Notice catherine bernard

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1 UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES Notice sur Mlle Bernard et analyse du conte « Riquet à la houppe » Travail écrit réalisé dans le cadre du cours de « Questions de littérature française » donné par Fabrice Preyat Lorraine MATHOT BA2 Romanes Année 2012-2013

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UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES

Notice sur Mlle Bernard et analyse du conte « Riquet à la houppe »

Travail écrit réalisé dans le cadre du cours de « Questions de littérature française » donné par Fabrice Preyat

Lorraine MATHOT

BA2 Romanes

Année 2012-2013

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1. Biographie

Catherine Bernard est née en 1663 (ou en 1662) 1 à Rouen. Elle est issue d’une famille

riche et cultivée. On peut affirmer, grâce à l’ouvrage de Franco Piva2 qui a su soulever

presque toutes les ambiguïtés concernant la dame, qu’elle était de la même famille que

Fontenelle, célèbre écrivain français, neveu des Corneille par sa mère Marthe Corneille.

Depuis le XVIIe siècle, la question de la collaboration de Fontenelle dans les œuvres de Mlle

Bernard se pose. On retiendra le point de vue de Raymonde Robert : 

Quant à la collaboration de Fontenelle lui-même aux ouvrages de Catherine Bernard, rien ne semble moins certain, en l’état de la question du moins. En ce qui concerne les deux contes – mais la remarque vaut aussi pour les romans – tout se passe comme si des textes aussi spirituellement pessimistes et ironiques ne pouvaient correspondre à l’image convenue de l’écriture féminine et qu’il avait fallu recourir à l’hypothèse d’une collaboration de Fontenelle pour rendre compte de leurs réelles qualités.3

Elle est arrivée à Paris dès l’adolescence. Mlle Bernard est protestante, mais elle renoncera au

protestantisme vers 1685, époque de la révocation de l’Edit de Nantes et se convertira alors au

catholicisme (cette nouvelle apparaît dans Le Mercure Galant du mois d’octobre de la même

année)4. Sa foi en la religion catholique ne cessera jamais, comme le confirme le père Claude

Buffier en 1723 lorsque Mlle Bernard refuse qu’ « on imprimât quelques Poësies qu’elle avoit

faites autrefois […] parce qu’il s’y étoit glissé des expressions qui ne convenoient pas assez à

l’exactitude et au sérieux que prescrit la religion qu’elle avoit embrassée ».5

Concernant ses œuvres, elle n’a que dix-sept ans lorsqu’elle publie son premier roman

Frédéric de Sicile en 1680, roman historique probablement dirigé par Nicolas Pradon. À sa

suite, elle publie, dans un recueil de romans qui s’intitule Les Malheurs de l’amour, Eléonor

d’Yvrée (1687), Le Comte d’Amboise (1689) et Inès de Cordoue (1696). C’est justement dans

Inès de Cordoue que nous retrouvons le conte de Riquet à la Houppe qui a longtemps été

1 Information donnée dans GRENTE Georges et SIMONIN Michel (dir.), Dictionnaire des lettres françaises. Le XVIe siècle, Paris, Fayard, 1996, p.137.2 PIVA Franco (éd.), Catherine Bernard, Œuvres, tome 1 : romans et nouvelles, Fasano, Schena / Paris, Nizet, 1993, pp. 15-47.3 ROBERT Raymonde (éd.), Contes, Mlle Lhéritier ; Mlle Bernard ; Mlle de la Force ; Mme Durand ; Mme d’Auneuil, tome 1 : L’âge d’or du conte de fées (1690-1709), Paris, Champion (« La bibliothèque des génies et des fées »), 2005, p. 273. 4 Information trouvée dans : VOS-CAMY Jolene, « L’amitié et l’amour dans ‘Eléonor d’Yvrée’ de Catherine Bernard », Cahier du Dix-Septième : An Interdisciplinary Journal, vol. 12, n°1 (2008), p. 87.5 Extrait trouvé dans : PIVA Franco (éd.), op.cit., p. 29.

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oublié en faveur du même conte écrit par Perrault. L’année 1696 est aussi celle où elle publie

l’Histoire de la Rupture d’Abénamar et de Fatime, une de ses dernières nouvelles. Outre des

nouvelles et des romans, son corpus d’œuvres compte deux tragédies, Laodamie reine d’Epire

(1689) et Brutus (1690). Cette dernière pièce fut montée à la Comédie-Française en 1690 et

connut un large succès avec ses vingt-cinq représentations au nouveau Théâtre-Français des

Fossés-Saint-Germain. Brutus fut même copiée pour certains passages par Voltaire lorsqu’il

écrivit sa propre tragédie quarante ans plus tard.

Sous l’influence de Madame la Chancelière de Pontchartrain (épouse du Chancelier de

Pontchartrain qui occupa notamment la fonction de Secrétaire d’Etat de la Maison du Roi

sous Louis XIV), Mlle Bernard se détournera ensuite des romans et des pièces de théâtre pour

s’intéresser à la poésie. À l’époque, la poésie est la pratique littéraire la plus reconnue et la

plus appréciée. En s’intéressant à l’écriture d’œuvres poétiques, il est clair que Mlle Bernard

cherche, en tant que femme, à continuer son ascension sociale dans un monde majoritairement

masculin. Elle cherche surtout dans cette activité une source de revenus plus sûre. Sa carrière

poétique fut certainement lancée lorsqu’elle reçut le premier prix lors d’un concours organisé

par l’Académie Française en 1690 (elle en reçut d’autres en 1693 et 1697). Elle participa

également à plusieurs Jeux Floraux de Toulouse (1696, 1693, 1698), on lui attribua

notamment l’amarante d’or, prix le plus prestigieux. Elle écrit surtout en l’honneur de ceux

qui la protègent et notamment du roi Louis XIV dont elle dit que c’est un roi, qui « seul en

toute l’Europe, défend et protège les droits des rois », qui « par la paix de Savoie a rendu la

tranquillité à l’Italie et a donné à toute l’Europe l’espérance de la paix prochaine ». C’est

surtout grâce sa poésie qu’on se souviendra de Mlle Bernard. En effet, le 9 février 1699, elle

fut associée à la célèbre Académie des Ricovrati de Padoue sous le nom de Calliope et sous le

surnom d’Invincible6. Grâce à sa célébrité croissante due à ses poèmes, Catherine Bernard se

rapprocha de Mme de Maintenon. Après avoir remporté tous ces prix, Mlle Bernard connut un

essoufflement dans sa carrière de poétesse et petit à petit, elle laissa de côté son occupation

littéraire pour se consacrer entièrement à la religion.

Elle meurt le 6 septembre 1712.

2. Analyse du conte   : Riquet à la houppe

Riquet à la houppe est un conte merveilleux qui se retrouve dans Inès de Cordoue (1696),

roman faisant partie du recueil de Catherine Bernard s’intitulant Les Malheurs de l’amour.

6 Ibidem, p. 45.

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Le titre ne nous donne pas d’information concernant le conte en tant que tel, il évoque

simplement le nom du personnage principal.

2.1. Résumé

Mama était la fille d’un seigneur de Grenade, c’était une jeune femme d’une grande

beauté ; malheureusement, elle possédait très peu d’intelligence.

Sa fille unique, née avec tous les traits qui font la beauté, était si stupide que la beauté même ne servait qu’à la rendre désagréable. Ses actions n’avaient rien de ce qui fait la grâce ; sa taille, quoique déliée, était lourde, parce qu’il manquait une âme à son corps.7

Un jour, elle rencontra Riquet, le roi des gnomes, personnage laid mais ayant un très

grand entendement. Ce dernier lui proposa de lui donner de l’esprit à une seule condition : que

Mama devienne son épouse. Il lui donna un an pour réfléchir. Pendant ce temps, elle dut

apprendre ces vers :

Toi qui peux tout animerAmour, si un jour n’être plus bête,Il ne faut que savoir aimerMe voilà prête.8

Plus elle répétait ces vers, plus elle devenait intelligente. Au bout d’un an, grâce à son

entendement nouveau, elle se rendit compte de son malheur : elle était obligée de se marier

avec Riquet à la houppe alors qu’elle avait un amant qu’elle aimait profondément, Arada. Le

gnome lui donna le choix : soit elle restait intelligente et se mariait avec lui soit elle

redevenait bête comme avant, mais elle restait libre. Elle préféra la première option et s’est

vue emportée sous terre, condamnée à rester seule dans le domaine de Riquet. Puisque Mama

était toujours éperdument amoureuse d’Arada, elle trouva le moyen de s’enfuir la nuit pour

retrouver son amant : elle posa des herbes somnifères sous le nez du gnome. Ainsi, le couple

d’amants était sûr de ne jamais être surpris par le mari de Mama. Néanmoins, un jour, le

serviteur de Riquet enleva les herbes, le roi des gnomes se réveilla et surprit les deux

amoureux. Riquet, furieux, se vengea : il transforma Arada en gnome. Mama, ne faisant plus

la différence entre son mari et son amant, fut condamnée à rester sous terre et à vivre avec

deux maris.

Elle se vit deux maris au lieu d’un, et ne sut jamais à qui adresser ses plaintes de peur de prendre l’objet de sa haine pour l’objet de son amour ; mais peut-être qu’elle n’y perdit guère : les amants à la longue deviennent des maris.9

7 ROBERT Raymonde (éd.), op. cit., p. 287.8 Ibidem, p. 288.9 Ibidem, p. 292.

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2.2. Liste des personnages10

- Arada  est l’homme avec qui Mama trompe Riquet, son mari.

- Mama est la progéniture d’un grand seigneur de Grenade. Elle est une femme

magnifique, mais très bête ; cependant, elle deviendra intelligente lorsqu’elle se

mariera avec Riquet, roi des gnomes.

- Riquet à la houppe est un gnome hideux pris d’un amour fou pour Mama. Il sera son

époux.

10 Point qui s’inspire de : Ibidem, pp.765-771.

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2.3. Schéma narratif

Le schéma actantiel de Greimas11

Commentaire

Nous pouvons tout d’abord dire que par rapport aux contes traditionnels merveilleux, c’est

un schéma qui n’entre pas dans celui des contes de fées classiques.

11 GREIMAS Algirdas Julien, Sémantique structurale : recherche de méthode, Paris, Presses Universitaires de France, 1986.

Destinateur (Riquet)

Quête (épouser Mama)

Destinataire (Riquet)

Sujet (Riquet)Opposant

(Mama et Arada)

Adjuvant (le serviteur de

Riquet)

Situation initiale

(Naissance de Mama, fille d’un grand seigneur de Grenade.

Jeune femme sans esprit)

Épreuve qualifiante

(Riquet rencontre Mama)

Épreuve principale

(Riquet pose un ultimatum à Mama : il lui donnera de l’esprit si

seulement elle l’épouse, ce

qu’elle accepte)

Épreuve glorifiante

(Riquet transforme Arada en gnome)

Situation finale (Riquet n’a plus de rival et garde sa femme)

Péripéties

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Le destinataire, la quête et le sujet ne posent quant à eux pas de difficulté : c’est assez

fréquent de retrouver dans les contes de fées un homme qui veut épouser une femme.

Dans les contes merveilleux, comme Cendrillon par exemple, la femme n’est pas opposée

à la quête. Ici, Mama ne se précipite pas dans les bras de son futur mari car ce dernier est laid.

Souvent aussi dans les contes de fées, les princes sont beaux.

Concernant l’adjuvant, il est tout à fait normal qu’il y en ait un. Il faut quand même

préciser que le serviteur de Riquet ne l’aide pas de manière délibérée, il le fait lors d’un

concours de circonstances.

Traditionnellement, c’est toujours le couple à qui profite la situation. En effet, dans des

récits comme La Belle au bois dormant, Cendrillon, etc. les deux amoureux se retrouvent,

« vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Mama est coincée avec Riquet qu’elle

n’aime pas et son amant est devenu lui aussi un gnome. Cependant, nous aurions pu mettre

Mama en tant que destinataire car la dernière phrase du conte laisse apercevoir une lueur

d’espoir pour cette dernière : « Mais peut-être qu’elle n’y perdit guère : les amants à la longue

deviennent des maris. » De plus, elle gagne en intelligence.

La rencontre est l’épreuve qualifiante la plus fréquente dans les contes de fées. Dans

Cendrillon par exemple, elle rencontre son prince charmant par hasard lors d’un bal et, c’est

un véritable coup de foudre. Ici, les deux personnages qui deviendront mari et femme n’ont

absolument pas vécu une « rencontre coup de foudre », leur rencontre n’a absolument pas

déclenché de sentiments amoureux.

Pour l’épreuve glorifiante, il est en réalité question de mise à niveau du rival.

Effectivement, Riquet ne tue pas ou ne combat pas son ennemi, il le met tout simplement au

même niveau que lui : il le transforme en gnome.

C’est un schéma qui ne correspond donc pas tout à fait au schéma traditionnel des contes

merveilleux. C’est Perrault qui transformera le schéma actantiel du récit pour qu’il

corresponde au schéma type du conte de fées12. C’est là, la véritable force de la version de

Perrault.

3. Commentaire

12 Point explicité dans le commentaire personnel à la page 11.

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3.1. Commentaire interne de l’œuvre : quelles sont les sources utilisées par l’auteure   ? 13

Les éléments utilisés par Mlle Bernard pour écrire son conte sont des éléments que nous

retrouvons dès 1696 dans la sphère publique. C’est donc un conte contemporain, qui n’est pas

issu de la veine populaire.

Concernant l’origine de l’idée principale, elle se retrouve dans un « dicton malicieux

sur la façon dont l’esprit vient aux filles. »14 L’expression concernée sera aussi une source

d’inspiration pour Favart lorsqu’il écrira La chercheuse d’esprit en 1741.

L’intrigue, quant à elle, a déjà été abordée par Catherine Bernard dans le Comte

d’Amboise : une femme est déjà mariée lorsqu’elle découvre sa passion pour un autre homme.

Ce schéma est très certainement repris par l’auteure dans La Princesse de Clèves de Mme de

La Fayette.

Dans Riquet à la houppe, il règne un certain merveilleux. En effet, nous retrouvons par

exemple les pouvoirs magiques de Riquet ou bien le fait qu’il vive sous terre. Cet aspect a été

pioché dans Le Comte de Gabalis (1670) de Villars, ouvrage dans lequel il nous livre les

mystères de la Cabale. Villars y faisait intervenir les esprits, l’occultisme, une théorie des

quatre éléments, etc., en somme des éléments issus du merveilleux. L’auteur du Comte de

Gabalis se serait inspiré des histoires de Mme de Murat. Cette dernière ne publia son conte

Parfait amour qu’en 1698, soit deux ans après la publication de Riquet à la houppe dans Inès

de Cordoue de Mlle Bernard. On sait cependant que Mlle Bernard a pu prendre connaissance

du conte de Mme du Murat avant d’écrire Riquet à la houppe puisque celle-ci racontait

oralement ses histoires dès 1695. Le côté merveilleux du conte de Mlle Bernard fut également

tiré de L’Astrée (1607-1627) d’Honoré d’Urfé, du moins pour l’épisode où Mama dépose

« sous le nez [de Riquet] une herbe qui augmenta son sommeil, et qui le fit durer autant

qu’elle voulut. » Dans L’Astrée, c’est Clarine qui, pour retrouver son amant, dépose « une

boîte d’onguent » sous les narines de sa gouvernante. Cette dernière se réveille en sursaut,

tout comme Riquet lorsque son serviteur lui retire les herbes soporifiques de sous son nez.

Les sources d’inspiration de Catherine Bernard sont assez facilement identifiables, il ne

reste qu’un point à relever : celui de l’origine du titre, de ce nom particulier qu’est « Riquet ».

Cet élément important reste assez sombre et nous ne disposons pas d’informations précises à

ce sujet. Cependant, Jeanne Roche-Mazon conclut sur ce point par ces quelques lignes : « Le

13 Ce chapitre se base essentiellement sur les idées développées par : ROCHE-MAZON Jeanne, « De qui est Riquet à la houppe ? », Revue des Deux Mondes, (15 juillet 1928), pp. 431-433.14 Ibidem, p. 432.

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mieux est sans doute de s’en tenir là-dessus à l’opinion de Gaston Paris, pour qui ce nom,

recueilli sans le conte, n’y avait été rattaché que par un heureux caprice de l’auteur. »15

3.2. Commentaire externe de l’œuvre

3.2.1. La paternité du conte de Riquet à la houppe

Dans la Revue des deux mondes de 1862, Emile Montégut énonça dans son article « Les

Fées et leur littérature en France » l’hypothèse suivante quant à l’origine du conte Riquet à la

houppe de Charles Perrault : ce récit serait un conte littéraire inventé par une dame de salon.

Parmi ces contes [ceux de Perrault] il en est un, le seul dont on n’ait trouvé d’analogue dans aucun pays, qui se distingue de tous les autres par son air noble et courtois : Riquet à la houppe. Celui-là n’est pas légendaire le moins du monde, il est visiblement de souche lettrée et aristocratique. A-t-il été inventé un soir, pour l’amusement d’enfants nobles, par quelque grande dame spirituelle et polie, comme on dit que fut inventée la chanson de Malborough pour endormir un enfant royal ?16

Montégut avait vu juste, déjà en 1862, puisque cette solution sera avancée et argumentée en

1928 par Jeanne Roche-Mazon17. Mais contrairement à Montégut qui pensait y voir la patte de

Mme de La Fayette, Roche-Mazon affirmera que Mlle Bernard était bel et bien l’auteure de

Riquet à la houppe. Selon elle, le texte en question ne peut pas être de la plume de Perrault car

il ne ressemble en rien à ses autres contes.

Tout d’abord, ce conte se différencie de par sa composition. Perrault, d’habitude,

utilise parfaitement les détails qu’il introduit dans ses contes, cependant ici on retrouve toute

une série de détails et de personnages qui sont superflus. Par exemple, au début de son conte,

Perrault nous rapporte la naissance de deux petites filles : l’une jolie et bête, l’autre laide et

intelligente. L’auteur ne nous reparlera plus jamais de la deuxième sœur. Un autre exemple :

pendant l’année accordée à la princesse pour réfléchir, elle tombe amoureuse d’un prince

beau, intelligent et riche. Cependant, lorsque Riquet l’oblige à l’épouser, il n’y a aucune

tentative de fuite de la part de la princesse ni aucun effort du prince pour la sauver. Cet

épisode du prince est tout à fait inutile pour la suite du récit.

Ensuite, on hésite à attribuer ce conte à Perrault à cause du mystère qui règne sur

l’origine du conte. Il est très difficile de retrouver des traces de l’origine du conte dans le fond

populaire. En effet, comme le rapporte Montégut, « tous les contes de Perrault existent dans la

15 Ibidem, p. 433. 16 Ibidem, p. 404.17 Ibidem, pp.428-31.

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tradition populaire, à l’exception de Riquet à la houppe. »18 Il existe néanmoins des éléments

qui prouveraient l’origine populaire du conte. En effet à la fin du récit, on observe la

métamorphose de Riquet. Dans d’autres contes populaires comme par exemple La Belle et la

Bête et Psyché, on retrouve ce motif de la métamorphose. Par ailleurs, le personnage principal

présente des similitudes physiques avec le nain vert Obéron dans Isaïe le triste (un des romans

de la Table ronde) ou encore avec le nain germanique Albérich, ces deux personnages sont

issus du corpus populaire.19

Toutes ces contradictions nous poussent à affirmer que Riquet à la houppe n’est pas

d’origine populaire. On pourrait dès lors proposer une autre solution : le conte est une

invention propre de Perrault. Cette hypothèse aurait pu être parfaite, sauf que l’on précise

dans le Mercure Galant de janvier 1697 que « ceux qui font de ces sortes d’ouvrages sont

ordinairement bien aises qu’on croye qu’ils sont de leur invention. Pour luy [l’auteur] il veut

bien qu’on sache qu’il n’a fait autre chose que de les rapporter naïvement de la manière qu’il

les a ouï dire. » Charles Perrault n’a donc pas inventé Riquet à la houppe. Mais alors de qui

vient-il ? C’est à ce moment que nous pouvons reprendre l’idée de Montégut qui pensait que

ce conte était inventé de toute pièce par une grande dame. À défaut de grande dame, il s’agit

d’une petite bourgeoise peu connue : Mlle Catherine Bernard.

Riquet à la houppe est donc un conte littéraire dont la paternité est à rendre pleinement à

Mlle Bernard. 20

Pour terminer, nous pouvons nous poser la question suivante : pourquoi Bernard n’a-t-

elle rien dit, lorsqu’elle a lu la version de son conte remaniée par Perrault et publiée dans les

Contes de ma Mère l’Oye en 1697 ? Jeanne Roche-Mazon y voit « un emprunt royal,

l’acceptation d’un don. Peut-être même une complaisance de Perrault, et presque une faveur

conférée par lui à cette éternelle solliciteuse que fut la pauvre Calliope [surnom de

l’auteure]. »21 Il n’est donc pas question de plagiat ou de vol, c’est un simple emprunt qui a pu

même être proposé par Bernard elle-même.

3.2.2. Succès du conte de Catherine Bernard

18 Ibidem, p. 408.19 Ibidem, p. 409.20 Il est à noter que Delarue P. affirme également, quelques années plus tard, qu’il s’agit d’un texte issu de la plume de Mlle Bernard. (cfr. DELARUE Paul, « Les contes merveilleux de Perrault et la tradition populaire », Bulletin folklorique de l’Ile de France, (janvier-mars 1951), p. 197).21ROCHE-MAZON Jeanne, loc.cit., p. 434.

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Nous venons de le voir, Riquet à la houppe est à attribuer à Catherine Bernard. Mais très

peu d’entre nous connaissent ce conte. La seule version qui reste dans nos mémoires est bien

sûr celle de Perrault. Mlle Bernard est quelqu’un de très peu connu dans l’histoire de la

littérature française. Cependant, c’est uniquement grâce à la réécriture de Perrault que d’une

certaine manière elle rentre dans la postérité.

Ce conte est issu du roman Inès de Cordoue qui connut un assez vif succès à l’époque

puisqu’une nouvelle édition paraît en 1697. Il est à noter que les deux contes de Mlle Bernard,

Riquet à la houppe et Le Prince Rosier, ont eu du succès indépendamment du roman, comme

le prouve l’ouvrage manuscrit gardé à la bibliothèque Mazarine et relié au nom de la duchesse

de Bourbon qui les reprend.

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3.3. Commentaire personnel

Schéma actantiel de Greimas22 de la version de Charles Perrault 23

Le schéma actantiel de la version de Mlle Bernard se situe page 5.

22 GREIMAS Algirdas Julien, op. cit.23 PERRAULT Charles, op. cit., pp. 284-289.

Destinateur (Riquet)

Quête (épouser la belle

princesse)

Destinataire (Riquet et la princesse)

Opposant (les princes des royaumes

voisins qui veulent épouser la princesse) Sujet (Riquet)

Adjuvant (la Fée car elle offre un don à Riquet et à

la princesse)

Situation initiale (dans un royaume, naît un garçon très laid mais très intelligent qui a le don de donner de l’esprit à la personne qu’il désire. Dans le royaume voisin, naît une princesse très belle, mais très bête, elle a le don de donner de la beauté à la personne qu’elle désire)

Épreuve qualifiante

(Riquet rencontre la princesse)

Épreuve principale

(Riquet pose un ultimatum

à la princesse : il

peut lui donner de l’esprit si seulement

elle l’épouse, ce qu’elle accepte)

Épreuve glorifiante

(Riquet bénéficie du don de

la princesse et devient

beau)

Situation finale (Riquet et la

princesse s’aiment profondément et

se marient)

Péripéties

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Commentaire

À l’aide de la comparaison du schéma actantiel des deux versions, nous pourrons mettre

en évidence les changements opérés par Charles Perrault au conte Riquet à la houppe en vue

de le rendre conforme au schéma traditionnel des contes de fées.

Si le destinateur et la quête sont identiques, les destinataires varient. En effet,

contrairement au conte de Mlle Bernard où seul Riquet bénéficie de la quête, Perrault

introduit le couple. Cette constatation nous ramène à la notion de « couple parfait, heureux et

unis » des contes de fées traditionnels. D’autre part, si Mama est opposante dans le conte de

Mlle Bernard, la princesse ne l’est absolument pas chez Perrault.

Du point de vue du sujet, Perrault enjolive son héros : « Le roi ayant su que sa fille avait

beaucoup d’estime pour Riquet à la houppe, qu’il connaissant d’ailleurs pour un Prince très

spirituel et très sage, le reçut avec plaisir pour son gendre. »24 Cette description peut être mise

en contraste avec celle faite de Riquet dans le récit de Catherine Bernard : « Un jour qu’elle

[Mama] promenait seule (ce qui lui était ordinaire), elle vit sortir de la terre un homme assez

hideux pour paraître un monstre. Sa vue lui donnait envie de fuir … »25

Perrault introduit la figure du prince rival et non pas de l’amant comme opposant. Dans

les contes de fées classiques, les opposants ne sont jamais des amants.

C’est au niveau de l’adjuvant que Perrault insère le merveilleux. En effet, il s’agit de la

figure très connue de la fée. Nous retrouvons ce personnage dans les contes comme La Belle

au Bois dormant, Peau d’âne, Cendrillon, etc. Le personnage qui occupe la place de

l’adjuvant chez Catherine Bernard est le gnome serviteur. De plus, nous pouvons relever une

différence au niveau de la nature de l’action réalisée par l’adjuvant. Chez Perrault, la Fée

accorde un don dès la naissance de la princesse et de Riquet. C’est un acte intentionnel. La

Fée est à mettre en opposition avec le serviteur de Riquet qui lui enlève les herbes de sous son

nez d’une manière non délibérée, d’une manière qui relève plutôt du hasard. En effet, c’est un

acte que le gnome domestique effectua lorsqu’il « n’était ni bien endormi, ni bien éveillé » et

« croyant qu’elles [les herbes] l’incommodaient. »26

Attardons-nous sur l’analyse de la situation initiale. Tout d’abord, nous remarquons que

Perrault utilise la phrase-clé des contes de fées : « il était une fois » tandis que Catherine

Bernard commence directement son récit sans utiliser ce genre de formules. Ensuite, nous

pouvons constater que Mlle Bernard ne développe pas la situation initiale.

24 PERRAULT Charles, op.cit., p. 289.25 ROBERT Raymonde (éd.), op.cit., p. 287.26 Ibidem, p. 292.

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Proportionnellement elle ne compte qu’une douzaine de lignes. Par contre Perrault, lui, va

prendre du temps pour décrire la situation initiale. Il va utiliser une figure de style telle que

l’antithèse, figure très courante dans les contes de fées, comme le confirment Jean-Louis

Dumortier et François Plazanet : « Si l’on passe à une étude des figures les plus employées

par ce type de discours [les textes merveilleux], on peut en retenir deux au moins qui se

signalent par leur retour obstiné : l’antithèse et l’hyperbole. »27 Effectivement, Perrault nous

parle tout d’abord de la naissance d’un prince très laid, mais qui reçoit de la Fée le don de

rendre intelligent qui il voudra. Ensuite, l’auteur passe à l’évocation de la naissance de deux

princesses dans un royaume voisin : une fille jolie mais bête et une autre intelligente mais

laide. On a donc une double antithèse. La première est celle de la naissance d’un garçon laid

mais malin qui est à opposer à la naissance d’une petite fille magnifique mais ayant très peu

d’esprit. La deuxième antithèse est celle entre les deux princesses. Il y a donc une volonté de

description chez Perrault. Une autre observation peut être faite sur la situation initiale.

Perrault nous présente dès le début le héros de l’histoire, il centre son récit sur Riquet. Mlle

Bernard, quant à elle, commence son récit par la naissance de Mama. Nous pouvons dès lors

penser que c’est Mama le personnage principal alors que c’est en réalité Riquet. Cela porte à

confusion.

Concernant l’épreuve qualifiante, il s’agit dans les deux versions de la rencontre des deux

personnages principaux. Il n’y a dans aucun des deux contes concernés le « coup de foudre »,

scène particulièrement présente dans l’imaginaire populaire. Nous pouvons tout de même

souligner que chez Perrault, la rencontre est provoquée par le « manque » d’une fiancée. Il

s’agit là de la huitième fonction de Propp : « manque quelque chose à l’un des membres de la

famille ; l’un des membres de la famille a envie de posséder quelque chose. »28 En effet,

Riquet est tombé amoureux de la princesse grâce aux nombreux portraits d’elle qui circulent

dans le monde. Il quitta donc « le Royaume de son père pour avoir le plaisir de la voir et de

lui parler. »29 « Le héros, célibataire, part à la recherche d’une fiancée, et voilà l’action

commencée. »30 Cette fonction ne se retrouve pas chez Catherine Bernard.

L’épreuve glorifiante est constituée chez Perrault d’un merveilleux « plus positif ».

Assurément, nous constatons que la transformation de Riquet en un beau prince est beaucoup

plus stéréotypée et moins sombre que la transformation de l’amant de Mama en gnome. Ce

27 DUMORTIER Jean-Louis et PLAZANET François, Pour lire le récit, Bruxelles, A. De Boeck, 1980, p. 141. 28 PROPP Vladimir, op.cit., p. 46. 29 PERRAULT Charles, op.cit., p. 285.30 PROPP Vladimir, op.cit., p. 46.

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« merveilleux positif » se retrouve également dans la description de la scène où la terre

s’ouvre sous les pieds de la princesse. Perrault nous livre la description d’un festin royal au

son d’une agréable chanson :

La terre s’ouvrit dans le même temps, et elle vit sous ses pieds comme une grande Cuisine pleine de Cuisiniers, de Marmitons et de toutes sortes d’Officiers nécessaires pour faire un festin magnifique. Il en sortit une bande de vingt ou trente Rôtisseurs, qui allèrent se camper dans une allée du bois autour d’une table fort longue, et qui tous, la lardoire à la main, et la queue de Renard sur l’oreille, se mirent à travailler en cadence au son d’une Chanson harmonieuse.31

Mlle Bernard, quant à elle,  fait apparaître des monstres au milieu de bruits et de voix

effrayantes :

Un jour que, rêvant à sa cruelle destinée, elle s’était écartée seule, elle entendit un grand bruit, et des voix souterraines qui chantaient les paroles que Riquet à la houppe lui avait fait apprendre ; elle en frémit, c’était le signal de son malheur. Aussitôt la terre s’ouvre, elle y descend insensiblement, et elle y voit Riquet à la houppe environné d’hommes difformes comme lui. Quel spectacle pour une personne qui avait été suivie de tout ce qu’il y avait de plus aimable dans son pays.32

Pour terminer, abordons l’analyse de la situation finale. Dans la version de Mlle

Bernard, le couple n’est pas heureux. C’est une fin plutôt triste et sombre. Celle de Perrault

par contre correspond tout à fait au « happy-end » que tout le monde attend à la fin des contes

de fées, à savoir le fait que « dès le lendemain les noces furent faites. »33 Ce type de formules

nous vient de la tradition orale des contes. C’est cette tradition que Perrault a voulu

reconstruire ici. Même si l’origine de Riquet à la houppe n’est pas populaire, l’auteur a voulu

recréer l’illusion d’un récit comme tel. En effet, ces expressions ont tout leur sens dans les

récits oraux, comme l’avancent Jean-Pol De Cruyenaere et Olivier Dezutter : « Ces formules

ont évidemment une importance au niveau phatique. Elles établissent le contact entre le

conteur et l’auditoire. »34

C’est grâce à toutes ces modifications que Perrault a fait entrer le conte de Riquet à la

houppe dans la postérité. Ce succès est à attribuer notamment à l’ajout d’éléments

merveilleux ou de « mots de passe qui ouvrent et ferment l’univers du merveilleux »35 qui sont

issus de la tradition populaire.

31 PERRAULT, op.cit., p. 287.32 ROBERT Raymonde (éd.), op.cit., p. 289.33 PERRAULT, op.cit., p. 289.34 DE CRUYENAERE Jean-Pol et DEZUTTER Olivier, Le conte, vade-mecum du professeur de français, Bruxelles, Didier Hatier, 1990, p.81.

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35Expression trouvée dans : SCHNITZER Luda, Ce que disent les contes, Paris, Editions du Sorbier, 1985, p.172.

Page 17: Notice catherine bernard

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