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Numéro 41 • Novembre 2013 Notes de Recherche Densité, morphologie urbaine et qualité de vie UNE APPROCHE PAR LE PROJET C. Bodart, A. de Fijter & A. Fisher Sous la direction scientifique de M. Goossens & R. Occhiuto

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Numéro 41 • Novembre 2013

Notes de Recherche

Densité, morphologie urbaine et qualité de vie

Une approche par le projet

C. Bodart, A. de Fijter & A. FisherSous la direction scientifique de M. Goossens & R. Occhiuto

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Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 2013II

Responsables scientifiques : Rita Occhiuto & Marc Goossens (Lepur – ULg)

Chercheurs : Céline Bodart, Arie de Fijter & Axel Fisher (Lepur – ULg)

Photo de couverture : Ath © Guy Focant, SPW

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1Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 2013

Table des maTières

1. iNTrOdUCTiON 3

2. la reCHerCHe Par le PrOJeT : HYPOTHèses eT dÉmarCHes 4

3. la FOrme UrbaiNe : dÉFiNiTiONs eT CONCePTs CleFs 7

3.1 LE TISSU URBAIN 7

3.2 STRUCTURES URBAINES : MAILLAGE, ESPACES INTERSTITIELS, ESPACES PUBLICS 9

3.3 LES UNITÉS DU TISSU URBAIN 11

3.3.1 agglomération 113.3.2 secteur urbain 113.3.3 la maille / l’îlot 13

4. l'aPPrOCHe illUsTrÉe à ParTir dU Cas d'aTH 16

4.1 NIVEAU 1 : AGGLOMÉRATION ET STRUCTURE URBAINE PRINCIPALE 17

4.1.1 lecture détaillée : dynamiques de formation 184.1.2 Lecturesynthétique:configurationphysiqueactuelle 234.1.3 Lectureprospective:enjeuxderecompositionurbaineparladensification 27

4.2 NIVEAU 2 : LES SECTEURS URBAINS 30

4.2.1 Lecturedétaillée:dynamiquesdeformationauniveaudusecteururbain 374.2.2 Lecturesynthétique:configurationphysiqueactuelleauniveaudusecteururbain 374.2.3 Lectureprospective:enjeuxderecompositionurbaineparladensificationauniveaudusecteururbain 37

4.2 NIVEAU 3 : MAILLE. SCÉNARIOS ET HYPOTHÈSES-PROJET 38

5. CONClUsiONs iNTermÉdiaires eT PisTes POUr la sUiTe 44

6. bibliOGraPHie 45

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Table des FiGUres eT illUsTraTiONs

Tableau 1 illustration de la démarche et des relation entre les différentes élaborations

Figure1 Typologiedessecteursurbainsauxquelsilestfaitréférencedansletexte

Figure2 Propositiondeclassificationgénériquedesîlots/maillesenWallonie

Figure3 Schéma illustrant les possibilités d’évolution des différents types de maillegénérique en fonction de leur degré de consolidation

Figure4 Ath,Orthophotos2006-2007(extrait)

Figure5 Ath,dynamiquesde formationde l’agglomération : conditionsdusiteetpremièreimplantation

Figure6 Ath,dynamiquesdeformationdel’agglomération:ouvertureetprojectionsurleterritoire

Figure7 Ath,dynamiquesdeformationdel’agglomération:conditioncontemporaine

Figure8 Ath,schémadesynthèsedelaconfigurationphysiqueactuelledel’agglomération

Figure9 Ath,schémadesynthèsedesenjeuxderecompositionurbaineparladensificationauniveaudel’agglomération.

Figure10 Ath,distributiondessecteursurbainsdansl’agglomération

Figure 11 ath, dynamiques de formation du secteur suburbain sud : Contraintes du site et logiquesdepremièreimplantation

Figure12 Ath,dynamiquesdeformationdusecteursuburbainsud:Ouvertureetprojectionsur le territoire

Figure13 Ath,dynamiquesdeformationdusecteursuburbainsud:Conditioncontemporaine

Figure14 Ath,dynamiquesdeformationdusecteursuburbainnord-est

Figure15 Ath,dynamiquesdeformationdusecteursuburbainnord-ouest

Figure16 Hypothèsededensificationpar«maillagetransversal»

Figure17 Hypothèsededensificationpar«grandsîlots»

Figure18 Hypothèsededensificationparîlotsdenses

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1. iNTrOdUCTiON

La recherche «Densification des tissus urbanisés enWallonie : forme, acceptabilité etmodalités pouraccompagner lamutation des tissus bâtis » s’articule en plusieurs volets thématiques, parmi lesquelsfigure levolet« formesurbaines,modesd’habitat».Cederniervoletestabordéselondeuxapprochesparallèlesetcomplémentairesquisevalidentmutuellement: lapremièredite«par leprojet»(approchequalitativeetopérationnelle)etlasecondeparanalysestatistiqueetcartographique(approchedescriptiveetquantitative).Cesdeuxapprochespartagent l’objetd’étude–lestissusurbains–maisdiffèrentsur laméthodologie.Nousprésentonsicilespremiersrésultatsdel’approchedite«parleprojet»,suivantunestructureenquatrepartiesprincipales.

Lapremièrepartiefaitlepointsurladémarche,utilepourrepréciserlesobjectifs,méthodesetlimitesdel’approche.Ladeuxièmepartieproposeunedéfinitiondesobjetsd’étudeetdesprincipauxtermesutilisés,en relationà laproblématiquede recherche.La troisièmepartiedéveloppe laméthodeàpartirducasd’étudespécifiquedeAth,misenperspectiveparrapportauxautrescasd’étudestraitésetprésentésdans le rapport final de recherche 2012-2013 (principalement quatre « petites villes » sélectionnées :Ath,Marche-en-Famenne,ArlonetSaint-Vith).Enconclusion,ilestfaitétatdespremiersrésultatsdelarechercheetdespistespourlasuitedestravaux.

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2. la reCHerCHe Par le PrOJeT : HYPOTHèses eT dÉmarCHes

L’approche«par leprojet»seproposecommeuneapprochenovatricedans lepanoramawallon,spécifiquementconstruite pour s’adapter au contexte et à la question de recherche. Elle consiste à appliquer des modes deraisonnementpropreàladémarchedeconceptionduprojeturbain.Encesens,ellepermetdedépasserleslimitesdesapprochesanalytiquesetquantitativesclassiquesenoffrantdesmoyensdelierdemanièrediscursivel’interprétationdesréalitésterritorialescomplexesactuellesetprojetées,leschoixàopéreretlesactionsefficacesàentreprendre.

Cetteapprochederecherchecombinelesdémarchessuivantes:

1 Une démarche morphologique et holistique dynamique qui appréhende l’espace urbanisé comme un tout complexedont l’organisationspatiale répondàdes règlesdecompositionpropres.Cettedémarchepermetdecaractériser lesdifférentesconfigurationsdel’espacevécuetd’encomprendreleslogiquesconstitutives,lesélémentsstructuraux,lesunitésspatialesélémentaires,lesmécanismesdetransformationetlesélémentsdepermanence;

2 Une démarche systémique permettant de discerner des touts socio-morphologiques interagissant ou des unitéscohérentesd’aménagementconstituantlesdifférentsniveauxd’équilibrespatialauxquelsilestopportundeseréféreretdemettreenévidencelanaturedeleursrelationsd’interdépendance.Cesniveauxd’équilibrespatialnecorrespondentpasàdeséchellesdereprésentationcartographique,niàdesniveauxinstitutionnelsouàdeschampsdecompétencessectorielles(cf.point7);

3 Une démarche trans-scalaire(àtraversleséchelles)quimetlesdifférentsniveauxd’équilibresspatialrepérésenrelationmutuelleenconsidérantlerôleexercésimultanéàchacundecesniveauxparunemêmeconfigurationspatiale;

4 Une démarche par hypothèses-projets qui consiste à soumettre le tissu urbain à différents scénarios d’organisation spatialepermettantàlafoisderévélerleterritoireetd’enlirelespotentielssousl’angled’unquestionnementnourrissantleprojet,etdel’éprouveràdifférentessituationsdedevenir;

5 Une démarche itérative et discursive par alternance continue d’actions de lecture (interprétation du tissu urbain) etd’écriture (formulationdenouvellesconfigurations)participantà l’élaborationprogressived’undiscoursetdesolutionsconsolidéespertinentes(ayantunhautniveaudedurabilité,dequalitéréelleetd’opérationnalité);

6 Unedémarchepardistinctiondesprincipesd’organisation des tissus urbains et de leurs traductionsspatialesconcrètes donnantlapossibilitéàlafois:

• dedéfinirleslignesdeconduitepermettantdegarantirlacontinuitéspatialeettemporelle(lesprincipes)etdegérerl’évolutivitédestissusurbainstoutendonnantdesreprésentationsdetranspositionsconcrètesdanslaréalitévécueàunmomentprécisenguisedevérificationdel’applicabilitédesprincipesretenusetdecommunicationdel’espritetdesvaleurssoutenues;

• demesurerlesdifférentsniveauxdegénéralisationpossiblesenappliquantlesprincipesauxdifférentséchantillonsdetissuurbainretenuspourleurcaractèreexemplatifdescaswallons;

7 Une démarche qui metenliendesniveauxd’équilibrespatiauxàleursniveauxdegestionopérationnelleetinstitutionnelle. Achacundecesniveauxcorrespondentdesproblématiquesspécifiques,etdoncdesdécisions(traduitesdansdesoutilscadres)etdesactionsàentreprendre.

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Larecherches’estconfrontéed’entréedejeuauxréalitésterritoriales,ensélectionnantonzecasd’étudesconcretset représentatifs des situations rencontrées sur l’ensemble du territoire wallon1. Chacun de ces cas d’étude est appréhendéselonunedémarcheitérativeetdiscursiveencesensqu’ilfait l’objetd’unelecturedesdynamiquesetévolutions,del’identificationd’enjeuxderecompositionurbaineparladensification,d’élaborationsd’hypothèsesdeprojetetdeconfrontationdecelles-ciauxréalitésterritorialessousformed’unalleretretourpermanentconsolidantl’argumentation.Enoutre,cetypedetravailestsystémiqueettrans-scalairedanslesensquechacunedesopérationsprécédentesseréfèreauxdifférentsniveauxd’équilibreterritoriauxmiseninterrelationmutuelle.Àceteffet,desunitésphysiquesdutissuurbaincorrespondantauxdifférentsniveauxdecohérenceetd’équilibrespatialetterritorialontétéidentifiés2 :

• la structureurbaineprimaireauniveaudel’agglomération;• le secteur urbainauniveauintermédiairedelacadredeproximité;• la maille(l’îlot)auniveauleplusfindel’espacevécu.

La mise en interrelation de ces différentes unités permettra de caractériser la morphologie urbaine par logique d’emboitement,l’espacephysiquedelavilleétanteneffetamenéàremplirdesrôlesseréférantsimultanémentauxdifférenteséchellesterritoriales.L’étudedusystèmemorphologiqueprissousl’angledeladensificationconsisteraalorsà identifierleslignesdeforcesurlesquellesladensificationpourras’appuyeret les faiblessesauxquelleselleauraàremédier.Surleplandelagestionopérationnelle,lorsqu’ilestpossibled’agirdemanièrecohérentesurchacundecesniveauxàlafois,dessolutionsoptimalessontattendues.Toutefois,ilrestepossibled’opérerdemanièreautonomeàl’unoul’autreniveauenatteignantuneefficacitépluslimitéemaismalgrétoutsignificativedanscertainscas.Ils’agiraensuitedemettreenrelationchacundecesniveauxd’équilibrespatialaveclesniveauxinstitutionnelsetdegestionopérationnelleadéquatpourgarantirlabonnemiseenœuvredesdécisionsetdesactionsàentreprendre.

Apartirdespotentielsdégagéspourchaquetypedetissu étudié ou rencontré dans les cas d’étude, des scénarios de densification sont esquissés.Ceux-ciontpourbutderésumerlescaractèrespermettantderetisserlescontinuités,créer des spécificités, qualifier les espaces publics et paysagers, profiter des diversités ou des particularités del’existant,etc.;ensomme,montrerdesévolutions«désirables»exploitantlespotentielsexistants.Lesscénariossontprésentéssousformedeschémas,permettantainsid’insistersurlesprincipesquifondentlessolutionsenvisagées.Cetypedereprésentationschématiqueoffreledoubleavantaged’unepartd’éviterdecourirlerisqued’uneévaluationsuperficielleliéeàdequelconquesappréciationsesthétiquesouàl’interférencedejugementspersonnels,etd’autrepartdefaciliterlagénéralisationdesrésultatsobtenus.

1 Les territoires sélectionnés ont en outre été distingués en familles : « grandes villes » (Charleroi, Liège), « petites villes » (Ath, Arlon, Marche-en-Famenne, Saint-Vith), « territoires périurbains » (Rixensart), « territoires hybrides » (Ans, Villers-le-Bouillet), « territoires à dominance rurale » (Gesves, Chastres).

2 Remarque : à ce stade de l’étude, se limitant au cas des petites villes, ce trois niveaux d’équilibre spatial de référence aux problématiques propres ont été mis en évidence. La recherche, dans son développement, sera certainement amenée à distinguer un niveau de référence supplémentaire propre au cas des grandes villes.

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Acettefindegénéralisation,uneffortestfourniàchacundesdifférentsniveauxd’équilibrespatialindiquéspourmettreenévidence:

• leslignesdeconduitespermettantdegarantirlacontinuitéspatialedesprincipesdedensification/transformationetdegérerleurévolutivité;

• lesspécificitésetlespossibilitésdetranspositiondesobservationsetdesrecommandationsproposées.

Desreprésentationsdanslaréalitévécuedemomentsprécissonteffectuéesenguisedevérificationdel’applicabilitédecesprincipes,maisaussiafind’aiderlelecteuràsepréfigurerl’imagefinaleproduiteparcesscénarios.

Encomplémentauxétudesdecas,unréférentieldesolutionsarchitecturaleseturbainesmontrantdesopérationsrécentes oumoins, locales ou étrangères – à travers lesquelles il est possible d’élargir le champ des possibilitésexistantes et potentielles – est en cours de réalisation. Étant construit en relation aux problématiques concrètesrencontréesaucoursdel’avancementdelarechercheetenadéquationaveclesapportsdecelle-ci,ceréférentielnepourraêtreprésentéqu’àlaconclusionduprogrammedetravail.

Dansl’ensemble,l’approchedoncpeutêtresynthétiséeselonletableausuivant:

Niveaux

Approche "interne"Approche"externe"

Analyse-lectureDynamiques d’évolution

Synthèse-interprétationidentification des enjeux

Écriture-vérificationHypothèses-projet

Recommandations et modes opératoires

Référentiels

AgglomérationStructure urbaine

primaire

...

...

...

...

Secteurs urbainsCadre de proximité

...

...

...

...

Mailles (îlots)espace vécu

...

...

...

...

Tableau 1 : illustration de la démarche et des relation entre les différentes élaborations

81 2 3 9 104 11 12 1375 6

0 500 1000m

N

41 2 5 6 7 8 11 121093

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3. la FOrme UrbaiNe : dÉFiNiTiONs eT CONCePTs CleFs

Larecherchemetaucentredesespréoccupationslaformeurbainedanssonaptitudeàproduiredescontextesdeviedequalitéetdurablestantàl’échelledelavilledanssonensemblequ’àl’échelledesrelationsdeproximitécommecelledel’habitat.Enpartantdel’observationetdel’étudedétailléesetnuancéesdelaréalitécomplexedel’espaceurbain,appréhendéentantquematériau,ainsiquedesstructuresquil’organisent,cevoletviseàcomprendreetàidentifierlesélémentssurlesquelsilestpertinentd’agirpourorienterledéveloppementspatialdelavilledansunsenssouhaité.Lesterritoiresetl’urbanisationsonticiétudiésàpartirdescaractèresquicomposentetdistinguentdifférentstypesdetissu urbain. en ce sens, il est utile d’établir le sens des termes couramment utilisés dans la recherche.

3.1 le TissU UrbaiN

Qu’est-cequ’untissuurbainetenquoiceconceptpermet-ildepenser lamiseenœuvrede ladensification?Lestermes3«tissuurbain»,«formeurbaine»ou«morphologieurbaine»s’adressenttousàladimensionspatialedela ville. Ils prennent cependantdesacceptionsdifférentes selon lesdisciplinesqui s’y réfèrent.Afinde lever touteambiguïté,tentonsdecirconscrirecestermesetd’endécrirelaportéedanslecadreméthodologiquederecherche.

Demanièregénéralenousutiliseronsindifféremmentlestermes«tissuurbain»,«formeurbaine»ou«morphologieurbaine»commesynonymesdelaformephysiquedelaVille:l’ensembledesconfigurationsspatiales,minéralesetvégétales,quicaractérisentleslieuxdevie.

Onpeutconsidérer la villecommeétantà la foisorganisme (compositiondynamiqueenévolutionpermanente)etsystème(ensembleéquilibréd’élémentseninteractionmutuelle).Parlerdetissuurbain,parréférenceautissuvivantcellulaireetaumatériauconstituédefibres tissées,permetd’intégrer lesnotionsd’évolutivité (caractèreorganiqueoudesystèmeenmutationpermanente),decontinuité (caractèresolidaireetextensibledu tissu),demise en lien (caractèremaillédutissu),etd’adaptabilité(caractèreflexible,déformable,voirerecomposableouendevenircontinudutissu).

Lamétaphoredutissupermetdemettrel’accentsurl’utilitédeconsidérerlephénomèneurbaincommeuneréalité dynamiqueenmutationpermanenteetsurl’impossibilitéd’appréhendercetteréalitéuniquementàtraversdescritèresstatiquesetpurementquantitatifs.Demême,cettemétaphorepermetdeposerl’utilitéd’évaluerleseffetsglobauxetqualitatifsdesopérationsdedensificationdanslecadred’unprocessusdetransformationurbaine.

en ce sens, le tissu urbain est ici considéré comme un corpsendevenir,quipeutêtredécomposéencomposantsélémentaires,etestrégipardesfacteursliésauxconditionsdusiteoud’organisationd’ordresocio-spatial.Letissuestdoncporteurdesraisonspaysagères, socio-spatiales et/ou socio-économiquesqui sont à la base de l’usage du sol urbain et territorial.

3 Parmi d’autres : Françoise BOUDON (1975). Tissu urbain et architecture. L'analyse parcellaire comme base de l'histoire architecturale, « Annales. Économies, Sociétés, Civilisations », vol. 30, n. 4, pp. 773-818 ; MERLIN (1988). « entrée Morphologie urbaine » et « entrée Tissu morphologique », in Pierre MERLIN, Françoise CHOAY (dir. 1988). Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Paris: PUF, pp. 527-529, 826-827 ; « entrée Tissu urbain », in Bernard GAUTHIEZ (2003), Espace urbain: vocabulaire et morphologie, Paris: Monum, éd. du patrimoine, p. 196 ; PAQUOT (2006), « entrée Tissu urbain », Denise PUMAIN, Thierry PAQUOT, Richard KLEINSCHMAGER (dir., 2006). Dictionnaire : La ville et l'urbain, Paris: Economica – Anthropos, pp. 277-278 ; Rémy ALLAIN (2004). « Chapitre 1 : Formes urbaines et paysages urbains », in Id., Morphologie urbaine: géographie, aménagement et architecture de la ville, Paris: Armand Colin, pp. 9-22 ; « entrée Forme Urbaine », in Robert-Max ANTONI (dir., 2010). Vocabulaire français de l’Art urbain, Lyon : Certu, pp. 44-45.

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Letissuurbainconstitueàlafoisunmoded’ordonnancementagissantcommeunsupportquigénère,accompagneetpérenniselavilleetuneformepréciseconstituantlecadrephysiquedelaviehumaineetporteusedesmarquesquitémoignentdesonévolution.Ilestàlafoisgarantettémoindelacohérenceoudéviance,delaqualitéoudéstructurationdel’espaceurbain,suivantleprocessusd’évolutionauquelilaparticipé.Commeunesurfacegravée,uncorpsmarquéparlesévénementsqu’ilavécuouunpalimpseste,letissuconstitueunematièreépaissequiporteensoiougardemémoiredetouslesmomentsquil’ontconstruit/composé.

L’observationdutissu,enseréférantauxsystèmesdematériauxdiversquicomposentleterritoireetlaville,permetdecomprendre les logiquesde formation,demouvement,d’altération,dedéviationetdemutationque toutes lescomposantesdesespaceshabitéssubissentdansletemps.L’étudedelaformeurbainepermetdoncderévéleretd’objectiver laqualitéurbaineenidentifiantsesfacteursexplicatifsetd’entirerdesleçonspourdemain,puisqu’elleidentifie lesélémentsà la foiscaractérisant lepassé,qualifiant leprésentetouvrantdenouvelleshypothèsespourdemain.Àpartirdecetyped’observations,ilestpossibled’examinerdespistesd’interventionpossiblespourlaissercontinuer,accompagner,réorienterouinverserlesprocessusdecroissanceoudemutationdéjàencours.

Lespotentielsscellésdanslesorganisationscomplexesdestissusurbanisésexpliquentlesraisonsdeconsidérerletissuurbaincommeobjetcentraldecetteétude,ainsiquecommelaclédelecturelaplusexhaustivepourcomprendrecequiestadvenudanslesespacesconstruitswallonsavantd’énoncerdesvoiesd’action.Eneffet,ledébatactuelmontre que l’efficacitédespolitiquesdedensificationdépenddelaqualitédessolutionsarchitecturaleseturbainesobtenues.

En ce sens, l’étude des tissus urbains, s’attachant à des cas concrets, permet d’objectiver la qualité urbaine en s’attelant notamment à :

• identifierlesfacteursstructurantsquigarantissentlacontinuitéspatialeetlacohérencearchitecturaldel’espaceurbainetàl’inversed’identifierlesfacteursderuptureetdediscontinuitéphysiquesdanscemêmeespaceurbain;

• identifier,àpartirdelalecturedesdynamiquesd'évolutionsurdelonguespériodesdestissusurbains,lesprincipesformateurs durables (dansleurpermanenceet leurcapacitéàsoutenir lesévolutionsurbaines)età l’inverse lesfacteurs déstructurants.

Ils’agitdoncd’évalueràlafoislacapacitéetl’adaptabilitédutissuurbainàporteretproduiredanssonévolutiondesmodesd’habitatsdurablesetsocialementacceptés.

Cette méthode aboutit à des constats quant aux bonnes pratiques, mais aussi quant aux enjeux actuelsissus des cas d’étude analysés : quels éléments formateurs et durables conserver, valoriser et étendre ? Quelsélémentsdéstructurantséviter,réparer,substituer?Quelsélémentsajouter,créer,inventerlàoùilsmanquent?

Face à de telles questionnements, la densification apparaît comme la réponse à sa propre problématique. en considérantladensificationcommel’interventiondansuntissuurbain,leproblèmeestramenéàlaquestionsuivante:commentladensificationpeut-ellecontribueràfaçonneruncadrespatialdemeilleurequalité,rendantparconséquencela densification plus acceptable et efficace ? En ce sens, la densification est ici considérée comme un levier derecompositionurbaine,etnoncommeunefinensoi.

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3.2 sTrUCTUres UrbaiNes : maillaGe, esPaCes iNTersTiTiels, esPaCes PUbliCs

Concrètement,letissuurbainestgénéralementdéfinicomme«l’articulationdetroissystèmes:lessystèmesviaire,parcellaireetbâti4».Ilestimportantd’éclaircirenquoiconsistecette«articulation»,quenousproposonsdenommerstructure urbaine.Siletissuurbainreprésentela«chair»delaville,qu’est-cequienreprésentel’«ossature»oule «squelette»etquipermetquelasommedespartiesconstitueuntoutcohérent?

Onpeutconsidérerquelastructureurbaineestcomposéepar:

• parlesubstrat naturel,oulesconditionsdusite(naturedessols,modelédurelief,hydrographie,couvertnaturelouvégétal);

• par lemaillage, ou structure générique de base qui porte le tissu urbain dans son expression spatiale la plusélémentaire(lamaille,cf.plusbas)etenassiedlacontinuitéàtraverslesniveauxs’équilibrespatial;

• parlesystèmedesespacesinterstitielsdelaville.

en général, le maillagecorrespondphysiquementautracédesvoiries(exceptionfaitedesvoiriesnon-aboutissantesetnon-périmétrales:impasses,accèssecondairesdivers,…)quiconstituentdanslemêmetempsleslimitesdelamailleetsonlienleplusdirectautissuurbain.Lemaillageestlamatricegénératriceetlalogiqueconstitutivedebasedutissuurbaindontilportelacontinuité.Ledessinréticulairedumaillagedessinecommeunestructurecontinuesurleterritoirequisedéformeenfonctiondescontraintesrencontrées.Ainsi,lesgéométriesdumaillagepeuventêtredictées–pardépendance,indépendanceouredondance–parlemodelédureliefoudel’hydrographie,parlesconditionsdusite,lesstructurespaysagères,lesinfrastructuresouencorepardesintentionsplanifiéesconcrétiséesengrandstracés.Enréalité,lemaillageestleplussouventproduitparlasuperpositiondeplusieurslogiquesd’organisationduterritoireconsécutivesouenconflit;cettesuperpositionexpliqueleseffetsdeglissement,rotation,déformation,découpageouinterruptiondumaillage.C’estpourquoil’identificationetlacompréhensiondeseslogiquesdeformationpermetlacompréhensiondesprocessusdemutationadvenusetencours,etcommentilestencorepossiblede«reprendrelecoursdel’évolutiondessites»àgérer.

L’observationetl’étudedumaillagerévèlel’organisationdessous-systèmesélémentairesdutissuurbain,évoquésplushaut;enl’occurrence,lesystèmeviaireetlesespacespublicsquicomposentdesdessinshiérarchisés;leparcellaire,quiorganiseetcaractérisefinementlessurfacesduterritoire; lebâtiquiponctue,rythme,concrétiseetsoulignelastructureduparcellaireurbainetrural.Cessous-systèmespeuventêtreàleurtourappréhendésàpartirdesunitésélémentairesquicomposentlemaillage:lamaille(cf.infra).

Complémentaireaumaillage,lesystèmedesespacesinterstitiels–lesvidess’interposantentrelesmassesbâties– est composé par les structures viaires principales (dont l’enveloppe spatiale constituée par boulevards, avenues,esplanades,ruesetc.)etparlesystèmedesespacespublics(places,placettes,élargissementsdevoiries,promenades,parcs,jardins,squares,alignementsarborés,terrasses,parterres,cours,gradins,escaliersurbains,etc.),constituéspardesmatériauxtantôtminéraux,tantôtvégétaux.Cettetypologied’espacesinfiltrelecorpsurbain,constituelesentaillesentrelebâti,matérialiselesrythmiquesduparcellaireetpermetderelirelescontinuitésdemaillagesinterrompusouvidésdeleursrelationsoriginellesetsitologiques.

4 Alain BORIE, François DENIEUL (1984). Méthode d’analyse des tissus urbains traditionnels, « Cahiers techniques : Musées et Monuments / Studies and documents on the cultural heritage (Document Unesco) », n. 3.

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Demanièregénéralelastructureurbaineportesurlaremiseenquestiondel’existantàpartir:

• desgrandsélémentspaysagersstructurantsouconditionsparticulièresdusitequiinfluencentprofondémentlesformes et modalités d’urbanisation,

• desélémentsdissuasifsoucontraignantsdugrandpaysage,

• des grands tracés qui déterminent la nature et la direction de l’urbanisation,

• desartefactspaysagersporteursdenouvelleexploitation,fonctionetéconomie,

• deséquipementscollectifsetédificesmonumentauxquimarquentlepaysageurbain.

Ilestutiledehiérarchiserlesélémentsdestructureurbaineenplusieursniveaux,parexempleencorrespondancedesniveauxd’équilibrespatialdéjàénoncés.Auniveaudel’agglomération,ondistingueraainsilastructureurbainemajeureou primaire, parfois nommées aussi génératrices urbaines, dont le rôle est de révéler les continuités, ruptures ouarticulationentrelespartiesexistantesdel’agglomération,etd’offriruneossatureouunecharpenteforteapteàretisserlesliensetleséquilibresentrecesparties.Auniveaudessecteursurbains(cf.infra),ondistingueralastructure urbaine secondaire,apteàorganiserlacohérencedetissusépars,souventrégispardeslogiquespropresetcaractérisésparunecertainediversitédesmatériauxconstitutifsdebase(parcellaire,bâti).Àceniveau,lastructureurbainesecondaireserviraàmettrelessecteursurbainsenrelationaveclastructureurbaineprincipale.

Laconnaissancedesdifférentsniveauxdestructureurbainemarquantlessitespermettrad’orienterlesprincipesdedensificationàsuivre.Eneffet,lerapportentrestructureurbaineetdensificationestbilatéral.D’unepart,ladensificationestunlevierquipermetderenforcer,clarifier,hiérarchiser,voiremêmefondertoutoupartiedelastructureurbaineetdusystèmedesespacespublics.Delaqualitéarchitecturaleeturbainedesopérationsdedensificationdépendlaqualitéducadreurbainqu’ellescontribuentàfaçonner.D’autrepart,unestructureurbainecontinueetcohérenteestgarantedelaqualitédestissusurbains,etdoncdel’acceptabilitédeladensification.

La structure urbaine est donc avant tout un tracé au sol,mais elle se qualifie aussi par la qualité et le caractèretridimensionnel (ou architectural au sens large) des éléments qui la composent. D’un point de vue strictementfonctionnel,lastructureurbaineestlesupportnécessaireàunepratiquepiétonneoucyclistedelaville.Toutefois,lesimpleaménagementdesvoiries,letraitementdesrevêtementsdesols,lasignalétique,lemobilierurbainnesuffisentpasàqualifierphysiquementunespacenon-bâticomme«espacepublic».Pourêtretel,chaque«espacepublic»doitprésenterune«enveloppe»,c’est-à-direunsystèmededélimitationspatialeluipermettantd’exercerunrôledecontenantauquels’ajoutedescaractèresarchitecturauxquiparticipentàsaqualificationscénique,àsalisibilité,àlacontinuitédel’espacenon-bâti;enbrefàlaqualitéducadreurbain.

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11Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 2013

3.3 les UNiTÉs dU TissU UrbaiN

Enintroduisantlanotiondetissuurbain,nousavonsexpliquéquel’undesesintérêtsméthodologiquesestl’idéedecontinuitéspatialequ’elleimplique.Ainsi,dupointdevuepurementthéorique,onpeutconsidérerquel’ensembleduterritoireurbaniséesttissuurbain.Encesens,ilestutilededistinguerdesunitésauseindutissuurbain,correspondantauxniveauxd’équilibrespatialprécédemmentidentifiés.

3.3.1 Agglomération

A un premier niveau, l’agglomération correspond à l’aire d’urbanisation continue produite par le phénomène dedéveloppementdelavilleprisdanssaglobalité.Ceniveaupermetd’appréhenderlastructureurbaineprimairedansson ensemble.

L’échelled’étudedel’agglomérationpermetdefaireémergeretd’expliquerlesphénomènesdeladiffusionoudelagrandehétérogénéitédestissusurbanisés.L’étudedesstructuresopérantesinsituetleurréinterprétationpermettrad’émettredesconsidérationsausujetdeslimitesoudespérimètresdestissusurbanisés.Cetaspectconcernesurtoutlecritèred’économieduterritoireàurbaniser,complémentaireà larecompositiond’unespacepaysagerdequalitéconstituantànouveauunbiencommunpourlescommunautésd’habitants.

3.3.2 Secteur urbain

Aunniveau intermédiaire, les secteurs urbains correspondent àdesparties unitaires et d’un seul tenant du tissuurbain,délimitéesparlastructureurbaineprincipalequiassureleurarticulationausystèmemorphologiqueglobal.Lanotionde«secteururbain»necoïncidepasdanscecadreaveccellede«quartier»,quiestchargéedesignificationssociologiquesetfonctionnellesetnepeutquedansderarescasêtreclairementdélimitée.Lessecteursurbainssontdoncicidéfiniscommedespartiesd’agglomérationprésentantàlafoisunephysionomiehomogènespécifiqueetdesenjeuxcomparablesderecompositionurbaineparladensification.

L’intérêtdeceniveaudedistinctionintermédiaireréside:

• danslapossibilitéd’analyseravecundegrédedétailmajeurcertainespartiesdel’agglomérationtoutentenantàl’espritleurforme,leurpositionetleurrôledansletissuurbainauniveaudel’agglomération;

• danslapossibilitéd’identifierdesenjeuxliésauxproblèmesdesarticulationstypiquesentresecteursurbains;

• dans lapossibilitéd’envisagerdesproblématiquespropresàchaquecatégoriedesecteururbain (leursmodesd’agencement).

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A partir des cas d’études analysés, nous avons adopté les catégories et terminologies suivantes (sans aucuneprétentionnormative)pourdistinguerlesdifférenttypesdesecteururbain:

Formeetrôled’unsecteururbainnesontpasdonnésunefoispourtoutes:unmêmesecteururbainpeutévoluerdansletemps.D’espaceruralilpeuts’urbaniserpourdevenirunsecteurdetypepériurbainpuisdetypesuburbain,voireêtreintégréàunsecteurd’extensionurbaine.Enoutre,enfonctiondelagéométriedeleurmaillageetdesfacteursqui l’influencent (conditionsdusite,dynamiquede formation,positionrelativedans l’agglomération), ilserautilededistinguerdessous-famillesauseindechaquetypedesecteur.

LÉGENDE:1.noyauurbain(ourural)central;2.secteursd’extensionurbaine;3.secteurssuburbains(1èrecouronne);4.secteurspériurbains(2èmecouronne);5.campagnespériurbaines(3èmecouronne);6.secteursruraux.

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Fig. 1 : Typologie des secteurs urbains auxquels il est fait référence dans le texte

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3.3.3 La maille / l’îlot

Commeénoncéprécédemment,lemaillageestunecomposantedelastructureurbainequi,telleunfilet,estconstituéed’unitésélémentaires : lamailleurbaine.Dansnotrecontexted’étude, lamailleest lapluspetiteunitéde l’espaceurbain, elle est la matrice génératrice du tissu urbain, àlafoisunitédelectureetdeprojet.

Nousentendonsparmaille,danslecadredecetteétude,touteportionduterritoiredélimitéeparunsystèmed’espacespublicscontinuquiparticipeàlafoisàlaconfigurationspatialedecelle-cietàlaformationdumaillagequiinscritlamailledansletissuurbain.Mailleetespacepublicquil’entouresontdoncindissociables.L’étudedelamailleporteraàlafoissurlaconfigurationspatialespécifiquequeprendlamailleetsurlesrelationsquecelle-cientretientavecl’espacepublicetdoncaveclesmaillesenvironnantes.Enextrêmesynthèse,unemailleestgénéralementidentifiéeparlavoiriequil’entoure.Onveilleratoutefoisànepasappliquerceprincipemécaniquement.Eneffet,unensembledeparcellesbâtiesdansunlotissement,dansunparcindustriel,dansuncampusuniversitaireouhospitalier,desserviesparunevoiried’accèslocale,neconstituepaspourautantunîlot/unemaille:considérercescasd’«enclaves»urbaniséesneserévèleeneffetpasutilefaceauxobjectifsdelarecherche.Ontiendrapourprincipequelesvoiriesd’accèslocales,lescheminementsrurauxd’accèsauxchamps,lesalléesenforêtoulesvenellesetpassagesdanslestissusurbainsnedéfinissentpasdemaille.

Lesmaillessedistinguentselon leurs formes, leurétatd’évolutionouencore leursaccentuationsou intensités.Laformespatialequeprendlamaillesedéfinitparlesélémentsquiladélimitent,parceuxquilaconstituent(parcelles,corpsbâtis,végétation,constructionsdiverses…),parlesstructuresquirégissentsesassemblagesinternesetparsaformegénérale(géométrievolumétrieetdimension).

Delamanièrelaplusrépandue,laconfigurationspatialequeprendlamailleenmilieuurbainestcelledel’îlotdessinésursonpourtourparunensembledeconstructionscontinuesouprincipalementcontinuesluidonnantunintérieur.L’îlotestfacilementreconnaissabledanslesvillesanciennesparlacompacitéetl’homogénéitédesavolumétrie.Danslesespacesdeplusrécenteurbanisation,ayantsubidenombreuxremaniementsurbainsouàurbanisationpeucontrôlée,l’îlotpeutêtreplusdifficileàdélimiter.Plusunîlotsesitueloind’uncentreurbainconsolidé,plusiltendàêtrelarge,cequireprésenteunedifficultéàledélimiteravecprécision.C’estpourcetteraisonqu’ilestutiled’étendreleconceptd’îlotàceluidemaille.Parlerdemailleouvrelapossibilitéd’analyseretcomprendrelesréalitésplushétérogènesdestissusurbanisés,etd’élargir le regardà l’espacerural, toutenmettantenévidence lesrelationsdecontinuitésquiexistententreellesparappartenanceàunmaillage;celles-ciétantprincipalementexercéesàtraverslesespacesnonbâtis(rues,places,parcsurbains,systèmesvégétauxetautresespacesinterstitielsstructurants).Onparleradoncd’îlot lorsquelebâtiestorganisédemanièreàdélimiterun«intérieur»qu’ilestpossibledefaireapparteniràl’ensembledelamailleouàunsousensembleforméauseindecelle-ci,etplusgénériquementdemaille lorsquecelle-cinepeutêtreassimiléeàunîlotc’est-à-direquel’espaceestpeu,pasbâtioudontlebâtinepermetpasdegénérerunintérieur(exemple:organisationdubâtienrangée).

Ilestànoterquecertainesmaillessontsingulièrespour le rôleparticulierqu’elles jouentdans lastructureurbaine(exemple,mailleoccupéeparunparcdansuntissuurbaindense).C’estpourquoinousproposonsdedistinguer les différentstypesd’îlot/maillesendeuxtemps.Dansunpremiertemps,enfonctiondeleurscaractèresformels,parfamillesditesgénériques;dansunsecondtemps,surbasedeleurspositionrelativeetdurôlequ’ellesremplissentauseindutissuurbainetdoncdusecteuretdel’agglomérationauxquelsellesappartiennent.

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Une classification spécifique desmailles devrait pouvoir accompagner la précédente. On y retrouvera lesmaillesdistinguéesnonplusenfonctionde leursconfigurationspatiale interne,maisde leurrôleetpositionparticulière (etdoncdesenjeuxderecompositionurbaineparticulier)auseindutissuurbain.

L’intérêtdecettetentativedeclassificationrésidedanslefaitquedesenjeuxderecompositionurbaineetdessolutionstypiques de densification peuvent être formulés en fonction du type de configuration spatiale de lamaille, quellequesoitsalocalisation.Faceauxcasconcrets,ilconviendracependantd’adaptervoiredereformulerlesmodalitésd’interventionenfonctiond’enjeuxrelevésauxniveauxsupérieurs(secteur,agglomération),quipourrontutilementêtrereprisdansunedeuxièmeclassificationplusspécifiqueauxproblématiquesrencontréesenfonctiondurôleetdelapositiondesmaillesauseindutissu.

Signalonsqu’unemaillen’estpasdonnéeunefoispourtoutes,nidansseslimites,nidanssacomposition.Lamaillepeut subir une réorganisation parfois radicale, par remembrement des parcelles, par substitution des typologiesbâties,parredécoupage.Ainsi,unemaillepeutdonnervieàplusieursconfigurationsdifférentesetdonnerlieuàdessubdivisionsinternes.

LÉGENDE(degaucheàdroite):1îloturbain;2îlotpérimétralurbain;3îlotpérimétralsuburbain;4maillepériurbaine;5maillerurale.

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Fig. 2 : Proposition de classification générique des îlots / mailles en Wallonie

en ce qui concerne la classificationgénériquedesmailles,nousdistinguonscinqtypes5 :

5 Ces catégories se basent sur celles identifiées par Bruno DE MEULDER, Jan SCHEURS, Anabel COCK, Bruno NOTTEBOOM (1999). Patching up the Belgian urban landscape, « Oase : journal for architecture », n. 52, pp. 78-113.

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Fig. 3 : schéma illustrant les possibilités d’évolution des différents types de maille générique

en fonction de leur degré de consolidation

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Enpartantdecettebasedelecturefinedel’existantnousdistingueronsdes«logiquesspatialesconstitutives»afindemettre enévidence les relationsd’interdépendancesexistantes et leursmodesd’agencements. L’existenceoul’inexistencedeceslogiquesdonnentcohérenceouincohérenceàlaformeurbaine.Leuridentificationpermetdoncd’objectiveretdequalifiercettecohérence.

Ces logiques peuvent être d’ordres très différents, par exemple : logique relative à la matrice génératrice del’urbanisation: organisation en maillage, organisation en arborescence, organisation radioconcentrique ou radiale, organisationenrhizome;logiquerelativeàl’épannelage(rapportsvolumétriquesconstituantlasilhouetteurbaine)ouauprospect(rapportproportionnelentrelargeurethauteurd’unespace),logiquerelativeauxrapportsd’homogénéitéoud’hétérogénéité,logiquerelativeàlarépétitiond’élémentsetleurrythmedesuccession...

Ensemble,tissu,structure,etlogiquesconstitutivescaractérisentle«systèmemorphologique»urbainqui,aveclessystèmessociaux,économiquesetpolitiques,produitlephénomèneurbain.

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4. l'aPPrOCHe illUsTrÉe à ParTir dU Cas d'aTH

Afind'illustrer lesprincipesdel’approchepar leprojet,nousillustronsici ladémarcheappliquéeaucasd'étudedelavilled'Ath.Cetravailsefondesuruneséried'élaborationsgraphiquescommentées,ets’articulesur lesniveauxd’équilibrespatialprécédemmentidentifiés:

• Leniveaudel’agglomérationetdelastructureurbaineprincipale,• Leniveaudessecteursurbainsetducadredeproximité,• Leniveaudelamailleenrelationausystèmed’espacespublics.

Pourchacundecesniveaux,l’illustrationducasd’études’articulesurtroistypesdelectureinterdépendants:

a) une lecture détaillée des dynamiques de formation (présentes, passées et à venir) des tissus urbains étudiés :

Àpartirdelacomparaisondessériescartographiquesdisponibles,desdonnéesgéomatiquesactuellesetdesqualitésspatialesobservéessur le terrain,cette lecturemetenévidence lesélémentset les logiques formativesdes tissusurbainsexaminés.Troislogiquesprincipalesontétédégagéesetpeuventd’oresetdéjàêtreannoncées;ellesferontl’objetdeplusamplesexplicationsdans le corpsdu texte.Chacunedeces trois logiques regroupe lesmodalitésd’urbanisationdominantesdurantautantdephaseshistoriquesdelonguepériode.Ceslogiquesprésententtoutefoisunecertaine inertieetdes regainsd’actualité ;ellespeuventparfoisêtreà l’œuvre toutesensembleàunmomenthistoriquedonné.Onveilleradoncànepasconfondrelogiquesformativesetpériodeshistoriques.

Nousproposonsdedistinguerleslogiquessuivantes:

• miseenplacedesconditionsdusiteetpremièresimplantationsurbaines;• ouvertureetprojectionsurleterritoire;• conditioncontemporaine.

b) une lecture synthétique de la configuration physique actuelle :

Àpartirdeslogiquesformativesdétailléesprécédemment,ils'agitdereprésenteretsynthétiserlesfacteurscaractérisantla configuration physique actuelle des tissus urbains examinés.Ces facteurs peuvent être distingués en plusieurscatégories:conditionsdusite(relief,hydrographie,élémentsnaturelssaillants);tracédesinfrastructures;structureurbaine principale (système des espaces publics) ; typologie, géométries et relations de position des matériauxurbainsenprésence.Unschémadesynthèseillustrel’interactiondecesdifférentsfacteursetpermetdedistinguer les logiques d’urbanisation durables(facteursfavorablesàlacontinuitéetàl’évolutiondestissusurbains),etles logiques d’urbanisation déstructurantes (facteurs responsables de ruptures dans les tissus urbains et de blocages de leurévolutionspontanée).

c) une lecture prospective des enjeux de recomposition urbaine :

Cette lecture,quis’apparenteplutôtàuneécriture,procèdede l’interprétationdesélaborationsprécédentespourdégageràchaqueniveaud’équilibrespatiallesprincipauxenjeuxderecompositionurbaineparladensification, illustrés parunschémasynthétiquedesenjeuxetpardeshypothèses-projetdedensification.

Cetexercicedemandeenréalité,commeilapparaîtradesélaborationsgraphiquesprésentées,unapprofondissementdétaillé des trois niveaux d’équilibre spatial en parallèle,mais aussi une démarche itérative qui place les lecturesanalytiqueset interprétativesàl’épreuvedeshypothèsesprospectives.Ladistinctiondesniveauxd’équilibrespatialet des typesde lecturen’estdoncpasà considérer commeunprotocoledemorcellementparphasesde travailindépendantes,maiscommeuneconventiondeprésentationutiletantàlatransmissibilitédeladémarchequ’àsesretombéesopérationnelles.

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LÉGENDE(degaucheàdroite):1îloturbain;2îlotpérimétralurbain;3îlotpérimétralsuburbain;4maillepériurbaine;5maillerurale.

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Fig. 4 : Ath, Orthophotos 2006-2007 (extrait)

4.1 NIVEAU1:AGGLOMÉRATIONETSTRUCTUREURBAINEPRINCIPALE

Comment encadrer les développements naturels de l’urbanisation au niveaude l’agglomération et l’équilibre de sesrelationstantaveclesnoyauxurbanisésenvironnantsqu’avecsonterritoirederéférence?Est-ilpréférabled’opérerpourlaconsolidationinternedel’agglomération,ouaucontrairepoursonextension?Depareillesquestionsrelèventdelamaîtrisedelamacro-formeurbaine,maisaussidesqualitésprésentesdanslesconfigurationsmicro-urbanistiques.Ellesimpliquentdes’interrogersurl’opportunitédegouvernerlesprocessusdedensificationenvued’augmenterlaqualitéurbaine,parexempleen:développantlastructureurbaineprimaire,enfavorisantlacontinuitédusystèmed’espacespublics et enminimisant l’impact des discontinuités et ruptures spatiales dans le tissu urbain, en conférant un rôlestructurantetqualifiantauxélémentspaysagersetenvironnementaux,enarticulantlessecteursurbainsentreeux,enfavorisantl’évolutiondutissuurbain.

Afindehiérarchisercesobjectifs,etcomprendreleursrelationssystémiquesauseinduphénomèneurbain, ilestutilededéclinerauniveaud’équilibrespatialdel’agglomérationlestroistypesdelecture(détaillé,synthétique,prospective)présentésprécédemment.

A toutes fins utiles, rappelons que nous abordons ici la problématique de la densification à un niveau, celui del’agglomération,qui recouvreune réalité necoïncidant jamais aveccelledes territoires institutionnels etquiparticipetoujoursdedynamiques(territoriales,foncières,démographiques,économiques)quidépassentlecadredel’espaceetdescompétencescommunales.Onveilleradèslorsàsituerl’approcheproposéeiciparuneréflexionsurlesoutilsdelectureetopérationnelspermettantdegouvernerlephénomèneurbainauxniveauxsupérieurs(communal,intercommunal…).

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4.1.1 Lecture détaillée : dynamiques de formation

L’étudedesdynamiquesdeformationetd’évolutionurbainepermetd’appréhenderlesphénomènesquiontfavorisé,renforcé,empêchéouencoreralentilaformationdutissuurbain.Lestroisschémasquisuiventillustrentlesprincipaleslogiquesformativesdel’agglomérationetdelastructureurbaineprincipaled'Athquenousavonsdistinguésen:

• miseenplacedesconditionsdusiteetpremièresimplantations;• ouvertureetprojectionsurleterritoire;• conditioncontemporaine.

Uneexplicationdétailléedechacunedeceslogiquespourlecasd'Athaccompagnelesschémas.Demanièregénérale,ilestcependantpossiblededresserdeuximportantsconstatsaisémenttransposablesàd’autresagglomérationsdepetiteetmoyennedimension(tellesquelescasexaminésdeSaint-Vith,Marche-en-FamenneetArlon).

Lepremier constat concerne la relation entre logiques formatives et conditionsdu site.D’une logique formative àl’autre, ledéveloppementdesmoyenstechniquesettechnologiquesapermisdesmodalitésd’urbanisationdeplusenplusindifférentesauxconditionsdusite.Parconséquence,onobserve:unebanalisationprogressivedestissusurbainsproduits;laréalisationd’infrastructuresetdegrandesemprisesurbanisées(productivesoutechniques)créantdesdiscontinuitésoudesrupturesspatiales6auseindutissuurbaindeplusenplusimportants;enfin,deschoixdelocalisationetdemodesd’implantationdestissusurbainsdemoinsenmoinsdurablesentermesenvironnementaux(morcellementdesespacessupportsdebiodiversité;artificialisationdessolsplusfertiles, inondableset fragilesentermesd’érosionetderuissellement).

Ledeuxièmeconstatconcernelesrelationsentrelogiquesformativesetstructureurbaineprimaire.Eneffet,ilestintéressantdenoterquelalogiqueditedepremièreimplantationmetenœuvredesmodalitésdecroissanceetdedéveloppementdestissus urbains parprocessusrépétitifd’extensions-consolidationslimitées,alorsquelalogiquedited’ouvertureetprojectionsurleterritoireprocèdeparextensionillimitée,etlalogiqueactuelleditedeconditioncontemporaineparextensionillimitéeeturbanisationopportunistedesressourcesfoncièresrésiduelles.Cesdifférentesprocessusdecroissanceneproduisentpasdesstructuresurbainesdequalitéséquivalentes.Lalogiquesditedepremièreimplantationetcelledited’ouvertureetprojectionsurleterritoiredéveloppentunsystèmed’espacespublicscohérentetcontinu,crucialdanslatransformationdes anciennes discontinuités ou ruptures spatiales (obstacles infrastructurels, techniques ou productifs, ruptures durelief,coursd’eau…)enespacesdesociabilitéetd’articulationdans le tissuurbain.Différemment, la logiqueditedeconditioncontemporaineselimiteàpratiquerunepolitiqued’équipementaudétrimentd’unepolitiquedeprojeturbainoùlaréalisationdelogements,d’espacespublics,d’équipementscollectifsoud’infrastructuresrépondprincipalementàunsouciquantitatif(garantircertainesquantitésd’espaceoudeserviceparhabitant)etfonctionnel(rationaliserlessystèmesdetransport,distribuerleséquipementssurleterritoire,localiserlesinterventionsenfonctiondesopportunitésfoncières).Aumoins deux conséquences en termes de recomposition urbaine par la densification découlent de ces constats.D’unepart,silestechniquesettechnologiesactuellespermettentunelibertéencoremajeureparrapportauxcontraintesimposéesparlesconditionsnaturelles,ilconvientdes’interrogersurlesdispositifsd’autorégulationàmettreenplacedanslesopérationsdedensificationafinquelesconditionsdusite(entermespaysagersetenvironnementaux)puissentàlafoisvaloriseretêtrevaloriséesparletissuurbain.D’autrepart,pourcontribuerauxenjeuxderecompositionurbaine,lesopérationsdedensificationdevraients’inscriredansledéveloppementetlaconsolidationdelastructureurbaineprimaire,soitparlacréation,soitplussouventparlaremiseencircuitdemaillages,d’espacespublics,delieuxdesociabilitéetd’équipementscollectifspréexistantsetpotentielsàintégreràcettestructure.

6 Pour une explication détaillée des obstacles (naturels, artificiels, matériels ou immatériels) qui peuvent entraver le développement des tissus urbains, voir par exemple : Ildefonso Cerdá (2005, c 1867). La théorie générale de l’urbanisation, Paris : L’imprimeur, pp. 107-113 ; Philippe Panerai, Marcelle Demorgon, Jean-Charles Depaule (1999). Analyse urbaine, Marseille :Parenthèses, p. 66. Le franchissement ou la mini-misation des impacts négatifs des discontinuités ou rupture spatiales dans le tissu urbain est un enjeu majeur de recomposition urbaine.

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19Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 2013

LÉGENDE:1.relief;2.hydrographieetlimitesplainealluviale;3a.voiriesprincipales;3b.cheminementsruraux;3c.passagedesfortification;3d.ceinturepériphériquerudimentaire;4a.enceintesmédiévales;4b.fortificationsrenaissantes;4c.limiteduglacis;4d.portesurbaines;5.noyauurbainprimitif;6.noyauxprimitifsdessecteursextra-muros;7a.lieudeculte;7b.noyaurural;7d.noyaururalabsorbéparlaville.

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Fig. 5 : Ath, dynamiques de formation de l’agglomération : Conditions du site et première implantation

A ce niveau de lecture du tissu urbain, on observe que les premières implantations urbaines tirent le meilleur avantage des conditions

préexistantesdusite:lenoyauurbaincentrals’installestratégiquementaucentredelaplainealluvialeetàproximitédescoursd’eau,mais

lespremiersdéveloppementsdessecteursextra-muros(périurbains)évitentsoigneusementlessolsinondablespourpréférerunelocalisation

auxmargesdelaplainealluviale.Lenoyauurbaincentralsedéveloppeautourdeladyade«placedemarché/placeforte»etd’unsystème

d’espacespublicsetdevoiesd’eauquiacheminentlesdirectricesterritorialesjusqu’aucœurdelaville.Lesenceintesurbainessuccessives

préfigurent une croissance par extension en induisant la densification des aires intra-muros et la polarisation des cheminements ruraux

extra-murosquiconvergentvers lestroisportesurbaines.Encorrespondancedecelles-ci,troissecteurspériurbainsàvocationmercantile

(précisémentdes«faubourgs»:nord-ouest,nord-est,etsud)interceptentlesrelationsentrevilleetcampagne.

Lesystèmedesespacespublicsdans lenoyauurbaincentralestunréseaucomplexeetcohérentderues,places,quais,élargissements

accueillantplusieursusagesà la fois (transit,productionartisanale,échangescommerciaux, rassemblementsrituelsou folkloriques),etqui

s’articulentlelongdesprincipalesdirectricesterritoriale(sud-ouestetnord-ouest;Dendreorientalenavigable).Horsdel’enceinteurbaine,le

systèmedesespacespublicsselimiteaucontraireauréseauviaire,etàquelquesraresélargissementdesruesquiassumentparfoislaforme

deplacesetgarantissentalorsl’articulationspatialeentrevilleetcampagne.

Il est aussi intéressant de noter qu’en dehors du noyau urbain central, un système de cheminements ruraux forme une ceinture viaire

périphériquerudimentaire,preuvedel’existencederelationsconcentriquesentrelessecteursextra-muroscomplémentairesauxtraditionnelles

relationsradialesaveclenoyauurbaincentral.

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Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 201320

LÉGENDE:1.élémentsdereliefsaillants;2a.hydrographieetlimitesplainealluviale;2b.voied’aunavigable/canalisée;2c.darsesetquais;2d.recouvrementdecoursd’eau;3a.directricesecondaire;3b.directriceviaireavecdéveloppementdubâti;3c.directriceprincipale(chaussée);3d.directriceavecdéveloppementdetissuconnectif;3e.cheminementsruraux;3f.boulevard-canalplanté;4.systèmed’espacespublicsconsolidé;5.espacepublicd’articulation(placedemarché/defaubourg);6.nouveauxespacespublics(ancienneplaced’armeetparccommunal);7a.emprisegareferroviaire;7b.ligneferroviaire;7c.lignevicinale.

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Fig. 6 : Ath, dynamiques de formation de l’agglomération : Ouverture et projection sur le territoire

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La coïncidence historique entre processus de construction nationale et invention de la machine à vapeur correspond à une phase de

modernisationdel’organismeurbainquis’exprimeàtraversledémantèlementdesfortificationsurbaines.Parconséquence,lenoyauurbain

s’ouvresurleterritoireenvironnantetlavilleseprojettedansunréseauélargidecommerceetd’échange.Lalibérationsoudainedeslarges

emprisesdesglacisetdeszonesnon-ædificandimilitairesreprésenteuneopportunitépourl’implantationdenouvellesinfrastructures(canal

navigable, chemins de fer, réseau vicinal), structures urbaines (boulevards, allées plantées, fossés aménagés en canaux d’agrément), et

grandesemprisesfoncières(sitesindustriels,enclostechniques…).Leseffetsdecesnouvellesdynamiquesd’urbanisationsontàlafoispositifs

etnégatifs.D’unepart,cesnouvellesimplantationscréentdenouvellesbarrièresphysiques,tantôtderupture(sitesindustriels,infrastructures

ferroviaires),tantôtdelimitationdel’urbanisation(lignevicinaleàl’est).D’autrepart,ellesfavorisenttantôtl’extensiondunoyauurbaincentral

(endirectionnord-est),tantôtsonretournementphysiqueparlacréationdenouveauxfrontsurbains(verslecanalàl’est;verslescheminsde

ferausud),tantôtencoreellesfavorisentledéveloppementdesnoyauxprimitifsextra-muros.

Lessitesindustrielsetlesinfrastructuress’implantentdanslaplainealluvialepourdesraisonsd’économie(tracésdroitsetbrefssurdespentes

faibles)etd’efficacitétechnique(proximitéauxcoursd’eaucommevecteursdetransportetforcemotricehydraulique),prenantlemeilleurparti

desconditionstopographiquesmaissansconsidérationdesenjeuxenvironnementauxoupaysagers(occupationdessolsalluviaux,interruption

descouloirsécologiques,superpositionauxtracésnaturelsdescoursd’eaux).Enoutre,àl’extérieurdunoyauurbaincentral,lamiseenplace

d’unréseaudechausséesremplace(secteurnord-est),oriente(secteurnord-ouest)etparfoisrenverse(secteursud-ouest)leshiérarchiesdes

anciensmaillagesruraux,selonunelogiqueradialequieffacelesystèmeconcentriquedeceintureviairepériphériqueprécédemmentobservé.

Ilestintéressantdenoterquelesnouvellesinfrastructuresviairesgarantissentlapénétrationjusquedanslecœurdunoyauurbaincentral,alors

quelesinfrastructuresferroviairesetnavigablestendentàadopterdestracéstangents,s’ouvrantsuruncôtéprivilégiéverslenoyauurbain

centraletsurl’autreverslessecteurssuburbains.

Lesystèmedesespacespublicsn’évoluepasmaisseconfirmedanslenoyauurbaincentral,àl’exceptiondel’anciencoursnavigabledela

Dendreorientaletransforméenruellesetvenellespourdesraisonsd’hygiène,etdel’ancienneplaced’armetransforméeenesplanade.Par

contre,làoùlesnouvellesinfrastructuresnereprésententpasunobstacle,destissusd’extensionurbaines’appuientsoitsurlaréalisationde

tissusconnectifs (secteurnord-ouest),soitsur ledéveloppementdenouveauxtracésviaires,deboulevardsetavenuesplantées,deparcs

publicsetsurlatransformationdel’ancienfosséencanald’agrément(secteurnord-est)aupointd’incorporerlenoyaupériurbainextra-muros

préexistant.Danslessecteursexternes(suburbains),l’espacepublicselimiteauréseaudevoirie,etàseséventuellesdilatationsauxprincipaux

carrefoursquidonnentlieuàdevaguesplacettespeuformaliséesmaisquicontribuentàmarqueretconfirmerlastructureurbaineetleslieuxde

sociabilitédecestissus.Lesnoyauxextra-murossituésau-delàdesinfrastructuresferroviairesetnavigables,dontlerôleetlesconfigurations

étaientprécédemmentdetypepériurbain,évoluentendevéritablessecteurssuburbainsgrâceaudéveloppementdumaillageurbain.

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LÉGENDE:1.discontinuitéourupturespatialedueàdenouvellesinfrastructures:1a.tranchée,remblais;1b.échangeur;1c.viaduc,pont-route;2.lotissementaveccréationdevoirie;3a.directricessecondaires;3b.directriceviaireavecdéveloppementdubâti;3c.directriceprincipale(chaussée);3d.directriceprincipaleavecdéveloppementdubâti;3e.cheminementrural;3f.ouverturederueavecdéveloppementdubâti;4a.voiedecontournement,autoroute;4b.emprisegareferroviaire;4c.ligneferroviaire;4d.ligneferroviaireouvicinaledésaffectée(RaVeL);5a.systèmedesespacespublicsprincipal;5b.réaménagementponctueld’espacespublicsnonstructurants;5c.espacesdeloisirsponctuels;5d.enclavesbâties(grandessurfaces,industries,zoning,équipementstechniques).

ÉLABORATION:CDPT-Lepur/unitéVTP(07/2013),C.Bodart,A.deFijter,A.Fishersousladir.deR.OcchiutoetM.Goossens.

Fig. 7 : Ath, dynamiques de formation de l’agglomération : Condition contemporaine

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23Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 2013

Lasurpopulationdesvilles,ledéveloppementdesmoyensdetransportindividuelsàcombustiblesfossiles,l’émergencedesclassesmoyennes,

ladiffusiondumodèlede lamaisonunifamiliale isolée, laséparation légaleetdisciplinairede l’urbanismeetde l’architecture, l’émergence

d’unedemandesocialedepaysage;autantdefacteursqui,combinés,caractérisentlaconditionurbainecontemporaineetcontribuentàla

désagrégationprogressivedestissusurbainsexistants.

Ledéveloppementdes infrastructuressuitdesprincipesstrictement fonctionnelset techniques,sanségardpour lescontraintes imposées

par lesconditionstopographiques,environnementales,oupaysagères.Parexemple,denouvelles lignesdechemindeferetdesvoiesde

contournementsontréalisésauxmargesdel’agglomérationpourpermettredesvitessesetdescapacitésplusélevéesdesconvoisetdes

véhicules,ainsiquepouréviterlatraverséedutissuurbain.Toutefois,l’évolutiondel’urbanisationrattraperapidementcesnouveauxtracés,qui

seconfigurentalorscommedesdiscontinuitésetdesrupturesspatialesdansletissuurbain,plusimportantesquecellesqu’ilsontremplacé.

L’effet de discontinuité de ces nouvelles infrastructures est d’autant plus important qu’elles s’accompagnent généralement d’imposants

ouvragesd’art(tranchées,remblais,viaducs,ponts,tunnels,échangeurs).Enoutre, ledéveloppementdesinfrastructuresroutièresfavorise

l’usage de l’automobile et par conséquence, de la périurbanisation. Des dispositifs de franchissement des nouvelles infrastructures sont

toutefoismisenplace(passagessouterrains,passerelles,ponts-routes…)dansunsoucideperméabilitédesparcourspiétonsetcyclistes,

maismanquentgénéralementdequalitéspatiale.

On remarque en outre un attitude hésitante envers les espaces à haute valeur paysagère et environnementale : tantôt valorisés par

l’aménagementponctueld’espacesdeloisiroud’infrastructuresdemobilitédouce;tantôtnégligéspard’importantesopérationsd’urbanisation,

deréhabilitationoudereconstruction(zoningdesPrimevèressurlecoursdelaRoselle,aborddelaDendrecanaliséeetducanalAth-Blaton).

Parconséquence,cesespacespaysagersneparviennentniàregagnerleurcohésionetcohérenceenvironnementale,niàtrouverunrôleactif

dans la structuration des tissus urbains.

Lesystèmed’espacespublicsneconnaîtpasd’évolutionstructurelle,maisplutôtd’usage,d’aménagementetdecirconstance.Parexemple,

danslenoyauurbaincentral,rues,placesetplacettessontsouventréduitesaustationnement,mêmesidepuispeud’importantesopérations

d’aménagementcontribuentàleurrestitueruncaractèred’espacedesociabilité.Cetyped’opération,s’ilaméliorel’attraitdunoyauurbain

central,nesuffitgénéralementpasàydéclencherdesdynamiquesdedensificationspontanée.Danslessecteurssuburbainsparcontre,outre

leréseauviairequiconstitueencorel’essentieldel’espacepublic,onvoitapparaîtredenombreusesplacettesetjardinsdequartierauseul

servicedelotissementsrésidentielsoùilssetrouvent.Dansl’ensemble,lesystèmedesespacespublicestsous-dimensionnéetmanquede

cohérenceparrapportàladimensionetàl’extensionatteinteparledéveloppementdel’agglomération.

4.1.2 Lecture synthétique : configuration physique actuelle

Entermesdeconfigurationmorphologique,chaquetissuurbainestunique;ilestlaréponseoriginaleetnon-répétableà une combinaison unique de facteurs. Des similarités existent toutefois entre les facteurs structurants tels que :morphologiedurelief,morphologieduréseauhydrographique,tracédesinfrastructures,structureurbaineprincipale(maillageetsystèmedesespacespublics),géométriesetrelationsdepositiondessecteursurbains.Lathématisationdecesfacteursprisisolémentpermetdèslorsd’établirdemanièreanalytiquedesobservationsdecaractèregénéraletpeutservirdesupportàdescomparaisonsavecdescasd’étudenontraités.Toutefois, lacompréhensionde laconfigurationphysiqueactuelled’uneagglomérationetdesenjeuxderecompositionurbaineparladensificationquiysontliésdérivedelalecturedescombinaisonsdecesfacteurs.Unetellelecturenécessitedoncpourchaquecasuneffortdesynthèseetd’interprétation.Nousproposonsiciquelquesobservationsgénéralesissuesdel’analysedespetitesvillesétudiéesdanslecoursdelarecherche,pourchacundesfacteursstructurantsidentifiés:

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Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 201324

a) Lamorphologiedurelief(c’est-à-direlemodelégénéraldusiteetdesversantsavoisinants)estenétroiterelationaveclamorphologieduréseauhydrographie(c’est-à-direlaformeetl’arborescenceduréseaudescoursd’eauainsiquesonrôledanslebassinversantauquelilappartient).Cesdeuxfacteurscombinésontuneinfluenceremarquablesurlaformedestissusurbainstantauniveaudelamacro-formedel’agglomérationquedesconfigurationsmicro-urbanistiquesrencontrées.Dupointdevuedelamacro-formedel’agglomération,lesmorphologiesdureliefetduréseauhydrographiquejustifientlechoixd’implantationetlesformesdestissusurbanisés,maisexpliquentaussile rôle de l’agglomération au sein de son territoire de référence, ainsi que le tracé des infrastructures. dans le cas d'Ath,unmodelédeplainealluvialebordéedebergesauxpentesfaiblesetunelocalisationàlaconfluencedetroisbassinsversantsexplique:lapositionstratégiquedunoyauurbaincentralàlajonctiondelaDendreoccidentaleetorientale;lesdifférencesd’extensionetdemaillageauseindutissuurbaind’uneriveàl’autre;lacomplexitéet lacomplémentaritédes infrastructuresnavigableset terrestresdans letracé infrastructurel.Desobservationsanaloguespeuventêtremenéesselonquel’agglomérationétudiéesesitueaucentred’unedépressionoud’unplateau,entêtedevalléeouàlaconfluencededeuxcoursd’eau,aucentred’unbassinversantouàlajonctiondeplusieurs.Dupointdevuedessolutionsmicro-urbanistiques,reliefethydrographiedonnentlieuàdesconfigurationsparticulières desmailles et îlots.Un cours d’eauplus oumoins large ou une rupture de pente plus oumoinsimportantedeviennenttantôt l’occasionpourunepolarisationdubâtidans lamailleet laconstitutiond’unfronturbain,tantôtunmotifderépulsionpourl’urbanisation,avecpourconséquencelaconstitutiondemicro-paysagesnaturelsenclavésdanslamaille.

Encesens,lareconnaissancedescaractèresdusite(reliefethydrographie)permetd’expliquerlesformesactuellesdutissuurbain,leseffetsfavorablesoudéfavorablesdecescaractèressurl’urbanisation.Maisellepermetaussid’identifier les potentialités offertes par le site pour que le tissu urbain contribue à en valoriser et exalter lesspécificités,etparconséquencepuisseprofiterdesqualitéspaysagèresetspatialesainsicréées.

b) l’étude des tracés infrastructurelspermetd’établirtroistypesd’observation:

• laplupartdescasd’étudeprésenteuntracédeconfigurationhybride(combinaisondeconfigurationsradiales,linéaires, concentriques, réticulaires…), due à la superposition dans le temps de plusieurs logiques deterritorialité,d’accessibilitéetdepossibilitéstechniques;

• lesdirectricesinfrastructurellesprincipalessonttracéesselondeuxtypesderelationauxconditionsdusite : en faisceaux parallèles à l’axe du ou des thalwegs confirmant les couloirs naturels ; le long des lignes depentemajeure,mettantenrelationdesvalléesparallèlesetdoncdeszonalitésgéographiquesoupaysagèresdifférentes;

• chaque famille d’infrastructure établit des relationstypiquesavecletissuurbain.Lesvoiriesinter-villageoisesetleschausséesrelienttoujoursdesnoyauxurbainsoururauxconstitués,etyaboutissentsoitparpénétrationsoittangentiellement.Cesvoiriesgénèrentdesformesd’urbanisationlinéairesquireprésententl’amorcepourundéveloppementplusstructuréd’unnouveausecteururbain.Lesvoiesnavigablesetlescheminsdefertendentàs’approcherdesnoyauxurbainsdemanièretangentielle,enoffrants’ouvrantsurunflancprivilégié,cequigénèresouventledéveloppementdetissusurbainsencorrespondance(commelesquartiersdegare).Autoroutesetcontournementstendentàéviterlecontactavecletissuurbain:lespremièressuiventlesgrandeslignesdureliefetrestentàdistance,générantuniquementdesphénomènesd’«entrée-de-ville»encorrespondancedeséchangeurs; lessecondssontplusindifférentsaureliefetsedisposentà lamargedel’agglomération,provoquantàlafoisl’urbanisation des terrains situés entre agglomération et contournement, et l’endiguement de cette urbanisation à l’intérieur de leur tracé.

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25Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 2013

Lacompréhensiondelaconfigurationdutracédesinfrastructuresetdesesrelationsausiteestcrucialepourlecontrôledelamacro-formedel’agglomérationetdesrelationsd’équilibreentresesdifférentesparties.Demême,lacompréhensiondesrelationsdesinfrastructuresavecletissuurbainpermetd’anticiperlesévolutionsprobablesetdefavoriserlesévolutionsdésirablesdel’urbanisation,maisaussidegouvernerleseffetsindésirablesdecesinfrastructuressurlaqualitéetlacontinuitédel’espaceurbain.

c) L’identificationdesformes,positionet typedesdifférentssecteursurbainsauseind’uneagglomérationmontrequ’aucuncasd’étudeneprésenteuneconfigurationmodèle (tellequecelleproposéedans lechapitre4.2.2) :touslestypesdesecteururbainnesontpasreprésentésdanschaqueagglomérationétudiée,etilsnesontpastoujours disposés selon lesmêmes séquences spatiales. L’effort d’identificationdes secteurs urbains impliquedesenjeuxderecompositionurbaineparladensificationcomme:lamiseenrelationetl’articulationdesdifférentssecteursd’uneagglomération,etl’accompagnementdeladynamiqued’évolutiondechaquesecteururbainversuneconfigurationplusstructuréeetqualifiée.

d) Danslecasdespetitesvillesanalysées,lessystèmesd’espacespublicssontgénéralementconstituésparplusieursséquenceslinéairesd’espacesarchitecturalementmaisaussifonctionnellementcaractérisésquimettentenrelationlesprincipauxlieuxdesociabilitéetdeloisir,lesinstitutionscivilesetreligieusesdelaville.Danstouslescas,auminimumuneséquenceinsistesurunedesdirectricesprincipalesdel’urbanisationenmontrantuneadhérencefrappanteauxconditionstopographiquesdusite:ensuivantparexempledeprèsletracéd’unelignedecrête,derupturedepenteoudedémarcationentredessolsdenaturedifférente.Généralement,cetteséquenceprincipalesecroiseouestaccompagnéeenparallèleparuneouplusieursséquencessecondairesquiinsistentàleurtoursurunélémenttopographiqueoupaysagerqualifiantdusite.Cesséquencessecondairessontparfoismoinsévidentesàidentifier,carellessefondentsurlaprésenced’espacespublicsdequalitémaisquin’ontpas,ouplusdelienàlastructureurbaineprincipale;ellessontleplussouventlatentesoupotentielles.

Engénéral,lesespacespublicsquiparticipentdesséquencesprincipalesetsecondairessontbienstructurésetlisiblesdanslenoyauurbaincentral,saufdanslescasoùcenoyauasubid’importantestransformationsdurantlesiècledernier(commedanslecasdesvillestouchéesparlesdestructionsdeguerre).Unautrecaractèregénéralest la présence d’un espace public d’articulation au passage d’un secteur urbain à l’autre. Lorsque ce typed’espacemanqueouestréduitàuneinfrastructureviaire,sonabsenceestfrappante.Enfin,lorsquelesséquencesprincipalesetsecondairestraversentdessecteurssuburbainsetpériurbains,ellesrelientdesespacespublicsdemoinsenmoinsformalisésetcohérents,souventréduitsàdesélargissementsdevoirieouàdescarrefours,jusqu’àcoïncidersimplementaveclavoirie.Sanssurprise,plusons’éloignedunoyauurbaincentral,moinsl’espacepublicestreconnaissableetspatialementqualifié.Plusrarement,ontrouvedesespacesnon-bâtisàcaractèrepaysagerouenvironnemental (valléesouvallonnementsaveccoursd’eauouruisseaux,élémentssaillantsderelief…)quinefontpasl’objetd’aménagementsparticuliers.Demanièregénérale,cetyped’espacenon-bâtimériteraitd’êtreintégréàlaréflexionsurlesystèmedesespacespublics,puisqu’ilcontribueàlaqualitédevieetàl’attraitdestissusurbainsetreprésenteuneoffrealternativeàlademandesocialedepaysage7quitrouveactuellementréponsedanslesespacesdepériurbanisation.

L’identificationdusystèmedesespacespublics,desesséquencesexistantesoupotentielles,desespointsdeforceoude faiblesse, impliquede reconnaître lesenjeuxde recompositionurbainepar ladensification liésà laconfirmation,aurenforcement,àl’achèvementouencoreàlacréationd’espacespublicsenrelationàlacohérenceet qualité de la structure urbaine en général.

7 Yves Luginbühl (2001). La demande sociale de paysage, Conseil national du paysage / Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement ; Pierre Donadieu (2005). « Le projet paysagiste », in P. Donadieu, Michel Périgord (2005). Clés pour le paysage, Gap-Paris : Ophrys.

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Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 201326

LÉGENDE:1.hydrologie:coursd’eauetlimitesplainealluviale;2.reliefnaturel;3.reliefartificiel(tranchée/remblais);4.noyauurbainoriginaire;5.noyauurbaincentraletnoyauxextra-murosoriginaires;6.tissusd’extensionurbaine;7.secteurssuburbains;8.directricesmatricielles(chaussées);9.directricessecondaires;10.voiesferrées;11.frontsbâtiscontinus;12.discontinuitésponctuelles;13.discontinuités linéaires entre secteurs urbains.

ÉLABORATION:CDPT-Lepur/unitéVTP(09/2013),C.Bodart,A.deFijter,A.Fishersousladir.deR.OcchiutoetM.Goossens.

Figure 8 : Ath, schéma de synthèse de la configuration physique actuelle de l’agglomération

81 2 3 9 104 11 12 1375 6

0 500 1000m

N

Page 29: Notes de Recherche

27Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 2013

Situéeaucroisementde troisplainesalluvialesetà laconfluencedesdeuxDendres, l’agglomérations’articuleenquatresecteursurbains

distincts. Le noyau urbain central occupe une île dessinée par la Dendre canalisée et ses diramations, et qui calque l’ancien tracé des

fortifications.Troissecteurssuburbainssedéveloppentsurchacunedestroisbergesséparéesparlescoursd’eau,etprésententdesmaillages

dontlagéométrieestdictéeparlemodelédureliefetlesobstaclesaudéveloppementurbain(maillageorthogonalsurlapentedouceausud,

limitéuniquementparlescontraintesauplandesecteur;maillageradialàlamargeduplateaudominantlavalléeaunord-ouest,contenuparle

contournementnord;maillageradioconcentriquesurlapentedouceaunord-est,contenuparlestracésducontournementnordetd’uneligne

ferroviaireàl’est).Desextensionspériurbainessedéveloppentauxmargesdel’agglomération,enprédilectionlelongdesdirectricesviairesqui

jouxtentchacundesbrasdefleuve.

Le tracédes infrastructures formeunecroiséecomplexeentreplusieursdirectrices.Ladirectriceprincipale formeuncoudequiborde les

segmentsnavigablesdelaDendre(Dendrecanaliséeaunord,Dendreorientaleàl’est)etcomprendunfaisceaudevoiries,delignesferroviaires

etdecanaux.UnesecondedirectricerecoupelapremièresursabissectriceenbordantlaDendreoccidentaleàl’ouestetensuivantleslignes

depentemajeureaunord-est.Finalement,unevoiedecontournementrelieaujourd’huilesdeuxbrasdecettesecondedirectrice.

Lesystèmedesespacespublics,complexeetbiendéveloppédanslenoyauurbaincentral,sedilueetsesimplifieàmesurequel’ons’éloigne,

toutenmarquantleslieuxsaillantsdelatopographiedusite(rupturesdepente,lignesdecrête,différencesdesol…).

Àpartirdeladiversitédecedéveloppementurbain,l’importancedusystèmedesvalléesapparaitclairement:ildéterminelesrelationsentreles

différentssecteursdelaville.Touràtour,l’espacevitaldescoursd’eausépareouarticulelessecteursurbains,selonqu’ilsoitoccupépardes

infrastructures,pardesgrandesemprisesproductivesouqu’ilaitétéaménagéenespacepublic.

Enconclusion,lalecturedesconfigurationsphysiquesactuellesauniveaudel’agglomérationpermetdecomprendrelesfacteursfavorablesaudéveloppementetàl’évolutiondestissusurbains,ainsiqueceuxquiseportentspontanémentgarantsdelacontinuitéetdelacohérencedel’espaceurbain.Apartirdecesobservations,ilestpossiblededégagerdesfamillesd’enjeuxderecompositionurbaineparladensification.

4.1.3 Lecture prospective : enjeux de recomposition urbaine par la densification

La lecturedesdynamiquesde formationetdesconfigurationsphysiquesapermisdemettreenévidencecertainsfacteursfavorablesàl’évolutionetàlaqualitédestissusurbains,ainsiqu’unesériedeproblématiquesquienmenacentsoitlespossibilitésd’évolution,soitlaqualitédevie.Àpartirdesconstatsétablis,uneséried’enjeuxderecompositionurbaineparladensificationaétéidentifiéeetdistinguéeenquatrethématiques:

• agirsurlastructureurbaineprincipale;• articulerlessecteursurbainsentreeux;• agirdanslessecteursurbains;• établiretqualifierleslimitesdel’urbanisation.

Page 30: Notes de Recherche

Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 201328

Unschémaillustre,pourlecasdeAth,commentcesdifférentesthématiquespeuventsecombinerdanslecadredelamiseaupointd’unevisioncohérentepourl’ensembledel’agglomération.

LÉGENDE:1.hydrologie:coursd’eauetlimitesplainealluviale;2.reliefnaturel;3.espacesurbanisés;4.directricesmatricielles(chaussées);5.directricessecondaires;6.voiesferrées;7.frontsbâtiscontinus;8.séquencesprincipalesd’espacespublics;9.frontsbâtisàcompléter;10.circuitpotentield’articulationdessecteurspériphériques;11.maillageàrenforcer;12.limitesexternesdel’urbanisation.

ÉLABORATION:CDPT-Lepur/unitéVTP(09/2013),C.Bodart,A.deFijter,A.Fishersousladir.deR.OcchiutoetM.Goossens.

Fig. 9 : Ath, schéma de synthèse des enjeux de recomposition urbaine par la densification au niveau de l’agglomération

41 2 5 6 7 8 11 121093

0 500 1000m

N

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29Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 2013

ÀpartirdesconstatsétablisprécédemmentpourAth,ceschémaillustrelagammedesenjeuxderecompositionurbaineetleurcombinaison

àpoursuivreàtraversladensificationauniveaudel’agglomération,etenparticulier:

• L’actionsurlastructureurbaineprincipale,quicomprend:

• laconfirmation,lerenforcement,l’achèvement,laqualificationdusystèmed’espacespublicsparl’interventionsurl’enveloppebâtie

desrues,placesetjardinsexistants,maisaussisurladéfinitiondesespacesnon-bâtispeudéfinis;

• Lavalorisationdel’espacevitaldescoursd’eau(valléesàsolalluvial),afinquecesélémentspaysagersassumentlerôled’espacepublic

à tous les effets comme réponse alternative à la demande sociale depaysage et de nature actuellement offerte par les campagnes

périurbaines;

• L’articulationdesdifférentssecteursurbains,d’unepartenagissantsur lesespacespublicsquipolarisentetorganisent lessecteurs

d’extensionurbaineetsuburbains(placedegare,esplanade,canal-boulevard,anciennesplacesdefaubourg)engarantissantlacontinuité

aveclenoyauurbaincentral;etd’autrepartenrenforçantlesrelationsentresecteurssuburbains,parexempleparlamiseencircuitdes

rues,places,jardins…quipourraientpotentiellementcontribueràlaconstitutiond’uneceinture-promenadepériphérique;

• L’interventionauseindessecteursurbainsexistants,enfavorisantledéveloppementdeleurmaillage;endensifiantlesmaillesetîlotsqui,

auseindusecteur,répondentàdesenjeuxauniveaudel’agglomération;enremettantencircuitlesespacespublicsdeproximitéetles

équipementscollectifsisolésouautocentrés;

• Ladéfinitionet laqualificationdes limitesde l’urbanisation,tantcelles internes làoùespacesbâtiscôtoientdesenclavesagricolesou

naturelles,quecellesexternes,oùlalimiteville/campagneprésentedescaractèresspatiauxetarchitecturauxincertains.

Enlignegénérale,lesthématiquespeuventêtredétailléescommesuit:

a) Agir sur lastructureurbaineprincipale.Cette thématiquepeutsedéclinerselonqu’elleconcerne lacohérencegénéraledusystèmeoulesespacespublicsspécifiques.Danslepremiercasils’agitderésoudrelesdiscontinuitésourupturesauseindesséquencesexistantes,defaireémergerlesséquencesspatialeslatentesoupotentielles,devaloriserlesespacesnon-bâtisàcaractèrepaysageretlesélémentstopographiquessaillantscommeespacespublicsetcommebiencommundelacollectivité.Danslesecondcas,letyped’interventionàmettreenplaceentermesdeprogrammationetdecaractèrearchitecturalpourraêtredifférentselonqu’ils’agitd’uneplacemajeure,d’unplacedegare,d’anciennesesplanades,champsdemanœuvreouplacesd’armes,deparcsetjardinspublics,d’espaces-ruesituésdanslenoyauurbaincentraloudanslessecteurssuburbainsetpériurbains.

b) Articulerlessecteursurbainsentreeux.Cettethématiquesedéclinerasuivantlestypesdesecteursàarticuler.Lesmodalitésd’articulationentrenoyauurbaincentraletsecteursd’extensionurbainedépendradelapréexistenceoupasd’unsystèmedefortifications,endistinguantsystèmesmédiévauxetrenaissants.Lessolutionsd’articulationentrehyper-centreetsecteurssuburbainspourrontinsistersurlesanciennesplacesdefaubourgetdemarchéou,aucontraire,surdutissuconnectif.Lesarticulationsentresecteurssuburbainsetpériurbainsquantàellesdevrontgénéralementaffronterlesdiscontinuitésproduitespardesinfrastructures,etletypedesolutiondépendradutyped’ouvrage.Enfin, l’articulationentresecteursurbainsdumêmetypemobiliseraengénéralsoitdesespacesdedéprise(infrastructurels,productifsoud’équipement)soitlamiseencircuitenplacedesystèmesdutypeboulevardurbainouceintureverte.

c) agir dans les secteurs urbains.Cettethématiquecomprenddiverssous-enjeux,relatifsentreautresàl’interventionsur lemaillage urbain, à la valorisation des conditions topographiques particulières du secteur, aux priorités àdonneràladensificationdesmaillesspécialesplutôtqu’auxmaillesgénériques,àlamiseenréseaudesespacespublicsetdeséquipements isolésouautocentrésdans lesecteur,etfinalementà lacompositiondesdifférentsgabaritsettypologiesdubâtidansletissu.

d) Établiretqualifierleslimitesdel'urbanisation.Cettedernièrethématiquesedistingueraenrelationautypedelimitevisées(limitesinternesàl’agglomérationoudansunsecteur,oulimitesexternesdel’agglomération)maisaussienfonctiondeleurexpressionspatialedésirée,paysagèreoubâtie.

Page 32: Notes de Recherche

Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 201330

LÉGENDE:A1.Noyauurbaincentral;A2.Secteurd’extensionurbaine;B1.Secteursuburbainnord-est; B2.Secteursuburbainnord-ouest;B3.Secteursuburbainsud;C.Secteursd’extensionpériurbaine.

ÉLABORATION:CDPT-Lepur/unitéVTP(09/2013),C.Bodart,A.deFijter,A.Fishersousladir.deR.Occhiuto et m. Goossens.

Fig. 10 : Ath, distribution des secteurs urbains dans l’agglomération

AB

C

C

C

C

C

C

B1

C

B2 A2

A1

B3

4.2 NIVEAU2:LESSECTEURSURBAINS

Àpartirdel’analyseauniveaudel’agglomération,ilestpossiblededistinguerplusieurssecteursurbains,illustrésdansleschémareprisci-dessous:

• lenoyaucentralurbainetsesextensionsurbaines,ouhyper-centre,contenusdanslepérimètredel’ancientracédesfortificationsrenaissantes;

• troissecteurssuburbains(sud,nord-est,nord-ouest),correspondantsaudéveloppementdesanciensfaubourgsdelavilleetquiconstituentlapremièrecouronnedel’agglomération;

• dessecteursd’extensionpériurbainesedéveloppantdepuisleslimitespériphériquesdessecteurssuburbains,etquiconstituentladeuxièmecouronnedel’agglomération.

Commepourleniveausupérieur,cessecteursfontl’objetdelecturescroisées–détaillée,synthétiqueetprospective– dont nous présentons ici les détails pour l'un des trois secteurs suburbains : le secteur suburbain sud (lieu-dit «faubourgdeMons»)misenperspectiveaveclesrésultatsdutravailsurlessecteurssuburbainsnord-est(lieu-dit «faubourgdeBruxelles»)etnord-ouest(lieu-dit«faubourgdeTournai»).

4.2.1 Lecture détaillée : dynamiques de formation au niveau du secteur urbain

Commepourleniveaudel’agglomération,l’étudedesdynamiquesdeformationetd’évolutiondutissuurbainpeutêtrepréciséeauniveaudusecteururbain.Lestroisschémasquisuiventreprennentetapprofondissentpourlesecteursuburbainsudd'Athchacunedeslogiquesformativesidentifiéesauniveaudel’agglomération.Onyvoitapparaîtreplusprécisémentleslogiquesdeconstitutiondumaillage,ledétaildesdéveloppementsinfrastructurels,lesstructuresurbainessecondairesenrelationàlastructureprimaire,etlesmatériauxurbainsquiconstituentletissu:réseauviaire,parcellaireetbâti.

Page 33: Notes de Recherche

31Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 2013

LÉGENDE:1.relief,limitesplainealluviale,coursd’eau;2.limitesinternesetexternesdel’emprisedefortificationsetglacis;3.cheminementsruraux;4.lieuxdeculte;5.carrière;6.industries;7.tissud’extensionurbaineextra-muros;8.tissud’extensionurbaineintra-muros;9.habitatmitoyensurparcellesenlanières,enrangéeslinéaires;10.bâtispécialisé(équipementscollectifs,habitatcollectif…);11.équipementssportifs;12.habitatpavillonnaireenruban;13.lotissementaveccréationdevoirie;14.grandessurfaces;15.voiedecontournement.

ÉLABORATION:CDPT-Lepur/unitéVTP(09/2013),C.Bodart,A.deFijter,A.Fishersousladir.deR.OcchiutoetM.Goossens.

Figure 11 : Ath, dynamiques de formation du secteur suburbain sud :

Contraintes du site et logiques de première implantation

Àceniveaudelecturedutissuurbain,lesitedusecteursudserévèleêtreàl’origineunezoneextra-murosàcaractèrerural,quicorrespond

àl’interfluveméridionalcomprisentrelesvalléesdelaDendreoccidentaleetorientale.Cettezoneestorganiséepardescheminementsruraux

quiconvergentverslaporteurbaine,devantlaquellesetienttrèsprobablementunmarché.Onobserveaussiclairementquelazonequisera

successivementurbaniséeévitesoigneusementlessolsfertilesetinondablesdelavalléealluviale.

Danslenoyauurbaincentral,lematériauurbaindebaseestconstituédemaisonsmitoyennessurparcellesétroitesetprofondesquicomposent

desîlotsplusoumoinscompacts.Danslazonequideviendralesecteursud,onrencontreprincipalementdesbâtissesruraleséparses,mais

aussiquelquesconstructionsàproximitédelaporteurbainelelongdescheminementsruraux.Cesdernièresformentdesdéveloppements

filairesquiconstituerontl'amorcedel’urbanisationsuccessive.

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Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 201332

LÉGENDE:1.relief,limitesplainealluviale,coursd’eau;2.limitesinternesetexternesdel’emprisedefortificationsetglacis;3.cheminementsruraux;4.lieuxdeculte;5.carrières;6.industries;7.tissud’extensionurbaineextra-muros;8.tissud’extensionurbaineintra-muros;9.habitatmitoyensurparcellesenlanières,enrangéeslinéaires;10.bâtispécialisé(équipementscollectifs,habitatcollectif…);11.équipementssportifs;12.habitatpavillonnaireenruban;13.lotissementaveccréationdevoirie;14.grandessurfaces;15.voiedecontournement.

ÉLABORATION:CDPT-Lepur/unitéVTP(09/2013),C.Bodart,A.deFijter,A.Fishersousladir.deR.OcchiutoetM.Goossens.

Figure 12 : Ath, dynamiques de formation du secteur suburbain sud :

Ouverture et projection sur le territoire

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33Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 2013

Le démantèlement des fortifications et l’ouverture conséquente du noyau urbain central sur le territoire,accompagnédudéveloppementdesinfrastructuresferroviaires,navigablesetviaires,remetenjeucettezoneextra-murosqui assume le caractèred’un secteurpériurbainde type faubourien. Le tracéd’unechausséeorganise et polarise la formation dumaillage qui mute la précédente géométrie radiale en une géométriequadrangulaire. Le long des directrices de ce nouveau maillage s’implantent des maisons unifamilialesen rangée sur de profondes parcelles en lanière. Celles-ci donnent lieu à la formation demailles urbainespérimétralesdiscontinuesetincomplètes,dontlesanglesfontrarementl’objetdesolutionsplusélaboréesquelasimplejuxtapositionderangées.Àl’intérieurdecesmaillessetrouventdesparcellesagricolesrésiduellesquiconstituentl’arrière-fonddel’habitat.Laplainealluvialerestepeuprivilégiéeparl’habitat,maisaccueilledesfonctionsurbainesexpulséesparl’hyper-centrepourdesraisonsd’hygièneoudemorale(hôpitaux,cimetières,abattoirs,usines…).

Àmesurequel’ons’éloignedel’hyper-centre,apparaissentdestissuspériurbainslinéairesauxlargesmaillesencerclantd’importantesportionsdepaysagerural.

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Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 201334

LÉGENDE:1.relief,limitesplainealluviale,coursd’eau;2.limitesinternesetexternesdel’emprisedefortificationsetglacis;3.cheminementsruraux;4.lieuxdeculte;5.carrières;6.industries;7.tissud’extensionurbaineextra-muros;8.tissud’extensionurbaineintra-muros;9.habitatmitoyensurparcellesenlanières,enrangéeslinéaires;10.bâtispécialisé(équipementscollectifs,habitatcollectif…);11.équipementssportifs;12.habitatpavillonnaireenruban;13.lotissementaveccréationdevoirie;14.grandessurfaces;15.voiedecontournement.

ÉLABORATION:CDPT-Lepur/unitéVTP(09/2013),C.Bodart,A.deFijter,A.Fishersousladir.deR.OcchiutoetM.Goossens.

Figure 13 : Ath, dynamiques de formation du secteur suburbain sud :

Condition contemporaine

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35Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 2013

Cettelogiqueformatriceestdominéeparunelogiqued’opportunité,sedéclinantentroistypesdetendanceslourdes.Lapremièreconsisteà

urbaniserlesespacesagricolesrésiduelsauseindutissupréexistantpardeslotissementsrésidentielsautocentrésoupardeséquipements

collectifsentretenantpeuderelationsaveclastructureurbaine.Ladeuxièmeconsisteàréinvestirlesgrandesemprises(frichesindustrielles

ouinfrastructurelles)libéréesparlamodernisationdusystèmeproductif,malgrélefaitqu’ellessesituentgénéralementsurlessolsalluviauxde

fonddevallée.Ladernièretendancepoursuitlalogiqued’extensionpériurbainelelongdesvoiriespériphériques,maisoùdominemaintenant

lamaisonunifamilialeisolée(urbanisationenruban).

Laconséquencedesdeuxpremièrestendancesestlamutationdusecteursudd’uncaractèrepériurbainàuncaractèresuburbain,alorsque

ladernièretendanceaccentueladissolutiondeslimitesentrevilleetcampagne.

Demanièregénérale, lematériauurbaindebaseest l’enclaveautocentrée.Dans lessecteurssuburbainset le longdesdéveloppements

linéaires périurbains se développent des fragments de cité-jardin, des immeubles à appartements, des tours de logements sociaux, des

lotissementsrésidentiels,desmaisonsisoléesenautopromotion,deséquipementscollectifsetdesgrandessurfaces.L’hétérogénéitédeces

multiplestypesdebâtiintroduitdesrupturesdecontinuitédel’espace-rue,desfrontsurbainsetdelasilhouetteurbaine.

Lacomparaisonaveclesdynamiquesd’évolutiondesautressecteurssuburbainsdeAth(secteurnord-est,lieu-dit«faubourgdeBruxelles»;secteursuburbainnord-ouest,lieu-dit«faubourgdeTournai»)montredesévolutionstrèssimilaires,maisaumoinsdeuxdifférencesimportantes.

D’unepart,lagéométriedumaillagedessecteurssuburbainsdépendplusdesconditionsdusiteetdelasuperpositionde logiques d’urbanisation différentes que du rôle d’un secteur au sein de l’agglomération. ainsi, le secteur suburbain nord-est présente unmaillage réticulaire presque radioconcentrique, lié à l’influence combinéede sa situation surunsolàfaiblepentemaisaupiedd’unepenteplusaccentuée(àl’est)etàlasuperpositiondedeuxmaillages:unmaillageruralancienentrident,s’écartelantàl’approchedunoyauurbain,etunemailleplusrécente,fruitdel’extensiondesdirectrices radialesdunoyauurbaincentral,quionprogressivementcolonisé lamailleprécédente.Lesecteurnord-ouestparcontre,occupantunplateaulégèrementrehausséetanimépardelégersvallonnements,présenteunmaillageradialtracésurleslignesdecrêteetquiconvergeàlalisièredelalignederupturedepente.Ilseradoncutiledepouvoirdévelopperdanslasuitedelarecherchedessous-famillespourchaquetypedesecteurenfonctiondeleursgéométriesetdesfacteursdontellesdépendent.

D’autrepart,onobservequelesinfrastructuresontdesinfluencesdifférentessurledéveloppementdutissuurbainenfonctiondeleurpositionrelative.Lesvoiesdecontournementexternesprovoquentdanslesdeuxcasunendiguementdel’extensionurbaineverslacampagne,etparconséquenceunedensificationetuneévolutioninternedusecteur.Aucontraire,lorsqu’ellessesituententredeuxsecteursurbainsavoisinants,lesinfrastructurescausentdesdiscontinuitésspatialesquiinhibentl’évolutiondutissu(commedanslecasdusecteurnord-ouest).Toutefois,lorsqu’uneinfrastructureest franchie ouminimisée par des dispositifs aux caractères et qualités architecturales reconnaissables, et que lacontinuitéspatialeestgarantie(commedanslecasdel’ancienfossédesfortificationstransforméeenboulevard-canaldusecteurnord-est),letissutendàévoluerdemanièreplusprononcée,jusqu’àprésentercertainscaractèrespropresauxsecteursd’extensionurbaine.

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Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 201336

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Figures 14 : Ath, dynamiques de formation du secteur suburbain nord-est

Deuxconstatsgénérauxs’imposentàceniveau.Toutd’abord,lerôledessecteursurbainsnesontpasdonnésunefoispourtoutes.Deruralilspeuventévoluerenpériurbain,puisensuburbain,etainsidesuite.Leurmaillagepeutmuterdegéométrieetsefairesupportdedensificationssuccessives.Ceconstatestimportantcarilimplique,d’unepart,quelesprocessusdedensificationspontanéeexistentetméritentd’êtregouvernéset,del’autre,qu’ilestopportund’anticiperlesévolutionsfutures.Toutsecteururbainpeutpotentiellementévoluerd’unrôleruralàunrôleurbain,pourvuquecetteévolutionsoitaccompagnéedesmesuresutilesàygarantirlaqualitédevieetàévitersasaturationetparconséquenceson obsolescence et sa dégradation.

Figures 15 : Ath, dynamiques de formation du secteur suburbain nord-ouest

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37Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 2013

Ensecond lieu, ilestutiledenoterque l’évolutiondurôled’unsecteururbainest intimement liéàdeux facteurs : l’évolution sa structure urbaine et la continuité avec les secteurs urbains avoisinants. En effet, d’une part ledéveloppementdumaillageetdusystèmed’espacespublicsd’unsecteururbainsontlaconditionpoursupportersadensificationprogressivetoutenygarantissantlaqualitédevie.D’autrepart,laprésencedediscontinuitésourupturesspatialesentrecesecteuretlessecteursurbainsvoisinsfreinefortementsonévolution.Toutefois,onobserveaussiquedetellesdiscontinuitésourupturesspatialespeuventêtrefranchiesdedifférentesmanière(parexempleensemutantenespacepublicstructurant)etdevenirunfacteurdecontinuité.

4.2.2 Lecture synthétique : configuration physique actuelle au niveau du secteur urbain

Entermesdeconfigurationmorphologique,lesaspectsquicaractérisentunsecteururbainontdéjàétéénoncésaufildeslecturesprécédentes:rôleetrelationsauseindel’agglomération;conditionsdusitespécifiquesausecteur(reliefetpente,relationàl’hydrographie);géométriedumaillageurbainetsystèmedesespacespublics;typesdemaillesetîlotsenprésence;relationsentreespacesnon-bâtiseturbanisés;etenfin,types,gabaritsetmodalitésd’implantationdubâti.

4.2.3 Lecture prospective : enjeux de recomposition urbaine par la densification au niveau du secteur urbain

Àpartirdelareconnaissancedecescaractères,ilestpossibled’approfondirauniveaudusecteururbainlesenjeuxderecompositionurbaineparladensificationdéjàidentifiésauniveaudel’agglomération.Toutentenantàl’espritlesenjeuxthématiquesduniveausupérieur(agirsurlastructureurbaineprincipale;articulerlessecteursurbainsentreeux;établiretqualifierleslimitesdel’urbanisation)ils’agiticidepréciserlathématiquepropreauniveaudusecteururbain(agirdanslessecteursurbains).

Enparticulier,encequiconcernelesecteursuburbainsuddeAth,onveilleradèslors:

àdévelopperlemaillage urbainquadrangulairedusecteurenluiconférantqualitéspatiale;

• àvaloriserlesqualitésspatialesdesesmargesetliensaveclesespacesàcaractèrespaysagersdesvalléesdelaDendreoccidentaleetducanalAth-Blaton;

• àdévelopperlastructure urbaine secondaireàtraverslamiseenréseaudesespacespublicsetdeséquipementscollectifsisolésouautocentrés,afind’établirunsystèmed’espacesdesociabilitédeproximité;

• àrelancer l’évolutiondesmailleset îlotsspéciaux,c’est-à-diredanscecasceuxplusprochesdunoyauurbaincentral et qui ontdéjà subi unedensification spontanéemais sontdésormais saturés (par lemorcellementduparcellaire,parlestypologiesdubâtimisenplaceetl’absenced’espacespublicsaptesàaccueillirdemajeuresdensités);

• etenfin,àaccompagnerouprovoquer l’évolutiondesmailleset îlotsgénériques,enparticulieruneplusgrandecohérencespatialeàl’hétérogénéitédesmatériauxbâtistypiquesdessecteurssuburbains.

En règle générale, les sous-thématiques déclinées ici pour le cas particulier du secteur suburbain sud de Athreprésententuncadred’analysequipeutêtregénéraliséàtoutautresecteururbain.

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Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 201338

4.3 NIVEAU3:MAILLE.SCÉNARIOSETHYPOTHÈSES-PROJET

Aprèsavoircheminéàtraverslesniveauxd’équilibrespatialdel’agglomérationetdessecteurs,nousproposonsdefairel’économiedesanalysesauniveaudelamaillepourprésenterdesscénarioetleshypothèses-projetscorrespondantesdéclinésauxdeuxniveauxdusecteuretdelamaille.Eneffet,cetyped’élaborationconcernetypiquementcesdeuxderniersniveauxd’étude,oùleseffetsentermesderecompositiondelacontinuitéurbaineetdequalitédel’espacevécupeuventêtreplusaisémentappréhendésqu’auniveaudel’agglomération.Lesesquissesquisuiventsontprésentéessousformediagrammatique,afindenepasfigerenuneimagedéfinitiveettroppréciselesoptionsproposées,maisplutôtd’ouvrirlechampdespossibilitésetd’explorerlacapacitéd’accueildestissusanalysés.

Nous illustronsceproposci-dessouspar troishypothèsesdedensificationpour le secteursuburbainsuddeAth,ainsiquepourunedesmaillesdecesecteur.Chacunedeceshypothèsesrépondauxenjeuxidentifiésauniveaudel’agglomération,etpoursuitdesprincipesmorphologiquesdifférentsquireprésententautantd’optionspolitiquesausens large.

Auniveaudusecteururbain,cettepremièrehypothèses’appuieenprioritésur lesdirectricessecondairesdumaillagequadrangulairequi

caractériselesecteur.Cesdirectrices,perpendiculairesàladirectriceprincipale(chausséedeMons)pourraients’affirmercommeséquences

d’espacespublicsdeproximité irriguantetstructurant lesecteur,enalternativeà ladirectriceprincipale inévitablementappeléeàsoutenir

d’importants flux de trafic. Ces séquences d’espaces publics présentent la particularité d’aboutir de part et d’autre dans des espaces

paysagers:d’unepart,ausud,verslacampagne;d’autrepart,aunord,verslavalléedelaDendreorientaleetlecanalAth-Blaton.Ceprincipe

viseaussiàattirerl’attentionetlesattentessocialesrelativesàcettevalléepourqu’elleassumeunrôled’espacepublicàtousleseffetscar,

sielleaccueilledéjàdenombreuxéquipementssportifsetdeloisirs,desinfrastructuresdemobilitédouceetsiellereprésenteuncouloirde

biodiversitéimportant,elleresteobjetd’importantespressionsfoncières.

Auniveaudelamaille,ceprincipederecompositionurbaines’appuiesurlasituationdefaitetsedéclineendeuxtypesd’interventions:

• le longdesdirectricessecondairesdumaillage: favoriser lesopérationsdedensificationvisantàconstituerun frontbâticontinu (pas

forcémentmitoyen)etcapabledequalifierchaquedirectricecommeespacepublicdeproximité,sansprescriptionsparticulièresdupoint

devuedestypologiesoudeshauteursdubâti,saufcelledefavoriserdestypologiespouvantaisémentsetransformerpardensification

spontanée;

• entrelesdirectricessecondairesdumaillage,surunebandepassanteinférieureà1/3delalargeurdelamaille:favoriserlaréalisationde

typologiesexpérimentalesnon-individuellesàbasgabarit.Cesinterventions,ponctuellesetd’échelleréduite,devrontcontribueràlibérer

l’espacenécessaireàaccueilliretmettreenréseaudesfragmentsd’espaceagricoleetnaturel,deséquipementspublicsousportifs.Des

bandespassantesseconstituerontainsisousformedefaisceauxpaysagersàcaractèrepiétonousemi-piéton,reliantcampagneouverte

ausudetvalléeaunord,toutencontribuantàlamixitéfonctionnelle,àlamutualisationdesespacesetàlasociabilitéauseindechaque

maille.

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39Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 2013

LÉGENDE:1.coursd’eauetlimitesplainealluviale;2.directricematricielle(chaussée);3.directricesecondaire;4.voirielocale;5.maillageagricole;6.noyauurbaincentral;7.bâtispécialisé(château,établissementscolaire,monument...);8.bâtirésidentielmitoyenexistant;9.bâtirésidentielpavillonnaireexistant;10.équipementsportif/loisirs;11.densificationpartypologiesàbasgabarit;12.densificationpartypologiesàfrontbâticontinu;13.structurepaysagère/porositépaysagère.

ÉLABORATION:CDPT-Lepur/unitéVTP(09/2013),C.Bodart,A.deFijter,A.Fishersousladir.deR.OcchiutoetM.Goossens.

Figures 16 : Hypothèse de densification par « maillage transversal »

NIVEAU 1agglomération

NIVEAU 3maille / îlot

NIVEAU 2secteur urbain

0 1km

0 1km 0 200m

N

1 2 3 6 7 8 9 11 12 11104 5

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Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 201340

LÉGENDE:1.coursd’eauetlimitesplainealluviale;2.directricematricielle(chaussée);3.directricesecondaire;4.voirielocale;5.maillageagricole;6.noyauurbaincentral;7.bâtispécialisé(château,établissementscolaire,monument...);8.bâtirésidentielmitoyenexistant;9.bâtirésidentielpavillonnaireexistant;10.équipementsportif/loisirs;11.densificationpartypologiesàbasgabarit;12.densificationpartypologiesàfrontbâticontinu;13.structurepaysagère/porositépaysagère.

ÉLABORATION:CDPT-Lepur/unitéVTP(09/2013),C.Bodart,A.deFijter,A.Fishersousladir.deR.OcchiutoetM.Goossens

Fig. 17 : Hypothèse de densification par «grands îlots »

NIVEAU 1agglomération

NIVEAU 3maille / îlot

NIVEAU 2secteur urbain

0 1km

0 1km 0 100m

N

1 2 3 6 7 8 9 11 12 11104 5

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41Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 2013

Auniveaudusecteururbain,cettedeuxièmehypothèses’appuiesurlareconnaissanced’unordrelatentdansletissu:lemaillagequadrangulaire

dusecteuresteneffetconstituéparunréseaudevoirieshiérarchisé,oùleslargesmaillessuburbainesconcentrentsurleurpérimètreunbâti

mitoyensurparcellesenlanièreet,aucentredecepérimètre,unbâtiplushétérogènealternantbâti isoléunifamilial,bâticollectifponctuel,

équipementspublics,etenfinrésidusagricolesetnaturelsenclavés.Ils’agitdèslorsd’assumercetteconditioncommeunprincipeinachevé

demacro-îlotsoùcohabitentdemanièrecomplémentairedestypologiesetdesgabaritsbâtisdifférents:unedensitéverticalesurlepérimètre

etunedensitéhorizontaleencœurd’îlot.L’exaltationdupérimètrevisealorsàrendrelastructureurbainesecondairedusecteurpluslisible

etàcréeruneffetdesurpriseetdediversificationdemicrocosmesintérieursquis’ouvriraientàl’usagerurbaincommedemultiples«trésors

cachés»àdécouvrirl’unaprèsl’autre.Parallèlement,larelationdusecteuraveclavalléedelaDendrereprésenteraitl’occasiond’expérimenter

desvariantesduprincipeenfonctiondelaparticularitédesmaillesfaisantfaceàcetespaced’exception,qu’onchercheraàrestitueràl’usage

publicetàl’appropriationcollective.

Auniveaudelamaille,ceprincipeimpliquedediversifierlesinterventionsendeuxtypes:

• lelongdespérimètresdumaillageexistant:favoriserlesopérationsdedensificationvisantàconstituerunfrontbâticontinu(pasforcément

mitoyen)etcapabledequalifierchaquedirectricecommeespacepublicdeproximité,sansprescriptionsparticulièresdupointdevuedes

typologiesoudeshauteursdubâti,saufcelledefavoriserdestypologiespouvantaisémentsetransformerpardensificationspontanée.

Endespointschoisis,lesfrontsbâtispourrontutilements’interromprepourorganisersoitl’entrée,soitdeséchappéesvisuellesversles

intérieursd’îlot.Danscertainscas,ilseraaussiutiledeprocéderàlasubdivisiondesmaillesexistantesetàlaconstitutiondenouveaux

segmentspérimétraux;

• à l’intérieur de cesmailles principales : maintenir un bâti de bas gabarit, éventuellement accompagné ponctuellement de quelques

immeublesàtypologiepluscomplexe;déclasser lesvoiries internesdesorteàpermettre lamiseenplaced’unréseauàdominance

piétonnereliantlesespacesnon-bâtisexistantscommeunsystèmedelieuxdesociabilitédeproximité.

Ils’agitdoncdecomposerentredeuxdifférentesculturesdel’habitatcapablederépondreauxattentesdiversifiéesdeshabitants;l’une

detypeplutôturbainelelongdespérimètres,l’autredetypepériurbainevoireruraleaucœurdesîlotstoutenprésentantdesespaces

partagésdetypeurbain.L’undansl’autre,cettehypothèsesefondesurunprincipedediversitétypologique,favorableàlamixitéspatiale,

fonctionnelle et sociale.

Page 44: Notes de Recherche

Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 201342

LÉGENDE:1.coursd’eauetlimitesplainealluviale;2.directricematricielle(chaussée);3.directricesecondaire;4.voirielocale;5.maillageagricole;6.noyauurbaincentral;7.bâtispécialisé(château,établissementscolaire,monument...);8.bâtirésidentielmitoyenexistant;9.bâtirésidentielpavillonnaireexistant;10.équipementsportif/loisirs;11.densificationpartypologiesàbasgabarit;12.densificationpartypologiesàfrontbâticontinu;13.structurepaysagère/porositépaysagère.

ÉLABORATION:CDPT-Lepur/unitéVTP(09/2013),C.Bodart,A.deFijter,A.Fishersousladir.deR.OcchiutoetM.Goossens.

Fig. 18 : Hypothèse de densification par îlots denses

NIVEAU 1agglomération

NIVEAU 3maille / îlot

NIVEAU 2secteur urbain

0 1km

0 1km 0 100m

N

1 2 3 6 7 8 9 11 12 11104 5

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43Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 2013

Auniveaudusecteururbain,cettetroisièmehypothèses’appuiesurlareconnaissanced’unprocessusdedensificationdéjàadvenuetqui

aportéàlaconstitutiond’unîlotpérimétralsituédanslapartieplusprochedel’hyper-centre.Cetîlotestlapluspetitemailleexistantedans

le secteur, et est constituéepar unhabitatmitoyenpérimétral dosàdos, typiquedes tissusd’extensionurbaine. Il s’agit deproposer la

généralisationàtoutlesecteurdecetteévolutiondutissu.L’hypothèseproposedèslorsdeconcentrerlesinterventionsenvuedesubdiviser

leslargesmaillessuburbainesexistantessuivantunegrilledemultiplesetsous-multiplesdumoduleidentifié.Danscecas,laqualitéurbaineet

architecturale,ainsiquelaprésenced’espacesdesociabilité,devrontêtreentièrementconfiéesàl’espace-rueoùl’onveilleraàlimiterl’usage

del’automobileetquel’onchercheraàcomplexifierparlamiseenréseaud’espacespublics,places,placettesetjardinsexistants.Onveillera

àmettrecesespacespublicsencircuità l’échelledetout lesecteur,desorteàconstituerdesséquencesd’espacescalmesetapaisants

alternatifsà ladirectriceviaireprincipale (lachaussée).Commepour lesexemplesprécédents,desvariantesdeceprincipepourrontêtre

trouvéespourlesmaillessituéesauborddelavalléedelaDendre.

Auniveaudelamaille,cettehypothèseprésupposed’accompagnerdemanièrevolontaristelesévolutionsdutissuselonlagrillemodulaire

identifiéeauniveaudusecteur,envisantunhorizonmorphologiquededensitémaximalequel’onpeutdéfinircommeceluidel’îlot-bloc(ouîlot

urbain).Cetyped’îlot,danssaformelapluscompacte,neprésenteplusnid’avant,nid’arrière,maistendàdeveniruneunitéhomogènedu

pointdevuedesgabarits(quipeuventaussirestertrèsbas),etmêmeàadopterunsystèmemutualisédedistributiondesaccèsauxlogements.

Lelongdedirectricesprincipalesetsecondairesdusecteur,cetypedemaillepourraoffrirunediversificationdesactivitésaurez-de-chaussée

(telsquecommercesetautresservicesdeproximité),tendantainsiàrestituerl’expérienced’ambiancesvécuesdanslescentresurbains.

Cesesquissessontàconsidérercommedesschémasdecohérencespatialeillustrantlespossibilitésdedensificationrépondant à des grands principesmorphologiques. Elles ne constituent donc pas des projets au sens strict, quiauraient une prétention normative et devant à tout prix être réalisés. En ce sens, cettemodalité d’illustration desscénariospoursuitundoubleobjectif:

• la propositionde l’esquissedeprojet non seulement commesolution à unproblèmedéjà formulé,mais aussicommeoutildelectureetdequestionnementduterritoiresusceptibled’enmettreenévidencelespotentialités;

• lamiseàl’épreuvedutissuurbainafind’enmesurerleniveaud’adaptabilitéauxsolutionsenvisagées,d’évaluerlaqualitéréelleproduiteparcelles-cietd’endégagerlesmodesd’actionsàentreprendre.

Endéfinitive,cesschémasdecohérencespatialesontporteursdeslogiquesconstitutivesdutissuurbain;etc'estàpartirdelamaîtrisedeceslogiquesconstitutivesdutissuques’assuresamiseenlieninterne(auniveaud’équilibrespatialtraité)etexterne(auxniveauxd’équilibrespatialsupérieurs),lagestiondesonévolutivitéetdoncdesadurabilité.

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Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 201344

5. CONClUsiONs iNTermÉdiaires eT PisTes POUr la sUiTe

Letravailmenéjusqu’àprésentapermisdepréciserladémarche,deconstruiresesprésupposésthéoriques,etenfind'évaluerl’applicabilitédesméthodesdetravailetdesesoutilsdereprésentation.

Entermesderéponseà laquestionderecherche, l’approchepar leprojeturbaindémontreque leproblèmede ladensificationpeutêtreconsidérécommeunproblèmederecomposition urbaine par la densification. le cas d’étude présentéet lesconsidérationsgénéralesproposéesmontrent ladiversitédesconfigurationsetdesproblématiquesprésentes sur le territoire wallon, qui appellent à unemeilleure connaissance de samatérialité et de ses formes. Enoutre,lespremiersrésultatsderechercheinvitentàrelativisertouterecommandationgénériquequichercheraitàmettreenœuvreunepolitiquededensificationsansconsidérerlesparticularitésetlesspécificitésduterritoire,quel’onpeutpourtantrameneràunnombrelimitédecastypiques.Ils’agiradoncparlasuitedepoursuivrelerecensementetl’identificationdesproblématiquesrencontréesetdessolutionsenvisageables,afind’établirplusprécisémentleslignesdeconduite,lesmodalitésetlesoutilsopérationnelsàmobiliserpourlamiseenœuvred’unepolitiquededensificationdiversifiée.

Onnoteraenoutrequecetteapprochemontre les limitesde lasimpleanalysecartographique,maisnécessitedepassermaintenantparunmomentdevérificationetdequantification.Ellemontreaussiqu’unetellequantificationpeutdifficilementêtreétablieauniveaudechaqueopérationspécifique,maismérited’êtreévaluéeauxdifférentsniveauxd’équilibrespatialidentifiés.

Demême,lanotiondeprojeturbainapparaîtcommeunquestionclédansl’évaluationtantdesimpactsenvironnementaux,quedelafaisabilitééconomiqueetdel’acceptabilitésocialedeladensification.Onpeuteneffetconsidérerquelesfacteursenvironnementauxreprésententdescontraintesàl’urbanisationauxquellesêtrevigilants,maisvuàpartirdelaperspectiveduprojeturbain,l’urbanisationpeutaussiêtreconsidéréecommeuneopportunitépouraméliorer les conditionsenvironnementales,pourvuquecetteproblématiquesoitpriseencomptedansuneréflexionsystémiqueettrans-scalairetellequecelleproposée.Demanièreanalogue, leproblèmedelafaisabilitépeutêtreconsidéréauniveaumicro-économiquedechaqueopération,enfonctiondufacteurcrucialduprixdufoncier.Toutefois,àpartirde laperspectiveduprojet, ladensificationpeutconstituerun levier importantpouraugmenter laqualitédevieetl’attraitdel’espaceurbain,etdonccréerdelavaleurfoncière.L’existenced’unprojeturbain,oupourlemoinsd’unevisionde l’horizondedéveloppementurbainàpoursuivre,devientalorscrucialedans lanégociationentreacteursdel’urbanisation.Enfin,lespréférencesdeswallonsentermesd’habitatsontbienconnues,mêmesiellesmontrentdes évolutions récentes intéressantes. Toutefois, et la simple adhérence aux attentes communément expriméessemblen’offrirquepeudemargesdemanœuvrepourlapoursuited’unepolitiquededensificationenWallonie.Leshypothèses-projetdéveloppéesci-dessusmontrentqu’ilestpossible,pardessolutionsnovatricesmaispasforcémentrévolutionnaires,derépondreenpartieauxattentessocialestoutenparticipantàladensificationurbaine.Ils’agiradèslorsdepoursuivrelarechercheencherchantdevérifiercespistesderéflexionetdestabiliserlesrésultatsintermédiairesatteintsjusqu’àprésent.

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45Notes de recherche CPDT • n°41 • novembre 2013

6. bibliOGraPHie

bibliOGraPHie GÉNÉrale

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