Naître de parents chrétiens, entre

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www.christianismeaujourdhui.info EUROPE EUR 3.75 SUISSE CHF 6.00 CANADA CAD 5.50 FAMILLE JUILLET-AOÛT 2015 AN 13 N o 7 PROCHE-ORIENT Eprouvée, l’Eglise mûrit et s’adapte CHARISMATISME L’Esprit et les dons: un débat clos? VIE INTÉRIEURE Et si l’écologie ne se réglait pas par la politique? Naître de parents chrétiens, entre privilèges et défis

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EUROPE EUR 3 .75SUISSE CHF 6 .00CANADA CAD 5 .50

FAMILLE

JUILLET-AOÛT 2015 AN 13 No 7

PROCHE-ORIENT

Eprouvée, l’Eglise mûritet s’adapte

CHARISMATISME

L’Esprit et les dons : un débat clos ?VIE INTÉRIEURE

Et si l’écologiene se réglait pas par la politique?

Naître de parents chrétiens, entre privilèges et défis

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É D I T O

Il n’est pas forcément évident pour cha-cun de naître et de grandir dans une famille chrétienne. En effet, combien d’enfants

de chrétiens ont trouvé la pression spirituelle fami-liale démesurée et ont pris leurs distances avec la foi (lire notre dossier en page 12). Peut-être qu’une part d’entre eux soutiendraient les pédagogues qui militent pour une éducation «religieusement neutre». Les parents chrétiens ne sont pas parfaits. Pas plus que les autres, d’ailleurs.

A ceux qui ont pris leurs dis-tances avec la foi de leurs parents, j’aimerais dire que ce qui m’impres-sionne, c’est que vous êtes nom-breux à avoir adopté des valeurs, parfois une éthique, tout droit tirées de l’Evangile que vous lisaient vos parents. Peut-être n’êtes-vous pas aussi loin de Dieu que vous ne le pensez .

Aux pédagogues qui ont toujours une théorie d’avance, je ne leur apprends rien en disant qu’il n’y

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a pas d’éducation neutre. Et heu-reusement ! Un enfant se construit par imitation et en réaction avec les modèles qui l’entourent. Le rôle des parents est essentiel. Car comme on le sait, pour se construire, il est sain de pouvoir disposer d’un cadre, de

valeurs et de modèles. En quoi l’identité chrétienne serait-elle moins légitime qu’une identité matérialiste, athée, etc. ?

A ceux qui ont envers les parents chrétiens la cri-tique facile, j’aimerais ajouter que les évangéliques sont les champions de l’antimarketing. Ne disent-ils pas en effet à leurs enfants qu’on ne naît pas chrétien, mais qu’on le devient en acceptant le message du salut de l’Evangile ? Une décision qui appartient à chacun et que les parents ne peuvent pas prendre à la place de leurs enfants. C’est d’ailleurs au nom de cette théologie que les évangéliques ne baptisent pas les nourrissons !

Enfin, aux croyants dont les enfants n’ont pas choisi la foi chrétienne, le roi Salomon rappelle que si nous avons instruit nos enfants dans la voie à suivre... ils s’en souviendront au crépuscule de leur vie. Une raison de rester dans l’espérance, malgré les apparences ! ¶

Personne ne choisit ses parents !

Glossaire des abréviations de cette édition :AEE : Alliance Evangélique Européenne - CASS : Chrétiens au Ser-

vice de la Santé - CNEF : Conseil National des Evangéliques de

France - EPUdF : Eglise Protestante Unie de France - FPF : Fédéra-

tion Protestante de France - FREE : Fédération Romande d’Eglises

Evangéliques - GBU : Groupes Bibliques Universitaires - IBN : Ins-

titut Biblique de Nogent - JEM : Jeunesse en Mission - LLB : Ligue

pour la Lecture de la Bible - PEV : Parti Evangélique (Suisse) - RES :

Réseau Evangélique Suisse - RMCF : Rencontres des motards chré-

tiens francophones - RMJE : Rencontre Ministère Jeunesse Enfance

- SEG : Société Evangélique de Genève - SEL : Service d’Entraide et

de Liaison.

Cette édition a été bouclée le 15 juin 2015.

Merci beaucoup !L’accueil que vous

avez réservé à notre appel de dons du mois dernier permet de financer l’envoi de Fa-mily à une centaine de pédiatres pour un an.

Merci de tout cœur d’offrir ainsi un accès aux valeurs et au témoi-gnage chrétien, en ma-tière de vie de couple et d’éducation, pour les parents des petits, dans la salle d’attente. Nous espérons pouvoir élargir l’envoi à 200 pédiatres supplémen-taires. Pour un don en Suisse : CCP 23-2948-3 (mention Family). Merci !www.magazine-family.info

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EDITO 3 Personne ne choisit ses parents

LES GENS : Ils font l’actualité 4

CONFESSIONS DE... Jane Maire : 46 «Dieu est un Père généreux»

GROS PLAN 12Grandir avec des

parents chrétiens : entre privilèges

et défis Dieu promet-il de sauver nos enfants ? 14

Portraits : Ils évoquent leur héritage familial 14 Fils de pasteur 15 Que faire quand ils se distancient de la foi ? 17

VIE INTÉRIEURE

RÉFLEXION : Et si le défi écolo ne se réglait pas par

la politique ?

28 VÉCU : Une sortie de route 30 pour repartir de plus belle SOUPIRS : Apparences 31 HORS DES SENTIERS BATTUS : 32 Discret mais connu de tous CE JOUR-LÀ... Le 27.7.1975, 32 premier recueil des «Jem» SUPPLÉMENT DE L’ÉTÉ 34 6 conseils pour se reposer - Cet été, j’aime mon voisin - 12 mois de citations - Les visages de la rédaction

8 Moyen-Orient Eprouvée, l’Eglise mûrit9 ÉGLISES : Un réveil perce l’Iran10 TECHNOLOGIES : Le mythe de l’homme-dieu11 ÉTHIQUE : Affaire Lambert : «Chacun prétend agir au nom de l’amour»11 HUGUES NOT : Dieu n’est pas en vacances

24 L’Esprit et les dons : un débat clos ? 27 TOUR DU MONDE DES ÉGLISES : L’Indonésie, le pays des contrastes18 FRANCOPHONIE : L’actualité en France et en Suisse (Les articles de l’autre édition nationale peuvent être consultés sur internet)

41 CULTURE HISTOIRE : Marcher sur les pas des contrebandiers41 THÉÂTRE : Une pièce de théâtre, clés en main42 MUSIQUE : Les «Jem» comptent 998 chants43 CINÉMA : Présence chrétienne au festival cannois43 MUSIQUE : Les Angels Awards, une première

44 Livres, films, musique

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ILS FONT L ’ACTUALITÉ

Une baptiste fait plier la FIFA

Neymar a mis un bandeau «100% Jésus» après la victoire du FC Bar-celone en finale de la Ligue des Champions. Un geste remarqué par des millions de téléspectateurs et... décrié par certains, qui ont dénoncé ce «prosélytisme». Le Brésilien de 23

ans, l’un des meilleurs joueurs du monde, manifeste régulièrement sa foi publiquement. Il est rattaché à une Eglise pentecôtiste du Brésil. En 2013, il avait affirmé : «Dieu m’a toujours aidé, tout ce que j’ai, c’est lui qui me l’a donné.» ¶

Quatre politiciens chrétiens ont été élus au Parlement turc le 7 juin. Selina Dogan (photo), Markar Esayan et Garo Paylan sont d’origine armé-nienne, tandis qu’Erol Dora vient de l’Eglise syrienne-orthodoxe.

Selina Dogan prévoit de s’engager en faveur des femmes, en œuvrant à leur faciliter l’accès au travail, ainsi que de défendre les droits des minorités. «J’uti-liserai les instruments parlementaires pour rendre plus vi-sibles toutes les minorités, et pas seulement les Arméniens», a-t-elle expliqué au site Aujourd’hui La Turquie. ¶

Neymar 100% Jésus

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Le 1er juin, Marc Jost, du Parti évangélique (PEV), a repris la prési-dence du Grand Conseil bernois, l’or-gane législatif du deuxième canton de Suisse en termes de population. Il a été élu à 155 voix sur 157.

L’évangélique de 41 ans a été fêté en grande pompe à Thoune, sa ville

d’origine. Le «premier citoyen» du canton est également secrétaire général du Réseau évangélique suisse en Suisse alémanique.

«C’est pour moi, et pour mon parti, un honneur mais aussi une grande responsabilité», a-t-il expliqué. Marc Jost présidera durant une année l’autorité suprême du canton. «Je l’espère avec équité, paix et clarté». Depuis qu’il siège au Grand Conseil, en 2006, il s’est illustré dans des dossiers tels que l’interdiction de la publicité à connotation sexuelle, l’aide au développement, la bio-diversité ou encore la famille.

Marc Jost est le deuxième représentant de son parti à accéder à la plus haute fonction du parlement cantonal bernois. Heinz Dätwyler l’a été il y a onze ans. ¶

Le premier citoyen bernois est évangélique

Quatre chrétiens au parlement turc

Moins d’une semaine après sa réélection à la tête de la FIFA pour un quatrième mandat, le Suisse Sepp Blatter annonçait sa démission. C’est la ministre de la Justice américaine, en place depuis avril, qui est à l’ori-gine de la tempête anticorruption qui s’est abattue sur l’association faîtière du football international. Loretta Lynch, née dans la quatrième génération d’une famille de pasteurs baptistes, a accompagné son père depuis son plus jeune âge lors de manifestations exigeant l’égalité des droits pour les Afro-Américains. Dans Poli-tico, une ancienne monitrice d’école du dimanche de Loretta a affirmé : «J’ai toujours su que Loretta connaî-trait une carrière exceptionnelle. Je pense qu’elle ferait une bonne présidente des Etats-Unis.» ¶

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L ’ACTU AUTREMENT

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L’ACTU AUTREMENT

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Théologien, archevêque émérite de Strasbourg et auteur de «La grâce de vivre»

Joseph Doré

Magazine mensuel

Buts de la publication :Le Christianisme Aujourd’hui est un mensuel francophone protestant évangélique d’information indépendant. Son objectif est d’offrir à ses lecteurs une analyse chrétienne de l’actualité et de porter à la connaissance du grand public les événements marquant l’actualité protestante évangélique.Depuis août 2003, le Christianisme Aujourd’hui a succédé au Christianisme au 21e siècle, lancé en 1871 et à L’Avènement, lancé en 1989.

Editeur : Alliance Presse-SMC/Jordi SA.Membre du Réseau Evangélique et de l’Association des Editeurs et Libraires Evangéliques (Suisse)Président : Bruno Jordi

Directeur : Christian Willi([email protected])

Rédacteur en chef : Christian WilliRédaction :([email protected])Claire Bernole, Jérémie Cavin, Eric Denimal, Jonathan Hanley, Robert Héritier, Daniel Hillion, Joëlle Misson, René Progin, Valérie Revelut, Sandrine Roulet.

Collaborateurs réguliers : Michel Béghin, David Combernous, Isabelle Leseigneur, Juan Millan, François Sergy, Annie Tychyj, Pierre-Yves Zwahlen.Ont collaboré à ce numéro : Jean-Luc Gadreau, Pascal Portoukalian, Bertrand RickenbacherSecrétariat de rédaction : Jérémie CavinRelecteurs : Raymond Ginobbi, Nelly Rossel, Georges Vuffray, Blaise WengerCréation graphique : Antoine Bader, Aube SavanéeMédiateur : Pierre-André Léchot ([email protected])

Adresses de l’éditeur et de la rédaction :SUISSE : ([email protected])Case postale 192, 1170 AubonneAbonnements : Tél. 0041 (0)21 821 15 15 - [email protected]édaction : Tél. 0041 (0)21 821 15 10 - [email protected] : 30-149-7, Jordi AG, 3123 Belp/1170 AubonneFRANCE : ([email protected])Alliance Presse, c/o VMT France, 12 rue Georges Paccard, 74000 AnnecyAbonnements : Tél. 0033 (0)4 50 23 65 86CCP : Strasbourg 112 31 T. Les chèques doivent être libellés à l’ordre de CIAL, noter au dos : «Pourle compte de Jordi SA, Compte No 101/02 190584»

BELGIQUE : Utiliser l’adresse de la SuisseBanque Fortis, Compte 271-0462767-12, Jordi AG

Le Christianisme Aujourd’hui sur internet :Site : www.christianismeaujourdhui.infoCourriel : [email protected]

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Impression : Jordi SA, CH-3123 Belp

Responsabilité : Les titres et sous-titres des articles ainsi que les encadrés non signés sont établis par la rédaction. La responsabilité n’en incombe pas aux auteurs.

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Tarif d’abonnement pour une année (11 Nos)Pays Monnaie Suisse CHF 67.-Europe EUR 43.-Outre-mer et CHF 75.- DOM-TOM } EUR 48.-Canada CAN 67.-

L e message de l’Evangile peut-il être encore reçu aujourd’hui ? Je reconnais que la question s’im-

pose. Mais je questionne en retour : nos contemporains sont-ils assurés que les découvertes de la science et les progrès des technologies, les lumières accumulées de la raison triomphante, de la modernité et de la post-mo-

Penséeforte

dernité, suffisent et suffiront toujours à les pourvoir d’une sagesse capable de gérer à la fois leurs prodi-gieux progrès et leurs retentissants échecs, leur dévo-rante faim de reconnaissance et de pouvoir, leur capa-cité à prendre réellement en charge les épreuves, les accablements et les misères de tant de leurs frères en humanité ? ¶ In Jésus expliqué à tous (éd. Seuil)

IMPRESSUM

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Face à la détresse humaine, les Eglises sortent de leur zone de confort. C’est ce qu’observent Marjorie et

Simi Wäfler, envoyés en Jordanie par les Eglises suisses FREE. «Par rapport à 2005, où l’Eglise se mobi-lisait peu pour les réfugiés irakiens, nous avons vu une grande différence suite à la crise syrienne : plusieurs Eglises s’activent pour répondre aux besoins matériels et spirituels des réfugiés». De l’aide sous forme de visites, de distribution d’habits, de soins gratuits, de programmes pour les enfants, d’offres pour des repas ou d’études bibliques et de prière.

Plus grande solidaritéCet exemple parmi d’autres est

révélateur d’une réalité encoura-geante au cœur des temps éprou-vants que traversent les chrétiens

ACTUEL MOYEN-ORIENT

Eprouvée, l’Eglise mûrit et s’adapteLes mauvaises nouvelles continuent d’affluer du Moyen-Orient : exil des chrétiens, exécutions haineuses, humiliations. Pourtant, dans ce contexte de guerre ou de crise, l’Eglise persévère, s’adapte et mûrit.

pacité de changer les choses, on se tourne vers plus grand que soi. C’est ce qui déclenche le réveil spirituel.»

Musulmans interpellésRéveil, vraiment ? Les chiffres de

l’ONU montrent plutôt une baisse du nombre de chrétiens, suite sur-tout aux conflits. «Ces chiffres sont des totaux de ceux qui se recon-naissent comme chrétiens», explique Raymond Favre, de Portes Ouvertes. Alors quid du nombre de «nés de nouveau» en proveance de l’islam ? Raymond Favre note une croissance soutenue en Iran (lire ci-contre), Turquie, Algérie : dans ce dernier pays, «les chrétiens d’origine musul-mane sont passés de 600 en 1992 à plus de 30 000 aujourd’hui». Un essor qui, selon le coordinateur des GBU, coïncide avec les violences is-lamistes dans les années 90. Source d’optimisme pour le Moyen-Orient ?

La croissance n’est pas quanti-fiable partout. D’autant moins si l’on tient compte de la réalité des Eglises de maison : Marjorie Wäfler constate qu’«on ne cherche pas à faire grandir l’Eglise existante, mais à créer des mouvements de petites

Eglises de maison qui se reproduisent de façon indigène, avec à leur tête des musulmans convertis».

Autant de petits progrès qui amènent des chrétiens, sur place, à qualifier certaines situations de «réveil». A l’instar du coordinateur des GBU, qui, derrière la tragé-die humaine et les déplacements de population, perçoit un réveil de l’Eglise arabe et orientale : «Beaucoup de

du Moyen-Orient : l’Eglise ne se laisse pas abattre et semble même progresser d’un point de vue quali-tatif et s’ouvrir davantage sur l’exté-rieur. Selon le coordinateur des GBU pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord*, le printemps arabe a provo-qué une révolution dans les Eglises. «Cette révolution a remis en cause une forme de “dictature spirituelle“. Dans certaines Eglises, on découra-geait les chrétiens d’aller à la ren-contre des musulmans. Aujourd’hui, tous se sentent citoyens». A l’image de ces chrétiens et musulmans main dans la main sur la place Tahrir, de l’Eglise Kasr el-Doubara ouvrant ses locaux pour soigner les manifes-tants, des imams et prêtres unis pour protéger leurs quartiers. «En temps de crise, on remet tout en question. Dans un contexte oriental, généra-lement très religieux, face à l’inca-

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Eprouvée, l’Eglise mûrit et s’adapteLes mauvaises nouvelles continuent d’affluer du Moyen-Orient : exil des chrétiens, exécutions haineuses, humiliations. Pourtant, dans ce contexte de guerre ou de crise, l’Eglise persévère, s’adapte et mûrit.

chrétiens sont dans une nouvelle quête religieuse, qu’ils n’ont pas pu vivre dans leurs Eglises. Ils aspirent à une nouvelle relation avec Dieu. Cela donne une relecture du terme “chrétien”». Mais le réveil touche aussi les musulmans. «J’ai entendu le témoignage de familles syriennes et irakiennes converties ces der-niers mois. Elles ont découvert dans l’islam une violence qu’elles igno-raient possible et chez les chrétiens un accueil et un amour auxquels elles ne s’attendaient pas». Les violences des islamistes ont remis en question la foi de musulmans : «Choqués par ce visage de l’islam et les persécutions, ils se posent des questions, cherchent à connaître les chrétiens.»

Les mouvements migratoires changent aussi la donne et ont fait croître le nombre de chrétiens dans certains pays, au Liban par exemple, dit Raymond Favre. Un nouveau défi pour les Eglises, qui ont parfois doublé le nombre de cultes. Portes Ouvertes raconte : «Beaucoup de chrétiens libanais détestaient les Syriens à cause de leurs actes pendant l’occupation du Liban, mais ils les embrassent maintenant. L’amour du Christ les fait aimer ces 1,5 mil-lion de réfugiés». Alors, réveil ? Raymond Favre invite à la lucidité : «Ne nous illusionnons pas quant à l’avenir mena-çant pour les Eglises d’Orient, mais encourageons tout ce qui favorise le développement de l’Eglise.» ¶*Nom connu de la rédaction

«D epuis la révolution islamique en Iran, il n’y a pas une dis-

parition du christianisme, mais au contraire, un réveil !». Mehrdad Fa-tehi, pasteur et théologien iranien, est venu exposer la situation de son pays à l’Institut biblique et mission-naire Emmaüs, les 8 et 9 mai. Mehr-dad Fatehi a présenté sa vision du Royaume de Dieu telle qu’il la vit dans le pays musulman qui compte le plus grand nombre de conver-sions au christianisme.

Des millions de chrétiensEntre le chômage, la drogue et les

cinq millions de réfugiés et migrants, les Iraniens se détournent de l’islam et cherchent réellement Dieu. Sur-tout, «ils sont fatigués de l’islam. La liberté offerte en Christ est un mes-sage révolutionnaire pour l’Iran».

Mehrdad Fatehi estime à plu-sieurs millions le nombre de chré-tiens en Iran. Ils se réunissent dans des Eglises de maisons ou souter-raines, et même dans des bus. «Les chrétiens iraniens font preuve d’une grande créativité : ils chantent par exemple dans des parcs en chan-geant le nom de Jésus par celui de Dieu et l’appellent papa. Cela inter-pelle leurs compatriotes.»

Persécution croissanteLes chrétiens iraniens sont vic-

times de la persécution, qui s’est intensifiée au cours des cinq der-nières années. 80 responsables chré-

tiens sont actuellement enfermés, et d’autres se retrouvent sans emploi et sans contact avec leur famille. «Mal-gré tout, l’Eglise grandit.»

Mehrdad Fatehi enseigne dans une école de théologie, où plus de 230 étudiants prennent eux aussi le risque d’être arrêtés. Grâce à cette formation théologique, les Iraniens apprennent à se servir des médias de manière efficace pour rejoindre leurs contemporains. En plus de toutes ces activités, Mehrdad Fatehi est encore impliqué dans une traduction de la Bible en farsi.

Pas de limite à l’EvangilePour illustrer l’impact de l’Evan-

gile en Iran, Mehrdad Fatehi donne l’exemple d’un pasteur qui s’est ren-du à Qom, la ville la plus religieuse du pays. Sa femme lui a demandé d’offrir un Nouveau Testament à un homme barbu qui se trouvait là. Il lui a avoué être pasteur et l’homme a commencé à pleurer. Le barbu avait entendu parler de Jésus à la radio et était en recherche depuis six mois. N’habitant pas la région, il avait sui-vi une voix qui l’avait guidé jusque-là et lui avait promis de lui donner un Nouveau Testament.

Voilà un témoignage comme Mehrdad Fatehi en a plein sur les chrétiens iraniens. Des chrétiens qui ne redoutent pas la persécution. «Certains d’entre eux ne veulent même pas que la situation change, de peur que le réveil s’arrête !» ¶

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Un réveil perce l’Islam en IranL’Iranien Mehrdad Fatehi, pasteur et professeur de théologie, se réjouit de l’essor chrétien dans son pays. La preuve que l’Evangile sauve encore des vies envers et contre tout.

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SA N D R I N E RO U L E T

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rique. Le film Transcendance, de 2014, met en scène cette idée.

Le transhumanisme, on le voit, fait un pas de plus que l’huma-nisme hérité de la Renaissance. Comme les humanistes, les trans-humanistes croient au progrès de l’être humain grâce à l’éducation, à la politique ou aux progrès mé-dicaux et techniques. Néanmoins, ils considèrent que les humanistes ne vont pas assez loin, puisqu’ils restent attachés à une certaine idée de l’humain qu’il convient de respecter, voire de protéger. Pour les transhumanistes, il faut avoir l’audace de penser en termes radicalement évolutionnistes et envisager sérieusement la possi-bilité qu’à terme, l’humain soit remplacé par le post-humain.

Or, si l’on définit la religion comme ce qui donne sens à la vie des gens, la source de leur espérance dans cette vie et dans l’au-delà, on peut considérer

le transhumanisme comme une religion athée. Une religion, car il promet un avenir meilleur, avec moins (ou plus du tout) de limites, de souffrance, de vieil-lissement et de mort. Athée, car dans la perspective évolutionniste-matérialiste des transhumanistes, c’est l’homme seul, avec son intelligence et les techniques qui en découlent, qui est aux commandes.

La foi chrétienne propose une autre voieIl s’agit de réfléchir aux limites de l’application à

l’être humain des développements techniques actuels, ce qui n’est pas toujours aussi facile qu’on pourrait l’imaginer. Le caractère babélien du projet transhuma-niste semble néanmoins assez évident. En effet, com-ment ne pas reconnaître derrière ce désir de libérer l’homme de ses limites créationnelles, de le délivrer de la maladie et de la mort, une nouvelle manifestation de cet esprit qui, jadis, poussa les humains à construire une tour dont le sommet touche au ciel ?

A la place de ce qui n’est finalement qu’une haine de l’humain et de ses limites, la foi chrétienne propose un autre chemin. Uni au Christ dans sa vie terrestre, sa mort, sa résurrection et son ascension, le chrétien n’est pas appelé à devenir un post-humain ou un surhomme. Il est par contre invité à se réapproprier pleinement son humanité créée à l’image de Dieu, en vivant, avec ses fai-blesses, mais également avec les forces qui lui viennent du Christ, une vie de foi, d’espérance et d’amour au service de son Créateur et de son prochain. ¶

Améliorer l’être humain pour le remplacer par un humain fon-

damentalement augmenté, ou amélioré : voilà l’objec-tif du transhu-manisme, qui s’appuie sur les progrès des na-notechnologies, du génie géné-tique, de la cybernétique et de l’intelligence artificielle. Ce courant de pensée contemporain alimente plusieurs projets de grandes entreprises de la Silicon Valley. Google, par exemple, travaille sur le développement de l’intelligence artificielle et de la réalité augmentée.

Vers un individu transcendantLes transhumanistes encouragent les recherches

génétiques qui permettront à terme d’améliorer le patrimoine génétique de l’humanité (en utilisant par exemple le diagnostic préimplantatoire) ou le déve-loppement de prothèses permettant d’augmenter les performances du corps humain. On se souvient de Pistorius aux JO de Londres en 2012. L’armée fran-çaise, elle, explore l’utilisation de robots, d’exosque-lettes, de GPS intégrés au corps ou de stimulants pour rendre ses soldats plus performants. Les transhuma-nistes soutiennent les recherches dans le domaine de l’intelligence artificielle qui permettraient d’améliorer le fonctionnement de notre cerveau, voire à terme de vaincre la mort en exportant l’esprit d’un individu dans un disque dur pour lui conférer une immortalité numé-

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Le mythe del’homme-dieu

Le transhumanisme aspire à un homme amélioré. Qu’en penser ? Et si l’espérance chrétienne était la meilleure réponse à ce mythe de l’individu parfait ?, demande Bertrand Rickenbacher. Parti pris.

______________________________________________________B E RT R A N D R I C K E N BAC H E R e s t p h i l o s o p h e

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Affaire Lambert : «Chacun prétend agir avec amour»

Dieu n’est pas en vacances

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Réflexion entendue lors d’une rencontre entre responsables chrétiens de jeunesse : «Nous savons que les jeunes sont sou-vent désœuvrés, en quête d’idéal et inquiets quant à leur avenir ; nous savons que Dieu les aime et qu’il souhaite les voir se tour-ner vers lui ; nous met-tons en place des camps où cette jeunesse peut entendre parler de l’Evan-gile ; nous prions pour ce travail et... nos camps ne se remplissent pas ! Est-ce seulement un problème de communication ou existe-t-il une autre explication ?»

Ce matin, je lis dans

ma Bible les oracles du prophète Amos, lequel fait un bilan sombre du com-portement de ses contem-porains : le pays vit dans la corruption et dans une fracture sociale indécente. Il se moque des enseigne-ments de son Dieu et gal-vaude les vertus éthiques. Aussi Dieu déclare-t-il se retirer. Puisqu’on ne veut pas de lui, il s’abs-tient d’intervenir. Consé-quences : une faim, mais non de pain, une soif mais non d’eau, et une grande désespérance. Le ciel est plombé et la Parole se fait rare. Mais le prophète, qui s’évertue à tirer la

sonnette d’alarme, n’est pas davantage entendu. Pourquoi donner crédit à un illuminé qui n’est même pas un religieux et qui, d’ordinaire, s’occupe de bétail ? Pourquoi ses avertissements seraient-ils plus audibles que ceux des prophètes de malheur que l’on est parvenu à faire taire au nom de la science, du rationalisme et de l’intelligence parta-gée ? L’histoire d’Amos est ancienne et toute ressem-blance avec des faits pou-vant aujourd’hui exister n’est que...

Cependant, il peut être utile de se demander

pourquoi le terrain est devenu si dur, pourquoi la semence produit moins de fruits. Pas sûr que l’on puisse invoquer l’opposi-tion de l’Adversaire, parce que si Dieu, de son côté, décidait de s’éloigner tant on le prie de ne plus s’oc-cuper de nous, nous se-rions devenus notre propre adversaire.

Cet été, loin des bruits de la ville et des contraintes quotidiennes, je vais relire, tranquillement, les petits prophètes de l’Ancien Testament : une espèce de devoir de vacances pour m’assurer que Dieu n’est pas en vacances, lui ! ¶

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__________________R E N É P RO G I N

L a Cour Européenne des Droits de l’homme a tranché le 5

juin : la France a le droit de laisser Vincent Lambert mourir. Nourri et hydraté artificiellement depuis un accident en 2008, Vincent Lam-bert respire par lui-même, bien que dans un état végétatif consécutif aux lésions cérébrales irréversibles. Cesser de nourrir Vincent Lambert n’est donc pas contraire aux Droits de l’homme.

A géométrie variableLe cas des personnes dans l’état

de Vincent Lambert pose cependant des questions complexes quant à la manière de témoigner de l’amour chrétien. Comment se compor-ter dans une telle situation ? «Ça, aucune loi ne peut nous le dire», répond Luc Olekhnovitch, théolo-

gien et président de la Commission d’éthique protestante évangélique française. «Une personne est tou-jours digne devant Dieu même si elle est incapable de s’exprimer.»

La famille de Vincent Lambert est divisée quant à ce qu’il faut faire, celui-ci n’ayant pas donné de directives anticipées. «Chacun pré-tend agir avec amour ; mais il faut rappeler que l’amour ne fait pas de mal au prochain», estime le théolo-gien. «La situation de Vincent Lam-bert est très angoissante, déroutante pour les proches et les soignants. Aucun juge ne peut les délivrer de cette angoisse.»

Luc Olekhnovitch remarque en-core que «dans certains cas en fin

de vie, cet arrêt peut se justifier pour le bien du souffrant. Mais Vincent Lambert n’est pas en fin de vie et, apparemment, ne souffre pas. Pour-tant, l’équipe médicale a estimé que, vu son état végétatif, le main-tenir en vie relevait de l’obstination déraisonnable».

La Cour européenne a confirmé l’avis du Conseil d’Etat français, pour qui l’alimentation artificielle était bien un traitement. Ce que conteste Luc Olekhnovitch. «Ce rai-sonnement supprime le choix mo-ral. La loi Leonetti permet l’arrêt de traitements, on aurait donc le droit de l’arrêter. La question peut se po-ser, mais elle doit toujours rester un choix moral.» ¶

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Le divorce des parents de Luc a par exemple ébranlé l’enseignement chrétien reçu dans son enfance, peut-on lire dans Nés dans une famille chrétienne, de David Niederseer et Günter Neumayer (éd. Oura-nia). Certains jeunes imaginent également qu’en donnant tôt leur vie à Dieu, ils sont perdants. Julia, dont le témoignage fi gure dans le même ouvrage, était convaincue du sacrifi ce de Jésus pour son salut. Mais atti-rée par les sorties, les fêtes et les garçons, elle repoussait sa conversion à plus tard : «Pour moi, la vie était fi nie une fois qu’on l’avait donnée à Dieu. Je voulais profi ter au maximum de l’existence, avoir du plaisir, pas une vie banale». Ce n’est que plus tard qu’elle a réalisé s’être «trompée elle-même, croyant qu’une vie sans Dieu serait plus passionnante qu’avec lui».

Ennuyeuse, la vie chrétienne ?«Je sais que Jésus est mort pour mes pé-

chés et qu’il est le seul chemin par lequel être sauvé. Et alors ?». A l’adolescence, l’écoute de certains devient passive, voire une contrainte. «Même si les croyants qui m’entouraient me semblaient convenables, je les considérais comme insipides», confi e Torsten. La foi peut être conçue comme ennuyeuse pour des jeunes qui ont maintes fois entendu les mêmes histoires bibliques

et le message de l’Evangile. Ils ont donc besoin de modèles accessibles et authentiques, mais aussi stimulants pour découvrir que la vie avec Dieu est une grande aventure.

«Je ne veux pas être différent»Le besoin de reconnaissance et d’acceptation de leurs

pairs est particulièrement fort chez les ados. Comme le sou- PH

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Grandir avec des parents chrétiens, un héritage précieux... et des défis«Mon enfant ne suit pas» : c’est probablement la crainte numéro 1 de beaucoup de parents chrétiens, qui oscillent parfois entre l’espoir de pouvoir s’appuyer sur les promesses bibliques et leur observation que bien des jeunes chrétiens semblent se distancier de la foi. Que penser ? Ce que l’on peut avoir tendance à oublier, c’est que les enfants nés de parents chrétiens font eux aussi face à des défis. Dossier.

«Je suis né dans une famille chré-tienne». C’est ainsi que débutent

souvent les témoignages des jeunes lors de baptêmes. Ele-vés dans un contexte chrétien, ils peuvent avoir l’impression que leur conversion est moins «sensationnelle» que celle des autres. Pourtant, grandir au sein d’une famille engagée dans la

foi comporte son lot de défi s, de tentations et de choix.

Fausse image de DieuPour Jean-Luc Emery, respon-

sable jeunesse à la LLB Suisse, le défi principal de la jeune géné-ration est le fossé existant entre une compréhension idéalisée de la foi et les réalités familiales, empreintes parfois de tensions ou de temps de crise.

GROS PLAN FAMILLE

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13lignent David Niederseer et Günter Neumayer, «il est tout sauf facile de résister à l’énorme pression du groupe à l’école ou parmi les amis non croyants. A cela s’ajoute la peur des moqueries».

Samuel, qui a grandi dans un contexte très strict, relate : «Je sa-vais pourquoi mes parents me pro-tégeaient autant : parce que nous étions chrétiens et qu’il y a des choses que nous ne faisions pas. Mais cette vie de chrétien me séparait de mes amis, dont l’approbation et la recon-naissance étaient si importantes pour moi». D’où l’importance de tisser des liens avec des amis ayant de bonnes valeurs et de participer à des activités avec d’autres chrétiens.

La double vie me guettePour éviter de se positionner

personnellement, certains jeunes se comportent en gentils chrétiens obéissants à la maison et à l’Eglise, mais sont les premiers à faire des «bêtises» devant leurs copains. Par peur du rejet, Daniel mettait un masque : «Quand je rentrais à l’internat, ma grande crainte était qu’on me demande où j’avais passé la soirée. J’avais honte de dire que je croyais en Dieu et que j’allais au groupe de jeunes.»

A première vue, être un camé-léon est pratique. Mais comme l’écrivent les auteurs de Nés dans une famille chrétienne, le jeune

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Grandir avec des parents chrétiens, un héritage précieux... et des défis«Mon enfant ne suit pas» : c’est probablement la crainte numéro 1 de beaucoup de parents chrétiens, qui oscillent parfois entre l’espoir de pouvoir s’appuyer sur les promesses bibliques et leur observation que bien des jeunes chrétiens semblent se distancier de la foi. Que penser ? Ce que l’on peut avoir tendance à oublier, c’est que les enfants nés de parents chrétiens font eux aussi face à des défis. Dossier.

qui est constamment tiraillé entre le monde et Dieu ne connaît pas la paix. «Ce tourment intérieur peut le pousser vers une foi personnelle, mais sa conscience du péché peut aussi s’affaiblir.»

Ma foi ou celle de mes parents ?

«Mon défi était d’intégrer person-nellement la foi et de l’appliquer à ma propre vie en me distinguant de mes parents. Aujourd’hui, ce défi est toujours présent et il y a des ques-tionnements», nous confie Camille, 27 ans. Nombreux sont les jeunes de familles chrétiennes à se deman-der si leur foi est la leur ou celle de leurs parents. Certains ont aussi des doutes quant à leur conversion d’enfant et ont besoin de refaire plusieurs fois la démarche.

Lui-même issu d’une famille

chrétienne, Jean-Luc Emery relate que le jour où il a choisi de suivre ce Dieu dont il avait tant entendu parler, il a eu besoin de lui dire : «Je t’accepte, mais je ne veux pas que tu sois le même Dieu que celui de mes parents.»

Volonté personnelleFinalement, l’étape décisive à

franchir pour un jeune né dans une famille chrétienne est de devenir un disciple de Jésus. «Vivre en disciple, c’est là que se trouve la réponse à la question de l’authenticité d’une conversion d’enfant», insistent Da-vid Niederseer et Günter Neumayer. Pour certains, ce sera un processus, pour d’autres une résolution datée, dans tous les cas le signe que la foi héritée des parents s’est muée en une volonté personnelle de marcher avec Dieu. ¶

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SA N D R I N E RO U L E TDans Nés dans une famille chrétienne,

des jeunes reviennent sur leur vécu de foi familial, l’influence des copains, leurs doutes, parfois leurs révoltes et sur leur décision personnelle de suivre Jésus. Chacun se retrouve dans cette remarque de Torsten : «Grandir dans une famille chrétienne est un privilège ines-timable, même. Je ne l’ai compris que bien plus tard». Pour Daniel, l’exemple de ses parents a été décisif, car il a ob-servé comment Dieu prenait soin d’eux.

Etre né dans un foyer chrétien, c’est aussi bénéficier des prières parentales.

Camille estime avoir été protégée de bien des ennuis. Mais elle a aussi décou-vert «qu’il y a une liberté à vivre dans la foi chrétienne ; et à travers les convic-tions de mes parents, il était facile de le croire».

Comme l’atteste Jean-Luc Emery, grandir et évoluer dans un contexte où la foi et la personne de Dieu sont présentes, tant au niveau des paroles que du vécu, favorise un engagement personnel du jeune. Et l’apprentissage accentué de valeurs comme le pardon, l’authenticité, le respect, le partage. ¶

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SA N D R I N E RO U L E T

Un privilège inestimable

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GROS PLAN FAMILLE

«Oriente le jeune garçon sur la voie qu’il doit suivre ; même quand il sera vieux, il ne s’en écartera pas». Ce verset de Pro-verbes 22, 6 a réchauffé le cœur de bien

des parents chrétiens, dont le souci numéro 1 est le salut de leurs enfants. Il suffit de citer encore Exode 20, 5-6, - Dieu y affirme sa bienveillance jusqu’à mille généra-tions pour ceux qui l’aiment et gardent ses commande-ments - pour nous convaincre que Dieu a pris certains engagements envers les familles croyantes. Mais ses pro-messes sont-elles conditionnelles ? Dépendent-elles de la bonne éducation dispensée par les parents ?

La théologie de l’alliance est capitale pour répondre à ces questions, estime le pasteur Régis Berdoulat. «Dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, il y a une

réelle bénédiction liée à l’alliance dans la-quelle se trouvent les parents». La promesse selon laquelle Dieu bénit jusqu’à mille gé-nérations «est symbolique et doit être mise en parallèle avec l’affirmation selon laquelle il ne maudit que jusqu’à trois générations : l’idée est que la bonté de Dieu prime et est généreuse».

La notion de l’alliance se retrouve aussi dans les paroles de l’apôtre Paul en 1 Co-rinthiens 7,12-16 : dans une famille, les in-croyants sont «saints» grâce aux croyants. Le mot «saint» a ici le sens de «sanctifié, mis à part», relève Donald Cobb, professeur à la Faculté Jean Calvin, dans un article de la Revue Réformée. Autrement dit, l’enfant de chrétiens est placé «dans la sphère d’in-fluence de la grâce, ce qui ne signifie pas qu’il serait rendu pur sur le plan éthique ou moral». Le théologien ajoute que Dieu n’éta-blit pas son alliance avec des individus seu-

lement, mais avec des communautés, au premier rang desquelles la famille.

«Dieu se plaît à sauver dans les familles chrétiennes»

On peut donc tirer une première conclusion. Pour reprendre les mots de Donald Cobb, «bibliquement, il faut rejeter l’idée que les enfants de parents chrétiens seraient en tous points semblables à d’autres enfants». C’est même «un privilège inestimable» que de naître dans une famille chrétienne. Régis Berdoulat ajoute que «Dieu se plaît à sauver surtout dans les familles chrétiennes».

Mais une deuxième conclusion s’impose : «Malgré ces promesses, il n’y a aucune certitude. On constate

Dieu promet-il de sauver nos enfants ?

La Bible est pleine de promesses pour les enfants de familles chrétiennes. Faut-il y voir une assurance tous

risques pour leur salut ? Quel est notre rôle ?

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B O B H É R I T I E R

«D ès le plus jeune âge, j’ai eu des modèles de confiance en Dieu et de soumission à

sa volonté, notamment par mes parents». Pauline était persuadée de l’existence de Dieu, mais loin de tout comprendre ! C’est vers l’âge de 14 ans que, par une étude biblique trouvée dans un canevas reçu lors d’un camp, elle a compris le sens du sacrifice de Jésus, «cet événement dont on m’avait parlé tant de fois ! J’ai ensuite progressivement accepté que Dieu dirige ma vie, et j’ai été baptisée en terminale».

Puis en première année de médecine, Pauline a

vécu sa première expérience marquante avec Dieu. «J’ai appris à lui faire confiance alors que je n’imagi-nais pas pouvoir réussir le concours ; mon entourage m’a d’ailleurs largement encouragée dans cet appren-tissage !»

Elle a aussi appris à lui obéir après les résultats : elle envisageait plutôt une formation de sage-femme, mais a choisi de continuer en médecine, persuadée que c’était là la volonté de Dieu pour elle. «Depuis, mon aventure continue avec lui, avec joie et une grande reconnaissance !» ¶

Chrétienne «depuis toujours»

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que des enfants de familles chrétiennes sont hors de la foi», relève Régis Berdoulat. «Dieu bénit, mais il se plaît à le faire au travers des moyens ordinaires : l’enseigne-ment biblique et la prière. Dieu détermine la fin (le sa-lut) et les moyens (le rôle de la famille). C’est pourquoi de nombreux textes de la Bible insistent sur la nécessité de transmettre la foi». On le voit par exemple dans le Psaume 78, 4-7, Deutéronome 4, 9-10 ou Deutéronome 6, 7 : «Tu les (réd : les commandements) inculqueras à tes fils et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras». Le comportement des parents est aussi un des moyens utilisés par Dieu pour interpeller les enfants, selon le pasteur.

A ce propos, Régis Berdoulat souligne que «les parents sont les premiers enseignants des enfants. Ils ne doivent donc pas se reposer sur l’Eglise, qui ne fait que compléter ce qui a normalement été semé à la maison». Dans Un berger pour son cœur (éd. BLF), Tedd Tripp estime que les parents ont reçu l’autorité de Dieu pour en être des représentants et accomplir une mission d’éducation.

Ne pas perdre espoirForts des promesses divines, les parents peuvent

cependant rester confiants. «Notre tâche est d’enseigner fidèlement les voies de Dieu à nos enfants, la tâche du Saint-Esprit est d’agir à travers la Parole de Dieu pour changer leur cœur», écrit Tedd Tripp.

Et si certains enfants ne se convertissent pas ? «Cela fait partie des mystères de Dieu. Mais rien dans la Bible n’affirme que Dieu appelle à 15 ou 30 ans. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, et même des parents âgés peuvent s’appuyer sur ces promesses pour leurs enfants âgés», encourage Régis Berdoulat. Lui et Donald Cobb ont aussi l’espérance que Dieu sauve les enfants de chré-tiens morts en bas âge. Dans sa grâce. ¶

D irecteur de Pierres Vivantes, qui accompagne les personnes dans le ministère, Jonathan Ward

a observé que les enfants de pasteurs et autres mis-sionnaires font face à plusieurs défis. Ils sont d’abord exposés au regard de tous, «avec la pression d’être un modèle de perfection. Les parents ayant un rôle public et devant montrer l’exemple, les enfants peuvent avoir le sentiment de vivre dans un bocal à poissons et de ne pas avoir droit à l’erreur». Deuxième défi, avoir l’im-pression que l’Eglise passe avant la famille : «Dans le ministère, on peut avoir du mal à gérer les multiples attentes. Si les enfants ne reçoivent que des miettes au niveau temps, attention et moments de qualité, cela peut conduire à une révolte contre le ministère des parents, à terme un rejet de la foi et de l’Eglise». Pas facile non plus de savoir quand les parents sont dis-ponibles ou non, puisque ministère et vie de famille sont souvent imbriqués. Jonathan Ward note encore «le danger pour les enfants d’entendre leurs parents faire le procès de l’Eglise», ce qui peut les préoccuper et leur donner l’idée que «le ministère est la plus pé-nible des occupations». Enfin, de possibles difficultés financières conduisent certains jeunes à l’insécurité.

Naître et grandir dans une telle famille comporte cependant des avantages, selon Jonathan Ward : pro-fiter de la flexibilité des horaires de travail si le temps est bien géré ; voir la bonté de Dieu malgré les dif-ficultés financières ; bénéficier des richesses d’une culture de l’hospitalité. La balle est dans le camp des parents, appelés à «ne pas négliger les besoins affec-tifs de leurs enfants, sous prétexte qu’ils servent Dieu et qu’ils n’ont pas le temps». Jonathan Ward insiste aussi sur la nécessité de «ne pas mettre les enfants sous pression pour adopter des comportements spéci-fiques dans le but de ne pas nuire à l’image et à la crédibilité des parents». ¶

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B O B H É R I T I E R

Fils de pasteur

Anaïg, 21 ans, a été élevée dans une famille chré-tienne et a beaucoup apprécié ses jeunes années.

«A l’Eglise, je suivais l’école du dimanche, ma meilleure amie était chrétienne et j’ai fait des camps jusqu’à l’âge de 18 ans. C’était un réel bonheur». Elle aimait entendre les histoires de l’Ancien Testament et les paroles de Jé-sus. «Vers dix ans, je voulais devenir missionnaire.»

L’entrée au lycée a été plus difficile. «A cet âge, on a envie de faire comme tout le monde et de s’identifier à ses amis. Je n’osais plus dire que j’allais à l’Eglise. Je commençais à mener deux vies différentes. Et finale-

ment, je suis restée plusieurs années à suivre le modèle de la société, sans pour autant me sentir mieux. Etre enfant de chrétiens dans un environnement très laïque demande une persévérance que je n’avais pas». Après quelques années difficiles, ce défi lui a néanmoins per-mis de retrouver ses premières aspirations. «Un ensei-gnement chrétien donne d’excellentes bases et j’encou-rage les parents à ne jamais baisser les bras et à toujours prier pour leurs enfants. Il faut parfois attendre qu’ils fassent leur crise d’adolescence, mais ce qui est semé n’est jamais perdu.» ¶

Elle menait une double vie

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Une ado qui ne veut plus venir à l’Eglise. Un jeune adulte qui s’adonne à l’alcool

pendant ses sorties. Un autre qui envoie tout balader à l’aube de la trentaine : quel que soit l’âge de leur enfant, les parents chrétiens ne sont jamais préparés à le voir prendre ses distances avec les valeurs transmises. Quelle attitude adopter face à cette «foi buissonnière» ?

1. De l’authenticité et de bons modèlesQuand le jeune est à la maison, les parents ont tout

intérêt à être vrais face aux défis que la famille ren-contre, sans inculquer une foi idéalisée : «Un partage authentique, qui reconnaît la distance entre ce que nous souhaiterions vivre et la réalité, peut aider le jeune dans son chemin de foi», détaille Jean-Luc Emery, responsable jeunesse à la LLB Suisse. Bien plus que de discours, le jeune a besoin aussi de modèles solides et de bonnes influences, notamment les amis chrétiens du groupe de jeunes. Les fréquenter «favorisera énormément la possi-bilité d’un engagement individuel. Le rôle des parents me semble essentiel dans cet encouragement».

2. Une saine confrontation au mondeAuteurs de Nés dans une famille chrétienne (éd. Ou-

rania) David Niederseer et Günter Neumayer conseillent de ne pas enfermer le jeune dans une cage dorée censée le protéger. C’est par une saine confrontation avec ses camarades qu’il parviendra à ses propres convictions. D’où la nécessité d’engager le dialogue sur ses questions et difficultés. Rejeter en bloc «sa» musique ou «ses» films est contre-productif. Ses loisirs et ses goûts sont un trem-plin pour aborder des sujets de fond avec ses copains.

3. Eviter d’être un obstacle à leur foiLes parents peuvent être un obstacle à la foi de leur

enfant en lui mettant la pression pour qu’il vienne à l’Eglise ou en l’empêchant de sortir. «Le contrôle est souvent une erreur, dans tous les domaines. D’abord parce que ce qui est interdit est intrigant, puis parce que

le jeune trouvera une manière de le contourner», estime Paul Marsh, de Ressources pour la famille.

4. Parler à Dieu de ses enfants«Le plus important est de prier pour son enfant», note

Paul Marsh. Même si ce n’est pas une garantie de résul-tat, un parent est appelé à parler de son enfant à Dieu avant de parler de Dieu à son enfant. «Un foyer harmo-nieux est plus important qu’un sermon donné pendant le repas», pour David Niederseer et Günter Neumayer

5. Le choix de la confianceLes jeunes ont besoin que leurs parents leur montrent

leur valeur et une acceptation inconditionnelle, même si leur comportement peut sembler déroutant. Cité dans Nés dans une famille chrétienne, l’auteur Tom Bisset écrit : «Sans une réelle liberté de décision, il n’y a pas de véritable foi. Laissons nos enfants libres et donnons-leur la possibilité d’être de vrais chrétiens et d’avoir leur per-sonnalité à eux». De son côté aussi, Paul Marsh assure qu’«il faut donner au jeune des ailes le plus tôt possible dans les domaines où il peut commettre des erreurs sans que cela soit grave». De la part des parents, cela implique un lâcher-prise, à plus forte raison quand le jeune a pris son indépendance : «A un moment, on n’a plus d’auto-rité, mais de l’influence. Notre autorité s’est transformée en amitié.»

Aumônier et pasteur, Richard Fosserat est père de quatre enfants adultes, pas tous engagés dans la foi. Son épouse et lui privilégient la relation, respectent leurs choix et les y accompagnent, même si ce n’est pas toujours évident. Pour eux, la patience de Dieu envers Israël dans l’Ancien Testament est un modèle. Il encou-rage : «Restons confiants dans la capacité de Dieu à ren-contrer nos enfants et à les convaincre. Lui seul a accès au cœur». Il conseille aussi de s’abstenir de juger ses enfants , ce qui appartient à Dieu seul. ¶

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Si un enfant ne suit pasGROS PLAN FAMILLE

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SA N D R I N E RO U L E T

S ylviane, 49 ans, ne croit plus en Dieu. «J’ai gran-di dans une famille évangélique. Mes parents m’ont

donc enseigné à croire en Dieu et à “lui obéir”. Adulte, je me suis fait baptiser et ai continué à croire». C’est à 35 ans qu’elle «arrête de croire». «Un dimanche matin à l’Eglise, avec mon mari également chrétien, j’ai réalisé que je ne croyais plus ce qui était prêché». Elle en parle à son époux qui, bien que n’étant pas du même avis, res-

pecte son choix. «C’était pour moi une simple décision rationnelle. Un peu comme un enfant qui ne croirait plus au Père Noël». Sylviane n’a rien contre les chrétiens. «Ils font énormément de bien. Croire en Dieu, ça rend certes meilleur ! Mais cela ne le fait pas exister pour autant.»

Le plus dur a été de quitter l’Eglise, où elle avait un bon cercle d’amis. Elle a gardé contact avec beaucoup et accompagne parfois sa famille à l’Eglise. ¶

Elle a quitté Dieu par «un choix rationnel»

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R E N É P RO G I N

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les élus que dans la population : «Il y a aussi des “craignant-Dieu”, qui savent qu’ils ont des comptes à lui rendre. Les convertis sont un petit nombre.»

Ouverture aux évangéliques«Voilà celui qui est responsable de

nos âmes», a lancé un jour un élu à Jean-Claude Chabloz. Cette remarque l’a réjoui. De l’hostilité, le pasteur en a rarement ressenti, tout au plus de l’in-différence. Aujourd’hui, il a même des amis parmi ces élus. Sa présence a per-mis aux parlementaires de s’ouvrir aux évangéliques, même s’ils comprennent avec peine la multitude d’Eglises diffé-rentes : «Etre envoyé par un comité et non par une Eglise a ouvert des portes. De plus, les parlementaires sont touchés par le temps que je leur accorde». Au début, Jean-Claude Chabloz vivait à Berne dans une caravane lors des ses-sions parlementaires. Ce sont plutôt

des chrétiens qui n’ont pas compris son engagement auprès des politiques. Mais là aussi, les choses évoluent.

Depuis la session d’été 2013, Jean-Claude Chabloz travaille en binôme avec Ernest Geiser (à gauche sur la photo). Ce dernier est appelé à lui succéder.

A bientôt 75 ans, Jean-Claude Chabloz reste cepen-dant passionné par son ministère auprès des politiciens. Il en témoigne dans Un pasteur dans les coulisses du parlement (éd. Première Partie), qui vient de sortir de presse. ¶

Jean-Claude Chabloz (à droite sur la photo) est l’un des Suisses qui connaissent le mieux les parlemen-

taires. Intercesseur au Palais fédé-ral depuis quinze ans, il a gagné leur confiance en se mettant à leur écoute, en priant pour leurs besoins lorsqu’ils le demandaient. Il dresse un bilan positif de son engagement : «C’est un travail de fourmi, mais en quinze ans, on voit les choses changer. Cela aide énormément de bien connaître les parlemen-taires, d’avoir pu établir une proximité, de les tutoyer.»

La leçon qu’il a apprise ? «Je suis touché à quel point ils aiment le pays et veulent le bien de la population. Je sais le nombre d’heures qu’ils consacrent à ce travail !». Le pasteur juge que le taux de croyants est plus élevé parmi

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Depuis quinze ans au Palais fédéral

Voilà quinze ans que Jean-Claude Chabloz est intercesseur au Palais

fédéral. Il se réjouit de tous les contacts établis et fait en passant

l’éloge du travail parlementaire.

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_________________________SA N D R I N E RO U L E T

La Société évangélique de Genève en veilleuseU ne page se tourne. Dans

la cité de Calvin, la Société évangélique de Genève (SEG) est mise en veilleuse. Institution influente dans l’évangélisation de toute la région genevoise depuis sa création en 1831, cette structure n’a pas retrouvé un souffle nou-veau, après le revers enregistré par le projet du libraire Robert Estienne dans le quartier des Pâquis au début des années 2000. L’écho rencontré par son dernier projet, le fitness

biblique, est lui aussi resté modeste. Samuel Widmer, président de la

SEG, explique qu’une grande partie des missions de la SEG ont été re-prises par les Eglises ou par d’autres organisations. Il n’exclut pas qu’un jour la SEG soit réactivée, pour ac-compagner des projets nouveaux. Mais sa fortune, dont elle a fait pro-fiter maints projets dans le passé, a fondu comme neige au soleil.

La SEG est née sous l’impulsion du pasteur protestant Louis Gaus-

sen, à une époque où la raison avait remplacé le message de la Réforme. On doit à la SEG notamment l’envoi de près de 60 colporteurs bibliques en France et au-delà, avec la dif-fusion de près de 100 000 Bibles et Nouveaux Testaments. On lui doit aussi la formation de quelque 500 pasteurs et évangélistes, le lance-ment de camps missions et la ren-contre du Jeûne fédéral, qu’elle coorganisera pour la dernière fois en 2015. ¶

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L’ Eglise évan-gélique de la

Tanne a inauguré ses nouveaux locaux en grande pompe, les 30 et 31 mai. A l’étroit depuis plusieurs

années, cette communauté du Jura bernois a pu trou-ver un terrain de 10 000 m2 dans la localité de Tavannes et construire une salle pouvant accueillir jusqu’à 900 personnes.

Lancée par les deux frères Alfred et Willy Nieder-

hauser en 1964 autour d’un noyau de soixante per-sonnes, l’Assemblée chrétienne la Tanne n’a ensuite cessé de se développer. Elle compte aujourd’hui un peu plus de 400 fidèles, enfants compris. Mais comme le confie son pasteur Marcel Niederhauser, «la prière, notamment pour la guérison, a toujours attiré beau-coup de monde à l’Eglise, au-delà des membres de notre communauté».

Le coût de la nouvelle construction s’est élevé à 5,7 millions de francs, dont 40% ont été financés par des dons. L’Assemblée chrétienne la Tanne a également adopté un nouveau nom : le Centre évangélique la Tanne. ¶

Une Eglise de 900 places

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D es vestes «Hell’s Angels», des barbes et des longs cheveux,

ainsi que deux imposantes motos Harley Davidson meublaient le décor pour la prédication de Sam Childers, le 21 mai à l’Eglise évan-gélique d’Oron. 150 personnes ont profité de cette soirée organisée par Disciples of Christ Motorcycle Mi-nistries pour entendre l’une des fa-meuses prédications de celui que l’on surnomme Machine Gun Preacher (le prédicateur à la mitraillette). Ce sobri-quet tatoué sur son bras, un très fort accent américain et une dégaine aty-pique lui donnent un air de cow-boy.

Prendre les armes pour les enfantsAncien drogué, dealer et détenu, sa vie change

radicalement lorsqu’il se convertit, un beau jour de 1998. Le lendemain, il reçoit une prophétie, lui annonçant qu’il deviendra missionnaire en Afrique. Il part effectivement en Ouganda, avant de prendre conscience de la situation au Sud-Soudan, où les re-belles forment des enfants soldats.

Il s’improvise alors leur libérateur. Il en nourrit bientôt 6000 par jour, dans différents orphelinats. S’inquiétant de leur avenir, il leur construit un bâ-timent de six étages, où les jeunes jusqu’à 26 ans pourront venir se former. A ceux qui sont moins intellectuels, il apprend à faire du pain ou à cultiver la terre. «N’importe quoi, pourvu qu’ils sortent de la prostitution.»

Surtout Sam Childers va jusqu’à prendre les armes pour les sauver. «Je ferais tout pour sauver ces enfants et je ne m’arrêterai que lorsque Dieu me rap-pellera auprès de lui». D’où son surnom si particulier, qu’il voit comme un nom marketing et dont il profite pour prêcher dans les rassemblements de motards. En novembre 2013, il reçoit le Prix Interna-tional Mère Teresa pour la justice sociale. «Je ne le mérite pas. Tant qu’il y a encore des enfants à nourrir, je n’aurai pas fini mon travail. Et tous les jours je dois refu-

ser des enfants, la faute au manque de nourriture.»L’histoire de Sam Childers est peu commune et a atti-

ré l’attention de Marc Forster (Quantum of Solace), qui a réalisé en 2011 Machine Gun, film dans lequel Gerard Butler interprète le prédicateur à la mitraillette.

Une polémiqueSam Childers est aussi passé d’analphabète à auteur

de deux livres. Ses prédications sont célèbres et son action sociale reconnue. Pourtant, son usage des armes reste contesté. Il dément par contre toutes les rumeurs au sujet de trafic d’armes ou de diamants. Lui, avec sa culture et son passé, ne s’inquiète pas de ce que l’on dit à son sujet. Seul lui importe son ministère parmi les enfants. ¶

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Le prédicateur à la mitraillette

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sa dégaine atypique, a pris le micro pour témoi-gner et apporter une prédication.

Ancien dealer, extrêmement violent, il se convertit en allant à l’Eglise avec sa femme. En 1998 il part en mission en Ouganda. Il y prend conscience de la condition des enfants soldats au Sud-Soudan et décide de prendre les armes pour les libérer. «Je ferais tout pour sauver ses enfants et je ne m’arrêterai que lorsque Dieu me rappellera auprès de Lui.»

Il a ouvert plusieurs orphelinats, qui per-mettent d’accueillir 6000 enfants par jour. Son principal souci est d’offrir à ces enfants une formation, pour leur permettre d’échapper à la violence et à la prostitution.

En novembre 2013 il a reçu le Prix Interna-tional Mère Térésa pour la justice sociale, mais ne s’en vante pas. «Tant qu’il y a encore des enfants à nourrir, je ne mérite pas ce prix.»

L’histoire de Sam Childers est peu commune et a attiré l’attention de Marc Forster (Quantum of Solace), qui a réalisé en 2011 Machine Gun Preacher, film dans lequel Gerard Butler inter-prète le prédicateur à la mitraillette.

<i>David Combernous</i> ¶150 personnes, pour la plupart des motards, étaient réu-

nies le 21 mai à l’Eglise évangélique d’Oron, pour la confé-rence de Sam Childers, surnomé Machine Gun Preacher (le prédicateur à la mitraillette). Cette soirée était organisée par Disciples of Christ Motorcycle Ministries, dont le ministère est d’évangéliser parmi les motards.

Sam Childers, avec ses tatouages, son bouc imposant et

Machine Gun, Preacher

Sam Childers, le «Machine Gun Preacher», était de pas-sage à l’Eglise évangélique d’Oron le 21 mai. Motards et autres curieux ont écouté celui qui a pris les armes

pour défendre les enfants en Ouganda.

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Les étudiants de la deuxième volée de la Formation Jeu-nesse ont reçu leur diplôme. Cela porte à 120 le nombre

de responsables de groupes de jeunes ayant bénéficié de cette formation mise sur pied conjointement par la Ren-contre de Jeunesse (RJ), l’Ecole Factory et trois fédérations d’Eglises : le Réveil, les Apostoliques et l’Armée du Salut.

«Cette formation répond à une véri-table demande et à un besoin pour les Eglises en Suisse romande», se réjouit Yves Matthey, responsable de la formation. Cette année, les cours ont été donnés à 49 étudiants à Genève et 31 à Tramelan (photo). «Nous avons été invités à Trame-lan par les Eglises locales, via le réseau de groupes de jeunes RJ Espoir». Les participants, membres notam-ment d’Eglises mennonites ou missionnaires, ont reçu des outils pertinents pour gérer un groupe. Et les Eglises ont marqué leur soutien : «Presque tous les pasteurs de la région sont venus à la remise des diplômes !». A Genève aussi, l’enthousiasme était de mise. «Nous y avons colla-boré avec le Réseau évangélique genevois et en particulier le réseau InterJeunes qui en est membre.»

Les groupes de jeunes en bénéficientDébora, 18 ans, a pris part à la formation la première

année, avec un autre responsable du groupe de jeunes de l’Eglise évangélique apostolique de Sion. Un an après, elle ne le regrette pas. «Après chaque journée de forma-tion, on revenait avec des idées nouvelles !». Le groupe de jeunes en a été fortifié, avec notamment la mise en place d’une équipe de «staff», pour les jeunes qui veulent s’en-gager sans être responsables pour autant. Jeremy Fra-cheboud, pasteur à l’Eglise missionnaire évangélique de Genève, a emmené une dizaine de responsables et futurs responsables du groupe de jeunes à la formation. «Nous

étions dans une phase de transmission du flambeau à une équipe plus jeune. La forma-tion nous a permis de les accompa-gner et de les y préparer.»

Yves Matthey constate que «gé-rer un groupe de jeunes est presque aussi difficile qu’une Eglise ; c’est un âge crucial, avec ses choix, ten-tations et défis. C’est à l’adoles-cence que beaucoup de personnes se sont converties. Pourtant, on confie un groupe de jeunes à un nouveau responsable sans lui donner les clés pour le gérer». Il est convaincu que les outils reçus pendant la forma-tion seront utiles aux diplômés non seulement pour gérer un groupe de jeunes, mais aussi, pour certains, en vue de responsabilités dans la direction des Eglises.

La formation repart pour une troisième année en septembre, à Yverdon. Toujours sur la même for-mule de sept samedis au cours de l’année. ¶

Formation jeunesse : déjà 120 responsables

Censure de l’Arche de NoéL’orchestre de chambre de Genève ne pourra pas jouer une œuvre sur l’Arche de Noé. Le canton a mis son veto au «nom de la laïcité». Cet opéra a été joué en France l’an dernier. Sans faire de vagues.

Promotions salutistesL’Armée du Salut a promu cinq des siens au grade d’officier, le 6 juin. Trois salutistes accèdent en outre au grade de capitaine.

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L e 13 juin, à l’Arena de Genève, 2000 personnes enthou-

siastes ont pris part à la Fête des nations. Des milliers d’internautes ont aussi suivi la retransmission de la célébration sur DieuTV, jusqu’au Brésil et en Chine. Une vingtaine de groupes locaux et de France voisine, souvent multi-ethniques, ont entraî-né les chrétiens dans dix heures de chants en l’honneur de Dieu. Un des moments forts de la célébration a

été la prestation d’une grande cho-rale d’enfants, dont l’authenticité a bouleversé plusieurs. Un autre mo-ment marquant : le temps de prière et d’unité, entre 80 pasteurs de dé-nominations chrétiennes différentes, réunis sur la grande scène.

Une cinquantaine d’Eglises régio-nales étaient représentées dans les groupes et au sein de l’organisation. Selon Etienne Rochat, l’initiateur du projet, «une ambiance très convi-

viale régnait aussi bien dans les loges que sur les stands et dans les cou-lisses !». Au-dessus de la scène, le dé-cor était composé de centaines de cœurs de toutes les couleurs sur lesquels étaient inscrits des prières de participants. ¶

Genève: la louange résonne durant dix heures

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Carine, 17 ans, a participé pour la première fois de sa vie à la Rencontre de Jeunesse (RJ). Elle explique ne pas croire en Dieu, mais se pose de nombreuses questions. Des amis d’école l’y

ont invitée. «Quand ils m’ont dit qu’il y aurait des mil-liers de jeunes qui seraient là pour prier et écouter des “prêches” sur Dieu, je n’y croyais pas vraiment». Pour-tant, la RJ a rassemblé cette année plus de 3300 jeunes.

Soirée spéciale d’évangélisation«En plus d’un encouragement pour les croyants,

nous voulons que la RJ soit un événement qui permette à des gens de découvrir Dieu», explique Yves Matthey,

président du comité de la RJ. La soirée du vendredi a un objectif clair d’évangélisation, avec un appel à la conversion. «Chaque an-née, une cinquantaine de jeunes s’engagent à suivre le Christ. Certains le font pour la première fois, d’autres recrochent avec Dieu après plusieurs années». La prédication du pasteur allemand Markus Wenz a interpellé : «Son appel était clair et il n’a pas promis une vie de foi sans difficultés ni défis», souligne Guy, responsable d’un groupe de jeunes.

Inviter des amis à un événement chrétien pour leur parler de Dieu semble l’approche privilégiée par les jeunes. Matthieu Pochon travaille pour Campus pour Christ : «Les jeunes ne vont pas facilement dans la rue pour distribuer des tracts. Ils évangélisent plutôt par la relation avec leurs amis». Cam-pus pour Christ propose des bracelets «des quatre points», également très prisés : en quatre icônes, son porteur peut mémoriser le message de l’Evangile et témoigner.

Des participants ont aussi décidé de suivre Jésus-Christ après avoir visité le grand stand interactif élaboré par une douzaine d’organisations missionnaires. «Notre but est d’encourager à s’engager dans la mission», explique Véronique André, de l’organisation Latin Link. «Mais en faisant le parcours, des jeunes qui étaient là pour s’amuser ont été touchés par l’amour de Dieu.»

Certains ont été changés à vie par ce qu’ils ont vécu lors d’une Rencontre de Jeunesse, comme David Tripet, aujourd’hui pasteur au Locle et engagé dans le comité de la RJ. «Ma sœur m’a invité à la RJ au Landeron. Comme il n’y avait personne à mon pub habituel, je l’ai suivie». Lors de l’appel, il a crié à Dieu : «Si tu existes, purifie-moi de l’alcool». Sa vie en a été transformée. ¶

Ils ont invité leurs amis non-chrétiens à la RJ

La Rencontre de Jeunesse a accueilli 3300 jeunes du 1er au 3 mai à Bulle. Un record. Parmi ces jeunes, un grand nombre ne croient pas en Dieu, mais accompagnent leurs amis chrétiens.

750 femmes

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Proposée par Femmes 2000, la journée «Oser» a fait salle comble le 9 mai à Yverdon. Plus de 750 chré-tiennes de tous âges ont été encou-ragées à être actives dans tous les domaines de la société. L’oratrice Marylin Rollier a souligné l’impor-tance pour les femmes de connaître leur valeur. Jouant avec les mots, elle a relevé : «Oser, c’est être métamor-phosé par l’action de Dieu dans ma vie, afin d’apprendre à composer avec les dons qu’il m’a donnés et ainsi me poser à ma place, dans mon appel,

et arro-ser là où je suis p o u r que la vie jail-l i s s e » . La coor-d i n a -trice des CASS a v o u l u montrer que la

vision de la

Suite au départ de son pasteur au 31 décembre 2015, l’Eglise évangélique de Villard (EEV) à Lausanne, affiliée à la FREE, cherche à repourvoir pour une date à convenir un poste de

pasteur-eL’EEV est une église avec 170 membres, multigénération-nelle, missionnaire, familiale, ouverte vers l’extérieur et qui collabore avec les autres églises lausannoises.

Nous recherchons un-e pasteur-e étant à l’aise avec les diverses tranches d’âge d’une église multigénérationnelle et ayant un cœur pour la jeunesse et les familles. Il-elle de-vrait apprécier le travail en équipe, avec le Conseil pastoral ou d’autres ministères, et être à même de mener et porter avec ces derniers des projets en encourageant l’exercice des dons de chacun. En outre, il-elle devrait être au bénéfice d’une bonne formation théologique et, idéalement, avoir exercé des responsabilités de nature pastorale.

Cette annonce vous interpelle ? Alors n’hésitez pas à demander des renseignements complémentaires (statuts, règlement interne, vision de l’EEV) ou à envoyer un dossier de candidature par mail à [email protected] (pré-sident de la commission de recherche du/de la pasteur-e).

www.eglisevillard.ch

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oilà 150 ans que le Cervin (4478 m), la montagne qui fait la fi erté des Suisses, a

été gravi pour la première fois. Cette année, il n’y a pas que Zer-matt qui a décidé de marquer le coup, avec moult événements de commémoration : l’as-sociation Bergbibel parraine un fi lm de 50 minutes, qui sortira cet automne en français, allemand et anglais. «Il sera diffusé au cinéma à Bienne, Neuchâtel et Berne ; une projection par ville», explique Urs Saxer, coordinateur romand de l’association Bergbibel. Le but est aussi de l’utiliser ensuite pour des soirées d’évangélisation.

Le fi lm met en scène deux cordées en route vers le sommet. Au cours de leur ascension, les alpinistes ra-content ce que la montagne représente pour eux. Un mé-lange de fascination, de crainte et de liberté. «Lorsqu’on est en montagne, on voit la grandeur de la création. C’est époustoufl ant. S’approcher du sommet au lever du soleil, ce n’est pas banal», médite Urs Saxer. «La montagne nous rend humbles. Elle est propice pour rencontrer Dieu». Cette dimension spirituelle n’est pas absente du fi lm. Les questions existentielles qui l’accompagnent non plus. La présence dans le fi lm du guide André Georges, qui avait gravi 33 sommets de 4000 mètres en 18 jours, ajoute

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de la profondeur. Pour le Valaisan, ces ascensions entreprises pour le fi lm ont été comme «des courses du souvenir» en mémoire d’un ami mort en montagne, le guide Erhard Loretan.

Le tournage de ce fi lm à voca-tion de «préévangélisation» a tou-ché les gens impliqués dans le projet, selon Urs Saxer, ne serait-ce que parce que le travail s’est fait de façon professionnelle. Bergbi-bel a pu compter sur «des sponsors formidables», à commencer par la bourgeoisie de Zermatt.

Ce gros projet fait suite à celui de la Bible de la montagne, écoulée à 20 000 exemplaires. ¶

Le Cervin pour entrevoir Dieu

A l’occasion des 150 ans de la première ascen-sion du Cervin, l’asso-ciation Bergbibel (Bible de la montagne) sort un film sur ce pic mythique.

Prier pour le Cantique suisse Prière pour la Suisse appelle les chrétiens à prier pour le maintien de l’hymne national, «cantique de louange en l’honneur de Dieu. La Suisse est l’un des rares pays ayant pour hymne une prière chrétienne». Le choix entre les trois hymnes fi nalistes pour remplacer l’actuel se fera le 12 septembre à la télévision, après un second vote des citoyens. Plusieurs opposants contestent ce changement.

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D e leur aveu, les participants de la Boîte à outils 2015 sont

rentrés chez eux avec une vision renouvelée pour les enfants dont ils s’occupent à l’Eglise, et très encouragés. Il faut dire que l’ora-teur, Wess Stafford, ex-président de Compassion International (photo), les a encouragés, insistant sur l’im-portance de leur engagement : «S’il y a bien quelqu’un qui peut changer

le monde, c’est vous, moniteurs de l’enfance dans une Eglise», leur a-t-il lancé. «Hitler et Moody l’avaient compris, pour le pire et le meilleur. L’un a bâti son projet sur la jeunesse hitlérienne. L’autre, évangéliste du 18e siècle, a dit sur son lit de mort que si c’était à refaire, il consacrerait sa vie pour les enfants.»

Du 29 au 31 mai, une centaine de moniteurs d’école du dimanche

et de catéchisme ont suivi ce temps d’encouragement et de formation à St-Légier. Les ateliers pratiques et une soirée de prière ludique, organi-sée par Chrysalide, ont aussi bluffé les participants. Seule ombre au tableau, la plus faible participation de l’histoire de ce congrès organisé par la LLB, les Fabricants de Joie, le Grain de Blé, l’AEE et Alliance Presse. ¶

Boîte à outils : «Vous êtes des héros»

Au sommaire de l’édition française : La bénédiction des couples gay grippe la communion - 8000 croyants ont marché pour Jésus - Des pasteurs arméniens ont pardonné à la Turquie - Initiative citoyenne pour enseigner le fait religieux - David Brown n’est pas David Brown. Les abonnés peuvent télécharger ces pages sur le site www.alliance-presse.info (code 201507ENRI).

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dons

Le parler en langues, les prophéties et le don de guérison peuvent-ils encore se vivre aujourd’hui ? Les dons particuliers existent-ils toujours ? Ces questions divisent le monde chrétien depuis

des décennies. Mais quelle est la situation aujourd’hui ? Deux pasteurs et théologiens se sont prêtés à un exer-cice ardu en commentant un texte de George Winston, un ancien directeur de l’Institut biblique belge, pour le livre Les dons de l’Esprit, entre charismanie et charispho-bie (éd. Maison de la Bible). Robin Reeve, enseignant à l’Institut biblique et missionnaire Emmaüs, représente la frange charismatique, tandis que son collègue et ami Florent Varak, pasteur à Villeurbanne, s’oppose aux ma-nifestations charismatiques modernes.

Un dialogue apaiséPour Robin Reeve (photo en haut à droite), «le débat

s’est bien apaisé ces dernières années. Un grand nombre d’Eglises évangéliques se sont ouvertes à la dimension charismatique, et les Eglises pentecôtistes ont appris à moduler leur manière de voir». Florent Varak (photo) le confirme : «Avant, le dialogue était impossible, parce que très émotionnel». Lui-même reconnaît avoir eu des propos forts autrefois. «Je m’y oppose de façon assez virulente dans le livre que j’ai écrit il y a vingt ans (réd : «La foi charismatique», éd. Clé), parce qu’à l’époque les charismatiques disaient aux autres que le parler en lan-gues était la preuve nécessaire de la présence de l’Esprit, et les Eglises se sont divisées sur ces questions». Il a évo-lué. «Même si je reste en désaccord, j’ai un peu plus de paix vis-à-vis de ceux qui disent vivre de telles choses.»

Pour les deux pasteurs, le temps est donc venu d’ou-vrir à nouveau la discussion, dans le calme. «Il n’y a plus cette arrogance théologique de part et d’autre», se réjouit Robin Reeve. Florent Varak nuance : «Il y a bien sûr encore des personnes dans l’excès, en particulier chez les plus âgés qui gardent les schémas du passé». Mais il constate une évolution dans les discours. «Les éditions Farel ont récemment publié un livre d’un auteur pentecôtiste

L’Esprit et les dons : un débat clos ?Depuis des décennies, le monde évangélique est divisé sur la question des dons de l’Esprit. Mais le dialogue est relancé par les théologiens Florent Varak et Robin Reeve. Ils cosignent, avec George Winston, un ouvrage entre «charismanie et charisphobie».

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25beaucoup plus modéré à ce sujet». Le dialogue s’est aussi apaisé en raison «d’une “charismatisation” du protes-tantisme évangélique contre laquelle les conservateurs ont capitulé», selon Robin Reeve. En outre, «les évangé-liques travaillent plus ensemble, au sein de réseaux comme le CNEF ou le Réseau évangélique suisse», selon les auteurs. . Qui se connaît mieux se comprend mieux. Preuve en est la relation entre les deux hommes : «Nous avions commencé la rédaction du livre sans nous connaître. Lorsque nous nous sommes rencontrés, nous avons pu échanger nos avis et prendre conscience du nombre de points théologiques communs.»

Qu’est-ce qui fâche ?Malgré tout, les opinions restent

souvent fermement fondées. «Le dia-logue me semble difficile si un chré-tien charismatique considère qu’il faut impérativement vivre le baptême de l’Esprit en le manifestant par le parler en langues», note Florent Va-rak. C’est la théorie de la deuxième expérience. «De tels propos divisent les chrétiens en deux catégories ab-solues et conduisent à un certain orgueil». Robin Reeve reconnaît que des charismatiques tiennent encore de tels propos. «En Suisse, pourtant, la plupart des Eglises cha-rismatiques se considèrent comme héritières du réveil du Pays de Galles et donc du mouvement nommé “Elim”. De ce fait, nous avons tou-

jours prôné que le parler en langues est l’un des signes de l’Esprit, mais qu’il n’est pas obligatoire». La doc-trine officielle des Assemblées de Dieu défend cependant le contraire. Pour Florent Varak, «il y a certaines lignes rouges et certains espaces de compréhension réciproques. Si un frère charismatique considère le par-ler en langues comme un don parmi d’autres qu’il ne faut pas obligatoi-rement rechercher, je peux dialoguer avec lui, même sans être entièrement d’accord. Nous avons une lecture as-sez proche de textes comme les cha-pitres 12 à 14 de 1 Corinthiens.»

Florent Varak relève aussi l’impor-tance de la Parole avant l’expérience spirituelle. «La “bénédiction de To-ronto” a montré la folie de favoriser l’expérience au détriment de l’Ecri-ture. Elle a fait prendre conscience à beaucoup de chrétiens qu’il fallait sans cesse éprouver l’expérience à la lumière de la Bible». Robin Reeve reconnaît que les partisans de la bénédiction de Toronto ont «effec-tivement un assez grand désintérêt pour la centralité de la Bible» au pro-fit de la spontanéité, mais il précise : «Toronto n’a pas seulement marqué une fracture entre charismatiques et non-charismatiques, mais a touché tous les mouvements, divisant des dénominations». Pour le théolo-gien charismatique, l’analyse de tels mouvements est complexe. «Ils sont polymorphes. Comme à Bethel, il y a des éléments positifs, telle la culture de l’honneur. Mais à côté, il y a l’ins-tauration de nouveaux clergés.»

Clergé des donsNouveaux clergés ? Robin Reeve

se dit préoccupé par une évolution

dans le charismatisme : «Le don de prophétie, par exemple, est comme adopté par un nouveau clergé. Le prophète est en chaire, et l’assis-tance... assiste ! On voit apparaître des spécialistes de la louange, de la prophétie et de la guérison, mais les gens de l’Eglise sont de plus en plus muets». Il invite à une remise en question. «Si je vais au culte, y ai-je la place de prophétiser ?». Cela n’em-pêche pas Robin Reeve de croire que certains ministères peuvent se déve-lopper avec la présence particulière d’un don. «Mais tout chrétien né d’Esprit prophétise, même s’il n’en est pas conscient. Une “intuition”, une louange ou une prière formulée peuvent être des prophéties ou des paroles de connaissance.»

Au contraire, Florent Varak ne croit pas qu’il y ait aujourd’hui des hommes doués d’une auto-rité pour guérir. «Dans mon Eglise, nous prions pour les malades et pratiquons l’onction d’huile. Nous croyons que Dieu peut relever un mort ou guérir un malade, mais ce n’est pas forcément ce qu’il fera. Prier pour les malades est différent de dire “lève-toi et marche”».

Robin Reeve souligne qu’une fois les différences posées et admises, il faut se pencher sur d’autres ques-tions qui transcendent les déno-minations. Tous deux insistent sur l’importance à donner à la Bible. Florent Varak conclut : «A partir du moment où l’on est d’accord que l’Ecriture seule va éclairer nos pra-tiques, on se situe sur un terrain proche. On va commettre des erreurs de part et d’autre, mais on va ap-prendre et grandir ensemble.» ¶

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L’Esprit et les dons : un débat clos ?Depuis des décennies, le monde évangélique est divisé sur la question des dons de l’Esprit. Mais le dialogue est relancé par les théologiens Florent Varak et Robin Reeve. Ils cosignent, avec George Winston, un ouvrage entre «charismanie et charisphobie».

Le livre Les dons de l’Esprit, entre charismanie et charisphobie replace le mouvement charismatique dans une perspective biblique, mais aussi histo-rique. George Winston aborde tous les aspects qui unissent ou divisent au sujet des dons de l’Esprit, du baptême de l’Esprit et du miraculeux aujourd’hui. Il se penche sur un grand nombre de

passages bibliques, afin d’apporter un éclairage aussi clair que possible. Florent Varak et Robin Reeve apportent, en commentaires, un éclairage bien ar-gumenté quant à la position théologique qu’ils défendent. Un excellent ouvrage qui stimule la réflexion et la lecture ap-profondie de la Bible, tout en ouvrant la porte au dialogue entre Eglises. ¶

L’ouvrage en deux mots

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«L’I n d o n é s i e n’est ni un pays laïque, ni un pays fondé

sur la religion». C’était l’argu-ment du ministre de l’Intérieur, le 20 mai, pour supprimer la mention obligatoire, sur la carte d’identité, de l’apparte-nance à l’une des six re-ligions offi cielles. La loi doit être ratifi ée, mais le débat est révélateur de l’ambiguïté qui plane autour de la liberté religieuse dans le plus grand pays musulman du monde (plus de 200 millions). Les chrétiens ne sont pas non plus logés à la même enseigne selon les régions : «Certaines sont totalement fermées, d’autres ouvertes», explique Cédric*, travailleur humanitaire suisse dans ce pays depuis bientôt cinq ans.

Bonne cohabitation, parfois mise à malL’Indonésie est le pays des contrastes. D’un côté, «la

charia a été instaurée dans la province d’Atjeh. On n’y trouve donc presque aucun chrétien». De l’autre, 100 000 chrétiens se sont rassemblés dans la capitale Jakarta en mai 2012 ; et une Eglise évangélique, à Surabaya, peut accueillir 35 000 personnes. «Certaines régions comptent près de 95% de chrétiens», poursuit Cédric.

Dans l’ensemble, la cohabitation ne pose pas de pro-blème et «le principe de tolérance est bien vécu par la plupart des gens», selon Cédric. Mais des heurts se pro-duisent aux frontières entre les religions musulmanes et chrétiennes, là où c’est du «50/50». «Il y a régulièrement des églises incendiées par des groupes extrémistes qui lavent le cerveau des gens et les montent les uns contre les autres». Le climat y est surtout tendu lors des élec-tions : «Si un chrétien est élu, les églises sont brûlées, les magasins détruits... Je l’ai observé dans une ville où j’ai habité : les musulmans se sont vengés parce que le candi-dat que les chrétiens ont soutenu s’est fait élire.»

Et dans les régions très majoritairement musulmanes, comme Atjeh, il ne fait pas bon être chrétien. Portes Ouvertes rapporte que «la fermeture de dix-huit églises, en 2012, y a été le premier signe d’une hostilité accrue à l’égard des chrétiens». Des dizaines de municipalités ont adopté des législations locales inspirées de la cha-ria, toujours «sous l’infl uence d’organisations musul-manes radicales». Les 13% de chrétiens que compte le pays (selon Christian Aid Mission) restent des citoyens de seconde zone. Portes Ouvertes déplore que les pres-sions des islamistes conduisent souvent les autorités à

ne pas accorder aux chrétiens le permis de construire des églises auquel ils ont légalement droit.

En outre, les chrétiens ont le droit de parler de leur foi, mais pas de «conver-tir» des musulmans, relève Cédric. D’autant que le risque de délation est patent. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir des «discussions spirituelles» dans son

travail. «Les gens sont ouverts envers les étrangers, heu-reux de connaître leurs croyances. Et une personne qui est devenue ton ami ne te dénoncera jamais.»

Essor évangélique dans les villesAutre contraste : celui entre la ville et la campagne

(voir photos). C’est dans les grandes agglomérations que les évangéliques, plus précisément les pentecôtistes, rencontrent un franc succès, «sous l’infl uence des Etats-Unis et de la Corée du Sud», explique Cédric. «Le nombre de “nés de nouveau” augmente en Indonésie». Même Time Magazine l’a évoqué. Au 20e siècle déjà, le pays a connu des réveils. Un bémol, pourtant, selon Cédric : un certain attrait pour l’Evangile de la prospérité : «Les citadins veulent l’aide de Dieu dans leurs affaires, la san-té et la famille, espérant retirer quelque chose de Dieu». Dans les campagnes, les évangéliques sont plus rares, les Indonésiens restant attachés au protestantisme tradi-tionnel, de type calviniste, ou au catholicisme, amenés respectivement par les colons hollandais et portugais. Dans ces milieux ruraux, l’attrait pour la religion des ancêtres peut conduire au syncrétisme.

Cédric conclut en invitant les Occidentaux à prier pour une plus grande liberté de religion et une meilleure formation des responsables chrétiens. Il encourage aussi à soutenir des ministères qui, à l’image de Compas-sion, travaillent dans les régions chrétiennes et pauvres. «C’est une manière d’aider des frères et sœurs dans la foi aux revenus modestes.» ¶*Nom connu de la rédaction

En Indonésie, la liberté accordée aux chrétiens varie selon les régions. Après Cuba, deuxième volet de notre série sur les pays du monde.

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Le pays des contrastes

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SÉRIE TOUR DU MONDE DES ÉGLISES

VOIR DIEUà l’œuvre dans le monde et dans les vies AUJOURD’HUI

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«Chacun de nous est la clé de la crise environnementale actuelle». Michel

Maxime Egger propose une vision audacieuse de l’écologie, à l’heure où les préparatifs de la Conférence sur les changements climatiques qui aura lieu à Paris en décembre battent leur plein. Son discours tranche avec «la rengaine écolo maintes fois en-tendue». Bien sûr, il partage avec les Verts le souci des mesures à prendre à l’échelle sociétale pour endiguer les effets indésirables de l’activité humaine sur la nature. Mais pour lui, «la bonne volonté politique ne suffit pas. En effet, elle ne permet pas d’aller jusqu’aux racines de la crise écologique». La solution passe par une «conversion intérieure de chacun» et le développement d’une éco-spiritualité, affirme le croyant orthodoxe, auteur de plusieurs livres, dont Soigner l’esprit, guérir la Terre (Labor et Fides).

Stock de ressourcesMais commençons par le début :

«Nous avons trop longtemps déve-loppé une compréhension dualiste de l’environnement», analyse-t-il. «La faute en incombe au paradigme de la modernité occidentale, apparu à la fin du Moyen Age. Dieu a été expul-sé de la nature dans une transcen-dance plus ou moins inaccessible». En d’autres termes, cette conception

VIE INTÉRIEURE RÉFLEXION Et si l’écologie ne se réglait pas par la politique ?

Michel Maxime Egger n’est pas un Vert comme les autres. Face au défi écologique, l’auteur de «Soigner l’esprit, guérir la terre» (éd. Labor et Fides) nous invite à changer complètement notre

conception de la nature. Sa théorie de l’éco-spiritualité est un appel à la cohérence intérieure avant tout.

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suivre : «Elle n’est pas l’habitation des humains seulement, mais aussi de Dieu». Il est convaincu que la nature porte en elle cette dimen-sion de la rencontre. «Le Créateur s’exprime à travers la nature comme il le fait à travers la Parole. La na-ture, si mystérieuse, n’invite-t-elle pas à l’émerveillement et à la ren-contre avec le divin ? Créés tout à la fin, pour résumer les six jours de la création, les humains sont des ponts entre Dieu et la terre». Développer cette conscience et nourrir notre respect pour la nature, cela revient finalement à participer au salut de la création tout entière, toujours selon Michel Maxime Egger.

Le croyant orthodoxe est convain-cu que si nous comprenons cela, nous ne ferons plus des éco-gestes par contrainte. Ces derniers devien-dront organiques, comme l’expres-sion de notre cohérence intérieure.

Démarche en trois tempsPour nous aider à progresser dans

cette perspective, le défenseur de l’éco-spiritualité préconise d’abord de nous détourner de nous-mêmes, pour nous centrer sur la source, Dieu, et sa présence. Ensuite, nous pouvons nous ouvrir à l’action de l’Esprit, en donnant moins de place à notre ego. C’est ainsi qu’il est pos-sible de développer un travail d’uni-fication entre les différentes parties de notre être. Et donc de développer un regard, une conscience et un rap-port différents à la nature.

Influencé par les pionniers de l’écopsychologie, telle Joanna Macy,

il est persuadé que ce changement de regard nous conduira à nous en-raciner dans la gratitude : «Comment ne pas nous émerveiller du miracle permanent de la vie et de ce qui nous est offert à chaque instant de notre existence : l’air que nous respirons, les plantes qui nous nourrissent et nous soignent ?»

Comment éviter la catastrophe ?

Michel Maxime Egger est convaincu que sur le plan écolo-gique, le monde fonce dans le mur. Il n’est pas certain que les bonnes volontés politiques actuelles permet-tront d’éviter la catastrophe annon-cée. Pas question pour autant de baisser les bras. Son espérance, c’est que, si elle intervient, la catastrophe ne produise pas trop de casse. Par la promotion d’une éco-spiritua-lité, il compte bien sûr éveiller les consciences, mais aussi préparer l’après-catastrophe. Car si le change-ment de paradigme n’intervient pas maintenant, la santé de la nature nous l’imposera tôt ou tard.

«Chacun tient le fil d’un autre possible», indique pour terminer Michel Maxime Egger. «Et ce fil se renforce quand je me mets en mou-vement avec d’autres». Par exemple en réfléchissant et en cheminant sur cette thématique en Eglise. Par leur conscience de l’importance de l’horizontalité et de la verticalité, les chrétiens ont un potentiel for-midable pour développer cette éco-spiritualité. ¶

creuse un fossé entre Dieu et sa création. Consé-quence, la terre a progressivement été réduite au statut de stock de ressources au service de la so-ciété. Tout le système économique actuel repose sur cette perception matérialiste et utilitariste. Devant la menace de réchauffement cli-matique et des effets indésirables de la pollution, nous avons opté pour une éthique écologique. Nos sociétés se sont mises à chercher «comment passer d’un usage abusif et déraisonnable à un usage raison-nable et non abusif de la nature. Le problème, c’est que le statut de la nature, lui, n’a pas changé. Elle est restée un stock de ressources».

Une éco-spiritualitéVoilà pour le constat. Mais que

faudrait-il faire autrement et quel rôle incombe à chacun de nous, au-delà des éco-gestes quotidiens aux-quels les autorités nous appellent ? Michel Maxime Egger invite d’em-blée à ne pas verser dans l’excès inverse, à savoir «dans un panthéisme divinisant totale-ment la nature. Pas question de faire de chaque arbre une idole intouchable».

Michel Maxime Egger propose une troisième voie, qui consiste à travailler sur notre perception de la créa-tion. «La nature a une valeur propre, intrinsèque, liée à sa dignité particulière», défend-il. Avant de pour-

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Le Créateur s’exprime par la nature

comme par la Parole»

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vécuUne sortie de route pour repartir de plus belle

Après un accident qui lui a fait oublier une

grande partie de son enfance et aurait dû le clouer au lit, Jean-Noël

s’est reconstruit. Il est passé par les eaux du baptême à la mi-mai,

entouré de ses amis motards.

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J’ai eu l’impression d’un immense

partage »

C’ est entouré de motards de Route 777 que Jean-Noël s’est fait baptiser en mai dans le lac Léman, en Suisse. Bien qu’il n’ait

jamais vraiment perdu la foi, il a traversé une grande période «désordonnée». Jean-Noël a certes grandi dans une famille catholique et a même été enfant de chœur. «Mais à 16 ans, j’ai pété un câble». Les drogues et l’al-cool, et plus tard un premier mariage malheureux ainsi que le divorce l’ont détruit. Au cours des douze années suivantes, il a été au fond du trou. C’est paradoxalement grâce à un événement douloureux que Jean-Noël a pu revenir sur le droit chemin après cette sortie de route.

Accident salvateurEn 1985, à 28 ans, il est victime

d’un grave accident de la circu-lation, avec à la clé plusieurs ver-tèbres broyées et un traumatisme crânien. Il perd presque tous les souvenirs de son enfance. Les sept mois suivants, Jean-Noël les passe à l’hôpital. «J’ai dû réapprendre à marcher, réapprendre mon enfance. Ça a été un moment difficile». Mais c’est aussi là qu’il recommence à lire la Bible. «Si je n’avais pas eu Jésus qui se rappelle à moi, je ne sais pas comment je m’en serais sorti ! Il ne m’a jamais quitté, mais m’a soute-nu et porté tout le temps», assure-t-il aujourd’hui.

Dieu l’a également guéri en grande partie. «Je devrais être encore couché dans un lit, mais je cours et fais de la moto !». Deux ans après son accident, Jean-Noël rencontre Joséphine. «Nous étions tous les deux catholiques et divorcés. Mais comme nous n’avions pas été mariés à l’Eglise précédemment, nous avons pu le faire !». Jean-Noël retrouve une vie active. Il s’engage dans la paroisse qu’il fréquente, donnant le catéchisme.

Motard de ChristEn 2013, l’une de ses deux filles, Marie, se rend à une

exposition de motos. Elle y découvre la Biker Bible de Route 777, et la ramène à son père. Celui-ci est touché par les témoignages présents dans le livre. Il contacte les organisateurs des Rencontres des motards chrétiens francophones (RMCF). «En 2014, je me suis rendu à une rencontre en Suisse, où j’ai fait la connaissance du pasteur Laurent Baudoin, avec qui je me suis lié d’ami-tié». Ces deux dernières années, Jean-Noël fait connais-sance avec plusieurs motards chrétiens, dont certains sont évangéliques et avec qui il est encore en contact aujourd’hui. «Deux fois par an, il y a des rencontres avec les amis de Route 777. Je corresponds aussi régulièrement avec quelques-uns», explique-t-il.

Hors de l’Eglise catholiqueTout cela n’est pas étranger à l’évolution spirituelle de

Jean-Noël, qui se considère de moins en moins comme catholique. «Je parle du “nouveau chrétien” que je suis devenu. J’ai vécu une progression très douce». Il conti-nue à accompagner son épouse à la messe, sans y être engagé, mais «par respect et amour pour elle».

Jean-Noël estime que les catholiques ont des torts, mais qu’ils ont aussi beaucoup de qualités. «J’ai un peu

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vécuUne sortie de route pour repartir de plus belle

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SOUPIRS V IE INTÉRIEURE

Seigneur, voici revenu le temps de l’été et du règne de l’apparence physique. Permets-moi de vivre cette pé-riode sans céder à la tentation de la comparaison, libère-moi des règles imposées par la société et aide-moi à en libérer mes proches.

Je veux me souvenir chaque jour qu’à tes yeux je suis une créature merveilleuse que tu as créée, comme tu as créé ceux qui m’entourent et sont riches de tes trésors. Apprends-moi à me défaire de mes propres critères pour aimer comme toi tu nous aimes, dans la liberté de ta vérité.

C’est à toi que je veux plaire, Seigneur, car toi seul combles mon cœur et mon espérance. Affranchis-moi de l’importance que j’accorde à ce que les autres pensent de moi, pour parvenir à me concentrer sur ce que, toi, tu attends de moi.

Reçois ma gratitude, Seigneur, pour la diversité des hommes et des femmes que tu as façonnés, encourage-moi à toujours les apprécier et que cet été soit pour nous tous une joie de savoir que tes plans sont parfaits. Amen. ¶P

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“un pied sur chaque chaise”, et je conti-nue de demander à Dieu de m’éclairer en toutes choses.»

Baptême inoubliableAu cours d’une rencontre de louange

évangélique, il prend conscience de son désir d’être (re)baptisé. «La Bible parle du baptême comme d’un choix intentionnel». Mais Jean-Noël ne sait pas trop comment s’y prendre. «Je ne connaissais pas d’Eglise qui proposait le baptême d’adultes». Il reçoit alors un courriel annonçant des rencontres de motards chrétiens dans lesquelles il y a la possibilité d’être baptisé. «En plus, c’était Laurent Baudoin qui s’en occupait ! J’ai compris cette invitation comme un signe de Dieu.»

Jean-Noël tient aussi à ce que les motards soient présents. «C’est un monde un peu à part, les motards. En moto, on est à la foi individualiste et en groupe. On se comprend mieux : quelques mots suffisent souvent pour voir qu’on pense la même chose». Cet état d’esprit, il le ressent au moment de donner son témoignage : «J’ai eu l’im-pression d’un immense partage, comme si tous me comprenaient parfaitement !»

Aujourd’hui, Jean-Noël lit chaque jour un chapitre de la Bible, et chemine avec des sites internet. «Je suis les for-mations du Top Chrétien, qui m’encou-ragent toujours beaucoup !». Pour lui, Jésus est un ami et un guide, celui qui peut pardonner toutes les fautes. «Il est toujours là pour nous rattraper, il nous tend la main.» ¶ _____________________________

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Apparences

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VIE INTÉRIEURE HORS DES SENTIERS BATTUS

Cela fait 25 ans que Pierre Maré est inten-dant à l’Institut biblique de Nogent. Un service qu’il souhaite rendre avec amour, humilité et afin de glorifier Dieu. Portrait.

Il est un personnage discret et pourtant connu de tous, à l’Institut biblique de Nogent (IBN) ou des participants

annuels du Centre évangélique de Lognes : Pierre Maré. Depuis 1990, il est l’intendant responsable de la vie communautaire et des services généraux de l’IBN.

Fidèle à son caractère autant qu’à son image, il est entré dans ce minis-tère en douceur : «Après trois ans en mission puis un mi-temps comme décorateur et un autre d’assistant-pasteur, j’ai appris que l’IBN recher-

chait un intendant. Estimant que j’avais les compétences requises, j’ai posé ma candidature». Embauché à temps partiel pour s’occuper uniquement des locaux, son poste a rapidement évolué en plein-temps, et progressivement diverses responsabilités s’y sont ajoutées.

S’adapter à la personnalité de chacunAu moment où l’heure de la retraite sonne, Pierre

compte près de 730 étudiants côtoyés de près, et il a pu observer des constances et des évolutions chez ces étu-diants, futurs pasteurs pour la plupart. «Chaque rentrée scolaire demande une adaptation aux nouveaux arrivés, alors qu’il faut maintenir “l’esprit de la maison”. Chaque fois, on retrouve des caractères plus ou moins forts, des ni-veaux intellectuels différents, diverses cultures nationales P

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livret à la couverture noire et verte initialement imprimé à 4000 exem-plaires. Il enthousiasme aussitôt, et aujourd’hui, près de 200 000 exem-plaires ont été diffusés. Dans son sillage, les volumes 2 et 3 de J’aime l’Eternel sont à leur tour édités.

Le renouveau initié par ce recueil suscite pourtant des critiques. Le pasteur belge Paul Vandenbroek les synthétise, regrettant «beaucoup de

rengaines répétitives avec des textes parfois pauvres et des approximations de traduction», tout en reconnais-sant l’acquis de cette «révolution musicale».

Quoi qu’il en soit, comme le souligne Linda Panci-MacGowen, l’ouvrage a «donné aux Eglises une série de chants communs, un langage de louange commun qui a produit une dynamique d’unité, notamment lors des grandes célébrations». ¶

le 27.7.1975

Ce jour-là…Ce jour-là, à l’occasion d’Eurofest, paraît le recueil de cantiques

«J’aime l’Eternel», publié par les éditions Jeunesse en Mission. Le succès est immédiat, car cette compilation accompagne l’intérêt nouveau des jeunes pour une foi vivante et dynamique. L’ouvrage n’aurait pu naître sans l’engagement d’une Américaine, Linda Panci-MacGowen, elle-même auteure d’une trentaine de chants de louange.

Originaire de l’Iowa, Linda découvre la musique à cinq ans, rencontre la foi à quatorze ans puis reçoit un double appel de Dieu pour la musique et pour le monde francophone. Mar-quée par sa rencontre avec le couple Cunningham, fon-dateurs de JEM, elle s’installe au siège de Lausanne au début des années 1970. L’idée du recueil s’impose alors. Linda voyage beaucoup, recense les chants existants et trouve les créateurs talentueux. Il en résulte le célèbre

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Discret maisconnu de tous

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sciemment, comme l’esclave de service». Il lui est arrivé d’effectuer tous les actes pastoraux ; plusieurs lui ont alors fait remarquer que le ministère pas-toral serait plus valorisant pour lui. «Entendre cela fait réfléchir, mais il faut essayer de rester objectif sur ses compétences, ses limites, les dons reçus, son caractère, ses complexes, tout en recherchant la volonté de Dieu.»

Pierre estime qu’aux yeux de Dieu, tous les services rendus (ranger les chaises, accueillir, prêcher, cuisiner, dépanner, sonoriser...) «ont la même

valeur s’ils sont faits par amour, dans le but de le glori-fier et en réponse à sa volonté. Jésus s’est fait le serviteur de tous par a m o u r , n o n ? Et pour é chapper à l’aigreur ou à l’amertume - puisqu’il faut souvent faire ce que les autres ne veulent pas faire ou suppléer à leur irres-ponsabilité - on a besoin que l’Esprit Saint produise en nous ses fruits». Le verset préféré de Pierre ? Romains 1, 14, qui lui rappelle que c’est «à cause de tout ce que Dieu a fait pour moi en Jésus-Christ, je me dois à tous les hommes instruits ou ignorants pour que l’Evangile soit annoncé à tous.» ¶

et ecclésiales, des histoires inédites. Dans ce contexte, je crois à la valeur de l’exemple et de la vraie présence ; j’ai toujours essayé d’agir ainsi parce qu’au fil des mois, cela participe à la création de liens entre tous.»

«Tous les services rendus ont la même valeur»

Il est clair que pour Pierre, ce travail est un minis-tère : «C’est un service appuyé sur une vocation à servir totalement dans l’Eglise». Pourtant, cet engagement est parfois jugé comme accessoire. Pierre s’explique : «Il faut tout de même parler du regard porté sur mon travail. Pour beaucoup, le ministère par excellence étant pastoral ou professoral, effectuer mon service c’est descendre dans la hiérarchie. On est parfois considéré, peut-être incon-P

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Jésus s’est fait le serviteur de tous»

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Marion, 26 ans : «Je connais les projets que je forme pour vous, dé-clare l’Eternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance» (Jér. 29, 11).

Un jour j’écoutais un chant qui reprenait ce verset, et ces paroles m’ont percutée. C’était pendant une période où je n’arrivais plus à faire de projets, où j’essuyais des décep-tions. Je ne savais pas où j’allais... Mais j’ai vraiment senti que Dieu me parlait au travers de ces moments en me demandant de lui faire confiance. J’ai saisi cette promesse pour ma vie, et depuis, ce verset revient à mon cœur quand le doute apparaît. Je m’appuie fortement sur cette pro-messe précieuse pour avancer.

Ce versetqui me parle

Marie-Andrée, 58 ans : «Voici ce que déclare le Seigneur Dieu, l’unique vrai Dieu, le Dieu d’Israël : vous ne serez sauvés qu’en revenant à moi et en res-tant paisibles. Votre seule force, c’est de garder votre calme et de me faire confiance» (Es. 30, 15).

Ce verset m’a toujours rappelé que la seule force fiable sur laquelle je peux m’appuyer est celle qui m’est don-

née par notre Seigneur. L’enseigne-ment que j’en tire est notre apparte-nance et notre dépendance vis-à-vis de lui. Dieu seul peut nous fortifier de manière durable, puisque nous sommes au bénéfice de sa grâce. Mais la force tranquille commence par la foi. Je me sens forte quand je me repose sur ce que je sais de l’his-toire de l’amour de Jésus, la Parole

de Dieu. S’il est facile de croire en Dieu quand tout va bien

et que nos prières sont exaucées, combien cela n’est pas évident quand nous sommes éprouvés, quand nous avons le sentiment que sur terre tout déçoit. Mais même dans ces moments difficiles, le miracle de la grâce conti-nue à opérer : «Seul Jésus demeure», mot de la fin em-prunté à un titre de cantique bien connu. ¶

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organisé par Partenaire média

Une nouvelle façon de s’informer

en continu

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Proposé par la rédaction du

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VIE INTÉRIEURE SUPPLÉMENT DE L ’ÉTÉ

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Ç a y est ! Vos vacances sont planifiées, vous n’atten-dez plus que le dernier jour de travail pour enfin

vous envoler vers de nouvelles lati-tudes et profiter d’une période de repos bien méritée. Seulement, à bien y réfléchir, entre les activités que vous souhaitez faire, car vous n’en avez pas le temps le reste de l’année, les amis que vous voulez voir ou les endroits que vous sou-haitez visiter, l’agenda est bien vite rempli ! Quelques pistes pratiques pour vraiment se reposer durant cet été.

1. Se mettre dans le bain progressivement

Timbrer à la sortie du travail et prendre la route direction le bord de mer dès le lendemain ? C’est plutôt déconseillé par le neuro-psychiatre Marc Schwob dans son ouvrage Les rythmes du corps (éd. Odile Jacob). En effet, pour bien débuter son congé, il préconise

6 conseils pour des vacancesreposantes Les vacances d’été, on les attend pendant des se-maines. Mais comment en tirer le meilleur profit une fois qu’elles sont là ? Un petit dossier pour vous encourager à vous reposer, à soigner vos relations et... pour nourrir votre réflexion.

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vacances relève presque de la dic-tature !». Pour lui, il s’agit de se rappeler qu’en vacances «nous devrions être tranquilles, sans pres-sion, avec ou sans smartphone».

4. Reconnecter avec la nature

Et si nous déconnectons le smartphone, nous pouvons en pro-fiter pour reconnecter avec la na-ture. Marilyn Rollier, responsable des Chrétiens au service de la santé (CASS), assure que la nature est très ressourçante. Le neuropsy-chiatre Marc Schwob complète : «Pour les citadins dont l’horizon est limité, pou-voir porter son regard sur la mer ou la montagne procure un vrai repos visuel.»

5. Faire du sport

Nous pou-vons coupler les retrouvailles de la nature avec une activité sportive. Cette dernière est reposante, «car elle diminue le stress, lui-même source de fa-tigue», note Mari-lyn Rollier. Cela dit, gare à ne pas

vous brutaliser. Allez-y doucement, surtout si vous n’avez pas l’habitude de pratiquer beaucoup de sport le reste de l’année.

6. Se préparer gentiment à la reprise

Et de même que le corps a be-soin d’un temps d’adaptation pour entrer en vacances, vous n’igno-rez sûrement pas qu’il en a besoin pour revenir au travail. Idéalement, il faudrait se réadapter au rythme professionnel en ne vous couchant pas trop tard les trois à quatre jours qui précèdent la reprise. ¶

plutôt de prendre le rythme des vacances pendant deux ou trois jours, en s’accordant des grasses matinées, au lieu de partir immé-diatement. Il faut en effet un peu de temps au corps pour éliminer le stress, la fatigue du travail et s’habituer à ce nouveau rythme.

2. Ne pas trop en faireDeuxième conseil : n’en faites

pas trop ! Que l’on soit à la mai-son ou à l’étranger, la tentation est forte de vouloir remplir l’agen-da de multiples activités cultu-relles et touristiques. Dans un article tiré du magazine Psycholo-gies, le professeur de psychiatrie Michel Lejoyeux pense que les emplois du temps surchargés en vacances «nous évitent de nous confronter à ce qui peut nous an-goisser», comme le fait de n’être plus constamment occupé. Pour lui, l’intérêt des vacances, «c’est de faire l’expérience du vide, de la diminution et du changement d’activités.»

3. Déconnecter ou pas ?Marc Schwob est catégorique :

pour un vrai repos durant ses vacances, il faut une interruption totale. «Nous sommes suffisam-ment agressés toute l’année par l’envahissement mé-diatique». Il recommande un vrai jeûne de télévision et la déconnexion du smartphone à internet. Et bien sûr, pas de réveille-matin.

Michel Lejoyeux nuance cependant : «Le discours actuel qui veut que l’on déconnecte complètement en

6 conseils pour des vacancesreposantes

Se reposer, c’est aussi prendre de la distance

«Le repos ultime, c’est être à la place où Dieu me veut», assure David Richir, enseignant à l’Institut biblique et mis-sionnaire Emmaüs. Il explique ainsi qu’il est indispensable de mettre sa confiance en Dieu pour pouvoir se reposer, physique-ment mais aussi mentalement. «En cessant notre activité, nous laissons à Dieu ce que nous ne ferons pas, en ayant l’assurance qu’il en prend soin.»

Quant à la fatigue, elle découle souvent d’un manque d’objectifs : nous multiplions alors les activités pas forcément nécessaires qui finissent par nous épuiser. D’où l’importance de fixer des priorités. Quelles seront vos priorités durant ces vacances et pourquoi ? Car le repos, poursuit David Richir, c’est aussi «prendre conscience du sens de nos occupations».

Et n’oublions pas que le repos, le sabbat, fait partie des commandements de Dieu. «Se reposer permet de prendre de la distance par rapport à son travail pour ne pas en devenir esclave, mais pour profiter davantage des relations». Les va-cances d’été sont un temps propice pour une prise de recul plus approfondie sur soi-même et avec Dieu, pour établir un bilan de l’année écoulée et prendre de nouvelles dispositions pour la rentrée. ¶

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Rester optimiste«Mon optimisme pour l’Europe

ne dépend pas de la capacité de l’Eglise à survivre, mais de la fidélité de Dieu. Oui, à court terme, l’Eglise peut passer par des tensions, un recul, des frustrations ou des persé-

cutions. Mais à long terme, Dieu ac-complira sa promesse.» (John Stott)

«Chacun devrait pouvoir vivre selon ses convictions. Mais nous devons accepter de ne pas trouver dans la société l’exact miroir de nos convictions.» (Jean-François Mattei)

«Notre comportement ne devrait pas être différent de celui des chré-tiens du premier siècle. Jésus-Christ est le Seigneur de l’Histoire et nous n’avons pas à avoir peur lorsque nous ne comprenons pas ce qui se passe.» (Paul Wells)

VIE INTÉRIEURE SUPPLÉMENT DE L ’ÉTÉ

Et si nous profitions de l’été pour créer ou approfondir nos contacts avec nos voi-sins ? Cela peut commencer par de petites choses, et les occasions ne manquent pas !

«Mon plus proche pro-chain, c’est mon voisin», affirmait Atanase Périfan,

créateur de la Fête des voisins. Pour lui, «ouvrir sa porte, c’est ouvrir son cœur». Nos vies sont bien remplies, mais nous sommes généralement moins stressés et occupés durant l’été. Voici quatre buts réalistes pour vos rapports de voisinage estivaux.

Commencer à prierLorsqu’on mène une vie active,

on croise ses voisins, on échange parfois quelques mots, mais on ne sait pas vraiment quels sont leurs

défis quotidiens. Récemment, lors d’une réunion de copropriétaires, Anne a appris que le père d’un de ses voisins avait un cancer généralisé et que d’autres voisins étaient éprouvés par le divorce de leur fille, mère de tout petits enfants. Elle a alors pris conscience qu’ils avaient besoin de prière ! Prions pour leur santé, leur famille, leurs études, leur travail et leur vie spirituelle. Lorsque des voisins déménagent, pensons à prier pour leur nou-velle étape de vie, mais aussi pour les nouveaux voisins qui prendront leur place. L’ambiance de l’immeuble ou du quartier peut en être changée.

Rendre servicePendant l’été, les occasions de rendre service sont

nombreuses : arroser les plantes ou le jardin, relever le courrier, apporter de l’eau à une personne âgée les jours de chaleur, proposer de garder l’aîné d’une voisine P

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L’Evangile a de l’avenir«Nous, les chrétiens, passerons

par une période plutôt turbulente, avec une perte d’influence et une diminution numérique. Mais je ne pense pas que nous ayons touché le fond : la fin de la chrétienté constitue une réelle opportunité. Si nous vi-vons la Bonne Nouvelle, plutôt que de simplement la proclamer, nous continuerons à intéresser et interpel-ler des individus.

Le message chrétien reste le plus convaincant. Le projet des athéistes n’est pas probant et je ne vois pour l’heure aucun message suffisam-ment inspirant. Nous vivons dans une maison dont les fondements sont branlants. Et je crois que les fondements chrétiens, eux, de-meurent solides.» (Stuart Murray)

Un engagement total«Les évangéliques doivent être engagés dans

chaque facette de la société : les médias, le gouverne-ment, l’économie, l’éducation, etc. Il nous incombe

Douze mois de citations édifiantes

Cet été, je vais aimer mes voisins

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Au cours de l’année écou-lée, plusieurs interlocuteurs cités par le Christianisme Aujourd’hui ont prononcé des paroles fortes et encou-rageantes. A méditer.

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réconciliation : n’attendez pas que la situation s’envenime pour engager le dialogue. Dites votre point de vue sans porter de jugement moral. Ecoutez les arguments de l’autre. Formulez vos attentes. Si ces étapes n’aboutissent pas, il peut être utile de solliciter un médiateur.

Préparer le terrain pour l’EvangileUne fois que vous avez dépassé le stade des banalités du type «Bon-

jour, comment ça va ?», vous pouvez vous fixer comme objectif de partager votre foi. Dans Sortir de sa bulle (éd. Emmaüs), Rebecca Pippert note que préparer le terrain consiste à comprendre les préoccupations et la sensibilité spirituelle de nos interlocuteurs, de trouver les points d’accord, puis d’éveiller la curiosité et enfin de faire réfléchir et d’orienter la conversation vers un objectif précis.

Quand Anne a pris des nouvelles du père de son voi-sin, elle a appris que celui-ci «était parti en week-end avec des potes». Anne a alors déclaré : «C’est bien qu’il profite du temps qui lui reste. Mais c’est aussi important de se préparer à la vie après la mort». Très surpris, son voisin a réagi : «Ah, comment peut-on s’y préparer ? Y a-t-il vraiment quelque chose après ?». La discussion était lancée... Mais n’oublions pas que rien ne touche davan-tage les gens que l’amour qu’on peut leur manifester. ¶

qui vient d’avoir des jumeaux, emmener une famille au zoo... Et si vous en avez l’occasion, pourquoi ne pas organiser un apéro, un brunch ou une grillade pour amorcer le contact avec ceux que vous ne connaissez pas ou développer la relation avec les autres ? Sollicitez leurs dons culinaires, vous découvrirez un peu de leur culture et de leurs convictions religieuses !

Faire le pas de la réconciliationLes conflits de voisinage sont quasiment inévitables.

Dans les immeubles mal isolés, ils tournent souvent autour des nuisances sonores. Mais il y a aussi le voisin qui parque mal sa voiture, les disputes entre enfants qui tendent les relations entre parents, etc. Le meilleur ré-flexe est d’en faire un sujet de prière. Les principes pro-posés par Frédéric de Coninck dans Tendre l’autre joue (éd. Farel) constituent aussi des pistes pour amorcer la P

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Cet été, je vais aimer mes voisins

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de contribuer au bien commun. La communauté évangélique est une ressource inexploitée, quand on considère les défis internationaux actuels. L’Evangile est une question de réconciliation. Nous devrions être des agents de paix en première ligne des situations conflictuelles. Notre voix mérite d’être entendue.» (Geoff Tunnicliffe)

«Mon rêve, c’est une Eglise qui ne se limite pas au temple, mais qui inclut sans complexe l’ensemble de sa communauté. Il nous appartient de montrer à nos contemporains que la foi n’est pas le fait de seuls ecclé-siastiques, mais qu’elle amène des hommes et des femmes à s’engager au cœur de la cité. Nous gagnerons du terrain sur la laïcité lorsque les chrétiens rempliront leur mission.» (Frank Lefillatre)

Des actes qui confirment notre message«L’Evangile est une vérité objective, mais nous ne

pouvons le prouver que par notre manière de vivre.

Les gens ne peuvent pas imaginer que nous soyons désintéressés, ils veulent nous trouver d’autres moti-vations : l’argent, le désir de puis-sance, le prestige ou la peur. Mais nous prouverons le contraire en devenant amis avec eux et en étant des personnes de caractère, intègres et respectueuses.» (Tim Keller)

«L’avenir sera fait de confronta-tions, qui nous obligeront à travailler nos convictions, notre communica-tion et notre cœur. Même en res-tant attachés à nos convictions, ne soyons pas des donneurs de leçons. Que nos actes confirment notre dis-cours !» (Luc Bussière)

«L’Eglise de Jésus est la force qui fait paraître de façon évidente l’amour et la proposition de ré-conciliation de Dieu. Pour cela,

nos relations doivent être authen-tiques, vraies et transparentes. Ces relations ne pourront néanmoins grandir que si nous ne pensons pas d’abord à nous-mêmes, mais à notre prochain.» (Martin Bühl-mann)

La clé, c’est l’amour«Jésus a su se montrer critique,

très sévère même, mais il était aussi compatissant. Nous devons avoir cette même compassion. Elle nous permet de dire notre désapprobation sans violence ni haine, mais avec persévérance, calme et confiance. Elle nous guide vers ceux qui se perdent dans des choix de vie qui finiront par se retourner contre eux (...). Ce faisant nous pouvons être, comme l’a dit François Filipiak, des chrétiens “intègres, intégrés mais pas intégristes”.» (Franck Meyer) ¶

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MichelBéghin

Mon verset : «Quand les pen-sées s’agitent en foule au-dedans de moi, tes conso-lations réjouissent

mon âme» (Ps. 94, 19). Quand la pression du monde, les défis de la vie ou le poids des circonstances me troublent, ce verset m’apaise. Seule la proximité avec Dieu, acquise en Christ, apporte ces consolations, au-trement dit la sérénité et l’espérance, tout en communiquant la joie.

Mon livre : Rescapé malgré moi, de Koeun Path, pour revisiter le Cambodge des Khmers rouges avec un fugitif dont le chemin est éclairé par Dieu.

Mon activité : lire et écrire. Tout au long de l’année, je n’ai pas eu le temps de rédiger tout ce que j’ai en tête. Alors cet été, j’aimerais me lancer, mettre de l’ordre dans mes idées et écrire. Mais je crains d’être davantage attiré par l’exploration de la nature environnante ! Question de temps encore... météo, cette fois.

Claire Bernole

Mon verset : «Du bout de la terre je crie à toi, le cœur abattu. Conduis-moi sur le rocher que je ne

puis atteindre !» (Ps. 61, 2). A un mo-ment de ma vie, j’allais si mal que je ne parvenais pas à sentir la présence de Dieu. Mais je me suis accrochée à ce verset comme à une promesse. C’était la seule prière que j’étais ca-

les livres de théologie durant l’an-née, je vais choisir un livre dépay-sant, du genre La Trilogie cosmique (C.S. Lewis), un roman de Dumas ou un thriller de Robert Ludlum.

Mon activité : J’ai besoin de ma sortie annuelle en montagne, alors j’irai marcher quatre jours avec mon frère. Deuxième objectif : passer plus de temps avec ma femme et mon fils de 6 mois, loin des occupations habituelles.

David Combernous

Mon verset : «En effet, c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne

vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est pas par les œuvres, afin que personne ne puisse se van-ter. En réalité, c’est lui qui nous a faits ; nous avons été créés en Jésus-Christ pour des œuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance afin que nous les pratiquions» (Eph. 2, 8-10). Ces versets résument pour moi la foi chrétienne. C’est une déclara-tion d’amour immense de la part du Créateur.

Mon livre : Mirage, de Douglas Kennedy.

Mon activité : écrire un nouveau roman.

Eric Denimal

Mon verset : parce que j’ai dé-cidé, un jour, de répondre à l’appel de Dieu tout en ne

pable de formuler. Dans un premier temps, ces mots m’ont redonné l’es-poir de dépasser la crise. Et un jour, je me suis rendu compte que j’avais effectivement atteint le sommet de mon rocher. Aujourd’hui, une situa-tion peut m’attrister ou m’indigner, mais grâce à cette expérience, aucun rocher ne me fait vraiment peur.

Mon livre : Elles. Les prostituées et nous, de Sophie Bouillon. Cette journaliste est allée à la rencontre des prostituées pour comprendre leur parcours et pourquoi il leur est si difficile de s’en sortir.

Mon activité : revenir à des choses simples, passer du temps avec des gens que je n’ai pas le temps de voir autrement. Je languis après les re-trouvailles avec ma filleule de 6 ans, qui vit à Buenos Aires.

JérémieCavin

Mon verset : «La bienveillance de l’Eternel n’est pas épuisée et ses compassions ne sont pas à leur

terme ; elles se renouvellent chaque matin. Grande est ta fidélité !» (Lam. 3,22-23). Ce verset m’invite à la reconnaissance, à voir la fidélité de Dieu dans tous les aspects du quoti-dien, mais aussi à la confiance, parce que ces mots ont été prononcés par un Dieu souverain, tout-puissant, qui a de toute éternité déterminé le cours de ma vie et qui agit à chaque instant avec une parfaite sagesse. A ce propos, j’aime beaucoup Esaïe 40, qui m’invite à l’humilité devant ce Dieu à la fois si grand et si bon.

Mon livre : souvent plongé dans PH

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VIE INTÉRIEURE SUPPLÉMENT DE L ’ÉTÉ

Quel livre les différents rédacteurs du Christianisme Aujourd’hui prendront-ils dans leur valise cet été ? Et quelle activité en attente depuis longtemps profiteront-ils d’effectuer durant leurs vacances ? Enfin, quel est le passage biblique de référence ? Portraits pour faire leur connaissance.

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sachant pas que faire pour lui, j’ai considéré que mon programme était déjà inscrit dans ce verset : «Tout ce que ta main trouve à faire, avec ta force, fais-le !» (Ecc. 9, 10)

Mon livre : le troisième tome de la remarquable et impressionnante saga Le Siècle de Ken Follet : Aux portes de l’éternité.

Mon activité : Ecouter du silence et m’extasier devant la nature.

JonathanHanley

Mon verset : «Pendant qu’il était à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction ; puis il le rompit et

le leur donna. Alors leurs yeux s’ou-vrirent et ils le reconnurent» (Luc 24, 30-31). Quand je lis ces phrases, j’y trouve un écho des plus forts mo-ments de mes propres expériences en compagnie du Seigneur.

Mon livre : j’aimerais lire La Mis-sion de Dieu, du théologien Chris-topher Wright, mais je vais proba-blement lire le dernier polar de Fred Vargas.

Mon activité : faire une sortie en mer pour observer un oiseau que je n’ai encore jamais vu : le macareux moine.

Bob HéritierMon verset : «Je

suis assuré que rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jé-sus-Christ notre

Seigneur» (Rom. 8, 39). Il m’a sou-

tenu lors d’une grande épreuve.Mon livre : L’essentiel dans

l’Eglise, de Colin Marshall et Tony Payne. Il est recommandé particu-lièrement pour notre Eglise par nos pasteurs, en vue du week-end de rentrée en octobre. Je lirai aussi le nouveau livre d’Henri Blocher La foi et la raison.

Daniel Hillion

Mon verset : «Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me

mange vivra par moi» (Jn. 6, 57) Cette parole du Seigneur Jésus ex-prime de manière frappante à quel point la vraie vie consiste dans une dépendance radicale à son égard et à l’égard de son sacrifi ce sur la croix.

Mon livre : il y a tellement de bons livres que j’aurais envie de lire ! Je ne sais pas encore lequel ce sera. Peut-être un de ces vieux livres de l’héritage du protestantisme ortho-doxe si négligés aujourd’hui et pour-tant si riches ?

Mon activité : j’espère que j’arri-verai à la fois à être disponible pour Dieu, pour ma famille et à me repo-ser vraiment !

IsabelleLeseigneur

Mon ver-set : lors de mes marches quoti-diennes le long de la mer, sur la côte bretonne,

j’aime méditer ce verset «Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Marchez comme des enfants de lu-mière !» (Eph. 5, 8). Ces paroles me

rappellent que je ne dois pas me laisser contaminer par l’ambiance sombre du monde, mais toujours porter mon attention vers la lumière divine afi n de m’efforcer de la refl é-ter autour de moi et d’être agréable au Seigneur. J’apprécie l’emploi du terme «enfants» qui renvoie à la no-tion d’apprentissage, de confi ance et d’enthousiasme.

Mon livre : le monde est sombre et il est parfois diffi cile de trouver un livre qui se démarque de la noirceur ambiante. Je vais profi ter de l’été pour lire un roman facile en anglais, afi n de faire quelques progrès dans cette langue, tout en me divertissant.

Mon activité : je souhaite quitter mon ordinateur et me consacrer à la création de peintures sur soie en puisant mon inspiration dans la contemplation de la nature, grande source de paix et de réconfort.

Juan MillanMon verset :

«Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fi ls de Dieu» (Rom. 8, 14). C’est mon préféré

depuis ma conversion. Lorsque j’ai accepté de suivre Dieu, la notion de «Père» m’était inconnue. Ce fut une révélation pour moi, qui avais be-soin de ce Père bienveillant, aimant.

Mon livre : Martin Luther King - La force d’aimer. Ma femme vient de me l’offrir. Je ne sais pas du tout à quoi m’attendre, mais Martin Luther King est un personnage admirable, tout comme Mandela. Il fait partie de ces grands hommes inspirants.

Mon activité : j’espère pouvoir démarrer la réalisation d’un livre, un projet que j’ai à cœur depuis des années. L’objectif est d’inciter le lec-teur à se poser les bonnes questions sur des thématiques passionnantes.

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gins Clark ou John Grisham. Mais ça peut aussi être un roman chrétien, une biographie ou un témoignage.

Mon activité : pour moi, ce n’est pas tellement une question de temps que de lieu. Pour me reposer, j’ai be-soin de sortir de mon contexte habi-tuel. L’eau me détend, que ce soit la mer ou les bains thermaux.

Christian Willi

Mon verset : «Je suis assuré que rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jé-

sus-Christ notre Seigneur» (Rom. 8, 39). La puissance de cette pro-messe est précieuse face à tous les défis de l’existence.

Mon livre : les livres mis de côté pour les lire «une fois que j’aurai un peu de temps» forment plusieurs piles de hauteurs variables dans ma chambre à coucher. Je m’arrange en principe pour partir en congé avec un roman et un ou deux essais dans mes bagages. Cette année, ce sera un des derniers romans de Marek Halter et, à moins qu’une nouveauté sorte d’ici là, le dernier ouvrage de Michel Rocard.

Mon activité : après un premier semestre très dense sur le plan pro-fessionnel, je vais consacrer mes vacances à mon épouse au soutien aussi précieux qu’indéfectible et à mes trois enfants qui mériteraient bien un père un peu plus présent. ¶

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Joëlle MissonMon verset :

«Dieu est amour ; celui qui demeure dans l’amour de-meure en Dieu, et Dieu demeure en lui» (1 Jn. 4, 16).

C’est ce que je considère comme le plus important. De tous les attributs de Dieu, l’amour est celui qui les surpasse tous. Pour s’en convaincre, il suffit de relire 1 Corinthiens 13.

Mon livre : L’instant présent, de Guillaume Musso.

Mon activité : réaménager mon balcon.

René ProginMon verset :

«Dieu fait toutes choses bonnes en son temps.» (Ecc. 3, 11). Au-delà de l’affirmation première du ver-

set, à savoir que Dieu a révélé aux hommes de chaque temps - Abra-ham, Moïse, les prophètes - une part de l’œuvre du salut, jusqu’à Christ, je constate aussi jour après jour qu’il me donne toutes choses au bon mo-ment, même si parfois j’ai l’impres-sion d’attendre longtemps.

Mon livre : Gray Matters : Naviga-ting the Space Between Legalism & Liberty, de Brett McCracken.

Mon activité : davantage de tours en train pour parcourir et visiter la Suisse !

Valérie Revelut

«Ne me donne ni pauvreté, ni richesse. Accorde-moi le pain qui m’est nécessaire, de peur que, dans

l’abondance, je ne te renie et ne dise : “Qui est l’Eternel ?” ou que, dans la pauvreté, je ne dérobe et ne m’at-taque au nom de mon Dieu» (Pr. 30, 8-9). La vie quotidienne ne nous

épargne pas, et il nous arrive de re-gimber, c’est si humain. Mais nous apprenons dans l’épreuve et elle est nécessaire à notre sanctification. Le premier verset est très pratique et me rassure : n’a-t-il pas dit qu’il pourvoi-rait à tous mes besoins ? Le second me rappelle combien la nature humaine peut nous faire mordre la main qui nous nourrit, nous bénit, nous redresse. Me répéter ce verset en priant Dieu me donne l’espoir qu’un jour, il ne me sera plus utile !

Mon livre : je lis constamment, al-ternant entre fictions, romans histo-riques, essais, biographies. Cet été, j’ai l’espoir de m’attaquer à Flavius Josèphe avec la biographie écrite par Mireille Hadas-Lebel et d’enchaîner avec ses œuvres complètes !

Mon activité : la seule chose que je vais pouvoir faire cet été que je ne peux pas faire le reste de l’année, c’est du sport ! Je vais nager tout en faisant provision de vitamine D !

SandrineRoulet

Mon verset : «Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on ouvrira»

(Matt. 7, 7). Dans notre travail de journaliste, nous passons notre temps à demander des informations, à solliciter des personnes pour des interviews, à lancer des contacts comme des bouteilles à la mer. Et dans la majorité des cas, les gens nous répondent, nous ouvrent les portes ! Quand la réponse tarde ou est négative, que le délai rédac-tionnel approche, j’envoie des SOS à Dieu, qui répond toujours d’une façon ou d’une autre. Ce verset m’apprend à persévérer, à oser par-fois insister, tout en acceptant aussi que les gens sont libres de dire non.

Mon livre : je lis de nombreux livres chrétiens durant l’année. Alors l’été, j’ai plutôt envie de me plonger dans le dernier roman de Mary Hig-

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Saviez-vous que dès le 17e siècle des colporteurs ame-naient de Suisse en France des ouvrages protestants, des

livres religieux et des images pieuses ? Voilà ce que vous apprendrez notam-ment en arpentant l’un des quatre itiné-raires thématiques et ludiques proposés par les «Chemins de la contrebande» pour les randonneurs et les VTT. Cette collaboration franco-suisse fait revivre un pan de l’histoire commune, celle des contrebandiers qui tentaient de faire pas-ser en douce des marchandises de part et d’autre d’une frontière pourtant bien sur-veillée. Le voyageur découvre ainsi les magnifiques contrées du Doubs (France) et des cantons de Neuchâtel et du Jura (Suisse).

Quantité d’anecdotesLe plus court des quatre itinéraires (45 km), donc,

met le randonneur dans la peau d’un colporteur, sur les traces de la contrebande d’idées. Ces vendeurs itinérants transportaient sur leur dos leurs menus trésors (souvent de la mercerie) fermés dans une petite armoire. Le tiroir du bas cachait une marmotte ou parfois un furet. L’ani-mal lui-même dissimulait un double fond d’où le colpor-teur pouvait sortir non seulement du matériel religieux, mais aussi des illustrations coquines.

Les hommes d’Eglise ne se tenaient pas loin de la contrebande, ils en étaient même parfois partie pre-nante. Pour la bonne cause, évidemment ! C’est ainsi que le curé de Goumois, un certain Père Maxime Cattin, a accompli quelques hauts faits. Il a notamment fait pas-ser en Suisse, de manière illégale, une chasuble de prêtre

brodée de fils d’or confection-née en France. Il avait dissimulé l’habit sous le siège passager de sa voiture. En chemin, il croisa un adjudant de la douane suisse, qui lui demanda de le transporter jusqu’à un village proche. L’adju-dant, en toute ignorance, réalisa donc le trajet assis sur une cha-suble passée en contrebande. Un

peu plus tôt, en 1818, le curé des Fins, à côté de Mor-teau, voulut refaire son église, construite dans une belle pierre de la région. Les travaux coûtèrent cher. Pour les payer, le curé n’hésita pas à se mettre à la contrebande horlogère avant d’être finalement inquiété par les doua-niers. Une partie du chantier de la paroisse a donc béné-ficié de financements illégaux.

Beau cadre naturelUn chemin consacré à l’horlogerie. Un autre qui fait

écho à la guerre de Dix Ans entre la Franche-Comté et le Royaume de France. Un dernier, enfin, qui place le visiteur du côté des douaniers sur 250 km. De belles découvertes en perspective pour les amateurs d’histoire et de nature. Car chaque sentier s’inscrit dans un cadre magnifique. Le promeneur peut se lancer de manière autonome grâce à un livret gratuit, qui propose même différentes solutions pour dormir et manger. ¶

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CULTURE HISTOIRE

Marcher sur les pas des contrebandiers

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Une pièce de théâtre, clés en mainV ous aimez le théâtre et vous

cherchez un scénario pour votre troupe ? Sous l’impulsion de Rafaël Paul, le collectif Cesarius pro-pose l’histoire de deux personnes dont la vie est chamboulée par la découverte d’un cadeau. Inspiré par la lecture de l’épître de Jacques, romancé par l’auteur Pierre-Yves Zwahlen, le récit nous plonge, tout comme l’un des deux héros, dans un paysage imaginaire. Révélateur de la nature humaine, celui-ci en-

traîne un cambrioleur sur le chemin conduisant à un lac aux vertus sal-vatrices et purificatrices.

La première originalité d’Une his-toire, une aventure, c’est le CD mu-sical livré avec le récit. Sur des airs tour à tour joyeux ou plus mélanco-liques et de bonne qualité musicale, quatorze titres «habillent» la lecture d’une dimension musicale bienve-nue. Il offre aussi à une troupe de théâtre l’animation musicale qui colle au récit : intermède entre deux

actes, musique de fond, la complé-mentarité est parfaite.

Deuxième originalité, Une his-toire, une aventure est gratuit. Seuls les frais d’envoi sont facturés. Son initiateur, Rafaël Paul, espère ainsi favoriser la mise en place de spec-tacles. L’occasion pour le public de découvrir les aspérités de l’itinéraire du pécheur repenti. Et les trans-formations que peut produire son témoignage dans une communauté chrétienne. Une réussite ! ¶

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CULTURE LOUANGE

Le recueil J’aime l’Eternel, édité par Jeunesse en Mission (JEM), s’offre un nouveau supplément. 56 nouveaux chants viennent compléter et pa-rachever le troisième tome des chansonniers

qui se sont imposés en francophonie depuis les années 1980, à la surprise même de Jeunesse en Mission. Les Eglises ont désormais 998 chants à disposition.

La part belle aux francophonesQuelles sont les tendances dans le choix de chants de

ce supplément Tu es bon ? On constate d’abord qu’une grande partie des compositions visent à célébrer la puis-sance et la grandeur de Dieu, en proclamant ses nom-breux noms et attributs. D’après Rolf Schneider, res-ponsable du département musique de JEM et lui-même compositeur, les critères de sélection des chants restent les mêmes au fil des décennies. «Nous cherchons un équilibre entre compositions francophones et traductions, entre nouveaux talents et compositeurs confirmés». Mais on note une certaine évolution : «On essaie d’encoura-ger les nouveaux compositeurs de France, de Suisse et du Québec. Dans le premier JEM, en plus des hymnes, nous

avions une grande part de tra-ductions. Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de productions francophones». Au point que la sélection n’a pas été facile. «On veut que le recueil soit re-présentatif de ce qui se vit dans les Eglises» ; il ne s’agit donc pas de donner une direction dans les styles des chants de louange pour les Eglises utili-sant le recueil.

Les artistes émergents ne sont pas en reste. Les chants des musiciens de Bethel com-mencent par exemple à être traduits. Des chants ayant connu un franc succès lors des rencontres de jeunes sont également intégrés, à l’image de Je suis libre, de Newsboys.

Mais c’est le Parisien Samuel Olivier qui entre en force dans le recueil, avec trois compositions, dont Yahwé. La fraîcheur et la joie de ses chants ne s’opposent pas à des textes profonds et pertinents. Matthieu Marvane a aussi une place dans le recueil.

Dans la continuitéLa continuité est marquée par des compositeurs bien

présents depuis des décennies. Sylvain Freymond, David Durham et Rolf Schneider lui-même ont plusieurs chants dans le nouveau supplément, soulignant au passage que le recueil est avant tout celui de Jeunesse en Mission. On y retrouve également plusieurs compositions de Luc Dumont, par exemple Je n’ai rien à craindre. Du côté des traductions, le succès continu de Chris Tomlin (Voici le jour) et Matt Redman (Bénis Dieu, ô mon âme) conti-nue à se refléter dans les choix de chants.

Certains chants répètent des phrases en boucle, mais Rolf Schneider y voit une continuité dans l’histoire de la musique chrétienne : «Dans sa Passion, Bach répétait déjà la même phrase pendant plusieurs minutes, notam-ment pour marquer son importance». Autre exemple d’un chant qui s’inscrit dans un fort héritage historique : Homme crucifié, de Graham Kendrick. «Sans étaler sa culture et en toute simplicité, Kendrick se réfère au célèbre traité que le père de l’Eglise Origène avait écrit en réponse à Celse, ce dernier reprochant aux chrétiens de baser leur foi sur un homme crucifié», raconte Rolf Schneider. Il ne reste plus qu’à découvrir ces chants en attendant le tome 4 du J’aime l’Eternel ! ¶

Les «Jem» ont 998 chants

Le recueil «J’aime l’Eter-nel» se garnit d’un sup-

plément qui fait la part belle aux compositeurs incontournables et à de nouveaux venus. On ne change pas une recette

qui gagne !

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L e 17 octobre, les artistes chrétiens francophones ont

rendez-vous pour la remise des prix de la première édition des Angels Awards. Lancés par un trio composé de Marc Bru-net, Jean-Baptiste Fourtané et Antoine Clamagirant, respecti-vement fondateurs de Sephora Music, du Festival de Pâques de Chartres et d’une plateforme de promotion des artistes chrétiens,

ces «Victoires de la Musique» chré-tienne voient les choses en grand. Plus de 80 artistes se sont inscrits, dans six catégories allant du meil-leur album au meilleur clip en pas-sant aussi par la meilleure comédie musicale. Un prix est réservé à la révélation de l’année.

Le jury rendra son verdict avant l’été, pour permettre aux artistes de préparer l’événement sur le plan artistique. Le grand public aura son

mot à dire, en attribuant sur la toile le prix du public. Les remises de prix prendront la forme d’un concert au Wagram, à Paris. Un millier de places ont déjà été mises en vente, pour venir encourager et partager ces moments d’émotion avec les trois nominés de chaque catégorie. En attendant, les artistes mobilisent leurs fans sur les réseaux pour ras-sembler un maximum de voix pour le prix du public. ¶

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R E N É P RO G I N

D epuis 2012, date de mon pre-mier festival de Cannes comme membre du Jury œcuménique,

chaque année me permet de vivre l’événement culturel le plus important au monde de façon différente. Ce Jury œcuménique m’apparaît toujours plus utile dans le contexte d’un tel festival. Une «présence chrétienne», et qui plus est officielle, qui n’est pas là pour censurer, dire ce qui est bien ou mal, mais tout sim-plement être là. On touche à la dimension même de l’expression «sel et lumière».

Visibilité dans les médiasUn jury qui reconnaît, dans la sélection officielle, des

œuvres qui ont du sens ; qui donne aux chrétiens festi-valiers et présents dans la ville de pouvoir se retrouver lors de célébrations diverses ; qui permet d’échanger sur les films vus ou lors de conférences sur son stand au Marché international du Film. Il est aussi possible de témoigner de cette foi commune à un tel inconnu et tel autre célèbre, que ce soit dans le un à un ou par le biais des médias : la presse, les radios, internet, une télévision catholique ou même une télévision nationale iranienne.

Et puis ces chrétiens festivaliers s’avèrent finalement assez nombreux. Au fil des années, j’en rencontre de plus en plus, des amateurs avertis aux professionnels : réalisateurs, artistes, employés d’entreprises du monde du septième art. Comme Esteban Zúñiga, ce jeune réa-lisateur mexicain évangélique (vivant en France depuis plusieurs années) et présentant pour la troisième fois un court-métrage. Ou comme Steve Taylor, l’une des grandes stars américaines de la musique chrétienne

contemporaine, découvrant le festival comme réalisateur d’un long-métrage.

Dans une société contemporaine où les chrétiens ont perdu de leur impact dans les arts et la culture, on peut y voir des signes encourageants pour lesquels nous pouvons prier.

And the winner is... Comme l’an dernier, le prix du Jury œcuménique est

revenu à un film qui a marqué un grand nombre de festi-valiers, favori pour la Palme d’or par de nombreux jour-nalistes et pourtant grand oublié du palmarès du grand jury. Mia Madre de Nanni Moretti aura peut-être, et je le souhaite vivement, un avenir à la Timbuktu. Un film d’une immense humanité qui interroge sur le sens de la vie, sur nos relations aux autres. L’histoire d’une réalisa-trice italienne qui, alors qu’elle conçoit un nouveau film, se retrouve à accompagner les derniers jours de sa mère. Profondeur et questionnements, mais aussi des vagues de rire amenées par un John Turturro exceptionnel.

Deux autres films ont retenu l’attention des jurés chrétiens et obtenu des mentions spéciales : La loi du marché avec Vincent Lindon, un film social d’une force authentique assez rare qui fait de cette histoire une sorte de docu-réalité. Et le film de Brillante Mendoza Taklub pour son portrait sensible d’individus et de communau-tés aux Philippines luttant pour continuer à vivre malgré les catastrophes naturelles les exposant à la souffrance et à la mort. ¶

Présence chrétienne au festival cannois

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J E A N - L U C GA D R E AU , a t t a c h é d e p r e s s e d u J u r y œ c u m é n i q u e

Les Angels Awards, une première

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CULTURE L IVRES , F ILMS , MUSIQUE

Coup de cœur7ici Paris

60 minutes pour comprendre la Bible, Nick Page, Empreinte Temps Présent

Ce petit livre est idéal pour présenter l’ensemble de la Bible à ceux qui la découvrent pour la première fois comme à ceux qui veulent en avoir une vision globale. Après une présenta-tion générale et de nombreux conseils de lecture, chaque livre est présenté succinctement. Pour aller plus loin, il conviendra de lire La Bible en 100 pages, de Phil Moore, qui présente toute la Bible sous l’angle de sa cohérence globale.

Meilleures ventesLibrairie CLC Strasbourg

1. Un moment avec Jésus, Sarah Young, Ourania2. Le mystère de la Shemitah, Jonathan Cahn, Menor3. La vie au-delà de toute limite, Nick Vujicic, Ourania4. Skymail, Claire et Curt Cloninger, LLB5. Lumière sur l’Apocalypse, Marc Frédéric Donzé, Europresse6. Surpris par la grâce, Tullian Tchivdijian, Ministères

Multilingues7. Et si la vie avait un sens ?, Yves Humilier, BLF Europe8. Joni & Ken, Joni Tada Eareckson, Ourania9. Irrésistible, Nick Vujicic, Ourania10. Le meilleur est devant vous, Patrice Martorano, MRT

Disque du moisPhilippe Decourroux, Le choix d’aimer

Un album très réussi ! Créatif à souhait, Philippe Decour-roux nous embarque totalement dans son univers musical, rivalisant d’imagination dans le choix des accompagnements et des harmonies. Sa voix, reconnaissable entre mille, sait tan-tôt se montrer douce, tantôt envoyer du lourd, pour aborder des thèmes aussi variés que l’amour, les relations, le combat de l’Eglise persécutée, la Bible... et bien sûr l’espoir. (JC)

Philippe Decourroux, Le choix d’aimer

Retrouvez les événements chrétiens, toutes nos recensions littéraires et nos critiques cinéma sur www.agenda-chretien.comRetrouvez les événements chrétiens, toutes nos recensions

Taybey, dernier village chrétien de Palestine, éd. du Rocher, Falk van Gaver et Kassam Maaddi

Dernier refuge de Jésus avant de monter à Jérusalem pour sa der-nière Pâques, l’ancienne Ephraïm est aujourd’hui Taybeh, dernier vil-lage entièrement chrétien de Cisjor-danie. Et sa population est fi ère de cet héritage ! Ces petits récits nous conduisent au fi l des saisons de fêtes religieuses en plages de vie des Coptes, catholiques et autres chrétiens qui vivent à Taybeh. Un quotidien dans toute sa simplicité, ses joies et ses pleurs. Un quotidien dans toute sa beauté. Ni catastro-phiste ni militant, ce magnifi que ou-vrage nous plonge dans un monde peu médiatisé. (RP)

Vie de Jude, frère de Jésus, Albin Michel, Françoise Chandernagor

Les personnages principaux de ce roman

L’islamisme, l’islamophobie, l’islamofolie, autoédition,Pasteur Saïd

Dans cette longue lettre ouverte, le pasteur Saïd dit ses quatre vérités aux évangéliques en général et aux pasteurs en particulier sur leur rapport à l’islam et aux musulmans. Dans un texte écrit

très vite après le «11 septembre français» (Charlie Hebdo), il lance un triple appel. Le premier consiste à un appel à ouvrir les yeux sur les ambitions de conquête des âmes des islamistes et celles des évan-géliques. Le second, d’aller à la rencontre des musul-mans avec bienveillance et vérité au lieu d’en parler de façon défi nitive à distance. Et enfi n, de se former pour mieux conseiller les jeunes dans leurs relations avec des musulmans et face à une certaine séduc-tion de l’islam. Tantôt sévère et tantôt drôle, ce texte est incontournable, en particulier pour tous ceux qui sont préoccupés par l’islam en Occident. (CW)

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historique sont les quatre frères de Jésus. L’auteure maîtrise parfaite-ment les Evangiles et la littérature parallèle, assez pour nous plonger dans l’ambiance de l’époque et dans les méandres des courants religieux et messianiques du temps de Jésus.

L’écriture a des accents bibliques si précis qu’il ne faut guère d’imagi-nation pour retrouver les couleurs et les saveurs du Nouveau Testament. Cette mise en scène apporte une dimension utile pour saisir les ten-sions et les pressions suscitées par le message du Christ. Jacques, autre frère de Jésus, et Pierre, l’apôtre, sont restitués aussi précisément que possible, et les références à la Bible sont solides. Un agréable moment pour un livre d’été. (ED)

Fin de vie, un enjeu de fraterni-té, Salvator, Pierre d’Ornellas

Affaire Lambert, revendications d’eu-

thanasie et de suicide assisté... Le Groupe de travail de la Conférence des évêques de France publie une prise de position claire, au cœur des débats sur la «fin de vie». Partant du constat que science et médecine ont bouleversé l’approche de la mort, les auteurs invitent à valoriser et améliorer les soins palliatifs, tout en cherchant à apaiser les douleurs des patients en respectant leur autono-mie. Entre réflexions et propositions concrètes, ce livre est avant tout un hymne à la vie, un cri de soutien envers ceux qui souffrent. (RP)

La défaite de la raison. Essai sur la barbarie politico-morale contemporaine Salvator, Charles-

Eric de Saint GermainLe philosophe chrétien analyse

notre temps et ses dérives, en poin-tant les perversions d’une démocra-tie sans âme et d’une médiocratie qui forge l’opinion publique plutôt

que de l’instruire et de l’informer. Le quatrième pouvoir (les médias) est devenu le premier, assujettissant tous les autres. De l’égalitarisme à la laïcité, de l’hédonisme moderne à la théorie du genre, tout est passé au crible pour éveiller les consciences dont la liberté est menacée. Toute contestation est confisquée et la tyrannie des minorités devient la pierre d’achoppement sur laquelle trébuche le modèle biblique de la famille et de la société. Si parfois la lecture est ardue, la persévérance est largement récompensée. (ED)

DVD Perspectives, Foi et science, une complé-mentarité sur-prenante, Presse

biblique universitaire«Quand de l’eau bout, est-ce parce

que le gaz la chauffe ou parce que vous avez décidé de vous faire une tisane ?». Voilà un exemple tiré de ce DVD pour illustrer que la science et la foi cherchent toutes deux la véri-té, mais sous une autre facette. En donnant la parole à des scientifiques chrétiens, ce DVD montre que la foi et la science ne s’opposent pas mais se complètent. Il aborde deux volets : «La science peut-elle tout expliquer ?» et «Sommes-nous plus que des ma-chines ?». Un matériel utile pour en-trer en dialogue avec vos amis non croyants en questionnement sur les origines, ou pour animer une soirée de votre groupe de jeunes. (SR)

Les Profs 2Toute l’équipe du premier opus

est de retour. Les pires enseignants de France sont appelés à la res-cousse en Angleterre, pour une opé-ration ultra-secrète. La reine ne sait plus quoi faire avec sa petite-fille de 17 ans, qui ne supporte plus l’école. Ils vont devoir appliquer leur «mé-

thode décalée» dans le meilleur lycée de Grande-Bretagne...

Le scénario est tiré par les che-veux du début à la fin et rien n’est crédible. Mais qu’importe ? La mise en scène est hilarante, le casting s’en-richit avec, entre autres, Eric Lam-paert (Mon incroyable fiancé 3). Les nombreux clichés entre la France et l’Angleterre sont exploités, pas tou-jours adroitement, mais le résultat reste frais et amusant. Le Français type en prend pour son grade dans une Angleterre très BCBG. Un bon divertissement pour bien démarrer les vacances d’été. Dès 10 ans. (JM)

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Vice versaPixar a une réputation de génie

dans l’animation qui est ici subli-mée par cette petite histoire drôle, mignonne mais également très pro-fonde, puisqu’on montre aux petits et aux grands comment fonctionnent les émotions.

Joie, Dégoût, Tristesse, Angoisse et Colère, personnifiées par des pe-tits personnages drôles et mignons, sont les premières sensations que ressent un nouveau-né. Elles vont s’allier, s’alterner, disparaître ou prendre le pas sur les autres pour former la psyché de chacun. Le spectateur rit beaucoup tout en ré-fléchissant. Une belle réussite ! Dès 6 ans. (VR) ¶¶¶¶¶

07.15

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º«Dieu est un Père généreux»

dais dans une salle pour voir la pré-sentation des sociétés de loisirs et de sport, et j’ai entendu une voix qui me disait clairement : «Va cher-cher les chrétiens». Je suis devenue membre du club de tennis et me suis retrouvée devant le stand des GBU. Une étudiante m’a invitée à une rencontre le jour même. Et là, trois étudiants ont relaté comment Jésus-Christ les avait rencontrés pendant les vacances. C’était la première fois que j’entendais parler de lui comme quelqu’un de vivant. On m’a recom-mandé de lire l’Evangile de Jean. Quelques semaines après, j’étais au chapitre 10 : c’est comme si Jésus est sorti des pages et est venu à ma ren-contre. Je me suis donnée à lui.

Vous avez dû vivre avec la dépression. Etiez-vous en colère contre Dieu ?

Non, mais en désespoir souvent, et perplexe par rapport à son silence. Les Psaumes m’ont aidée, ils évoquent toute une gamme d’émotions.

En même temps, cette épreuve vous a-t-elle permis de voir Dieu agir autre-ment que vous l’imaginiez ?

Un grand oui ! Je l’ai vu autrement, et moi-même aussi. J’ai découvert un Dieu avec lequel je pouvais être moi-même. Que j’étais précieuse et aimée telle que j’étais. Cela a changé ma vie comme une photo en noir et blanc qui prend de la couleur.

Qui a été pour vous un modèle de foi ?Ma prof d’anglais, qui est devenue ensuite une

proche amie. Elle a toujours prié pour moi. Sa façon de vivre reste un modèle. Aujourd’hui encore, on a des par-tages très riches. Au début des années 2000, elle m’a envoyé un livre qui a apporté une autre révolution dans ma vie : Open to God. Une façon de méditer la Bible de manière très relationnelle. J’ai vu dans le texte biblique des choses que je n’avais jamais vues auparavant.

Quel passage biblique vous soutient ?La parabole du fils prodigue. On pourrait l’appeler le

Père prodigue. Ce texte m’accompagne depuis de nom-breuses années et spécialement en ce moment, par rap-port à une situation de vie. Ce qui m’époustoufle, c’est cette image du Père si généreux en liberté, en amour et en pardon. Un Dieu qui souffre mais attend et espère le retour de son fils. ¶

Quel a été votre premier contact avec l’Evangile ?

C’était à l’internat, j’avais envi-ron sept ans. Tous les vendredis, un prêtre venait nous apprendre des pe-tits chants. Mon préféré était : «Bâtis sur le roc, le roc qui reste toujours debout». Ce chant m’a rencontrée dans ma solitude et mon désarroi. Des années plus tard, une prof d’an-glais m’a beaucoup interpellée par sa façon de vivre. Alors que j’étais en recherche d’un sens pour ma vie, elle m’invitait et m’écoutait. Et elle m’a donné le livre Basic Christianity. Je n’y ai pas compris grand-chose mais j’étais déjà en chemin.

Dans quelles circons-tances avez-vous confié votre vie au Christ ?

Un jour à l’université, je me ren-

Jane Maire a persévéré

dans son engagement missionnaire

à la Wycliffe et élevé ses en-fants malgré

la dépression. En 2013, elle a publié «Je prends des

anti-dépres-seurs, Dieu

merci» (éd. Oladios) afin de rejoindre les malades

dans leurs questionne-

ments et leur solitude.

J’ai découvert un Dieu avec qui je pouvais

être moi-même »P

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________________________Propos recueillis par

SA N D R I N E RO U L E T

LES CONFESSIONS DE…

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________________________Propos recueillis par

SA N D R I N E RO U L E T

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