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LES FONDS DOCUMENTAIRES DE L’EPHE MIGRENT AU CAMPUS CONDORCET P.11 ACTUALITÉ DES SERVICES N° 13 JUILLET 2019 LE MAGAZINE DE L’ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES L’EPHE devient établissement- composante de l’Université PSL P.12 Ah ! Doc, le journal de l’École doctorale P.17 Recherche : Le hasard au cœur du vivant P.22

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LES FONDS DOCUMENTAIRES DE L’EPHE MIGRENT AU CAMPUS CONDORCET

P.11

ACTUALITÉ DES SERVICES

N° 13 JUILLET 2019

LE MAGAZINE DE L’ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES

L’EPHE devient établissement-composante de l’Université PSL

P.12

Ah ! Doc, le journal de l’École doctorale

P.17

Recherche :Le hasard au cœur du vivant

P.22

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Éditorial P.03

C’est officielRécompenses et nominations P.04-05

Actu des sectionsL’étude pluridisciplinaire des manuscrits tokhariens : HisTochText P.06Identification d’un mécanisme clé dans des maladies du motoneurone P.06-07Les programmes conjoints PSL-New York University au sein de la section des Sciences religieuses P.07

Actu des institutsRencontre : les stratégies de l’ONU en matière de défense des droits des personnes âgées P.08Isabelle Saint-Martin passe le flambeau à Philippe Gaudin à la direction de l’IESR P.08-09MANEA, la plateforme d’enseignement à distance consacrée aux récifs coralliens P.09

Actu des servicesInauguration de la Collection « Biogéographie et Écologie des Vertébrés » à Montpellier P.10Les fonds documentaires de l’EPHE migrent au « GED hors les murs » P.11

Paris Sciences et LettresL’École Pratique des Hautes Études devient établissement-composante de l’Université PSL P.12

Campus CondorcetLancement des opérations pour la construction du siège de l’EPHE P.13Réservez le Centre de colloques pour vos événements scientifiques P.13

Cent cinquantenaire de l’EPHELivre anniversaire : l’EPHE a 150 ans P.14-16

Ah ! DocLe mot du directeur de l’École doctorale P.17Parole de doctorant : Portes et passages dans les églises monastiques byzantines du IXe au XVe siècle P.18Focus : retour sur la Journée transversale « Mouvements : rythmes, circulations, trajectoires » P.19Soutenances P.20-21

RechercheLe hasard au cœur du vivant P.22-24

Valeur ajoutéeLa Baie du Mont-Saint-Michel scannée par laser P.25« De la Cognition à la Smart City, comment mûrit un projet innovant » P.26Nouveau partenariat entre l’EPHE et Paris-Musées pour les étudiants en Master P.27

PortraitSylvie Hureau, au cœur du bouddhisme chinois P.28-29

ActualitésMémoires byzantines au musée du Louvre : l’exposition des broderies religieuses de Roumanie et Gabriel Millet P.30Événements de la rentrée P.31Mooc : Cours de stratégie de l’École de Guerre P.31

LES FONDS DOCUMENTAIRES DE L’EPHE MIGRENT AU CAMPUS CONDORCET

P.11

ACTUALITÉ DES SERVICES

N° 13 JUILLET 2019

LE MAGAZINE DE L’ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES

L’EPHE devient établissement-composante de l’Université PSL

P.12

Ah ! Doc, le journal de l’École doctorale

P.17

Recherche :Le hasard au cœur du vivant

P.22

SOMMAIRE

ÉPHÉMÉRIDE, le magazine de l’École Pratique des Hautes ÉtudesNuméro 13 – juillet 2019

Directeur de la publication : Jean-Michel Verdier

Rédacteur en chef : Patricia Ledoux

Ont participé à ce numéro :

Frédéric Barbier, Cécile Berthe, Anne-Marie Bezault, Virginie Cardaillac-André, Manuel Ceva, Antoine Collin, Laurent Coulon, Laurence Frabolot, Hélène Frimour, Philippe Geniez, Margot Georges, Michel Hochmann, Antony Hostein, Sylvie Hureau, Anne Marcilhac, Andràs Paldi, Georges-Jean Pinault, François de Polignac, Ioanna Rapti, Isabelle Saint-Martin, Giovanni Stevanin, Maréva U, Sophie Ursella.

Création : Agence MagamoMise en page : Frédéric MagdaImpression : Le Révérend

Photo en couverture : Bibliothèque EPHE du Collège Sainte-Barbe, Paris © EPHE

École Pratique des Hautes Études Patios Saint-Jacques – 4-14, rue Ferrus 75014 [email protected]

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L e cent cinquantenaire étant maintenant derrière nous, il nous faut repartir de l’avant. Les projets ne manquent pas avec, dès l’automne 2019, notre installation prévue à Condorcet et le déménagement des équipes et des bibliothèques. Un grand merci à tous les acteurs

concernés, en particulier à l’équipe de Julien Bruyelle, notre directeur du service patrimoine et logistique, qui prépare activement notre installation sur le site, ainsi qu’à nos collègues du SCDBA – Anne-Marie Bezault, Morgan Guiraud et Margot Georges – qui assurent dans des conditions difficiles le déménagement des ouvrages au CTLES afin que nos collègues aient accès, via le GED hors les murs, aux ouvrages dont il auront besoin durant cette année de transition. Soyez convaincus que dans cette période charnière l’administration, sous la houlette d’Hélène Frimour, met tout en œuvre, dans la mesure du possible, pour tenir compte des desiderata des uns et des autres.

J’encourage par conséquent notre communauté à profiter d’ores et déjà des avantages que nous donnera notre implantation à Condorcet : le centre de colloques pour vos événements scientifiques (p. 13) ou des salles de cours pour l’enseignement, des logements pour vos chercheurs invités et vos étudiants, de l’hôtel à projets, etc... L’écosystème qui se met progressivement en place sera au niveau d’un campus international digne de ce nom.

L’Ephe s’ouvre dorénavant aux problématiques économiques en hébergeant la start-up Insight Signals, issue des travaux du Laboratoire CHArt (Cognition Humaine et Artificielle). Elle est dirigée par Manuel Ceva et développe des systèmes d’aide à la décision socio-économique (p. 27).

Enfin, Isabelle Saint-Martin vient de passer la main à la direction de l’IESR à Philippe Gaudin. Je tiens à signaler ici tout le travail qu’Isabelle a accompli avec son équipe au bénéfice de notre École durant les 8 années sous sa direction. Le bilan (p. 8) est remarquable si bien que l’IESR est maintenant devenu un acteur incontournable des pouvoirs publics notamment de la Direction Générale de l’Enseignement Scolaire (DEGESCO), du Ministère des Affaires Étrangères (MAE) ou encore du bureau central des cultes. Nul doute que Philippe continuera sur cette lancée et poursuivra le travail accompli depuis 2002, date de création de l’IESR.

Dernière minute : par un vote de son Conseil d’administration le 27 juin dernier, l’École Pratique des Hautes Études a décidé de devenir établissement-composante de l’Université Paris Sciences et Lettres – PSL (p. 12).

Jean-Michel VERDIERPrésident de l’EPHE

ÉPHÉMÉRIDE N°13 / JUILLET 2019 03

ÉDITO

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C’EST OFFICIEL

ÉPHÉMÉRIDE N°13 / JUILLET 201904

Récompenses et nominations

Mohammad Ali Amir Moezzi © Arte

Gavin Mcdowell et Jean-Michel Verdier à la cérémonie de remise des Prix de la Chancellerie, le 4 décembre 2018 © Rectorat de Paris

Thérèse Massé et Hélène Frimour, lors de la Cérémonie de remise des Palmes académiques du 4 décembre 2018 au Campus Condorcet © EPHE

Prix et nominations scientifiques des enseignants-chercheurs de l’EPHE

Nicole Bériou élue le 9 novembre 2018, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres

Prix Jeanine et Roland Plottel 2018 de l’AIBL pour Michel Reddé pour le programme Rurland (ERC) et son livre Gallia Rustica. 1, Les campagnes du Nord-Est de la Gaule de la fin de l’âge du Fer à l’Antiquité tardive

Jean-Louis Ferrary élu le 19 juillet 2018 membre de la British Academy for the humanities and social sciences

Jean-Charles Ducène nommé «  Membre associé  », classe des Sciences Humaines de l’Académie royale des sciences d’outre-mer de Belgique

Mohammad Ali Amir Moezzi, élu membre de la section « Orientale » de l’Académie Ambrosienne (Milan)

Le Prix 2019 d’histoire des religions de la Fondation «  Les amis de Pierre-Antoine Bernheim » a été décerné le 21 juin par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres à Mohammad  Ali  Amir Moezzi pour son ouvrage pour son ouvrage  : La preuve de Dieu. La mystique shi’ite à travers l’œuvre de Kulaynî. IXe-Xe siècle (Paris, Cerf, 2018)

Lauréats des Palmes académiques 2018  Bruno Delesalle (Directeur d’études, SVT) a été promu

Commandeur dans l’Ordre des Palmes académiques.

Thérèse Massé (Gestionnaire du pôle budget et masse salariale) Officier dans l’Ordre des Palmes académiques.

Ont également été nommés Chevaliers :Olivier Dutour (Directeur d’études, SVT)Anne-Marie Bezault (Bibliothécaire)Sylvie Hureau (Maître de conférences, Sciences religieuses)Christian Jambet (Directeur d’études, Sciences religieuses)

Prix de la communication éditorialePatrick Henriet et Patricia Ledoux ont reçu le 2e Prix de la communication éditoriale 2019 de l’Association des responsables de la communication de l’enseignement supérieur – ARCES pour le livre anniversaire L’École pratique des Hautes Études. Invention, érudition, innovation de 1868 à nos jours.

Prix de la Chancellerie 2018  Prix Aguirre-Basualdo Arts et histoire ancienne

Vérène Chalendar, « Quand l’animal soigne… Les utilisations thérapeutiques de l’animal dans le corpus cunéiforme médical assyro-babylonien. »

Prix Aguirre-Basualdo Lettres et Sciences humainesGavin Mcdowell, « L’histoire sainte dans l’Antiquité tardive  : les Pirqé de-Rabbi Eliézer et leur relation avec le Livre des Jubilés et la Caverne des trésors. »

Prix Piedallu Philoche Lettres et Sciences humainesPauline  Lafille, « Composizioni delle guerre e battaglie : enquête sur la scène de bataille dans la peinture italienne du XVIe s. »

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C’EST OFFICIEL

05ÉPHÉMÉRIDE N°13 / JUILLET 2019

Lauréats et jurys Officiels Bettencourt Schueller 2018 à l’Institut de France durant la cérémonie © Gil Lefauconnier pour la Fondation Bettencourt Schueller

De gauche à droite : Delphine Poinsot, Olivia Ramble et Alberto Bernard, à la conférence internationale bisannuelle de l’université de St Andrews en Écosse le 13 avril 2019.

Prix Bettencourt pour les Jeunes Chercheurs 2018 Marc Besson (docteur EPHE) pour son travail de thèse réalisé au CRIOBE (USR 3278, PSL-EPHE, CNRS, UPVD) et son projet

de post-doctorat réalisé à l’IAEA sur les nourriceries de poissons de récifs.

Lauréats du Prix de thèse PSL SHS 2019 remis aux docteurs de l’EPHE Prix Humanités

Sandro Passavanti, « Délire et pathologie de la perception dans l’Antiquité classique. Littérature, philosophie, médecine », sous la direction de Philippe Hoffmann, EPHE, Fondazione San Carlo Modène

Mention spéciale du jury Sciences socialesRaphaël Blanchier, « Les danses mongoles en héritage  : performance et transmission du bii biêlgee et de la danse mongole scénique en Mongolie contemporaine »

Mention spéciale du jury HumanitésMartin Szewczyk, « Les portraits des notables dans l’espace public des cités grecques d’Asie Mineure occidentale aux époques hellénistique et impériale »

Mention spéciale du jury Interfaces Sciences/HumanitésMarine Beranger, « Développement des pratiques d’écriture et de l’expression écrite : recherches sur les lettres de l’époque amorrite (2002-1595 av. J.-C.) »

Prix Best papers du Symposium des études iraniennes 2019 Delphine Poinsot (dir. Fr. Grenet), pour son intervention

Zoological knowledge in Sasanian Iran (224 - 651) a reçu la mention honorable du prix Robert et Carole Hillenbrand pour l’Antiquité tardive.

Olivia Ramble (dir. Ph. Huyse) a présenté une contribution originale Performative Uses of Monumental Writing in Ancient Iran, a remporté le premier prix du Ancient India and Iran Trust de la Fondation de Cambridge.

Alberto Bernard (Université de Padou, en Erasmus à l’EPHE cette année), a présenté son futur projet de thèse «  Magi as Mowbed: the Late-Antique Roman Representation of Zoroastrian Clergy ». Il a eu la mention honorable du prix du Ancient India and Iran Trust de la Fondation de Cambridge, ainsi que la mention honorable du prix Post-Antique Iranian History des éditions I.B. Tauris et le premier prix Robert et Carole Hillenbrand pour l’Antiquité tardive.

Autres prix et nominations des docteurs de l’EPHE Hayri Gökşin Özkoray (docteur EPHE, Sciences historiques

et philologiques) a reçu la mention spéciale du prix de thèse 2018 du Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (CNMHE) parrainé par le Ministère des Outre-Mer pour sa thèse « L’esclavage dans l’Empire ottoman (XVIe-XVIIe s.). Fondements juridiques, réalités socio-économiques, représentation. » ainsi que le 1er prix de l’Institut d’étude de l’Islam et des sociétés du monde musulman (IISMM) 2018

Benoît Chevalier (docteur EPHE, SVT, Cognitions Humaine et Artificielle) a été nommé membre de la Haute Autorité de santé (HAS) en plagiocéphalie/mort inopinée du nourrisson

Vanessa Juloux (doctorante, Sciences historiques et philo-logiques) a été élue en 2018 membre du Text Encoding Initiative (TEI) Consortium technical council, premier consortium international en Humanités numériques sur les études du Proche-Orient ancien.

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ACTU DES SECTIONS

6 ÉPHÉMÉRIDE N°13 / JUILLET 2019

L’étude pluridisciplinaire des manuscrits tokhariens : HisTochText

Depuis octobre 2018 s’est mis en place à l’EPHE le projet History of the Tocharian Texts of the Pelliot Collection – HisTochText, financé par l’ERC (European Research Council). Le chef de ce projet (Advanced Grant) est Georges-Jean Pinault, directeur d’études à la section des Sciences historiques et philologiques, sur la chaire « Philologie des textes bouddhiques d’Asie Centrale », dont ceux en tokharien.

Le tokharien sert à désigner deux langues étroitement apparentées de la famille linguistique indo-européenne, qui étaient parlées au cours du Ier millénaire de notre ère à l’ouest de la Chine, dans la région du Xinjiang, et précisément dans les oasis situées au nord du désert du Taklamakan. Les manuscrits dans ces deux langues ont été découverts pour l’essentiel dans des ruines de sites bouddhiques  : ceux, les plus nombreux, qui relèvent de la littérature bouddhique étaient copiés et conservés dans les monastères. Un nombre significatif de textes profanes, de contenu économique et juridique, apportent des informations sur la vie sociale de ces principautés imprégnées de la culture bouddhique venue de l’Inde. Ces oasis se répartissaient le long de la «  route de la Soie », qui reliait la Chine aux contrées occidentales, et dont les diverses branches ont servi à la transmission et à l’échange de denrées, et aussi de religions, de techniques, de formes artistiques. Plusieurs explorateurs, archéologues et philologues, dont Paul Pelliot (1878-1945), ont rapporté de la « Sérinde » des manuscrits dans diverses langues et écritures. Dans le « fonds Pelliot » de la BnF, les manuscrits en tokharien proviennent pour l’essentiel des mêmes sites que les manuscrits en sanskrit. Les textes littéraires et religieux en tokharien sont des traductions ou des adaptations de textes bouddhiques en sanskrit, et ont des parallèles dans d’autres langues du bouddhisme.

Le projet HisTochText a pour objectif, outre la publication en ligne de catalogues des fonds sanskrit et tokharien sur le site archivesetmanuscrits.bnf.fr et l’édition de textes en ligne, accompagnés de photo-graphies numérisées, l’étude pluri-disciplinaire de ces manuscrits au moyen de toutes les méthodes disponibles. Son originalité est d’associer l’analyse textuelle proprement dite, menée avec les ressources de la philologie, à l’analyse matérielle du support des manuscrits, qui sont pour la plupart sur papier, et une minorité sur bois. Le but est de restituer l’histoire de la culture écrite bouddhique entre 400 et 1000 de notre ère, et de fournir des bases de données fiables pour l’étude de la paléographie, de la composition des «  livres  » bouddhiques, des pratiques des ateliers de copistes, et de l’histoire du papier en Asie Centrale. Le projet est financé pour cinq ans, et associe à des philologues (post-docs et doctorants) de l’EPHE des chercheurs du Centre de Recherche sur la Conservation (USR 3224, Muséum National d’Histoire Naturelle). Il fait appel à des experts internationaux, dans les domaines du papier (Center for the Study of Manuscript Cultures, Hambourg), de la philologie des textes bouddhiques, et inclut des collaborations avec les chercheurs qui travaillent sur les fonds comparables d’autres bibliothèques et musées dans le monde.

CONTACT : Georges Pinault, [email protected]

Identification d’un mécanisme clé dans des maladies du motoneurone

Une étude conduite dans l’équipe de Neuro-géné tique par Frédéric Darios et Giovanni Steva-nin à l’institut du Cerveau et de la Moelle épinière, met en évidence le rôle délétère sur les neurones de l’accumula tion de cer-tains lipides dans des maladies affectant les motoneurones. Elle sug-gère également que cibler ce méca nisme pourrait constituer une piste théra-peutique inté ressante dans ces pathologies très sévères. Les résultats sont publiés dans la revue Cell Reports.

SCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE

Sciences de la vie et de la terre

Sciences religieuses

Sciences historiques et philologiques

SCIENCES HISTORIQUES ET PHILOLOGIQUES

SCIENCES RELIGIEUSESSCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE

La paraplégie spastique héréditaire de type 11 et ses pathologiques alléliques comme la sclérose latérale amyotrophique juvénile de type 5 ou certains cas de neuropathie de Charcot-Marie-Tooth, sont des maladies génétiques rares touchant les motoneurones, neurones responsables de la transmission de l’information nerveuse aux muscles. La pathologie est caractérisée, sur le plan clinique, par une faiblesse progressive des membres inférieurs, accompagnée de spasticité, une forme de raideur musculaire, et une perte de sensibilité. Des atteintes cognitives et

Fragment d’un texte de poésie bouddhique en tokharien B, début du VIIe siècle de notre ère, fonds Pelliot Koutchéen ancienne Série 5C © Gallica.bnf.fr

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ACTU DES SECTIONS

7ÉPHÉMÉRIDE N°13 / JUILLET 2019

Sciences de la vie et de la terre

Sciences religieuses

Sciences historiques et philologiques

SCIENCES HISTORIQUES ET PHILOLOGIQUES

SCIENCES RELIGIEUSESSCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE cérébelleuses sont fréquemment asso-ciées. Ces maladies sont causées par des mutations du gène SPG11.

À partir d’un modèle murin reproduisant la mutation la plus fré-quente du gène SPG11 et récapitulant la ma-jorité des symptômes présents chez les pa-tients, une équipe de chercheurs conduite par Frédéric Darios et Giovanni Stevanin à l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière a montré qu’une classe particulière de lipides (gangliosides) s’accu-mule dans le cerveau des souris  de manière précoce. Cette accu-mulation a également été retrouvée dans le cerveau de patients ainsi que dans des neurones dérivés de cellules souches plu-ripotentes induites provenant de patients SPG11, suggérant un mécanisme conservé chez l’homme.

Ils ont mis en évidence que la perte de fonc-tion du gène SPG11 perturbe le recyclage des membranes des lysosomes (organites cellulaires impliqués dans la dégradation de

constituants cellulaires) et conduit à l’accumulation locale de gangliosides. Cette accumulation active ensuite des si-gnaux qui sensibilisent les neurones aux processus de mort cellulaire.

Afin de vérifier si cette observation pouvait déboucher sur une application thérapeutique, les chercheurs ont utilisé un modèle de poisson-zèbre mimant une perte de fonction du gène SPG11 et qui présente également une accumulation de gangliosides dans le cerveau. En bloquant la production de gangliosides par voie pharmacologique, les chercheurs ont réussi à prévenir leur accumulation dans les lysosomes et surtout à restaurer les capacités motrices de ces pois-sons. Cela suggère que cibler la synthèse des gangliosides pourrait être une piste thérapeutique intéressante.

CONTACT : Giovanni Stevanin, [email protected]

Les programmes conjoints PSL-New York University au sein de la section des Sciences religieuses

Depuis le lancement de l’Alliance Globale PSL-NYU en 2017, deux programmes collaboratifs portés par des membres de la section ont bénéficié d’un finance-ment conjoint.

Porté par Joan Connelly (NYU) et François de Polignac (EPHE), le projet Insularités vise à faire converger des études pluridisciplinaires, diachroniques et multiscalaires sur l’ensemble des phénomènes caractérisant les situations insulaires. La notion d’île n’y est pas considérée de manière essentialiste, comme le résultat d’une simple situation géographique, mais comme un processus multiple faisant jouer des dynamiques variables dont les interactions doivent être identifiées et analysées dans chaque contexte, de façon à prendre en compte non seulement les cohérences, mais aussi les différences et oppositions qui structurent les mondes insulaires. Le projet, qui en est à sa deuxième année, procède par journées d’étude dont la première eut lieu à la NYU en décembre 2017, suivie par la journée « Archipels » en Paris en mars 2018, et l’atelier « Maritime Small Worlds » à Chypre en juin 2018. L’atelier « Insularités et changement environnemental », au CRIOBE à Moorea (Polynésie Française) le 18 mars 2019 a permis la rencontre de spécialistes de la Méditerranée ancienne et de la Polynésie.

Le second projet retenu en 2018, intitulé Entre l’Âge de la Diplomatie et le premier grand Empire en Asie occidentale (1200-900 av. J.-C.) : au-delà du paradigme de collapse et régénération, et porté par Maria- Grazia Masetti-Rouault (EPHE) et Lorenzo D’Alfonso, Professeur à l’Institute for the Study of the Ancient World (ISAW) de New York. Il propose de revenir sur la question de l’histoire des «  siècles obscurs  » au Proche-Orient ancien. Alors que la tendance traditionnelle a été de décrire de façon apocalyptique les changements qui ont marqué, à la fin du XIIIe siècle av. J.-C., le passage de l’Âge du Bronze à l’Âge du Fer, les historiens relèvent aussi, désormais, la continuité des traditions et des institutions dans l’organisation politique, économique et sociale, ainsi que dans les systèmes culturels et religieux de ces régions. Les nouvelles approches impliquent également une remise en question des limites chronologiques et géographiques habituelles. Un premier atelier a eu lieu le 12 novembre 2018 à l’ISAW, destiné à comparer les données archéologiques provenant des sites de Qasr Shemamok (Kurdistan, Irak) et de Kınık Höyük (Turquie), fouillés respectivement par M.-G. Masetti-Rouault et L. D’Alfonso, suivi d’un colloque international à l’EPHE les 18-19 avril 2019, co-dirigé par R. Hawley (EPHE, SR). Il a réuni des chercheurs intéressés par la problématique des transferts et changements culturels au tournant du II au Ier millénaire au Proche-Orient, du point de vue à la fois archéologique, historique, culturel et religieux.

CONTACT : François de Polignac, [email protected]

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ACTU DES INSTITUTS

8 ÉPHÉMÉRIDE N°13 / JUILLET 2019

Isabelle Saint-Martin passe le flambeau à Philippe Gaudin à la direction de l’IESRIsabelle Saint-Martin, vous quittez la direction de l’IESR après plusieurs mandats*, quel regard portez-vous sur le développement de l’Institut  ? Comment tout cela a commencé ? Après les réactions aux attentats du 11 septembre 2001, le ministre de l’Éducation, Jack Lang, commande à Regis Debray une étude sur l’ensei-gnement du fait religieux à l’école laïque, or l’EPHE venait de lancer des cours du soir en sciences religieuses. En charge de cette formation continue, j’ai été détachée auprès de R. Debray et j’ai pu assister aux rencontres qui ont préparé son rapport. Il préconise en conclusion la création d’un institut apte à faire le pont entre la recherche savante et un plus large public. Le dynamisme de la recherche française en ce domaine, et l’EPHE en est un des fleurons, lui paraissait encore insuffisamment connu alors que ces questions passionnent un grand public cultivé, comme le montre à cette époque le succès des émissions de télévision Corpus Christi. Quelle a été la mission de l’IESR auprès du monde scolaire ?L’IESR est créé en mars 2002 avec comme premier objectif de contribuer à la formation des enseignants sur les questions de laïcité et faits religieux. Nous avons toujours travaillé sur ces deux aspects et préféré parler de faits religieux au pluriel afin d’éviter toute essentialisation. Cette mission s’est exercée en étroite relation avec la direction générale de l’enseignement scolaire, les rectorats et les IUFM puis les ESPE. Il en est résulté, en plus de quinze ans, des dizaines de formations dans presque toutes les académies. Après la loi de 2004 contre le port de signes religieux ostensibles à l’école, il y a eu parfois des moments de recul, mais, il faut le reconnaître hélas, les attentats de 2015 ont suscité un regain d’intérêt. Notre implication auprès du ministère

Rencontre : les stratégies de l’ONU en matière de défense des droits des personnes âgées

Le 11 juin 2019, Rosita KORNFELD, Professeure à l’Université Pontificale du Chili et experte indépendante pour les personnes âgées au sein de l’ONU, a été reçue par l’EPHE à l’INHA, à l’initiative du REIACTIS (Réseau d’Étude International sur l’Âge, la Citoyenneté et l’Intégration Socio-économique). Mme Kornfeld, particulièrement engagée sur la scène internationale dans la réflexion et l’action en faveur des droits de l’homme tout au long de la vie, présentera les stratégies de l’ONU en matière de défense des droits des personnes âgées.

Cette rencontre avec les décideurs et acteurs du vieillissement en France a permis de mieux saisir les perspectives internationales dans le domaine des droits des personnes âgées, ainsi que le rôle des institutions internationales dans ce domaine.L’évènement marquait également le lancement par le REIACTIS d’une série de rencontres internationales sur le thème Société inclusive et avancée en âge. À cette occasion, le réseau présentera les premiers éléments de son 6° colloque international, organisé en partenariat avec le Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales (2L2S) de l’Université de Lorraine, qui se déroulera du 4 au 6 février 2020 au Centre de Congrès Robert Schuman de Metz.Lors des cinq précédents colloques du REIACTIS, entre 120 et 150 chercheurs en sciences humaines et sociales et experts internationaux de 20 à 30 pays

se sont rencontrés pour débattre des questions relatives à la citoyenneté et à l’intégration socio-économique des personnes âgées. Le dialogue avec les organismes internationaux (ONU, OMS…), les décideurs publics, les professionnels du secteur, les ONG et organisations de retraités ont contribué depuis 12 ans à une fertilisation croisée, particulièrement stimulante, entre les acteurs du secteur gérontologique.Mme Kornfeld a donc ouvert cette réflexion en préambule au colloque de 2020, en présence du Président de l’EPHE Jean-Michel Verdier et d’Anne Marcilhac, Directrice de l’ITEV et de Jean-Philippe Viriot-Durandal, Professeur de sociologie à l’université de Lorraine, Président du réseau REIACTIS.

CONTACT : Sophie Ursella, [email protected]

De gauche à droite : Anne Marcilhac, Rosita KORNFELD, Jean-Michel Verdier, Jean-Philippe Viriot-Durandal. ©ITEV

Isabelle Saint-Martin

Rosita KORNFELD, Professeure à l’Université Pontificale du Chili et experte indépendante auprès de l’ONU pour les droits des personnes âgées

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MANEA, la plateforme d’enseignement à distance consacrée aux récifs coralliens

Cet enseignement est destiné à tous les étudiants, avec un accès privilégié pour le Master PSL, le Diplôme SVT de l’EPHE, les Masters des universités de l’Outre-mer français (Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, Réunion, Marti-nique-Guadeloupe-Guyane), doctorants et post-doctorants (quelle que soit leur université). Depuis 2016, cette plate-forme d’enseignement est également ouverte à la société civile par le biais de la formation continue de l’EPHE.L’aventure des « récifs coralliens à portée de clic » a commencé grâce à un finan-cement PNM (Paris Nouveau Monde) en 2014-2015 et la création de quatre Uni-tés d’Enseignement. Elle s’est poursuvie depuis 2016 grâce au soutien de l’Uni-versité PSL. Les UEs MANEA (30 heures chacune) sont constituées de 80 cours, TD et TP, réalisés par près de 50 interve-nants de différents niveaux académiques

(doctorants, post-doctorants, ingénieurs, chercheurs, enseignant-chercheurs, res-ponsables d’ONG ou associations) et de différents organismes de recherche et associations à travers le monde.Depuis le début, ce sont plus de 440 élèves (en master, diplôme SVT EPHE, doctorat, post-doctorat, techniciens, ingénieurs et apprenants en formation continue) qui ont pu avoir accès aux en-seignements de la plateforme.Les perspectives de MANEA sont de proposer des cours sur les plateformes Fun Mooc et UVED (Université virtuelle environnement et développement du-rable) afin de continuer de mettre à disposition gratuitement des ressources pédagogiques par le biais numérique et ainsi pouvoir proposer ses connaissances sur les récifs coralliens à un public tou-jours plus large.MANEA bénéficie de nombreux par-tenariats. Pour plus d’information, voir  manea.criobe.pf

ACTU DES INSTITUTS

9ÉPHÉMÉRIDE N°13 / JUILLET 2019

Le SPOC (Small Private Online Courses) MANEA « Introduction aux récifs coralliens », consacré à la biodiversité et la gestion des récifs coralliens a été lancé par l’IRCP en 2015. Quatre ans plus tard, il rassemble de plus en plus d’élèves derrière les écrans pour découvrir, apprendre et travailler sur les récifs coralliens.

dans la mobilisation pour les valeurs de la République et la collaboration au programme de formation Magist@re lancé sur le site de l’Education nationale nous ont permis d’obtenir un PRAG supplémentaire pour développer nos missions.Est-ce le seul domaine d’intervention ? Non, dès les premiers statuts, il est précisé que l’IESR en tant qu’institut de formation intervient dans tous les domaines. Des représentants de différents ministères sont membres de notre conseil de direction actuellement présidé par Didier Leschi**. Outre des interventions en hôpitaux et dans les collectivités locales, l’IESR a développé des formations récurrentes avec l’Ecole nationale de la magistrature (ENM) et avec celle de la protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ). Les partenariats avec les musées et les bibliothèques nous ont permis de proposer des diaporamas commentés, avec par exemple un lien entre notre site et celui du Louvre, qui s’ajoutent au riche fonds de ressources documentaires de notre site internet.Pourquoi le E de IESR ? Les interrogations qui ont présidé à la création de l’IESR ne sont pas spécifiques à la France, dès l’origine nous avons développé un réseau d’institutions partenaires. Nous participons depuis dix ans à des projets collectifs financés par la commissions européenne (projet COMENIUS, ERAMUS +) qui ont permis la mise en place de Digital modules pour des formations en ligne. Plusieurs colloques et publications en sont aussi issus, dont les 22 et 23 mars prochain le colloque final du projet SORAPS (Study of Religions against Prejudices and Stereotypes).Y a-t-il une participation de l’IESR à la formation et à la recherche au sein de l’EPHE ?Statutairement, l’IESR n’assure que des recherches finalisées mais à ce titre, il a répondu à des demandes du ministère des Affaires étrangères ou du Bureau central des cultes avec de nombreuses publications. En outre l’IESR intervient dans un DU avec l’université Paris-Sud pour la formation des cadres associatifs et futurs aumôniers. Cela complète l’im-plication de l’IESR dans l’encadrement d’un parcours « Religions et laïcité dans la vie professionnelle et associative » au sein du master SRS et s’appuie sur notre expérience en matière de formation qui est certainement encore à développer.

*Responsable des programmes auprès de C. Langlois de 2002 à 2005, directrice-adjointe auprès de J.-P. Willaime (2006-2010) puis deux mandats à la direction de l’IESR (déc. 2010 à déc. 2018).** Voir Ephéméride juillet 2018

© Gilles Siu

UNITÉS D’ENSEIGNEMENT MANEA

1. Introduction aux récifs coralliens : Hotspot de biodiversité ;2. Biodiversité, Biologie, Ecologie des récifs coralliens face aux changements

climatiques ; 3. Pêche, Gestion et Conservation des récifs coralliens dans les pays insulaires

de l’Indo-Pacifique ; 4. Taxonomie et Monitoring dans les récifs coralliens.

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ACTU DES SERVICES

10 ÉPHÉMÉRIDE N°13 / JUILLET 2019

Inauguration de la Collection « Biogéographie et Écologie des Vertébrés » à Montpellier

Le 15 juin 2018 a eu lieu à Montpellier l’inauguration d’une la collection muséologique d’importance, dite « Biogéographie et Écologie des Vertébrés - BEV », au sein du Centre d’Écologie Fonctionnelle et Évolutive (CEFE).

Cet évènement a été l’occasion d’accueillir quelque 70 personnes parmi lesquelles Hubert Bost (EPHE), François Jouen (Doyen de la section SVT), Richard Joffre (Directeur de l’UMR CEFE) et Jean-Dominique Lebreton (ancien Directeur) ainsi que les trois Directeurs successifs de l’équipe BEV  : Jacques Bons (initiateur de la Collection BEV), Roger Prodon et Claude Miaud.

La Collection BEV est une collection de type muséologique dédiée au recueil, à la préservation et à l’exposition des amphibiens et reptiles d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (Paléarctique Occidental pour les biogéographes). Les animaux y sont soigneusement étiquetés (date, lieu précis, nom du récolteur, nom de l’espèce) et sont préservés dans des bocaux d’éthanol à 96°. Les bocaux sont disposés sur des étagères, par espèces et sous-espèces, et des étiquettes de présentation, en plus de celles des spécimens et des bocaux, permettent de trouver facilement un taxon recherché. Cette collection est doublée d’une collection de tissus destinés aux analyses moléculaires. C’est la plus importante de France dans ce domaine après celle du Muséum d’Histoire naturelle de Paris.

La Collection BEV en quelques chiffres (2018)• 14 916 spécimens (animaux entiers)• 12 261 échantillons de tissus• 652 taxons, collectés de 1849 à 2018• 28 paratypes• 20 nouvelles espèces ou sous-espèces décrites par

l’équipe BEV• environ 5 000 bocaux, sur une surface de 107 m²

d’étagères• une base de données sans cesse actualisée et diffusée• un site Internet dans l’intranet du CEFE.

Cette collection doit son origine, dans les années 1960, au Professeur Jacques Bons et à son associé Bernard Girot, en poste au Maroc à la Faculté des Sciences de Marrakech. À la fin des années 1970, Jacques Bons crée, au sein de l’EPHE,

le Laboratoire de Biogéographie et Écologie des Vertébrés, à Montpellier, et tout naturellement, la collection d’amphibiens et reptiles, essentiellement marocains à l’époque, y est déposée. Enrichie par les apports des membres du Laboratoire (tout particulièrement Marc Cheylan et Claude-Paul Guillaume, puis plus récemment Philippe Geniez, Pierre-André Crochet et Claude Miaud) et ceux des collaborateurs français et étrangers, cette collection n’a cessé de s’accroître. C’est en 2000 qu’elle va être véritablement mutualisée et dénommée «  Collection BEV ». Ph. Geniez, M. Cheylan et P.-A. Crochet en ont alors assuré la gestion et l’entretien jusqu’à aujourd’hui.

Depuis 2007, à la suite du déménagement du laboratoire BEV dans les locaux de son UMR, la collection est abritée au CEFE. Grâce au soutien financier de l’UMR CEFE et de l’EPHE, elle a été emménagée vers de nouveaux locaux lui assurant sa sécurisation et améliorant sa valorisation.

Les échantillons de la Collection BEV sont répertoriés dans une base de données elle-même en lien avec une collection iconographique (80 000 photos environ). Une base de données en ligne simplifiée, mise à jour régulièrement et en accès libre, mentionne le nom de l’espèce, le lieu précis de la récolte et l’année de collecte. Pour chaque espèce, une carte permet de visualiser le nombre de spécimens disponibles par pays, ainsi que les dates de récoltes.

La Collection BEV, bien que publique, est en accès restreint. Les chercheurs intéressés peuvent venir la consulter sur place et travailler sur les spécimens, sur demande auprès des responsables. Seul l’envoi de tissus destinés aux analyses moléculaires est prévu.

CONTACT : Philippe Geniez, [email protected] Plus d’informations sur : www.cefe.cnrs.fr/fr/ressources/collection-bev

Une petite partie de la Collection BEV : les Couleuvres fer-à-cheval (Hemorrhois hippocrepis).

De gauche à droite : Hubert Bost, Stéphanie Manel, Philippe Geniez, François Jouen, Claude Miaud et JeanDominique Lebreton.

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ACTU DES SERVICES

11ÉPHÉMÉRIDE N°13 / JUILLET 2019

Les fonds documentaires de l’EPHE migrent au « GED hors les murs »

Dans le cadre du déménagement des collections au Campus Condorcet, les bibliothèques et les centres de l’EPHE fermeront définitivement leurs portes sur leurs sites respectifs entre juin et octobre 2019. Dès l’arrivée des premières unités de recherche sur le site d’Aubervilliers en septembre 2019, le Campus Condorcet proposera des services documentaires aux usagers. Le centre de documentation installé à la MSH Paris Nord, à proximité immédiate du Campus Condorcet accueillera le point d’accueil de communication et de prêt du « GED hors les murs ». Les collections documentaires et les archives scientifiques de l’EPHE seront consultables à partir de janvier 2020.

Plus d’informations sur le « GED hors les murs » : www.campus-condorcet.fr/Actualites/8-mois-pour-ouvrir-le-GED-hors-les-murs-

Novembredécembre 2019

Déménagement des collections

documentaires et des archives scientifiques des

différents sites de l’EPHE : Ste-Barbe, Raspail, Maison

de l’Asie vers le CTLES

Janvier 2020

Accès des collections au centre de documentation

MSH Paris Nord Aubervilliers

Automne 2020

Déménagement des collections documentaires

et des archives du CTLES / de Ste-Barbe

vers le Campus Condorcet Aubervilliers

Janvier 2021

Ouverture au public de la bibliothèque

du Campus CondorcetAubervilliers

Grand équipement documentaire Campus CondorcetGED hors les murs, Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord, 20 av. George Sand 93210 Saint-Denis La Plaine

Les fonds documentaires des bibliothèques et des centres cités ci-dessous rejoignent le grand équipement documentaire (GED) du Campus Condorcet dès l’automne 2019 :

• Bibliothèque Michel Fleury – Sciences historiques et philologiques (BMF)

• Bibliothèque des Sciences religieuses (BSR)• Centre de documentation égyptologique Wladimir

Golenischeff (CWG)• Centre d’Études Mongoles et Sibériennes (CEMS)• Centre d’Études des Religions et Traditions Populaires du

Japon (CERTPJ)• Centre de Documentation de l’Aire Tibétaine (CDAT)• Photothèque Gabriel Millet – Collection chrétienne et

byzantine (CGM)• Institut Européen en Sciences des Religions (IESR)• Groupe Sociétés Religions Laïcités (GSRL)

Les équipes de recherche des centres s’installeront au bâtiment recherche sur le Campus Condorcet et restent les interlocuteurs scientifiques sur ces fonds.

Site Sainte-Barbe4 rue Valette 75005 Paris

• Photothèque Gabriel Millet – Collection chrétienne et byzantineIoanna Rapti et Héléna [email protected] / Tél. : 01 56 81 76 37Les collections photographiques, les arts graphiques et la collection d’objets du centre rejoindront le grand équipe-ment documentaire du Campus Condorcet à l’automne 2020.

• Centre Alberto-BenvenisteJean-Christophe [email protected] Tél. : 01 45 88 25 12

• Mission ArchivesMargot Georges et Natacha [email protected] La Mission Archives gère les archives institutionnelles et celles des chercheurs et laboratoires de la section SVT.La Mission Archives reste disponible pour tout conseil pour la gestion des archives scientifiques ou la consultation des fonds de l’EPHE et pour toute expertise archivistique dans le cadre de projets de recherche.Les archives institutionnelles, conservées à Sainte-Barbe, seront progressivement versées aux Archives nationales.

ÉTAPE 1 ÉTAPE 2 ÉTAPE 3 ÉTAPE 4

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PARIS SCIENCES ET LETTRES

12 ÉPHÉMÉRIDE N°13 / JUILLET 2019

L’École Pratique des Hautes Études devient établissement-composante de l’Université PSL

Le Conseil d’administration de l’EPHE adopte les statuts portant création de l’université PSL et devient ainsi établissement-composante de l’établissement expérimental.

Ce jeudi 27 juin 2019, après avis favorable du Comité technique d’établissement (4 voix pour, 1 voix contre), le Conseil d’administration de l’École Pratique des Hautes Études a pris la décision de devenir établissement-composante de l’Université PSL (20 pour, 13 contre, 2 blancs).

L’EPHE, qui avait quitté la ComUE heSam après un vote unanime de son CA le 30 octobre 2014, est membre associé de PSL depuis janvier 2015. Depuis cette date, l’EPHE a investi beaucoup de temps et d’énergie pour participer à la construction du projet PSL, engageant résolument ses personnels à tous les niveaux (enseignants-chercheurs, enseignants, personnels administratifs et d’appui à la recherche). Depuis lors, l’École participe activement au processus d’élaboration du projet déposé fin 2015 devant le jury IdEx et à la réflexion menée pour que PSL devienne une « université intégrée ». Cette réflexion a conduit à la création d’un modèle original, basé sur le principe de subsidiarité, dont les établissements, qui disposent tous d’une marque internationalement reconnue, gardent leur personnalité morale et juridique.

« Dans un contexte où l’Enseignement Supérieur et la Recherche se trouvent profondément affectés par la mondialisation, nous sommes convaincus de la nécessité de participer à un regroupement dynamique dans lequel notre École a une place essentielle à tenir aux côtés de nos partenaires. »

Jean-Michel Verdier, Président de l’EPHE

« Je vois dans ce résultat un signal très fort. Nous nous sommes donné le temps de mûrir ces statuts et nous avons eu raison, car ce vote témoigne d’une adhésion solide de nos communautés à l’Université PSL. »

Alain Fuchs, Président de PSL

Nouveaux masters EPHE-PSL : inscriptions ouvertes jusqu’au 27 septembre 2019

L’EPHE accueille en master des étudiants déjà avancés dans leur parcours universitaire, dont beaucoup rejoignent l’École, parce qu’elle est la seule en France comme à l’étranger, à couvrir avec précision le domaine de connaissance qui les intéresse. Ces masters sont accessibles en formation initiale ou en formation continue.

Nouveaux masters EPHE-PSL 2019-2020 :

• Master Histoire de l’art et archéologie• Master Civilisations, cultures et sociétés• Master Études asiatiques• Master Sciences des religions et société• Master Sciences du vivant (SDV)

Masters auxquels participe l’EPHE en 2019-2020 :

• Master Philosophie• Master Humanités numériques• Master Sciences de la Terre et des planètes,

environnement

Détail et inscriptions sur : www.ephe.fr/formations/master

© PSL

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CAMPUS CONDORCET

13ÉPHÉMÉRIDE N°13 / JUILLET 2019

Lancement des opérations pour la construction du siège de l’EPHE

Le 2 avril dernier, l’établissement public Campus Condorcet (EPCC) a présenté au Président de l’EPHE, à la directrice générale des services et au directeur du patrimoine et de la logistique, l’équipe projet en charge du suivi de l’ensemble des opérations de la construction du siège de l’EPHE.

L’équipe projet en charge de la construction du siège de l’EPHE © Campus Condorcet 2019

Réservez le Centre de colloques pour vos événements scientifiquesÉquipes, laboratoires, chercheurs… des établissements membres, la réservation des espaces du Centre de colloques est dorénavant accessible. S’ouvrant sur la place du Front Populaire, ce bâtiment de trois étages pourra héberger à partir d’octobre 2019, les événements scientifiques (colloques, journées d’études et autres rencontres).

La capacité d’accueil totale du Centre de colloques est estimée à 700 personnes, répartie entre :

• 1 Auditorium de 250 places – 1er étage, 248 m²• 1 Auditorium de 150 places – 1 er étage, 174 m²• 1 Salle multifonction de 100 places – RDC, 185 m²• 1 Salle multifonction de 50 places – RDC, 96 m²• 5 Salles multifonction de 25 places – 3e étage, 49 m²• 1 Hall – RDC, 336 m² (maximum 250 personnes debout)• 1 Foyer – RDC, 117 m2 (maximum 70w personnes debout)• 1 Salle des pas perdus – 1er étage, 253 m² (maximum 200

personnes debout)

Il est possible de réserver une ou plusieurs salles en même temps, en fonction du type d’événement et du nombre de personnes attendues.

La réservation des espaces du Centre de colloques prend en compte les éléments suivants :

1) La priorité à la programmation scientifique des établisse-ments membres

2) La priorité des évènements dont les champs de recherche sont représentés sur le Campus

3) L’organisation d’évènements scientifiques transversaux contribuant au rayonnement des membres et du Campus Condorcet

4) Un usage équilibré entre tous les établissements membres5) Une ouverture du Centre au territoire

Plus d’informations sur www.campus-condorcet.fr/La-recherche-et-la-formation/Les-espaces-pour-la-recherche/Reservez-le-Centre-de-colloques

CONTACT : [email protected]

Il s’agissait d’une première réunion sur les opérations à organiser  qui comporteront deux phases :

Une phase concernant le maître d’ouvrage (l’EPCC) chargé de proposer plusieurs hypothèses d’emplacement du bâtiment sur le Campus, en fonction des besoins préalablement définis,

Une phase où la maîtrise d’œuvre, l’architecte concepteur notamment sera à l’œuvre pour la réalisation du projet.

La toute première opération consiste à recueillir les besoins des futurs usagers du bâtiment. À cet effet un marché pour un programmiste sera ouvert prochainement. Le lauréat mènera des entretiens sur les besoins des personnels pour réaliser le programme fonctionnel du futur bâtiment (à titre d’exemple  : conception du hall d’entrée, des bureaux de la présidence et des personnels, des salles d’enseignement, des locaux d’archives et/ou de stockage, etc.).

Un comité de pilotage du suivi des opérations est constitué par l’EPCC et la Présidence de l’EPHE.

La présidence de l’EPHE communiquera réguliè-rement sur l’avancée des opérations.

CONTACT : Julien Bruyelle, Directeur de la Logistique et du patrimoine [email protected]

Centre des colloques © EPHE juin 2019

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CENT CINQUANTENAIRE DE L’EPHE

14 ÉPHÉMÉRIDE N°13 / JUILLET 2019

Livre anniversaire : l’EPHE a 150 ans Présentation commentée de l’ouvrage-anniversaire de l’EPHE par Frédéric Barbier, Directeur d’études en

Sciences Historiques et Philologiques dans la chaire « Histoire et civilisation du livre ».

L’École Pratique des Hautes Études. Invention, érudition, innovation

de 1868 à nos joursDir. Patrick Henriet, préf. Hubert Bost,

postf. Jean-Claude Waquet,  Paris, Somogy / École pratique des Hautes Études,

2018, 713 p., ill.  ISBN : 978-2-7572-1326-7

Au-delà du symbole (150 ans…), les anniversaires peuvent se révéler très utiles à l’historien, parce qu’ils offrent l’occasion de marquer par un événement l’accomplissement d’une étape importante: ce sera une exposition, un colloque, une série de conférences, ou encore une publication, comme pour l’EPHE en 2018. Nous ne pouvons que nous réjouir lorsque cette publication constitue en elle-même une véritable somme, d’autant plus précieuse qu’elle envisage des domaines scientifiques rares, et encore plus rarement réunis.

L’EPHE est une institution très originale, fondée à l’initiative d’un historien, Victor Duruy, et dont l’objet résidait dans la remise à niveau, en 1868, des conditions de la recherche et de l’enseignement supérieur en France. 

Nous n’étions pas encore  à l’époque bénie des classe-ments  (classer les universités, etc.), mais déjà bel et bien en-gagée dans une forme de concurrence intellectuelle inter-nationale, dont les incidences sont considérables en terme d’économie, mais aussi de puissance politique. Pour un petit nombre de responsables réunis autour du ministre, il s’agit de fonder une institution qui mette en œuvre les méthodes de travail et les procédures d’organisation dont l’université tradi-tionnelle semble alors incapable: d’une certaine manière, un projet qui n’est pas sans présenter des points de comparaison

avec celui du Collège royal sous François Ier. Pasteur lui-même intervient dans le débat, s’agissant du domaine des sciences exactes :

Depuis trente ans, l’Allemagne s’est couverte de vastes et riches laboratoires. Berlin et Bonn achèvent la construction de deux palais d’une valeur de quatre millions, destinés l’un et l’autre aux études chimiques. Saint-Pétersbourg a consacré trois millions à un institut physiologique, l’Amérique, l’Autriche et la Bavière ont fait les plus généreux sacrifices (…). Et la France ? La France n’est pas encore à l’œuvre. 

Il n’y a pas lieu d’entrer dans les détails de la fondation de l’EPHE, institution organisée en quatre sections devant couvrir l’essentiel du champ des connaissances1, appuyée sur des laboratoires et des bibliothèques (l’École doit être « pratique ») et travaillant selon le système allemand du séminaire. Deux caractéristiques du travail y sont tout particulièrement remarquables  : comme pour le Collège de France, l’accès des étudiants n’est soumis à aucune condition de diplôme, tandis que la liberté d’enseignement est totale.  Le développement du plan du volume fait parcourir treize grandes parties, enrichies à la fin par une série d’annexes documentaires :

1. « Les origines » de l’École viennent d’être évoquées trop brièvement, mais il ne faut pas perdre de vue que, durant ses premières décennies d’existence, la dimension politique est largement présente dans la vie de la nouvelle institution: en promouvant un modèle scientifique et intellectuel fondé sur le rationalisme, l’EPHE se heurte

1 – 1 : Mathématiques ; 2 : Physique et chimie ; 3 : Histoire naturelle et physiologie ; 4 : Sciences historiques et philologiques. Sans entrer dans le détail, on rappellera que les deux premières sections ont aujourd’hui disparu, tandis qu’une cinquième, puis une sixième section étaient successivement créées pour les Sciences religieuses et pour les Sciences économiques et sociales. Cette dernière section prendra plus tard son indépendance, sous la forme de l’École des Hautes Études en Sciences sociales.

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CENT CINQUANTENAIRE DE L’EPHE

15ÉPHÉMÉRIDE N°13 / JUILLET 2019

souvent à l’opposition de milieux que l’on désignera comme plus « conservateurs », voire nationalistes au sens étroit du terme. La question religieuse intervient aussi. 

2. « Six sections pour une institution »  : à côté du discours suivi, cette partie donne l’occasion de présenter un certain nombre de grandes figures historiques liées à l’École (depuis Gabriel Monod), et de publier des textes inédits. 

3. « Physique, chimie, mathématiques ». 4. « Biodiversité et environnement ». 5. « Biologie du genre humain: psychologie scientifique,

physiologie, sciences anthropologiques ». 6. « Faire l’histoire des sciences »: cette partie est notamment

organisée autour de personnalités comme celles d’Alexandre Koyré, de Mirko Grmek et de Bertrand Gille (pour l’histoire des techniques, un domaine qui intéresse bien évidemment l’historien des techniques d’imprimerie). 

7. « Textes, langues, philologie » (depuis la génération des fondateurs, Michel Bréal et Gaston Paris). 

8. « Techniques historiques et érudition »: il s’agit ici en grande partie de domaines qui intéressent l’historien du livre, avec la papyrologie, l’imprimerie (conférence d’« Histoire et civilisation du livre »), puis le manuscrit et la codicologie arabes. 

9. « Écrire l’histoire » constitue une partie avant tout historiographique, et organisée par grands domaines, de l’assyriologie et de l’égyptologie à l’histoire de l’art. La théorie des grandes figures ayant illustré l’École est particulièrement impressionnante, à commencer par celles de Gaston Maspéro et de Ferdinand Lot. 

10. La dixième partie est organisée par champs géographiques (« Le monde comme champ de recherche: espaces, textes, religions »), avec la présentation, entre autres, des « Études

scandinaves », du « domaine chinois », du Japon ou encore de la géographie indienne. 

11. Puis viennent une série de contribution autour de la problématique des monothéismes (« Études juives, christianisme, Islam: penser les monothéismes ») : à côté du christianisme antique, des «  Études juives », et des « Études arabes et islamiques », une place particulière est réservée à « Réforme et protestantisme » : plusieurs des figures tutélaires de l’École sont en effet liées à la société de confession réformée en France, et on rappellera encore que Lucien Febvre candidate d’abord, en 1943, pour une chaire à la cinquième section. 

12. La douzième partie porte sur le très riche domaine de l’anthropologie religieuse et du comparatisme, et évoque des personnalités qui ont marqué leur discipline, et même leur époque, comme celles de Marcel Mauss, de Georges Dumézil ou, plus récemment, de Claude Lévi-Strauss.

13. Enfin, sous la rubrique « Le monde contemporain », se trouvent regroupés plusieurs dossiers très évocateurs sur le plan historiographique (notamment « l’EPHE et l’Allemagne » et «  l’EPHE et l’Affaire Dreyfus »), mais aussi des dossiers consacrés à des domaines scientifiques originaux, dans lesquels notre institution occupe une place clé : on pense à l’« Histoire des doctrines stratégiques », à la question de la laïcité, ou encore à l’utilisation de l’image en histoire. Cette section se ferme sur la présentation du rôle de l’EPHE dans l’organisation toute récente d’une école d’archéologie islamique au Kurdistan irakien : c’est peu de dire, on le voit, que l’École est depuis toujours engagée dans les débats de son temps, auxquels elle apporte la dimension scientifique qui en est trop souvent absente.    Les annexes sont suivies par la bibliographie (présentée par ordre alphabétique des auteurs / titres), par un index nominum et par la Tabula gratulatoria.

La bibliothèque de l’EPHE au début du XXe siècle © Bibliothèque Interuniversitaire Sorbonne

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CENT CINQUANTENAIRE DE L’EPHE

ah!doc

Si l’histoire du livre et de l’écrit fait l’objet des développements spécifiques que nous avons signalés, il n’est que juste de dire que les livres et autres documents graphiques, ou encore les bibliothèques2, sont bien à l’arrière-plan de la plupart des contributions. Les éditeurs aussi sont présents, à travers d’abord les collections de l’École et les différentes revues scientifiques, et par la conception de leur rôle comme « intermédiaires savants » – on pense ici à un personnage comme Honoré Champion, étudié en son temps par le regretté Jacques Monfrin3. Deux personnalités éminentes du monde savant appartiennent d’ailleurs elles-mêmes à des dynasties de libraires ou de libraires-imprimeurs  : il s’agit de Charles Adolphe Würtz, doyen de la Faculté de Médecine de Paris, et d’Élie Berger, professeur de paléographie à l’École des chartes, et successeur d’Henri Wallon aux Inscriptions.  En bref, c’était une gageure que de regrouper en un ensemble cohérent une histoire et une masse d’informations caractérisées par la diversité et par l’ouverture. Le contrat est rempli du mieux qu’il était possible, avec un ouvrage qui s’impose d’emblée comme un usuel, au premier chef dans les deux domaines, de l’historiographie et de l’histoire des idées et des disciplines scientifiques4.

CONTACT : Frédéric Barbier, [email protected] Plus d’informations sur : histoire-du-livre.blogspot.com

2 – La Bibliothèque de la Sorbonne est évoquée à plusieurs reprises, en particulier lorsque le premier président de la IVe Section, Léon Renier, est lui-même directeur de la Bibliothèque, ce qui lui permet de mettre à la disposition des conférences trois salles attenantes à son institution (cf p. 78-79 et la figure 6, p. 80, reprod. ci-dessus). Un petit manque dans cet imposant volume réside, peut-être, dans l’absence d’une histoire de la, puis des bibliothèques de l’École.

3 – Cf. Frédéric Barbier, « L’École pratique des Hautes Études et le tropisme de la librairie allemande », dans De la philologie allemande à l’anthropologie française. Les sciences humaines à l’EPHE (1868-1945), dir. Céline Trautmann-Waller, Paris, Honoré Champion, 2017, p. 43-60.

4 – L’illustration, toujours signifiante, enrichit grandement le propos. Au-delà de la fonction informative, elle ouvre implicitement des perspectives vers l’histoire de la sociabilité savante, voire vers certaines formes d’anthropologie de nos sociétés occidentales. On ne peut bien sûr qu’être frappé par la longue absence des femmes, ou, de manière plus légère, par les évolutions de la mode masculine, voire par la pratique des banquets qui ont longtemps accompagné les cérémonies commémoratives organisées par l’École à partir de 1894… mais aujourd’hui disparus, sinon sous la forme des modernes cocktails.

602 ◆ ANTHROPOLOGIE RELIGIEUSE, COMPARATISME, FOLKLORE COMPARATISME ET ANTHROPOLOGIE ◆ 603

CLAUDE LÉVI-STRAUSS (1908-2009)

Né à Bruxelles le 28  janvier 1908 et mort à Paris le 30 octobre 2009, Claude Lévi-Strauss a occupé à la Ve sec-

tion de l’EPHE la direction d’études tantôt principale (1951-1960), tantôt « cumulante » (1960 – 31 octobre 1974), intitulée « Religion des peuples non civilisés » (1951-1954), où il succé-dait à Maurice Leenhardt, puis « Religions des peuples sans écri-ture » (1954-1974)  ; il a d’autre part occupé à la VIe  section la chaire de « cumulant » intitulée « Civilisations primitives » (1948-1951) puis « Anthropologie sociale » (1951-1959). Il reprit cette dernière chaire à l’occasion de la création de l’EHESS en 1975. Entre-temps, il avait été élu au Collège de France (1959) sur une chaire, à nouveau, d’« Anthropologie sociale », et y créa en 1960 le laboratoire d’Anthropologie sociale. Il fonda avec Émile Benveniste et Pierre Gourou la revue française d’anthropologie L’Homme. Il poursuivit ses enseignements jusqu’en 1982. Parmi de nombreux autres honneurs, il fut élu en 1973 à l’Académie française, au fauteuil d’Henry de Montherlant.Issu d’une famille d’artistes d’origine juive alsacienne, il a choisi comme nom d’usage celui de son père Raymond Lévi, peintre portraitiste, associé à celui d’un grand-père chef d’orchestre, Isaac Strauss (le jeune Claude passa les années de la guerre de 1914-1918 auprès de son grand-père maternel, rabbin à Versailles). Il retira de ce milieu le goût de la musique et des collections d’art et d’antiquités, qu’il put mettre en œuvre, par exemple, lorsqu’il fut directeur par intérim du Musée de l’Homme (1949-1950). Il accomplit sa scolarité à Versailles puis à Paris. Il milita à la SFIO pendant ses années d’études, devint licencié en droit et, en 1931, agrégé de philosophie. Il épousa successivement la philosophe Dina Dreyfus, Rose-Marie Ullmo et Monique Roman. De ces deux dernières il eut chaque fois un fils.Il effectua son stage d’agrégation en compagnie de Simone de Beauvoir et de Maurice Merleau-Ponty, enseigna ensuite deux années en province puis s’embarqua avec sa première épouse,

brillante philosophe, pour le Brésil, où il enseigna la sociologie à l’Université de São Paulo et s’engagea dans deux missions eth-nographiques (1935-1936 : Caduveo et Bororo  ; 1938  : Nam-bikwara, Mundé et Tupi-Kawahib), sans compter les promenades ethnographiques « du dimanche » dans la banlieue de São Paulo.En 1939, il est mobilisé sur la Ligne Maginot comme agent de liaison. Lors de la défaite française, il retourne au lycée à Mon-tauban, mais est révoqué en tant que juif et trouve le moyen de quitter la France pour New York. Il y enseigne la sociologie de l’Amérique du Sud à la New School for Social Research, fré-quente André Breton, Max Ernst, Boas, Koyré ou Jakobson, puis, engagé dans les Forces françaises libres et chargé de mis-sion scientifique, il contribue à fonder l’École libre des Hautes Études. De retour en France en 1944 au ministère des Affaires étrangères, il est nommé conseiller culturel à l’ambassade de France à New York (où il s’occupera surtout de réaménager le Consulat de France en compagnie de l’architecte du Palais de Chaillot), poste dont il démissionne en 1947 pour finir sa thèse sur Les Structures élémentaires de la parenté (et sa thèse secon-daire sur les Nambikwara), qu’il soutient en 1948 devant un jury composé de Georges Davy (sociologue durkheimien), de Marcel Griaule, d’Émile Benveniste, du sociologue Albert Bayet et de Jean Escarra (juriste sinologue).Après une série de conférences au Collège de France en 1949-1950 sous l’égide de la Fondation Loubat d’antiquités améri-caines (analyse structurale du thème du Glouton dans la mytho-logie de l’Amérique du Nord), le psychologue Henri Piéron le pousse à se présenter au Collège de France, où il échoue à deux reprises.L’anthropologie structurale de Claude Lévi-Strauss se caracté-rise triplement par son enracinement dans l’ethnologie amé-rindienne, sa montée en généralité au moyen d’une méthode comparative fondée sur l’analyse des transformations au sein de systèmes de relations observées en synchronie (systèmes de parenté, classifications botaniques, ensemble des versions d’un même mythe...), et le modèle de la phonologie jakobsonienne inspirant cette méthode (un phonème ne prend sens que dans sa relation aux autres phonèmes d’une langue donnée). Elle vise

une science de l’homme en société qui, tout en tenant compte des variations de l’environnement et de l’histoire, rejoint la psychologie pour atteindre les ressorts les plus universels de la pensée aux prises avec l’univers concret ou relationnel. La « pen-sée sauvage » est une pensée à part entière : elle « bricole » son savoir – sur la nature, les techniques, la société, les dieux – selon ses contraintes sociales, logiques et cognitives propres, telles que l’esprit en joue et les met à nu dans l’élaboration mythique que l’œuvre de Lévi-Strauss, au total, a fini par privilégier. Étudier cette pensée dans les processus de transformation des mythes, des usages et des structures, c’est pour un anthropologue se dépayser pour atteindre un regard dépassionné et réellement scientifique sur un objet naturel – l’homme – qui l’inclut lui-même. « C’est à l’École [pratique] des hautes études, écrit Lévi-Strauss, que mes idées sur la mythologie et divers autres sujets prirent forme. La période 1950-1959, où j’exerçai à titre princi-pal dans cet établissement, compte dans mon souvenir comme l’une des plus fertiles1. »Parmi ses œuvres essentielles pour la discipline : Anthropologie structurale (1958)  ; La Pensée sauvage (1962)  ; Le Totémisme aujourd’hui (1962) ; Mythologiques. I. Le Cru et le cuit (1964). II.  Du miel aux cendres (1966). III.  L’Origine des manières de table (1968)  ; IV. L’Homme nu (1971)  ; Anthropologie structu-rale deux (1973). Un choix plus littéraire de ses œuvres a été rassemblé de son vivant et sous sa direction, privilège insigne, pour son centenaire en 2008 dans un volume de plus de deux mille pages à la « Bibliothèque de la Pléiade ». Renée Koch Piettre

Fig. 1 | Claude Lévi-Strauss vers 1980.

1 Lévi-Strauss (1984), 14.

BibliographieAbondante bibliographie dans Loyer (2015).

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L’ÉCOLE PRATIQUE

DES HAUTESÉTUDES

INNOVATION

INVENTION, ÉRUDITION,

DE 1868 À NOS JOURS

Créée en 1868 par Victor Duruy, ministre de l’Instruction publique de Napoléon III, l’École pratique des Hautes Études a traité

depuis ses origines des disciplines extrêmement variées, et parfois très rares, tout en mettant l’accent sur la méthode expérimentale, que ce soit dans les laboratoires des disciplines scientifi ques dites exactes ou dans les séminaires (« conférences ») des sciences appelées aujourd’hui humaines et sociales. En cent cinquante ans, l’École pratique des Hautes Études a vu se succéder une remarquable série de savants qui en ont fait une institution d’apprentissage appuyée sur un dynamisme exceptionnel : ainsi Émile Benveniste, Claude Bernard, Marcellin Berthelot, Alfred Binet, Michel Bréal, Paul Broca, Georges Dumézil, Étienne Gilson, Sylvain Lévi, Claude Lévi-Strauss, Gaston Maspero, Gabriel Monod, Gaston Paris, Louis Pasteur, Ferdinand de Saussure, Germaine Tillion, etc.Sans en être toujours consciente, l’Université a progressivement adopté des méthodes, comme celle du séminaire, qui ont d’abord été mises au point, pour la France, à l’EPHE. Cet ouvrage retrace l’histoire extraordinairement riche d’un projet d’enseignement combiné à un idéal scientifi que élevé qui n’a que peu d’équivalents dans le monde.

978-2-7572-1326-1 45€

L’ÉCOLE PRATIQUE

DES HAUTESÉTUDES

INNOVATION

INVENTION, ÉRUDITION,

DE 1868 À NOS JOURS

L’ÉCOLE L’ÉCOLE PRATIQUEPRATIQUEPRATIQUEPRATIQUE

DES HAUTESDES HAUTESINVENTION, INVENTION,

INNOVATIONÉRUDITION, ÉRUDITION,

DE 1868 À NOS JOURSDE 1868 À NOS JOURS

L’ÉCOLE PRATIQUE

DES HAUTESÉTUDES

INNOVATION

INVENTION, ÉRUDITION,

DE 1868 À NOS JOURS

Sous la direction de Patrick Henriet

Extrait de l’ouvrage L’École Pratique des Hautes Études. Invention, érudition, innovation de 1868 à nos jours

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C e nouveau numéro d’Ah ! Doc est d’abord l’occasion de présenter l’équipe en grande partie renouvelée qui s’est mise en place à la tête de l’École Doctorale. Cécile Reynaud et Christophe Grellard sont depuis la rentrée 2018 les nouveaux responsables respectifs des mentions HTD et RSP, tandis qu’Andràs Paldi poursuit son mandat pour la mention SIEB.

J’ai pour ma part pris la direction de l’ED 472 à la suite de Vincent Goossaert. Avec l’ensemble des personnels de l’EPHE investis dans le fonctionnement de l’École Doctorale, nous avons accueilli à la rentrée 2018-2019 une nouvelle « promotion » de doctorantes et doctorants admis lors des commissions d’octobre et de novembre. La réunion de rentrée du 3 décembre a permis de présenter à ces nouveaux étudiants en thèse le fonctionnement de l’école doctorale ainsi que les opportunités offertes par le Collège doctoral PSL en matière d’activités sportives et culturelles ou d’aides à la création d’entreprises. À l’occasion des journées d’accueil organisées par différents laboratoires, nous nous sommes rendus dans leurs locaux pour rencontrer ces étudiants et échanger notamment sur les possibilités de financement de leurs missions de recherche ou de leurs participations à des colloques par notre école doctorale. Outre les aides ponctuelles, co-financées avec le laboratoire de recherche, un dispositif particulièrement adapté pour ceux qui doivent effectuer des missions de longue durée est celui des bourses de mobilité. La campagne d’attribution de ces bourses pour 2019 s’est achevée en janvier et a permis d’octroyer 17 bourses allant jusqu’à 2 000 euros.

Je voudrais enfin signaler la création récente d’un outil que j’ai souhaité mettre en place pour favoriser la communication interne de l’école doctorale, en concertation avec le service communication de l’EPHE. Il s’agit d’un carnet de recherche développé sur la plateforme Hypothèses.org et qui s’intitule « Les carnets de l’ED 472 ». Le but de ce site est de rassembler les actualités propres à la vie de l’ED, aussi bien les annonces concernant les financements offerts aux doctorants que les journées doctorales organisées par les différentes équipes. Il constitue un portail où sont facilement accessibles différentes sources d’informations concernant le doctorat à l’EPHE dans le cadre de PSL. Enfin, ce carnet est destiné également à accueillir les actualités des doctorants eux-mêmes, à travers des présentations de leurs recherches ou des comptes rendus de missions qu’ils ont effectuées. La diversité des parcours et des expériences de nos doctorants (près de 600 au total !) est une richesse immense et ce carnet numérique se veut un lieu d’échanges et de valorisation de cette variété qui est constitutive de notre école doctorale.

Laurent COULONDirecteur de l’École doctorale

[email protected]

Le mot du directeur de l’École doctorale

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PAROLE DE DOCTORANT

Portes et passages dans les églises monastiques byzantines du IXe au XVe siècle

Maréva U, Portes et passages dans les églises monastiques byzantines du IXe au XVe siècle. Expérience spirituelle, liturgique et sociale des espaces liminaires, sous la direction de Ioanna Rapti, directrice d’études en histoire de l’art et archéologie du monde byzantin et de l’Orient chrétien. EPHE - PSL - mention « Religions et systèmes de pensée », UMR 8167 Orient et Méditerranée, Monde byzantin

L’espace d’une église monastique byzantine se caractérise par son unité, en tant que lieu de culte, et par ses divisions structurelles marquées de portes et de passages. Les expériences spirituelles, liturgiques et sociales qui s’y produisent sont multiples. Les stations et les déplacements effectués par les officiants et l’assistance vers l’église et en sein, qu’inaugurent et ponctuent les lieux de passage, font partie de ces expériences. Malgré la place importante que tiennent les espaces liminaires dans l’église, ils ont fait l’objet de peu d’attention. Ma recherche doctorale propose alors une étude holistique des portes et des passages, mais aussi des seuils et des marches qui articulent les parcours effectués dans l’espace monastique. Il s’agit de déterminer les fonctions, les utilisations et les symboliques des différents lieux de passage dans l’organisation spatiale du lieu de culte et dans la vie religieuse.Cette étude repose sur un dépouillement minutieux des sources textuelles anciennes et sur un corpus représentatif d’églises monastiques, datées du IXe au XVe siècle, situées dans l’Empire byzantin, ses provinces et sa périphérie. Ce corpus comprend de célèbres monastères de Constantinople, de la Grèce continentale et insulaire, des Balkans ou encore de l’île de Chypre. Suivant une démarche interdisciplinaire, l’étude tient compte de plusieurs données matérielles : l’environnement, l’architecture et ses aménagements, puis le décor monumental réalisé à mosaïque ou à fresque. L’étude de l’environnement naturel, bâti et cultuel permet d’appréhender les choix qui ont présidé à l’agencement du complexe monastique, ainsi que les logiques de déplacement en son sein. L’analyse de l’espace architectural des églises contribue à l’examen des mécanismes de circulation régis par les portes et les passages. Enfin, les décors et les inscriptions qui entourent ces lieux liminaires fournissent des informations sur les fonctions de ces espaces et sur les valeurs religieuses et sociales qui s’y expriment. À travers le regroupement et l’analyse de ces données, c’est l’expérience spirituelle, liturgique et sociale des espaces liminaires qui se trouve au cœur de ma recherche. Des processions, des rites et des pratiques dévotionnelles sont liés au franchissement du seuil de l’église et de ses passages internes, par exemple à l’occasion du rite de Dédicace de l’édifice. Lors de la procession, un dialogue théâtralisé s’effectue entre l’évêque et le chœur, de part et d’autre de la porte occidentale encore

Porte menant du narthex au naos de l’église principale du monastère d’Hosios Loukas, Grèce, début du XIe siècle (© Maréva U).

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fermée. Les notions d’ouverture, de fermeture, d’accueil, de partage et de rencontre, mais aussi éventuellement d’exclusion, inhérentes aux espaces liminaires, suggèrent les fonctions sociales de ces lieux. Des sources monastiques attestent, par exemple, l’interdiction d’accès à l’église aux femmes. Le passage comprend aussi une valeur spirituelle. Dans la religion chrétienne, comme dans de nombreux systèmes de pensée, le franchissement d’une ouverture symbolise le passage d’un état à un autre. En entrant dans l’édifice, le corps et l’esprit sont, de façon subconsciente, préparés à la transformation spirituelle par la variation du niveau de luminosité et de température, provoquée par l’acte de passage. L’agencement de l’espace architectural et les décors participent à ces différentes expériences. Ma recherche doctorale aspire ainsi à proposer une nouvelle lecture du patrimoine architectural byzan-tin, en mesure d’apporter un éclairage inédit sur la société, ses croyances et ses pratiques religieuses du IXe au XVe siècle.

CONTACT : Maréva U, [email protected]

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ah!docFOCUS

Retour sur la Journée transversale « Mouvements : rythmes, circulations, trajectoires »

Chaque année depuis 2009, l’école doctorale 472 organise une journée transversale des doctorants de l’EPHE dont la prochaine édition a eu lieu le 8 avril 2019 à l’INHA. Ces journées transversales répondent à un objectif d’ouverture interdisciplinaire et consistent à proposer, autour d’un thème commun, des communications de doctorants issus des différentes sections de l’EPHE. Le thème choisi cette année par le comité d’organisation est : « Mouvements : rythmes, circulations, trajectoires ».

Le mouvement est un phénomène omniprésent dans notre univers. Du mouvement des astres à la circulation sanguine, chacun des éléments constituant notre organisme et notre environnement est en déplacement par rapport à un référentiel donné. De même, toute action humaine est un mouvement. Écrire, marcher, parler sont autant de gestes permettant l’expression des individus. Le rythme, la direction, ou encore la nature même de ces circulations en font un objet d’étude polymorphe, dont la nature créatrice ou régénératrice est mise en lumière par divers champs de recherche.

Les sciences de la vie perçoivent le mouvement comme caractéristique intrinsèque du vivant, si bien que son absence ou sa détérioration est considérée comme une anomalie. En biologie, l’embryogenèse, le système immunitaire et l’expression de l’information génétique constituent autant d’exemples de processus dépendant du mouvement. Les sciences humaines tentent de l’appréhender par l’étude de sources de natures diverses permettant de retracer les mobilités de groupes humains, d’objets ou d’idées. Ces déplacements rythmés par les aléas de l’Histoire définissent des trajectoires individuelles ou collectives représentées, entre autres, par les migrations, les pèlerinages, les transferts culturels ou l’exercice des cultes.

Ainsi, le mouvement structure le temps comme l’espace ; il peut opérer de manière continue, variable – ponctuelle ou répétée, organisée ou aléatoire, globale ou locale, micro ou macroscopique – et concerner des individus tout comme des groupes.

Cette notion soulève des enjeux épistémologiques communs  : comment penser un objet d’étude qui, par définition, est

SÉMINAIRE TRANSVERSAL 2019 - ÉCOLE DOCTORALE 472

MOUVEMENTS : RYTHMES,

CIRCULATIONS, TRAJECTOIRES

Journée d’études des doctorants de l’EPHE

Lundi 8 avril 2019 de 9h à 17hAuditorium de l’INHA, Galerie Colbert

Retrouvez le programme sur www.ephe.psl.eu

INHA, 2 rue Vivienne, 75002 Paris

Métro : Palais Royal - Musée du Louvre

ou Bourse (lignes 1, 7 et 3)

Photo by Ahmad Odeh on unsplash.com

nécessairement fluctuant, échappant ainsi à la rigidité des modèles conceptuels préétablis ? Comment examiner les relations qu’il instaure entre des populations, des espaces, des modes de pensées sans occulter le caractère dynamique et évolutif des processus mis en œuvre  ? Comment matérialiser le mouvement et le rendre perceptible dans une perspective scientifique ou artistique ?

Le comité de sélection a retenu la candidature de dix doctorants dont les présentations s’articuleront autour de trois axes : « les circulations matérielles et immatérielles » ; «  les transformations dynamiques  » et «  les mouvements et rythmes  ». Cette journée d’études a été l’occasion d’échanger avec des professeurs et d’autres doctorants, d’élaborer des collaborations, de développer ou préciser la problématique posée par votre sujet de doctorat et enfin enrichir votre culture scientifique générale.

CONTACT : [email protected]

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SOUTENANCES

Thèses soutenues du 12 janvier au 21 décembre 2018Mention « Histoire, textes et documents »

Sergio Gerardo Americano, Le Pandecte de la Sainte Écriture d’Antiochos de Saint-Sabas (CPG 7842-7844). Recherches sur le texte et aperçus de la tradition manuscrite, sous la dir. de Brigitte Mondrain et Michele Bandini (thèse en cotutelle internationale avec l’Université de la Basilicate, Italie).Yasmine Amory, Communiquer par écrit dans l’Égypte de l’Antiquité tardive : les lettres grecques des archives de Dioscore d’Aphrodité (Egypte, VIe s. apr. J.-C.), sous la dir. de Jean-Luc Fournet.Anousheh Barzanooni, L’architecture commune à Paris au XVIe siècle (1530-1600), sous la dir. de Guy-Michel Leproux.Soizik Bechetoille, Reconstructions et restaurations des monuments en bois. Les techniques traditionnelles du japon face aux enjeux de la modernisation, de la construction du sanctuaire de Heian à Kyōto (1894) à la reconstruction du pavillon de l’Ultime Suprême de l’ancien palais impérial de Nara (2010), sous la dir. de Nicolas Fiévé.Marine Beranger, Développement des pratiques d’écriture et de l’expression écrite : recherches sur les lettres de l’époque amorrite (2002-1595 av. J.-C.), sous la dir. de Dominique Charpin.Pauline Bouchaud, Le chanoine limousin Étienne Maleu (1322), historien de son église, sous la dir. de Dominique Barthelemy.Erika Carminati, Rituels et cérémonials civiques en Terre Ferme vénitienne : le cas de la ville de Bergame (XVII-XVIIIe siècle), sous la dir. de Sabine Frommel et Federico Barbierato (thèse en cotutelle internationale avec l’Université de Padoue, Italie).Laetitia Cavassa, La production céramique à Pompéi jusqu’en 79 ap. J.-C. sous la dir. de Jean-Pierre Brun et Jean-Christophe Sourisseau.Solène Chevalier, La mer vue de la terre. La côte tyrrhénienne orientale (1600-500 av.n.è.) sous la dir. de Stéphane Verger.Daniela Costanzo, Sépultures infantiles dans l’Italie du Sud entre Âge du Fer et époque archaïque. Espaces, pratiques et offrandes funéraires / Sepolture infantili nell’Italia meridionale dall’età del Ferro all’epoca arcaica. Spazi, pratiche e corredi funerari sous la dir. de Stéphane Verger et Enzo Lippolis (thèse en cotutelle internationale avec l’Università di Roma « la Sapienza », Italie).Chloé Demonet, Quand Giuliano da Sangallo misura a punto : relever et dessiner l’architecture à la Renaissance, sous la dir. de Sabine Frommel et Flaminia Bardati (thèse en cotutelle internationale avec l’Università di Roma - « La Sapienza », Italie).Silvia Di Vincenzo, Avicenne, Livre de la Guérison, Isagogé, sous la dir. de Maroun Aouad et Amos Bertolacci (thèse en cotutelle internationale avec la Scuola Normale Superiore di Pisa, Italie).Ciro Giacomelli, Histoire de la tradition et édition critique du traité ps.-aristotélicien de mirabilibus auscultationibus, sous la dir. de Brigitte Mondrain et Margherita Losacco (thèse en cotutelle internationale avec l’Université de Padoue, Italie).Irene Gualdo, La tradition manuscrite du «  Liber de doctrina dicendi et tacendi » d’Albertano da Brescia dans les vulgaires italiens, sous la dir. de Fabio Zinelli et Giorgio

Inglese (thèse en cotutelle internationale avec l’Università di Roma « La Sapienza », Italie).Annika Hass, Au service de l’échange littéraire et bibliopolique. La maison d’édition et de librairie transnationale Treuttel & Würtz (1750-1850), sous la dir. de Frédéric Barbier et Hans-Jürgen Lüsebrink (thèse en cotutelle internationale avec l’Université de la Sarre, Allemagne).Cyprien Henry, Cujus diocesis, ejus diplomatica ? Pouvoirs diocésains et diversité des pratiques d’écrit diplomatique en Bretagne (990-1215) sous la dir. de Laurent Morelle.Guillaume Hurpeau, Histoire du thé : Techniques culturales et de fabrication du thé à l’époque Edo, sous la dir. de Charlotte Von Verschuer.Dominique Lauvernier, Les espaces scéniques de la Cour de France, 1659-1792 : inventaire des sources, méthodes de traitement et nouveaux apports, sous la dir. de Sabine Frommel.Agathe Le Drogoff (Okecki), Les « Beaux-arts appliqués à l’industrie » : la Manufacture de Beauvais et ses peintres dans la seconde moitié du XIXe siècle, sous la dir. de Jean-Francois Belhoste.Charlotte Leblanc, Louis Émile Durandelle (1839-1917), un photographe au service de l’architecture, sous la dir. de Jean-Michel Leniaud.Ottavia Mazzon, Lire en excerpta. Le recueil d’extraits contenu dans le manuscrit grec Naples, Biblioteca Nazionale II C 32, sous la dir. de Brigitte Mondrain et Margherita Losacco (thèse en cotutelle internationale avec l’Université de Padoue, Italie).Stefano Milonia, Le troubadour Peirol d’Alvergne : édition critique des chansons et des vers d’amour avec musique, sous la dir. de Fabio Zinelli et Paolo Canettieri (thèse en cotutelle internationale avec l’Università di Roma «  La Sapienza », Italie).Gabriele Montalbano, Les Italiens de Tunisie : la construction de l’italianité dans un contexte colonial français (1896-1918), sous la dir. de Gilles Pecout et Nicola Labanca (thèse en cotutelle internationale avec l’Université de Sienne, Italie).Teymour Morel, Butrus al-Tûlâwî (1657-1746). Présentation de son œuvre philosophique. Édition critique et traduction des deux premiers examens (bahth-s) du Livre de la Logique (al-Mantiq), sous la dir. de Maroun Aouad et Charles Genequand (thèse en cotutelle internationale avec l’Université de Genève, Suisse).Francesca Nebiolo, Nî ilim zakârum. Prêter serment à l’époque paléo-babylonienne. Étude comparative des serments mésopotamiens du début du IIe millénaire av. J.-C., entre grammaire et société, sous la dir. de Dominique Charpin.Valeria Petta L’agro picentino entre Étrusques et Samnites (450-350 av. J.-C.): le cas de Pontecagnano, sous la dir. de Stéphane Verger et Luca Cerchiai (thèse en cotutelle internationale avec l’Université de Salerne, Italie).Pascal Pierlot, Les concepts de Stimmung (tonalité affective, disposition thymique) dans l’œuvre peinte et écrite de Carl Gustav Carus (1789-1869), sous la dir. de Jacques Le Rider.Jacopo Quarti, Baroque Syropouliana. Enquêtes sur l’editio vetus et la tradition récente (Rédaction-A) des Mémoires byzantines, 1610-1682, sous la dir. de Brigitte Mondrain et Federico Barbierato (thèse en cotutelle internationale avec l’Università degli Studi di Padova, Italie).

Christian Satto, Bettino Ricasoli homme politique dans le Royaume d’Italie (1861-1880), sous la dir. de Gilles Pécout et Daniele Menozzi (thèse en cotutelle internationale avec la Scuola Normale Superiore, Italie).Javier Schnake, The international bookselling company Treuttel & Wurtz (1750-1850), sous la dir. de Nalini Balbir.Valérie Schram, L’arbre et le bois dans l’Égypte gréco-romaine, sous la dir. de Jean-Luc Fournet.Ludovic Sot, L’écriture, les écritures dans les sanctuaires grecs à l’époque archaïque et au début de l’époque classique, sous la dir. de Francois de Polignac.Martin Szewczyk, Les portraits des notables dans l’espace public des cités grecques d’Asie Mineure occidentale aux époques hellénistique et impériale, sous la dir. de François Queyrel.Marie-Amélie Tharaud, L’Art nouveau dans les arts décoratifs et l’architecture à l’Exposition universelle de 1900, sous la dir. de Jean-Michel Leniaud.Lorenzo Uggetti, Les archives bilingues de Totoès et de Tatéhathyris, sous la dir. de Michel Chauveau.Mariasilvia Vullo, Siris-polieion : une ville essai, sous la dir. de Stéphane Verger et Massimo Osanna (thèse en cotutelle internationale avec l’Università di Napoli Federico II, Italie).

Mention « Religion et systèmes de pensée »

Julien Auber, Yūḥannā al Armanī al-Qudsī et le renouveau de l’art de l’icône en Égypte ottomane, sous la dir. de Bernard Heyberger.Morvarid Ayaz, Sociologie de la connaissance du chiisme dans l’espace des savoirs sur l’Iran en France (1947-2010), sous la dir. de Jean-Paul Willaime.Andrea Beghini, L’Axiochos pseudo-platonicien  : introduction, texte critique, traduction et commentaire, sous la dir. de Philippe Hoffmann et Mauro Tulli (thèse en cotutelle internationale avec l’Université de Pise, Italie).Hicham Benaissa, Islam et capitalisme. sociologie des entrepreneurs musulmans en France, sous la dir. de Philippe Portier.Ghali Beniza, La mística : entre mobilisation sociale et théâtre-rituel, sous la dir. de Michael Houseman.Raphaël Blanchier, Les danses mongoles en héritage : performance et transmission du bii biêlgee et de la danse mongole scénique en Mongolie contemporaine, sous la dir. de Michael Houseman et Charles Stepanoff.Alice De Rochechouart, Un motif eschatologique dans la philosophie contemporaine française : l’eschatologie du présent chez Levinas et Derrida, sous la dir. de Vincent Delecroix.Federico Defendenti, « Bâtir un Empire ? » Recherches sur le concept d’« Empire assyrien » : l’interprétation de la documentation archéologique de la Mésopotamie du Nord, XIXe-XXIe siècles de notre ère, sous la dir. de Maria-Grazia Masetti-Rouault et Rita Dolce (thèse en cotutelle internationale avec l’Università Roma Tre, Italie).Marco Donato, [Platon]. Eryxias, ou sur la richesse. Introduction, texte critique, traduction et commentaire, sous la dir. de Philippe Hoffmann et Mauro Tulli (thèse en cotutelle internationale avec l’Université de Pise, Italie).

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Francesco Furlan, La narration eschatologique-apocalyptique et les dynamiques du conflit. Thèmes et textes eschatologiques des productions arabo-islamique et chrétienne en perspective comparative (siècles VII-IX), sous la dir. de Mohammad Ali Amir Moezzi et Chiara Cremonesi (thèse en cotutelle internationale avec l’Université de Padoue, Italie).Francesca Ghezzi, Le Saint-Siège et les catholiques de France et d’Italie face à la guerre au Viêtnam (1963-1966). Entre légitimation de la guerre, action de paix et primauté de la conscience, sous la dir. de Denis Pelletier et Daniele Menozzi (thèse en cotutelle internationale avec La Scuola Normale Superiore de Pise, Italie).Denise Goulart, Les enjeux socio-politiques de l’action sociale et humanitaire dans la sphère religieuse : L’agence Youth with a Mission en France et au Brésil, sous la dir. de Jean-Paul Willaime.Jean-Jacques Herr, La formation de l’empire néo-assyrien et les phénomènes de globalisation en Mésopotamie du nord : représentations idéologiques et témoignage de la culture matérielle, sous la dir. de Maria-Grazia Masetti-Rouault et Pascal Butterlin.Peter Kersten Biographies du Premier Karma-pa Dus-gsum-mkhyen-pa, édition critique et traduction de deux biographies ; et un Résumé de la Dus-gsum-mkhyen-pa Collection, sous la dir. de Matthew Kapstein.Narae Kim, Architecture des Missions Étrangères de Paris en Corée (Père Coste 1847-1897), sous la dir. de Isabelle Saint-Martin.Luigi Lauri, La prise de Jérusalem du 614 après J.-C. et l’occupation sassanide en Palestine, sous la dir. de Bernard Flusin et Vittorio Berti (thèse en cotutelle internationale avec l’Université de Padoue, Italie).Vincent Mahieu, Temps, espace et identités. Recherches sur les coexistences religieuses dans la Rome tardo-antique (312-410), sous la dir. de Nicole Belayche et Françoise Van Haeperen (thèse en cotutelle internationale avec l’Université catholique de Louvain, Belgique).Marianna Mazzola, L’Histoire ecclésiastique de Bar Ebroyo : écrire l’histoire de l’Église dans le Proche-Orient du XIIIe siècle, sous la dir. de Muriel Debié et Peter Van Nuffelen (thèse en cotutelle internationale avec l’Université de Gand, Belgique).

Sandro Passavanti, Délire et pathologie de la perception dans l’Antiquité classique. Littérature, philosophie, médecine, sous la dir. de Philippe Hoffmann et Maria Michela Sassi (thèse en cotutelle internationale avec la Scuola di Alti Studi « Scienze della cultura » - Fondazione Collegio San Carlo di Modena, Italie).Lola Petit, Enseigner les faits religieux pour éduquer à la laïcité à l’école élémentaire publique en France. Une sociologie des pratiques des professeurs des écoles, sous la dir. de Philippe Portier et Séverine Mathieu.Delphine Poinsot, Les animaux de la Perse : étude du corpus des sceaux et des bulles d’époque sassanide, sous la dir. de Frantz Grenet.Aysen Sari, La figure du Juif dans le discours islamiste en Turquie (1946-1980), sous la dir. de Esther Benbassa.Dominic Schumann, La politique de réunion confessionnelle de Louis XIV et la résistance des huguenots entre Refuge et Désert : l’exemple de Claude Brousson (1647-1698), sous la dir. de Hubert Bost et Josef Johannes Schmid (thèse en cotutelle internationale avec Johannes Gutenberg-Universität Mainz, Allemagne).Maria Skordi, Les Maronites de Chypre : Histoire et Iconographie (XVIe-XIXe siecles), sous la dir. de Bernard Heyberger.Loïc Vauzelle, Tlaloc et Huitzilopochtli : éléments naturels et attributs dans les parures de deux divinités aztèques aux XVe et XVIe siècles, sous la dir. de Sylvie Peperstraete.Gabrielle Villetard, Traduction commentée du Kitāb Riyāḍat al-nafs wa Adab al-nafs (Du redressement de l’âme et De l’éducation de l’âme) d’al-Ḥakīm al-Tirmidhī (m. vers 300/910), sous la dir. de Mohammad Ali Amir Moezzi.Elizaveta Volkova, Sànawuyaa et ráari. Analyse comparative des relations à plaisanterie chez les Mandinka et les Joola de la Casamance, sous la dir. de Odile Journet-Diallo.

Mention « Systèmes intégrés, environnement et biodiversité »

David Azria, Matériaux fonctionnels par assemblage de microsphères composites de chitosane/collagène pour l’ingénierie tissulaire, sous la dir. de Emmanuel Belamie et Sébastien Blanquer.

Carole Bastianelli, Changements globaux et dynamiques forestières des pessières du Québec au cours des 8000 dernières années à partir d’approches paléoécologiques et biogéochimiques, sous la dir. de Christelle Hely-Alleaume et Yves Bergeron (thèse en cotutelle internationale avec l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, Canada).Quang Vu Bui, Prétopologie et modélisation de sujets pour l’analyse de systèmes complexes  : application à la classification de documents et à l’analyse de réseaux complexes, sous la dir. de Marc Bui.Alexia Buis, Les coelomocytes régulent le métabolisme lipidique intestinal et l’extension de la durée de vie en réponse à la restriction alimentaire à travers la lipase LIPL-5 chez Caenorhabditis elegans, sous la dir. de Hervé Guillou.Emeline Chaste, Risques passés et futurs de feux de forêts et leurs incidences sur la résilience de la forêt boréale de l’Est Canadien, sous la dir. de Christelle Hely-Alleaume et Martin Girardin (thèse en cotutelle internationale avec l’Université du Québec à Montréal, Canada).Aurélien Corneau, Les nouvelles approches de l’analyse multi-paramétrique en cytométrie de masse, sous la dir. de Véronique Frachet et Brigitte Autran.Nicole Cruz De Echeverria Loebell, Sur le rôle de la déduction dans le raisonnement à partir de prémisses incertaines, sous la dir. de Jean Baratgin et Mike Oaksford (thèse en cotutelle internationale avec Birkbeck, University of London, Royaume-Uni).Sebastien Lahaye, Comprendre les grands feux de forêt pour lutter en sécurité, sous la dir. de Christelle Hely-Alleaume et Thomas Curt.Guillaume Marcy, Étude des spécificités trans-criptionnelles et de la compétence des progéniteurs neuraux postnataux du cerveau antérieur chez la souris, sous la dir. de Giovanni Stevanin et Olivier Raineteau.Antoine Puisay, La reproduction sexuée et asexuée des coraux face aux changements environnementaux  : implications pour la conservation et la restauration des récifs coralliens, sous la dir. de Serge Planes et Laetitia Hedouin.

Habilitations à diriger les recherches du 2 février au 15 décembre 2018Mention « Histoire, textes et documents »Diana Altner Lange, Exploring Tibet in mid-19th Century: The British Library’s Wise Collection, sous la dir. de Charles Ramble.Michel Dabas, A Highly Digital Research : apport de la géophysique à la cartographie numérique des sites archéologiques, sous la dir. de Stéphane Verger.Thibaut D’hubert, Histoire culturelle et poétique de la traduction : Alaol et la tradition littéraire bengali au XVIIe siècle à Mrauk-U, capitale du royaume d’Arakan, sous la dir. de Nalini Balbir.

Stéphane Péquignot, Ouvrir des voies, entrer dans les négociations. Recherches sur les acteurs, les pratiques et les usages de la diplomatie (XIIIe-XVe siècles), sous la dir. de Jean-Marie Moeglin.Claude Rilly, Répertoire d’épigraphie méroïtique. Analyse des inscriptions publiées, sous la dir. de Michel Chauveau.Anne-Emmanuelle Veïsse, Pouvoir, Individu, Société dans l’Égypte hellénistique, sous la dir. de Michel Chauveau.

Mention « Religion et systèmes de pensée »Agnieszka Kedzierska Manzon, Le corps rituel. La fabrique du religieux en Afrique de l’Ouest, sous la dir. de Michael Houseman.

Valérie Perretant-Aubourg, La religion et ses transformations de l’île de La Réunion à Lyon. Une ethnologie de la rencontre, sous la dir. de Philippe Portier.Deborah Puccio-Den, Ethnographier le silence : masques, statues mariales, Mafia, nocturnité, danse kizomba, sous la dir. de Michael Houseman.

Mention « Systèmes intégrés, environnement et biodiversité »Stefano Mona, Population structure : how much should we worry?, sous la dir. de Claudie Doums.

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LE HASARD AU CŒUR DU VIVANT

Le hasard n’est pas la première chose qui nous vient à l’esprit spontanément quand il s’agit du développement embryonnaire ou de la différenciation de cellules. Les futurs biologistes apprennent lors de leurs études que le développement est un processus contrôlé ou chaque étape se produit de façon parfaitement régulée. Devenus chercheurs, ces mêmes biologistes déploient leurs efforts à identifier les mécanismes de régulation de ces processus. La biologie moderne est solidement ancrée dans une vision déterministe, le hasard n’y a pas sa place. Mais depuis quelques années quelque chose vient perturber cette image harmonieuse. Il y a de plus en plus de travaux qui, en appliquant des techniques d’analyses de composition moléculaire des cellules individuelles, produisent des observations surprenantes. Jusqu’alors les analyses se faisaient sur des populations de cellules. On étudiait les « lymphocytes » ou des « cellules du foie » etc. D’une part, les techniques d’études n’étaient pas assez sensibles pour examiner les cellules une par une, d’autre part, selon l’avis général, ce n’était de toute façon pas nécessaire, car les cellules appartenant au même « type » obéissaient au même « programme génétique » et partageaient donc les mêmes caractéristiques essentielles. Si de petites différences entre les cellules pouvaient exister, elles n’étaient pas importantes, ce n’était que du « bruit ».

RECHERCHE

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Les études sur des populations de cellules ont conduit à la des-cription de mécanismes supposés agir de façon similaire dans chaque cellule. Telle était et est encore la vision dominante de la biologie. Mais des incohérences sont rapidement apparues. D’abord, les analyses de plus en plus détaillées ont systéma-tiquement abouti à la découverte de nouveau sous-types cel-lulaires à l’intérieur d’un type déjà connu. Puis des sous-sous-types et ainsi de suite. En fin de compte, les études menées sur des cellules individuelles avec des techniques moléculaires à très grande résolution ont démontré que chaque cellule a sa propre signature moléculaire et notamment son propre profil d’expression génique. Examinée individuellement, il est très difficile, voire impossible, de dire à quel type appartient une cellule, seule une catégorisation approximative est possible. Même les molécules considérées comme «  marqueurs  spé-cifiques  » d’un certain type sont présentes en quantité très variables et sont souvent détectables sans difficulté dans des cellules considérées comme appartenant à un autre type. En réalité, même dans des tissus apparemment homogènes, com-posés de cellules qui exécutent la même fonction et occupent une place similaire, il est impossible de trouver deux cellules identiques. Une telle diversité moléculaire n’est pas compatible avec le modèle théorique actuel et soulève plusieurs questions fondamentales. La première concerne la caractérisation et l’ori-gine de cette diversité. D’où vient la différence de l’expres-sion d’un gène entre deux cellules du même tissu, quand nous pensons qu’ils sont régulés de la même façon ? La deuxième question est peut-être encore plus fondamentale que la pre-mière : Comment, malgré cette variation très importante ob-servée dans des cellules individuelles, le fonctionnement d’un tissu ou le développement d’un embryon peut se dérouler de façon coordonnée et donner ainsi l’impression d’un processus strictement régulé ? La première question s’adresse au niveau de l’organisation moléculaire et subcellulaire, tandis que la deuxième vise plutôt le niveau cellulaire.

Il y a de plus en plus d’études qui tentent d’apporter des réponses à ces questions. Leur nombre est maintenant trop important pour pouvoir les citer toutes. Notre équipe EPHE contribue également à cet effort depuis plus de quinze ans. En assumant la subjectivité du choix, je vais donc utiliser quelques exemples qui proviennent de notre travail pour illustrer notre manière d’abordé le problème de variation expérimentalement.

Afin de mesurer et analyser statistiquement les variations entre les cellules, il est nécessaire d’obtenir des informations sur un grand nombre de cellules individuelles. Pour cela, nous avons fabriqué un système expérimental dédié, qui utilise les différentes couleurs de fluorescence de deux protéines, CFP et YFP1. Nous avons introduit dans une cellule une copie d’un gène codant pour la protéine CFP et une copie d’un autre gène codant pour la protéine YFP. Les deux gènes synthétiques portaient des séquences de régulation identiques, et étaient donc soumis aux mêmes mécanismes de régulation. En se multipliant, la cellule fondatrice a produit une population clonale, où chaque cellule était génétiquement identique et portait une copie de chaque gène synthétique. Les deux gènes artificiels étaient conçus pour être soumis aux mêmes mécanismes de régulation. Si le rôle de la régulation avait été prédominant, on aurait pu s’attendre à ce que toutes les cellules expriment les deux gènes au même niveau et synthétisent le même nombre de molécules de chacune des protéines. Pour l’observateur, le niveau des deux protéines dans une cellule est reflété par le mélange de deux couleurs rouge/vert. La photo prise au microscope à fluorescence et présentée sur la figure (Fig.1) montre que toutes les cellules ont une couleur différente. Cela signifie que chaque cellule produit des quantités de deux protéines différentes. L’expérience répétée sur d’autres clones obtenus de la même manière ont toujours donné un résultat

1 – Corre et al. PLoS ONE 9(12): e115574 (2014)

RECHERCHE

Pour l’observateur, le niveau des deux protéines dans une cellule est reflété par le mélange de deux couleurs rouge/vert. La photo prise au microscope à fluorescence montre que toutes les cellules ont une couleur différente. Cela signifie que chaque cellule produit des quantités de deux protéines différentes.

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similaire. En mesurant l’intensité de chaque couleur, il est possible de quantifier le nombre de molécules de protéines dans chaque cellule. D’autres approches expérimentales permettent également de mesurer la quantité de protéines, d’ARN-s messages ou d’autres molécules par des méthodes différentes. Mais le résultat obtenu est toujours très similaire. L’explication de ce phénomène réside dans la nature aléatoire (ou stochastique) des interactions moléculaires nécessaires au déroulement des réactions biochimiques. En effet, le nombre de molécules de chaque espèce de protéines est très faible. Il varie entre quelques centaines et quelques dizaines de milliers. Or, pour catalyser une réaction biochimique les protéines participantes doivent interagir physiquement. Par exemple, la transcription d’un gène nécessite l’interaction entre plusieurs dizaines de protéines différentes. Si chaque espèce de protéine est présente en très peu d’exemplaires, ces interactions deviennent un évènement très rare. C’est exactement ce qui se passe. Le résultat en est l’hétérogénéité surprenante de la population cellulaire que nous avions imaginée homogène. Quand ces cellules sont filmées en accéléré (time-lapse) pendant plusieurs jours, nous voyons que chaque cellule change de couleur plusieurs fois, mais de façon irrégulière2. À chaque fois que la même cellule est suivie pendant un laps de temps suffisamment long, on peut observer des fluctuations du niveau des protéines similaires et d’autres composants macromoléculaires. Donc, au niveau des molécules individuelles, les réactions biochimiques sont des évènements qui se produisent avec une certaine probabilité seulement. Se pose alors la deuxième question, celle de la régularité des processus cellulaires et tissulaires. Si les processus biochimiques dans les cellules sont probabilistes, alors comment expliquer que les tissus d’un organisme fonctionnent de façon prédictible et coordonnée ? En fait, cette contradiction n’est pas réelle. Imaginons que nous lançons une pièce de monnaie. Il est impossible de prédire si elle va tomber sur le côté « pile » ou « face ». En revanche, nous pouvons prédire avec certitude que si nous lançons la pièce beaucoup de fois, nous aurons toujours à peu près autant de piles que de faces. Autrement dit, l’évènement probabiliste répété suffisamment de fois produit un résultat déterminé. Cette analogie peut éclairer le fonctionnement des cellules et des tissus. Par exemple, après un bon repas, la glycémie augmente dans notre sang. Les cellules «  béta  » dans le pancréas réagissent à cette augmentation par la synthèse et la sécrétion de l’insuline dans le sang. C’est une réponse parfaitement prédictible. En revanche, si nous examinons les cellules «  béta  » individuellement, il est impossible de prédire quelle cellule va répondre et combien de molécules d’insuline elles synthétiseront. Ces évènements moléculaires dans des cellules individuelles sont probabilistes. Les cellules « souche » fournissent un autre exemple. Ces cellules sont à l’origine de toutes les cellules du sang : les lymphocytes, les érythrocytes, les macrophages etc. Une cellule « souche » se divise et ses descendants, tout en continuant à proliférer se transforment graduellement en cellules différenciées. Dans le sang, la proportion de différentes formes cellulaires reste stable. Mais si les cellules «  souche  » sont examinées individuellement, nous découvrons qu’elles ne produisent pas toujours tous les types de cellules différenciées. En plus, les proportions des différentes formes varient dans la descendance de chaque cellule souche (Fig.2). Au cours des premiers stades de différenciation, il est même possible de détecter des cellules

2 – Corre et al. PLoS ONE 9(12): e115574

RECHERCHE

Dans le sang, la proportion de différentes formes cellulaires reste stable. Mais si les cellules « souche » sont examinées individuellement, nous découvrons qu’elles ne produisent pas toujours tous les types de cellules différenciées. En plus, les proportions des différentes formes varient dans la descendance de chaque cellule souche.

qui changent de forme plusieurs fois. Nous avons observé que la forme et la composition des cellules «  souche  » du sang peut fluctuer pendant plusieurs jours avant que la cellule commence à se transformer en une cellule différenciée3. Ce phénomène est la conséquence des fluctuations probabilistes des réactions moléculaires dans des cellules individuelles. Mais ces fluctuations se compensent mutuellement et la proportion des différentes formes reste globalement stable dans la population des cellules du sang. Les cellules ne sont pas des petites machines programmées, le caractère incertain de leur état intérieur fait partie de leurs particularités. Contrairement aux machines, qui fonctionnent selon le principe de «  l’ordre à partir de l’ordre  » où le fonctionnement ordonné est déterminé par le plan ordonné conçu par l’homme, les cellules vivantes sont régies par le principe de «  l’ordre à partir du désordre  ». Les évènements moléculaires élémentaires sont microscopiques et très rapides. C’est par l’effet statistique que le très grand nombre de ces évènements microscopiques crée le fonctionnement régulier à l’échelle méso- ou macroscopique de la cellule ou de l’organisme multicellulaire. Ce principe est bien connu en physique, mais reste encore relativement nouveau pour la biologie qui reste toujours une science traditionnellement déterministe. En effet, une question revient souvent : pourquoi se préoccuper de la nature probabiliste des réactions moléculaires si, en fin de compte, le résultat final reste déterministe ? Un changement de cadre fondé sur le principe de « l’ordre à partir du désordre » peut avoir des conséquences aussi bien théoriques que pratiques. Si on pense le vivant comme une machine déterministe, le finalisme n’est jamais très loin. En revanche, penser le vivant comme une manifestation du principe de «  l’ordre à partir du désordre » permet de se débarrasser de toute arrière-pensée finaliste. Une explication du développement ontogénétique comme un processus autonome, souvent appelé autopoïetique ou épigénétique, accélèrerait la mise à la retraite du concept de programme génétique. Mais le chemin à faire reste encore long.

3 – Moussy et al. PLoS Biol 15(7): e2001867 (2017). https://doi.org/10.1371/journal.pbio.2001867

CONTACT : Andràs Paldi, [email protected]_S 951 Approches génétiques intégrées et nouvelles thérapies pour les maladies rares (INTEGRARE)

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VALEUR AJOUTÉE

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La Baie du Mont-Saint-Michel scannée par laser Au sein de la section SVT et du GRET RECIFS, la station Littoral-Environnement-Télédétection-Géoma-

tique de Dinard, sur la côte d’Emeraude, déploie des technologies d’observation de pointe pour étudier la complexité structurale des paysages littoraux, et anticiper leur évolution dans un contexte de changements océano-climatiques.

Figure 1 : Visualisation de l’Abbaye du Mont-Saint-Michel en nuage de points LiDAR, acquis en mai 2018 au-dessus de la Baie, classée au Patrimoine de l’UNESCO en 1979.

Forts de leur compétence en télédétection appliquée à la frange littorale, les membres de la station ont à cœur de développer le traitement du signal et de l’image via des capteurs embarqués par satellite, avion, drone et bateau. Par co-construction, ces nouvelles imageries stimulent la vision intégrée du littoral, c’est-à-dire, sans discontinuités spatiales entre terre et mer. Cette approche systémique apporte une plus-value significative dans la gestion des enjeux sociétaux et écologiques, par définition, complexes.

Très récemment, la station dinardaise a bénéficié d’un jeu de données laser unique, acquis dans la Baie du Mont Saint Michel, classée au Patrimoine de l’UNESCO en 1979. Ce laser, transporté par avion, émet des faisceaux vert et infrarouge, impulsés 10 000 et 300 000 fois par seconde, respectivement. En volant à 400 m d’altitude, cette fréquence se traduit par 4 et 15 points au m2, respectivement, répartis de manière homogène sur les 200 km2 de la Baie, levée en seulement qu’une dizaine de jours. Cette technologie se nomme LiDAR, acronyme provenant de l’anglais Light Detection And Ranging, au même titre que RaDAR signifie Radio Detection

And Ranging. Collaborant avec le Service Hydrographique et Océanographique de la Marine (SHOM) basé à Brest, la station a débuté son traitement des données, matérialisées sous forme d’un nuage de points, par la topographie de la célèbre Abbaye du Mont-Saint-Michel (Figure 1). Au-delà de ce patrimoine culturel, la Baie regorge d’écosystèmes d’intérêt, dus à son marnage exceptionnel avoisinant les 14 m en période de vive-eau : marais maritimes, connus sous le terme de prés salés, les cordons coquillers formés de bivalves diversifiés, les banquettes de lanice (Lanice conchilega), les récifs d’hermelles (Sabellaria alveolata, les plus vastes d’Europe), les herbiers marins (Zostera marina), les bouchots de moules (Mytilus edulis) ou encore les tables d’huîtres creuses (Crassostrea gigas). L’équipe teste actuellement une nouvelle méthode de classification de ces écosystèmes, basée sur la combinaison de l’information topographique et de la réflectance.

CONTACT : EPHE SVT, GRET RECIFS – DinardAntoine Collin, [email protected]

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Pourriez vous nous rappeler ce que fait Insight Signals et sa relation avec l’EPHE ? Insight Signals développe des modèles et des systèmes d’aide à la décision et de simulation pour des applications socio-économiques, et notamment celles où la structure, le comportement, les évolutions de la société sont des éléments déterminants de la problématique adressée. Ses clients sont des entreprises et des institutions publiques. Fin 2015 la société a conclu un accord de partenariat avec l’EPHE pour la valorisation de travaux de recherche, notamment ceux du Laboratoire CHArt (Cognition Humaine et Artificielle). Après trois ans d’une collaboration réussie, le partenariat a été renouvelé.Où en êtes-vous aujourd’hui ? Depuis 2015, La société a réalisé plusieurs projets passionnants pour des entreprises dans des secteurs très variés. En 2017, financé par la Région Ile de France, elle a développé un modèle de simulation du développement des écosystèmes entrepreneuriaux, permettant de tester l’impact de politiques publiques diverses sur la création d’entreprises. Nous avons également réalisé un système de simulation du financement de la production cinématographique pour la société Olffi, qui opère une plateforme d’intermédiation entre financeurs et producteurs d’œuvres audiovisuelles. En étroite collaboration avec le laboratoire CHArt et le groupement Institut Carnot Cognition, nous avons contribué à la création d’un modèle de simulation des dynamiques d’opinion, dont les résultats ont fait l’objet d’une présentation au Congrès Carnot Cognition d’Octobre 2018. Nous travaillons actuellement sur deux projets principaux, l’un dans le domaine de la Smart City, l’autre dans le domaine des ressources humaines. Malgré cette activité riche depuis trois ans, ma perspective d’entrepreneur m’incite cependant à regarder le chemin qui reste encore à parcourir. Les multiples projets réalisés sont autant de bancs d’essai pour des marchés d’application divers. Mais, pour qu’une innovation ait un impact significatif elle doit trouver un (ou des) marché(s) d’application suffisamment large(s) pour permettre une réelle reproductibilité du concept et un développement à plus grande échelle. Atteindre une taille critique est essentiel au succès à terme de tout projet d’innovation, et cela requiert souvent par une spécialisation sur un nombre de marchés limités. Je conclurais donc en disant que, si «  le verre est à moitié vide, à moitié plein  », c’est le trajet et sa direction qui comptent. Pourriez-vous nous parler du projet « Sharing Cities » ? La « Smart City » pourrait constituer l’un de ces marchés. La « ville intelligente », c’est à dire l’application de technologies principalement numériques aux enjeux urbains, constitue en effet aujourd’hui un secteur au cœur des priorités acteurs publics comme privés.

VALEUR AJOUTÉE

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« De la Cognition à la Smart City, comment mûrit un projet innovant »

Entretien avec Manuel Ceva, Président de la société Insight Signals, qui dé-veloppe des systèmes d’aide à la décision socio-économiques, et a récemment renouvelé un accord de partenariat avec l’EPHE. Ce partenariat repose sur une application concrète des travaux transversaux de l’EPHE, aussi bien en Sciences humaines que dans les technologies de la Cognition.

Manuel Ceva

«  Sharing Cities  » est un consortium de capitales euro-péennes (dont Bordeaux, Lisbonne, Londres, Varsovie ou Milan) qui se sont associées pour mener ensemble des actions d’exploration et de promotion de la Smart City sur leurs territoires. Un enjeu majeur est celui de trouver des modèles économiques (« business models ») qui justifient le déploiement de ces nouvelles technologies urbaines, telles que le lampadaire intelligent. Cela suppose en particulier de mettre en place des mécanismes d’évaluation multicritères de cas d’usage potentiels, de développer des modèles de simulation économiques qui intègrent les effets induits (« externalités » ) de ces projets sur l’environnement urbain, et la mise en adéquation d’instruments de financement adaptés.

Insight Signals s’est associé une société de conseil spécialisée dans le domaine pour concevoir une méthodologie « de bout en bout  » pour l’exploration, l’évaluation, la quantification économique et le financement de tous types de projets Smart City. Ce que nous délivrons pour le Consortium Sharing Cities est donc une application de simulation en ligne de projets de ville intelligente, qui permet aux décideurs d’évaluer et de sélectionner les applications les plus adaptées à leur environnement à partir d’une méthode normalisée. Quelles sont vos perspectives ? Le domaine de la Smart City constitue sans aucun doute un domaine d’expansion considérable en Europe, mais également dans les pays à développement accéléré (Afrique, Asia…). Pro-mouvoir et industrialiser à grande échelle ce qui a été réalisé constitue donc un axe prioritaire pour ces prochaines années. Cependant, d’autres projets dans nos « cartons » sont égale-ment prometteurs, notamment des modèles de simulation des trajectoires de formation des individus au cours de leur vie pro-fessionnelle.

CONTACTS : Manuel Ceva, Marc Bui (Laboratoire Cognition Humaine et Artificielle - CHArt/EPHE), François Jouen, Doyen Section [email protected]

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27ÉPHÉMÉRIDE N°13 / JUILLET 2019

Jardin du musée Carnavalet © Fanny Schertzer

Nouveau partenariat entre l’EPHE et Paris-Musées pour les étudiants en Master

L’EPHE et l’établissement Paris-Musées, qui regroupe les musées de la ville de Paris, ont officiellement signé un accord de coopération scientifique en sep-tembre 2018. Dans ce cadre, il est permis pour un étudiant de Master 1 et 2 de conduire une recherche sur des objets ou des thèmes liés aux collections des musées de la ville de Paris. Le co-encadrement est assuré par un conservateur et par un enseignant de l’EPHE.

Pour l’année académique 2019-2020, des sujets de recherches ont été proposés par plusieurs conservateurs des musées Carnavalet, Bourdelle, Grand Palais, Cernuschi, en concertation avec des enseignants-chercheurs. Ces sujets portent sur les thèmes suivants (liste non exhaustive) : • Histoire des musées, du Carnavalet en particulier (fonds, archives des XIXe-XXe s.) ; • Histoire de la ville de Paris (histoire des cirques, des abattoirs, de la circulation dans la ville…) ;• Histoire de la photographie (fonds des XIXe-XXe siècles) ; • Histoire des arts populaires (fonds des XVIIe-XIXe s.) ; • Histoire des artistes (en particulier Antoine Bourdelle) ; • Histoire des collectionneurs et des vendeurs d’œuvres d’art parisiens (XIXe-XXe s.) ; • Histoire de la monnaie (numismatique antique et contemporaine).

Si l’un de ces thèmes intéresse des étudiants pour suivre un master associant recherche de haut niveau, études pratiques et expérience dans des collections muséales, merci de contacter Antony Hostein (Directeur d’études, EPHE), responsable de l’accord de coopération : [email protected]

Des informations complémentaires sont également données par les responsables des différentes mentions de Master ou par l’enseignant-chercheur chargé de l’encadrement du Master choisi .Liste des tuteurs disponible surwww.ephe.fr/formations/master

INFORMATION AUX ÉTUDIANTS

Les candidatures pour les masters de l’EPHE demeurent ouvertes

jusqu’au 27 septembre 2019 comme indiqué sur le site de l’établissement :

www.ephe.fr/formations/master

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Sylvie Hureau, accompagnée de Sylvio De Franceschi et Jean-Michel Verdier, lors de sa remise de la médaille de Chevalier dans l’Ordre des Palmes académiques, le 4 décembre 2018 au Campus Condorcet © EPHE

Sylvie Hureau, au cœur du bouddhisme chinois Sylvie Hureau est Maître de conférences à l’EPHE, titulaire de la chaire « Bouddhisme chinois » de la

section des Sciences religieuses, et Directrice du Centre de recherche sur les civilisations de l’Asie orientale (CRCAO)

Pouvez-vous retracer brièvement votre parcours ?Je n’étais pas prédestinée à travailler sur le bouddhisme chinois, ni de par mon éducation, ni de par ma famille, mais aussi loin que mes souvenirs me ramènent en arrière, j’ai toujours été fascinée par cet orient lointain. Puis, au lycée, en section scientifique, j’ai compris que je voulais être chercheur, et ai commencé des études de médecine que j’ai poursuivies jusqu’à l’entrée en 4e année. Cependant, quelques lectures, notamment le Voyage d’une parisienne à Lhassa d’Alexandra David-Neel, m’ont rappelé cet intérêt qui ne m’avait pas quittée. J’ai donc décidé de bifurquer, ce qui, je ne le cache pas, a suscité une certaine incompréhension de mes proches. je me suis inscrite aux Langues’O, non pas pour étudier le tibétain, mais le chinois. Je travaillais en même temps que je progressais dans mes études, pour assurer mon indépendance. La suite est faite de hasard et de rencontres avec des professeurs dont les cours m’ont captivée. Ce fut particulièrement, et tout d’abord, Anne Cheng, qui est maintenant professeur au Collège de France, sur l’histoire de la pensée chinoise, puis Catherine Despeux dont j’ai suivi le cours sur le bouddhisme chinois la première année où elle le fit. Il était clair que j’avais trouvé ma voie et j’ai décidé de poursuivre, quoi qu’il arrive.Je me souviens que le jour de ma soutenance de thèse, Jean-Noël Robert, professeur au Collège de France, qui m’avait codirigée avec Catherine Despeux, mais à qui je n’avais jamais parlé de mes études précédentes, m’a fait remarquer que mes descriptions étaient parfois empreintes d’une précision et d’un vocabulaire presque médical.  Il me semble en fin de compte que j’ai pu suivre mon goût pour la recherche et l’interprétation des signes et des détails, que l’on apprend dans les premières années de médecine en cours de sémiologie, et l’appliquer à la recherche sur les textes du bouddhisme chinois ancien.

Qu’est-ce qui vous a amené à vous spécialiser sur le bouddhisme chinois ?Au départ, donc, il y eut ce cours sur le bouddhisme chinois. Catherine Despeux alternait entre le cours didactique et l’apprentissage de la lecture d’une variété de textes de différentes époques qui illustraient ce qu’avait été le bouddhisme : les sermons du Buddha traduits en chinois, les écrits de maîtres chinois, les biographies de moines, les récits de pèlerins chinois. Tout me plaisait, mais très vite j’ai choisi de me diriger vers le bouddhisme ancien, non pas le tout début du bouddhisme en Chine, au début de notre ère, car les sources sont trop peu nombreuses, mais vers la période des Six Dynasties (IVe-VIe s. ap. n.e), que l’on appelle aussi la période des Dynasties du Nord et du Sud, qui est caractérisée par une succession rapide de dynasties, une scission Nord-Sud de l’empire, et un morcellement du Nord entre plusieurs royaumes aux mains d’ethnies non chinoises. C’est pendant cette période où déclina l’attachement aux valeurs confucéennes qui avaient assuré la stabilité de l’empire des Han (IIe s. av.-IIe s. ap. n.e.), que la religion indienne s’implanta chez son voisin chinois, durablement.

Quelle est la particularité du bouddhisme chinois durant la période des Six Dynasties ?

Elles sont multiples. Pour commencer, on peut parler de l’acculturation. Ce qui, aux siècles précédents, paraissait encore exotique, est désormais mieux compris, et surtout accepté et infusé dans la culture chinoise. Ainsi, les conceptions de la finalité de la vie et du devenir après la mort, la cosmogonie, le mode de vie monastique en retrait de la famille, la place et le rôle des moines et des moniales dans la société, leurs

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liens et leurs rapports avec la société civile, leur façon de se vêtir de se tonsurer, de se nourrir, la morale, les rites, etc. tout cela est mieux compris et accepté, au prix parfois de quelque adaptation. Ces adaptations sont possibles car le bouddhisme est une religion qui accepte de se modeler au lieu, au temps et aux coutumes des pays où elle s’implante. De temps à autre surgissent des tensions et des frictions, et régulièrement les autorités interdisent la pratique et limitent le nombre de religieux, mais cela n’empêche pas le bouddhisme de gagner toute la société, dans toutes ses couches, et les lieux de culte de fleurir sur tout le territoire. Cette pénétration se fait grâce à l’arrivée continue de nouveaux textes indiens ou centre-asiatiques, et une activité de traduction sans répit. Cette activité fut soutenue par quelques souverains de ces royaumes que dirigeaient des ethnies non chinoises autant que par quelques souverains chinois. Il faut dire que les bouddhistes, qui arrivaient avec un panthéon d’une ampleur que les Chinois ne pouvaient égaler, effectuaient des rites censés placer les royaumes sous la protection de ces divinités. C’est d’ailleurs à cette époque, au VIe s., qu’un empereur chinois adopte pour la première fois le bouddhisme comme religion officielle.

Par ailleurs, ces textes, qui s’accumulent par milliers de rouleaux et finissent par devenir trop nombreux pour être tous lus, sont abrégés, résumés et synthétisés dans des anthologies et encyclopédies thématiques, pour permettre aux lecteurs incapables de tout lire, d’appréhender plus facilement et rapidement leurs idées essentielles. En bref, c’est une période passionnante pour étudier les textes fondateurs de cette religion à travers l’histoire de leur translation, de leur réception et de leur transmission.

Quels sont vos projets de recherche en cours et/ou à venir ?

Je travaille d’une part sur une œuvre qu’un moine composa au début du VI s. en puisant des extraits de textes concernant des pratiques rituelles ou dévotionnelles, des cérémonies ainsi que certains usages et actes de la vie courante. Il s’agissait en quelque sorte d’une anthologie sur les pratiques bouddhiques. Cette anthologie avait pour vocation d’être la « mère des rites bouddhiques » en Chine, définissant une norme et disant ce qu’il convenait de faire. C’est le premier ouvrage à l’avoir fait ; il a servi de modèle et son contenu a ensuite été recopié, pas intégralement, mais suffisamment pour attester de l’autorité dont il était revêtu. Il est perdu depuis le VIIIe siècle, mais nous pouvons au moins en avoir une connaissance partielle, car son auteur avait pris le soin d’en reproduire la table des matières dans une autre de ses œuvres. Comme cette table des matières fait la liste de tous les sujets cités et des textes sources dans lesquels les passages avaient été puisés, il est possible de retrouver une partie non négligeable des passages cités et, de là de se faire une idée assez claire sur son contenu.

D’autre part, je m’applique depuis plusieurs années à lire, traduire et étudier un recueil de biographies de plus de 250 moines bouddhistes ayant vécu entre la fin du IIe et le début du VIe s. sur l’ensemble du territoire chinois. C’est le plus ancien recueil de biographies conservé, et c’est une mine d’informations capitale pour la connaissance de l’histoire du bouddhisme de cette époque. Quelques biographies, surtout celles de maîtres célèbres, ont déjà été traduites en langues occidentales, mais le recueil ne l’a jamais été intégralement. Or, il est intéressant d’avoir une vue d’ensemble de l’ouvrage, pour ensuite mieux comprendre ce que l’auteur a voulu exprimer particulièrement dans telle ou telle biographie. Et puis j’ai aussi eu l’envie de me pencher sur des moines auxquels les

chercheurs ne se sont pas intéressés, et de faire parler la micro-histoire. Ce travail m’a permis de rédiger près de 60 notices sur ces moines, qui paraîtront dans le Dictionnaire biographique du haut Moyen Âge chinois, dont l’initiative renvient à François Martin, et qui paraîtra cette année. Et, parce que certaines moniales furent actives et engagées au point de gagner l’admiration de leurs homologues masculins, j’ai aussi rédigé des notices sur 20 d’entre elles, qui proviennent d’un recueil consacré aux femmes, et qui est contemporain à celui sur les moines.

Vous venez d’être nommée directrice du Centre de recherche sur les civilisations de l’Asie orientale (CRCAO). Pouvez-vous nous présenter cette équipe de recherche ?

Le CRCAO est une Unité Mixte de Recherche du CNRS, placée sous la tutelle principale de l’EPHE, et sous celle du Collège de France et de l’Université Paris Diderot. Il a été fondé en 2006. Ses activités de recherche couvrent les pays d’Asie orientale. Il est structuré en trois équipes : Chine, Japon, Tibet, Bhoutan et aire culturelle tibétaine (TBACT). Il compte plus de 60 membres permanents, plus de 80 doctorants et post-doctorants et 4 ITA. Ses recherches couvrent un large éventail de disciplines et toutes les périodes allant de l’ancien au contemporain. Une part importante de ses programmes concerne l’étude des religions, de l’histoire, de l’archéologie, des arts, de l’architecture et de l’urbanisme, des savoirs et techniques, de la littérature et de la pensée des périodes classique, moderne ou contemporaine. Certains programmes de recherche sont transversaux. Il porte également un intérêt particulier aux sources primaires (manuscrits, inscriptions, éditions, documents iconographiques et archéologiques). Installé à l’origine dans les locaux du Collège de France sur son site de la rue du Cardinal Lemoine, le CRCAO est depuis trois ans, en raison de travaux, hébergé sur le site de la « Belle-Gabrielle », dans le bois de Vincennes, près de Nogent-sur-Marne. 2019 sera une année importante, car d’une part le laboratoire retrouvera son ancienne adresse, dans le cadre des nouveaux locaux de l’Institut des civilisations du Collège de France, et d’autre part nous emménagerons au campus Condorcet. Cette double localisation nous permettra d’avoir davantage d’espace, pour les chercheurs, et d’offrir de meilleures conditions de travail pour nos doctorants et postdoctorants.

Vous êtes également membre fondateur du Centre d’Études Interdisciplinaires sur le Bouddhisme (CEIB) créé en 2017. Quel est son objet ?

Le CEIB est le fruit d’un projet commun porté par l’Inalco, l’EPHE et le Collège de France. Sa vocation est avant tout de soutenir les étudiants et les jeunes chercheurs ainsi que de coordonner, valoriser, promouvoir et financer des projets de recherche individuels ou collectifs, interdisciplinaires et internationaux. C’est le premier centre universitaire français entièrement consacré aux études bouddhiques, alors qu’il en existe de nombreux aux États-Unis, en Europe et bien-sûr en Asie. Il est financé par plusieurs fondations privées, de Chine, Taïwan, Hong-Kong et France. Il finance chaque année une bourse doctorale, une post-doctorale et apporte trois aides ponctuelles pour des étudiants en M2 et début de thèse. Chaque année aussi, il organise plusieurs conférences et colloques et invite des professeurs étrangers, présentations de livres et de travaux d’étudiants.

CONTACT : [email protected] d’informations sur : www.crcao.fr

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Mémoires byzantines au musée du Louvre : l’exposition des broderies religieuses de Roumanie et Gabriel Millet

Du 16 avril au 29 juillet 2019 le musée du Louvre propose, au cœur du département des Objets d’art, l’expérience extraordinaire des broderies religieuses de la fin du Moyen Âge prêtées par plusieurs collections patrimoniales de Roumanie pour célébrer la présidence de ce pays à l’Union européenne. Une trentaine de chefs-d’œuvre réalisées entre la fin du XVe et le XVIIIe siècle dans le Nord-Est des Balkans, commandes pour la plupart de princes et dignitaires, témoignent avec force de l’héritage orthodoxe de l’Empire romain d’Orient renouvelé à l’aune des innovations stylistiques et techniques partagées entre Venise et Istanbul.

Éléments du costume sacerdotal ou associés aux vases liturgiques, ces étoffes brodées se signalent par une facture précieuse qui leur confère une allure d’orfèvrerie avec un relief scintillant. Les images expriment la quintessence de la foi, l’espérance du salut grâce au sacrifice rédempteur du Christ réitéré lors de la Divine liturgie célébrée sur ciel et terre. Participant au faste des cérémonies, ces étoffes perpétuent la mémoire et l’espoir de donateurs puissants au plus près du sacré. La médiation des images et des prières brodées trouve une expression grandiose dans les imposants draps funéraires, couvertures de tombeaux ou « portraits » princiers dans le goût des cours de l’époque.

Le temps lointain des broderies est mis en perspective avec leur découverte à l’ombre de la Grande guerre. L’aventure de la remise solennelle de la bannière d’Étienne le Grand, dérobée par l’armée française d’Orient au monastère bulgare de Zographou au Mont Athos recoupe le parcours de Gabriel Millet à travers la Grèce byzantine entre son mandant à l’École française d’Athènes (1891-1895) et son séjour à la Sainte Montagne avec les forces françaises (1916-1918). Découvrant la tradition byzantine et le rite orthodoxe lors de ces premières missions de recherche à Mistra et à l’Athos, Millet, alors jeune historien helléniste, s’est intéressé à la fois aux formes et aux fonctions des images. Deux relevés à l’aquarelle de fresques de la Péribleptos à Mistra, réalisés par Louis-Joseph Ypermann

et présentés pour la première fois, mettent en scène l’usage des voiles brodés à l’instar de deux de 1481 exposés dans les vitrines en dessous. Elles évoquent aussi l’espace sacré, les méthodes de documentation d’antan et le regard sensible et spontané porté sur ce patrimoine. Des tirages contemporains à partir des plaques de verre de la Photothèque Gabriel Millet rappellent l’exposition d’art roumain ancien et moderne à la Galerie du Jeu de Paume en 1925. Le catalogue de cette exposition côtoie dans la vitrine le volume des planches de l’ouvrage de Gabriel Millet, Broderies religieuses de tradition byzantine, ouvert sur des reproductions à partir des plaques de verre d’images des œuvres insignes exposées. Honneur à un héritage européen singulier, l’exposition du musée du Louvre ravive autour des broderies précieuses de Roumanie, la passion moderne pour l’art byzantin offrant un hommage à la science française et au byzantiniste pionnier que fut Gabriel Millet.

CONTACT : Ioanna Rapti [email protected] Directrice d’études en Histoire de l’art et archéologie du monde byzantin et de l’Orient chrétienDirectrice de la Collection chrétienne et byzantine – Photothèque Gabriel Millet

Plus d’informations sur :presse.louvre.fr/broderies-de-tradition-byzantine-en-roumanie-du-xvsupe-sup-au-xviisupe-sup-siecle/

ACTUALITÉS

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Exposition « Mémoires byzantines » au musée du Louvre © EPHE

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MOOC

Cours de stratégie de l’École de Guerre

L’EPHE vous invite à découvrir son MOOC « Cours de stratégie de l’École de Guerre », réalisé en partenariat avec l’École de Guerre, sous la direction de Martin Motte.

« Cours de stratégie de l’École de Guerre » est un MOOC, diffusé en deux parties, qui permet d’acquérir les connaissances indispensables à toute personne intéressée par la compréhension de la stratégie militaire, dans ses principes pérennes comme dans ses procédés actuels.

Cette première partie du MOOC se déroulera sur 7 semaines. Chaque semaine comporte plusieurs séquences, composées de vidéos vous présentant une thématique ainsi qu’un quiz pour faire le point sur vos acquis.Ce cours s’adresse à tous ceux qui ont un intérêt pour la stratégie militaire. Il peut aussi être suivi par ceux qui n’ont pas de projet précis mais qui sont curieux ou intéressés par cet univers.Inscriptions à partir du 15 juillet sur : www.fun-mooc.fr/courses/course-v1:EPHE+126003+session02/about

La 1re partie des cours débutera le 30 septembre 2019.

CONTACT : Martin Motte, [email protected]

ACTUALITÉS

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ÉVÉNEMENTS DE LA RENTRÉE

MANIFESTATIONS DE L’EPHE

Rentrée académique de l’EPHE 15 octobre 2019 Campus Condorcet, Centre de colloquesPlace du Front Populaire93300 Aubervilliers M° Front populaire

Rentrée de l’École doctorale 472 26 novembre 2019 à partir de 16h Lieu à venir

Cérémonie des vœux 14 janvier 2020 Campus Condorcet, Centre de colloquesPlace du Front Populaire93300 Aubervilliers M° Front populaire

Cérémonie de remise des diplômes de masters30 janvier 2020Campus Condorcet, Centre de colloquesPlace du Front Populaire93300 Aubervilliers M° Front populairePlus d’informations sur : www.ephe.psl.eu

CONFÉRENCES SCIENTIFIQUESColloque international : Motivation and Normativity of Practical Reasons: Moral Philosophy in the 14th Century23-24 septembre 2019Universität Hamburg, Room 105, Von Melle Park 8Contact : Christophe Grellard [email protected]

6es Rencontres du Labex Hastec23-24 octobre 2019IEA, Hôtel de Lauzun, 17 Quai d’Anjou, 75004 ParisM° Sully-MorlandPlus d’informations sur : labexhastec-psl.ephe.fr

Les jeudis du LEM, cycle « La théologie comme science »14 novembre 2019 ; 12 décembre 2019 à partir de 14hCampus Condorcet, Centre de colloquesPlace du Front Populaire, 93300 Aubervilliers M° Front populairePlus d’informations sur : lem-umr8584.cnrs.fr

Colloque international « Les Juifs des protectorats du Maghreb et la France (rapports sociaux, culturels, politiques…) de la fin du XVIIIe s. à nos jours » 11 décembre 2019Co-organisateurs : le GSRL et la Société d’Histoire des Juifs de Tunisie et d’Afrique du Nord (SHJT) Sorbonne, amphithéâtre Louis Liard17 rue de la Sorbonne, 75005 ParisM° Cluny – La SorbonnePlus d’informations sur : www.gsrl-cnrs.fr

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Porté par onze établissements phares de la recherche et de la formation en sciences humaines et sociales, le Campus Condorcet vise à développer un centre de référence mondiale qui réponde aux défi s pédagogiques, scientifi ques et numériques du XXIe siècle.Cette nouvelle dynamique, renforcée par la création de l’un des principaux pôles d’études doctorales à l’échelle internationale, stimule l’émulation scientifi que en favorisant le rayonnement des sciences humaines et sociales.

TRANSFORMER LES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALESPOUR RELEVER LES DÉFISDU XXIe SIÈCLE

DÈS SEPTEMBRE 2019, RENDEZ-VOUS AU CAMPUS CONDORCET

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