MUS - 18 Septembre 2013

4
L’exception rhénane D’une remarquable longévité, le festival de musique contemporaine strasbourgeois, qui fête ses 30 ans, fait toujours la part belle aux compositeurs du XX e siècle, sans oublier la jeune génération Festival Musica du 20 septembre au 5 octobre 2013 S eptembre 1983 : un train effectue pendant deux jours des arrêts très remarqués dans certains villages d’Alsace. Disposés sur un wagon découvert, des percussionnistes offrent une aubade futuriste aux habitants ébahis : de la musique d’Edgard Varè- se et de ses « héritiers ». Deux ans plus tard, une boîte de nuit de Strasbourg – Le Loft – est le théâ- tre d’une création mondiale pour clarinette bas- se. Armand Angster y interprète Itou, solo de Pas- cal Dusapin, devant un parterre de noctambu- les, momentanément privés de danse. Dans les deux cas – surprise ferroviaire et « squat » de dis- cothèque – le festival Musica apparaît dans des lieux où on ne l’attend pas. « Si tu ne vas pas à la musique contemporaine, la musique contemporaine ira à toi » : telle pour- rait être alors la devise de Laurent Bayle, concep- teur et premier directeur de la manifestation voulue par le ministère de la culture. Désireux de voir la musique contemporaine atteindre un large public, Maurice Fleuret (directeur de la musique nommé par Jack Lang en 1981 et inven- teur de la Fête de la musique) envisage d’emblée deux implantations en province ; l’une à Angers (sous l’impulsion du compositeur Roger Tes- sier), l’autre à Strasbourg, confiée à Laurent Bay- le (alors à peine âgé de 32 ans). Ce dernier a fait ses armes – et ses preuves – comme administrateur de l’Atelier lyrique du Rhin, à Colmar, entre 1978 et 1982. « J’ai proposé à Maurice Fleuret », se rappelle l’actuel directeur général de la Cité de la musique et de la Salle Pleyel à Paris, « de sortir de la structure d’un festi- val de quelques jours replié sur les professionnels, de l’éclater sur un minimum de trois semaines et d’investir la ville à la fois dans des sites institution- nels, tels que l’Opéra ou le Palais des congrès, et dans des lieux insolites, comme une centrale élec- trique sur le point de fermer. » Ancrage régional Pour rompre avec le modèle du « forum pro- fessionnel», qui caractérisait selon lui les rendez- vous de Royan, de La Rochelle et de Metz, ainsi que leur équivalent allemand de Donaueschin- gen, Laurent Bayle s’attelle à créer un véritable ancrage dans la région et met à contribution des interprètes du cru (Percussions de Strasbourg, ensemble Accroche Note). En outre, au lieu de miser exclusivement sur les œuvres données en première audition, com- me c’était le cas dans les festivals spécialisés, il articule la programmation strasbourgeoise autour de trois principes : honorer les grands visionnaires du XX e siècle (Varèse, en 1983), poser les principaux jalons du répertoire consti- tué après 1945 (Xenakis, Stockhausen, Berio) et faire entendre la jeune génération (Dusapin, Aperghis, Monnet). Création d’un festival plutôt que festival de créations… pourrait-on dire avec le recul. Strasbourg ne sera ni Royan ni La Rochelle et durera bien plus longtemps qu’Angers. Ville idéale pour accueillir la nouveauté ? « On n’y ren- contre pas d’antagonisme profond », assure Lau- rent Bayle pour expliquer le succès de la manifes- tation. Georges Aperghis l’a constaté aussi quand il était en résidence au conservatoire : la musique contemporaineintéresse autant le pro- fane que l’étudiant en composition. Quant à Pas- cal Dusapin (qui a grandi dans la région), il expli- que cette attirance viscérale pour la musique (rare dans l’Hexagone, mais répandue dans les contrées germaniques) par le fait que l’Alsace est « un pays français de tradition allemande ». Si, en 1983, l’axe Strasbourg-Rome avait été retenu à l’occasion d’un partenariat (finalement limité et sans lendemain) avec un festival organisé à la Vil- la Médicis, trente ans plus tard, Musica poursuit allègrement son périple sur les rails aux multi- ples aiguillages de la création contemporaine. La longévité du Festival international des musiques d’aujourd’hui de Strasbourg vient peut-être aussi de la remarquable continuité qui a régné au plus haut niveau de sa direction. Lau- rent Bayle, qui s’est retiré après l’édition de 1986, a eu comme successeur son adjoint, Laurent Spielmann. Jean-Dominique Marco, qui a contri- bué, en 1982, à la définition des statuts de l’asso- ciation à l’origine de Musica, a été nommé à la suite de Laurent Spielmann et il est secondé (depuis 2005) par Antoine Gindt… l’ancien assis- tant de Spielmann. A l’actif de Jean-Dominique Marco, en poste depuis 1990, une mise en valeur assidue de la génération née dans les années 1950, une relation étroite avec le conservatoire et une ouverture aux musiques actuelles. Sans oublier la volonté de promouvoir des spectacles atypiques, à l’instar de La Nuit de Gutenberg, l’opéra de Philippe Manoury créé en 2011. Exilé volontaire aux Etats-Unis de 2004 à 2012, le compositeur est rentré au pays et ensei- gne désormais au conservatoire de Strasbourg. Un point supplémentaire à mettre au crédit de Musica. p Pierre Gervasoni « Consequenza », hommage à Luciano Berio, avec la soprano Alexandra Moura, à Strasbourg, en 2006 au festival Musica. PHILIPPE STIRNWEISS 0123 Cahier du « Monde » N˚ 21357 daté mercredi 18 septembre 2013 - Ne peut être vendu séparément

description

Hans te fait partir

Transcript of MUS - 18 Septembre 2013

Page 1: MUS - 18 Septembre 2013

L’exception rhénaneD’uneremarquablelongévité, lefestivaldemusiquecontemporainestrasbourgeois,quifêteses30ans,

faittoujourslapartbelleauxcompositeursduXXesiècle,sansoublier la jeunegénération

FestivalMusicadu20septembreau5octobre2013

Septembre1983 : un train effectuependant deux jours des arrêts trèsremarqués dans certains villagesd’Alsace. Disposés sur un wagondécouvert, des percussionnistesoffrent une aubade futuriste aux

habitants ébahis: de lamusique d’Edgard Varè-se et de ses «héritiers». Deux ans plus tard, uneboîtedenuitdeStrasbourg–LeLoft–est le théâ-tred’unecréationmondialepour clarinettebas-se.ArmandAngsteryinterprète Itou, solodePas-cal Dusapin, devant un parterre de noctambu-les, momentanément privés de danse. Dans lesdeuxcas–surpriseferroviaireet«squat»dedis-cothèque – le festivalMusica apparaît dans deslieuxoùonne l’attendpas.

«Situnevaspasàlamusiquecontemporaine,lamusiquecontemporaineiraàtoi»: tellepour-raitêtrealors ladevisedeLaurentBayle, concep-teur et premier directeur de la manifestationvoulue par le ministère de la culture. Désireuxdevoir lamusiquecontemporaineatteindreunlarge public, Maurice Fleuret (directeur de lamusiquenommépar JackLangen 1981et inven-teurde laFêtede lamusique)envisaged’embléedeuximplantationsenprovince; l’uneàAngers(sous l’impulsion du compositeur Roger Tes-

sier), l’autre à Strasbourg, confiéeà LaurentBay-le (alors àpeineâgéde32ans).

Ce dernier a fait ses armes – et ses preuves –comme administrateur de l’Atelier lyrique duRhin,àColmar,entre1978et1982.«J’aiproposéàMaurice Fleuret», se rappelle l’actuel directeurgénéral de la Cité de la musique et de la SallePleyelàParis,«desortirde la structured’unfesti-valdequelques jours replié sur lesprofessionnels,de l’éclater surunminimumde trois semaines etd’investirlavilleàlafoisdansdessitesinstitution-nels, tels que l’Opéra ou le Palais des congrès, etdansdes lieuxinsolites, commeunecentraleélec-trique sur le pointde fermer.»

Ancrage régionalPour rompre avec lemodèle du «forum pro-

fessionnel»,quicaractérisaitselonluilesrendez-vous de Royan, de LaRochelle et de Metz, ainsique leur équivalent allemand de Donaueschin-gen, Laurent Bayle s’attelle à créer un véritableancragedans la régionetmetà contributiondesinterprètes du cru (Percussions de Strasbourg,ensembleAccrocheNote).

En outre, au lieu demiser exclusivement surlesœuvresdonnées enpremière audition, com-me c’était le cas dans les festivals spécialisés, il

articule la programmation strasbourgeoiseautour de trois principes: honorer les grandsvisionnaires du XXe siècle (Varèse, en 1983),poser lesprincipauxjalonsdurépertoireconsti-tué après 1945 (Xenakis, Stockhausen, Berio) etfaire entendre la jeune génération (Dusapin,Aperghis,Monnet).Créationd’unfestivalplutôtque festival de créations… pourrait-ondire avecle recul.

Strasbourg ne sera ni Royan ni LaRochelle etdurera bien plus longtemps qu’Angers. Villeidéalepouraccueillirlanouveauté?«Onn’yren-contrepasd’antagonismeprofond»,assureLau-rentBaylepourexpliquerlesuccèsdelamanifes-tation. Georges Aperghis l’a constaté aussiquand il était en résidence au conservatoire: lamusiquecontemporaineintéresseautantlepro-fanequel’étudiantencomposition.QuantàPas-calDusapin(quiagrandidans larégion), il expli-que cette attirance viscérale pour la musique(rare dans l’Hexagone, mais répandue dans lescontréesgermaniques)parlefaitquel’Alsaceest«unpaysfrançaisdetraditionallemande».Si,en1983, l’axe Strasbourg-Rome avait été retenu àl’occasiond’unpartenariat (finalementlimitéetsanslendemain)avecunfestivalorganiséàlaVil-laMédicis, trenteansplus tard,Musicapoursuit

allègrement son périple sur les rails auxmulti-plesaiguillagesde la créationcontemporaine.

La longévité du Festival international desmusiques d’aujourd’hui de Strasbourg vientpeut-êtreaussidelaremarquablecontinuitéquia régnéauplushautniveaude sadirection.Lau-rentBayle,quis’estretiréaprèsl’éditionde1986,a eu comme successeur son adjoint, LaurentSpielmann.Jean-DominiqueMarco,quiacontri-bué, en 1982, à la définitiondes statutsde l’asso-ciation à l’origine de Musica, a été nommé à lasuite de Laurent Spielmann et il est secondé(depuis2005)parAntoineGindt… l’ancienassis-tant de Spielmann. A l’actif de Jean-DominiqueMarco,enpostedepuis1990,unemiseenvaleurassidue de la génération née dans les années1950, une relation étroite avec le conservatoireetuneouvertureauxmusiquesactuelles.

Sans oublier la volonté de promouvoir desspectacles atypiques, à l’instar de La Nuit deGutenberg, l’opéra dePhilippeManoury créé en2011. Exilé volontaire aux Etats-Unis de 2004 à2012, le compositeur est rentré au pays et ensei-gne désormais au conservatoire de Strasbourg.Un point supplémentaire àmettre au crédit deMusica.p

PierreGervasoni

«Consequenza», hommage à LucianoBerio, avec la sopranoAlexandraMoura, à Strasbourg, en 2006

au festivalMusica.PHILIPPE STIRNWEISS

0123

Cahier du «Monde »N˚ 21357 datémercredi 18 septembre2013 - Nepeut être vendu séparément

Page 2: MUS - 18 Septembre 2013

musica

«Lamusiquenedoit pas être lemiroirde l’image,mais sonalter ego»

e n t r e t i e n InitiéàlamusiqueconcrèteparPierreSchaeffer, levidéasteRobertCahenconstruituneœuvreenformed’interrogationpoétiquesurletemps, les imageset lamatièresonore

Pionnierdel’artvidéoenFran-ce, Robert Cahen est depuistrenteansune figuremajeu-rede la scène internationale.A 68 ans, cemusicien de for-mation, élève de Pierre

SchaefferauConservatoiredeParisenclas-sedecompositionélectroacoustique,aéla-boré uneœuvre poétique et exigeante oùlamusiqueet l’image jouent le jeudes cor-respondancesbaudelairiennes.Enpréfigu-ration de l’exposition «Entrevoir» qui luisera consacrée auMusée d’artmoderne etcontemporain de Strasbourg (du 15marsau 11mai 2014), le FestivalMusica a imagi-né d’insérer des vidéos de Robert Cahendans le déroulé de cinq concerts, et de pro-poser une installation retraçant ses rela-tionsavecla figureemblématiqueducom-positeurPierre Boulez.Pour la première fois, votre travail devidéaste sera intégré auprocessusvivantd’un concert. Qu’attendez-vousde cette confrontation?

Introduire une partition d’images auseindu concert «classique» relève de l’ex-périmental. Cela me rend très curieux durésultat. Demon côté, j’ai confié au direc-teurdu festival, Jean-DominiqueMarco, lecoffret rétrospectif de mes œuvres, paruchez Ecart Production en 2011. Luim’a faitparvenir le corpus des œuvres musicalesau sein desquelles mon travail allait êtreintégré. J’ai suggéré quelques titres aux-quels je tenais, comme Sanaa, passages ennoir, qui utilise le débutde laPassion selonSaint Jean, de Bach.Vous avez toujours été particulière-ment sensible au son et à l’image. Celavient-il de votre enfance?

J’ai été bercépar lamusiquequ’écoutaitmonpère (il rêvaitd’être chefd’orchestre).Il avait fondé après la guerre l’un des pre-miers ciné-clubs de France, à Mulhouse.Très jeune, j’ai vu Eisenstein, Autant-Lara,Renoir, Fellini… William Wyler, qui étaitson ami d’enfance, venait nous parler deBen-Hur qu’il tournait à Rome! Pour mapart, j’aipratiquéjusqu’àl’âgeadultelepia-no et l’orgue. Mais c’est en suivant lescours de musique concrète de PierreSchaeffer quemon désir s’est orienté versla vidéo.Que vous a appris l’enseignement dePierre Schaeffer?

Jesuisentréà24anscommestagiaireauGroupe de recherchesmusicales (GRM). Ily avait desmusiciens, des ethnomusicolo-gues,despsychiatres,dessociologues…J’aicôtoyé Robert Cohen-Solal, qui composaitla musique des Shadocks, de JacquesRouxel, Bernard Parmegiani, et surtoutMichelChion, avec qui j’ai beaucoupcolla-borépar la suite. J’allais écouterCage, Stoc-khausen,lesmusiquesdeBali,de l’îleMau-rice… Je me souviens des «concerts cou-chés» de Pierre Henry ! Puis je suis passéau GRI (Groupe de recherche de l’image).C’est làque,aprèsm’êtreessayéauxproto-types, j’ai proposé ma première vidéo.J’avais eu l’idée de transposer à l’image lestechniques de la musique concrète (colla-ge,montage,mixage,etc.)defaçonàluifai-re raconter autre chose.Compositeur, vous étiez aussi le pour-voyeur de sons de vos propres images…

Chezmoi, tout a toujours d’abordmar-ché à l’intuition. J’étais jeune, libre, heu-reux de travailler et de chercher, de fairedes essais – les fameuses «trouvailles» de

Pierre Schaeffer, qui avait fait sienne laphrase de Picasso, « Je trouve d’abord, jecherche ensuite!»Tout aurait dû vous tenir éloigné dePierre Boulez, qui détestait lamusiqueélectroacoustique.Vous avez pourtanttravaillé sur «Répons» en 1985…

Nous nous sommes rencontrés pour lapremière fois à l’Ircam [Institut de recher-che et coordination acoustique/musique]pour le tournagedu filmd’HugoSantiago,Ecoutevoir : jejouaismonrôledecomposi-teur aux côtés de Catherine Deneuve etSami Frey. Des années plus tard, j’ai étécontacté pour participer au prototyped’une émission demusique contemporai-ne à la télévision. L’œuvre choisie étaitRépons. J’ai écouté la musique, qui m’aplue au point d’aller l’entendre en concertà Bâle. J’ai alors proposé une note d’inten-tion qui indiquait l’emploi d’images addi-tionnelles ne faisant pas partie du filmagedes artistes. Boulez a semblé satisfait.L’œuvreaétéjouéepourses60ans,auCen-tre Georges-Pompidou, avant d’être diffu-sée le 8mars 1986 sur FR3, en stéréo avecFranceMusique.Votre collaborationne s’est d’ailleurspas arrêtée là…

Non. Je l’ai revu pour ses 80 ans au Lou-vre, et je lui ai demandé si je pouvais réali-ser un travail à partir de sa direction d’or-chestre. Il a accepté. En 2011, l’installationvidéoLeMaîtredutemps-PierreBoulezdiri-ge«Mémoriale» luiaétéprésentéeàl’occa-sionde ses 86 ans.Et votre rapport à lamusique classique?

J’ai mis quarante ans avant d’oser utili-ser la musique de Bach sur mes images.Une bande sonore doit dégager une force

aussi grande que celle de l’image. Elle nedoitpasêtresonmiroir,maissonalterego.Ensemble, elles construisent une troisiè-me force.Apartir de 1997, vous avez aussi réalisédes installations vidéo. Qu’est-ce quecela vous a apporté?

Lavidéoconserve la relationfrontaleducinéma.Dans l’installation, il y a unemiseen espace de l’image et une participationactive du spectateur. Celam’a permis d’al-ler au-delà de la narration, vers des chosestrès profondes en moi, qui me tourmen-taient et que j’ai ainsi pu exprimer.Ces choses – le souvenir, la disparition,l’entraperçu– sont-elles des antidotesaupassagedu temps?

Mon travail n’est pas un combat contrelamort.Maisplutôtunefaçond’aborderetde traduire une certaine appréhension dumonde. Mon souhait profond est de ren-contrer les autres. Mais je suis souventdépassépar la significationdemonpropretravail.L’art vidéo a dû trouver sa place entre lecinéma et la photo. Aujourd’hui, il aenvahi notremonde…

Nous, vidéastes, n’étions appréciés nipar les tenantsducinémaexpérimentalnipar les photographes. Mais les années1990 ont permis un brassage. Il existedésormais une histoire de l’art vidéo.L’image, certes, estaujourd’huigalvaudée,elleaperdudesonpouvoir. Tout lemondeprend des photos, fait de la vidéo. Mais le«voir» n’est pas donné, il requiert un dis-cernement de l’œil. Le temps décidera dece et de ceuxqui restent.p

Proposrecueillis parMarie-AudeRoux

Robert Cahen.DR

Né à Pise en 1973, Fran-cesco Filidei a tout del’homme de qualitédans la catégorie «com-

positeurcontemporain».Sonitiné-raire de formation est semblable àceluidesfersdelanceeuropéensdesa génération. Débuts sur le solnatal(orgueetécritureauconserva-toire de Florence), prolongementdesétudesà l’étranger (mêmesdis-ciplinesauConservatoiredeParis),puis perfectionnement à Royau-mont (session «Voix nouvelles»)et à l’Ircam (cursusd’informatique

musicale).Ilvoleensuitedesespro-pres ailes, autantque sur celles desavions, pour une résidence à Stut-tgart (Académie Schloss Solitude,en 2006), à Madrid (Casa Velas-quez, en 2007) et à Rome (VillaMédicis, en 2012) ou pour ensei-gner d’est en ouest – AcadémieTakefu, au Japon, Université d’Io-wa, auxEtats-Unis.

Ce globe-trotter de la musiquenouvellehabite Parismais, pour lejoindredébutseptembre,ilfautfai-re le numéro de téléphone d’unhôtel d’Hiroshima. Là, entre deux

cours à Takefu, Francesco Filideilève le voile sur sa prochaine créa-tion, unepièce pourpiano et quin-ze instruments, que l’ensemblestrasbourgeois Linea donnera le4octobre dans le cadre de Musica.Sontitre,Ballatan˚3,évoquelabal-lade «au sens romantique» quiconsiste à arpenter différentespis-tesau seind'une formefixe, à l’ins-tar des deux premières Ballata etduconcertopourvioloncelle (Ognigesto d’Amore) – programmé àMusica le 27septembre. Le nouvelopus se fonde sur le déploiement

d’une gamme chromatique ascen-dante dont chaque note ouvre sur«un état émotif particulier». Il enrésulte une douzaine de sectionsaux «couleurs» différenciées quele compositeur investit avec unecontrainte (le parcours balisé parles douze degrés de la gamme)assezminime,celled’unedirectionà suivre de loin en loin tout en gar-dant sa liberté de mouvement.FrancescoFilideiemploieàdesseinle terme de «couleurs», car il estsensibleàlasynesthésie,mais«pascomme Messiaen», s’empresse-t-il

d’ajouter, sans préciser davantagesa manière d’associer teintes etsons. Un autre nomvient à l’espritquandon évoque l’aspect bruitisteetminimalistedesesœuvres.«Sal-vatore Sciarrino, certes, mais j’ensuis revenu», réplique l'auteurd'une Ballata n˚3 à entendre dansla descendance de…Vivaldi. «Etmême de Verdi», renchérit celuiquipenses’exprimeraveclamêmeéconomiedemoyensquesesaînésdes XVIIIe et XIXe siècles. Au pro-gramme de l’ensemble Linea figu-reunautreItalien,FaustoRomitelli

(1963-2004), qui pourrait complé-ter ce panorama de créateursenclins à s'exprimer à partir d’élé-ments «basiques». Le concert per-mettra aussi d’entendre Toccata,solodepianoécriten1995parFran-cescoFilidei,alorsqu’ils'interdisaittoute référence à la couleur. «Avecla Ballata n˚3, je mets fin à un longcarême», confie le musicien, dontle festival rhénan devrait démon-trer qu’il est bel et bien transalpin,en dépit de son curriculum vitaecosmopolite.p

PierreGervasoni

Extraitsde «Sept visions fugitives» (1995) et, à droite, de «L’Entr’aperçu» (1980)deRobert Cahen.ROBERT CAHEN

FindecarêmepourFrancescoFilideiLecompositeuritalienromptavecl’ascétismeets’abandonneàsonpenchantnaturelpourlacouleur,

manisfestedanssatroisième«Ballata»

II 0123Mercredi 18 septembre 2013

Page 3: MUS - 18 Septembre 2013

musica

L’oreilleenapesanteurPourlapremièrefois,MusicarendhommageàPierreHenryetproposedeuxsessionsde«concertssouscasque»,

dans lagrandetraditionde lamusiqueélectroacoustique

Stendhal décriant le tapagedu public d’opéra en Italie,Mozartseplaignanten1778d’un concert parisien en

plein courant d’air, Liszt apostro-phant le bavard tsar Nicolas lorsd’une tournée enRussie?N’était lerituel compassé de nos salles deconcerts transformées en égliseslaïques, l’écoute de lamusique n’ariend’une scienceexacte.

Dès le début des années 1950,l’avènement de la musique élec-troacoustique change les règles dujeu, obligeant les compositeurs àrepenser l’espace et l’écoute. L’undes pionniers de cette révolutionestaujourd’huiunpatriarcheàbar-be blanche, dont toutes les musi-ques – du rock à l’électro – se récla-ment : Pierre Henry, 85 ans, auraattendu trente ans pour se voirconsacré à Musica. Le 26septem-bre,ildonneradeuxcréationsmon-dialesenformederemix,laTourde

Babel de 1998, version 2013, et lafameuseMesse pour le temps pré-sent de 1967 revisitée en FantaisieMessepour le tempsprésent.

Pierre Henry a toujours été auxavant-postes. Le premier concertspatialisé à Paris en 1951, c’est lui.Dès 1967, le «grand-père de latechno» (qui n’est alors que «pèrede lamusiqueconcrète») invitesonpublicàunconcertcouchéaufesti-valSigmadeBordeaux.L’annéesui-vante, à un concert-marathon devingt-six heures au Théâtre de laMusique,boulevarddeSébastopol.

Bientôt, des milliers de person-nes se pressent à ses concertsgéants et psychédéliques. Mai68est passé par là. L’écoute (commel’amour) est désormais sujette àdespositionsdéviées,voiredévian-tes. Xenakis (1922-2001) a dissémi-nédès1966les90musiciensdeTer-retektorh au milieu du public,requis pas moins de 800 haut-

parleurs pour Hibiki-Hana-Ma àl’Exposition universelle d’Hosakaen 1970, atteignant au cosmiqueavec le Polytopede Cluny, qui asso-cie en 1972 architecture (les ther-mes romains), lumière (600 flashsélectroniqueset lasers) etmusique(unebandehuitpistes).

La technologie favorise laméga-lomanie: Stockhausen (1928-2007)disjoncteraauFestivaldeHollandeen1995avecHelikopterStreichquar-tett, un quatuor à cordes répartidans quatre hélicoptères transfor-més en studios volants, dont lepublic suit l’évolution sur desmoniteurs. Pierre Henry quant àlui, précurseur encore et toujours,alternegrandsraoutspopulairesetconcerts dans sa propre maison.«Les gens faisaient connaissanceavec mon univers, se promenaientdans les pièces où étaient installéesdes enceintes (…), certains étaientcouchés surmon lit»,dira-t-il.

Cesnoces du collectif et de l’inti-me, les trois compèresdu studioLaMuse en Circuit les ont imaginéespour Musica en quatre «concertssous casque». «Les gens sont cou-chés côte à côte, expliqueDavid Jis-se, complice de Thierry Balasse etChristian Zanési. Ils ont le senti-ment de s’abstraire des autres(bruits,toux,etc.)toutenpratiquantune forme de voyeurisme. Chacunsait,eneffet,quetoutlemondeécou-te lamêmechoseenmêmetemps.»

Le casque, cet ornement de nostêtes citadines, induirait en quel-que sorte une écoute primitive,quasi fœtale... Une manière derejoindre les musiques subaquati-ques deMichel Redolfi, qui, depuis1981 et son premier Sonic Waters àLaRochelle, inviterégulièrementlepublic à s’immerger dans un bainde sons diffusés en pleine mer ouenpiscine.p

Marie-AudeRoux

Je suis né en France.Mamère étaitenceinte de septmois quandmesparentsontreçuunelettreanony-me assez explicite et qu’ils ontdécidé de plier bagage.» Cela se

passaiten1975,et la juntemilitaireaupouvoir en Argentine montrait peudebienveillanceà l’égarddes intellec-tuelscommunistes.LesRivas,uncou-ple de chercheurs, se sont donc fixésen région parisienne, sans toutefoisrenoncerà leur idéal,multipliant,parexemple, les actions en faveur de lalibération du pianiste Miguel AngelEstrella, leur compatriote, qui crou-pissaitdans lesgeôlesuruguayennes.Concerts de soutien, ventes de dis-ques… «Mes premières années ont étéscellées par cette cause», se souvientSebastian Rivas, qui, dans ses confi-dencesbiographiques, s’arrêtesurun

épisodesurvenuen 1982, aumomentde laguerredesMalouines.«Jedevaisêtre en CE1 dans un village de l’Esson-ne. La maîtressementionne la guerrequi se déroule dans mon pays etm’inviteàenparler. Jemerevois inter-venant sur le sujet, à 7ans, et je penseque cette prise de parole a constituéun acte fondateur, mon réveil identi-taire et politique.»

Vingt et un ans plus tard, Aliados(«Alliés»), une stupéfiante réussited’art total, est donné en création auThéâtre de Gennevilliers avant d’êtreprogrammé, le 4octobre, à Stras-bourg,danslecadredeMusica.Marga-ret Thatcher et le général Pinochet ensont les principaux protagonistes, etleurentrevuedemars1999 (alorsqueledictateurchilienétaitassignéàrési-dence à Londres) constitue la tramed’un «opéra du temps réel » (sous-titre de l’œuvre). Sebastian Rivas ysigne une musique à la fois neuve(effectif inédit, électronique endirect) et référencée (citations, paro-dies). Pour en arriver là, le composi-teur a dû batailler ferme, et son par-cours ressemble à celui d’un combat-tant qui s’interroge, à l’instar duconscrit d’Aliados échappé de laguerredesMalouines…

La démocratie réinstaurée enArgentine, les Rivas regagnent leurpatrie.En 1988-1989, ils effectuentunnouveau séjour en France, cette fois

pour des raisons professionnelles.C’est alors que Sebastian commencel’étude du saxophone. La musiquen’est encore qu’un hobby pour lejeune homme, qui prend ensuite descours à Buenos Aires tout en jouantdans des groupes de funk et de rock(Aliados utilise un extrait de LondonCalling, le célèbrehit de Clash).

A 17 ans, le saxophoniste reçoit lechoc du Sacre du printemps, d’IgorStravinsky. Il sera compositeur (etAliadosprendrapourmodèleL’Histoi-redu soldat, deStravinsky). SebastianRivas se lance dans l’apprentissagedupianoavecune intensité tellequ’ilenattrapedes tendinites. Les travauxd’écriture, en revanche, ne provo-quent pas de dommages collatéraux.L’étudiant est doué. Toutefois, il netarde pas à comprendre que sonniveaune suffirapaspour l’entréeauConservatoire national supérieur demusiquede Paris, son objectif de for-mation.UneescaleàBoulogne-Billan-

court s’impose, le temps d’affermirles bases dans un conservatoire derégion. Mais, là encore, il manquequelque chose. Comment s’aguerrirquand on n’a pas le moyen de fairejouer samusique?

Le conservatoire de Pantin permetaux étudiants d’obtenir l’exécutionde leursœuvres etmêmede les enre-gistrer.Deplus, il estdirigéparSergioOrtega, compositeur chilien connu,entre autres, pour ses hymnes pro-Allende(Aliadoscontientunremode-laged’unedanse chilienne, la cueca).

La conjonction Boulogne-Pantinpermet à Sebastian Rivas d’intégrer,en 2000, la classe de compositiond’Ivan Fedele, au conservatoire deStrasbourg.Troisanssouslaféruledupédagogue italien, et il se sent prêt àpostuler à Paris, en automne 2003.Hélas ! son passeport le lui interdit.Non pas parce qu’il a été émis enArgentine,mais à cause de sa date denaissance: 29juillet 1975. Impossible,

en effet, de passer le concours d’en-trée duConservatoire de Paris quandonaplusde 28 ans,mêmesi le dépas-sement n’est que de deux mois (unedérogation lui sera refusée).

Qu’à cela ne tienne. Le composi-teur est admis à suivre le cursus d’in-formation musicale de l’Ircam (Alia-dos use du traitement en temps réel,spécialitéde l’Institutde rechercheetcoordination acoustique/musiquefondé par Pierre Boulez). A partir delà, il commence àmonterdes projets.L’un d’eux, La Nuit hallucinée (opéraradiophoniquequiseradonnéenver-sion de concert le 21 septembre, auThéâtrenationaldeStrasbourg,à l’oc-casiondeMusica), débouche,en2012,sur l’obtention du prix Italia. Justeavant l’«explosion»d’Aliados.

Et maintenant? Comment rebon-dir après un tel succès et un cas aussiparticulier (sujet, langage, esthéti-que) ? «C’est la question que je mepose», avoue le compositeur, qui a la

certitude de ne plus pouvoir écrirecomme avant. La pertinence sociolo-gique de l’œuvre est devenue à sesyeux fondamentale. «Peut-on encoreécrire un quatuor à cordes aujour-d’hui?», se demande SebastianRivas,quidoitpourtantrépondreàunecom-mandede ce type.

Il pourraméditer sur la question àlaVillaMédicis,oùilentameunerési-dence de dix-huitmois. Cette fois, sacandidature à l’Académiede France àRomes’estheurtéeaurefusdesmem-bres du jury. « J’ai passé l’oral à cinqreprises», commente le musicien,tenace,quiaenfinobtenugaindecau-se. Sur sa table de travail, un opératiré d’un roman italien, dans lequeltrois enfants réinventent un langageens’inspirantdelaviolencedesBriga-des rouges. Thatcher et Pinochet ontfaitplaceàAldoMoro.AvecSebastianRivas, lapolitiquen’est jamais loindela partition.p

PierreGervasoni

Le compositeur signeunemusique à la foisneuve et référencée

«Music forMars», deMichel Redolfi, concert subaquatiquedonné enpiscine, à Quimper, enmai. FRANÇOIS DE DOMAHIDY

SébastianRivas, en septembre, à l’Ircam (Paris).SYLVAIN GRIPOIX POUR «LE MONDE»

SebastianRivas, guerrierpacifistep o r t r a i t Engagéetpugnace, lecompositeurfranco-argentinconçoit l’opéracommeunart«dutempsréel»,

enpriseavec lescombatset lesblessuresde l’histoirecontemporaine

III0123Mercredi 18 septembre 2013

Page 4: MUS - 18 Septembre 2013

AccrocheNote,ébouriffant

Interprètesperfectionnistesetfantasques, lasopranoFrançoiseKubleret leclarinettisteArmandAngster

agitentMusicadepuissesdébuts

les partenairesde Musica

Avec le soutien financier deLa Société des Auteurs, Compositeurset Éditeurs de Musique (Sacem) /La Fondation Orange /La Fondation Jean-Luc Lagardère /Le Réseau Varèse, réseau européenpour la Création et la Diffusion musicales,soutenu par le Programme Culturede la Commission Européenne /La Société des Auteurs et CompositeursDramatiques (SACD) /La Fondation Ernst von Siemenspour la musique /ARTE /Pro Helvetia, fondation suissepour la culture /

Les partenaires médias

Le Monde / Les Dernières Nouvelles d’Alsace / France 3 Alsace / France Musique / Télérama

Musica est subventionné par

Le Ministère de la Culture et de la CommunicationDirection Générale de la Création Artistique (DGCA)

La Ville de Strasbourg

La Région Alsace

Le Conseil Général du Bas-Rhin

Avec l’aide des partenaires culturelsLe Conservatoire de Strasbourg /L’Université de Strasbourg /Les Musées de Strasbourg /La Filature, scène nationale de Mulhouse /L’Orchestre philharmonique de Strasbourg /Le Théâtre National de Strasbourg /Pôle Sud /Théâtre de Hautepierre /L’Institut Culturel Italien à Strasbourg /Suona Italiano /UGC Ciné Cité

Avec le concours deIEC /Les services de la Ville de Strasbourg /L’Agence Culturelle d’Alsace /AMB Communication /FL Structure

festivalmusica

Tout amateur demusique contem-porainesaitaumoinsdeuxchosesà propos d’Accroche Note. Primo,que cet ensemble charismatique

doitêtrevu–autantqu’entendu–dansl’ac-complissement de l’acte musical. Secun-do, que la soprano Françoise Kubler et leclarinettiste Armand Angster en sont lesfiguresdeprouedepuisplusde trenteans.

Aussi chevelus et bouclés l’un quel’autre au débutdes années 1980, les deuxmusiciens auraient-ils imaginé le nomdeleur groupe en référence à leurs accroche-cœurs personnels ? «Non », répondArmand Angster. L’idée était plutôt de«jouer avec les mots d’accroche, de crocheet de note».

Trois termes, autant de sésames pourentrer dans l’univers de cette formationinclassable. L’accroche: l’ensembleaattirél’attention,en1983, lorsde lapremièreédi-tiondeMusica, avec un statut qu’ArmandAngster qualifie d’«alibi régional» pourrappeler qu’il se produisait depuis deuxans dans les environs de Strasbourg, entrio(avecFrançoiseKubleretlepercussion-niste Jean-Michel Collet) et que c’est à lapolitique du «terreau local» menée parLaurent Bayle qu’il doit sa percée. La cro-che: les interprètes ont pour habitude desoigner le détail de la partition, avec unniveau d’exigence qui a toujours impres-sionné les compositeurs.«Ilsm’ontapprisune très grande partie de mon métier»,confie notamment Pascal Dusapin, dontl’émergence a été intimement liée à celled’Accroche Note et qui rattache à son tra-vailaveccetensemblesonobsessiond’uneécritureoù tout estprécisé à l’extrême.

S’il loue également leur «professionna-lisme»,Georges Aperghis tient quant à luiàsouligner«l’ouvertured’esprit»demusi-ciens dont il a découvert l’existence, en…lisantLeMonde. «Je suis tombé surunarti-cle qui parlait de leur interprétation d’unedemes pièces, Les Sept Crimes de l’amour,dansunpetot théâtred’Epinal,et jeme suisdemandé qui ils étaient», se souvient lecompositeur phare du théâtremusical enFrance, rapidement conquis par la perfor-mancedesStrasbourgeois.Nonseulementils s’en tiraient très bien avec son œuvre,mais, en plus, ils l’investissaient avec uneforcede conviction inhabituelle.

On découvre ainsi la troisième clé d’Ac-crocheNote:l’identitédumusicien,souslanote. «On faisait Dusapin, Aperghis, descréations, de la musique improvisée, maison avait besoin de pratiquer d’autres for-mes de musique de chambre», expliqueArmandAngster,avantd’évoquerlesincur-

sions régulières d’Accroche Note dans lesdomaines du classique et du jazz (en ver-sion étoffée, avec violoncelle, piano etd’autres instruments). «Histoire de se res-sourcer après avoir joué les caméléons auservicede tel ou tel contemporain», estimele clarinettistecurieuxde tout.

Interlocuteur privilégié de nombreuxcréateurs, Armand Angster ne veut toute-fois pas se poser en gardien du Temple.«L’attitude la plus dangereuse consisteraità dire qu’on sait comment interpréter unepartition parce qu’on a connu le neveu dufilsdeTchaïkovskioudeTartempion»,plai-sante celui qui ne prétend pas détenir lavérité dans l’interprétation de Dusapinsous prétexte qu’il est le parrain de sesjumeaux…Et pas davantagedans le cas deChristophe Bertrand, compositeur qui a

pourtant tenu la partie de piano au seind’AccrocheNote.Deuxœuvresde ce Stras-bourgeois mort à 29 ans bornent cepen-dantl’éventaildiscographiquequivientdeparaître(undoubleCD,L’Empreintedigita-le) pour célébrer trois décennies de créa-tion musicale. Neuf opus sur les quatre-vingt-un révélés par l’ensemble àMusica.Neuf enregistrements réalisés lors de lacréation des œuvres, et non, comme sou-vent,aprèsunepériodederodage.Pourjus-tifierceparti,biendanslaligned’unensem-ble qui défrise par son engagement horsnormes, Armand Angster affirme que «lapremièreexécutioncomporte toujoursuneénergie particulière». A «voir» donc, le2octobre, avec les nouvelles œuvres d’Al-bertoPosadaset dePhilippeManoury.p

PierreGervasoni

L E P R O G R A M M E

Du 20septembreau 5octobreConcert.Monnet – Robin –HaasMonnet,Mouvement, imprévus,et…pour orchestres, violon etautresmachins.Robin,Monumenta.Haas, limited approximations.> 20septembre. Palais de lamusiqueet des congrès, Strasbourg.Installation vidéo.Cahen- BoulezCahen,Répons et Pierre Boulez,l’art de diriger.>Du 20septembre au 5octobre. Aubet-te, place Kléber, Strasbourg.Electroacoustique.Balasse – Jisse – Zanési(concert sous casques 1)> 21 septembre. Aubette, Strasbourg.Opéra radiophonique.Maresz –Matalon – RivasMaresz,Entrelacs.Matalon,TrameXI.Rivas, LaNuit hallucinée.> 21 septembre. Théâtre national deStrasbourg (TNS), Strasbourg.Opéra.Mendonça –MitchellMendonça,TheHouse TakenOver(mise en scène:Mitchell).> 21 septembre. Cité de lamusique etde la danse, Strasbourg.Concert.Aperghis –Hosokawa –Fedele – Cahen- JarrellAperghis, Trio.Hosokawa,Trio.Fedele, FünfzehnBagatellen, inFormvonVariationen.Cahen,Dernier adieu (vidéo).Jarrell, Lied ohneWorte.> 22septembre. Salle de laBourse,Strasbourg.Danse.Preljocaj – Atlas/BishaiPreljocaj, LesNuits.> 22septembre. La Filature,Mulhouse.Installationradiophonique.Fourès – GutjahrCorrespondances.> 23 et 24septembre. Cité de lamusi-que et de la danse.Opéra au cinéma.Benjamin –Mitchell -Crimp – LeconteBenjamin,Writtenon Skin,(mise en scène:Mitchell,vidéo: Leconte).> 23septembre. UGCCiné Cité,Strasbourg.Concert.Grieg – Saariaho – Sibelius– LindbergGrieg,Deuxmélodies élégiaques,op.34.Saariaho, L’Aile du songe.Sibelius,Rakastavaop. 14.Lindberg,Arena 2.> 24septembre. Palais universitaire deStrasbourg.Concert.Carter – Donatoni-Rizo-Salom –MareszCarter,Huit pièces pour quatretimbales – extrait :Marche.Donatoni,Mari II.Maresz, Festin.> 25septembre. France 3 Alsace,Strasbourg.Spectacle.Rihm–Pesson – Eisler –Ligeti – GindtWanderer, post scriptum, Lieder etmélodiesde Rihm,Pesson,Wagner, Eisler, Ligeti, TheDoors…(mise en scène:Gindt).> 25septembre. TNS.Concert et film.Henry –Darmon –MalletHenry,Une tour deBabel.DarmonetMallet,PierreHenry oul’art des sons (film).Henry, FantaisieMesse pour letempsprésent.> 26septembre. Salle des fêtes de Schil-tigheim.Concert.Parra –Harvey –Dusapin –Cahen –RihmParra,Early Life.Harvey,RunBefore Lightning.Dusapin,Microgrammes.Cahen, Sept visions fugitives –extrait:Visionn˚3 (vidéo).Rihm, Fremde Szene III.> 27septembre. Salle de la Bourse.Concert.Dusapin –Manoury –Filidei – DutilleuxDusapin,Go etUncut.

Manoury,Melencolia-Figuren.Filidei,Ogni gestod’Amore.Dutilleux,Métaboles.> 27septembre. Palais de lamusiqueet des congrès.Electroacoustique.Balasse – Jisse – Zanési(concert sous casques 2)> 28septembre. Aubette.Concert.Janacek – Dusapin –Dillon–ManouryJanacek,Quatuor à cordes n˚1.Dusapin,Quatuor à cordes n˚5.Dillon, StringQuartet n˚7.Manoury, Stringendo.> 28septembre. Salle de laBourse.Opéra.Francesconi – CarinhasFrancesconi, Quartett (mise enespace, scénographieet costu-mes: Carinhas).> 28septembre. Cité de lamusique etde la danse.Récital flûte et piano.Essyad – Benjamin –Jolivet- Tanaka –Jodlowski –MantovaniEssyad, Le Temps rebel.Benjamin, Flight.Jolivet,Chant de Linos.Tanaka, IshiNoMuro.Jodlowski, Série bleue.Mantovani,Appel d’air.> 29septembre. Salle de laBourse.Spectacle.MessiaenMessiaen,Harawi (installationetmise en espace: Clarac etDeloeuil).> 29septembre. Pôle Sud, Strasbourg.Opéra au cinéma.Glass –McDermott –DarvasGlass, The PerfectAmerican (miseen scène:McDermott).> 30septembre. UGCCiné Cité, Stras-bourg.Spectacle.Meyer – Rambert – GodinMementoMori (conceptionet réa-lisation: Rambert; créationmusi-cale:Meyer; dispositif scéniqueet lumière: Godin).> 1eroctobre. Cité de lamusique et de ladanse.Concert.Ammann –Manoury –Cahen – PosadasAmmann,The Freedomof Speech.Manoury, Illud etiam.Cahen, L’Etreinte (vidéo).Posadas,Tratadode lo inasible.> 2octobre. Salle de la Bourse.Spectacle.Pauwels – CassiersPauwels,MCBTH (mise en scène:Cassiers).> 2octobre. TNS.Récital accordéon.Jodlowski – Cahen –Scarlatti – Robin –HurelJodlowski, Somethingout ofApo-calypse.Cahen, L’Entr’aperçu (vidéo).Scarlatti, Sonate en simineurK87.Robin,DraftI.Hurel,Plein-jeu.> 3octobre. Salle de la Bourse.Concert.Parra – Cahen – BoulezParra,Caressant l’horizon.Cahen, Sanaa, passages ennoir(vidéo).Boulez, Sur incises.> 3octobre. Cité de lamusique et de ladanse.Colloque.Journéed’étude consacrée àFaustoRomitelli (1963-2004).> 4octobre. Collège doctoral européende Strasbourg.Concert.Filidei – RomitelliFilidei,Toccata etBallatano3.Romitelli,AmokKoma et Lost.> 4octobre. France 3 Alsace.Opéra.Rivas – GindtRivas,Aliados (mise en scène:Gindt).> 4 et 5octobre. Théâtre deHautePier-re, Strasbourg.Concert.Harvey –Ammann – Filidei– AperghisHarvey,BodyMandala.Ammann,Unbalanced Instability.Filidei, Fiori di fiori.Aperghis,Quatre Etudes..> 5octobre. Palais de lamusique et descongrès.

SiteWeb Festival-musica. org

L’ensemble apourhabitudede soigner le détail,

avecunniveaud’exigencequi a toujours impressionné

Le clarinettisteArmandAngsteret la soprano

FrançoiseKubler,de l’ensembleAccrocheNote.

ACCROCHE NOTE

IV 0123Mercredi 18 septembre 2013