Noon Anthropology

download Noon Anthropology

If you can't read please download the document

description

Serer Noon

Transcript of Noon Anthropology

La conception du monde, visible et invisible, et ses implications chez les Noons.par Maria et Heikki Soukka, SIL, Sngal Table de matires: Introduction 1. Les tres dans le monde et dans l'univers 1.1. Dieu 1.2. Les esprits 1.3. L'homme 1.4. Les animaux 1.5. Les arbres et la terre 2. La magie 2.1 Les gens qui exercent la magie 2.2. Les actions magiques 2.3. Les problmes/maladies causs par des actions magiques 2.4. Les prventions et protections contre les actions magiques 2.5. Les remdes pour les problmes/maladies magiques 3. Applications pour communiquer le message de la Bible en noon 4. Bibliographie Introduction Autour de la ville de This, situe 70 km l'est de Dakar, se trouve le peuple des Noons. Il compte peu prs 25 000 personnes, rpandues dans des villages dans l'alentour de This, jusqu' 15 km de la ville. Les Noons sont souvent appels srres, ce qui n'a pas de fond ni dans la linguistique ni dans les lignes familiales. Au lieu, ils font partie du groupe Cangin, terme introduit par M. Pichl, linguiste autrichien, qui inclut cinq langues/ethnies; les Saafis, les Nduts, les Palors, les Lehars et les Noons. Tous ces peuples sont souvent appels les 'Srres de This.' Entre ces ethnies, il y a beaucoup de similarits linguistiques ainsi que dans les structures de ligneage et aussi dans quelques coutumes spirituelles. Cependant, les diffrentes influences qu'ont subi ces peuples du Christianisme comme de l'Islam, rsultent dans des croyances et des coutumes un peu diversifies. Il nous parat, dans les comparaison, surtout avec les Saafis, que ce peuple-ci a gard beaucoup plus de leurs croyances et coutumes originaux, tandis que les Noons, en tout cas la surface, se sont plus integrs dans les "grandes religions". Mais cela touche surtout les manifestations officielles et les rites communautaires. Comme on va le voir, dans la vie quotidienne des individus, les connaissances herites des pres dirigent toujours la vie dans plusieurs actions et penses. Notre tude, qui sera prsente ici, est base sur des observations que nous avons faites nous-mmes pendant notre temps la rgion, mais aussi sur des informations des habitants du village de Fandne, surtout de notre collgue Franois Baa Ndione. Il faut noter qu'il est souvent difficile d'obtenir de l'information sur ce sujet, puis qu'on n'en parle pas ouvertement. Du peuple en gnral, ce n'est que dans des situations directes, quand on s'aperoit des coutumes traditionelles, qu'on peut en savoir un peu plus, en demandant de cette situation spcifique. Sans l'aide de Franois Baa, on n'aurait jamais compris autant des nuances et des significations que nous prsentons ici. Le village de Fandne est purement noon, 7 km l'est de This, et il est le village noon le plus loign des routes nationales. Fandne est presque 100% catholique, avec une glise dans le quartier central, Kusun. Le sens de la foi catholique est trs fort, puisqu'on est minoritaire dans un environment trs musulman. Un peu plus que la moiti du peuple noon se dirige vers le Catholisisme, est l'autre moiti l'Islam. Entre ces deux directions, il n'y a vraiment pas d'animosit. On partage les ftes, les uns des autres, et, dans plusieurs cas, les traditions ont leurs parallles dans l'autre religion, comme le carme, les plrinages, les baptmes etc. Bien sr, il y a des tensions entre des gens de diffrentes communauts rligieuses, mais l, il s'agt plutt des bagarres plus vieilles, entre les diffrentes ethnies, surtout envers les Wolofs et les Peuls. Donc, la surface on peut discerner des diffrences dans les dogmes et les traditions, mais au fond il y a encore plus qui les unit, et qui date du temps animiste. Dans un document, qui a cit plusieurs des notes d'un Pre Boutrais, nous avons eu une vue plus claire sur la situation il y a 60 -70 ans. Le Pre Boutrais tait missionaire dans le pays noon pendant 47 ans, et il est mort This en 1948. Il vivait avec ce peuple, et il l'a bien connu. Les observations qu'il fait dans ses notes tiennent toujours compte dans plusieurs cas, mais on peut aussi voir les changements dans les dernires annes. Nous allons utiliser aussi, dans cette tude, les remarques sur le peuple noon faites par le Pre Boutrais, comme un complment de nos propres observations, pour obtenir une vue plus large dans l'histoire immdiate du peuple. Dans l'tude nous allons voir, d'abord, les diffrents tres dans le monde, visible et invisible, selon les Noons, c..d. tout ce qui habite dans ce monde des vivants. On verra leur implication et importance pour l'homme, les dons et les dangers. Nous parlerons aussi de ce qui se passera aprs la mort; l'au-del et les penses des Noons l-dessus. Ensuite, dans la deuxime partie, nous verrons les diffrents aspects de la magie; les gens qui s'en occupe, les diffrentes actions magiques, et leurs implications. Nous parlerons aussi des problmes qui peuvent se manifester pour l'individu, et qui, dit-on, ont leur cause dans la magie; ces problmes qui prsentent un vrai danger et cause de la peur pour une grande partie des gens. Mais il y a toujours des prventions ou des remdes pour ces malheurs, comme on va le voir. Finalement, on va rflchir sur l'implication et l'application de ces connaissances dans le travail de traduire la Bible ce peuple. 1. Les tres dans le monde et l'univers Les tres vivants, prsents dans la vie, sont hirarchiss selon leur dgr de spiritualit. Tout d'abord, nous avons Dieu, 'Kooh', qui est la perfection de tout, mais aussi, par sa nature, le plus loign de l'homme et de la vie terrestre. Ensuite se prsentent les esprits soumis Dieu. L, nous trouvons des esprits malins, personnifi dans Satan, 'Seytaani', mais aussi des esprits plus bnvoles commes les anges, 'malaaka', les 'tks' ou bien le 'koof'. Plusieurs entre eux peuvent tre et mauvais et bon, comme les 'jni' et les 'rap'. Tous ces tres ressemblent l'homme, mais ils ont des caractristiques plus magiques ou spirituelles, comme la capacit de se rendre invisible. Prochainement dans la chaine vient l'homme, 'o''. L, on distingue aussi les gens dcds, les anctres, 'caasalaat', qui sont plus spirituels, videmment, puisqu'ils n'existent plus dans la forme humaine. Aprs les hommes on trouve les animaux, 'ju'' et 'rap'. Finalement, dans l'hirarchie des tres vivants, il y a les plantes, 'kedik', et la terre, 'kakaay'. Eux aussi, ils ont quelque sorte d'esprit, puisqu'ils vivent, mais beaucoup moins que les autres. 1.1. Dieu Le Dieu seul et suprme s'appelle 'Kooh'. C'est lui qui a cr et arrang le monde et tout ce qu'y est. La pense de nier l'existence de Dieu, de se proclamer athe serait trs trange pour la plupart, presque tous les Noons. 'Kooh' ne ressemble pas l'homme, et il ne se matrialise pas. Aucune personne vivante ne l'a encore vu, et personne ne connat sa nature. Pour cela, il reste un mystre tous. On peut le dtrminer par sa puissance, mais non pas par sa personnalit, puisqu'on ne le connat pas. On reconnat son existence dans les manifestations de son pouvoir dans la nature, comme la pluie, le vent, le lever et coucher du soleil etc. Pour exprimer les actions dans la nature, o on voit la main de Dieu, on dit: 'Kooh wisin/ Kooh hoowin', Dieu fait jour/nuit, 'Kooh soosin', Dieu fait froid, 'Kooh towin', Dieu fait pluie, etc. Dieu se trouve en haut, dans le ciel, d'o viennent ces manifestations. Rien n'est aussi haut que lui; il est le plus grand, le plus bon, et il a t avant tout. Tout est en dessous de lui: les esprits, les anctres etc., parce qu'il les a crs. Mais il se trouve loin de nous tous, et pour cela les gens ne font plus trs attention lui. On sait qu'il est l, mais il n'interfre pas beaucoup dans la vie de l'individu. Autrefois on faisait des sacrifice et des prires Dieu. Le Pre Boutrais raconte que chaque fois qu'on voulait toucher quelque chose dans ce monde visible, il fallait d'abord avertir Dieu et lui demander sa permission. Pour tuer un animal, pour creuser un puit, pour semer dans la terre... Il fallait d'abord demander la permission de Dieu. Il semble qu'il reste toujours des rminiscences de ces coutumes; aujourd'hui avant de creuser un puit, ou chaque fois qu'on travaille un champ pour la premire fois, on demande Dieu de bnir le travail, et on exerce des rites pour plaire Dieu. On met, par exemple, de l'corce et des poissons sechs dans la semence. Mais Dieu n'a pas toujours t si loin, si loign. Le Pre Boutrais cite ce qui lui a t racont par Mam Ndla, une vieille Noon, sur les origines du monde: "Il n'en fut pas toujours ainsi. A l'origine du monde, le ciel tait plus rapprochde la terre, il en tait si prs qu'on pouvait l'atteindre avec sa main. Et Dieu habitait tout ct de l'homme. Les franges de son manteau tombaient si bas que les enfants s'amusaient tirer dessus. C'tait le bon temps, le temps de l'abondance et de la vie heureuse. On ne travaillait pas le mil, le mas, les haricots; tout poussait sans aucun effort de la part de l'homme. Et l'on ne souffrait jamais de la faim, ni de la soif, et personne n'tait encore mort. C'tait vraiment le paradis sur la terre. Mais une faute fut commise, qui gta tout ce bonheur: Voici ce qui arriva. Une femme, aprs avoir balay sa case, ne s'avisa-t-elle pas de se servir d'un pain, en guise de pelle, pour enlever les balayures, et de jeter le pain avec le reste, dans le tas d'ordures de derrire la case. Kooh Sne (nom de famille de Dieu) se facha. "Comment, dit-il alors aux hommes, je vous ai tout donn en abondance, vous n'avez connu ni la faim, ni la soif, vous tes gros et gras comme des 'fils uniques' et c'est ainsi que vous jetez la nourriture que je vous donne! Et bien! dsormais vous en saurez le prix, la terre ne produira plus d'elle-mme. Vous suerez pour la faire produire." Et Kooh Sne plia sa tente, s'loigna avec son ciel, si loin l-haut qu'on ne l'a plus revu. Et l'homme est rest seul avec la misre pour partage." Donc, Dieu est trop grand pour se mler dans la vie quotidienne, et pour cela on ne le craint pas beaucoup. Mais si la colre de Dieu est rvle, c'est dans les circonstances plus grandes qui touchent tout un peuple, ou bien le monde entier, comme une secheresse trs grave, ou une maladie trs rpandue. Mais normalement, on cherche les causes et les remdes chez les esprits plus petits. Pourtant, Dieu juge aussi ici, sur terre, et non pas seulement aprs la mort. Il juge d'aprs le comportement de l'homme - si quelqu'un fait du mal, s'il est sans coeur. L, l'homme tombera malade sans remde, et personne n'essaye de l'aider, parce que la colre de Dieu est juste et on en est fier. On n'essaye jamais d'apaiser Dieu. Le jugement de Dieu aprs la mort est fait d'aprs la loi de s'aimer les uns les autres. L sera jug l'amour qu'on a eu pour ses prochains, c..d. les membres du clan; combien on a particip pour protger le clan, la charit envers les pauvres etc.En tout, on peut dire que le plus grand souci pour l'homme dans ce monde devrait tre de conserver le clan, tout prix. Finalement, on peut conclure que, mme s'il y a beaucoup d'autres esprits qui sont plus actifs que Kooh, c'est toujours lui qui dcide et qui dirige le monde. A cause de cela, toujours quand on parle des projets ou de l'avenir, on ajoute "ne Koohaa", 's'il plat Dieu'. 1.2. Les esprits On peut diviser les esprits dans un groupe bnvole et un autre malvole. Pourtant, plusieurs sortes d'esprits pivotent entre les deux caractres. Nous commenons par les plus bons, et continuons vers les plus mauvais. Parfois le termes se mlent, surtout quant aux diffrents esprits comme 'jni' et 'rap'. Malaaka 'Malaaka' (mot arabe) est un ange. Il y a de bons anges qui accompagnent Dieu dans le ciel, et qui sont envoys dans le monde pour des missions. Il y a aussi des anges mauvais, qui sont dans l'enfer, qui entrent les gens dcds dans le feu de l'enfer. La notion d'ange est trs influence par le Christianisme et l'Islame. Rap Pour les esprits suivants, il existe un mot traditionel en noon, 'rap', qui signifie deux choses: d'abord il quivaut la notion de 'jni', les esprits qui peuvent entrer dans l'esprit de l'homme et le rendre fou. Deuximement, 'rap' signifie des animaux sauvages (voir 1.4. 'Les animaux') 'Rap', et aussi 'jni' sont aussi des mots gnriques pour toute sorte d'esprit dans le monde; comme 'tks' et 'koof'. La distinction entre ces diffrents esprits se fait selon les formes qu'ils prennent, et les endroit o ils habitent. Ils peuvent se trouver dans la brousse, dans la fret comme dans la maison. Il y a de bons 'rap' et il y en a des dangreux. Ces derniers ont mme le pouvoir de tuer des hommes. Quand on entend dire:'Dw laakin rap' (Un tel individu a un 'rap'), cela veut dire qu'il y a un 'rap' qui s'est fach contre un individu, parce que celui-ci l'a offens: Il a voulu prendre quelque chose qui appartient au 'rap', ou bien, il a voulu rompre l'amiti avec le 'rap'. Alors, le 'rap' se met en colre et il entre dans l'esprit de l'homme, o il se montre dans le visage de l'homme, c..d. dans une maladie de folie. La seule manire de se librer du 'rap' est de lui rendre ce qui lui appartient, ou de faire ce qu'il veut. Si on ne le fait pas, on meurt. Il arrive aussi que le 'rap' attaque injustement un homme sans que ce dernier fasse quoi que ce soit. Maintenant, ce sont plutt les gens qui exercent la magie qui crent des contacts avec les 'raps'. Les 'raps' se montrent eux pour sceller un pacte, quelconque, avec eux. Il arrive que les 'raps' se montrent aux gens qui n'ont rien faire avec la magie, mais l c'est pour les effrayer et les intimider. Mais autrefois, il y avait beaucoup plus de contacts entre les hommes et les 'raps'. Beaucoup, surtout les initis, savaient comment reconnatre les traces d'un 'rap'. Par exemple, si on voyait un rcipient ct de la route et dont on ne connaissait pas la forme, on savait que s'tait un pige mis par un 'rap'. On savait aussi qu'il ne fallait surtout pas se trouver seul dans la brousse entre 1h et 2h pendant l'aprs-midi, ou entre 4h et 5h le matin. Ce sont les heures o les 'raps' sont les plus actifs. Si on voyait un animal pendant se temps-ci, on pouvait tre sr que c'tait un 'rap' dguis, qui essayerait de 'prendre' un homme. Les 'raps' sont plus fort que l'homme, et pour cela il vaut mieux les viter. Jni Dans l'essentiel, le 'jni' est un autre mot pour 'rap', mais on le dcrit souvent sparment. Probablement, le phnomne qui se prsente avec deux mots equivalents, sort du fait que le mot emprunt de l'arabe et de l'Islam, 'jni', prend parfois la place du mot traditionnel de 'rap'. Le 'jni', lui aussi, est un esprit dangreux. Il ressemble l'homme, mais il peut se transformer en n'importe quoi, surtout en des formes d'animaux. Il vit et fait partie d'une communaut, comme toi et moi, mais d'une communaut spirituelle: il a des parents, des frres et soeurs, il a une maison et un nom; Fandne il y a un 'jni' qu'on a nomm 'Helewuu'. Les 'jni' meurent, comme les hommes, et aussi font des funerailles. Autrefois, le 'jni' habitait parmi et ct des hommes, mme au milieu des village. Mais aujourd'hui ils se sont loigns, et normalement ils ne sont vus que par des gens ayant des dons magiques. Dans le pays noon, les 'jnis' habitent souvent dans le baobab ou le tamarinier. On dit que, si tu fais attention, le 'jni' ne te fera rien. Le 'jni' ne prend pas les hommes qui n'ont pas le don de voir magiquement. Koof 'Koof' est l'esprit de la maison, et il porte un nom que les gens de la maison lui ont donn. Il ne ressemble pas l'esprit qui vit dans la brousse. Il est le gardien d'une maison ou d'un village, et de tout ce qu'y appartient, tous les biens du peuple. Il garde la maison qui lui appartient, si les gens lui ont donn sa part. Ce qu'on doit au 'koof' dpend de la situation et des biens de la maison. Par exemple, si c'est un 'koof' des gens qui possdent des troupeaux de vaches, on lui donne du lait. D'autres dons possibles dans d'autres cas sont soit du vin de palme, de la farine de mil ou des oeufs. Si on fait des demandes au 'koof', on peut aussi lui verser des sacrifices, pour que le 'koof' donne ce qu'on souhaite. Si quelque chose manque dans la maison, le pre de famille, le plus an, peut verser au 'koof' pour toute la maison, mais il est possible, aussi, de verser tout seul, pour soi-mme. La forme visible du 'koof' est celle d'un animal, par exemple d'un oiseau ou d'un serpent, mais normalement, il est trs difficile voir. Le 'koof' ne fait pas de mal, mais il est toujours important de retenir de bons relations avec lui. Tks 'Tks' est l'esprit de la fort, qui prend la forme de l'homme, mais d'un homme trs petit. Si le 'tks' ne veut pas tre vu, personne ne peut le voir, mais parfois il se montre aux gens qui peuvent 'kihot kiaal', c..d. qui ont la capacit de voir magiquement. Il habite dans la brousse ou bien ct des habitations. Le 'tks' n'est pas offensif en soi, mais il peut tre dangreux pour l'homme. Il peut embter les hommes si on le drange. Par exemple, si une mre laisse son enfant dormir sur la terre dans le champ, et elle s'en va pour quelque temps. Quand elle retourne, elle s'en aperoit que la bouche de l'enfant est dforme. Alors, on sait que c'est un 'tks' qui a touch l'enfant. Seytaani 'Seytaani' est le nom de Satan, qui a beaucoup en commun avec les notion du Satan dans la Bible, ainsi que dans l'Islam. 'Seytaani' est la source de tout le mal. Ses visages sont multiples et ils se montrent dans les actions des hommes; se battre, se disputer, se fcher, tuer, 'manger les mes des hommes', pcher.. toutes les choses qui ne plaisent pas Dieu. Les actions de 'Seytaani' ne ressemblent pas celles de Dieu, parce que 'Seytaani' ne souhaite pas la paix, mais les malheurs. Il est partout, et l, o il se trouve, on ne voit pas la paix. Comme Dieu, si on l'appelle, il rpond. Le gens qui appellent 'Seytaani' et le suivent, le font parce que ce qu'il demande d'eux est plus facile, est plus attractif pour l'instant. 'Seytaani' est personnifi dans le sorcier, 'luun', ou dans le 'jni'. 1.3. L'homme L'homme est constitu de l'me - 'ft', de l'esprit - 'hel' et du corps - 'faan'. Ft 'Ft' est la partie de l'homme qui continue vivre aprs la mort. Il rejoint les esprits dans l'au-del. C'est dans le 'ft' qui doit tre programme la moralit; les lois pour la vie et le travail, pour survivre, pour suivre le 'koof' et les anctres. C'est l que se conserve l'education des parents et l'hritage des anctres. Le but de tout cela est de conserver et protger la communaut. Les vieux doivent tre revrs, parce qu'eux, ils sont les plus sages, les protecteurs, les plus proches aux esprits. Ils sont presque des esprits eux-mmes. Normalement, les gens ont peur des choses spirituelles, et tout contact avec les mes se fait travers les anciens. Quand un homme meurt, l'me quitte l'homme dans l'instant mme, si l'me n'a pas t 'mang' (l, l'me quitte l'homme d'abord, et il meurt une semaine aprs - voir 2.2. 'Actions magiques'). Il y a des cas o on prfre garder ou tenir l'me pour quelque temps dans l'homme, mme s'il est mort. Cela peut arriver pendant une fte, disons un mariage, o on ne veut pas interrompre la joie. Cet action se fait uniquement par des sages. Quand l'homme meurt, son 'ft' rejoint les anctres, 'caasalaat', dans l'au-del. L, il y a du repos et de l'abondance. Le pre Boutrais nous prsente ce que lui avait t racont par un homme qui tait l'authorit dans le village sur ce qui se passe aprs la mort. Lui mme, il avait mouru trois fois, (en effet, dit le pre Boutrais, il s'tait vanoui trois fois) et alors son me avait essay de se dgager du corps et d'entrer dans l'au-del, mais son temps sur terre n'tait pas encore fini. Mais il avait vu de loin le monde des morts. Il racontait que: "Ceux qui ont vcu ensemble sur la terre se retrouvent de l'autre ct. Les mmes familles, les mmes villages se reconstituent l-bas, comme ici. Les groupement de cases sont les mmes que sur la terre. Mais on y vit heureux. Pour tre admis dans ce monde-l, il faut plaire aux habitants. S'il y a quelque chose qui leur dplat, vous n'entrerez point. C'est ce qui explique les longues agonies, o l'me se dbat des journes entires avant de quitter le corps. Ce sont les hommes de l'autre monde qui ne veulent point d'elle. Ces invisibles ont donc des droits sur nous et tout ce qui nous entoure." Les anctres sont les intermdiaires entre l'homme et Dieu, parce qu'ils se trouvent plus proche lui. C'est trs important d'entretenir les contacts avec les anctres, de montrer de la reconnaissance pour ce qu'ils ont fait dans la vie, et ce qu'ils font maintenant. On peut aussi prier pour toute chose aux anctres. Cette pratique est toujours trs vivante parmi les Catholiques et les Musulmans. Les relations entre les vivants et les morts existent encore, au niveau de l'individu comme dans la communaut. Les anctres peuvent se fcher contre les vivants, mais ils ne leur font jamais du mal. Ils sont les tres les plus aims par les Noons. Parfois, les anciens viennent chez les hommes vivants, surtout chez les sages, et quand on en parle, aprs, on a plusieurs facons d'y rfrer, par exemple comme 'ceux qui viennent la nuit' - 'a hayin niinama', 'les vieux' - 'yaakcaa', ou bien 'les gens qui sont partis' - 'uwaa ka'?a'. Les gens ont l'impression que ces visites sont faites par les anciens comme des personnes relles qu'on a connues, et non pas seulement comme des tres spirituels ou des mes. Souvent, on dit qu'un anctre peut renatre dans un enfant: 'dw limukin ga kowukii'. Cela signifie que l'enfant porte et portera des ressemblances avec cet individu. Hel Le 'hel' est l'esprit qui est situ dans la tte; l'intlligence et l'esprit vif. Si on dit de quelqu'un 'laakoo hel' - il manque de l'esprit - c'est qu'il manque quelque chose dans la tte. C'est aussi dans l'esprit qu'on peut voir des vision ou avoir des rves. Souvent, ce sont les esprits des sages qui sont utiliss par les anctres dans cette manire quand ils veulent donner des messages aux hommes, par exemple dans des rves. Quand les 'jnis' ou les 'raps' prennent un homme, c'est dans le 'hel' qu'ils entrent, et qui sera donc le sige du mal qui vient de cet esprit mauvais. Faan Finalement, le corps, 'faan', est la partie qui meurt avec l'esprit, 'hel'. C'est le lieu d'habitation pour le 'hel' et le 'ft'. 1.4. Les animaux Les animaux, 'ju'caa', sont plus bas dans l'chelle des tres, puisqu'ils n'ont pas de 'ft', d'me. Mais, comme les hommes, ils ont t crs par Dieu et ils ont un 'hel', un esprit. Il y a deux mots pour animal; 'ju'', qui est le plus gnrique, et 'rap', qui signifie les animaux sauvages. Cette notion n'a rien faire avec le mot pour esprit. Les 'raps' vivent dans la fort, dans la brousse, ou bien parmi les hommes, comme les souris. Pour exprimer les animaux domestiques, on dit 'ju' kaan', animaux de la maison. 1.5. Les arbres et la terre Les arbres, 'tedik', et la terre, 'kakaay', font partie de la cration de Dieu, et ce sont des objets vivants. Mais au dehors de cela, ils ne portent pas beaucoup de ressemblance avec les animaux et les hommes. Les arbres ne sont pas mobiles, et ils prennent leur nourriture de la terre en dessous d'eux. Mais ils sont trs utiles pour les hommes et les animaux; ils leur donnent manger, des mdicaments, de l'ombre.. La terre (le mme mot que 'sable') est le fond de tout ce qui a t cr. Tout vient de l; l'eau, l'herbe, la nourriture.. Le sable a aussi une signification magique dans le sens qu'il reprsente les esprits qui vivent dans le monde en-dessous - l'entre de l'enfer. 2. La magie La magie occupe une place assez importante dans la vie des Noons. Mme si on a officiellement reni aux coutumes et traditions animistes, et mme si on n'admet pas tout de suite que ces choses existent dans la socit, on les voit prsentes dans les incidents de tous les jours. Et, comme nous l'avons dit dans l'introduction, ces traditions sont plus vieilles que les dogmes de l'Islam et le Christianisme, et elles tablient des trats communs pour les gens des deux religion. Par exemple, la notion de gurisseur et trs vieille et bien tablie. Chez les Musulmans cette poste a t prise, en gros, par le Marabout. Donc, le mot Marabout gale gurisseur. Mais cela est vrai aussi pour la communaut chrtienne. Dans cette religion on n'a pas d'quivalence, et alors on utilise le mot musulman; marabout. Il existe donc des marabouts catholiques: Les mots sont nouveaux, mais les fonctions anciennes. Il faut toujours ajouter que ces pratiques se font dans le niveau de l'individu, et souvent on n'en parle pas beaucoup. La communaut catholique n'exerce presque plus de rites ou d'actions magiques communautaires. Mais la ralit spirituelle et les diffrentes forces magiques sont trs relles, et elles pourvoient souvent des explications aux vnements anormaux ou tranges. Dans la magie, il y a la magie blanche qui est dans la service de l'homme, de la communaut, mais la plus grande place est prise par la magie noire, la sorcellerie. 2.1. Les gens qui exercent la magie Parmi les gens qui s'occupent des actions magiques, on voit le 'naah', le 'sldiga' et le 'luun'. Les deux premiers sont dans la service de la communaut avec un but bnvole, tandis que le 'luun' exerce la magie noire. Pour pouvoir manipuler avec les esprit, il faut avoir un don surnaturel pour les connatre, pour en tre perceptif. Ce don n'exige pas d'tre utilis. On peut l'avoir toute sa vie, et jamais s'en servir. Si on choisit de l'utiliser, on a galement le choix de l'utiliser dans le service du mal - pour tuer - ou du bien - pour sauver. Naah Le 'naah', dans la socit noon, a la fonction de gurisseur. Il peut apercevoir et gurir les maladies 'noon' contre lesquelles le docteur 'twaa' (blanc) ne peut rien. Ce sont des maladies qui ont leurs causes dans les actions magiques. Le 'naah' ressemble en beaucoup un mdcin; il travaille pour gurir, et il lutte contre le mal. Chaque 'naah' a sa spcialit dans la gurisson. Si on emmne un individu chez un 'naah', et il n'est pas capable de le gurir, il donne le nom d'un autre 'naah' qui est mieux prpar pour cette sorte de problme. Les connaissances du 'naah' sont des connaissances des plantes et des mdicaments traditionnels, qui sortent de la nature. Mais cela ne suffit jamais; chaque 'naah' a aussi un 'jni'. C'est le 'jni' qui lui montre et lui explique la maladie, et ce qu'il faut faire pour la gurir. Donc, le travail du 'naah' est toujours li la magie. Il y a aussi des 'naahs' qui n'utilisent d'autres mthodes que de 'frapper le sable' - 'kifeek kakaay' (voir 2.4. 'Preventions des actions magiques') pour se renseigner sur les mouvements magiques. Sldiga Le 'sldiga' n'est vraiment pas quelqu'un qui manipule avec les esprits et avec la magie, mais il est plutt un ancien, un sage qui porte des connaissances importantes sur le monde spirituel. Normalement, ses contacts avec ce monde sont limits aux mes des anctres. Donc, il est l pour donner des conseils, pour transmettre l'heritage des vieux. C'est lui qui est en charge des circoncisions des garons, et de l'enseignement qu'on leur donne ce temps-l. Mais, pourtant, lui aussi il a le don de voir magiquement, et il l'utilise pour voir o et quand il va se passer des malheurs qui vont blesser des gens; peut-tre les tuer. Alors, le 'sldiga' le dit et empche le mal de s'exercer. Le 'sldiga' est aim et respect par tout le monde. Luun Le 'luun' est le sorcier qui exerce la magie noir d'un but destructif. Qui devient 'luun'? C'est une personne qui a ce don surnaturel de voir le monde spirituel, et qui a choisi de l'utiliser pour le mal. Ce choix n'aboutit jamais des richesses matrielles; on ne verra jamais des preuves de la sorcellerie dans les bien d'un 'luun'. La seule preuve matrielle est dans sa vie; qu'il est vivant et qu'il agt. Le choix a t fait dans la tentation d'avoir de la puissance, et une fois commenc il doit continuer pour le besoin de vivre. Il faut qu'il sacrifie quelqu'un d'autre pour survivre lui-mme. On dit que le 'luun' est la personnification de 'seytaani', et qu'il est l pour rompre la paix, pour dtruire les vies des gens, pour emmener des malheurs, et, surtout, pour manger les mes des gens. Le 'luun' ne peut jamais attaquer quelqu'un en dehors de son propre matrilignage; donc c'est toujours la famille matrilinaire qu'il cause du mal. Si on s'aperoit du fait qu'une personne dans la communaut agt comme 'luun', il est perdu. Tout le monde l'vite, et il est laiss seul. Mais c'est la seule manire de le punir. Il n'y a pas de procs pour marquer ces gens, ou pour les punir en publique. L'exclusion muette est suffisante comme punition. Comment est-ce qu'on dcouvre un 'luun'? La seule preuve contre un 'luun', mais une preuve trs forte est incontestable, et que le 'luun' a mang l'me de quelqu'un qui en est mort. Normalement, on sait tout de suite qui a 'mang' la victime, puisqu'on connat suffisamment les membres de la famille, et aussi le 'sldiga' peut le 'voir' magiquement. Il peut arriver aussi que le 'luun' se dcouvre parce qu'il 'a got de la viande amre'. Cette expression signifie que la victime tait plus grande et forte, psychiquement et spirituellement, que son assassin mystique, et le rsultat en est que le 'luun' ne tient pas le consequences de son acte. Il est connu que, le plus souvent, les 'luuns' agissent en groupe avec d'autres sorciers. Un d'entre eux est le rsponsable de l'acte, et les autres participent en condition qu'aprs, chacun va procurer un 'me manger'. Tous les sorciers utilisent leurs forces magiques, et cause de cela on peut attraper mme un individu plus fort que chacun d'entre eux. On s'imagine que l'me vole est transforme en un animal que les 'luun' mangent. D'ici vient l'expression de 'manger' l'me. Pourtant, il se peut qu'on n'a aucune ide de qui est le malfaiteur. L, il y a une dernire possibilit, qui est rarement utilise, mais qui montre srement la personne cherche. Cela se passe comme suit: quand le 'luun', aprs la mort d'une personne, (de la mme famille que le dcd) entre dans la case de la veille funbre, et quand il sentit les fumes d'un certain mdicament qu'on utilise pour dguiser celui qui a caus la mort du dcd, il devient fou. Il tombe dans une maladie de folie, et sa tte ne fonctionne plus. Il commence dire des choses folles, mais aussi des mots du 'seytaani', et il se trahit en parlant des liens qu'il a eu avec des esprits mauvais. Naturellement, le 'luun' est conscient des dangers de cette plante, et probablement, il rfusera d'entrer dans la case, mais dans ce cas cela sera la preuve de son culpabilit. 2.2. Les actions magiques Les actions magiques, 'tumee kiaal', peuvent, en thorie, tre ralises par n'importe qui, mais en pratique ce sont les gens dcrits ci-dessus qui s'en occupent. La plupart de ces actions sont dangreuses et elles visent causer du mal, et elles peuvent mme faire du mal a ceux qui les font, mais il y en a aussi quelques unes qui sont assez innocentes. Nous commencerons par dcrire quelques actions qui peuvent tre utilises et pour le mal et pour le bien, comme 'kihot kiaal', le don de voir magiquement, et 'kilemuk' ou bien 'kijat', demander des souhaits. Aprs, nous verrons quelques actions qui sont utilises pour embter les gens, et qui peuvent tre dangreuses, mais qui n'ont pas vraiment un but mortel, comme 'kiluhuus', enchanter des objets, ou bien 'kico', maudire quelqu'un et 'kiwaatuk', jurer sur de choses fortes, ce qui peut aussi rsulter en 'kip' kakaay', manger du sable en jurant. Aussi, 'kijnaatuk', se diaboliser, a pour but principal d'effrayer des gens. Finalement, nous dcrirons les actions qui ont pour but de tuer; 'kiwooc', ensorceler, et 'kiam o'', manger l'me d'un individu. Kihot kiaal 'Kihot kiaal' est de voir magiquement. C'est comme si un oeil additionnel aurait t donn par Dieu quelqu'un, et par cet oeil il peut voir des choses qui se passent dans le monde sprirtuel, invisible aux autres. Il peut voir ce qui se passe pendant la nuit ou loin de lui, mais aussi dans l'avenir. Ce don peut tre donn n'importe qui; femme, homme, enfant, mais une fois donn, ce don reste avec lui toute la vie. Ces gens ont aussi d'autres dons magiques, et ils ont la possibilit de les utiliser ou non. Le 'luun' et le 'sldiga' ont ce don de 'kihot kiaal', mais ils l'utilisent dans deux sens contraires; pour sauver ou pour tuer, pour dfendre ou pour offenser. Kilemuk et kijat 'Kilemuk' signifie prononcer, avec la bouche, quelque chose qu'on dsire, et on le reoit, magiquement. Il s'agt normalement des choses bien concrtes. Par exemple, si je vois une mangue dans un arbre, et je dit que je la veux - et je la reois d'une manire trange, sans y monter, voil 'kilemuk'. 'Kijat' et une action similaire, o on 'attache', magiquement, une chose qu'on veut, et on la reoit. Cela se fait le plus souvent avec des animaux. Il y a plusieurs contes, qui se rptent souvent, qui parlent des dons des Peuls de voler des animaux de cette manire. Donc, ces actions peuvent tre utilises seulement pour le plaisir, mais aussi pour voler. Kiluhuus 'Kiluhuus' n'est pas mortel, mais c'est trs embtant pour les gens qu'y sont exposs. Les vieux disent que la signification en est la mme que de voler. Il se passe comme suit: une personne voit dans son esprit quelque chose qui n'est pas l, devant les yeux des autres, mais qui existe ailleurs. Il le conjure dans l'endroit o il est, et il le prsente aux gens autour de lui. On peut le faire avec de l'argent, avec des objets varis. Mais toujours, ces choses enchantes ne restent pas longtemps; aprs quelque temps, l'objet retourne chez son propritaire, et on aura la preuve qu'il avait t obtenu par manire de 'kiluhuus'. Kico, kiwaatuk et kip' kakaay Ces prochaines actions dcrivent l'emploi de la parole pour blesser des gens. Elles sont utilises surtour, dit-on, par les femmes (peut-tre par faute de force physique). 'Kico', c'est de maudire, en disant de mauvaises choses de l'adversaire. Ces choses sont des actes ou des caractristiques dont on a honte. Elles peuvent tre lies la personne mme, laquelle on parle, ou bien quelqu'un de sa famille; mre, grand-parents, anctres. Maudire la propre famille de quelqu'un, c'est la manire de faire le plus honte celui-ci, surtout si les faits sont justes. Ces maldictions sont bien fortes et elles peuvent mme tuer. 'Kiwaatuk' s'utilise aussi dans une dispute o on ne trouve pas de solution ou de rconciliation. Alors on jure sur quelque chose pour prouver qui a tort. On jure sur le nom de Dieu, le nom de son enfant ou de sa mre, ou mme sur sa propre tte. Alors on peut dire. 'Yalna mi hanat kimaasoh kuws en lak mi yrnaa' - Que je ne voie pas le lendemain si c'est moi (qui aie tort)! ou 'Mi waat ga yiiya yaa limboo?a' - Je jure sur ma mre de laquelle je suis n. Le serment le plus fort qu'on puisse prononcer, c'est de 'kip' kakaay', c..d. de manger ou grignoter du sable. L, on engage la chose la plus forte pour jurer. Quand la dispute en est alle si loin, elle commence tre trs dangreuse. Si quelqu'un a tort et il mange le sable, il peut mourir. Kijnaatuk Pour se rendre plus puissant et redoutable, on peut se 'diaboliser', 'kijnaatuk'. L, on veut se montrer comme un 'jni' devant les yeux des autres, et on commet des actes dont on est sr qu'elles vont effrayer les gens. En le faisant, on a plus de force, plus de puissance que les autres, puisqu'on a fait appel au 'seytaani', et il est venu pour aider. Cette acte est trs dangreuse, parce que quand un homme se rend compte de la force qu'il reoit en faisant appel au Satan, il est souvent tent d'aller plus loin et de manger les mes. Kiwooc et kiam o' Les deux suivantes actions sont trs dangreuses et elles visent tuer des gens. D'abord, 'kiwooc' signifie quand le 'luun' trouble et dconcerte une personne de telle manire qu'elle commet des actes qu'elle ne fait pas normalement, ou qu'elle n'a jamais fait. Et en consequence de les commettre, elle meurt. Les actes peuvent tre des choses telles que; sortir pendant la nuit, se bagarrer avec des gens, boire jusqu' s'enivrer...et ces actes les tuent. Les gens qui ont t expos 'kiwooc' n'en sont pas conscients, et ils ne contrlent pas ce qu'ils font. De 'kiwooc' quelqu'un est une acte de Satan. L'autre action tuante est de 'kiaam o'', manger quelqu'un, ou bien l'me de quelqu'un. Alors, c'est le 'luun' qui 'prend' l'me d'une personne, et la retient en captivit. La personne qui a perdue son me, tombe de plus en plus malade. Elle perd l'envie de vivre, et elle commence mourir, sans cause visible. On peut l'emmener chez le mdcin, mais il ne trouvera rien, et il n'y peut rien. Si on ne trouve pas celui qui a vol l'me, et le lui fait rendre, la personne va mourir aprs une semaine. Si cela arrive, il est toujours possible de dcouvrir le coupable, comme on l'a mentionn en dcrivant le 'luun' (voir 2.1.) Souvent, pour attraper la personne dont il voulait prendre l'me, le 'luun' se transforme, 'kisptuk', en forme d'un animal. De mme manire que le 'jni' auquel il obit, le 'luun' a la capacit de se transformer en plusieurs formes. (On dit que le singe est toujours une transformation fminine d'un 'luun'!) 2.3. Les problmes/maladies causs par des actions magiques On en a dj dcrit quelques uns en parlant des actions magiques, mais on va les voir encore d'un peu plus prs. D'abord, il y a les maladies qui sont directement lies au fait de 'kiaam o'', manger l'me, pour celui qui a perdu son me, qui a t mang, 'kiamu', ainsi que pour celui qui l'a mange ('kiyoluk'). Ensuite, nous avons les manifestations chez les gens qui ont t expos au contact avec des 'jni'; 'kikeen bo', l'homme jet par terre, le 'fi' luun', le pige d'un sorcier, et 'kitit', tre effray. Le 'hs' est un autre esprit que le 'jni', qui peut entrer dans un individu dans de certaines situations, et causer des problmes.Aprs, nous verrons celles qui se manifeste plutt comme des maladies normales; 'kinoonoh', maux de tte, 'tf - nan - kuhas - nof', les gonflages ou les infections, mais qui ont leur origine dans des problmes avec les esprits. Finalement, nous avons les problmes de 'ku', la bouche, 'ki'm', et 'kitam', brler, qui ne sont pas de maladies, mais qui portent malheur en gnral. Kiamu Quand un individu a perdu son me il subit des souffrances terribles. Il tombe malade, son corps fait mal, et il brle de fivre. Si le 'luun' a enlev l'me ailleurs, la personne peut durer trois jours au maximum. Ensuite, il meurt. Si le 'luun' a pris l'me et l'a place ailleurs dans le corps de l'individu, apr exemple dans le pied, il peut durer jusqu' une semaine, mais alors, s'il ne l'a pas trouve, il meurt. La seule manire de gurir de cette maladie est de trouver le 'luun' et de lui forcer de rendre l'me. Cela se fait par les 'naahs'. Un mdecin de la mdecine scientifique n'y peut rien. Donc, si une personne meurt trs vite, sans cause visible ou sans une maladie prcdente, on pense automatiquement que son me a t vole. Kiyoluk De l'autre ct, celui qui a pris l'me, peut tomber malade dans le 'kiyoluk'. Cela implique qu'il devient fou, et agt comme possd par un mauvais esprit. L aussi, il y a de la gurison chez le 'naah', pourvu que le 'luun' soit prt rendre l'me vol. Kikeen bo Parfois, on peut voir une personne qui pique des crises pour quelque temps. Il se jte par terre, il murmure des choses incomprhensibles. C'est le 'kikeen bo'. Si on essaye de le calmer, il se bat et il agt comme s'il voudrait mourir. Cette personne est possde par un 'jni', un mauvais esprit, et pour qu'il se rveille, on doit lui faire ce qu'il demande. Quand les vieilles du village voient une telle apparition, elles savent immdiatement de quoi il s'agt et ce qu'il faut faire. Le plus souvent ce sont de vieilles femmes qui sont prises par un esprit de telle manire. Normalement, le 'kikeen bo' arrive quelqu'un qui a eu de trs grands problmes, mais aussi il peut arriver quand on a invoqu le nom d'un esprit. Fi' luun Le 'fi' luun' est un pige du sorcier, qui est plac quelque part dans la nature. On dit que le pige est fait des nerfs qui ont t brls, et tresss ensemble pour faire un filet. Quand un individu marche l-dessus, il est blss comme s'il avait t brl. Il tombe malade, son corps fait mal, et il brle de fivre. Parfois, les victimes ont des blessures sur les pieds, comme s'ils avaient march sur du feu. Cette maladie peut tre gurie par le 'naah' seul, et elle peut durer trs longtemps; trois semaines ou encore plus. La victime n'a pas t vise de la mme manire que celui qui perd son me. Celui qui est attrap dans le pige peut mme l'tre par accident, mais le plus souvent, le pige y est mis parce que le 'luun' sait qu'une certaine personne va passer par l. Kitit La peur n'a rien de magique en soi, mais parfois le 'kitit' est li justement aux occasions quand des gens on t effrays par un 'jni', ou par des manifestations des choses magiques. 'Kiniik' est l'autre forme de peur, qui est plutt li la lchet, mais le 'kitit' est caus par quelque chose de rellement dangreuse. C'est la peur la plus forte que l'homme puisse ressentir. Hs' Le 'hs'' est un esprit apart d'autres esprits qu'on a vu; il est rellement l'esprit de la mort. Il est comme un souffle qui se dgage d'un mourant et entre dans une personne qui assiste l'exhalation du dernier soupir. Il se manifeste dans cette personne sous la forme d'une maladie: il y a des douleurs, et on peut sentir le 'hs'' bougir dans le corps. Cette maladie n'est pas grave, et on peut la gurir en utilisant des plantes ('dmb'), et en tout cas, les douleurs passent aprs un ou deux jours. Le 'hs'' existe seulement dans une personne dans laquelle il entre du mort - il ne peut tre considr hors de son inclusion quelqu'un, et consquemment il est plutt une maladie qu'un esprit spar. Voil la raison pour laquelle nous n'avons pas mentionn cet esprit dans la prsentations gnrale des esprits. Kinoonoh 'Kinoonoh' est une maladie de maux de tte et de fivre, qui peut 'prendre' l'homme. Cela arrive en toute saison, et les douleurs tendent augmenter quand le soleil disparat le soir, et elles diminuent le matin jusqu'au soir. Pour se librer de ce 'noonoh' il faut se laver un autel ( la maison ou ailleurs). Si on ne le fait pas, on peut en mourir. Tf, nan, nof et kuhas Il y a d'autres douleurs qui peuvent attaquer de diffrentes parties du corps. Ces maladies sont causes par des problmes dans les relations avec le 'koof', l'esprit de la maison. Il se peut que les ruptures de relations se soient passes entre les gens de la maison et le 'koof' il y a trs longtemps, mais elles se manifestent encore quand on ne suit pas des rgles donnes. Par exemple, si on va prendre des feuilles ou des fruits du palmier ou du baobab, et on n'a pas demand la permission du 'koof', celui-ci se fche, et il peut donner une plaie qui s'infecte et qui gonfle. Ou bien, si on s'assoient pour manger ensemble, et quelqu'un refuse de mettre la main dans la calbasse, alors le 'koof' se fche et la maladie prend le coupable. Parfois ces maladies peuvent prendre une personne qui n'a rien fait de mal, mais qui se trouve dans un endroit qu'il ne frquente pas normalement. Ces diffrentes maladies, causes par le 'koof' portent les nom de 'tf', corce, 'nan', araign, 'kuhas', oeil, et 'nof', oreille. Chaque 'koof' a ses propres symptmes et ses endroits o il affecte le coupable, et si on ne connat pas les signes des plaies, il faut demander au 'naah'. Toutes ces maladies sont gurissables, mais il faut le faire dans la maison du 'koof' qui a agi. L, il faut faire des rites de purification, pour que le gonflement disparaisse. Ku Le 'ku', la bouche, ressemble beaucoup la notion du mauvais oeil. Si le 'ku' t'atteint, tu auras du malheur. Le 'ku' peut tre appel par le fait que tu te distingue des autres et les gens parlent de toi de bonnes choses. Ces mots reviendront toi et t'attaqueront, et tu n'y peut rien. Alors, si on parle trop favorablement d'une personne, on s'arrte, par peur de lui faire attraper par le 'ku'. De l'autre ct, si on dit de mauvaises choses de quelqu'un, cela ne peut que lui faire du bien (magiquement). Ki'm et kitam De mme manire que 'ku' peut porter malheur travers les mots prononcs, le 'ki'm' le fait travers des choses qu'on a vues ou entendues. Ce sont des objets ou des situations qui sont privs ou tabous, par exemples des parties nues du corps. Si un individu les voit, mme s'il sait qu'il ne fallait pas regarder, cela peut lui 'ki'm', porter malheur. S'il commit une faute comme celle-ci, la route peut se fermer devant lui, et il sera sans succs dans ce qu'il fait pendant ce jour-l, comme punition pour l'acte de regarder. 'Kitam' est le mme phnomne, mais il touche les enfants et les femmes enceintes. Si un enfant voit des choses qu'il ne doit pas, comme le derrire d'un adulte, ou bien s'il entend des mots qu'il ne doit pas, comme des jurons ou des gros mots, cela peut lui 'kitam', brler. Si une femme enceinte est refuse quelque chose dont elle demande, comme nourriture, cela peut brler l'enfant qu'elle porte, et lui donnera comme une cicatrice quelque part sur le corps. On appelle cela aussi 'tam keeaa', la colre. Alors, le 'hel', l'esprit de la femme reste attach avec l'objet qu'elle a demand, qu'elle dsire, et cette deception se marquera sur l'enfant. 2.4. Les prventions et les protections contre les actions magiques Quand on veut se protger contre les esprits, ou bien les rendre plus amicaux, ou bien si on veut prevenir le mal en le prvoyant, on a de diffrentes possibilits. On va voir, d'abord, les actions d'observation; 'kimltuk', observer des signes qui portent bonheur, et 'kipa', essayer de voir dans l'avenir. Ensuite, nous verrons les sacrifices qui sont faites dans le but de prvention; 'kisee' ou 'kiaamuk', libation, et 'kiokit', asperger d'eau bnite. Une prvention qui se manifeste comme une intervention active dans le monde spirituel, est le 'kipok o'', ou 'kidif o'', apaiser ou bien attacher un homme magiquement. Aussi nous avons le 'kimet', se dplacer magiquement. Finalement, nous prsenterons quelques tabous, qui sont eux aussi, de quelque sorte, des prventions du mal. Kimltuk 'Kimltuk' vient du 'kimal', porter bonheur, et 'kimltuk' signifie le fait de activement chercher les choses et les situations qui portent bonheur. On le fait, par exemple, le matin, en se fixant sur une chose qu'on a dj vue ou qui est dj arrive une autre fois, et ce jour-l, on a eu du bonheur. Cela peut tre une sorte d'herbe, une nourriture du petit djeuner, un noix de cola, une personne qu'on voit... Alors, on s'attache cette chose, et on essaye de la rpter chaque jour. Ki'aamuk et kisee Pour les libations, il y a deux termes, 'ki'aamuk' et 'kisee'. 'Ki'aamuk' vient de 'ki'aam' qui signifie 'verser' ou 'prsenter'. C'est une action qui se fait quand une personne veut prier ou se tourner vers un 'koof' ou un 'rap', n'importe quel. Alors, il verse quelque chose qui plat l'esprit, comme du lait, du sang, du vin de palme, de la farine ou bien des oeufs. Pour verser, il faut aller un certain lieu dans un certain temps, et on ne doit tre vu de personne. Les lieux sont des endroits dans la nature; une pierre, un arbre, qui ne sont pas marqus d'un signe, mais qui sont connus par tout le monde. Autrefois, le 'ki'aamuk' se faisait seulement au 'koof', et c'tait seulement le 'ha' kaan', le chef de la famille, qui versait pour toute la famille. Mais, aujourd'hui cela se fait par n'importe qui, et on verse tous les esprits. Le 'naah', par exemple, verse ses 'raps' pour qu'ils soient avec lui. Les gens qui ont un autel doivent verser souvent, sinon le 'rap' se fchera contre eux. 'Kisee' signifie les dons qu'on verse aux anctres, pour les entretenir. Chaque fois, avant de boire du vin de palme, de la bire, n'importe quelle boisson (sauf de l'eau) on en verse un peu sur la terre. Cette boisson appartient aux gens morts, et ils vont la boire. Si on ne verse pas, le rcipient en peut briser et la boisson sera perdue. N'importe qui peut 'kisee', n'importe quand. Une situation specifique occasionne le 'kisee ga enigaa'. Le 'eni' et le lieu l'entre est du village, o l'on s'arrte avec les morts, en partant au cimitire, pour lui dire adieu. Il arrive qu'on verse pour le dfunt cet endroit 'eni',une boisson qu'il a bien aime (le plus souvent, le vin de palme), juste avant de quitter pour le cimitire. Une action aussi lie la notion de 'kisee' est ce qu'on fait avant de manger de la nouvelle nourriture, comme les haricots, les mangues, le mil - la nourriture qui revient chaque anne. On en prend un peu et on le mlange avec du charbon, ou avec de la farine de mil (il y a deux traditions), ensuite on le mange. Si on ne fait pas ce rite, on risque d'avoir des maladies (maux de ventre, de tte, des yeux etc) ou des accidents. Kiokit Parfois, il y a des vieilles femmes castes, mooles, qui viennent dans les cases et aspergent les animaux avec de l'eau bnite. Certaines le font aussi sur les hommes. Cette action s'applle 'kiokit', qui se traduit le mieux en 'bnir'. Alors, elles rentrent trs tt le matin, quand les gens sont toujours au lit, et elles les arrosent. Le but est de purifier les gens et les animaux pour les prparer pour la rcolte, pour qu'elle soit abondante, car ce phnomne est pratiqu l'approche de la saison des pluies. Kipa, kifeek kakaay et kimalakluk Quand on souhaite s'informer sur l'avenir, on utilise le 'kipa'. Cela se passe souvent en relation avec un phnomne qui concerne beaucoup de monde, comme la saison des pluies, un mariage, un dcs, un baptme ou un voleur dans le village. Alors, certaines personnes se runissent dans un endroit spcifique. Ce sont des vieux sages du villages qui poursuivent le 'kipa'. Parfois, d'autres hommes sont admis couter, mais les femmes et les enfant n'ont jamais le droit d'y assister. Les sages regardent le sable, et l, ils peuvent connatre ce qui s'est pass, se passe, ou qui se passera. On veut savoir s'il y a quelque chose de bon ou de mauvais qui arrivera; s'il faut essayer de l'empcher ou bien le laisser. S'il faut intervenir et enlever le mal, on le fait, si on peut (voir aussi 'kipok o''). Cette action de regarder dans le sable s'appelle aussi 'kifeek kakaay', frapper le sable, ou bien 'kimalakluk', se faire regarder. 'Kimalakluk' est utilis aussi pour des situations o on a des questions plus personnelles propos desquelles on veut avoir des conseils. Alors, il est possible d'aller chez quelqu'un qui sait regarder dans le sable, et on assemble quelques autres personnes pour le faire. L, on peut regarder dans le sable, mais aussi dans les 'peetay', de petites coquilles. Kipok o' et kidif o' Quand on veut intervenir pour empcher du mal, on peut utiliser le 'kipok o'', ou bien 'kidif o''. Alors, on s'en est aperu qu'une certaine personne va causer des problmes dans l'vnement imminent. Pour l'viter, on peut l'attacher, 'kipok', magiquement, mais ce sont les sages seuls qui savent le faire. L'homme sera apais, un peu malade, mais il sera en pleine vigueur quand l'vnement aura fini. Ce qui lui arrive est justement suffisant pour le faire sortir de la situation. Parfois, il s'endort, et il dort pendant tout le temps de l'vnement. On explique l'action dans une telle mtaphore: "Si un voleur entre dans une maison, il attache le matre de la maison avant de voler le cheval ou la vache ou ce dont il est venu pour voler." Si le danger est plus grave, on peut 'kidif o''. Alors l, on pose une pierre sur un objet qui signifie la personne dangreuse, et en mme temps qu'on le fait, cette personne tombe trs malade. Tout son corps fait mal, et elle ne peut pas se lever jusqu' ce que la pierre soit enleve. Parfois, la personne comprend qu'elle a t expose 'kidif', mais elle n'y peut absolument rien. Il y a aussi un danger que, si le 'dif' dure trop longtemps, cela peut tuer. Kimet Si un homme voit un danger, et il ne voit pas de manire de s'en sortir, il peut 'kimet', se dplacer magiquement. On quitte un endroit pour aller un autre, mais sans utiliser les pieds ou un vhicule. C'est comme si on volait, mais personne ne peut le voir. On dit que le 'kimet' et trs courant, et que cela peut se faire par toute personne ayant ce pouvoir; homme, femme, enfant. Mais la raison pour le faire est, le plus souvent, pour se sauver la vie. Tabous Quelques tabous existent dans le pays noon, qui ont pour but de protger les gens du mal. Des tabous de nourriture sont par exemple: Une femme enceinte ne mange pas le pigeon. Certaines personnes ne mangent pas la chvre ou le lapin; cela leur ferrait tomber malade. Quand on mange, il faut toujours laisser un peu dans le bol pour le 'jni' de la calbasse. Autres tabous: Une personne non caste (ge') ne se marie jamais avec une personne caste (mool ou huul). En revanche, il est bien acceptable de se marier travers les ethnies et les religions. Les femmes ne doivent pas porter des habits noirs, si elles ne sont pas en deuil. Cela porte malheur. Aussi, on ne chante pas de chansons de deuil ailleurs que quand il y a un dcs, cela par pure crainte de la mort. Il y a certains animaux dont il ne faut pas mentionner les noms pendant la nuit. Par exemple, pour le serpent noir, 'go', on dit 'faskoh', celui qui rampe, pendant la nuit. Une dernire remarque, qui n'explique vraiment pas un tabou, mais qui est tellement importante qu'il faut encore la mentionner. Chaque fois qu'on parle des projets, de l'avenir, des choses auxquelles on s'attend, il faut ajouter, 'ne Koohaa', s'il plat Dieu. Toute autre manire de le dire serait prsomptueux et fou. 2.5. Les remdes pour les problmes/maladies magiques Les solutions pour des problmes dj existants, ou les remdes pour des maladies causes par la magie, tout ce trouve dans la nature autour du pays noon. Le 'kediknoon', le mdicament noon, s'oppose au mdicament toubab, qui ne peut rien contre les maladies magiques. Tous les mdicaments viennent du 'kedik', de l'arbre; de la racine, de l'corce ou des feuilles. Chaque 'kedik' a ses propres fonctions et ses maladies qu'il peut gurir, tout comme le 'kediktwa', les mdicaments occidentaux. Les parties de l'arbre sont utilises dans de manires diffrentes: on les trempe dans eau pour en boire, on les pulvrise ou on les coupe en petits morceaux. Aprs, on applique le 'kedik' en se lavant, en buvant, en s'en frottant ou en rinant la bouche. Il y a des mdicaments pour tout, et surtout pour des problmes comme maux de ventre, maux de tte, de nouvelles plaies et de vieilles. Les anciens disent que quand on prend une partie de l'arbre, il y a des mots ou des prires specifiques qu'il faut dire au tronc de l'arbre. Autrefois c'tait les vieux du villages qui connaissaient tous les mdicaments, et les manires de les utiliser, et c'taient eux qui allaient les chercher. Ils fonctionnaient comme des docteurs dans la socit. Les vieux savent toujours ces choses, mais aujourd'hui, n'importe qui va dans la brousse pour chercher des 'kedik'. Mais, videmment il ne s'agt plus des mmes connaissances. De plus en plus, le 'kedikwaal', les mdicaments wolofs, entrent et se mlent avec les 'kediknoon'. L, le 'kedik' est constitu surtout des parties de l'criture du Coran, et on utilise, en addition des manires noons, aussi la tradition d'attacher le mdicament au corps comme une amulette. Le rsultat est que les traditions se mlangent ; on attache des parties d'arbre au corps etc. En plus, ce n'est plus aux anciens qu'on s'adresse pour savoir ce qu'il faut faire, mais au 'naah' qui demande conseil son 'jni'. L'influence du 'naah' a donc augment. Les anciens avaient l'habitude de demander au 'koof'. Le mot pour gurir est 'kipa', le mme mot que pour l'action de regarder dans le sable. Cela vient du fait que pour pouvoir gurir une maladie, il faut demander aux esprits la cause, et voil justement la notion de 'kipa'. Donc, il est important de souligner que les mdicaments traditionnels ne sont pas seulement des plantes qui gurissent, mais qu'ils sont toujours lis aux esprits et aux forces magiques. 3. Applications pour communiquer le message de la Bible en noon. Selon ce que nous avons vu, les concepts du monde et des ralits spirituelles chez les Noons, refltent bien ceux des cultures prsentes dans la Bibles. La socit dans laquelle Jsus est venu, connaissait ce Dieu tout-puissant, mais aussi ces peurs des esprits. La culture et les croyances des Noons sont beaucoup plus proches celles des peuples auxquels le message de Jsus est venu pour la premire fois, que le sont les cultures prsentes dans les pays occidentaux o l'existence d'un monde spirituel est nie, plus ou moins, et o tous les problmes et toutes les maladies sont expliqus par les sciences psychologique et mdicale. Dans le temps de Jsus, il y avait beaucoup de gens qui avaient des problmes causs par la magie. Les vangiles parlent autant des gens possds par des esprits que des gens avec des maladies physiques. On savait aussi qu'il y avait de diffrents dgrs de problmes avec les esprits. Jsus dit lui-mme, quand les disciples lui demandent pourquoi ils n'ont pas pu chasser un esprit: "Cette espce-l ne peut sortir que par la prire et par le jene." (Marc 9:29) Donc, il ne faut pas commettre la faute de prsenter le message de la Bible travers un verre occidental, mais dirctement du point o se prsente le message. Il ne faut pas partir de l'humanisme o nous avons t enseigns, mme inconsciemment, et transmettre les problmes que nous avons d'athism, et qui n'existent vraiment pas encore chez ce peuple. Il nous semble vraiment que Dieu a prpar ce peuple dans leur propre culture, pour son message. La notion de 'Kooh', Dieu, est toute fait le mme que dans la Bible; Dieu est bon, il est tout-puissant, il est crateur. Ce qu'il faut ajouter cette image est la notion d'un Dieu actif qui cherche les contacts avec les hommes. Il y a quelques termes qui posent des problmes, et ce sont les mots emprunts, qui sont utiliss et dans le Catholicism et dans l'Islame. Ce sont des mots comme 'malaaka', ange, et 'seytaani', Satan, mais aussi des termes importants comme 'barkeel', bnir/bndiction. Ces mots portent toutes les significations des deux religions, parfois mlanges avec des croyances traditionnelles. Il est trs difficile de voir les vrais significations pour les gens, et comment viter des malentendus des usages dans la Bible. Aussi, puisque ces termes sont tellement bien intgrs dans la langue et la socit, il est presque impossible de trouver des mots plus anciens qui existaient peut-tre une fois. Mais pour le point fondamental de la Bible, les bonnes nouvelles donnent une rponse suveraine aux problmes et aux questions du peuple noon. Ils croient aussi, comme il est dit dans la Bible, que c'tait par le pch de l'homme que le contact avec Dieu avait t rompu. Et aprs, sans la relation de Dieu, on a essay soi-mme de se protger et d'apaiser les esprits - les esprits, qui sont en dessous de Dieu et moins forts, mais qui sont plus prsents dans l'absence de Dieu. Alors, quelle joie, quelle bonheur de savoir qu'on n'a plus besoin de se justifier seul, de battre contre les puissances de la nuit, mais que Jsus est la sacrifice suprme. Il n'y a plus de peur, plus de fuite. Les esprits, la magie, les sorciers, ils ont perdu leur pouvoir sur les gens qui vivent en Christ!4. Bibliographie Pre BOUTRAIS, 'Les Nones' MARANZ David, 'Senegambian World View' Autre littrature relate au sujet: LUZBETAK, Louis J. 1976. The Church and Cultures. Pasadena: William Carey Library. DONOVAN, Vincent J. 1978. Christianity Rediscovered. Maryknoll, New York: Orbis Books. CARLSON, Joyce. 1982. "The Suppire Panthon." Unpublished. Available from TSD. 21