Nommer Les Nouveaux Territoires Urbains - Dire Les Nouveaux Territoires _ Du Stigmate de La...

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Nommer les nouveaux territoires urbains

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    ditionsdelaMaisondessciencesdelhomme

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    Nommerlesnouveauxterritoiresurbains|HlneRiviredArc

    Direlesnouveauxterritoires:dustigmatedelabanlieuelubiquitdupaysageGermain Adell et XavierCapodanop.6384

    TexteintgralLvolution du regard sur ce qui peut tre dnommprovisoirement les nouveaux territoires, que nousanalyseronsplus loin,peut tre tudieen fonctiondesmotsquisontapparuspourlesdsigner.Lesconditionsdapparitiondecesmots,surtoutdeceuxenprovenancedu milieu scientifique, peuvent apporter des lmentsimportantspour lanalysedesralitsquilscontribuent produire. Nous nous proposons de classer ces motsselon trois types de dfinition de ce qua t chaquepoque le territoire du dehors, du nouveau, face auxespaces connusde la ville centrehistorique.Chacunde

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    cestrois typesauraituneformedvolutionetdesmotsquiluiappartiennent.Le premier groupe est constitu des mots les plusanciens : il sagit essentiellement de faubourg etbanlieue. Ce type de mot reste le plus ancr dans lelangagepopulaire.Ledeuximegroupeestformpardestermesissusdunedmarche par dfinition descriptive et analytique (carscientifique), ces vocables auraient surgi avec unecaractristique spciale : la rfrence du mot unpositionnementspatialouunehirarchie.Le troisime groupe est lui aussi dorigine savante,disciplinaireouscientifique.Pourdpasser lesmotsquifontrfrenceunepositionrelativedsavantageuse,onremarquera en gnral lutilisation du mot ville (quiredonneraitunecertainelgitimitcesterritoires)dansun terme compos qui cherche dcrire certainescaractristiques fondamentales de ces espaces commeleurfragmentation(villeparpille,villearchipel,villela carte, etc.) mais surtout restituer ces territoiresleurcaractredeville(oupolisdansdes termescommemtapolis,exopolis,etc.).Dautre part, le foisonnement actuel de termes quiessaient de dcrire les nouveaux territoires (de larecomposition gographique de la forme urbaine encours, voir groupe 3) appelle sans doute analyser entermes de pouvoir et de savoir lattribution et lefonctionnement des lgitimits scientifiques. On seraittent de dite qui dnomme domine et cest cettecourse loriginalit, au terme juste, qui parat tre entoile de fond de ces essais o les logiques particuliressimposent sur une ncessit ventuelle (qui teste dmontrer) dunification des critres pour dpasser lestadedescriptiforiginaire.Nous allons tenter une premire approximationanalytique de ces groupes, sans prtendre lexhaustivit.

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    PremiergroupeLe premier groupe est constitu des mots les plusanciensdont lorigineseperdmmesi lonconnat leurtymologie : il sagit essentiellement de faubourg et debanlieue. Le phnomne suburbain Paris esthistoriquement li ces deux termes. Si les faubourgsoriginaux avaient t incorpors successivement lenceinte de Paris, les banlieues avaient perdu leurcaractre juridique de dpart (do le mot tire sonorigine)pourseconstituerenconglomratdecommunessuburbaines.Ce typedemot reste leplusancrdans lelangagepopulaire.Silesnouveauxmotsquiapparaissentpour dsigner les nouveaux territoires, en provenancedessciencesetdesdisciplinesdelespaceonttantdemal simposer, cest peuttre dabord cause de cestigmate originaire du positionnement spatialdsavantageux qui ne faisait que doubler celui dont lequotidien avait dj affubl des mots comme banlieue(Picoche1992)1.DanslespremiresdcenniesduXXesicle,lesbanlieues,peuttre pat manque de donnes prcises, peuttreparcequelephnomneesttrsneuf,nesontpasencoreunobjet,nimmeunterraindtudefontexceptionlestravauxdesjuristesetdesurbanistesgroupsautourdelInstitut durbanisme de Paris qui se proccupentsurtout des problmes techniques, administratifs etjuridiques causs par la croissance de lagglomrationparisienne, et tout spcialement par les lotissements.Cependant,lestravauxpionniersdustatisticienMeuriotsontundmarrageimportantpourltudedelabanlieue.En 1909,Meutiot prfre le terme agglomration celui de banlieue . Dans une tude comparative devilles europennes, il montre quon ne peut plusdissocier ville et banlieue, toutes deux doivent trerassemblesdanslagglomration.Cetteagglomrationpeuttreidentifiededeuxfaons:

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    Apriori...ondcrirait lavanceunprimtredansunrayon donn, et toute population y comprise seraitcompte dans lagglomration. [...] a posteriori,consisterait ne pas dlimiter lavance la sphre delagglomration,maisyagrgerleslocalitsvoisines,mesurequellesatteindraientunchiffredepopulationdterminer. La croissance dune localit serait le signequelleparticipelaviedelavilleetainsielleenseraitjustementuneannexestatistique(Meuriot1909).

    Les grandes villes ds lors prennent une extensiontentaculaire2, se transforment en une vaste rgionurbainedont lesdimensionssamplifient lchelledesdplacements des habitants [...] Les mtropolesmodernes apparaissent comme des organismesdforms par la banlieue, comme des grandes massesdont la trame urbaine est plus ou moins serre, maisgrce lintensit des relations et des changes, ellesforment un monde part que solidarise la mme viecollective en dpit des problmes soulevs pat cesnouvellesstructuresurbaines(Clozier1945).

    Cette vision un peu nave de la banlieue est pourMeuriot une faon de dpasser, par la statistique, lesdnominations administratives, lagglomration tant,selon son point de vue, un vrai district urbain, unergionville.Les tudes sut la banlieue vont connatre un vritableessor avec les travaux de Ren Clozier. Cest traversltude dune gare parisienne et des mouvementsmultiplesquellesuscite,mouvementsdemarchandises,depersonnesetdplacementsvillebanlieueetbanlieueville, que Clozier va ouvrir un champ de recherchenouveau. Cest par la mobilit que la banlieuecontemporainevaentrerdans lechampscientifique.Labanlieue,formemodernededveloppementurbain,est envisage par Clozier de faon trs neuve, commelespace o se lisent de faon privilgie les mutationsdes groupes sociaux et de leurs rapports. Les moyenstechniques,telsquelechemindefer,vonttransformerlanotiondespaceurbainclassique:

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    Cependant, pour essayer de comprendre lestransformations de lespace priurbain, cest le motbanlieuequi reste leplususitparClozier,mmesi lesreprsentations qui lui sont associes sinscrivent dansun registre beaucoup plus large par rapport Meuriotqui,lui,tentaitdesedgagerdecevocable.PourHenriSellierledveloppementducapitalismeestloriginede lavillemoderne :cest larrivede lavilletentaculaire . Mais la force dattraction et deconcentration qui caractrise la ville moderne trouvecependant une limite dans la capacitmmede la cit.On entre donc dans un processus de spcialisation delespace urbain et dans la constitution des priphriesdagglomrations soit industrielles, soit rsidentielles etluxueuses, occupes pat des catgories sociales biendistinctes. Du phnomne de dcentralisation desvilles et dextension vers la priphrie procdedirectement celui de la cration des banlieuesmodernes (Sellier 1920). Sellier va pousser lanalysesurlesdisparitsquisecrententrelavillecentreetsespriphries (disparits foncires, sociales, etc.),postulantdoncquil fautrepenser leurorganisation,carlabanlieuesedistinguedelacentraliturbaineexistantjusquel.ChezSellier, lemotbanlieueprend toute sonimportance, avec la volont de la distinguer de la villecentre.Il est intressantdenoterque les trois auteurs cits cidessusnesontpaslesseulsparlerdelabanlieue,maisque ce sont des pionniers qui, partit dune approchehistorique, remarquent que le faubourgou la banlieuede la ville, par le biais de lindustrialisation, sont enpleine mutation. Meuriot dcide dadopter le vocableagglomration,mais les deux autres rutilisent le motbanlieue, en y ajoutant les lments selon euxsignificatifs pour analyser et tudier ce territoire qui setransformesousleursyeuxgrandevitesse.Mais la banlieue est aujourdhui, et en grande partie

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    Sil est un tissu urbain qui incite rprouverlurbanisation tentaculaire de notre poque, cest sansdoute en premier lieu l univers des banlieues avecsesgrands immeublescollectifsdhabitation,sesbarreshorizontales, ses chandelles et tours, la faiblesse desdessertes commerciales et des services de premirencessit, une distribution plus que parcimonieusedespaces verts et de jeux ou de loisirs construits entoutehtepour rpondreauxbesoinsgigantesquesdesgrandes agglomrations, avec un souci de confortmoderne encore inconnu ailleurs, il est vrai, cesbtiments manquaient nanmoins en dpit dunesalubrit certaine dun environnement convivial dotsdunminimumdquipements, ils permettaient des mnages aux revenus modestes ou moyens desabriter, dans la mesure o des politiques dhabitatsocialoffraientencoredanslestatsdveloppsdesaides au loyer. Paralllement cette pousse, denombreuses entreprises tablies proximit durentfermerleursportes,dpassestechnologiquementainsiaugmentaladuredesfluxdemigrationsquotidiennes.Labsence de vritable politique durbanisme socialrenfora les dsquilibres : Paris, les banlieues

    cause de lurbanisme moderne, un espace fortementconnot. Les grands vides (en bordure de la villecompacte) des ensembles sociaux dhabitation attestentdun design typique du Mouvement moderne (et enFrance des Trente Glorieuses) qui conceptualisaitlespaceurbaincommeunrsiduplusoumoinsamorpheentrelesobjetsarchitecturaux.Ceuxcitantpensslafois comme toile de fond de larchitecture et commejardinparadisiaqueolescitoyensallaientseressourcer,lesmultiples indfinitions de leur design ont en ralitpresque toujours prcd des problmes insolubles,concernantaussibien leurgestionet leurentretienqueleur appropriation par les habitants, drouts pat descodes inintelligibles et des modes de vie trangementmodernes.Basti exprimece rejetqueprovoque labanlieueetquitranscendelobjetpourconnoterfortementlevocable:

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    rsidentielles saccrurent lest alors que les emploistertiaires centrs autour de constructions spculativesde bureaux se multiplirent louest. Au dbut desannes 1990, la fermeture symbolique de la RgieRenault Billancourt consacre la fin dune priode :cellequiapourvuleshabitantsdesbanlieuesdactivitsdeproximit(Basti1995).

    Le contraste est saisissant, surtout dans les paysindustrialiss,entrelescentresvilles,quibnficientdecoteusesactionsdernovationoudamnagementsdezonespitonnires,etlesbanlieueslaisseslabandonouintgresdeszonesurbainesquineprofitentpasdela dynamique dexpansion de lespace priurbain.Insres entre des centresvilles qui constituent lesvitrines du ple rgional, attirant milieux daffaires,touristesoubadaudsenqutedeloisirs,etlepriurbainarquifavoriselexurbanisationdesactivitsainsique des lotissements rsidentiels convoits, lesbanlieuessouffrentdeleurexigut,delencombrementetdunerelleobsolescence(ibid.).

    Labanlieuerestera alors lamalaimedes citoyens, lesfaubourgs ayant t rcuprs depuis longtemps lintrieurdelavilleetrevendiquspoutleururbanitpopulaire(bienque,videmment,ilssoientdeplusenplusapproprispar lesclassesmoyennesetsuprieures Paris). La comparaison avec le priurbain est toutaussi dfavorable : la banlieue na pas le cachet ducentrevilleni laproximitde lanaturede lapriphriepluslointaine:

    Si,commenous leverronsplus loin, lesnouveauxmotsdesnouveauxterritoiresnesimposentpasauseinmmedelacommunautscientifiquequilesproduit,cestpeuttrecausedelaprgnancedumotbanlieue.Enoutre,lepassagedenouveaux termesdans le langage courantresteradpendantdesalasdunvnementmdiatiqueou dune utilisation dans le discours politique, lequel,poutlinstant,seborneassurersonefficacitenayantrecoursauxvieuxmotsconnusdetous.

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    Deuximegroupe

    Aujourdhui les gographes paraissent prfrer aumotbanlieue, flou, charg dimages et didologie, desvocabulaires plus prcis : premire et secondecouronnes, priphrie urbaine, priurbain. Mais, parune sorte de glissement smantique et disciplinaireinavou, le mot banlieue tend dsigner aujourdhui,autant quun espace gographique domin, un type desocit autonome, une gamme dattitudes politiques etculturelles ayant leur originalit. [...] La banlieue,entendue plus comme un type de socit que commeune forme particulire de lespace urbain, glisseraitdonc,entantquetelle,danslescarcelledeshistoriensetdes sociologues, les gographes concentrantplutt leurattention sur le priurbain, front pionnier delurbanisation, ou conservant comme cadre dtudeprioritaire celui de lagglomration, dont la gographiesociale continue videmment dtudier les populations(Fourcaut1988:17).

    Cegroupedemotsestformpardestermesissusdunedmarche intellectuelle, souvent scientifique, consistantcrerdesmotsquiserventdcrireunecertaineralitque lon veutmettre en valeur. Issusdune attitudepardfinition descriptive, ces vocables auraient surgi avecune caractristique spciale : la rfrence dumot unpositionnement spatial ou une hirarchie. Des motsissus de la gographie ou de lamnagement commepriphrie (de la ville), priurbainou rurbain gardentles traces visibles dun ordre prexistant face auquel leterritoirenommer sepositionnedsavantageusement.Engnral,cetypedemotestenfaitunepaire,dontlundesmembresestsoitprsentdanslemot(quilesunifie,comme priphrie pour priurbain, ou rural pourrurbain), soit implicite : lorsque lon utilise le motpriphrieonfaittoujoursrfrenceaucentre.Cesmotsspcifiquessontpeupeuvenussesubstituerau mot banlieue qui, selon Annie Fourcaut, est tropchargdimprcisionpourlesgographes:

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    Implicitement, la ville est au cur des proccupationsdesamnageurs. Il yadjune relationdingalitpatrapport tout ce qui nest pas la ville. Tout ce qui estpriurbainenestquelquepeudvalu(Chaline1993).

    Ce glissement smantique et disciplinaire auquelFourcaut fait allusion consiste faire concider unproblme social, celui de la sgrgation, avec un faitspatial, celui dhabiter dans les grands ensembles enpremireoudeuximecouronne.Mmesijuridiquementlebanadisparu,ilsurvittoujoursdanslimaginairedelaville, relay efficacement par les mdias, avec unchangement de sens vers le stigmate social djremarquparLavedanen1936(Lavedan1959).Aussi,partirduvocabulaireemploy, lavoiefranaisede lamnagement des zones priurbaines est toutetrace : le stigmate est pass peu peu de la banlieue,nonpas la campagne,mais lanonville, aumanquedecentralitetsurtoutdurbanit.LegographeChalineafaitcetteremarqueendnonantlefaitque:

    Au contraire, dans la tradition britannique, ville etcampagne ont toujours t considres comme deuxparties indissociables du problme de lamnagement.Dj en 1909, loccasionde lapremire lgislationdeplanification adopte en Angleterre (Housing, TownPlanning,etc.Act),desauteursfontapparatrelerapportentre la nouvelle problmatique du dveloppementsuburbain incontrl, avec le passage du sol agricole lusageurbain,etlanaissancemmedecettelgislationpartirdesonorientationhyginiste.Dslors,ilsagiratoujoursdeTownandCountryPlanning,dupointdevue tant institutionnel que lgislatif ou professionnel.Pourlamnagementbritannique,onnepeutpassparerla ville de la campagne. Des volutions postrieuresferont encore apparatre lide de inner city (villeintrieure) dont le concept, par son existence mme,confirme quil existe bien une outer city (Herington1984) qui, tout en tant lextrieur des centresvilles,

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    restequandmmelaville.Aux tatsUnis et en Angleterre, au dbut des annes1940, lampleur des transformations spectaculaires lapriphriedesvillesavaitcommencattiferlattentiondes diffrentes disciplines, notamment la gographieurbaine.partirdecettedcennie,aussibienauxtatsUnis quenEurope occidentale, la recherche urbaine sevoitredfinieparlapriseencomptedesphnomnesencoursdans lespacedespriphries lointainesdes villescomme point de contact entre les catgoriestraditionnellesurbainesetrurales(Wehrwein1942).LappellationurbanfringeencoretrsusiteenGrandeBretagne(etdontlatraductionfranaisefrangeurbaineest beaucoup moins utilise que dautres termes)apparatdansla littratureamricainepour lapremirefois en 1937 dans une tude de T.L. Smith sur lesmutations et la composition de la population de laLouisiane. Lurban fringe tait la zone construiteimmdiatementaprsleslimitescorporellesdelaville(Pryor 1968). Au cours des annes 1940 et 1950, unnombresignificatifdtudesadopteetdiffusecetermelintrieur du cercle acadmique, sous lacceptiongnrale de lieu de la croissance suburbaine olutilisation rurale et urbaine du sol se mlange pourformerunezonedetransitionentrevilleetcampagne(Johnson1974).Bienquecertains termespassentdunmilieudautrescomme rsultat des publications et des changesacadmiques, on remarquera la prfrence danscertains contextes pour une dfinition donne audtriment dautres : en GrandeBretagne, cette priodedunevingtainedannesolaprofusionterminologiquefaisaitrageafinalementdbouchsurpeudetermes,audemeurant les plus simples, qui se sont finalementimposspourdcrire(restejugerdeleurefficacitpatrapportdautrespluscomplexes)cesespacesendehorsdesvillesouentreelles.Lundeuxestsansdouteurban

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    Alors que Paris est dabord une ville au milieu dunergion (rurale), Londres est dabord une rgion(urbaine)avecunevilleaumilieu.Ladensitaucentrede Paris est plus leve quau centre de Londres.MaiselledclinebeaucoupplusrapidementParis.30kmducentre,elleestdenviron500habitantsaukm2,alorsquLondreselleestdenviron2000habitantsaukm2.70kmducentre,ladensitestde100Paris(cestladensitmoyennedelaFrance),maissuprieure400Londres. Londres, cest la rgion qui fait la ville Paris,cestlavillequifaitlargion(Prudhomme1996).

    fringe, et lautre suburbia et tous ses composites :suburban growth, suburban sprawl, etc., tandis quenFrance justement, ces deux termes ont eu trs peu desuccs.Sansdoutelesphnomnesterritoriauxseressemblentils, mais ils ne sont pas identiques. A ce sujetPrudhomme,dansunarticlercentoilreprendundesnologismes en vogue chez les AngloSaxons (lamgaville),remarquedanslacomparaisonentreParisetLondresque:

    Si en 1976, dans un ouvrage parfois qualifi depionnier,BaueretRouxintroduisaientdanslemilieufranaisletermederurbanisation(Bauer&Roux1976),ils ne faisaient pas remarquer ses origines, quelquesannes plus tt, dans la littrature scientifique anglosaxonne.Ainsi en 1968, Pryor, face la complexe varitterminologique de lpoque3, proposait unecatgorisationqui,enpartantdesextrmesrural/urbain,permettait ladlimitationdediffrentesphasespartirde la rpartition de lutilisation du sol, diffrenciant aupassage priurbain de rurbain. Selon Pryor, lespacepriurbain possde une densit rsidentielle,commerciale et industrielle plus leve que la densitmoyennedelapriphrieruraleurbainetotale,destauxsuprieursdaccroissementde ladensitdepopulation,des processus de conversion de lutilisation du sol plus

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    Sur la frange extrieure, les espaces non btis semultiplient : terrains vagues, jardins et parcs, terrainsmarachers,etc.,etlabanlieuedevientsemirurale.Audel, dans les villages et communes, ruraux et citadinscohabitent de plus en plus, notamment retraits,travailleursdomicileouauxhorairessouples.Chacuncultive son jardin. Cest la priurbanisation oururbanisation(BastiWackermann1995).

    Depuis prs de vingt ans en France est apparu unnouveaumodedecroissanceurbaine. Il ressemblecequont connu les pays anglosaxons, en particulier lestatsUnis et les les Britanniques, vingt ans ou trenteansavantnous.Onparie, soitdepriurbanisation, soitderurbanisation(Bauer&Roux,Larurbanisationoulaville parpille) pour qualifier deux phnomnesconnexes:

    Le dveloppement souvent prodigieux des frangespriphriquesdesvilles[...]Linterpntration de la ville et de la campagne

    dynamiques et des modles de communications et detransports entre lieux de travail et de rsidence plusfluides.Parcontraste, lespacerurbainprsenterait unedensit de population moins leve, un plus fortpourcentage de terres destines un usage agricole oulaisses en rserve, des taux infrieurs daccroissementde la densit de population, ainsi que des processusmoinsdynamiquesquantlaconversiondelutilisationdusoletauxdplacements journaliersde lapopulationverslaville(Pryor1968).Maispourcertainsgographesfranais,cesdeuxtermes, lusage, seraient quivalents. Ainsi Basti etWackermann, lentrebanlieuede lEncyclopodiaUniversalis,nousdonnentleurdfinition:

    Avec lemme sens Jean Steinberg, auteur darticles etdun livre sur la priurbanisation (Dezert, Metton &Steinberg 1991), utilise demble les deux termesindiffremment:

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    double titre : physiquement dune part [...] socialementdautrepart(Steinbetg1990).

    La rurbanisation rsulte du dploiement et de ladissminationdesvillesdanslespace[...]unezonefutaie proche de centres urbains et subissant lapportrsidentiel dune population nouvelle, dorigineprincipalement citadine [... et] caractrise [...] pat lasubsistance dun espace non urbanis largementdominant. Cest en cela surtout que son organisationspatiale se distingue de nimporte quelle banlieue. Eneffet,lesbanlieuessesontconstituesjusquprsentencontigut totale avec la ville mre, dont ellesapparaissent comme le prolongement spatial leshabitantsdesquartiersneufs sont alors, dune certainefaon,dessouscitadins,attendantleremplissagedelespaceenvironnantquidonnerapeupeuleurcadrede vie la dimension vraiment citadine quont lesquartiersplusanciens.Mais,lorsqueauxprolongementspriphriques habituels que sont les grands ensembleset les nappes pavillonnaires, viennent sajouter (etsopposer)deplusenplus,dansdesbourgssitusdansunrayondequinzevingtkilomtresducentre,autourdecesboutgsetentreceuxci,desconstructionsneuves,il sagit dune situation rurbaine spcifique (Bauer &Roux1976).

    Mais en lisant Steinbetg plus attentivement on peutdceler une diffrence entre priurbanisation etrurbanisation : alors que priurbain dsignerait touteaireextrieuredelaville,quilentoureetquiendpend,tant spare de celleci par des discontinuitsimportantesdutissu larurbanisation(quiseraitdoncincluse dans cette dfinition plus gnrale) serait unphnomnededissminationdelurbainsurlerural, la fois comme forme, comme mode de vie et mmecomme idologie (dans louvragedeBaueretRoux,elleest perue essentiellement comme un phnomne desclassesmoyennes):

    Par la suite, cette dfinition largement soustenduepar

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    un certain spatialisme qui privilgie le formel surdautres variables allait tre nuance par dautresauteurs, par exemple Martine Berger, qui mettrait enquestion le paradigme dmographique des classesmoyennes dlaissant en masse les centresvilles poursinstaller lacampagne,endmontrantquunegrandepartie des mouvement de population taient desdplacements banlieuepriurbain ou bien priurbainpriurbain. Cet exode des activits et despopulations,inverseceluiquonaappelexoderuraletqui a caractris la priode dindustrialisation partoutdans le monde, a encore donn naissance des motsspcifiques : exurbanisation ou encore contreurbanisation, plus usit en anglais(counterurbanisation).Il est intressant de jouet avec lide quunphnomnesocial assez dramatique, comme ltait cet abandonmassif des campagnes (et de tout un mode de vie etdune culture) par les classes laborieuses qui se sontinstalles dans la ville, donnant naissance la fois auproltariaturbain, laclasseouvrireet lamtropolemoderne,puissetrereproduitcentansplustardparunphnomne quivalent prnant un retour la terrecologiquedunegrandepartiedeshabitantsdecettegrande ville qui serait devenue insupportable. Maissagitil vraiment de cela ? Peuton assigner descorrespondances de classe chaque type despaceconcern,chaquetypedepriphriequeloncre?Silexode rural a donn vritablement naissance labanlieue,puisluiadonndescouleurs(lerougetantsavritable marque de fabrique, voir Burgel 19904), netrouvetil pas son faux reflet dans un mouvementcontraire,maiscettefoiscidesclassesmoyennesrifies(et il ne sagit alors nullement dun exode, mais dunenouvelle colonisation), qui nous annonce travers ceschangementsdanslelangagequunereestrvolue?Si la rsistance du terme banlieue atteste la

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    persistance dun srieux problme social non rsolu, lacatgorie sociospatiale quil vhicule est peuttre remettre en question. Ce glissement smantique etdisciplinaireinavoudontparlaitFourcautnestilpasmettreaussisurlecomptedunpartageidologiquedela problmatique sociale de cette fin de sicle ? Labanlieueseraitlaffairedespoliticiens(etuneanalysedudiscours politique et public le montre), de certainssociologues, ou encore des historiens, de quelquesarchitectes enfin qui ne voudraient pas renoncer leurterrain dexprimentation favori. Inversement,lhermticit dun discours spcifique aux espacespriurbains prserverait la fois lexactitude danslapproche de lobjet et une certaine asepsie sociale etidologiqueconvenantmieuxautravailscientifique.Enfin,passerdelabanlieueaururbainserait lersultatdun mouvement centrifuge autant dans lespacegographiquequedansceluidesreprsentationssocialessurleterritoire.Lavillebourgeoiseafinalementcrunenouvelle enceinte qui remplace ses murailles : cest labanlieue. La dpasser, cest retrouver nouveau lapossibilit de la mobilit sociale, notamment traverslaccession la proprit dans le priurbain, daborddans les lotissements proches et ensuite travers ladissminationde lhabitat et desmodes de vie urbainssur lacampagne,exurbanisationquiproduitunmitagede lespace rural dans un phnomne de rurbanisationqui sappuierait sur une hyperurbanit (Bordreuil19955).Etsinousforonsletraitpourmontrercommentlediscoursdevienthermtique,cestaussiquelarelationespacesocit devient la fois plus opaque etapparemment moins pertinente pour lanalyse.Seulementilapparaitquelesschmasdanalysedoiventforcmentchanger.Si,commeleditAlainTouraine(1991),noussommesenplein passage dune socit verticale (avec des classessociales hautes, moyennes et basses) une socit

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    Troisimegroupe

    organise lhorizontale,o limportantestdesavoir silonestaucentreoulapriphrie,toutletravailrestefaire.Surtoutsilonpartdelhypothsequecetteopacitde la relation espacesocit tient au fait que les lienshirarchiques dans lespace ne restituent plus lacomplexitdesrapportssociaux,car lespacedevientdeplus en plus abstrait en fonction de la rduction dutemps ncessaire aux dplacements : habiter enpriphrieneveutplusdiretrepriphrique.Cetterecompositiondelespaceetdelasocitaappelces dernires annes (et continue de le faire), dans leregistre des disciplines de lespace notamment, lacration de nouveaux mots qui puissent dcrire plusjustementceschangements.Nouslesexamineronsdansletroisimegroupe.

    Le troisime groupe est dorigine savante, disciplinaireouscientifique.Ilestcontemporainet,toutenrpondantlammevocationpotiquedecrationdelaralitquelon dcrit, il essaierait de dpasser les mots qui fontrfrenceunepositionrelativedsavantageuse.Pourcefaire,onremarqueraengnrallutilisationdumotville(quiredonneraitunecertainelgitimitcesterritoires)dansuneexpressioncomposequicherchedcriresoitcertaines caractristiques fondamentales de ces espacescomme leur fragmentation (ville clate, ville archipel,ville la carte,etc.), soit leur condition originale dansune histoire urbaine qui sexplique en addendum auterme:cestlecasdelatroisimeville(Mongin1995).Si les nouveaux territoires en priphrie de la villecorrespondent un nouveau mode durbanisationmergent, celuici est significativement diffrent desprocessus durbanisation qui avaient donn forme auxvilles dEurope occidentale aprs la longue priode duboomde laprsguerre. Il sagiraitdune recompositiongographiquedelaformeurbaine,tendantlacration,

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    par dcentralisation et recentralisation polynuclaire,desrgionsurbainesquidpassentlargementlatailleetlide mme demtropole et demgalopole (BeaujeuGarnier&Lefort 19956).Ntantni villenibanlieue,aumoins dans le sens traditionnel de ces termes, denombreux concepts ont merg dernirement dans lalittraturescientifiquepouressayerdenommercesplesreconcentrs de la croissance urbaine priphrique,rsidentielle, commerciale ou industrielle de hautetechnologieoubienlesvidesentrescesples,toutaussiimportantsdansleschma:outercity(Herington1984),Edge City (Garreau 1991),postsuburbia, exopolis (Soja1996), mtapolis (Ascher 1995), ville archipel (Viard1994),etc.Cette restructuration industrielle, qui a t dcritecomme recomposition postfordiste ouaccumulationflexible,touchelesvillesetlesrgions travers le monde entier. La gographie postfordistecaractrisant la priode actuelle prsente quelquesespaces qui synthtisent les priodes antrieures : elleincorpore ainsi ces anciennes aires industrielles endclin ou radaptes des formes de production plusflexibles et aux techniques nouvelles de management,mais aussi de nouveaux ples technologiques enpriphrie des mtropoles, des niches manufacturiresartisanales et des districts ddis aux services et auxcommunicationsdans labanqueet les financesmaisdeplusenplusaussidanslespectacle,lamodeetlaculture.Audel de la conception, les vides caractristiques deces territoires seraient linscriptiondans lespacede cesprocessusconomiques,sociaux,culturelsetpolitiques.Ce modle spatial rpondrait une logique quidessinerait des paysages du pouvoir (Zukin 1991)commersultatdelarelationentreleslitesetlesclassesmoyennesparrapportaucentrevilleetauxpriphries.Cellesci seraient ainsi les lieux privilgis du nouveaumodle de croissance o les grandes villes se

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    transformentenantenneslocalesdusystmeglobal,enunesituationdanslaquellelaconcurrencepourattiferlesentreprisescommenceguiderlesactionspolitiqueset se transformer en objectif de lamnagementmtropolitain.Amnagementquelchellequeprennentces villes et les nouvelles stratgies de localisation desentreprises, commerces et autres ples dchange nepermettentplusdappelerseulementurbain.Comment rpondent les disciplines de lespace ceschangementsquellesmmescontribuentdcrire?Leproblme des mots y est extrmement important, cardune part, il est la face visible et la synthse desdiffrences entre les approches scientifiques oudisciplinaires et les ralits territoriales de chaquecontexte,etdautrepart, ilreprsenteaussiunenjeudelgitimation scientifique o sexprimemieux la relationentre savoir et pouvoir.Un exemple de lamesure danslaquelle les enjeux du savoir peuvent aussi devenirenjeux du pouvoir est lvolution de la problmatiquecologique en Allemagne, passe du scientifique aupolitique autour dune certaine ide de nature quinexclut pas, comme en Angleterre, une videnteidologieantiurbaine.Par ailleurs, le dveloppement des objets scientifiqueslis aux nouveaux territoires suit clairement desdiffrences de cultures disciplinaires et desreprsentations sociales de lespace elles aussidiffrentes.Leproblmedescomptencessurlurbainetdesprofessionsde lavilleestaucurdecettequestionet apporte des lments dexplication propos de laconstitutiondeschampsdesavoirautourdesnouveauxterritoires.Dans le schma actuel, on peut faite lhypothse quelarchitecture et lurbanisme sont plus occups rsoudrelesarbitragescomplexesdelamatriseduvrede ce typedeprocessus visvis desdiffrents acteurs,auxquels ils rpondent par ladaptation des modus

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    operandi connus et prouvs dans dautres contextes,qusattacherconceptualiserautrementcesespaces.Alinverse dautres priodes plus fastes o larchitecturedevanait les besoins spatiaux de la socit en lesthorisant et enproposantdes solutionsplus oumoinsadaptes, parfois avant mme que les problmesnapparaissent, aujourdhui la matrise duvre seraitdpasse par des processus plus complexes quellenarrive pas contrler, entre autres par manquedintgration des tches et des comptences au seindunemmestructure(cequirendraitplusfacileslesditsarbitrages)maisaussiparundfautdeconceptualisationdunouveautypedespaceauquel les logiquesdpassantlanotiontraditionnelledeprojeturbainpeuventaboutir.Il semblerait cependant que, peu peu, les urbanisteseuropens soient en train de dcouvrir, linstar duneredfinition des comptences sur le territoire7, que cetobjetdiffusetvanescentquinestnivillenicampagnemais qui ne tardera gure couvrir tout le continent,peutfinalementtreconsidrpourselibrerdetoutapriori thorique vhicul par les vieux mots simplement comme un paysage autre . De l destermescommemiddlelandscape(Rowe1991),quinousvientdestatsUnis,oucommeEurolandschaft(Wilson1996).Lmergencedeconceptsnovateursdans lemilieude lagographie anglosaxonne ne doit plus surprendre unmondedelarecherchefranaisepeuttretropempreintde scientificit , voire, dans certains cas, depositivisme.Bienquedesexcspuissentseproduire(etlaffaireSokal est lpout ledmontrer), auxtatsUniset en Grande Bretagne la philosophie franaise desannes 1980estunobjetdtudeprivilgiquine restepascloisonnsouslabannirephilosophie,maisquiaucontraireestincorporauxanalysesdautresscienceshumainesquisentrouventalorsenrichies.Ce nest pas un hasard si Edward Soja propose, en se

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    basantsutlapensepionnireduLefebvreduDroitlavilleetdeshtrotopiesdeFoucault,unetroisimevoiede lespace (Thirdspace) (Soja 1996) qui dpasse ledualisme de rigueur entre leFirstspacede lempirismegographiqueduterritoirereletleSecondspacedesreprsentations ( imaginaires ) de lespace. Unetrialectique de la spatialithistoricitsocialit se doitdtre plus que la somme de ses composants ensaffranchissant naturellement des barriresdisciplinaires travers des voyages vers des lieux relsetimaginaires ou mme relsetimaginaires.Cestaussidanscemilieuquestnleconceptdespacetimecompression(Harvey1989),unphnomnequiestla consquence directe de rhypermobilit permettantlexistence mme de la outer city. Harvey invente ceterme pour dcrire les faons dans lesquelles lestechnologies des transports et des communications ontaugment la vitesse de dplacement du capital, desmarchandises, des personnes et de linformation travers la plante entire, qui sen retrouvesingulirement et slectivement rtrcie .videmment, nos perceptions et reprsentations delespace et du temps se trouvent face une complterestructuration, dans laquelle les vides spatiaux ettemporels sont des hiatus qui donnent sens unquotidien spatiotemporel fragment (ou discret) maisquipeutnanmoinsservlerpleindesensetdelibert.Finalement cest aussi dans le milieu anglosaxon quesurgit larflexionsurlaglobalisationetnotammentsurleseffetssutlespacedelaglobalisationconomique.Enoutre, il ne sagirait pas seulement deffets, maisdlments constitutifs essentiels du phnomne :aujourdhui on ne peut pas imaginer le schma globalsans lexistencedes villes globales (Sassen 1991)oudesvilles informationnelles (Castells 1989)qui assurent lesrelais territoriaux dun rseau dterritorialis. Cette

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    Conclusion

    dernire formule (tout comme les mots composs deSoja) exprimant le type de rflexion actuel, amne penserque,entreautres, lacceptationdetravailleravecdes paradoxes langagiers contribue largement lavivacit de la pense sur lespace et la capacitdadapterdansdesschmascomplexeslescontradictionsde la socit postindustrielle (postfordiste,postmoderne,etc.).On remarquera finalement deux tendances dans laformationdesnouveauxmots:lapremirequiconsisteajouterdesadjectifsaumotville(ousocit,commecestle cas avec la socit darchipel de Viard) : villeparpilletaitdjproposparBaueretRouxen1976comme soustitre de leur ouvrage sur la rurbanisation.Onpeutdoncajoutercettecatgorievilleglobale,villeinformationnelle, troisime ville, outer city, etc. Laseconde tendanceest cellequi consistepuiserdans legrec ou le latin pour constituer le nouveau mot :mgalopolis, polymgapole, mtapolis, exurbia,exopolis. Le penchant vers ces langues anciennes taitdj prsent dans les mots comme priurbanisation,mais la diffrence nest pas chercher dans le prfixe,maisdanslemoturbanisation.En fait, ces deux tendances se rejoignent dans uneattitude(salutairenotreavis)quiconsistercuprerdans le langage le caractre de ville de ces territoires.Villeoupolis,ces territoiresacquirent (dumoinsdansle regard de ces chercheurs) un statut que des annesdurant ilsstaientvurefuser.Laltritseraitelleenfinentraindtreaccepte?

    Pour finir, nous pensons quil y a lieu de se poser laquestiondelalgitimitdecesinventionsdemots,ouentout cas de leurs chances de succs, cestdire depermanence dans le langage. Si lon peut fairelhypothse que certains de cesmots perdureront dans

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    leursdisciplines,onvoitquecefaitestintimementlileur appropriation par dautres discours extrieurs,comme le discours politique ou celui desmdias. Cestpeuttre le destin de la ville globale puisque, dj, laglobalisationestdanslabouchedeM.ToutleMondedufait quellemodifie les donnes les plus importantesdesa vie quotidienne, comme le travail, la culture, lecommerceetlaconsommation.Maisquenestildecettefureurdnominatricequandonlappliqueaumondequinousentouredepuislongtemps?Le territoire, finalement la terreen cequelle a deplusprimaire, nest pas un nouvel objet technique (ou unecrationscientifique,unenouvellemolculedesynthse)qui pourrait hriter dun nom tout aussi original etappropri:ilestdifficilededonnerdenouveauxnomsdesralitsprexistantes,carellesserefusentchangerde statut. Il est en effet pour le moins discutable quilpuissemmeexisterune ralit endehorsdu langage :les choses seraient par l intimement lies aux mots,donconnepourraitpaschangerlesunssansaffecterlestatutontologiquedesautresdunefaontellequellesendeviendraientdautres,jamaisexactementlesmmes. largumentpar lequelceserait lasocitqui ragiraiten donnant de nouveaux noms soppose celui, plusdrangeant, selon lequelcesont leschosesellesmmesqui sy opposent dans une immanence de lobjet dontnotresocitnaquercemmentcommencconsidrerla possibilit (Baudrillard 1983 Calvino 1983). Si lonfixe le regard sur lhistoire longue des mots et lapersistance des termes comme banlieue, mais aussiterritoire ou paysage en comparaison avec lensembledes termes scientifiques ou disciplinaires dont nousavonsesquissuneanalyse(ouunehistoire),onpourramieuxcomprendrequil incombeunesocitetuneculture dtermines dans un espacetemps donn etsurtoutendevenir,demodifier la fois le langageet laralitdunemanireaussispectaculairequecequelon

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    constate en examinant rtrospectivement les grandesrupturespistmologiquesdenotrehistoire.Plus on essaiera de trouver un terme juste et original,plus la ralit semontrera rfractairecar,bienque lonpuisse suivre la tracedesprocessusde changementdesmots,deuxchoses fondamentalesnoussont interdites :primo,dentrouverexactementlesoriginesdesigneret de dater les volutions et secundo,plus difficileencore, dagir volontairement et court terme dans cetypedeprocessus.CestcequeMichelFoucaultsestvuforc dexpliquer maintes reprises et notamment auxhistoriens aprs Les mots et les choses : les rupturespistmologiques(unpeucommelAngedelHistoiredeBenjamin),onnepeutquelesconstateraprscoupetilnyajamaisunSujet(constituentantquetel)derrire.Peuttreenmmetemps,certainesdisciplinesontellesplus conscience que dautres de lopportunit dune modestie dnominatrice qui prenne acte de cetteimpossibilitetqui,toutenprofitantdemargesplusoumoins lastiques imposes pat le sens tabli desmots,cherche, dans une polysmie largie par un usageprofessionnel plus prcis (et au demeurant plusimaginatif), cerner plus prcisment les nouveauxphnomnes spatiaux qui se prsentent dans larecompositiongographiqueencours.Ainsi certains gographes, certains sociologues, desarchitectes et des paysagistes semblent revenireffectivement lusage de termes comme territoire etpaysage. Celui de territoire, en sappuyant surlamplitude de son sens et des images quil voque, adepuis longtemps largi son sens juridique de dpart( juridiction uniquement au XVIe sicle) (Richelet1970)versunsensplusspatialetgographique.Bien quelle soit moins mdiatique que lesdnominations faisant allusion un nouveau type deville,une conceptionlargiedu territoirequi incorporelesvidesetlespleins,ladensitetltalement,lurbainet

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    lesuburbain,lanatureetlaculture,apparatenfiligranede certains travaux. Elle implique un changementdchelle,unrenouveaude laperceptionspatialeetuneintgration des contraintes territoriales et naturelles delenvironnement la construction dun cadre de vieurbanis, sur fond davnement dune rvolutiontechnologique et culturelle aussi importante que larvolution industrielle. Aujourdhui, si lemot territoirecommence de nouveau jouir des faveurs desgographes, on court le risque quil se trouve utiliscommeconcept fourretout justementcausede laneutralitdesasignification.Leconceptdepaysage, leplus intressantnotreavis,seraitquantluientraindesubirdesmodifications,des largissements de son sens, apports par denouvelles approches qui prnent une esthtiqueautreduterritoire:uneesthtiqueduvide,unearchitectureverteetdefaibleniveaudintervention,lintgration de lincertitude dans les procduresdurbanisme et lassomption critique de la conditionpriphriquedenossocitsdefindemillnaire.Si lepaysageaputreunetenduedepaysauXVIesicle untypespcifiquedepeintureartistiqueauXVIIe(o la nature tient le premier rle et o les figures(dhommes ou danimaux) et les constructions("fabriques") sont accessoires ) prendre une formeadjectiveauXIXe(paysager:jardinpittoresque,disposdefaonproduiredeseffetsdepaysagenaturel)quiaenfin largi son sens dans les annes 1970 (paysage : arrang de manire crer un effet de paysagenaturel 8), on peut faire lhypothse que le sens de cemot connatra dautres mutations car les ralits quildsigneetleregardquilesoustendchangentgalement.Fautilremarquerque,endroite ligneavec ladfinitionduXVIIesicleolanaturetenaitlepremierrleetolesconstructions taient accessoires, ces nouveauxpaysages de la nouvelle recomposition gographique

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    Bibliographie

    Rfrencesbibliographiques

    pourraientbienrentrerdanscettecaractrisation?Bienentendu, lanature est autre, les fabriques ne sontpluscequellestaient(voilencoreunmotintressant)et nous avons de lhabitat (ou des pavillons, pas desmaisons, sauf pout les enfants) immerg dans cettenature nature (culturise) et naturante (rdemptriceparlevert).biendesgards, leseuldfautdumotpaysageseraitquil existedjdepuis longtemps.Personnenepeut setarguerdelavoirinventetparlmmeselapproprierau nom dune quelconque lgitimit scientifique enretour.Enutilisantdesmotsexistants,ilestplusdifficilededcriteavecbriodesralitsnouvellesdontonessaiederestituersynthtiquementtoutelacomplexit.Si les nouveauxmots qui foisonnent pour nommer lesterritoires contemporains sapparentent desprofessionsdefoi(seulementdans lesmeilleursdescaspolythistes)surlesfuturspossiblesdelaville,peuttreque rcuprer le mot paysage dans ce quil garde depaen(Picoche1992)9nouspermettraitderesterlabride toute prise de position htive qui ne ferait que tropmettreenvidencequelefaitdenommer,cestcreretdans ce sens dominer, et que cela se fait travers letemps et au long de lhistoire, autrement dit, pat leconsensuset larptitionsocialeetanonymepluttque par loriginalit des laborations scientifiques, sijustessoientelles.

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    Notes1.Banlieue:XIIIesicle,latinmdivalbanleuca,espacedenvironunelieueautourduneville,surlequelstendaitleban.Ban:XIIe

    sicle, proclamation du suzerain banlieusard : XIXe sicle.Faubourg : XIVe sicle, altration, sous linfluence de faux, de forsbourgduXIIesicle,bourgsituendehorsdesremparts.Danscederniermot,lefauxvientremplacerlefors:ledehors.Lefauxetledehors se rejoignent, cest faux parce que ce nest pas ici, cestailleurs, lextrieur. Suburbain : XIVe sicle du latin suburbanusdesfaubourgsurbain(savant),XIVesicle,dulatinurbanus,deurbs,urbis:villeurbanit,XIVesicle,urbanitascaractristiquedelavilleetbonton,politesse.

    2.MotdjemployparSellierdanslesannes1920.

    3.Lamajoritdescontributionsdelpoqueproposeunevisiondupriurbain qui privilgie un regard irradiant du centre lapriphrie, depuis le point de vue urbain. Kurtz et Eicher (1958)tententunedistinctionentreurbanfringeexsuburb,tandisquedesauteurs tels que Wissink (1962) incorporent les diffrenciationsentrepseudosuburbs,satellitesetpseudosatellites.Seulungrouperestreint dauteurs aborde lvaluation comparative de lespacerural/urbainpartirdetermestelsquerurban,ruralurbanetslurbou sloppedover suburb (dbordement suburbain). Par exemple,Andrews (1942) distingue urban fringe (priphrie urbaine) deruralurban fringe (priphrie rurbaine), McKain et Burnight(1953) distinguent limited fringe (priphrie limite) de extendedfringe (priphrie tendue), Reinemann (1960) suburban fringezones(zonesdepriphriesuburbaine)deoutlyingadjacentzones(zones adjacentes externes),Wissink (1962) innerde outer urbanfringe (zones priurbaines internes et externes), Duncan et Reiss(1956) lesdivisionsde lapriphrie commerural nonfarm areas(zones rurales nonagricoles) et rural farm areas (zones ruralesagricoles), tandis que Myers et Beegle (1947) proposent ladistinction entre true fringe (priphrie authentique) et partialfringe(priphriepartielle).(DaprsAdell1997.)

    4. Ds le XVIIIe sicle sans doute, plus srement encore au XIXe,simpose, dans les reprsentations et les ralits, une imageambivalente de la banlieue, partage entre la rpulsion du noir(qui sera bientt suivi du rouge) parce que industriel, polluant,dangereux, et lattrait du vert, ressourcement priodique oupermanent ncessaire au citadin. Il sensuit soit un dtournementdurable des couches privilgies, soit un passage continu de lavillgiature, bientt de la rsidence secondaire, la rsidence

  • 13/07/2015 NommerlesnouveauxterritoiresurbainsDirelesnouveauxterritoires:dustigmatedelabanlieuelubiquitdupaysageditionsdelaMaison

    http://books.openedition.org/editionsmsh/1425 31/32

    principalepourlesplusaiss.

    5. Mais prcisment parce que ces implantations spatiales nepeuvent tre lues comme prolongement dunits pleines, elles seperoiventacontrariocommemanifestantdunprincipeenglobantde plongement de ces noyaux urbains. Et cest pourquoi nousattribuerons cette nouvelle urbanit le nom de codedhyperurbanit,puisqueluniturbainequimontesonhorizonprocde, en quelque sorte, par le dehors des noyaux urbains, oumieuxparendessus,lesreprenant,lesinsrantdansunespacederapportenglobant.

    6. Au centre de la cte atlantique des tatsUnis saccumule laplusgrandeconcentrationurbaineduglobe...cevasteensemble,legographefranaisJeanGottmannaproposdedonnerlenomdemgalopolis (trs grande ville). Ce terme est peuttre un peuabusif,car,parmilesvillesetleursbanlieuesseglissentdeschamps,desfermes,deslambeauxdeforts,surtoutaunord,entreBostonetNew York. Aussi pourraiton suggrer la dnomination depolymgapole, cestdire agglomration urbaine dun nouveautype,formedeplusieursgrandesconurbationsassocies,maisnoncontigus.

    7. Nous parlons de la monte en puissance dune gnrationdarchitectespaysagistes,surtoutauxPaysBasetenAllemagne,demmequenFrance.

    8.LeGrandRobertdelalanguefranaise,dition1989.

    9.Paysalammeracinequepaix:pagoupak:enfoncer,fixer.Depagus( lorigineborne fixedodistrict rural, territoire,canton) vient aussi paganus, habitant dun district rural, paysan,puis en bas latin paen (en espagnol, par exemple, le mot resteintact : pagano), la christianisation de lEmpire romain ayantcommencpatlesvilles.

    Auteurs

    GermainAdell

    GERMAIN ADELL, architecte et urbaniste, Escola Tcnica superiordArquitectura,Barcelone

    XavierCapodano

    XAVIERCAPODANO,sociologue,Paris

    ditionsdelaMaisondessciencesdelhomme,2001

  • 13/07/2015 NommerlesnouveauxterritoiresurbainsDirelesnouveauxterritoires:dustigmatedelabanlieuelubiquitdupaysageditionsdelaMaison

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    Conditionsdutilisation:http://www.openedition.org/6540

    RfrencelectroniqueduchapitreADELL, Germain CAPODANO, Xavier. Dire les nouveauxterritoires:dustigmatedelabanlieuelubiquitdupaysageIn:Nommer les nouveaux territoires urbains [en ligne]. Paris :ditionsde laMaisondessciencesde lhomme,2001(gnr le13juillet 2015). Disponible sur Internet :. ISBN :9782735114832.

    RfrencelectroniquedulivreRIVIRE DARC, Hlne (dir.).Nommer les nouveaux territoiresurbains.Nouvelle dition [en ligne]. Paris :ditionsde laMaisondessciencesdelhomme,2001(gnrle13juillet2015).Disponiblesur Internet : .ISBN:9782735114832.CompatibleavecZotero