Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon · avec le Festival de Musique, l’Opéra...

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1 Contacts presse BESANÇON Céline Meyrieux [email protected] tél. 03 81 87 80 54 Fax 03 81 87 80 64 Emeline Bourdin [email protected] Tél. 03 81 87 82 55 Fax 03 81 87 80 64 PARIS Alambret Communication Sophie Zaessinger 109, bd Beaumarchais – 75003 Paris [email protected] tél. 33 (0) 1 48 87 70 77 Fax 33 (0) 1 48 87 70 57 Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon Une fraternité dans l’histoire : Les artistes et la franc-maçonnerie aux XVIIIe et XIXe siècles 16 septembre 2005 – 30 janvier 2006 "Les maçons sont fils de la raison, disciples de la sagesse et frères de l'humanité". Thomas Jefferson

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Contacts presse BESANÇON Céline Meyrieux [email protected] tél. 03 81 87 80 54 Fax 03 81 87 80 64 Emeline Bourdin [email protected] Tél. 03 81 87 82 55 Fax 03 81 87 80 64 PARIS Alambret Communication Sophie Zaessinger 109, bd Beaumarchais – 75003 Paris [email protected] tél. 33 (0) 1 48 87 70 77 Fax 33 (0) 1 48 87 70 57

Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon

Une fraternité dans l’histoire :

Les artistes et la franc-maçonnerie aux XVIIIe et XIXe siècles

16 septembre 2005 – 30 janvier 2006

"Les maçons sont fils de la raison, disciples de la sagesse et frères de l'humanité".

Thomas Jefferson

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Communiqué de presse

Le musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon propose cet automne une grande exposition consacrée aux artistes et à la franc-maçonnerie aux XVIIIe et XIXe siècles. L’envie de réaliser cette exposition est venue en découvrant les noms des artistes, scientifiques, écrivains et penseurs qui ont appartenu à la prestigieuse loge parisienne Les Neuf Soeurs. Au regard de ces esprits brillants et novateurs rassemblés par la franc-maçonnerie depuis sa création au XVIIIe siècle, il paraissait évident qu’elle était un espace de réflexion et d’action où se jouait, en partie, l’évolution de notre Histoire. Notre propos est moins de rassembler un échantillonnage d’objets maçonniques que de montrer la richesse spirituelle et humaniste de ce mouvement. Définie par trois termes : Liberté, Egalité, Fraternité, la pensée maçonnique se traduit dans un langage symbolique inspiré de la pratique des bâtisseurs de cathédrales, de l’idéal chevaleresque des Templiers, des textes bibliques, de l’observation de la nature et du cosmos. Associé à des rituels, le langage maçonnique exprime une réflexion philosophique et civique. La franc-maçonnerie n’a pas d’autre « secret » que ce travail initiatique, réflexif, individuel et collectif. Pour le XVIIIe siècle, l’exposition s’appuie sur la loge des Neuf Soeurs fondée par l’astronome Lalande et le philosophe Helvétius et présente une galerie de bustes de ses plus illustres membres : Lalande, Laplace, Washington, Lafayette, Bailly, Cagliostro, Voltaire... tous réalisés par le sculpteur Houdon, membre de la loge et portraitiste presque officiel de cette dernière. De nombreux artistes appartenaient à cette loge : Greuze, François Boucher, Joseph Vernet, les musiciens Gluck, Piccini ou encore Gossec. D’autres comme Hubert Robert ou Fragonard, tous francs-maçons la fréquentaient sans y être affiliés.

Un regard tout particulier est porté sur la Franche-Comté et notamment sur la loge bisontine Sincérité, fondée en 1764 par l’intendant Charles-André de Lacoré et qui rassembla de nombreuses personnalités artistiques, intellectuelles et politiques : Ledoux, Choderlos de Laclos, initiateur des loges d’adoption, Luc Breton, Jean Wyrsch ou encore Proudhon. Elle inspira d’autres mouvements : littéraire comme les Philadelphes (Charles Nodier), corporatiste comme les Bons Cousins Charbonniers que l’on retrouve en Italie dans l’émergence des Carbonari avec notamment Pierre-Joseph Briot, révolutionnaire bisontin, député et administrateur du Royaume de Naples sous Murat. Sont également évoqués les liens unissant Besançon à la Suisse : les loges suisses ayant été créées par essaimage des loges bisontines. L’exposition s’inscrit d’ailleurs dans un parcours franco-suisse avec deux autres expositions : à la Chaux de Fonds sur les Hauts Grades et à Porrentruy sur l’Histoire de la loge.

Plus largement, l’exposition évoque les rayonnements des idéaux maçonniques en France et en Europe et leur influence sur la création des Etats-Unis d’Amérique.

Le XIXe siècle est abordé avec Courbet et Proudhon et les liens entre politique, art et franc-maçonnerie. La présentation d’oeuvres emblématiques du sculpteur franc-maçon Bartholdi (Lion de Belfort, Statue de la Liberté à New York inaugurée en 1884 lors d’une cérémonie maçonnique par des maçons américains), montre l’importante influence de la franc-maçonnerie à la fin du XIXe siècle et les réactions qu’elle suscita. Enfin, l’exposition s’achève sur l’histoire du monument à Pergaud réalisé pour le parc Micaud de Besançon par le sculpteur Bourdelle.

Une large place étant consacrée à la musique avec notamment Mozart, une collaboration avec le Festival de Musique, l’Opéra Théâtre et le Conservatoire National de Région de Besançon permet de présenter des actions innovantes, telles que concerts (Requiem de Mozart), opéra (La Flûte enchantée)... Des conférences et un cycle cinéma viennent compléter ce programme d’animations.

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Le visuel de l’exposition

L’homme physique, l’homme moral et l’homme intellectuel – JC Regnault (une allégorie maçonnique).

Tous les éléments évoquent un opéra de Lachnith, Les mystères D’Isis (1801), qui eut, au moment, de sa création, un grand retentissement et, à travers lui, bien sûr, La Flûte enchantée, de Mozart. Le titre donné au tableau par Regnault lui-même dans son testament résume bien son contenu et correspond aux trois centres d’intérêt de l’oeuvre : domination de l’Homme sur l’univers, grâce aux arts et aux sciences (« l’homme physique »), nécessité de l’entraide (« l’homme moral »), toute-puissance de l’intelligence (« l’homme intellectuel »). On mesure l’intérêt d’une telle oeuvre quand on sait que l’initié à les propres traits de l’artiste.

Le personnage principal, assis à gauche sur les nuages, vêtu à l’antique, représente l’initié, qui possède la lumière. La cassolette de tisons qui brûlent, au centre, et accède à la puissance sur les choses terrestres.

Le globe en lévitation sous sa main droite tendue vers l’avant symbolise le pouvoir absolu.

Tout autour du personnage une cornue, un curieux instrument de musique, intermédiaire entre le rebec et la vielle, une lunette astronomique en une tablette couverte de signes géométriques, font allusion à la connaissance du monde physique et désignent certains des arts libéraux, dont la connaissance est indispensable au franc-maçon.

La figure géométrique visible sur la tablette, paraît bien celle de la démonstration du théorème de Pythagore : c’est le symbole de la science maçonnique, qu’on trouve gravé sur les bijoux des « Anciens Vénérables ».

Le groupe, composé de 2 femmes et de 2 enfants qu’elles protègent, semble désigner l’entraide nécessaire, fondement de la morale maçonnique. Le paon est connu depuis l’Antiquité comme symbole d’immortalité.

L’homme barbu et mitré qui lève un livre ouvert et un poignard ensanglanté paraît représenté la religion, facteur de superstition : il s’agit du faux prêtre, opposé à l’initié.

Dans la pénombre bleutée, 3 personnages assis dominent la scène. Au centre l’Etre Suprême, « Grand Architecte de l’Univers », couronné de 9 étoiles, offre l’image d’un vieillard barbu tenant un spectre ; à droite, une femme nue, visages et épaules cachés par un voile, représentante sans doute, Isis ; à gauche, une autre femme qui frappe avec un maillet sur un ciseau de sculpteur (symbole de l’intelligence qui agit) représente peut-être la franc-maçonnerie, opposé à Isis. L’initié désigne l’Etre Suprême et la femme de gauche, tandis que le faux prêtre désigne Isis. Ainsi le tableau se trouve-t-il divisé en 2 moitiés, gauche et droite, qui évoquent les 2 colonnes, J. et B., du Temple de Salomon, éléments de l’habituelle iconographie maçonnique.

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Jean-Baptiste Regnault (Paris, 1754 – 1829) Texte de Jean-Pierre Cuzin Conservateur au Département des Peintures du Musée du Louvre La manière de Regnault, qui doit à l’étude des grands bolonais tout autant qu’à celle de l’antique, complexe et raffinée, n’évolue guère au long de se carrière. Son goût des formes rondes, des ploiements et des souples enchaînements, son modelé velouté et comme estompé, sa touche moelleuse, son coloris lumineux, riche de trouvailles suaves et déconcertantes, désignent entre mille ses tableaux. Le langage mythologique ou allégorique qu’il affectionne lui permet d’évoquer un monde d’adolescents, d’enfants et de jeunes femmes dont il aime opposer les carnations nacrées ou rosées aux tonalités aiguës de bleu vif, d’ocre ou de vert des draperies. Il crée ainsi un univers souriant et raffiné, parfois un rien minaudier, mais d’une totale originalité et tout à l’opposé de celui de David. Source : de David à Delacroix, la peinture française de 1774 à 1830, éditions des Musées Nationaux, Paris 1974

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Sommaire

Présentation de l’exposition p. 6

Catalogue de l’exposition p. 12

La franc-maçonnerie p. 14

Autour de l’exposition p. 16

Parcours franco-suisse p. 22

Informations pratiques p. 23

Illustrations disponibles p. 24

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Présentation de l’exposition

Voyage à travers une loge

L’exposition commence par un voyage invitant le visiteur à plonger dans l’univers de la franc-maçonnerie. A partir de l’évocation d’une loge (Temple et Cabinet de réflexion), cette section permet de comprendre les principaux rites et symboles de l’univers maçonnique et donne une définition de la richesse humaniste et spirituelle de cette pensée. Définie par trois termes : Liberté, Egalité, Fraternité, elle se traduit dans un langage symbolique inspiré de la pratique des bâtisseurs de cathédrales, de l’idéal chevaleresque des Templiers, des textes bibliques, de l’observation de la nature et du cosmos. Associé à des rituels, le langage maçonnique exprime une réflexion philosophique et civique. La franc-maçonnerie n’a pas d’autre « secret » que ce travail initiatique, réflexif, individuel et collectif. Pour expliquer le cabinet de réflexion, passage obligé dans l’initiation maçonnique, un parallèle est établi entre le thème des Vanités dans l’art et la naissance à la Lumière dans la réflexion maçonnique.

Assemblée des francs-maçons pour la réception des maîtres, milieu du XVIIIe siècle.

Vanité de Renard de Saint André

L’environnement de la Franc-maçonnerie au XVIIIe siècle

Montesquieu, maçon de la première heure, ouvre cette deuxième section consacrée aux différents courants et mouvements de pensée qui ont construit la pensée maçonnique : des mouvements ésotériques aux grandes idées des Lumières.

La franc-maçonnerie spéculative moderne émerge au XVIIIe siècle, dans l’esprit des Lumières dont elle se nourrit. Libéré du carcan du dogmatisme religieux, la franc-maçonnerie a pour justification l’amélioration de l’homme et de l’humanité. L’homme est perfectible, voilà peut-être le seul postulat maçonnique. Cette perfectibilité requiert une véritable liberté de pensée et suppose une dialectique constructive, une confrontation des idées comme source d’enrichissement spirituel et intellectuel. Derrière la raison triomphante des philosophes de

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l’Encyclopédie se cachent des mouvements ésotériques et mystiques, qui cherchent à faire revivre l’Ordre du Temple ou les cérémonies inspirées de l’Antiquité. Des personnalités, comme Martinez de Pasqually et les élus-coens, Cagliostro, Sade ou encore Casanova ont donné à la franc-maçonnerie et à l’ésotérisme un héritage spirituel important. Philosophes, scientifiques, écrivains, artistes et hommes politiques vont s’initier à la maçonnerie et trouver là une émulation et un moyen d’expérimenter la démocratie. Ces intellectuels, ces esprits libres du XVIIIe siècle vont se retrouver dans la célèbre loge des Neufs Soeurs, fondée à Paris en 1776 par l’astronome Joseph-Jérôme Lefrançais de Lalande, franc-maçon notable. Mais l’initiative et le choix du nom reviennent au philosophe Claude-Adrien Helvétius, mort trop tôt pour voir la création de cette loge réunissant non seulement des scientifiques mais aussi des littérateurs et des artistes (François Boucher, Greuze, Louis Gabriel Moreau, Jean Houel. C’est l’idée même d’un atelier encyclopédique qui est reprise expliquant l’allusion aux neufs soeurs du Parnasse antique, muses inspiratrices des belles-lettres, sciences et beaux-arts. Lalande devint le premier vénérable de « la loge des Neufs Soeurs » et le sculpteur Houdon, son portraitiste presque officiel. Il réalisa une prestigieuse galerie de bustes de ses illustres frères : Lalande, Laplace, Larive, Washington, Franklin, Lafayette, Gluck, Bailly et surtout Voltaire.

Statue de Voltaire par Houdon© musée Fabre, Montpellier

Buste d’Helvétius par Caffierri

La loge recevait de nombreux étrangers. Les fondateurs de la démocratie américaine, maçons pour la plupart, s’y retrouvaient lors de séjours à Paris et Benjamin Franklin en fut même le vénérable. Autre dignitaire à fréquenter cette loge, le comte Stroganoff, mécène d’illustres artistes maçons tels que Hubert Robert, Greuze ou encore Fragonard. Ami de l’architecte Pierre-Adrien Pâris, bisontin d’origine et grand mécène (il légua une très importante collection de dessins et de peintures au musée de Besançon), le comte Stroganoff était aussi le représentant à partir de 1775, des loges de Franche-Comté à Paris.

Autre personnalité importante dans le paysage artistique comtois : l’architecte et utopiste Claude-Nicolas Ledoux à qui l’exposition consacre une large place. Claude-Nicolas Ledoux réalisa le Théâtre de Besançon et la Saline royale d’Arc et Senans. Son appartenance probable

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ou du moins ses liens étroits avec la maçonnerie pourraient expliquer partiellement son idéalisme exacerbé, son désir de transformation sociale, que révèle la description qu’il propose de ses édifices et des fonctions assignées aux hommes et à l’architecture. La pensée de Ledoux annonce la Révolution dont le peintre David immortalisa les plus grands moments. Une projection du Serment du jeu de Paume est présentée dans l’exposition.

L’oeil théâtre, Claude-Nicolas Ledoux ©Bibliothèque d’étude et de conservation, Besançon

Besançon, une loge d’exception

La loge de Besançon est exceptionnelle à plusieurs titres : son ancienneté, sa participation au développement de la franc-maçonnerie au XVIIIe siècle et sa contribution à la survivance d’un système maçonnique particulier, le Régime Ecossais Rectifié (RER). Elle est la réunion de trois loges créées au XVIIIe et au XIXe siècles : « Sincérité, Parfaite Union et Constante Amitié Réunies ». (SPUCAR)

La première loge de Besançon, « La Sincérité », fut créée en 1764 par Charles-André de Lacoré, intendant de Franche-Comté et ami de membres de « la loge des Neufs Soeurs », comme par exemple François Emmanuel d’Emsberque. Lacoré influença le milieu artistique et intellectuel comtois dont les principaux acteurs furent, à son exemple, maçons. On peut notamment citer les fondateurs de l’Ecole d’Art de Besançon, Luc Breton (sculpture) et Jean Wyrsch (peinture), mais aussi Claude-Joseph Fraichot, professeur de dessin qui réalisa le diplôme de la loge « La Sincérité ».

Alors que Lacoré était « Grand Maître », il mit en place une « loge d’adoption » dont la première « Grande Maîtresse » fut Mme de Lacoré. Les « loges d’adoption » regroupaient les épouses, les filles ou les soeurs de maçons et constituaient des sortes de salons. Il ne s’agissait pas de maçonnerie féminine comme on l’entend aujourd’hui puisque ces loges ne pratiquaient d’initiation et ne comportaient pas de grade. Choderlos de Laclos, alors en garnison à Besançon, prononça un discours remarquable sur la place des femmes dans la société et leur utilité dans la maçonnerie (texte conservé à la Bibliothèque de Besançon) lors de l’installation d’une loge d’adoption à Salins Les Bains.

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La loge de Besançon inspira d’autres mouvements de pensée reprenant le modèle maçonnique : les Philadelphes, mouvement littéraire créé en 1787 par Charles Nodier et Charles Weiss et les Bons Cousins Charbonniers, société de compagnonnage liée aux métiers du bois. Encore opérative en Franche-Comté sous la Révolution et l’Empire, elle fournit aux bourgeois et artisans des villes comtoises et des bourgs un succédané de la franc-maçonnerie dont elle copie les symboles.

Buste de Charles Nodier par Jean-Claude Petit (1819-1903). Marbre ©musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, Besançon

On ne pouvait traiter la franc-maçonnerie bisontine sans évoquer les loges suisses créées par essaimage des loges bisontines. Une section leur est donc consacrée dans l’exposition.

L’existence d’une Loge polonaise en 1831 à Besançon est aussi l’occasion d’explorer les liens maçonniques qui unirent la Pologne et les artistes français dès le XVIIIe siècle, autour du prince Poniatowski et au XIXe siècle autour du comte Czartoryski et du poète Minkiewiez.

Gigoux, David d’Angers ou le milieu romantique et la franc-maçonnerie européenne dans un combat pour la liberté des nations (le printemps des Peuples).

Au XIXe siècle, deux mouvements révolutionnaires inspirés de la franc-maçonnerie émergent : la Charbonnerie en France et le Carbonarisme en Italie et plus largement en Europe. Pierre-Joseph Briot, maçon, député bisontin et administrateur du Royaume de Naples auprès de Murat a participé à ce mouvement avec nombre d’artistes maçons : David d’Angers, les frères Scheffer, Horace Vernet...

L’exposition évoque les liens du peintre et collectionneur Jean Gigoux (grand donateur du musée de Besançon) avec le milieu romantique franc-maçon parisien (Scheffer, Vernet, Isabey, Delaroche...) qui apporta son soutien aux républicains de 1830 et 1848 et aux révoltes nationales européennes : « Le Printemps des peuples ». Cela nous permet d’aborder deux mouvements

L’amitié de Jean Gigoux et du sculpteur David d’Angers, maçon reconnu et proclamé, nous donne l’occasion de présenter une galerie de portraits des « grands » francs-maçons européens du XIXe siècle, en parallèle à la galerie proposée par Houdon pour le XVIIIe siècle.

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Fouriérisme et Franc-maçonnerie : Proudhon, Considérant et les autres

Depuis le Siècle des Lumières, la pratique de la philanthropie à laquelle se voue la maçonnerie ouvre la voie à cette « question sociale » qui hante le XIXe siècle. Les utopistes avaient donc de bonnes raisons de rencontrer la maçonnerie, soit en la pratiquant, soit en la fréquentant. Fourier ne parait pas avoir été initié, contrairement à ses disciples comtois comme Victor Considérant, Pierre-Joseph Proudhon, initié à Besançon ou encore l’industriel Jean-Paul Mazaroz.

Portrait de Proudhon par Bourson © musée du Temps, Besançon

Le cas « Courbet » :

Gustave Courbet, peintre natif de Franche-Comté, n’était visiblement pas franc-maçon, mais fréquenta les milieux maçonniques. L’exposition présente en avant première une toute nouvelle acquisition du musée de Lons le Saunier, le portrait de son ami Mazaroz et propose par l’intermédiaire d’une vidéoprojection une lecture non maçonnique de l’Atelier. En 1977, au Grand Palais, eut lieu une rétrospective de l’oeuvre de Gustave Courbet. Dans le catalogue de cette dernière, l’historienne de l’art Hélène Toussaint proposa une lecture maçonnique du célèbre Atelier. L’exposition suggère une relecture critique de cette analyse par Pierre Mollier, archiviste de la Loge du Grand Orient de France.

L’Atelier de Gustave Courbet, musée d’Orsay. ©RMN, Paris, 2005

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Bartholdi, sculpteur républicain et franc-maçon

La présentation d’oeuvres emblématiques du sculpteur Bartholdi (les Mystères d’Isis, Lion de Belfort, Statue de la Liberté à New York inaugurée en 1884 lors d’une cérémonie maçonnique par des maçons américains...) montre la très importante influence de la franc-maçonnerie à la fin du siècle et permet d’évoquer les réactions qu’elle suscita.

Maquette préparatoire au modèle définitif du Lion de Belfort. , plâtre. 1875 AugusteBartholdi. © musée Bartholdi Colmar

Monument à Louis Pergaud

Si l’exposition s’en tient aux XVIIIe et XIXe siècles pour l’ensemble du propos, elle ne pouvait passer sous silence l’histoire du Monument à Louis Pergaud réalisé par le sculpteur Bourdelle pour le parc Micaud de Besançon. Elle illustre malheureusement très bien les dérives fascistes ayant pesé sur les francs-maçons.

Le Monument à Louis Pergaud est une des dernières oeuvres de Bourdelle. Le monument fut érigé après la mort du sculpteur. Pendant la seconde guerre mondiale, le Monument faillit être fondu comme bon nombre de sculptures en bronze durant cette période. Le Maire de Besançon s’y opposa. Cette requête fut acceptée ce qui suscita une vive réaction dans les milieux anti-maçonniques. Le journal d’extrême-droite « La Franciste » relata cet épisode en évoquant « un monument d’inspiration maçonnique. Les côtés s’ornent de nombreux triangles, et sur la partie postérieure figurent des inscriptions et signes indéchiffrables aux profanes ... » et en dénonçant le complot judéo-maçonnique. Or Bourdelle n’était vraisemblablement pas maçon même s’il signait ses oeuvres d’un triangle. Le Monument à Louis Pergaud fut finalement remisé dans la cour d’une entreprise bisontine avant d’être réinstallé au Parc Micaud après la guerre.

Cet épisode final trouve un relais au Musée de la Déportation qui rappelle la place des francs-maçons dans la Résistance.

Commissariat de l’exposition

Claire Stoullig, conservateur en chef du patrimoine, directeur du musée des beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon

Frédérique Thomas-Maurin, conservateur, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon

En collaboration avec les Loges de Besançon, le Grand Orient de France et la Grande Loge de France.

Architecte-scénographe

Didier Blin

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Catalogue de l’exposition Une fraternité dans l’histoire : les artistes et la Franc-maçonnerie aux XVIIIe et XIXe siècles.

Ce livre montre les liens qui, à partir du XVIIIe siècle, unissent la pensée maçonnique à l’esprit des Lumières. Il illustre les rapports qu’entretiennent la maçonnerie et les artistes initiés ou profanes, tant sur le plan international avec Bartholdi et la fraternité franco-américaine, que national avec, notamment Claude-Nicolas Ledoux, Pierre-Adrien Pâris ou encore Jean Gigoux,... La présentation de la franc-maçonnerie par le biais d’artistes ayant fréquenté les loges maçonniques et participé aux mouvements révolutionnaires européens des XVIIIe et XIXe siècles apportent un éclairage nouveau à la fois sur l’histoire de ces courants de pensée et sur la production artistique qui y est liée. Que l’on s’interroge sur l’analyse « maçonnique » de l’Atelier de Courbet, sur le Serment du Jeu de Paume de David, en tant que manifeste politique ou revendication spirituelle, ou sur les rapport de l’ésotérisme et de la franc-maçonnerie au XVIIIe siècle, avec entre autre Sade et Casanova, c’est toute la proximité de l’art et de la pensée qui surgit, dans un dialogue et un enrichissement mutuels constamment renouvelés. Les différentes perspectives que propose l’ouvrage offrent un point de vue original sur une corporation d’humanistes aux traditions séculaires.

coédition musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, Besançon/Somogy édition d’Art, Paris

164p. 20€

Sommaire : Historique général de la franc-maçonnerie : le contexte socio-politique aux XVIIIe et XIXe siècles, Ludovic Marcos, conservateur du Musée de la Franc-maçonnerie, Paris La franc-maçonnerie vit de l'air du temps et y participe : de l'esprit des Lumières au positivisme, François Rognon, archiviste de la Grande Loge de France, Paris Esotérisme et franc-maçonnerie au XVIIIe siècle : Sade, Casanova et les autres… Jonathan Giné, bibliothécaire de la Grande Loge de France, Paris La loge des Neuf Sœurs Frédérique Thomas-Maurin, conservateur du Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie, Besançon Le Serment du Jeu de Paume de David, manifeste politique ou revendication spirituelle ? Stéphane Ceccaldi, conservateur, chargé de mission au Musée de la Grande Loge de France, Paris Besançon, de la Conquête à la chute de l’Empire (1674- 1870). Entre ombres et lumières Lionel Estavoyer, historien de l'art, chargé de mission pour le patrimoine historique de Besançon Besançon, une loge d'exception, Jean-Claude Fontaine et Jean-Paul Pernin, représentants des loges maçonniques de Besançon Une loge polonaise à Besançon Césary Kozak, chargé de recherches sur les loges polonaises Luc Breton et Jean Melchior Wyrsch : l'École d'Art à Besançon au XVIIIe siècle Marie-Dominique Joubert, historienne de l'art Pierre-Adrien Pâris et les franc-maçons

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Pierre Pinon, professeur à l'Ecole d'Architecture de Belleville, chargé de cours à l'INHA, Paris Claude Nicolas Ledoux : un initié d’exception Jacques Rittaud-Hutinet, directeur honoraire du Centre d'Etudes et Recherche en Théâtre et Cinéma, Université Lumière, Lyon Fouriérisme et franc-maçonnerie Pierre Mollier, archiviste du Grand Orient de France, Paris Charles Nodier, les Philadelphes et la franc-maçonnerie, par Claude Rétat, CNRS David d'Angers, franc-maçon Patrick Le Nouen, conservateur, directeur des Musées d'Angers Gigoux et les autres Anne-Charlotte Perré, étudiante en histoire de l'art, Université Marc Bloch, Strasbourg Charbonniers des bois et Bons cousins des Villes François Lassus, historien, Université de Franche-Comté A propos de l’Atelier de Courbet : note sur l’analyse «maçonnique» d’une oeuvre et sa méthodologie Pierre Mollier, archiviste du Grand Orient de France, Paris « La liberté éclairant le monde », simulacre d’Isis Régis Hueber, conservateur du musée Bartholdi, Colmar Bourdelle Frédérique Thomas-Maurin, conservateur au musée des Beaux-Arts et d'Archéologie, Besançon

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La franc-maçonnerie

La franc-maçonnerie est probablement issue des corporations de maçons bâtisseurs, bien qu’aucun lien de continuité ne soit historiquement prouvé entre les « Loges de Métier » et la création de « La Grande Loge de Londres », structure initiale de la franc-maçonnerie. Car c’est à Londres en 1717 qu’elle est née, quatre loges s’étant fédérées à la Saint-Jean d’été au sein d’une « Grande Loge ». Les membres de ces loges étaient en fait des « free masons », des maçons acceptés, et, avec eux, la maçonnerie devint rapidement spéculative ou philosophique, tout en conservant une symbolique empruntée à l’art des bâtisseurs. La Grande Loge de Londres publia en 1723 le « Livre des Constitutions » (dites «Constitutions d’Anderson), sous l’inspiration d’un huguenot français, Jean-Théophile Desaguliers, ami de Newton, avec la signature du Pasteur de l’Eglise Presbytérienne James Anderson. Il est intéressant d’en citer l’article premier : «Un maçon est obligé, de par sa tenure, d’obéir à la loi morale. Et, s’il comprend bien l’art, il ne sera jamais athée stupide, ni libertin irréligieux. Mais quoique dans les temps anciens les maçons fussent tenus, dans chaque pays, d’être de la religion, quelle qu’elle fût, de ce pays ou de cette nation, néanmoins il est considéré plus expédient de seulement les astreindre à cette seule religion sur laquelle tous les hommes sont d’accord, laissant à chacun ses propres opinions, c’est à dire d’être hommes de bien et loyaux, hommes d’honneur et de probité, quelles que soient les dénominations ou confessions qui aident à les distinguer. Par suite de quoi, la maçonnerie devient le centre de l’union et le moyen de nouer une amitié sincère entre des personnes qui n’auraient pu que rester perpétuellement étrangères.»

Ce texte est absolument fondamental, car, insistant sur ce qu’on appellerait de nos jours « la liberté de conscience », il marque combien la franc-maçonnerie, dès ses origines, mettait en avant un esprit de liberté et d’égalité, en totale harmonie avec les idées du « siècle des lumières », idées autour desquelles elle se développera et qu’elle s’efforcera de mettre en oeuvre au cours de son histoire. En France, la franc-maçonnerie s’est rapidement développée et, dès 1740, on comptait une dizaine de Loges à Paris et une quinzaine de loges en Province. Le Grand Orient de France, obédience (c’est-à-dire fédération de loges) issue d’une première grande Loge de France née en 1728, fut créé en 1773. Dans les loges, les maçons se répartissent en trois degrés (on dit aussi « grades »), les apprentis, les compagnons et les maîtres (le grade de maître a été créé en 1738 environ). Même si l’essentiel des activités était consacré à des questions administratives et à l’exercice de la charité (au sens de l’époque), des travaux philosophiques y trouvaient leur place, ce qui fut tout particulièrement le cas de l’illustre loge des « Neuf Sœurs », fondée en 1776, que Benjamin Franklin présida pendant deux ans (il en fut le « Vénérable Maître ») et qui accueillit de nombreuses personnalités des arts, des lettres et des sciences, parmi lesquelles notamment Voltaire. La franc-maçonnerie naissante, non seulement ne s’est pas opposée à la religion, mais, au contraire, a considéré le respect dû à Dieu et au Roi comme le premier devoir du franc-maçon et l’on comprend bien, dès lors, la présence en son sein, au moins avant la Révolution, de nombreux ecclésiastiques. Néanmoins, l’esprit de liberté de la franc-maçonnerie, sa méfiance du mysticisme, en même temps que la part laissée aux influences ésotériques, peuvent expliquer l’excommunication de la franc-maçonnerie en 1738 (bulle « In Eminenti » du Pape Clément XII), excommunication qui sera plusieurs fois confirmée aux XVIIIe et XIXe siècles. La franc-maçonnerie, on l’a déjà dit, a largement repris les idées et les idéaux du « Siècle des Lumières » ; mais elle a également été abondamment nourrie par les multiples courants ésotériques qui ont foisonné au XVIIIe siècle. Ils ont tout particulièrement influencé la constitution et le développement des « ateliers supérieurs », c’est-à-dire de grades supérieurs aux trois premiers (Apprenti, Compagnon et Maître). Ces « hauts-grades » sont à l’origine de

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nombreux systèmes maçonniques, pour la plupart encore en vigueur aujourd’hui. Le plus important est sans doute le « Rite Ecossais Ancien Accepté » en 33 degrés ; un autre est le « Régime Ecossais Rectifié», système issu de la Chevalerie et qui met en avant des idéaux proches de ceux de l’Ordre du Temple. A Besançon, la franc-maçonnerie s’est développée très tôt, la loge « La Sincérité » ayant été créée officiellement en 1764 (et, peut-être, existait-elle auparavant ; en 1720 ?). Cette loge est assez représentative des loges françaises de l’époque, notamment par sa composition, faite de notables, sous la houlette, à sa création, de l’Intendant du Comté de Bourgogne. L’histoire de cette loge, qui a fusionné avec «La Parfaite Union» puis avec la «Constante Amitié», pour donner naissance à la «Sincérité, Parfaite Union et Constante Amitié Réunies» (Loge qui existe toujours aujourd’hui au Grand Orient de France), reflète bien ce que fut, aux XVIIIe et XIXe siècles, le développement de la franc-maçonnerie, avec une spécificité intéressante à signaler : son rattachement précoce au Régime Ecossais Rectifié qu’elle a contribué à maintenir tout au long du XIXe siècle.

Jean-Claude Fontaine Représentant des loges de Besançon

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Autour de l’exposition Un programme diversifié d’animations est proposé autour de cette exposition. Visites commentées gratuites les dimanches 18 septembre, 2, 16 et 30 octobre, 13 et 27 novembre, 11 décembre, 8 et 22 janvier à 16h

Musique et franc-maçonnerie L’exposition accorde une large place à la musique, bon nombre de musiciens ayant été francs-maçons : Mozart, Haydn, Liszt, Piccini, Gluck... A cette occasion, de nombreux partenariats ont été mis en place : avec le Conservatoire National de Région, avec le Festival de Musique et avec l’Opéra-théâtre de Besançon. Toutes ces institutions proposent une programmation en lien avec cette exposition. Tous les concerts annoncés ci-après sont donnés au musée. Récitals de musique maçonnique, dimanche 13 novembre toute la journée à partir de 11h par les chanteurs de la Jeune Troupe de l’Opéra-Théâtre de Besançon Lectures en musique sur des textes de Casanova, samedi 19 et dimanche 20 novembre par l’association Arthémus avec Ana-Maria Bell-Deveselu, violoniste et Philippe Pouzet, comédien. Performances de 15 à 20mn plusieurs par jour. Requiem de Mozart, à la date anniversaire de sa mort, lundi 5 décembre 2005 à 20h Création originale, ce concert exceptionnel propose l’exécution du Requiem de Mozart à partir d’une réduction pour piano de la partition d’orchestre. Il sera interprété par Alain Roudier sur un pianoforte d’époque, analogue à celui sur lequel jouait Mozart. Accompagné de quatre solistes, chanteurs professionnels, le chœur d’enfants est constitué par des élèves du conservatoire sous la direction de Howard Shelton, professeur de chant choral. Concert autour du pianoforte, jeudi 15 décembre à 20h par les élèves du conservatoire et Alain Roudier - Au programme : Concerto pour pianoforte et petit orchestre, Haydn - Sérénade en ut mineur, Mozart - Ouverture de la création, Haydn Mélodies de Liszt et de Mozart, jeudi 26 janvier à 20h par Alain Roudier, piano et René Linnenback, baryton-basse Visite en chansons, les jeudis 13 octobre, 10 novembre, 8 décembre et 12 janvier à 18h dans le cadre des nocturnes du musée. Découverte de l’exposition rythmée par la lecture de textes et chansons maçonniques célèbres et moins célèbres (ex : « il pleut Bergère », ...)

Le Festival de Musique de Besançon, du 14 septembre au 1er octobre, propose pour sa 58e édition une programmation autour des Utopies. A cette occasion, le musée et le festival ont décidé de collaborer en élaborant une tarification spéciale « Festivaliers » : le musée offre la gratuité à toute personne munie d’un billet du Festival de Musique et le Festival vous propose un tarif réduit pour le concert de votre choix sur présentation d’un ticket d’entrée au musée.

L’Opéra-Théâtre de Besançon annonce une saison 2005/2006 consacrée aux compositeurs francs-maçons et notamment à Mozart : La Flûte enchantée, Cosi fan tutte... mais aussi à Haydn : Il mondo della luna...

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Des rendez-vous ponctuels autour de la musique maçonnique sont également prévus au musée avec la Jeune Troupe de l’Opéra-Théâtre.

Fleuret et franc-maçonnerie Soirée autour du Chevalier de Saint George, samedi 8 octobre à 18h - 5€€€€

Fleuret de salon et musique sont au rendez-vous de ce spectacle unique, avec Carlos Bravo, 4 fois Champion du monde de fleuret de salon.

Cinéma et Franc-maçonnerie En collaboration avec le Cinéma Marché/Beaux-Arts. Un jeudi par mois est consacré au cinéma. Dates et horaires à préciser Amadeus de Milos Forman avec des moments musicaux par les élèves du Conservatoire L’homme qui voulut être roi de John Huston d’après l’oeuvre de Kipling avec une lecture maçonnique de ce film Un hussard sur le toit de Jean-Paul Rappeneau accompagné d’une conférence sur « les rapports entre Charbonniers et Carbonari » par Pierre Mollier, archiviste au Grand Orient de France et François Lassus, ingénieur de Recherches, université de Franche-Comté

Conférences Toutes les conférences ont lieu au musée sauf mention contraire

Les femmes en franc-maçonnerie, mercredi 26 octobre à 20h par Marie-Noëlle Davillers, présidente du Droit Humain à Paris - Faculté des lettres de Besançon, amphi Donzelot De David à Bartholdi, un engagement spirituel dévoilé, jeudi 3 novembre à 18h par Stéphane Ceccaldi, conservateur, chargé de Mission à la Grande Loge de France à Paris

La franc-maçonnerie vit de l’air du temps, jeudi 24 novembre à 18h par François Rognon, responsable des Archives et Bibliothèque de la Grande Loge de France à Paris

L’Eglise Catholique et la Franc-Maçonnerie, lundi 12 décembre à 18h par Jérôme Lacordaire, dominicain

Qu’est-ce que l’initiation maçonnique : le regard de l’historien, samedi 17 décembre à 16h30 par Pierre Mollier, archiviste du Grand Orient de France à Paris

La musique maçonnique, samedi 21 janvier à 17h Par Denis Steinmetz, agrégé de musicologie ; conférence accompagnée de moments musicaux par les élèves du conservatoire national de région de Besançon

Public scolaire

Visites commentées et visite-atelier sur rendez-vous. Atelier G∴ V∴, géométrie variable. Tolérance, égalité. Deux notions humanistes essentielles à l’élaboration d’une loge éphémère le temps d’un atelier. Les enfants sont invités à confectionner leur propre tablier à l’aide d’outils tels que tampons, encre, damiers... Des tabliers emblématiques à géométrie variable reprenant des symboles maçonniques.

Pour les enseignants : le musée dispose de deux enseignantes en arts plastiques détachées par le rectorat. Elles peuvent vous recevoir et mettre à votre disposition des dossiers pédagogiques pour préparer votre visite.

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A la veille des célébrations du bicentenaire de l’architecte Claude Nicolas Ledoux, la Capitale du Temps présente, au musée des Beaux-Arts, une grande exposition sur la Franc-maçonnerie. Ronchamp commémore, avec Gilbert Amy, le cinquantenaire de la dédicace de la chapelle de Le Corbusier et plus de 200 candidats tentent leur Paradis pour le Grand Prix du 49e Concours international de jeunes chefs d’orchestre. Mahler fait sonner le Grand Appel du Jugement dernier, Collodi nous entraîne sur les traces de Pinocchio dans un opéra initiatique, Chostakovitch nous rappelle, malgré lui, les heures du collectivisme soviétique. Au fil de sa résidence de compositeur, Philippe Fénelon démontre à nos jeunes musiciens franc-comtois que pour s’affranchir de tout académisme, il faut l’avoir parfaitement maîtrisé et que l’exercice ne s’improvise pas en trois semaines comme dans une quelconque Star Académie… Sous sa plume, Don Quichotte devient un Chevalier imaginaire, Boris Grappe, lui, nous dévoile quelques pans d’horizons chimériques et Michel Serres, aux côtés du Quatuor Ysaÿe, révèle sa vision de la mort et, peut-être, celle de l’au-delà. Quant à Beethoven, il nous remémore que Rome ne s’est pas faite en un jour. La construction de l’Europe est là pour nous le rappeler ! Avec l’Ode à la joie, il nous invite à une fraternité à l’échelle de l’univers. La plus célèbre des pages dans l’histoire de la musique ne serait-elle que pure utopie ? Qu’elles soient métaphysiques, religieuses, politiques… ou musicales, les utopies se déclinent dans bien des œuvres, tout au long des concerts de notre 58e Festival et notre 49e Concours. Mais si nous n’en retenons qu’une, pour qu’elle devienne réalité, c’est de faire partager au plus grand nombre, aux côtés de centaines d’instrumentistes, chanteurs, jeunes chefs d’orchestres, quinze jours d’une belle fête musicale !

Dans le cadre d’un partenariat avec le musée des Beaux-Arts de Besançon, le Festival est heureux de proposer lors de sa prochaine édition, le tarif réduit sur un concert au choix aux visiteurs de l’exposition « Les artistes et la franc-maçonnerie aux 18e et 19e siècles », sur présentation de leur billet d’entrée au Musée. De son côté, le musée des Beaux-Arts propose la gratuité sur cette exposition aux personnes porteuses d’un billet pour le 58e Festival. Contacts : Festival international de musique de Besançon Franche-Comté Pascale Bernheim, attachée de presse : [email protected]

Tél. / Fax : +33 (0) 1 43 25 31 38

Bureau du Festival : [email protected] Tél. : + 33 (0) 3 81 25 05 85 www.festival-besancon.com

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Saison 2005/2006, année Mozart & Ledoux à l’Opéra Théâtre de Besançon

En célébrant à la fois le 250ème anniversaire de la naissance de Mozart et le 200ème anniversaire de la mort de Ledoux (architecte de l’opéra) l’Opéra Théâtre de Besançon ne pouvait ignorer les engagements philosophiques de ces deux génies et donc de leur relation à la franc-maçonnerie.

Mozart est initié à la franc-maçonnerie le 14 décembre 1784 dans la loge maçonnique "Zur Wohlätigkeit" (la Bienfaisance). Mais son œuvre est inspirée d’une réflexion sur le symbolisme et les valeurs philosophiques défendues par la franc-maçonnerie bien avant son initiation.

L’hommage rendu à Mozart à travers les récitals d’Alexandre Paley les 7, 8 et 9 avril 2006 où il interprétera l’intégrale des Sonates pour piano permettra d’en prendre la mesure. On pourra y percevoir l’influence naissante de la symbolique et des valeurs maçonniques dans l’œuvre de Mozart et leur évolution grandissante. En effet, ces références dans le piano du jeune Mozart relèvent plus de la citation cachée de la musique de certains Frères qu’il admirait : entre autres Jean-Chrétien Bach dans la Sonate en Si bémol Majeur, Beethoven dans la Sonate en ut mineur, parente de la Pathétique, sans oublier Haydn lui-même... Mais réduire ces vingt quatre perles de l’œuvre pour clavier de Mozart à de simples « citations musicales » serait une injure. Mozart y témoigne de son infatigable capacité de travail, de son sens de l’improvisation, de l’invention même et de sa recherche de perfection : valeurs essentielles prônées par la franc-maçonnerie.

Le 4 mars 1785 Mozart assiste à une cérémonie à la loge Zur Wahren Eintracht (La Véritable Concorde) : son ami surnommé « Papa », Joseph Haydn, est initié. Il lui dédie six quatuors à cordes dont le Quatuor Les Dissonances fini le 14 janvier 1785 : Mozart y utilise la tonalité d’Ut Majeur, « perfection » musicale. Le premier mouvement offre un violent contraste entre les ténèbres de l’Adagio d’introduction, en Ut mineur et le lumineux Allegro qui suit en Ut Majeur, évoquant le passage de l’état d’impétrant à celui d’initié. Troublant symbolisme anti-musical au point que des théoriciens bien attentionnés cherchèrent à corriger ces âpres dissonances, ces frottements de secondes...

Nous pourrons entendre, interprétés par le Quatuor Parisii et le pianiste qu’il invitera à cette occasion les Quatuors avec piano composés à partir de la fin 1785 : il s’agit bien là pour Mozart de se confronter à une nouvelle problématique, une « Architecture musicale » dont il est le véritable pionnier, visionnaire d’une future ère romantique où le piano atteint son apogée. Mozart y allie, selon les Massin* : « la fusion du Quatuor et du Concerto ». Deux genres musicaux qu’il a amenés alors à leur perfection. Les Quatuors avec piano réalisent parfaitement la synthèse de ces deux mondes symboliquement opposés, celui du dialogue concertant et celui de l’introspection la plus concentrée.

Achevé le 10 février 1785, le Concerto pour piano n° 20 K 466 qui sera interprété à l’Opéra Théâtre par Michaël Rudy est largement influencé par la pensée maçonnique. Il est depuis longtemps le plus joué et le plus connu. On y retrouve dans les toutes premières notes de l’introduction d’orchestre les prémices du premier air de la Reine de la Nuit dans La Flûte enchantée. Ce Concerto est fortement inspiré d’une atmosphère brumeuse qui se dissipe peu à peu tout au long de l’œuvre, sans relâcher la tension, avant un demi apaisement final : les ultimes mesures, pleines d’allégresse, dissipent les brouillards des ténèbres pour laisser place à la Lumière... Dans cette œuvre Mozart semble s’interroger sur la nécessité d’un perpétuel questionnement sur le sens de la Vie.

Mais le Mozart franc-maçon est révélé au grand public quelques années après. En mars 1791, Schikaneder propose un projet : un singspiel basé sur l’histoire féerique appelée Lulu, ou La Flûte enchantée. Emmanuel Schikaneder est acteur, impresario et franc-maçon. L’ouvrage dépeint une allégorie faiblement déguisée de la franc-maçonnerie. La fraternité de Sarastro est

* in Mozart (Ed. Fayard)

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similaire à une loge maçonnique incluant les cérémonials pseudo-égyptiens. Dans les airs de Sarastro et les chœurs de la fraternité, on y retrouve le ton solennel de la musique maçonnique, selon George Bernard Shaw, les airs de Sarastro sont la seule vraie musique écrite qui soit acceptable pour la voix du « Grand Architecte de l’Univers ». Alors que les chœurs chantent la renaissance de la sagesse, on entend les premiers accords majestueux de la nouvelle ère pour l’humanité, l’aurore du siècle des lumières et de la démocratie. Dans La Flûte enchantée, la musique de Mozart a capté, pour toujours, la grandeur d’âme de ce rêve.

L’Opéra Théâtre de Besançon proposera d’entendre La Flûte enchantée dans une nouvelle production du 14 au 21 mars 2006.

On peut également trouver dans l’œuvre de Mozart, une certaine vision sur la place de la femme dans la société de cette fin du XVIIIe siècle. Ainsi, le livret de La Flûte enchantée paraît teinté d’une certaine dose d’anti-féminisme : le principal péché de la Reine, semble-t-il, est de mettre en doute l’autorité des hommes. Dans Cosi fan tutte, (ainsi font-elles toutes), œuvre antérieure d’une année, la femme a une place guère plus favorable, mais il ne faut pas s’arrêter à une lecture du texte au premier degré. En effet, dans l’œuvre de Mozart, sous des aspects discrètement bouffons, la femme prend une place majeure dans la conduite de l’Histoire et ne cesse d’accompagner les hommes vers leur quête de perfection.

Cette place équivoque de la femme dans l’œuvre de Mozart sera évoquée par une version historique de Cosi fan tutte sous la direction musicale d’Arthur Schoonderwoerd qui sera donnée à la date anniversaire de la naissance du compositeur, le 27 janvier et représentée également les 26 et 29 janvier 2006

Nous ne pouvions évoquer les compositeurs franc-maçons sans oublier « papa Haydn », qui sera présent à travers son opéra Il mondo della luna, programmé le 7 janvier. Haydn qui renonça finalement à contre-cœur à la franc-maçonnerie spéculative quelques années après son initiation pour ses profondes convictions religieuses.

Comment évoquer le symbolisme, entre autre celui des nombres dans la musique, sans faire parler Bach ? S’il ne fut sans doute pas initié à la franc-maçonnerie, la profondeur de son œuvre n’est certainement pas étrangère aux valeurs défendues par celle-ci, le violoniste Dmitri Martin en fera la preuve en mars à l’Opéra Théâtre pour une intégrale des œuvres de Bach pour violon seul et Evgueni Koroliov avec les Variations Golberg au piano.

Sans dévoiler tous les mystères de la programmation de l’Opéra Théâtre, l’ensemble de la saison 2005-06 sera régulièrement ponctuée de spectacles qui créeront un chemin naturel entre le « parvis » du Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie : la Place de la Révolution rénovée et les colonnes de l’Opéra Théâtre de Besançon.

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Parcours franco-suisse

La Chaux de Fonds : Les Grades de la Franc-maçonnerie Jusqu’au 20 novembre 2005

Cette année, « le Chapitre de La Fidélité en la Vallée » de La Chaux-de-Fonds, qui réunit les Hauts Grades des cantons de Neuchâtel et du Jura, du Jura bernois et de Bienne, célèbre son centième anniversaire. Ce Chapitre se réunit dans le Temple de la loge « L’Amitié », située à proximité du Musée d’histoire. C’est de ces relations de bon voisinage qu’est né le projet de collaboration pour l’exposition Les Grades de la Franc-maçonnerie. L’origine des Hauts Grades de la Franc-maçonnerie remonte à une époque bien antérieure à la naissance officielle de la Maçonnerie spéculative anglaise de 1717. Le germe en fut le grade de Maître, que les Maçons d’Ecosse conféraient avec un rituel particulier, alors que les Anglais ne pratiquaient plus, dans une forme réduite, que les deux grades d’apprenti et de compagnon. Ces Maçons d’Ecosse sont issus en partie de loges médiévales de tailleurs de pierre transformées en ordres de chevalerie. Certains auteurs y voient même une filiation templière probable car bon nombre de Templiers français ont fuit, après la condamnation de l’Ordre et sa destruction en 1314, vers l’Espagne, le Portugal et l’Ecosse, où ils ne risquaient pas d’être inquiétés. Ce premier rituel a donné lieu à divers rites dont les plus répandus sont le Rite Ecossais Ancien et Accepté, le Rite Ecossais Rectifié, le Rite Français, le Rite Suédois, le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm et divers Rites anglo-saxons. Ouvert du mardi au dimanche : 10 h – 17 h Entrée payante, réductions pour étudiants, apprentis, retraités, chômeurs et groupes Gratuit pour les enfants de moins de 16 ans. Dimanche gratuit pour tous de 10 h à 13 h Visites commentées sur demande

Rue des Musées 31 - CH-2300 La Chaux-de-Fonds Tél. +41 (0)32 913 50 10 - Fax. +41 (0) 32 722 07 62 [email protected]

Porrentruy : La Tolérance ou la Franc-maçonnerie Du 10 septembre au 20 novembre 2005

A l’occasion du 125e anniversaire de la loge « La Tolérance » à Porrentruy, le musée de l’Hôtel Dieu propose une exposition sur l’histoire de la Franc-maçonnerie en Suisse et plus particulièrement dans le Jura avec Porrentruy et Saint-Imier. L’exposition s’appuie également sur les loges de Genève, Bienne, Lucerne ou encore Zurich. Origine historique de la Franc-maçonnerie, rituels et symboles, règles maçonniques, constitution des loges sont autant de thèmes abordés dans l’exposition. Au delà du point de vue historique, le visiteur est invité à plonger dans l’univers de la Franc-maçonnerie : reconstitution d’un temple et d’un Cabinet de réflexion, épées, tenues rituelliques, décors, vaisselles... Les objets et documents présentés proviennent en grande partie de la loge « La Tolérance ». Ouvert du mardi au dimanche de 14h à 17h. Visites guidées avec des membres de la loge « La tolérance » Samedi 24 septembre et dimanche 30 octobre à 15h Musée de l’Hôtel de Dieu Grand-Rue 5 - CH – 2900 PORRENTRUY Tél. 032 466 72 72 - Fax 032 466 72 02 [email protected] ; www.museehoteldieu.ch

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Informations pratiques

Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie 1, place de la Révolution 25000 Besançon Tél. : 03 81 87 80 49 Fax : 03 81 87 80 64 Site internet : http://www.besancon.fr e-mail : [email protected] Ouvert tous les jours de 9h30 à 12h et de 14h à 18h sauf le mardi. Le week-end : de 9h30 à 18h Nocturne le premier jeudi de chaque mois jusqu’à 20h Fermé les 1er novembre, 25 décembre et 1er janvier Prix d’entrée : Plein tarif : 5 € Tarif réduit : 2,50 € (personnes de plus de 60 ans, Amis des Musées hors Besançon, habitants des villes jumelées, COS Ville de Besançon, carte Cezam / Fracas) Entrée gratuite pour les moins de 18 ans, groupes scolaires et leurs accompagnateurs, et sur présentation de leur carte pour les étudiants, les demandeurs d’emplois, les bénéficiaires du RMI et RMA, les handicapés et accompagnateurs, les Amis des Musées et Bibliothèques de Besançon, les membres de l’ICOM, les journalistes, et les familles nombreuses. Entrée gratuite pour tous le dimanche et les jours fériés. Visite du dimanche après-midi gratuite. Tarif réduit pour tous le samedi et pour les visiteurs arrivés une heure avant la fermeture. Billet valable au Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie et au Musée du Temps). Animations : visites guidées, animations et ateliers au tarif unique d’1,50 € en plus du billet d’entrée (par musée). Entrée et animation gratuite pour les classes maternelles. Accueil des groupes adultes : sur rendez-vous. Renseignements et réservations auprès de l’Office du Tourisme, tél. : 0 820 32 07 82 Plans inclinés (rampes d’accès) permettant la visite en fauteuil roulant.

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Illustrations disponibles

1. L’homme physique, l’homme moral et l’homme intellectuel, Jean-Baptiste Regnault (1754-1829). Huile sur toile. Musée des Beaux-Arts de Brest. ©musée des Beaux-Arts de Brest 2. L’Oeil théâtre, l’architecture considérée sous le rapport de l’art, des moeurs et de la législation, Claude Nicolas Ledoux (1736-1806). Gravure. ©bibliothèque d’étude et de conservation de Besançon, photo M.H. Ménie 3. Les frères Montgolfier, Jean Antoine Houdon (1741-1828). Bronze doré dans un cadre rouge. Musée de l’air et de l’espace, Le Bourget. Paris ©musée de l’air et de l’espace, Le Bourget. Paris

4. Projet d’un monument commémoratif de la mort de Mme de Lacoré, Luc Breton (1731-1800) Terre cuite ©musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, Besançon 5. Madame d’Arçon, Luc Breton (1731-1800). Terre cuite ©musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, Besançon 6. Portrait de Jean Gigoux, André de Miniszech. Huile sur toile ©musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, Besançon 7. Pierre Joseph Proudhon. Bourson (XIXe). Huile sur toile ©musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, Besançon