Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf ·...

34
Notes du curé B sur les registres paroissiaux de Saint-Etienne du Blanc (36018) (1788-1792) Patrick T 2 février 2011

Transcript of Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf ·...

Page 1: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

Notes du curé B sur les registresparoissiaux de Saint-Etienne du Blanc (36018)

(1788-1792)

Patrick T

2 février 2011

Page 2: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

Copyright c© 2 février 2011 Orsennes, Indrehttp ://patrick.texier.free.fr(Transcription en cours)

Page 3: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

Table des matières

Notes du transcripteur i

1 Présentation 11.1 Le curé B de Saint-Etienne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11.2 Première page du registre de 1776.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

2 Anecdotes 32.1 L’intention est réputée pour le fait. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32.2 V embastillé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32.3 Épitaphe d’un chien. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42.4 Remède infaillible contre l’hydropsie du bas ventre. . . . . . . . . . 4

3 Sujets historiques 73.1 Le procès de C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73.2 États généraux de 1596. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

4 Révolution française 114.1 L’année 1788. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114.2 Convocation des états généraux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124.3 Litanies du tiers état pour 1789. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124.4 Le PATER du tiers état. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164.5 Le GLORIA IN EXCELCIS du tiers état. . . . . . . . . . . . . . . . 164.6 ÊPITRE du tiers état. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164.7 Remontrances des curés de France aux états généraux. . . . . . . . . 174.8 Juillet 1789 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

4.8.1 Prise de la Bastille et Grande Peur. . . . . . . . . . . . . . . 184.8.2 Amendements que doit observer un citoyen actif. . . . . . . 194.8.3 Commandements de la patrie relativement aux états généraux204.8.4 Logo. . .trouvé dans la cour du palais Bourbon. . . . . . . . . 20

4.9 Invitation injurieuse au convoye du clergé. . . . . . . . . . . . . . . 214.10 Copie de la lettre d’Adieu de M. l’abbé de Pontigny. . . . . . . . . . 224.11 Discours du 9 janvier 1791. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224.12 Les aristocrates. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

4.12.1 Serment civique à double face. . . . . . . . . . . . . . . . . 254.12.2 Les aristocrates se flattent que la constitution n’aura pas lieu. 26

3

Page 4: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

4

5 Théologie 275.1 Testament spirituel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275.2 L’affliction rappelle à la religion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275.3 Pourquoi croire la religion chrétienne. . . . . . . . . . . . . . . . . 285.4 Pensées de Pascal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 285.5 Extrait d’un discours de l’archevêque de Bourges aux protestants. . . 285.6 Argument contre les incrédules. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

Page 5: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

Notes du transcripteur

Tous ces textes sont retranscrits et annotés depuis les registres d’état-civil de laparoisse de Saint-Étienne du Blanc conservés en mairie (Hôtel de Ville, État-Civil,place des Augustins, 36300 Le Blanc) : cinquante quatre pages ont été photographiées.

Conformément aux usages, l’orthographe des textes a été conservée, avec les fautesde Philippe B, mais la ponctuation et les accents ont été revus pour faciliter lalecture.

Ce document a été mis en forme à l’aide de LATEX 2εLe contenu n’a pas été modifié depuis 2003.

i

Page 6: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

ii

Page 7: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

Chapitre 1

Présentation

1.1 Le curé B de Saint-Etienne

Le curé Philippe B appartenait à la famille noble des B V.Il a été nommé curé de Saint-Etienne. Un membre de cette famille : Magloire fut mairedu Blanc après le décès de Pierre C S en 1830.

F. 1.1 –Signature de Philippe B - Photographie de l’auteur

1.2 Première page du registre de 1776.

Non nocet sensus ubi non est consensusImo quod resistentem fortigat

Vincentem coronat Stus Bernardus1

A Saint Etienne2

Registre n◦9 deppuis 1776 jusqu’en 1788.

Il y a onze années de registres dans cette liasse. A la fin de chacun ou il s’y esttrouvé du blanc, j’ay écrit quelques annecdottes frappantes. Et notament les remon-trances des curés [. . .] aux états généraux qui commenseront à Versaillles le 27 avril1789. Le commencement de ces remontrances est à la fin du registre de 1779. La pre-mière suitte à la fin de 1780. La seconde à la fin de 1783. La troisiesme à la fin de 1784.La quatriesme à la fin de 1785. . .enfin elles finissent à la fin du registre de 1787.

1Une traduction au crayon sur le registre donneLe sens ne nuit là où est le consentement, c’est ce quifatigue celui qui a résisté et couronne celui qui triomphe dit StBernard

2Le registre a été restauré mais cette page était en trés mauvais état (manques de papier sur les bords)d’ou les nombreux manques de la transcription.

1

Page 8: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

2

Sa majesté a vu ces remontrances et a convoqué ses bons et utiles [. . .] dequels il décou-vrira la vérité, par sa lettre du 24 janvier 1789. Comme nous sommes du gouvernementdu poitou3 nous avons été assignés à Poitiers pour l’assemblée du 16 mars. Il faut 14 dé-putés pour Versailles du tiers-état. Ils sont choisis. Il en faut sept pour la noblesse etsept pour le clergé. Ces deux ordres ne s’entendent pas. Il est à craindre que le haut-clergé ne l’emporte sur les curés qui sont pressés de se rendre pour les pasques quicomme demain aresté le quatre avril 1789. On a choisi cinq curés et comme le [. . .] desvocaux s’est diminué à raison des pasques qui pressaient. Les seigneurs de Poitiers etde Luçon ont été nommés pour leur soutien contre le sentiment de tous les curés quis’enhuiaient et furent obligés de [. . .] pasques de leurs parroissiens et des leurs.

A la fin du registre de 1778 il se prouve par l’exemple de François Premier quin’était pas dévot que l’affliction ramène à la religion.

A la fin du registre de 1779, l’occasion de la convocation des états généraux pourle [. . .] et commancement des remontrances des curés.

A la fin du registre de 1781, assemblées dans les sénéchaussées de Chateauroux etMontmo[rillon] pour faire l’élection des députés pour Versailles et un petit précis desétats généraux [de] l’an 1596 où raisonne Henry IV.

A la fin du registre de 1782, l’épitaphe d’un chien.A la fin du registre de 1785 un superbe testament spirituel.A la fin du registre de 1786 pourquoy Voltaire fut il mis à la Bastille par Mgr [le]

duc d’Orléans. Comment il en sortit et son remerciement.

3Les deux paroisses de ville-haute, Saint-Etienne et Saint-Cyran, appartenaient á la province du Berry.La ville-haute et la ville-basse réunies aprés bien des discussions ont opté pour le département de l’Indre ála condition expresse d’obtenir un chef-lieu de district (premiére forme d’ arrondissement)

Page 9: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

Chapitre 2

Anecdotes

2.1 L’intention est réputée pour le fait

Guillaume L1 dit Chopinel2 se trouva seul dans un cercle de vingt femmeset filles. Il leurs dit en s’amusant :

« Vous êtes, serés ou fûtesde fait ou de volonté putes,

et qui très bien vous chercheroittoutes putes vous trouveroit3 »

Touttes ces dames furent indignées et résolurent hautement de le tuer. Elles l’auroitfait. Il se retira dans un coin. Il dit tout haut «j’ay commis une indiscrétion, je merittela mort, mais à condition que ce soit la plus grande putte qui me portera le premiercoup». Aucune ne voulut s’afficher et il fut sauvé.

(cf figure2.1)

2.2 V embastillé

V4 fut mis à la Bastille par le duc d’Orléans5 pour avoir dit sur l’air dejoconde de la duchesse de Berry, fille du duc d’Orléans : «Enfin votre esprit est guérides craintes du vulgaire, grande duchesse du Berry consommez le mystère, un autreloth vous sert d’époux, mère de moabites6 , faittes encore sortir de vous un peupled’ammonites».

Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que «les moabites et am-monites luy étoint inconnus, parce que»disait il, «un homme qui sort des jésuites7 ne

1Guillaume L (ca 1200-ca 1240), premier auteur duRoman de la rose2Jean M dit Chopinel, continuateur duRoman de la rose. Il y a confusion entre les deux.3Les vers originaux du Roman de la Rose sont «Toutes estes, serez ou futes de fait ou de voulenté

pustes !»traduits par «Vous êtes toutes, vous serez ou vous fûtes, en acte ou en intention, des putes !»Vers9160 et 9161 de l’édition du Livre de Poche,1992

4François Marie A dit V (1694-1778). V fut embastillé par lettre de cachet sur ordredu duc d’Orléans le 17 mai 1717

5Phillipe II, duc d’Orléans (1677-1749) régent de France à la mort de Louis XIV en 17156Peuple nomade apparentés aux Hébreux à l’antiquité7V a fait des études chez les jésuites au collège de Clairmont (aujourd’hui lycée Louis-le-Grand)

de 1704 à 1714.

3

Page 10: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

4

F. 2.1 –L’intention est réputée pour le fait - Photographie de l’auteur

connoist que les sodomites.»Monseigneur le duc d’Orléans l’envoya chercher, luy offrit tous avantages. «Je

remercie votre altesse et lui demande pour unique grâce de ne jamais se mesler demon logement».

2.3 Épitaphe d’un chien

Le chien d’une dame de haute considération mourut. Elle pria son aumônier defaire son épitaphe. Une riche abbaye en fut le prix.

La voilà

« Latratu fures excepi, sed mutus amantesSic placui domino, Sic placui dominae»8

2.4 Remède infaillible contre l’hydropsie du bas ventre

Remède infaillible contre l’hydropsie du bas ventre - j’ay vu deux miraclesPrenez une bouteille de la meilleure eau de vie,Une once de jalop

8Traduction établie par Guillaume B le 03/09/2001 sur le groupe fr.rec.genenealogie : «J’ai ac-cueilli les voleurs par un aboiement, mais je me suis tu pour les amantsAinsi j’ai été agréable autant à mon maître qu’à ma maîtresse»

Page 11: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

5

Trois gros d’iris de FlorenceUne plaine main de la seconde peau de sureauLaissez le tout infuser pendant trente six heures.Vous en prendrez le matin a jeun trois pleines cuillérés et laisserez toujours deux

jours d’interval avant d’en prendre une seconde fois.Pendent que la médecine opérerra le malade prendra d’une tisane ordinaireQuand la bouteille sera finie, on se trouve mieux, on prend un demi gros de rhubare

et autant de jalop tous les 15 jours jusqua ce qu’on soit entièrement guéri.On observe de ne point prendre une souppe ny bouillon et on boit le moins possible.On mange pour toute nouritureDu rôty et du pain grilléOn peut y avoir toute confiance et compte sur guérison.(cf figure2.2)

F. 2.2 –Rémède infaillible - Photographie de l’auteur

Page 12: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

6

Page 13: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

Chapitre 3

Sujets historiques

3.1 Le procès de C

Madame la maréchalle de S-A aimoit le grand C, elle scut de son vieuxmarit que le prince était accusé de la conspiration d’Amboise et qu’on alloit l’arrester.Elle luy escrivit en ces termes «Sauvez-vous Monseigneur, je ne puis vous en diredavantage». Le prince se sauva mais enfin il fut pris et on travailla à son procès, laconjuration ne pouvoit estre prouvée. Néantmoins il fut condamné, et de fut sauvé quepar la mort du roy, un arrêt du parlement cassa la procédure. Dans le cours du procèsmadame lui écrivit mystérieusement en ces termes :

« Croyez moy, prince, préparez vous àla Mort aussi bien vous sied il mal devous deffendre. Qui veut vous perdre estamy de l’état, on ne peut rien voir deplus coupable que vous, ceux quipar un véritable zèle pour le royvous ont rendu si criminel étoienthonestes gens et incapables d’estresubornés. Je prends trop d’intérestà tous les maux que vous nous avez faistsen votre vie pour vouloir vous taireque l’arrest de votre Mort n’est plusun si grand secret. Les scélératscar c’est ainsi que vous nommez ceuxqui ont osé vous accuser, méritoientaussi justement récompense que vousLa mort qu’on vous prépare, votre seulentestement vous persuade que votremérite vous a fait des ennemys,et que ce ne sont pas vos crimesqui causent votre disgrace. Niezavec votre effronterie accoutuméeque vous ayez eu aucune part àtouttes les criminelles pratiques dela conjuration d’Amboise. Il n’est pas

7

Page 14: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

8

comme vous vous l’esté imaginé impossible de vous en convaincre.A tout hazard recommandez vous àDieu.»

Le pauvre prince lut cette lettre insultante à son malheur, il reconnoissait l’écriturede Mde la maréchalle, et son attachement à force de tourner et de relire cette lettre. Ils’avisa de sauter les 2onde, 4esmeset 6esmeslignes ainsi des autres et trouva :

« Croyez moy, prince, préparez vous àvous deffendre. Qui veut vous perdre estplus coupable que vous, ceux quivous ont rendu si criminel étoientsubornés. Je prends trop d’intéresten votre vie pour vouloir vous taireun si grand secret. Les scélératsqui ont osé vous accuser, méritoientLa mort qu’on vous prépare, votre seulmérite vous a fait des ennemys,qui causent votre disgrace. Niezque vous ayez eu aucune part àla conjuration d’Amboise. Il n’est paspossible de vous en convaincreDieu.»

Le grand C et Mde la maréchalle devinrent veufs, se promirent de s’épouser,mais pour raison d’état, il fut obligé de prendre Mlle ’O ce qui outra la ma-réchalle [. . .] promis d’épouser M s’il tuait le prince. La colère passa, ellemanda trois fois de ne rien faire. Il le tua, elle ne voulu plus de M.

3.2 États généraux de 1596

Au mois d’octobre 1596, Henry IV à la fin de la ligue convoqua à Rouen les étatsgénéraux dans l’église de l’abbaye de St-Ouen. Les trois états étant tous placés, leroy salua honnestement l’assemblée et dit «Messieurs, comme j’ambitionne plus lestitres de libérateur et restaurateur de la France, que celuy de grand orateur, je vousapporte aussi plus de bonnes volontés que de belles paroles. Je ne vous ai point appelésicy, pour vous obliger d’approuver aveuglément mes volontés comme faisaient mesprédécesseurs, je vous ay assemblé pour recevoir vos conseils, pour les suivre, et pourme mettre en tutelle entre vos mains. C’est une envie qui ne prend guère aux rois, auxbarbes grises et aux victorieux. Mais l’amour que j’ai pour mes sujets et l’extrèmedésir que j’ay pour rétablir l’état me font trouver tout facile et tout honorable»

En 1598, le clergé luy demanda le rétablissement de la pragmatique sanction qu’avaitsacrifié François 1er concernant particulièrement la liberté des élections pour les éves-chés, abbays et gros bénéfices.

Le roy respondit en ces termes : «À la vérité, je reconnais que ce que vous voulezest véritable ; je ne suis point auteur des nominations. Ces Maux étaient introduitsdevant que je fusse venu pendant la guerre. J’ai couru où le feu était plus allumé pourl’étouffer. Maintenant que la paix est venue, je feray ce que je dois faire en tempsde paix. Je scais que la religion et la justice sont le fondement et les colonnes de ce

Page 15: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

9

royaume, qui se conserve de justice sous la piété, et quand elles n’y seroit point, jeles y voudrois établir, mais pied à pied, comme je feray en touttes choses. Je feray ensorte, dieu aidant, que l’église sera aussi bien qu’elle étoit il y a cent ans. J’espère endécharger ma conscience, et vous donner contentement, cela se fera petit à petit. Parisne s’est pas fait tout en un jour. Faittes par vos bons exemples que le peuple soit autantexcité à bien faire, commme il en a été par cy devant [chigné ?]. Vous m’avez exhortéde mon devoir, je vous exhorte du votre ; faisons bien vous et moy : allez par un cheminet moy par l’autre ; et si nous nous rencontrons, sera bientost fait1. Mes prédécesseursvont ont donné des paroles avec beaucoup d’ap[. . .] et moy avec ma jaquette grise, jevous donnerai les effets. Je n’ai qu’une jaquette grise, je suis gris au dehors, et toutdoré au dedans.»

Pour mémoire, Bastide.

1NDT : le devoir

Page 16: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

10

Page 17: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

Chapitre 4

Révolution française

4.1 L’année 1788

Il y a eu peu d’eau dans cette année 1788. On désespérait des vignes. Le raisin nepouvait mûrir. Il tomba de l’eau sur la fin d’aoust, qui précipita les vendanges. On lesfit dès le 8.7bre 1 et le vin assé abondant s’est trouvé très bon. Le 30.7bre, il tomba encorbeaucoup d’eau et après nous avons eu un grand chaud jusqu’au 17.9bre de façon qu’onn’a pu semer que très peu de bled en terre très sèche. Le 18.9bre tira un vent du nordtrès froid qui a continué jusqu’au 3.Xbre où il tomba une neige abondante. Je passaice jour sur l’écluse. Cependant le vent du nord continua, qui a occasionné une geléeextraordinaire. On passa dès le 7.Xbre sur la glace la rivière Creuse et touttes celles dupays. On y a passé des charettes chargées d’une corde de bois. Cent quatre vingt bœufsgras pour Paris y sont passés dans deux jours dans des mouvements et luttes terribles.Tous les mulets avec leurs grosses charges et généralement les hommes chevaux etporcs jusqu’au 12 janvier où survient une douceur. La police fit des defances d’y passerd’avantage. Le 19 janvier survient un débordement de ces glaces qui dura 12 heures.Cela n’a fait icy d’autre mal que quelques écorchures aux écluses, mais sur la Loirecinq ponts ont été emportés, six paroisses au dessus d’Orléans submergées, la levéed’Orléans à Tours brisée en plusieurs endroits, tous les batteaux de la Loire emportés.Il a péri une grande quantité de monde de touttes parts.Le froid a été excessif. On l’aremarqué icy à dix neuf degrés2 , à Paris à à vingt un. Il est vray en 1709 appelégrand hiver le froid ne fut que de 15 degrés. Il périt cependant beaucoup plus d’arbresque dans cette année 1789. On regarde jusqu’à présent les vignes comme totallementgelées. C’est un effait qui ne se vérifira qu’en avril ou may prochain. J’ay dit cy dessusqu’on avait semé quatre [. . .] de bled dans les tempts ordinaires. On le reconnais geléà présent. Tous se sont mis à semer le vingt janvier et ont continués dans février. Lebled fait plaisir à voir. J’ai remarqué que le vent du nord avait tiré depuis le 18.9bre

jusqu’au douze janvier, ce qui a fait une grande sécheresse, qui dit-on a occasionnél’hidrophobie d’une quantité de chiens qui ont fait tous l’effroy possible dans tout cepays. Les journaliers et tous les voyageurs n’allaient pas sans fourches de fer. Deshabitant des villes mesme la portaient pour aller dans les rues jusqu’à l’église. Ondisait de touttes parts que tels et tels étaient morts en tel endroit. Je ne peux certifier cefait mais il est constant que cette [preuve ?] était généralement répandue. Pour mémoire

1Les mois de 7bre, 8bre, 9bre et Xbre sont respectivement septembre, octobre, novembre et décembre.2Les températures sont bien sur négatives.

11

Page 18: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

12

aresté au Blanc le premier mars mil sept cent quatre vingt neuf.B curé de St Etienne du Blanc.

4.2 Convocation des états généraux

Louis seize a convoqué les états généraux pour le vingt sept avril 1789. Par sa lettredu vingt quatre janvier, mêsme année. En conséquence on a tenu dans la ville hauteune assemblée du tiers-état, le deux mars, qui a choisi quatre députés, pour aller àMontmorillon3 porter le cayer de doléance et s’expliquer. Ce sont Mrs Dmédecin,C L4, B L, et C5. Ils se rendront à Montmorillon leneuf mars. L’un d’eux sera choisi pour aller à Poitiers le seize ; dans la ville basse on achoisi également ceux qui se rendront à Châteauroux6 le neuf et [. . .] le seize pour queles députés de ces assemblées soient rendus à Versailles le vingt sept avril.

Les procureurs du roy de Châteauroux et Montmorillon ont faits assigner dans leurjuridiction, tout le clergé, et la noblesse, a avoir à se trouver en personne en personneou par procureur à Poitiers le seize mars pour tous les curés et communautés, rentrésen personne ou procureurs, tous les gentils hommes fieffés. Ceux qui ne sont pas fieffésn’auront pas de procureurs. Ces deux corps choisiront leus députés pour Versailles,ainsi que l’aura fait le tiers état dans les sièges secondaires. Ces états généraux ontpour but les besoins de l’état, la réforme des abus, l’établissement d’un ordre fixe danstoute l’administration, la prospérité général du royaume, et le bien de tous et chacun.Amen

Bastide.

4.3 Litanies du tiers état pour 1789

Sire ayez pitié de nousRoy bienfaisant écoutez nousSire ayez pitié de nousPère du peuple exaucez nousMarie-Antoinette priez pour nousMonsieur frère du roy p.p.n.Duc d’OrléansPrinces et princesses qui aimez l’étatPairs qui avez opiné en faveur du peuple à l’assemblée des notables7

Duc de Larochefoucault8

Duce MortemartMaréchal Duc NNobles qui avez défendu les droits du tiers étatMaréchal B

3La ville haute, suivant la coutume du Poitou faisait partie de la sénéchaussée de Montmorillon, actuel-lement dans la Vienne

4Pierre C M (◦1740) ou son frère Louis Edmond (◦1743). Cette famille était noble.5Ancienne famille du Blanc qui a comporté plusieurs magistrats6La paroisse de Saint-Génitour était rattachée au baillage de Châteauroux7Assemblée qui s’est tenue en février 17888François Alexandre duc de L R-L (1747-1827) : Partisan des réformes anglaises

dans sa ferme en Picardie. Il soutient l’égalité de tous devant l’impôt. Député de la noblesse aux Etats-Généraux. Emigre aprés le 10 août 1792.

Page 19: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

13

Duc CComte de Rochambeau9

Comte de MontboissierMarquis L F10

Nobles de Franche-Conté qui avez protégé contre la séditieuseprotestation d’une partie de votre chambre, priez pour nous.

Prince de Montbarrey qui vous este joint à la protestation patriotiqueComte BNobles du DauphinéPrélats, patriottes et vraiment religieuxArchevêque de Narbonne priez pour nousArchevêque de VienneArchevêque de BordeauxEvêque de RhodesEvêque de BloisEvêque de NantesEvêque de NîmesEvêque de LombezEvêque de QuinperEvêque de LangresEcclésiastiques de tout rang qui aimés le peuple priez pour nousCuré de St André des ArtsCuré de Ste MargueritteCuré de St EustachePasteurs et curés qui connaissés la détresse du peupleCurés de campagnes, curés à portion congruePauvres vicaires soutenez le patriotisme par vos instructionsMagistrats populaires, intercédez pour nousPremier président du parlement de ParisPrésident de NoiseauPrésident du parlement de BordeauxProcureur général du parlement de Pau.1er président de la chambre des comptes de RouenAvocat général HAvocat général DDuchesses, vicomtesses, marquises,Baronnes qui préférerés la bienfaisance et la justice à des chimères

orgueilleuses, soyez nous favorablesFemmes aimables de tout rang et de tout état soyez nous favorablesDe tout mal délivrés nous sireDu mémoire de princes délivrés nous sireDes motifs des douzes notablesDe la forme de 1614Des amis de M. le chevalier de GuetDe l’enlèvement des pétition et protestations patriotiques délivrés nous

9Jean-Baptiste Donatien V comte R (1725-1807). Militaire, un des artisans de lavictoire de Yorktown en 1781. Député à l’assemblée des notables en 1788. Maréchal de France en 1791.

10Marie Paul Joseph Gilbert M marquis L F (1757-1834) Héros de la guerre d’Indépen-dance américaine. Ses idées avancées lors de l’assemblée des notables lui valent des inimitiés avec la cour.Député de la noblesse de Riom aux Etats Généraux.

Page 20: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

14

sireDes arretés entortillés du parlement de ParisDes violences du parlement de Franche ContéDes bévues du parlement de BretagneDe l’aristocratie des grandsDe la vénalité des [charupes ?]Du despotisme et de la morgue de la robeDe la longueur des procéduresDe la paresse des raporteursDe l’ignorance des juges délivrés nous sireDe la rapacité des secrétaires délivrés nous sireDes épices et des vacationsDes assassinats juridiquesDes réquisitoires incendiaires et de la brûlure des écritsDu secret des procédures criminellesDe la question préalableDe l’opprobre de la selletteDe l’impunité des juges souverainsDe l’éloquence verbeuse des disciple de MesmerDes projets des fous de l’isle Ste MargueritteDes tours de passe-passe du général J

Des voleries de la basse robeDe toutes les vexation, friponneries ruses enfantés pour la chicaneDe l’inquisition de la presseDes méchants qui veulent s’opposer aux états générauxDes malintentionnés qui feignent de douter de leur tenueDes suffrages recuellis par ordre et non par têteDe la noblesse de BretagneDe la noblesse antipatriotique de Franche ContéDu géant de LarochebernardDes ordres militaires prétendus hospitaliers qui n’ont que l’orgueil et la

cupidité pour objet délivrez nous sireDu code des chassesDes gestes désastreux de l’iniquité féodalle délivrés nous sireDes fours banauxDes moulins de contrainteDes pressoirs banauxDe la corvée et de la tailleDe l’infernale invention de gabellesDes aides et du trop bûDu jeu infâme de la loterie royalleDes péages et autres entraves qui ruinent le commerceDe la honte d’une banquerouteDes employés des fermesDe la dureté des traitantsDe l’inégale répartition des impôtsDe la noirceur de vos courtizantsDe l’égoïsme et l’ambition du clergéDe la faiblesse et trahison de quelques unsDe vos ministres délivrés nous sire

Page 21: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

15

De l’insuffisance des loys contre les grandsDe l’abus des lettres de cachetDes prodigalitées ministériellesDe la cupidité des suballternesDu fardeau des pensions non mérittéesDe l’excès des récompenses pécuniairesDe l’exclusion du mérite des places que la noblesse s’est appropriéesDes cachots de la BastilleDes prisons d’étatDe la scission de la noblesse et haut clergé préservés nous sireDe la le nécessité de nous armer pour appuyer et vœux de notre cœurDu danger d’estre écrasés par les WISKIS et voitures anglaises des gens à

la modeDe l’insolvabilité des grands, des évêques et abbés commanditaires,

préservés nous sirePar votre amour pour notre peuple écoutés nous sirePar votre économie soulagés nous sirePar votre justice, protégés nous sirePar votre popularité soutenez nous sirePar votre probité consolés nous sirePar les obligations que votre cour vous impose et que la souveraineté

vous presse de remplir, secourés nous sirePar les bons exemples que vous donnez et qu’ils ne suivent guère,

secourés nous sireAu jour où l’on réglera la manière de receuillir les voix dans l’assemblée

des états généraux, secouré nousCorps de la nation nous vous prions pour que le tiers état soit enfin rétabli

dans ses droits éternelsPour que les grands renoncent aux titres peu honorables de meuniers

boulangers et de pressureurs banaux.Pour que la noblesse ne s’engraisse plus de notre sangPour que son gibier ne dévaste plus nos modiques propriétésPour que le laboureur receuille en paix le fruit de ses sueursPour que le pauvre soit soulagé par les ecclésiastiques qui sont les

administrateurs des revenus de l’églisePour que les cours de justice ne se meslent plus que de juger les procèsPour qu’elles admettent dan leur sein des voituriers qui sont

exclusivement les juges naturels du tiers étatPour qu’elles nous jugent équitablement et non pas au gré de leur caprice

et d’une juriprudence versatillePour qu’en matière criminelle les jugements par jurés soient rétablisPour qu’elles observent de près les griffes des vautours de basse robePour qu’il y ait un corps intermédiaire constitutionel qui veille au

maintien des loisPour que la circulation intérieure soit dégagée de toutte entrave et qu’on

envoye plus aux galères pour fait de contrebandeN11 ! N ! Qui faites l’espoir de la France, secondés nousN ! N ! Qui soutenés le crédit de la France soyés nous toujour

11Jacques N (1732-1804), premier ministre de Louis XVI

Page 22: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

16

favorableN ! N ! Qui réparés les malheurs de la France ne nous

découragés pointSire écoutés nous :Et que nos cris parviennent jusqu’à vous.

OREMUSO ! Vous le plus vertueux des roys ! Vous qui nous voulés que le bonheur de vos sujets,que vous aimés comme Henry IV aimait nos pères, et nous regardés tous comme vosenfans ! Daignés sire achever avec une fermeté intrépide ce que vous avés si généreuse-ment commencé. Ne voyés dans tous les ordres de l’état que des sujets indistinctementappelés à concourir au sein au bien général. Que nous n’ayons tous sire que les mesmesdroits comme nous n’avons qu’une mesme loy et une mesme patrie. Et le clergé osetrahir les veux de notre cœur et briser les liens qui les attachent à la nation. Qu’ilsapprennent par notre exemple que la nation ne dit jamais que la véritable noblesseconsiste non se glorifier d’une longue suite d’aïeux auxquels on a cessé ne ressembler,mais à ce dévouer sans réserve et sans intérêts au besoin de l’état. Et on saurait faire ladifférence qu’il y a entre un corps d’hommes actifs, industrieux, éclairés et courageuxà une foule d’illustres fainéans et de dévots égoïstes.

Ainsi soit il

FIN

4.4 Le PATER du tiers état

À transcrire

4.5 Le GLORIA IN EXCELCIS du tiers état

Gloire au roy, honneur à ses ministres, et paix aux bon citoyens, digne successeur deHenri, nous vous louons, nous vous bénissons, nous vous glorifions, nous vous rendonsgrâce à la vue de la gloire dont vous jouissez déjà, et de celle dont vous êtes sur le pointde vous couronner.

Vous qui êtes assis à la droite du trône, protégez nous.

Vous qui avez refusé de signer le fameux mémoire, protégez nous.

Vous qui par votre intelligence et votre noble désintéressement, réparez autant qu’ilest en vous, les bévues de de vos prédécesseurs. Ayez pitié de nous, continuez à dire lavérité à celui qui est digne de l’entendre : et puisse (en dépit des envieux) votre bonheuret celui de la nation française estre le fruit de vos travaux, et le sceau de votre gloire.Ainsi soit-il.

4.6 ÊPITRE du tiers état

À transcrire

Page 23: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

17

4.7 Remontrances des curés de France aux états géné-raux

Dans l’an 1788, il y a eu des troubles en France à l’occasion d’un gros désertqui s’est trouvé dans le trésor royal. Sa majesté a voulu établir quelques imposts etnotament la dixme territorialle et le timbre. Le parlement n’a pas voulu enregistreraprès une quantité de débats. Sa majesté a réservé la grande chambre et supprimé lesautres, ordonné qu’en certaines capitalles il y aurait un grand baillage qui jugerait endernier ressort jusqu’à vingt cinq mille lieues, que de distance en distance il y aurait unpetit baillage qui jugerait en dernier ressort jusqu’à 4 000 lieues et qui reconnaistrait detouttes affaires. Au moyen de quoy touttes justices d’attribution telles que les élections,déposts des sels et des traites étaient supprimées par l’édit portant création des petits etgrands baillages.

Cet édit a fait de l’occupation et beaucoup de représentations. Il y a eu beaucoupde lettres de cachet pour le parlement, des membres de différents présidiaux et mesmedes élections. On avions icy Mr M L homme essentiel en tout genre,conseiller du présidial du Mans. Le lieutenant de l’élection du Mans était à Mirebaux.Après bien des remontrances les deux ministres qui poursuivaient cet édit ont été dis-graciés. On a rappelé tous les exilés, les justices d’attribution remises en pied par pro-vosion jusqu’aux états généraux.

Les choses un peu pacifiées, il fallait veiller aux besoins de l’état. Le parlementallégua son incompétence pour tous imposts et emprunts et dit qu’il n’y avait que lanation qui puit en connaistre, pour lors les états généraux furent déterminés. Il était àprésumer que les curés n’y seraient point appelés mais seulement le haut clergé. Il ya quarente six mille curés en France qui ont fait des remontrances. Voilà le projet descurés d’Anger qui a été accepté par ceux qui en ont eu connaissance dans le Poitou,Blézois et Berry.

Mémoire

Tandis que la bianfaisance du roy s’étend sur tous les ordres de la monarchie,qu’elle invite tous les français à rechercher leurs anciens usages, à représenter leursdroits, à exposer leurs griefs : Qu’elle promet de ménager tous les intérêts, de protégertous le privilèges, d’examiner et d’approfondir toutes les prétentions. Une classe decitoyens importante à l’état et à la religion ose élever la voix, porter ses voeux jusqu’aupied du trône, et intéresser la bonté du monarque. Dans l’opinion générale de la nation,le clergé tient le premier rang dans la monarchie.

Si la religion est l’appui des états et le soutien le plus inébranlable du trône, iln’est pas étonnant que tous les citoyens se soient réunis pour lui déferer cet honneur.Deux motifs ont motivé leur déférence : l’influence de la religion sur les intérêts et lesmoeurs, leur correspondance avec le gouvernement général. La même onction qui lesconserve ministres de Jésus Christ pour la sanctification des âmes, les établit ministresdes rois pour le bonheur et la soumission des peuples. Aussi les souverains les onttoujours appellés dans les assemblées de la nation, ont défendus leurs privilèges, et lesont admis dans leurs conseils. Mais dans l’état présent, [. . .]

Page 24: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

18

4.8 Juillet 1789

4.8.1 Prise de la Bastille et Grande Peur

Depuis le 14 juillet 1789, il n’y a eu aucune tranquilité en France. Ce jour là lerégiment des gardes françaises, a la teste d’une troupe innombrable de peuple assiégala Bastille, Mr L12 gouverneur paru vouloir capituler. Il demanda qu’il entrast200 soldats. On baissa le pont-levis, ils entrèrent. On leva le pont-levis, ils se trouvèrentfermés entre deux pont et des murs. Dans l’instant on les canarda par des trous qui étoitau murs et au plancher, sans qu’ils puissent dessandre. Ils hurlèrent, dans ce moment onfit des efforts inconcevables : on brisa les chaïnes du pont-levis, un grenadier grimpaà l’assaut. Fatigué Mr le gouverneur se revestit de sa croix de St-Louis, et parut surle haut du mur ainsi décoré ; la croix de chevalier luy est demeurée avec pension, lespapiers publics ont fait mention de ce dessus.

On traisna Mr L à la grève, on lui trancha la teste, on courut chez Mr

F13 , on le décapita et on porta ces testes avec beaucoup d’autres au bout d’unepique. Il périt dans cette expédition plus de 4 000 personnes. J’ay vu des témoins oc-culaires qui étoient entrés à cette prétendue14 capitulation, des 200 qui étoient entrés àla Bastille, il en périt 64 et beaucoup de blessés.

Le vingt quatre juillet on fit des réjouissances et feux de joie par toutes les villeset bourgs. Le peuple avoit enjoint que tous et chacun s’y trouvoist et tous avec unebelle cocarde. Si on n’eust pas voulu la prendre, on vous menaçoit de de pendre sansdistinction. La politesse, la soumission et la déférence sont bannis de tout le peuple,qui a raison du droit de l’homme, est égal aux anciens plus grands seigneurs. De façonqu’il n’y a plus d’hosneste et poly que la noblesse et l’église obligés d’embrasser touttehumilité, sans quoi attaché à la lanterne et pendu.

Oh le 29 juillet toutte la France fut plongée dans toutes les horreurs de la peur. À3 heures du soir le bruit courut dans toutes les villes, bourgs et hamaux qu’un nombre de4.5.6.7.8 et 9 mille brigands mettoint tout à feu et à sang. Ici au Blanc, on nous assuraitque Blac15, Le Dorat, Montmorillon et la Trimouille étoient bruslés, ailleurs on disaitla même chose des villes les plus voisines. On sonna le tocsin dans toutes les églisesde France, il nous vint icy au moins 4 000 hommes16 du voisinage armés comme ilspouvoient de fusils, pistolets, faux renversées, fourches de fer, on fit différents plottonspour veiller toutes les advenues. Toutes femmes et enfants se retirent dans les fosséesde vignes et bois. On abandonna partout les bestiaux quinze jours après le receu deslettres de Calais, Bordeaux+ Lion qui marquoient la mesme chose de tous ses pays etmesme [. . .] l’impression [..]17 grande par la crainte de tomber entre les mains de cesprétendus brigands que plusieurs femmes en périrent. Une de cette paroisse passa lanuit sur le bout d’une fosse profonde bien déterminée à y jetter ses trois tendres enfantset s’y précipiter elle mesme à l’arrivée des brigands. Son père agée rempli d’horreuravala une quantité d’arsenyc qu’il avoit depuis trois semaines dans son grenier pour lesrats. Il n’en fut nullement incommodé.

Le soir du 5 8bre 178918 , une cohorte immense arriva de Paris à Versailles, quantité

12Bernard L (1740-1789), Mis, commandant de la Bastille.13Joseph-François F (1715-1789). Nommé contrôleur des finances le 11 juillet 1789, il fut arrêté

le 21 et décapité le 22 et non le 14.14B est plus royaliste réformiste comme la majorité du bas-clergé15Bellac en Haute-Vienne16La population du Blanc était de 4 760 habitants au recensement de 179317Manques de papier sur cette page dans les bords18Journées d’octobre, les 5 et 6 : le roi et sa famille sont ramenés de Versailles aux Tuilleries à Paris

Page 25: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

19

de gardes du corps furents massacrés, la reine se sauva de son lit, on entra dans sachambre, on poignarda ce lit à coups de bayonnettes et de sabre, enfin tous ont lieu decraindre : on insulte ses domestiques et ses gentils hommes, et on les a rendu tous treshonestes. Nous sommes tous égaux, il faut la pendre, à la lanterne, au crochet, cela cedit à la ville, à la campagne et partout.

4.8.2 Amendements que doit observer un citoyen actif

Il est requis expressémentPour stipuler activementDe savoir premièrementPendre son homme proprementDe ne plus jurer civiquementBrûler châteaux inpunémentRôtir égorger l’innocentEt d’obéir aveuglementAu caprice d’un manantD’un imbécile, un ignorantD’un âne, un sot, un garnementQu’on aura nommé présidentSans savoir pourquoi ny commentCroire aux complots de l’émigrantDu ’O estre l’agentDétrôner le roy lentementL’humilier à tous momentsLe garder fort étroitementSous prétexte d’attachementEt le mener tambour battantSoit à la ville soit au champtÉlever jusqu’au firmamentLa sottise du tempt présentPorter cocardez ou bien rubanMalgré soy servir librementVioler sa foy, son sermentTrouver tout décret excellentDonner patriotiquementLe vray quart de son contingentEt de ses joyaux notamentPrendre assignats pour de l’argentEnrager agréablementEn y perdant quinze pour centMourir de fin patiemmentEt trouver tout cela charmant

Icy nous avons vu le mesme esprit, cependant nous avons été assé tranquiles àquelques insurrections près, causées par chereté du pain et nos débats avec la ville-basse pour le marché.

Page 26: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

20

4.8.3 Commandements de la patrie relativement aux états géné-raux

Avec ardeur tu defendrasTa liberté dès à présentLe mot Noble tu rayerasDe tes cayers dorénaventDu clergé tu supprimerasLa moitié nécessairementDe tous moines tu purgerasLa France irrévocablementEt dans leurs mains tu volerasLes biens volés anciennementAux gens de loy tu couperasLes ongles verticalementAux financiers tu donnerasCongé définitivementDe tes impôts tu connoistrasLa cause et l’emploi clairementEt jamais tu n’en donnerasPour engraisser un fainéantDes lois bonnes tu formerasEt simples sans déguisement Ton estime tu garderasPour les vertus et non l’argentAux dignités tu placerasDes gens de bien soigneusementEt sans peinne tu punirasTout pervers indistinctementAinsi [. . .] tu détruirasTous les abus absolumentEt d’esclave tu deviendrasHeureux et libre assurément

A la place detu metteznevous aurez tout le contraire19

4.8.4 Logo. . .trouvé dans la cour du palais Bourbon

Grâce là l’esprit inventifDe notre corps législatifUn bon décret impératifA mis dans un rang distinctifPar un co[. . .] très correctifLa canaille au superlatifL’honeste citoyen actifIl est vray maintenant oisifEt sans numéraire effectifEst obligé d’un ton plaintifDe demander son nutritifFaute de trouver le datif

19La Palice n’aurait pas dit mieux

Page 27: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

21

Il peste contre le [. . .]ertifContre le sénat distinctifQui ne connoist que l’ablatifEt pour unique lentifAux mots dont il se fait le passifL’envoie au future génitifDu comité constitutifQui doit faire un bien positifEn permettant le conjonctifAu moine égrillant et lascifEt le droit d’un premnt disjonctifA la femme ayant marit rétif

Plus le bonheur infinitifDu françois en nom collectifVoire pris au nominatifSi le pouvoir éxécutifRedevenu plus fort plus vifNe nous est resté au subjonctifEmployant un résolutifDont l’effet sera décisifS’il n’est point les mains d’en J+20

J+ veut direJean tout autre

4.9 Invitation injurieuse au convoye du clergé

Tout le clergé est ruiné par l’assemblée nationalle, les moines chassés de leurcouvent, les évesques et les curés réduits à une portion congrue

Invitation injurieuse au convoye du clergéM. et dames.Vous estes priés de vous trouver au convoye et enterrement de très haut, très puis-

sant et magnifique seigneur clergé décédé en la salle de l’assemblée Nationalle le jourdes morts 178921. Son corps sera porté au Trésor Royal en caisse Nationalle par MM M22, chapelier, T et Alexandre L23. Il passera devant la Bourceet la caisse d’esconte qui luy jetteront de l’eau bénite, MM l’abbé S24 et Msuiveront le deuil en grandes pleureuses. M l’abbé M25 prononcera l’orai-son funèbre. Un de profundis sera chanté en faux bourdon par les dames de l’opéra quiseront revestues de l’habit de veuves. Le deuil se rendra chez M. N où les créan-ciers de l’état sont priés de se trouver.

20Signe bizarre entre la croix et le f21Vote d’une loi mettant les biens du clergé à disposition de la nation22Honoré M (1749-1791), a contribué au vote de la mise à disposition des biens du clergé23Alexandre comte L (1760-1829) député de la noblesse de Péronne aux États-Généraux. Ardent

révolutionnaire24Emmanuel Joseph S (1748-1836), Député du Tiers de Paris aux États Généraux. Il soutient la

nationalisation des biens du clergé25François-Xavier M-F (1756-1832) Abbé de Beaulieu, député aux États Généraux,

où il s’occupe des questions religieuses. Il s’opposera à la constitution civile du clergé et émigrera en 1792.Il sera un des rédacteurs de la Charte de 1814

Page 28: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

22

4.10 Copie de la lettre d’Adieu de M. l’abbé de Ponti-gny

Copie de la lettre de Adieu de M. l’abbé de Pontigny26 à tous les religieux quioccupent les maisons de sa situation.

Messieurs,Les liens qui m’attachaient à votre Maison en qualité d’abbé de Pontigny sont rom-

pus. Il ne nous reste pas mesme les rapports de confrères puisque que l’ordre de Citeauxest aboli.

Nous sommes privés de notre état ; mais nous nous soumettrons à l’autorité ; et ennous résignant comme victimes nous désirons encore que le sacrifice contribue à laprospérité publique.

Dans cette circonstance qui ne peut que m’affecter bien vivement, aurais je laconsolation d’obtenir de vous messieurs les sentiments que j’ay toujours eu a cœurde mérite. Je conserveray toute ma vie, je vous le jure l’attachement que je vous aivoué et le respect avec lequel je suis.

Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur F.J. P cy devant ditabbé de Pontigny. Pontigny 6.8bre 1790.

4.11 Discours du 9 janvier 1791

Discours que j’ay prononcé à l’Église en présence de la municipalité, Notables etla paroisse à l’occasion du serment qu’on exige des fonctionnaires et qui fait tant debruit.

Digne élite du patriotisme ! Conseil choisi du général de la commune ! Vous meschers compatriotes, mes chers paroissiens, il s’agit de ma part de faire un serment relatifà l’article 29 du décret du 24 juillet27 dernier confirmé par les articles 21 et 28 du décretdu 27.9bre28 aussi dernier, sanctionné, accepté et ordonné par le roy. Voilà la formulle :

« Je jure de veiller avec soin sur les fidels de la paroisse qui m’est confiée, d’êtrefidèle à la Nation, à la Loi et au Roy, de maintenir de tout mon pouvoir la constitutiondécrétée par l’Assemblée Nationale et acceptée par le Roy.»

Quelle différence y a t il de ce serment à celuy que tout le monde a prosté avecempressement à la fédération du 14 juillet29 ? Cependant on s’efforce d’y jetter des[nuages], on en vient jusqu’à dire qu’il n’y a pas d’honeste homme qui puisse le pro-noncer. Dans la nécessité où je suis de le faire, je vous dois une instruction pour vousdessilier les yeux et abattre les impressions que vous pouriez avoir conceû. Je vais vousanalizer ce serment et le diviser dans tous ses membres et je vous prouve [. . .] n’estdefectueux vous devez que tout est bon et déposer toute prévention.

1◦ je jure de veiller avec soin sur les fideles de la paroisse qui m’est confiée: de touttempt mes chers paroissiens, vous m’avez appelé curé. Ce terme dérivea curacuramhabere qui veut dire avoir soin. Vous m’avertissiez tacitement par ce nom de curé quela solicitude devait faire mon partage, que je devais vivre suivant mon état et condition,que le soin devait faire ma charge d’office. J’ay rempli mon obligation la dessus, je

26Commune du département de Yonne (89307)27Constitution Civile du Clergé votée le 12 juillet 179028Décret demandant au clergé de prêter serment sous huit jours sous peine de destitution29Allusion à la fête de la Fédération du 14 juillet 1790. Serment qui «unit les Français entre eux, les

Français à leur Roi, pour défendre la liberté, la constitution et la loi»

Page 29: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

23

vous en atteste tous, comme Samuel en attestoit le Christ, vous devez me connoistredepuis 35 ans que je suis avec vous, St Paul souhaittoit cet anathème pour ses frères,dieu m’est témoin qu’avec satisfaction je donnerois la dernière goutte de mon sangpour votre interest spirituel. Jugez mes chers paroissiens, si j’auray tort de jurer d’avoirsoin des fidèles de la psse qui m’est confiée. j’attend votre advis.

2◦ Je jure d’estre fidéle à la nation; cette nationautemest un corps des plus respec-tables dont j’ay l’honneur d’estre membre, je peux compter sur elle, elle doit comptersur moy. Elle a droit de se faire un gouvernement auquel je dois me faire gloire d’estresoumis ? Cy devant la France étoit divisée en différents duchés et principautées. Chaquecanton avoit son gouvernementet sa coutume, tout le Berry étoit conduit par sept dif-férentes coutumes, il falloit suivre la locale, chacun obéissant sans répugnance, c’estle point de la coutume, personne ne réclamoit. Nous sommes tous François, frères etenfants d’une mesme mère qui est la Nation. Elle a droit de tout résoudre, et de faireune loi généralle et commune. Oui il y avoit de la folie à ne pas vouloir être régi, ay jetort de lui jurer fidélité, je demande votre avis, qu’en pensez vous ?

3◦ Je jure la fidélité à la loy; Jésus Christ mon dieu lui a été sousmis, il a subicelle de la circonsition, celle de la rédemption, rédempteur qu’il étoit, il a été rachepté,il nous a recommandé la sousmission, «Je ne suis pas venu», nous disoit il, «nousabroger la loy, mais pour la remplir», Maudit celuy qui ne suivra pas un tel exemple,tel doit estre notre langage à tous.

4◦ Je jure la fidélité au Roy; Jxt30 luy a obéi, en se rendant à Bethlehem où il futméconnu et rebutté, dans sa translation de Caïphe a piloté suivant l’ordre de judicatureétablie par le roy, Hérode mesme qui le regarda comme fol Jxt nous a recommandé deéraindre Dieu, d’honorer le roy, Oui je dois lui jurer fidélité, par la proclamation qu’ilen fait, il le veut ainsi il l’ordonne ainsi, j’obéie.

5◦ Je jure enfin de maintenir de tout mon pouvoir la constitution décrettée parl’assemblée nationnalle, et acceptée par le roy. J’accepte ce serment, la nation a ledroit de l’exiger, le roy me l’ordonne, je viens de lui jurer fidélité, ils savent que jen’ay pas le pôuvoir exécutif ny la voye coactive, mais je ne m’écarteray jamais de lavoye directive, je peux et je dois toujours enseigner cette voye par mon exemple, et enpreschant la sousmission. Voila mon serment rempli31, il est prouvé par l’oracle de Jxt,on pouvoit en rapporter cent passages de l’écriture, je serais fol, mal instruit et punide ne pas le faire parce que le scais que le jurement fait honneur à dieu quand il estaccompagné des jugements, justice et vérité.

Mais me direz vous, n’y a t il point quelque schisme à craindre avec l’église ro-maine, Notre St Père le pape, que nous devons reconnoistre comme la pierre angulairede l’église, comme le vicaire de Jésus Christ ; c’est là le crime des grecs32, leur salut estimpossible avec cette désunion ; tous les vendredys saints nous prions pour eux commepour les payens et les juifs33.

Je responds qu’on ne peut augurer de schisme34, les contestations avec le pape ne lesont pas. St Paul résista à St Pierre touchant la circoncision, les orientaux ne résistèrentdans leur coutume de célébrer la pasque le 14 de la lune de mars, malgré le décret deVictor pape, St Ciprien eut une longue dispute avec Étienne touchant le baptesme etcependant son nom est inséré au canon de la messe. L’evesque de Lincolne défenditavec chaleur la juridiction des ordinaires contre Innocent IV. La république de Venise

30Abréviation de Jésus Christ31Le début du mot est masqué par une tâche32des orthodoxes33Il n’y a évidemment que la religion catholique qui détient la vérité34La suite de l’Histoire prouvera le contraire

Page 30: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

24

résista à Paul V, l’église de France de tout tempt, n’eut elle pas ses droits et ses libertés,personne ne s’est jamais séparé de l’église romaine pour ces contestations.

La Nation a décreté l’unité avec le chef de l’église, et enjoint au nouvel evesque deluy communiquer son élection, d’ailleurs tous nos débats ne regardent que la politiqueet la discipline, et en rien du tout le dogme, s’il fut jamais occasion de schisme, ce fut autempt de la pragmatique sanction, tenue en 1438. Elle rétablissoit les élections pour lepeuple, abolissait les réserves, les induttes, les grâces expectatives, et les annattes. Ellea duré sans schisme jusqu’en 1517 quelle fut abolie par le concordat de Francois 1er etLéon X

S’il fut jamais occasion de schisme, ce auroit du estre à l’occasion du concile gé-néral et œcuménique de Trente qui avoit commencé en 1545 et qui n’a fini qu’en 1563. F, ambassadeur de France au concile, fit ses protestations contre la discipline ;le cardinal de Lorraine en apporta les décrets qui furent receus avec respect, quand audogme comme sains, bons et déterminés par un concile général et légitime, mais quandà la discipline elle fut absolument rejetée comme dérogeante aux droits et préroga-tives du roy et privilèges de l’église gallicane, cependant nous avons vécu sans schismedepuis ses époques.

Mais touttes les bulles que le pape adressoit aux evesques, abbés et bénéficiersconsistoriaux, ne contenoint elles pas quelque chose de dogmatique relativement àl’élection et à la mission. Non ce n’étoit qu’une pure discipline et déférance pour lepape dont on pouvoit assigner l’époque, la formulesanctae sedis gratiâne remonte pasau dela du 13esmesiècle, l’apôtre St Paul ordonna Timothée et Tite evesques, ils n’en ontjamais communiqué à St Pierre. L’assemblée nationnale prescrit35 au nouvel evesqued’écrire au souverain pontife, en signe de communion. Qu’ont fait de plus St Athanaze,St Basile, St Grégoire de Naziance, St Augustin, plusieurs n’écrivoient point ; d’espritet de cœur ils étoient attachés au St Siège. Des le commencement, on donoit ces bullesgratis, à raison de la dépense des bureaux, on s’est accoutumé à prendre de l’argent, etcela a augmenté de beaucoup.

Depuis l’assension de notre seigneur, jusqu’au milieu du onziesme siècle, le peupleentroit en concurrence avec le clergé, pour l’élection, dans cet interval il y eut quelquechangement, le clergé accorda la concurrence au roy, il nommoit quelque fois, et de-mandoit l’agrément du clergé et du peuple, qui nommoient aussi de leur costé, avecl’agrément du roy. Enfin en 1050, le peuple fut depouilé de ce concours, ce fut l’époquede tous les abus possibles.

Pour réformer ces abus, de touttes parts, on crioit qu’il faloit réformer l’église dansson chef et dans ses membres, et on fut obligé d’indiquer le concile de Constance qui futdissout. Après la dissolution, les cris redoublèrent, et on fut comme forcé d’indiquer leconcile de Basle qui ne marchandoit pas sur la réformation. On prétendit le transférerà Ferrare, dix y furent, ils n’y pouvoint rien faire, en prétendit encor le transférer àFlorence, les pères tinrent encor bon à Basle. L’église gallicane s’assemlbla en 1438.Dans la Ste Chapelle de Bourges, y coppia les décrets du concile de Basle touchantl’élection quelle rendoit au peuple, l’abolition des réserves, des grâces expectatives,des induttes, et des annattes, nous avons tous vécus sous ce régime de la pragmatiquesanction, jusqu’à l’an 1517 où François Premier fit publier son concordat avec Léon Xpar lettres de jussion, malgré les oppons36 du clergé, des universités, et des parlements.L’abolition de cette pragmatique saon37 a mis le comble à bien des abus que la Nation

35mot largement caché par une tâche d’encre36Abréviation pour oppositions37sanction

Page 31: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

25

entend réformer aujourd’hui, en nous rappelant à la primitive église,et en conservantnos privilèges de l’église gallicane qui n’ont jamais contrariés le dogme.

Maint cependant la Nation paroist s’ingérer à donner une juridiction spirituellequ’elle n’a pas, il est vray qu’elle ne l’a pas, mais aussi elle ne la donne pas, nous avonsreceus cette juridiction spirituelle dans le sacrement de l’ordre d’évesque et de prestre,ce pouvoir étoit lié, jusqu’à la mission, sans laquelle on n’auroit mal fait d’agir (horsle cas de nécessité). La nation change t elle quelque chose dans cet ordre ? Je enjointau nouvel évesque d’en communiquer au pape , de se présenter au métropolitain, d’enrecevoir l’institution canonique et la chaine de Jesus Christ, conformément au code deSardique tenu en 347 et au concile de Nicée tenu en 70738 elle enjoint au nouveau curéde ce présenter à l’évesque pour en recevoir vizat, au vicaire pour l’approbation. Detout tempt cela s’est fait, qu’est ce que change l’Assemblée Nationale ?

Mais encor me direz vous, vous ne scavez pas ce que c’est, que la constitution, ellen’est pas finie, la Nation est votre mère, elle peut exiger le serment, vous le devez maissi après votre serment on vous commande la vol, la rapine, l’homicide, l’adultère, larenonciation à la catholicité, le divorce. On ne peut augurer ces choses déraisonnables,le caractère de l’honeste homme est de penser en bien de son prochain, mais si celaarrivoit, vous scavés tous que le serment n’est pas un lien de l’iniquité, Jephté ayantfait vœu d’immoler la première personne qu’il rencontreroit sur son chemin, fut regardécomme impie, en faisant mourir sa fille qu’il avoit vu la première en arrivant.

Je crois avoir respondu à touttes les objections que j’ay auguré, si vous en avezquelques autres, j’offre de vous les lever dans cette chaire de vérité, parlez. Puisquevous n’avez rien à dire, je vais prononcer le serment, non en levant la main commele font les laïcs, mais en la mettant sur la poitrine comme ecclésiastique, je PhilippeB jure39

On ne peut dire combien ce serment m’a procuré d’ennemys40

4.12 Les aristocrates

4.12.1 Serment civique à double face

Depuis le commencement des états généraux ou assemblée Nationalle, toutte laFrance a été remplie de trouble et confusion, chacun craint pour sa vie, les aristocratesou gentilshommes, les ecclésiastiques ou calottins sont très exposés par la préventionet le peu de déférence de la part des démocrates ou peuples qui ont franchis touttebarrière. On a exigé nombre de fois des serments de fidélité à la nation, à la loy et auroy. Quiconque ne s’y prestait pas courait le risque d’être massacré.

Serment civique à double face pour contenter les deux parties41 :.

« A la loy nouvelle. . .je veux estre fidelJe renonce dans l’âme. . .au régime ancien

Comme article de foy. . .je crois la loy nouvelleJe crois celle qu’on blâme. . .opposée à tout bien

Dieu vous donne la paix. . .messieurs les démocrates.Noblesse désolée. . .au diable allez vous en.

38Bastide avait écrit 703 dans un premier temps39Le serment n’est pas redonné40suit une citation de St Augustin en latin non retrnascrite ici41A lire en lignes puis en colones

Page 32: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

26

Qu’il confonde à jamais . . .tous les aristocrates.Messieurs de l’Assemblée. . .ont seuls tout le bon sens. »

4.12.2 Les aristocrates se flattent que la constitution n’aura paslieu

Nul de nous ne sera bientost plus constipé.Sur le cul de chacun on lira liberté,

La constitution flottant sur la croupièreServira deshormais à torcher le derrier.

Page 33: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

Chapitre 5

Théologie

5.1 Testament spirituel

Je désire oh mon dieu, par ma mort, vous faire un sacrifice de moy mesme, pourrendre homage a la grandeur de votre estre par l’aneantissement du mien. Je desire quema mort soit un sacrifice d’expiation qui vous aggrée, oh mon dieu pour satisfaire avotre justice pour tant d’offences que j’ay commis et dans cette vûe j’accepte tout ceque la mort a de plus affreux aux sens et a la nature.

Je consens oh mon dieu a la séparation de mon ame d’avec mon corps en punition dece que par mon peché je me suis séparé de vous. J’accepte la privation de l’usage de messens, en satisfaction des pechés que j’ay commis par eux oh mon dieu que je sois fouléaux pieds, et caché enterré pour punir mon orgueil qui m’a fait chercher a paraistreaux yeux des creatures1 , j’accepte qu’elles m’oublient et ne se souviennent plus demoy, en punition que j’ai eu d’estre aimé d’elles, j’accepte la solitude et l’horreur dutombeau pour reparer mes dissipations et mes amusements, j’accepte enfin la reductionde mon corps en poudre et en cendres et qu’il soit la pâture des vers en punition del’amour desordonné que j’ai eu pour mon corps.

Oh poudres, oh cendres, oh vers, je vous reçois, je vous chéris et vous regardecomme les instruments de la justice de mon dieu pour punir l’orgueil qui m’a rendurebel a ses ordres, rongez ses interests, réparez les injures que je vous ay fait, detruisezce corps de peché, cet ennemy de dieu ces membres d’iniquité, et faittes triompher lapuissance du créateur sur la faiblesse de son indigne creature

C’est la le testament de Monsieur de [blanc], je benis le ciel de m’avoir inspiré dele coppier, ce sont la mes sentiments2 , dieu m’aide à y persévérer. B curé de StEtienne.

5.2 L’affliction rappelle à la religion

Le cardinal de Lorraine annonceat à François Premier3 la mort du dauphin son fils4 . Il se prosterna dans l’instant, leva les mains au ciel et dit :

1Il semble bien qu’il parle des femmes2Les deux tiers du testament parlant d’amour charnel, B a t’il besoin de ce confesser sur le sujet ?3François 1er (1494-1547), roi de France en 1515 de la branche des Valois-Orléans.4Il s’agit de François F né le 28 février 1518 et décédé le 10 août 1536.

27

Page 34: Notes du curé Bastide sur les registres paroissiaux de ...patrick.texier.free.fr/regste36.pdf · Il sortit de la Bastille par une épigrame où il protestait que « les moabites

28

« Mon dieu, je sais qu’il est juste que je supporte patiemment tout ce qui vientde votre main toutte puissante, mais de quis dois je attendre que de vous mesme laconstance et un courage assé ferme pour ne pas succomber à des coups si rudes ? Desjamon dieu, vous m’avez affligé en suscitant contre moi tant d’ennemis qui détruisent maréputation. Et maintenant pour le comble du malheur, il vous a plû d’y ajouter la mortde mon fils. Que vous reste t-il à faire sinon que vous n’anéantissiez devant les hommeset si vous avez résolu de le faire, au moins instruisez moy et faitte moy connaistre votrevolonté, affin que je n’y résiste pas et que je me fortifie dans la patience, vous qui esteassé puissant pour tirer de la force, de la faiblesse mesme.»

5.3 Pourquoi croire la religion chrétienne

À transcrire

5.4 Pensées de Pascal

À transcrire

5.5 Extrait d’un discours de l’archevêque de Bourgesaux protestants

À transcrire

5.6 Argument contre les incrédules

Les récompenses et les peines d’une autre vie que dieu a établies, pour donner plusde force à ses loys, sont d’une assé grande importance, pour déterminer notre choixcontre tous les biens ou tous les maux de la vie, lors mesme qu’on ne condidère lebonheur ou le malheur à venir que comme possible : de quoi personne ne peut douter.

Quiconque dis je, voudra examiner qu’un bonheur excelent et infini, peut estre unesuite de la bonne vie qu’on aura mené sur la terre, ou qu’un état opposé peut y êtrele chatiment d’une conduite déréglée ; un tel homme doit nécessairement savoir qu’iljuge très mal, s’il ne conclut pas de la, qu’une bonne vie jointe à l’attente d’une félicitéeternelle qui peut arriver est préférable à une mauvaise vie accompagnée de la craintede cette affreuse misère dans laquelle il est fort possible que le méchant se trouve unjour enveloppé : ou pour le moins de l’épouvantable et incertaine espérence d’estreannihilé.

Tout cela est de la dernière évidence quand mesme les gens de bien n’auroint pasdes maux à essuyer dans ce monde, et que les méchants y gousteroint une perpétuellefélicité, ce qui pour l’ordinaire est tout autrement.

[. . .]