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NOMADISME ET TRANSHUMANCE, CHRONIQUE D'UNE MORT ANNONCÉE OU VOIE D'UN DÉVELOPPEMENT PORTEUR ? Enjeux, défis et enseignements tirés de l'expérience des projets d'hydraulique pastorale au Tchad François Jullien De Boeck Supérieur | « Afrique contemporaine » 2006/1 n° 217 | pages 55 à 75 ISSN 0002-0478 ISBN 2-8041-5116-6 DOI 10.3917/afco.217.75 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2006-1-page-55.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour De Boeck Supérieur. © De Boeck Supérieur. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) © De Boeck Supérieur | Téléchargé le 28/11/2021 sur www.cairn.info (IP: 86.194.148.225) © De Boeck Supérieur | Téléchargé le 28/11/2021 sur www.cairn.info (IP: 86.194.148.225)

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NOMADISME ET TRANSHUMANCE, CHRONIQUE D'UNE MORTANNONCÉE OU VOIE D'UN DÉVELOPPEMENT PORTEUR ?

Enjeux, défis et enseignements tirés de l'expérience des projets d'hydrauliquepastorale au Tchad

François Jullien

De Boeck Supérieur | « Afrique contemporaine »

2006/1 n° 217 | pages 55 à 75 ISSN 0002-0478ISBN 2-8041-5116-6DOI 10.3917/afco.217.75

Article disponible en ligne à l'adresse :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------https://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2006-1-page-55.htm--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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Nomadisme et transhumanceNomadisme et transhumance, chronique d’une mort annoncée ou voie d’un développement porteur ?

Enjeux, défis et enseignements tirés de l’expérience des projets d’hydraulique pastorale au Tchad

François JULLIEN 1

INTRODUCTION

Le contexte des zones d’élevage du Tchad est aléatoire et peu prévisiblesur le plan tant environnemental (irrégularité des précipitations et occur-rences de sécheresses dramatiques) que sociopolitique (rivalités ethniques,instabilité du pouvoir). Dans cet environnement d’« économie de la survie »,les éleveurs ont développé « une politique de la survie 2 » centrée sur la mo-bilité des hommes et des troupeaux.

Contrairement à certaines idées reçues et à la pratique des projets de dé-veloppement qui promeuvent la sédentarisation « modernisante », les systè-mes ancestraux centrés sur la mobilité des parcours font la preuve de leurtrès grande efficacité environnementale et économique, tout en contribuantà la réduction des risques dans un contexte où cet aspect est loin d’être né-gligeable.

Les projets d’« hydraulique pastorale » appuyés par l’Agence Françaisede Développement dans le Nord et l’Est du Tchad démontrent que des aidesbien ciblées dans le domaine des réalisations physiques (puits traditionnels

1. Économiste et « Sciences po » de formation, F. Jullien a passé l’essentiel de sa carrière dans la promotion de projetsde développement rural et d’environnement dans le tiers monde (à la Société d’Aide Technique et de Coopération (SATEC),à la Banque Asiatique de Développement et à l’Agence Française de Développement).

2. Pour reprendre le titre du livre de l’ethnologue Marc Abélès, Politique de la survie, Paris, Flammarion, 2006.

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et aménagements des parcours) ou des appuis organisationnels (mise enplace de mécanismes de concertation et d’arbitrage centrés sur les organi-sations traditionnelles) permettent d’accroître leurs performances économi-ques (augmentation du cheptel grâce à l’ouverture de pâturage autour desnouveaux points d’eau) tout en contribuant à améliorer l’environnement(diminution du surpâturage grâce à l’amélioration de la mobilité).

Les modes d’organisation non institutionnels qui sont promus dans le ca-dre de ces projets se situent dans une « logique de survivance » et relèventde la « dimension pastorale du pouvoir 3 » vers lesquelles, selon les ethnologuesmodernes 4, se déplace le « politique » dans la société « post 11 septembre » quiest de plus en plus une société de l’incertitude. Ce type d’organisation fluide quise départit de l’organisation politique « institutionnelle » en intégrant lesopposants 5 et les contre-pouvoirs répond aux préoccupations de l’hommemoderne centrées sur la pérennité de l’espèce : interrogation sur les problè-mes environnementaux (ici la désertification), sur l’instabilité générée parla globalisation (ici les migrations). Paradoxalement, le système pastoral an-cestral des éleveurs tchadiens revisité avec l’appui de techniques d’ONG as-sistant le projet pourrait en ce sens préfigurer un mode d’organisationpostmoderne !

LES GRANDS TRAITS DES SYSTÈMES D’ÉLEVAGE AU TCHAD

L’essentiel du cheptel tchadien est concentré dans les zones arides etsemi-arides du pays. Dans ce type d’écosystème dit « en déséquilibre », ladistribution temporelle et spatiale des précipitations varie de façon specta-culaire et le couvert végétal peut s’étendre ou se contracter alternativementau gré de l’intensité des précipitations 6. Plus que tout autre facteur, la va-riabilité climatique conditionne en réalité la quantité (biomasse) et la qualité(composition) des pâturages, ces deux caractéristiques étant extrêmementvariables, et la population animale, qui peut séjourner sur des parcours sou-mis à des tels aléas, est limitée (en raisonnant en charge moyenne d’ani-maux à l’hectare).

3. Voir sur ces deux points M. Foucault, « Le sujet et le pouvoir », dans Dits et écrits 2, Paris, Gallimard, 2001, p. 1056.

4. Op. cit. en note 2.

5. Au Tchad, dans le cadre des mécanismes de concertation et d’arbitrage intégrant « les ennemis ».

6. I. Scoones (éd.), Nouvelles orientations du développement pastoral en Afrique. Vivre dans un environnement incertain.Paris-Wageningen, Karthala-CTA, 1994 ; J. Ellis, « La variabilité climatique et la dynamique des écosystèmes complexes :implication pour le développement pastoral », dans le même ouvrage.

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La gestion opportuniste par des systèmes d’élevage mobile permet de maxi-miser l’utilisation des pâturages en tirant un parti optimal d’une ressourceagrostologique et d’une ressource en eau qui varie rapidement en fonction desprécipitations.

Au Tchad, les logiques de transhumance et de nomadisme sont globale-ment fondées sur cette stratégie de valorisation de la ressource pastorale(eau et pâturage), dont la disponibilité varie très fortement au cours del’année. Elles reposent dans le cas le plus fréquent, celui de la grande trans-humance qui représente environ la moitié du cheptel, sur un parcours nord-sud menant des pâturages « d’hivernage » des régions sahélo-sahariennesen saison des pluies aux zones soudaniennes en saison sèche. Cependant, latranshumance peut connaître des amplitudes et des parcours très diversifiés(il existe une petite transhumance autour des points d’eau dont l’amplitudene dépasse pas 100 kilomètres) et certains éleveurs pratiquent une mobilitésans point d’attache (nomadisme).

Dans le cas le plus général, celui de la transhumance, les zones saharien-nes et sahéliennes sont exploitées en saison des pluies (juillet à septembre).L’eau y est disponible (mares et puisards) et les pâturages offrent une ali-mentation de qualité en graminées annuelles dans un environnement sani-taire hospitalier (absence de parasites et de glossines). Les éleveurs peuventse disperser sur de vastes surfaces dans des conditions alimentaires très pro-pices à la croissance des jeunes et à la production laitière.

En saison sèche, les zones sud de climat soudanien offrent la ressource eneau qui n’est plus disponible au nord et une ressource en pâturages, surtoutdes graminées pérennes, qui bien que moins riche que celle du Nord peutêtre complétée par des résidus de culture.

La diversité dans la composition des troupeaux (bovins, ovins, camelins)permet à la fois de maximiser l’utilisation du couvert végétal, chaque espèceappétant généralement des fourrages différents, et d’espacer les cycles detranshumance : la descente des camelins dont l’abreuvement peut être es-pacé peut être beaucoup plus tardive que celle des autres animaux.

LA MOBILITÉ DE L’ÉLEVAGE : ENJEUX ET DÉFIS

Les enjeux

Les systèmes d’élevage mobile (transhumance et nomadisme), dont onestime qu’ils représentent 80 à 90 % de la production animale, jouent un

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rôle capital dans l’économie du pays. L’élevage est, en effet, hors pétrole maisavant le coton, la principale ressource du Tchad, mais cette ressource est dif-ficile à quantifier du fait de la dispersion des activités pastorales sur un vasteterritoire (1,3 million de km2) et de la faiblesse de l’outil statistique 7 du pays.Les données les plus plausibles 8 évaluaient le cheptel en 2001 dans une four-chette s’établissant entre 9,6 et 16 millions d’Unités de Bétail Tropical 9, soitun total de plus de 25 millions de têtes dont plus de 80 % en zone subaride(saharienne et sahélienne). Bien qu’assez mal cerné, le secteur de l’élevagereprésenterait au Tchad de 11 à 16 % du PIB hors pétrole et de 30 à 50 % dela valeur FOB 10 des exportations déclarées, hors pétrole.

L’élevage mobile (transhumance et nomadisme) est le système le plus productif dans les écologies saharo-sahéliennes

L’intérêt économique de l’élevage, longtemps décrié comme une activitécontemplative ou de prestige, est maintenant démontré par des études ré-centes. Des données collectées au Mali et au Botswana démontrent que l’éle-vage mobile tel qu’il est pratiqué au Sahel permet d’obtenir deux à trois foisplus de protéines à l’hectare et à un bien moindre coût que les méthodesmodernes d’élevage pratiquées en Australie ou aux États-Unis dans des zo-nes similaires 11 dans le cadre de systèmes sédentaires ou de ranching.

Les résultats de travaux menés au Niger vont dans le même sens (Colin deVerdière, 1995) 12 puisqu’ils démontrent également que les indices de pro-ductivité et les paramètres de production des troupeaux se hiérarchisent enfaveur des systèmes les plus mobiles : la productivité des systèmes d’élevagesédentaire est inférieure de 20 % à celle des troupeaux nomades et l’élevagemobile permet de dégager des revenus six fois supérieurs à ceux de l’agricul-ture pratiquée dans les mêmes zones. L’objectif des éleveurs nomades est, en

7. Selon les sources, les paramètres varient dans des fourchettes de 1 à 2.

8. Données fournies par le Schéma directeur de l’eau et de l’assainissement 2001, qui ont intégré les résultats d’enquêtesde comptage réalisées dans l’Est du Tchad.

9. Unité de Bétail Tropical. En appliquant les coefficients classiques suivants : un bovin de 250 kg = 1 UBT, un caprin ouun ovin = 0,2 UBT, un asin = 0,3 UBT, un équin = 1,2 UBT et un camelin = 1,5 UBT.

10. Free on Board, ou Franco à Bord. Le montant des exportations FOB est égal au prix payé par l’acheteur hors transportdepuis le port d’origine, assurances et droits de douane étant également non compris.

11. Source : I. Scoones, op. cit.12. P. Colin de Verdière, Les conséquences de la sédentarisation de l’élevage au Sahel. Étude comparée de trois systèmesagro-pastoraux dans la région de Filingué – Niger, thèse présentée pour l’obtention du titre de docteur de l’Institut NationalAgronomique, Paris-Grignon, juin 1995, 220 p.

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effet, de maintenir en permanence les animaux dans les meilleures condi-tions possibles, au regard des contraintes du milieu.

Aucune étude de ce type n’a été menée dans le contexte tchadien maistout conduit à penser que les résultats seraient similaires. Outre la meilleureutilisation de la ressource en pâturage, la très grande résistance des ani-maux sahéliens à la variation des régimes alimentaires et leur adaptation àde très longs parcours sans perte de poids sont également des facteurs ex-plicatifs importants de l’avantage comparatif de l’élevage mobile par rap-port à l’élevage sédentaire.

Grâce à des changements intervenant au niveau des mécanismes de mé-tabolisme, les races locales peuvent, en effet, résister à des parcours prolongéset à des variations importantes de leur diète et de leur niveau d’alimentationen eau (l’un et l’autre étant d’ailleurs liés) : des études réalisées au Kenya dé-montrent qu’une diminution de 30 % de la consommation fourragère estsans conséquence sur le poids des animaux et qu’il en est de même de l’im-portance des distances parcourues.

La mobilité permet de sécuriser les éleveurs face aux aléas climatiques

La mobilité est un élément capital de stratégie de survie des systèmes pas-toraux : en cas de sécheresse, une descente rapide des troupeaux vers le sudsoudanien permet de limiter les pertes et de sauvegarder un noyau dur dereproduction.

Une étude économique réalisée sur les conséquences de la sécheresse auSahel en 1984 a démontré que, grâce à une fuite très rapide vers le sud, leséleveurs les plus mobiles avaient réussi beaucoup mieux que les éleveurs sé-dentaires (Bonnet, Beidou, Keita, Marty, 1989) 13 à limiter les pertes. Il en aété de même au Tchad au Kanem, selon une étude menée postérieurementà la sécheresse de 1973 14.

La mobilité contribue de façon décisive à la préservation de l’environnement

Un consensus s’est établi depuis une dizaine d’années sur le fait que l’am-pleur des dégradations écologiques des zones arides avait été surestimée de

13. BONNET B., BEIDOU H., KEITA M., MARTY A., Etude de la diversité et diagnostic de l’économie pastorale sur l’axe Abalak– in: Gall, PSN-FIDA, mai 1989, 85 p.

14. CLANET J., « Les conséquences des années sèches 1969-1973 sur la mobilité des éleveurs du Kanem », in: Travaux etdocuments de géographie tropicale, sous la direction de Jean Galais, septembre 1977, p. 239-259.

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même que le rôle de la pâture animale dans cette dégradation. En fait, l’élé-ment déterminant sur la qualité d’un pâturage en milieu aride est l’abon-dance des précipitations.

Il n’en demeure pas moins que les modes de pratique de l’élevage sontloin d’avoir un rôle négligeable dans la qualité du pâturage :

Les systèmes mobiles ont un avantage très important par rapport aux sys-tèmes sédentaires ou au système de ranching. En effet, en permettantd’adapter de façon permanente et avec une grande souplesse la chargeen animaux à la capacité des pâturages, ils contribuent à éviter la dégra-dation dont s’assortit un séjour prolongé d’animaux sur la même parcelle(cas de l’élevage sédentaire). L’élevage sédentaire, qui risque de mener àun acharnement sur les espèces les plus appétées, peut conduire, mêmeavec des charges modérées, à une dégradation de la composition des pâ-turages aussi bien en zone sèche qu’en zone plus arrosée (phénomène dedégradation verte par extension de l’herbe du Laos chromolaena odoratapeu comestible).Les systèmes mobiles permettent d’exploiter de façon opportuniste devastes surfaces avec une charge généralement forte mais de courtedurée : dès que la production laitière baisse, les éleveurs nomades outranshumants changent de pâturage. Ce système de charge instantanéeintense est reconnu bénéfique pour l’environnement et la qualité des pâ-turages car il permet d’alterner les périodes d’exploitation et de repos, cequi favorise la durabilité des pâturages tout en évitant le piétinement pro-longé et la sélectivité du broutage. De plus, en éliminant les pailles, il per-met de favoriser la germination des semences aux cycles suivants.Enfin, en milieu sahélien, il favorise le transport de semences par les ani-maux transhumants (le Cenchrus biflorus ou « cram cram » par exemple) – cequi contribue à l’enrichissement des pâturages en espèces appétées.

Les dégradations dues à un surpâturage sont généralement concen-trées sur des zones limitées : abords de lacs (lac Fitri), de fleuves (BarhAzoum dans le Batha) et de points d’eau. Dans ce dernier cas, on constateque la dégradation est limitée aux abords immédiats des puits manuels oumares artificielles (quelques centaines de mètres de rayon). Il n’en est pasde même des forages mécanisés de grande capacité qui, favorisant degrandes concentrations de bétail, ont un impact dégradant sur de vasteszones.

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LES DÉFIS ET MENACES À LA MOBILITÉ

Des menaces importantes pèsent sur le maintien de la mobilité de l’élevage

La principale menace est la progression du front agricole. Du fait notam-ment de la croissance démographique et du phénomène de colonisationagricole (notamment dans le Salamat), le front de mise en valeur agricole atendance à se développer dans des régions de plus en plus septentrionalesdu pays : il en résulte des phénomènes fréquents de blocage des couloirs detranshumance et de conflits qui peuvent menacer l’essence même du sys-tème transhumant. Les cultures au milieu des pâturages, à côté des pointsd’eau ou même sur les pistes de transhumance, entravent la mobilité destroupeaux pourtant essentielle au développement de l’élevage.

Ce phénomène est d’autant plus préoccupant qu’il est concomitant d’unetendance des éleveurs mobiles à accroître l’importance et la durée de leurpénétration en zone soudanienne. Cette dernière tendance a des causesmultiples :

enseignements tirés des périodes de grande sécheresse (1969-1974 et1984-1985) où les animaux s’étant repliés tôt au sud ont mieux résisté ;baisse de pression de la trypanosomiase avec le développement de l’agri-culture 15 ;meilleurs prix des céréales ;développement de l’agro-pastoralisme (une partie des familles des éle-veurs, notamment les femmes, pouvant s’établir de façon permanentedans le sud comme agriculteurs).

Mais la mobilité peut également être menacée par l’appropriation de cer-taines ressources rares (pâturages de replis, points d’eau) par certaines caté-gories d’éleveurs au détriment d’autres : ce phénomène est particulièrementmarqué au Niger (Nord Zinder) où certaines ethnies arabes s’approprientdes points d’eau au détriment des M’bororos en voie de marginalisation,mais elle n’est pas absente dans certaines régions du Tchad : rivalités meur-trières entre Ouled Rachid et Khosam dans le Nord Batha, appropriationde points d’eau par les sédentaires dans le Nord du Chari Baguirmi.

15. Les glossines insectes transmetteurs de la trypanosomiase aux animaux et de la maladie du sommeil à l’homme nepeuvent se développer en milieu déboisé.

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Par ailleurs, des modifications intervenant dans le mode d’appropriationdu troupeau (troupeaux appartenant à des commerçants ou à des fonction-naires sédentaires et confiés à des bergers) peuvent contribuer à diminuerla mobilité, car ces bergers qui pratiquent généralement une gestion à courtterme ont tendance à réduire les parcours.

Le phénomène peut être exacerbé par la persistance d’orientations ina-daptées au niveau de certains projets de développement ou de la politiquegouvernementale en matière d’élevage. Dans les années 1980 et 1990, lecontexte de politique en matière d’élevage a été fortement marqué au Tchadpar le Programme National d’Élevage (PNE) financé par la Banque mondi-ale. Il visait à augmenter de façon durable la production animale et les reve-nus des éleveurs et de l’État, tout en insistant sur l’organisation du mondepastoral, la privatisation des soins et des ouvrages hydrauliques. Entre 1989et 1999, le PNE a notamment promu la création d’un grand nombre de grou-pements d’intérêt pastoral (GIP). Les puits ont été pour une large part appro-priés par des sédentaires (agriculteurs ou éleveurs sédentaires) membresmajoritaires des groupements au détriment des pasteurs qui en ont été exclus.

Dans le sillage du PNE, le Programme Pilote Pastoral a appuyé la créationde trois périmètres pastoraux (PP) visant l’expérimentation d’une gestionfondée sur une exploitation tournante du pâturage à partir de périmètrespréalablement clôturés. Les enclosures établies à la limite des périmètressemblent avoir souvent été perçues par les éleveurs transhumants commedes barrières à la mobilité avec un risque d’appropriation de ces espaces parles populations sédentaires. De plus, la pérennité de ces systèmes sembledifficile à assurer du fait de la complexité de la gestion dont ils s’assortissent.

Une orientation proche de celle du PNE est celle du Programme d’Appuiau Système d’Elevage Pastoral (PASEP) financé par la Banque Africaine deDéveloppement. Celui-ci vise notamment la généralisation de l’approchedu PNE, notamment la création de GIP et la vulgarisation des PérimètresPastoraux ; il serait douteux que ces résultats soient très différents. De plus,sur financement de fonds arabes, la poursuite du financement de stationsd’exhaure mécanisées de grande taille est prévue, nonobstant les piètres ré-sultats enregistrés dans les interventions similaires en la matière.

Il convient néanmoins de souligner que la nouvelle stratégie du Gouver-nement du Tchad, telle qu’elle transparaît dans le « Schéma Directeur del’Eau et de l’Assainissement » et dans le Plan d’Intervention pour le Déve-loppement Rural (PIDR), se démarque de ces approches en mettant nette-ment l’accent sur l’importance de la mobilité. De plus, un programme encours financé par le ministère français des Affaires étrangères, le Projet deSécurisation des Systèmes Pastoraux, conforte cette approche favorable à la

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Carte 1 – Projet d’hydraulique pastorale de l’AFD au Tchad

Source : Agence Française de Développement, Paris.

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mobilité. Il en est de même des projets d’hydraulique pastorale financés parl’Agence Française de Développement au Tchad, dont les résultats validentde façon spectaculaire le bien-fondé de la mobilité et sont dans une largemesure à l’origine de l’inflexion en cours de la politique tchadienne en ma-tière d’élevage.

LES ENSEIGNEMENTS ET L’IMPACT DES PROJETS D’HYDRAULIQUE PASTORALE FINANCÉS PAR L’AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT AU TCHAD

Les idées sous-jacentes aux projets

Convaincue de l’intérêt d’appuyer la pérennité et le développement del’élevage mobile au Tchad, l’Agence Française de Développement intervientdepuis 1990 dans le financement de projets d’hydraulique pastorale. Ces in-terventions couvrent l’essentiel du pays (à l’exception de la zone cotonnièreet du Chari Baguirmi. Au total, 50 millions d’euros ont été investis dans cesprojets 16, ce qui représente 60 % de l’investissement total des bailleurs defonds dans le secteur.

Ces projets ont permis la réalisation ou la réhabilitation d’un millier depoints d’eau et de plus de 500 kilomètres de pistes de transhumance. Ilss’appuient dans une large mesure sur l’analyse de la problématique de l’éle-vage mobile développée ci-dessus. Ils reposent sur deux idées fondatrices :

La ressource pastorale des vastes zones soudano-sahéliennes du paysétant abondante 17 et largement sous-utilisée faute d’une desserte suffi-sante en points d’eau, le développement raisonné d’ouvrages hydrauli-ques permet en desserrant cette contrainte d’accroître la productionanimale et partant le revenu des éleveurs.La multiplication des points d’eau permet de sécuriser la mobilité deséleveurs en multipliant les opportunités de pâturage et en retardant leurdescente vers le sud soudanien où ils peuvent entrer en conflit avec lesagriculteurs sédentaires.

16. Projet BET 1 et 2, Almy Bahaim 1, 2 et 3, Ennedy-Biltine, Kanem, Tchad central.

17. Une cartographie des pâturages réalisée par le CIRAD dans l’Est du Tchad en 1998 apporte la démonstration de l’im-portance du potentiel agrostologique sous-utilisé.

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Les principaux enseignements de l’expérience acquise

Les actions d’accompagnement revêtent un caractère essentiel. Elles sontconfiées à des opérateurs spécialisés, connaissant parfaitement la problé-matique de l’élevage mobile et associant des compétences sociologiquesaux compétences en matière d’élevage et d’hydraulique. La part du fi-nancement qui doit leur être consacrée est d’au moins 40 % du coût totaldu projet. La qualité de l’opérateur retenu est un paramètre essentiel dusuccès du projet.Le choix de la localisation des ouvrages est une opération stratégique etcomplexe : un puits mal situé peut générer des conflits sanglants entreclans et tribus et ne pas être utilisé 18. Il est essentiel que ce choix soit réa-lisé par les bénéficiaires avec l’appui de l’opérateur, ce dernier devantconcevoir des mécanismes de sensibilisation et de concertation permet-tant d’organiser cette sélection. L’expérience montre que le recours auxstructures traditionnelles (chefs de clan, de lignage, chefs de point d’eau)doit être privilégié dans cet exercice, le rôle des autorités administrativesétant focalisé sur l’officialisation des décisions prises. La nécessité d’unconsensus étant un préalable incontournable à la réalisation d’un ouvra-ge, le programme de réalisations physiques d’ouvrages initialement pré-vues peut être très sensiblement modifié en cours de projet.Les ouvrages hydrauliques privilégiés sont des puits à exhaure manuelle ouanimale ou encore des mares (en l’absence de nappe souterraine). Les fo-rages mécanisés sont exclus car, outre les problèmes de maintenance qu’ilsposent dans des zones isolées, ils favorisent, du fait de leur débit élevé, desconcentrations importantes de bétail qui peuvent mener à du surpâturageet à une dégradation de l’environnement. Pour des raisons similaires, lesmares de trop grande taille (supérieures à 7 000 m3) et permanentes sontégalement à proscrire : elles peuvent être utilisées à des fins agricoles et ap-propriées par les paysans au détriment des éleveurs mobiles, alors que despetites mares non permanentes facilitent la mobilité des troupeaux.L’expérience a mis en lumière la nécessité de compléter les réalisationshydrauliques par des investissements de balisage des parcours et d’airesde stationnement du bétail. Ce balisage négocié entre éleveurs et agricul-teurs permet de délimiter les parcours de transhumance et d’éviter les af-frontements, les contestations et le blocage des couloirs par des activités

18. Le cas du puits de Derbé 2 dans le Batha, situé à la limite de deux cantons rivaux (Missirié et Ouled Rachid) est parti-culièrement significatif à cet égard.

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agricoles ; il contribue également à éviter la dégradation des champs pay-sans par les troupeaux transhumants.Le système de gestion des ouvrages est conçu de façon à ne pas aboutir àleur appropriation par un groupe d’usagers au détriment d’un autre :dans cette perspective, la mise en place de systèmes de cotisations préco-nisés en hydraulique villageoise est dangereuse car, outre les difficultéspratiques de l’organiser, elle risque d’exclure les transhumants de l’accèsaux ouvrages. Dans la pratique, le système traditionnel utilisé (gestionpar un chef de puits organisant les tours d’eau) est le système le mieuxadapté. En ce qui concerne les couloirs de transhumance, la constitutionde commissions mixtes 19 (éleveurs-agriculteurs associant autorités tradi-tionnelles et administration) au niveau départemental permet d’aboutirà un consensus sur leur tracé et d’en gérer la bonne utilisation.En l’absence d’un système de droit foncier pastoral stabilisé, la gestion del’utilisation des pâturages et des points d’eau est génératrice de conflitsnombreux et parfois dévastateurs. L’expérience montre toutefois quel’adoption de codes fonciers ou pastoraux rigides serait inadaptée car lesdroits coutumiers en matière pastorale sont multiples, se chevauchentsouvent et évoluent dans le temps et dans l’espace en fonction de lavariabilité de la valeur du bien concerné (les droits pastoraux sont géné-ralement beaucoup plus exclusifs en zone humide qu’en zone sub-déser-tique peu productive et à production aléatoire).Dans ce contexte fluctuant, les projets doivent encourager à la mise en placed’institutions diversifiées permettant la résolution des conflits à l’échelle oùils se posent en privilégiant l’échelon le plus local et en ne faisant remonterque les arbitrages les plus délicats au niveau de l’administration départe-mentale. Ces institutions, pour être reconnues et légitimées, doivent laisserune place clé aux structures traditionnelles (chefferies, imams, chefs de clanset de tribus) mais en y associant si possible des organisations d’éleveurs.L’échelle pertinente d’intervention doit être suffisamment vaste pour recou-per la totalité d’un circuit de transhumance – ce qui permet d’appréhenderla problématique globale d’un système d’élevage et de suivre les éleveurssur l’ensemble du parcours : le projet Almy Bahaim par exemple couvre unezone de 300 000 km2, peuplée d’environ 150 000 éleveurs 20 et contient uncheptel estimé à 3,7 millions d’UBT 21.

19. Les commissions mixtes d’Abéché au Ouaddai et d’Am Timan au Salamat ou de Mangalmé dans le Guéra sont particu-lièrement actives en la matière.

20. Moyenne entre les fourchettes haute et basse des estimations.

21. Source : comptage effectué par le projet ASETO en 2000.

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Dans un contexte complexe, aléatoire et peu prévisible, qui est celui dupastoralisme au Tchad, toute démarche de planification trop précise et ri-gide s’avère contre-performante. Aussi, la démarche retenue dans les pro-jets d’hydraulique pastorale laisse-t-elle une grande initiative à l’opérateurresponsable de la mise en œuvre du projet. Les projets se sont construitset affinés « en marchant », au fur et à mesure de l’approfondissement dela connaissance du milieu et des réactions des diverses parties prenantes.Ainsi, les programmes en matière de réalisations physiques ont-ils été sen-siblement modifiés en cours de projet 22 et la méthodologie s’est construitede façon pragmatique mais en respectant la stratégie de base définie dansun « cadre logique » dessiné au démarrage de l’opération. L’existence d’unsystème de suivi-évaluation opérationnel performant intégré au projet etgéré par l’équipe de l’opérateur s’est révélée être un instrument de baseindispensable dans cette approche.Enfin, les actions d’hydraulique pastorale doivent être appuyées sur la du-rée (au minimum 15 ans) pour avoir des perspectives crédibles de péren-nisation, et le bailleur de fonds doit en conséquence prendre l’engagementmoral d’une intervention longue : le projet Almy Bahaim « de l’eau pourle bétail » dans l’Est du Tchad, qui en est à sa troisième phase, a ainsi dé-marré il y a plus de 10 ans et se poursuit actuellement.

Les impacts

Une étude d’évaluation externe 23 a été réalisée récemment pour tenterd’apprécier les impacts des projets d’hydraulique pastorale financés parl’AFD au Tchad, en distinguant impact sur la production animale, impactsur l’environnement et impact sur la prévention des conflits.

L’évaluation de l’impact du projet sur la production animale

Elle repose essentiellement sur l’examen des documents internes élabo-rés par les projets et sur des entretiens avec les éleveurs. En effet, le recueilde données quantitatives sur l’évolution des effectifs et de la productivitédes troupeaux (taux de fécondité, mortalité, poids, cheptel) aurait nécessitédes enquêtes dont le coût demeure hors de portée de ce type de projet.

22. Par exemple, aucune mare n’avait été prévue au démarrage du projet Almy Bahaim, alors qu’elles ont représenté unepart importante des réalisations.

23. « Étude des impacts économiques, sociaux et environnementaux des projets d’hydraulique pastorale financés parl’Agence Française de Développement au Tchad », réalisée par l’IRAM en collaboration avec le CERNA (laboratoire d’éco-nomie de l’École des mines de Paris).

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Les impacts des projets sur la productivité des troupeaux sont ressentis à différents niveaux

À l’échelle des ouvrages, la réhabilitation et la création de points d’eau per-mettent, grâce à l’augmentation des débits, de réduire sensiblement les tempsd’attente à l’abreuvement, augmentant d’autant le temps de pâture – ce quicontribue à l’amélioration de la production en viande et en lait.

À l’échelle du système dans son ensemble (réseau de puits, de mares et depistes balisées) et de la mobilité pastorale, la diversification des pointsd’abreuvement réduit la longueur des étapes en limitant les pertes et la mor-talité des animaux (notamment les plus fragiles). De plus, l’ouverture denouveaux pâturages, grâce à la création de points d’eau, permet aux éle-veurs d’accroître la taille de leurs troupeaux et d’améliorer de façon sensibleleur alimentation – ceci d’autant plus qu’il s’agit généralement de pâturagesde saison sèche très riches. Les revenus s’en trouvent très sensiblementaccrus : le prix d’un animal bien conformé et en bonne santé est de 50 % su-périeur à celui d’un animal chétif sur le marché d’Abéché ou d’Ati.

Comme indiqué dans la première partie, l’accroissement et la sécurisa-tion de la mobilité, qui est la finalité première des interventions, ont globa-lement un impact favorable sur l’environnement. Cependant, les projets sesont préoccupés de maximiser ces impacts : le choix de localisation des pointsd’eau a pris en compte les possibilités de surpâturage localisé en renonçant àconstruire des puits dans des zones déjà bien dotées et en évitant les zonesà risques de sur-fréquentation (abords du fleuve Batha par exemple) ou déjàdégradées (Nord et Nord-Est Kanem). La limitation de la taille des marescreusées par les projets s’inscrit dans la même démarche car elle vise à éviterles concentrations importantes de bétail sur un même lieu.

Cependant, les dispositifs de mesure de l’évolution des pâturages mis enplace sur les projets Almy Bahaim et Kanem n’ont pas été faits sur une duréesuffisante pour que des enseignements scientifiques puissent en être tirés etil est très difficile de déterminer l’origine d’un changement de qualité despâturages, les précipitations jouant un rôle beaucoup plus déterminant quela fréquentation animale.

Il n’en demeure pas moins que les entretiens avec les transhumants, trèsfins connaisseurs en la matière, concluent à une absence de dégradation etmême à une amélioration sur certains sites du fait d’un transfert de bétail versde nouvelles zones rendues accessibles autour des nouveaux points d’eau.

De plus, dans certaines zones (comme le Kanem), la construction de puitsen ciment se substituant à des puits traditionnels dont le cuvelage est enbranchage permet de réaliser une économie sensible en ressource ligneuse et

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de limiter en conséquence le déboisement dans des zones sensibles : la con-sommation annuelle d’un puits traditionnel (dont le cuvelage doit être refaittous les ans) est en effet équivalente à 2,5 hectares de couvert boisé par an,soit 75 hectares sur la durée de vie moyenne d’un puits.

Les interventions d’hydraulique pastorale ont eu de plus un impact trèsimportant et sans doute décisif sur la prévention et la diminution des conflitsdans les zones concernées. Aucun conflit majeur ou violent n’a été enregistréautour des nouveaux points d’eau – ce qui tend à démontrer que les précau-tions prises dans la démarche de sélection des implantations a été payante,même si elles ont contribué à ralentir le rythme et la taille du programme deréalisation.

L’expérience de balisage des pistes de transhumance, même si elle necouvre encore qu’une faible part des couloirs existants (10 % au maximumpour les trois phases du projet Almy Bahaim), est très positive : les couloirssont respectés à condition d’avoir été mis en place à l’issue d’un exercice deconcertation prolongé associant non seulement les autorités administratives ettraditionnelles mais un nombre suffisant d’éleveurs et d’agriculteurs concer-nés. Ces actions qui ne représentent qu’une faible part du coût des projets sontplacées en toute première priorité par les éleveurs. Elles ont permis, outre lasécurisation de certains couloirs existants, la réouverture de couloirs tombésen désuétude du fait de l’extension des activités agricoles. Une très forte amé-lioration des conditions de sécurité est enregistrée sur les zones balisées desparcours : les parcours autour d’Abéché qui avaient été dans le passé le lieude multiples affrontements avec morts d’hommes sont désormais considéréscomme sécurisés par les éleveurs.

Ces effets importants et multiples mais non quantifiables recueillentl’unanimité des éleveurs interrogés et sont relayés au niveau des autoritéspar le biais des diverses instances de concertation qui se mettent en placeavec l’appui des projets : la nécessité de préserver et de renforcer la mobilitéfait maintenant l’unanimité au niveau départemental, régional et national.Elle est retenue comme axe prioritaire de la politique en matière d’élevage.

Une analyse économique modélisée

Une analyse économique modélisée de la rentabilité des projets d’hy-draulique pastorale au Tchad a été menée dans le cadre de l’étude précitéeà la fois pour le projet Almy Bahaim et dans une perspective macro-écono-mique d’ensemble.

Dans le cas du projet Almy Bahaim (Est du Tchad), le raisonnement estfondé sur l’impact de l’accroissement de la production d’eau sur l’augmen-

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tation du cheptel et l’amélioration de sa productivité. Il part de l’hypothèse(vérifiée sur le terrain) qu’une meilleure desserte en eau et en pistes detranshumance permet une augmentation de la taille du cheptel 24 du fait del’ouverture de nouveaux pâturages et d’une hausse du taux de rendementnumérique des troupeaux 25 en raison de l’amélioration des conditions deparcours et d’abreuvement. L’évaluation prend en outre en compte une ana-lyse fine de la situation sans projet qui aurait mené à une sédentarisation enville des éleveurs en surnombre et des revenus alternatifs qu’ils auraient dé-gagé dans cette situation (emplois non qualifiés). Elle fait ressortir un tauxde rentabilité économique qui s’élève à 11 %.

Une analyse macro-économique d’ensemble a également été réalisée pourquantifier l’impact économique global d’un développement généralisé àl’échelle du pays des interventions d’hydraulique pastorale menées en fonc-tion du potentiel en pâturages (soit la construction de 2 500 points d’eaupour un investissement estimé à 80 millions d’euros).

Elle part des hypothèses suivantes : les investissements permettront pour un période de trente ans de mettrefin au mouvement de sédentarisation des éleveurs (taux actuel estimé à6 % dans les zones non touchées par les projets) ; le cheptel mobile possède des taux de rendement nettement supérieursà celui de l’élevage sédentaire ;il résiste beaucoup mieux aux occurrences de grande sécheresse que lecheptel sédentaire (taux de survie respectifs de 70 et 30 % constatés).

Le taux de rentabilité économique évalué dans ces conditions varie entre14 % (hypothèse sans sécheresse) et 17 % (sécheresse grave intervenant aubout de 10 ans).

Ces analyses, menées à partir d’hypothèses sommaires (faute de donnéesquantifiées) mais plausibles et fondées sur l’expérience des projets et l’ana-lyse de la littérature spécialisée, font ressortir la bonne rentabilité économi-que des investissements en matière de sécurisation des systèmes pastorauxdans un contexte tchadien où les alternatives de revenus pour les popula-tions sédentarisées sont peu attractives.

Il n’en serait pas de même dans le cas, peu probable, où un développe-ment rapide de nouvelles activités productives à haute productivité vien-drait à se dégager dans les trente années à venir à un niveau important etapporterait une rémunération intéressante aux migrants.

24. Un puits d’ouverture dans le Nord permet en moyenne de desservir 2000 UBT.

25. Taux de croissance naturelle du troupeau avant exploitation.

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Même dans cette hypothèse, ce type d’interventions pourrait être socia-lement et culturellement justifié par le fait que le maintien d’un mode de vieancestral pourrait être estimé préférable par les éleveurs, en particulierpour protéger diversité culturelle et sédentarisation. Il convient de plus desouligner que ces exercices de modélisation économique n’ont pas pris encompte les impacts de projets sur l’environnement et sur la sécurité qui sontloin d’être négligeables, même si leur quantification est à ce stade difficile-ment envisageable.

CONCLUSION

Les programmes d’hydraulique pastorale ont contribué de façon très si-gnificative à sécuriser la mobilité de l’élevage et à prévenir les conflits. Maisla progression des activités agricoles en zone soudanienne est une tendancelourde, liée à la pression démographique, et potentiellement explosive. Lecontre-exemple du conflit du Darfour limitrophe est là pour en témoigner :il est, en effet, fondé sur un affrontement entre éleveurs arabes, agriculteurset agro-pasteurs (notamment Four, Massalit et Zaghawa) avivés par l’ingéren-ce d’un État incapable et sans doute non désireux de jouer son rôle d’arbitre.

Un blocage des accès aux pâturages des zones soudaniennes en saison sè-che fait peser une lourde menace sur la pérennité du système transhumantdans son ensemble. La rationalité économique et technique milite en faveurd’une complémentarité organisée entre les deux systèmes.

L’élevage mobile est le seul mode de production susceptible de mettre envaleur de façon durable et rentable les vastes espaces saharo-sahéliens, maisil suppose un séjour en saison sèche des éleveurs en zone soudanienne.Le mode de production le plus approprié dans les zones soudaniennesconcernées par les projets d’hydraulique pastorale est un système agro-pastoral laissant une large place à l’agriculture vivrière, mais en étroite re-lation d’échange et de complémentarité avec les éleveurs transhumants(vente de céréales, gardiennage du bétail, fumure des parcelles).De plus, l’évolution constatée depuis une vingtaine d’années va dans lesens de l’approfondissement de cette complémentarité : développementdu confiage de troupeaux appartenant à des sédentaires à des bergerstranshumants, séjour parfois permanent des femmes et des enfants detranshumants dans les zones agricoles.

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Cependant, la mise en place d’un équilibre coopératif entre agriculteurs,agro-pasteurs et éleveurs mobiles est une œuvre de longue haleine et parti-culièrement délicate pour laquelle les projets de développement ont unavantage comparatif (principe de subsidiarité) du fait de leur neutralité parrapport aux parties prenantes. Ces projets devront appuyer dans la duréeun exercice concerté de planification de l’aménagement de l’espace en zonesoudanienne ayant pour objectif l’optimisation de l’utilisation des ressour-ces (pâturages, terres agricoles, réserves cynégétiques).

Une des retombées principale des interventions est d’avoir, par les dyna-miques de terrain développées, convaincu les éleveurs, les agro-pasteursainsi que les autorités administratives traditionnelles et gouvernementalesdu bien-fondé de cette approche.

Il conviendrait à l’avenir de conforter cette dynamique en mettant l’ac-cent sur la pérennisation des structures décentralisées de concertation misesen place et sur les appuis à la gestion concertée de l’espace et des pâturages.L’importance des connaissances acquises sur les systèmes d’élevage et les dy-namiques sociales par les projets est un gage de succès pour la poursuite deces interventions dans ce secteur.

Par ailleurs, le maintien à long terme de l’élevage transhumant ne peuts’envisager sans que des efforts importants soient consentis en matièred’éducation et de santé en faveur des populations concernées, qui sont ac-tuellement totalement laissées à l’écart dans ce domaine. Mais ces appuisdevront être consentis avec une approche originale compatible avec la mo-bilité des populations transhumantes (écoles et centres de santé mobiles).

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