MTRÀBEÀU EN SAVOIEbibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/4811eb06addd41560d5e2e… ·...

26
MTRÀBEÀU EN 'SAVOIE ET LE GOUVERNEMENT SARDE (177e) L'année 1776 fut particulièrement fertile en incidents et en aventures romanesques dans la vie de Mirabeau. L'été fut marqué par son évasion du château de Dijon, sa fuite, l'enlè- vement de Sophie de Mounier, leur retraite en Hollande. On sait comment Mirabeau s'échappa du château de Dijon dans la nuit du 24 au 25 mai, essaya sans succès de faire enlever M? c de Meunier à son passage près de Pontarlier, gagna la frontière suisse aux Verrières, se réfugia à Genève, puis eu Savoie, à Thonon. Rejoint par sa soeur Mmc de Cabris, il ren- tre en France avec elle, poursuivi par deux inspecteurs de la police française, reste quelques jours à Lyon, puis il est em- mené par le chevalier de Briançon à Lorgnes en Provence. Toujours recherché ou poursuivi par les mêmes agents, il en repart bientôt, regagne la Suisse. par les Alpes et le Piémont, revient aux Verrières, réussit le 24 août â enlever M'° de Monnier, reste quelque temps avec elle aux Verrières, au risque d'être enlevé par la maréchaussée française, et prend enfin avec elle le chemin de la Hollande où il s'installe à Amsterdam. Tous ces événements sont parfaitement connus et il est inutile de les raconter de nouveau'. 4. Il suffit de renvoyer une lois pour toutes à L'ouvrage classique de M. de Loménie, tes Mirabeau, t. III, chap. y et vi. - D I h I I (U DII IIIlII t 0000005645114

Transcript of MTRÀBEÀU EN SAVOIEbibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/4811eb06addd41560d5e2e… ·...

  • MTRÀBEÀU EN 'SAVOIEET

    LE GOUVERNEMENT SARDE

    (177e)

    L'année 1776 fut particulièrement fertile en incidents et enaventures romanesques dans la vie de Mirabeau. L'été futmarqué par son évasion du château de Dijon, sa fuite, l'enlè-vement de Sophie de Mounier, leur retraite en Hollande. Onsait comment Mirabeau s'échappa du château de Dijon dansla nuit du 24 au 25 mai, essaya sans succès de faire enleverM? c de Meunier à son passage près de Pontarlier, gagna lafrontière suisse aux Verrières, se réfugia à Genève, puis euSavoie, à Thonon. Rejoint par sa soeur Mmc de Cabris, il ren-tre en France avec elle, poursuivi par deux inspecteurs de lapolice française, reste quelques jours à Lyon, puis il est em-mené par le chevalier de Briançon à Lorgnes en Provence.Toujours recherché ou poursuivi par les mêmes agents, il enrepart bientôt, regagne la Suisse. par les Alpes et le Piémont,revient aux Verrières, réussit le 24 août â enlever M'° deMonnier, reste quelque temps avec elle aux Verrières, aurisque d'être enlevé par la maréchaussée française, et prendenfin avec elle le chemin de la Hollande où il s'installe àAmsterdam. Tous ces événements sont parfaitement connuset il est inutile de les raconter de nouveau'.

    4. Il suffit de renvoyer une lois pour toutes à L'ouvrage classique deM. de Loménie, tes Mirabeau, t. III, chap. y et vi.

    -

    D I h I I (U DII IIIlIIt0000005645114

  • 4 L.-G. PÉLISSIEIt.

    II y a cependant dans cette période de la vie de Mirabeauun épisode que l'on connaît généralement fort peu'. et qui est

    néanmoins fort intérgsant: c'est la demande d'extradition qui

    fut adressée pendant son séjour à Thonon, et à la requête dumarquis de Mirabeau et de la présidente de Ruffey, par legouvernement français au gouvernement sarde, et l'organisa-tioû de poursuites contre lui par le ministère sarde à la suitede cette demande. Cet épisode nous est révélé par un dossier

    relatif à cette affaire, qui est aujourd'hui conservé dans lesArchives d'État de Purin. Les documents qui le composent,fort curieux et fort intéressants, me paraissent mériter d'être

    publiés ici'.Le marquis de Mirabeau fut averti de l'évasion de son fils

    et de sa retraite à Thonon par la haine vigilante de la prési-denté de Rufiey. C'est • elle qui lui suggéra l'idée d'obtenir

    ct ordre dé ta cour de Savoyc par te moyen de l'ambassa-deur pour faire arrêter le comte. Elle lui propbsa d'écrirepersonnellement à M. de Vérgennes ami de sa famille, pourobtenir la demande d'extradition; elle lui conseilla d'intéres-

    ser le gouvernement à cette affaire en faisant valoir qu'ils'agissait d'arrêter l'auteur présumé de l'Essai sur te despo-Usme. Sa lettre est du 8juin 1776

    M. votre fils, Monsieur, est depuis quelques jours à Thonon, ville deSavoye, située sur le bord du lac 4e . Genève. IL iest.d'abord arrêté auxVerrières Suisses. 11 espéiioit consommer une partie doses crimes du pre-mier au deux juin. Mais ayant trouvé des obstacle• àl'enlèvement doladame, il et parLi avec douze mille livres de l'argent dun!i. La dame

    1. M. dé Loménie, op. cit., ignore absolumebt cet épisôde. Il raconte ledépart de Mirabeau de Thonon (III, p. 263) (sans en donner la date d'ail-leurs) et sans faire la moindre, ni lni ailleurs, aux poursuitesorganisées en Savoie. . .

    2. Turin, R. Archivio di Stato. MatcHs politiehe rapporto alt' estero ingenere, mazzo 60. Tous les documents cités ci-deskous poviennent de dedossier. J..1!

    I,

    s. copie. - En tête « Copie de la lettre de Madame la présidente deRuîfey, mère de Madame la Présidente Le Monier (sic). Celle-ci est lapersonne dont on eraintl'enlèvement.—L'orLogapheLeMbrIierauiie,ude De Monnier est fréquente h l'époque. VolSirôcomniet' h mémé erreur.

  • MIRABEAU EN SAVOIE ET LE. GOUVERNEMENT SARDE.5oavec elle des gens si prudents que rien n'a encore éclaté I. Mais vous,voyez, Monsieur, qu'il ne faut pas perdre im in'stant orir jrendi'e lcoupable peixiant qu'on Mit 'où il est. On le connbitrâ aux emplettes qdntlui verra faire. Etant parti d'ici sans emporter de linge, il ne manquerad'en achéter.

    Il faut obtenir un ordre de la cour de Savoye par le moyen, de l'amias-,&ideur. Si on peut parvenir à l'arrêter, il faudra s saisir de l'ai'get.qui'lui restera pour le rendre à eson légitime maître. M. votre fils cause lemalheur d'une famille et la perte d'une femme bien née et bien élevée2:qu'il a séduite au point de lui faire oublier toutes les loix du devoir et dé'l'honneur, et au lieu d'une fortune brillante dont elle pouvait jouir, laréduit à vingt et un ans de passer ses jours dans un couvent s . Il estheureux dans ce malheur que les précautions qu'on a-prises pour lagarantir de ses entreprises Payent empêché de mettre le comble à soitdéshonneur. Vous connaissez, Monsieur, celui qui la perd, et vous ne pou--'ez pas douter qu'il ne soit capable de la conduire de crime en crime.-

    Il est fécheux que vous soyez malade dans ce moment. Des affaires de'cette importance rie sont jamais suivies avec la même chaleur par ceuxqui n'y ont pas le même intérêt. Je crains que celle maladie ne vouempêche de lire mes lettres, et je vous prie de m'écrire tant pour merassurer sur cet article que pour ne dire où en sont les choses.

    M. deVergennes est,de Bourgogne. Je suis assez amie de sa famille pourlui écrire, si vous croyez que cela puisse être de quelque utilité à tios'affaires communes. Voulez-vous crie donner votre adresse? Je crains quemettant 4 Paris tout court, cela ne retarde mes lettres. -

    L'espérance qu'il aille voir M. de Voltaire est plus éloignée, eh étant auni oins à vingt lieues. Ainsi c'est du côté de la courde Savoye qU'il fabpromptement travailler.

    On dit qu'il est l'auteur de l'écrit intitulé Essai sur te despotisme.Cette raison pourra peut-être vous servir pour y intéresser le gouverné-—ment et le faire mettre en des lieux plus sûrs que ceux où il a été.

    'J'ai l'honneur, etc.

    Le marquis de Mirabeau aaressa lui-même immédiatement;Dit, mémoire au-,ministre des affaires étrangères pou? réclamer.,

    '1i. Allusion à M. leésideht de Vsvrôtte, frêS de Sophie, vendeexprès à Pontarlier pour s'opposer à l'enlèvement. -

    2. M'a ' de Ruffay oublie un peu trop M. de Montperreux.3. Autre exagération, puisque l'honnête M. de Monnier ne demandait

    qu'à garder sa femme avec lui. -

  • L.-G. 'PLISSIER.

    'l'extradition' de soli fils. On retrouve dans , ce mémoire, 'que/ nous donnons tout entier, les exagérations et l'emphase dont

    le marquis était coutumier1.

    Après une jeunesse orageuse et passée en partie dans les prisons miii-laires 2' ,"dont le détail ' serait inutile et trop ong ici, le comte de Mirabeau,rétabli dans sa famille par quelque tèmoignagd de calme et de résipis-cence, ayant été envoyé par ion père dans ses terres de Provence. trouvamoyen de lier dans ce pays-la le traité de son mariage avec une héritièreconsidérable de la maison de Mrignane. -

    'Comme il s l'esprit d'intrigue et d'audace à un point qui a' peu depàreil, il lia tellement les ressorts de son affaire que son père, qui vit unefamille considérable s'en contenter, donna les mains à son étahlissernent4qlioiqu'il en craignit les suites.

    A peine le jeune honitrie fut-il établi que, retombant dans soli caraclèrefougtiéux et physiquement fol 3 , il aliéna et désola tout le pays, indépen..damment des affaires personnelles qu'il s'y fit. Il fit en un an de temps220,000 livres de dettes tant criardS que fonéiéres et usuraires, toutes enlttre's de change qu'il,fiendossei par tout ce qu'il put trouver et entraînerde malheureux, depuis l'état le pins simple jusques aux dupes de l'élat le plusapprochant' du sien. Il n'avoil alors entre lui et sa femme que environ40,000 francs de revenu et n'ignbroit pas que tous 'les biens, soit de sortcoté, soit du côté de sa femme, qu'il pouvoit attendre un joûr, sont subs-titués. -

    Les deux famillS réunies, voulant , le ménager i causa de' a 'jeune'femme qui allaitait son' fils, obtinrent une lettre de cachet qui l'exilbitd'abord à Mirbeau, et, comnnie il ve'n'doit et coupoit tout, ensuite à Monos-que, petite, ville à trois, lieues de là. En même tems,'les parents' réunisdemanilètent son inlerdic'tion qui (ut prononcée au Châtelet de Paris; demi-cite du 'père.

    C'est de Manosque que, romlant son ban, il partit tout à coup pour'aller à vingt lieues de là se faire une affaire cruelle (sic) en battant etfrappant un gentilhomme d'une des meilleures maisons de la province.Celui .ci , i'âttàq'uat ' (sic) en justice et obtint contre lui un décret de prise'decoiqiti subsiste en coré.

    La famille demanda alors un ordre pour qu'il fût enfermé au Château

    I. Copie. - La pièce est intitulée simnplenienl « Mémoire o et n'est passignée, nais le style est aisément' reconnaissable.

    2. On reconnaît la' une Oesnnarotts ordinaires du marquis.3. Autre idée fixe du marquis. ,1'

  • MIRABEAU EN SAVOIE -Et- U') GOUVERNEMENT SARDE.

    d'if. Là,- plainte d'un edotinier qui'-l'accie d'avoir 'débauché 'et fit'enfuir 'sa femme'et' dé ' lui avoir pillé4,000 livres de fonds qu'il avoit;plainte au bureau de la guerre de la garnison qu'il avoit mite en coin-bastion. .. I' ' "I'..

    'Sur gela, la famillé obtint mi b'rdi'é de translation pont qu'il fùrehferméau ehateaU'd'Jôu'; en Franche-Comté.» Cet- ordre eurso bxécutioi' éhjuin 4775. '.'dhii':' ,.

    Le commandant, qui n'avbit que des cachots ddns son fort;'iui donna unesorte de liberté; le voulant prendre par l'honheu'r, et il dut enti'e autrescelle de venir à'Pontarlier,-et même, sur tes flns,'d'y habiter'. Là il liâ uneintrigue'dont les 'Suitt-s désolent aujourd'hui' deux provinces.

    Le côinmabdant a Szdnt sceu qu'il faisoit de nouvelles lettres do change,.voulut- te reÀvbyer au cliatéau (le Jotix. Lois il faussà 'a parole et parute'ô janv'ier'4T76, à la suite d'une daine- des plus notables, qui quittâtmais'on et son mari coiWine pour retourrer enflonigogné où est sa'maisônpaternelle et sa famille considérable. ......... ''L.'' .1

    • Les commandants de 'Franche-Comté 'et dé Bourgogiïe ayaht fait suivrele prisonnie'r, il fut arrêté et mis du t',hateitn de Dijon.'

    Là, sur ses belles paroles, on eut lesmêmes condescendances pour lui,Il eut la liberté de la vitle-ur sa parole et continua'ses intrlgnds; toujours.vivant d'emprunts et de rapines. Car, comme ta sentence qui Id interditlui adonné un tuteur onbraire chargé de la régiede son bien saisi, dii"l'a réduit à une pension alimentaire de , cent livres par mois, et le tuteur, ne

    f1-.' •;. '.....•'I,-; . , jvoyant point venir de quiLtances, ne peuvent payer.'L'à'rdré rr'ih poui' qu'il ïùt conduit an ch'ateau de 'Dàurlas"Oii 'eut

    enhoie'la faibiedse de ' l'eii croire Stir une pétendtc rnaldie,'èt o'n'tuidnnale -tetns d'onrdir sa trame pour rapt et:v&, ainsi qu'on le verra parlalettreci'joiiite;'qui donne avis de cedernidr é"ènehent._.i .. . .

    Cette lettre est dune personne respectable que t'affaire, touche au- plutprès, et elle est indispensable à présenter ici et tiendra lieu de toutes lespièces justi&âtive des autres faits qui sont assez cdnnnideà ministres,du ûlilic t et'dét provinces; biais quant 'à cette 'tbitre, l'originil'sePoi;"néceSrbà'ravoir, ef oh supplie, lé ministéré de vouloir bien la remettre"à' la,famille,-'après en avoir fait tirer telles copies 'et en telle forme qu'ilJugera à propos.

    Aujourd'hui que le malheureux est entièreuent engagé dans la' carriéredU'èrime, la fainille,qui a'tdut prévu et prédit 'et qui sait qu'un t'l rzra'

    4. Nouons cette orthographe et cette prononciation le J voyelle dansJODu tt'te', -ellés iYont'rien de 'r'églicr;' qià14ues lignes pltis;bù.; lemarquis écrit De Jota. '' 1

  • J',"1ère est capabo de tout et n'est arrêté sur rien, demande, et pour son.honneur et pour la sûreté publique à laquelle l'autorité souveraine estspécialement préposée, qu'on vueille bien, soit en pays étranger, soit enFrance, l'arrêter et t'enfermer de uanière que tous ses expédients, q'l isont sans nombre et , incroyables, deviennent inutiles et que le monde et safamille en soient débarrassés à.jamais, h moins qu'un- changement ines-péré, mais longtemps éprouvé avaiit d'y croire, ne donnât lieutL le,remettredans ses droits. Il est maintenant en Savoye;daifs le lieu indiqué par, lalettre ci-jointe. On connaît aùès la justice et la sagesse de S. M. le roi deSardaigne pour que la famille.se repose sur l'autorité de ce grand prince,si S. M. veut que le coupable demeure dans les prisons de es états. C'est.pour en obtenir l'ordre et La permission de l'arrèter que']a famille s'adresseau ministère du roi et demande son appui et son secours.. Il rendra ainsil'honneur et. la seureté à deux familles notables et irréprochables, en.assurant en nième temps à cet égard le repos public.

    L'on remboursera tous les frais qu'on sera obligé de faire pour le trouver,et l'arrêter. A l'égard de sa pension et entretien, quand il sera en chateau,la sentence qui l'a interdit ne lui a adjugé que cent livres par mois, et ilfaudra que la dépense soit en conséquence. Quant à ce qui est de l'argentqu'on pourra lui trouver quand il sera saisi, c'est l'argent d'autrui,comme t'énonce la lettre ci-jointe, et l'on indiquera dans le tenus à qui etcomment il faudra le remettre.

    Aussitôt après la réception de ce mémoir, M. de Vergennesordonna à l'ambassadeur français à Turin, le baron de Choi-seul, de demander au roi de Sardaigne l'arrestation de Mira-beau. Il pria en même temps par lettre l'ambassadeur piémon-tais en France, M. de Viry, de s'intéresser à cette affaire etd'appuyer sa demande auprès de son gouvernement'

    V. E. est instruite des tlèportemens de M. de Mirabeau, fils du marquisde ce nom, homme estimable par sa naissance, par son mérite personnel,et bien fait pour intéresser les Aines honnêtes et sensibles. Son ils estaussi vicieux que le père est vertueux. Je ne vous retraceray pas ici les.nouveaux délits dont ce mauvais sujet s'est rendu relu 'éhensible. On le ditretiré en Savoye. l'écris à M. le baron de Choiseul de solliciter un ordre'du roi votre maître pour le faire arrêter et détenir, pour être remis ensuiteà sa famille pour qu'il n'en soit plus parlé k jamais. Quoique je sois bien

    I. Copie. - M. de Vergennes à Ni. le comte de ' Viry, VersaillesïloL14juin 1116

  • MmAEEAU EN SÂVÔ1I Ê'r LE G'ÔUVERNEMEN'i' SARDE.

    ,pesu'adqùeS»M. Sàrd&itéroit-pas 'irséniib] aux;' allmes 'd'unefan'iille'qui ù vit Énefiadée du plus cruel déshonneui"pai c& quellecroioit avoir de plus précieux, je suis persuadé cependant que si V. Eveut bien .appuiér cette prière de ses boni offices, l'effet en sera plusimmé-«iat. ..11eit bienesseptiel que les ordres que votre cour pourra donner ne'é .uitent pas à l'avarice afin que le coupable ne s'évade, pas.

    J'ai l'honneur, etc.

    Le baron de Choiseul s'empressa de communiquer au mi-iiistre dS affaires étrangères de Sardaigne, le marquis d'Ai-gdeblanche,' les ordres de sa coui' les plus pressans, IIinsista sur la nécessité d'agir promptement et adroitement.

    L'ambassadeur de France; en conséquence des ordres de sa cour les pluspressans, a Vhonneur de prier S. E!. M. le marquis d'Aigbbinche (sic) de "ouloir bien obtenir ceux duroi so it pour la saisie et l'extradition dufils de Monsieur le marquis de Mirabeau,. jeune homme âgé de trente ans,coupable de fautes aussi graves que multipliées, et; qui doit se trouver,actuellement à Thonon, en Savoie. S'il ne s'y est pas présenté sous souvéritable nom, on pourra aisément le reconnaître par les emplettes qu'il adû!,faïre,:s'étant sauvé de Bourgogne sans liards et ayant dû par consé-quent s'en procurerde neuves. On trouvera; sur lui le reste d'une sommede 12,000 livres qu'il a volé (sic) en se sauvant.

    L'ainbassde'ur a l'honn&ur d'observer k' S. E. que cette affaire paroîtexiger la plus grande eéléi lié de crainte que M. de lUirabeaune se retiredns quelque autre contrée où il seroit difficile de le poursuivre. On.doiten môme temps prévenir qu'il est nécessaire de se précautionner contreses ruses et'comitre 'son impudence à l'aide desquelles il pourroit échapperà ses surveillans. Aussitôt qu'il sera'arrèté, le baron de Choiseul espèreque M. le marquis d'Aigblanche voudra bien l'en avertir an que l'onpuisse concerter sur le champ les mesures nécessaires pour sa translationen Fiance.

    La réciprocité est trop bien établie entre les deux cours pour que l'am-bassadeur ne soit pas certain d'avarice que sa demande n'éprouvera aucunedifficulté. Elle est d'autant plus dans le cas d'être accueillie que non seu_Idment elle tend à purger la société d'un membre qui a déjà prouvé qu'ilest capable des plus grands crimes, (nais qu'il s'agit encore de garantir mIndéshonneur une famille digne de considération et un père également respec-table et malhéureui.

    Turin, le 51 1 juin 4776',I. Original, non signé. . . 1

    &

    s-

  • 10r';iLG. P4L1SSIE.T1, 1:1Le lendemain, 22 juin, après que le marquis'd'Aigueblanche,

    eût soumis la question au roi,, le bureau d'état pour'ileSaffaires étrangères transmit l'ordre 'd'arrestation de Mira-beau au comte Corte, secrétaire d'état pour l'intérieur. 'Lejour même, le bureau d'état pour les l affaireî intèrh28envoya an commandant de Savoie lés in's&u'ctions nécessàirespour procéder à l'arrestation.

    -M.' le. comte de Viry n envoyé par la •pbste 1 l'kier.une lettre, de M, lecomte de .Vergennès,.et M. l'ambassadeur tic Franceyient de remettre unmémoire, par lesquelles pièces la cour de Versailles demande la saisie deM. de Mirabeau, fils du marquis de ce nom, retiré à Tlionon, en Savoye.,.Le roi, à qui le marquis •d'Aigblanche a rendu compte de cetie instancepressante et réitérée de la part de la cour de Fran pe,a ordonné qu'on coin-.muniquàt les pièces susdites à S. E. .M. le comteCorte, aQnqu'il puisseencore envoyer par le courrier de cesoir les ordres en Savoye.pour fairearrêter M. de Mirabeau et le détenir jusqu'à ce qu'on le rende à sa famille.S. E. remarqera qu'on demande l'exécution de ces ordres avec le plusgrand secret pour éviter l'évasion du coupable. 1-

    Le marquis d'Àigblanche saisit avec plaisir cette occasion 'pour renou-veler à M. le comte Corte les assurances de son parfait respect.-,

    Du bureau d'état pour les affaires étrangères, ' le 22 juin 17761.

    Deux jours après, le baron de Cloieul remit au marquisd'Aiguehlanche, qui recevait en même temps un autre exemrplaire de M. de Viry, une copie du mémoire èit plus haut,et le signalement de Mirabeau, qui,â en juger par le style, estdû au marquis de Mirabeau. -

    -Signalement. . .

    Le comte de Mirabeau, qui prenoit, dit-on, dans ces derniers temps enBourgogne le nom de comte de Beaumont, est d'une taille médiocre, latête grosse, le visage ordinairement rouge et fort marqué de petite vérole

    - 1. Original. M. d'Aiguehlanche au comte Corte, Turin, le,22 1juin '1i776.:En marge d'une autre nain L'on a écrit à M. le commandant de Savoiele 22 juin 4776. , On a écrit nouvellement au même M. le commandant le26 juin 4'776. - .:,,,.

  • MIRABEAU EN SAVOIE ET ' - ILÏ GOUVÈRNEMENT SARDE. .41

    ét dé beaucoup de tacheWdè rousseur, les cheveux blonds, cré$s et héris-sés, les épaules-les -Maing . èt- les jambes grosses.r

    On le reconnaît aisément à son ton jactancieux, bavardage tranchant etavantageux'.r-,

    is lendemain, ces pièces furent communiquees au comteCorte. Le marquis d'Aigueblanche l'engageait à renouvelerles ordres envoyés précédemment en Savoie, pour la plus-grande ,seureté d'un tel sujet.

    Le marquis d'Aigblanehe areçu de M. le comte de Viry, par la postearrivée hier, et en même temps de M. l'ambassadeur de Francs des nouveauxpapiers relatifs à la conduite irrégulière de M de Mirabeau, consistant enun mémoire détaillé, ses signalements et une lettre de Madame la prési-dente de Ruffey. Le roi l'a chargé de communiquer d'abord ces différentespièces , à S. E. M. le comte Corte qui en trouvera ci-joint des copies, aucas qu'il juge à propos de renouveler et ajouter aux ordres partis samedidei-nier quelque chose pour la plus grande seureté d'un tel sujet, si onparvient à l'arrêter, pour celle de l'argent et effets qu'on lui trouvera etpour la manière de pourvoir à son entretien jusqu'à ce qu'on le remette àla France, dont le ministère parait toujours plus y prendre intérêt.

    Il offre h S. E. la continuation de ses sentiments de respect.-i. Du bureau d'état pour les affaires étrangères.

    -Le 25 juin 47762.

    Le bureau d'état pour l'intérieur se conforma aux vues dubureau d'état pour les affaires étrangères, et les instructionsenvoyées le 22 juin furent renouvelées le M. -

    Le comte de La Tour, commandant de Savoie, avait, dès laréception des premières instructions, le 24juin, chargé M. deSoirier,. commandant ledétachement de Thonon, de procéderà l'arrestation de Mirabeau. Mirabeau était arrivé à Thononle 8 juin,i et y avait môme, assez, imprudemment, révélé sonvéritable nomà M. de Soirier, mais le 20 juin il en était re4parti, atec Mue de Cabris et son amie, pour se rendre 'Genève. M. de Soirier, que M. de La Tour avait chargé, avant

    Copie nan'signée.LM

    --C

    - - ----. -Original. . d'Aigueblanche au comte drtè'T--i'in, le 25 juin 17 t6 1,

  • 42'- L.-G..PLISSIE1t.-. /"''':wvmême de connaître les négociations .eugagèps,'.de surveillerMirabeau, lui annonça le départ de toute cette cohorte, préci•sèment le 24 juin, M. de La Tour ne put que donner desordres sévères pour faire arrêter le comte, s'il se hasardait, àrevenir à Carrouge ou à Chêne, et envoya sou signalement àtous les inspecteùri' dès auber'ges de Charnbéi'." Il coin muni-ua 'ces nouvelles au comte Corte le 26 jain

    r. .,,' ...Gomme l'arrivée de la malle de Turiti devança tunai' dèi'Hiéi 'l'heure

    ordinaire, j'eus le temps, Monsieur, de donner ce jour-là même à Ni. deSoirier, commandant • le détachement de Tlronnh, les dispositions ' queV. E. m'avait fait l'honneur de une prescrire, d'ordre de S. Ki., p'oii'fairé arrêter;' traduire et garder en toute sMelé' dans la prison i'o'ale'4eladite ville"le comte de Mirabeau, s'il s'y trouvait encore' Ce 'mômê"officité, fort exact et très attaché k téus ss devoirs, avait ei so i n de hi'ap'Verdie préeédeniment qu'il y était arrivé le 8 du cornant sous un 'no'nemprunté, mais pué, l'ayant questionné sur les vrais motifs qui l'y rets-'noient, il lui avoit ingériûment avoué le véritable, en Itii ajoutant qu'aprèss'estre esehappé du 'chftieau de Dijon où il étoit détenu depuis nômbred'années liber dettes, il venait chercher un asile A Savo!e. Je lui mandaicri répone de veiller attentivement sûr la conduite dé cet vanïurie1',demôme que sur celle de déux daines de Proveneé,'pii, peu d ' jours 'près,létoient venues joindre, et l'être atientifa m'intruire de &e qu'il 'yaoroitrernarquéde suspect. Je reçois une lettre de M. de Soirier, sous la datted'avant hier, qui m'apprend que toute cette cohorte réunie, après avoirpris congé de , lui, s'était acheminé le 20 du côté de Genève. Si doncM. tIc Mirabeau parait à Carronge ou âCliène, il y sera sèremeni saisi elfermé ', après les ordres positifs que je fis passer lundi dernier à toutebonne foi à MM, les counràndans iiililaires de ces 'deui'endrài js; 'con-séqïremment à ceuxque j'àvois reçu (sic)' le nnêmejour'de V. E.' Je' ('ais lesrépèt 'ertans toutes les autres villes et gros bourgs de cc duché otail y n dela troupe.Je souhaite ardemmdnr, Monsieur, que cette sage pré?aution ayel'effet que j'en attends.r'--.' '... ''''-' . 4'

    Je n'ai, pas manqué 'non plus, Monsieur, 'de profiter du signalementcxat'que M. de Soirier m'avait envoié précédemment dudit Ali dé 'Mira-beau pour le consigner aux officiers majors et adjudants de cette.capitale

    ('r':1-J,'•r,,'.'',,,,','J-,''I. L'emploi étrange de ce mot provient sans doute de ce que M. de

    La Tour a donné au verbe français fermer le sens d'arrélet qu'a le verbeitalien correspondant fçrm re. '' n ï '

  • MIRABEAU EN SAYOIE ET LE GOUVERNEMENT SARDE. f

    qui chaque jour devront en allet visiterbutes les auberges M vérifier lesignalement sur les étrangers qui y arriveront, et j'aurai soin d'informerV. E. de ce qu'il en résultera'.

    Désolé d'avoir rMnqiié une aussi belle arrestation, M. de Soi-rier ne resta pas inactif dès qu'il eût reçu l'ordre de M. defa Tour, il se rendit à Chêne, espérant y rejoindre Mirabeau,et y fit des recherches minutieuses; il en fit autant à Carouge;mais dans les deux villages son enquête resta sans résultat.Enfin,, il alla à Genève s'informer. L'hôtelier qui avait logéMirabeau lui apprit que le fugitif s'était dirigé vers le Bugey.Mais comme Mirabeau, .en quittant Thonon le 20 juin, avaitdit à M. de Soirier qu'il reviendrait bientôt à Chêne ou àCarouge, le brave commandant ne désespérait pas, de lemettre « en cage. »

    J'ai eu l'honneur d'informer V. E. par le dernier courrier du départ deNi. de 'Mirabeau avec toute sa suite. Ils partirent le " du courant moisà deux heures après midi pour se rendre à•Genève, où ils ont logés (sic)à l'Écu de France. Et par la lettre dont V.E. m'a honnoré (sic) en date du24, par où elle m'ordonne de faire arrêter ledit M. de Mirabaud (sic, je mesuis déterminé h partir tout de suite pour me rendre à Chêne où je croioisde le trouver selon lis indices que j'en avais. Après avoir fait toutes lesrecherches les plus exactes avec M. le commandant le baron de Sa4nt-.Michel, nous nous assurâmes qu'il- n'y étoit pas allé. J'ai donné son signa-lement audit' M. de Saint-Michel si ressemblant que je ne crois pas qu'illuit le manquer en cas qu'il lui prit fantaisie d'aller de ces côtés-Je mesuis ensuite transporté à Carouge pour faire la même recherche avec M. lebaron de Saint-André et pour lui donner au juste son signalement, mais

    4. Copie. —Entête «Copie de lettre le M. le comte de La Tour;coin-mandant de Savoie, en date du 26 juin 4176. «Le comte Corte s'empressade transmettre cette lettre an marquis d'Aigueblanche avec le billet sûi-vant daté «du bureau d'état des affaires internes, le 28 juin 4776 « Lécomte Corte, eu assurant S. E. M. le marquis d'Aigblanclie de son'1arfait respect,, se fait un devoir de lui communiquer copie de' la lettrereçue par l'ordinaire de ce matin de S. E. M. le comte de La Tour, com-mandant du duché de Savoié an sujet de l'affaire de M. le comte. de Mirabeau. Au dos i « Le 29, on d envoyé copie de cette lettre (de La Tour)Ni. de Viry et la même soirée autre copie à M, l'ambassadeur (le France»

  • 14-;:L' l'-Ç3• ?É-LIssiEa'I'•-'I iIiflIlP:

    il ma dit lavoir déjà reçu'de: V.iE,,Me, recherches aiantélé inutilesdansas deux postes, je suis allé à' Genève P OUF m'informer-du maître del'auberge où il a logé, quelle route il avait'pris (sic)..leiuel iI'(sic) m'drépondu qu'il était parti dimanche matin (le Genève avec les deux damesqui le sont,vemiesjoindreà;Thonon, quiicroiaitqu'ilso retiraitans leBugeychez ,M1mde Gursy sa cousine; Probablement qu'il sera dans quel-ques maisons (sic) de campagne quoiqu'il m'assura le Jour d son départfu.qu après avoir accompagné ces clames il viendrait passer quelques J9urs àdhêià 'carduge; et 4ird dd là' il psserit à Char'dbér ' 1iodr se rehd'e àT rin1 ''i j'â'vôis 'redû' 'c("jiirà $lni tôt votre ttt' et Ici 'du'dre dV:lit &'êi'ujet; il erdi'en'cae, quoique je nWdéiêspêr pas 4ue' da'hpeu il ne g6it arrêté clkndèirdns- t- ' ' '- . -c';j;l!..Il ij".liJe pars idansie moment i&urrejoindre.rnon . : poste; ët'eil!attendânt,ieiordres ultériéurs de S!..

    ....;;.'---..M. de La Tour ne partag

    .eait

    .. pas

    W les

    r' illusions

    ' .. d .e son

    . subonr

    ;

    donné sur les chances d'un retour de Miraheaji à Chêne ou àCarouge ;:i1 , pp ait plutôt qu'il, aurait cherché asile dans,pays de Vaud Mais il continuait une surveillance minutieusel.

    Cette déclaFation, je l'avoiià V.' E., mpftott séspeéte,prï4iiéNi.d Minheau pensant hin qu aiês les cumes qu'il'a con½mib en Franceil Y. seiort tmmncablerient poursuivi; aura certainent préféré de chercher tiri aj iledâhs le pà3s de Vud; sminiis'à la répu i lie lis p eine. cetteidée'là.qaeje soumeu aux réllexoiis de y . E. nei'emèschera'ahependant de saisir 'ce gèntllhomme s'il se montré de nouveau dalil ce pays-ci,J'avais déjà fait passer, dans cett vue là, aux àhef'de trqi ppet qu s'ytrouvent en' quartier ou détachées,"son signalemen t 'tolquéde Soyi1èrihe l'dvoit'fâurni et qui Se ti'Suveparfaitemnt réssem8lantcelui queV, E. 'm'a âdi'esSen déinier lieu: J',i l'hon'néb;et,',' ' f

    ,....

    Mirabeau ne devait pas trouver à Genève la tranquillité quilui-avait .manqué :à trhofion. Le marquis neréclama- pas de 'la•.,.Jt

    .tv-,-i!A. Copie.--4-'En tête: Il Copie'de lettre de-M, de Soyri&f, commandant lé

    détachemenvde -'t'honon à S. E. Ni. le comteile La Tour, conimantlarit 'déSavoie; datée dé Calirouge le 27 juin.1776.

    2, 'Copie; — En tête-: Il -Côpie de S. E. -M. le comte-de La Tour,'côùi.mandant dé Savoie, au bureau 'd'état des affaires internes; en dâte''dii29juin d776. r'.— La pPeruièr'e partiede cette lèttre n'est que lé résumèdela Jettre de M. de:Soirier, citée plus haut; il est donc -inutile de 1la reprô-d',;ir''l....... t

  • MIRABEAU EN SAVOIE:jET LE GOUVERNEMENT SARDE. 115

    République rextnditioh de son fils, craignant 'quil'ne profitâtdes 'délais qWurfenoueiledemande de ce , .genreent'raîneraitpàur .fuir Ê aiileurs il' côaitenta'de dè'mrSer qu'on attachâtà sà per%onÈe Iesiir'eiilèret'del'àttire'r 'à "Chêne, à Cardtie'ou uViin autre 'oiIit du %ei4fto ire savoisien, où il serait eii'uite arrête sans difflcullé. CeÇtdemande est développée et détaillée dans le tiéioire 'èids_sous:- l,,i. 't,J'!'t' '»l,;., j:,'ili'•'' ,• ',i . -

    La fmillè du comte de MiiabeaU'et autres intéresséi k cé"qu'on rèteses excès, ayanr appris qiil s&retire souvent à Genève et qu'il changefréquemment de place, ce qui rendroit les recherches des personnes char-gées de l'arrêter plus difficiles, espère d'obtenir (sic) un espion de la , policedè Paris'$oin le suivre ou même l'engager dans ses mai'chà. /- Comme il faudrait de nouveaux 'ordres 'et dé 'nouvelles dèmandes pàuGenève qife le aoupahléfort ad'oit et fort éveillé en T1oi1rait avoirnievent; etv qntd'ailleûrslà mouche qu'on va lui ddnnerestparLoùL n'éèès-'saire;on1 n'a pdiht fait'tle nouvelle demande defce éÔté-1à et l'-piohsaura raie sôitit'son ' horhir,e 'sous divers prétextés qui ne iiianqtie'nt't

    ces gens. Il désespère néanmoins de l'attirê p 'sur les terres de France bitil sait être poursuivi.""..-

    Mais il compte l'amener aisément à Carrouge . ou à Chêne,, terre deSavoye. Dans ce cas on demande que la cour de Turin veuille bien donnerdes ordres aux commandansde ces deux endroits de donner main forte àla pçemière méquisition à celui qui la leur. deinnndera.pour arrèler celui,do p til leur mon treralesignaternent qu'on adonné vance; commeaussi dans le cas où le coupalda , seroit trouvé en terres de Sayoye parle même homme qui a ordre de le découvrir, de le suivre et de le faire:arrMer au monint propice, q 'u'il soit auturisé à demandera obtenir minfortepartout, ,1,,'': !-'L

    M. le comte devergennes est supplié de.vouloir.bien protéger le présentmémoire, l'appuyer de sa recommandation j et du voeu: de l'autorité'; j

    ç,ç,'''t,''M. de Vergennes transmit aussitôt ce mémoire à larn$ssa-

    deur M. de,yiri en demandant que, les instructions du arvis fussent exécutées,

    I I. Copie. Comihe le précédent, ce mémoire n'est pai signé. La cofmieest intituléedu Mémoire aci-dessus mentionné et suit immnédia-lement la copie de la lettre ci-dessousT'ubliée ' ' J ' mu.rmi'isJu

  • 16 L'. --o. , p tissoentJ'ai, l'honneur d'énvoyet à 'V. E. un rnSoiré ui.ifitérésseMi.Ie.Jnar

    quis de Nirabeauoccupé des moyens- de faire, arrèter;M. son-fils; Jevous prie. Monsieur, de vouloir, bien mettre,cette pièce sous les yeux de.yotre , conr, et la déterminer à'accorder à N. de .Mirabeati,la,gr&ce qu'ilsollicite. V. E. obligera essentiellement un père R ue les désordres da sonfils jettent dans la plus grande affliction.

    J'ai l'honneur, etc. ..

    Ces nouvelles instructions parcoururent, de bureau eh bu-reau, la même voieque les précédentes. Le marquis d'Mgue-blanche les communiqua, le 5- -juillet 17:76 au, comte Corte

    M. le comte de Viry vient d'envoyer par la poste de ce matin une nou-velle lettre de M. de Vergennes avec un mémoire concernant M le comtede Mirabeau. Le marquis d'Aigblanche,.qui en a rendu compte au roi, s'em-presse de communiquer ci-joint copie de ces pièces à S. E. M. le comteCorte, afin qu'il puisse faire parvenir par le courrier de demain au soir denouveaux ordres en Savoye, conformément au contenu du mémoire susdit,telle étant l'intention de S. -M., qui est très charmée,, surtout dans cetteoccasion, de complaire au ministre de France.- L

    Il renouvelle à S. E les assurances de son parfait respect..Du bureau d'état pour les ffairàsétrangères, le-5 juillet 4776 2.

    Les nouveaux ordres furent envoyés au commandant deSavoie le 6juillet 1776; celui-ci prit toutes lés mesures iéôes'saires pôur en assurer l'exécution'évèntueile. Mais il avait.,au sujet du taitment à àppliquer â Mirabe.ti prisonnier, destscrupules qu'il expose àui comte Corte dans' la lettré suivante:

    Je fis déjs passer avant-hier, Monsieur, à Messieurs les deux comman-dants de Carrouge et Chêne le précis des nouvelles dispoèitioni au sujet deM. (là Mirabèn dontenues dans la lettre dont V. E. m'aoit-honoré àdate du 6 et conscientes au mémoire de Ni. le comte de Vergennes quilui a été 'transmis par ie'bueat ds allaites êtnngèes. Ces Messieursm'enont déjà accusé' reception en m'assurant qu'ils s'y conformeront avectoute l'exactitude possible quand le cas se présentei'a; Je 'les notifiérai

    4. Copie - M. de Vergennes à M»de Viry. Versailles, fl juin 4716.2: Original. - En marge, d'une autre main.: ' -On -a étrit à S. E :M. le

    commandant de Savoie,le 6 juillet 4716.- '.u:'n''.'';«•

  • MIRÂREAU EN SAYOIE1ET.LE GOUVERNEMENT SARDE. 17

    arès'à.tbus les èdrmiindàns des détachemens placés dans la proximitéde. Genève et à ceux des deux compagnies' de dragon (c)!en quartieiChAnnecy et à Rurnill y, moleunant quoi, si l'espion de la police de Paris misà , la poursuite- dudit M. de Mirabeau parvient 'à l'anlSner(sie)idatistlesétats du Roi, il y sera sûretnehÇsaisi Cel ji supposé, Monsieur; ne feonve..nant pas de confondre un homme de sa naissance et aussibien apparentéavec tous les malfaiteurs de lalie du peuple dans les prisons ordinaires;je compte de le faire traduire au fort de Miollans, en attendant . qu'il soitremis au pouvoir de la cour de France. Je prie cependantiV. E. de vouloirbien me mander si' S. M. agrée ou lieu cet arrangement. iJaurai préféré,pour biéts des considérations, écot usage lé château d'Ariuecy ;nlais tommeles réparations qui: avaient étè.ordounées l'année dernière par le vii j)ouy renfermer avec seureté des jeunes gens de ifamille'dismies V, àla-réqui-sition et aux frais de leurs parents, et d'autres personnes; pour y s'bir diteCI étention à temps, n'ont point encore été exécutées, je ne sçaurai penserà y. placer M. de Miiaheau.' .'

    J'ai i'hônneur d'être2.

    'La ruse de Mirabeau rendit inutiles les bonnes intetitionsdéM:de La Tour â son égard. Déjouant par son audaèelesrévisions de son père, ce fui en Francequ'il vint chercher

    un asile. Pendant qu'on l'attendâità 'Carouge,il 'était'àrPià Lyon et de là en, Provence. La surveillance continua enSavoie pendant tout Je xois de juillet. M. de La 'Four écrivaitpériodiquement au ministre que ses recherches demeuraientinfructueuses: .

    La poste des provinces arrivée ce matin ne m'apprend rien Monsieur,d'intéressant au sujet de M. le comte de ilirabaud (sic). Il estposMble'qula mouche de la police de Paris qui devoit le joindre et l'engager venirdans les élats du roy ne l'a peut-être pas encore trouvé ou lia pu l'enpersuader. S'il s'y montre et qu'il soit arrêté, je prôfiteni, Monsieur, de la:permission que le roi m'a donné (sir) de le faire traduire au fort de Mio'

    'l Sic. C'est un barbarisme ' qui ' traduit l'italien disoolo, libertin,'débauché, querelleur.,.. .'J

    2. Copie. En tÔle « Copie de lettre 4e S.....M. le cointjdeLa;,T,our,commandant de Savoie, écrite au bureau d'état des..affaires internes en,date lu 10juillet &'73 6 ',»...',,,, ç,, ',Ç1...i

  • 18.:'i.iit : ' I;fPÉLISSIER.-; 1 1 'r'''»IVlaits, où i il Sem -Soigneusement'gardé et.cèpendant traité selon, les égardsdûsàun,hènnfle4e son rang •:, .,.,...'n t' . .' (t ! ' . .ft

    r•,.,:.r.I' . +,,: . v!I,.lu:I/•,:1.4'ai.l'honneur, Monsieur; dé,répéter à.V:'E.; d'après iles relations queje reçois deux fois chaque semaine de MM: les.ofliciers commandants sousmes ordres les troupes d'infanterie et (le cavalerie distribuéesen différentsendroits de ce duché, que Leurs soins assidus Øour.tcher de.découvrir siM. de Mirahaud ne seroit peut-être pas revenu chercher un asile dans 'lesétats de S. M. sont toujours inutiles. Je présume que ce gentilhomme enpartant, (le Getiève le 23 du mois passé, comme j'ai eu l'honneur de vousle mander en son, temps, s'est jette en Suisse, et peut-être depuis ilâ enItalie .00 en Allemagne, où la personne affidée que sa parenté a mis (sic)à .sa poursuite le joindra bien difficilement: ................'

    .•J'ai'i'honneur, etc. 2.......,,it t

    Ce ne fut qu'en septembre que M. de La .Tour recommençaà recevoir des nouvelles de son prisonnier, présomptif,: lesdeux inspecteurs de la police de Paris lui racontèrent la fuite

    M'k!41 de , Lyon, son ,SéjOUl'Ù .Lorgues e sa ,retraite nItalie. Ils avaient perdu sa trace, mais une fausse espérance,de le retrouver aux Échelles les avait amenés en Savoie avantleur retour définitif à Paris

    "Je sois' bieri'aise, Mdnsiènr, d'informer V, E. 'que j'ay vii ic3'la semainépassée les deù%'inspecteurs de la'olice' de' Paris 'qui aoienité envoyés àla poursuih&'du marquis de Mirabaod (sic) ' fll, mais leurs soins là-- dessusont été sans succès, quoy qu'ils layent suivis (sic), à ce q&ilsrfl'oét'assurés (sic), dans plusieurs provinces de France. Ce jeune homme a eu assezd'adresse 'pour'n'être.pas découvert, entre autreà.Lorgue, petite ville de , laProvence, où il s'ôtait arrêté plus d'un ,mois. et dont ils n'ont sçu.qu'aprMscoupqu'il était parti le,12 aoét,.prenant ta ronte.des montagnes qui cominufliquent par la comté de Nice dans -la rivière de Génes;, d'où it aura pupasser. en,ltatie. Cette idée là en décidé (sic) Monsieur, h s'en retournerhParis; mais auparavant, su,' la foy d'une lettre,d'un des camarades devoyages dudit sieur de Mirabaud qu'ils ont interceptée, ils sont venus lechercher aux Échelles, part de Savoie, où, selon les termes de cette Lettre,

    4. Copie. En tète« Copie d'article de lettre 'de 'tuLle comté 'deLa" .Tour,: commandant de Sisvoie;'au' bureau d'état des 'àffài'res 'internes,du 47 juillétil76»''HIt;',.:!iTi'''.':.'.''. /.,,'.fl(t',t4 t

    t Copie. En tète: ll Du même au même, en da&d&ftjtiilWt'4'776')'i'

  • JMIRABEAU EN SAVOIE.ET..LE GOUVERNEMENT SARDE: t

    il devoitjvedir •prendteiàzile. sous .uh nom eshprunt4, Sisil ny 'a4oitencore .pointpatu. IA tout événement, j'ai.fait remettre sôn signalementau châtelain du lieu, avec ordre de vérifier sur tous les étrangers nonconnus qui pourraient y venir, et dans le cas qu'on remarquât sur nu.d'eux les..1raieLs distinctifs de.physionomie; .et de stature, spécifiés JaÉls lesigialcment ., de le faire saisir et.irad;ire immédiatement. dans cette .capih

    'I'j:... ..n!I

    ,tly. IiJ,•!,.•:••nIL

    Au.moment même oA M. de La Tour, et avec lui sans doutelegouvernement;sarde; cornmençaiept â se décourager de cettepoursuite toujours infructueuse, au moment où ils avaientperdu toute trace de Mirabeau, l'affaire entrait dans une nôù'-'vellepériodeet l'extradition était redémandée avec pltis d'iiPéistance'et plus de vivacité encore qu'au mois dejuintMfrabeau venait en effet d'enlever, le 24 aût la ina'iqdisedêMonnier. II s'agissait dès lors de s'emparer des deux coupableset deles :tfMre transférer dans « 'les lieux indiqués par leursparents respectifs. » Vergennes renouvela sa demande à

    ,Viry le 4 septembaChoise] fitnouvelles de marches le42 septeiibre.

    ''. 1 J , l

    ..

    Je i viens ill'éti ll informé uU M. de MirabeaenlMaSrne de Monnier,'à P'oÏ aHild4'du rinoiidé'rhier. Celui x?e il ai à présumer qu'ile sera rétiré en Savoye, et S M: Satde ayant déjà don l ordres' les

    plus précis pour le'faiM arfête», 'je vdus prie, Moieur : de"téuloir Iiinprévenir votre cour du nouveau crime que ce malheureux vient de coin-métre Ltde la sulliciliire part de réitéi'i ses ordres pour qu'on' sesaisisse de apeksone'dàns leèas oti'l'â'ti javiendtditâ»ie 'dé&ouvrir'dahsles états des. hi. Sarde;' ,,fr,jil ta':'' r'i •U)

    J'ai l'honneur 2

    .....,,iJ-c: J, j',,,L!:,L'LJll j,,jj.,l,.I

    :1.1 Copie.—.EntêteCopie d'article de lettre des. Ex: M3le eÔmide La Tour, etc., au bureau d'état des affaires internes, en date du 4 sep-tembre 177.6.'»'• l!.n,IlIl.jt 'fi.

    2. Copie. En tète ; ; 't Copie de lettre de M. le comte de VergennesâM. Je comte. de Viry, en date du S septemfrel76.. »!Cette copie, celle diamémoire de M.,de Choiseul et celle du signalement publié ci-dessous-sontréunies sous.le titre de puces annewes àla suite d'un'!hillet du l comteCorte au marquis d'Aiguehianche, ainsi "conçn-: t. Le comte Corte a Ilion.'neur . de .renouv.eiê à Son Ex. M. le marquis d'Aigblanche soa'parfaitrespect et de lui communiquer les ci-jointescopies 4e lettresconcer-

  • QQ.LiLt ./.,i.YÇL.,O. PL!SSIEft[,t, r:Jjf$ài:

    iLe',mémojre de Choiseul est .plus explicite que la:l6ttre"dVergennes- il est accompagnédu :signalement . de M'" de Mon-nier. -

    • L'ambassadeur de Franco 'a l'hoiinetir'de réitérer ses instances auprèsde S. E. hF, le-marquis d'Aigblanch--pour qu'il vileille liin obténir' deS. E. le roi de Sardaigne qu'elle renouvelle l'ordre qu'elle a déjà doné dse saisir de la personne de M. Mirabeau (sic) et quelle daigne y ajoutercelui d'arréteiiégalement .Me,lanârrqujse.de Monnier de i'àntarlier, donsle, signalement estchjoiiit, et que ce malheureux jeune 'homme est , par-venu â enlever le 24 du,mois dernier. Si ITou réusit à exécuter les ordretde S. M. le roi de Sardaigne, i'ainbassarleur de Fiance pries. E. de vouloirbien lui en donner avis, afin de prendre les mesures convenables pourfaire transkrer sûrement les deux coupables dans les lieux indiqués parleurs parents respectifs'.

    I

    Copie de siynalemens.(sic) de'Madame,ia marquise, de Monnier.-i. ._,' .•-_'II

    Sa taille est de cinq pieds quatre pouces environ; elle se tient mal et aId dos uhlVeu iond, IÂvisag'e rond, le menoh coupé, le nés gros, leslèvres épaisses, les cheveux bruns, la peau blanche, des couleurs natîi-relIes, de l'embonpoint, la voix grosse et parlant peu distinctement. Il -està propos de la fouiller exactement et de lui Ôter couteau, ciseaux et mèrricdu poison quelle a caché dans sa chemise et de la faire veiller avec soin 2iour que dans l désS'poir elle n'attente pas à ses jpurs.

    Cette fois le cs parut plus pressait t au marquis d'Aigue-blanche, qui, sans eh rêférer au roi, communiqua toutes cespièces au comte Corte pour qu'on pût agir sansdélai.

    Le marquis d'Aigblanche qui vient de recevoir, soit par le canal deM.jle. Viry, soit par celuide.Monsieur l'ambassadeur de France, de flou-

    nant M. de Mirabeau, les ouvrages à faire de la part des Frinçois auxdigues du tiuyers et la commission dont on a supposé flic chargé M. lerésident de Franco à Genève pour l'extraction dc-s bois propres à, lanavi-gation. Du bureau d'état des affaires internes, le? sept. 4776,.4.'. Copie...Enitête- - copie .d'un.mémoire de M. l'ambassadeur deFiance du 42-septembre 1776. 11 Voirila note précédente.

    2. On, sait.que. Sophie de Monnier s, suicida.en s'asphyxiant dans lanuit.du 8-au 9 septembre 4789.

  • MIRABEAU EN SAVOIE' ET1IS GOUVERNEMENT SARDE. 21.

    velles .instances! pour Faire arrêter.,hi. de -'Mirabeau 1 (lui a'réitéré ses' excen, enlevant dernièrement Mmc la marquise [le Monnier à Pontalier, croitde bleui faire de communiquer -les copies ci-jointes à Son Exe; L. le comteCorte avant que d'avoir pris les ordres du Roi, dans la certitude où il estqu'il-sera approuvé de S. AI., afin qu'on puisse prendre les mesures titres-saires à cet effet par le cornrier de demain.

    Il saisit.avectot leplaisirpossible cotte occasion, pour assurer SiExc.de, son , parhit, respect.

    Du bureau d'état des affaires étrangères, le 43 sept. 4776 1,,-.I•.' f -'..'' t

    Les ordres sont en effet immédiatement renouvelés et M. deLa Tour prend, de nouveau toutes les mesures nécessaires:pour s'emparer des amants fugitifs; il ordonne des enquêtespar des-secrétaires, d'intendance dans. tousles bourgs et villa-ges de la Savoie. Mais - « ces scrupules font voir trop de déli-.catessé» -, il ne veut pas employer des sotdiits de justice; oà saisir «'des personnes de' cette distinction. » Du reste, il'pense que leà coupables songeraient plutôt à s'enfuir vers la'Suisse et l'Allemagne, et la fin 'de la lettre semble indiquerqu'au fond du coeur il trouve que les événements sont dus àla négligence de la famille de la marquise

    J'ai déjà renouvelé, Monsieur, comme V. E. me le ' prescrit de'la' part deS: M., les ordres-n&,essaires k tous 'mnùsieu'rs les officiers coninian 'dants lesdifférents détachemSts répartis dans ledinihé dé lâcher' de dôcàuvrir aumoyen des signalements que je leur envoie, si le marquis de Mirabeau etla marquise de Monnier qu'il a enlevée en dernier lieu seraient peut-êtrevenus chercher un azile dans les environs de leurs postes et, s'ils y-réus--sissent, de s'en assurer tout du suite avec les précautions que,V,. E. m'afait l'honneur de inc fixer et que je Leur indique. J'ai aussi imaginé,Monsieur, de prier MM, les intendants de nos six , provinces d'y faire fairesourdement'et sans éclat les mèmes,perquisitions par, les secrétaires respec-tifs des villes, bourgs et villages principaux de leurs' dépendances,, et si'elles ont quelque succès, de m'en informer tout de suite -pour , que je puissedonner en conséquence les dispositions nécessaires; mais je suis, je vousl'avoue, Monsieur, très embarrassé d'y pptrvoir satisfaire dans le cas pré-,sent, où, k l'exception dss postes fournis par nos régiments (provinciauxle long de l'Aire et en Chablais, je n'ai pas un. homme de troupe clans tous

  • 22t;;.t, ;' - l' 'lpiLjssrEI'1L- /'lu,.

    lesautres districts de ce-duché; pas mêrneIa espitale. li me'paroistrôitindécent d'employer des soldats de justice à saisir des personnes de tetLdistinction et à les traduire dans quelques lieux sûrs (sic); je n'en ai pasd'autre que le, fort de Miolans, à moins que je ne fasse usage des prisnsroyales qui se trouvent dans les provinces. Je serai doiic'trèsèbligé à V.' E.'de vouloir bien me déterminer là- aessus,'eÀ oside accès :d'ins i Il es recher -chesl, dû je dev rai 'les faire fermer jusqu'à ce 'qu'dn les rem elle à ]a'frdntièredes deux états aux personnes qui seront députées par la cour de .Frà,iddpour les venir recevoir.t ',',;,,. J

    Au reste, Monsieur, comme l'enlèvement de Madame de Monnier s'esteffectué,'à te que j'ai vu dans la réqûisiÛon de 'fl"l'ambdsidetjr deFrance, à Pontarlier, petite ville d laFtanche-Comlé cntiguê kl'Ésat deBerne, il est à présumer que M; de Mirabeai et elle s'y seront atresté par ;prérence .pJuiÔL que de, revenir en •Savoie,..ou'que. même ils auront:passés (sic) au delà duRhin.•,,.-,-........

    Cet devait être prévu et empéch& pa r, . les parents tic cettedame,.puisque l'inspecteur de la police de Paris, que j'ai yu, et dqçit j'aifait ' ment j on dans son teins I,. V. E., m'avait confié qu 'elle était allé (sic)I y attendre depuis quelques semaines

    J'ai l'libnneùi, etc. '. »' ,I

    Le marquis de Mirabeau ne se décdura.geait pas de fairépoursuivre son insaisissable fils. Malgré le .•pèu . de • succèsob, teu par les en qq è^tQs minutieuses.de M. de La Tour,t ilrlecroyait; caché , ç dans ,quelque coin en Savoie » Le, 28 sep-,tembre 1776,.il écrit directement à Mi de Viry:pouriut adresser de nouvelles prières, avec un signalement «'des deuxpersonns » plus exact que lesIprécédeuts; II voulait- qu'onpromît tne.réconipeiiÎe'& ceux qui les arrêtS'àieùt

    I-- - •Ij,,',.''.,Monsieifr l'ambassadeur, votre honnêteté ét votre bonté que j'ai --éprouL

    véesme rasstireit con{re la crainte de vous'itnportuber quand i'nééeÏsitm'y, oblige., Mon fils non seulement 'a 'échapé aux or,frSilonnés contre lui, 'quai qu'il eût'sàns cesse rôdé dansla Savoie et même depuisà Turin, mais encor à des inspecteurs de police envoyés depuis pour suivresa piste et l'arrêter' Quant aux -premiers, il avait vu i &'Thonon'le coin-

    I li copie. --En tête li Copie'de lettS'de S. Lx: M. lé'com'm'andani'deSavoie au bureau d'état pour les affaires internes, en date du 48 septem-bre 4776. »'. .1

  • MIItABEAU EN SAVOIE ET LE GOUVERNEMENT SARDE. 23

    mandant le jour même que lés ordres y arrivèrent; il venait d'en partir-enchaise de voiture (sic) et il n'avait pas deux' heures d'avancé si on,l'eût-suivi. lia encore été manqué à Carrouge, en disant seulement qu'il n'était rpas':lui.Taudi qu'on le iuivoit à la piste, il est revenu en Franche-Comté,où il a enlevé une femme de condition, et l'on a perdu depuis atr?ce?.On le dit néanmoins caché dans quelque coin en Savoie. C'est ce qui rnefait prendre la liberté de vous prier encor de vouloir bien faire renouvellerles ordres et même promettre une récompense si l'on pouvait les aru'èt'er.Je joins ici 'le signalement des deux personnes, et je croirais me montrer'ingrat si je, vous solticilois davantage. ..'

    ,Je spis avec respect, M. l'ambassadeur, votre très-humble et très-obéis-sant serviteur'.

    4Signalement de M. le comte de M.

    Il est de taille d'environ cinq pieds quatre pouces, la téta grosse, levisage boursouflé et fort marqué de petite vérole, les cheveux chal.ainroux creés (sic), les yeux chatains, la peau de dessous les sourcils fort gon-flée, le nés gros, les dents quoique assés bien 'rangées et paraissant saines,très mauvaises, le regard fauve quand il est préoccupé, le visage ayant tou-jours l'air suant et malprpre, le' bout des oreilles tiès_gras, le roi très-court, les épaules hautes, fort épaisses, la jambe grosse des gen6ui et dubas, la cuisse grosse et rdnde, le pied très-court, très-rend et très-épais.Agé de 27 ans, mais en pâroisshit beaucoup plus. On dit mêrueqti'il â faitcouper ses cheveux ou qu'ils lui sont tombés.

    r

    Signalement.

    Une femme habillée in homme', grande de cinq pieds on pouce eflvironles clieveurnoirs et bien plantés, le teint très blanc, de belles couleurs, -lés yeux noirs ni grands ni petits, un petit boulon' blanc ou excroissance -h 'une, paupière d'en bas, le nés gros et large un peu rouge,' la bouchepetite, les lèvres très vermeilles, les dents fort bien, le menton coirt, ce,,qu'on appelle le menton coupé, le visage rond cL gras, la tête penchée d'uncôté; se tenant mal. Elle se nord souvent les lèvres et en les mordant elle -se raccourcit ehcore le visage, barbouillant beaucoup en 'parlant, la voi,L'

    1. Copie. - Cette lettre du marquis de Mirabeau à « l'ambassadeurest simplement intitulée « Copie dû mémoire daté du Dignori, près deNemours, le 28 septembre 4776. » Ellé s'adresse, nous semble-t-il, aucomte de Viry plutôt qu'au baron de Choiseul. . ... -'

  • 24_'C J'J ylj:'Gy .PÉLISSIEIV., 'j(''n t

    assez grosse pour ..une femme, la main .gràsse.et potelée,' la jambe un peugrôssé, le pied ni gros ni petit pour un homme, niais un peu gros pour'une 'fémrWe;.,

    Si elle reprend son .habit.db femme; elle auraciiiq pieds .trois'potices Telle S proitra mMux faite, elle'a même assez bon air; elle est, grasse et a24à'±2' ans. .'• .: ,,..,..

    .,...,.Cétte nouvelle réclamation ne put pas avoir; de suites.

    Miràbeau'ne revint pas en Savoie. Il s'était des Verrières,rendu â Bâle, en traversant les cantons de l3eriie et de Soleure.'C'est ce qt'ùa de syndics de Genève apprit à M. de La Tour,et M. de La Tour s'empressa de communiquer la nouvelle ahgouvernement sarde, heureux d'échapper ainsi aux soucis etaux embarras queihi tvit'cSéé cette qiiùstion

    '.. ..Mes soins jusqu à présent pour découvrir s' le marquis de Mirabeau et

    la marquisede Monnier qu il s enlesé (sic) à P montarlier seraient venus seréfugier de nouveau, en ce pys-d n'ont eu aucun succès. 'bu de MM. lessi'ndics de la République d'Genèe actueilêmedt en chargé rn'â fait"dire"par le commandant de Lai rouge qu'on avait eu des certitudes' positivesque depuis ledit Ponta, lier ils avoient tous les deux conjointement traversé le 'canton 6 Berne et celui de Soleùre,et afirôs 'êt'te ai'rêté quelquièsjours à Basic ;ls étaient allés au delà du Rhin, et qu'ausoupçonnoit fortqu ils eussent passé depuis là en Hollande ou en Angleterre

    J'ai l'honneur de...

    L'intervention du gouvérnement sarde dans cette affairen'eut -donc»pas de' résultats 'positifs. I Elle if eu est pas moinsintéressante à connaître pour les biographes de Mirabeau.,[La coftcideace de l'arrivée en. Savoie' de la demande d'ar'res- itàtidn' et du départ de Mirabeau deThonon expliqùe.eP- effètace dépârt le 20 juin 1776 Il avait été miss éveil paé la sur-1véillce dont il était l'ôèt; ut-être avait-il' par quelque"

    Ind1screto? connu, les' ordres qui le concernaient Il voulutfi're peMte ' a trace M. de La Tour, 'déroute' la' police poùi?"mieux assurer, après avoir ainsi endormi la vigilance de ses

    1.. Copie..— En têteCopie d'article de ;iettre de S. Ex. M,. le comte.tde La Tour, commandant de.Savoie, en, date du,,9 ociobreti776,;.'n,-L.o:

  • MIRABEAU EN sivoit ET IS GOtJVERt4ÈMNT SARDE. 25ennemis et en la surprenant par une brusque réapparilion, leuccès de l'enlèvement qu'il projetait. Il n'est pas moins

    curieux de voir deux gouvernements, officiers, diplomates,ministres, un souverain lui-même, s'occuper, comme d'uneaffaire d'état d'où dépendît la sécurité publique, des fureursdu marquis de Mirabeau et des coucheries du comte son fils.Les documents qui nous renseignent sur cette transformationd'une aventure d'amour en une affaire internationale formentun curieux chapitre, non seulement de l'histoire de la jeunessedes hommes célèbres, mais aussi de l'histoire anecdotique de.la diplomatie française.

    touou.o, Imp. DouLsoougE-Pmvsr. rue S-Borne, 90. -. 429

  • /•II:-.-

    I•-•-

    s IlA l*•à

    1

  • r

  • J'-

    1VHRABEAU EN SAVOIEET

    LE GOUVERNEMENT SARDE

    (1776)

    PAR

    L.-G. PÉLISSIER

    (Extrait des Annaks d?t Midi, tome 1V, année 1892.)

    TOULOUSEIMPRIMERIE ET LIBRAIRIE ÉDOUARD PRIVAT

    45, RUE DES TOURNEURS, 4ô

    -1892