N° 43 - NOVEMBRE 2015 AGRI Mutuel -...

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N° 43 - NOVEMBRE 2015 AGRI Mutuel Cultivons ensemble nos projets d’avenir l GIE : mutualiser pour plus d’efficacité l Les drones en mission l L’agriculture caméra au poing l Cap sur la Cop21 Pommes du Limousin Terroir et travail de précision REALISé ET OFFERT PAR :

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N° 43 - NOVEMBRE 2015

AGRI MutuelCultivons ensemble nos projets d’avenir

l GIE : mutualiser pour plus d’efficacitél Les drones en missionl L’agriculture caméra au poingl Cap sur la Cop21

Pommes du Limousin

Terroir et travail de précision

REALISé ET OFFERT PAR :

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SOMMAIRE

4 l Ça fait débat

Quelle réforme gagnante-gagnante ?

7 l Tous comptes faits

Mutualiser pour gagner en efficacité

10 l Terre-à-terre

L’alliance d’un terroir et d’un travail minutieux

12 l C’est déjà demain

Drones agricoles :la précision venue des airs

14 l Champs libres

Les lauréats ravis de Cultures’Agri

15 l Regards

Cap sur la Cop21

AGRI Mutuel n°43 - novembre 2015, est un magazine périodique de la Caisse Fédérale de Crédit Mutuel et Caisses affiliées (Centre Est Europe, Sud-Est, Ile-de-France, Savoie-Mont Blanc, Midi-Atlantique, Centre, Dauphiné-Vivarais, Loire-Atlantique et Centre-Ouest, Méditerranéen, Normandie et Anjou), 34 rue du Wacken 67913 Strasbourg Cedex 9, du Crédit Mutuel Maine-Anjou, Basse-Normandie, 43 Boulevard Volney 53083 Laval Cedex 9 et du Crédit Mutuel Océan, 34 rue Léandre Merlet 85000 La Roche sur Yon. Directeur de la publication : Jean-Luc Schenckbecher. Directeur de la rédaction : Xavier Wrtal. Coordination : Damien Pagniez, Alain Plagnard. Conception graphique et éditoriale : TEMA/Presse. Ont collaboré à ce numéro : Bérengère de Butler, Murielle Chappatte, David Lefebvre, Louise Rubio. Iconographie : Luc Bertau, Laurent Theeten. Fabrication : L’Est Agricole et Viticole. Impression : Interprint – Est Imprimerie / Moulins-lès-Metz. Dépôt légal à parution. ISSN : 1627-5748. Caisse Fédérale de Crédit Mutuel et Caisses affiliées, société coopérative à forme de société anonyme au capital de 5 458 531 008 euros, 34 rue du Wacken, 67913 Strasbourg Cedex 9, immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés B 588 505 354, contrôlée par l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR), 61 rue Taitbout, 75436 Paris Cedex 09, intermédiaire en opérations d’assurances sous le N° Orias 07 003 758 consultable sous www.orias.fr. Contrats d’assurances souscrits auprès de : ACM IARD S.A., ACM VIE S.A. entreprises régies par le code des assurances et MTRL, mutuelle nationale régie par le livre II du code de la mutualité. Assur Récolte est un contrat d’assurance distribué par l’intermédiaire de PROCOURTAGE SAS, N° Orias 07 002 552 et garanti par L’ETOILE Société d’Assurance Mutuelle - Entreprises Régies par le code des assurances, contrôlées par l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR), 61 rue Taitbout 75436 Paris Cedex 09. Inscription ORIAS consultables sous www.orias.fr. Crédit Mutuel Mobile est un service de l’opérateur EI Telecom. EI Telecom, SAS au capital de 175 715 euros - RCS Paris 421713892 - 12 rue Gaillon 75107 Paris Cedex 02. CM-CIC Epargne Salariale, 12 rue Gaillon, 75017 PARIS Cedex 02, Société Anonyme au capital de 13 524 000 euros, RCS 692 020 878 Paris.

+ D’INFOS

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Dans l’actu

Le Crédit Mutuel, à vos côtés dans les moments difficiles !

Deuxième banque de l’agriculture, le Crédit Mutuel est reconnu pour sa capacité à gérer les situations de crise*. Ancrées dans leur terri-toire, les Caisses de Crédit Mutuel assurent proximité, écoute et réactivité. L’enjeu est d’assurer la pérennité de l’activité agricole. Nous invitons nos clients-sociétaires à se rapprocher de leur chargé de clientèle dès les premières difficultés afin d’étudier les solu-tions financières les plus adaptées à leur situa-tion personnelle. Par exemple, l’aménagement des encours existants ou le report d’échéance. Cela pour éviter l’augmentation systématique de l’endettement. Nos conseillers spécialisés pourront également vous assister pour la mobilisation des aides publiques du Plan de soutien à l’élevage français (notamment liées au Fonds d’allégement des charges).C’est pendant les moments difficiles que s’ex-priment avec le plus de force les valeurs mutua-listes de la banque qui appartient à ses clients.

* Source : Baromètre de satisfaction des clients agriculteurs réalisé par ED Institut en janvier 2013.

Conscient des difficultés que rencontre actuellement une partie de la profession agricole, le Crédit Mutuel souhaite rappeler son engagement à rechercher des solutions adaptées à la situation de chaque exploitation.

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Produits de la saison l

> INDICATEUR

Services

Bien préparer la transmission de votre exploitation agricole

La préparation de la transmission est une étape importante de la vie de l’exploitation et de l’exploitant. Elle implique des choix familiaux, juridiques et financiers qu’il est souhaitable d’anticiper.

Estimez la valeur de votre exploitationEn premier lieu, l’estimation au « juste prix » de votre exploitation est une néces-sité : économique (pour la détermination d’un prix), fiscale (pour éviter tout redres-sement) et patrimoniale (pour une bonne entente familiale). Les méthodes d’évalua-tion sont très diverses. La plus pratiquée est celle dite de la valeur patrimoniale mais il existe d’autres méthodes basées sur la rentabilité : valeur d’investissement (quel montant l’acquéreur est-il prêt à investir pour bien rémunérer ses capitaux ?) ou valeur de remboursement (à partir de la rentabilité de l’exploitation, quel montant l’acquéreur peut-il emprunter ?)

Anticipez la baisse de revenuPour obtenir une retraite décente, il est important de s’y préparer tôt et d’y consa-crer un effort important. Le Crédit Mutuel a des solutions pour vous aider à vous consti-tuer une retraite complémentaire notam-ment en payant moins d’impôts et de coti-sations MSA.

Limitez la fiscalité liée à la cession

La transmission de l’exploitation peut géné-rer une fiscalité parfois conséquente. Le patrimoine foncier de l’exploitant agri-cole constitue un élément important de la valeur de son patrimoine : terres agricoles, vergers, vignes, bâtiments d’exploitation. La location de ce capital foncier par bail à long terme procure des avantages fiscaux très significatifs pour l’ISF, les droits de succes-sion et de donation. Les sociétés en agriculture permettent une transmission progressive du capital d’exploi-tation et du capital foncier. Il faut s’y prépa-rer à l’avance et bien s’entourer (notaire, avocat, Crédit Mutuel, etc).

S’organiser patrimonialementCommencer de son vivant à prévoir la trans-mission de son patrimoine, voire l’anticiper, contribue souvent à préserver l’entente fami-liale. Donations, testaments ou pactes d’asso-ciés sont autant de solutions permettant une répartition équitable et organisée du patri-moine. Ces dispositifs prévoient des condi-tions et délais pour bénéficier pleinement des avantages fiscaux liés à la transmission. Il n’est jamais trop tôt pour se renseigner et se faire conseiller.

* Source : Agreste ‑ Recensement agricole 2010.

CULTURES AGRIDémarrage de la 6e saison !

Comme à chaque rentrée scolaire, le Crédit Mutuel

propose aux écoles d’agriculture l’opération

« Cultures Agri ». Les étudiants sont invités à

tourner un clip d’une minute sur un thème qui, cette

année, est « Les énergies de nos territoires ». Les

lauréats gagnent des dotations pour financer leur

voyage d’étude et les trois meilleures classes seront

invitées au Salon international de l’agriculture à

Paris en février 2016.

Retrouvez tous les détails de

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TOUjOURS plUS DE lAIT ET SURTOUT EN ASIED’après les perspectives agricoles de la FAO et de l’OCDE, d’ici à 2024, la production mondiale de lait devrait augmenter de 175 Mt, soit + 23 % par rapport aux années de référence 2012‑2014. Les trois quarts de cette hausse devraient provenir des pays en développement, notamment des pays asiatiques. Le cheptel de ces zones continuera d’augmenter mais surtout d’améliorer son rendement laitier. Dans les pays développés, en revanche, le cheptel de vaches laitières devrait décliner. L’érosion du nombre de bêtes sera compensé par une augmentation de la production unitaire. Côté échanges commerciaux, l’UE devrait rester leader sur les exportations de fromages et de lait écrémé en poudre.

SOuRcE : FAO ET OcDE

Avec un agriculteur sur deux âgé de plus de 50 ans*, la transmission des exploitations est le véritable enjeu des prochaines années. Partenaire du monde agricole, le Crédit Mutuel vous accompagne et vous aide à bien préparer votre transmission.

Taille : Production de lait par zone politique ou État en 2015Couleur : Évolution prédictive de la production de lait

sur la période 2015-2024

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l Ça fait débat

Quelle réforme gagnante-gagnante ?En marge du statut du fermage, la boîte à outils juridique des exploitants s’est étoffée avec la création d’un bail cessible hors du cadre familial et la reconnaissance de l’existence du fonds agricole. Mais les attentes côté propriétaires et fermiers demeurent nombreuses. DaviD Lefebvre

Le statut du fermage a été créé en 1945 pour sécuriser l’ex-ploitation agricole. Au jourd ’hu i , l a

surface agricole utile française est à 70 % exploitée en fermage. Mais un toilettage s’impose pour avoir un statut en phase avec les mutations agricoles : faire face au renouvellement des générations, faciliter les installations hors cadre familial, adapter le statut à la multipropriété des exploi-tations…Le profil des bailleurs évolue également avec une montée en puissance des investisseurs non agricoles et des collectivités. Il y a urgence à réfléchir à de nouvelles formes statutaires contractuelles entre bailleur et preneur, d’autant

qu’un fermier a très souvent plusieurs propriétaires. Sans toute-fois ouvrir la boîte de Pandore et remettre en cause l’ordonnance de 1945 qui a donné une stabilité foncière à l’agriculture, indique Marilène Bellot, juriste agricole dans le Bas-Rhin.Dans un livre blanc paru en octobre 2004, « Propositions pour des entreprises agricoles rurales et durables », le think tank agricole Saf agr’iDées proposait la création d’un fonds agricole et d’un bail d’entreprise agricole, précurseur d’un bail cessible hors du cadre familial. Idée qui a ensuite fait son chemin dans le syndicalisme. Et qui a été reprise dans la loi d’orientation agricole du 5 janvier 2006. Elle a introduit

la possibilité de contractualiser des baux cessibles, ce qui donne au locataire l’autorisation de trans-mettre son bail, moyennant un fermage augmenté jusqu’à 50 % du barème préfectoral. « Disposi‑tion qui rend ce bail inapplicable dans de nombreux secteurs où le revenu agricole est équivalent au fermage », estime Sylvie Le Brun, présidente de la Section nationale des fermiers métayers (SNFM). Par ailleurs, en cas de conclusion d’un bail cessible, le refus de renouvellement oblige le

n NE PAS DÉPECER L’OUTIL

Très souvent, un exploitant

fermier possède ses bâtiments

dans lesquels il a investi en

fonction de la surface exploitée.

Le risque en cas de dépeçage

de la surface est que les

bâtiments ne servent plus à rien,

il n’y a alors plus de transmission

possible. Les Jeunes Agriculteurs

souhaitent reprendre des outils

en vitesse de croisière et donc

effectuer une reprise dans sa

globalité plutôt que morcelée.

Le statut du fermage est un outil de base pour installer des jeunes de façon sécurisée. Notre objectif d’ici trois ans est de faire une proposition de modernisation du statut sur la transmission des baux ruraux. La SNFM préconise une cessibilité élargie des baux aux jeunes hors cadre, dans le cas d’une transmission en multipropriétés. Sur notre exploitation, nous avons huit proprié-taires et souhaitons transmettre sa totalité sans dépecer les surfaces en rapport avec les bâtiments. Or, en cas de cessibilité du bail, il nous serait très compliqué d’accorder les propriétaires. concernant les GFA familiaux, ils présentent l’inconvénient de reculer les problèmes le moment venu, lors du rachat où l’exploitant impose son prix. Nous avons également réfléchi à l’attractivité du portage foncier. Mais en général le portage s’adresse à des exploitations à revenus modestes. Enfin, sur la question de modification du bail en cours, il faut alors une indemnité à hauteur de la perte subie, et donc se pose la question du fonds agricole. En tout état de cause, la loi ne pourra évoluer que si les rapports sont gagnants-gagnants.

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n LA SOLUTION DE PORTAGE :

Pour que le portage soit

intéressant, il faudrait que

le porteur foncier soit intéressé

au revenu de l’exploitation.

Mais c’est pour cela que

l’exploitation fait appel

au portage… un paradoxe.

Sylvie Le Brun, présidente de la Section nationale des fermiers métayers

une évolution si tout le monde y gagne

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bailleur à verser à son locataire une indemnité d’éviction. La loi de 2006 a également reconnu l’exploitation comme une véritable entreprise. Et donc l’existence du fonds agricole. À l’image d’un fonds de commerce, ce fonds reste cependant difficile à évaluer ; il se rapporte à la capa-cité de l’exploitation à générer un revenu agricole et est constitué de tout ce qui permet à l’agricul-teur d’exercer. La déclaration du fonds agricole n’étant pas obli-gatoire, très peu d’exploitants y

ont procédé, également à cause de craintes sur le plan fiscal. « Mais les esprits évoluent lentement », indique Sylvie Le Brun. En 2010, la loi d’avenir a introduit le bail rural environnemental, où un bailleur peut, sous certaines conditions, imposer des clauses environnementales. Ce qui a été vécu par les fermiers comme une avancée au profit des bailleurs.Ces modifications relatives au statut du fermage répondent souvent à des sollicitations politiques tant de la part des preneurs que des bailleurs. Par exemple, en 2006, le candidat Sarkozy avait, dans une interview dans le Journal de la propriété rurale, promis à la propriété privée rurale d’alléger le statut du fermage. Et notamment promis d’indexer

l’évolution du prix du fermage sur celle des prix du foncier, au lieu des prix agricoles. « Avec la flambée des prix du foncier, ça aurait été une catastrophe », indique Sylvie Le Brun. Aujourd’hui encore, les pressions sont fortes dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Avec une volonté de remettre en cause le statut du fermage, qui est extrêmement protecteur pour l’exploitant agricole, au détriment de la liberté d’usage du bien laissée au propriétaire, confirme un député. Avec la flambée des cours des céréales, des proprié-taires ont imaginé récupérer le bien pour le faire exploiter par un presta-taire. « La question est de savoir si on reconnaît cette pression et si on modifie le statut du fermage, mais sans affaiblir le droit d’exploiter. »

n On a des cas parfois où le bailleur ne veut pas laisser l’agriculteur céder le bien au repreneur de son choix, alors les agriculteurs constituent une société, c’est rare … Ces cas font parler mais ne sont pas fréquents. Il ne s’agirait pas de légiférer pour quelques exceptions.

n PLUS DE VISIbILITÉ

Le fonds agricole, c’est l’accès

au foncier : un fonds constitué

de tous les biens de l’exploitation,

dont font partie les DPU

et les baux. Par exemple,

quand un commerçant transmet

son fonds de commerce,

il transmet son bail commercial

et son outil de travail. Il s’agirait

de moraliser les cessions reprises

avec des dossiers économiques

plus carrés, qui permettraient

de donner plus de visibilité

au jeune qui s’installe.

Le think tank Saf agr’iDées apporte des idées novatrices dans l’évolution des rapports entre bailleurs et preneurs. Le renouvellement des générations est un vrai défi. Or le niveau de

retraites agricoles ne fait pas rêver les exploitants sur le départ. Aussi, nombreux sont ces derniers à chercher des solutions pour poursuivre leur activité professionnelle.

Néanmoins il faut inciter les générations à pactiser entre elles. Saf Agr’iDées prône le passage d’une vision patrimoniale de l’agriculture à une vision entrepreneuriale.

celle-ci passe par une adaptation du statut du fermage, favorisant l’installa-tion hors cadre familial, et par l’apport de concepts innovants comme la location gérance, ou de nouvelles solutions de portage du foncier, comme la fiducie. Il faut rendre les parts sociales des GFA plus mobiles, plus ouvertes et les procédures d’agrément des cessions plus rapides. Il ne faut pas oublier qu’en portant le foncier, les propriétaires restent les premiers

financeurs de l’agriculture. Ils doivent avoir un intérêt financier à le rester.

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Jean-Baptiste Millard, gestion des entreprises et territoires à Saf agr’iDées

Pour une agriculture entrepreneuriale

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l Publi-information

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ÉPARGNE SALARIALE

Mieux rémunérer les salariés sans augmenter les salaires !Motivez vos employés en les associant à la réussite de votre entreprise ! Très appréciée pour ses avantages fiscaux, l’épargne salariale permet aux dirigeants et à leurs employés de se constituer une épargne en franchise d’impôts.

Prime Épargne salariale

Coût pour l’entreprise 1 000 € 1 000 €

- Charges patronales (50 % du brut) 333 € 0 €

- forfait social (20 % du brut) 0 € 167 €

= Montant brut versé à l’épargnant 667 € 833 €

- Charges salariales (15 % du brut) 100 € 0 €

- CSG + CrDS (8 % du brut) 53 € 67 €

- impôt sur le revenu (hypothèse : taux maximal de 14 % après abattement de 10 %) 65 € 0 €

= Revenu net versé à l’épargnant 449 € 766 €

Éligible à toutes les entreprises ayant au moins un salarié (1), le Plan d’Épargne entreprise (Pee) et son complément retraite (Perco) permettent de recueillir les primes de l’intéressement et de la participation. Ces sommes, ainsi que les versements volontaires des épargnants (y compris le chef d’exploitation), peuvent être abondés par l’exploitation dans un cadre fiscal et social avantageux.

bénéficiaires individuelsTous les salariés (en CDi, en CDD, apprentis, salariés à temps partiel...) de l’entreprise, sous réserve d’une ancienneté minimum de trois mois.Le chef d’exploitation et le conjoint collaborateur (ou conjoint associé) si l’entreprise emploie au minimum un salarié pendant six mois consécutifs ou non au cours de l’exercice considéré.

AbondementL’abondement vient en complément d’un effort d’épargne volontaire du salarié dans un plan d’épargne salariale. Cet effort d’épargne résulte du versement de tout ou partie de la prime d’intéressement, de la prime de participation et/ou de versements volontaires. Les règles de l’abondement sont définies par le dirigeant chaque année préalablement aux versements des épargnants, en fonction de son budget. L’entreprise communique un taux et un plafond d’abondement pour tous les salariés dans le respect des dispositions légales

(taux maximum 300% de l’effort d’épargne volontaire du salarié, plafond d’abondement Pee : 8 % du PaSS (2), plafond d’abondement Perco : 16 % du PaSS (2)). L’abondement n’a pas de caractère obligatoire, ou récurrent.

L’intéressementil permet d’associer collectivement les salariés à l’amélioration des performances et des résultats liés à la réalisation d’objectifs par le versement de primes exonérées de charges sociales.

Disponibilité des fonds ?Dans le cadre d’un Pee, les fonds sont placés pendant cinq ans ou jusqu’à la retraite dans le cadre d’un Perco. La loi prévoit cependant de nombreux cas de sorties anticipées sans remise en cause des avantages fiscaux.

Quel dispositif choisir ?Ormis les entreprises ayant un niveau d’effectif imposant la mise en place d’un accord de participation, les dirigeants des exploitations agricoles, préférant la flexibilité et la simplicité, opteront pour la mise en place d’un Pee et/ou Perco avec versements volontaires et abondement.Toutefois, si l’objectif est d’intégrer les salariés à l’amélioration de la performance de l’exploitation en toute transparence des résultats, alors il faudra privilégier la mise en place d’un accord d’intéressement.

À budget identique pour l’entreprise, les sommes revenant aux bénéficiaires de l’épargne salariale sont supérieures à celles perçues dans le cadre d’une prime exceptionnelle.

(1) À condition d’employer au moins un salarié dont le contrat de travail est d’une durée minimale de 24 heures par semaine, sauf dérogation légale ou conventionnelle, pendant six mois consécutifs ou non au cours de l’exercice considéré (article R 3322-1 du Code du travail).(2) Plafond annuel de la Sécurité sociale.

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Tous comptes faits l

Mutualiser pour gagner en efficacitéLe GIE Agribiotech (labellisé GIEE en février 2015) regroupe six exploitations céréalières de la Drôme qui ont investi ensemble dans du matériel permettant de réduire le recours aux intrants chimiques. Cette première initiative a dynamisé le groupe qui multiplie les projets. bÉreNGère De bUTLer

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n Le GIE Agribiotech, c’est six agriculteurs et 550 ha. GIE AGRIbIOTECh

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l Tous comptes faits

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Le GIE Agribiotech est né des excès d’une agriculture passée. De 2005 à 2010, plusieurs pics de pollution au s-métolachlore ont été enregistrés au captage d’eau potable des Prés

nouveaux, situé près d’Albon, dans la Drôme. La Chambre d’agriculture a alors sensibilisé les agriculteurs du secteur à cet écueil devenu peu à peu récurrent, jusqu’à menacer la pota-bilité de l’eau. Une étude hydrogéologique a été menée afin de déterminer l’aire d’alimentation du captage et d’y mettre en place un programme

d’action visant à modifier les pratiques des agri-culteurs. Suite au Grenelle de l’environnement, le captage des Prés nouveaux est retenu comme captage prioritaire. Du coup, l’achat de matériel permettant de réduire le recours aux produits phytosanitaires de manière collective donne droit à une majoration de la subvention accor-dée dans le cadre du Plan végétal pour l’envi-ronnement (PVE). « Cela permettait d’acheter moins de matériel, mais du matériel plus perfor‑mant », indique Aurélien Ravit. Il se rapproche de plusieurs agriculteurs du secteur, dont certains

pratiquant l’agriculture biologique, avec un peu de matériel en commun. Au final, six exploi-tants agricoles, unis par une certaine affinité, décident de se regrouper en GIE. Il s’agit de l’EARL Ravit-Brunet, l’EARL Les champs bio (Denis Valentin), l’EARL Phan (Alain et Nicolas Vizier), Jacques Vallon ainsi que René et Laurent Guironnet. Toutes ces exploitations de polycul-ture ont développé un atelier complémentaire : culture de fruits à noyaux, de légumes, ou encore élevage de volailles label ou de bovins viande.

80 % de subventionPour monter le GIE, les agriculteurs ont fait appel aux conseils de Nicolas Ribes, gérant de la société Scara (Société conseil agriculture Rhône-Alpes) ; il a participé à la création d’un des premiers GIE, le GIE DAD (Développe-ment Agriculture Durable), regroupant des exploitations bio en Ardèche. « Nous avons discuté avec lui de la meilleure manière de créer une structure collective. Parce que de toute manière, en voyant le plan Ecophyto arriver, c’est vers cela que nous avions envie d’aller », rapporte Aurélien Ravit, au nom des agriculteurs conventionnels. Les bio, quant à eux, y trouvent aussi un intérêt puisque l’achat groupé doit leur permettre d’avoir accès à du matériel performant, gage de pérennité de leurs structures. En juillet 2012, les statuts du GIE sont signés. Rapidement, ils se réunissent pour

n Aurélien Ravit utilise une des acquisitions du GIE : le semoir à 11 rangs et 60 cm d’écartement qui procure la même largeur d’inter‑rang à tous les membres.

POUR LUTTER CONTRE L’ÉROSION

une association strip-till et luzerne semences

Dans le secteur du GIE, les parcelles présentant des sols légers et pentus, donc sensibles à l’érosion, ne sont pas rares. Dès lors, le binage comme alter-native mécanique au désherbage chimique n’est plus une solution pertinente car, en ameublissant le sol en surface, cette technique accroît le risque érosif. c’est pourquoi les membres du GIE ont acquis du matériel spécifique au strip-till, pour ne travailler que

la future ligne de semis. une mise en œuvre délicate facilitée par l’équipement en autoguidage RTK qui permet de retrouver les lignes travaillées. D’ores et déjà, les membres du groupe ont pu constater l’intérêt du strip-till : « Durant cet été caniculaire, les maïs sont restés plus verts dans les parcelles travaillées au strip-tiller. » En outre, certains membres du GIE, comme Auré-lien Ravit, ont saisi l’opportunité de produire des semences de luzerne pour le semencier Jouf-fray-Drillaud. « L’intégration de la luzerne semences dans les rotations assure la couverture des parcelles sensibles au risque érosif. Il est possible de l’implan-

ter sous couvert de tournesol. Elle commence à se développer dessous et devient la culture prin-cipale à la récolte du tournesol », précise Aurélien Ravit qui en a implanté pour la première fois au printemps 2015. Le groupe envisage deux pistes pour aller plus loin vers l’agro-écologie : les TcS et la méthanisation : « Le groupe comporte des agricul-teurs bio pour qui le recours aux engrais chimiques est interdit. Et comme le groupe comporte peu d’éleveurs, ils doivent acheter des engrais organiques. Investir dans une unité de méthanisation nous permettrait de produire cet engrais organique qui nous fait défaut. »

Dans les parcelles à risque érosif élevé, impossible de biner. L’alternative : du strip-till combiné à la couverture des sols grâce à la luzerne semences.

n La culture de luzerne semences est très rémunératrice.

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choisir le matériel qu’ils souhaitent acquérir et ils déposent un dossier collectif de candidature pour bénéficier des aides allouées dans le cadre du PVE. Le principal investissement consiste en l’équipement d’un tracteur par exploitation de l’autoguidage RTK. Un préalable indispen-sable à un binage plus facile et plus efficace. Trois bineuses, deux houes rotatives, une herse étrille, un broyeur pour détruire les couverts végétaux, un rouleau cambridge pour détruire les couverts et effectuer des faux semis consti-tuent le reste du panier de commande. En tout, les membres du GIE ont perçu des subven-tions équivalentes à 80 % de l’investissement. « C’est beaucoup plus que ce qu’aurait perçu un agriculteur qui aurait investi seul et jamais nous n’aurions pu investir dans tout ce maté‑riel chacun de notre côté », souligne Aurélien Ravit. Les équipements d’autoguidage sont arrivés au printemps 2013. À la même époque, le GIE Agribiotech et la SAS Capagri, située à quelques encablures, se rapprochent pour créer l’association Objectif H2O Précision afin de mutualiser une balise RTK qui couvre parfai-tement un rayon de 15 km grâce à un répéteur implanté en Ardèche. En 2014, avec l’arrivée du semoir et des bineuses, le système de guidage est encore amélioré : « En plus de l’antenne sur le tracteur, nous avons aussi désormais des antennes sur les outils. Cela permet notamment

de maintenir la trajectoire des outils dans les parcelles en pente. »

La dynamique est lancéeAu-delà de l’acquisition de matériel, les membres du GIE ont poursuivi leur dynamique commune. Sollicités par le GIE DAD, certains membres se sont lancés dans la production de maïs grain humide bio. « Il ne s’agit pas d’une filière organi‑sée, mais nous leur fournissons du maïs grain bio régulièrement, à la demande », précise Aurélien Ravit. Pour le GIE Agribiotech, cela constitue une valorisation intéressante du maïs bio. Pour les élevages du GIE DAD, c’est un approvision-nement assuré.En outre, les membres du GIE Agribiotech se sont soumis à un diagnostic ClimAgri. Un diagnostic dont les résultats devraient confirmer l’intérêt de certaines initiatives du groupe, comme l’installa-tion de panneaux photovoltaïques sur les toits de poulaillers, le développement du strip-till, qui permet de réduire la facture de carburant, ou encore l’amélioration de l’efficience des épandages d’effluents et d’engrais grâce à la cartographie et à la modulation intraparcellaire.

n Une banque de travail devrait permettre de faire gagner du temps à tous les membres du GIE en leur permettant de mutualiser les travaux agricoles et donc d’éviter de multiplier les allées et venues.

ORGANISATION

une affaire de simplificationLes membres du GIE jouent la carte de la simplicité pour la gestion du parc matériel.

« Nous n’avons pas voulu être trop nombreux pour faciliter la gestion », note Aurélien Ravit. Dans le groupe, les tren-tenaires côtoient les cinquantenaires. une complémentarité que le groupe a su valoriser : si les jeunes sont plus à l’aise avec les nouvelles technologies, les aînés ont davantage d’expérience. Au niveau de l’organisation, un responsable par machine a été désigné, et chaque utilisateur note la surface qu’il a travaillée avec chaque outil. « Pour des questions de connectivité, nous laissons le plus possible le même trac-teur attelé à chaque outil. Cela nous évite d’avoir à dételer et atteler trop souvent. Du coup, après chaque utilisation, l’utili-sateur refait le plein. Ainsi chacun paie ce qu’il consomme », détaille Aurélien Ravit. À l’avenir, le groupe envisage d’évoluer vers une « banque de travail ». Le prin-cipe est simple : grâce à une application dédiée sur smartphone, si un agriculteur décide de partir biner des parcelles dans un secteur où se situent des parcelles de ses collègues qui doivent aussi être binées, il peut, grâce à l’application, identifier ces parcelles, les biner en plus des siennes, et en informer ses collègues qui lui rendront ultérieurement un service équivalent.

n Avec le RTK, la conduite n’est pas la même. Après un temps d’acclimatation, les membres ont désormais tous pris en main cette nouvelle technologie.

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Ch a q u e a n n é e e n t r e l e 15 septembre et le 10 octobre, 100 000 tonnes de golden sont cueillies manuellement dans les 3 000 hectares de vergers qui

habillent les plateaux culminant entre 300 et 500 mètres d’altitude de l’aire d’appellation de la pomme du Limousin. Pour les quelque 450 producteurs de la zone, la récolte est un moment crucial. « La maîtrise de la date de récolte est la condition première pour four‑nir un fruit de qualité, apte à une bonne

conservation », rappelle Gérard Bourbon, qui conduit 9 hectares de vergers à Saint-Yrieix-la-Perche en Haute-Vienne. L’AOP fixe une date de début de récolte 142 jours après le stade F2 de la floraison. « Il est toujours possible de la décaler en fonction de l’avance de maturité, en sachant que le risque est alors de voir chuter les dernières pommes récoltées au bout des trois semaines de délai pour rentrer la production. » Aussi, les producteurs de pommes du Limousin ont-ils décidé de créer un réseau « maturité » il y a une quinzaine d’années. Il se met en

route chaque année en début de la saison : des prélèvements d’échantillons de dix pommes par parcelle sont effectués dans une vingtaine de vergers. Analyse de la régression de l’ami-don, mesure du taux de sucre et de l’acidité, dont le rapport est établi au minimum à 171 par le cahier des charges, sont régulièrement effectuées par les techniciens des quatre prin-cipales coopératives, pour « donner l’ordre de déclenchement de la cueillette ». « En fonc‑tion des résultats, les différentes parcelles sont classées en lots suivant l’aptitude des pommes à la conservation. Un état des lieux est fourni aux coopératives ; les chefs de station finissent l’agréage et définissent l’ordre de récolte des vergers. »Pour Gérard Bourbon, la qualité du fruit se prépare aussi tout au long de la saison.

L’alliance d’un terroir et d’un travail minutieuxLa golden a trouvé son terroir sur les hauts plateaux du Limousin. Bénéficiant d’une AOC depuis 2004 et d’une AOP depuis 2007, la pomme du Limousin est le fruit d’un travail minutieux et permanent sur la qualité. MUrieLLe CHaPPaTTe

RéCOlTéE TROp TôT, lA pOMME N’A pAS TERMINé SA SyNThèSE AROMATIqUE, TROp TARD, EllE A MOINS D’ApTITUDES à lA CONSERvATION

l Terre-à-terre

POMME DU LIMOUSIN

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comme toutes les pré-calibreuses, la nouvelle acquisition de la coopérative Limdor, basée à Saint-Yrieix-la-Perche, au sud de Limoges, trie les pommes selon leur catégorie, leur couleur, leur poids. Sa particularité est qu’elle est aussi capable de les classer selon leur taux de sucre. cette pré-calibreuse, mise au point par l’entre-prise française Maf Roda de Montauban, dispose d’un procédé utilisant un spectre de lumière traversant la pomme pour « lire » son taux de sucre. Limdor est l’une des deux seules stations en France qui utilise cette technologie, qui repré-sente un investissement de 4 millions d’euros.« Nous sommes ainsi capables de proposer un lot homogène, avec des pommes de la même catégorie, ayant la même couleur et le même taux de sucre. Ce qui nous permet d’orienter les

lots vers nos clients en fonction de leur demande d’une pomme plus ou moins sucrée, un critère qui apparaît de plus en plus dans leur cahier des charges », explique Jean-Luc Soury, directeur de Limdor. Par ailleurs, « jusqu’à présent, nous devions calibrer un lot dans sa totalité, puis l’emballer et le stocker au frigo avant de l’expédier en fonction des commandes. Il fallait alors refaire les palettes pour vérifier la marchandise avant son départ. Grâce à cette nouvelle pré-calibreuse, nous n’emballons que la marchandise prête à être expédiée. » Pour la coopérative, qui emploie 100 personnes et commercialise 15 000 tonnes de pommes par an dont 70 % partent vers la grande distribution française, ce nouvel outil doit permettre de rationaliser et d’améliorer les condi-tions de travail, d’augmenter la performance de la structure et sa compétitivité, grâce à une cadence plus rapide de 9 tonnes/heure, soit 350 kg/personne à 25 personnes, et d’optimiser la commercialisation.

La coopérative Limdor a investi 4 millions d’euros dans une pré-calibreuse de haute performance.

n La nouvelle pré‑calibreuse mesurant aussi le taux de sucre est opérationnelle depuis le mois de septembre.

Dès la taille des arbres, conduits en axe, qu’il soigne en éliminant un maximum de bourgeons. Il attache ensuite un soin parti-culier à l’éclaircissage qu’il effectue en trois passages. L’éclaircissage mécanique qu’il pratique, selon les conditions de l’année, depuis 2012, a lieu au moment où la fleur s’ouvre. La machine à fils, qu’il a acquise en co-propriété avec deux autres producteurs, lui offre de bons résultats. En mai, jusqu’au stade 15 mm, l’éclaircissage chimique est plus ou moins sévère en fonction du taux de floraison, du pourcentage de nouaison, du nombre de bouquets par arbres. « La date d’application doit être très précise, car durant cette période la pomme grossit d’1 mm par jour. » Enfin, l’éclaircissage manuel, à partir du 20 juin, est un travail prépa-ratoire à la récolte au cours duquel près d’un tiers des pommes - à défaut ou trop petites - sont éliminées, afin de libérer de la place pour que les autres atteignent les 65 mm de calibre requis. Un tri minutieux nécessitant près d’une centaine d’heures à l’hectare et représentant une charge de main-d’œuvre de 4 à 5 cents au kilo.

n Tous les vergers en AOP Pomme du Limousin sont équipés de filets paragrêle, la plupart sont irrigués et pratiquent la confusion sexuelle pour lutter contre le carpocapse.

Coopérative Limdor

un investissement pour l’avenir

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Jean-Baptiste Bruggeman a commencé à s’intéres-ser aux drones agricoles en 2011. Très vite, il est convaincu que ces engins

peuvent rendre d’innombrables services aux agriculteurs. Il se rapproche alors de la société Airi-nov, dont la technologie lui semble la plus aboutie, pour devenir prestataire de services et proposer aux agriculteurs de survoler leurs parcelles avec son drone. Objec-tif : des conseils afin de piloter plus précisément la fertilisation azotée du blé et du colza. S’agissant du colza, le drone permet d’avoir une image plus précise de l’état de la végétation en entrée d’hiver que la méthode de la pesée. En effet, chaque point est photographié 36 fois, sous neuf angles diffé-rents et dans quatre longueurs d’onde différentes. « En volant à la vitesse de 50 km/h, le drone prend deux photos par seconde, autant dire qu’on multiplie le nombre d’échantillons ce qui permet de représenter la parcelle point par point : le drone procure une précision de l’ordre de 1 pixel/cm2. » Pour être capables de photographier ces indicateurs agronomiques à grande vitesse et à grande échelle, les drones sont

équipés de capteurs photogra-phiques multispectraux. « C’est le premier savoir‑faire d’Airinov. Le second, c’est de transformer les données en conseils agronomiques grâce à des algorithmes. » Pour piloter la fertilisation azotée du colza, le drone effectue un survol de la parcelle en entrée hiver et un second en sortie hiver. La compa-raison des données issues des deux vols permet d’estimer la perte ou le gain de biomasse et donc de préco-niser la « vraie dose moyenne d’azote » à apporter ou des doses différentes selon les zones et l’état de la culture au sein de la parcelle, « c’est tout l’intérêt de cette nouvelle technologie ». Les drones apportent aussi davantage de réactivité : l’agriculteur reçoit les conseils dans les 24 à 96 heures suivant le survol de sa parcelle.

Irrigation, désherbage…Jean-Baptiste Bruggeman fait partie d’une cellule de réflexion qui comprend également l’Inra, le Centre national d’études

spatiales, et plusieurs autres orga-nismes et entreprises de recherche liés à la télédétection, et dont l’ob-jet est d’échanger afin d’orienter la recherche vers des domaines d’application rapidement opéra-tionnels pour l’agriculture et l’en-vironnement. Déjà, de nouvelles applications émergent : pilotage de l’irrigation, du désherbage : « Le drone pourrait identifier les zones infestées et, lors du passage du pulvérisateur, les buses pour‑raient s’ouvrir uniquement en présence d’adventice. » Les drones devraient être capables d’estimer le niveau de fertilité du sol. Il sera alors possible de réduire la variabilité de la fertilité du sol, par exemple en modulant les apports organiques au sein de la parcelle.

n Les drones sont un concentré de technologie : moteur, batterie, capteur GPS, centrale inertielle, sonde de mesure de la pression, de l’altitude, de la vitesse du vent…

Agriculteur à La Louptière-Thénard, dans l’Aube, Jean-Baptiste Bruggeman est aussi droniste. Il est persuadé que les drones agricoles vont participer à la construction de l’agriculture du futur car ils cumulent les atouts économiques, agronomiques et environnementaux. Explications. bÉreNGère De bUTLer

l C’est déjà demain

n LE bLÉ ET LE GIbIER AUSSI

Les drones permettent de piloter

le troisième apport d’azote sur

blé. Le vol doit alors être effectué

avant l’épiaison et l’agriculteur doit

renseigner différents paramètres

comme la variété, le stade du blé

à la date du passage, l’objectif

de rendement. Les clichés révèlent

la variabilité de différents critères

de la culture (biomasse, teneur

en chlorophylle, quantité d’azote

absorbé et surface foliaire),

ce qui va permettre de déterminer

si le troisième apport d’azote est

justifié, et si oui à quelle dose. Les

drones permettent aussi d’estimer

les surfaces dégradées

par le gibier et, à l’avenir,

par les incidents climatiques.

lES DRONES pERMETTENT D’ACCéDER à UN hAUT NIvEAU DE pRéCISION EN UN TEMpS RECORD

Drones agricoles : la précision venue des airs

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une société dédiéeEn décembre 2014, Jean-Baptiste Bruggeman a créé la SAS Drone Agri Service. À terme, il souhaite que cette structure devienne une activité en soi, qui puisse faire vivre au moins une personne. cela fait 18 mois que la SAS est entrée en activité. Jean-Baptiste Bruggeman a créé un site (www.drone-agri-service.fr) sur lequel les clients peuvent passer leurs commandes. Il prépare ses tournées pour optimiser ses déplacements. un travail délicat car il doit composer avec la météo. En effet, pour que le drone puisse prendre des images exploitables, il ne faut ni givre, ni brouillard, ni précipitation, ni vent. « C’est très compliqué à gérer », déclare-t-il. Aussi s’y prend-il la veille pour le lendemain. une application d’Airinov lui permet de visualiser toutes les parcelles à traiter sur son smartphone et d’envoyer un SMS à leurs propriétaires pour les prévenir de son passage. Les vols de drones sont très réglementés. c’est Airinov qui effectue les demandes auprès de la DGAc et l’informe des contraintes réglementaires à respecter pour chaque parcelle. Depuis qu’il a démarré cette nouvelle activité, Jean-Baptiste Bruggeman a embauché un temps partiel sur son exploitation agricole et formé un second pilote pour s’assurer de la bonne réalisation des prestations.

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n 60 000 € ont été mis en jeu pour la 5e édition de Cultures’Agri 2015. Toutes les classes de l’enseignement agricole peuvent participer avec une limite de dix clips vidéo par classe. À noter que les vidéos ne doivent pas excéder 1 minute 30.

n Pour l’édition 2016, les clips sont à déposer sur le site du jeu (www.culturesagri.fr) entre le 1er octobre 2015 jusqu’au 11 janvier 2016.

Les lauréats ravis de Cultures’AgriDurant quelques mois, le concours Cultures’Agri fait entrer les élèves de l’enseignement agricole dans le monde du septième art. Le lycée Pouillé se prépare à présenter un film qui saura faire mouche auprès du jury 2016. LOUiSe rUbiO

l Champs libres

Au lycée Pouillé basé à Angers, le concours Cultures’Agri n’a plus de secret pour les élèves de première. Pour la deuxième année consécu-tive, ils ont participé à ce concours

réservé à l’enseignement agricole qui récompense les meilleurs clips vidéo réalisés. « C’est lors de notre voyage scolaire, en Italie cette année, que nous avons appris la nouvelle : deuxième place du classement national avec un chèque de 2 000 € émis par le Crédit Mutuel, et un chèque de 1 000 € pour le premier prix départemental, raconte Fabrice Fouchet, l’éducateur responsable de l’atelier cinéma. Les élèves étaient ravis et cela tombait à pic car l’argent gagné avec Cultures’Agri sert à financer en partie ce voyage scolaire. » Dans ce lycée, ce sont les élèves de la section Paysage qui s’attèlent à la réalisation du clip vidéo. Gaël Kerdanet était l’un d’entre eux cette année : « C’est une super expérience car nous travaillons presque comme des professionnels durant quelques mois.

Pour ma part, je me suis plutôt occupé de tenir la caméra ou la perche pour le son. Les rôles tournent et il y a une vraie solidarité entre les élèves ». Le thème pour cette année : « devenir agri‑repor‑ter ». L’équipe du lycée Pouillé a donc choisi de faire intervenir des professionnels du paysage pour son clip. À la charge des élèves de bien préparer en amont les interviews. Et les résultats sont là : « Cette année, le chèque du concours nous a permis de réduire d’environ 100 € par élève les frais du voyage », précise Fabrice Fouchet. Pour Gaël, le challenge est doublement rempli : « Nous avons réussi à battre les élèves de l’année précé‑dente ! Ils avaient déjà remporté le quatrième prix du concours, soit un chèque de 1 000 € ». Quoi qu’il en soit, Cultures’Agri est toujours l’occasion pour les élèves comme pour les professeurs de construire un projet unique qui leur ressemble. Sûr que l’édition à venir sur « les énergies de nos territoires », sera une nouvelle fois preuve de la créativité des élèves.

« C’EST UNE SUpER ExpéRIENCE. NOUS TRAvAIllONS pRESqUE COMME DES pROFESSIONNElS »

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Aboutir à un accord pour contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 °C par rapport à l’ère pré-industrielle. Voici la fina-lité (pieuse ?) du sommet COP21.

« Sur 195 pays, 58 avaient déjà publié leurs contributions nationales pour la COP21 mi‑septembre, soit un peu plus de 60 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, introduit Laurence Tubiana, directrice de la chaire développement durable de Sciences Po Paris et représentante spéciale de la France pour la conférence Paris Climat 2015. 80 à 90 % des émissions devraient être couvertes d’ici à l’ouverture de la COP21 qui se déroulera du 30 novembre au 11 décembre en France. C’est un chiffre record jamais atteint depuis le proto‑cole de Kyoto ! Ce nouvel accord international sur le climat de l’après‑2020 est en bonne voie : pour la première fois, l’accord sera universel et liera les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre, pays développés comme pays en déve‑loppement. Et des signaux avant‑coureurs le

prouvent : la mobilisation sans précédent des grands émetteurs, notamment la Chine et les États‑Unis ; le développement rapide des technologies « propres », comme les énergies renouvelables, qui ont connu des progrès spectaculaires ces dernières années ; la conso‑lidation du consensus scientifique autour de l’influence humaine sur le climat…Mais il ne faut pas pêcher par excès de confiance. Nous devons rester concentrés jusqu’au bout sur nos objectifs et ne ménager aucun effort. Ma plus grande satisfaction est que, quel que soit le résultat de la COP21, nous avons d’ores et déjà contribué à remettre l’enjeu climatique au centre des préoccupations. »

n Lors de la conférence de Copenhague en 2009, les pays développés ont pris l’engagement de mobiliser, à partir de 2020, 100 milliards de dollars par an afin d’aider les pays en développement à lutter contre le dérèglement climatique.

Cap sur la Cop21

Regards l

La date butoir se rapproche pour l’accord sur le climat post-2020. Laurence Tubiana, ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique pour la France, détaille les enjeux de la Cop 21. LOUiSe rUbiO

« CE NOUvEl ACCORD INTERNATIONAl SUR lE ClIMAT DE l’ApRèS-2020 EST EN BONNE vOIE. MAIS Il NE FAUT pAS pêChER pAR ExCèS DE CONFIANCE, C’EST MIEUx ! »

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