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Un drame au fond de la mine*

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Une terrible rixo s'est engagée entre six ouvriers mineurs, au fond d'une fosse des mines de Ferfay, à Béthuoe.

11 y a eu deux tués et un blessé mortellement à coups de lampes.

Un fort Chabrol en Turquie (Suite.)

Mahmoud Chevket Pacha et son officier d'ordonnance étaient assassinés en pleine rue. Trois jours plus tard, la police appre-nait qu'un des assassins, nommé Zia, s'était enfermé dans une maison de Péra. Aussitôt, des forces policières cernèrent l'immeuble.

Des sommations furent faites à Zia d'avoi r à se rendre. Ce dernier répondit par des coups de reVolver. Aussitôt, agents et gen-darmes appliquèrent contre la façade de la maison une échelle, à laquelle trois hommes montèrent, couverts par un feu énergique de leurs camarades.

M&is Zia n'était pas seul dans l'appar-tement assiégé. Les coups de browning con-tinuaient, etagentget gendarmes ripostaient bravement. Toutes les rues conduisant au lieu de l'incident étaient gardées militai-rement, tandis que les rues principales de Péra étaient également barrées. Les déto-nations des brownings et des mausers con-tinuaient à retentir.

Nulle émotion dans la ville, où la foule circulait comme à l'ordinaire, le service d'ordre étant seulement renforcé.

A cinq heures, les pompiers montèrent sur le toit, pour tenter de pénétrer par cette voie dans la maison. En même temps, des gendarmes enfonçaient à coups de madrier fa porte de fer donnant sur la rue et la bataille contiuua dans la cour.

Zia continuait à tirer sans répit, tuant Hiîmy bey, officier d'ordonnance du gou-verneur militaire, d'une balle dans la poi-trine, et blessant au pied Samuel effendi, le juge d'instruction. Soudain, Zia tomba en arrière. 11 était gravement blessé.

Les assassins, voyant enfin qu'ils n'a-vaient aucune chance d'échapper à la cap-ture, se rendirent aux autorités. Ce sont le capitaine Kiazim bey, le lieutenant de pom-piers Ali et le capitaine CheAvsky. Ce der-nier, au moment où les gendarmes s'avan-çaient vers lui s'écria : « Ne tirez pas sur moi, je suis officier. »

Ces individus, inculpés de l'assassinat de Mahmoud Chevket, ont été transportés à Stamboul dans trois automobiles. Ils passe-ront devant une cour martiale.

Captive des Marocains

Nous parlions, l'autre jour, de l'enlèvement .l'une femme européenne par des Marocains.

C'est au cours de l'attaque du chantier de l'oued Telagh, le 27 mai dernier, que des Maro-cains réussirent à s'emparer de cette femme, une Française qui vivait avec le contremaître. Depuis on était sans nouvelles de cette malheu-reuse. Or, cet enlèvement devient, paraît-il une cause de dissentiments curieux, mais humains, entre les chefs marocains et les tribus guerrières. La femme enlevée par Si Haddin et cédée par lui à Si Amar Tsellouch, fut. rétrocédée à Mo-hammed Chenguiti, roghide Taza, qui en a fait sa favorite. Les indigènes manifestent une vive irritation de l'union du chef avec une infidèle et somment Chenguiti de la renvoyer ou de la supplicier; mais celui-ci, très épris, refuse.

Le haut commissaire Varnier a proposé le

rachat de la prisonnière, d'abord à Si Haddin et ensuite à Chenguiti. Le premier répondit en acceptant l'échange d'un fusil de guerre contre 700 francs et de la femme contre 500 francs : mais Chenguiti demande un louis pour chaque cheveu de la captive !

Les Allemands ne badinent pas Quatre étudiants russes et deux étudiants

allemands se trouvaient devant une fresque de l'auberge de Weinheim, dans le grand-duché de Bade, qui réprésente la bataille de Wissem-bourg. Les Russes s'amusaient beaucoup devant cette œuvre d'une inspiration naïve et d'une exécution rudimentaire.

Les deux étudiants allemands les ayant pris à parti, un Russe leur répondit par ces mots : « Cochons d'Allemands. »

Le fils d'un général russes'est vu de ee chef condamner à 30 marks d'amende. Le fils du bourgmestre de Moscou vient d'être expul-sé du grand-duché de Bade pour la même raison et sur la dénonciation des deux étudiants allemands.

Le pari du Commissaire Le commissaire de police du quartier du

Mail avait décidé de faire une descente dans un bar où, de longue date, des bookmakers opéraient sans ennuis. Accompagné de son secrétaire, il faisait irruption dans une salle enfumée, où plus de soixante personnes, hommes et femmes, s'entassaient autour de la table du preneur de paris.

— Tiens ITJn client nouveau, s'écria le book, à la vue du magistrat.

Et, très empressé : — Vous avez fait votre jeu? Dans quelle

course? — Mais je suis M. Gaubert... — Ah ! Gobernador... très bien... dans le

prix Saltarelle, n'est-ce pas? Et, avant même que le magistrat ait eu

le temps de se récrier, son interlocuteur lui remettait une fiche portant Gobernador à 4/1.

L'aventure devenait plaisante. Le com-missaire attendit quelques instants encore; puis, lorsqu'il jugea que la recette était suffi-sante, il brandit son écharpe. Alors ce fut une débandade folle : en un rien de temps la salle se vida, cependant que, médusé, le donneur de paris, restait seul.

Après avoir été soulagé d'une somme de 2 700 francs qui représentait tous les paris de la journée, le book se laissa conduire au poste de police de la rue du Mail, où un procès-verbal fut dressé contre lui.

Comment meurt un marin français Il y a quelques jours, sur l'îlot de la Vana,

près de Porto-Vecchio, des marins français furent victimes d'une explosion.

Quarante matelots du Cassini avaient débar^ qué sur l'îlot pour y travailler à son aména-gement en but destiné aux tirs de l'armée navale. Trois marins, Jean Lemarthe, apprenti ; Joseph Ferrari, Jean-Marie Choquer, fusiliers, et un civil, M. Vignon, étaient descendus dans une excavation et y avaient placé deux mines. Malheureusement, avant que ces hommes aient eu le temps de s'éloigner, l'explosion se produisit prématurément et ceux-ci furent atteints.

Le Goliath, remorqueur de l'État qui se trou-vait à proximité, envoya sur l'îlot des secours. On releva tout d'abord Ferrari, affreusement blessé ; il eut à peine la force de prononcer ces admirables paroles :

COMMENT ON DIVORCE !

Décidément, c'est à qui divorcera le plus gaiement possible.

Devant la quatrième chambre de la Seine M. et Mme X... s'intentaient réciproque-ment un procès en divorce.

L'avocatdu maria ainsi ensubstance exposé la demande de l'époux :

— Mon client, a-t-il dit, a été jadis employé de ministère. Il a naturellement versé dans la littérature et fait des pièces de théâtre. Puis il est devenu directeur d'un théâtre parisien.

Il avait eu pour maîtresse une jolie coutu-rière, Ernestine, qui finit par devenir sa femme. Le mariage, tua l'amour.

Ernestine, maîtresse fidèle, devint une épouse infidèle. L'esprit de contradiction, qui tourmenteéternellenicntla femme, en fut seule cause. Très confiant, le mari ne voyait rien. C'est sa femme qui elle-même lui révéla son infortune. Un soir, le couple regagnait en tramway le logis. C'était l'hiver. Le mari somnolait et Ernestine se montrait très vexée de cette somnolence qui l'humiliait.

A un certain moment, secouant lè bras de son mari, Ernestine dit d'une voix impé-rieuse.

— Georges !,.. Georges !... Réveille-toi !.,, — Laisse-moi, — Écoute. — Non. Laisse-moi. — Tu ne veux pas?

— Ce que tu me dirais ne m'intéresse pas. — Ah ! tu crois ça... Eh bien, ce que j'ai à tè

dire, c'est que... tu l'es !... Et comme lemari restait indifférent, M"»6 X...

reprit : — Oui, Je te trompe... Je le proclame... ça vaut que tu te réveilles. — Ernestine, laisse-moi, répondit le mari

robustement confiant. Mme X... administra alors, séance tenante,

à son mari, la preuve qu'elle le trompait Cette preuve se trouvait dans une petite bague qu'elle portait et sur laquelle se trouvait ciselé un pierrot, qui avait le don d'amuser beaucoup le mari, tant, celui-ci trouvait drôle le petit oi-seau. Or ce pierrot n'était qu'un rébus. Il désignait le prénom de l'amant : Pierre, le meilleur ami du mari. En outre, la bague por-tait, en un coin secret, la date de la chute. Du coup, Georges fut complètement réveillé.,, il apporte aujourd'hui au tribunal, après une enquête facile, des preuves trop indiscutables de son infortune conjugale.

Et l'avocat fait connaître au tribunal ces preuves, qui avaient pour poiut de départ la fameuse bague au pierrot.

L'avocat de Mme X..., a ensuite soutenu — et produit lui aussi des preuves à l'appui de son affirmation — que M. X... trompait sa femme.

Le tribunal a prononcé le divorce.

— Laissez-moi mourir, car tout est fini pour moi !... Secourez mes pauvres camarades !

Les quatre victimes furent transportées à bord du Cassini et dirigées sur l'hôpital mili-taire d'Ajaccio. Ferrari y expira dans la soirée, pendant que l'on procédait à l'amputation d'un bras.

Une chasse à l'homme Vers six heures du matin, deux inspecteurs

de la Sûreté se présentaient au domicile d'un interdit de séjour, signalé comme l'auteur de plusieurs vols.

Celui-ci vint ouvrir lui-même ; mais recon-naissant les agents, il ouvrit la fenêtre de sa chambre et sauta du premier étage sur la voie du chemin de fer de Ceinture, que domine la maison.

Sans hésiter, les deux inspecteurs suivirent le même chemin et une poursuite acharnée s'engagea le long des rails. Arrivé au pont du chemin dp fer surplombant le canal de l'Ourcq, le fugitif enjamba le parapet et se laissa tomber sur le quai,

Les agents sautèrent derrière lui et bientôt le fuyard fut rejoint, maîtrisé et conduit au poste de police.

A peine les deux inspecteurs étaient-ils arrivés au poste avec leur prisonnier qu'un individu vint réclamer celui-ci. L'homme le prit de haut et menaça les agents d'une plainte pour avoir opéré une arrestation arbitraire.

On lui demanda son nom qu'il s'empressa de décliner. Mais cette révélation produisit un effet qu'il n'avait pas prévu.

« Ah i parfaitement, répliqua un des agents, je vous connais très bien, en effet. Je vous arrête comme interdit de séjour. »

C'est ainsi que les deux amis furent expédiés de concert au dépôt.

La falsification des momies Un savant égyptologue, le docteur Wakeling,

vient depublier tout un ouvrage surla fabrication des momies et autres objets antiques, que d'ha-biles industriels imitent aujourd'hui avec une rare perfection. Il devient impossible, même aux connaisseurs, de distinguer un véritable scarabée, un collier de perles ou certains vases anciens de leurs modernes contrefaçons.

La confection d'une momie, travail délicat, n'est plus qu'une affaire de patience ; il suffit de copier un modèle authentique en reprodui-sant ses moindres détails. Quelques os et quelques chiffons, divers ingrédients qui coûtent une centaine de francs au maximum permettent d'accomplir une œuvre d'art qu'un amateur payera 25 000 francs, sans compter,

Il y a mieux encore : un tour quasi génial, pour un marchand d'antiquités égyptiennes, consiste à organiser la découverte d'un tombeau, Il réussit dernièrement à un marchand de Louqsor, qui enferma une momie artificielle, accompagnée d'autres objets, dans l'antique tombe d'un pharaon. Un Américain quj passait, guidé par ce personnage, eut l'heureuse fortune de « découvrir » le trésor. Dans son enthousiasme, il paya 500 000 francs la momie du « ministre d'un pharaon de la troisième dynastie », fraîchement confectionnée avec des os de veau.

L'antimilitarisme en Allemagne M. Max Winkler, rédacteur au journal

syndicaliste Union, a été condamné par la cour d'assises à trois ans de prison pour avoir, dans un article intitulé «Le Moloch a faim», incité les soldats à l'insubordination.

Afin que la sécurité de l'État ne fût pas compromise, les débats avaient lieu à huit clos.

La mort tragique d'un enfant.

Une ménagère s'était absentée de chez elle pour aller faire une course. En revenant, elle entendit crier sa petite fille, âgée de 19 mois, qui était tombée, la tête la première, dans un baquet d'eau de lessive. Elle l'en retira aussitôt et lui prodigua ses soins.

Un docteur vint lui-même lui prodiguer des soins ; mais ceux-ci devaient êtrs inutiles ; l'enfant mourut le lendemain.

Elle avait été empoisonnée par l'eau de savon et l'eau de Javel que la lessive contenait.

-J\ Lire page 10 : la dénouement ûe APRÈS LE CRIME, nouoelle ûramatioue par CONSTANT GUÉROULT

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Les Faits-Divers de la Semaine

CAMBRIOLEURS ASSASSINS. — A Houplin, au cours de la nuit, deux bandits se sont introduits chez un vieillard âgé de 77 ans, qui habite seul une maisonnette à étage. Ayant entendu du bruit, le vieillard se leva et se dirigea vers sa cuisine. A peine avait-il ouvert la porte que les malfaiteurs bondirent sur lui et lui portèrent à la tête trois coups d'un instrument contondant. Le malheureux g'afîaissa dans une mare de sang et perdit connaissance. Le croyant mort, les bandits fouillèrent la maison mais durent fuir sans rien emporter. Les blessures de la victime, retrouvée geulement dans la journée, sont très çraves. LILLE.

UN MEURTRE. — Un ouvrier d'usine, qui, à Ailly-sur-somme, localité située à six kilomètres d'Amiens, s'était approché d'un groupe de jeunes gens jouant de l'accor-déon a été sans rime ni raison terrassé et îrappé à coups

Somme, localité située à six kilomètres d'Amiens, s'était approché d'un g— déon a été sans de couteau.

La victime est morte. Sept arrestations ont été opérées. AMIENS.

UN CHIEN ENRAGÉ. — En passant dans une rue, un promeneur vit bondir devant lui un chien qui le mordit à la jambe. Un agent se mit à la poursuite de l'animal qu'il accula dans l'angle de deux murs. Là, à l'aide d'un bâton, il assomma le chien suspect. Autopsié par le vété-rinaire, le chien fut reconnu atteint de la rage.

ROUBAIX.

UN ENFANT FENDU. —Seul au domicile de ses parents, on enfant de 12 ans s'amusait avec un cheval mécanique. Il eut l'idée de passer rapidement la tête dans la boucle d'une corde fixée à une poutre ; mais, entraîné par la vitesse du cheval, il perdit pied et tomba. Il mourut ainsi, as-phyxié. AGENVILLERS.

UNE BARQUE CHAVIRE. — Vers le soir, un bateau de pêche rentrait au port en remorquant une embarcation où se trouvaient trois marins. Soudain une lame de fond fit chavirer la barque. Deux matelots coulèrent à pic ; le troisième seul îut sauvé. DUNKERQUE.

LA TETE 0E Grand roman inédit

Par MICHEL NOUR ET AUGUSTE LESCAUER

PREMIERE PARTIE

L'Héritage mystérieux

V (Suite.)

EXERCICES DE CIRQUE

Le cirque dans lequel ils étaient, il l'avait fait construire à Garches, uniquement pour cette représentation de gala qui ne serait sans doute suivie d'aucune autre.

Son immense fortune, une trentaine de millions, lui permettait toutes les folies, et il les faisait sans y trouver la satisfaction in-tense qu'on se plaît à y rêver.

La trop grande facilité qu'il avait de con-tenter ses désirs, quels qu'ils fussent, lui tuait, à l'avance, le bonheur passager qu'ils auraient pu lui procurer.

Orphelin de bonne heure, et fils unique, il s'était trouvé à sa majorité, — et à son retour du régiment, car il avait devancé l'appel pour être plus tôt libéré du service militaire, — à la tête des millions que son père avait gagnés dans ses vastes exploitations de pétrole en Pensylvanie.

Il y avait deux ans de cela. Et il était déjà rassasié de la vie qu'il menait. Non que le plaisir lui déplût. Loin de là. Mais il ne lui suffisait pas. Il trouvait toujours attrayants les soupers

de demi-mondaines, les coulisses des petits théâtres — voire même des grands, — les exercices sportifs, les distractions à la mode, les redoutes travesties...

Il lui manquait une grande passion ; il n'en avait ni pour les chevaux, — ayant essayé de faire courir sans conviction et sans succès,— ni pour le jeu, — il n'éprouvait pas le besoin de gagner ainsi de l'argent et il aimait mieux dépenser que perdre celui qu'il possédait, — ni pour une femme, — celles qu'il connaissait se ressemblaient trop toutes.

A défaut de passion, un but, une entreprise intéressante...

Rien ne s'était encore présenté à lui dans cet ordre d'idées.

Il semait l'or autour de lui pour s'occuper et occuper Paris de son nom.

Intelligent, d'une nature plutôt loyale et pas méchante, il passait sa vie à s'amuser, et à s'ennuyer.

Sa dernière fantaisie, ce cirque élégant, bâti en toute hâte et à grands frais, dans un terrain qu'on lui avait fait payer très cher, uniquement parce qu'il en avait envie, ce cirque, huit jours avant la représentation, ne l'intéressait déjà plus que médiocrement.

Aussi, quand Crock-Ignol lui rendit son fouet dont il s'était emparé pour faire tra-travailler le cochon, René le lança au loin en disant :

— J'en ai assez pour aujourd'hui. — Jamais vous ne lui apprendrez rien

dans ces conditions-là I s'écria le clown. — Bah I vous le dresserez pour moi !

Les Faits-Dioers de ta Semaine

! — Le fait est, si vous me permettez de vous le dire, que vous pourriez trouver des passe-temps plus intéressants.

Le clown était spirituel, assez instruit, et René, nous l'avons vu, se plaisait à causer amicalement avec lui, dans un parfait dédain des convenances sociales.

— Que voulez-vous que je fasse avec mes amis, mon cher Crock-Ignol, hormis monter à cheval, faire de l'exercice, boire et fumer ?

Le clown pirouetta sur ses talons en faisant mine de chercher des personnes imaginaires sur les gradins déserts du cirque.

— Vos amis ? dit-il. Où cela ? Où sont-ils, que je les voie ? Vous n'en avez pas.

— C'est vrai... -r? Vous êtes une proie. Ils sont les éperviers

qui s'abattent dessus. Quand ils auront fini de vous gruger, ils laisseront votre cadavre sur la place sans même lui faire les honneurs d'un bel enterrement. Maintenant, il se fait tard, je m'en vais : c'est cinq louis pour la consul-tation, prince...

Boissy ne put s'empêcher de rire et mit un billet bleu et rose dans la main du clown qui feignit de s'en servir pour allumer un cigare et en réalité l'escamota dans sa manche.

Puis il salua grotesquement et disparut. A ce moment, la jeune femme qui était

arrivée quelques instants auparavant rentra par la porte des écuries, suivie d'un palefrenier qui conduisait un superbe alezan noir.

— Comment me trouvez-vous, cher sei-gneur ? demanda-t-elle.

Elle se plantait coquettement devant le jeune homme, les poings sur les hanches.

Débarrassés du chapeau qui les couvrait tout à l'heure, ses cheveux étaient tordus à la nuque en un épais chignon fauve. Ses bras et sa gorge à nus ; de larges volants de mousse-line lui ceinturaient les hanches, et ses jambes fines se moulaient dans un maillot rose.

— Me trouvez-vous à votre goût ? reprit-elle, le provoquant du regard.

— Vous êtes' exquise, répondit-il galam-ment. Mais vous n'avez pas besoin d'être à mon goût, puisque je ne suis pas votre seigneur, comme vous m'appelez si gentiment.

Elle secoua sa tête aux boucles dorées.. — Il ne tiendrait qu'à vous de le devenir,

vous le savez bien ! Et, lui envoyant un sourire, elle sauta légère-

ment en selle. Des gardes d'écurie, montés sur des chaises,

tendaient des cerceaux de papier le long de la piste.

— Et Habrelingue? cria Boissy à l'écuyère. — Habrelingue, j'en ai assez ! Et, comme elle allait lancer son cheval : — Le voici, justement, ce rasoir ! fit-elle. Habrelingue était un gros banquier, affreux

et libertin. — Toujours la même chose, murmura le

jeune homme... Femmes et amis, tous sont aimables pour moi parce que je suis riche... Aussi je crois que je leur préfère encore les petits animaux que j'essaie de dresser.

L'écuyère fit son tour de piste pendant que Habrelingue allait serrer la main de Boissy.

Après quoi, elle daigna laisser embrasser le bout de ses doigts.

Mais son front ne tarda pas à se rembrunir de nouveau.

(Suite).

ACCIDENT MORTEL. — Un cantonnier se rendait à son travail sur la route de Clisson à Saint-Lumine, lorsque arrivé à la côte de la Sénardière, en Gorges, il rencontra un attelage renversé sur le côté de la route ; le cheval, tombé, perdait son sang et le conducteur, marchand de porcs à Maisdon, était pris sous la civière de sa voiture remplie d'ani-maux qu'il conduisait à Clisson.

Les voisins du village de la Sénardière accoururent aux appels du cantonnier, et l'on s'empressa pour dégager la victime. Mais, hélas ! on ne put retitrer qu'un cadavre, le malheureux, âgé de 28 ans, avait été tué sur le coup. La mort instantanée est due à la fracture du crâne et de la clavicule droite. NANTES.

UNE COLLISION. — Au tournant d'une rue et de3 terrains de la Digue, l'omnibus du correspondant du che-min de îer et celui d'un hôtel de la ville se heurtèrent vio-lemment; les chevaux tombèrent pêle-mêle. Toutes les glaces des voitures volèrent en éclats et un voyageur, qui se trou-vait dans le second véhicule, îut gravement coupé au visage.

TR0UV1LLE.

IMPRUDENCE MORTELLE. — A la caserne d'artillerie, un maréchal des logis était allé serrer la main à un de ses camarades. Ayant pris par hasard le fusil de celui-ci qu'il ne croyait pas chargé, il pressa la gâchette. Malheureuse-ment l'arme renfermait une cartouche à blanc : le maré-chal des logis tomba, la tête fracassé. LOW.TPWr.

CYCLISTES TAMPONNES. — A la traversée d'un passage à niveau sans barrière, un propriétaire âgé de 69 ans et un autre cycliste, mécanicien, s'engagèrent en bicyclette sur les voies. A ce moment survenait un train. Le mécanicien ne fut que frôlé par la locomotive, mais son compagnon fut tué. LORIENT.

AU TRIBUNAL CORRECTIONNEL

DH flCGOÇDEtJl} QUI DÉSRGGORDE

Comme quoi un piano désaccordé peut mettre le désaccord entre voisins.

Si M. Onésime Durantin est assis aujour-d'hui sur le banc de la police correctionnelle en compagnie d'Agathocle Barboteau et de Séraphin Girafet, deux accordeurs émérites, c'est grâce à un fâcheux piano.

Les trois prévenus ont chacun un œil au beurre noir, témoin muet du pugilat auquel ils se sont livrés.

Le plaignant, M. Joseph Astoc, arbore, du reste, également un œil à la même sauce ; et Peu s'en est fallu que Mme Astoc, qui se présente éplorée à la barre, eût elle aussi quelque chose d'endommagé.

LE PRÉSIDENT. — Onésime Durantin, levez-vous (ses deux co-prévenus se dressent en même 'emps comme des diables sortant d'une boîte). Pas vous 1... restez assis !

AGATHOCLE BARBOTEAU. — Nous sommes

trois prévenus, nous devons parler tous ensem-ble !...

LE PRÉSIDENT. — Vous parlerez quand je vous interrogerai.

SÉRAPHIN GIRAFET. — Ce Durantin ne va vous dire que des blagues 1

(Le président fait un signe au municipal qui assied les deux co-prévenus de force.)

ONÉSIME DURANTIN. -— Monsieur le président, je suis bon citoyen, bon contribuable et j'aurais pu être comme un autre bon père de famille si... mais tout ça ne vous regarde pas... j'aime ma tranquillité par-dessus tout...

LE PRÉSIDENT. — Et c'est pour cela que vous allez faire le coup de poing chez vos voisins?... car vous êtes prévenu de violation de domicile et de voies de fait.

ONÉSIME DURANTIN. — Tout ça c'est la faute au piano !... monsieur le président, figurez-vous toute l'horreur de ma situation !... j'avais un piano sur la tête !!!

LE PLAIGNANT, riant. — Vous avez peut-être quelque chose sur la tête, mais à coup sûr ce n'est pas un piano.

AGATHOCLE BARBOTEAU, furieux. — C'est une allusion à mes infortunes conjugales !... Mossieu, si nous n'étions séparés par un muni-cipal je vous flanquerais une gifle ! (Reprenant son récit.) Toute la journée, la dame de ce monsieur me tapotait sur le crâne...

« Elle ne s'arrêtait de martyriser l'ivoire que pendant les heures de repas. »

LE PLAIGNANT. — C'était son droit, mossieur!

Depuis la prise de la Bastille les pianos sont libres !

ONÉSIME DURANTIN. — En un seul jour, j'ai compté jusqu'à cent quarante-quatre fois le Beau Danube bleuComprenez-vous maintenant à quel degré d'exaspération j'en étais arrivé !...

LE PRÉSIDENT. — Le plaignant va nous raconter comment est survenue la scène du pugilat.

LE PLAIGNANT. — Ma femme me dit un «matin : « Mon ami, mon piano a un si bémol douteux et un do dièze incongru, il faudrait faire venir l'accordeur... » Aussitôt, je courus chez un de ces spécialistes qu'on m'avait parti-culièrement recommandé, le sieur Agathocle Barboteau... Ah! si j'avais su !... ce n'était pas un accordeur, c'était un désaccordeur !... un bandit !... un bourreau de piano ! I !

AGATHOCLE BARBOTEAU, se levant. Per-mettez !...

LE PRÉSIDENT. — Vous n'avez pas la parole.

AGATHOCLE BARBOTEAU. — C'est pour ça que je la prends... j'ai quelque chose d'essen-tiel à dire au tribunal pour éclairer les débats... Quand je me suis acheminé vers la demeure de M. Astoc, j'étais animé des meilleures inten-tions... je fais toujours mon travail conscien-cieusement... Mais je rencontrai au bas de l'escalier cet autre monsieur (il désigne Oné-sime Durantin), qui m'arrêta et le dialogue suivant s'engagea entre nous :

« — Vous êtes accordeur? « — Oui, monsieur. « —■ Qu'est-ce que M. Astoc vous donne

pour accorder son piano? « — Cent sous. «— Moi, je vous donne vingt francs pour

le désaccorder 1

ONÉSIME DURANTIN. — J'espérais que comme ça cette dame ne pourrait plus jouer.

AGATHOCLE BARBOTEAU. — Il n'y avait pas à hésiter... je désaccordai le piano... ce fut fait en un tour de main... je baissai une note d'un demi-ton, je haussai l'autre à côté de trois quarts de ton... ça fit une jolie cacophonie !... Là-dessus M. Astoc me donna mes cent sous... M. Durantin me colla un louis ; ça faisait vingt-ciiiq francs... Pour ce prix-là, je désaccorderais tous les pianos de l'univers 1

LE PLAIGNANT. — Aussitôt après le départ de ce misérable, j'allai avertir ma femme que son Pleyel était en état de supporter le Beau Danube bleu sans broncher.

Mme ASTOC. — Au premier accord que je plaquai, je poussai un cri d'effroi...; au second, j'eus une terrible attaque de nerfs... Il fallut une demi-heure de soins assidus pour me faire revenir à moi... Quand j'y pense 1... ah ! je vais encore me trouver mal I (L'huissier audiencier se précipite pour lui taper dans les mains.)

LE PLAIGNANT. — J'allai alors chercher un autre accordeur, Séraphin Girafet... Celui-là n'avait point été corrompu par l'or vil de mon infâme voisin I... Il se mit à l'œuvre, après

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Les Faits-Dioers de la Semaine

(Suite).

DOUBLE SUICIDE. — Deux jeunes filles de la Turbie toutes deux âgées de 17 ans, quittaient leur domicile Leurs parents, inquiets, les firent rechercher.

Or, le cadavre de l'une a été retrouvé dans un établisse' ment de bains de mer de Monte-Carlo. On ne sait ce qu'est devenue l'autre.

On croit qu'il s'agit d'un double suicide causé par des chagrins intimes. NICE.

HOPITAL EN PEU. — La cheminée des bains ayant éclaté à l'hôpital, le îeu gagna rapidement toute une aile de l'édifice. Il y eut parmi les malades une brusque panique Les pompiers, le personnel de l'hôpital, les habitants voi-sins accoururent et réassirent à faire sortir tous les malades

/£■ BONNEVILLE.

COLLISION D'AUTOS. — Une automobile montée par trois personnes fut heurtée, près de Chasselay (Rhône), par une auto montée par quatre personnes et allant à une allure excessive. Une femme projetée, sur le sol, eut la tête fracassée, son mari fut blessé peu grièvement. Deux autres ont des blessures graves. Enfin les quatre personnes qui se trou-vaient dans l'auto 479-S-4 sont blessées plus ou moins grièvement. s LYON

BRULE PAR SA PIPE. — Pendant qu'il était occupé a soufrer ses vignes, un cultivateur fut pris d'un malaise et tomba. Mais, à ce moment, il avait à la bouche sa pipe a.lumée. La pipe mit le îeu au soufre et le malheureux culti-va eur fut con plètement carbonisé. TO ULON.

MORDUE PAR UN CB3EN. — Pour se promener.une fillette de cinq ans avait accompagné une jeune fille qui se rendait aux champs avec son bétail et son chien. A un cer-tain moment, la fillette, en s'amusant, voulut caresser le chien ; mais ce dernier se jeta sur elle et la mordit cruelle-ment à la joue droite. JONCY

— Allons, bon ! deuxième crampon I mur mura-t-elle avec dépit.

Cette fois, c'était une femme qui pénétrait dans le cirque.

L'amie en titre de René, Carola. Le jeune, homme venait à peine de la lancer,

et il commençait déjà à être blasé sur son compte parce qu'elle n'était pas intelligente

Son caprice, au début, l'avait mené jusque dans un cabaret interlope, et avait même failli lui coûter la vie : il s'en souciait peu ; maintenant il n'aurait pas fait vingt pas pour Carola !

— C'est un jour de guigne, reprit l'écuyère Du reste, ça ne m'étonne pas, j'ai vu ce matin une araignée sur la persienne de mon cabinet de toilette...

Elle fit encore galoper son cheval pendant quelques secondes, puis, sautant à terre d'un bond gracieux, fort applaudi par le gros Habre-lingue, elle courut vers la nouvelle arrivante, la saisit frénétiquement dans ses bras et la serra sur son cœur dans un élan affectueux, en proclamant d'une voix vibrante :

— Ah ! chère, chère Carola I que je suis donc heureuse de te voir ! J'ai tant d'amitié pour toi !

René contemplait ironiquement ce tableau touchant, quand un jeune homme — du moins, il se faisait jeune, mais il pouvait tout aussi bien avoir dépassé la quarantaine — vêtu à la dernière mode avec une recherche suprême du nouveau chic, lui toucha le bras, pour l'en-traîner à l'écart.

— Allons, lui dit René, quand ils furent seuls, je sais de quoi il s'agit. Combien te faut-il?

— Oh 1 mon cher, je suis désespéré ! Une culotte formidable 1 deux cents louis sur parole ! Je te rendrai ça la semaine prochaine, quand la yeine sera revenue.

— Bon, bon ! A ce moment-là, tu n'y pen-seras plus !

— Je te jure !... — Tu les auras ce soir. Non, ne me remercie

pas !... Et Boissy s'éloigna, murmurant : — Une des belles sangsues de ma collection !

Je comprends qu'il ait la passion du jeu, celui-là ! Quand il gagne, il empoche, — et dépense ; quand il perd, il m'emprunte pour payer 1 •— Eux ou elles, c'est pareil... Les voilà, les vrais exercices de cirque I Les voilà ! Pas besoin de piste sablée pour les exécuter I

VI

LAPINS ET PIGEONS.

René Boissy n'aimait pas plus Carola que n'importe quelle autre jolie fille; mais, ayant fait ce choix, il s'y tenait provisoirement.

Il la gardait uniquement parce qu'on la citait comme la plus belle femme de Paris, du Paris galant,, du moins.

Dans sa situation, étant données sa jeunesse et sa fortune, il ne pouvait faire autrement que de s'attitrer l'étoile la plus brillante du monde qui fait la fête.

D'autantplus qu'il était au moins le Lever-ier de cette étoile.

Mais ce n'était ni par amour, ni par désir, par simple vanité, et, encore, une vanité qui commençait à le laisser froid.

Quant à Carola, elle se jugeait amoindrie dans son orgueil de jolie femme de n'appar-tenir qu'au demi-monde.

Ainsi que beaucoup de ses pareilles, elle avait la toquade du. théâtre.

Mais dans quel" genre pourrait-elle se dis-tinguer ?

Drame, comédie? Le premier était trop populaire. Elle le dédaignait I Le second trop difficile. Elle le dédaignait encore...

Quant aux théâtres d'opérettes qui, tous lui eussent ouvert leurs portes à cause de l'énorme réclame qu'elle aurait constituée, elle reconnaissait — elle-même — qu'elle ne pouvait pas y songer.

Pas le moindre, filet de voix. Et un timbre faux 1 Elle, réfléchit longtemps au rare talent qui

pouvait lui être réservé. Et elle se rabattit finalement sur... les lapins

savants 1 C'était maigre... mais cela suffit à sa gloire. Ses amies la plaisantèrent entre elles, et

elle excita leur esprit médiocre à des assauts de méchanceté, pendant des semaines.

Mais tout a un terme. Les moqueries cessèrent, et l'exhibition des

lapins ne tarda pas à en faire autant. Un soir, étant allée au Moulin-Rouge avec

Boissy, elle se sentit tout à coup frappée de l'étincelle foudroyante.

Ce fut à la vue des frétillants quadrilles réalistes.

Elle, qui dansait naguère, publiquement, en dépit de toutes les règles, vit là un art tout à fait à la portée de ses moyens réduits.

Elle se passionna pour le grand écart, s'es-saya chez elle devant une glace, et, satisfaite de ses tentatives, supplia Boissy de lui faire donner des leçons.

A prix d'ov, la célébrité du moment, l'illustre Rayon-de-Lune y consentit.

Èlle initia Carola à la désarticulation que celle-ci ne connaissait encore qu'imparfaite-ment. Ce ne fut pas sans essayer de lui ravir son protecteur.

Le petit René — comme on l'appelait dans l'intimité — ne sourcilla pas devant les grâces pourtant réelles de Rayon-de-Lune.

La danseuse, qui devait plus tard, — par un hasard miraculeux, — jouer un rôle impor-tant à côté du jeune homme, en demeura pour ses frais d'amabilité.

Ce but était trop visé pour être facilement atteint.

Célèbre à Paris par ses fantaisies ruineuses, pour de moins fortunés que lui, Boissy se voyait quotidiennement assailli par une foule le quémandeurs plus ou moins courtisans.

Selon les jours, il se montrait généreux, ou rebelle au « tapage ».

Rayon-de-Lune était tombée à un mauvais moment.

Elle-n'en conçut qu'un dépit passager. Du reste, les adorateurs ne lui manquaient

pas, et elle se fût à peine inquiétée de René s'il ne lui eût plu particulièrement par lui-même.

Mais le jeune millionnaire ne s'en aperçut pas. Autrement, peut-être eût-il accordé quelque attention à la suggestive et capiteuse étoile du Moulin-Rouge.

Il se borna à sourire sceptiquement à ses avances et à lui faire des compliments d'un ordre purement chorégraphique.

Elle haussâ tes épaules et lui tourna le dos avec insouciance...

— Bast ! pensa-t-elle, Paris ne s'est pas bâti en un jour...

Pourtant, le succès de Rayon-de-Lune ne résidait pas uniquement dans les mollets qu'elle montrait, en ses exercices, à une foule avide, mollets tout aussi bien faits, à la vérité, que ceux de Carola.

Rayon-de-Lune avait un charme particulier, pas banal.

Sous une avalanche de cheveux très bruns, éclairés de reflets bleuâtres par l'aigrette de diamant dont elle les couronnait, son visage d'un dessin élégant, très pâle, apparaissait d'une blancheur encore plus nacrée, vapo-reuse, où ses yeux de velours noir semblaient deux taches d'encre tombées dans du lait.

(La suite au prochain numéro.)

T. Les Faits-Dioers

de ta Semaine (Suite).

MEURTRE ET SUICIDE. — Vers 2 heures du matin un employé comptable à la gare du Midi, à la suite d'une scène de jalousie, a blessé mortellement sa maîtresse logeuse en garni, puis s'est fait justice en se tirant une balle de browning dans la tempe droite. La mort fut instantanée

L'état de la blessée est désespéré. TOULOUSE.

LA VENGEANCE DU COCHER. — Furieux contre un gardien de la paix qui lui avait dressé procès-verbal, cocher avait juré de se venger. Il croisa justement un facteur auxiliaire des postes dans lequel il reconnut un ancien sous-brigadier de police. Aussitôt il arrêta son cheval, sauta à terre et roua de coups le facteur. Puis il reprit ses guide et s'éloigna. BORDEAUX,

TUE PAR SA FEMME. — Après une minutieuse enquête les inspecteurs de la quatrième brigade de la Sûreté générale ont arrêté à Brion-sur-Thouit, département des Deux-Sèvres, une femme pourassassinat commis sur la personne de son premier mari. La mégère avait commis son forfait avec la complicité de son deuxième mari, cultivateur.

BRESSUIRE.

ACCIDENT D'AUTO. — En arrivant à un passa niveau, sur le boulevard Camille-Godard, un chauffeur s'aperçut que la barrière était fermée. Il donna un brusque coup de volant mais la voiture se renversa, projetant sur le sol ses quatre voyageurs, trois hommes et une femme qui furent sérieusement blessés. BORDEAUX.

DEUX HOMMES NOYES. — Leur journée finie, cinq ma-çons voulurent, pour rentrer chez eux, traverser la Garonne dans un bac privé. Près de l'autre rive, la barque s'emput d'eau et chavira. Deux des ouvriers purent gagner la be en s'accrochant au câble conducteur ; un troisième se sauva, à la nage ; mais les deux autres se sont noyés.

TOULOUSE.

m'avoir demandé vingt francs de supplément pour remettre le Pleyel en bonne forme.

LE PRÉSIDENT. — Nous allons savoir ce qui se passa alors. Séraphin Girafet, levez-vous.

SÉRAPHIN GIRAFET. — Je faisais conscien-cieusement ma besogne, lorsque mon confrère Barboteau fit irruption dans le salon. « — Qu'est-ce que vous faites là?... » me dit-il? — « J'accorde.»

—' « Eh bien, moi, je ne vous accorde pas le droit d'accorder!... Vous ne devez pas marcher sur mes brisées, ça ne se fait pas entre confrè-res !... on ne se coupe pas le si bémol sous le pied !... C'est moi qui ai entrepris ce Pleyel, fichez-moi le camp!... » Et, au fur et à mesure que j'accordais, il désaccordait.

« A la fin je me fâchai : — « Lâchez ce piano, lui criai-je, vous allez casser les cordes...

« Parole d'honneur, je le croyais devenu fou... Je l'empoignai à bras-le-corps et je voulus le déposer à la porte; il se mit à gigoter en hurlant : «— Au secours ! à l'assassin !... » Et il me flanqua un coup de poing dans l'œil droit que j'en ai vu trente-six mille chan-delles !

« — Ah ! c'est coinme ça que tu traites un confrère, m'écriai-je, attends, nous allons être d'accord ! »

« Et je lui pochai l'œil gauche d'un coup de poing bien asséné !

LE PLAIGNANT. — En entendant ces cris, je me précipitai dans; le salon, et j'aperçus les deux accordeurs qu,l se bourraient de coups, au

miJeu des tessons de potiches qu'ils avaient renversées au cours de leur lutte.

«— Qu'est-ce que vous faites-là? dis-je à Barboteau, vous n'êtes plus mon accordeur, je vous ai ôté ma confiance pour la donner à monsieur... Allez-vous-en !... vous devriez rougir de honte !... Quand on n'est pas fichu de distinguer un si bémol d'un do dièze, on se met savetier, mais on ne se propose pas pour accorder des pianos ! »

« J'avais à peine prononcé ces mots, que mon ignoble voisin de dessous, mossieu Oné-sime Durantin, s'élance dans mon propre domi-cile, vientme narguer dans mon propre salon !...

LE PRÉSIDENT, au prévenu. — Comment êtes-vous entré ainsi chez le plaignant?

ONÉSIME DURANTIN. — Par la porte, mon-sieur le président... Elle était ouverte... j'enten-dis hurler l'infortuné accordeur, je volai à son secours... on l'étranglait !... Pouvais-je laisser perpétrer sous mes yeux un déplorable fait-divers?... — « Je vous défends d'étrangler cet accordeur, m'écriai-je. »

LE PLAIGNANT. — Je ne songeai même pas à lui donner une chiquenaude !... Il se démenait, la main sur son œil, gémissant : « Je n'avais que celui-là de bon, il me l'a écrabouillé !... » Alors cet ignoble Durantin me crie : « Vous avez détérioré mon accordeur, je le vengerai ! »

« Et, vl'an ! il me donne un formidable coup de poing sur l'œil. (// montre son œil au tri-bunal.) Voyez, messieurs !... Là-dessus, mon second accordeur indigné se met à crier à

l'assassin ; mossieu Durantin se retourne contre lui... mais Séraphin Girafet, déjà entraîné à la boxe, lui allonge un formidable coup de poing dans l'œil !

Mme Astoc vient confirmer les faits. LE TÉMOIN. — J'ai même failli recevoir le

coup de poing destiné à M. Durantin, heureu-sement j'ai fait un faux pas et je me suis trouvée àl'abri des horions... J'ai été tellement bouleversée de tout cela que je suis restée quinze jours sans pouvoir toucher à mon piano.

ONÉSIME DURANTIN. — C'est toujours un résultat. (Il se frotte les mains.)

Mais il cesse de se les frotter quand le tri-bunal le condamne à un mois de prison.

Barboteau fera huit jours de paille humide. Quant à Séraphin Girafet, il s'en tire avec cinquante francs d'amende.

JULES DEMOLLIENS.

L'ECOLE BUISSONNIERE

Il y a deux jours, à Abbeville, un enfant.de huit ans disparaissait de chez ses parents. Un de ses camarades, âgé de onze ans, déclara que le petit avait été jeté à l'eau par deux enfants avec lesquels il s'était querellé.

Le jeune garçon alla même jusqu'à désigner les deux coupables, deux enfants qui n'eurent pas de peine à se disculper. Le gamin fut alors conduit au parquet sous les huées de la foule

qui menaçait de lui faire un mauvais parti. Là, changement de version, l'écolier déclara

qu'il avait entraîné la victime à faire l'école buissonnière le long de la Somme en se dirigeant vers le bois de Campanelle. A un moment, dit-il, il se prit de querelle avec son camarade et en voulant ramasser une pierre pour la lui jeter, l'enfant fit un faux pas sur la berge et roula dans l'eau.

Finalement, il avoua l'avoir poussé lui-même dans la Somme. Il a été immédiatement arrêté.

TRAINS POUR IVROGNES

N'oublions pas que la Suisse, citadelle de l'antialcoolisme, est le seul pays du monde où la vente de l'absinthe — qu'on y fabrique, d'ailleurs, partout — soit rigoureusement interdite...

Or, il n'y a pas très longtemps, un alié-niste de Genève, le professeur Forel, saisissait le Conseil fédéral de la proposition de joindre à chaque train une voiture réservée portant cette inscription bien apparente : « Voyageurs soûls ».

Mais le professeur Forel s'est bientôt aperçu qu'une voiture ne suffirait pas à les contenir tous.

En sorte qu'il réclame actuellement des trains entiers pour les poivrots.

J'espère qu'on y pourra du moins atteler un wagon spécial pour les voyageurs «sobres J

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LE SECRET DE GERMAINE Grranci roman dramatique

PAR LOUIS BOUSSEMARD

TROISIEME PARTIE

Revanche

XIII (Suite.)

Michel paraissait faire des efforts înouis de mémoire.

Enfin, il s'arrêta sur une petite émi-nence qui bossuait le sol du souterrain el dit :

— C'est là ! — Vous êtes bien sûr ? — Oui, Germaine, absolument sûr. — C'est bien, mon ami, souvenez-vous

et éveillez-vous. « Mauguin, veuillez encore une fois

creuser. — A vos ordres, ma chère dame, fit

le brave homme en reprenant vivement sa besogne.

Deux minutes après, il mettait à dé-couvert des lambeaux d'étoffe et quelques brindilles de foin...

— Doucement !... doucement, fit Bo-bine

Marquisette s'était jetée à genoux au bord du trou et criait :

— C'est là... oui, c'est là... Mauguin s'interrompit de nouveau

et fouilla avec ses doigts. Il se releva bientôt en criant de toute

la force de ses poumons : — Victoire !... victoire !... nous

sommes des bons ! Il tenait dans ses mains deux bou-

teilles à large col, soigneusement cache-tées, à travers les parois desquelles t ansnaraissaient vaguement des papiers enroulés.

Germaine les saisit avec une vivacité f brile et, ne pouvant attendre plus Ion;temps pour vérifier ces documents, le cassa l'une contre l'autre au risque d se blesser.

Les papiers, soustraits à l'humidité, étiient absolument intacts.

Germaine les déroula fiévreusement au hasard et lut :

— Acte de naissance ^de^ Georges-Henri, fils de Marie-Anne Cornic et de Gaston-Henri de Montdieu...

« Acte de naissance de Jeanne-Marie-Suzanne, fille de Marie-Anne Cornic...

« Acte de décès de Gaston-Henri de Montdieu...

« Testament olographe, etc., etc. Toutes ces mentions étaient écrites

aj crayon bleu sur le verso des papiers timbrés, de façon à éviter toutes les ^cherches.

Convaincue de l'authenticité de ces pièces, Germaine les réunit ensemble, lis remit à M cnel, qui les serra précieu-sement dans la poche intérieure de sa jaquette et, pour plus de précautions, se boutonna de haut en bas.

II n'y avait plus qu'à remonter, après cette expédition dont le succès était complet.

Avant de s'engager dans l'escalier aux marches branlantes, Germaine saisit la main de Marquisette et lui dit, avec une sorte de solennité :

— Grâce à vous, madame, nous allons enfin pouvoir vivre en repos. , K Tout nous favorise, aujourd'hui... jusqu'aux manœuvres de l'ennemi, sur lequel notre victoire est complète..

~- Ça, c'est vrai, interrompit Bobino. « S'il ne t'avait pas endormi dé

force, et suggestionné comme il l'a fait, du diable si tu aurais pu retrouver ces papiers...

« N'est-ce pas, Michel ? — Aussi, reprit Germaine, s'adressant

toujours à Marquisette, je n'ai pas besoin de vous répéter ce que je vous ai déjà dit :

« Vivez près de nous... que notre famille soit la vôtre...

« Oh ! nous vous aimerons... « Vous ne serez plus seule... votre

sécurité sera complète... — Merci !... oui... j'accepte... ma fa-

mille... oh ! oui... ce serait si bon. « Mes enfants... si je pouvais seule-

ment espérer les revoir... Quels trésors d'affection j'aurais

pour eux... — Espérez, fit encore Germaine. « Quant à moi, je les chercherai avec

une véritable passion, pour vous donner ce bonheur dont vous êtes si digne, pauvre et chère martyre...

« Oui, espérez !

XIV

Avant de retourner, comme ils en avaient l'intention, à Saint-Germain-en-Laye, nos amis se mirent en devoir d'enlever les entraves à L'iche-à-Mort et à sa digne moitié.

Bobino et Mathis se chargèrent de cette besogne!

Le jeune typo, muni d'une bougie, pénétra dans la chambi^e où l'atroce vieille, blême de peur, croyant l'heure de l'expiation arrivée, suffoquait sous son bâillon.

Germaine l'avait suivi, et aussi Mar-quisette, qui s'appuyait à son bras.

La pauvre femme, brisée par toutes ces émotions, défaillait presque.

Elle s'assit lourdement sur un fauteuil, en pleine lumière, pendant que Bobino enlevait les entraves et le bâillon de la vieille ivrognesse.

La mère Bachu fit une large aspira-tion, toussa, graillonna, s'étira pour être bien certaine qu'on lui rendait la liberté.

Tout à coup son regard, jusqu'alors hébété, se fixa sur Marquisette, appuyée contre Germaine qui la soutenait.

Brusquement, elle cria, comme si elje eût obéi à une impulsion irrésistible* :

— Marquisette !... la petite à m'sieu le comte....

« La première... la mère aux gosses... « Sûr qu'a va s'venger... « Malheur ! qué qu'a va faire de

moi ?... Marquisette recula comme à la vue

d'un serpent et reconnut la faiseuse d'anges malgré le temps écoulé.

— La Barbette, fit-elle en pâlissant. — Ben oui !... c'est moi... je suis

punie... t'es la plus forte aujourd'hui... « C'est mon tour à la danser !... — Oh ! gémit la pauvre femme, que

vous m'avez fait de mal!... —■ Eh ben !... revenge-toi... j'y peux

rien... on me commandait... fallait ben obéir...

— Non ! il ne s'agit pas ici de ven-geance, interrompit avec dignité Ger-maine ; comme notre sécurité est en jeu, nous voulons l'assurer.

« Quelques graves motifs que nous ayons de vous haïr, nous oublierons le mal que vous nous avez causé, si du moins vous tentez de le réparer.

« Vous avez toujours refusé à cette malheureuse mère de lui dire ce que vous aviez fait de ses enfants.

« U faut parler aujourd'hui, ne rien

lui cacher... à ce prix-là seul vous obtien-drez le pardon que vous méritez si peu, cependant.

—■ Eh ben ! pour tant qu'à la gosse-line... je sais fectivement quoi qu'ail' est devenue...

— Oh ! murmura Marquisette avec une sorte de ferveur, je reverrais ma fille !

« Parlez 1... parlez !... je vous en supplie, et tout sera oublié, je vous le jure.

— Et vous, les autres, vous pro-mettez, fit l'ivrognesse, qu'y m's'ra rien fait ?...

— Je m'y engage formellement, fit le prince Bérésoff, en mon nom et au nom de tous ceux qui sont ici.

— Pour lors, j'vas vous dire que la petite quand qu'ail' fut enlevée, ail' fut mise en nourrice, et que not' maître, monsieur le comte, il venait la voir de temps en temps.

« AU' devenait si gentille en gran-dissant, qu'il s'a pris d'amitié pour elle, ni p'us ni moins que s'il aurait été son vrai père...

^ « Un homme qu'est si tellement dur qu'y n'aime rien que lui-même... C'est drôle, mais c'est comme ça...

et Bref, il eut si tellement d'amitié pour elle, qu'il la retira plus tard de nourrice... Il la prit près de lui et l'éleva comme sa vraie fille.

« A preuve qu'il l'a reconnue !... « Elle habite son hôtel avec une dame

de sa parenté qu'est censément sa gou-vernante.

« C'est Mlle Suzanne, et votre vraie fille... je le jure sur mon salut éternel.

Un cri échappait en même temps à Marquisette" et à Germaine.

— Mon "enfant aux mains de ce monstre !

— C'est Suzanne... et je n'avais pas songé, tout à l'heure, dans le souterrain, en lisant l'acte :

« Jeanne-Marie-Suzanne... « Oh ! quel bonheur pour vous, ma-

dame, qui allez la voir dans quelques instants...

« C'est une adorable jeune fille... jolie et bonne... oh !... d'une bonté d'ange...

La mère Bachu, dont lés craintes peu à peu s'évanouissaient depuis qu'elle n'avait plus à craindre de représailles, interrompit de sa voix hommasse, imbi-bée d'alcool :

— Voyez ben qu' tout s'arrange ! « Je regrette, en vérité, d'pas pou-

voir vous renseigner su 1' gamin... « Vrai ! c' pauv' moucheron... c'était

pas pour mon plaisir, allez, que je le laissais en plan su' les marches du théâtre de Bobino, par une fichue nuit...

A cette révélation inattendue, stupé-fiante, Bobino se sentit frissonner jus-qu'aux moelles et crut qu'il allait se trouver mal.

En même temps, Michel Bérésoff, Germaine, le brave Mathis, qui tous connaissaient son origine, d'où il tirait son original sobriquet, poussèrent un long cri d'étonnement et de bonheur.

—■ Il vit !... votre enfant vit, ma-dame... fit Michel en saisissant par les épaules Bobino défaillant.

« Et si jamais une mère peut être fière d'un fils, c'est vous...

Et Bobino, sanglotant à plein cœur, les yeux voilés de larmes, les mains tremblantes, bégayait, pouvant à peine parler :

— L'enfant abandonné... sur les marches... du théâtre de Bobino... por-tait du linge... marqué d'un M, d'un A, d'un C et d'une grande croix...

— Oui, dit Marquisette : ma marque, Marie-Anne Cornic.

— Eh bien L.. cet enfant... que les

hasards de la vie vous font retrouver... aujourd'hui... c'est moi...

« Oui... moi... qui vous aimerai de façon à vous faire oublie?... ces années maudites... passées dans les larmes... le désespoir...

« Oh ! ma mère !... comme je vous aimais... comme je vous aimais déjà... depuis le premier moment où je vous ai aperçue... là-bas... où ma main a touché la vôtre.

Mais ces chocs répétés d'un honheur auquel depuis si longtemps elle n'était plus habituée étaient trop violents pour l'organisme de la pauvre femme.

Elle étreignait doucement le jeune homme en murmurant d'une voix brisée ;

— Georges... mon enfant... Georges... c'est toi...

Puis, elle perdait subitement connais-sance.

Et Bobino affolé, ne sachant plus ce qu'il faisait ni ce qu'il disait, criait, la voyant inerte et pâle :

— Ma mère !... ma mère se meurt !... « L'ai-je donc retrouvée pour la voir

périr... là devant moi ?... Grâce aux soins délicats, intelligents

et dévoués de Germaine, qui resta seule près d'elle, Marquisette revint bientôt à la vie.

De pareilles défaillances, .d'ailleurs, ne sont jamais bien longues, car le bon-heur est le meilleur des remèdes.

L'heureuse mère se sentait déjà plus forte et demandait quand elle pourrait voir sa fille.

— Bientôt... n'est-ce pas, Germaine ? dit Bobino.

— Oui, le plus tôt possible. « Mathis, mon ami, veuillez aller

chercher la voiture, et amenez-la ici. -— Oui, madame. Un quart d'heure après, il revenait avec

le landati, dans lequel prirent place, comme à l'arrivée, les quatre voyageurs.

Avant de donner le signal du départ, Michel Bérésoff prit dans sa poche une liasse de billets de banque, les mit sur le lit de la mère Bachu et sortit en lui di-sant :

— Vous avez réparé votre mauvaise action et nous sommes encore vos obli-gés...

« Tenez, prenez cet argent, et qu'il puisse vous aider à vivre honnêtement !

— Merci, mon cher monsieur... merci de tout mon cœur...

« En vérité, ça ne valait pas tant ! « A propos, tenez... encore un petit

renseignement dont vous pourrez faire votre profit.

« Bamboche... ce mauvais gueux... 'savez bien... ce vicomte de contre-bande... fabriqué par m'sieu le comte...

— Oui, M. de Chamboë. — C'est ça même. « Eh ben ! c'est le propre fils naturel

de m'sieur le comte lui-même. « Quand que vous le verrez et que

vous lui f... ça dans son panier, il en fera une, de tête.

« Allons, adieu et merci, mon géné-reux monsieur.

Cinq minutes après, le landau longeait la Seine et enfilait la route qui va direc-tement au Pecq.

Mauguin rentrait chez lui, et affamé par cette besogne nocturne, s'attablait devant un morceau de jambon flanqué d'un pichet de vin d'Argenteuil, et racontait à sa femme extasiée cette incroyable aventure dont il venait d'être témoin.

Pendant ce temps, le landau marchait rondement, emportant Marquisette et son fils, la main dans la main, près de Germaine et de Michel, délicieusement émus de cet épilogue inattendu que l'aveugle destinée donnait à cette lutte engagée depuis si longtemps.

Quand ils arrivèrent à Saint-Germain, il était un peu plus de deux heures du matin.

Une inquiétude bien naturelle avait tenu éveillés les hôtes de la paisible maison où depuis quelque temps les victimes de Montdieu avaient trouvé un refuge assuré.

Berthe et Marie, les deux sœurs de Germaine, Suzanne, qui avait aban-donné l'hôtel de la place Pereire, révoltée de la dureté de celui qu'elle croyait encore son père, Maurice, le cher aimé qu'elle avait suivi, la gouvernante elle-même étaient debout, attendant le résultat de cette expédition à laquelle tous les autres avaient pris part successivement.

D'abord Germaine disparue depuis

234

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Cinq ou six jours, puis Bobino parti avant-veille, et enfin Michel Bérésoff

et Mathis, qui avaient donné, le soir même, comme un corps de réserve, pour décider la victoire.

Quand le landau arriva devant la grande porte, on parlementa quelques instants, puis Maurice, ayant reconnu les voix de Michel et de Bobino, fit ouvrir.

— Suzanne est debout, n'est-ce pas, Maurice ? demanda Germaine après les premiers moments d'effusion.

— Oui, Germaine, répondit le peintre en serrant les mains qui se tendaient à la ronde.

—■ Veuillez la prévenir que Bobino a une communication très importante à lui faire.

« Préparez-la également à une vive émotion, à un immense bonheur...

— Mais, dites-moi, du moins... — Victoire sur toute la ligne ! inter-

rompit Michel Bérésoff radieux. « Va, mon ami, car le temps presse...

cours près de ta fiancée... Il y a ici quel-qu'un qui ne peut plus attendre.

« Sache seulement que l'ennemi est à terre, et que nous sommes pour la première fois heureux sans contrainte.

Germaine et le prince Bérésoff, sou-tenant chacun par un bras Marquisette brisée par ces émotions, la conduisaient dans un vaste salon, pendant que Bobino, incapable d'attendre plus longtemps, suivait Maurice qui avait à peine eu le temps d'avertir en quelques mots rapides sa fiancée.

Bobino et Suzanne se trouvaient face à face, en pleine lumière, et spontané-ment se tendaient la main.

Les yeux de l'ouvrier typographe rayonnaient, et un bon sourire ému entr'ouvrait ses lèvres.

— Mademoiselle... Suzanne... ce que j'ai à vous dire est èxtraordinaire... extravagant... jusqu'à l'absurde... mais si doux à mon cœur...

« Une famille retrouvée... la mienne... d'autres êtres à aimer...

« Maurice... je n'ose pas lui apprendre... la chose...

— Voyons, mon ami, parlez... « Elle n'a pas l'air bien terrible

pourtant, ma Suzanne... notre Suzanne... — Oui... notre Suzanne... car elle est

aussi un peu à moi... — A vous ? — Oui !... ne fût-ce qu'en quali!é

de... de sœur ! « II-paraît... et les preuves sont là...

que je suis votre frère... — Vous ?... Oh !... quelle joie ! « Voilà donc le secret de cette sym-

pathie profonde, spontanée, pleine de tendresse, que je ressentis pour vous à première vue !

— C'est comme moi... « Vous m'avez inspiré, là-bas, rue Mé-

chain, une affection irraisonnée, avec une soif de dévouement pour vous...

— Mon frère !... vous êtes mon frère... — Je suis un simple ouvrier... j'ignore

les belles phrases... mais j'ai l'âme loyale et le cœur chaud...

« Ma sœur, je vous aimerai... je vous aime déjà de toute mon âme... de tout mon cœur !

— Et moi, je rêvais un frère comme vous... bon, franc, généreux... joyeux aussi..

— Vrai !... vous trouvez que je suis à peu près convenable...

•—■ Êtes-vous enfant ! — C'est que je ne sais plus tout à fait

ce que je dis... « Si vous saviez ! Ainsi placé entre la tendresse nais-

sante de Suzanne et la profonde amitié delVIaurice Vendol, Bobino, ému jusqu'aux larmes, serrant les mains des deux fiancés, continua en tâchant d'affermir sa voix :

-—■ Ce n'est pas tout ! — Qu'y a-t-il encore et quelle bonne

nouvelle allez-vous nous donner ? —r C'est qu'il y a encore de retrouvée...

une mère... à laquelle il faudra payer un long arriéré de tendresse...

« Elle a tant souffert... — Une mère... la nôtre !... J'ai une

mère... moi !... fit la jeune fille en pâlis-gant à croire qu'elle allait défaillir...

— Oui... un amour de mère... oh ! ouij à rester à genoux devant elle... à l'adorer, à en devenir fou...

— Mon frère, s'écria Suzanne dont la voix s'altéra, je vous en supplie... la voir... oh ! la voir un moment... de suite...

« Où est-elle ? --Là ! Brusquement la porte s'ouvrit et

Suzanne, rayonnante, s'écria, les bras tendus vers Marquisette éperdue :

— Maman !... oh !... maman 1

XV

Râlant, à demi étouffé, ayant presque perdu connaissance, le comte de Mont-dieu fut trouvé seulement le matin, au petit jour, par les gens de- service, étendu sur le lit de Germaine.

Les gardiennes, en proie à un fol ahurissement, ne savaient que penser de cette substitution d'un gentleman venu la veille en visiteur, à une malade ou soi-disant telle, dont on ne retrouvait pas trace dans la maison de santé.

« Heureusement que Suzanne me reste...

« Suzanne, dont j'ai su me faire un otage, et par laquelle je tiendrai toujours Marquisette;

Sans vouloir attendre l'arrivée du Dr Castanet, il passa à la salle d'hydro-thérapie, se fit doucher, masser à fond, et ayant recouvré toute sa vigueur, toute son énergie, rentra chez lui.

Il trouva Liche-à-Mort qui l'attendait en grande impatience.

Le vieux drôle, pâle de cette pâleur jaunâtre, couleur de buis, des buveurs d'alcool, était accouru lui faire part dés événements de la nuit.

Il racontait tout cela d'une voix atone, avec des tremblements convulsifs dans les membres, et le comte, sur lequel tous ces faits tombaient comme autant de coups de massue, apprenait l'enlève-ment des papiers et la reconnaissance de Marquisette et de Bobino.

Mais ce n'est pas tout. Au moment où

O LE SECRET DE GERMAINE. -O O O O à découvert des

L^eun minutes après, il mettait o lambeaux d'étoffe... O O O G

O O

Marquisette également devenait invi-sible. On courut à travers le parc, on remarqua des traces, on retrouva les cadavres rigides et affreusement con-vulsés des chiens, puis le ballot ren-fermant les effets de la fausse gardienne dont Bobino avait si bien joué le rôle.

Plus de doute : les deux femmes s'étaient évadées à la faveur de la nuit, après avoir proprement ficelé monsieur le comte, dont les yeux portaient en outre des marques non équivoques d'une lutte pendant laquelleil n'avait pas'brillé.

Il connut tous ces détails un à un, au fur et à mesure que s'opéraient les recherches.

Il ne chercha pas à s'illusionner et comprit aussitôt l'étendue du désastre.

Il soupira : •—■ Germaine et Marquisette sont

d'accord... « Marquisette m'a roulé... elle n'est

pas folle. « Si elle possède encore les papiers de

Gaston, je suis perdu ! « Perdu !... soit !... Mais qu'ils pren-

nent garde, car je suis homme à les entraîner tous dans ma ruine.

il congédiait Liche-à-Mort avec une pincée de louis, son domestique de confiance lui apportait, sur un plateau, une lettre pressée, arrivée à l'instant par un commissionnaire.

Cette lettre était de Suzanne. Il frémit en reconnaissant l'écriture,

et poussa un épouvantable juron en lisant le papier d'où s'exhalait une suave odeir c e verveine.

Suzanne l'informait que, cédant aux instances de celui qu'elle aimait, elle quittait la maison paternelle.

Elle le suppliait de lui pardonner cette fugue et l'adjurait d'éviter le scandaie en consentant à une union désormais indispensable.

Il ne dit pas un mot, n'eut pas un de ces accès de violence qui lui étaient familiers.

Il serra les mâchoires, et ses yeux rougis, pleins de sang extravasé, eurent un atroce regard.

Le domestique venait d'apporter ensuite les lettres et les journaux, quand le timbre de la petite porte secrète vibra.

— Qu'y a-t-il encore ? demanda le

comte, en proie à une sorte de pressen-timent.

— Maître, c'est Laurent. — Fais entrer. Le concierge de l'immeuble à deux

issues, le confident du comte, le com-pagnon inséparable de Pierre le mutilé arrivait tout ému, lui aussi.

— Dis-moi ce qui t'amène, Laurent ? demanda Montdieu.

— Maître, Pierre est au plus bas. « Sûrement, le pauvre camarade va

passer. « Le médecin... le nôtre, dit qu'il n'a

pas trois heures à vivre... « Il voudrait vous voir avant de

mourir.. — Je viens en même temps que toi

Laurent. « Et Bamboche, qu'est-il devenu ? « Je ne l'ai pas revu depuis cette nuit

maudite où nous avons cambriolé l'hôtel de la rue Euler.

— Il est décavé... ruiné à plat... couché dans l'appartement que vous occupez sous le nom de Mon Oncle...

« Malade de noces avec des donzelles... abîmé de soulographie... sans le sou... il n'ose pas vous prier de le remonter.

— Je vais le f... à la porte à coups de pied !

« Il n'est propre à rien, qu'à nous mettre dans l'embarras...

« Je vais le renvoyer au ruisseau d'où je l'ai tiré.

« D'autre part, tout va mal, mon pauvre Laurent, et je crois bien qu'il va nous falloir faire peau neuve.

— Maître, comme il vous plaira. « Il y a encore en Italie des grottes,

des grands chemins, des Anglais million-naires... de belles filles et de bons com-pagnons.

— Oui, tu as raison... « Nous devrons nous faire oublier. « Mais auparavant, il y aura une

exécution en grand, sans merci, de toute la bande.

« Tu entends... Bérésoff !... Germaine! Le barbouilleur Vendol... Bobino... et jusqu'à ma soi-disant fille... Suzanne !...; Il faut que tous disparaissent, ou nous sommes fichus !

« Allons voir ce pauvre Pierre ! Ils sortirent de l'hôtel, montèrent en

voiture et arrivèrent promptement rue Joubert.

Montdieu grimpa lestement au troi-sième pour laver la tête à Bamboche et lui donner son compte, avant d'assister à l'agonie du misérable qui connaissait tous les secrets.de sa.vie de réprouvé!

Bamboche, la bouche pâteuse, l'air abruti, essayait de conjurer, avec du thé léger, un effroyable mal aux cheveux.

Le jeune gredin, soigné par la femme de Laurent, se pelotonnait paresseuse-ment dans son lit, trouvant le temps long, ne sachant comment se faire par-donner une série de maladresse dont il s'était, rendu coupable pendant ces der-niers temps.

Montdieu, quile traitait en élève favori, presque en enfant gâté, semblait, comme on vient de le voir, furieux contre lui, et faisait mine, dans l'état d'exaspé-ration où il se trouvait, de vouloir lui faire endosser le poids de sa mauvaise humeur.

Le comte entrait dans la chambre à coucher, après avoir traversé l'anti-chambre, la pièce ou Mon Oncle avait sa caisse et son bureau, et la salle à manger.

Bamboche, le voyant, voulut payer d'audace et tâcher de l'apaiser par une de ces fariboles qui parfois le déri-daient.

Sa plaisanterie fit long feu d'une façon lamentable.

Le comte l'interrompit de sa voix cassante des mauvais jours :

—■ Assez ! tu me coûtes plus que tu ne me rapportes, et je ne sais ce qui me retient de te laisser retomber dans cette crotte d'où je t'ai tiré.

— Patron !... vous ne ferez pas ça...

(La suite au prochain numéro.)

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<Grx»ancl roman de Passion

PAR i-;E S MARY

DEUXIEME PARTIE

Par les grandes routes

x

Chariot et Bertine ouvrent les yeux. Ils sortent enfin du sommeil léthar-

gique qui les conduisait droit à la mort. Mais leur intelligence n'est pas revenue. Ils ne savent pas ce qui s'est passé.

Ils ne comprennent rien. Ils ne se rendent pas compte.

Ils entendent qu'onparle auprès d'eux. Ils ne sont plus seuls. Qui est là? Leurs yeux ne distinguent pas encore. Et des voix arrivent à Chariot comme déjà entendues quelque part. On* les soigne. Dans leur gorge tombent des gouttes d'un liquide enflammé qui semble dis-soudre les glaces qui les entourent. De Feau-de-vie !... Et c'est bien, en effet, la vie qui recommence à circuler dans leurs veines !...

Et ils reprennent, enfin, leur connai-ssance tout entière.

Chariot se redresse, Bertine se soulève. Auprès, deux êtres sont là qui atten-

dent. Et un chien, couché dans la neige, lèchè

son moignon sanglant. Le chien, c'est Papillon. Ils le recon-

naissent tout de suite. Mais les deux êtres, Bertine les considère avec surprise. La nuit est toujours obscure. Elle ne les a jamais vus, voilà ce qu'elle se dit.

Quand à Chariot, il ne sait s'il doit se réjouir ou trembler, et même, tout à la fois, il éprouve deux sentiments de joie et d'épouvante car, penchés sur eux, ce sont les visages de Borouille et de Criquet qui guettent leur retour à la vie.

Borouille et Criquet qui ne se sont pas quittés ! Ils vagabondaient dans le pays depuis quelques jours. Et traversant la forêt de Trélon, ils ont entendu les hurlements de Papillon, et ils ontsauvé Bertine et Chariot.

Et Borouille, goguenard, les mains dans les poches, les contemple, et il plaisante Chariot.

— Eh bien ! mon vieux frère, il était temps, hein ! Sans nous, vous alliez tous les deux casser votre pipe, mes amours. Ça t'apprendra, toi, Chariot à te tirer des pieds quand tu te trouves dans la compagnie d'hommes du monde ! Tu manques 4e savoir-vivre, mon garçon. Il faudra que je t'éduque...

Criquet soigne son ami retrouvé qu'il embrasse.

Bientôt les deux enfants sont sur pied.

t Borouille prend Bertine par les bras, l'enlève comme une plume et l'embrasse sur les deux joues :

— Tout pour ces dames ! Ces deux baisers, qui font rougir Ber-

tine, tombent sur le cœur de Chariot comme deux charbons embrasés.

— Borouille ! dit-il. — Eh bien, quoi? fait l'autre. Hon-

neur au sexe !... Et maintenant, en avant, ivous pouvez marcher. On gèle ici...

Et il avala une forte gorgée d'alcool. Ainsi, Chariot était retombé entre

es mains de Borouille. Il avait retrouvé riquet, cela était vrai. Comment Cri-uet avait-il pu s'accommoder de la sociél é 6 ce bandit, après, surtout, avoir ,^été verti? Voilà ce que Chariot se deman-ait.

- Avant de partir, dit-il, j'ai quelque ûose à faire. — Quoi? Chariot appela Papillon, l'embrassa ;

ujs, ayant déchiré son mouchoir, il lui ,ejia la patte tant bien que mal, la conso-lant de son mieux.

Papillon se laissa soigner ; il avait de petits cris d'enfant.

— Je ne veux pas de ce chien-là avec nous, dit Borouille.

Chariot se redressa. — Papillon est un ami. Je l'adopte. — Je m'y refuse.

pas trouvé ma lettre dans ta poche... — Si. Mais pourquoi quitter Borouille!

Il est très rigolo, tu verras bientôt. Et plein de ressources... Nous ne manquons de rien. Nous couchons dans des lits. Nous mangeons à notre faim. Nous nous re-posons aussi souvent que nous voulons.

r ■il

4 x

. m :

, i

O LE SECRET DE GERMAINE. — « Qu'y a-t-il encore? demanda le comte, o

— Eh bien, va de ton côté. Moi, j'irai du mien... Et Criquet choisira s'il pré-fère me suivre ou t'accompagner.

Borouille grommela : — Emmène-le, ton chien... Je saurai

bien nous en débarrasser s'il nous gêne. Et les enfants repartirent. La route

n'était pas à plus de cent mètres des broussailles où Bertine et Chariot avaient failli trouver la mort.

L'aube étendait au loin son voile de brumes grisâtres sur le paysage de neige, quand ils atteignirent la bordure de laforêt.

Ils étaient harassés. Ils s'arrêtèrent au hameau de Féron

et demandèrent l'hospitalité dans une auberge. Les vagabonds ne sont pas rares dans les pays sur la frontière. Beau-coup d'ouvriers sans travail parcourent sans cesse la contrée, jeunes ou vieux. L'auberge leur fut ouverte. Du reste, Borouille et Criquet ne mendiaient plus. Borouille payait les dépenses et Criquet, béatement, se laissait vivre.

Mais Chariot ne voulait pas laisser son ami dans la compagnie de Borouille. Aussitôt qu'ils furent seuls :

— Criquet, lui dit-il, tu n'as- donc

Nous nous la coulons douce, va, Chariot ■ Le petit restait sombre. —• Je les connais, les ressources de

Borouille... T'es-tu jamais demandé comment il se le procurait, cet argent?

— Je le sais bien... nous travaillons... — A quoi? dit Chariot surpris. — Nous avons donné des représen-

tations dans les villages. Nous faisons annoncer notre arrivée par le tambour, nous louons une gran-ge. Borouille em-prunte des poids. Tu sais comme il est fort. Il jongle avec.

— Et toi, pendant ce temps-là? — Je raconte des bêtises aux specta-

teurs: — Et ça vous rapporte? — Jusqu'à des trente et quarante

sous de bénéfice par soirée. — Combien avez-vous donné de ces

soirées depuis que je vous ai quittés, dans les environs de Mantes?

— Trois. — Ça fait six francs. E t tout à l'heure,

dans le porte-monnaie de Borouille, j'ai vu des pièces d'or.

— Tu sais qu'il a trouvé une bourse à Mantes...

— Écoute, Criquet, dit gravement Chariot, je vais te confier un soupçon qui m'est venu. Quand nous étions couchés à la belle étoile, dans un fossé près de la Seine, à Mantes, on a assassiné un jardinier pas très loin de l'endroit où ptous nous trouvions...

— L'aubergiste nous en a parlé... Et je me rappelle que Borouille s'est indigné en lisant le crime dans le Petit Maniais. Il a dit que le meurtrier méritait la guillotine.

■— Eh bien ! le meurtrier, je suis sûr que c'est Borouille.

— Borouille ! Et Criquet devint pâle. Et terrifié il

regardait son ami. En deux mots, celui-ci lui expliqua

sur quoi reposaient ses soupçons. Et il allait continuer, quand tout à coup Criquet, qui s'était remis, éclata de rire.

— C'est très amusant, Chariot, ce que tu racontes là. Par bonheur pour Bo-rouille, ce n'est pas la vérité...

— Qu'est-ce qui te le prouve? — C'est que le vrai meurtrier du jar-

dinier de Mantes est arrêté. — Arrêté? Tu es sûr?... dit Chariot

au comble de la surprise. — Je te montrerai un journal où c'est

écrit. Borouille l'a gardé. Et même, — à ce que Borouille m'a dit il y a deux ou trois jours, — il paraît que le meur-trier aurait fait des aveux !

Chariot resta silencieux. Comment avait-il pu se tromper pareillement?. Malgré tout, il était heureux ! Il était soulagé. Borouille n'était pas un assas-sin ! Il était bien forcé de le croire... Pas un doute ne lui venait, puisque le meur-trier était sous les verrous, puisqu'il avait fait des aveux ! !

Il se mit à rire, lui aussi. — Oh ! mon pauvre Criquet ! que je

suis content !... dit-il. . — Et alors, tu vois, tu peux rester en

notre compagnie. — Oui, je resterai... provisoirement ;

mais il faudra tâcher de savoir d'où lui vient son or, à Borouille.

Ils se reposèrent au hameau de Féron. Bertine et Chariot avaient été trop rude-ment éprouvés pour pouvoir se re-mettre aussitôt en voyage. Bertine eut même de la fièvre et Chariot ne quitta pas son lit. A plusieurs reprises, Bo-rouille vint le trouver et causer avec lui, gaiement.

Il cessait parfois de parler et regardait Bertine étrangement.

—• Elle est rudement chouette, ta largue ! dit-il, une fois.

Chariot sentit une gêne... une inquié-tude au cœur.

Puis, comme Borouille parut ne plus faire attention à la jeune fille, il se tran-quillisa.

Les enfants ne sortaient presque pas de l'auberge. Criquet et Borouille passant leur temps à faire d'interminables parties de cartes, en fumant la pipe.

Chariot, lui, ne quittait pas Bertine. La mort de Jennekin avait fait grand

bruit dans le pays. On la racontait ■ diversement, et, comme toujours, on grossissait beaucoup les choses.

Quant à Papillon, il ne quittait pas la chambre de Bertine. Chariot lui lavait sa blessure et le pansait.

Quand les deux enfants furent com-plètement remis, Borouille annonça que l'on ne pouvait rester plus longtemps dans le pays.

— Il n'y arien à fricoter ici, dit-il. Et le départ fut résolu pour le lende-

main. Chariot sentait un remords dans son

âme, inspiré par les soupçons qu'il avait eus sur Borouille. Et, dans son innocente

, simplicité, il résolut, ce même jour, et \ avant de se remettre en route, de s'en

expliquer avec lui. Borouille l'écouta sans mot dire, avec

un regard en dessous.

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r A la fin, il voulut bien répondre, mais sans donner d'explications, se conten-tant de dire :

— Moi, scionner un pante? J'ai pas froid aux châsses, c'est vrai, mais je veux pas me faire, remoucher et- monter à la butte. Je suis pour la rigolade.

Et, montrant ses mains de jeune athlète :

— Avec ces salsifis-là, on gagne ce qu'on veut !

Chariot le crut. Le soir, pendant le dîner, Borouille

revint sur cette conversation, à mots dé-tournés. Il était gai et plein d'entrain.

— C'est rigolo tout de même, disait-il, que tu aies cru que je pouvais scionner, moi qui prépare un projet de réforme sur la magistrature !

Et, avec gravité, tirant un calepin de sa poche, il se mit à lire :

« Citoyen lecteur, cherchons ensemble » les réformes qu'il y a à faire dans notre « magistrature et notre justice (1), car » tu n'ignores pas que la police agit très » mal. Elle ne juge pas l'accusé selon son » cœur. Elle ne s'occupe pas de savoir s'il » peut se repentir... Elle condamne, car » il lui faut toujours remplir les prisons...

— C'est ma préface, ça, mes amincb.es. Qu'est-ce que vous avez à dégoiser là-dessus? dit-il avec orgueil.

Les petits écoutaient curieusement. Chariot et Bertine ne comprenaient pas très bien, mais ils étaient un peu sur-pris et émus de découvrir en leur compa-gnon de route une si haute intelligence s'attaquant à de si redoutables pro-blèmes.

Quant à Criquet, il triomphait du succès de Borouille, autant que si ce succès avait été son ouvrage.

Il souriait à Chariot, et son sourire

disait : — Hein? Est-il chouette? Il va leur

en tailler des croupières ! Borouille reprenait sa lecture : « Chapitre premier. La lâcheté de la

» magistrature et les crimes de la justice. » Sur un simple soupçon, la police » t'arrête, ami lecteur ; elle met sa main » dégoûtante sur toi et te traîne au » violon. Là, on te dresse un p^rocès-» verbal. Si tu résistes, ils se mVtent » dix contre toi. Et, après t'avoir roué de » coups, on te conduit au quart-d'œil... » La police souille notre jeunesse martyre. » Recule, police, recule, femme boueuse >. et perfide.... Recule, vipère, ou je » t'écrase ! »

Hein? fit Criquet, c'est rudement

tapé !... — Mais, fit naïvement Chariot, il y a

des personnes qui n'ont jamais à se plaindre de la justice...

— Qui ça? fit Borouille, méprisant. — Celles qui sont honnêtes !... Borouille ne daigna pas répondre.

Criquet, intérieurement, réfléchit tou-tefois que Chariot, en somme, n'avait pas tort, et que le meilleur moyen de ne point se trouver en rapport avec « la police, femme boueuse et perfide », c'était de se conduire en brave homme.

Borouille continuait, prenant un ton emphatique :

« Il y a des citoyens qui fréquentent » la même race de monde, cette race «austère de magistrats dont nous par-lions tout à l'heure. Ceux-là sont les » avocats défenseurs. Ils portent la » robe noire au lieu de la robe rouge. » Peuple, tu dois les honorer. Que de » têtes sauvées par leurs débats !... Que » d'années de prison épargnées ! Ce sont » les seuls qui comprennent la situa tion » du monde!... Transportons-les sur les » chars de la victoire ! Nous fêterons leurs » noms glorieux ! Peuple, accumule des » couronnes à leur mémoire. »

Il referma son carnet et le glissa dans sa poche.

— Ce n'est pas terminé, dit-il. J'y travaille souvent, quand je suis tran-quille, à tête reposée.

— Et tu le publieras? fit Chariot... Ce sera imprimé?

— Certainement, dit Borouille avec suffisance.

;— Et tu mettras ton nom? ■— Je ne crois pas... Je signerai autre-

ment, parce que je suis modeste et que je veux le bien de tout le monde sans qu'on sache que ça vienne de moi.

— Comment signeras-tu? — Robespierre jeune 1 (2)

(1) Nous copions textuellement dans la Gazelle des Tribunaux.

(2) Textuel.

Au moment de se quitter pour rentrer séparément dans leurs chambres, Bo-rouille prit Bertine par la taille, l'enleva de terre et la serrant contre sa poitrine lui appliqua un baiser sur la bouche.

■-— Bonsoir, la petite mère, t'es rien gironde, tu sais... et t'a des mirettes qui vous retournent les sangs... Nous re-causerons !...

Chariot n'avait pas eu le temps de s'opposer à cette brutale agression. Il était aussi pâle que la jeune fille qui, machinalement,^ d'instinct, s'essuyait la bouche, dégoûtée, ayant unhaut-le-cœur, et s'approchait de Chariot pour chercher protection.

— Borouille, dit Chariot d'une voix que la colère étouffait, ce n'est pas bien, ce que tu as fait là... tu m'entends?

— De quoi? De quoi? Vous n'êtes pas mariés ensemble.

— Non, nous sommes trop jeunes, mais ça viendra plus tard...

— Eh bien, plus tard on verra... Quant à maintenant...

Et il fit deux pas vers Berline. Chariot se mit entre elle et lui. — Pour ce qui est de maintenant,

je te défends de la toucher seulement du bout de ton petit doigt.

— Tu me défends ! dit Borouille, haussant les épaules.

■— Oui. Tu disais tout à l'heure que tu n'as pas froid aux châsses, eh bien, moi non plus, tu sais... Et pour me faire bien comprendre de toi, je te dirai que je ne suis ni un pègre, ni un surineur, mais que pour défendre Bertine, je te linguerais comme un mouton !...

Et tirant de sa poche un long couteau à virole, acheté en un de ses voyages en Belgique avec Jennekin, il l'ouvrit, le montra :

■— Voilà mon lingue... approche ! L'autre ne bougea pas. Il n'était pas

armé. Il recula jusqu'à sa chambre, s'arrêta devant la porte et dit, en en-trant :

— C'est égal, nous recauserons... Le lendemain matin, le temps était

plus doux. Il dégelait. Le soleil luisait. Borouille régla leur compte à l'auberge et l'on partit, avec Papillon qui sem-blait plus guilleret.

— Où nous conduis-tu? demanda Chariot.

—■ Au hasard. Je cherche un bon coup à faire.

Toujours le fameux coup, dont il parlait si souvent quand ils s'étaient enfuis de la colonie agricole de La Motte-Beuvron. Qu'est-ce qu'il voulait dire par là? Chariot était repris de frayeur. Quant à Criquet, il ne s'en inquiétait nullement et se laissait vivre.

Le long de la route qui les menait de l'extrémité du département du Nord aux lirnites des départements de l'Aisne et des Ardennes, Borouille leur dit :

— Les fonds commencent à baisser. Il va falloir donner des représentations dans les villages. Vous m'aiderez ou je vous plaque là.

— Nous t'aiderons, dit Chariot. Mais je ne sais pas trop ce que nous pourrons faire.

— Je t'apprendrai à jongler avec des boules. Tu dois être adroit?

— Très adroit. — Eh bien, ça te sera facile. En

travaillant, tu arriveras même assez vite à jongler avec des couteaux.

— Et Bertine? — Bertine nous fera la cuisine. — Et Criquet? ■— Criquet connaît son affaire. C'est

lui qui fait le pitre. Tu l'aideras dans les premiers temps. Il reçoit très bien les coups de pied et à chaque fois il a une façon de dire : « Pan ! dans les contre-vents ! » qui fait pâmer de rire tout le monde. Tu verras. Et plus tard, Papillon aussi nous sera utile...

Ils s'arrêtèrent à Saint-Michel, un petit village des Ardennes, dans les environs de Rocroi. Ils louèrent une grange. Le tambour du village annonça une repré-sentation extraordinaire. Borouille acheta des chandelles, balaya la grange. On attendit. Mais il faisait mauvais temps. Les paysans ne se dérangèrent pas. A peine quelques gamins. La recette fut maigre : douze sous.

Le lendemain matin, les comptes de l'auberge réglés, Borouille réunit la petite troupe :

— Va falloir turbiner dur, les amin-ches, si nous ne voulons pas nous serrer le ceinturon.

— Mais, dit Chariot, si au lieu de vagabonder, nous demandions de- l'ou-

vrage dans les tréfileries, les forges, les fonderies, que nous rencontrons tout le long du chemin?...

-r- Personne ne voudrait de nous. D'abord parce que nous ne pourrons jamais avouer d'où nous sortons... En-suite, parce que nous n'avons pas de livret... Essayez et vous verrez.

Ils ne pouvaient rester plus long-temps à Saint-Michel, et ils partirent, dès le matin, dans la direction de Rocroi, traversant une contrée rude, déserte, couverte presque partout de bois impé-nétrables. Il fallut mendier, ce jour-là, pour vivre. Sur le plateau de Rocroi, Chariot entra dans quelques usines pour demander de l'ouvrage. Mais, ainsi que Borouille l'en avait prévenu, la première question qui lui fut posée fut celle-ci :

— Où avez-vous travaillé? D'où sor-tez-vous? Montrez-nous vos papiers?...

Et comme Chariot ne pouvait répondre à ces questions, on le renvoyait. Borouille l'accueillait triomphant.

— Tu vois, on ne travaille pas comme on veut... Et pourtant, il faut vivre... Nous ne pouvons pas passer notre vie à mendier... c'est humiliant. Pour sûr, il n'y a qu'un bon coup qui nous sortirait d'embarras.

Cependant, comme ils cheminaient à travers les montagnes, ils furent em-ployés le lendemain, par des paysans, à extraire de la tourbe. Dur métier, qui eut vite fatigué Bertine et Criquet. Borouille et Chariot, seuls, résistèrent. > Ils gagnaient par jour une vingtaine de sous chacun.

Cela leur suffisait à tous les quatre. Le paysan les faisait coucher dans un fournil derrière sa maison. Celle-ci était isolée dans la montagne, à cinq ou six kilomètres de tout village.

Au bout de huit jours, Borouille déclara qu'il en avait assez. Il ne re-muerait plus cette boue puante. Il n'était pas né pour un travail aussi dégradant. Chariot pouvait continuer. Il ne l'en em-pêcherait pas. Lui, pendant ce temps-là, se mettrait à rechercher, aux environs, quelque bon coup de fortune qui les remettrait à flot.

Et en effet, pendant les jours suivants, il disparut dès le matin et ne reparut que le soir.

Il parcourait la montagne, examinait le pays, rôdait autour des fermes, des villages, des maisons isolées, des châ-teaux.

Un soir, le paysan qui les occupait depuis quelques jours leur déclara qu'il n'avait plus besoin de leurs services.

Il les paya. C'était la dernière nuit qu'ils allaient

passer dans le fournil. Chariot et Bertine étaient bien tristes.

Leur belle confiance des premiers jours avait disparu. Et ils se demandaient comment ils feraient pour vivre s'ils continuaient de rencontrer les mêmes obstacles, partout les mêmes refus. Per-sonne n'avait voulu mettre à profit leur bonne volonté ! Personne n'avait voulu croire en leur honnêteté. Ce tourbier, qui les avait un instant accueillis, était aussi misérable qu'eux-mêmes.

Quand Borouille, à son retour d'une nouvelle excursion, apprit qu'on les renvoyait, il se mit à rire.

— Ce n'est pas la peine d'être honnêtes, vous voyez bien... On crève de faim.. Personne ne veut de vous !... Tandis que si nous étions riches, nous trouve-rions des amis en veux-tu en voilà... Avec un peu d'argent, on en gagne beau-coup... Et alors, si on grinche d'abord, on peut restituer plus tard, si le cœur vous en dit... De cette façon-là, pour ceux qui ont la conscience délicate, il n'y a pas eu grinche. Il n'y a eu qu'un emprunt, n'est-ce pas, Criquet?

— C'est vrai, ça. Si on restitue, ce n'est plus un vol. Hein, Chariot? Ce n'est pas ton avis?

Chariot était sombre. De mauvaises idées germaient dans sa tête, avec la colère de ne pas réussir, d'être repoussé de partout ainsi que Bertine. Est-ce que vraiment il aurait raison, ce Borouille? Pourquoi le malheur s'acharnait-il sur lui? Pourquoi, pour lui, pour lui seul,, les sinistres souvenirs de la Berlaude chez laquelle il avait tant souffert? Pour-quoi la trop dure vie, chez le pêcheur Michel Zegger, à Rosendaël ? Pourquoi sa mauvaise chance l'avait-elle pour- i suivi chez le fermier Poncelet, à la | Gorgue? Pourquoi le chaufournier Marie- \ Claude s'était-il montré si impitoyable? : Pourquoi Mabillot, le terrible contre- I maître, l'avait-il pris en haine? Et pour-

quoi M. Linard, le directeur de l'agence l'avait-il fait envoyer à la colonie de La Motte, alors qu'il venait de sauven sa petite amie Bertine d'un abominable supplice? Pourquoi le sombre drame de la forêt de Trélon? Pourquoi tant de tristesses ?

Et Bertine? Elle avait été plus malheureuse encore

si cela était possible. Tous les noms restés dans sa mémoire marquaient pouf elle comme autant d'étapes de son infor. tune : Pascal, le fermier de la Rigolle chez lequel elle avait été battue par ̂ enfants ; Riquelet, le tisseur de Lan-clrecies, qui la laissait presque mourir de faim ; Placide, à Saint-Remy, Placide et son terrible avorton ; Mabillot ! !

Et pourtant, ils étaient innocents touj les deux. Ils n'avaient rien fait pour nié. riter tant de malheurs, ils n'avaient eu qu'un tort, celui de naître, et, tout de suite, comme si avant leur naissance i| y avait eu quelque part une réserve cl in, justices à répandre sur la terre, il$| avaient été malheureux.

Oui, c'était vraiment injuste, et ils sei disaient que s'ils se révoltaient, à la fin ' on n'aurait pas le droit de leur en un reproche.

Ils ne demandaient qu'à reste! honnêtes, mais si personne ne les aidailjf S'ils tombaient? S'ils se laissaient traîner par l'influence mystérieuse elf réelle que Borouille commençait à exeif cer sur eux? Par l'exemple de Criquet,c déjà semblait, lui, tout disposé à suivp| les conseils de Borouille? Redoutai)! problème qui s'agitait dans la tête d Chariot.

Criquet répéta sa question : — Ce n'est pas ton avis, Chariot ? J Chariot, cependant, se ressaisit un peu — Mon avis, dit-il, c'est que si \\

veut restituer le produit de son vol, | vaut bien mieux ne pas voler...

— Et toi, Bertine, qu'est-ce que t| penses?

— Moi, je pense toujours commi Chariot, lit-elle.

— Et vous avez tous les deux jolir raison, dit Borouille. J'aimerais mien! ne pas voler, s'il fallait restituer.

Et pour ne pas effrayer Chariot, il si] hâta d'ajouter :

— Si j'étais pègre... Mais voilà, je suii comme toi, Chariot. J'ai le tort d'étU honnête... J'ai l'honnêteté dans le moi... On ne se refait pas...

Il resta silencieux pendant quelqu(| instants. Puis, tout à coup, il reprit bas :

— Et pour sûr que je le suis honnêti car si je ne l'étais pas, je connais imbra coup à faire, qui nous tirerait vite 1 notre embarras et nxis rendrait riches!

Chariot comprit l'allusion : —■ Je ne suis pas un voleur. Garde t|

idées pour toi... —- C'est dommage... un coup à faire!

des mille et des mille peut-être à gagner! sans rien craindre... N'y aurait qu'à| baisser, pour prendre avec la main.

Puis il se tut avec un regard sourno| vers Chariot.

Ils reprirent leur vie vagabonde! travers les Ardennes. Toutes les tentj tives de Bertine et de Chariot pof trouver du travail restaient infruct ses. Ils eussent tout accepté», pourtatl les besognes les plus rudes et les p| répugnantes.

— Vos papiers? D'où sortez-vo Depuis combien de temps êtes-vol sans ouvrage?

Alors ils baissaient la tête silencij sèment, trop he ireux encore, les pauvij petits, lorsqu'il ; n'étaient pas. mena» de la gendarmerie. L

Le printemps approchait, et déj| certains jours, de chaudes brises couraient la campagne, comme , donner aux bourgeons le signal d'éclot à tous les oiseau c le signal de chant* à tous les êtres de la nature entière! signal de s'aimer.

Papillon était à peu près guéri. Ils continuaient de mendier ; W

ainsi qu'ils parcoururent les Arden» montagneuses, repassèrent un inswl dans le Nord, firent un coin de l'AflJ et reparurent dans les Ardennes.

Ils traînaient misérablement m guenilles usées ; Borouille seul con» vait sa gaieté et sa confiance.

Il semblait surveiller Bertine et GM lot d'un regard jaloux. Cependant n'avait rien tenté contre la jeune»1

Il évitait même de lui adresser la parîi

La suite au prochain nuwèf^

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\Les Faits-Dioers de la Semaine

(Suite).

LE LUTTEUR OBLIGEANT. — En voulant arrêter un

Èpacte à la porte d'un débit, un inspecteur de police fut ntouré pi i bande de rôdeurs et roué de coups. Il allait

"ccomber quand survint un ancien lutteur. En une seconde Es rôdeurs roulèrent sur le trottoir et le lutteur empoigna i-même le bandit que l'inspecteur voulait arrêter.

PARIS.

|GAMIN ENSEVELI. — Rue du Transvaal, un enfant j 13 ans passait dans un terrain vague, clos par un mur i ruines. U commit l'imprudence de retirer quelques pierres i mur branlant qui s'effondra sur lui. On accourut auprès

pauvre enfant; il avait les deux jambes brisées. PARIS.

i —..i -,.i.lln.^VY.'.<iW.-\i.;gmi SUICIDE TRAGIQUE. — Snr le pont des Arts, un grand illard chauve stationnait chaque jour, appuyé sur ses luilles, et vendant des fleurs. Lassé de sa triste existence, muvre vieux lâcha l'autre jour ses béquilles, se pencha le parapet et se laissa tomber dans le fleuve ; on ne put le ver. PARIS.

ETOUFFEE PAR UNE DRAGEE

Jne petite fille de quatre ans s'amusait, domicile de ces parents, à avaler des

âgées en se les lançant dans la bouche. Mais de ces bonbons ayant glissé dans la

chée-artère pénétra dans la bronche gauche, terminant l'étoufîement de l'enfant. Trans-itée immédiatement à l'hôpital, où l'opé-ion de la trachéotomie fut pratiquée, l'en-t expira dans les bras du chirurgien et de ses ents.:

PLUS DE CAMOUFLAGE

vient d'afficher dans les bureaux du l'ice de la Sûreté l'ordre du jour n° 274. Il est signé de M. Xavier Guichard en per-ttie. C'est un document considérable. Il pque l'ouverture d'une ère nouvelle dans ■itte. de la société contre l'armée du crime :

(lu camouflage ultra simplifié. Les inspecteurs doivent venir au service

[s une tenue convenable... ne pas avoir de \talon de velours ni de « salopette »... Par

ils doivent avoir à leur disposition, au Vce, une casquette et un foulard, QUI SONT T'ISAXTS POUR LES RENDRE MÉCONNAIS-LES.

UN MARIAGE COMIQUE

matin de cette semaine, un nombreux ras-cément se formait en face de l'hôtel de ville 'oubaix, au passage d'un cortège nuptial, l'un des membres avait un accoutrement

favalesque. Le père du marié, un* ouvrier d'Halluin, était coiffé d'un grand chapeau

mine, orné en son centre d'un gros oignon, lui descendaient des rubans dans le dos.

col énorme, une jaquette de drap noir et Pantalon blanc avec des bottes complé-it ce déguisement, qui excita la curiosité foule, et déchaîna les lazzi et les brocards gavroches. lus le vestibule de l'hôtel de ville, cet indi-

UN DIVORCE ORIGINAL

Au tournant d'une allée du parc, une fine silhouette apparut, moulée dans une robe clar e qui dessinait des contours harmonieux De la terrasse du Casino, les regards fusèrent vers ce pastel vivant auquel la verdure formait un cadre délicieux.

La jeune femme se retourna, souple et menue, révélant, sous un chapeau fanfreluché. un minois rose et doux où les veux semblaient deux larges gouttes d'azur transparent. _ Un geste coquet la rapprocha d'un homme jeune et élégant qui paraissait l'accompagner ; sa petite main s'appuya sur un bras tendu vers elle, et le couple s'éloigna.

— Tiens, fit quelqu'un à une table où trois snobs suçaient gravement une paille dans un liquide opalin, on dirait pourtant bien l'exquise Mme Verdeil...

— Lucie, la petite Lulu, comme l'appe-laient les intimes... Elle-même... il n'y a pas deux yeux comme les siens !

— Mais, fit le troisième, elle est avec son mari?

— Parfaitement. — Le divorce a pourtant été prononcé? — Il y a au moins un an ! — Et les revoilà ensemble. Ils s'aimaient

tant, d'ailleurs 1 Parole, c'était presque tou-chant...

— Mais, rasoir I — Je n'ai jamais compris ce divorce... — « C'était pas la peine, c'était pas la

peine... », fredonna en fausset un des suceurs de paille.

■— Mais si, c'était la peine ! — Comment? — Vous connaissez donc l'histoire? — Un peu... —: Racontez, racontez I — Vous promettez d'être discret? — C'est juré ! — Sur les cendres de mon épagneul I — Sur celles de mon prochain londrès. — Dans ces conditions, rien ne m'empêche

plus de parler. Oyez donc. « Vous rappeliez tout à l'heure avec un

rare bonheur d'expression le gentil petit ménage que faisaient Verdeil et Lulu, une exception mondaine, une oasis dans le Sahara matri-monial.

— Une oasis fermée aux caravanes I — Excessivement fermée. Donc nos gens

s'aimaient, paraissaient heureux — sans avoir encore beaucoup d'enfants, comme dans les conte des fés, puisqu'ils n'en ont jamais eu. Mais pas de parents grincheux, pas de belle-mère. Orpheline, Lulu ne possédait qu'un vieil oncle qui, après l'avoir dotée, s'était ruiné lui-même dans de mauvaises spéculations et avait fini dans cet état voisin de la gêne que je ne craindrai pas d'appeler la misère...

Le narrateur, à court de salive, suça un instant sa paille et reprit :

— Un jour, notre ami Bourdol, qui commence à se faire un nom au barreau, car ïl est intel-ligent et bûcheur — il faut bien lui rendre justice une fois en passant — fut tout surpris de voir arriver à son cabinet Mme Verdeil qui venait le consulter.

— Pour divorcer? — Précisément. De sa jolie petite voix nette

et décidée, elle exposa à' Bourdol qu'elle entendait rompre les liens conjugaux qui l'unissaient à Verdeil.

Stupeur du bon avocat, qui connaissait le ménage :

« — Mais, madame, ce n'est pas sérieux? « — Très sérieux. « — Vous plaisantez ! « — Je veux divorcer I « — Enfin pourquoi? « — Parce qu'il ne me plaît plus de vivre

avec mon mari 1 « — Et puis. « •— C'est tout. « — Mais le motif ne paraîtra pas suffisant

aux yeux des juges.

« — Les juges ont des yeux pour ne rien voir ?... Pas suffisant ! Qu'est-ce qu 11 leur faut donc?

« — Dame des injures... des sévices... « — Des sévices? Qu'est-ce que c'est queça?

le m'en procurerai ! « — Par exemple, si votre mari vous avait

frappée. Vous a-t-il battue? « ■—Non... peut-être... oui... quelquefois... « — Allons donc ! « — Puisque je vous l'affirme ! On doit me

croire ! « — Votre parole me suffit à moi, madame,

mais, devant le tribunal, il faut des preuves, des témoins...

« — J'en aurai ! » Et, en effet, quinze jours après, la petite

Lulu, toujours sémillante, et toujours disposée à divorcer, revenait trouver notre ami Bourdol.

Cette fois elle produisait des témoins. Une scène avait eu lieu entre elle et son

mari, pour un motif futile : un chapeau jugé extravagant. Et pourtant, ce brave Verdeil ne s'est jamais montré méticuleux sur le chapitre toilette... La dispute ayant éclaté au moment où le couple allait se rendre au théâtre avec des amis, ceux-ci avaient assisté aux giroflées... Verdeil avait oublié, le rustre, qu'on ne doit pas battre sa femme, — même avec une fleur...

— Celle que tu nous sers est-elle de rhéto-rique? fit niaisement un des snobs.

— Mettons, si vous voulez, que Lulu reçut des gifles. C'est du moins ce qu'elle prétendit et ce qUe les témoins certifièrent. Verdeil ne chercha pas à nier. La procédure eut donc lieu et le divorce prononcé aux torts du mari, mais à la satisfaction des deux parties. "

Le narrateur se tut, et, ménageant son effet, acheva lentement de sucer le liquide qui chauffait dans le fond de son verre.

Comme il ne se pressait pas de reprendre la parole :

— La suite ! demanda laconiquement un des interlocuteurs.

— La suite? Eh bien, vous venez de la voir : Verdeil va se remarier avec sa femme.

— Conclusion bien intéressante I... Mais la raison de cette comédie?

— Cqmédie est le mot... Ahn's> c'est le fin du fin, que vous voulez savoir? Eh bien, voilà. La clé de l'énigme, un des fameux témoins de la scène l'a donnée bénévolement à Bourdol, — après le jugement.

Comme vous le savez, Lucile avait été dotée par son oncle. Mais cet oncle, spéculateur lui-même, se méfiait plus que quiconque des spécu-lateurs 1 Il avait bien raison. Or, ce boursico-tier de Verdeil, bien qu'il occupât une belle situation dans la coulisse, lui donnait des inquiétudes. Il ne voulait pas que la dot de sa nièce fut perdue. En conséquence, au mariage de Lucile, il fit à celle-ci, en contrat, une donation inaliénable et trois cent mille francs.

Verdeil ne pouvait pas toucher au capital. Les plus belles occasions de coups de Bourse

lui passaient devant le nez sans qu'il lui fût possible d'en profiter...

C'est alors que Lucile, qui adorait son mari, souffrait de le voir ainsi se désespérer, imagina ce dévouement sublime; le divorce.seul rom-pait le contrat et lui permettait de toucher la donation avunculaire. Elle divorça. Des témoins complaisants certifièrent exacte la scène des coups — qui n'avaient jamais été donnés. Vous savez le reste. Aujourd'hui, Verdeil à déjà doublé la dot de sa femme et ils vont se remarier.

— Et tout ça finira par un krach formi-dable qui les ruinera, comme l'oncle.

— Lulu pourra encore s'estimer heureuse, conclut philosophiquement un des snobs. Verdeil est un honnête homme. Il en est plus d'un qui ne se serait pas remarié après avoir touché la braise... Pourtant cette petite Lulu est si jolie...

MARCEL ROSNY.

vidu, qui avait voulu faire payer d'un scandale son consentement au mariage de son fils, avec qui il vit en mauvais termes, eut avec ce dernier une violente altercation, et des coups furent même échangés.

A la sortie du cortège, plusieurs centaines de personnes étaient massées sur la Grand'-Place et, pour soustraire le bouffon aux quoli-bets de la foule, on dut le jeter de force dans une voiture de place.

TRAGIQUES EFFETS DE LA FOUDRE

A Anthismes, près de Liège, deux femmes furent surprises en pleine campagne par un des violents orages qui surgirent soudainement depuis quelques jours. Elles se réfugièrent dans un bois de sapins. Soudain, un craquement, sec vint frapper l'arbre sous lequel elles s'étaient abritées et l'une d'elles, âgée de 45 ans, fut frappée par la foudre.

Quand son amie, qui était à côté d'elle et qui n'avait rien ressenti, voulut la secourir, elle s'aperçut avec horreur que le corps était complètement carbonisé. Il a fallu prendre de grandes précautions dans le transport du cadavre pour qu'il ne se brisât pas en mor-ceaux.

■ 9

Les Faits-Dioers de la Semaine

(Suite).

BRULÊ EN DORMANT. — Sans domicile, un carrossier s'était endormi sur un four à plâtre. Dans la nuit un ébou-lement se produisit et le malheureux demeura engagé

sous les pierres où il îut atrocement brûlé par les flammes.1

Au jour, on le découvrit et on le transporta à l'hôpital dans un état des plus alarmants. ARGENTEUIL.

CYCLISTE TUÉ. — Un jeune homme de 16 ans descen-dait à-bicyclette . la côte de Sarcelles. Soudain, il ne. fut plus maître de sa" machine. A toute allure, il alla se jeter dans une auto et passa sous les roues. Le malheureux expira peu après. ' VILLIERS-LE-BEL.

LA FOLIE. — Une jeune femme qui ne jouit pas de ses facultés mentales, s'amusait depuis quelques temps à cribler les enfants de projectiles. Elle avisa l'autre soir une fillette de 16 mois. Elle s'empàra aussitôt d'une ardoise et la jeta de toutes ses forces sur la tête de la pauvre enfant qui fut grièvement blessée. CHATOU.

dont vingt millions apportés enrdotpar.Mme Mag-gi, qui est la fille du"célèbre industriel du même nom.

DOUBLE SUICIDE DE MILLIONNAIRES

La population de Zurich a été mise en émoi par le double suicide dans cette ville de M. et Mme Maggi.

Comme l'heure du premier déjeuner était passée depuis longtemps et qu'ils n'enten-daient pas le moindre bruit chez leurs maî-tres, les domestiques pénétrèrent dans la chambre à coucher. Ils trouvèrent M. et Mme Maggi qui gisaient sans vie dans leur lit.

Une forte odeur de gaz remplissait la pièce. La porte de la salle de bains donnant sur la chambre à coucher était grande ouverte. Les robinets de la conduite de gaz n'avaient pas été fermés.

On crut que M. et Mme Maggi avaient pris un bain avant de se coucher et avaient oublié de refermer le robinet du gaz. Mais on re-marqua que les serrures des portes étaient bouchées au moyen de coton, pour empêcher le gaz de s'échapper hors de la chambre à coucher. La mort était donc voulue.

Les autorités, aussi bien que les parents, se refusent à tous renseignements ; aussi cette réserve provoque-t-elle de nombreux commen-taires. '

Les époux Maggi devaient posséder, à eux deux, trente ou quarante millions de fortune,

UN PROCES QUI A DURE 93 ANS

Depuis dix-sept ans, un différend existe entre le bureau de bienfaisance de Lille à propos d'un legs vieux de 269 ans, c'est-à-dire fait, en 1644. A cette date, un Lillois, nommé Fremeaux, avait légué à la ville plusieurs immeubles pour y loger des pauvres et de préférence ses descendants sans ressources. Ce legs représentait un capital de 11 000 francs dont les revenus devaient servir à l'entretien des immeubles légués. Le bureau de bienfai-sance fit reconstruire plusieurs immeubles qui tombaient en ruines. Il vendit même un de ces immeubles. Bref, un procès fut-intenté en 1820. Il vient de se terminer au profit des héritiers Fremeaux. La cour d'Amiens a donné gain de cause aux vingt protestataires descendants directs du testataire, dont les indigents seuls auront droit au logement gratuit. Ce procès a duré 93 ans.

MEMENTO DE LA COUR D'ASSISES UN ÉGORGEUR D'ENFANTS. — La cour

d'assises d'Alger a eu à juger le nommé Joseph Martinez, signalé comme le satyre d'Arzew, qui, le 28 août 1911, avait égorgé, un jeune garçon de douze ans, Jean Miranda, après l'avoir violé. Martinez avait'été, pour ce crime, con-damné à mort par la cour d'assises d'Oran, le 12 juilletl912 ; mais cet arrêt avait été cassé par la Cour de cassation, pour vice de forme, les trois médecins chargés d'examiner l'état mental de l'accusé ayant été choisis hors de sa présence et de celle de son défenseur. Les trois nouveaux médecins d'Alger, commis régulièrement, ont conclu,, comme les précédents, à l'entière responsabilité de Martinez.

La cour a prononcé de nouveau contre Martinez un arrêt le condamnant à'la peine capitale. L'exécution aura lieu' sur une place publique d'Arzew. '

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Les Faits-Dioers de la Semaine

(Suite).

DRAME DANS UN HOTEL. — Un drame s'est déroulé, dans un grand hôtel, dans les circonstances que voici :

Un soldat du 152e d'infanterie, en garnison à Gérar-mer, actuellement au camp du Valdahon, était venu en permission à Besançon, où il avait rendez-vous avec son amie âgée de 21 ans, arrivée de Paris par le premier train du matin.

Dans l'après-midi, la jeune femme descendait affolée au bureau de l'hôtel et déclarait que sou ami venait de se blesser grièvement.

Le gérant monta dans la chambre occupée par le couple et trouva le jeune soldat blessé de quatre balles de revolver.

Pressée de questions, la femme, qui semblait atterrée, avoua qu'elle avait tiré elle-même sur son amant.

La victime du drame est le fils d'un joaillier de Paris ; quant à la meurtrière, elle est originaire de Bordeaux.

BESANÇON.

GRAVE ACCIDENT. — A Rennelange, un bloc de minerai s'est subitement détaché de la voûte, dans une galerie de mines. Plusieurs ouvriers qui se trouvaient dans la galerie purent se sauver. Mais deux d'entre eux furent atteints ; l'on fut tup, l'autre est dans un état désespéré.

LONGWY.

UN SATÏRE. — Trois petites filles de Brevilliers étaient allées cueillir des fraises dans la forêt communale.

Un individu inconnu s'approcha d'elles, se jeta sur l'une, âgée de d ans, et la violenta.

Ses petites amies se sauvèrent en criant et donnèrent l'alarme au village.

Les hommes partirent de suite avec des fusils et des fourches pour faire une battue dans la forêt.

Leurs recherches restèrent vaines. La gendarmerie a été prévenue. Elle recherche l'individu. BREVILLIERS.

TOMBE D'UNE ECHELLE. — Chez un entrepreneur de déménagements, un journalier était monté sur une échelle, dans le grenier, lorsqu'il tomba et vint s'abattre dans une remise. Relevé, une cuisse cassée, le blessé fut trans-porté à l'hôpital. MÉZIÈRES.

ACCIDENT MORTEL. — En se rendant à son travail, un ouvrier traversait le passage à niveau. Complètement sourd, il mangeait tranquillement son pain sur la voie. Il n'entendit pas un train qui arrivait. Il îut frappé par la locomotive, renversé et déchiqueté. HARAUCOURT.

ACCIDENT MORTEL. — Un cultivateur était dans les prés pour charger une voiture de îoin ; debout sur sa voiture, il recevait les brassées qu'un aide lui tendait ; soudain, les chevaux avancèrent, et le cultivateur tomba ; cette chute n'aurait rien eu de grave, mais les roues lui pas-sèrent sur la poitrine, qui fut défoncée. La victime fut relevée, mais rendit immédiatement le dernier soupir, sans avoir repris connaissance. HAUSSONVILLE.

RECEVEUR TAMPONNÉ. — Plusieurs tramways sta-tionnaient, place Nasseau, attendant une caravane sco-laire. Pendant une manœuvre, un receveur passa entre deux cars et îut pris par les tampons. Le jeune homme eut une cuisse cassée. Son état est assez grave. SEDAN.

APRÈS LE GRIME (Suite et fin.)

— Satanée canaille ! s'écria un jeune homme en donnant un violent coup de poing sur la table, en v'ià un que je me ferai une vraie partie de plaisir d'aller lui voir couper le cou.

— C'est pourquoi il faut que vous connais-sez son signalement pour pouvoir l'arrêter au besoin, dit le brigadier, car nous savons qu'il rôde dans les environs.

Il se fit un profond silence. Le meurtrier, lui aussi, écoutait, dominant

par un effort surhumain la fièvre qui enflam-mait son sang et troublait son cerveau.

— Voilà le signalement de Pierre Picard, dit le brigadier en dépliant un papier : « Taille moyenne, cou court, épaules larges, pommettes saillantes, nez gros, yeux noirs, barbe rousse, lèvres minces, un signe brun à l'extrémité supérieure du nez. »

Puis repliant son papier : — Vous le reconnaîtrez bien si vous le

rencontrez, n'est-ce pas? — Avec un pareil signalement, impossible

de s'y tromper. — Alors, comme dit la chanson, bonsoir les

amis, je vous quitte pour aller chasser mon gibier.

Le meurtrier ne respirait plus ; entendant le brigadier s'éloigner, il calculait que quelques heures à peine le séparaient de la frontière, et déjà il se voyait sauvé.

Il allait relever la tête, quand les grosses bottes du gendarme, changeant de direction, résonnèrent tout à coup à ses oreilles.

Le brigadier s'était arrêté à deux pas de la table qu'il occupait, et le meurtrier sentait son regard peser sur lui.

Pour nous servir d'une allocution populaire, son sang ne fit qu'un tour. Une sueur froide lui jaillit de tous les pores, et il lui sembla que son cœur cessait de battre.

— Ah ! ça, s'écria le brigadier, voilà un paroissien qui a le sommeil bien dur.

Et lui frappant sur l'épaule : — Holà ! l'ami, montrez-vous donc un peu,

je ne suis pas curieux, mais je voudrais bien vous voir en face.

Pierre Picard releva brusquement la tête ; l'expression en était effrayante. Ses traits livides étaient Affreusement contractes, ses yeux sanglants lançaient des éclairs, et un tremblement nerveux agitait ses lèvres minces et serrées.

■— C'est lui ! s'écrièrent dix voix à la fois. Le brigadier étendit la main pour le saisir

au collet ; mais avant qu'il ne l'eût touché, le meurtrier lui asséna dans les yeux deux coups de poings qui l'aveuglèrent, puis bondis-sant par la fenêtre, il disparut à travers le jardin.

Revenus de la surprise qui d'abord les avait paralysés, vingt jeunes gens s'élancèrent à sa poursuite. Mais, il avait sur eux une demi-minute d'avance, et pour un homme vigoureux et dont l'énergie était centuplée par l'instinct de la conservation, c'était un immense avan-tage.

Ranimé par le repas qu'il venait de prendre, Picard avait des jarrets d'acier. Il franchit d'un bond la haie du jardin, gagna les champs, et en moins de dix minutes, il se trouvait à une demi-lieue du village.

Après s'être assuré que les accidents de ter-rain le mettaient hors de portée de la vue de ses ennemis, il s'arrêta un instant pour respirer, car il était hors d'haleine et seraittombé inanimé si cette course furieuse eût duré une minute de plus.

Mais il venait de s'asseoir à peine, quand des cris confus vinrent frapper son oreille. Il se leva et écouta.

C'étaient eux ! Que faire? Brisé, haletant, il ne pouvait plus

courir et ils étaient-là, sur ses pas. Il promena autour de lui un regard déses-

péré. Partout la plaine unie, sans, une roche, sans un ravin, sans un bouquet d'arbre qui pût le cacher.

Tout à coup son regard, arrêté sur une mare bordée de quelques roseaux, s'illumina, et il murmura : Essayons.

Il se traîna jusqu'à la mare, s'enfonça dans l'eau jusqu'au cou, ramassa sur sa tête des roseaux et des plantes aquatiques, puis resta là aussi immobile que s'il eût pris racine dans la vase.

L'eau était redevenue calme et unie comme un miroir au moment où les vingt paysans arrivèrent au bord de la mare, précédés du brigadier qui, grâce aux soins de la cabaretière, était promptement revenu de son étourdis-sement.

— Ah ça ! s'écria le père Faucheux, qui, du haut de son cheval, embrassait d'un coup d'œil tous les points de l'horizon, où diable est-il passé, le gueusard?

— C'est drôle tout dè même, dit un jeune paysan, je l'ai aperçu il y a cinq minutes, et plus personne !

Cependant le terrain est découvert à trois lieues à la ronde, et pas une motte de terre, pas un trou de taupe où il puisse cacher seulement le bout de son nez.

— Il ne peut pas être loin, dit le brigadier ; divisons-nous et parcourons la plaine en visitant jusqu'au moindre sillon ; nous rabat-trons tous ici.

Pierre Picard entendit toute la bande se

disperser en proférant des menaces contre lui-Toujours immobile dans cette eau glaciale,

il tremblait de tous ses membres et il n'osait changer de position dans la crainte de trahir sa présence en agitant l'eau autour de lui ou en dérangeant les joncs et les plantes humides qu'il avait amassés sur sa tête.

Il passa une heure dans cette position, étudiant le bruit des pas qui se croisaient dans la plaine et dont son oreille, évidemment tendue, saisissait les plus imperceptibles échos.

Au bout de ce temps, toute < la troupe se trouva de nouveau réunie autour de la mare.

— Tonnerre et tempête ! s'écria le brigadier avec fureur, le brigand nous a échappé ; mais comment ! où diable a-t-il pu passer?

— Faut qu'il soit sorcier, dit un paysan. — Sorcier ou non, je n'y renonce pourtant

pas, repris le père Faucheux ; le temps de laisser Sapajou se désaltérer un brin à cette mare, et nous filons tous deux du côté de la frontière, où le gueux a dû prendre sa course.

Et, dirigeant son cheval vers la mare, il l'arrêta juste à la touffe de joncs qui cachait le fugitif.

L'animal allongea le cou, aspira l'air, renifla avec force, puis porta vivement la tête en arrière et refusa d'avancer.

Pierre Picard sentit sur sa joue la chaleur de son haleine.

Le brigadier cingla légèrement les oreilles de Sapajou pour le forcer à entrer dans la mare, mais l'animal recula de deux pas, et son maître eut beau faire, ni coups ni caresses ne purent le résoudre à obéir.

— Oh ! oh 1 nous avons des caprices, s'écria le gendarme, furieux d'une résistance à laquelle il n'était pas accoutumé, nous allons bien voir qui de nous deux va céder à l'autre.

Et il se préparait à corriger énergiquement le pauvre Sapajou, quand celui-ci, comme s'il eût compris le danger, tourna tout à coup à gauche et entra dans la mare quelques pas plus loin.

— Ce n'est pas malheureux ! dit le brigadier. Puis, tandis que son cheval buvait : — Maintenant, mes braves, dit-il aux pay-

sans, vous pouvez regagner le village ; Sapajou et moi, nous nous chargeons du reste.

Les paysans partirent en lui souhaitant bonne chance, puis le cheval, suffisamment désaltéré, sorti de l'eau et s'élança à travers champs, stimulé par la voix de son maître.

Le meurtrier restait seul. Cependant, quoique engourdi par le froid,

il s'écoula encore plus d'un quart d'heure avant qu'il se hasardât à quitter sa retraite.

Il sortit enfin de la mare, ruisselant d'eau, la tête et les épaules couvertes d'herbes aqua-tiques qui se collaient à sa peau et à ses vête-ments, le corps grelottant, le visage cadavéreux. Il jeta sur la plaine déserte un long regard et voulut murmurer quelques paroles, mais ses dents claquaient si violemment l'une contre l'autre, qu'il fut quelques instants sans pouvoir proférer une parole.

— Sauvé ! balbutia-t-il enfin. Puis il reprit avec l'expression d'un profond

abattement : — Oui, sauvé ! pour une heure t... le briga-

dier m'attend à la frontière, la gendarmerie est prévenue, toute la population est sur pied ; la chasse va recommencer contre l'ennemi commun, contre la bête enragée. La lutte ! toujours la lutte, sans relâche et sans pitié ! tous les hommes contre moi, et Dieu aussi, Dieu qui m'a condamné ! c'est trop, je ne suis pas de force.

Tout en parlant, il enlevait machinalement les herbes gluantes dont il était couvert.

Il embrassa la solitude qui l'entourait et il en parut épouvanté.

Il sentait dans son cœur la même solitude froide, morne et désolée.

Puis il prit sa tête dans ses deux mains et resta cinq minutes plongé dans ses réflexions.

— Allons, dit-il enfin d'un ton résolu. Et il se mit en marche dans la direction du

village qu'il venait de fuir. Une heure après, il entrait dans le cabaret

où le brigadier avait failli s'emparer de lui. Tous les paysans qui s'étaient mis à sa

poursuite se trouvaient réunis. — L'assassin I s'écrièrent-ils stupéfaits. — Et bien 1 oui, répondit tranquillement

le meurtrier ; c'est Pierre Picard, l'assassin, qui vient se livrer lui-même : allez cherchez les gendarmes.

Et il vint s'asseoir au milieu du cabaret calme et impassible.

Deux gendarmes arrivèrent bientôt : Pierre Picard les reconnut pour ceux qui avaient passé la veille près de l'orme où il s'était réfugié. Il leur tendit ses mains en silence ; ils lui mirent les poucettes et l'emmenèrent dans une pièce de la mairie qui devint son cachot provisoire en attendant qu'il fût transféré clans une ville voisine.

Quand il se vit seul, bien enfermé dans cette prison dont la porte était gardée par deux gendarmes, le meurtrier se laissa tomber sur son lit de camp en s'écriant avec une volupté sauvage :

— Enfin je puis me reposer !

CONSTANT GUÉROULT."

Les Faits-Dioers de la Semaine (Suite et fin).

TUÉ PAR SON FILS. — Il y a quelque temps, un oute. vateur de Bonrepos lut trouvé mort dans son étable là crâne îracturé. On crut tout d'abord à un accident. 'ot l'affaire est beancoup plus grave, car cette mort est le résull tat d'un crime commis par le fils cadet de la victime, resté au logis avec le père, pendant que l'aîné était dans un champ, à 1 800 mètres environ de l'habitation.

Le juge de paix du canton de Saint-Lys inîorma le pro. cureur de la République de Muret. La brigade mobile h Toulouse se livra à son tour â une enquête, et le parquet poursuivait sur les lieux l'information commencée.

Après avoir-recueilli la version qui précède, le procureur de la République de Muret pressa de questions le fils n„j finit par avouer qu'au cours d'une discussion avec son père il lui avait donné un coup de bâton. Le voyant tomber il l'avait cru mort. Après son acte, il serait allé sous le hangar A son retour, ayant constaté que son père vivait encore ii avait fini de l'assommer, pour qu'il ne le dénonçât pas à la justice. Il pensait échapper à celle-ci en inventant une histoire.

En présence de cet aveu, un mandat d'arrêt a été décerné contre le criminel qui a été écroué à la nnison d'arrêt de Muret. TOULOUSE

UNE VOITURE DANS UN FOSSÉ. — Sa voiture attelée à un jeune cheval, un vieillard de 73 ans îaisait marcher l'animal à vive allure sur la route d'Iguerande. Tout à coup, la bête fit un écart et roula avec la voiture dans tu îossé. On retrouva le conducteur pris entre le chevalet l'avant de la voiture. Il était mort.

SAINT-NIZIER-SOUS-CHARLIER,

CHUTE MORTELLE. — En compagnie de sa fille, nue,i îemme regagnait sa demeure, vers 7 heures du soir, En j passant dans un sentier, elle glissa et s'abattit dans unfossê profond de 2 mètres. Aux cris de sa fille, des voisins acoou-rurent et relevèrent la blessée. Mais celle-ci, qui avait h • colonne vertébrale brisée, succomba peu d'instants après, i

PANISSIÈRES.

UN TRAIN CONTRE UNE VOITURE. — Avec leurffo'j deux époux se rendaient en voiture à Orgny. Près de l^fi en-Bazois, la voiture s'engagea sur la voie du petit ohwjj de îer qui traverse la route. Un train arrivait qui oulW»; la voiture. Les deux époux reçurent de graves blessures ,• leur fils, marié depuis peu de temps, îut tué sur le

NEVBBS. '

ÎO

UNE MEULE EXPLOSE. — Aux ateliers de la co gnie des tramways, une meule en émeri, actionnée rm quement, explosa tout à coup. Des éclats violera projetés contre la toiture provoquèrent la chute des I qui tombèrent sur les ouvriers. Un ajusteur îut très g!* ment blessé. NABBON»

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Le bandit tatoué

Le tribunal correctionnel de Versailles vient , condamner à six mois de prison un nommé

Pierre Masson, âgé de vingt-neuf ans, qui avait été arrêté, il y a cinq semaines, pour vol de bicyclettes dans la banlieue versaillaise.

Ce furent les agents de la Sûreté, Michaux et Morrel, qui capturèrent Masson ; ils le sur-nrirent au lit et, certes, ne croyaient pas faire une prise sensationnelle ; mais, lorsque Masson sauta de sa couche pour se vêtir, les agents tombèrent en arrêt devant leur client en chemise, car celui-ci avait les jambes couvertes

i de tatouages. Masson sount en voyant leur surprise, et

icomplaisamment leur dit: Ce n'est rien, cela, je vais vous montrer

nia poitrine. Les policiers admirèrent les illustrations qui

s'étalaient sur la peau de leur prisonnier qui, de plus en plus aimable , reprit :

— Ça, c'est le côté sentimental et sérieux ; mais, si vous voulez rigoler, faut regarder le icôté pile».

Le « côté pile » était, en effet, orné de des-sins d'un genre très spécial, que les agents examinèrent avec curiosité, et cela leur rappela que le parquet de Lille recherchait depuis long-temps un homme qui portait des tatouages obscènes et qui n'avait pas commis moins de cent-cinquante cambriolages, vols à main armée, etc.

Masson dut avouer aux agents qu'il était bien le bandit recherché par le parquet de Lille ; et maintenant qu'il a réglé ses comptes avec Versailles, on va l'envoyer s'expliquer avec les Magistrats lillois.

Une épidémie de suicide

Une véritable épidémie de suicides, attribuée . ^ux grandes chaleurs, règne actuellement ' i Milan ; dans une seule journée, on a enregistré

i ouze morts violentes. Parmi les désespérés \ gurent une fillette de douze ans et un vieillard e quatre-vingt-dix ans.

N NinMCiniD offregratuîtementde ivlUilOlLUn faire connaître à tous

eux qui sont atteints d'une maladie de la peau, artres, eczémas, boutons, démangeaisons,bron-hites chroniques, maladies de la poitrine, de estomac et de la vessie, de rhumatismes, un îoyen infaillible de se guérir promptement ainsi u'il l'a été radicalement lui-même après avoir ouffert, et essayé en vain tous les remèdes réconisés. Cette offre, dont on appréciera le but umanitaire, est la conséquence d'un vœu.

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Le dîner des vaccinés

jLa maladie soudaine d'un certain William |alker. valet de pied de M. Charlemagne ower, ancien ambassadeur des États-Unis

|Berlin, vient d'avoir un résultat unique dans annales de la société de Philadelphie.

[L'ancien ambassadeur, sa femme et son fils praient, ces jours-ci, à dîner à une quinzaine

personnes, quand M. Tower fut appelé téléphone. C'était le bureau officiel de

nté de la ville qui l'informait que Walker uflrant de la petite vérole, il était néces-ire que tous ceux qui se trouvaient dans maison fussent vaccinés. M. Tower, très ennuyé, s'y refusa d'abord ergiquernenL Finalement, il dut céder et

médecin officiel vint à son domicile avec

hevelure e Jours! Je ne connais pas M. Bichon, je ne l'ai jamais vu. Sans cause apparente ses cheveux

s'étaient éclaircis au point que le cuir chevelu apparaissait à peu près dénudé. Le 31 mai, il faisait un essai timide avec ma Sève. Le 6 juillet, il commençait un traitement sérieux avec ma Sève n° 2, et le 28 août, il m'écrivait spontanément ceci :

«Mon flacon n°2 est fini, mes cheveux sont repoussés très épais. On ne dirait jamais à les voir qu'ils étaient aussi clairs. Je ne croyais pas en employant votre Sève obtenir un aussi brillant résultat et en si peu de temps. Il dépasse tout ce que j'espérais, aussi je vous en serai éternellement reconnaissant.»

Et le 5 septembre il m'écrivait encore : or C'est avec plaisir que je vous envoie ma j

photographie que vous me demandez. Vous pouvez en faire l'usage que vous voudrez, pour prouver l'efficacité de votre Sève.

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ordre de vacciner tous ceux qui s'y trou-vaient.

M. Tower était fort contrarié de cet inci-dent ; néanmoins, comme il n'y avait aucun moyen d'échapper à cette petite opération, ses hôtes s'y soumirent de bonne grâce.

Ni maître, ni hôtes, ni domestiques ne furent épargnés par la lancette du médecin.

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L E VIEUX MONDE n'a guère pins de secrets I Tous les pays, même les plus inaccessibles, ont été parcourus par de hardis voyageurs doublés d'aventuriers qui ont sillonné en tous

les sens les contrées les plus lointaines, celles qui présentent à notre imagination la plus attractive des émotions. Les héros de la route, tantôt en lutte avec les formidables glaçons du pôle, tantôt en proie aux climats torrides des régions équatoriales, toujours sur le qui-vive. parcourant sans relâche les forêts sauvages, repaires des fauves contre lesquels il faut lutter et se défendre, terrassés par la fatigue, la souffrance, souvent tenaillés par la faim, quelquefois accablés par la fièvre dévorante d'une soif impossible à. étancher, ces hommes supérieurs ont écrit leurs aventures, narré leurs combats et leur infernale existence de coureurs de srands chemins. _ Il faut lire cela dans cette collection d'ouviage3 que nous présentons, et parmi lesquels se trouvent ceux de Louis BOUSSENARD l'immortel roman-cier, doublé d'un voyageur intrépide, qui a vu, souffert ce qu'il décrit : Transformé en Peau-Rouge, il s'est mêlé aux peuplades sauvages, il a cheminé dans la brousse, armé jusqu'aux dents, il a tra-versé les forêts vierges, les pampas. A ces ouvrages s'ajoutent ceux de Brown, Camille Debans, .Jules I.ermina. Salgari. etc.. tous grands écrivains d'aventures, hommes d'énergie et de résolution.

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LES FAITS DTVEKS T>E LA SEMAINE VANS TOUS LES PAYS

jasa UN BATEAU COULÉ. — Uu bateau qui traversait

la rivière Tchatza, à Glasoff, s'est subitement en-foncé. Il y a eu de 30 à 50 morts. La ..troupe a dû

être appelée pour calmer la colère des habitants.

RUSSIE. TERRIBLE ÉBQULEMENT. — Onze ouvriers de New-York qui travaillaient au métropolitain ont ete en-

gloutis sous deux tonnes de roc. Deux d'entre eux ont été rétirés vivants, mais grièvement

blessés : les neuf autres sont morts. ÉTATS-UNIS.

UN ÉCHAFAUDAGE SE ROMPT. — Un èchaîau dage entourant une maison en réparation s'est rompu. - Quatre ouvriers occupés • aux tra-vaux ont été précipités dans le vide d'un troi-sième étage. Deux ont été tués, les deux autres grièvement blessés. GRENOBLE

TA FOLIE. — Devenu subitement ïou, un homme, armé d'un sabre, bondit dans l'escalier, ou il exécuta de terribles moulinets, frappant des 'ennemis

imaginaires, et manquant de blesser d'infortu-nés locataires. Les agents durent entamer

contre lui une lutte dangereuse pour, ' PARIS.

CRIME MYSTERIEUX. — Sur la route de Sommerangè, à proximité de la frontière française, on a trouvé un jeune homme agonisant, les pieds et les mains liésJ Le malheureux portait d'atroces blessures, à la carotide et sur la nuque.. Il expirait peu après, sans avoir pu reprendre connais-sance. On croit que le crime fut commis en France. ALSACE-LORRAINE.

— i. v\T>

UNE ■ VISITE IMPRÉVUE. — A Wilhelmsburg, une lionne échappée deisa cage, après s'être promenée^dans les rues de la ville, se réfugia chez un rentier. . Pour-, chassée, elle sauta de nouveau dans la rue et il fallut plu-rieurs heures d'une poursuite acharnée -^j^g6'-

RETOUR DE PÈLERINAGE. — L'autobus de Leqùèito. revenait, I de voyageurs, presque tous de retour d'un pèlerinage,' lorsque le véL versa sur le pont de Las, Cadenas. Un voyageur a eu la tête écrasiei| sis sont plus ou moins grièvement blessés. . . • ESPAGffi

TRAGIQUE SUICIDE. — A la suite de nombtMf tournements, un Hollandais était venu se réW| Genève. Des agents de la Sûreté se .présentèrent » s domicile pour'l'arrêter. L'escroc se saisit dun <m et se logea une balle dans la tête. Le suicidé W fils d'un millionnaire hollandais. i

CORRIDA MOUVEMENTÉE. — Pendant une course de taureaux plusieurs chevaux ont été tués. Un aide, fut culbuté, un matador se blessa à la main avec son épée. Enfin un spectateur fut; atteint à lâ tête par l'épée du 1 matador que le taureau avait rejetée ' dans

T'enceinte du public. : .MARSEILLE.

UN NÈGRE . LYNCHE. --. Uu millier û individus ont pénétré de force'dans la prison de Modarko et se sont emparés d'un jeune negre de 18 ans. Ils 'ont pendu à un arbre, l'ont criblé de balles, Pont arrose d'huile et l'ont brûlé. ÉTATS-UNIS.

EXPLOSIONS DE CARTOUCHE., - En*mettant de l'ordre sous un hangar, un ouvrier trouva, des cartouches dans une caisse. Il vorilnfctirer sur le fil de laiton qui tena t , à une d'elles. Une explosion se produisit.-L'ouvrier a_ été très gravement blessé. fAKis.

UNE BOMBE DANS UN CORTÈGE. - Jftjl sion d'enfants avait lieu à Lisbonne »U'CTMC&i en l'honneur de Camoëns. Une bombeJ« . f,

roi ïe" cortège. Il y eut un mort et 40 »le^T

rjûJiI'

Corbeil. — Imp. GRÉTÉ.

Le Gérant; A. CHÂTELAIN,