communisme et naient pas accor-d toute lattention ncessaire cette tristeralit. Mais 30 ans plus tard, aprs avoir

    vcu la crise financire et conomique, onne peut qutre horrifi par la rptition dece phnomne, image dune ralit brutale.Est-ce cela le rsultat dune socit moderneau XXIe sicle?

    Les terribles incendies de forts et de tour-bires, dont les causes ne sont pas cher-cher seulement dans les chaleurs estivalesqui sont monnaie courante dans un climatcontinental, ont incit la Russie dcrter du 15 aot au 31 dcembre 2010 une in-terdiction dexportations de bl, du fait de ladestruction dune grande partie de cette r-colte. Le Premier ministre Poutine fit savoirquil fallait en premier lieu assurer la subsis-tance de la population, avant de penser desexportations.

    Cette dcision logique de la Russie a pro-voqu une explosion des cours, dclenchepar les spculateurs en bourse. Depuis fin

    juin, le prix du bl a augment de 75%, unevritable catastrophe pour le ravitaillement.Ceux qui en souffriront le plus sont les paysqui, du fait du libre-change, dpendent

    des importations de crales, ayant ngli-g, voire supprim ce type de cultures, tantdonn que les importations taient meilleurmarch. Mais aussi les pays qui ne sont pascapables, du fait de leurs conditions climati-ques ou topographiques, dassurer une pro-duction agricole suffisante pour nourrir leurpopulation. Et cette spculation honte netouche pas que le bl, mais aussi le sucre quia augment dune fois et demie.

    Lapprovisionnement de lhumanit enproduits agricoles, notamment alimentaires,

    est une ncessit fondamentale. Selon les r-sultats scientifiques duRapport sur lagricul-ture mondiale publi en 2008, il est possiblede lassurer avec une agriculture des petits

    espaces, fournissant les marchs locaux etrgionaux.

    Assurer lalimentation de sa propre popu-lation par une agriculture nationale est in-dispensable si lon veut conserver une sou-verainet dans ce domaine. Un libre changegenre OMC est dpass. Ce dont on a be-soin, ce sont des contrats honntes et con-clus sur un pied dgalit entre les Etats, as-surant un avantage tout le monde et passeulement quelques multinationales presau gain.

    Les catastrophes, aux causes incertaines,dont souffrent la Russie, la Chine, lInde etle Pakistan, montrent quel point un sys-tme agraire global, fond sur le seul profit,

    est fragile. Lt actuel causera aussi dansnotre pays des rcoltes amoindries, notam-ment en ce qui concerne le bl. La longuepriode de scheresse, suivie de fortes pluiesa diminu la qualit du bl, ce qui a pour

    effet, selon Hansjrg Walter, prsident delUnion suisse des paysans, que prs duntiers de la rcolte ne peut tre utilise quepour nourrir le btail. Ce qui se reporte na-turellement sur les revenus, alors que lagri-culture est dj la limite de ses capacitsfinancires.

    Lconomie agricole, dont dpend le ra-vitaillement des populations, est trop pr-cieuse pour tre laisse la libre dispositiondes spculateurs. Cest un droit fondamentaldes hommes davoir suffisamment de nour-riture. Il faut donc en finir avec cette lgen-de du march libre et sengager, en tant quecitoyens conscients, pour une agriculture ca-pable de rpondre sa mission fondamentale:le ravitaillement des populations en quantitsuffisante.

    Non aux spculations sur les produits agricoles

    Le 1er juillet 2010, soit juste au dbut dela moisson, le Dpartement fdral delconomie (DFE) a, sans avertissement,rduit de 14.- frs/100 kilos les taxes dedouane pour la farine. Cette dcisionunilatrale met en danger la produc-tion de crales panifiables en Suisse, laquelle sont lis des milliers demplois.Le monde politique a vite ragi: lUDCestime inacceptable de mettre en dan-ger le ravitaillement et lindpendancedu pays, du fait dune politique agricoleerrone et anticonstitutionnelle.

    La conseillre fdrale PDC Leuthardet le DFE sont pris de remettre fonda-mentalement en question cette voie in-ternationaliste de la politique agricole,den tirer les consquences ncessairesen redonnant sa place la productionindigne, qui est de grande qualit.[]

    Source: Vertraulicher Schweizer Briefdu 3/8/10

    Depuis fin juin, le prix du bl a augment de 75%, une vritable catastrophe pour le ravitaillement.Ceux qui en souffriront le plus sont les pays qui, du fait du libre-change, dpendent des importa-tions de crales, ayant nglig, voire supprim ce type de cultures, tant donn que les importa-tions taient meilleur march. Mais aussi les pays qui ne sont pas capables, du fait de leurs condi-tions climatiques ou topographiques, dassurer une production agricole suffisante pour nourrir leur

    population. (photo md)

    (photo mad)

  • 8/8/2019 Nouvelle donne gopolitique au Proche-Orient

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    page 6 No 33, 23 aot 2010Horizons et dbats

    Une grande partie des activits conomiquesest effectue en dehors du travail rmunr,

    cest--dire sans rtribution sous forme dar-gent, soit en tant que travail propre, cest--dire pour soi-mme respectivement au sein dela famille, soit en tant que travail au servicede la communaut, cest--dire en travaillantpour autrui.

    La rtribution rside dans le rsultat dutravail mme. Ce travail fourni (en majeurepartie) en dehors du domaine montaire estdonc soustrait la pression et la contraintede la croissance et restiste par consquent la crise. Pour cette raison, il devrait obtenir,pour rduire la fragilit de lconomie vis--vis de la crise, nouveau une plus grande im-portance.

    La proportion de ce travail a diminu cons-tamment tandis que les prestations correspon-dantes ont t de plus en plus prises par lemarch. Lchange sur le march permet de

    favoriser le partage du travail, la spcialisa-tion et laugmentation de la productivit quien dcoulent. Mais des inconvnients impor-tants y sont aussi lis. Ici, lautomatisation etla mcanisation constantes des activits, n-cessaires pour augmenter la productivit, enfont partie.

    La prestation effectue est ainsi de plus enplus impersonnelle. Cela mne ce que lesindividus ont entre eux pendant leur travailde moins en moins de contacts et sisolent, cequi ne peut pas ou seulement insuffisammenttre compens par la communication pendantle temps libre. Un autre inconvnient impor-tant est que beaucoup de prestations dansla mesure o elles ne sont pas automatisa-bles ne sont plus fournies, parce que les sa-laires sont trop levs et ainsi les prestationsdeviennent trop chres. Si les prestations nesont plus fournies, quoi servirait-il de sa-

    voir quelles le seraient plus productivementsi elles taient fournies!

    A travers lencouragement des prestationsen faveur de la communaut, on pourrait con-trer la tendance lautomatisation et la d-personnalisation du travail. Cela permettraitde raliser des valeurs humaines socialeset de profiter des avantages personnels: parexemple, le renforcement des rapports avecla ralit grce la connaissance de milieuxde vie, qui ne peuvent pas tre transmis parun apprentissage ou des tudes de mme quelexprience de la solidarit, du respect et desrencontres humaines.

    Lengagement dans les travaux au servi-ce de la communaut est ncessaire et pos-sible dans de nombreux domaines sociaux,dans le domaine de la sant et des soins, danscelui de la scurit, dans le domaine cultu-

    rel et scolaire, dans la protection de la natureet de lenvironnement, dans lencadrement dela jeunesse, dans le domaine de lintgrationdes trangers, dans le domaine de la tutelle etde lencadrement des handicaps.

    Si on encourage outre le service obligatoireen faveur de la communaut, excut par lesadolescents, galement un travail bnvole auprofit de la communaut, alors on intgrerades personnes spcialises et exprimentesau systme. De cette faon, des services exi-geants seront galement possibles, par exem-ple des engagements pour le dveloppement ltranger ou des engagements en tant queformateur ou formatrice.

    Il faut souligner que lengagement esttoujours effectu sous linstruction et lecontrle de spcialistes. Il sagit de repren-dre des services rests en suspens et res-pectivement des services devenus chers,

    pourtant ncessaires, ainsi que les servicesrelevant du renforcement de la personnali-t, de lacquisition du savoir professionnelet de comptences sociales du ct du pres-tataire.

    ***

    Lnumration suivante veut signaler sansrevendiquer lintgralit quelques domai-nes sociaux dans lesquels la mobilisationpour un travail est sense et importante etdans lesquels loffre est insuffisante jusquprsent:

    Les autorits de tutelles /de prvoyance assister les personnes qui, selon le droit des

    tutelles ou de lassurance-invalidit sontdpendantes daide;

    soutenir les assistant(e)s sociaux; entretien de relations avec des personnes

    seules dans les hpitaux, dans les foyers,au domicile; assistance dans les tablisse-ments pnitenciers; accompagnement etsoutien de personnes menaces par la pau-vret; soutien des personnes ayant un han-

    dicap.

    Domaine de la famille, domaine des soins,encadrement des personnes ges service domicile; aide aux soins des per-

    sonnes ges et des malades; services de transports et daccompagne-

    ment; assister les personnes vivant seules.

    Scurit publique assistance lors de la protection des places

    publiques, des gares, des garages souter-rains, des sites scolaires, des terrains desport, des muses, des expositions etc.

    Protection de lenvironnement soutien des activits des organisations pour

    la protection de la nature et de lenvironne-ment; aide lors daction de remise en tat,

    de travaux de renaturation; rparation desdommages naturels; soutien des travaux derecherche sur les rapports cologiques.

    Agriculture engagements gnraux la campagne;

    agriculture de montagne; aide aux fem-mes du monde rural; aide dans lagricultu-re biologique.

    Sport soutien dactivits sportives; assistance

    dans le cadre deJeunesse et Sport; assis-tance dans le sport pour personnes ges.

    Intgration des trangers cours de langue; cours sur les institutions

    politiques et lhistoire; cercles de rencon-tres; soutien dans la matrise pratique dela vie.

    Domaine de la formation et de lducation soutien des enseignants par des assistants

    et assistantes; assistance dans les coles horaires continus; aide lors de la prise encharge de petits enfants dans les crches etles garderies enfantines; soutien des ensei-gnants et des ducatrices dans les colesspcialises de pdagogie thrapeutique;assistance lors de la formation dadolescentsen difficults dapprentissage qui, soutenuspar la loi sur la formation professionnelle,peuvent faire valoir leur droit un soutien

    individuel; soutien de jeunes trangers ettrangres avec des connaissances en alle-mand insuffisantes; aide lintgration; as-sistance lors de la formation professionnellede jeunes trangers dans le cadre des pro-grammes de rapatriement; soutien de jeu etde thtre dans les coles et les foyers; aide lducation et service de soutien pour lesparents dbords; aide dans lanimation degroupes dauto-assistance.

    Encadrement de la jeunesse aide dans les rencontres de jeunes, les

    camps de jeunesse, les projets de jeunes-se, les parlements de jeunes, les centres de jeunes, dans les activits culturelles desenfants et adolescents etc.

    Laide au dveloppement soutien des interventions dans le cadre dor-

    ganisations tatiques et prives existantes.

    ***

    Le travail au service de la communaut de-vrait tre une obligation et comprendre destravaux bnvoles. Le rglement suivant estpensable: Le travail obligatoire au servicede la communaut devrait en gnral treeffectu entre 18 et 22 ans. Celui qui ef-fectue son service militaire ou civil en est

    exclu. Toutefois, le service civil devrait treintgr aussi largement que possible au tra-vail au service de la communaut. La dureest de 10 mois, divisible en deux engage-ments de cinq mois. Dans les cas particu-liers (p. ex. en cas dinvalidit), on peut ac-corder une dispense. Cependant, selon lessituations financires, on peut prlever unetaxe de compensation.

    Les engagements volontaires sont pr-voir pour les adultes en ge de travailler etpour les retraits. Ils peuvent seffectuer sousdeux formes: en tant que services dans les diffrents do-

    maines; en tant quinstruction ou soutien de cours

    de formation pour les jeunes par ticipants.Le travail obligatoire au service de la com-munautcommence par un cours dinitiationdans le travail spcifique. Dautres cours mul-

    tidisciplinaires, qui servent au renforcementdes comptences sociales et communicatives,font partie intgrante de lobligation de servi-ce. Les cours sont donns en gnral par desspcialistes de linstitution ou de lorganisa-tion concerne, ou le cas chant par des ins-tructeurs et instructrices volontaires. Dans ledomaine de linstruction et de la formationaccompagne et multidisciplinaire, on peutpenser des cours par exemple de premierssecours, de savoir-vivre et de techniques decommunication, de comportement social fa-vorisant la confiance, de gestion de conflits,

    de techniques de travail, de prsentation, degestion de projets de mme que les cours tou-

    chant lartisanat, lart et la musique. Descours sur lamlioration de la comptence dela technologie de linformation, donns pardes adolescents prestataires de service ceuxde leur ge, sont aussi pensables.

    Lapprovisionnement est pris en chargepar lorganisation ou linstitution dans la-quelle on excute le service. Dans tous lesautres cas, les frais de gestion doivent trepays. Le prestataire de service dort chez lui,le cas chant dans lorganisation ou linsti-tution concerne ou dans des hbergementsspciaux.

    Le service effectu en faveur de la commu-naut et les cours suivis, de mme que la con-ception et la ralisation de direction de cours,sont numrs dans un document de forma-tion. Il sert prouver les qualifications sup-plmentaires sur le march du travail.

    Il faut crer les conditions dencadrementsuivantes pour le travail bnvole au profit dela communaut: pas de dsavantages au niveau de la pr-

    voyance-vieillesse; ddommagements des personnes pas enco-

    re retraites par lassurance de compensa-tion de revenus;

    compensation de frais pour les dpenses.Les chmeurs et les personnes non imposa-bles, tout comme les demandeurs dasile, peu-vent tre intgrs au traivail au service de lacommunaut. Les chmeurs seront ddom-mags par lassurance chmage, les person-nes non imposables par les caisses de pr-voyance.

    ***

    Toutes ces propositions sont penses commeservant de base une discussion. Elles doi-

    vent tre adaptes aux diffrentes conditionsdans les diffrents pays. Il est dcisif que letravail au service de la communaut soit or-ganis de telle manire quil nait pour lesparticipants pas seulement une valeur du faitquils peuvent en profiter plus tard ou uneautre occasion, mais quil reprsente poureux une valeur propre immdiate et appa-rente.

    (TraductionHorizons et dbats)

    Extrait du livre Vorwrts zur Mssigung. Pers-pektive einer nachhaltigen Wirtschaft par HansChristoph Binswanger. Mur mann-Verlag. Hamburg2009.

    * Ce chapitre est un rsum abrg du mmorandumGemeinschaftsdienst fr alle, labor en 2000par la Umweltliberale Bewegung des KantonsSt. Gallen (aujourdhui Umweltfreisinnige des

    Kantons St. Gallen). Les bases ont t laborespar Yolanda Kappeler, lpoque prsidente de laUmweltliberale Bewegung, et lauteur de ce livre.La proposition vise la situation suisse, mais pour-rait tre transmissibles tous les pays europens.

    Le travail au service de la communaut,complment au travail rmunr

    par Hans Christoph Binswanger et Yolanda Kappeler*

    (photo keystone)

    ISBN 978-3-86774-072-2

    A travers lencouragement des prestations en faveur de la communaut, on pourrait contrer la ten-dance lautomatisation et la dpersonnalisation du travail. Cela permettrait de raliser des va-leurs humaines sociales et de profiter des avantages personnels: par exemple, le renforcement desrapports avec la ralit grce la connaissance de milieux de vie, qui ne peuvent pas tre transmispar un apprentissage ou des tudes de mme que lexprience de la solidarit, du respect et des ren-

    contres humaines. (photo keystone)

  • 8/8/2019 Nouvelle donne gopolitique au Proche-Orient

    7/8

    No 33, 23 aot 2010 page 7Horizons et dbats

    Le dialogue ci-dessous est un extrait du livresatirique Armaturen aus Plastik [Robi-netterie en plastique]. Il a t publi pour lapremire fois en 2007 sur le site Internet duService parlementaire fdral.

    - Papa, pourquoi ce que dsirent les parle-mentaires sappelle des convoitises etque pour les dsirs des consommateurs,on parle de la demande?

    - Cest lcole que tu as appris a?- Cest toi le politicien! A cause de toi, on

    a maintenant un enseignement prcoce delanglais, du civisme, du golf, de lcono-mie

    - Daccord, fiston.- Tas pas rpondu ma question.- Bon, les dsirs des consommateurs crent

    la croissance conomique et les convoitisesdes politiciens font crotre le budget.

    - Mais les politiciens reprsentent le peupleet ses dsirs?

    - Naturellement, fiston.- Alors il suffirait de vendre lEtat lcono-

    mie et a augmenterait la croissance.- Mais alors je naurais plus de travail!- Mais tu dis toujours que lEtat cote trop

    cher.- Daccord, mais - Pourquoi tu gagnes autant dargent en tant

    que conseiller national et maman rien dutout?

    - Euh, parce que maman nest quune mreet quune femme au foyer

    - Ton travail est plus valable que le sien?- On ne peut pas dire a.- Si, on peut.Brabeck, deNestl, a dit que ce

    qui ne cote rien ne vaut rien.- Comment, Brabeck connat ta mre?- Je sais pas. Il a dit a parce quil veut priva-

    tiser leau. a ferait encore grandirNestl.- Bien sr!- Alors il faudrait aussi privatiser maman.- Quest-ce qui te fait penser a?

    - Ben, pour quelle soit incluse dans leproduit national brut et que la Suisse en-registre de nouveau de la croissance. Eton devrait galement privatiser oncle Her-bert.

    - Oncle Herbert?- Mais oui, il travaille comme bnvole la

    maison de retraite.- Cest pour a quon parle de travail bn-

    vole, parce quil ne cote rien.- Non, parce quil na aucune valeur.- Mais si, il a une certaine valeur.- Mais si on ne le paie pas?- Sinon, ce ne serait plus un travail bnvole.- Alors pourquoi tu ne travailles pas bn-

    volement pour lEtat, papa?- Il faut bien que je nourrisse ma famille!- Comment a? Cest maman qui fait la

    cuisine.

    - Bien sr, mais qui, ton avis, paie la nour-riture?- Si on privatisait maman et que tu travaillais

    bnvolement, a reviendrait au mme.- Tu es trop jeune pour comprendre, fiston.- Mais tu mas dit que je devais apprendre a

    lcole. Maman ma montr le DVD de taprestation lmission politique Arena.

    - Tu naurais pas dautres quest ions, parexemple sur la sexualit?

    - Pourquoi? Quest-ce que tu voudrais sa-voir?

    - Ce que je voudrais savoir?- Ben oui, hier, en buvant le th avec ma-

    dame Kottmeier, maman a dit que tavaisaucune ide de la manire de

    - Et comment sais-tu ce que madame Kott-meier et ta mre ?

    - Tu sais bien que jai gagn le premier prixde La science appelle les jeunes pour

    mon systme de surveillance domesti-que!

    - Oui, javais oubli. Dis donc, fiston, tu nedevrais pas aller te coucher?

    - Papa, pourquoi on privatise?- Pour que les choses soient meilleur mar-

    ch.

    - Mais justement, ce serait une bonne raisonde privatiser maman!

    - Ecoute, a suffit maintenant.- Mais tu dis toujours que maman dpense

    trop.- Encore une de ces remarques insolentes et

    je te pr ivatise toi!- Bonne ide! Jai lu, dans le Beobachter,

    que faire des enfants reprsentait un risque

    de pauvret pour les Suisses. Si on priva-tise les enfants, les pauvres pourront aussiavoir des enfants et acheter de nouveau desproduits des paysans suisses.

    - Tu es sacrment fut, fiston.- Naturellement. A lmission Arena, tu as

    bien dit quon devait obtenir de meilleursrsultats lenqute Pisa si on veut, lave-nir

    ***

    - Alors, fiston, on a bien dormi?- Oui, et toi?- Pas mal.- Maman ta de nouveau chass de la

    chambre coucher?- Quest-ce qui te fait penser a?- Ben, tu as de nouveau d dormir sur le ca-

    nap parce que tu ntais pas efficace!- Parce que je ntais pas efficace? Mais

    quest-ce que a veut dire?- A lmission Arena, tu as dit que la

    Suisse devait tre plus productive, pluscrative et plus efficace.

    - Et quest-ce que a a voir avec le fait quejai dormi sur le canap?

    - Tu laisses toujours traner ton linge sale aulieu de le mettre dans le panier linge, tune dbarrasses pas la table et ne mets pasdirectement la vaisselle dans la machine etmaman doit toujours te dire plusieurs fois ceque tu as faire. Elle ta reproch de ne pastre trs efficace, vous vous tes de nouveaudisputs et elle ta chass de la chambre coucher. Comme la semaine dernire.

    - Maintenant a suffit, je ne suis pas unhomme au foyer.

    - Mais ce serait plus efficace si tu aidaismaman dans les tches domestiques. Sur-

    tout parce quefficace est un de tes motsprfrs.

    - Mange tes flocons et ne pose pas tant dequestions!

    - Si on ne pose pas de questions, on resteignorant.

    - Mais on ment beaucoup ceux qui posentbeaucoup de questions. Cest une vieillemaxime de politicien.

    - Cest ce que dit maman quand elle ta posune question.

    - Et quest-ce que dit dautre ta mre tout aulong de la sainte journe?

    - Elle dit que tes pas trs cratif en tantquamant mais trs efficace

    - Ah? Elle te dit a toi?- Non, ses amies quand elles prennent le

    th, et quand elle dit a, elles rient tou-jours.

    - As-tu peut-tre une autre question politique me poser?

    - Est-ce quon peut refuser un hritage?

    - Naturellement. Pourquoi cette question?- Oncle Herbert a dit que nous les enfants

    tions plaindre parce que nous devronspayer les dettes de lEtat, travailler pluslongtemps, prendre en charge de plus enplus de retraits et pourtant gagner moins.

    - Et quest-ce que cet homme si intelligent apropos comme solution?

    - Il a dit que je devais aller dans un autrepays.

    - Tu ne devrais pas parler si souvent aveconcle Herbert.

    - Oui, mais toi, tu devrais le faire plus sou-vent.

    - Cest lui qui a dit a?- Oui, parce quil fait partie du peuple. Il a

    dit aussi que quand tu appartenais encoreau peuple, on savait quelles taient tes opi-nions.

    - Mais, jeune homme, je fais toujours par-tie du peuple. Dis-le ton oncle qui est simalin. Les choses sont un peu plus com-plexes que se limaginent les habitus descafs du commerce.

    - Oncle Herbert dit que les politiciens ne fontpas partie du peuple. Ils ont subi un lavagede cerveau et cest pour a quils parlent sibizarrement. Et puis, ils ne font que rpterce que disent les autres ou ce quils ontlu dans les journaux. Et quand les politi-ciens ont une opinion eux, a agace leurscamarades de parti.

    - Alors, puisquil est si malin, ton oncle Her-bert, il devrait se porter candidat.

    - Il dit quil arrive simprgner aucunparti.

    - Tu veux dire sidentifier.- Et que vous utilisez beaucoup trop de

    mots compliqus, comme une langue se-

    crte, pour embrouiller les gens, pour queplus personne ncoute et que vous puissiezfaire ce que vous voulez.

    - Ton oncle est un adepte de la thorie ducomplot.

    - Oui, il dit toujours a.- Quoi? Que je suis un adepte de la thorie

    du complot?- Non, non. Que les politiciens disent tou-

    jours a quand quelquun du peuple ditquelque chose de dsagrable.

    - Dis donc, tu nas pas dautres amis que tononcle Herbert?

    - Si, Benni. Son pre est aussi politicien,mais il est dun autre parti que toi. Bennidit toujours que son pre dit que tu es unoptortu

    - Un opportuniste?- Oui, cest a.- Comment est-ce quil sappelle, ton

    Benni?- Affentranger.

    - Ah, Affentranger, encore un de ces indivi-dus qui se croient plus malins que tout lemonde.

    - Comme oncle Herbert?- Non, encore plus malin. A propos, tu ne

    devrais pas partir pour lcole, fiston?- Aujourdhui, cest le jour de Pascal.- Comment a?- On se relaie, pour que linstituteur tienne le

    coup plus longtemps.- Cest une blague!- Pas du tout. Les enseignants finissent tous

    par suser et pour que monsieurKammllertienne le coup jusqu la retraite, les troislves les plus fatigants ne vont lcolequ tour de rle.

    ***- Alors, mon garon, a sest bien pass

    lcole ?

    - Ouais.- Tu as de nouveau pos des tas de questions

    ton instituteur?- Non. Aujourdhui, il a parl sans arrt pour

    que je puisse pas poser de questions. Il faittoujours a quand il veut avoir une journetranquille.

    - Et quest-ce quil a racont?- Que si tous les hommes voulaient vivre

    comme les Suisses, il faudrait les matirespremires de trois cinq plantes.

    - Et do est-ce quil tient a?- Dune tude.- Tu sais, il existe srement une autre tude

    qui nest pas aussi radicale.- Il la dit, a, et que les politiques voulaient

    avoir un certain rsultat et alors les expertsdevaient faire une autre tude, et commechaque parti voudrait un autre rsultat, il

    faudrait beaucoup dexperts.- Et comme il y a tant denfants gts, il faut

    beaucoup dducateurs spcialiss.- L, je comprends pas.- Ce nest pas important.- Un groupe dexperts de Prague a dit quil

    ny a plus douze plantes mais huit. Selonla nouvelle dfinition, Pluton nest plus uneplante.

    - Et alors?- Ben, quelle parti ils appartiennent, ces

    experts?

    Le politicien et son filspar Thomas Brndle*

    Suite page 8

    Tu vois, papa, mme le conseiller fdral Schmid dit que largent mne le monde. Il na pas du tout dit a, fis ton. Alors pourquoion transporte largent dans des fourgons blinds et pas nos conseillers fdraux? (photo thk)

    * Thomas Brndle est aussi lauteur du roman DasGeheimnis von Montreux ein Kriminalromanzum Sonderfall Schweiz, que nous avons prsen-t nos lecteurs dansHorizons et dbats no 31 du9/8/10.

  • 8/8/2019 Nouvelle donne gopolitique au Proche-Orient

    8/8

    page 8 No 33, 23 aot 2010Horizons et dbats

    - Je ne sais pas, moi!- Mais aux nolibraux! Ils veulent r-

    duire loffre pour que le prix des plantesmonte.

    - Quelle sottise! On ne peut pas acheter ouvendre les plantes.

    - Comment, on peut bien acheter notre terre.

    Le terrain sur lequel est btie notre mai-son, tu as bien d lacheter.

    - Oui, auxMuller, petit fut.- Et les Muller?- Si je me rappelle bien: auxBuchmann.- Et eux?- Probablement Adam et Eve.- Et eux?- Au bon Dieu, videmment!- Il y a une inscription au cadastre?- Comment a?- Mais oui, une inscription au cadastre qui

    prouve que le bon Dieu a vraiment vendusa plante. Il faudrait pas quon ait des en-nuis un jour.

    - Pourquoi diable ne passes-tu pas, commeles autres enfants, tes journes regarderla tl, tirer sur le chat du voisin ou courir aprs les fil les?

    - Tu vois?- Quest-ce que je vois?- On peut quand mme acheter les plantes.

    On va faire quoi si les Chinois et les In-diens veulent vivre comme nous mais quele bon Dieu ne veut pas vendre les autresplantes?

    - La technique va certainement rsoudre leproblme des matires premires, fiston.Ne te prends pas la tte.

    - Cest ce quont dit les habitants de lle dePques.

    - Quest-ce quils ont dit?- Ils ont dbois leur le pour leurs idoles

    et quand ils ont remarqu quil y auraitbientt presque plus darbres sils conti-nuaient comme a, certains ont dit quonpouvait pas arrter cause des emplois. Etdautres ont dit que la technique rsoudraitcertainement le problme. Et dautres ontdit

    - Mais nous nlevons pas des statues.- Si, des glises.- Mais les glises sont dj toutes cons-

    truites.- Oncle Herbert dit que les centres com-

    merciaux sont les glises du nolibra-lisme. La Suisse a trois fois plus de sur-faces de vente que la plupart des autrespays europens. Et on transforme les ex-ploitations agricoles en terrains de golf.Cest aussi des idoles du nolibralis-me.

    - Mon fils serait-il un gauchiste?- Non, je suis un libral, quelquun qui pense

    librement. Cest ce que dit toujours oncleHerbert.

    - Ah, voil! Et comment les habitants de llede Pques ont-ils rsolu leur problme?

    - Ils se sont bouffs les uns les autres, parcequils avaient mme plus assez de bois pourconstruire des bateaux et quitter leur le.

    - Pas de chance.- Je trouve aussi. Mais toi, papa, heureu-

    sement que tu es un politicien prvoyant,nest-ce pas?

    - Maintenant, bois ton lait, fiston.

    ***

    - Et o il est, le Palais fdral, papa?- Cest le btiment avec les chafaudages.- On le restaure?- Oui. Il tait temps.- Dis, papa, pourquoi tu es devenu politi-

    cien?- Je voulais assumer des responsabilits, par-

    ticiper lorganisation de la socit, pluttque de me plaindre au caf du commerce.

    - Mais oncle Herbert dit que les politiciensnont pas de pouvoir pour organiser quelquechose, pour gouverner.

    - Il dit a, ton cher oncle? Et qui dirige laSuisse son avis?

    - Si je me trouvais sur la place Fdrale, Berne, je saurais tout de suite qui dirige laSuisse, dit oncle Herbert.

    - Et tu as dj regard autour de toi sur laplace?

    - Il y a que des banques.- Oui, la Suisse est une importante place fi-

    nancire.

    - Largent mne le monde, nest-ce pas,papa?

    - Oh, cest une faon de parler. Regarde, l-bas il y a madameLeuthard, cest une con-seillre fdrale.

    - Est-ce quelle va la banque demander cequelle doit faire?

    - Non, elle va juste au distributeur debillets.

    - Probablement quelle veut de nouveausacheter des chaussures. De prfrence desbottes en caoutchouc, elle qui va si souventdans les fermes.

    - Quelle imagination, ce nest pas croyable!- Regarde, papa, y a des envahisseurs chi-

    nois qui prennent des photos. Je crois quilssintressent au Palais fdral. Ils veulentprobablement lacheter.

    - Le Palais fdral? Ne dis pas de btises.On ne peut pas acheter le Palais fdral, etce ne sont pas des envahisseurs mais destouristes.

    - Oncle Herbert dit que les investisseurssont des envahisseurs. Que les Russes etles Chinois ont tellement dargent quilsachtent tout avant que largent nait plusaucune valeur et que les politiciens priva-tisent tout pour quils puissent tout acheter,

    les Chinois et les Russes.- Regarde, l-bas, cest Samuel Schmid. Tupourras parler un vrai conseiller fd-ral.

    - Ah, le conseiller nationalBollmann avecson fils. Tu veux voir o ton papa travaille?

    ***- Pourquoi est-ce que vous pouvez vous d-

    placer dans la ville sans gardes du corps,monsieur?

    - Ton pre peut aussi le faire. En Suisse, lespoliticiens ne sont pas assez puissants pourquon doive les protger.

    - Tu vois, papa, mme le conseiller fdralSchmid dit que largent mne le monde.

    - Il na pas du tout dit a, fiston.- Alors pourquoi on transporte largent dans

    des fourgons blinds et pas nos conseillersfdraux?

    - Bollmann, votre garon est trs veill.- Merci.- Vous tes bien le chef de lArme?- Je vois que tu es bien inform. Comment

    tappelles-tu?- Martin Bollmann, comme mon pre. Pour-

    quoi la Suisse a besoin dune arme?- Eh bien, pour dfendre le pays.- Je comprends pas. Vous voulez tuer tous

    ceux qui achtent des choses chez nous?- Pourquoi le ferions-nous, jeune homme?- Les Russes, les Chinois et les Allemands

    achtent dj toutes sortes de choses enSuisse et ils ont t nos ennemis.

    - Oui, mais il y a longtemps et nous-mmesachetons aussi des socits ltranger.

    - Oncle Herbert a une boucherie Schlie-ren et il achte pas dautres boucheries ltranger.

    - Jeune homme, lconomie est une chosecomplique.

    - Si un jour je suis soldat et si les Russesenvahissent la Suisse, est-ce que je devraigalement dfendre les biens des Chinois?

    - Bon, maintenant je dois me rendre maprochaine sance. Jai t trs heureux defaire votre connaissance, jeune homme.

    - Au revoir, Monsieur.

    - Tu las contrari. Pourquoi faut-il quetu poses toujours des questions si imper-tinentes, fiston?

    - Si on rencontrait le chef des Finances,jaurais encore plus de questions imperti-nentes poser, papa. Dis donc, l-bas, cestpas le prsident de la Confdration Leuen-berger?... H, monsieur!

    - Mais Martin, tu ne peux pas - Ah, le conseiller national Bollmann et - Martin Bollmann. Jai une ide pour le

    problme des NLFA.- Tiens donc! Et laquelle?- Privatiser et ensuite vendre.- Ah, voil! Et qui, jeune homme?- Aux Chinois. Ils ont une rserve dun

    billion de dollars et veulent la dpenser.Alors le Gothard appartiendra aux Chinoiset un certain Egyptien et nous naurions

    plus tant de dettes. Le mieux serait mmede vendre la Suisse tout entire et de distri-buer largent aux Suisses. Alors plus aucunSuisse ne devrait travailler et chacun pour-rait faire travailler son argent. Les politi-ciens auraient fait ce quAristote prconi-sait comme objectif pour les politiciens.

    - Tu es un drle doiseau, Martin Boll-mann.

    - Merci monsieur!- Il faut lexcuser, mon fils a une imagination

    dbord - De qui est-ce quil peut bien la tenir? ... Et

    quel tait lobjectif dAristote, Martin Boll-mann?

    - De permettre aux citoyens de vivre bien.

    ***- Alors, Martin, comment ctait, Berne,

    avec papa?

    - Bof, pas mal. Mais jai comme le sen-timent que ma gnration devrait treassez inquite propos des politiciensdaujourdhui.

    - Tu las dit ton pre?- Tu sais bien comment ils sont, les politi-

    ciens. Ils prfrent scouter eux-mmesplutt que les autres.

    - L tu exagres, fiston.- Cest ce que papa dit toujours.- Est-ce que tu vas voir oncle Herbert

    aujourdhui?- Non, je nai plus la permission. Papa dit

    quil a une mauvaise influence sur moi.- Et tu le penses aussi?- Jy vois plus clair du tout. Oncle Herbert dit

    que les mdias ont une mauvaise influencesur les politiciens, comme les sophistes surles Grecs.

    - Je ne comprends pas du tout ce que tu veuxdire, fiston.

    - Oncle Herbert a dit quAristote a dit tout cequil y avait dire sur la politique, lcono-mie et la socit et alors les sophistes sontarrivs et ils ont dit que la vrit dpendaitde laptitude dbattre.

    - Cest vrai. Le mot parlement vient deparler.

    - Daccord, mais imagine que quelquunpuisse persuader la majorit des gens quela Terre est plate. Cest pas la vrit, maisla majorit le croit.

    - Et tu crois que les mdias sont les sophistesdaujourdhui?

    - Je ne sais plus rien, maman. Tout est sicompliqu.

    - Tu es un garon intelligent. Alors la viesavre un peu plus complique.

    - Je crois qu lavenir, je vais passer moinsde temps avec mon oncle et papa et plusavec mes camarades de classe.

    - Est-ce que tu peux aussi bien parler avectes camarades?

    - Parler? Non, mais picoler et tabasser destrangers.

    - Ce nest vraiment pas une bonne ide,Martin.

    - Daccord, mais papa peste toujours au Par-lement contre les jeunes qui nont plus de re-pres et deviennent de plus en plus violents.

    - Mais il est toujours trs fier de toi. La der-nire fois, lmission Arena, il a ditbeaucoup de bien de toi, parce que tu posestoujours des questions intelligentes et quetu es si critique lgard des politiques.

    - Dis, maman, il tait dj politicien, papa,quand tu las connu?

    - Non, il tait simplement administrateur.- Et pourquoi il a mal tourn?- Mais ton papa na pas mal tourn?!- Oncle Herbert dit toujours que les politi-

    ciens doivient se prosti - Prostituer.- Exactement. Et papa dit que les prosti - Prostitues.- a rappelle la pizza!- Comment a?

    - La pizza con prostitute e funghi.- Et que dit papa des prostitues?- Que cest des femmes qui ont mal tourn et

    que cest un gros problme pour la socit.- Oui, mais ces femmes vendent leur corps

    des inconnus.- Et les politiciens vendent leur me des

    socits trangres.- Tu as de ces ides, fiston!- Cest ce qua dit oncle Herbert.- Peut-tre que tu ne devrais vraiment plus le

    voir si souvent.- Le mieux, a serait que les politiciens

    au Parlement portent des combinaisonscommeMichael Schumachersur lesquellessont cousus les logos des socits qui les fi-nancent. Tout serait plus transparent.

    - Ton pre reprsente le peuple et le pays. Tupeux tre fier de lui.

    - Mais je le suis, maman.- Alors tu devrais le lui dire.- Je lui ai dit que je voterais pour lui sil vou-

    lait tre conseiller fdral.- Il tait content, sans doute?- Il ma fait un bisou et ma dit quil esprait

    quon nen arriverait pas l.- Comment, ton papa ne veut pas tre con-

    seiller fdral?- Non, il espre que je ne participerai jamais

    llection dun conseiller fdral.- Ton pre est devenu cingl, ma parole!- Il a dit quavant les lections au Conseil f-

    dral, il y avait des auditions et que si jelui posais mes questions, il naurait plus au-cune chance.

    - Il a sans doute raison, mais je crois que ceserait pareil pour les autres candidats.

    - Dis, maman?- Oui, fiston.

    - Sans les mres, il y aurait pas de consom-mateurs, de contribuables et de salaris, ouquoi?

    - Cest vrai, Martin.- Alors les mres sont les personnes les plus

    importantes de toutes, non?- Je crois que je devrais parler encore une

    fois avec ton pre. On a absolument besoinde plus de politiciens comme toi.

    - Bonne nuit, maman.- Bonne nuit, Martin.

    (TraductionHorizons et dbats)

    Le politicien et son filssuite de la page 7

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