N° 18 - 2017 LA REVUE DU SYNDICAT NATIONAL DES … · N° 18 - 2017 rECommaNdatioN CNP-SoFCot 3...
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N° 18 - 2017
rECommaNdatioN CNP-SoFCot 3
ValEur juridiquE dES « rECommaN-datioNS » Pour la PratiquE 6ProFESSioNNEllE médiCo-ChirurgiCalErapporteur : dr Baudoin rEdrEauValidation juridique : maî tre joël morEt-BaillY
• SYNDICAT - ADHÉSION 11
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SommairEEditorial
14 Mai 2017, investitureprésiDentieLLe ce jour : nouveLLe
présiDence, nouveLLe poLitique ?...
Un Président en chasse un autre … que nousréservent les années MACRON ?
De nombreux problèmes seront à gérer avec lesSyndicats de Chirurgiens, si ceux-ci pourtantreprésentatifs (public et privé) sont entendus, etécoutés.
Les années TOURAINE ne laisseront pas de « grand » souvenir aux Chirurgiens, voire mêmeau monde médical tout entier : 50000 médecinsdans la rue n’y ayant rien fait : ministèreautiste : Loi Touraine passée en force ; Hôpitauxmalades de leur Administration ; Cliniquesétranglées d’une T2A toujours à la baisse et denormes réglementaires toujours plus contraig-nantes…
Jusqu’à nos propres aides opératoires, efficaces
Dr Bernard LlagonnePrésident du SNCO
LA REVUE DU SYNDICAT NATIONAL
DES CHIRURGIENS ORTHOPÉDISTES
RESPONSABLES DE PUBLICATION : P. PAPIN, B. LLAGONNE RÉDACTEURS : P. PAPIN, P. DEVALLET, F. LOUBIGNAC, B. LLAGONNEFONDATEURS: Jacques CATON
Dr Patrice Papinsecrétaire général
et dévouées, remises en question…
Trop c’est trop !
Un seul souhait : que le futur Ministre de la Santén’ait de surdité sélective !...
4 demandes urgentes vont être faites au futurMinistre de la Santé :
- Moratoire des PRS (Plan Régional de Santépour les 5 ans qui viennent
- Moratoire de la réforme du 3° cycle (post-inter-nat)
- Modification du décret sur les contrats respon-sables des complémentaires Santé
- Modification du décret concernant le champsd’exercice des IBODEs
Dr Bernard Llagonne, Président SNCO
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L’exercice de la chirurgie orthopédique s’estbeaucoup modifié depuis 30 ans.
Les techniques ont évolué de façon majeure, avecune technologie de plus en plus sophistiquée,complexe, matériel-dépendante.
Les questions de sécurité pour le patient et deresponsabilité ont pris une place primordiale, et lagestion des risques médicaux et médicolégaux estdevenu un enjeu fondamental.
La réduction du coût des pratiques, pour lesfinances publiques, est une priorité nationale.
Or le contrôle des moyens humains et matérielsnécessaire à leur exercice échappe de plus enplus aux chirurgiens, qui restent cependantresponsables personnellement, à des degrés diversselon leur secteur d’exercice, de la qualité et de lasécurité des soins offerts à chacun de leurspatients.
Comme ses confrères chirurgiens d’autres spécial-ités, le chirurgien orthopédiste est dépendant dela structure dans laquelle il exerce, de l’équipe
professionnelle qui s’agrège autour de lui àchaque intervention, et du matériel mis à sa dis-position.
Le CNP-SOFCOT, dans sa mission de coordina-tion et d’évaluation des pratiques profession-nelles, s’est intéressé de façon précise aux ques-tions d’environnement humain necessaire pen-dant une intervention.
Sous l’égide du CNP, une enquête sur les pra-tiques professionnelles a donc été diligentée parle SNCO, portant sur l’environnement matériel ethumain du chirurgien orthopédiste, tous secteursd’exercice confondus, aussi bien donc dans lesecteur public que dans les établissements privés,de tous statuts.
Cette enquête a été mise en ligne en mars 2015pour 4000 chirurgiens orthopédistes présents surle listing SOFCOT.
A la mi-mai 2015, 1066 réponses avaient étéreçus, soit 27% de répondants.
Le CNP-SOFCOT a également tenu compte bien
rECommaNdatioN CNP-SoFCotSur le personnel nécessaire à la réalisation des actes opératoiresde Chirurgie orthopédique et traumatologique
L’aide opératoire est inclus dans le GHS ; en effet, le GHS est un forfait versé aux établissements publics
ou privés, par les organismes payeurs; et ce forfait valorise, pour l’établissement, un acte chirurgical en
intégrant « tous les moyens techniques et humains nécessaires à sa réalisation ».
Il importe donc de savoir ce qui est « nécessaire »!
Les sociétés savantes se doivent donc de le préciser, puisque cela n’est pas fait par quiconque à ce jour.
Le CNP SOFCOT, à l’initiative du SNCO, a donc rendu sa première recommandation professionnelle
visant à éclaircir les choses, si le besoin d’un Chirurgien s’avère « nécessaire » face à une Direction,
publique ou privée, ou face à une juridiction, car nous pressentons que cela ne manquera pas de sur-
venir dans les temps à venir…
Dr LLAGONNE,
Président SNCO
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• ImmobilisationAttelle ligamentaire évolutive, la Support Everest Ice s’adapte aux di�érentes phases de traitement : immobilisation stricte, contrôle de l’amplitude de mouvement, ou usage fonctionnel pour reprise d’activité.
• Cryothérapie & CompressionLe manchon de genou amovible de la Support Everest Ice associe Cryothérapie et Compression par air, pour des bénéfices thérapeutiques additionnels.
• Prévention et Reprise d’Activité
di�érentes phases de traitement : immobilisation stricte, contrôle de l’amplitude de mouvement, ou usage fonctionnel pour reprise d’activité.
Solution 3-en-1Pour un usage Post-Traumatique ou Post-Opératoire
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entendu des textes légaux et règlementaires envigueur, (Code de la santé Publique, Code de lasécurité Sociale), et s’est intéressé particulière-ment à la notion de « personnel nécessaire » à laréalisation de l’acte, notion présente dans le con-tenu du forfait financier versé aux établissementspour la prise en charge des actes dans les GHS.
Le CNP- SOFCOT estime qu’il est nécessaire de
mettre à disposition du chirurgien opérateur le
personnel suivant :
1- Pour tous les actes chirurgicaux de chirurgie
orthopédique et traumatologique nécessitant unenvironnement de bloc opératoire et l’interven-tion d’un professionnel d’anesthésie (niveau 2 et 3d’environnement suivant l’HAS)
- en sus d’une IDE panseuse / circulante
- au moins 1 aide-opératoire.
2- Pour les actes réputés complexes, ou « lourds »
- en sus d’une IDE panseuse / circulante
- 2 (deux) aide-opératoires , la 2° pouvant avoirune fonction mixte d’aide-opératoire et d’ instru-mentiste.
Il est cependant précisé par le CNP-SOFCOT qu’ilrelève de l’indépendance professionnelle dechaque chirurgien (quel que soit son secteur d’ex-ercice) d’estimer la complexité relative de l’inter-vention qu’il prévoit de réaliser et d’évaluer lanécessité d’un nombre précis d’aides opératoirespouvant varier, en plus ou en moins, en fonctiondes situations cliniques et des techniques util-isées.
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1 contexte général
Les « recommandations », dans la pratique médico-chirurgicale, datent de quelques décennies. Elles sontnées d’une double démarche de recherche de qualitéet de pertinence des soins d’une part, et d’unerecherche d’économie dans les budgets de santépublics d’autre part. Les textes qui impactent ousont susceptibles d’impacter les pratiquesprofessionnelles quotidiennes des chirurgiensorthopédistes sont nombreux et d’origines diverses.
Parmi eux, bien sûr, les conclusions des tablesrondes ou des symposiums de la SOFCOT, lespublications qui nous sont familières et que nousrecevons toujours avec un a priori favorable carelles émanent de sources chirurgicales (même s’ilpeut y avoir des controverses).
En revanche, les textes édités par des instancesmédico-administratives ou des tutelles, (HAS,CNAMTS, ANSM …) sont toujours reçus avec plusou moins d’irritation, pour autant qu’ils soientconnus !
Les recommandations se multiplient, émanant pourla plupart en France de la Haute Autorité de Santé(HAS). Instituée par la loi du 13 août 2004, l’HASest « une autorité publique indépendante quicontribue à la régulation du système de santé parla qualité. » (Site HAS)
Elle a entre autres missions de promouvoir les« bonnes pratiques et le bon usage des soins ». Pource faire, elle élabore des recommandations destinéesaux professionnels de santé et qui sont supposéesdécrire l’état actuel de la science, comme a pu leconfirmer un arrêt du Conseil d’Etat du 12 janvier2005.
La méthodologie de la HAS repose, pour chaquesujet abordé, sur une étude de la littératureinternationale discutée en table ronde avec desmédecins « experts » sollicités pour la circonstance,des personnels paramédicaux et des représentantsdes associations de patients
(cependant le débat est ouvert sur cette notiond’« expert » pour les praticiens participant aux tablesrondes de la HAS, car ils ne sont pas toujoursclairement missionnés pour parler au nom de laprofession). Leur travail aboutit à la rédaction d’untexte, avec des propositions de recommandations.Ce travail est ensuite soumis à un comité de relecturepermettant une intervention consultative des sociétéssavantes avant l’adoption du texte définitif.
On voit qu’on est loin de la publication d’oukasesadministratifs.
Est-ce à dire que le système est parfait ? La réponseest clairement NON. On peut notamments’interroger sur le mode de désignation/recrutement
ValEur juridiquE dES « rECommaNdatioNS » Pour la PratiquE ProFESSioNNEllE médiCo-ChirurgiCalEtraVail dE la CommiSSioN juriS-EthiquE du CoNSEil NatioNal
ProFESSioNNEl dE ChirurgiE orthoPédiquE Et traumatologiquE
rapporteur : dr Baudoin rEdrEauValidation juridique : maî tre joël morEt-BaillY
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des « experts » des tables rondes, la diffusion desrecommandations sans que soient toujoursclairement indiqués leurs niveaux de preuve (saufà se référer à l’ensemble du texte HAS, alors que laplupart des praticiens n’ont comme informationque le résumé final ). Enfin, et c’est le proposprincipal de cet article, il n’y a pas de précisionclaire sur la portée juridique de ces recom-mandations.
Qu’encourt un praticien qui n’aurait pas respectéune recommandation ? A l’inverse, en cas dedommage et d’un appel à sa responsabilité, lerespect d’une recommandation constitue-t-il unélément de défense nécessaire et suffisant ?
En dehors des mises en cause judiciaires, quelles sontles sanctions administratives éventuellementencourues en cas de non respect des recom-mandations ?
Nous avons interrogé sur ces points un juristespécialiste de ces questions, Maître Joël MORET-BAILLY (avocat au barreau de Paris et égalementProfesseur de droit à l’Université de Lyon), qui aopéré une rapide synthèse de la situation.
2. Les « recommandations » ne sont pasdes dispositions législatives ourèglementaires.
Elles ne sont pas d'une puissance juridique forte(soft law) mais elles impactent l'exercice. Parce queleur contenu peut être retenu à l'encontre duprofessionnel , elles sont de nature à faire grief, cequi permet le cas échéant au praticien (ou à unorganisme professionnel) de les contester, si ellessont prises en violation de la loi, afin de les faireannuler (dans le cadre d’un recours au Conseild’Etat pour excès de pouvoir (exemple de larecommandation de la HAS relative au diabète detype 2, annulée par un arrêt du Conseil d’État de2011, Formindep).
3 Les recommandations ne sont pas des« références médicales opposables »
Les RMO (références médicales opposables) desannées 90 ont vu leur caractère d’opposabilitédisparaître en 1999 (analyse du Conseil d’Etat).
Doit-on pour autant méconnaître ces « recom-mandations » ? Sûrement pas, et d’ailleurs ellesont été rédigées dans le but d’être diffusées etrespectées. Mais, a contrario, elles ne doivent pas,lorsqu’elles existent, être l’unique clé de la décisionfinale. Celle-ci appartient au praticien et relève duprincipe, non contesté à ce jour et rappelé dansles Codes de la Santé Publique et celui de la SécuritéSociale, de l’indépendance professionnelle desmédecins, en secteur public comme en libéral. Maiscette décision doit être justifiée en tenant comptede la balance bénéfices-risques, des souhaits dupatient (loi du 4 mars 2002 Kouchner), de sonexpérience propre, des règles de l’art, ainsi que desdonnées acquises de la science.
Or les recommandations se veulent précisémentfondées sur les données acquises de la science etdes règles de l’art, ce qu’a confirmé le Conseild’Etat. Elles sont censées représenter un « état del’art » à un moment donné.
Selon ce raisonnement, le médecin, lorsqu’il respecteles recommandations, suit, par la force des choses,les données acquises de la science. En ce sens, ellesconstitueraient un modèle de comportementparticulièrement important.
Cependant, qualifier les recommandationsd’« obligatoires » dans leur application reviendraità standardiser la prise en charge des patients, àétablir une « norme », qui pourrait être considéréecomme tendant à normaliser les patients eux-mêmescomme des « objets de soins » standardisés.
Il se peut en effet que les recommandations necorrespondent pas à la situation d’un patient donné.
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Dans ce cas, le professionnel doit pouvoir s’exonérerde l’application des recommandations, mais doitaussi pouvoir justifier sa décision de ne pas lessuivre, et apporter au patient des soins conformesà des données acquises de la science qui viendraientd’autres sources que les recommandations de laHAS (sociétés savantes, bibliographie: la SOFCOTa décidé de publier ses propres recommandationsà l’issue de ses symposiums) ou à sa propreévaluation de la situation, fondée sur son expériencepersonnelle, celle de la profession, et sur ladéontologie de celle-ci- dont le Code a valeurréglementaire). ce droit de transgression desrègles (qui peut même être considéré dans certainscas comme un devoir) est une des caractéristiquesspécifiques du médecin dans son exercice, et estéquilibré – en principe- par sa responsabilité.
4 valeur scientifique desrecommandations : niveau de preuve
Selon la classification de la HAS il existe 3 niveaux(document Avril 2013)
A. Fort niveau de preuve
B. Niveau intermédiaire
C. Faible niveau de preuve
Ces niveaux sont peu ou prou calqués sur les niveaux
de preuve des études cliniques
1 Méta-analyses, essais randomisés en doubleaveugle
2 Essais randomisés
3 Cas témoins
4 Etudes rétrospectives, séries de cas, simplesconsensus (accord d’au moins 80% des membresd’un groupe de travail en l’absence de donnéesscientifiquement validées).
Le niveau de pertinence des recommandations estdonc variable et il faut le plus souvent lirel’ensemble ; et ce d’autant que, d’une manièregénérale, elles sont fondées sur des niveaux de
preuve faibles.
On l’a d’ailleurs bien vu dans l’étude menée, à lademande d’ORTHORISQ et du CNP, et validéepar ces instances, sur la chirurgie du canal carpien,au terme de laquelle il apparaissait que lecomportement moyen des chirurgiens sur le terrain(« état de l’art » ) était plus proche des incertitudesqui persistent (non occultées dans le travail de latable ronde de l’HAS ) que des recommandationstranchées du résumé final.
Pourtant, in fine, les recommandations se veulentêtre le reflet des données acquises de la science etdes règles de l’art, et c’est bien comme cela qu’ellessont entendues par les juristes (Conseil d’Etat).
5. valeur juridique des recommandations
C’est la valeur devant le juge-arbitre. Dans undomaine qu’il ne maîtrise pas, le juge vasystématiquement recourir à l’expertise. Même s’iln’est pas juridiquement lié par les conclusions del’expert , le magistrat ne peut les occulter. Dès lors,la position de l’expert s’avère prépondérante. Orl’expert judiciaire est un professionnel qui ne peutpas toujours, loin s’en faut, s’appuyer sur des véritésscientifiques incontestables…
Une question régulièrement posée par le juge estde savoir si les soins ont été délivrés suivant lesrègles de l’art et les données acquises de la science.Entre la vision des choses par l’expert (allant desincertitudes scientifiques honnêtement exposées àdes positions tranchées ) et le pouvoir d’appréciationdu juge, le résultat n’est pas forcément prévisible.
Dans ce contexte d’incertitudes potentielles,l’existence d’une recommandation constitue unpoint d’appui pour l’expert judiciaire et pour lejuge. Mais a contrario la recommandation peut êtreutilisée pour mettre en cause le praticien. On peutcependant la contester en s’appuyant sur le casparticulier du patient, sur une balance bénéfice
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risque bien tracée, sur une bibliographie contraire,sur des positions d’écoles y compris étrangères.
Pour le juge, les « règles de l’art » ne se limitent pasà la perfection des gestes techniques auxquelsrenvoie communément l’expression (voirLittré : « ars, artis latin = habileté acquise par la
pratique ou l’étude, talent » ) mais à toutes lesdécisions à toutes les étapes (pertinence de l’acte,méthode éprouvée à la lumière des connaissancesde plus en plus scientifiques plutôt qu’empiriques,qualité de l’information, qualité du suivi, qualitésmorales et éthique du praticien).
Pour le juriste cette acception large des règles del’art englobe les recommandations, les règles del’art découlant elles -mêmes des données acquisesde la science, mais pas seulement.
Notons, qu’à l’inverse, la défense d’un chirurgienqui s’appuierait uniquement sur le respect d’unerecommandation pourrait être battue en brèche, sila preuve pouvait être apportée que le cas dupatient était particulier, échappant aux critèresd’application stricte de cette recommandation : oùl’on voit que l’absence de force impérative absoluedes recommandations de ce type peut se retournercontre l’intérêt des chirurgiens.
6. Les recommandations peuvent cependantprendre beaucoup plus rarement uncaractère quasi-règlementaire, et il devienthasardeux de ne pas les respecter.
Deux cas à connaître :l’utilisation de la check-list, le respect des antibioprophylaxies
7. un autre problème nait lors de l’utilisationde ces recommandations par les ars pourréguler les pratiques.
En effet les ARS, même dans le secteur privé, nereconnaissent comme interlocuteurs actifs etcontractuels que les responsables légaux des
établissements, et non les praticiens indivi-duellement. Leur champ de contrôle concerne lerespect global des recommandations dans unétablissement donné, et non le respect de cesrecommandations par chaque praticien : laconséquence est qu’une directive, ou qu’unesanction, prise à l’égard d’un établissement vaimpacter l’exercice de tous les chirurgiens yexerçant, même ceux qui ont une pratiquepersonnelle globale conforme aux règlementations.
La connaissance précise, par les praticiens, de cequi relève d’une réglementation impérative ou aucontraire de la « soft law », peut leur permettred’adopter une attitude de résistance et de sauvegardede leur indépendance, avec plus de sérénité et desécurité juridique.
a retenir
Les recommandations ne sont pas des références depratiques opposables ni strictement obligatoires,exposant à des sanctions en cas de non respect.L’obligation est de délivrer des soins conformes auxrègles de l’art et aux données acquises de la science :et, ce faisant, les recommandations seront le plussouvent respectées.
Les recommandations peuvent être écartées parexemple pour non adéquation à tel cas précis, pourinsuffisance de fondement scientifique (bibliographiecontraire).
Ne pas respecter une recommandation est tout à faitpossible si on peut démontrer que, dans le casexaminé, elle n’était pas pertinente (cas trèsspécifique) ou si on peut apporter des argumentscontraires tracés (bibliographie ou expériencescontraires).
Il est hasardeux de ne pas respecter lesrecommandations qui ont un caractère quasiréglementaire (check list, antibioprophylaxie).
A contrario, lors d’une recherche de responsabilité,
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avoir respecté une recommandation ne met pas defacto à l’abri d’une mise en cause, car il peut êtreprouvé que dans le cas précis s’y conformercomportait un risque qui s’est matérialisé ; ce renvoià la responsabilité personnelle du praticien estd’ailleurs souvent noté dans les textes mêmes desrecommandations.
DeFinitions et teXtes
règles de l’art : ensemble des pratiques àrespecter, ce qui doit être fait ou ne pas être fait (enfonction des données acquises de la science, del’expérience collective et de la déontologie de laprofession)
etat de l’art : ce qui est fait par le plus grandnombre
Données acquises de la science : ce qui estconsidéré comme ayant reçu une preuvescientifique à l’instant T (discutables suivant lesniveaux de preuve, elles évoluent vers toujours plusde normalisation).
Faisant grief : susceptible de recours pour excèsde pouvoir , et donc contestables dans leur portéeréglementaire.
Formindep : association de formation médicale quia demandé et a obtenu l’annulation d’unerecommandation concernant le diabète de type 2au motif que certains des experts du groupes detravail se trouvaient en situation de conflit d’intérêt
Notons les délais : recommandation publiée en2006, attaquée en 2009, annulée par le CE le27/04/11 et retirée par la HAS dès le 02/05/11 sansautre discussion. A cette occasion le CE a qualifiéles recom-mandations de la HAS « d’acte faisant
grief» et de « données acquises de la science »
article L. 1110-5 csp « toute personne a, compte
tenu de son état de santé et de l’urgence des
interventions que celui-ci requiert, le droit de
recevoir les soins les plus appropriés et de bénéficier
des thérapeutiques dont l’efficacité est reconnue et
qui garantissent la meilleure sécurité sanitaire au
regard des connaissances médicales avérées ».
Code de déontologie Article 5 (article R.4127-5du code de la santé publique)
Le médecin ne peut aliéner son indépendanceprofessionnelle sous quelque forme que ce soit.
Code de déontologie Article 8
Dans les limites fixées par la loi et compte tenu des
données acquises de la science, le médecin est
libre de ses prescriptions qui seront celles qu’il
estime les plus appropriées en la circonstance. Il doit,
sans négliger son devoir d’assistance morale, limiter
ses prescriptions et ses actes à ce qui est nécessaire
à la qualité, à la sécurité et à l’efficacité des soins.
Il doit tenir compte des avantages, des inconvénients
et des conséquences des différentes investigations
et thérapeutiques possibles.
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S.N.C.O - SYNDICAT NATIONAL DES CHIRURGIENS ORTHOPEDISTES
Pour adhérer, veuillez nous adresser :
- Photocopie de votre Compétence ou Spécialité en orthopédie
- Attestation sur l'honneur d'exercer exclusivement la chirurgie orthopédique (en dehors des urgences)
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