Musée départemental de la Résistance et de la Déportation

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Toute sa vie, Pierre Sémard a été un acteur essentiel de l’histoire sociale et politique de la France. Fer de lance des organisations ouvrières et politiques des années 1920 et 1930, c’est un syndicaliste depuis toujours, un socialiste puis un dirigeant communiste de premier plan. Homme de conviction, plusieurs fois emprisonné, il a été de ceux qui ne renièrent jamais leurs opinions ni leurs combats. C’est sans doute pour cela que Pierre Sémard a été érigé en figure de la lutte des cheminots pendant l’Occupation et qu’il est de-venu emblématique de leur action tant syndicale que patriotique. Mais au-delà du symbole, connaît-on vrai-ment bien son engagement, ses idées et surtout les enjeux pour lesquels le nom de Pierre Sémard reste aujourd’hui gravé dans les mémoires ?

PIERRE IZARD,

PRÉSIDENT DU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA HAUTE-GARONNE

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Un syndicaliste de la première heure

Pierre Sémard est né le 15 février 1887 à Bragny-sur-Saône (Saône-et-Loire). C’est un cheminot depuis toujours, en directe ligne de la tradition familiale.Dès 1912, il entre au secrétariat du chef de gare de Valence et devient militant syndical. À la fin des années 1910, il est le dirigeant des cheminots de la Drôme et déploie une activité militante de plus en plus intense en faveur des idées du syndicalisme révolutionnaire. Il semble alors très inspiré par la jeune révolution russe.

Son arrivée sur la scène politique nationale

1920. Il joue un rôle national lors des grandes grèves, et est révoqué pour cela.

Juin 1921. Il est élu secrétaire général de la Fédération des cheminots, forte alors de plusieurs centaines de milliers d’adhérents. C’est une période particulièrement mouvemen-tée : les syndicats refusent de reconnaître le nouveau chan-gement de majorité en faveur des révolutionnaires et quittent la Fédération. Pierre Sémard joue également un rôle de première importance dans la fondation de la CGTU (Con-fédération générale du travail unitaire), syndicat français qui refusionnera avec la CGT après la guerre.

1923. Première arrestation et première incarcération. Il s’en-gage aux côtés du Parti communiste contre l’occupation de la Ruhr. Pour cette raison, il passe quelques mois à la Santé où il écrit de nombreux articles dans La Vie Ouvrière.

1924. Sémard est élu secrétaire général du Parti commu-niste. Il occupe successivement les fonctions de membre du bureau exécutif de l’Internationale puis du bureau politique du Parti.

1935. Il est l’artisan de l’unité syndicale à travers son statut de secrétaire général de la Fédération des cheminots.

Juin 1936. Les grèves. Il fait partie de la délégation qui rencontre Léon Blum et qui signe avec lui les nombreuses avancées sociales accordées par le Front Populaire.

1938. Après la grève de novembre, Pierre Sémard est révo-qué du conseil d’administration de la SNCF pour avoir signé des tracts appelant à la grève et pour avoir participé à son déroulement.

1.Son parcours pendantl’entre-deux-guerres

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LA REVUE LA VIE OUVRIÈRE :La Vie Ouvrière, revue syndicaliste fondée en octobre 1909 par Pierre Monatte. Pierre Sémard y écrit dès 1923.

LES LOCAUX de La Vie Ouvrière.

LES GRÈVES DE 1936 :La mobilisation ouvrière(octobre 1936).(Source : archives journal L’Humanité).

LES GRÉVISTES des usines Renault à Boulogne Billancourt (juin 1936).

PROSPER MÔQUET, père de Guy Mô-quet, député du 17e arrondissement de Paris, avec les grévistes en 1936.

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AFFICHE ANNONÇANT la dissolution du Parti communiste français en août 1941.

TRACT DU PARTI COMMUNISTE distribué en zone occupée et rappe-lant les communistes fusillés.

L’HUMANITÉ, NUMÉRO SPÉCIALDE JANVIER 1942.

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Son influence politique

Sémard est une personnalité singulière et forte. Il incarne réellement la figure du cheminot de ces années d’avant-guerre : il joue un rôle essentiel dans les grèves de 1920 et pendant le Front Populaire ; il participe activement à l’entrée du syndicalisme dans la SNCF.

Son influence a été souvent sous estimée : il a pourtant contribué à l’arrivée de Thorez en politique qui reprend les orientations de Sémard. Tout au long des années 1930, sa popularité ne fait que croître notamment grâce à sa cons-tance, son sens du contact avec les militants et sa volonté d’améliorer les conditions de travail des cheminots.

Son parcours est aussi original : c’est un des rares dirigeants de l’époque à être à la fois un syndicaliste et un homme politique. Sans avoir l’ambition d’un homme d’État, il allie le combat sur le terrain, l’action collective et les initiatives politiques. Il souhaite imaginer des formes politiques et syn-dicales adaptées à la France. C’est donc un initiateur, avec plus ou moins de réussite, car on lui a beaucoup reproché ce double engagement.

1939 : incarcéré à la prison de la Santé

Malgré ses nombreuses responsabilités, Pierre Sémard s’engage dans la lutte antifasciste : il se joint entre autres à l’acheminement de l’aide matérielle pour la République espagnole de 1936 à 1939.

Avec l’entrée en guerre de la France en 1939, la vie de Pierre Sémard bascule. Il est l’un des premiers à payer sa fidélité au communisme. L’URSS et l’Allemagne ont en effet signé un pacte le 23 août 1939 mais Sémard continue malgré tout de défendre l’amitié franco-russe.

Le 16 octobre 1939, Sémard est arrêté pour ses activités politiques. On l’inculpe d’infraction au décret interdisant le Parti communiste. Sa prise de position à l’égard de l’URSS lui vaut une condamnation à trois ans de prison par le 3e tribunal militaire de Paris. De plus, des cheminots sont révoqués, licenciés, radiés, mutés ou envoyés au front en ré-ponse à la propagande anti-guerre du PCF clandestin. Malgré son emprisonnement à Bourges, Sémard continue d’avoir des contacts avec la direction clandestine de la Fédération des cheminots, et entretient une correspondance abondante avec sa femme et sa fille Yvette.

2.De l’homme politiqueau prisonnier politique(1930-1939)au prisonnier(1930-1939)au prisonnier

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AFFICHE ANNONÇANT LA DÉPOR-TATION DE 10 OTAGES cheminots communistes en représailles d’actes de résistance.

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Vers l’exécution

15 janvier 1942. Pierre Sémard est transféré de la prison de Bourges au camp d’internement de Gaillon à Étrépagny (Eure) où il est interrogé par la Gestapo.

7 mars 1942. Il est fusillé comme otage à la demande des autorités allemandes, à Évreux, sur le champ de tir. Sa femme est déportée au camp de concentration de Ravens-brück. Sa fille Yvette, d’abord internée au camp de Mérignac près de Bordeaux, réussit à rejoindre les FTP au printemps 1944 et participe avec eux aux combats de Libération.

La politique des otages

Le contexte. Le 22 juin 1940, l’armistice est signé. La France est alors divisée en deux zones : au nord, la zone occupée soumise directement aux nazis ; au sud, la zone non occupée, dirigée par le gouvernement de Pétain, qui s’installe à Vichy.

L’objectif : faire renoncer les opposants. À la suite de l’en-trevue de Montoire le 24 octobre 1940 entre Hitler et Pétain, la collaboration entre l’Allemagne et le gouvernement de Vichy entraîne les autorités françaises dans une politique de répression aux côtés et au service de l’occupant. L’adminis-tration, le pouvoir judiciaire et la police œuvrent pour l’ordre nouveau promu par la doctrine officielle nazie. Le gouver-nement de Pétain participe à une politique de répression destinée à frapper l’opinion, à démoraliser et à éliminer les résistants que la propagande officielle baptise « terroristes ».

L’été 1941 : un tournant. La répression sur le terrain prend de multiples visages. Les mesures utilisées sont d’ampleur variée selon les cibles à atteindre et selon la perception idéologique de l’ennemi à abattre. Dès l’été 1941, en zone occupée, les autorités appliquent surtout des mesures col-lectives avec des exécutions massives d’otages. En septem-bre 1941, la répression devient de plus en plus idéologique et politique : on cherche à rétablir la sécurité par la « dis-suasion ». Mais on veut surtout punir des attentats de la Résistance contre l’armée allemande : ce sont des mesures de représailles.Ces exécutions d’otages sont annoncées par des avis en langues allemande et française placardées sur les murs. Ces prises et exécutions d’otages, voulues à la fois par les autorités allemandes et le ministère de l’Intérieur français,

ont donc un caractère « officiel », « légal ». Il ne s’agit pas de massacres ou d’exactions à l’aveugle : ces pratiques sont extrêmement réfléchies. De la même façon, les noms de ceux qui sont désignés comme otages ne sont jamais choisis au hasard…

Sémard et Môquet, des otages communistes. Les com-munistes, comme les juifs d’ailleurs, sont désignés comme étant les responsables de la défaite et des actes de terroris-me. Les Allemands puisent donc d’abord parmi les commu-nistes déjà arrêtés ou internés par les Français.

Pierre Sémard fait partie de ces sacrifiés pour l’exemple. Et son cas reste très proche de celui de Guy Môquet. Fils du syndicaliste cheminot et député communiste Pros-per Môquet, Guy est arrêté en octobre 1940. Les charges retenues contre lui sont minces : un simple poème écrit à son père. Acquitté, il est malgré tout gardé en prison puis transféré à Châteaubriant. Le 20 octobre 1941, Karl Hotz, officier allemand, est assassiné à Nantes par trois jeunes résistants communistes. En représailles, Pierre Pucheu, ministre de l’Intérieur du gouvernement de Pétain, choisit 48 otages communistes pour « éviter de laisser fusiller 50 bons Français ». Guy Môquet fait bien sûr partie de cette liste et est fusillé, à 17 ans, le 22 octobre. Sa mort comme celle de Pierre Sémard répond à une logique très claire : la répression s’abat prioritairement sur les communistes cheminots, très nombreux à la SNCF (à peu près 20 % de l’effectif total). Une politique facilitée par le fichage des militants actifs par la police avant guerre mais aussi parce que cette corporation va se révéler particulièrement engagée dans la Résistance…

Des otages à fusiller

« — Voici un an, Vichy ordonnait aux Français de tuer d’autres Français en Syrie.— Et maintenant il continue à faire tuer des Français… par des Allemands cette fois.— Français, n’oublie pas que Vichy a donné aux Allemands les noms des otages à fusiller.— Les gens de Vichy ont fait verser le sang français. »

TEXTE DIFFUSÉ LE 22 MAI 1942 À LA RADIO DE LONDRESPAR LES ÉMISSIONS DE LA FRANCE LIBRE.

3.Pierre Sémard,otage fusillé

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TRACT CLANDESTIN du Mouvement Ouvrier Français distribué à Toulouse.

GUY MÔQUET interné à Châteaubriant (septembre 1941).(Source : Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne. Fonds Môquet-Saffray).

PIERRE SEMARD fusillé le 7 mars 1942.

INTERNÉS au camp de Châteaubriant.Sous la croix dessinée, Guy Môquet.

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SABOTAGE D’UNE VOIE FERRÉEEN HAUTE-GARONNE.

(Coll. Jean Carovis).

SABOTAGE DE LA VOIE FERRÉEDU PONT DE CATUS (LOT).(Coll. Musée départemental de la Résistance et de la Déportation, Toulouse).

MOT ÉCRIT PAR DES RÉSISTANTS DÉPORTÉS, JETÉ SUR LE BALLAST.Il informe notamment du départ de Sylvain Dauriac, déporté toulousain.

MOT JETÉ DEPUIS UN TRAINDE DÉPORTATION et transmispar un cheminot.

LE MESSAGE RECUEILLI est transmis aux familles avec cette lettre.

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Le chemin de fer : un enjeu de taille

Après la défaite de 1940, il faut réparer les dégâts dus aux combats et relancer l’ensemble du système. Les autorités allemandes surveillent cette remise en marche et envoient leurs propres techniciens. La SNCF tient le premier rôle face à l’absence d’autres moyens de transports et collabore avec la Reichsbahn (les chemins de fer allemands) en fournissant matériels et cheminots. Naturellement, elle devient un enjeu politique et économique de très haute importance.

La résistance cheminote

Ignorer la Résistance à la SNCF est beaucoup moins facile que dans d’autres corporations. Les cheminots sont rapide-ment amenés à choisir : résister ou refuser devant les sollici-tations de l’extérieur ou des collègues. De nombreux agents de la SNCF s’engagent dans la Résistance pour deux raisons principales. D’abord, cette communauté professionnelle se caractérise par une grande solidarité interne et certains rejoignent la lutte clandestine par pur réflexe d’hostilité. Les motivations patriotiques sont également décisives dans ce contexte : les livraisons de matériels et les transports au pro-fit de l’occupant sont difficilement acceptés. Mais, au-delà de cet aspect, l’environnement professionnel des cheminots offre, au quotidien, de nombreuses occasions d’agir. Il est moins difficile pour eux de transmettre messages, informa-tions, renseignements, courriers, journaux clandestins et de faire passer la ligne de démarcation aux agents secrets, avia-teurs alliés parachutés, prisonniers de guerre évadés, résis-tants ou juifs en fuite. Ponctuellement, certains cheminots ramassent des messages et autres petits billets, rapidement écrits sur des morceaux de papier déchirés que les déportés, juifs et résistants, jettent sur les rails. Ces cheminots expé-dient ensuite ces mots aux familles des déportés.Dès l’été 1941, les sabotages apparaissent. Matériel roulant, engins et grues de secours, installations fixes deviennent des cibles de choix. Cependant, le sabotage n’est pas

toujours le fait des cheminots. Ils ont surtout apporté leurs savoirs techniques aux autres résistants. D’autres travaillent au ralenti, ou « freinent » spontanément les rythmes de production au quotidien. Si cette forme de résistance est difficile à évaluer, elle n’en est pas moins risquée. Enfin, manifestations, grèves et débrayages se développent à partir de 1942, parallèlement aux premières réquisitions de cheminots pour le travail en Allemagne. Les occasions ne manquent pas : dates symboliques (1er mai, 14 juillet, 11 novembre), réactions face au sort des collègues ou face aux dégradations des conditions de travail dues à l’occupant.

La place des cheminots dans la Résistance

Les employés de la SNCF figurent parmi les corporations les plus représentées. On peut distinguer deux ensembles parmi eux : la résistance technicienne et militaire de certains ré-seaux (notamment celui du NAP-FER qui devient par la suite Résistance-Fer) avec les cadres de la SNCF ; la résistance communiste qui s’appuie sur les syndicats et sur le milieu ouvrier. Les cheminots paient un lourd tribut : sur près de 9 000 travailleurs du rail tués entre 1939 et 1945, entre 1 700 et 2 000 sont exécutés ou déportés.

Aux travailleurs des transports

6 heures 15Émission ouvrièreH.H. Oldenbroeck

« (…) Aux autres, maintenant, à tous les travailleurs du rail, de la route, des voies navigables, de la mer et des docks, de gonfler l’armée de partisans, de seconder de leur mieux les troupes et les aviateurs des Nations Unies. Debout, camara-des, à l’assaut ! »

TEXTE DIFFUSÉ LE 3 SEPTEMBRE 1942 À LA RADIO DE LONDRESPAR LES ÉMISSIONS DE LA FRANCE LIBRE.

4.Cheminots en résistance,une corporation en lutte

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La construction de la mémoirede la Résistance cheminote

Tous unis, tous résistants. Après 1945, la mémoire collective installe les cheminots comme un groupe social ayant unani-mement résisté. L’idée se développe d’une résistance collec-tive, née dès 1940, qui a dépassé les clivages hiérarchiques. Cette vision est construite dès l’Occupation et se trouve large-ment relayée à la Libération par de multiples cérémonies com-mémoratives. Un grand nombre de plaques est apposé dans les gares ou les rues avec le nom de cheminots résistants. L’association Résistance-Fer s’implique particulièrement dans la transmission de cette mémoire : elle monte des expositions, organise des galas de bienfaisance, fleurit les monuments aux morts et se bat pour faire décorer ses membres…

La Bataille du Rail. Ce film de René Clément est embléma-tique du climat d’unanimité autour de la Résistance che-minote et contribue à le renforcer. Sa sortie en 1946 crée l’événement : il est le « premier vrai film sur la Résistance » qui montre les sabotages de voies ferrées. Vision intempo-relle de cette forme de résistance, il incarne le besoin de la population de croire, après 1945, à une France qui s’est unie toute entière contre les nazis. Les cheminots en sont un des exemples. Le succès du film s’explique aussi par ce besoin et par cette volonté d’occulter le passé collaborationniste. La reconstruction de l’identité nationale se forge alors autour des valeurs de la Résistance.

La mémoire communiste et cégétiste

Les enjeux des mémoires. En 1945, deux mémoires tentent d’imposer leurs propres symboles au sein de la popula-tion : le Parti communiste et les partisans de De Gaulle. Les enjeux sont alors politiques et idéologiques. Pour le Parti communiste et pour la CGT, la résistance cheminote revêt une importance considérable. Avant 1939, quatre cheminots sur cinq sont syndiqués, majoritairement à la CGT unitaire (communiste). Ce sont les patriotes de base, ceux qui ont résisté sans rien attendre en retour, qui sont mis en valeur, mais aussi les victimes de la répression nazie et vichyste. C’est dans cette démarche que la figure de Pierre Sémard ressurgit et s’impose.

Sémard devenu martyr. À travers lui, le PC cherche à pan-ser les blessures générées avant et après guerre par le pacte germano-soviétique. Et il faut aussi montrer à quel point les cheminots ont payé de leur vie le combat contre l’occu-pant. Pierre Sémard, déjà connu de la population comme un symbole du syndicalisme de l’entre-deux guerres, devient un martyr après son exécution comme otage. Le personnage prend une nouvelle dimension. Ses funérailles grandioses, quasiment nationales, organisées par le PC le 10 mars 1945, accentuent son sacrifice et sa légende. On peut rapprocher la mémoire de Pierre Sémard avec celle des fusillés de Châ-teaubriant et notamment celle de Guy Môquet. L’enjeu est le même pour le Parti communiste qui se surnomme alors le « parti des 75 000 fusillés ». Là encore, il s’agit de mettre en avant le sacrifice des communistes et leur résistance intérieure face à celle organisée par le général De Gaulle depuis Londres.

Le souvenir de Pierre Sémard a été durablement entretenu dans les années d’après-guerre : un nombre considérable de rues, places, cités, gares, établissements scolaires… ont alors été baptisés de ce nom. Cette volonté politique, qui date de la Libération, marque encore aujourd’hui la géo-graphie de nos villes : si vous êtes rue, avenue, cours ou boulevard Pierre Sémard, c’est que quelle que soit la ville concernée (à quelques rares exceptions près), vous êtes à la gare ou juste à côté.

Mais, au-delà de la figure de martyr, que reste-t-il dans les mémoires de son engagement, de sa constance politique et idéologique, de la richesse de son parcours. On peut penser que la légende construite autour de son exécution a quelque peu dépassé l’homme politique et le syndicaliste qu’il était avant tout.

Aujourd’hui pourtant, le destin de Pierre Sémard nous enseigne surtout qu’il y a des causes et des combats pour lesquels renoncer n’est pas concevable. C’est pour cela que la gare routière de Toulouse retrouve symboliquement son nom de Pierre Sémard. Le Conseil général de la Haute-Ga-ronne a décidé également de rendre hommage à cet homme à travers ce document. Parce qu’au-delà de l’exemple de Pierre Sémard, ce sont ces figures d’hommes et de femmes d’action, de courage et d’engagement qui ne doivent pas être oubliées.

5.Sémard, un symbole :la mémoire reconstruite

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LES OBSÈQUES DE PIERRE SÉMARDle 10 mars 1945 à Paris au Père-Lachaise. (Coll. IHS, DR).

L’INSIGNE DE L’ASSOCIATION RÉSISTANCE FER.(Fondation de la Résistance,fonds Résistance-Fer).

LA BATAILLE DU RAIL, un film de René Clément, sorti en 1946.(SNCF CAV-DR).

QUELQUES-UNES des plaquescommémoratives au nomde Pierre Sémard.

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UN GRAND MERCIÀ LA FONDATION DE LA RÉSISTANCE

ET AU MUSÉE DE LA RÉSISTANCE NATIONALEDE CHAMPIGNY-SUR-MARNE

POUR LA MISE À DISPOSITIONDE LEURS DOCUMENTS.