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Natrum carbonicum 1 Définition Le carbonate de soude CO3Na2, dont le bicarbonate de soude ou sel de Vichy, CO3HNa, est une variété, se présente à nous sous l'aspect de cristaux incolores, transparents, efflorescents, solubles dans l'eau, mais insolubles dans l'alcool, et caustiques à un très faible degré. On le trouve dans la nature, particulièrement en Égypte où il abonde dans une vallée nommée les Lacs de Natron ; il se cristallise dans l'eau de ces lacs par évaporation naturelle de ces eaux. On le rencontre encore dans les végétaux qui se trouvent sur les côtes maritimes de la France, où on le prépare par l'incinération de ces végétaux dont les cendres se vendent ensuite sous le nom de Soude factice. Nous préparons, pour l'usage homéopathique, les trois premières dynamisations du remède par la trituration hahnemannienne, puis les dynamisations plus élevées, par le moyen de dilutions successives. Déjà l'image d'une cristallisation de ce sel dans l'eau, par évaporation naturelle des eaux, exprime très grossièrement le génie avec l'idée d'une précipitation ou d'une rétraction à mesure que s'en va le corps aqueux. Génie du remède Le radical Natrum contenu dans plusieurs remèdes 1 Le texte de couleur noire est pris dans le livre du Dr Lathoud J.A. : Etudes de la Matière Médicale Homéopathique, Franche-Comté Impression - 25270 Levier. Dans chaque rubrique, le commentaire du Dr Kaici est de couleur bleue.

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  • Natrum carbonicum1 Définition

    Le carbonate de soude CO3Na2, dont le bicarbonate de soude ou sel de Vichy, CO3HNa,

    est une variété, se présente à nous sous l'aspect de cristaux incolores, transparents, efflorescents, solubles dans l'eau, mais insolubles dans l'alcool, et caustiques à un très faible degré.

    On le trouve dans la nature, particulièrement en Égypte où il abonde dans une vallée

    nommée les Lacs de Natron ; il se cristallise dans l'eau de ces lacs par évaporation naturelle de ces eaux. On le rencontre encore dans les végétaux qui se trouvent sur les côtes maritimes de la France, où on le prépare par l'incinération de ces végétaux dont les cendres se vendent ensuite sous le nom de Soude factice.

    Nous préparons, pour l'usage homéopathique, les trois premières dynamisations du remède par la trituration hahnemannienne, puis les dynamisations plus élevées, par le moyen de dilutions successives.

    Déjà l'image d'une cristallisation de ce sel dans l'eau, par évaporation naturelle des eaux, exprime très grossièrement le génie avec l'idée d'une précipitation ou d'une rétraction à mesure que s'en va le corps aqueux.

    Génie du remède

    Le radical Natrum contenu dans plusieurs remèdes

    1 Le texte de couleur noire est pris dans le livre du Dr Lathoud J.A. : Etudes de la Matière Médicale Homéopathique, Franche-Comté Impression - 25270 Levier. Dans chaque rubrique, le commentaire du Dr Kaici est de couleur bleue.

  • homéopathiques (Nat-mur; Nat-sulf; Nat-phos...) consiste à distendre et à étirer les essences Yin propres à chaque empreinte et à appeler une réplique conforme des essences complémentaires Yang.

    Dans Natrum carbonicum, la substance vitale subit une immobilisation avec relâchement et gonflement de l'essence Yin structurante et, par suite, une excitation (traduite sous forme de secousses et d'étirements inefficaces) de l'essence Yin incitative, alliée en cela à l'ensemble Yang, au demeurant modéré dans le profil carbonique. Ces signes en miroir expriment, bien sûr, une réciprocité entre polarités mais aussi ils portent tous la marque d'une retenue soit à travers une rétraction-agitation, soit à travers une distention-immobilisation. En fait, c'est tous cela à la fois ; au coeur du génie la rétention représente la cause et l'effet du mécanisme.

    En résumé, la substance vitale de Natrum carbonicum est le siège d'un double désaccord : un Yin bloqué se détourne en une expansion passive, tandis que les pôles Yang freinés tiraillent et pressent, de concert avec la polarité Yin incitative, la contrepartie Yin suspendue. Pour simplifier, je dirai que son génie est fait :

    - d'une force (A) rétractée en expansion passive, molle, immobile et,

    - d'une force (B) retenue en pression active, tendue, agitée.

    La double retenue tient ainsi la force (A) en tuméfaction molle et la force (B) en pression tendue. Sur la spirale de Moebius, ce génie s’écrit ainsi :

    En très simple je parlerai d'une rétraction (A) molle et d'une

    rétraction (B) tendue.

    Caractéristiques

    Constitution et type

  • Natrum carb. développe particulièrement bien son action chez les sujets blonds, de "tempérament leucophlegmatic", aux épaules voûtées, ayant horreur de tout effort physique ou mental, frileux et cependant ne pouvant pas davantage supporter la chaleur que le froid : ils doivent vivre dans un climat moyen.

    Vieux dyspeptiques ayant sans cesse des éructations, des aigreurs d'estomac, des rhumatismes ; plus ces malades prennent de bicarbonate de soude, plus ils sont flatulents, plus leurs digestions sont pénibles : ils ne peuvent même plus, au bout d'un certain temps, supporter le lait qui les dégoûte et provoque la diarrhée. "Anciens dyspeptiques qui sont continuellement en train d'éructer, qui ont des aigreurs d'estomac, en même temps que des troubles rhumatismaux ; ils sont boutés, pâles, frileux, aggravés par le moindre courant d'air ; ils ont besoin d'être chaudement vêtus ; ils sont incapables de résister au froid, pas plus d'ailleurs qu'à la chaleur, ayant besoin d'un climat tempéré ; le changement de temps les aggrave : leurs troubles digestifs, leurs douleurs rhumatismales sont toujours pires par un changement de temps. Le moindre bruit les fait tressaillir ; ils ont de l'excitation nerveuse avec des palpitations pour la moindre chose, et une grande prostration. Le moindre effort physique ou mental amène une grande faiblesse. Le moindre bruit, une porte qui claque, un simple froissement de papier provoque de l'irritation, des palpitations, de la mélancolie. Il se détache de sa famille et de ses amis ; il a même une réelle aversion pour l'espèce humaine" (Kent).

    On ne dira jamais assez la finesse des anciens homéopathes.

    Puissent-ils servir d'exemple et élargir le champ de nos regards trop fixés sur les seuls chiffres de laboratoire. D'un coup d'oeil les anciens savaient dépeindre les traits saillants de l'individu Natrum carbonicum : il est voûté, rhumatisant, dyspeptique :

    - pour la force (A) en rétraction passive, molle et immobile : ses épaules dessinent une ligne tombante, courbée par la rétraction passive. Il se plaint de troubles dyspeptiques divers, de stagnations aigres ou de renvois par la bouche, de gaz venant d'en bas.

    - pour la force (B) en rétraction active, tendue et agitante : il souffre d'articulations raides rétractantes, de douleurs dans le dos allant de haut en bas.

    (En termes de polarités Yin/Yang, à travers les territoires articulaires et

    digestif, on peut noter que : - au centre, dans un organe creux, il y a l'inhibition d'une essence

    Yin relâchée, dénaturée, soulevée passivement par des éructations incessantes (secteur A du génie).

    - à la périphérie, dans des parties osseuses et dures, il y a endolorissement d'une essence Yin mobilisée qui tente, avec ses contreparties Yang, au moyen d'une excitation rétractante, de réduire l'indolence du Yin homologue (secteur B du génie).

    L'ensemble est parfaitement conforme au génie complexe de Natrum carb : un Yin réfractaire et en retard (la force A en position intérieure et postérieure) entraîne l'agitation d'un Yin incitatif et d'un bloc Yang (la force B en position externe et antérieure) peinant avec le Yin apathique).

    Naturellement le moindre effort supplémentaire épuise le sujet Natrum carb, lui même entièrement occupé à dépenser son énergie pour... rien.)

  • Modalités

    Elles traduisent l'influence bénéfique de tout ce qui réanime

    l'activité Yin et l'influence contrariante de tout ce qui accentue la déformation de Natrum carbonicum On sait que dans sa substance vitale :

    - pour la force (A), le pôle Yin structurant en pause est dilaté in situ, que cette essence Yin est renflée et immobilisée sur son emplacement.

    - pour la force (B), le pôle Yin incitatif, en agitation réflexe, est étiré et remuant donc en rétraction secouante.

    - les pôles Yang ralentis, se pressent en force autour des contreparties atteintes et ajoutent, à la force (B), leur voix activatrices.

    Les modalités expriment ainsi un mode énergétique. Voyons ces modalités.

    Amélioration

    - par le mouvement : à condition qu'il soit modéré (de type Yin), le mouvement améliore en effet la composition Natrum carbonicum. Par contre, s'il exprime un effort, le mouvement aggrave. Aggravation

    Elles sont nombreuses et relativement simples. Je serai bref.

    - par le travail mental : il est incapable de penser ou de fournir le moindre travail cérébral sans avoir mal à la tête ou sans avoir des vertiges, ou sans avoir un réel sentiment de

    stupeur : le travail mental met en évidence la stupeur de la force (A), inertie tenace qui donne l’effet de faire du sur place : d’où les vertiges et le mal de tête.

    - par la chaleur et surtout la chaleur de l'été, du soleil ; mais aussi par le froid : "Il

    est très sensible à la chaleur, surtout après une insolation, même quelques années après ; il est obligé de s'abriter soigneusement du soleil ; en été, il recherche les endroits ombragés ou frais ; généralement, un tel malade n'a pas reçu le remède convenable au moment du coup de soleil. "Les malaises de la tête, aggravés par la chaleur, ne le sont pas par le froid, tandis que ceux du reste du corps le sont au contraire en hiver et par le froid ; il a froid comme s'il n'avait plus de sang dans le corps ; les extrémités sont glacées jusqu'aux coudes et aux genoux et il ne peut pas les réchauffer.

    Le corps et les extrémités sont une source de malaises en hiver, et la tête en été" (Kent) : la chaleur (augmentation de l'incitation Yang) renforce la force (B) et aggrave. Le froid (augmentation de la rétraction Yin), renforce la force (A) et aggrave aussi. Notons leur localisation respective à la tête-Yang et au corps-Yin multiplie les caractéristiques concordantes du génie.

    - en étant assis : parce que l'action de s'asseoir équivaut à une

  • "rétraction" du corps. - par l'orage : en raison du risque de rupture, au cours d'une

    tension paroxystique, du lien qui persiste entre le pôle (A) rétracté mou ici et le pôle (B) rétracté tendu là.

    - par la musique : la musique provoque de la mélancolie, des pleurs, des tressaillements (Kent) ; après avoir joué du piano, elle est si épuisée qu'elle est obligée de se coucher ; la musique provoque une grande tristesse qui augmente jusqu'à devenir de la folie

    religieuse ou jusqu'à déterminer une véritable tendance au suicide : quand la musique soulève le territoire psychique sous l’emprise de la force (A) passive, elle y provoque des tressaillements et des langueurs. Ce territoire immobilisé, à texture relâchée, aux fonctions latentes, aux résistances dissoutes, traversé par des vibrations sonores ou lumineuses, répond par des réactions semblablement passives (pleurs, mélancolie, tristesse) qui peuvent aller jusqu’au renoncement ultime, le suicide.

    (En termes de polarités Yin/yang, le pôle Yin dormant est remué par un Yin supplétif remuant, accouru à la rescousse, renforcé par un ensemble Yang peu vif chez l'individu Carbonica).1 1 Au plan énergétique affiné le jeu des essences Yin/Yang réclame un autre développement :

    1) dans les compartiments Yin, il y a une distension/immobilisation du Yin interne basal structurant réactif qui entraîne un appel du Yin actif mais celui-ci est inefficace car il arrive et bute sur l'essence Yin réactive, insensible mais présente sur son emplacement. L'enfoncement ou l'enracinement habituel ne peut avoir lieu d'où : a) infiltration passive dans les espaces interstitiels (dépôts liquides accompagnant l'essence Yin active détournée de sa place normale et de son lieu habituel de suppléance). Cette infiltration passive se traduit par des œdèmes mous, gardant l'empreinte du doigt. Elle siège plutôt aux extrémités et à la face, y exprimant l'amollissement Yin au coeur du geste ou encore elle est manifestée par des organes ptôses, congestifs, par des flatulences, des incontinences, ailleurs par des larmes, une tristesse, des faiblesses, des incapacités etc... Bref, le relâchement Yin structurant se révèle par des signes physiques et mentaux de dépression mélancolique. b) Une sensation de raideur, de craquement, de tension (dans le compt 1) du fait du transfert réflexe de l'essence Yin incitative courant dans le sens normal vers sa complice Yin réactive. Le délogement dans le compartiment 1 détermine des compressions, des spasmes, des

  • Symptômes mentaux

    Comme dans tous les sels de soude, nous trouvons ici de la dépression et de la faiblesse

    cérébrale. Le sujet a le plus grand dégoût de tout travail cérébral qu'il est d'ailleurs incapable

    d'accomplir ; la faiblesse de la mémoire est extrême : il n'a pas fini une phrase qu'il en a déjà oublié le début ; s'il fait une addition, il ne peut arriver à sa fin.

    Avec cela, c'est un sauvage, ne voulant voir personne et manifestant de l'aversion pour n'importe quelle société, même pour ses parents. Il n'est plus maître de lui-même, il ne peut dominer ses impressions.

    Enfin, d'une manière générale, ses sens sont troublés et hyperesthésiés ; le moindre bruit le fait sursauter et trembler : le simple froissement d'une feuille de papier ; la musique provoque de la mélancolie, des pleurs, un découragement pouvant aller jusqu'à un véritable désir de suicide ; il ne peut supporter la lumière brillante ; le moindre bruit lui paraît énorme, et goûter à des choses autrefois agréables lui devient très pénible. Tout cela est un état semblable à celui de Nux Vomica, mais, dans ce dernier, cette hyperesthésie est le résultat d'une grande surexcitation nerveuse, tandis que dans Natrum carbonicum la sensation paraît trop violente simplement parce que le malade ne peut la supporter à cause de sa grande faiblesse.

    L'inhibition (de l'essence Yin) responsable de la dépression et de la faiblesse se confirme dans tous les remèdes homéopathiques relevant d'un sel de soude. Retenons bien cette caractéristique, nous la rencontrerons ailleurs sous d'autres aspects puisque l'homme est un milieu gorgé de sodium. Voyons les deux forces du génie : - la force (A) de rétraction molle, se perçoit derrière le fait que le sujet Natrum carbonicum ne peut pas garder en lui des souvenirs, ni s'imprégner de connaissances, ni s'investir dans un travail ; il ne parvient ni à inscrire des notions dans une intériorité éclipsée, rétractée, ni à y rétractions, des signes de resserrement spastiques tendant d'une part à obstruer l'évidement virtuel et d'autre part à sommer l'essence homologue éteinte. La pathogénésie de Natrum carbonicum offre de multiples exemples de ces particularités tant au plan physique (secousses, mouvement involontaire, sensation de raccourcissement, de contractions saccadées, de raideurs, etc...) que psychique (tremblements, sursauts, détachement de sa famille, aversion pour la société, dégoût pour le travail, etc.). Enfin, notons qu'ici il y a une inversion relative du sens de la marche, la latéralité commence à gauche (compt 2) puis il y a appel en arrière de l'essence Yin incitative (compt 1) et à nouveau report dans un sens normal à gauche. La latéralité marque un "sur place" à gauche. Elle n'apparaît donc pas de façon nette au cours des expérimentations. 2) Dans les compartiments Yang, les deux Yang, à peu près indemnes malgré un ralentissement réflexe essayent de rétablir en vain leurs contreparties Yin touchées. La mobilisation Yang se traduit par une grande irritabilité, par des hyperesthésies, des angoisses, une exaltation de l'appétit sous toutes ses formes et bien sûr, elle actualise et renforce l'agitation, les tiraillements, les secousses musculaires ou psychiques. Ces manifestations plutôt diurnes, les impulsions sexuelles, les douleurs osseuses améliorées par le mouvement, traduisent l'investissement spécifique des essences Yang. Pour la commodité du commentaire je me bornerai à un Yin global asservi (amolli ici, raidi là) et à un Yang global agitateur (étant entendu que l'ensemble Yang est le porte-parole renforcé parfois différencié, dans les modalités diurnes par exemple, du Yin incitatif sous-jacent).

  • éveiller un intérêt pour une activité extérieure. Cette absence se symbolise par l'amputation d'une phrase, par l'amputation d'une addition ou, dans un sens introspectif, par un manque de mémoire. Cette rétraction (A) se voit aussi dans le fait que le sujet Natrum carbonicum se retirant d'un endroit d'être extérieur habituellement consacré à une vie de relations ordinaires (délogement du Yin incitatif) cherche à aller, en vain, à la rencontre profonde de lui-même (vers le Yin structurant insaisissable). Psychiquement cela se traduit par un détachement ou un retrait de la société, par aussi un décrochement affectif et par une introuvable identité. L'indifférence, venant d'une démission involontaire et vice-versa, alimente le désespoir de Natrum carbonicum. Finalement, une telle décomposition, laissée à elle-même, ne peut tomber que du côté où elle penche : dans le renoncement à la vie. - la force (B) de rétraction tendue se lit dans l'attitude hostile du sujet Natrum carbonicum, dans son aversion envers les siens, dans son retrait offensif.

    (En termes de polarité Yin/Yang, l'érosion périphérique, occasionnée par le déplacement interne de l'essence Yin incitative, laisse une frange déshabitée, hyperesthésique comme dans Nux vomica, mais la comparaison s'arrête là. Cette frange distale n'est pas défendue à l'image du déplacement énergétique de Nux vomica, elle est dévêtue, froissée, aisément parcourue et avivée par diverses vibrations, notamment par un froissement de papier si expressément semblable). Tête

    Céphalée causée par le plus petit exercice mental, ou par le soleil, ou par le travail sous la

    lumière du gaz. Un lavage à l'eau chaude réveille ou augmente les douleurs. Il a la sensation comme si sa tête était trop grande.

    La force (A) de rétraction molle est dans l'incapacité à travailler, à utiliser ses facultés intérieures.

    La force (B) de rétraction tendue est dans la sensation de tension. (En termes de polarités Yin/Yang

    Face Elle est d'habitude pâle, bouffie, avec des cercles pâles autour des yeux et des taches

    jaunes sur le front. La bouffissure est d'ailleurs un symptôme général que l'on retrouve aux mains et aux pieds ; elle y est très nette, le doigt laissant là un godet marqué après la pression. Ce symptôme montre l'appropriation du remède à certaines affections rénales ou cardiaques produisant un oedème semblable.

  • Pour la force (A) de rétraction en distension molle, il y a bien sûr la bouffissure locale pâle avec l'oedème passif.

    Pour la force (B) en rétraction tendue, il faut se référer, dans la rubrique au dessus, à la sensation de tension de la tête.

    (En termes de polarités Yin/Yang, l'oedème du visage, bordant deux excavations

    oculaires, donne bien l'image d'une imprégnation Yin entourant sans les pénétrer deux sphères Yin distendues. De plus, l'oedème touche, je l'ai déjà dit, la tête Yang ; il inclut ainsi une essence dans une autre et le tout dans une contrepartie significative par sa qualité de 5ème extrémité gestuelle (les membres formant les quatre autres extrémités).

    Appareil digestif

    Bouche

    Nous trouvons ici une bonne partie des caractéristiques de Borax (bicarbonate de soude).

    Au point de vue nerveux, les sujets des deux remèdes se ressemblent assez : enfants nerveux, maigres, frileux, qu'un rien fait sursauter, qui, en s'endormant, tressaillent, crient et s'accrochent à leur mère. D'autre part, on trouve dans la bouche de Natrum carbonicum une éruption vésiculeuse sur le bord de la langue et surtout sous la langue, au niveau du frein, qui est un lieu de prédilection du remède ; la vésicule laisse après elle, lorsqu'elle est crevée, une petite ulcération semblable à l'aphte de Borax.

    Langue sèche, saburrale, quelquefois épaisse, lourde, ce qui rend la parole difficile.

    Pour la force (A) de rétraction molle, il y a les éruptions surtout sous la langue. Pour la force (B) de rétraction tendue, il y a la langue sèche, épaisse, tendue. (En termes de polarités Yin/Yang, les vésicules puis les ulcérations au bord de la langue expliquent mieux qu'un long commentaire la frange érosive vue plus haut. La naissance élective d'une éruption creusée, au niveau du frein, signifie et matérialise les contours d'une essence Yin étirée, blessée, retenant et animant par en dessous, une masse Yin lourde, épaisse, inopérante).

    Gorge

    Catarrhe chronique du nez qui s'étend jusqu'aux narines postérieures et à l'arrière gorge.

    Il a un violent graillonnement et il expulse un mucus épais qui se reforme sans cesse. Accumulation de mucus jaune, épais, visqueux, dans la gorge et le rhino-pharynx.

    Pour la force (A) en rétraction passive, il y a la catarrhe passive

    postérieure. Pour la force (B) en rétraction tendue, il y a les amas de mucus dans

  • les fonds rhino-pharyngés. (En termes Yin/Yang, les polarités Yin, inhibées sur place, s'amollissent passivement et les polarités Yang actives mais inefficaces renouvelant sans cesse les incitations défensives. Le tout emplit un carrefour postérieur, creusé et tubulaire, ayant entre autres un rôle freinateur et "aiguilleur").

    Estomac

    Soif intense pour les boissons froides, quelques heures après le repas, avec malaises après

    avoir bu. Malaises et troubles après avoir bu de l'eau froide quand il avait chaud. Faim vorace, gloutonne, surtout marquée à 11 heures du matin et à 5 heures du soir, avec

    sensation de vide au creux de l'estomac, soulagée en mangeant. Si le repas peut produire quelques symptômes gastriques douloureux, il soulage en revanche la plupart des symptômes généraux du remède, de telle sorte que Kent indique cette amélioration par le repas comme une modalité générale du remède : la céphalée, la frilosité, les palpitations, les douleurs fulgurantes, simulant celles du tabès, sont améliorées par le repas. Le malade est obligé de se lever vers 5 heures du matin pour manger : femmes enceintes qui ne peuvent se rendormir la nuit qu'après avoir mangé quelques biscuits.

    Aversion pour le lait ; l'enfant de Natrum carbonicum ne peut supporter aucune espèce de lait qui provoque des vomissements et de la diarrhée, tandis qu'il prospère en mangeant des céréales.

    L'action à la fois irritante et paralysante du carbonate de soude se manifeste au niveau de l'estomac comme sur toute la longueur du tube digestif. La faiblesse de la digestion est évidente : pesanteur, malaises, lourdeur à l'épigastre après le repas, nausées constantes, pyrosis : bref, tous les symptômes banaux d'une digestion ralentie à la fois par insuffisance sécrétoire et par insuffisance motrice de l'estomac.

    Il est très déprimé après avoir mangé.

    Pour la force (A) de rétraction molle, il y a la sensation de vide, la faiblesse fonctionnelle, les pesanteurs, le ralentissement moteur...

    Pour le force (B) de rétraction tendue, il y a l'irritation locale, les douleurs réactives, la faim vorace pour combler les creux.

    (En termes Yin/Yang, la soif étanchée, représente le désir Yin incitatif déployé

    qui, bien sûr, est suivi d'une aggravation attendue dans le génie de Natrum carbonicum. Le renfort Yang se distingue mieux le jour, il détermine une sensation de faim secourable, dès la pointe du matin et à 11 heures, à l'approche du zénith ou encore le soir, au moment où doit opérer une plongée incitative et secourante de ce Yang dans le crépuscule Yin. Le repas apporte ainsi un répit général du fait de l'énergie amenée, mais aussi le répit est dû au fait que le bol alimentaire, dans sa progression, représente une sphère mobile descendante, c'est à dire une sorte d'essence Yin structurante gonflée et comme réanimée car retrouvant sa "locomotion".

    Le repas améliore donc parce qu'il dessine un mouvement virtuel favorable, en revanche lorsqu'il stagne dans l'estomac le repas reproduit l'image d'une boule immobile, pesante, avec les douleurs habituelles dans l'essence complémentaire. Enfin le lait ne convient pas pour les mêmes raisons que pour celles de Magnesia-Carbonica., car le lait, substance équilibrée et structurante, ne peut être assimilé par des essences perturbées, il est rejeté en haut et en bas par chaque essence désaccordée

  • Abdomen et selles Comme l'estomac, l'abdomen est douloureux et paresseux. Il est le siège de toutes sortes

    de douleurs sans grandes caractéristiques, la plupart d'entre elles étant causées par les gaz qui le remplissent, et qui font de Natrum carb. un remède flatulent au même titre que Lycopod. ou Carbo veg., etc... La tristesse ou l'hypocondrie qui sont aggravées par le repas s'améliorent à mesure que la digestion avance et que les aliments franchissent le duodénum.

    D'autre part, la constipation est caractéristique : les selles sont dures, maronnées, comme des crottes de brebis, se détachant en petits morceaux, et sont très difficiles à expulser : le malade sent le besoin mais ne peut faire des efforts.

    Il faut noter une diarrhée particulière, avec besoin pressant, quelquefois selles involontaires, expulsées d'un seul jet, avec grand fracas, ce qui provoque quelquefois dans l'abdomen une violente commotion. Chez certaines femmes, au moment de la ménopause, on peut trouver dans les selles des débris jaunes ressemblant à des morceaux de pelure d'orange ; bien entendu, la diarrhée est aggravée ou provoquée par le lait.

    Pour la force (A) en rétraction molle, il y a l'estomac flasque,

    paresseux, l'hypochondrie, la tristesse, la flatulence locale. Pour la force (B) en rétraction tendue, il y a les besoins pressantes,

    les tensions postérieures après évacuation. (En termes Yin/Yang, on peut voir, par exemple que la constipation modèle les

    selles à l'image du génie : elles sont retenues, dures, difficiles à déplacer par l'essence Yang (B) en rétraction tendue ; de même, la diarrhée, échappée passivement ou expulsée bruyamment sans contrôle, exprime la présence d'une essence immobile Yin (A) en rétraction passive).

    Appareil urinaire

    Besoins d'uriner fréquents et pressants, quelquefois sans augmentation de la quantité

    d'urine ; d'autres fois avec une urine abondante et claire. Polyurie nocturne. Incontinence chez les enfants. Urine d'odeur aigre, fétide, comme celle du cheval.

    Pour la force (A) en rétraction passive, il y a l'incontinence et pour la force (B) en rétraction tendue, il y a le besoin pressant. L'odeur aigre de l'urine complète l'empreinte particulière de Natrum carbonicum.

    Organes génitaux

    Il y a peu de choses à noter en tant que symptômes organiques ; quelques douleurs à la

    pression, des tiraillements dans les testicules et le cordon, de l'inflammation du prépuce et du gland, une hypersécrétion particulière du smegma, l'excoriation de la muqueuse entre le gland et le prépuce et c'est à peu près tout.

    Mais la fonction génitale est plus nettement altérée : il y a excitation au début, et probablement comme effet primitif, puis, ensuite paralysie. Au début, l'appétit sexuel est très exalté ; il y a des érections continuelles surtout au réveil, avec grand désir de coït. Puis viennent les symptômes de faiblesse sexuelle qui sont fort accentués : pollutions nocturnes laissant après elles de la faiblesse, et de l'irritabilité ; érections fugaces, éjaculations trop rapides ; transpiration après

  • le coït. Écoulement de liquide prostatique à la fin de la miction ou en expulsant une selle difficile. Clarke dit qu'au niveau de la sphère génitale interne de la femme, le plus proche voisin de

    Natrum carb. est Sepia. Déjà ils avaient par ailleurs plusieurs symptômes communs : à l'estomac par exemple, où on trouve le même dégoût du lait qui par ailleurs donne de la diarrhée ; la sensation de vide et de défaillance avec besoin de manger, vers 11 heures du matin. Tous deux, d'autre part, sont aggravés par la musique. Mais voilà qu'en plus, tous deux ont, dans le bas-ventre, une sensation de pression comme si les organes du petit bassin pressaient vers le bas, sur les parties génitales externes, comme s'ils étaient lourds, congestionnés, et que les règles allaient venir.

    Mouvements comme ceux d'un foetus dans l'utérus. Stérilité. Natrum carb. paraît faciliter la conception, écrit Clarke, soit qu'on soit en face

    d'une stérilité constitutionnelle, soit qu'on soit en face d'une stérilité due à un symptôme dont nous allons parler plus bas. Kent fait un bon tableau de la femme de Natrum carb. : elle est nerveuse, elle a froid aux genoux et aux coudes ; elle a le corps froid en hiver et la tête chaude en été ; elle est toujours fatiguée, inquiète, excitable, maigre, dyspeptique, non hystérique cependant. Un phénomène qu'on rencontre chez elle et qui favorise la stérilité, est un spasme ou au contraire une atonie du sphincter vaginal, qui fait qu'après le coït, le sperme est rejeté au dehors de la matrice ; quelquefois aussi, après le coït, un caillot de sang ou un flot de mucus jaillit hors du vagin avec bruit.

    Leucorrhée profuse, épaisse, jaunâtre, fétide, pire en urinant ou après la miction. Règles en avance ou en retard, précédées de maux de tête ou de douleurs à l'épigastre ;

    accompagnées de céphalées battantes, de maux de reins le jour seulement, d'abattements avec nausées et dégoût.

    Pour la force (A) en rétraction passive, il y a : - chez l'homme, les sécrétions passives, les érections fugaces,

    la faiblesse organique, les écoulements prostatiques réflexes. - chez la femme, la sensation de vide, de défaillance, la

    stérilité, l'atonie, les leucorrhées passives, les règles en retard. Pour la force (B) en rétraction tendue, il y a : - chez l'homme, les tiraillements postérieurs, les tensions, le

    désir exalté mais inefficace. - chez la femme, les pressions, la congestion, les spasmes

    agitateurs, les règles en avance, les céphalées battantes. (En termes Yin/Yang, on peut dire que :

    - chez l'homme, le tiraillement dans une partie effilée (le cordon) et dans une partie pleine ovoïde (les testicules), l'inflammation d'un repli libre de la peau et d'un gland intumescent sur place, l'hypersécrétion passive du smegma ou du liquide prostatique..., figurent les essences Yin en repli (elles ne sont pourtant pas prépondérantes dans un organe Yang par excellence). - chez la femme, l'utérus, organe rond, lourd et congestif, symbolise le renflement amolli de l'essence Yin structurante en prise à des mouvements in situ, donc stationnaires. Chez elle, le rejet du sperme symbolise d'une part, qu'une essence Yang ne peut accéder au territoire Yin, d'autre part, ce rejet actualise le détournement involontaire de cette essence Yang. Enfin, le "relâchement" en caillots du contenu utérin entrainant des douleurs dans une extrémité pleine, la tête, ou dans une partie centrale creuse, l'estomac, montre que le "décrochement" d'une essence Yin et le réveil concomitant d'une essence Yang suppléante tiraillée et déviée reste inefficace).

  • Appareil circulatoire Plusieurs fois, dans la journée, sensation de "craquements" au coeur. Palpitations violentes avec angoisse, anxiété, particulièrement en montant un escalier ou, la

    nuit, en se couchant sur le côté gauche.

    Pour la force (A) en rétraction passive, il y a la sensation de craquement, d'impuissance et pour la force (B) en rétraction tendue, il y a les palpitations, l'angoisse qui ameute. (En termes Yin/Yang, il y a là, un sorte de mise en évidence d'une agitation réflexe du Yang de la force (B) au cours d'une ascension qui montre qu'une essence Yin de la force (A) reste immobile).

    Appareil respiratoire

    Nez

    Il est sans cesse enrhumé ; la période aiguë du coryza dure peu ; tout de suite survient un

    écoulement de mucus purulent, jaune, visqueux, qui obstrue le nez et oblige le malade à dormir la bouche ouverte. Puis des croûtes jaunes se forment dans le nez et sont expulsées avec douleur et souvent avec un saignement de nez. A chaque refroidissement, le coryza chronique est aggravé et aboutit finalement à l'ozène. La couleur jaune et la viscosité du mucus constituant une caractéristique des écoulements de Natrum carb., il faudra différencier ici Pulsatilla et Kali sulf. dont la couleur des écoulements muqueux tire cependant davantage sur le vert. D'autre part, la nature de ces écoulements muqueux de Natrum carb. se trouve non seulement au nez, mais aussi aux yeux, au vagin, à l'urètre, etc...

    Pour la force (A) en rétraction immobile, il y a l'écoulement passif, visqueux, la chronicité des affects locaux. Pour la force (B) en rétraction tendue, il y a la formations de croûtes, les pressions et autres poussées locales. (En termes Yin/Yang, on peut, par exemple relever, que la couleur jaune des productions trahit leur charge en essence Yin structurante, profonde, basale. Cette essence Yin se situe dans le compartiment d'hiver dans la spirale ci-dessus, duquel émergera le Yang printanier, solaire).

    Bronches et poumons Là aussi on trouve un catarrhe continuel que le plus léger refroidissement aggrave et qui

    n'est amélioré que quand le sujet transpire. Toux sèche, pire en allant du froid au chaud, comme Bryone dont il a aussi l'enrouement, la

    douleur dans la poitrine, et la toux douloureuse. Crachats épais, verdâtres, purulents, de goût salé. Dyspnée provoquée par une sensation de tension dans la poitrine. Asthme matinal ; asthme

    avec une vive excitation de l'appétit vénérien.

  • Pour la force (A) en rétraction molle, il y a le catarrhe continuel, les crachats purulents, la chronicité des affections.

    Pour la force (B) en rétraction tendue, il y a la tension locale, les douleurs secouantes. (En termes Yin/Yang, on peut noter que toux et dyspnée, prises comme signes d'agitation Yang, se manifestent davantage dans des circonstances d'expansion à la chaleur, de distension dans la poitrine, ou le matin quand se déploie le jour-Yang. Autres remarque, l'intimité poumons/sexe (le Haty de la Haute Egypte) est mise en valeur : chez le sujet Natrum carbonicum, l'asthme réveille un désir sexuel réflexe, bien sûr forcément inefficace chez un tel individu. Exprimée en termes Yin/Yang cela donne : une distension paralytique (ou asphyxique) d'une essence Yin de la force (A), entraîne l'excitation d'une essence Yang de la force (B), appliquée, elle, à inciter le mouvement de la vie).

    Dos et extrémités

    Raideur du cou avec craquements au niveau des articulations des vertèbres cervicales

    quand il tourne la tête. Gonflement des ganglions du cou. Goitre douloureux avec sensation de pression. Il y a beaucoup de douleurs dans le dos, de haut en bas. Violent lumbago après la

    promenade. Douleurs rhumatismales aux membres paraissant comme celles de Rhus tox. être pires au

    repos et améliorées par le mouvement. Mais la caractéristique de Natrum carb., ici, est la sensation de faiblesse, de rétraction, de contractions saccadées avec raccourcissement des tendons.

    Faiblesse des chevilles qui se tordent facilement chez les enfants. Oedèmes aux mains et aux pieds.

    Pour la force (A) en rétraction passive, il y a la faiblesse, les

    oedèmes, les craquements, la sensation clairement exprimée de rétraction. Pour la force (B) en rétraction tendue, il y a les raideurs, les

    pressions, les contractions et autres sensations de raccourcissement en tension.

    (En termes Yin/Yang, on peut reconnaître les essences de Natrum carbonicum dans ces symptômes : gonflement d'un relais nécessaire (pôle Yin structurant) dans une partie elle-même transitionnelle ; douleurs rhumatismales ou lumbago aigu (Yin incitatif) quand s'installe le repos... Le trait le plus significatif revient aux secousses rétractantes dans les étirements tendineux (yin incitatif) qui tentent en vain, de stimuler l'intériorité insensible de la masse musculaire (Yin structurant). Enfin, chez les enfants, la charnière sustentatrice qui construit et dirige le pas (Yin structurant) marque sa défaillance et souvent sa distorsion). Conclusion Le sujet Natrum carbonicum est un souffre douleurs, sensible et las, qui renonce au combat vital en se repliant doublement sur lui même ou

  • plutôt en reculant dans les deux retraits départagés et départageant sa substance vitale. D’une part, il se replie dans une zone passive, immobile, molle qui le rend inapte à toute forme d’effort et d’exercice. D’autre part, il se repli dans une zone réactive, remuante, raide qui le rend hostile à toute forme de vie affective et sociale. Il vit et sévit seul au milieu de ses retranchements, fatigué de lui même, des autres et de l’existence. Bien sûr, c’est un dépressif, un grand dépressif même, qui doit, à ce titre, bénéficier d’un traitement homéopathique long, continu, en hautes dilutions pour le sortir de lui même et, parfois aussi, des antidépresseurs. Un remède comme Natrum carbonicum.

    (En termes de polarités Yin/Yang, on peut conclure en disant que ce remède illustre avec éclat les implications d'une suspension de l'intimité Yin structurante aux signes d'autant plus visibles qu'ils apparaissent chez un Carbonicum dont les réactions Yang assez peu promptes, interférent sans prédominer. Neutralisée, l'essence Yin réactive se déforme sur place, elle s'évase, se distant, sa consistance se relâche et se dénature, elle devient une basale déstructurée molle et pesante. La contrepartie Yin suppléante est également modifiée, elle aborde son homologue adynamique, immobilisé, "à la traîne" et elle tente de l'attirer dans le courant harmonieux. Elle est contrainte de se retirer de son site normal, de battre en retraite pour "remorquer" sans succès, l'essence retardataire de laquelle elle est écartée. Ainsi freinée et doublement retranchée, l'essence Yin incitative offre l'image d'un segment rétracté entre deux expulsions. Suspension lâche, circonscrite et inamovible ici, ligne raidie, resserrée et tendue là, la dissension est totale entre les énergies Yin. Spatialement ce sont deux spirales Yin tournées dos à dos et qui tournent ensemble le dos à leurs contreparties Yang).

    Application clinique

    Jeannine, 76 ans, est adressée par un ostéopathe pour de fortes raideurs cervicales avec maux de tête et vertiges. Son mari, fort avenant, et affectueux avec son épouse me dit qu'elle souffre depuis déjà 5 ans, depuis une très pénible ballade en montagne. Le parcours était trop raide, l'allure trop rapide, l'ambiance désagréable. Et le soleil trop fort. Bien sûr, Jeannine a subit des examens (IRM, scanner, biologie), elle a vu des spécialistes (neurologues, ORL, rhumatologues), pris des traitements (anti-inflammatoires, antalgiques, rééducation vestibulaire, kiné...) mais elle souffre toujours. Avec cette précision : dès qu'elle porte la tête ou ses jambes au soleil, les douleurs, les malaises, les raideurs reprennent vite et l'affectent longtemps. De plus, elle est toujours fatiguée (elle a un cancer du colon), la mémoire défaillante, elle ne peut pas lire à cause du mal de

  • tête, elle est souvent nauséeuse, elle baille, elle est lasse de tout, d'elle même et de la vie. Sur les caractéristiques mentales, sur les raideurs et surtout sur l'aggravation au soleil, je prescris Natrum carbonicum en 9 CH (la force A de rétraction molle est dans l'incapacité à travailler, dans son renoncement dépressif ; la force B de rétraction tendue est surtout dans les tensions douloureuses). J'ajoute Natrum sulfuricum car je suspecte bien sûr, lors de sa fâcheuse ballade, une insolation avec oedème cérébral infime, insolation actualisée aujourd'hui sous forme d'empreinte mémoire (forcément imperceptible aux imageries les plus performantes). Après 45 jours de prise de remèdes, Jeannine est complètement soulagée, elle n'a ni vertige, ni céphalées, ni raideurs. Au point que le mari, ravi mais méfiant, me demande si la maladie a totalement disparue ou s'il faut s'attendre à des récidives. Je réponds comme bien des confrères en disant que la médecine, comme la politique, ne connaît pas le mot toujours ni le mot jamais.