MYRIAME EL YAMANI...4829, avenue Victoria Montréal (Québec) H3W 2M9 Myriame El Yamani Badra...

41

Transcript of MYRIAME EL YAMANI...4829, avenue Victoria Montréal (Québec) H3W 2M9 Myriame El Yamani Badra...

Badra. La pleine lune. C’est ainsi qu’on la nommait, cetteprincesse aux pouvoirs magiques. Elle vivait dans le désertdu Sahara et elle avait le pouvoir de se transformer commeelle le voulait pour vaincre tous les dangers de la vie dansson monde rude et difficile. En âge de se marier, la jeune fille rencontra son princecharmant. Son père essaya de l’écarter d’elle mais Badras’enfuit avec celui qu’elle avait choisi pour parcourir lelong chemin de l’amour. La reine, sa mère, se lança à lapoursuite du jeune couple. Pour lui échapper, Badra sechangea en désert, en mouton et en rivière. Mais la reineéventa sa ruse et souhaita que sa fille soit séparée à jamais

de son amour. Un conte magique, d’une poésie exquise,aux couleurs mystérieuses du désert.

ISBN 978-2-923234-26-7

7829239 234267

12

BAD

RA P

RIN

CESS

E D

U D

E´SER

TM

YRIA

ME

EL Y

AM

AN

I

BBaaddrraapprriinncceessssee dduu

dde´e´sseerrtt

BADRA PRINCESSE DU DÉSERT

Direction éditoriale : Angèle DelaunoisÉdition électronique : Hélène MeunierRévision linguistique : Marie-Ève Guimont

© 2007 : Myriame El Yamani,Annouchka Galouchko et Stéphan Daigleet les Éditions de l’Isatis

Collection Korrigan no 12Dépôt légal : 1er trimestre 2007Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada

Nous remercions le Gouvernement du Québec –Programme de crédit d’impôt pour l’édition delivres – Gestion SODEC

Nous remercions le Conseil des Arts du Canada del’aide accordée à notre programme de publication.

Catalogage avant publication de Bibliothèqueet Archives Canada

El Yamani, Myriame, 1958-

Badra princesse du désert : conte du Maghreb

(Korrigan ; 12)Comprend un index.Pour les jeunes.

Édition imprimée : ISBN 978-2-923234-26-7Édition électronique : ISBN 978-2-923818-57-3 (PDF)

I. Gravel Galouchko, Annouchka, 1960- . II. Daigle, Stéphan. III. Titre. IV. Collection: Collection Korrigan ; no 12.

PS8559.L92B32 2007 jC843'.6 C2007-940401-4PS9559.L92B32 2007

Aucune édition, impression, adaptation ou reproduction de ce texte parquelque procédé que ce soit, ne peut être faite sans l’autorisation écrite desÉditions de l’Isatis inc.

4829, avenue VictoriaMontréal (Québec) H3W 2M9www.editionsdelisatis.com

Myriame El Yamani

BBaaddrraapprriinncceessssee dduu

dde´e´sseerrttconte du Maghreb

E´ditions de l�

N.B. : Les mots suivis d’un astérisque sont expliqués dansun lexique, à la fin du volume.

Une fiche d’activités à caractère pédagogique a été conçuepour chaque titre de la collection Korrigan.

Ces fiches sont téléchargeables gratuitement depuis le sitewww.erpi.com/DLMbibliwww.editionsdelisatis.com

À mes grands-mères Fatma et Marie,sans qui ces contes n’existeraient plus.

À Barbara, Béatrice, CK, Danielle, Dominique,Gérard, Hassan, Lise, Jacques et Nadou,

qui, depuis les débuts, suivent mon chemin de conteuse

1LE SOUFFLEMAGIQUEDU VENT

8

Badra*. La pleine lune. C’est ainsi qu’on lanommait, cette princesse aux pouvoirs magi-ques. Elle vivait dans le désert* du Sahara*et les Seigneurs* lui avaient donné le don dese transformer comme elle le voulait afin depouvoir vaincre tous les dangers de la viedans ce monde rude, difficile, où le moindrefaux-pas pouvait vous anéantir. Fille de lalune de la nuit et du soleil du jour, Badrapouvait se transformer en vent pour s’enrou-ler au cou de son amant et lui chuchoter des

On raconte qu’il a été raconté,Mais que Dieu ne fasse pas de nous

des personnages du récit.Il était une fois un conte,

Puisque Dieu et ses jours l’ont conté.

9

mots doux. Badra pouvait devenir la merpour polir les galets et s’en faire des bijoux.Badra pouvait se métamorphoser en terrepour enterrer les morts qu’elle chérissait etqu’elle se refusait à oublier.

Badra était l’enfant unique d’un roi,Grand Seigneur du désert, qui possédait desméharas* magnifiques. Ses bêtes lui avaientpermis d’amasser de nombreuses richessesau cours des razzias* du printemps. Lestribus* avoisinantes le respectaient, car cechef avait réussi à conserver intact leTekaraqit*, le code d’honneur des bédouins*du désert.

Le roi avait appris à sa fille à monter lakhaïma* selon les saisons et à préparer lacérémonie du thé*. La reine, elle, lui avaitmontré comment tisser les couverturesindispensables pour résister aux nuitsglacées du désert et comment préparer lakesra* et le couscous*. Comme Badra étaitleur seule descendance, ils lui avaient aussi

10

enseigné l’art de lire dans les étoiles pour nepas s’égarer de la piste. Ils lui avaient mon-tré comment chasser la gazelle*, écouter lesilence, trouver les points d’eau pour leschameaux* et la tribu. Et surtout, ils luiavaient donné le pouvoir de discerner lanoblesse de la malhonnêteté dans le cœurdes hommes et des femmes.

Rendue en âge de se marier, Badrademanda à la lune et au soleil de la changeren amour. Mais les astres du jour et de lanuit la laissèrent telle qu’elle était : Badra,beauté céleste de la tête aux pieds, princesseaux yeux de gazelle, soulignés de khôl* auxreflets bleutés.

Les prétendants étaient nombreux etchaque prince, seigneur ou marabout* dudésert avait revêtu sa gandoura* la plussomptueuse ou sa djellaba* des jours de fête.Chacun avait harnaché son chameau ou soncheval pur-sang d’une selle couleur d’or etde tapis colorés. Mais le roi, Grand Seigneur

12

du désert, ne voulait pas se séparer de sabelle Badra. Il ne trouvait aucun hommedigne de l’épouser. Honneur et hospitalitéobligent, il avait cependant reçu tous les pré-tendants sous la tente, leur avait offert le théet leur avait souri. À chacun, il avait dit, enbalançant son index de droite à gauche :

— Non, non, non. Badra n’est pas pour toi.

Les uns après les autres, le roi les avaittous repoussés hors de son royaume. Aucunn’épouserait sa fille.

Alors, Badra attendait. Elle continuait àregarder le ciel si imperturbablement bleu, àramasser les dattes sucrées dans les immensespalmiers dattiers, à humer le parfum desamandiers et des grenadiers dans les oasis*,et à scruter le mouvement incessant du ventqui sculptait chaque fois des motifs diffé-rents dans les dunes de sable.

LA FUITEDE BADRA

2

14

Badra attendit trois ans. Et voilà qu’unbeau jour, arriva au palais un prince étrangerdont on vantait la bravoure et les méritesjusqu’au-delà des montagnes. Personne ne leconnaissait. Son allure était fière, son regardperçant comme celui d’un faucon, ses habitsriches comme la voie lactée, et sa voix appor-tait le vent doux du printemps qui s’an-nonçait. Comme les autres princes, le jeunehomme demanda la main de Badra, mais leSeigneur du désert lui sourit et lui répondit,fidèle à lui-même :

— Non, non, non. Badra n’est pas pourtoi.

Seulement, cette fois-ci, cachée derrièrele voile-rideau* de la tente, Badra eut, parchance, le temps d’entrevoir ce magnifique

16

prétendant. Au premier regard, elle sut quec’était lui, son prince tant attendu. Elledéposa alors quelques gouttes d’ambre* surson cou pour séduire son futur bien-aimé etquitta la tente en un coup de vent.

Badra rejoignit le prince au moment où ilsortait de l’oasis. Il plongea son regard dansses yeux de gazelle, elle pencha la tête,rougit un peu et lui promit de le suivre sur lechemin de l’amour s’il le voulait, de l’autrecôté des montagnes. Dans le désert, aucunejeune femme n’est jamais mariée sans y con-sentir. Le prince était trop heureux de voirque Badra voulait devenir sa femme pours’opposer de quelque manière que ce soit àsa décision. Comme il était courageux, il luiaccorda sa protection et l’enveloppa de sadjellaba et de tout son amour. Et ensemble,ils avancèrent, sans un mot, sur le cheminde l’amour. Ils écoutaient glapir les fennecs*et prenaient garde de ne pas déranger lesommeil des vipères des sables qui rôdaientaux alentours.

17

Le silence est d’or dans le désert. Seul levent murmurait sa douce mélodie auxamoureux.

Un jour, trois jours, une semaine, troissemaines passèrent. Le temps ne sert pas àmesurer dans le désert. Mais un jour d’entreles jours, le Seigneur s’aperçut que Badraavait disparu. Comme il était âgé, ce fut lareine, qui possédait les mêmes pouvoirsmagiques que Badra, qui partit à sarecherche. Elle se lança à la poursuite de safille, devinant qu’elle s’était enfuie de l’autrecôté des montagnes, avec le prince devenuson amant.

Elle courut vite, tellement vite qu’ellesemblait ne plus toucher les terres aridesqu’elle traversait. Badra pressentit le dangeren entendant les pas de sa mère, qui don-naient la cadence à son cœur. Elle aperçutau loin le nuage de poussière qui annonçaitune tempête de sable. Elle sentit la peurenvahir son corps, serra très fort la main duprince et s’arrêta net. Le soleil resplendit et

18

Badra s’adressa à lui :

«Soleil !Devant nous, la vie se dresse comme lesmontagnes.Derrière nous, la mort soulève la poussière.Change-moi, s’il te plaît, en désert,Et mon compagnon en dromadaire*,Que, l’un pour l’autre, nous noustransformions ! »

L’espace d’un clignement de l’œil dutemps, le prince se transforma en dromadaireet la princesse en désert. Quand la reinearriva près de l’animal, elle lui demanda :

— Dromadaire, n’as-tu pas vu un jeunehomme accompagné d’une belle jeune fille? Ilsétaient là, devant moi, et je cours derrière eux.

— Non, je n’ai vu personne. Je vis toutseul dans le désert.

Dès que la reine repartit, le prince et laprincesse reprirent leur forme humaine. Leprince tâta un peu son dos, pour voir si la

19

bosse n’était pas restée. Mais non, il n’y avaitlà qu’une poignée de sable, s’envolant auvent dans le désert de roches. Et les deuxamants se mirent de nouveau à courir sur lelong chemin de l’amour.

50

LLEEXXIIQQUUEE

ALLAH : mot arabe pour désigner «Dieu».

AMBRE : résine très dure et transparente dont onfait des bijoux et dont on extrait un parfum précieux.

BADRA : prénom qui signifie «pleine lune» enarabe et en amazigh (une des langues berbères).

BÉDOUIN : nom donné aux Arabes nomades dudésert. C’est un terme plus générique que«Touaregs » (hommes libres, hommes bleus), qui,eux, sont des nomades du Sahara parlant unelangue berbère, le Tamahaq.

BERBÈRES : peuples autochtones d’Afrique duNord. Ils parlent le berbère.

CACHEMIRE : tissu en poil de chèvre provenantdu Cachemire ou du Tibet.

CAFTAN : vêtement oriental, ample et souple, serréà la taille par une ceinture dorée.

CARDAMOME : plante de l’Inde dont les grainesont une saveur poivrée. En Orient, on l’utilise beau-coup pour le thé, qu’on sert avec du lait.

CÉRÉMONIE DU THÉ : on boit trois verres de

51

thé. Le premier est amer comme la vie ou la famille,le second est fort ou doux comme l’amour, letroisième est suave ou sucré comme la mort ou lanaissance.

CHAMEAU : grand mammifère qui, contrairementau dromadaire, a deux bosses. Il y a surtout desdromadaires au Sahara, mais on les appelle« chameaux ».

COUSCOUS : semoule de blé dur. Plat originairedu Maghreb, servi avec de la viande ou du poissonet des légumes.

DARBOUKA : instrument de percussion nord-africain.

DÉSERT : zone très sèche, aride, peuplée surtoutde nomades.

DJAMBIA : sabre recourbé, avec un manche en osde rhinocéros. On l’utilise pour la chasse ou pour lesdanses de mariage, notamment au Yémen.

DJELLABA : longue robe à manches longues,portée par les hommes et les femmes d’Afriquedu Nord.

DJINNIA : femme ou fille de djinn (génie en arabe).

FANTASIA : fête où les cavaliers à cheval ou à dosde chameau exécutent une parade au galop, en

52

déchargeant leurs armes et en poussant de grandscris.

FENNEC : petit renard aux oreilles pointues, vivantaux abords des oasis.

GAZELLE : mammifère ongulé d’Afrique et d’Asie,semblable à un chevreuil.

GANDOURA : tunique sans manches que lesArabes et les Berbères portent sous le burnous(manteau de laine à capuchon et sans manches).

HAMMAM : bain de vapeur public, d’origineturque.

HENNÉ : teinture rouge avec laquelle on dessinedes motifs sur les mains et les pieds des femmes,souvent pour les mariages ou les fêtes.

KSAR : village fortifié en Afrique du Nord (ksour aupluriel).

KESRA : galette de pain.

KHÔL : fard de couleur noire que l’on applique surles yeux pour souligner le regard.

MARABOUT : sage que l’on consulte pour saconnaissance du droit religieux et des sciences.

MÉHARA : pluriel de méhari, dromadaire d’Arabie,domestiqué en Afrique du Nord et dressé pour les

53

courses rapides.

NARGUILÉ : pipe orientale, à long tuyau, commu-niquant avec un flacon d’eau aromatisée.

NOMADE : population qui n’a pas d’habitation fixeet qui change de lieu au fil des saisons. Le contrairede nomade est sédentaire.

OASIS : endroit du désert, près d’un point d’eau, àla végétation luxuriante en comparaison du désert etqui offre repos et halte aux nomades.

OUD : luth oriental, ancêtre de la guitare.

RAZZIA : attaque d’une tribu visant à piller lestroupeaux, les récoltes et parfois aussi à prendre desesclaves.

SAHARA: le plus grand désert du monde (8 millionsde kilomètres carrés), qui prend en écharpe unedizaine d’États (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye,Égypte, Soudan, Tchad, Niger, Mali, Mauritanie etl’ex-Sahara occidental).

SEIGNEUR DU DÉSERT : chef de tribu, appeléaussi «Sayyid » ou «Cheikh».

SOUK : marché où tout se vend et s’achète, desépices aux tissus, en passant par les tapis, lespoteries, les bijoux, etc. On y retrouve souvent desconteurs à la tombée de la nuit.

54

TRIBU (BAYT) : groupe fortement structuré quiassure la survie de ses membres dans l’univershostile et difficile du désert.

TEKARAQIT : code d’honneur des nomades dudésert, où la bravoure des guerriers est hautementvalorisée, tout comme l’hospitalité légendaire de cesnomades qui accueillent les voyageurs et lesétrangers sous leur tente et ainsi les protègent.

TENTE (KHAÏMA) : habitation des nomades dudésert. Ils l’appellent « la maison en poil » : poils dechèvre imperméables et poils de dromadaire épais etrésistants au vent. Il existe plusieurs façons demonter la tente selon les saisons : la tente hautepour l’été, la tente basse pour l’hiver, la tente enpointe pour la pluie et la tente penchée pour lestempêtes de sable. C’est le royaume privilégié de lafemme bédouine.

VOILE-RIDEAU : la tente est séparée en sonmilieu par un voile-rideau qui la traverse dans toutesa largeur, délimitant ainsi la «pièce» réservée auxhommes et celle réservée aux femmes.

YOUYOU : cri aigu, poussé par les femmes lors desfêtes et, en particulier, lors des mariages.

55

BADRAPRINCESSE DU DE´SERT

UN CONTE DU MAGHREB

Le Maghreb est la région nord de l’Afrique,regroupant le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Maisil signifie aussi en arabe « le Maroc», c’est-à-dire« le couchant ». L’espace du Grand Maghrebrattache à cet ensemble la Mauritanie et la Libye.Ces cinq pays forment d’ailleurs l’Union duMaghreb Arabe (UMA), créée en 1989. LeMaghreb possède une forte identité qui le dis-tingue dans le monde arabo-musulman etafricain. Il est, d’une part, relativement isolé dureste du continent africain et, d’autre part, lesBerbères qui occupent cette région du monde ontune culture très enracinée, notamment par la

56

langue. C’est un carrefour d’influences diversesdont l’histoire est marquée par la colonisationfrançaise et par sa proximité avec l’Europeoccidentale.

La région du Maghreb fut peuplée, dit-on, dèsla préhistoire, par les Berbères qui résistèrent àde nombreuses tentatives de domination succes-sives et furent convertis à l’islam à partir duMoyen-Âge. Les Berbères comptent actuellementune population de 17 millions de personnes,vivant sur un immense territoire, qui va du Marocà l’Égypte, et du Maghreb au Mali. La plupart desBerbères, à l’origine nomades, se sont sédentarisésen raison de la fermeture des frontières et dumanque de travail.

Tous ceux et celles qui ont un jour traversé undésert de roches ou de sable savent à quel pointl’expérience est inoubliable. Or, les contes ont cepouvoir magique de réveiller notre mémoiresensorielle et de provoquer la naissance d’imagesextraordinaires. L’histoire de Badra, je l’ai d’abordlue dans un recueil de contes du poète, essayiste etromancier algérien Ralah Belamri, décédé en

57

1995. Il l’avait lui-même recueillie en 1983 ou1984 à Bougaâ (ex-Lafayette), son village natal, enPetite Kabylie. Puis, je l’ai aussi entendue d’unconteur français, Frédéric Pougeard, rencontrélors d’une résidence d’écrivaine conteuse, en 2004,à L’Échangeur à Fère-en-Tardenois (France).Depuis, ce conte me trotte dans la tête et je l’airaconté à plusieurs occasions dans des soirées decontes au Québec et en Acadie.

59

Il n’est pas toujours facile de s’y retrouver avec cestrois termes. On les confond souvent, car on ne saitpas vraiment ce qui se cache derrière chacun d’eux.Tous les trois désignent des récits et des histoires,chers aux conteurs.

Pour essayer d’y voir plus clair, voici une brèveprésentation qui pourra aider à mieux reconnaîtrechacun de ces univers.

LLEE MMYYTTHHEE

Dans toutes les cultures, le mythe se présentecomme un récit qui raconte les origines dumonde. Dans les temps anciens, on ne disposait pasdes explications de la science. De nombreuxphénomènes naturels, comme la foudre ou l’orage,la présence des étoiles ou du soleil dans le ciel,amenaient les humains à se poser des questions sureux-mêmes. Ce sont toutes ces questions qui les ontentraînés à inventer de fabuleux récits commeautant de réponses pour essayer de comprendre lesens de leur vie. Dans ces histoires, les dieux et lesesprits de toute nature partagent avec les

CCOONNTTEE,, MMYYTTHHEE OOUU LLE´E´GGEENNDDEE??

60

humains des aventures extraordinaires. Leshumains apprennent comment vivre en harmonieavec l’univers qui les entoure ainsi que les règles àrespecter pour vivre en société.

Les personnages des mythes sont surhumains et dis-posent de pouvoirs surnaturels. Mais, tout commeles humains, ils éprouvent des émotions et des senti-ments. On dit que le mythe est un récit sacré.

LLEE CCOONNTTEE

Comme les mythes, les contes sont des histoires.Mais cette fois, les humains, ayant apprivoisé leurpeur du monde qui les entoure, racontent des his-toires qui parlent d’eux. Il n’y a plus de dieux oud’êtres aux pouvoirs surnaturels ou surhumains. Dansles contes, même si l’on trouve des ogres, des géantsou des fées, ces derniers ne sont pas les plus forts.

Comme le conte concerne les humains et que lesdieux en sont absents, on dit que c’est un récitprofane.

On distingue plusieurs genres de contes. Voici lesplus fréquents :• les contes merveilleux ou contes de fées ;• les contes populaires traditionnels qui parlent

des coutumes ou des gens d’une région ;

• les contes facétieux qui racontent des anecdotesdrôles ou des mésaventures burlesques ;

• les contes d’animaux dans lesquels ceux-citiennent le rôle principal, mais qui, souvent,servent à souligner certains défauts des humains ;

• les contes étiologiques qui donnent des explica-tions sur des phénomènes naturels de façonfantaisiste ou humoristique ;

• les contes de sagesse ou les contes initiatiquesqui invitent à réfléchir sur la vie et les actions quel’on pose ;

• les contes fantastiques dans lesquels se glissentdes éléments étranges qui inquiètent ou étonnent ;

• les contes ethniques qui présentent la culture d’unpays ou d’un groupe d’humains en particulier ;

• les contes contemporains qui sont créés par desauteurs modernes ou qui présentent des versionsactualisées de contes connus.

LLAA LLE´E´GGEENNDDEE

La légende repose toujours sur un fait réel : unpersonnage, un événement ou un lieu géogra-phique. Mais l’histoire est racontée en exagérant lesfaits et en y ajoutant des éléments fabuleux etinquiétants.

(texte de Jacques Pasquet)

61

62

MMYYRRIIAAMMEE EELL YYAAMMAANNII :: AAUUTTEEUURREENée à Meknès (Maroc), d’un père marocain et d’unemère française, d’un grand-père yéménite et d’unegrand-mère vendéenne, Myriame El Yamani se nourrit deces multiples appartenances pour raconter des histoireset parfois, les écrire. La ligne à butin volante, sonpremier conte, publié aux éditions Bouton d’or Acadie(Moncton), a remporté le prix Éloize 2003 en littérature(prix pour les artistes acadiens et francophones desquatre provinces atlantiques du Canada).

Nomade dans l’âme et dans la vie, comme Badra,Myriame El Yamani partage son temps entre Montréal, oùelle a fondé, en 2005, la Maison internationale du conte,nouvel espace convivial de rencontres multiethniquesautour du conte, et Madran (Nouveau-Brunswick). C’estdans ce même village qu’elle a débarqué en 1985 et oùelle a mis sur pied, en 2002, la NICA (Nuit internationaledu conte en Acadie, prix Éloize 2003 comme événementde l’année), qui organise le Festival international du conteet de la parole en Acadie (FICPA) et des soirées de con-tes. Tour à tour journaliste, critique de cinéma, socio-logue, chercheure à l’Université de Montréal, conféren-cière et docteure en communication de la Sorbonne,Myriame El Yamani conte depuis 1998 au Canada eten France.

63

AANNNNOOUUCCHHKKAA GGAALLOOUUCCHHKKOOEETT SSTTEEPPHHAANN DDAAIIGGLLEE :: IILLLLUUSSTTRRAATTEEUURRSS

Montréalaise de naissance, Annouchka Gravel Galouchkoest écrivaine et peintre. Son père est né en France deparents russes, et sa mère est québécoise. Elle a vécu unepartie de son enfance et de son adolescence en Égypte, enIran, au Mexique et en Autriche. Ses illustrations lui ontvalu le prestigieux prix du Gouverneur Général en 1995 etle prix international Korczak (IBBY) l’année suivante. Lestyle métissé de ses images est une invitation au voyage. Enpuisant dans toutes les cultures, son art abolit les frontières.

Son compagnon dans la vie et dans l’art, Stéphan Daigle,est, lui aussi, montréalais d’origine. Peintre et illustrateurde renommée internationale, il est un des co-fondateursde l’Association des illustrateurs et des illustratrices duQuébec. Son art, qu’il veut transculturel, créée une syn-thèse visionnaire s’abreuvant à une multitude de langagesplastiques.

Le couple a créé, en 2005, les illustrations de l’album TheBirdman, publié chez Tundra Books à Toronto, qui amérité une nomination pour le prix du GouverneurGénéral du Canada en 2006. Tout en exprimant beauté etprofondeur, les créations de ces deux artistes mélangentexceptionnellement dessins, textures et couleurs dans unvibrant hommage à la beauté de la vie.

64

65

TTAABBLLEE DDEESS MMAATTIIE`E`RREESS

1. Le souffle magique du vent ........................ 7

2. La fuite de Badra ........................................13

3. La poursuite ................................................21

4. La malédiction de la reine ..........................25

5. Aux portes du ksar ......................................29

6. Le mariage du prince ..................................35

7. Les retrouvailles ..........................................41

Pour en savoir davantage ............................49

Lexique........................................................50

Badra princesse du désert:un conte du Maghreb ..................................55

Conte, mythe ou légende? ..........................59

Myriame El Yamani, auteure........................62

Annouchka Galouchkoet Stéphan Daigle, illustrateurs ..................63

66

Titres parus dans la Collection Korrigan :

1. Kado le fou, conte bretonde Daniel MativatSélection Communication-Jeunesse 2005-2006

2. La naissance du goéland, conte inuit de Jacques PasquetSélection Communication-Jeunesse 2005-2006

3. Sur les ailes de la lune, conte bulgare de Christine BonenfantSélection Communication-Jeunesse 2005-2006

4. La tortue et l’araignée, conte créole de Dynah Psyché

5. Carcajou, démon des bois, conte amérindiende Geneviève MativatFinaliste au prix Hackmatack 2006-2007Sélection Communication-Jeunesse 2006-2007

6. La tisserande du ciel, légende chinoisede Diane BergeronSélection Communication-Jeunesse 2006-2007

7. Mary la sanglante, conte irlandaisde Pierre-Luc Lafrance

8. La Dame Blanche, légende québécoisede Cécile Gagnon

9. Janos le courageux, conte hongroisde Annie Vintze

10. Le Pèlerin d’amour, conte andaloude Sonia K. Laflamme

11. Le Diable et la Lune, conte russede Marie-Andrée Boucher

12. Badra princesse du désert, conte du Maghrebde Myriame El Yamani

Badra. La pleine lune. C’est ainsi qu’on la nommait, cetteprincesse aux pouvoirs magiques. Elle vivait dans le désertdu Sahara et elle avait le pouvoir de se transformer commeelle le voulait pour vaincre tous les dangers de la vie dansson monde rude et difficile. En âge de se marier, la jeune fille rencontra son princecharmant. Son père essaya de l’écarter d’elle mais Badras’enfuit avec celui qu’elle avait choisi pour parcourir lelong chemin de l’amour. La reine, sa mère, se lança à lapoursuite du jeune couple. Pour lui échapper, Badra sechangea en désert, en mouton et en rivière. Mais la reineéventa sa ruse et souhaita que sa fille soit séparée à jamais

de son amour. Un conte magique, d’une poésie exquise,aux couleurs mystérieuses du désert.

ISBN 978-2-923234-26-7

7829239 234267

12

BAD

RA P

RIN

CESS

E D

U D

E´SER

TM

YRIA

ME

EL Y

AM

AN

I