Multinationales européennes et investissements croisés

25

Transcript of Multinationales européennes et investissements croisés

Page 1: Multinationales européennes et investissements croisés
Page 2: Multinationales européennes et investissements croisés
Page 3: Multinationales européennes et investissements croisés

ECONOMICA

49, rue Héricart, 75015 Paris 1982

Page 4: Multinationales européennes et investissements croisés

© Ed. ECONOMICA, 1982

Tous droits de reproduction, de traduction, d'adaptation et d'exécution réservés pour tous pays.

Page 5: Multinationales européennes et investissements croisés

Dès la fin du XIXe siècle les investissements directs internatio- naux prennent une place importante dans les relations écono- miques internationales. Les pays industrialisés se trouvent à la fois pays d'origine et principaux pays d'accueil de ces capitaux ; leur concentration géographique s'amplifie durant la période 1960-1974.

Par ailleurs, ces mouvements de capitaux, pendant les années soixante, présentent un caractère orienté et polarisé, reflet de la suprématie économique des Etats-Unis dans leur rôle de pays investisseur. Depuis, d'autres pôles émergent et s'affirment ; les multinationales européennes se développent rapidement, conférant ainsi un caractère croisé à l'investissement direct international contemporain.

Toutefois, les analyses théoriques demeurent marquées par les caractéristiques antérieures à ces phénomènes de concentration et de croisement. Elles insistent principalement sur les relations entre pays développés et pays en développement, et retiennent le principe d'une hiérarchisation des flux d'investissement entre économies industrialisées.

Face aux interpellations des faits, il est nécessaire de renouveler l'analyse, de développer de nouveaux axes théoriques, tout en conservant des approches antérieures leurs éléments pertinents.

Si nous insistons tous deux sur le rôle de la firme, agent actif des investissements internationaux, et sur ses objectifs de crois- sance, moteur de ses comportements, les démarches empruntées demeurent très différentes.

L'un insiste sur les nouveaux aspects technologiques des échan- ges commerciaux et des investissements directs. Il apparaît alors nécessaire d'associer les déterminants de ces deux types de flux et de les intégrer au sein de hiérarchisations multiples entre firmes, secteurs et pays. La combinaison des déterminants de ces flux de capitaux, liés aux différences de demande, d'offre et de structures de marchés, mises en évidence par la théorie de l'échange inter- national, a une incidence d'autant plus forte que les relations s'effectuent entre pays développés.

Page 6: Multinationales européennes et investissements croisés

L'autre met l'accent sur les nouvelles dimensions du système capitaliste contemporain dans cette période de crise. Il privilégie les phénomènes de concurrence pour le partage des marchés plutôt que l'existence des disparités entre pays développés.

Les investissements directs sont présentés, à l'aide des outils de l'économie industrielle, comme la manifestation de l'extension, à l'échelle internationale, du processus de concentration-centralisa- tion.

L'analyse ne se développant que par confrontation, synthèse et dépassement, souhaitons que ces deux contributions facilitent la progression des débats sur les explications des tendances récentes de l'internationalisation.

Page 7: Multinationales européennes et investissements croisés

PREMIERE PARTIE

Les mouvements internationaux de capitaux, les firmes multina- tionales, revêtent une importance considérable dans les relations internationales ; leurs descriptions et la compréhension de leur logique devient alors primordiale pour comprendre les évolutions actuelles et futures de l'économie mondiale.

Si la littérature se rapportant à ce sujet est très vaste, rares demeurent les analyses qui parviennent à cerner les différentes caractéristiques des investissements internationaux et à en établir l'ensemble des déterminants possibles.

De nombreux travaux intègrent ces mouvements de capitaux dans une logique d'ensemble qui se rapporte aux relations entre les pays développés et les pays en voie de développement alors même que plus de 70 % des investissements internationaux contemporains s'effectuent entre les pays développés.

Pour éviter ce genre d'écueil il semble important de revenir sur l'appréhension et la détermination des caractéristiques de ces inves- tissements et ensuite de tenter de réinsérer leurs explications dans un cadre théorique global.

Notre recherche portant uniquement sur les investissements directs à long terme, rappelons qu'en général ils sont réalisés par des entreprises et qu'ils consistent à créer, ou à prendre le contrôle, d'un processus de production à l'étranger, en combinant le capital importé de la maison mère avec les ressources du pays d'accueil : main-d'œuvre et/ou matières premières. Les déterminants de ces

Cet essai constitue la deuxième partie remaniée d'une thèse de 3ème cycle en économie internationale soutenue à Paris I (Panthéon-Sorbonne) en septembre 1980 devant un jury composé de Messieurs les Professeurs Bernard Ducros (directeur de thèse), Christian de Boissieu et Bernard Lassudrie-Duchêne. C'est à eux que vont nos premiers remercie- ments pour leurs encouragements, avis et conseils. Nous tenons également à remercier Monsieur le Professeur Pierre Baranger de l'Université de Rennes I et Michel Rainelli de l'Université de Nice pour leurs commentaires. Nous restons seul responsable des erreurs éventuelles que ce texte pourrait comporter.

Page 8: Multinationales européennes et investissements croisés

investissements sont alors liés aux phénomènes de la localisation mondiale optimale d'une production quelconque.

Ces mouvements de capitaux se différencient en cela largement de l'investissement international de portefeuille, effectué en général par des particuliers, pour lesquels il n'est qu'une forme de place- ment financier. Les déterminants explicatifs sont alors spécifiques aux problèmes de choix de portefeuille 1

Il semble que les investissements directs à long terme, présentent des caractéristiques très marquées. Elles sont de deux sortes : sur le plan macro-économique ces investissements apparaissent comme concentrés et croisés entre les pays développés ; au niveau sectoriel, ils se révèlent comme spécifiques et pour certains pays comme intra-branche, ces deux notions ne se recouvrant pas.

Dans les deux premiers chapitres sera développé l'examen empiri- que de ces caractéristiques ; puis dans un troisième chapitre on reviendra sur les explications théoriques de ces particularités en tentant d'élaborer une taxinomie des différents déterminants de l'investissement international.

Avant d'aborder l'étude statistique de ces investissements, soulignons que celle-ci pose d'importants problèmes de données ; elles sont éparses, hétérogènes et non systématiques.

Dans notre analyse, deux approches seront employées permet- tant d'utiliser les différentes banques de données disponibles. La première reposera sur les statistiques de stocks et de flux des investissements à long terme en valeur, pour les principaux pays développés. La valeur des stocks est elle-même constituée par l'accumulation des flux annuels d'investissements nets, tels qu'ils apparaissent dans la balance des paiements, auxquels s'ajoute le montant des bénéfices réinvestis sur place par les entreprises. Ainsi une partie importante du financement des stocks est appré- hendée.

Malgré ses lacunes 2 cette approche par les stocks paraît plus efficiente que le seul examen des flux, où des fluctuations annuel- les erratiques peuvent venir limiter la valeur des statistiques obser- vées. Les données utilisées dans notre étude ont pour principales origines les travaux de Krâgenau 3 et de l'ONU 4 .

1. Sur cette distinction voir par exemple G. Ragazzi, « Théories of Determinants of Direct Foreign Investment », IMF Staff Papers, juillet 1973, et S. Hymer, The Internatio- nal Operations of National Firms : A Study of Direct Foreign Investment, the MIT Press Cambridge, 1976, chap. 1.

2. En effet, certaines sources de financement échappent encore à l'analyse comme par exemple les fonds provenant des marchés financiers internationaux ou du marché intérieur du pays d'accueil.

3. H. Krägenau, Internationale Direktinvestitionen 1950-1973 : Vergleichende Untersu- chung und Statistische Materialien, Verlag Weltarchiv Gmbh, Hamburg, 1975 et Interna- tionale Direktinvestitionen : Ergänzungsband 1978/79, Verlag Weltarchiv Gmbh Hamburg, 1979. Note 4, page suivante.

Page 9: Multinationales européennes et investissements croisés

La deuxième approche se basera sur l'analyse des statistiques des firmes multinationales elles-mêmes. Les statistiques proviennent essentiellement des travaux du centre d'étude comparative des entreprises multinationales de l'Université d'Harvard dirigé par R. Vernon 1 Elles portent sur les filiales des firmes multinationales américaines pour les années 1967 et 1975 et non américaines pour l'année 1970.

Les auteurs considèrent comme multinationales, les firmes qui, en 1967, ont un chiffre d'affaires d'au moins 400 millions de dollars et qui possèdent plus de 25 % des actifs dans des filiales situées au moins dans six pays étrangers. Ainsi 133 firmes améri- caines et 128 firmes non américaines sont retenues. Les filiales sont rattachées aux firmes lorsque ces dernières possèdent au moins 5 % des parts des premières. Les auteurs dénombrent alors 11 742 filiales de firmes américaines en 1967 et 16 576 filiales de fimes non américaines pour 1970. Ces filiales recouvrent plus de 70 % des investissements directs des Etats-Unis à l'étranger et plus de 80 % des investissements des autres pays 2 Les données pour ces deux années portent uniquement sur les filiales de pro- duction. Dans l'étude de 1977, l'analyse des firmes américaines est élargie à l'ensemble des trois types de filiales : extraction, production et ventes : l'échantillon porte alors sur 180 firmes et 19 000 filiales.

Cette approche par les filiales nous semble complémentaire de la première pour plusieurs raisons : en appréhendant les firmes elles-mêmes, elle permet de dépasser le problème du financement des investissements internationaux, de plus, ne faisant pas de différence immédiate dans la taille des filiales, elle élimine « l'effet masse » lié aux investissements entre pays développés (ainsi une filiale d'un poids de 10 dans un pays en développement peut avoir autant d'impact sinon plus qu'une filiale de 100 dans un pays développé). Ces deux approches seront donc empruntées successi- vement pour analyser les caractéristiques des investissements contemporains.

Note 4, de la page 2.

4. ONU, Les Sociétés transnationales dans le développement mondial : un réexamen, New York, 1978.

1. Trois études ont été élaborées à ce jour : J.W. Vaupel et J.-P. Curhan, The Making o f Multinational Enterprises : A Source-book o f Tables Based on a Study o f 187 Major U.S. Manufacturing Corporations, Boston : Division of Research, Harvard Business School, 1969 ; J.W. Vaupel et J.-P. Curhan, The World's Multinational Enterprises : A Source- book o f Tables Based on a Study o f the Largest U.S. and Non U.S. Manufacturing Cor- porations, Boston : Division of Research, Harvard Business School, 1973 ; et enfin J.-P. Curhan, W. H. Davidson et R. Suri, Tracing the Multinational : A Source-book on U.S. Based Enterprises, Ballinger Publishing Company, Cambridge Massachusetts, 1977.

2. Estimations effectuées par J. W. Vaupel et J.-P. Curhan, op. cit., 1973, p. 4.

Page 10: Multinationales européennes et investissements croisés

CHAPITRE I

CONCENTRATION ET CROISEMENT DES INVESTISSEMENTS INTERNATIONAUX

Les deux premières caractérist iques qui m a r q u e n t les investisse- men t s i n t e rna t i onaux con tempora ins sont leur concent ra t ion dans les pays développés et leur croisement : n o m b r e de ces pays connaissant des entrées et des sorties d ' invest issements directs de g randeur comparable .

Dans ce chapi tre , on t en te ra d 'é tabl i r et de vérifier empirique- m e n t ces d e u x caractérist iques.

Sec t ion 1 — La c o n c e n t r a t i o n des investissements in t e rna t ionaux

Cet te concen t ra t ion , c 'est-à-dire l ' impor tance de la par t des invest issements m o n d i a u x effectués dans les pays développés, sera analysée à par t i r des s tat is t iques de s tock d ' invest issements puis de filiales d 'en t repr i ses mult inat ionales . L 'accent sera principale- m e n t mis sur la concen t r a t i on géographique, fait le plus f rappant ; la c o n c e n t r a t i o n sectorielle é tan t , p o u r sa par t , plus relative.

On s 'ef forcera a u t a n t que possible, de rendre compte de l ' im- po r t ance d u p h é n o m è n e en coupe mais également en évolution.

§ 1. CONCENTRATION GEOGRAPHIQUE DES FLUX ET DES STOCKS D'INVESTISSEMENTS

L 'analyse s ' e f fec tuera d ' abo rd d ' u n po in t de vue global puis au niveau des p r inc ipaux pays développés.

a) La concen t r a t i on : aperçu généra l

L ' a m p l e u r de la concen t ra t ion appara î t à la lecture du premier tableau. En m o y e n n e , sur les trois années considérées, les stocks d ' invest issements exis tant dans les pays développés à économie de marché représen ten t près des trois quar ts (71,6 %) de l 'ensem- ble des invest issements m o n d i a u x de ces pays. Cet te par t s 'avère m ê m e légèrement plus élevée s'il est fait abs t rac t ion des paradis f iscaux, elle s'élève alors à 73,6 % sur la pér iode.

O n consta te également une croissance régulière de cet te concen- t r a t ion : le pourcen tage des investissements ent re les pays déve- loppés passe de 69 % en 1967 à 74 % en 1975. Cet te évolut ion s ' e f fec tue par c o n t r e c o u p au dé t r imen t des pays en développement .

Page 11: Multinationales européennes et investissements croisés

Tableau 1 : Concentration en pourcentage des actifs correspondant aux inves- tissements directs effectués à l'étranger par les pays développés à économie de marché et par zone d'accueil, 1967-1975

1. Classification de l'ONU comprenant l'Amérique du Nord, l'Europe Occiden- tale, le Japon, l'Afrique du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

2. Antilles néerlandaises, Bahamas, Barbade, Bermudes, Iles Caïmanes et Panama.

Source : ONU, 1978, op. cit., d'après tab. 111-33, p. 264.

Par ailleurs, les flux d'investissement se réalisant entre les pays en voie de développement, ou bien entre les pays à économie planifiée sont très faibles.

Il est permis alors de considérer valablement les investissements des pays développés à économie de marché comme représentatifs de l'ensemble des investissements internationaux. La concentration constatée au profit de ces pays révèle donc une convergence de l'en- semble des investissements mondiaux.

Cette concentration peut être mise en parallèle avec celle du commerce international. En effet, plus de 73 % du commerce inter- national, hors OPEP, s'effectue avec les pays développés à économie de marché et plus de la moitié de ces échanges se réalise uniquement entre les pays industrialisés (tableau 2). On constate même, que la part des investissements entre pays développés est beaucoup plus importante que celle du commerce. L'analyse doit alors se porter à un niveau plus détaillé.

b) La concentration géographique des investissements : analyse détaillée

L'examen plus détaillé au niveau des principaux pays développés, confirme les résultats précédents (tableau 3). A l'exception notable du Japon qui possède plus de la moitié de ses investissements dans les pays en développement, les autres pays industrialisés étudiés réalisent environ 70 % des leurs entre eux. La concentration s'accroît fortement sur la période. Ce sont les Etats-Unis qui connaissent la croissance de cette concentration la plus spectaculaire. Ils sont suivis de la Grande-Bretagne puis de la RFA. L'évolution est parti-

Page 12: Multinationales européennes et investissements croisés

Tableau 2 : Part du commerce des pays développés dans le commerce mondial (hors OPEP) et du commerce entre pays développés dans le com- merce mondial (hors OPEP) (1968-1978)

Source : G.A.T.T., Le commerce international en 1978/79 et le commerce international en 1976/77 : Matrice du commerce international global.

culièrement rapide pendant la première moitié des années soixante, période qui correspond à une phase de démarrage des investisse- ments d'après-guerre. Ensuite, le taux de croissance se réduit ; il est même négatif pour la R.F.A. entre 1971 et 1976.

Le développement de cette concentration paraît aller de pair avec l'affaiblissement du rôle des Etats-Unis et de la Grande-Bre- tagne dans les investissements internationaux (tableau 5).

En effet la part des Etats-Unis diminue peu à peu, au profit des autres pays développés, et en particulier de l'Allemagne fédérale, du Japon, et dans une moindre mesure des Pays-Bas et de la Suisse. Ce déclin du rôle des Etats-Unis s'accompagne du redéploiement de ses investissements, déjà constaté, vers les pays développés et prin- cipalement vers l'Europe qui reçoit 40,7 % des investissements américains en 1976 contre 32,2 % en 1967. On observe également cette tendance à investir en Europe pour des pays comme l'Alle- magne de l'Ouest et la Grande-Bretagne.

Page 13: Multinationales européennes et investissements croisés

Tableau 3 : Concentration géographique des stocks d'investissements des principaux pays développés 1960-1976 (en pourcentage)

a) 1975. Source : H. Krägenau, op. cit., 1973, pp. 86-87,128,155 ; 1978, p. 74.

Tableau 4 : Taux de croissance de la concentration des investissements des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la R.F.A. vers les pays développés

Page 14: Multinationales européennes et investissements croisés

Tableau 5 : Répartition, en pourcentage, des actifs correspondant aux investis- sements directs effectués à l'étranger par les pays développés à économie de marché : 1967-1976

a) Pour 9 pays à l'exception de la Belgique et Luxembourg. Source : ONU, 1978, op. cit., p. 262, tableau 111-32.

Tableau 6 : Part des investissements des pays développés réalisés en Europe (en pourcentage)

Etats-Unis 32,2 40,7

Grande-Bretagne 15,4 a 27,5

R.F.A. 56,6 57,2

a) 1965. Source : H. Krägenau, 1979, op. cit., annexes.

Il y a donc rapprochement des parts des différents pays dans les investissements internationaux. Les « vieux » pays investisseurs voient leur rôle décliner au profit de pays plus dynamiques. On est tenté alors d'effectuer un parallèle entre l'évolution de ces parts et la croissance du niveau de vie de chaque pays (PNB par habitant, tableau 7).

Le coefficient de corrélation de rang de Spearman 1 calculé sur

1. La formule réduite de ce coefficient est :

où d représente l'écart de rang entre les deux évolutions calculées

pour chaque pays et n le nombre de ces pays.

Page 15: Multinationales européennes et investissements croisés

les deux classements est de 0,7916. Ce résultat établit que la corré- lation entre l'évolution des deux variables est significativement différente de zéro à 99 %.

Tableau 7 : Produit National Brut par habitant en dollars U.S. courants pour les principaux pays développés (a) 1965(b) — 1977 ; croissance du PNB/hab. et rang des différentes nations en fonction de cette croissance

a) à l'exception de la Belgique et du Luxembourg, les données manquant pour ce dernier en 1965.

b) moyenne 1964-1966. Sources : Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde

1979, août 1979, et OCDE : Coopération pour le développement examen 1975, Paris, novembre 1975, annexes.

Ainsi, la part de chaque pays dans l'investissement international est liée à son rang dans le développement économique et on peut penser que les niveaux de vie de ces nations se rapprochant, leurs rôles dans les investissements internationaux tendent à s'homogé- néiser.

Par contre si de nouvelles suprématies économiques apparaissent et se maintiennent, par exemple pour le Japon ou la R.F.A., leur part dans ces investissements deviendra prédominante ; les « vieil- les » puissances laisseront alors la place à ces pays bénéficiant de « miracle économique ». Un effet de taille continuera cependant à jouer encore longtemps en faveur des Etats-Unis.

Ces premiers résultats peuvent être renforcés par l'analyse des implantations de filiales de firmes multinationales.

Page 16: Multinationales européennes et investissements croisés

§ 2. CONCENTRATION GEOGRAPHIQUE DES FILIALES DE FIRMES MULTINATIONALES

L'analyse de la concentration par filiales peut être riche en ensei- gnements et complémentaire de l'approche par les investissements. Malheureusement, des données récentes ne sont pas disponibles. Cependant cette concentration sera d'abord envisagée au niveau global puis à un degré géographique plus détaillé.

a) Concentration des filiales : aspect global

Lorsque toutes les filiales sont considérées (filiales de production et filiales de ventes), la concentration est comparable à celle des investissements et elle s'effectue en faveur des mêmes pays indus- trialisés.

En 1968-1969, 73,6 % des filiales sont implantées dans les pays développés et seulement 26,4 % dans les pays en développement.

Tableau 8 : Concentration géographique de toutes les filiales (a) des firmes de pays développés occidentaux : 1968-1969

a) C'est-à-dire filiales de production et filiales de vente.

Source : ONU, Les sociétés multinationales et le développement mondial, New York, 1973, p. 138, tableaux 4 et 11.

L'analyse diachronique confirme ces résultats : la concentration des filiales dans les pays développés est très forte tout au long de la période examinée ; toutefois une légère inflexion est à noter vers les années cinquante, au cours desquelles une part un peu plus importante des implantations s'est effectuée dans les pays en développement et notamment en Amérique latine. Dès le début de la décennie suivante la concentration se renforce et particuliè- rement en faveur de l'Europe, comme le montrera l'analyse plus déaillée. On peut cependant remarquer que la concentration des implantations de filiales dans les pays développés est toujours plus sensible pour les pays européens que pour les Etats-Unis. Pour ces derniers, l'attirance de l'Amérique latine est forte et les investissements dans le secteur de l'exploitation des ressources

Page 17: Multinationales européennes et investissements croisés

énergétiques, hors des zones développées, sont également plus importants.

Tableau 9 : Evolution de la concentration géographique des filiales de produc- tion des firmes américaines, britanniques et d'Europe continentale vers les pays développés (en pourcentage) 1

a) Pays développés : Amérique du Nord, Europe, Israël, Afrique du Sud Rhodésie, Australie, Nouvelle-Zélande, Japon.

b) 1966-1970 pour les Etats-Unis. Source : J. W. Vaupel et J.-P. Curhan, 1973, op. cit., pp. 72-95 et J .-P. Curhan,

W. H. Davidson, R. Suri, 1977, op. cit., pp. 4647.

Seules les filiales de production ont été répertoriées. Mais lors- qu'on peut prendre en compte les filiales de vente, il semble que celles-ci soient légèrement plus regroupées encore, surtout dans les pays européens 2 Ceci n'est pas étonnant, l 'implantation de filiales de vente étant en général fonction de la taille du marché d'accueil. De ce fait la concentration de l'ensemble des filiales est sans doute plus élevée que celle des seules filiales de production.

Une dernière distinction doit être effectuée entre les flux et les stocks. La plupart des données ne fournissent que des indica- tions sur les flux d'entrée des filiales dans le réseau de la firme mère, les flux de sortie par contre, ne sont pas comptabilisés ; cependant leur prise en compte n'abaisserait que très légèrement les pourcentages obtenus dans les pays développés : 85 % des filiales ne sortant pas du réseau de la maison mère 3 Cette sortie du réseau n'amène d'ailleurs pas obligatoirement la mort de la filiale en tant que telle ; parmi les quatre méthodes de sortie réper- toriées : confiscation ou expropriation, liquidation complète, liquidation avec poursuite de l'activité par d'autres filiales et vente, seules les deux premières entraînent la disparition de la filiale, or ces deux méthodes sont les moins développées dans les pays indus- trialisés.

1. Il s'agit ici des flux d'entrée des filiales pendant les périodes considérées.

2. Voir J. W. Vaupel et J.-P. Curhan, 1973, op. cit., p. 112.

3. Voir J. W.Vaupel et J.-P. Curhan, 1973, op. cit., pp. 355-356.

Page 18: Multinationales européennes et investissements croisés

b) Concentration géographique des filiales : analyse par pays d'origine

L'analyse plus détaillée confirme l'importance de cette concen- tration. Exception faite des filiales japonaises implantées à plus de 85 % dans les pays en développement, celles des dix autres pays considérés se situent pour plus de 74 % dans les pays indus- trialisés. Au-delà de cette moyenne, quelques disparités apparais- sent néanmoins. La R.F.A. se situe aux alentours de la moyenne, par contre la concentration des filiales est supérieure à la moyenne pour la Belgique et le Luxembourg (UEBL), la Suisse, la Suède, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne et le Canada ; les autres pays : Etats- Unis, France et Italie ont une concentration inférieure à la moyen- ne (tableau 10).

Les différences sont surtout perceptibles pour la France et l'Ita- lie. Les firmes de ces deux Etats ont une implantation plus impor- tante dans les pays en développement, particulièrement en Améri- que latine pour l'Italie et en Afrique pour la France. On rejoint-là les conclusions de M. Rainelli 1 qui, sur les mêmes données de base, met en évidence de véritables vocations régionales des firmes des pays développés ayant des liens particuliers avec certaines régions en d é v e l o p p e m e n t

L'analyse de l'évolution de la concentration (tableau 11) permet de constater qu'au sein des pays développés, celle-ci s'effectue jusqu'en 1970, en faveur de la Communauté européenne des Six et au détriment de l'Europe du Nord et du Sud, de la Grande-Bretagne ou encore du Canada. Cette convergence vers l'Europe des Six s'opère principalement entre 1962 et 1970, années pour lesquelles on constate également les plus importants flux d'entrée de filiales puisque, sur l'ensemble de la période étudiée, 59,4 % des filiales européennes s'installent entre ces deux dates.

Les autres zones connaissant une implantation croissante de filiales étrangères sont : le Japon pour les firmes américaines et celles d'Europe continentale, et les « autres pays développés » (Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud) pour les firmes européennes et en particulier anglaises.

En résumé, l'étude de la concentration des filiales corrobore celle réalisée sur les investissements. Par ailleurs la situation origi- nale du Japon s'accentue : la part de ses firmes implantées dans les pays développés est beaucoup plus faible que celle de ses investis- sements. Une explication principale est fournie par K. Kojima 3

1. M. Rainelli, Multinationalisation des firmes et dynamique de l'oligopole, thèse ès Sciences Economiques, Nice, 1976. 2. Ces conclusions se rapprochent d'ailleurs de celles que l'on peut encore émettre au sujet de la spécialisation internationale. 3. K. Kojima, « Direct Foreign Investment between Advanced Industrialized Countries », Hitotsubashi Journal o f Economics, juin 1977.

Page 19: Multinationales européennes et investissements croisés

Tableau 10 : Concentration géographique des filiales de production des principaux pays développés : 1970

a) 1975 pour les Etats-Unis. Sources : J. W. Vaupel et J.-P. Curhan, 1973, op. cit., pp. 104-111 et J.-P.

Curhan, W. H. Davidson, R. Suri, 1977, op. cit., pp. 34-35.

selon laquelle les filiales japonaises dans les pays développés sont principalement des filiales de ventes et celles implantées dans les pays en développement des filiales de production. Or, les filiales de ventes ne sont pas comptabilisées ici, ce qui peut expliquer nos résultats 1

De plus, un effet de taille doit sans doute intervenir : les filiales japonaises seraient en effet plus nombreuses et plus petites dans les pays en développement que dans les pays développés 2 On ne retrouve pas pour les autres pays une « spécialisation » aussi nette dans l'implantation des filiales par catégorie et par zone géographi- que.

Après avoir constaté la forte concentration géographique, on peut légitimement se demander s'il n'existe pas également une

1. On recherchera dans la deuxième partie des explications théoriques plus appronfon- dies.

2. Voir M. Rainelli, 1976, op. cit., pp. 314-318.

Page 20: Multinationales européennes et investissements croisés

Tableau 11 : Evolution de la concentration des créations de filiales de produc- tion des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et d'Europe continentale entre les pays développés 1945-1975 (en pourcentage)

a) 1966-1970 pour les Etats-Unis. b) Afrique du Sud, Rhodésie, Australie, Nouvelle-Zélande. c) A lire de la manière suivante : par exemple, pour les Etats-Unis, 15,6 % des

filiales installées en 1970 le sont depuis 1945, 10,7 % se sont implantées entre 1946 et 1955.

Sources : J. W. Vaupel et J.-P. Curhan, 1973, op. cit., pp. 72-95 et J.-P. Curhan, W.H. Davidson, R. Suri, 1977, op. cit., pp. 34-35.

Page 21: Multinationales européennes et investissements croisés

concentration sectorielle ; c'est-à-dire si certains secteurs ne connais- sent pas une « propension à l'internationalisation » plus importante que d'autres. On sait déjà que chaque pays d'origine a des secteurs plus internationalisés que d'autres, c'est le cas du textile pour les fir- mes japonaises, de l'alimentation pour les firmes anglaises et cana- diennes, de la chimie, des biens de précision et du matériel électri- que pour les firmes allemandes et hollandaises, etc. 1

Cependant, l'analyse statistique par secteur ne présente pas une concentration aussi forte que celle constatée sur le plan géographi- que. Seule une concentration relative apparaît puisque sur treize secteurs répertoriés par J. W. Vaupel et J.-P. Curhan 2 deux seule- ment totalisent plus de 41 % des filiales de production en 1970 : le secteur chimique (25 % environ) et le secteur des machines élec- triques (17 % environ). Ces résultats sont confirmés au niveau des filiales des quarante-trois industries de la nomenclature CITI 3 (parmi le secteur chimique, la chimie industrielle arrive en tête) et à partir de cette même nomenclature (au niveau de deux chif- fres CITI) par les indices de taux de concentration des capitaux étrangers calculés par l'OCDE 4 pour les pays membres de l'orga- nisation.

Par ailleurs, il ne semble pas y avoir de différences notables entre les grandes zones géographiques d'accueil ; les secteurs les plus internationalisés le sont aussi bien dans les pays développés qu'en voie de développement. Le manque de données sectorielles suffisamment fines, rend toutefois l'analyse difficile. S'il existe bien une concentration géographique des investissements, il convient maintenant d'en approfondir l'analyse, en démontrant le carac- tère croisé de ces mouvements de capitaux.

Section 2 — Le croisement des investissements entre les pays développés

La concentration des capitaux internationaux peut se présenter au moins de trois façons. Les investissements peuvent s'effectuer à

1. Voir M. Rainelli, 1976, op. cit., pp. 300-303 et L. G. Franko, The European Multina- tionals : a Renewed Challenge to American and British Big Business, 1976, Harper and row Ltd, Londres, spécialement ch. 4.

2. Ces treize secteurs sont : tabac et alimentation, textile et habillement, bois-meubles, chimie et médicaments, raffineries, caoutchouc et pneus, métaux primaires, métaux manufacturés, machines non électriques, machines électriques et électricité (incluant l'informatique et le matériel de bureau), véhicules de transport, instrument de précision et divers.

3. CITI, classification internationale par type d'industrie.

4. OCDE, Penetration o f Multinational Enterprises in Manufacturing Industry in Member Countries, Paris, 1977, pp. 14 et s.

Page 22: Multinationales européennes et investissements croisés

partir d'un pôle dominant comme les Etats-Unis ou la Grande- Bretagne vers les autres pays développés ; ceux-ci ayant, par contre, la possibilité d'exporter des capitaux à court terme. Cette situation s'est d'ailleurs sans doute présentée dans les années soixante 1 Dans ce cas, il y a bien concentration géographique des investisse- ments directs à long terme mais unilatéralité de leurs flux, la pola- risation est complète.

Le deuxième cas concevable, est celui de la hiérarchisation géographique des investissements à l'intérieur même des pays développés : un pays en position intermédiaire recevra alors des investissements d'un partenaire de niveau économique plus élevé et effectuera des investissements dans une nation à revenu faible. A l'intérieur des pays développés, le pays à revenu le plus haut ne sera qu'exportateur de capitaux à long terme et le pays à revenu le plus bas qu'importateur. Dans ce cas, il y a croisement des investissements internationaux pour le groupe des pays intermé- diaires, à la fois pays d'accueil et pays d'origine, mais seulement dans un cadre multilatéral et non bilatéral ; la hiérarchisation étant univoque.

Enfin un troisième type de concentration peut être envisagé : c'est celui dans lequel un pays ou une zone investit chez un parte- naire et en retour reçoit également de ce dernier des investisse- ments. Les flux d'investissements ne sont plus hiérarchisés de façon unilatérale et globale, les hiérarchisations peuvent être diffé- renciées intersectoriellement et même intra-sectoriellement ; ainsi il y a apparition d'une multipolarisation et d'une interdépendance croissante entre les économies développées.

Trois genres de concentration peuvent donc se présenter : la concentration polarisée, la concentration hiérarchisée et la concen- tration multipolarisée. D'un point de vue global et dans le cadre de notre analyse, la notion d'investissements croisés recouvre les deux derniers types mentionnés. En effet, il apparaît que loin d'être polarisée, la concentration des investissements directs à long terme s'accompagne d'un croisement de ceux-ci entre les pays développés. C'est cette caractéristique que l'on tentera de mettre en évidence au niveau des investissements, puis des filiales des firmes multinationales.

1. Sur les types de flux de capitaux envisagés, voir les controverses sur l'intermédiation des Etats-Unis, autour de l'analyse de E. Despres, C. Kindleberger et W. Salant, « The Dollar and World Liquidity », The Economist, 5 février 1966 ;voir également infra ch. III. Après la guerre, lors du « dollar gap », un seul flux des Etats-Unis vers l' Europe existait ; la suprématie économique de ces premiers étant absolue.

Page 23: Multinationales européennes et investissements croisés

§ 1. LE CROISEMENT DES INVESTISSEMENTS ENTRE PAYS DEVELOPPES : APPROCHE PAR LES FLUX D'INVESTISSEMENTS DIRECTS A LONG TERME

L'appréhension statistique du phénomène d'investissements croisés peut s'effectuer sur le plan macro-économique en utilisant le ratio de Bela Balassa employé jusqu'ici à l 'étude du commerce

in te rna t iona l . Il s'écrira alors où X représentera

l'exportation de capitaux nationaux et M les importations de capi- taux étrangers.

Une moyenne sur trois années des flux d'entrée et de sortie d'investissements a cependant été calculée afin de supprimer la majeure partie des fluctuations conjoncturelles.

L'interprétation des ratios obtenus rejoint celle effectuée en commerce international. Le coefficient,a, varie de — 1 à + 1, tout résultat compris entre — 0,33 et + 0,33 correspond à un croise- ment important des investissements, puisque pour le pays consi- déré, les entrées (sorties) représentent dans ce cas au moins la moi- tié des sorties (entrées). Plus le ratio s'approche de + 1 et plus le pays est exportateur net de capitaux ou « investisseur » ; à l 'opposé, plus le coefficient est proche de — 1 et plus le pays devient importa- teur net de capitaux ou « pays d'accueil ».

Au-delà des grandeurs absolues de ce ratio, la prise en compte de son évolution est également importante. Les résultats, repris ci- dessous, permettent de distinguer trois catégories de pays parmi les dix-sept étudiés qui correspondent aux trois types de ratios énoncés précédemment.

a) Investissements croisés et pays « investisseurs »

Les Etats-Unis, la Suisse, le Japon et dans une moindre mesure la Suède, appartiennent à ce premier groupe de pays ; tous les quatre ont un coefficient moyen supérieur à 0,33. Les trois pre- miers connaissent même des ratios moyens très proches et légère- ment supérieurs à 0,6 ; ainsi pour ces pays, les entrées de capitaux représentent moins du quart des sorties de capitaux. Par contre, le coefficient moyen de la Suède, 0,38, indique que sur la période, les entrées de capitaux correspondent à 45 pour cent des sorties, de ce fait elle appartient presque au groupe des investisseurs croi- sés.

L'analyse de l'évolution des ratios sur la période révèle deux tendances nettes et opposées. L'une exprime un rapprochement

1. B. Balassa, « Tariff Reductions and Trade in Manufactures among Industrial Coun- tries », American Economic Review, juin 1966.

Page 24: Multinationales européennes et investissements croisés

investissements directs s'accomplissent dans les P.V.D., c'est alors la contrainte de valorisation du capital qui s'exerce ; lorsqu'ils croissent entre pays industrialisés, c'est la contrainte d'accumula- tion qui s'impose. Mais ces deux logiques seraient complémentaires, et l'auteur, ainsi, ne renonce pas à ses notions de concentration et de centralisation du capital mondial.

Malgré le grand intérêt que nous portons à l 'apport de J.-P. Thuillier, et la pertinence de nombreux développements, nous ne sommes pas convaincus de l'entière justesse de sa problématique. Nous voyons bien l'aspect de « centralisation » qu'il veut souli- gner, à travers les inter-relations de groupes, mais nous percevons fortement, dans la période contemporaine, un aspect de décentra- lisation des firmes et des économies émettrices d'investissements directs, aspect qui lui paraît sans doute superficiel. L'influence de « la crise » sur les modalités du mouvement est très probable. « La logique de alliances », la formation de groupes interpénétrés sont des réalités certaines. Mais qu'en est-il, encore une fois, de la nouvelle multiplicité des pôles, de la spécificité et de la spéciali- sation des investissements ? Sont-ils réellement expliqués ? Nous avouerons aussi que les expressions très répandues de « contrainte de valorisation du capital » ou de « contrainte d'accumulation » nous paraissent si générales et si imprécises que leur portée analy- tique est très inférieure à leur valeur sémantique. Mais sans doute en est-il de même, aux yeux d'autrui, pour beaucoup d'expressions que nous employons nous-mêmes.

La conclusion que nous tirerons de la lecture de ces deux excel- lentes études est prévisible. Les deux optiques des deux auteurs — économie d'échange, économie de production — les amènent nécessairement à ordonner différemment leur interprétation du réel. Malgré des constats communs, ce qui est dominant pour l 'un est secondaire, voire négligeable, pour l'autre.

Au lecteur ou au chercheur de profiter de cette confrontation typique et de construire, grâce à son effort personnel, sa propre interprétation d'une réalité dont l'appréhension ne peut jamais être, pour reprendre l'expression de K. Popper, qu'une « quête inachevée ».

Page 25: Multinationales européennes et investissements croisés

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE*

Aharoni Y., The Foreign Investment Decision Process, Harvard University Press, 1966.

Amano A., « Specific Factors, Comparative Advantage and International Investment, Economica, mai 1977, pp. 131-144.

Andreff W., Profits et structures du capitalisme mondial, Calmann-Lévy, Paris, 1976.

Arnaud-Ameller P., Marnata F., Sarrazin C., Gantès P. et Laplume Y., Les flux d'investissement direct entre la France et les pays industrialisés (1965-1974), Editions du CNRS, Paris, 1980.

Barnet R.J. et Muller R.E., Global Reach : the Power o f Multinational Corpo- rations, Simon and Schuster, New York, 1975.

Bertin G.Y., ed., La croissance de la grande firme multinationale, CNRS, Paris, 1973.

— Les sociétés multinationales, PUF, Paris, 1975.

Bulcke van den D., Boddewyn J.J., Martens B. et Klemmer P., Politiques d'investissement, réductions ou cessations d'activités de multi- nationale en Europe, PUF-CEEIM, Paris, 1979.

Caves R.E., « International Corporations : the Industrial Economics of Foreign Investment », Economica, février 1971, pp. 1-27.

Daniels J., Recent Foreign Direct Manufacturing Investment in the United States, Praeger, New York, 1971.

Delapierre M. et Michalet C.A., Les implantations étrangères en France : stra- tégies et structures, Calmann-Lévy, Paris, 1976.

Ducros B., « Conditions de production comparées et spécialisation internatio- nales », Economies et Sociétés, Cahiers de l'ISEA, série P., oct. 1964, repris in J. Weiller et J. Coussy, eds., Economie internatio- nale, automatismes et structures..., op. cit., pp. 89-127.

Dunning J.H. ed., International Investment, Penguin Books, Harmondsworth, 1972.

— ed., Economic Analysis and the Multinational Enterprise, G. Allen and Unwin Ltd. Londres, 1974.

Franko L.G., The European Multinationals : a Renewed Challenge to American and British Big Business, Harper and Row Ltd. Londres, 1976.

Gilpin R., U.S. Power and the Multinational Corporation, Basic Book, New York, 1975.

* Cette bibliographie ne reprend que quelques-unes des principales études sur l 'investis- sement direct entre pays développés. L'ensemble des références est fourni par les notes en bas de pages.