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LES REFERENCES DES ELEVEURS BRETONS Mars 2011 - N° 52 Dossier Alimentation des vaches Impact de l’indice de saisonnalité Flexibilité, volatilité : prix et volumes du lait P. 4 P. 26 Les fiches d’aide à la décision Acteur en élevage laitier

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LES REFERENCES DES ELEVEURS BRETONS Mars 2011 - N° 52

DossierAlimentation des vaches

Impact de l’indice de saisonnalité

Flexibilité, volatilité : prix et volumes du lait

P. 4

P. 26

Les fiches d’aide

à la décision

Acteur en élevage laitier

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éditorial

Les travaux du Pôle Herbivores sont conduits avec le soutien financier de :

Dans le cadre d’un Contrat d’Objectif

Partenaire santé animale www.capelevage.synagri.com

Les références des éleveurs bretons

Revue éditée par la Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne

(Pôle Herbivores)Rond Point Maurice Le LannouCS 74223, 35042 Rennes cedex

Cap Elevage est la continuité des revues départementales créées en Bretagne par

les Maisons de l’Elevage, les EDE et les Chambres d’agriculture :

Elevage Rentabilité (Côtes d’Armor, en 1967), A La Pointe de l’Elevage (Finistère, en 1968),

Morbihan Elevage (Morbihan, en 1997) et Elevage Avenir (Ille et Vilaine, en 2001)

Directeur de la publication : Alain Hindré

Directeur de la rédaction : Rémi Espinasse

Rédacteur en chef : Roger Hérisset

Comité de rédaction : Roger Hérisset, Rémi Espinasse,

Gérard Losq, Nadine Abgrall, Benoît Rubin, Jacques Lefranc,

Marie-Hélène Garrec

Assistante de rédaction : Madeleine Lefaucheur

PAO : Service communication de la Chambre

d’agriculture des Côtes d’Armor

Crédit photographique : Chambres d’agriculture de Bretagne,

MSA. Dessins : Malo Louarn

Imprimerie : Dessalles - St Brieuc

ISSN : 1779 - 5303 Dépôt légal : Mars 2011

Abonnement : 10 numéros : 52 TTC

Vente au numéro : 7,50 TTC

✆ 02-96-79-21-63 [email protected]

Partenaires associés au Pôle Herbivores

Coût de production : garder le cap

L’embellie sur le prix du lait incite à une reprise des volumes de lait produits. Cependant, nous

assistons en même temps, à une flambée des prix des matières premières : comment faire pour

éviter des dérapages sur le coût alimentaire ? L’Institut de l’Elevage, dans un dossier produit pour

le Salon de l’Agriculture, estime que la hausse des intrants pourrait se traduire par une hausse de

+15 à + 25 €/1 000 litres sur le coût de production 2011 en France. Bien sûr, elle sera variable en

fonction des systèmes et de leur sensibilité : dans le cas d’un système maïs dominant, l’impact du

coût du correcteur azoté riche en tourteau sera important. A contrario, les systèmes herbagers

seront plus impactés par le cours des céréales.

Les rations économes et efficaces passent tout d’abord par la bonne ingestion de fourrage de

qualité. C’est une évidence ! La production de lait à un coût maîtrisé, dépend du bon rapport entre

fourrages et concentrés, sans oublier un bon équilibre nutritionnel, en particulier dans la phase

allant du tarissement à la mise à la reproduction. C’est dans cette période, où alimentation et santé

sont particulièrement liées, que la vigilance est de mise pour assurer une meilleure rentabilité.

Pour réduire les coûts, le changement de matière première peut s’envisager. Par exemple, le tour-

teau de soja peut être remplacé par du tourteau de colza 35, s’il est proposé à moins de 80 % du

prix du tourteau de soja 48 pour un régime maïs. L’utilisation de drèches de brasserie est possible

aussi.

Avec les beaux jours, la bonne valorisation de l’herbe pâturée en pilotant la hauteur d’herbe à

l’entrée et à la sortie, assurera une production laitière de plus de 20 kg de lait.

D’autres solutions existent et vous êtes nombreux à les mettre en place en lien avec votre

conseiller.

La maîtrise du coût de production et plus particulièrement du coût alimentaire

est dans la période actuelle un cap important à maintenir.

Joseph LanglaisMembre du Conseil d’Administration de l’Institut de l’Elevage

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sommaire Cap Elevageimprimé sur

papier recyclé

N° 52 - Mars 2011

Station Expérimentale lait de TrévarezEtude des prairies de fauche

La vie des stations

Fatigué du raclage au tracteurS’équiper d’un racleur !

bâtiment équipement

Efficacité et confort en élevage laitierPensez ergonomie

travaiL

Volatilité des prix et des volumes de laitFlexibilité des systèmes

réseau d’eLevages Lait

4 L’indice de saisonnalitéEffets sur le prix de livraison

economie

2630323436

Matériel d’affouragement en vert, en Inde

Étiquetage des alimentsTolérances admises

Affouragement en vertCouverts végétaux et prairies

L’intérêt économique de l’affourage-ment en vertUn calcul à faire au cas par cas

Fabriquer les blocs à lécher à la fermePratique et économique

Grands troupeaux bretonsL’alimentation «au pâturage»

Temps d’accès limité au pâturageLes vaches laitières s’adaptent

L’herbe pâturéeUn atout pour la rentabilité

dossier • aLimentation

89

1012142224

Elevage de veaux de boucherieConditions et temps de travail

En 2011,je m’abonne Bulletin page 29

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4 Mars 2011 - N° 52

L’indicE dE SAiSonnALiTÉ

Effets sur le prix de livraisonL’indice de saisonnalité de la grille 2011 donne un avantage aux livraisons de printemps-été, lorsqu’il est le seul facteur de variation du prix de base mensuel.

economie

e pôle Herbivores en 2006, avait mis en évi-dence l’existence de 6

profils de livraison de lait en Bretagne, liés à la répartition des vêlages dans l’exploitation. Des simulations réalisées à l’époque avaient montré que la grille de paiement du lait de 2006 mon-trait peu d’avantage économique à cibler une période de livraison plutôt qu’une autre. En revanche, la prise en compte de l’indice saisonnalité dans la grille 2011 donne un avantage aux livraisons de printemps-été, si et seulement s’il s’agit du seul facteur de varia-tion du prix de base mensuel.

6 profils liés aux répartitions de vêlagesLes livraisons annuelles de 3 545 exploitations bretonnes, dont les livraisons annuelles ont eu une variation inférieure à ± 10 %, avaient été analysées sur les cam-pagnes 2002 à 2004.

Si globalement, la livraison moyenne bretonne est assez bien répartie, l’analyse avait permis de caractériser 6 profils de livraison (graphique 1) qui s’expliquent par une répartition différente des vêlages.♦ 50 % des exploitations ont une répartition des livraisons assez régulière et proche de la moyenne bretonne. On les retrouve dans 2 profils :• le profil « Lait bien réparti » (28 % des livreurs), où la livrai-son se maintient toute l’année entre 8 et 9 % chaque mois. Dans ce groupe, les vêlages sont assez étalés : les 3 mois les plus élevés (en fin d’automne) ne cumulent que 28,5 % des vêlages.•  le profil « Moyen » (22 % des livreurs), où la courbe de livraison présente une amplitude faible entre le maximum de prin-temps (10 %) et le minimum de décembre-janvier (8 %). Les

vêlages ont surtout lieu l’hiver (un tiers de janvier à mars).♦ 50 % des exploitations ont des livraisons plus irrégulières et se retrouvent dans 4 profils : • le profil « Hiver/Printemps » (20 % des élevages), où la courbe augmente durant l’hiver, atteint un maximum de 10 % au prin-

temps et chute à 7 % en automne. Les vêla-ges se concentrent sur l’automne et l’hiver.• le profil « Creux de fin de campagne » (14 % des élevages) est lui autant associé

aux classes de vêlages « prin-temps » que « moyenne ». Si une forte proportion de vêlages de printemps accentue le creux de fin de campagne, il faut aussi noter que ce creux est parfois dû à un problème de gestion de quota. • le profil « Creux d’été » (9 % des élevages), où les livraisons descendent à 6 % sur les mois d’été. Les exploitations de ce groupe se répartissent entre les classes de vêlages « automne » (50 % des vêlages sur les 4 der-niers mois de l’année) et « été » (40 % des vêlages entre juillet et septembre). •  enfin,  le profil de livrai-son le moins représenté « Printemps/Eté » (7 % des livreurs), où les livraisons présen-tent un pic en été (10,5 à 11 % de la livraison annuelle). Les vêlages se déroulent en « hiver» (1/3 des vêlages de janvier à mars) et au « printemps » (20 % des vêlages sur avril et mai). Si les vêlages de printemps accentuent le pic de production à cette période, ils permettent aussi de combler le creux d’été (graphique 1).

Livraisons printemps-été avantagées

La livraison moyenne bretonne est mieux répartie sur l’année que dans d’autes régions.

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5Mars 2011 - N° 52

Saisonnalité et paiement du lait

Zoom sur

Gérard Losq – Guylaine Trou - Chambres d’agriculture de Bretagne [email protected] ; [email protected]

La grille 2011 creuse les écarts de marge brute Une simulation a été réalisée sur 4 profils de livraison (lait bien réparti, lait de printemps/été, creux d’été et creux de fin de campagne). L’exploitation laitière livre 270 000 l de lait produits avec une quarantaine de vaches sur 60 ha de SAU. Le plan d’ali-mentation correspond au menu « 100 j de pâturage seul », les vaches produisent 7 800 kg de lait avec 1 100 kg de concentrés (140 g/kg de lait).Avec sa période de vêlages qui lui est propre, chaque profil de livraison se traduit par un plan d’alimentation et un assolement particuliers. Les ventes de pro-duits se font à des époques diffé-rentes de l’année, tant sur le plan du lait que de la viande. Les taux (TB, TP) diffèrent entre chaque simulation, ce qui se traduit par un droit à produire différent.

Nous avons simulé dans ces 4 profils (tableau), la prise en compte de l’indice saisonnalité qui sera appliqué en 2011 en partant d’un prix de base de 300,10 €/1 000 l de lait (référence

CILOUEST 2010), mais en appli-quant le même indice économi-que de 32,60 €/1 000 l sur tous les mois de l’année 2011 pour ne prendre en compte que l’effet de la saisonnalité.

Graphique 1 : Courbes des 6 profils de livraison (source : B. Rouillé, Agrocampus Ouest)

5

6

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10

11

janvier février mars avril mai juin juillet août septembre octobre novembre décembre

% m

ensu

el d

e liv

rais

on

moyen

lait de printemps/été

creux fin de campagne

lait bien réparti

lait d'hiver/printemps

creux d'été

Données économiques des simulations (actualisation 2011)

Profil de livraison Lait bien réparti Lait de prin-temps/été

Creux d’été Creux de fin de campagne

Prix du lait vendu (€/1 000 l) 336,3 336,9 333,9 337,1

Coût alimentaire (€/1 000 l vendus) 58,1 53,8 59,7 60,5*

Marge brute (€) 81 662 82 754 80 527 81 244

* Dans cette stratégie de creux de fin de campagne, une partie du lait produit n’est pas vendu pour cause de dépassement de quota, ce qui explique le coût alimentaire supérieur.

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6 Mars 2011 - N° 52

economie

Les résultats issus des situa-tions 2006 et 2011 (graphique 2) sont exprimés par rapport à une base 100, qui représente la marge brute du profil « Lait bien réparti ». En effet, la comparaison des valeurs brutes 2006 et 2011 n’avait guère de sens, compte-tenu d’un contexte de prix totale-ment différent entre ces 2 années : prix du lait, des intrants, primes PAC, mode de correction matière grasse, prix des grammes diffé-rentiels de TB et de TP. Les écarts de marge brute entre profils étaient peu différents en 2006.

Par rapport au profil creux d’été, la grille 2011 se traduit par un avantage plus net au lait de prin-temps/été : 3 % (ou 9,7 € / 1 000 l) d’écart de marge brute entre ces profils extrêmes en 2011, contre 1 % (ou 5,8 €/1 000 l) en 2006.Par rapport à un lait bien réparti que souhaite la transformation, une production de « Lait de prin-temps/été » est plus intéressante économiquement grâce à l’indice de saisonnalité (gain de 1,3 % de marge brute, soit 5,3 €/1 000 l). Mais celà supposerait un décala-ge des vêlages vers le printemps, ce qui ne se fera pas d’emblée

sur l’exploitation. Celà nécessite de maîtriser la reproduction pour maintenir la répartition des vêla-ges. La conséquence, c’est aussi des vaches en fin de lactation en fin de campagne, ce qui peut poser problème pour la gestion du quota.Ces avantages supposent toute-fois que l’indice économique ne vienne pas certains mois, atténuer l’avantage de l’indice saisonnalité et qu’un éventuel changement de système ne modifie pas les charges de structure ou le temps de travail

Indice de saisonnalité 2011 (en €/1 000 l de lait)

Janvier - 10Février - 10Mars - 10Avril - 30Mai - 30Juin 10Juillet 30Août 30Septembre 30Octobre 10Novembre 0Décembre - 5,6

Graphique 2 : Marges brutes des profils de livraison (exprimées en base 100 par rapport au profil «Lait bien réparti»)

97

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100

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Lait bien réparti (indice 100)

Lait de printemps/été Creux d'été Creux de fin decampagne

20062011

Pour aller plus loinL’enquête sur les livraisons mensuelles de lait en Bretagne - Juin 2007 - N° 15

La grille 2011 se traduit par un avantage de + 3 €/1 000 l sur le prix du lait de printemps-été comparé au lait de creux d’été

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Le tourteau de cacao est un coproduit de la fabrication du chocolat. Son utilisation en alimentation animale s’accompagne souvent d’une promesse d’amélio-ration du taux protéique (TP) du lait. Mais la présence de théobromine, substance réglementée en alimentation animale et nutrition humaine, inquiète la filière.Un essai à la ferme expé-rimentale des Trinottières (Chambre d’agriculture du Maine et Loire) ainsi qu’un suivi en fermes adhérentes au Contrôle Laitier 44 permettent de donner des recommanda-tions fiables quant à son uti-lisation par les vaches laitières. L’essai montre une baisse du lait brut (-0,7 kg/vl/j) et des taux en légère hausse du fait d’une concentration des matières utiles (+1,2 g/kg pour le TB et +0,8 g/kg

p o u r le TP). Cet effet sur les taux semble se confirmer avec les résultats du suivi des

Résumée de l’article : « L’introduction de lin dans la ration diminue un peu la quantité de matière sèche ingérée mais ne modifie en général pas la produc-tion laitière (volumes et taux). La teneur du lait en acide gras saturés diminue et le pourcentage en C18:1-trans est augmenté, et ce d’autant plus que l’apport de lipides se fait sous forme non protégée (graines extrudées, huile) et avec des rations riches en amidon (pour les acide gras trans).La teneur en C18:2 n-6 n’est en moyenne pas modifiée, sauf par l’apport d’huile. La proportion en C18:3 n-3 du lait est multipliée en moyenne par 2 ou 3 pour les formes prati-ques les plus efficaces (grai-nes aplaties, farine), et peut atteindre jusqu’à 1,4% des acides gras du lait avec ce type de supplémentations. Il n’apparaît pas d’effet dose de lipides apportée pour

le C18:2 n-6 et le C18:3 n-3, alors qu’il en existe un pour les C18:1-trans.

Le beurre et les fromages ont la même composition en acide gras que le lait dont ils proviennent. Les qua-lités organoleptiques de beurres et fromages ne

sont pas modifiées par l’ad-dition de lin dans la ration. Différents effets sont cités dans la bibliographie pour expliquer une augmentation potentielle de la fertilité, qui reste à confirmer. La produc-tion ruminale de méthane est diminuée par l’ajout de lin dans la ration.En conclusion, l’ajout de lin à la ration des vaches laitiè-res a des effets analogues à ceux d’introduction d’herbe dans le régime fourrager, à l’exception d’une teneur en

AG trans supérieure. »

Source : Production Animale, 2010,

N° 23 (4), 307-318

Utilisation de tourteau de cacao dans l’alimentation des vaches

L’apport de lin dans la rationdes vaches laitières

L’Institut de l’Élevage et l’Inra ont présenté dans la revue « Production Animale » les effets de l’apport de lin dans la ration des vaches laitières sur la production, la compo-sition du lait et des produits laitiers, les émissions de méthane et les performances de reproduction. Si celui-ci présente des effet bénéfique, il ne faut toutefois pas oublier que le lin reste une matière première souvent onéreuse.

7JaNvier - Février 2011 - N° 51

entendu, vu, Lu

Alimentation

DOSSIER

Le matin en salle

• 10 systèmes de référence en production de viande bovine en Bretagne

• Coûts alimentaires en vaches allaitantes : repères et marges de progrès

• Complémentation des broutards et conséquences sur l’engraissement

• Allotement, parcellaire et temps de travail au pâtu-rage

• Diarrhées des veaux et maladies respiratoires : fiches d’aide à la décision

L’après-midi en ateliers sur la station

• La prairie : choix des espèces, des variétés • Prairies de fauche : quelles associations les plus

adaptées ? • La conduite du pâturage : repères et voies de sim-

plification • La finition au pâturage : conditions de réussite en

génisses, bœufs et vaches • Poids de carcasse en JB viande : faut-il alourdir ?

Journée technique régionale viande bovineQuoi de neuf en troupeaux allaitants ?

Jeudi 26 mai 2011 9h30 à 17hStation régionale Viande Bovine Mauron (Morbihan)

entendu, vu, Lu

7Mars 2011 - N° 52

Cette nouvelle édition, très largement revue et augmentée, vient remplacer le classique « Pratique de l’alimentation des bovins » édité par l’Institut de l’Elevage en 1998 ; elle s’appuie sur les nou-velles recommandations de l’Inra en matière d’alimentation des ruminants.

Après une présentation des bases de l’alimentation des bovins, de la digestion au calcul des besoins des animaux, ce guide propose une démarche pratique de rationnement du troupeau de vaches laitières. Puis le rationnement et l’alimentation des veaux et des génisses font chacun l’objet d’un chapitre spécifique. La dernière partie est consacrée aux aliments : leur composition et valeur nutri-tive, les effets des aliments sur la qualité du lait… assortis d’une sélection des tables de valeurs alimentaires de l’Inra.L’ensemble est illustré de nombreux exemples, conseils pratiques et photos. Rédigé par les spécialiste de l’Institut de l’Elevage, avec la collaboration de l’Inra dans le cadre de l’UMT RIEL, cet ouvrage de références s’adresse à tous ceux concernés par l’alimentation du troupeau bovin laitier : éleveurs, techniciens, étudiants, ensei-gnants…

Contacts :

[email protected] [email protected]

Nouvelle éditionGuide pratique de l’alimentation du troupeau bovin laitier

262 pages – 18 €

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8 Mars 2011 - N° 52

Alimentation

DOSSIER

ÉTiquETAGE dES ALimEnTS

Tolérances admisesL’étiquette d’un aliment du bétail donne la composition chimique. Quelles sont les tolérances admises pour les indications d’étiquetage relatives à la composition des aliments destinés aux animaux ?

Roger Hérisset – Chambres d’agriculture de [email protected]

alimentation conduite

es règles en matière d’éti-quetage des aliments pour animaux sont

désormais alignées sur celles des denrées alimentaires destinées à la consommation humaine. Les fabricants d’aliments du bétail ont l’obligation d’énumérer les ingrédients par ordre pondéral décroissant sur l’étiquette, mais n’ont plus l’obligation de donner la formule ouverte de l’aliment (par exemple, le taux d’incor-poration du tourteau de colza). Quelques fabricants continuent de donner, par courtoisie, ce pourcentage des éléments qui composent l’aliment. Par contre, tous les fabricants doivent don-ner la composition chimique des aliments (par exemple, les teneurs en protéine ou en sucre). Le Journal officiel de l’Union européenne, Règlement (CE) N° 767/2009 du 13/07/09, fixe les seuils de tolérance admis pour chaque type de composants. Au-delà de ce seuil, le service des fraudes peut-être saisi. Les prin-cipaux seuils de tolérance sont donnés ci-contre. A noter que les méthodes de mesures sont normalisées et permettent d’évaluer facilement l’écart entre ce qui est annon-cé sur l’étiquette et un résultat d’analyse à partir d’un échan-tillon. Il n’en n’est pas de même pour les résultats de calcul utilisés pour prédire une valeur alimen-taire pour un bovin (par exemple UF ou PDI). Dans les faits, il est difficile de contester des valeurs énergétiques ou protéiques, car le fabricant peut invoquer une méthode de calcul plutôt qu’une autre et utiliser pour ce calcul, des éléments dont lui seul dis-pose

Tolérances admises pour les aliments pour animauxSource : Journal officiel de l’Union européenne, Règlement (CE) N° 767/2009 13/07/09

Tolérances admises en protéine brute, sucre, amidon et inuline

Valeur annoncée

Tolérance admise exemples

≥ 30 % +/- 3 unités Aliment annoncé à 42 % : toléré de 39 à 45 %

10-30 % +/- 10 % Aliment annoncé à 15 % : toléré de 13,5 à 16,5 %

< 10 % +/- 1 unité Aliment annoncé à 9 % : toléré de 8 à 10 %

Tolérances admises en cellulose brute et matière grasse brute

Valeur annoncée Limite minimale

≥ 15 % +/- 2,2 unités

5 -15 % +/- 15 %

5% +/- 0,8 unité

Tolérances admises en humidité, cendres brute, P total, Na, CaCO3, Ca, Mg

Valeur annoncée Limite minimale

≥ 15 % +/- 1,5 unités

2 -15 % +/- 10 %

2% +/- 0,2 unité

Tolérances admises des teneurs en additifs de l’alimentation animale

Valeur annoncée Limite minimale

≥ 1 000 unités +/- 10 %

500 à 1 000 +/- 100 unités

1 à 500 +/- 20 %

0,5 à 1 0,2 unités

< 0,5 40%

Tolérances admises pour la valeur énergétique : 5 %

Tolérances admises pour la valeur protéique : 5 %

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9Mars 2011 - N° 52

Alimentation

DOSSIER

Gérard Losq – Chambres d’agriculture de [email protected]

ominique et Loïc Collet expliquent « Pendant tout le mois

de mars 2011, nous allons valo-riser 7 ha de couverts végétaux (RGI et Trèfle incarnat) implan-tés après une céréale début sep-tembre. La parcelle se trouve à 4 km de l’exploitation et sera implantée en maïs fin avril. L’affouragement en vert nous permet de valoriser non seu-lement des couverts végétaux, mais aussi des par-celles inaccessibles aux vaches parce que trop éloignées ou dif-ficiles d’accès, parce que nous avons une route départementale à traverser dans un secteur côtier assez fréquenté l’été. Dès que le maïs est arrêté (du 20 avril à début juillet), nous complétons les 20 ares d’herbe pâturés/VL par du vert que nous apportons pendant les horaires de traite. Il s’agit alors de prairies pérennes : RGA, RGA-TB, RGH-TV, TV pur, Fétuque. Cette année, nous avons aussi implanté 3 ha 20 de luzerne qui seront affouragés en vert et enrubannés. »

Le matériel est simple : une ensi-leuse à fléaux et une remorque

sans système de distribution. Le fourrage est déposé devant la stabulation et repris par un godet vers la table d’alimentation. Loïc précise « La première Taarup achetée neuve a duré 30 ans ; en 2008, nous en avons racheté

une d’occasion que j’ai rénovée en récupérant des pièces de la vieille : le tout nous a coûté 1 200 €. La remorque de 12 m³, elle, date de 1967. »

Le temps nécessaireLa distribution prend ¼ d’heure pour 60 vaches. « Aujourd’hui, il m’a fallu 1 heure pour le trajet et la fauche. Amener des vaches pâturer à 800 m – 1 km, ce qui est le cas pour les parcelles les plus éloignées, nous prend le même temps : 40 minutes à 2 » ajoute Dominique.

Conscients du temps néces-saire à l’affouragement, Loïc et Dominique conserveront ce sys-tème parce qu’il ne leur coûte pas cher en matériel de distribution, qu’il leur permet d’apporter de l’herbe fraîche une bonne partie de l’année (de préférence à l’en-silage d’herbe qu’ils ont aban-

donné). « Nous n’affourageons pas le dimanche, lorsqu’un seul d’entre nous est présent sur l’ex-ploitation. »

AFFourAGEmEnT En VErT En côTES d’Armor

Couverts végétaux et prairiesAu Gaec du Clos de la Retenue à Hillion (Côtes d’Armor), l’affouragement en vert est une pratique ancienne qui date de 1978.

alimentation conduite

Le fourrage est repris par un godet ; au fond, la remorque

Le fourrage est apporté au godet dans le couloir d’alimentation Dominique et Loïc terminent de repousser le fourrage

Un investissement

réduit

Témoignage

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10 Mars 2011 - N° 52

alimentation conduite

L’inTÉrêT ÉconomiquE dE L’AFFourAGEmEnT En VErT

Un calcul à faire au cas par casLes éleveurs laitiers qui choisissent l’affouragement en vert le font pour des raisons zootechniques (souhaits de diversifier la ration, de ramener du vert), économiques (réduire les achats de correcteur azoté, maîtriser le coût alimentaire) ou structurelles (parcellaire éclaté). Beaucoup d’entre eux conservent le silo de maïs ouvert toute l’année. En termes d’organisation de travail, ils préfèrent l’affouragement plutôt que sortir les vaches au pâturage.

’intérêt économique de l’affouragement en vert n’est pas toujours facile

à calculer, mais il est nécessai-re pour en mesurer les consé-quences. Par un budget partiel nous recensons les surcoûts et les économies à en attendre.Seulement 3 % des élevages bretons utilisent aujourd’hui cette technique qui se dévelop-pera peut-être dans les années à venir, compte tenu des augmen-tations de surface et de volume de production des exploitations. Le recours à l’affouragement en vert s’impose d’autant plus que l’agrandissement se fait dans des conditions « déstructurantes » avec un parcellaire éclaté qui ne permet pas de valoriser les surfa-ces par le pâturage.

Des raisons structurelles Le choix de ce mode d’affoura-gement répond souvent aux pré-occupations de diminuer le coût alimentaire. Quand il est utilisé en période de pâturage, il est souvent la conséquen-ce d’autres contraintes propres à ces exploi-tations. Disposant de peu d’ares accessibles aux vaches, la part d’herbe pâturée dans la ration est donc limitée et les éleveurs ressentent la néces-sité de «ramener du vert» aux animaux (voir témoignage p9). Les raisons du choix de l’affou-ragement en vert sont, dans ces situations, dictées par des préoc-cupations concernant la santé des animaux, d’autant plus lorsqu’il

y a présence d’un robot de traite qui limite de facto l’accès au pâturage.Les choix sont aussi parfois liés à des contraintes environnemen-tales, notamment dans les bas-sins versants. L’objectif est alors, en gardant les animaux en sta-bulation, de mieux maîtriser le niveau de déjections épandues à l’hectare.

Une approche par budget partielNous avons simulé la situation où l’apport de fourrage vert se subs-titue à l’ensilage de maïs dans la ration des vaches laitières, que ce

soit en période hiver-nale ou en période de pâturage. Nous avons retenu l’hypothèse de remplacement du maïs par la même quantité

de fourrage vert pour réaliser une approche économique par budget partiel. Le maïs étant remplacé par une culture d’herbe moins productive en rendement, la surface fourragère s’accroît et les surfaces en céréales de l’ex-ploitation diminuent.L’approche nécessite de calculer les modifications de l’assolement

suite au remplacement du maïs par de l’herbe affouragée dans la ration des vaches (tableau 1). Nous avons pris l’hypothèse que les 45 T de MS d’herbe affoura-gée (50 VL x 5 kg de MS/VL/j x 180 j), étaient fournis par 5 ha de dérobées présentes à 3T de MS/ha et par 5 ha de prairies péren-nes à 6 T de MS/ha. De nouvelles charges apparais-sent : coûts de la culture destinée à l’affouragement en vert, coûts de récolte et de transport du fourrage vert. La diminution de la surface en céréales génère par ailleurs des produits en moins (grain et paille). Des économies sont attendues : diminution de la surface en maïs et en céréales, économie de correcteur azoté. Le tableau 2 propose la prise en compte de ces différents élé-ments pour réaliser un budget partiel. L’hypothèse retenue est que l’affouragement en vert ne modifie pas les performances zootechniques.

Financer la machine et le temps passéL’intérêt économique de 1 400 € est très dépendant des hypothè-ses de prix et de rendement rete-nus sur les céréales. Ainsi, avec

Tableau 1 : Conséquences sur l’assolement du remplacement de 5 kg de MS de maïs par de l’herbe affouragée (exemple avec 50 VL pendant 180 j)

Kg de MS/VL/jour

Rendement en T/MS utile/ha Variation de surface

Maïs - 5 13,5 - 3,3 ha

Herbe + 5 6 + 5 ha si dérobées déjà présentes

Conséquence sur les surfaces en céréales - 1,7 ha

L’affouragement en vert consiste

à récolter puis distribuer aussi-tôt aux animaux

Tenir compte du coût énergétique

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11Mars 2011 - N° 52

Alimentation

DOSSIER

Gérard Losq et Bernard Le Lan – Chambres d’agriculture de [email protected] ; [email protected]

un prix de céréales à 240 €/T comme actuellement, ou avec un rendement en grain amélioré de 20 quintaux/ha, le solde descend à 600 €.Par ailleurs, l’approche ne prend pas en compte l’investissement dans un matériel de fauche et de distribution spécifique.

L’ensileuse à fléaux est le matériel le moins cher : elle est d’ailleurs utilisée dans 75 % des cas, pour un prix d’achat à neuf compris entre 4 500 et 5 000 € (coût de l’ensileuse retenu dans le tableau). Elle est souvent conser-vée une vingtaine d’années. Nous n’avons pas comptabilisé un coût

de remorque spécifique, ce maté-riel étant présent dans la plupart des exploitations, qu’il y ait ou non affouragement en vert.Par contre, s’équiper d’une fau-cheuse auto-chargeuse neuve peut représenter un investisse-ment compris entre 25 et 55 000 € selon la capacité de la machi-ne. La rentabilité sera difficile à atteindre. Il reviendra à chacun de refaire son calcul en fonction du type de matériel utilisé et des heures d’utilisation. Enfin, en-dehors du coût, le temps supplémentaire passé à l’affoura-gement ne doit pas être négligé : dans les exploitations enquêtées ce temps a représenté 50 minutes par jour pour le troupeau, soit en moyenne 5 minutes/UGB nourri/semaine (7 minutes avec des ensi-leuses à fléaux, contre 2 avec des faucheuses auto-chargeuses)

Tableau 2 : Exemple de budget partiel pour évaluer l’intérêt de remplacer 5 kg de MS de maïs par la même quantité d’affourage-ment en vert pendant 180 jours pour un troupeau de 50 VL (dont 5 ha de dérobées déjà en place et non valorisés).

Charges en plus ou Produits en moins Charges en moins ou Produits en plus

Charges en plus : mise en place des 5 ha d’herbe, récolte et transport du vert Charges en moins

Mise en place de l’herbeCharges opérationnelles 120 €/ha

600 € Ha de céréales en moinsCharges opérationnelles 450 €/ha 751 €

Coût de l’ensileuseTemps de fauche/VL/sem*Coût ensileuse**

3’8,50 €/h

546 € Ha de maïs en moinsCharges opérationnelles 600 €/ha 2 000 €

Coût du tracteurTemps de fauche et trajet/VL/sem*Coût tracteur**

4,50’11,7 €/h

1 128 €Economie de correcteur azotég de soja/kg de MS de maïsPrix du soja

190350 €/T

2 993 €

Produits en moins : 1,7 ha de céréales en moins Produits en plus

Produit grain en moinsRendement GrainPrix du grain

60 qx/ha160 €/T

1 632 €

Produit paille en moinsRendement paille Prix de la paille

5 T/ha50 €/T

417 €

TOTAL 4 323 € TOTAL 5 744 €

SOLDE : 1 421 € pour rémunérer les 96 h de travail supplémentaires

* Données issues d’une enquête dans 30 exploitations bretonnes.** Source : estimation à partir des données de C. Savary juin 2009 (Service machinisme Chambre d’agriculture de La Manche), coût comprenant l’amortis-sement, l’entretien et le carburant lié à l’utilisation du matériel.

Il s’agit d’un exemple concret avec une ensileuse d’occasion et une remorque simple, deux matériels largement amortis. Si une remorque auto-chargeuse sans couteaux de 25 m3 est achetée 17 000 € et que la coupe se fait avec une faucheuse rotative de 5 000 €, le solde du budget devient négatif de 600 €.

L’intérêt économique est très dépendant du matériel utilisé.

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12 Mars 2011 - N° 52

FAbriquEr LES bLocS à LÉchEr à LA FErmE

Pratique et économiqueFabriquer soi-même les blocs à lécher pour ses animaux n’est pas si compliqué. Cela permet d’apporter du minéral y compris au pâturage et pour un coût tout à fait raisonnable.

alimentation conduite

’utilisation de blocs à lécher est courante en élevage, notamment

lorsque les animaux sont au pâturage. C’est une forme prati-que de distribution de minéraux et vitamines, mais relativement onéreuse s’ils sont achetés. Pour réduire les dépenses, la fabrication de bloc à lécher à la ferme est possible. Un peu d’as-tuce et d’organisation sont nécessaires !La fabrication se fait soit directement dans des seaux

pour des petites quantités, soit dans une cuve ou une bétonnière pour des quantités plus impor-tantes.

Fabriquer soi-mêmeDans un premier temps, il faut

rassembler les diffé-rents composants : sel, minéral, magnésie et eau, pour les essen-tiels. Du calcium peut être ajouté, selon les besoins. Le mélange

au seau se fait en étalant succes-

sivement une couche de chaque ingrédient. L’eau est ajoutée en dernier, jusqu’à remplir le seau ou la cuvette. La part de magné-sie peut varier selon la saison : jusqu’à 30 % en période de pâtu-rage.Pour des quantités importantes, l’utilisation d’une bétonnière faci-lite l’homogénéité du mélange et simplifie le travail. Attention tou-tefois à la précision des dosages et au bon nettoyage de l’appareil avant usage.Une fois le mélange réparti dans les seaux, il convient de le laisser

« 10 minutes par

préparation »

Cela fait 6 ans que Thierry Boulic apporte la majeure partie de son minéral sous forme de blocs à lécher. Suite à une discussion avec son conseiller d’élevage de BCEL-Ouest, il a décidé de fabriquer lui-même ses blocs, au début pour les apporter aux génisses en période de pâturage. La technique est maintenant bien rodée et les blocs sont distribués à l’ensemble du troupeau toute l’année. L’éleveur fabrique toutes les 3 semaines environ 90 kg de bloc à lécher, à l’aide d’une bétonnière. Il incorpore, dans un premier mélange, un tiers de sel (25 kg), un tiers de minéral (sous forme de semoulette) et un tiers de magnésie. 5 kg de calcium sont apportés en plus. L’ajustement des quan-tités d’eau se fait de manière à obtenir une texture proche de celle de l’enduit. En règle générale, 10 litres d’eau sont nécessaires pour assurer un mélange homogène. En hiver, les seaux sèchent dans la laiterie, local réchauffé et ventilé. En une journée, les blocs sont prêts à l’emploi. En été, ils sèchent dehors.Les blocs sont distribués aussi bien aux vaches qu’aux génisses. En hiver, les vaches disposent d’un bloc dans le râtelier à foin. Elles reçoivent en complément 150 g de minéral à l’auge. La fréquence de renouvellement est de tous les 4 jours environ, les seaux pesant en moyenne 20 kg. Au printemps, c’est le seul mode de complémentation minéral utilisé. La consommation est d’un seau pour 10 jours.La consommation varie selon la saison et le régime : environ 150 g/VL/j en hiver et moins de 100 g au pâturage. Disposant de 60 ares d’herbe par vache au pâturage, en zone séchante l’été, l’éleveur ferme le silo de maïs de la mi-avril à la mi-juillet.

Le temps que Thierry estime consacrer à la fabrica-tion des blocs n’est que de 10 minutes par prépa-ration. « Le plus long, c’est d’atteler la bétonnière » explique-t-il. L’achat du sel et de la magnésie se fait une fois par an, quand les prix sont intéressants. Les sacs sont stockés en palettes, l’éleveur n’est jamais à cours de matières premières.Outre la simplicité de cette technique, le coût réduit de ce mode de complémentation est très apprécié par l’éleveur : 4 € par seau « 3 à 4 fois moins cher que dans le commerce » selon l’éleveur.Et s’il faut trouver des inconvénients, l’éleveur évoque le nombre de seaux (mais il suffit d’en acheter….) et certains seaux qui se cassent quand les animaux sont au pâturage. Mais pour rien au monde Thierry n’aban-donnerait cette technique.

L’avis de Thierry Boulic, éleveur à Crozon

Depuis 6 ans, Thierry Boulic fabrique les blocs à lécher sur son exploitation.

Témoignage

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13Mars 2011 - N° 52

Alimentation

DOSSIER

Benoît Portier – Chambres d’agriculture de [email protected]

sécher dans un endroit sec et ventilé. Le sel fait alors cristalliser l’ensemble. Attention à ne pas mettre les seaux dans une pièce trop chaude, pour éviter que les blocs ne se fissurent.L’apport peut se faire ensuite à l’ensemble des animaux (vaches ou génisses), aussi bien à l’auge que dans un râtelier à fond plat, ou bien au pâturage.Cette technique est aujourd’hui mise en œuvre sur les stations de Trévarez et du centre de forma-tion de Saint Ségal

Les blocs à lécher pour couvrir les besoins en

minéraux majeurs, oligo-éléments et vitamines

L’apport de blocs à lécher a pour objectif de couvrir les besoins en éléments minéraux majeurs (P, Ca, Mg), mineurs (oligo-éléments) et vitamines. Au pâturage, lorsque l’herbe constitue l’essentiel de la ration, les besoins en miné-raux et vitamines sont presque couverts (surtout si la pâture est riche en trèfle). L’apport de complément minéral peut être réduit sans être supprimé, pour couvrir les besoins en sélénium notamment.

En hiver, les blocs sont disposés à l’auge pour les génisses ou au râtelier pour les vaches.

Le mélange est fait à la bétonnière. Les blocs sont

compacts et ne se fissurent pas

Sel

25 kg

Mélange à la

bétonnière

Le mélange de Thierry

Séchage dans des seaux(dehors l’été, dans la laiterie l’hiver)

25 kg 25 kg 5 kg 10 kg

EauMagnésie Calcium+ + + +Minéraux Semoulette

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14 Mars 2011 - N° 52

rÉSEAu PâTurAGE dES GrAndS TrouPEAux brETAGnE

L’alimentation «au pâturage»Le suivi d’un réseau « Pâturage des grands troupeaux » a été mis en place afin d’évaluer la possibilité de pâturer avec un grand lot de vaches et d’étudier les techniques mises en œuvre pour conserver au pâturage toute sa place.

Fourrages

ans un précédent arti-cle (Cap Elevage n°41), nous vous avions pré-

senté le réseau « Pâturage des grands troupeaux » : 12 élevages laitiers de ce réseau sont sui-vis depuis 2008. Rappelons qu’il s’agit de GAEC de 3,9 UTH en moyenne. Ces élevages dispo-sent en moyenne de 168 ha de SAU et de 46 ares accessibles par vache, ce qui témoigne d’un parcellaire permettant encore de donner une place importante au pâturage dans l’alimentation des vaches. La référence laitière moyenne s’élève à 766 900 litres. Le troupeau moyen comprend 112 vaches pour un total de 181 UGB.

La ration laisse une place au pâturage La surface d’herbe réservée au

pâturage des vaches laitières varie de 19 à 47 ares par vache, soit 31 ares en moyenne. La part de maïs dans la SFP est de 36 %, variant de 22 à 46 %. Du coup, l’alimentation des vaches laitiè-res est assez différente entre éle-vages.L’herbe pâturée et l’ensilage de maïs, à eux deux, représentent en moyenne plus de 88 % de la ration annuelle des vaches laitières du réseau (tableau). La quantité d’herbe ingérée est en moyenne de 1,7 t de MS par vache et varie de 0,6 à 3 t, soit 30 % de la ration en moyenne dans le réseau (de 12 à 52 %). Trois des quatre exploitations qui valorisent le plus d’herbe par vache possèdent le plus grand nombre d’ares d’herbe pâturés par vache. Par ailleurs, seuls qua-tre élevages du réseau sur douze

ont fermé le silo de maïs en 2010. En comparaison, dans les grands troupeaux adhérents à Bretagne Conseil Elevage (plus de 110 vaches), l’herbe pâturée ne repré-sente que 0,9 t de MS par vache et par an, soit 16 % de la ration. La surface pâturée par vache y est de 19 ares. Dans le réseau, la quanti-té moyenne de maïs ensilage

consommée est de 3,3 t par vache, avec un minimum à 1,1 t et un maximum à 4 t. Cela représente 58 % de la ration (de 22 à 77 %). Les stocks totaux sont de 4 t de MS par

vache contre 4,6 t MS dans les grands troupeaux de BCEL.Les autres fourrages sont secon-daires à l’échelle du réseau, car en moyenne ils représentent moins de 12 % tous réunis (de 0 à 26 %). Les fourrages concernés par importance et par fréquence sont dans l’ordre, l’ensilage d’her-be (en moyenne près de 400 kg par an dans 6 élevages), l’enru-bannage (en moyenne 281 kg par an dans 5 élevages), la luzerne déshydratée (en moyenne 350 kg par an dans 4 élevages), le foin (en moyenne 265 kg par an dans 5 élevages), la paille, les bette-raves, le chou et le méteil. Il est notable de remarquer les faibles quantités d’herbe récoltée valo-risées par les vaches dans les élevages du réseau.

Simplification des pratiques d’alimentationOn s’aperçoit que les exploita-tions du réseau recherchent une certaine forme de simplification

Peu d’herbe récoltée dans la ration des

vaches laitières

Dans ¾ des élevages, une seule distribution de l’ensilage de maïs par jour

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15Mars 2011 - N° 52

Alimentation

DOSSIER

Jean-Marc Seuret – Chambres d’agriculture de [email protected] Le Breton - étudiant ESITPA

de l’alimentation. Ainsi plus de 80 % des exploitations fonction-nent en ration complète ou semi-complète. 64 % des exploitations sont équipées d’une mélangeuse. De manière générale, l’achat du matériel de distribution n’a pas changé les pratiques de pâtu-rage. Dans le cas de matériel qui permet de peser, cela a permis d’être plus précis sur les quanti-tés distribuées et le cas échéant de les réajuster en fonction de l’herbe présente pour le pâturage.

Dans 75 % des exploitations, la ration est distribuée en une seule fois. La ration est repoussée dans toutes les exploitations, jusqu’à trois fois par jour dans certaines. Les refus ne sont pas enlevés sys-tématiquement dans toutes les exploitations.La quantité de concentrés distri-buée par vache est en moyenne de 1 184 kg, mais avec une forte variabilité (de 431 à 2 008 kg), soit en moyenne 148 g par kg de lait dans le réseau contre 167 g

dans les grands troupeaux de BCEL. La complémentation n’est individualisée que dans environ la moitié des cas et seules 3 exploitations possèdent un dis-tributeur d’aliments concentrés. Trois exploitations pratiquent une complémentation manuel-le, le plus souvent légère et en appoint. Trois exploitations ne pratiquent pas de complémenta-tion énergétique.

Composition annuelle de la ration fourragère moyenne des vaches dans le réseau et comparaison avec les grands troupeaux (>110 VL) de Bretagne Conseil Elevage

Réseau «Pâturage grands troupeaux » Elevages de BCEL > 110 VL

Herbe pâturée (kg MS/VL) 1 743 901

Stocks (kg MS/VL) 4 021 4 647

dont ensilage maïs 3 353

dont herbe récoltée 541

Herbe pâturée (% fourrages) 30 % 16 %

Surface pâturée (ares/VL) 31 19

30 % d’herbe pâturée en moyenne dans la ration des vaches

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16 Mars 2011 - N° 52

Alimentation

DOSSIER

Fourrages

Une conduite en lots spécifique Quatre exploitations du réseau pratiquent la conduite en lots, deux toute l’année et deux autres seulement en hiver. Ce sont des exploitations qui ont de manière générale plus de vaches laitières (117 vaches). En moyenne cette pratique est assez récente : 5 ans (de 2 à 10 ans). L’avantage principal est la différenciation de l’alimentation des 2 lots et aussi l’économie de concentrés. La mise en lots est un atout aussi pour la traite, notamment en terme d’organisation et de temps d’at-tente pour les vaches : mais cela nécessite d’aller chercher 2 lots au pâturage, ce qui peut être un frein à la mise en lots au pâturage. L’un des critères primordial de la réussite de la conduite en lots est le bâtiment : il faut qu’il permette de travailler en 2 lots physiques de manière simple et efficace.

Dans ces exploitations, le pre-mier lot dit « haut » regroupe les vaches en début de lactation avec un niveau de production plus élevé, alors que le second dit lot « bas » est composé de vaches en fin de lactation avec des niveaux de production inférieurs et donc des besoins nutritionnels moin-dres. La répartition entre les deux lots se fait à peu près de manière équitable, avec en général légè-rement plus de vaches dans le lot haut. Le changement de lot s’opère environ entre 4 et 6 mois de lactation, mais aussi en fonc-tion du niveau de production. En hiver le lot « haut » dispose de plus de maïs, de plus de cor-recteurs azotés et de plus de concentrés de production que le lot « bas ». En saison de pâturage, le lot « bas » valorise toujours plus d’herbe : il est généralement mis à l’herbe plus tôt. Il existe deux manières différentes de mener

le pâturage dans les 2 exploita-tions du réseau qui gardent la conduite en lots à cette saison. La première consiste à réserver des paddocks distincts pour chaque lot. La seconde consiste à faire d’abord pâturer le lot « haut » puis le lot « bas » sur la même parcelle. Cela permet de valori-ser l’herbe boudée par les plus productrices, par des vaches avec moins de besoins, ce qui pénalise peu la production de lait.Dans un prochain article nous aborderons les pratiques autour de la conduite des génisses dans ces élevages du réseau « Pâturage des grands troupeaux »

Calendrier fourrager 2008 du GAEC de la Rodais à Noyal-sur-Vilaine (35) qui conduit son troupeau en 2 lots haut et bas

PATURE

LUZERNE

FOIN

ENS HERBE

ENS MAIS

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

jan fév mars avril mai juin juil août sep oct nov déc

KG MS/VL/J

PATURE

LUZERNE

ENS HERBE

ENS MAIS

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18 KG MS/VL/J

jan fév mars avril mai juin juil août sep oct nov déc

FOIN

kg MS ens mais/VL 3661

kg MS ens herbe/VL 552

kg MS foin/VL 47

kg MS luzerne/VL 492

kg MS pâture/VL 882

kg MS ens mais/VL 3083

kg MS ens herbe/VL 553

kg MS foin/VL 139

kg MS luzerne/VL 131

kg MS pâture/VL 1892

Lot haut

Lot bas

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Acteur en élevage laitier, j’analyse, j’agis - Alimentation hivernale mArS 2011 - n° 52

Fiche d’aide à la décision REFLEXION

J’ag

is p

our m

on entreprise

DECISIONACTIO

N

Coûtsde

revient

Coûtsde

revient

A quoi ça sert ? • Valoriser les excédents d’herbe de printemps pour les systè-

mes fourragers offrant plus de 35 ares d’herbe pâturée/VL.• Apporter de l’azote dans la ration (la teneur en PDIN de

l’ensilage d’herbe est supérieure à 60 g/kg MS).• Apporter des fibres : la teneur en cellulose de l’ensilage

d’herbe est supérieure à 20 % (en Bretagne, celle de l’ensilage de maïs est en moyenne de 20 %).

• Améliorer le profil en acides gras des laits livrés en hiver.

Attention • L’ensilage d’herbe étant souvent moins énergétique que

l’ensilage de maïs (<0,9 UFL/kg MS), il convient : - d’accepter une production de lait plus faible, - ou de remplacer une partie du correcteur économisé par

un apport de concentré énergétique.• L’ensilage d’herbe coûte généralement plus cher que l’en-

silage de maïs : 74 €/1 000 UFL contre 43 €.• L’ensilage d’herbe n’améliore ni la production laitière, ni

les taux. Il peut même entraîner une baisse du niveau d’in-gestion avec un taux de matière sèche inférieure à 25 % et une part dans la ration supérieure à ¼. Les taux peuvent aussi baisser si les apports énergétiques sont insuffisants.

• Les valeurs de l’ensilage d’herbe peuvent être très varia-bles (0,65 à 0,98 UFL, 80 à 110 g PDIN, 50 à 70 g PDIE par kg MS).

• Les bouses des vaches consommant de l’ensilage d’herbe sont plus liquides, ce qui peut être source d’un salisse-ment plus important des litières ou des mamelles.

Remarques • Apporter de l’ensilage d’herbe dans la ration est inté-

ressant économiquement si sa qualité permet de réduire l’apport de correcteur azoté sans rajouter de concentré de production pour pallier la moindre valeur énergétique. L’économie sera alors de 3 €/1 000 l par rapport à une ra-tion tout maïs en ne dépassant 25 % d’ensilage d’herbe dans la ration.

• L’analyse du coût alimentaire de la ration hivernale doit cependant être complétée par une approche globale à l’année. Lorsqu’il est bien maîtrisé et que la part de fau-che est cohérente avec la surface pâturée, un système dans lequel l’herbe consommée (herbe pâturée et ensila-ge d’herbe) représente 75 % de la ration annuelle des va-ches, permet d’obtenir les mêmes résultats économiques qu’un système avec 50 % de maïs et 50 % d’herbe.

Conditions d’efficacité• Réaliser un préfanage de 24 h pour atteindre environ

30 % de matière sèche (attention aux fenêtres météo). • Récolter un fourrage jeune autour du stade épi 10 cm. • Utiliser un conservateur si le taux de matière sèche est

inférieur à 25 % ou si les fourrages sont âgés et pauvres en sucres. Le conservateur ne rattrape pas de mauvaises conditions d’ensilage (tassage, apport de terre, humidité, confection de silo…).

• Soigner le tassage et éviter l’apport de terre dans l’ensila-ge, favorable au développement des spores butyriques.

Jamais indispensable La diversification de la ration n’est pas indispensable : cer-tains élevages ont des niveaux de production élevés par vache avec une ration hivernale composée seulement d’en-silage de maïs, foin, et concentrés.

La multiplication des ingrédients : • Permet de limiter les risques de déséquilibres. • Cumule les incertitudes sur les valeurs nutritives et les

quantités ingérées.• Nécessite souvent le recours onéreux à une mélangeuse

pour limiter le tri des aliments par les animaux.

Quelles alternatives ? Pour apporter des fibres • Hachage correct du maïs, apport de foin ou paille.

Pour diminuer le coût de la correction azotée • Augmentation de la part de pâturage (en durée et quan-

tité), l’herbe pâturée étant moins coûteuse et plus riche que l’herbe ensilée : elle permet donc des économies de correcteur sans déconcentrer la ration en énergie. L’af-fouragement en vert est une solution technique mais pas toujours rentable.

• Recours à des correcteurs moins chers que le tourteau de soja (tourteau de colza, produits à base d’urée…), appor-tés en quantité suffisante.

Pour améliorer le profil en acides gras • Sur une ration hivernale sans conserve d’herbe : tourteau

de colza, lin, ou luzerne.• Augmenter la part annuelle de pâturage.

En remplacement d’ensilage de maïs, l’ensilage d’herbe permet des économies de cor-recteur azoté. L’intérêt économique final dépendra de la qualité et de la quantité appor-tée, de la cohérence du système fourrager et des objectifs de niveaux de production.

L’ensilage d’herbe

Guylaine TROU– Chambres d’agriculture de [email protected]

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La Luzerne est la culture qui produit le plus de protéines/ha. Elle offre une solution possible pour améliorer l’autonomie alimentaire d’un élevage. Sa faible valeur éner-gétique est une limite à son utilisation.

Luzerne et alimentation des vaches laitières

L’implantation d’une luzernière répond à des objectifs di-vers : alimentation, agronomie, santé, qualité du lait. La luzerne peut être récoltée en foin, en ensilage, en enru-bannage ou déshydratée. En tant que légumineuse, elle ne nécessite pas de fertilisation azotée. La pousse estivale est correcte et permet de produire en moyenne 10 TMS par hectare et par an en zone sèche. Une luzernière s’installe pour 3 à 5 ans. La culture de luzerne ne convient pas à des sols acides ou trop humides. Il faut attendre 5-6 ans entre deux cultures de luzerne. Les rendements sont élevés, mais il faut plusieurs récoltes pour les obtenir.

A quoi ça sert? • Améliorer la structure du sol (bonne tête de rotation)• Obtenir un fourrage riche en protéines et pouvant rempla-cer une partie du maïs et du tourteau

• Limiter les risques d’acidose par apport de fibres et de minéraux, notamment du calcium, qui tamponne le pH ru-minal• Baisser le TB• Améliorer la qualité du lait : baisse le rapport oméga-6/oméga-3 et augmente les acides gras poly-insaturés

Attention : • Comme la luzerne est peu énergétique, son emploi peut pénaliser le TP.• Les coûts de mise en place et de récolte peuvent être éle-vés : en moyenne 500 €/ha/an et plus si déshydratation

Exemples de coûts (Source : Chambre d’agriculture Morbihan - Antenne de Questembert)

Les coûts €/ha/an moyenne

Semences /5 ans 27 à 49 37

Fertilisation phospho-po-tassique et amendements

37 à 392 166

Désherbage 0 à 70 -

Récoltes* 160 à 338 283

Coût total 378 à 757 490

Coût TMS produite** 42 à 86 50

Résultat issus de l’exploitation de 9 parcelles en 2009 : trois luzernières, deux parcelles en luzerne-dactyle et deux en luzerne-avoine. Les rendements 2009 varient de 8 à 11 t/ha/an (9,8 en moyenne). * Foin : 50 €/ha, enrubannage : 183-286 €/ha, ensilage :

60 €/ha + conservateur 100-150 €/ha** Les luzernes n’atteignant pas toujours 5 ans : pour un

amortissement sur 3 ans compter 61 €/ha de coût de semences, soit 2,5 € de plus par TMS produite

Conditions d’efficacité• Le stade de récolte : plus la récolte est tardive, plus le rendement augmente, alors que la valeur alimentaire chute. Récolter à l’apparition des bourgeons (protéines et UF/ha les plus élevés). Au stade floraison, elle a déjà perdu sur pied 10 à 15 % de sa valeur alimentaire. Il est cependant conseillé de laisser fleurir la luzerne une fois dans l’année afin de permettre la reconstitution des réserves et assurer sa pérennité.• La conservation au silo : l’utilisation d’un conservateur est nécessaire en-dessous de 25 % de MS pour conserver la va-leur azotée. La conservation au silo entraîne fréquemment une modification de la valeur azotée, sans affectation de la

Valeur nutritive de la luzerne en fonction du mode de récolte au kg de MS au 1er cycle

Source : tables Inra 2007 % MS UFL PDIN PDIE

Fourrage vert 16,2 0,83 132 90

Ensilage coupe fine et conservateur

18,7 0,82 115 70

Ensilage coupe fine préfané

33,5 0,78 127 72

Enrubannage 55,0 0,76 120 83

Foin fané au sol par beau temps

85,0 0,67 114 91

Luzerne déshydra-tée (18 % MAT)

91,0 0,69 120 104

La valeur énergétique de la luzerne peut être plus faible au 2e cycle : - 0,05 à - 0,10 UFL/kg MS.

Acteur en élevage laitier, j’analyse, j’agis - Alimentation hivernalemArS 2011 - n° 52

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Formes de la Luzerne et performances laitières

• L’ensilage ou l’enrubannage, en remplacement du maïs permet le maintien de bonnes performances jusqu’à une incorporation à hauteur de 50 % des fourrages, à condition de prévoir un apport de concentrés énergétiques pour combler le déficit en énergie de la luzerne.

• Le foin de Luzerne ne permet pas une aussi bonne tenue de la production laitière que l’ensilage et en-traîne une légère baisse du taux protéique. L’apport d’une céréale est recommandé en complément.

• Luzerne déshydratée : en remplaçant une partie du maïs-ensilage par de la luzerne déshydratée de bonne qualité, il peut y avoir un effet positif sur l’ingestion et la production laitière, et une diminution du TB (essais Inra 91-93 : au mieux, + 1 kg de lait et -1 g/kg de TB). Pour ne pas pénaliser le TP, il faut se limiter à 5 kg de luzerne à 22 % de MAT (économie de 1,2 kg de tourteau de soja) ou 3 kg de luzerne à 19 % de MAT (économie de 700 g de tourteau de soja.

Remarque : Lors d’une complémentation en luzerne déshydratée et en l’absence d’autre apport d’aliment énergétique, la ration perd 0,04 UF/kg MS, ce qui peut avoir une incidence sur le TP ou l’état des animaux.

Acteur en élevage laitier, j’analyse, j’agis - Alimentation hivernale

Roger HÉRISSET – Chambres d’agriculture de [email protected]

mArS 2011 - n° 52

Fiche d’aide à la décision REFLEXION

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DECISIONACTIO

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Coûtsde

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Coûtsde

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La luzerne produit un maximum de protéines par ha, qu’il faut savoir récolter au moindre coût

valeur énergétique.• Enrubannage : doubler le nombre de couches plastiques.• La conservation en foin : évite la dégradation des protéi-nes, mais augmente les pertes en feuilles. La valeur azotée est maintenue à un niveau correct, sauf si l’échauffement du foin provoque son brunissement.

RemarquePour limiter la perte de feuilles :- faucher après la levée de la rosée, pour ne pas enfermer l’humidité dans les andains,- faner en début de séchage ou après une légère humidi-fication,- limiter le nombre de fanages,- faire tourner les toupies au ralenti (60 à 70 % du régime tracteur).

Quelles alternatives ?Pour améliorer l’autonomie alimentaire en protéines, il existe d’autres solutions pour la plupart moins coûteuses, notamment apporter plus d’herbe dans la ration sous forme de pâturage, de foin ou d’ensilage. Par exemple, le RGA-TB pâturé contient autant de protéines, mais apporte plus d’énergie (autour de 1 UFL/kg MS).

Pour allez plus loin : Dossier Cap Elevage n° 46 Juillet-Aout 2010

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A quoi ça sert ? • Les levures sont des micro-organismes naturellement pré-

sents dans le rumen. • L’apport de levures limite la chute de pH du rumen, dans

des essais réalisés in vitro (en rumen artificiel), ou dans des essais sur moutons alimentés avec des rations très acidogènes (plus de 50 % d’orge dans la ration !).

• Les levures peuvent permettre de réensemencer le rumen en cas de grave dysfonctionnement.

• Les données disponibles à ce jour montrent un effet si-gnificatif de l’apport de certaines souches de levures uni-quement pour les vaches en début de lactation, nourries avec des rations contenant des fourrages peu dégrada-bles ou à plus de 45% de concentrés. Il est alors observé de l’ordre de 1 kg de lait en plus , et éventuellement da-vantage de TB.

AttentionLes levures ne semblent pas améliorer significativement les performances hormis dans certains essais étrangers sur des vaches en début de lactation. Dans nos conditions « fran-çaises », elles ne semblent donc pas prévenir de l’acidose.

Conditions d’efficacitéA utiliser ponctuellement sur des vaches ayant eu un grave problème de fonctionnement du rumen en complément du traitement et sur conseil du vétérinaire.

Jamais indispensableIl est possible de s’en passer

Quelles alternatives ?• Favoriser la rumination avec :- des fourrages hachés fins mais sans excès et coupés nets ;- un matériel de reprise et distribution qui ne détériore pas

la fibrosité du fourrage stocké ;- des apports de fibres longues (foin, paille) ou de luzerne ;- des apports en concentrés limités (pas plus de 4 kg de

céréales/repas) et éloignés d’apport de betteraves ;- un respect des transitions alimentaires ;- une ration correctement équilibrée.

• Pour réensemencer le rumen après une acidose, une so-lution économique consiste à apporter un bol de rumina-tion d’une autre vache.

Source : Institut de l’Elevage et Chambre d’agriculture et Contrôles Laitiers des Pays de la Loire et journées 3R 2003

Quand des levures sont incorporées dans les concentrés ou les AMV, le prix de ceux-ci peut être supérieur de 50 €/t voire plus ! Compte tenu de l’effet discuté des levures sur les performances des vaches laitières, du gain potentiel difficile à chiffrer dans les conditions normales d’alimentation françaises et de leur coût, l’apport de levures est rarement justifié.

Levures

Acteur en élevage laitier, j’analyse, j’agis - Santé du troupeau

Guylaine TROU– Chambres d’agriculture de [email protected]

mArS 2011 - n° 52

Fiche d’aide à la décision REFLEXION

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Le tourteau de cacao est un coproduit de la fabrication du chocolat. Son utilisation en alimentation animale s’accompagne souvent d’une promesse d’amélio-ration du taux protéique (TP) du lait. Mais la présence de théobromine, substance réglementée en alimentation animale et nutrition humaine, inquiète la filière.Un essai à la ferme expé-rimentale des Trinottières (Chambre d’agriculture du Maine et Loire) ainsi qu’un suivi en fermes adhérentes au Contrôle Laitier 44 permettent de donner des recommanda-tions fiables quant à son utili-sation par les vaches laitières. L’essai montre une baisse du lait brut (- 0,7 kg/VL/j) et des taux en légère hausse du fait d’une concentration des matières utiles (+1,2 g/kg pour le TB et +0,8 g/kg

pour le TP). Cet effet sur les taux semble se confirmer avec les résultats du suivi des fermes commerciales.

L’apport de tourteau de cacao permet donc en général d’obtenir une légère augmentation du TP (inférieure à 1 point) par effet de concentration du lait. Enfin, l’exposition humaine à la théobromine reste essentiellement liée à la consommation de denrées chocolatées, le lait issu des animaux consommant ce coproduit en étant très peu pourvu.L’intérêt économique reste à déter-miner.

[email protected] ;[email protected]

Résumé de l’article : « L’introduction de lin dans la ration diminue un peu la quantité de matière sèche ingérée mais ne modifie en général pas la produc-tion laitière (volumes et taux). La teneur du lait en acide gras saturés diminue et le pourcentage en C18:1-trans est augmenté, et ce, d’autant plus que l’apport de lipides se fait sous forme non protégée (graines extrudées, huile) et avec des rations riches en amidon (pour les acides gras trans).La teneur en C18:2 n-6 n’est en moyenne pas modifiée, sauf par l’apport d’huile. La proportion en C18:3 n-3 du lait est multipliée en moyenne par 2 ou 3 pour les formes pratiques les plus efficaces (graines aplaties, farine), et peut atteindre jusqu’à 1,4 % des acides gras du lait avec ce type de supplé-mentations. Il n’apparaît pas d’effet dose de lipides apportée pour le C18:2 n-6 et le C18:3 n-3, alors qu’il en existe un pour les C18:1-trans.

Le beurre et les fromages ont la même composition en acides gras que le lait dont ils proviennent. Les qualités organoleptiques de beurres et fromages ne sont pas modifiées par l’addition de lin dans la ration.

Différents effets sont cités dans la bibliographie pour expliquer une augmentation potentielle de la fertilité, qui reste à confirmer. La produc-tion ruminale de méthane est diminuée par l’ajout de lin dans la ration.En conclusion, l’ajout de lin à la ration des vaches laitiè-res a des effets analogues à ceux d’introduction d’herbe dans le régime fourrager, à l’exception d’une teneur en AG trans supérieure. »

Source : Productions Animales, 2010, N° 23 (4), 307-318

Utilisation de tourteau de cacao dans l’alimentation des vaches laitières

L’apport de lin dans la rationdes vaches laitières

L’Institut de l’Élevage et l’Inra ont présenté dans la revue « Productions Animales » les effets de l’apport de lin dans la ration des vaches laitières sur la production, la composition du lait et des produits laitiers, les émissions de méthane et les performances de reproduction. Si celui-ci présente des effets bénéfiques, il ne faut toutefois pas oublier que le lin reste une matière première souvent onéreuse.

21JaNvier - Février 2011 - N° 51

entendu, vu, Lu

Alimentation

DOSSIER

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22 Mars 2011 - N° 52

Fourrages

TEmPS d’AccèS LimiTÉ Au PâTurAGE

Les vaches laitières s’adaptentLes conditions parfois délicates en début et en fin de saison peuvent conduire à limiter les temps d’accès des vaches laitières au pâturage. Différents essais conduits à l’INRA ont montré que les vaches savent s’adapter pour optimiser leur ingestion d’herbe à ce temps de présence réduit au pâturage.

u printemps ou à l’automne, la durée de présence des vaches

au pâturage est d’abord réduite du fait de la faible disponibilité en herbe. De plus, pendant ces périodes de transition alimen-taire, les conditions de pâturage ne sont pas toujours faciles avec la survenue des périodes plu-vieuses : la réduction de temps d’accès des vaches au pâturage évite de trop dégrader la prairie et de compromettre la produc-tion à venir.

Deux essais à l’INRADeux essais ont été menés pour mieux connaître les capacités d’adaptation comportementale et l’ingestion des vaches dans ces conditions de temps d’accès réduit à la prairie. Le premier a croisé trois temps d’accès au pâturage : 5 h 30 (2 x 2 h 45), 9 h et 21 h par jour. Deux quantités d’herbe étaient offertes, limitan-tes ou non, soit 13 et 24 kg de MS/vache/jour. Les vaches ne

recevaient aucun complément. Le deuxième essai a croisé deux temps d’accès (4 h et 8 h par jour) avec deux quantités fixes d’ensilage maïs–soja (5 et 10 kg MS/vache/jour : l’herbe offerte était alors respectivement de 11 et 6 kg de MS/vache/jour). L’ensilage était distribué après la traite du soir.

La hauteur sortie a augmenté en moyenne de 1,5 cm lorsque le temps d’accès était réduit (5 h 30 et 9 h), et 3 cm lorsque la quantité d’herbe offerte a aug-menté (tableau 1). La quantité d’herbe ingérée a diminué avec la réduction du temps d’accès : 2,9 kg MS dans l’essai A (entre 21 h et 9 h de temps d’accès) et 1,8 kg MS dans l’essai B (entre 8 et 4 h). Il faut noter dans l’essai A que l’ingestion d’herbe a plus diminué lors de la réduction du temps d’accès lorsque la quantité d’herbe offerte est importante. La production laitière a suivi la même évolution à la baisse que l’ingestion d’herbe (- 1,4 kg de lait par vache pour l’essai A et -1,1 kg pour l’essai B) avec la réduction du temps d’accès au pâturage. Le TB a augmenté (+ 2 et + 0,5 g/kg) et le TP diminué (- 1,4 et – 0,5 g/kg).

Les vaches s’adaptent au temps disponibleLorsque le temps d’accès à l’herbe

Tableau 1 : Essais INRA sur la réduction du temps d’accès au pâturage

21 h comparés à 9 h ou 5 h 30

8 h comparés à 4 h

Hauteur sortie (cm) + 1,5 + 1,2

Ingestion d’herbe (kg MS/VL/j) - 2,9 - 1,8

Production laitière (kg/VL/j) - 1,4 - 1,1

TB (g/kg) + 2 + 0,5

TP (g/kg) - 1,4 - 0,5

Durée journalière d’ingestion 5 h 7 h 9 h 3 h 30 5 h 30

Vitesse d’ingestion d’herbe (kg MS/h) + 0,6(+ 33 %)

+ 0,5(+ 26 %)

En début de saison, les temps d’accès au pâturage sont parfois limités à cause de la météo

En période de transition,

il convient d’adapter le

temps d’accès au pâturage et la complémentation

de fourrage d’appoint.

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23Mars 2011 - N° 52

Alimentation

DOSSIER

Jean-Marc Seuret – Chambres d’agriculture de [email protected]

Rémy Delagarde – INRA (UMR PL Saint-Gilles)[email protected]

est réduit, les vaches modifient leur comportement alimentaire. La restriction de temps d’accès au pâturage a réduit le temps d’ingestion d’herbe qui a été dans l’essai A de 9 h, 7 h et 5 h pour respectivement des temps d’ac-cès de 21 h, 9 h et 5 h 30, et dans l’essai B de 5 h 30 et 3 h 30 pour respectivement des temps d’ac-cès de 8 h et 4 h. Ainsi, le pour-centage de temps passé à pâturer est passé de 40 % à plus de 90 % lorsque le temps d’accès a été réduit de 21 h à 4 – 6 h, et il est dans ce cas quasiment de 100 % pour les vaches faiblement com-plémentées. Le nombre de repas par jour diminue alors très forte-ment, voire se réduit à un seul. L’ingestion par repas monte à 6 voire 8 kg MS en un seul repas contre 3 kg MS sans limitation de temps d’accès. Les vaches concentrent donc les activités de pâturage dans le peu de temps disponible : elles déca-lent alors les temps de repos et de rumination à plus tard. Par exem-ple lorsque les vaches ne sortent que la journée, on observe un grand repas de 2 à 3 heures avant la rentrée à l’étable qui corres-pond à un repas d’anticipation. Ce repas n’a pas lieu en période où les vaches sortent la nuit au pâturage.

La vitesse d’ingestion de l’herbe augmenteLes vaches augmentent aussi leur vitesse d’ingestion d’herbe lors des temps d’accès très courts, de l’ordre de + 0,5 kg MS/heure soit une hausse de 30 %. Cette augmentation de la vitesse d’in-gestion n’est pas influencée par la quantité d’herbe offerte, mais est plus importante pour les vaches faiblement complémentées et est d’autant plus élevée que le temps d’accès au pâturage est réduit. La quantité d’herbe ingérée rappor-tée au nombre d’heures passées dans la prairie est de 0,7 kg MS/heure lorsque le temps d’accès n’est pas limité et de 2,4 kg MS/heure pour un temps d’accès de 4-6 h. Néanmoins, elle reste largement plus faible que celle observée sur les rations d’en-

silage maïs où elle peut atteindre 5 à 10 kg MS/heure.Le temps d’accès au pâturage est donc déterminant de l’ingestion d’herbe des vaches au pâturage. Dans le cas d’un temps réduit au pâturage, l’augmentation de la quantité d’herbe offerte ne per-met pas de compenser le manque de temps au pâturage.

Au printemps en conditions humidesCes résultats d’études peuvent être mis en œuvre en périodes de transition au printemps et en automne. En effet, lorsque sur-viennent des conditions humides qui rendent difficile le pâturage des vaches laitières, la réduction du temps d’accès au pâturage permet d’éviter une dégradation de la prairie. Mais afin que les vaches s’adaptent à cette cour-te durée d’accès au pâturage et donc que l’impact sur la produc-tion laitière soit limité, il faut respecter certaines recommanda-tions. D’abord, cette réduction du temps d’accès doit se faire progressivement sur 3 à 4 jours pour que les vaches intègrent que le temps au pâturage est limité. Ensuite, lorsque la quan-tité d’autres fourrages apportée reste la même, le temps d’accès ne doit pas être modifié chaque jour si on veut que les vaches anticipent la rentrée à l’étable et optimisent ainsi le temps passé au pâturage. Enfin il faut adapter le temps d’accès à la quantité de complément apporté (tableau 2) : par exemple, le temps d’accès à l’herbe doit être au minimum de 8–9 h si on n’apporte aucun complément, et 3-4 h avec 10 kg de ration distribuée de préféren-ce après le pâturage. Ces temps peuvent être augmentés de 1 à 2 h lorsque l’herbe est basse (6 à 8 cm) et au-delà de 2 h, si on ne

veut pas altérer les performances de lait/vache. Les vaches ont donc une capa-cité d’adaptation étonnante à la réduction de leur temps d’accès au pâturage. Elles savent amélio-rer l’efficacité de leur pâturage sur des plages horaires très courtes de sortie à l’herbe. Cela est mis en œuvre notamment par les éle-veurs laitiers herbagers d’Irlande ou du sud de l’Angleterre pour mieux valoriser l’herbe tôt au printemps et tard à l’automne

Tableau 2 : Temps d’accès minimum au pâturage pour une consom-mation suffisante d’herbe compte tenu des autres fourrages apportés (pour une hauteur entrée > 10 cm)

Apports Fourrages + concentrés 0 kg MS 5 kg MS 10 kg MS 15 kg MS

Temps d’accès 8 – 10 h 5 – 6 h 3 – 4 h 2 h(INRA – Rémy Delagarde)

A retenir

La vitesse d’ingestion augmente lorsque le temps d’accès est limité.Le temps d’accès à l’herbe doit être au minimum de 3-4 h avec 10 kg de ration distribuée de préfé-rence le soir pour profiter pleinement de l’appétit maximum des vaches après la traite du matin.

Lorsque le temps d’accès est limité, distribuer de préférence le fourrage après la traite du soir

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24 Mars 2011 - N° 52

bretagne conseil elevage

L’hErbE PâTurÉE

Un atout pour la rentabilitéLa surface en herbe représente en moyenne 31 ha par exploitation, soit 62 % de la SFP (source BCEL). L’herbe est une ressource fourragère de qualité et d’un coût avantageux. Sans sous-estimer les difficultés liées à son exploitation, pousse variable et parcellaire, le retour sur investissement est souvent intéressant.

our tirer un profit maxi-mum des surfaces en herbe disponibles dans

les exploitations, il faut maxi-miser les jours de pâturage pour économiser les stocks et les concentrés. Le tableau 1 montre les résultats techniques et écono-miques obtenus auprès des adhé-rents BCEL valorisant des parts d’herbe différentes.

Le bénéfice tiré de l’exploitation de l’herbe n’est pas forcément lié à la surface d’herbe par VL (en moyenne 30 ares/VL). Il s’agit plutôt de valoriser au mieux l’herbe disponible. (tableau 2).

Avec des baisses de rendement de plus de 20 % en herbe et maïs en 2010 et la flambée des prix des aliments et fourrages, l’op-portunité de valoriser le pâturage en 2011 est à saisir. Voici quel-ques pistes pour gagner des jours et économiser du stock.

Produire plus d’herbe…- Respecter les intervalles entre 2 passages.- Raisonner les apports d’azote (30 à 40 unités par passage en RGA).- Débrayer les parcelles en cas d’excédent, pour récupérer ensui-te des repousses feuillues.- Stocker l’herbe sur pied dans les systèmes supérieurs à 35 ares/VL et une proportion de 40 à 50 % de trèfle, pour prolonger le pâtu-rage d’été.- Pour les sols les plus séchants,

Tableau 2 : Exemple de coût alimentaire au printemps

Pâturage seul+ 2 kg MGH

Pâturage+ 3 kg MS maïs

Pâturage+ 6 kg MS maïs

Lait attendu/VL 27,0 kg 27,5 kg 28,5 kg

Coût/1 000 l livrés 28 € 27 € 42 €

15 €/1 000 l économisés au printemps

Tableau 1 : Résultats technico-économiques de 1 153 élevages Prim’Holstein en fonction de la consommation d’herbe par les vaches

Consommation d’herbe/VL 0,5 à 1 t MS

1 à 1,5 t MS

1,5 à 2 t MS

Ares herbe/VL 24 27 31

Stocks consommés t MS/VL 4,8 4,5 4,2

Coût alimentaire (€/1 000 l) 78 73 69

Moyenne Lait/VL (l) 8 160 8 190 8 220

TP 32,2 32,1 32,1

Prix lait (€) 281 280 280

Repro (% IA1) 41 41 42

Source : BCEL – BTE 2009-2010

1 500 € peuvent être gagnés pour + 0,5 t MS herbe pâturée/VL (estimation pour 300 000 l) grâce à l’économie de 5 € sur le coût alimentaire.

En période de forte pousse d’herbe, l’apport de maïs doit être limité.

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25Mars 2011 - N° 52

Alimentation

DOSSIER

Loic Quéméré – Bretagne Conseil Elevage [email protected]

choisir des espèces et mélanges adaptés (à base de RGA-Dactyle-Fétuque-Trèfle) qui seront exploi-tés partiellement en fauche ou par des bovins en croissance. Attention aux épiaisons plus dif-ficiles à gérer dans ce type de mélange.

… et la valoriser au mieux - Bien évaluer la disponibilité en herbe (par exem-ple avec l’herbomè-tre et la prévision Herbavenir de votre conseiller).- Fermer le silo si plus de 25 ares herbe/VL et si plus de 15 jours d’avance.- Rationner rigoureusement la distribution du maïs (en 30 mn à l’auge, les vaches peuvent ingérer 4-5 kg MS).- Faire pâturer les VL de préfé-rence après la traite du matin… et en fin de journée.- Accepter des variations de pro-ductions laitières normales au pâturage (- 5 à 10 % en fin de parcelle). - Aménager chemins et points d’eau facilitant l’accès aux par-celles, y compris pour des grands troupeaux.

Piloter le pâturageLes performances techniques et économiques des VL au pâtu-rage reposent sur la quantité et la qualité de l’herbe offerte. Les hauteurs entrée-sortie des par-celles à rechercher sont respec-tivement 12-13 cm et 5-6 cm en mai-juin. En entrant avec plus d’herbe, il faut souvent ajouter un fil avant pour assurer une

pression de pâturage suffisante. Viser 3 jours de présence par par-celle en se basant sur une surface de paddock de 3 à 3,5 ares par VL suivant les secteurs avec un silo fermé. Par exemple pour 50 VL pâturant, il faut disposer de paddocks de 1,5 à 1,7 ha.Il est indispensable de sortir les vaches très rapidement à l’herbe (dès que la surface disponible le permet) pour assurer un premier passage sur toutes les parcelles

avant fin mars. La distribution du maïs à l’auge doit s’ajuster sur l’herbe disponible et non l’inverse (voir article précédent).Pour que les laitières n’arrivent pas repues au pâturage, il faut

limiter la présence à l’auge (30 minutes maxi). La substitution entre herbe et maïs est importan-te, sauf en conditions défavora-bles (herbe très humide, stade de pâture trop avancé) : ainsi, tout fourrage stocké est consommé au détriment de l’herbe.

Peu de complémentation avec l’herbe de qualitéA la saison de pâturage, de mi-mars à mi-juin, les économies de concentrés peuvent se faire sans incidence sur les performan-ces. L’herbe présente des valeurs nutritives comparables aux concentrés (tableau 3). La sup-pression du correcteur est réali-sable dès que la part de maïs est inférieure à une demi-ration.La substitution entre pâture et concentré de production varie de 0,3 à 0,7 selon la valeur de l’herbe et sa disponibilité. Les essais en stations indiquent une

réponse au concentré au mieux de 1 kg lait par kg de concentré et le plus souvent, autour de 0,7. L’apport de concentré se justi-fie lorsque la disponibilité ou la valeur de l’herbe se réduit (pâtu-rage plus ras < 5 cm, herbe moins feuillue). Les aliments énergéti-ques à base de céréales sont à pri-vilégier pour complémenter des animaux à production élevée. L’herbe ne nécessite pas en géné-ral de complémentation azotée. Toutefois, sur une herbe en fin de cycle, il est possible d’en-visager l’apport de protéines si vous constatez également une forte baisse du lait et du TP dans le tank. Dans ce cas, éviter les aliments contenant de l’urée en choisissant plutôt des formes d’azote protégées

Plus d’herbe et moins de concentré

Apport d’AMV au pâturage

La présence d’herbe dans la ration implique de revoir la distribution d’AMV. L’herbe est suffisamment pourvue en minéraux majeurs, notamment en phos-phore et calcium. L’intérêt du minéral se retrouve alors dans l’apport d’oligos-élé-ments et vitamine E.L’apport se limite à 100-150 g par vache dès que l’herbe dépasse 50 % de la ration. Avec une proportion élevée de trèfle dans la pâture, la quantité d’AMV se réduit davantage (50 à 80 g). En RGA-TB, il est possible d’arrêter la distribution sur quelques semaines en période de plein pâturage. L’impasse minérale est déconseillée sur les animaux en début de lactation (niveau de production élevé, phase d’IA).

Tableau 3 : Valeurs indicatives de l’herbe (par kg MS).

UFL PDIN PDIE

Pâture feuillue 0,98 - 1,00 115 à 140 95 à 105

Pâture été 0,93 - 0,95 105 à 125 90 à 95

Ensilage maïs 0,90 - 0,93 40 à 45 65 à 70

Concentré produc-tion «pâturage» 0,92 - 1,00 110 à 130 110 à 130

d’après Inra 2007

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26 Mars 2011 - N° 52

VoLATiLiTÉ dES Prix ET dES VoLumES dE LAiT

Flexibilité des systèmesUne enquête sur les capacités d’adaptation des exploitations laitières face à la volatilité des prix et des volumes a été réalisée au printemps 2010 au sein du Réseau d’Elevage Lait. Les exploitations enquêtées se jugent plutôt flexibles au regard de leurs moyens de production et en termes de conduite animale. Lors de la dernière campagne laitière, une majorité d’éleveurs ont actionné les leviers concentrés et part de pâturage pour faire face aux prix bas et à la suppression des allocations provisoires.

réseau d’élevage lait

’objectif de l’enquête était d’évaluer les capa-cités d’adaptation des

élevages face à une volatilité des volumes de lait à produire et du prix du lait. Les 40 exploita-tions du Réseau d’Elevage Lait Bretagne ont répondu à cette enquête. Ces exploitations repré-sentent les différents systèmes de production bretons : des « lait spécialisé » à des « lait + viande » ou « lait + porcs ». En moyenne sur les 4 dernières campagnes laitières, les exploi-tations ont livré moins que leur droit à produire (tableau 1). Cependant, sur la campagne 2007/2008 les livraisons après application du correctif matière grasse sont moins décalées du droit à produire qu’au niveau national. Au vu des ces données, un indice de « flexibilité » en terme de volume a été construit. Il est calculé de la façon suivan-te : moyenne des écarts sur 4 ans entre le taux de réalisation effec-tif et potentiel tenant compte des allocations de la campagne (les calculs sont faits en prenant les valeurs absolues des écarts). Plus le chiffre obtenu est bas, plus l’exploitation est considérée

comme flexible, car elle a appro-ché le potentiel. En Bretagne cet indice de flexibilité est de 4 % alors qu’il est de 8 % au niveau national. Les éleveurs de l’Ouest sont plus flexibles.

Flexibilité liée aux moyens de production Parallèlement, les éleveurs ont jugé la flexibilité de leur système. Ils sont plus de 77 % à juger leur système flexible voire très flexi-ble, 3 % seulement le jugeant pas du tout flexible. Le ressenti des éleveurs est alors cohérent

avec l’indice de flexibilité pré-senté ici. Les éleveurs ayant jugé leur exploitation flexible et très flexible (graphique 1) disposent de moyens de production favo-rables (main d’œuvre, places en bâtiment, installation de traite). Ils ont également une conduite d’élevage « flexible » en termes de quantité de concentrés, pro-ductivité par vache, système fourrager, effectif de renouvel-lement. Par contre les éleveurs estimant leur système pas du tout flexible (graphique 2) sont à saturation de leurs moyens de production, notamment les pla-

Graphique 1 : Composantes du système chez les éleveurs jugeant leur exploitation flexible

Tableau 1 : Evolution du quota et des livraisons sur les 4 dernières campagnes et indice de flexibilité

2006/2007 2007/2008 2008/2009 2009/2010 Indice de flexibilité

Quota dur + allocations 103 % 115 % 103 % 101 %

Taux réalisation du quota dur + allocations corrigé quota MG 101,5 % 107,2 % 101,1 % 97,8 %

Différence absolue 2 % 8 % 2 % 3 % 4 %

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Main d’œuvre

Places en bâtiment

Installation de traite

Système fourrager

Combinaison de production

Gestion des concentrés

Effectif de renouvellement

Lait par VL

Favorable Défavorable

Avec la participation financière de

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27Mars 2011 - N° 52

Sophie Tirard –Chambres d’agriculture de [email protected]

ces en bâtiments et l’installation de traite. Ils ont également peu de marge de manœuvre en terme de conduite d’élevage.Dans un deuxième temps les éleveurs ont été interrogés sur la campagne laitière 2009/2010 venant de se terminer : comment faire face aux prix bas et aux suppressions d’allocations provisoi-res ? Sur cette campa-gne laitière, 30 % des éleveurs ont produit les mêmes volumes de lait sans changement de pratiques. En majorité, ce sont des éleveurs herbagers. S’il fallait produire plus, leur levier serait les effectifs animaux, ils n’auraient pas changé de sys-tème. Ils sont déjà très économes et ne souhaitent pas changer de stratégie. Les 70 % restants ont changé leur stratégie de produc-tion : 50 % ont produit le même volume de lait en diminuant les coûts, 7 % ont produit plus pour compenser la baisse des coûts, 8 % ont produit moins et ont cherché à diminuer les coûts et 8 % ont eu d’autres stratégies (notamment ceux ayant dû faire face à une forte augmentation de quota sur cette période). Les 50 % qui cherchent à produire le même volume à moindre coût sont en majorité des éleveurs qui ont un système avec du maïs toute l’année. Les leviers utilisés par les éleveurs ayant changé de stratégie diffèrent selon les sai-sons et les systèmes fourragers considérés.

Au printemps-été 2009, du lait par les fourragesSur la période de printemps-été 2009, la moitié des éleveurs ont changé leurs pratiques suite à la baisse du prix du lait en avril

2009. Ils ont tous cher-ché à produire davan-tage de lait par les fourrages. Les 2/3 de ces éleveurs maintien-nent le silo ouvert ou le ferment moins de 2 mois. Ils ont dimi-

nué la quantité de concentrés par vache (0,9 kg/VL en moins en moyenne) et ont changé la nature du correcteur azoté (tourteau de soja remplacé par du tourteau de colza). Ils ont aussi augmenté la

part d’herbe dans la ration via notamment une meilleure valo-risation de l’herbe. Le tiers des éleveurs restants ferme le silo plus de 2 mois. Ils ont diminué la quantité de concentré et modi-fié sa nature, mais ils ont aussi augmenté le nombre de vaches laitières sur la période afin de produire plus de lait à l’herbe.

Quelles capacités

d’adaptation à la conjoncture ?

Cette enquête s’inscrit dans le dispositif national de 400 fermes, coordonné par l’Institut de l’Ele-vage. Dans un premier temps, la flexibilité des exploitations a été appréhendée sous deux angles : quantitatif avec l’évolution des livraisons et du quota sur les 4 dernières campagnes laitières et qualitatif avec le ressenti des éleveurs en terme de flexibilité de leur exploitation. Dans un deuxiè-me temps, les éleveurs ont été interrogés sur leur gestion de la campagne 2009 - 2010 marquée par des prix bas et l’absence de rallonge laitière.Les 40 exploitations du Réseau d’Elevage Lait Bretagne ont un quota laitier de 380 000 litres sur 80 ha de SAU avec 1,8 UTH. Les cultures de vente occupent 23 % de la SAU et le maïs ensilage représente 30 % de la SFP.

Une enquête nationale

Graphique 2 : Composantes du système chez les éleveurs jugeant leur exploitation peu flexible

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Main d’œuvre

Places en bâtiment

Installation de traite

Système fourrager

Combinaison de production

Gestion des concentrés

Effectif de renouvellement

Lait par VL

Favorable Défavorable

Le nombre de places en bâtiment est un facteur limitant de la flexibilité des systèmes

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entendu, vu, Lu

28 Mars 2011 - N° 52

En automne-hiver 2009/2010, les effectifs et le concentré Sur la période automne-hiver 2009/2010, à peine 48 % des éleveurs ont modifié leurs pra-tiques habituelles. Les éleveurs fermant peu ou pas le silo ont actionné les mêmes leviers qu’au printemps, à savoir la quantité de concentré par vache (- 1,1 kg/VL) et la nature du cor-recteur azoté. Ils ont également gardé davantage de vaches. On peut noter aussi un changement dans les modes d’approvision-nement des concentrés (achat de quantités plus importantes, achat par contrat, changement de four-nisseur…). Quant aux éleveurs fermant le silo plus de 2 mois,

ils ont continué à diminuer les quantités de concentrés et à rem-placer le soja par le colza, mais ils ont également augmenté le pâturage sur cette période ainsi que la durée de tarissement des vaches laitières.D’autres leviers ont été actionnés durant la dernière campagne lai-tière pour réduire le coût de pro-

duction : diminution de l’engrais minéral sur la surface fourragère, impasses sur le phosphore et la potasse, diminution des heures de service et différé de certains investissements en bâtiments et matériels.

Au final, les éleveurs enquêtés ont réalisé 97 % du quota dur + allocation, mais 76 % ont eu des problèmes de trésorerie. Les adaptations et les économies réalisées n’ont pas compensé la baisse du prix du lait.

En conclusion : au vu de cette enquête, la capacité d’adaptation réelle d’une exploitation est à relier aux capacités structurelles ainsi qu’au prix du lait et à l’écart avec son coût de production

réseau d’élevage lait

La Station régionale des Cormiers (35) est la seule station spécialisée en machinisme agricole des Chambres d’agriculture. L’équipe de la station régio-nale vous invite les 24 et 25 mai 2011 à Saint-Aubin-du-Cormier (35) pour célébrer ses 10 ans.

Ces deux journées seront tournées vers l’avenir de l’agro-machinisme.- Les informations inédites d’Ecofuel : Les 30 millions de données collectées par les boî-tes noires Ecofuel vous diront tout sur les écarts de consommation et de mobilisation de la puissance des tracteurs.- Du concret sur les échanges parcellaires : Par exemple : un producteur laitier a parcouru 2 790 km sur la route en 12 mois avec ses tracteurs. Qu’en est–il sur une exploitation au parcellaire moins regroupé ? Combien de km, combien de temps et combien d’euros ! - Vers des épandeurs labellisés : Les technologies nouvelles génèrent de gros pro-grès. Les constructeurs, le Cemagref et la station des Cormiers vous présenteront les méthodes d’évalua-tion des performances des épandeurs pour obtenir, à l’avenir, la labellisation.- Des démonstrations dynamiques :Les pratiques de désherbage évoluent avec les objectifs d’Ecophyto 2018. Les pulvérisateurs haut de

gamme ont adopté les technologies et des automa-tismes de précision avec le GPS et l’ISOBUS. Vous verrez ces machines sophistiquées en action. - Des robots dans les champs :Comment conjuguer agrandissement, diminution de la main d’œuvre et exigences environnementales ? Avec des robots bien sûr ! Les Chambres d’agricul-ture y croient et vous expliqueront pourquoi. Un de ces robots, circulant seul au champ en tenant compte de son environnement, vous fera entrevoir des pistes d’avenir pour la mécanisation.

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Les 24 et 25 mai 2011,la station des Cormiers fête ses 10 ans !

La robotique pour l’agriculture : les Chambres d’agriculture y croient. Venez découvrir pourquoi.

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Cette année, Je m’abonne à Cap élevage LA rEVuE SPÉciALiSÉE boVinS PrÉFÉrÉE dES ÉLEVEurS brETonS** enquête téléphonique Agrimages janvier 2008 auprès de 800 éleveurs

Bulletin d’abonnementCommande anciens numéros

à retourner à : Cap Elevage - Pôle Herbivores - Maison des Agriculteurs - BP 10540 - 22195 Plérin Cedex -

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LES REFERENCES DES ELEVEURS BRETONS Octobre 2010 - N° 48

Stratégies alimentairesComparaison Normande et Holstein

Robot de traite et pâturage

Zoom sur l’agriculture biologique

P. 6

P. 15

Les fiches d’aide à la décision Acteur en élevage laitier

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30 Mars 2011 - N° 52

travail

ELEVAGE dE VEAux dE bouchEriE

Conditions et temps de travail Le travail d’astreinte dans un atelier de veaux de boucherie de 200 places représente 4 à 5 heures par jour, auxquelles viennent s’ajouter l’équivalent de 45 minutes pour la réalisation de tâches ponctuelles

es 24 éleveurs du réseau de référence veau de boucherie, mis en place

en partenariat avec le GIE Lait-Viande de Bretagne, ont répondu en 2009 à un questionnaire. Il portait sur leurs temps et condi-tions de travail en distinguant les tâches quotidiennes et les tâches ponctuelles. Tous sont équipés de cases collectives de 5 veaux sur caillebotis avec une alimenta-tion au seau.

Le temps quotidien et les tâches d’astreinteLe travail d’astreinte englobe l’alimentation du matin et du soir, la surveillance, les soins aux animaux et le nettoyage du matériel de buvée. Dans leurs ateliers représentatifs sur le plan technique de la majorité des éle-

vages bretons, le temps journa-lier consacré au travail d’astreinte passe d’un extrême de 5 h 19 lorsque les veaux ont 8 jours à 4 h 16 quand ils ont 50 jours de présence (tableau).Des écarts importants existent entre éleveurs et selon les pério-des d’élevage. Comme dans toute production, un temps de travail court n’est pas synonyme de bon résultat technique. Les tâches quotidiennes intè-grent à tout moment une phase d’observa-tion ; cette durée est par conséquent diffi-cile à cerner avec pré-cision. 80 % du temps de travail journalier concerne la préparation et la dis-tribution du lait, associées à la surveillance et aux interventions sanitaires sur les animaux. La distribution de l’aliment solide

effectuée manuellement pour des quantités moyennes inférieures à 50 kg dure en moyenne une demi-heure.

Les tâches ponctuellesLes tâches ponctuelles, calculées pour un atelier de 200 veaux pendant une période d’engrais-sement de 160 jours équivalent à

45 minutes ramenées à la journée. Elles s’éche-lonnent de l’entrée des veaux au lavage-désinfection après leur départ (encart).Deux tâches mobili-sent 47 % du temps

de travail total : le nettoyage des cases après le départ des veaux pour 33 % et le suivi administra-tif souvent oublié pour 14 %.Le total des tâches ponctuelles et d’astreinte dépasse les 35 heu-res par semaine pour l’équivalent d’un atelier de 200 veaux, dans près de 80 % des élevages enquê-tés. Une telle taille correspond à la capacité moyenne des élevages en France à l’heure actuelle.

La pénibilité du travailCette notion de pénibilité a été abordée dans l’enquête pour tenir compte en particulier du mode de logement depuis la mise aux normes et du travail réalisé très souvent par des femmes. Cette notion a été jugée de manière qualitative, de facile à très péni-ble. L’enlèvement des cadavres est la tâche jugée la plus pénible par 40 % des éleveurs enquê-tés. La taille des portillons et la disposition des cases, le poids des veaux en particulier quand

Mettre en adéquation temps et

rémunération

Quelles solutions pour distribuer des quantités importantes d’aliment solide ?

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31Mars 2011 - N° 52

Philippe Briand - Jean-Pierre Quillien – Chambres d’agriculture de [email protected] ; [email protected]

Christophe Martineau - Institut de l’[email protected]

la perte se produit en fin d’en-graissement, rendent l’opération scabreuse. D’autre part, la perte économique est doublée d’une dimension psychologique qui affecte l’éleveur. Le nettoyage et la désinfection du matériel sont également jugés comme péni-bles, mais nombreux sont ceux qui délèguent ce travail à une entreprise prestataire.

Evolution et avenir de la productionLe suivi des élevages du réseau a démontré que les veaux restent plus longtemps et sortent plus lourds des élevages. Ceci peut entraîner une usure plus rapide du matériel et des cases en parti-culier. La consommation en plus grande quantité d’aliment solide, non pas pour des raisons régle-mentaires mais pour permettre de réduire le coût alimentaire, peut alourdir la charge de travail et la pénibilité. L’achat d’équi-pements est envisageable pour réduire cette pénibilité, mais tous les éleveurs de veaux ne sont pas en capacité de supporter un

nouvel investissement. Devant le constat établi sur le temps et la pénibilité du travail, la question de la rémunération du travail et

à terme de la pérennité des éle-vages de veaux de boucherie sera posée

Tâches prises en compte dans l’enquête

Identification et tri des passeports à l’entréeTri et mise en case des veaux à l’arrivée des veauxVaccinations et autres interventions prophylactiquesPrises de sang pour contrôler l’anémieRecharges individuelles en ferDémontage des baby-boxesTonte des veauxAllottements en cours d’engraissementIsolement des veaux maladesEnlèvement des cadavres Embarquement des veaux en fin d’engraissementNettoyage et désinfection du matériel et des bâtiments après départ des veauxTâches administrativesPréparation des salles (entretien) avant entrée des veauxAutres tâches

Préparation et distribution du lait : la part la plus importante du travail quotidien avec les soins

Temps de travail dans l'atelier selon la période d'engraissement

Période d’engraissement Temps moyen pour 200 veaux Quart inférieur Quart supérieur

8 jours 5 h 19 4 h 25 6 h 11

50 jours 4 h 16 3 h 11 5 h 03

120 jours 5 h 02 3 h 32 6 h 15

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32 Mars 2011 - N° 52

EFFicAciTÉ ET conForT En ÉLEVAGE LAiTiEr

Pensez ergonomie !De part leur contexte de travail, les exploitants agricoles sont exposés aux Troubles Musculo-Squelettiques ou TMS. L’ergonomie, discipline qui étudie l’homme dans son environnement de travail, permet d’apporter des solutions pour rendre le travail des éleveurs plus confortable au quotidien.

travail

es douleurs musculo-squelettiques sont un réel handicap pour la

réalisation du travail au quoti-dien et peuvent avoir aussi des répercussions dans la vie de tous les jours. Comment prévenir ou limiter leurs apparitions ?

Troubles musculo-squelettiques Ces troubles, qui surviennent en lien avec l’activité professionnel-le, touchent principalement les muscles, tendons et nerfs et se traduisent par des douleurs loca-lisées. Ils peuvent apparaître lors-que l’individu est soumis à des contraintes, ayant une ou plu-sieurs origines : bio- mécaniques, mais aussi organisationnelles ou d’ordre psychologique. Selon l’observatoire des TMS des actifs agricoles de la MSA, les TMS représentent 85 % des

maladies professionnelles recon-nues pour les non salariés agri-coles, pour la période 2004-2008. C’est surtout la tranche d’âge de 41 à 60 ans qui est concernée et les femmes sont plus touchées que les hommes. En 2008, 83 % des trou-bles musculo-squelet-tiques répertoriés sont des affections liées aux articulations (épaule, coude, poignet, genou, cheville) et 16 % sont des affections chroniques du rachis lombaire (sciatique, hernie discale).

Les éleveurs laitiers particulièrement touchésEntre 2004 et 2008, on constate une hausse des TMS en élevage laitier de près de 45 %, contrai-rement aux autres secteurs agri-

coles, où on observe plutôt une stabilisation de ces troubles. Si cette hausse est difficilement explicable aujourd’hui, on peut néanmoins affirmer que les éle-veurs laitiers, par la diversité des

tâches quotidiennes qu’ils réalisent, sont particulièrement expo-sés aux TMS. Ne serait-ce que pour la traite, les contraintes auxquelles sont sou-

mis les éleveurs sont nombreu-ses : le bruit, des sols mouillés et glissants, le port d’objets lourds comme les bidons de lait, l’adop-tion de postures et mouvements difficiles pour le dos ou les épau-les, que ce soit pour nettoyer les trayons, soulever les faisceaux trayeurs, ou lever les bras pour actionner les boutons d’ouver-ture de portes, …. Tout cela dans des conditions de température ou d’éclairage qui ne sont pas toujours satisfaisantes ! On peut facilement rallonger la liste : la distribution des fourra-ges, l’alimentation des veaux, le raclage et le paillage, la mani-pulation des bovins, peuvent également, par leur inconfort, provoquer des TMS. Ces douleurs musculo-squelet-tiques entravent et ralentissent le travail et peuvent entraîner jusqu’à l’arrêt d’activité de l’ex-ploitant pour les cas les plus gra-ves. Il est donc important de les prévenir pour éviter de telles situations, c’est là qu’intervient l’ergonomie.

Agir en élevage laitier La fonctionnalité des bâtiments et des installations joue un grand

Agir avant l’apparition des

troubles

MSA

Bre

tagn

e

Exemples d’élévations du bras hors de la zone de confort pour l’ouverture d’une barrière en salle de traite

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33Mars 2011 - N° 52

Catherine Lucas – Chambre d’agriculture du Finistè[email protected]

rôle pour le confort de travail : il est donc primordial, lors d’un investissement dans un bâtiment neuf ou une nouvelle installation de traite, de ne pas commettre d’erreurs de conception, ni de succomber aux effets de mode. Les choix seront faits pour les bovins, mais aussi pour l’éleveur qui travaillera dans ce bâtiment : positionnement des passages d’homme, absence de marches, hauteur des commandes etc…, sont des points à ne pas négliger. Dans des installations ou bâti-ments anciens, il est souvent pos-sible de faire des améliorations, comme par exemple supprimer des marches, réajuster la hauteur du quai de traite, etc

Se remettre en question Mais améliorer son confort de travail au quotidien ne se réduit pas à l’aménagement des bâti-ments, ni à s’équiper de maté-riels onéreux pour automatiser le travail.Il est tout aussi important de s’interroger sur ses pratiques et sur le système mis en place sur son exploitation. Lorsqu’une tâche est réalisée difficilement par l’éleveur, plusieurs questions doivent lui venir à l’esprit : est-ce que je peux faire différemment ? Est-ce que je peux diminuer la fréquence de cette tâche ? Pour limiter la pénibilité des tâches liées à l’alimentation des

vaches laitières (débâcher le silo, distribution, repousser le maïs…), certains éleveurs pourront avoir l’opportunité de passer à un sys-tème plus herbager, en utilisant au maximum la surface accessi-ble aux vaches laitières. Le silo de maïs pourra être fermé plusieurs mois durant la saison de pâtu-rage, évitant à l’éleveur pendant cette période, non seulement le travail de distribution des fourra-ges, mais aussi le travail de racla-ge du bâtiment vaches laitières et l’épandage des déjections ! Dans cet exemple, faire différem-ment permet d’apporter un gain pour la santé de l’éleveur, sans pénaliser les résultats économi-ques de l’exploitation et tout en évitant un investissement sup-plémentaire !

A retenirDes solutions simples et pas tou-jours onéreuses peuvent donc être mises en place pour améliorer l’en-vironnement de travail des éle-veurs. Encore faut-il être conscient des points qui posent problème sur l’exploitation. C’est là que le regard d’un ergonome est utile. Et si les plus de 40 ans se sentent les plus concernés par cette démarche, il est important d’agir avant l’ap-parition des troubles, pour mieux vivre sa carrière professionnelle, et profiter ensuite pleinement de sa retraite. Tous les éleveurs sont donc concernés !

Une formation pour faire le point sur ses pratiques et trouver des solutions

La Chambre d’agriculture du Finistère propose une formation de 3 jours, avec l’intervention d’une ergonome exerçant dans le secteur agricole et de Sébastien Guiocheau, conseiller bâtiment à la Chambre d’agriculture.

Cette formation permet à chacun d’identifier les gestes et les situations susceptibles de provoquer des TMS et de faire le point sur ses pratiques de travail, à travers un diagnostic individualisé. Enfin, elle propose des solutions organisationnelles pour limiter les tâches pénibles dans l’élevage. La visite d’un éleveur ayant bénéficié d’une approche ergonomie sur son exploitation, complète les apports en salle. Elle s’adresse à tous les éleveurs laitiers, quel que soit leur âge !

Contact : Catherine Lucas 02 98 41 33 12

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2004 2005 2006 2007 2008

Élevages bovins - laitCultures et élevages non spécialisésViticultureCultures céréalières et industriellesÉlevages bovins - viandeÉlevages de vo lailles, lapinsM araîchage, flo ricultureÉlevages bovins - mixteÉlevages ovins, caprinsEntreprises de jardins, paysagisteÉlevages porcinsArboriculture fruitière

Source : MSA, Observatoire des TMS des actifs agricoles synthèse nationale 2004-2008.L’évolution du nombre de TMS montre une augmentation constante pour le secteur des élevages de bovins lait.

Evolution du nombre de TMS de 2004 à 2008

Cette discipline a pour objectif d’adapter le travail et l’environ-nement de travail à l’homme, pour permettre à celui-ci de réaliser une tâche avec plus de confort, de sécurité, et de conserver une meilleure santé, tout en étant efficace. Lors d’une intervention en exploitation, un ergonome va observer l’éleveur et relever toutes les postures difficiles qu’il adopte dans son travail quotidien. Suite à ce diagnos-tic, l’ergonome et l’éleveur rechercheront ensemble des solutions.

L’ergonomie

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34 Mars 2011 - N° 52

bâtiment equipement

FATiGuÉ du rAcLAGE Au TrAcTEur

S’équiper d’un racleur !Hydrauliques, tirants, poussants, à chaîne, à câble, avec rail encastré ou sur le béton : une multiplicité de modèles de racleurs est présente sur le marché. Avant d’équiper un bâtiment existant ou neuf, il est nécessaire de bien s’informer.

e racleur va vous soula-ger d’une tâche relative-ment fastidieuse et vous

permettre de gagner quelques minutes de travail par jour.Suivant le type de produit à racler (fumier épais pailleux, fumier mou, lisier), correspond un type de racleur mieux adapté. Il faut donc bien définir le pro-duit raclé.

Raclage de produit épais : fumier ou lisier pailleuxUn raclage de produit épais se fera plutôt avec un racleur hydraulique à rail en V. La forme en V du racleur ramène le fumier au centre de l’appareil, là où se situe la zone de traction. De plus, lors du retour à sa posi-tion de départ en cas de présence permanente des animaux le V

étant replié, il ne ramène pas de déjections.Les racleurs avec chaîne de qua-lité peuvent également conve-nir pour des produits épais, mais prudence toutefois.Il faut installer ces racleurs hydrauliques en position tirant. Avec des systèmes poussants, le rail a ten-dance à se soulever, cela entraî-ne des dysfonctionnements ou une moindre qualité du raclage. L’emplacement du vérin doit être placé de façon à ne pas gêner.Au bout du raclage, l’ouvrage de réception sera, soit une fosse, soit une fumière.Les systèmes avec fosse ne posent pas de difficulté parti-culière. Il faut cependant que le racleur amène bien le lisier jusqu’au bord de la fosse.

En système fumier, la réception en bout du raclage est plus déli-cate. Plusieurs solutions possi-bles : soit une fumière avec chute

(d’au moins 1,50 m), soit la reprise par un autre racleur ou élé-vateur en perpendicu-laire et transfert vers la fumière. Avec une fumière à plat, il sera nécessaire de repren-

dre souvent le fumier au trac-teur pour l’entreposer dans la fumière, ce qui est une contrainte supplémentaireCertains racleurs à chaîne per-mettent de prendre des angles et amener le produit en perpendicu-laire du couloir de raclage.

Raclage de lisierSur ces produits les racleurs droits peuvent convenir. Ils ont l’avantage de ne pas nécessiter une zone de garage importante au départ.Ces racleurs peuvent bien sûr être hydrauliques avec rails, mais le raclage avec chaîne à égale-ment sa place et le coût d’inves-tissement est moindre.Il existe également sur le marché des racleurs avec câble ou corde. Ceux-ci sont plutôt adaptés à des raclages très fréquents, de 5 à 6 fois par jour, animaux en stabu-lation permanente ou raclage de caillebotis. Leur durée de vie est moins importante.

Type de poseEn cas d’installation neuve, il est très facile de prévoir un rail encastré. Il faut cependant une très bonne concertation entre le monteur du racleur et le maçon.

Bien définir le produit à racler

Le racleur en V est adapté pour racler du fumier.

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35Mars 2011 - N° 52

Dominique Le Ruyet – Chambre d’agriculture du [email protected]

En rénovation, le rail apparent peut convenir. Il sera plus facile à installer. Des dispositifs sont pré-vus en cas de panne pour pouvoir racler quand même. Cependant le rail au-dessus de l’aire d’exer-cice peut être une gêne pour les vaches.Sur un béton existant l’encastre-ment du rail ou de la chaîne se fait en créant une saignée dans le béton à l’aide d’une machine adaptée. Les réservations faites en attente d’une éventuelle pose de racleurs ne sont pas utiles.

Racleurs automoteursLes racleurs automoteurs exis-tent également, par exemple le scarabeo de chez Miro, celui-ci nécessite peu de travaux sur la structure béton pour être mis en place. Il convient au raclage du lisier.

Pour racler les caillebotis, sont apparus les robots racleurs. Ils circulent sans arrêt dans le bâti-ment et permettent une bonne pénétration du lisier à travers les caillebotis.

Le plus important : les bétons.Quels que soient les racleurs et le type de déjections, il faut que les bétons soient très bien réalisés. Mieux vaut reprendre les bétons malgré le coût, plutôt que d’ins-taller un racleur qui fonctionnera mal

A retenirLes racleurs comportent une mul-tiplicité de détails. Ce sont des matériels apportant une bonne amélioration des conditions de travail et un gain de temps quand ils fonctionnent bien, mais ils peuvent être également source de bien des désagréments, soyez donc vigilants.

Quelques idées de coût

Chaque installation est spéci-fique. Donc, en cas d’investis-sement, il faut faire des devis adaptés à son exploitation. Voici cependant l’ordre de grandeur de prix pour 2 cou-loirs de longueur 50 m : 18 000 à 20 000 €

racleur droit : bien adapté au raclage du lisier

Le racleur à moteur électrique Le racleur à moteur hydraulique

Un vérin hydraulique déplace un rail qui entraîne un rabot. De par sa puissance, il permet de bien gérer le raclage du fumier.

Le moteur électrique tire un rabot à l’aide d’une chaîne, d’un câble ou même d’une corde.Les modèles à chaîne carrée sont à préférer aux modèles à chaîne marine, moins couteux mais plus difficiles d’entretien.

Pour plus d’informations, contactez votre conseiller bâtiment

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La vie des stations

Mars 2011 - N° 52

STATion ExPÉrimEnTALE LAiT dE TrÉVArEz

Etude des prairies de faucheDepuis de nombreuses années, la station de Trévarez réalise des observations concernant les associations graminées–légumineuses. Pendant longtemps, les travaux ont porté sur les mélanges ray-grass anglais – trèfle blanc destinés au pâturage.

in 2008, un essai ciblé sur les prairies exclu-sivement destinées à la fauche a été mis en place par le semis de 8 mélanges disposés en

placettes de 75 m², répétés 3 fois. Ces prairies sont fauchées 3 fois au cours de la saison. Le rendement est mesuré à chaque récolte et la proportion de chaque espèce est pesée en général sur la deuxième coupe. Ce dispositif est aussi en place à la station expérimentale de Mauron, ce qui permet d’observer le comportement de ces mélanges en zone sèche.La luzerne, sur le devant de la scène depuis la forte augmentation du cours des protéines l’an dernier, est positionnée avec le dactyle à différentes doses. Le trèfle violet est associé au ray-grass hybride. Enfin, des mélanges plus pérennes sont installés avec la fétuque élevée, associée ou pas avec la fléole, la légumineuse étant ici le trèfle blanc.

Le ray-grass hybride-trèfle violet pour des prairies de moyenne duréeLe développement des surfaces en herbe se tradui-sant par une augmentation des fauches au-delà d’un certain seuil, un dispositif a été mis en place afin de travailler des mélanges mixtes à la fois performants sur leur caractéristique « fauche », comme sur le potentiel de pâturage. La réponse à cette exigence s’est traduite par la recherche d’un RGH de type intermédiaire à anglais pour sa pérennité, mais surtout pour sa capacité à fournir des repousses esti-vales feuillues, capables d’assurer des performances

animales soutenues, à la différence des ray-grass trop typés italiens où la forte remontaison en été n’autorise souvent qu’un pâturage de piètre qua-lité. Ainsi, ce RGH intermédiaire à anglais permet une à deux fauches avec montaison, puis du pâtu-rage d’été-automne, même si le caractère anglais et souvent tétraploïde de ces RGH nécessite un peu plus de temps de séchage. Mais, la progression de la génétique des RGH comme des trèfles violets permet aujourd’hui d’assurer de bons rendements sur trois années. Début avril, quatre mélanges ont été semés, chacun occupant un hectare. Excepté la première année, ils seront fertilisés avec un apport de lisier de bovin en sortie d’hiver, le trèfle prenant ensuite le relais concernant l’autonomie azotée de la culture. Des observations sur le comportement et l’évolution des mélanges seront réalisées au cours des 3 années d’exploitation

Prairies de fauche semées fin 2008

RGH 20 kg/ha témoinRGH-Trèfle violet 10 + 10 kg/haFétuque-Fléole-Trèfle blanc et hybrideFétuque élevée-Trèfle blanc et hybride Dactyle-Trèfle blanc 15 + 5 kg/haDactyle-Luzerne 8 + 17 kg/haDactyle-Luzerne 10 + 15 kg/haDactyle-Luzerne 12 + 12 kg/ha

Pascal Le Cœur – Chambres d’agriculture de [email protected]

Deux des quatre mélanges de RGH-Trèfle violet, début mars 2011.