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L’ÉVOLUTION DE L’INDUSTRIALISATION
Doc. 1 Doc. 2
L’ÉVOLUTION DE L’INDUSTRIALISATION
Doc. 1 Doc. 2
LE COMMERCE EXTÉRIEUR EUROPÉEN
AU XIX SIÈCLE
Un produit de base, aussi appelé produit primaire ou bien primaire, est un produit
vendu à des fins de production ou de consommation sous une forme naturelle. Il s’agit,
par exemple, du pétrole brut, du charbon, du cuivre ou du minerai de fer, des diamants
bruts et des produits agricoles tels que le blé, les fèves de café et le coton. Ces produits
s’échangent souvent sur des marchés de matières premières.
Doc. 1
Doc. 2
ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE
ET DU NIVEAU DE VIE
Doc. 2
Doc. 1
ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE ET
TRANSITION DÉMOGRAPHIQUE
Doc. 1
Doc. 2
ÉVOLUTION DES GRANDS
SECTEURS D’ACTIVITÉ
La dynamique sociale
Doc. 1
ÉVOLUTION DE LA
POPULATION DES VILLES
L’urbanisation du paysage
Doc. 1
RÉVOLUTION INDUSTRIELLE OU INDUSTRIALISATION?
Un paradoxe
TOYNBEE, LECTURES ON THE INDUSTRIAL
REVOLUTION 1884
La «rivoluzione industriale» fu un fenomeno di grande complessità, un gioco
sofisticato e non lineare di «sfide e risposte» che, partendo dalla Gran Bretagna, coinvolse
l'economia, la società, la cultura intellettuale e materiale (in una parola le tecniche e le
ideologie), la politica e le istituzioni di quelle nazioni che avrebbero formato nel XIX secolo il
cuore industrializzato e «moderno» del mondo. In quale contesto avvenne dunque la
«rivoluzione industriale» inglese? E possibile individuarne le cause principali? C'è un nesso
tra le trasformazioni agricole sperimentate dall'Inghilterra in età moderna e la prima
esperienza di industrializzazione? Ma prima di tutto, quali furono settori chiave dello sviluppo
e le dinamiche di crescita economica innescate dal mutamento tecnologico?
Luciano Cafagna in La scena del Tempo, vol 2, p 249
PROBLÉMATIQUE:
QUELS FACTEURS ONT SUSCITÉ LE DÉCOLLAGE INDUSTRIEL ET
ÉCONOMIQUE?
DANS QUEL CONTEXTE EST SURVENUE LA RÉVOLUTION
INDUSTRIELLE ANGLAISE?
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Résoudre le problème démographique. Il y avait déjà eu des phénomènes
de croissance démographique par le passé, avec des phénomènes de
« monde plein » (expression de P. Chaunu), mais toujours suivis des
périodes de pestes ou d’épidémie qui la faisait chuter. À partir du XVIIIe s.
c’est la première fois que la population augmente constamment. Dès lors le
problème va être celui d’avoir de ressources pour nourrir toute cette
population.
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Plusieurs moyens d’augmenter les ressources de l’agriculture:
Augmenter les surfaces agricoles en éliminant les bois et les marécages)
Augmenter les rendements (production par unité de surface),
1. par l’amélioration des techniques agricoles (naissance de l’agronomie:
utilisation de la physique, de la chimie, de la botanique, afin d’augmenter
les rendements. Par ex sélection des espèces végétales et animales)
Chimiste réputé Jean-Antoine Chaptal (1756-1852) contribue à la diffusion du progrès technique en France en créant la
première école d'Arts et Métiers. Il est également ministre de l'Intérieur de 1800 1804.
La doctrine des assolements1 a fa de rapides progrès: cette méthode pratiquée depuis des siècles dans Ia Flandre
française et en Belgique, a été ensuite accréditée en Angleterre et ne s'est propagée en France que depuis quelque
temps. L'agriculteur, asservit à la vieille routine de semer du blé, puis de l'avoine, et de laisser reposer la terre la
troisième année, n'a pu s'écarter de cet usage que lorsqu‘il a vu, près de lui, de personnes instruites intercaler, entre la
culture des céréales, celle des plantes légumineuses et des fourrages artificiels; il s‘est convaincu, par l'exemple de ses
voisins, qu'on pouvait, d'après cette méthode, supprimer la jachère, et faire produire à la terre des récoltes successives,
plus riches, plus variées, plus abondantes (...). La culture des prairies artificielles était à peine connue en France, il y a
trente ans : depuis cette époque, elle y fait les plus grands progrès (...). Ces prairies fournissent une nourriture
abondante pour les bestiaux, ce qui donne le moyen d'en élever un plus grand nombre, d'augmenter, par conséquent,
les engrais, et de multiplier les labours. 1 Système de rotation des culture généralement sur trois ans (assolement triennal). Le terroir est divisé en trois parties ou soles. La première année, une sole est
consacrée aux céréales d'hiver, l'autre aux céréales de printemps, la troisième est laissée en jachère. L'année suivante, on change les cultures de sole. Chaque sole
est ainsi en jachère un an sur trois.
LES PROGRÈS DE L’AGRICULTURE
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Plusieurs moyens d’augmenter les ressources de l’agriculture:
Augmenter les rendements (production par unité de surface),
2. Une redistribution des terres (Système des enclosures des terres: disparition des communaux (terrains communaux où chacun pouvait faire du bois et faire paitre les animaux) et des openfield (champs ouverts: chaque agriculteur pouvait avoir une ou plusieurs parcelles de terres qui variaient au gré des mariages et des succession), par leur remembrement et leur vente et développement des enclos autour des propriétés. Chacun veut produire le plus possible sur sa terre.
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Naissance classe de propriétaires terriens: les « gentlemen farmers »
qui concentre dans leurs mains des domaines gérés comme des vraies
entreprises capitalistes. En effet ils ont d’importants surplus qu’ils vendent.
Les époux Andrews se font représenter sur leurs terres qui
constituent l’élément essentiel de leur richesse.
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Les perdants de ce système sont les petits paysans qui vivaient sur des
micropropriété en autoconsommation, qui ne peuvent plus bénéficier des
communaux qui leur permettaient de survivre (bois, avoir des bêtes); donc ils
doivent s’employer comme ouvriers agricoles sur les grandes exploitations.
Ils perçoivent un salaires et ils achètent leur nourriture.
Dès le XVIIIe siècle l’Angleterre est une importante puissance
navale, elle s’enrichit grâce au commerce avec le monde entier
et notamment aux profits qui lui viennent du monde colonial.
Londres, la plus grande ville d’Occident, est le centre
d’échanges et de la nouvelle économie-monde. Une partie de
ces gains sera investi dans l’industrie naissante.
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UNE SOCIÉTÉ OUVERTE E CONFIANTE DANS LA LIBERTÉ DE
L’INDIVIDU: UNE « MAIN INVISIBLE » DIRIGE L’ÉCONOMIE.
Si l’on abandonne tous les systèmes apportant avantages et
restrictions, le système simple et intelligent de la liberté naturelle
s’installe de lui-même. Tant que l’individu ne transgresse pas les
lois, on lui laisse une totale liberté, de sorte qu’il puisse poursuivre
ses propres intérêts […] développer ou engager son ardeur au
travail et son capital en compétition avec chacun des autres.
A. Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des
nations, 1776
Les plus grandes améliorations dans la puissance productive du travail, et la plus
grande partie de l'habileté, de l'adresse, de l'intelligence avec laquelle il est dirigé ou
appliqué, sont dues, à ce qu'il semble, à la Division du travail. […] Un ouvrier tire le fil
à la bobine, un autre le dresse, un troisième coupe la dressée, un quatrième
empointe, un cinquième est employé à émoudre le bout qui doit recevoir la tête. […]
enfin, l'important travail de faire une épingle est divisé en dix-huit opérations
distinctes ou environ, lesquelles, dans certaines fabriques, sont remplies par autant
de mains différentes, quoique dans d'autres le même ouvrier en remplisse deux ou
trois. J'ai vu une petite manufacture de ce genre qui n'employait que dix ouvriers,
[qui] pouvaient faire entre eux plus de quarante-huit milliers d'épingles dans une
journée.
A. Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776
UNE DISPONIBILITÉ À L’ACCEPTATION DE NOUVEAUTÉS DANS
L’ORGANISATION DU TRAVAIL ET DANS LES TECHNIQUES:
1.LA DIVISION DES TÂCHES
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UNE DISPONIBILITÉ À L’ACCEPTATION DE NOUVEAUTÉS DANS
L’ORGANISATION DU TRAVAIL ET DANS LES TECHNIQUES:
2. L’INTRODUCTION DES MACHINES DANS LE PROCÈS PRODUCTIF
À TOUTE VAPEUR: LES DÉBUTS DU MACHINISME AU XVI I I E S IÈCLE
L’ESSOR DU MACHINISME DANS LE MINES DE CHARBON,
PEINTURE ANONYME, 1792.
Dans ce célèbre tableau, on remarque que la machine à vapeur de Watt est omniprésente.
Elle est utilisée pour pomper l’eau des puits de mine, qui sont toujours sous le coup d’une
inondation subite. Le volant et le balancier se trouvent ainsi au centre du tableau. Le transport
du charbon extrait de la mine se fait alors avec des chevaux ; les wagons sur rails sont
encore peu présents. On note que les mineurs n’ont que de faibles protections.
Élément déclencheur de la première révolution industrielle
LA DIFFUSION DE LA MACHINE À VAPEUR:
LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE EST EN MARCHE
Métier à tisser mécanique, de Edmund Cartwright, 1780. Mû par la machine à vapeur il augmente la rapidité du tissage
En 1814, le commissaire prussien May est chargé par son gouvernement d’enquêter sur I 'Angleterre. Au cours de son voyage, il visite
ainsi les ateliers de filature de Manchester.
On voit se dresser par centaines des bâtiments d'usine de cinq et six étages flanqués de cheminées hautes comme des tours qui
crachent une fumée noire de charbon, indiquant que de puissantes machines a vapeur sont ici a l‘ œuvre. Le nuage que forme la fumée
du charbon se remarque déjà de loin et teinte les maisons de noir. Le fleuve qui irrigue Manchester est tellement sature de substances
colorées qu'il ressemble lui-même a un bouillon de couleurs. Tout cela présente un aspect mélancolique. Et pourtant, on voit partout des
gens affairés, joyeux et bien nourris, ce qui vous égaie de nouveau l'esprit.
Avec quelques lettres de recommandations, il n'est pas difficile d'avoir accès aux fabriques de Manchester. On voit des filatures de
coton, de tous les genres et de toutes les espèces. Pour économiser des salaires, on a poussé les charges des mules (machines à filer)
si loin que six cents porte-bobines sont servis par une personne adulte et deux enfants. Deux mules contenant ce nombre de porte-
bobines se font face. Les chariots sont alternativement tirés par la force des machines a vapeur ; leur retour est l‘ œuvre de la personne
adulte qui se tient au milieu. Les enfants se trouvent des deux côtés, prêts a rattacher les fils cassés. [...] Dans les grandes filatures, les
différentes espèces de machines sont disposées comme les bataillons d'une armée. Les parties mécaniques sont autant que possible
réalisées en fer, les armatures désormais le sont totalement en fonte. Outre le fait que dans plusieurs régions le fer de fonte est meilleur
marché que le bois utilitaire, son utilisation économise de l'espace et réduit les frais d'assurance.
Cité d'après J. Kuczynski : Darstellung der Lage derArbeiter in England von 1760, bis 1832, vol. 23, Berlin, 1964. Cité dans Geschichte
und Geschehen, Sekundarstufe 1,3
LES PROGRÈS DE L’ INDUSTRIE EN ANGLETERRE
MANCHESTER (OU COTTONOPOLIS) COMME PARFOIS
CERTAINS L’APPELAIENT AU DÉBUT DU XIXE SIÈCLE.
Cokeville était une ville de briques rouges, ou plutôt de briques qui eussent été
rouges si la fumée et les cendres l’avaient permis ; mais, telle qu’elle était, c’était
une ville d’un rouge et noir peu naturels qui rappelaient le visage enluminé d’un
sauvage. C’était une ville de machines et de hautes cheminées, d’où sortaient
sans trêve ni repos d’interminables serpents de fumée qui se traînaient dans l’air
sans jamais parvenir à se dérouler. […] Elle renfermait plusieurs grandes rues qui
se ressemblaient toutes, et une foule de petites rues qui se ressemblaient encore
davantage, habitées par des gens qui se ressemblaient également, qui sortaient
et rentraient aux mêmes heures, faisant résonner les mêmes pavés sous le
même pas, pour aller faire la même besogne ; pour qui chaque jour était l’image
de la veille et du lendemain, chaque année le pendant de celle qui l’avait
précédée ou de celle qui allait suivre.
CHARLES DICKENS, LES TEMPS DIFFICILES, 1854
O N V O I T S E D R E S S E R PA R C E N TA I N E S D E S B Â T I ME N T S D ' U S I N E [ … ] F L A N Q U É S D E C H E MI N É E S
H A U T E S C O MME D E S TO U R S Q U I C R A C H E N T U N E F U MÉ E N O I R E D E C H A R B O N …
L E PAYS A G E E T L E S V I L L E S
… I N D I Q U A N T Q U E D E P U I S S A N T E S MA C H I N E S A VA P E U R S O N T I C I A L ‘ Œ U V R E .
L’ I N D U S T R I E T E X T I LE À L A B A S E D U D É C O L L A G E I N D U S T R I E L : D U T R AVA I L À
D O M I C I LE A U FA C TO RY S Y S T E M À L’ U S I N E
Un tisserand à domicile. Le métier à tisser est mis en action
grâce au jeu des jambes et des bras
Gravure anonyme, La travail du coton dans une usine de
Manchester, XIXe s.
L’ I N N O VAT I ON T E C H N I Q U E E T L E S C H E M I N S D E F E R : D E L’ AT E L I E R À L’ U S I N E
Hans Baluschek, 1904
LE DÉVELOPPEMENT DES CHEMINS DE FER À
L’ÉCHELLE MONDIALE
JULES VERNE, LE TOUR DU MONDE EN QUATRE-VINGT JOURS,
ILLUSTRÉ PAR ALPHONSE DE NEUVILLE ET LÉON BENETT (1872)
Le signe du développement mondial des
transports, qui ne sont plus réservés à
quelques explorateurs téméraires, est la
parution du livre de Jules Verne, Le tour
du monde en quatre-vingt jours. Verne, le
père de la science-fiction, représente très
bien la foi de l’homme du XIXe siècle dans
la science et la technologie.
LE DÉVELOPPEMENT DES CHEMINS DE FER À
L’ÉCHELLE EUROPÉENNE
LE DÉVELOPPEMENT DES
CHEMINS DE FER À L’ÉCHELLE
DE L’ ITAL IE
Entre 1870 le gouvernement accomplit un
vrai effort pour couvrir tout le territoire
notamment le Sud et l’intérieur. Une des
conséquences majeure: le chemin de fer
permet un exode rural plus facile et contribue
à la désertification des campagnes.
LE TRAIN SOURCE D ’ INSPIRATION
POUR LES ARTISTES
En 1944 Turner peint une ligne de chemin de fer qu’il
empreinte régulièrement. Il racontera s’ être penché
hors du train pour mémoriser la scène. Avec Pluie,
vapeur et vitesse, il veut mettre en valeur cette
sensation de vitesse qu’il aime particulièrement. Il n’est
pas le seul artiste du XIXe siècle à être inspiré par le
train, machine représentative des bouleversement de
l’industrialisation William Turner - Pluie, vapeur et vitesse, 1844
UNE NOUVELLE DISCIPL INE DU TRAVAIL
Giovanni Migliara, La Filanda Mylius (1828) [filature de coton]
L’ordre et la discipline sont les premières bases de l’établissement d’un atelier et de
sa prospérité ; ils donnent à l'ouvrier laborieux la certitude d'y trouver les garanties
d'un bon travail. C'est dans ce but que le présent Règlement a été fait.
Art.1. Tout ouvrier, pour être admis dans la fabrique, doit être muni de son livret,
suivant les règlements de police. Art.2. Les journées, à dater du 1eravril jusqu'au 30
septembre, commenceront à 5 heures du matin et finiront à 7 heures du soir ; à
dater du 1er octobre, jusqu'au 31 mars, à 6 ou 7 heures du matin, suivant le jour,
jusqu' 'à 8 heures du soir. Art.3. Il n'y aura qu'une heure de repas [...] Art. 4.
L'ouvrier qui, un quart d'heure après le son de la cloche, le matin ou après le repas,
ne sera pas rendu à la fabrique, encourra 25 centimes d'amende. Art. 6. Sont
formellement interdits les chants, les conversations politiques ou autres, propos
légers sur les mœurs et la religion, les querelles, rixes, et généralement tout ce qui
serait de nature à troubler l'ordre et les ouvriers d ans leur travail, sous peine d'une
amende de 25 centimes à un franc.
Règlement intérieur, rédigé en 1865, d’une usine à vapeur de Saint-Dizier,
LA SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE
De nouvelles classes sociales De nouvelles idéologies
PROBLÉMATIQUE:
COMMENT L’ INDUSTRIALISATION A-T-ELLE MODIF IÉ LES SOCIÉTÉS
OCCIDENTALES?
COMMENT LES SOCIÉTÉ RÉAGISSENT-ELLES À CES CHANGEMENTS?
DES MUTATIONS SOCIALES
Forgeage d’un arbre d’hélice en 1850: dans l’usine d’Indret
(Loire-Atlantique), une trentaine d’ouvriers ont retiré du four
un arbre d’hélice. Ils le dirigent vers le marteau-pilon afin
qu’il soit forgé à chaud.
Classes laborieuses Classes bourgeoises
Jean Béraud, Scène de bal, 1880
DES CONDIT IONS D ’EXISTENCE DIFFÉRENTES
Le procès de prolétarisation La prolétarisation est le processus par lequel un producteur est
dépossédé des ressources utiles à sa survie, de son outil de travail. Le
mode de production industriel prive les producteurs de toutes
ressources. À mesure que les capitaux se concentrent, la production se
fait à une échelle de plus en plus grande, ce qui implique des capitaux
de plus en plus gigantesques investis dans l'outil de production; ces
capitaux gigantesques sont hors de portée des producteurs. Les petits
producteurs ne peuvent affronter la concurrence des grands et sont
contraints de vendre leur force de travail sur le marché de l'emploi: ils
sont prolétarisés.
La connaissance, les savoirs utiles à la production font partie des
ressources utiles à la survie, à la vie. Le mode de production industriel
puis l'organisation fordiste du travail la division extrême du travail, le
recours aux tâches répétitives prolétarisent également les producteurs.
1. Comparez la place des dépenses alimentaires dans chaque budget
2. Quelles sont les dépenses spécifique à la famille bourgeoise?
3. Quelles indications ces dépenses donnent-elles sur les conditions de
vie des ouvriers et de la bourgeoisie?
LA CLASSE OUVRIÈRE: LES CONDIT IONS DE TRAVAIL À LA CHAÎNE
La philosophe Simone Weil (1909-1943) a été ouvrière aux usines Renault de 1934 a 1935. Elle décrit son expérience dans La Condition ouvrière, paru en 1951,
huit ans après sa mort.
Me voici sur une machine. Compter cinquante pièces… les placer une a une sur la machine, d'un côte, pas de l'autre... manier a chaque fois un levier , ôter la
pièce...en mettre une autre... encore une autre...compter encore....Je ne vais pas assez vite. La fatigue se fait déjà sentir. Il faut forcer empêcher qu'un instant
d‘arrêt séparé un mouvement du mouvement suivant. Plus vite, encore plus vite...Combien est-ce que j'en ai fait les dix dernières minutes ? Je ne vais pas assez
vite. Je force encore...Je regarde autour de moi! Personne ne lève la tête, jamais. Personne ne sourit. Personne ne dit mot. Gomme on est seul ! Je fais 400
pièces a l'heure. Savoir si c'est assez ? Pourvu que je tienne à cette cadence au moins… La sonnerie de midi enfin. Tout le monde se précipite à la pendule de
pointage, au vestiaire, hors de l'usine. Il faut aller manger. Il faut aller dans un de ces restaurants sordides qui entourent les usines. Ils sont chers, d'ailleurs (...)
Quelle heure est-il ? Il reste quelques moments pour flâner. Mais sans s'écarter trop : pointer une minute en retard, c'est travailler une heure sans salaire. (...)
Voici ma machine, voici mes pièces. Il faut recommencer. Aller vite, voilà que le contremaitre s'approche: « Combien faites-vous ? 400 a l'heure ? Il en faut 800.
Sans quoi je ne vous garderai pas ». Que répondre ? Je tâcherai. Forcer forcer encore. Vaincre a chaque seconde ce dégout, cet écœurement qui paralysent.
Plus vite. Il s'agit de doubler la cadence... Le seul espoir pour le lendemain, c'est qu'on veuille bien me laisser passer encore une pareille journée… S. Weil, La
Condition ouvrière, 1951.
Michel LAMBLIN ( sous la direction de), Histoire lere L. ES. S. Paris, Hachette Education, 2003, p 43
LA CLASSE OUVRIÈRE: VERS UNE CONSCIENCE DE CLASSE
G. Pellizza da Volpedo, Il Quarto stato, 1901,
“Il Quarto Stato è un quadro sociale rappresentante il fatto più saliente dell’epoca nostra, l’avanzarsi fatale dei lavoratori”
VERS UNE CONSCIENCE
DE CLASSE
En dépit de la diversité de leurs conditions beaucoup d’ouvriers prennent conscience qu’ils appartiennent à une même classe sociale et qu’ils ont des intérêts communs. Ils s’organisent en syndicats (regroupement d’hommes et de femmes exerçant une même profession. Il a pour objectif l’amélioration des conditions de travail et de vie de ses membres, indépendamment de leurs opinions politiques et religieuses) afin de conquérir progressivement des droits sociaux.
1896
1. Comment le texte présente-t-il la situation économique et les conditions des travailleurs à
cette époque?
2. Quels sont les objectifs immédiat de la CGT? Quel sont les moyens d’actions préconisés?
3. Quel est l’objectif final de la CGT?
LE SOCIALISME ET L’ANARCHISME INFLUENCENT LA
LUTTE DES OUVRIERS
Anarchisme : idéologie* qui a pour
but de supprimer l'État et d'éliminer
de la société tout pouvoir imposant
des contraintes a l'individu.
Bakounine contre Marx Marx est un communiste autoritaire et
centraliste. Il veut ce que nous voulons : le
triomphe complet de l’égalité économique et
sociale, mais dans l'État et par la puissance de
l'État ; par la dictature d'un gouvernement
provisoire très fort et pour ainsi dire despotique,
c'est-à-dire par la négation de la liberté. Son
idéal économique, c'est l'État devenu le seul
propriétaire de la terre et de tous les capitaux,
[…]. Nous voulons ce même triomphe de
l'égalité sociale et économique, par l'abolition
de l'État et de tout ce qui s'appelle le droit
juridique et qui, selon nous, est la négation
permanente du droit humain. Nous voulons la
reconstitution de la société et la constitution de
l'unité humaine, non de haut en bas, par la voie
d'une autorité quelconque, mais de bas en haut,
par la fédération libre des associations
ouvrières de toutes sortes, émancipées du joug
de l'État. [Lettre de Bakounine a R. Nabruzzi, 23
juillet 1872]
* Ideologie : ensemble des idées, des
croyances et des doctrines propres à une
société, à une catégorie sociale ou à une
époque, visant a expliquer le monde.
L ' IDÉOLOGIE DE LA « CLASSE
OUVRIÈRE OPPRESSÉE » :
LE SOCIAL ISME
Socialisme: idéologie visant à transformer la société. Le mot
recouvre plusieurs sens.
Pour les marxistes, le socialisme est la première étape de la
mise en place, si nécessaire par la révolution, d'une société
communiste: durant cette étape, le pouvoir appartient au seul
parti communiste (dictature du prolétariat) pour empêcher à la
bourgeoisie de reconquérir le pouvoir
Pour les non-marxistes, le socialisme associe à la
pluralité des partis politiques l'intervention de l'État
dans l‘économie et la mise en place de réformes
sociales par la loi.
…et par le peintre Kupka: dessin de F. Kupka, peintre et dessinateur tchèque (1871-1957) établi à Paris en 1894
Selon Marx, la lutte des classes est inévitable, car la misère des prolétaires s’accroît de jour en jour au même rythme que les potentats bourgeois, à la recherche du seul profit, augmentent leur oppression. Or la classe des oppresseurs diminue en nombre du fait de la concentration des capitaux entre les mains de quelques-uns, alors que le nombre de prolétaires ne cesse de grossir ; ces derniers prennent conscience de leur pouvoir, se disciplinent et s’organisent.
Cette caricature représentant l’antagonisme des classes est une excellente illustration du texte de K. Marx
UNE CRIT IQUE INTERNATIONALE
DU CAPITALISME
L‘Internationale
C'est la lutte finale
Groupons-nous et demain l'Internationale sera le genre humain (refrain)
Debout les damnés de la terre
Debout les forçats de la faim ! La raison tonne en son cratère, C'est
l'éruption de la fin. Du passé faisons table rase, Foule esclave, debout !
Debout le monde va changer de base Nous ne sommes rien, soyons tout
L'Internationale, poème d'Eugène Pottier, musique de Pierre Degeyter
(1871), est l'hymne révolutionnaire des partis socialistes et communistes.
QU’EST-CE QUE LE CAPITALISME?
Le capitalisme est un système économique fondé sur le marché libre, la concurrence, la recherche du profit et la propriété privée des moyens de production.
Les origines du capitalisme : controverses et passions Le système vilipendé par Marx Les tenants du matérialisme historique, dont Karl Marx, y voient le système de production, symbole du triomphe de la bourgeoisie sur la noblesse. Système qui est à la
fois une étape et un âge dans l’histoire de l’humanité, caractérisée par la lutte des classes, et la perspective à terme de son renversement inéluctable sous l’action du prolétariat.
Les influences culturelles et religieuses du capitalisme Les sociologues allemands du début du XXe siècle y voient la caractérisation d’un état institutionnel de la société globale et expliquent son émergence par des
données culturelles et religieuses. Ainsi, Werner Sombart l’associe à la mentalité juive, tandis que Max Weber invoque l’éthique protestante. Le capitalisme comme développement du commerce au long cours Des historiens, tels Fernand Braudel, font remonter les racines du capitalisme au Moyen Âge et illustrent l’évolution de cette « civilisation » dans le temps long de
l’histoire. Le capitalisme dériverait de la pratique du « commerce au long cours » où des négociants financiers inventent l’association financière pour monter des expéditions lointaines susceptibles de ramener des marchandises très recherchées.
Qu’est-ce-que le capitalisme ? Les principes du capitalismes Le système capitaliste encourage l’investissement privé et les entreprises, contrairement à une économie étroitement contrôlée par un gouvernement. Les
investisseurs de ces entreprises privées (les actionnaires) détiennent également une part de l’entreprise. Ils sont parfois appelés “capitalistes”. Au sein d’un tel système, les individus et les entreprises ont le droit de posséder et faire fructifier leurs richesses, et peuvent librement acheter et vendre de la main-
d’œuvre, moyennant salaire. La régulation de l’économie se fait principalement par les forces du marché, où les prix et les bénéfices servent d’indicateurs de la manière dont les ressources limitées
doivent être allouées. Les valeurs L’histoire et la représentation du capitalisme soulèvent de nombreuses polémiques, sujets de confrontation entre les grands courants politiques et économiques.
Cependant, on peut retenir la valeur essentielle du capitalisme : la liberté. Certains diront libéralisme mais force est de constater que le capitalisme semble bien corrélé au développement de sociétés qui pour la plupart ont choisi un système démocratique.
Les dérives du capitalisme Le capitalisme a cependant ses limites et ses dérives. La mondialisation et la globalisation de l’économie entraînent forcément une modification vers ce que l’on a pu
appeler le néo-capitalisme. Force est de constater que face à ces dérives, le capitalisme tend à évoluer et mue vers « un capitalisme à visage humain ». (https://www.cafedelabourse.com/lexique/definition/capitalisme)
L’ESSOR D’UNE NOUVELLE CLASSE TRIOMPHANTE
LES BOURGEOIS
• L’industrialisation fait naitre une nouvelle classe triomphante, qui fonde sa
fortune non plus sur la terre mais sur
le commerce,
la participation à la Bourse, par l’achat et la vente d’actions
la rente car ils profitent des dividendes de leurs actions
• Avec le rôle croissant de l’Etat nait une petite bourgeoisie de fonctionnaires,
qui aspirent à entrer dans la grande bourgeoisie.
• C’est avant tout par son style de vie que la bourgeoisie trouve son unité en
tant que classe. Le bourgeois, qui a réussi, a obtenu sa fortune grâce à son
mérite et il veut montrer sa réussite en imitant les modes de vies (vêtements et
loisirs) de l’aristocratie sur laquelle il veut prendre sa revanche sociale. Tout
est dans le paraître. Il veut donner une bonne image de soi. La société
bourgeoise se fonde sur la réussite grâce au mérite.
Ingres, M. Bertin, 1832
L ' IDÉOLOGIE DE
LA « BOURGEOIS IE CONQUÉRANTE » :
LE L IBÉRALISME
Libéralisme : le mot a un sens politique et
un sens économique :
en politique : idéologie fondée sur
l'affirmation de la liberté individuelle ;
en économie : liberté d'entreprendre, libre
concurrence et non-intervention de l'Etat
La profession de foi libérale d’un grand industriel
Croyez-vous que les crises de surproduction sont fatales et que, pour empêcher le chômage qui en résulte, une entente soit possible entre les patrons ?
Pas du tout ; c'est un mal nécessaire, on n'y peut absolument rien! La production dépend de la mode, ou d'un courant dont on ne peut prévoir ni la durée ni le développement. Un exemple : sous l’Empire, on portait des crinolines. Eh bien : les usines qui s'installèrent pour fabriquer des cercles d'acier se sont vues, le jour où la mode a changé, surchargées de produits avec un outillage devenu tout a fait inutile.
Pensez-vous que l'agglomération des moyens de production dans les usines comme Le Creusot ne faciliterait pas la révolution sociale annoncée par les marxistes?
Sans patron, sans quelqu'un d'intéressé a faire marcher tout, Le Creusot serait absolument fichu au bout de huit jours !
Croyez-vous que la concentration des capitaux et des moyens de production a atteint son maximum ou doit encore se développer ?
Il n'y a pas de maximum ! s'écria rudement M. Schneider. Et ses mains firent un grand geste autour de lui. Ça marche toujours, ça n'a pas de bornes, ça ...!
L'intervention de l'État ?
Très mauvaise ! très mauvaise ! Je n'admets pas un préfet dans les grèves ; c'est comme la réglementation du travail des femmes et des enfants ; on met des entraves inutiles, trop étroites, nuisibles surtout aux intéressés qu'on veut défendre, on décourage les patrons de les employer et ça porte presque toujours a côté.
La journée de huit heures ?
Oh! Je veux bien ! dit M. Schneider, affectant un grand désintéressement, si tout le monde est d'accord ; je serai le premier a en profiter, car je travaille souvent moi-même plus de dix heures par jour... Seulement les salaires diminueront ou le prix des produits augmentera ! [...] Pour moi, la vérité, c'est qu'un ouvrier bien portant peut très bien faire ses dix heures par jour et qu'on doit le laisser libre de travailler davantage si cela lui fait plaisir.
Interview d'Henri Schneider par le journaliste Jules Huret, 1896, Enquête sur la question sociale en Europe, Perrin, 1897.
Liberté d’entreprendre
Liberté de travail
Concentration des capitaux