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MONDE DU GRAAL Le Graal La dernière révélation MONDE DU GRAAL Éditions du Graal www.graal.org N° 289 - AVRIL - MAI - JUIN 2012 - 56 E ANNÉE France : 5,80 Suisse : 9 FS Belgique : 5,80 Portugal : 2,60 Canada : 7,50 $ CAN Grèce : 5,80 Maroc : 25 DH DOM : 5,80 TOM : S-900 CFP / A-1700 CFP UN REGARD SPIRITUEL SUR LE MONDE Burn-out Quand le travail consume Les micro-organismes Des pouvoirs merveilleux et méconnus Doper le cerveau Un réel danger Les Commandements des Incas MONDE DU GRAAL Éveil des consciences : un nouveau monde se construit interview de Pierre Rabhi Éditions du Graal www.graal.org 3:HIKMLD=]UZ]UX:?k@c@i@j@k; M 02138 - 289 - F: 5,80 E - RD

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Le GraalLa dernière révélation

MONDE DU GRAAL

Éditions du Graalwww.graal.org

N° 289 - AVRIL- MAI-JUIN 2012 - 56E ANNÉE

France : 5,80 € • Suisse : 9 FS • Belgique : 5,80 € • Portugal : 2,60 €Canada : 7,50 $ CAN •Grèce : 5,80 € •Maroc : 25 DH

DOM : 5,80 € • TOM : S-900 CFP / A-1700 CFP

UN REGARD SPIRITUEL SUR LE MONDE

Burn-outQuand le travail consume

Les micro-organismesDes pouvoirs merveilleux et méconnus

Doper le cerveauUn réel danger

Les Commandementsdes Incas

MONDE DU GRAAL

Éveil des consciences :un nouveau monde se construitinterview de Pierre Rabhi

Éditions du Graalwww.graal.org

3:HIKMLD=]UZ]UX:?k@c@i@j@k;

M02138-

289

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3Monde du Graal

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ÉDITORIAL

votre courrier

Nous vous invitons à nousécrire pour nous faire part de

vos intérêts.

Échangez avec les auteurs,posez vos questions,

vous les retrouverez dansnotre rubrique

«Courrier des lecteurs».

[email protected]

Espérer c’est croire ! Mais croireen quoi ? À y regarder de plus près,sommes-nous porteurs de joie devivre pour transmettre des valeursnobles et enrichissantes ? Respectons-nous la nature et les animaux, ainsique notre prochain ? Et l’espoir aufond de chacun, c’est quoi ?

Le dossier sur le Graal nousconduit vers une recherche indivi-duelle et spirituelle : avec étonnement,nous voyons comment la quête duGraal s’est transmise à travers lessiècles et surtout pourquoi elle esttoujours d’actualité. On y parle deDieu et pourtant cette quête n’est pasliée aux religions pas plus qu’elle n’estréduite à la seule mémoire historique !Elle reste présente pour ceux quiveulent trouver une voie d’espérance,de valeurs et de sens de la vie.

En 1967, Athénagoras 1er disait,parlant de Parzival : «Nos âmes semirent à genoux, nous nous incli-nâmes…» (page 47). Quand tout de-vient juste et saisissant de vérité, nesommes-nous pas ébranlés par lanostalgie d’un paradis perdu ?

En ce printemps 2012, nous vousproposons aussi des écrits sur dessujets pleins d’intérêt pour la viequotidienne : «savoir ce que je veux»,les Fleurs du Dr Bach, l’eau et les

micro-organismes du Pr Higa, lesvaleurs du couple, l’éveil desconsciences avec l’interview dePierre Rabhi : «Le spirituel est uneréponse au changement de l’être deconscience que nous sommes !».

D’autres textes abordent nosdifficultés : travail, stress, tâchesménagères, reportage en RDC ; ilsmontrent que les valeurs spiri-tuelles répondent à nos problèmesexistentiels. Dans leur langage, lapoésie, la littérature, l’astronomie, lescivilisations et la Bible véhiculent dessentiments de gaieté, de légèreté, detristesse ou d’enthousiasme.

Autant d’approches pour cons-truire le spirituel qui nourrit tous lesprintemps. Notez que l’âge n’a rienà voir ici, c’est de notre existence en-tière dont il s’agit. Dans «printemps»,il y a l’élan de naître, et naître ànouveau, c’est l’espoir, c’est exister !

La rédaction

CHÈRE LECTRICE, CHER LECTEUR

Printemps et espoir

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«Aucun problème ne peut être résolu sans changer le niveau de consciencequi l’a engendré.» écrit Einstein, et un proverbe chinois dit : «Le repentirest le printemps des vertus.»

À tous les niveaux et plus que jamais, notre époque matérialiste vit ces deuxnécessités. Comme un printemps, l’espoir de pouvoir orienter autrement leprogrès des civilisations s’impose.

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44 Le Graal,la dernière révélationQu’apporte la connaissancedu Graal en ce temps deconfusion spirituelle ?

52 La Bible etla réincarnation

56 Les Commandementsdes Incas

62 Nina BerberovaVeiller sur notre âme

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AVRIL/MAI/JUIN 2012 MDG 289

QUESTIONS SUR LA VIE

CULTURE

sommaire

6 Courrier deslecteurs

13 Brèves55 En lisant60 Nous avons

sélectionné...66 Bon de commande

38 Éveil des consciences

Un nouveau monde seconstruitInterview de Pierre Rabhi

– Jaqueline Thibeaudeau –

8 Savoir ce que je veux

10 Donner et recevoir,l’indispensableéquilibre

14 Doper le cerveau :un réel danger

18 Cadres et tâchesménagères

20 Burn-outQuand le travailconsume

25 L’eauUne goutte, un monde,un univers...

26 Les fleurs de BachSont-elles adaptées àla vie moderne ?

28 Les micro-organismes,des pouvoirsmerveilleux et inconnus

32 Tant qu’il y aurades enfants à la rueen RDCReportage

36 Au commencementde tous les tempsAstronomie

38 Éveil des consciencesUn nouveau mondese construitInterview de Pierre Rabhi

REGARDS SURLE MONDE

DOSSIER

SPIRITUALITÉ

5Monde du Graal

289/2012

AVRIL/MAI/JUIN 2012 MDG 289

28QUESTIONSSUR LA VIE

Les micro-organismes,des pouvoirs merveilleuxet méconnus

– Monique Giraud –

44 DOSSIER

Le Graal,la dernière révélation

Existe-t-il réellement ?Si c’est le cas, où se trouve-t-ilet sous quelle forme ?Qu’est-ce qui explique lafascination constante pourle Graal ?

– Claude Thibeaudeau –

4Monde du Graal

289/2012

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COURRIER DES LECTEURS

7Monde du Graal

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Lorsqu’un esprit déjà lié à un fœtusne peut finalement pas s’incarner àcause d’un avortement, il doit attendrequ’une autre occasion s’offre à lui.Celle-ci ne se présentera pas néces-sairement tout de suite ni dans lamême famille. Mais, ici également, cen’est pas à lui personnellement dechercher une autre mère, les lois s’enchargent.

Besoin de fumerUn fumeur emporte-t-il sonbesoin de fumer d’une vie àl’autre ?Si le besoin de fumer avait son ori-gine dans le corps ou le cerveau, ildisparaîtrait à la mort, avec la dé-composition du corps physique.Mais la dépendance au tabac a sonsiège dans le moi profond de l’êtrehumain, c’est-à-dire dans l’âme.Celle-ci se sépare du corps à la mort.Elle emporte donc avec elle le besoinde fumer dans l’au-delà. Il subsiste enelle lors de son séjour dans l’autremonde, mais également lorsqu’elle seréincarne sur Terre. Cela expliquepourquoi certaines personnes sont sivite et si facilement attirées vers le ta-bac, elles avaient déjà développé cettedépendance dans une vie précédente(voir article sur le tabac à venir dansle numéro 290).

La méditationEst-ce que la pratique de laméditation peut favoriserl’évolution spirituelle ?Couramment, on parle de méditationlorsque qu’une personne recherchesimplement le calme, la détente ou laclarté mentale : elle aspire à être àl’écoute de son corps afin d’en ren-forcer les fonctions grâce à de bonnespensées. De tels moments de pause etd’intériorisation peuvent s’avérer trèsimportants pour l’évolution spiri-tuelle, précisément à l’époque actuelle.Les techniques de méditation au-jourd’hui aident les gens plus oumoins stressés à se libérer des méca-

nismes des pensées de peur et deconfusion qui désunissent l’esprit,l’âme et le corps. Pour retrouver cetteunité, l’être humain a besoin de re-dresser sa tête vers le ciel et de retrou-ver en quelque sorte sa dignité.Différentes techniques cherchent àréduire au maximum les pensées en-vahissantes en répétant un mantra, ense concentrant sur la respiration, surune image, un point, une lumière, etc.Les techniques sont nombreuses etcertaines vont jusqu’à favoriser desétats de conscience modifiés accom-pagnées de capacités qui nous seraientinaccessibles normalement. Dans cecas, c’est s’exposer à perdre la protec-tion naturelle qui entoure notre âmeet à devenir le jouet d’influences trèspréjudiciables provenant de la matièresubtile, indécelables dans l’immédiat.Par contre, si la méditation nousamène à reléguer au second plan nosnombreuses pensées d’ordre intellec-tuel en apaisant le corps, cet état peutfavoriser l’écoute de l’intuition, la voixintérieure. Selon l’orientation de laconscience, elle établit ou non un lienvers le haut et l’être peut percevoirl’intérêt d’être maître de ses pensées.Sur cette base, on peut dire quel’orientation intérieure se renforcetoujours par la joie d’être.

La mort d’un enfantUn enfant meurt en bas âge.Pourquoi sa vie est-elle sicourte ? Quel est le sens d’unséjour si bref sur Terre ?Le but d’une incarnation sur Terreest de permettre à un esprit humainde faire des expériences vécues afind’apprendre, de se perfectionner etd’évoluer spirituellement. Ces expé-riences doivent cependant corres-pondre à ses besoins évolutifs per-sonnels. Or, une époque n’offre pasnécessairement toutes les expériencesnécessaires à un esprit donné.À cause de ses caractéristiques pro-pres, une époque offrira à certains es-prits de nombreuses expériences, àd’autres très peu. La durée de leur sé-jour sur Terre sera alors forcément

différente. Mais aussi courte soit-elle,l’enfant qui meurt en bas âge aurapassé par le vécu dont il avait besoin.Son passage a beau être très court parrapport à d’autres, cela n’enlève rienà sa valeur et à son utilité pour sonévolution spirituelle.

Maladie et spiritualitéJ’ai un ami qui est bon etévolué spirituellement.Dernièrement, on lui a décou-vert un cancer. Comment celaest-il possible ?Notre destin est régi par la loi des se-mailles et des récoltes. Par consé-quent, les événements qui le formentsont la récolte de ce que nous avonssemé dans le passé.Or, si un malade n’a peut-être riensemé dans sa vie présente qui pour-rait expliquer sa maladie, il l’a faitdans une vie antérieure. C’est le faitde ne prendre en compte qu’une vieterrestre qui rend inexplicable lecontraste entre ce qu’une personneest et ce qu’elle doit vivre.Ceci dit, lorsque la maladie dontquelqu’un est atteint est très gravecela ne signifie pas automatiquementqu’il ne soit pas bon ou peu évoluéspirituellement.Les retours karmiques ont pour butde permettre à la personne concernéed’apprendre quelque chose de précis.La forme de ce retour est ainsi adap-tée pour favoriser au maximum cetapprentissage. Pour certaines per-sonnes, cette forme sera celle d’unemaladie. Et parmi celles-ci, c’est pré-cisément la situation qui résulted’une maladie grave qui leur sera leplus nécessaire.

La rédaction

Écrivez-nousMonde du Graal23 rue Colbert

93100 Montreuil-sous-Boisou par courriel au :

[email protected]

www.graal.org

6Monde du Graal

289/2012

COURRIER DES LECTEURS

Courrier deslecteurs

Les courriers des lecteurs reflètent toujoursl’opinion personnelle de leurs auteurs, et celle-ci ne concorde pas forcément avec les idéesdéveloppées dans notre revue. Nous nous ré-servons donc le droit de ne publier qu’unepartie de ces courriers.

Souffrance et évolutionComment celui qui souffrebeaucoup physiquement oupsychiquement peut-il ap-prendre afin d’évoluer spiri-tuellement, s’il n’a pas deconnaissances spirituelles ?Par connaissances spirituelles, ondésigne généralement le savoirconcernant l’au-delà, le karma, la réin-carnation, etc. Ces connaissances nousaident certes à mieux comprendre ceque nous vivons, mais elles ne suffi-sent pas. Ce n’est pas parce que l’onest au courant de l’existence de laréincarnation, ou d’autres chosessemblables, que l’on peut remonterau paradis. Le vrai savoir spirituelse trouve dans l’esprit, il fait partieintégrante de lui. Il est fait de laconnaissance profonde de ce qui estjuste et bien, de la droiture, l’honnê-teté, la dignité, le respect, l’amour duprochain… toutes choses qui l’aidentà retourner au paradis. Or, c’est parl’expérience vécue, physiquement oupsychiquement, que l’esprit acquiertces facultés et les développe, et nonpar une approche livresque. Ce déve-loppement intérieur peut donc avoirlieu même sans grandes connais-sances sur le karma ou l’au-delà.

ÉvolutionOn entend souvent direqu’au cours de son séjour surTerre, l’être humain doit évo-luer, se perfectionner et déve-lopper les facultés qui sont enlui, pour pouvoir retournerau paradis. Je ne comprendspas comment les capacitésacquises sur Terre pourraientlui servir une fois de retouraux cieux. Cela l’aiderait-il àmieux comprendre et aiderles humains ?Ce que l’être humain emporte aveclui, en quittant la Terre et en remon-tant sur le plan spirituel (les cieux),son plan d’origine, ce ne sont pas desconnaissances terrestres comme lecode de la route ou la chimie. Ces

connaissances, valables seulementdans la matière, sont stockées dans unorgane qui est matériel comme elles :le cerveau. Or, l’esprit qui se sépare ducorps physique à la mort, laisse der-rière lui le cerveau et ce qu’il contient.Ce que l’être humain emporte aveclui dans l’autre monde, c’est tout cequi s’est inscrit et développé dansson moi véritable, c’est-à-dire dansl’esprit. Il s’agit du sens du juste, dubien et du beau, ainsi que du don desoi, du respect, de la créativité, del’amour du prochain… qu’il a déve-loppés au cours de ses expériencesvécues sur Terre. Ces facultés sontcelles qui ont cours au paradis etdont il doit être muni pour y retour-ner. Elles lui serviront dans ses rela-tions avec les esprits qui y séjournentet, par là, contribueront à l’harmoniegénérale qui y règne. Elles lui per-mettront aussi de mieux comprendreet d’aider les esprits en train d’évo-luer dans la matière.

Esprit et incarnationL’esprit du futur enfant, quiest encore dans l’au-delà, a-t-il une influence sur le déclen-chement de la grossesse quilui permettra de s’incarner ?Peut-il décider de cette gros-sesse ? S’il y a avortement,comment réagit cet esprit,cherche-t-il une autre mère ?Un esprit humain ne s’incarne surTerre que si cela est nécessaire pourla poursuite de son évolution spiri-tuelle. Ce n’est cependant pas lui quidétermine quand l’incarnation auralieu, ni chez quels parents. Ce sontdes choses qui le dépassent et quisont régies par deux lois de la Créa-tion : la loi de l’attraction des affini-tés et celle des semailles et des ré-coltes. L’esprit de l’enfant n’a doncpas à favoriser une conception, leslois s’en occupent. De plus, mêmes’il le devait, il n’en serait pas capa-ble, parce qu’il n’a pas de prise di-recte sur les êtres vivants sur Terreni sur le processus de conception.

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DÉCISION

9Monde du Graal

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Dans mon cas, ce fut d’affronterune combinaison de ces divers com-portements dans mon entourage. Jepouvais voir, en observant mesproches, ce que je voulais et ce que jene voulais pas. Et, honnêtement,mes souffrances augmentèrent à telpoint que je me suis dit : «Ça suffit,je ne peux continuer ainsi, je suisprête à changer et à me mettre enmouvement.»

Mais quand en arrive-t-on à cepoint ? En fait, il ne s’agit pas desuivre une procédure précise, enacte ou en pensée, pour découvrir ceque l’on veut faire. Nous le savonsdepuis toujours. Il s’agit seulementd’en prendre conscience, selon uncheminement qui peut beaucoupvarier d’une personne à l’autre.Nous suivons chacun notre proprerythme, prenons nos propres déci-sions, vivons diverses expériences etpossédons une résistance différenteà la douleur.

En observant les actes de ceux quinous entourent, en vivant nos expé-riences personnelles, en réfléchissantà ce qui nous arrive et à la questioncontinuelle de ce que nous voulonsvraiment faire, nous progressonstout en étant conscients de la diver-gence entre nos actes et notre idéal ;ce qui nous amène à trouver notrevoie plus rapidement et à nous diri-ger consciemment vers de nouvellesfaçons d’agir et d’organiser notre viepar nous-mêmes.

Et nous avons la liberté de vivrenotre vie comme nous l’entendons.Cette connaissance nous aide et nouslibère. En réalité, chaque personneest libre de prendre ses propres déci-sions, et nous le faisons à chaque se-conde de notre vie. C’est parce quenous sommes souvent inconscientsde nos actes, et ainsi des buts quenous poursuivons, que les événe-ments nous semblent étranges,comme s’ils étaient hors de notrecontrôle. Pourtant, c’est bien moiqui me lève chaque matin, et qui dé-cide comment et avec quel état d’es-prit j’organise ma journée et ma vie.

Je suis effectivement libre d’agircomme je l’entends.

Les hauts et les bas surla voie de l’épanouissement

Qu’est-ce qui a donc réellementchangé ? Cela, je l’illustre de la ma-nière suivante à mes amis : mon verreauparavant était toujours à moitiévide, maintenant il est à demi plein,et lors des grands moments de bon-heur, il est même totalement rempli.Ce qui ne signifie pas, cependant,que tout est toujours sans nuages.Maintenant encore, je traverse descrises, je me sens parfois très mal et jeme demande certains jours commentje vais m’en sortir.

Toutefois, j’ai reconnu les possi-bilités qui se cachent derrière ceshauts et ces bas, ce qu’ils signifient,et que ce changement n’a rien d’ac-cidentel. La vie, tout simplement, semeut par vagues et chaque creux re-cèle un immense potentiel. C’est làoù il m’est le plus facile de reconnaî-tre ce que je veux, parce que je voisalors très clairement ce que je neveux pas. Aussi difficiles que cesphases soient, je sais maintenant

qu’en en tirant profit, ce que je veuxdevient plus clair et que j’attire ainsivers moi la solution à mon problème.Et lorsqu’ensuite je me retrouve ausommet de la vague, cela aussi je l’ap-précie plus consciemment, parce quej’ai accompli ce que je voulais.

Étonnamment, je suis de moinsen moins triste de me sentir mal àl’occasion, parce qu’une partie demoi sait que la crise qui approche mefera encore progresser. Dans ce pro-cessus de prise de conscience, jem’observe et j’observe ce qui se passeautour de moi avec beaucoup plus

d’application, et j’apprends et je visbeaucoup plus intensément. Tout cequi m’arrive m’indique que je doism’examiner avec vigilance et me de-mander qui je suis, qui je veux être,ce que je fais, pourquoi je le fais, etce que je veux réellement accomplir.

En conclusion :un « Je veux !» conscient

Je savoure mon voyage et je meréjouis de savoir qu’il est sans fin. Jeparcours une étape après l’autre, re-culant parfois d’un pas pour revivreune expérience. La plupart du temps,le chemin ne semble pas bien droit.Mais mon évolution se poursuit.Mon horizon s’élargit parce quej’observe plus consciemment et queje tente de nouvelles choses. D’unepart, cela me permet de mieux mecomprendre, de mieux me connaîtreet d’organiser ma vie consciemment.D’autre part, je comprends mieux lesautres, la vie elle-même ainsi quel’aide pour la façonner.

Je souhaite que mes frères hu-mains puissent à leur tour se direqu’ils avancent dans une directionqui est la bonne pour eux. Je souhaite

que nous reconnaissions que notreenvironnement nous offre sans cessedes indices à propos de ce que nousvoulons pour nous-mêmes. Je sou-haite une collaboration créative etconstructive. Je souhaite que cesse letemps de l’accusation et du jugementde l’autre, et qu’il fasse place à l’at-mosphère joyeuse et libératrice du«Je veux !». Or, chacun est libre desouhaiter et de faire ce qu’il veut vé-ritablement.

Janina Rieck

Savoir ce que je veuxUn premier pas vers une vie librement choisie

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Mon voyage intérieurJe ne veux plus me lamenter et

avoir peur de ce que demain m’ap-portera, comme s’il ne pouvait rienm’apporter de bon. Au café, dans lestransports, dans ma famille et mêmeavec mes amis, je me sens de plus enplus encerclée par cette attitude dé-courageante.

Moi aussi, j’avais l’habitude deme plaindre, je voyais tout en noir etje m’apitoyais sur mon sort. Jusqu’àce que je réalise que ma frustration,

ma colère, ma rage et ma tristessen’avaient rien à voir avec les condi-tions extérieures. J’étais malheureuseet insatisfaite de moi. Puis un jour, jeme suis demandé ce que je voulaisréellement. Ma réponse fut : «Je veuxque les choses soient différentes,nouvelles, joyeuses et satisfaisantes.»C’est alors que le «hasard» meconduisit vers certaines thérapies oudes films, portant des titres tels que«Que sait-on vraiment de la réa-lité ?»

Je débutai ainsi mon voyage inté-rieur, un voyage au cours duquel jeme suis approchée de plus en plus demoi-même, où je me suis graduelle-ment reconnue, où j’ai pu régler unancien karma, où les expériencesstressantes m’ont beaucoup appris,et où j’ai déposé mon fardeau en ap-portant de la lumière dans l’ombre.J’ai abandonné la peur pour me tour-ner vers l’amour.

Ce voyage m’a permis de me per-

cevoir et de percevoir les choses quim’entourent de manière différente,de les reconnaître à la fois commefaisant partie de moi et comme ayantleur existence propre, puis d’intégrerces deux perceptions dans mon ex-périence. Un voyage où chaque étapeest déjà une réussite.

Comment découvrirce que je veux vraiment ?

Certains y parviennent en saisis-sant la main qui leur est tendue ; ilsdécouvrent ainsi ce qu’ils veulent etagissent pour le réaliser.

Certains ont besoin d’être un peubousculés pour sortir de leur léthar-gie. D’autres préfèrent qu’on leslaisse seuls, jusqu’à ce que leur souf-france devienne si intolérable qu’ilsn’aient d’autre choix que celui de semettre en mouvement. Pour d’autresencore, c’est le fait de voir leursproches changer et évoluer qui lesaide à trouver leur propre voie.

Le libre arbitre personnel estbien trop sous-estimé. «Per-sonne ne peut avoir tout cequ'il veut», peut-on souvententendre, mais savons-nousréellement ce que nous vou-lons ? Et nous préoccupons-nous assez de cette questionfondamentale ?

QU

ESTI

ON

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EVI

E

Dans le processus de prise deconscience, j’observe ce qui se passe etje vis plus consciemment.

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LE COUPLE

11Monde du Graal

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L’exploitation de la nature reflèteraitmieux nos besoins réels. La compli-cité entre les générations deviendraitplus naturelle. Les couples s’engage-raient avec davantage d’assurance.Et les jeunes adultes aspireraient àvoler de leurs propres ailes, pour nepas dépendre trop longtemps deleurs parents.

Si chacun appliquait la loi de lacompensation dans sa vie person-nelle et professionnelle, on verraitune transformation radicale qui serépercuterait sur la planète entière,dans tous les aspects de la conditionhumaine, car c’est une loi qui im-plique le respect et l’amour de l’autre.

Dès la naissanceC’est dès le berceau qu’il faut

appliquer ce principe. Par exemple,lorsque le bébé ou le jeune enfant areçu tout ce dont il a besoin, y com-pris l’affection et l’attention néces-saires à son équilibre et que l’heureest venue pour lui de dormir, il doitlaisser maman et papa vivre leur vied’adulte. C’est déjà là une forme decompensation, tout comme sabonne humeur qui apporte beau-coup de joie aux parents.

On connaît bien l’expression«enfant gâté», mais que signifie-t-elle ?

Nous avons là un bel exemplede manque de compensation, carl’enfant gâté reçoit trop par rapportà ses besoins réels. On nourrit ainsien lui des désirs inutiles dont il de-viendra dépendant. Comme celal’incite à demeurer centré sur lui-même, il n’apprend pas à penser auxautres, ce qui va nuire à ses relationssociales, à ses amitiés et finalement àson couple.

Cet aspect négatif du manque decompensation est déjà présent dansle terme «gâté», comme dans l’ex-pression «fruit gâté» ou avarié.Ainsi, les mots recèlent souvent desvérités méconnues.

Un autre exemple de la sagessedes mots se retrouve dans l’expres-sion «élever un enfant».

L’adulte élève l’enfant en lui in-culquant le respect des lois natu-relles, dont fait partie celle de lacompensation, car c’est seulementen se conformant aux lois que l’onpeut réellement être heureux… etélever sa conscience.

Agir ainsi demande de la part desparents une rigueur, une fermetéemplie d’amour dont le but est lebien réel de l’enfant, afin qu’il nedevienne pas un «fruit gâté».

Après avoir traversé l’enfance etl’adolescence, dont nous avonsabordé certaines facettes dans les ar-ticles précédents, le jeune adulte

aura déjà fait vivre en lui les prin-cipes de la loi de la compensation quivont le guider dans tous les aspectsde sa vie.

Il aspirera à prendre ses respon-sabilités et à se développer en utili-sant ses propres forces. Il ne s’at-tendra pas à ce que ses parents fas-sent tout pour lui, et qu’ils luiaplanissent le chemin. Il compren-dra que son développement person-nel dépend des efforts qu’il va yconsacrer.

Le couple et la compensationOù peut-on trouver un meilleur

terrain de compensation que dans lecouple ? Un bon symbole du couplepourrait être celui d’une balance oùchaque plateau représenterait un desconjoints. Le but recherché est l’éga-lité des deux poids, même si chacunde ceux-ci est constitué d’élémentsdifférents.

De plus, cet équilibre n’est jamaisstatique, il est en perpétuel mouve-ment. Il n’est pas acquis une fois

pour toutes, il nécessite une attentionconstante, et c’est particulièrementvrai pour le couple. Or, cela se faittout naturellement, tant qu’il y a del’harmonie et de l’amour.

Cependant, chaque plateau restelui-même en mouvement, puisquechacun évolue. Nos activités person-nelles peuvent ainsi modifier l’équi-libre des deux plateaux, c’est-à-direl’équilibre du couple. Il faudra entenir compte pour le bien de l’autre,et c’est ce que l’on appelle avoir deségards. De ce fait, l’équilibre de-mande une écoute et une ententeconstamment renouvelées.

La roue de la vie tourne, les en-fants que l’on a élevés ont quitté lefoyer. Après leur départ, le voyagedu couple, l’aventure à deux, sepoursuit dans un dialogue et unéchange continuels.

Puis, vient le temps de trans-mettre l’expérience acquise, ce quifait aussi partie de la compensation :ainsi, ce que l’on a reçu est redonné.On peut le faire par l’enseignement,par l’écriture, par divers servicesbénévoles et actions sociales quivont au-delà du cercle familial.

Tout part de l’intérieur. Ce quel’on a puisé dans le spirituel est misen commun dans le couple où cha-cun grandit avec l’aide de l’autre.Ensuite, nous le transmettons auxenfants que nous élevons, pour fi-nalement le reverser dans le grandcercle de la société.

Et c’est ainsi que nous pouvonsréaliser notre vieux rêve de changerle monde, mais seulement par pe-tites touches et en commençant parsoi.

Si chacun appliquait la loi de la compensa-tion dans sa vie, on verrait une transforma-tion qui se répercuterait sur la planète en-tière.

Donner et recevoir :l'indispensable équilibre

Observons ce qui se passeautour de nous. Les unsgaspillent pendant que

d’autres manquent de tout, les peuplesdans les rues s’insurgent contre leursdirigeants, les besoins en énergieont entraîné une surexploitation dela nature, chaque génération accusela précédente de l’état actuel dumonde. L’union des couples pour lavie est devenue moins évidente.Certains jeunes adultes dépendenttrop longtemps de la protection deleurs parents…

Dans chacun de ces cas, nouspouvons constater un manque

d’équilibre. Or, comment pour-rions-nous y remédier ? En prenantconscience d’une loi naturelle quenous avons négligée et dont pour-tant nous dépendons. Il s’agit de laloi de la compensation qui œuvredans tout l’univers.

On peut observer son actiondans le mouvement des planètes, desétoiles, mais aussi dans la santé ducorps, dans l’alimentation, dansl’équilibre entre le travail et le repos.C’est une loi qui s’applique à tousles aspects de la vie. En premier lieu,dans notre couple et notre famille,par exemple dans l’équilibre entre la

profession, les études, les enfants, lesgrands-parents âgés, même dans lecas où ils ne vivent pas auprès denous, et dans la juste répartition destâches ménagères.

Tous ces défis à l’intérieur ducouple et de la famille, de l’enfanceà la vieillesse, nous préparent à cequi se passe en plus grand dans lasociété. Si on respectait mieux cetteloi de la compensation, le fossé seraitmoins important entre richesse etpauvreté et chacun recevrait selonses efforts.

La relation entre citoyens et di-rigeants serait basée sur la confiance.

LE COUPLE

Nous recherchons tous le bonheur. Or, le bonheur est impossible sans harmonie, sans équilibreentre le travail et le repos, entre soi et les autres, entre prendre et donner…

10Monde du Graal

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Sciences etconnaissance de Dieu

Avec le développement dessciences qui a eu lieu ces dernierssiècles, beaucoup de scientifiquesont pensé que les propriétés de lamatière qu’ils apprenaient à connaîtrede mieux en mieux pouvaient toutexpliquer et qu’il n’y avait plus deplace pour un Dieu créateur. Enpoussant encore plus loin leurs re-cherches, ils ont cependant constatél’erreur d’une telle opinion. Lespropriétés de la matière n’expliquentpas tout. Le monde et la nature nepeuvent être compris sans l’existencede Dieu. Newton, au 17e siècle, l’ex-primait en disant : «Un peu descience éloigne de Dieu, maisbeaucoup en rapproche». WernerHeisenberg, physicien allemandcontemporain, principal fondateurde la mécanique quantique, déclare :«La première gorgée du verre de lascience naturelle vous transformeraen athée, mais au fond du verre Dieuvous attend».

Apprendre parla maladie

La maladie n’est pas ce que l’onse souhaite, mais elle peut être richeen enseignements pour l’évolution

de notre esprit si l’on s’y ouvre. Lestémoignages de grands malades lemontrent : «J’ai beaucoup perdu,mais j’ai gagné davantage. J’ai puvivre de nouvelles expériences, j’aipu relever d’autres défis et décou-vrir d’autres mondes», écrit un ma-lade, alors qu’un autre affirme :«J’ai davantage vécu avec mesproches en 6 mois de maladie qu’en30 ans de vie active.»

Pythagore etla réincarnation

Sur les bancs de l’école, d’in-nombrables écoliers ont transpirésur le théorème de Pythagore lorsdes leçons de géométrie. Bien peusont cependant conscients quePythagore ne prônait pas seule-ment que la somme des carrés desdeux côtés d’un triangle rectangleest égale au carré de l’hypoténuse,mais également que l’âme survit àla mort et se réincarne en chan-geant de «siège» ou de «demeure»,c’est-à-dire de corps, d’une vie àl’autre : «les âmes sont exemptes dela mort et, abandonnant toujoursleur siège antérieur, elles viventdans de nouvelles demeures. Toutchange, rien ne périt…»

Tout le mondemeurt un jour

Bien que la mort arrive avec cer-titude pour tous les êtres humains,beaucoup d’entre eux cherchent à enécarter l’idée de toutes les manièrespossibles, même les moins logiques.Par exemple, en se donnant à croirequ’ils seront une exception, quemourir est pour les autres, mais paspour eux. Un bon exemple nous enest donné par Tolstoï dans son récit«La mort d’Yvan Ilitch» :

«Au tréfonds de lui-même, IvanIlitch savait qu’il se mourait, mais iln’arrivait pas à se faire à cette idée,il ne la comprenait absolument pas,il était dans l’impossibilité de lacomprendre.

L’exemple de syllogisme qu’ilavait appris : “Caïus est un homme,les hommes sont mortels, doncCaïus est mortel”, lui avait parutoute sa vie juste par rapport au seulCaïus, mais pas pour lui. Là ils’agissait de l’homme-Caïus, del’homme en général, et c’était parfai-tement juste ; mais lui, il n’était pasCaïus et pas du tout l’homme en gé-néral, il avait toujours été un être àpart, tout à fait à part des autres…

Caïus, à coup sûr, est mortel ; ilest juste qu’il meure, mais moiVania, Ivan Ilitch, avec tous messentiments, mes pensées, c’est autrechose. Il est impossible que je doivemourir. Cela serait trop horrible.Voilà ce qu’il ressentait.»

Les êtres élémentauxet la croyance en Dieu

Les Islandais sont connus pourêtre un peuple ouvert à l’existencedes êtres élémentaux, comme lesgnomes et les elfes. Cette croyancecependant se perd. Interrogé à cesujet, un prêtre de l’endroit décla-rait regretter que cela soit le cas,car : «Quand la croyance en l’exis-tence des êtres élémentaux dispa-raît, disparaît aussi la croyance enDieu ». Son explication est quel’éloignement de la nature et dumonde invisible qui caractérisel’homme moderne ne peut, parmanque de compréhension, quel’éloigner aussi du Créateur de lanature, qui réside dans l’invisible.

Christopher [email protected]

BREVES

LE COUPLE

12Monde du Graal

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Spiritualité et vieillesseIl est triste de voir de vieilles per-

sonnes malheureuses parce qu’ellesn’ont investi toute leur vie que dansle matériel. Elles se sentent incom-prises, et victimes d’injustice. Elless’épuisent car elles vont à contre-courant, un courant qui demandequ’en fin de vie l’on se détache gra-duellement du matériel.

Les capacités physiques et intel-lectuelles diminuent. Dans ce cas, lafaçon d’agir naturelle est de lâcher

prise, d’accepter la situation et delaisser les plus jeunes prendre la re-lève des responsabilités matériellesqu’elles ne peuvent plus assumer.

En compensation, les personnesâgées accorderont leur confiance auxplus jeunes qui s’occupent d’elles.Cela suffit déjà pour qu’ils les aidentavec joie. Si elles leur donnent enplus leur bonne humeur et la sagessede leur expérience, la compensationsera encore plus grande.

Malgré leurs capacités qui s’ame-nuisent, elles doivent comprendre de

quelle manière elles peuvent garderleur dignité et être toujours utilesaux autres, mais de façon différente.Ce qu’elles peuvent transmettre auxautres, c’est l’essence de ce qu’ellesont vécu, de ce qui s’est imprimédans leur âme.

Il faut aussi réaliser que la viedemande de se mouvoir continuelle-ment à tous les niveaux, et quel quesoit notre âge.

S’occuper de soi jusqu’à la der-nière heure exprime notre gratitudeenvers le corps qui nous a été donné,car lâcher-prise n’est pas synonymede se laisser aller, d’abandonner toutemaîtrise de soi et de ne plus bouger.Bien au contraire, lâcher prise exigeune volonté ferme et implique l’ac-tion. Celui qui reste en mouvementvoudra donner aux autres aussilongtemps qu’il le pourra et selonses capacités. Qu’il s’agisse d’ensei-gnants, d’artistes, d’écrivains, d’ar-tisans, les possibilités d’aider et detransmettre peuvent encore êtrenombreuses.

Vieillir en coupleQu’est-ce qui unit deux per-

sonnes pour en faire un couple ? S’ilne s’agissait que d’un simple attraitphysique ou même intellectuel, celane suffirait pas pour former des liensdurables, qui permettraient de vieillirensemble, dans l’harmonie, jusqu’àplus de 90 ans.

La réponse est bien évidente :c’est l’amour, un amour fondé surdes valeurs plus profondes que labeauté physique et les capacités in-tellectuelles, qui ne peuvent que di-minuer.

L’amour véritable doit avoir sasource dans le spirituel, car cela seulest durable. Si pendant notre jeu-nesse la beauté physique s’ajoutait àcelle de l’âme, à la fin c’est la beautéde l’âme qui demeure, alors que nousnous préparons ensemble à franchirle pas vers un monde plus léger.

Ginette et Normand [email protected]

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15Monde du Graal

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On travaille intensémentpour rendre le cerveauplus performant. D’un

côté, on espère pouvoir améliorer lesconditions des personnes souffrantde maladies mentales avec des médi-caments qui ont été développés pourtraiter des états tels que la dépres-sion, la démence, et le trouble du dé-ficit de l'attention et de l’hyperacti-vité (TDA/H). Et d’un autre, on es-saie d’augmenter les performancescognitives par des interventions gé-nétiques ciblées dans le mécanismedu processus même de la pensée.

Quelques médicaments sont déjàdisponibles pour les malades – et l’onespère que les bien portants pour-ront eux aussi améliorer leurs per-formances intellectuelles.

Le marché du «dopage cérébral»est vaste. Ainsi, de 3 à 11 % des étu-diants des universités américainesont pris des stimulants pour amélio-rer leurs résultats. En Allemagneégalement, un sondage représentatifeffectué sur 3000 travailleurs révèleque 5 % des personnes interrogéesutilisent des substances pour accroî-tre leur efficacité ou leur bien-être.

Les femmes préfèrent ce qui amé-liore l’humeur, tandis que leshommes choisissent ce qui favoriseleur concentration, et 2 % admettentse «doper» régulièrement sur leurlieu de travail.

Cette attitude soulève naturelle-ment des questions : Quelle est l’ef-ficacité de ces remèdes ? Ont-ils deseffets secondaires ? Sont-ils réelle-ment bénéfiques pour les personnesen bonne santé ?

Quels sontces médicaments ?

Tout d’abord, résumons les«neurostimulants» les plus connussur le marché :

- La Ritaline a été recommandéedepuis longtemps pour améliorer laconcentration des enfants qui ont destroubles de l’attention (TDA/H).Les plus fréquents de ces troublessont l’agitation, l’hyperactivité, lemanque de concentration et l’impul-sivité, parfois également l’instabilitéémotionnelle, qui se traduit par descrises de colère. Bien que les troublesTDA/H se produisent principale-ment chez les enfants, cet état se pro-longe souvent à l’âge adulte. Uneétude récente conclut que la Ritalinea permis un bon développement àlong terme chez 100 garçons por-teurs de ces troubles. On affirme queles enfants traités à la Ritaline souf-frent rarement de problèmes psy-chiatriques 10 ans après le traite-ment, et que plus tard ils ont de meil-leurs résultats à l’école et enapprentissage par rapport à des en-fants non traités. Cette affirmation –qui résume ces études – semble indi-quer une tendance, mais reste pour-tant très vague et peu étayée.

Nous ne possédons aucunepreuve de l’efficacité de la Ritalinesur les individus en bonne santé, bienque des personnes ayant pris la subs-tance affirment de façon subjectiveque leur performance cognitive s’estaméliorée. Une autre étude rapporteque des étudiants ayant pris laRitaline devinrent impulsifs, et agités,

Doper le cerveau :un dangerDoper le cerveau est de plus en plus d’actualité. Dans le domaine du sport, par exemple, ils’agit d’améliorer les performances physiques, mais il est aussi question de trouver le moyend’améliorer les performances du cerveau à l’aide de certaines substances. Les produits que l’onappelle « neurostimulants » donnent lieu à des controverses, et cela d’autant plus que nousavons à notre disposition une bonne alternative…

14Monde du Graal

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CERVEAU

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se manifeste de manière particulière-ment forte dans le «bon ressenti» a,comme l’a découvert le neurologueAntonio Damasio, un rôle crucialdans la prise de décision.

Par conséquent, absorber un pro-duit qui favorise la pensée rationnellesur de longues périodes se fait au dé-triment du développement intérieuret de la créativité.

Trop de tâches menéesde front ont un effet négatif

L’intelligence générale ne peutpas être transformée par l’entraîne-ment du cerveau. Ce fut la conclu-sion d’une étude sur 11 000 volon-taires âgés de 18 à 60 ans : un groupes’exerçait à résoudre des problèmes,à faire des plans et à en débattre,donc à exercer des compétences liéesà l’intelligence générale. Un secondgroupe travaillait sur la mémoire àcourt terme, l’attention, la visionspatiale et les mathématiques. Untroisième groupe (de contrôle) faisaitdes recherches sur Internet pourtrouver des réponses à des questionsbizarres. Ils devaient s’entraîner troisfois par semaine, pendant un mini-mum d’au moins 18 minutes d’affiléeet ce, pendant 6 semaines.

En moyenne, les participantss’entraînèrent 24 fois, certains mêmejusqu’à une centaine de fois. Il devintvite évident que les capacités géné-rales des participants, en termes demémoire, jugement et apprentissage,qui auraient pu s’améliorer en résol-vant les tâches de leur groupe, nechangeaient pas. Même les individusles plus ardents, qui s’étaient entraînésintensivement, ne montraient aucuneamélioration dans leur prestation.Quelle en était la cause ?

Le facteur majeur qui perturbe laconcentration est le fait d’essayer de

faire trop de choses à la fois. Le faitd’exécuter simultanément plusieurstâches, qui est facilité et encouragépar les possibilités numériques d’au-jourd’hui, s’est révélé être une sortede boomerang, réduisant d’un côténotre faculté de concentration etd’un autre côté augmentant notredésir de succès rapide. Ce fut laconclusion tirée par nombre de neu-robiologistes. Le cerveau ne peutfaire réellement bien qu’une seulechose à la fois.

L’aide de la NatureLes efforts de concentration sont

fatigants. Il n’est donc pas surpre-nant que l’on améliore les prestationscognitives quand on permet aux par-ticipants d’un test de commencer parregarder des photos représentant lanature, alors que des images compo-sées de scènes urbaines n’apportentaucune amélioration. On supposequ’en contemplant la nature, les pen-sées vagabondant du passé au futurconvergent sans effort, et que l’ob-servateur se fixe complètement dansle présent, et réussit alors facilementses tâches cognitives.

Je suis totalement d’accord avecce résultat si je me réfère à mon ex-

périence personnelle. De courtespromenades dans la nature permet-tent de discerner ce qui est importantde ce qui ne l’est pas et de résoudredes questions en attente avec uneplus grande attention.

Des problèmes complexes sontaussi plus faciles à cerner quand il estpossible de se former une image desdifférents facteurs. Une fois quenous avons formé une image inté-rieure, elle ne s’efface plus. Nouspouvons lui ajouter de nouveaux élé-ments, éliminer ce qui est inadéquat,et avec l’image ainsi remodelée sous

nos yeux, nous pouvons en com-prendre les tenants et les aboutis-sants.

Cette visualisation peut être pra-tiquée, par exemple, lorsque l’on faitses courses sans liste en poche. Si ona déjà parcouru les allées, jeter uncoup d’œil au stand des fruits permetde se rappeler la corbeille de fruitsvide à la maison ou la vue des am-poules électriques peut faire surgirl’image de l’ampoule grillée de lalampe de chevet. De la même façon,pendant que nous sommes dans lemagasin, nous pouvons prendreconscience que nous avons besoin desacs-poubelle, mais que nous avonsencore des sacs d’aspirateurs.

J’ai fait personnellement l’expé-rience de l’utilité des images inté-rieures pour prendre des décisions,tandis que je traversais l’Amériqueau volant d’une voiture. Soudain,nous avons manqué d’essence, au-cune station n’était en vue, il n’yavait que la forêt à l’horizon.Imperturbable, mon collègue prit lecric, inclina la voiture d’un côté ettourna la clé de contact, avec succès !Au bout de quelques kilomètres,alors que le véhicule brûlait ses der-nières gouttes d’essence, par chanceune station fut en vue ! Mon collègueavait eu l’image mentale que l’es-sence se trouvant au fond du réser-voir se rassemblerait si nous soule-vions la voiture du côté de l’échap-pement – et il avait réussi.

On peut en déduire que des per-sonnes saines peuvent aiguiser plusefficacement leur capacité intellec-tuelle par un travail ciblé à partird’images mentales que par laconsommation à long terme de«neurostimulants». Cette méthodenaturelle contrecarrera surtout notreactivité intellectuelle unilatérale sanscesse sollicitée, car il est évident quenous avons beaucoup à faire pourdévelopper notre sensibilité et notrecréativité.

Dieter Malchow

CERVEAU

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qu’ils ont essayé de résoudre lestâches qui leur étaient demandéesavant d’avoir eu toutes les informa-tions et qu’ils s’en sortirent plus malque le groupe de contrôle, qui n’avaitreçu qu’un placebo.

Il est donc fortement mis endoute que la Ritaline soit utile pourles personnes en bonne santé. Dansles études sur les animaux, seuls lesrats montrent sans équivoque que laRitaline améliore l’action de la dopa-mine, neurotransmetteur, et par là lesuccès dans l’apprentissage.

- Le Modafinil est un stimulantcontre la fatigue. Il est utilisé dans letraitement de la narcolepsie – mala-die caractérisée par une fatigue inha-bituelle et une envie de dormir ex-cessive pendant le jour. Ce produitest efficace pour réduire la fatiguegénérée par un simple manque desommeil, mais il n’est pas aussi effi-cace lorsque le manque de sommeilest prolongé.

- Le Prozac est un antidépresseurqui agit en réduisant la réabsorptiondu neurotransmetteur que représentela sérotonine dans la cellule nerveuse.Il contribue à ce que la sérotonineagisse plus longtemps. C’est très utilepour certaines personnes qui souf-frent de dépression, mais l’effet estinsignifiant sur les autres.

- Le Donépézil est un médica-ment permettant de neutraliser le dé-clin mental des patients touchés parla maladie d’Alzheimer. Il fut expé-rimenté sur des pilotes âgés pendantdes tests de simulation de vol. Après30 jours d’ingestion le Donépézilaméliore la vigilance des pilotes enleur permettant de mieux gérer dessituations de vol difficiles.

- Les amphétamines sont des sti-mulants. Elles ne sont, cependant, pasrecommandées, car elles provoquentdes dépendances.

Les descriptions précédentes desmédicaments les plus connus mon-trent qu’il n’est pas possible deconsidérer ces divers antidépresseurscomme un moyen fiable de «doper»le cerveau.

Aussi tentant qu’il soit d’avoir unmédicament disponible qui puisseaméliorer la mémoire sans effets se-condaires, la réalité est qu’un telagent n’existe pas. Les « neurostimu-lants » ont des effets secondaires in-désirables ; nous pouvons seulementsupposer que sur les bases de laconnaissance actuelle, la Ritaline peutêtre prise à long terme et qu’elle n’estpas nocive, mais son efficacité sur lespersonnes saines reste à prouver. Enréalité, un certain nombre de cher-cheurs pense même que l’aptitudementale ne peut pas être amélioréechez des personnes en bonne santé.

Savoir si on peut le faire fut aussitesté sur les animaux. Dans ce but,on utilisa avec succès des souris gé-nétiques «intelligentes». Elles avaientune meilleure mémoire, apprenaientplus rapidement et étaient capablesde reconnaître plus nettement des ob-jets. Au même moment, cependant,apparurent des inconvénients : unedes souris «intelligentes» souffrit dedouleur chronique, une autre montraun risque accru de cancer, et une autreencore fut incapable d’oublier cequ’elle avait appris même si c’étaitdans son intérêt.

Tous les résultats montrent qu’ilest dangereux d’intervenir dans lesprocessus cognitifs. Cependant, sa-voir si les agents qui améliorent lamémoire devraient être utilisés surdes personnes saines est un sujetâprement débattu en ce moment.

Une aspirinepour le cerveau ?

Doper le cerveau – après tout,pourquoi pas ? Des scientifiques quien ont considéré les avantages et lesinconvénients suggèrent que nousdevrions saisir les occasions offertespour mieux gérer les exigences de

rendement aussi bien que l’appétit devivre ou la compassion. À conditioncependant que nous manipulions lesmédicaments avec sérieux.

D’autres par contre critiquentune telle attitude et mettent en gardecontre la «ruée» sur ces produits,ajoutant que la vraie liberté c’est dereconnaître nos limites, ce qui seraitsuffisant pour nous faire renoncer àtout artifice et par là à toute stimula-tion artificielle.

Qu’en est-il de notre sens de laresponsabilité ? Nous limiterions-nous juste aux neurostimulants oc-casionnels – si la pression pour exé-cuter une tâche le demande – un peucomme d’avaler un comprimé d’as-pirine pour contrer certains signes demaladie ? Ou bien voulons-nousaller plus loin et lutter pour améliorercontinuellement notre cerveau – de lamême façon qu’un athlète s’efforced’avoir des muscles plus puissants ?

Nous devons considérer que detels produits ont un effet sur les in-terconnexions des cellules nerveuses,tout particulièrement s’ils sont prissur une longue période. Les stimu-lants facilitent l’exécution de tâchesconcrètes, qui demandent de laconcentration et de l’attention, doncune activité rationnelle ou intellec-tuelle. Mais ils ont un effet négatifsur la créativité. Pour réussir defaçon créative, il est important d’êtrecapable de se déconnecter de toutepensée purement intellectuelle, c’estce que confirment les compositeursde chansons et de musique. De plus,réfléchir sur les événements passés etprendre des décisions pour l’avenir,demande la participation active del’âme, et se trouve entravé par destâches qui réclament de la concentra-tion et de l’attention. La perceptionde l’activité de l’âme qui, entre autres,

De simples images de la natureaméliorent les facultés cognitives

Les critiques ont peur d’une « ruée » versles produits dopant le cerveau

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Récemment, lors d’une récep-tion, une des conseillèresmunicipales me chuchota :

«Je me demande comment ces femmesactives dirigent leur foyer ! Lesfemmes à la maison à plein tempspeuvent passer des heures à discuter delinge, d’astuces culinaires et d’appareilsménagers, alors que celles qui sontcomme nous doivent se débrouillerpour tout gérer à la fois. J’ai unefemme de ménage qui vient m’aidertous les quinze jours. Hier elle m’a dit :«On dirait que vous avez un problèmede repassage» probablement parceque j’accumule une grande quantitéde linge avant d’attaquer ma mon-tagne de repassage, tout en regardantla télévision.

Il y a régulièrement à la télévisiondes débats sur le budget des foyers.Bizarrement, ce qui est pris encompte n’est pas du tout l’activité dela femme devant sa planche à repas-ser, tout en regardant la télévision lesoir. Non, ce type de «budget domes-tique» est une affaire parlementaireprimordiale, qui concerne l’État et lacommunauté. Ce genre d’économiedomestique est pris très au sérieux par

les politiciens, les médias et le public,et semble définir toute chose, tous lesaspects de la vie communautaire etinstitutionnelle. La gestion domes-tique de la femme est cependant trèsloin de compter comme une activitéde haut niveau, et elle ne bénéficie pasnon plus de la grande considérationqu’elle mérite en réalité. Pourquoi ?

Le foyer, cœur de la maisonDans chaque langue, ce mot offre

souvent un deuxième sens plus pro-fond. En français, le mot foyer si-gnifie non seulement la maison maisl’âme de la maison. S’occuper de sonfoyer est donc une activité qui inclutéquilibre et stabilité pour toute lamaisonnée. «Tenir un foyer» était, àl’origine, une vocation à part entière.S’occuper de la maison signifie enprendre soin, et pourvoir aux fonde-ments mêmes de la vie, mais évoqueégalement des images de repos, d’har-monie et de beauté – tout au moinslorsque la ménagère est présente etcrée autour d’elle une atmosphère debien-être. Pour toutes ces raisons, ilest évident que le foyer devrait êtrele domaine de la femme, parce quelà où il est question de fondement

de la vie, la femme est «chez elle».Cependant, ce point de vue rencon-tre des oppositions dans notremonde moderne. Fait-on seulementpreuve de préjugés si l’on pense quele foyer est du domaine féminin, oubien cette façon de penser est-elle lerésultat de l’éducation patriarcale ?Cette position n’attire généralementque la pitié ou les reproches parceque les activités domestiques sontjugées dévalorisantes, surtout de lapart des féministes. Cependant, ausens strict du terme, ce n’est en au-cune façon une critique de dire quele foyer a quelque chose à voir avecla féminité, ce qui est critiquable c’estque tout ce qui a trait au foyer a bienpeu de prestige dans notre société.

Les femmes qui luttent pour lesmêmes droits que ceux des hommesen ce qui concerne leur réputation etleur image ont jusqu’ici, malheureu-sement, exclu ces champs d’activitédans lesquels elles sont pourtantelles-mêmes impliquées en tant quefemme «au foyer». Il n’y a pas de mi-racle, car l’émancipation de la femmea été orientée exclusivement vers lessphères d’activités masculines, quirapportent jusqu’ici de l’argent et of-frent du prestige, des statuts et del’estime de soi qui contribuent aupouvoir et aident à s’approprier unevie auto-déterminée dépourvue detoutes les dépendances que les femmesont subies pendant des siècles.

Mais lutter uniquement pourcette sphère d’activité témoigne d’unmanque de clairvoyance particulière-ment regrettable. Après tout, chaqueactivité n’acquiert sa valeur que par lavaleur de la personne qui s’en charge.Chaque métier peut être bien fait, cequi signifie qu’il est accompli dansun but élevé et motivé par un enga-gement intérieur.

Une éminente gestionL’activité au service de la maison-

née a été dévalorisée parce qu’aucunsalaire n’est versé en contrepartie etqu’aucune fiche descriptive définis-sant travaux et compétences requises

FÉMINITÉ

19Monde du Graal

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n’a été établie. C’est sans doute pourcela que les femmes au foyer n’ont passu rester fières de ce qu’elles accom-plissaient. Une publicité récente à latélévision avait pour slogan : «Je dirigeune petite entreprise familiale cou-ronnée de succès». Suivait un mon-tage rapide énumérant les diversescompétences, activités et procédésindispensables dans le foyer, au grandsoulagement de toutes celles qui re-gardaient et qui étaient elles-mêmesfemmes au foyer.

Aujourd'hui, certaines de ces«managers familiales» osent enfinparler de leur occupation à pleintemps avec un peu plus de sérieux etde conscience, au lieu de dire timide-ment «je suis seulement une femme aufoyer.» De plus en plus, les activitésde la femme au foyer sont publique-ment reconnues et on en parle avecrespect. Les débats politiques sur lesplaces en crèches, qui ont eu lieu pen-dant des années dans tous les médias,semblent eux aussi indiquer que lesintérêts féminins sont perçus de façonnouvelle. Mais ce débat est contre-productif, car en demandant légale-ment l’obtention d’une place dansune crèche, la femme qui travaille fi-nira tôt ou tard par obtenir le rangsocial qu’elle mérite, mais en passant«par la petite porte», sans que soit misen place un soutien pour les femmesou les parents qui veulent élever eux-mêmes leurs enfants à la maison.Cependant, on peut considérer queles débats publics sont l’indice d’uneouverture nouvelle sur les sujets quitouchent en premier les femmes.

Qu’est-ce que le «féminin» ?Nous sommes à une période de

changement où le féminin est en trainde s’affirmer, même si les signes sontencore faibles. Mais que veut dire «fé-minin» ? La féminité est une qualitéunique, que ne possèdent pas forcé-ment toutes les femmes – on pourraitmême ajouter : malheureusement !Les caractéristiques physiques commeune petite stature, des qualités plus dé-licates, une force physique moindre

par rapport à celle de l’homme, uneplus grande résistance à la douleur oula possibilité de mettre au monde desenfants sont en regard de la notion deféminité à mentionner en dernier.Friedrich Schiller soulignait déjà quel’âme créait le corps. Nous devonsd’abord nous occuper de l’âme fémi-nine ou, pour être plus compréhen-sibles, des vibrations particulières dela féminité, dans lesquelles réside lavéritable stature féminine, qui vabien au-delà de la stature physique.Car la «féminité» en elle-même estun principe qui se trouve dans toutela Création, sur tous les plans et passeulement chez l’espèce humaine.Quand Johan Wolfgang von Goetheécrivait : «Que l’éternel féminin noustire vers le haut», il décrivait ainsil’essence même de la féminité. Elle estune valeur éternelle, qui possède sapropre force d’attraction vers le haut.La femme peut accéder elle-même àla féminité éternelle grâce à la qualitéde sa délicate intuition. Sa principaletâche est de servir de pont vers lessphères plus élevées de la Création,jusqu’à la source de tout être. Elle seulepeut éveiller ou maintenir éveillée lanostalgie humaine vers la Lumière –à condition qu’elle retrouve en ellel’accès à la vraie féminité et qu’elle ladéveloppe. Chaque femme peut lefaire pour elle-même à travers sa pro-pre finesse de perception. Il n’y a pasde recettes toutes faites, comme parexemple la manière de s’habiller, de secoiffer ou le choix de la profession,tout cela n’a rien à voir. La féminitérepose uniquement dans la manièred’être intérieure de la femme, la façondont elle s’exprime, bouge et traite lesautres. Ce qui fait la féminité est in-définissable – mais peut être ressentipar chacun. Étant donné que le genreféminin complète le genre masculin,chaque homme véritable porte en luila nostalgie de la vraie féminité, ilvoudra la protéger et montrera enverselle du respect. Considérer la féminitéselon le sens ancien de la «chevale-rie», permet au masculin de se déve-lopper et de trouver quel est son but.

Le sens spirituel du foyerNotre société est malheureuse-

ment loin de comprendre le sens pro-fond de la féminité. Nous avons toutd’abord à redécouvrir que la femmedevrait par ses valeurs intérieures êtrele sexe le plus fort, celui qui conduit,car elle peut ranimer la flamme spiri-tuelle de la nostalgie vers la Lumièreet la protéger. La flamme de l’aspira-tion vers la Lumière s’embrase, brûleou flambe dans le cœur de chaque êtrehumain. Mais cette flamme est aussiterriblement importante quand elleagit vers l’extérieur : le feu éclaire etdispense sa chaleur.

Le feu du foyer nous permet depréparer la nourriture. C’est pour-quoi le foyer a toujours été le centrede la maison, de l’habitation. Ce mots’emploie également dans d’autres ex-pressions comme le foyer des pensées,le foyer de la maladie ou le foyer del’incendie, parce que le foyer signifietoujours le centre, le cœur, le point dedépart, et donc le domaine le plus im-portant. L’image de la maison et dufoyer contient donc une dimensionspirituelle primordiale qui ne peutabsolument pas en être dissociée. Celan’a rien à voir avec des formalités ma-térielles comme utiliser le four àmicro-ondes, la machine à laver lavaisselle ou l’aspirateur, mais celatouche au rôle central de la femme :initier et soutenir le développement dela société – ou le freiner si nécessaire.

Si l’harmonie et la joie emplissentla maison et le foyer, tous ceux qui yvivent en nourriront leur âme et sau-ront également appliquer l’ordre de laCréation dans leur vie quotidienne.Chacun ressentira la joie et la beautéqui rayonne dans une telle maisonnée,dirigée par la force intuitive fémininela plus délicate. Finalement nous de-vrions reconnaître l’éminente valeurque renferme le fait de «tenir une mai-son» au sens spirituel du terme et, entant que femmes, nous investir danscette tâche véritablement féminine.

Marion E. Jacob

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Cadres ettâches ménagèresUne femme cadre supérieur entrecuisine et chambre d’enfant

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BURN-OUT

l’intérieur l’impulsion de corrigercertains aspects dans sa façon defonctionner, ou si aucun événementextérieur ne la force à entreprendredes changements dans sa vie.

Lorsqu’elle en est arrivée à cettephase, si elle ne fait aucun effortpour recouvrer la santé, elle risquede plonger plus tard dans de plusgraves formes de dépression.

Le «burn-out»,un phénomène nouveau ?

Bien que le nombre des personnesatteintes du «burn-out» ait augmentéconsidérablement ces derniers temps,il ne s’agit pas d’un phénomènenouveau.

L’écrivain allemand ThomasMann (1875-1933) en donnait déjàune description très remarquabledans son œuvre «Les Buddenbrook»(publiée en 1901) à travers le regardde Hanno, le fils cadet de la familleBuddenbrook, qui observait avec cha-grin l’état d’épuisement de son père.

«Il voyait non seulement l’amabi-lité impeccable de son père enverstous, mais il voyait aussi avec uneperspicacité étrange et torturantecombien cette amabilité était pénibleà produire ; après chaque visite, ilvoyait son père plus taciturne et pluspâle, les yeux clos, les paupièresrougies, se blottir dans un coin de lavoiture ; et la terreur au cœur, il voyaitsur le seuil de la maison suivante unmasque se poser sur ce même visage,une élasticité reparaître soudain dansles mouvements de ce corps fatigué...Le petit Johann se représentait lesrelations, les conversations, les façons,les actes et tout le commerce deshommes non comme l’expressionnaïve, naturelle et mi-consciente decertains intérêts pratiques, communsà tous et que chacun cherche à dé-fendre contre les autres, mais commeune sorte de fin en soi, d’effort arti-ficiel et conscient destiné à produire,au lieu d’un simple et sincère intérêtpour ces choses, une virtuosité terri-blement ardue et épuisante de la tenuecorporelle et morale.

Et, à l’idée que l’on attendait de luiqu’il prît part plus tard à ces réunionsmondaines et s’y manifestât par laparole et par le geste aux yeux detous, Hanno fermait les yeux avec unfrisson de répugnance et d’angoisse.»

Le père et sénateur ThomasBuddenbrook, directeur de la com-pagnie réputée du même nom, estlui-même tout aussi douloureuse-ment conscient que, face au déclinprogressif de son commerce, il de-vrait changer brusquement la marchedes affaires, comme il l’avait fait,plein de force et d’élan, alors qu’ilétait plus jeune. «Cependant, iln’avait qu’un seul souhait : pouvoircéder à ce lourd désespoir, s’éclipser,rentrer à la maison et poser sa têtesur la fraîcheur d’un oreiller.»

L’expression «syndrome duburn-out» fut créée dans les années1970 par le psychiatre new-yorkaisHerbert Freudenberger. Celui-ciavait fondé, avec l’aide d’une équipe,un service de soutien pour des per-sonnes toxicomanes. Or, après unepériode d’engagement intense, il ob-serva autant chez lui-même que chezses collaborateurs des signes tou-jours plus évidents d’épuisement,ainsi qu’une irritabilité croissanteface aux bénéficiaires de ce centred’aide.

Ces exemples décrivent de façontrès explicite la nature du «burn-out» : il s’agit d’un état où l’on al’impression d’être à côté de laplaque, où l’on a l’impression de sevider sur le plan émotionnel et psy-chique, et d’être épuisé au niveauphysique et accablé par un sentimentde non-sens. Les personnes atteintesn’arrivent plus à s’impliquer dans leurtravail ; simultanément, la joie queleur tâche leur procurait auparavant adisparu, tout comme l’impulsion in-térieure et le zèle pour l’accomplir.

La perte de l’équilibreLes exemples mentionnés plus

haut montrent à quel point les causesdu «burn-out» peuvent varier :Thomas Buddenbrook avait placé la

tradition et la réputation de sa fa-mille au-dessus de tout, sans jamaisse questionner sur son véritable de-voir ; il ne s’interrogeait pas non pluspour savoir si le travail qu’il faisaitcorrespondait à sa nature profonde.

Qui plus est, il essayait de formerson fils unique, Hanno, de sorte qu’ilpuisse reprendre un jour l’entreprisefamiliale alors que cet enfant mon-trait de véritables dispositions pourla musique et que tout son être res-semblait à la nature profonde de samère.

Le cas se présente différemmentpour l’équipe de bénévoles de NewYork dont les membres s’étaient in-vestis pleins d’enthousiasme dans leurtâche qui correspondait intégralementà leurs aspirations naturelles et à leursqualifications professionnelles. Mais,ils s’occupaient de ce centre d’aide endehors de leur travail régulier deconseiller et psychologue, ce qui arapidement causé chez eux un épui-sement complet de leurs forces.

Ainsi, le «burn-out» peut avoirde multiples causes qui, dans certainscas, résident dans la vie profession-nelle de l’individu affecté et, dansd’autres, plutôt dans sa nature per-sonnelle.

La faculté de reconnaître lescauses propres à chaque cas est unecondition préalable pour sortir d’unétat de «burn-out».

Les causes en relationavec le travail

Les restrictions financières impo-sées de nos jours dans un grandnombre d’entreprises exigentconstamment des employés unrythme de travail accéléré, ce quiconsume rapidement et unilatérale-ment leurs forces. Simultanément, onleur demande de participer au calculdes coûts générés par les différentesétapes du travail et d’en dresser unbilan statistique, et ce, même dansles professions sociales. Cela favorisele développement d’attitudes et decomportements dominés par la raison.Or, le fait de devoir négliger ou car-

Quand le travail consumeLes causes du «burn-out » dans la vie professionnelle

Le terme «burn-out» décrit l’étatd’une personne qui se sent brûlée.Or, ne peut être brûlé que celui qui apris feu, c’est-à-dire celui qui s’estdonné tout feu tout flamme à unetâche.

Les personnes affectées par le«burn-out» sont souvent très enga-gées, elles prennent leur travail fortau sérieux et s’investissent sans aucunménagement, année après année,dans leurs tâches professionnelles.

Cependant, au fil du temps, etsans qu’elles s’en rendent tout desuite compte, des signes d’usure deplus en plus évidents se manifestent :la personne se sent fatiguée, épuisée,et constate qu’elle a perdu l’élan etl’enthousiasme pour ce qu’elle fait.Elle doit maintenant se forcer à exé-cuter les tâches qu’elle réalisait au-paravant avec facilité et entrain. Elleremarque également qu’elle est moinsrapide et que sa force de concentra-tion a diminué. Elle voit tout cequ’elle devrait réaliser, mais n’a plusla force de le faire. Elle se trouvedans un état de faiblesse comparableà celui que l’on vit à la suite d’uneintervention chirurgicale et quiétonne ou fâche parce qu’on nel’aurait jamais cru possible.

Surtout, elle n’arrive plus à alleravec enthousiasme au-devant du nou-veau. Des contacts avec des personnespouvant l’aider, mais exigeant de sapart une implication physique et psy-chique la surmènent rapidement.

Si cet état perdure, il arrive que la

personne réagisse de façon inappro-priée envers son entourage, qu’elle semontre irritable et même agressive.Dans les recherches plus récentes surle «burn-out», on qualifie cet état de«cynisme», ce qui le distingue claire-ment au plan émotionnel des autresmaladies dépressives.

Le fait de constater un décalageconsidérable entre, d’un côté, les at-tentes du monde extérieur ou encoreles exigences qu’on s’impose soi-même, et de l’autre côté, ce qu’on esteffectivement en mesure de réaliser,peut déclencher des états de peur,d’insécurité, de frustration et de dés-accord par rapport à soi-même et àl’entourage.

La personne vit dans l’attente desweek-ends et du congé, mais dèsqu’elle est de retour à son emploi, lafatigue chronique, la lourdeur et lesentiment d’aliénation face à son tra-vail reprennent le dessus.

Cet état peut persister durant desannées, et même devenir une habitude,si la personne en question n’a pas de

Ces derniers temps, onconstate une augmentationconsidérable de formes gravesde crises reliées au travail.Celles-ci assombrissent, sou-vent sur de longues périodes,la vie professionnelle des per-sonnes affectées.Le «burn-out» est une formetypique de crise profession-nelle contemporaine.Par quoi est-il causé et com-ment peut-on le prévenir ?

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BURN-OUT

pouvoir admettre qu’on a atteint unétat de disharmonie tel qu’on n’estplus capable de se réjouir de la vie,d’y participer avec enthousiasme etd’y investir sa force créatrice.

S’impose ensuite une introspectionpermettant de savoir si les causes du«burn-out» se situent dans le milieudu travail ou plutôt en soi-même.Dans la plupart des cas, on décou-vrira un mélange des deux.

Bien entendu, il est particulière-ment important de pouvoir reconnaî-tre les aspects personnels qui entrenten jeu. Il n’est pas rare de trouverdans l’histoire de l’individu des évé-nements marquants qui l’ont incité àassocier les notions de sécurité et dereconnaissance à une implication ex-cessive dans le travail.

À partir de ses propres prises deconscience, la personne doit ensuiteeffectuer progressivement les cor-rections appropriées dans son modede vie. À cet égard, la recherche desens et de valeurs spirituelles occupeune place primordiale. Dans la plu-part des cas, les solutions et leschangements qui s’imposent neconcerneront pas uniquement l’ac-tivité professionnelle, mais tous lesdomaines de la vie.

Cependant, il est rarement né-cessaire de bouleverser sa vie inté-gralement ; il s’agit surtout de la dé-ployer davantage, de l’enrichir auplan émotionnel, ce qui conduiravers une nouvelle autonomie.

Le fait d’acquérir une compré-hension plus profonde et plus com-plexe de la vie procurera un nouvelélan, une nouvelle chaleur vivifiante.Il sera alors possible de se fixer deslimites saines, qui protégeront autantdes exigences extérieures et desnormes sociales que de ses propresforces intérieures qui incitent à tropen faire, à se surmener.

S’ouvrir à denouvelles expériences

Afin de remédier consciemmentà une vie monotone, il est conseilléde s’ouvrir à de nouvelles attitudes et

BURN-OUT

rément réprimer le plan émotionneldans le domaine du travail entraîne unfonctionnement de plus en plus mé-canique. C’est ce que vit dans unelarge mesure le personnel soignantdans les hôpitaux, où le moindreservice effectué auprès d’un maladedoit être enregistré sous forme decode. Les paroles encourageantes, lamain réconfortante, l’écoute ou lasimple présence rassurante ne figu-rent pas sur la liste des codes et, parconséquent, ne se voient attribuer

aucune valeur, aucune valorisationstatistique.

D’ailleurs, les premières re-cherches effectuées au sujet du«burn-out» dans les années 1980avaient déjà démontré les consé-quences fatales qui résultaient del’assujettissement des tâches socialesaux critères administratifs.

Des études plus récentes attirentl’attention sur d’autres dangers inhé-rents au milieu du travail : l’expositionprolongée aux médias (par exempledans le cas des politiciens) ; l’insuffi-sance des informations pour savoircomment effectuer une tâche correc-tement ; l’absence d’aide réciproque ;les conflits de responsabilité ; unmanque de reconnaissance et de«feedback» ; une restriction inutiledans l’exercice des compétences ; unclimat de travail focalisé essentielle-ment sur l’efficacité.

Des périodes de travail intensifpar rapport à la quantité, la rapiditéet le nombre d’heures effectuéeschaque semaine représentent unrisque majeur de «burn-out».

Tous ces facteurs ont en communle fait qu’ils servent unilatéralementdes concepts de rentabilité et d’effica-

cité, laissant aux individus peu dechance de s’investir également defaçon responsable et gratifiante auplan émotionnel.

Ces aspects montrent aussi dansquel sens il faut chercher, au niveauadministratif et organisationnel, lesmesures nécessaires afin de préve-nir la manifestation du «burn-out» :selon de nombreuses études ré-centes effectuées dans le domainede la santé, un climat de travail hu-main, valorisant, et laissant aussi de

l’espace pour l’entraide, représentela meilleure prévention contre le«burn-out» et d’autres maladies re-liées au stress.

Les causes individuellesLe risque de vivre un «burn-out»

est particulièrement grand chez lespersonnes qui font de leur vie pro-fessionnelle une priorité.

Le travailleur ambitieux etacharné, véritable bourreau de tra-vail, qui a investi, année après année,le meilleur de ses forces dans son mé-tier, peut s’écrouler soudainementaprès avoir vécu un événement dés-agréable, réalisant alors qu’il a épuisé– sans se ménager et sans s’en rendrecompte – son réservoir de forces.

Chez l’employé qui veut tou-jours satisfaire toutes les attentes,sans jamais mettre des limites, l’épui-sement peut s’installer progressive-ment, prenant des formes de plus enplus évidentes s’il ne change pas d’at-titude.

D’autre part, le tempérament in-dividuel ainsi que l’âge peuvent éga-lement s’avérer des obstacles aumaintien d’un rythme de travail élevépour répondre aux exigences actuelles.

Ce décalage entre, d’un côté, les exi-gences du milieu du travail et, del’autre, la prédisposition indivi-duelle, représente la cause majeurede nombreuses maladies provoquéespar le stress.

La situation se présente autre-ment chez les personnes plus jeunesqui, voulant être performantes etfaire carrière, investissent beaucoupde temps et d’argent dans leur for-mation continue, jusqu’à ce qu’ellesconstatent un jour qu’au lieu de lesrendre heureuses, leurs nouvellestâches professionnelles leur donnentune sensation de mal-être, l’impres-sion de ne pas être elles-mêmes,comme si elles marchaient avec deschaussures qui ne leur conviennentpas. De plus, des études récentes ontmontré que la demande de parfairesans cesse sa formation profession-nelle comporte aussi le risque d’en-traîner l’aliénation à son métier.

Ce risque est souvent déjàcontenu dans le premier choix pro-fessionnel des jeunes gens, s’ils le fontselon des critères extérieurs, commela sécurité matérielle, la rémunérationet les possibilités de carrière.

Lorsqu’un individu constate queson tempérament personnel ainsique ses compétences et ses pointsde vue individuels ne s’intègrentpas ou ne conviennent plus dans undomaine professionnel, il devrafaire des efforts surhumains pourrester fonctionnel ; cela entraînera, àlong terme, une considérable perted’énergie vitale qu’il aura de la diffi-culté à récupérer.

Comment se sortird’un «burn-out»

La guérison demande la connais-sance de soi-même, une sérieuse re-mise en question de son activité pro-fessionnelle et le temps requis pourapporter les changements néces-saires dans sa vie. Il s’agit toutd’abord de vérifier si la professionexercée correspond aux particularitéset aux aspirations personnelles. Dansun premier temps, il est essentiel de

Les concepts de rentabilité et d’efficacitélaissent peu de chance aux individus des’investir de façon responsable et grati-fiante sur le plan émotionnel.

Tout mode de vie unilatéral cause, à la longue, de la fatigue et endommagela santé. De nos jours, les exigences à sens unique du milieu du travail etde la formation professionnelle, mais aussi l’ambition personnelle, favo-risent un tel mode de vie. Un remède efficace contre toute forme de mo-notonie au quotidien réside dans le concept d’une vie basée sur le principede la triade : tout comme dans la musique le triple accord engendre uneplus grande beauté et plus d’harmonie que le fait de répéter toujours lemême accord, notre existence gagne en vitalité et en dynamisme si nousdéveloppons les domaines complémentaires de la vie, qui assurent enmême temps la réharmonisation continuelle de notre être. Ainsi, tousceux qui exercent une profession devraient éviter d’investir toute leurénergie uniquement dans leur travail, afin de se consacrer également,selon leur penchant naturel, à leurs relations personnelles, leurs contactssociaux, leurs loisirs, la culture, l’art, etc. Cela leur assurera un équilibresain et rafraîchissant. Le troisième accord est cependant le plus important :celui-ci concerne les valeurs spirituelles qui donnent le fil conducteur surle plan intérieur et permettent d’infuser aux tâches et responsabilitésprofessionnelles, ainsi qu’aux relations sociales et aux loisirs, la chaleurémotionnelle indispensable. En effet, ce sont les valeurs spirituelles quirenouvellent notre inspiration et notre motivation au travail, et qui ap-portent à nos relations et nos échanges sociaux la profondeur, l’amouret la considération qu’ils méritent. Une vie qui assure l’accord entre cestrois aspects de la vie – les valeurs spirituelles, les relations sociales etintérêts personnels, et le travail – amène une véritable joie de vivre. Biensûr, il serait illusoire d’imaginer que l’on puisse vivre en permanencedans une harmonie parfaite, mais maintenir l’image du triple accord aideà reconnaître quand il faut intervenir pour corriger les états de déséqui-libre, de «désaccord», qui conduisent au «burn-out».

Le pouvoir de guérison du triple accord de la vie

Valeurs spirituelles

Vieprofessionnelle

Introspection/méditation

Présence

àl’autre/amour/relation

Joie de vivreRéseausocial/loisirs

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L’eauUne goutte, un monde, un univers...

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Sonder un élément fondamen-tal présidant à la création de lavie sur ma planète, revient à

plonger dans les abîmes des fossesprofondes de mes plus anciennesmémoires. J’ouvre les canaux flui-diques de mon être pour laissers’égoutter devant moi les lettres duflot de la vie. À cet instant, je gardenéanmoins présent à l’esprit quel’eau s’accompagne, dans l’unité, desa sœur la terre, son frère le feu et sarespiration l’air. L’eau a ceci de par-ticulier qu’elle permet de créer lelien de manière simple, dans son étatliquide. Cependant elle me montre,lorsque la présence de l’élément feuvient à s’amoindrir, que sa formationest alors structurée, en glace, tel unélément solide à l’image de la terre.Pour peu que ma flamme s’éveille,c’est une vaporisation où bientôt saforme se dissout dans l’air.

L’eau va et vient au gré de monobservation et de l’environne-

ment dans lequel je me trouve. Elle vadu nuage vers la terre, de la source àl’océan et puis s’en retourne vers les

cieux. Elle vient telle qu’elle est, char-gée de toute la mémoire de l’univers,libre de recevoir et de s’abandonnerau premier buveur sur le chemin. Sonapparence est celle de mon regard,son enseignement le miroir de moncœur.

Au fil de ses échanges avec laterre, elle se charge de prendre icipour déposer là, poursuivant ainsi legrand œuvre de la création, un jeu depistes tracées dans ce qui est juste làentre chacune de ses lettres. L’eau estune goutte, un monde, un univers,c’est une mer de connaissance qui

recèle toutes les histoires del’Homme d’ici et de l’eau delà.

À travers elle s’égrène le tempsen rayons de lumière, autant degouttes fertiles que la Terre accueillel’espace d’une inspiration. Sa trans-parence laisse en moi l’image d’unchamp infini d’existences, le reflet desa surface un éphémère de ce que jesuis ici-bas. Ainsi elle appelle à être,attentive à se former à la main de quila prend, douce comme la caresse dusouffle divin. Fluide, elle passe sanslaisser de trace.

Loïc Sallete-mail : [email protected]

Autodidacte dans le domaine du film documentaire, Loïc Salleta suivi le courant qui l'a mené jusqu'à la réalisation de son filmAquanime, qui a été sélectionné pour la clôture du «MonacoCharity Film Festival» en mai 2011. Enseignant dans l’éner-gétique de l'eau, il entretient une relation privilégiée avec cetélément et en a fait l'objet de ses recherches philosophiques.L’eau fait partie des 4 éléments, avec la terre, le feu et l’air.Dans cette réalité d’apparence simple réside une multitude deconnaissances fondamentales qui permettent de ressentir lesfondements de tout ce qui est. Le film «Aquanime» oscille entre découvertes et interprétationsde recherches appliquées au vivant, avec l’outil EAU, s’alliantavec des mises en pratique intuitives et sensibles. Monde du Graal a rencontré Loïc Sallet et il nous a proposé unpetit texte poétique pour présenter son travail.

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à des activités qui procureront denouvelles impulsions évolutives.L’énumération qui suit ne se veutqu’une simple suggestion :

• Réfléchir sur la vie et la mort, etchercher des réponses aux questionsexistentielles

• Prendre le temps de lire sur dessujets constructifs et éclairants

• Contempler la nature, se mettreà son écoute afin de ressentir les loiset les principes fondamentaux qui larégissent

• Se promener le long d’une ri-vière, d’un lac ou de la mer, marcherles pieds dans l’eau et ressentirconsciemment le contact des vagues

• Regarder des photos de pay-sages et observer d’où provient lalumière qui les éclaire

• Faire des promenades dans laforêt et essayer d’identifier le chantdes différents oiseaux

• Observer le ciel étoilé et s’en-traîner à identifier les différentesconstellations

• Faire de l’escalade, y comprissur des montagnes escarpées, afind’évaluer sa propre force

• Entrer en contact avec les élé-ments, par exemple ressentirconsciemment l’effet du vent, de lapluie, de la neige, apprendre à fairede la voile, etc.

• Fendre ou ramasser du bois • Modifier son régime alimen-

taire, par exemple en consommantbeaucoup de fruits, légumes et finesherbes de saison, qui apportent aucorps de nouvelles impulsionsd’énergie

• Régler de vieux conflits, se dé-gager des charges superflues, aban-donner tout ce qui est ancien et dé-passé

• Se consacrer aux relations vrai-ment importantes, et surtout sur cequ’on peut soi-même apporter

• Faire une liste de ce qui repré-sente le positif dans la vie et y investirconsciemment davantage d’énergie

• Faire, dans la matinée et l’après-midi, une petite pause d’intériorisa-tion pendant laquelle on respire pro-

fondément tout en veillant à avoirune posture correcte et bien centrée

• Entreprendre quelque chose denouveau afin de retrouver «l’étatd’esprit du débutant», par exempleapprendre à jouer d’un instrument,aller au concert, s’inscrire dans unechorale, etc.

• Réduire au strict minimum letemps passé devant l’ordinateur ou letéléviseur

• Éviter les centres commerciaux,les grandes gares ou autres endroitsfréquentés par les foules.

Ces exemples montrent qu’ils’agit d’introduire, dans la vie quoti-dienne, de l’espace pour le ressenti,de créer consciemment des oasis per-mettant de rentrer en soi-même et deprendre du recul par rapport à la vieprofessionnelle. Le renouveau desvaleurs et des perceptions qui résul-tera de ces nouvelles expériencesexercera tout naturellement un effetvivifiant sur l’âme de la personne af-fectée par le «burn-out».

Simultanément, elle reconnaîtraque l’exercice d’un métier, même s’ilreprésente un pilier important et va-lorisant dans son existence, n’est ce-pendant pas la valeur la plus élevée àlaquelle il faut consacrer sa vie et sonénergie.

L’essentiel dans la vie humaine cesont les valeurs spirituelles qui nousaniment et nous inspirent de façoncontinuelle et durable, et ce, mêmependant les périodes de travail inten-sif. En effet, ces valeurs éternelles vi-sent beaucoup plus loin que la pers-pective limitée à court terme quenous offre l’actualité quotidienne.

Maintenir consciemment un triple accord dans sa vie

Afin que notre existence servenotre évolution tout en renforçantnotre santé, il est essentiel de conce-voir la vie comme un triple accord.Nous devons comprendre l’impor-tance primordiale des valeurs spiri-tuelles et ne pas nous consacrer uni-quement aux domaines habituels dela vie, soit le travail, la famille et les

loisirs (sports). Car seules les valeursspirituelles offrent des réponses va-lables aux questions existentielles engénéral et aux différents événementsen particulier. En effet, ce sont préci-sément les valeurs nous permettant dedépasser un mode de fonctionnementautomatique, qui nous laissent entre-voir un sens supérieur et qui donnentaux événements de la vie quotidienneune signification nouvelle.

Marianne Klauser Stalder

Lisez dans la prochaine édition lasuite de ce dossier consacré au travail :Les dimensions spirituelles – L’enjeuspirituel de l’épuisement psychiquedans la vie professionnelle

www.essenc-iel.fr &

www.aquanime.org

regarder aussi le DVD

«L’eau, la médiatrice»

www.

DVD sur leschercheursqui œuvrentà trouver dessystèmes dedynamisa-tion : quelleest leur ap-proche del’eau, de lavie ?

Les BuddenbrookThomas MannBiblio roman

Ce livre retrace l’effondrementprogressif d’une grande famille dela Hanse au 19e siècle, de Johann lesolide fondateur de la dynastie, àHanno le frêle musicien quis’éteint, quarante ans plus tard,dans un pavillon de la banlieue deLübeck.

Décadence d’une famille, dé-composition d’une caste. Mais trèsbeau style, tout en nuances, deThomas Mann.

EAU

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MDG : Qu’est-ce qui vous a amené àconseiller les Fleurs de Bach ?Sophie Léonetti : J’ai travaillé 15 ansdans la recherche clinique. J’ai côtoyédes équipes médicales et je les accom-pagnais dans le suivi des patients et larécupération des données de soinsafin de savoir si les futurs traitementsseraient efficaces. Il m’a paru incon-cevable, alors, que l’on ne se souciepas plus de la personne et que tousles patients soient traités de la mêmefaçon. Ensuite, au cours de ma formation ennaturopathie, j’ai découvert les Fleursde Bach. En les pratiquant au niveaufamilial, j’ai vu leur efficacité et leurintérêt dans l’équilibre émotionnelautant chez les adultes que chez lesenfants. Ces derniers n’ont pas de ca-rapace, ils ne sont pas encore parasitéspar des modes de pensées, des façonsde réagir.

Ils disent ce qu’ils pensent et sontvraiment dans l’émotionnel.

MDG : Qu’est-ce qui caractérise lesFleurs de Bach ?Sophie Léonetti : La simplicité ! Lesfleurs et les bourgeons sont dans lanature, il suffit de les cueillir le matinentre 9 h et 11 h, sous un ciel bleusans nuage et dès que la rosée estévaporée. On les coupe sans les tou-cher avec les mains, puis on les metdans un bol rempli d’eau de source ;il faut les laisser deux heures au soleilpour que l’information de la fleurimprègne l’eau. Ensuite, nous enle-vons les fleurs, l’eau est filtrée et di-luée à 50% dans de l’alcool (brandy,whisky…) et nous faisons plusieursdilutions de type homéopathique.C’est accessible à tout le monde.

MDG : Le Dr Bach disait : «Uneémotion négative n’est que la non ex-pression de son côté positif» ; pouvez-vous développer ? Sophie Léonetti : Prenons l’exempled’un enfant qui a du mal à se concen-trer à l’école et que son entouragetrouve toujours «dans la lune». Onpourra lui conseiller Clematis. Cette fleur l’aidera à avoir les piedssur terre et à être davantage dans laréalité qui l’entoure sans que cela lui

soit désagréable. Il trouvera un inté-rêt à son présent tout en continuant às’échapper dans son monde de rêvelorsque la situation sera adaptée àcela. Il suffit par le biais de l’infor-mation donnée par la fleur choisie, derééquilibrer les choses pour que touts’harmonise. Toute la difficulté de la consultationest d’arriver à ce que les personnesmettent des mots sur leurs émotions :«Que ressentiez-vous au moment oùcela vous est arrivé ? Et maintenant ?»Exprimer ce que nous percevonsdans une situation, parler, dire ce quise passe, c’est cela exprimer notreressenti. La clef de voûte de la théra-peutique par les élixirs floraux estqu’une même maladie peut nécessi-ter des remèdes différents, et desmaladies différentes nécessiter lemême remède.

MDG : Cette approche aide-t-elle àmieux se comprendre ?Sophie Léonetti : Edward Bach disaitque l’être est comparable à un oi-gnon avec plusieurs couches. La pre-mière représente certaines émotionsque nous ressentons et exprimons àun moment donné. En travaillantavec les fleurs qui correspondent àces émotions, il est possible d’enlevercette couche, mais dessous il y en a

BIEN-ÊTRE

une autre puis encore une autre ; aucentre il y a le noyau, notre êtreprofond. Les fleurs de Bach peuvent aider àatteindre ce centre, en prenantconscience de nos façons d’appré-hender notre vécu par les émotions.

MDG : Il y a transformation ?Sophie Léonetti : Oui, elle est réci-proque car curieusement, ne viennentnous voir que des personnes à quinous pouvons apporter quelquechose. Quand une personne entre, jepense que je peux l’aider, cela faitécho en moi et ne m’est pas inconnu.Ces phénomènes sont comme desnécessités qui font vibrer autrechose. C’est dans le don de soi que sefait la transformation.

MDG : Que pensez-vous du remèdede secours, le Rescue Remedy ?Sophie Léonetti : Vous avez raisonde parler de remède de secours, àutiliser dans tous les cas d’urgencelorsque l’on n’a aucune autre théra-pie à disposition. Il peut être très utile dans lesgrands chocs d’ordre psycholo-gique mais je constate que, dansbien des cas, il est utilisé comme unpalliatif, ce qu’il ne devrait pas de-venir. Nous devons être en accordde conscience pour l’utiliser. C’estdommage de le faire par habitudeou sans un véritable travail concer-nant ses émotions. L’objectif est avant tout de se respon-sabiliser pour ensuite être son propresoignant. Nous n’avons pas besoind’utiliser les fleurs en permanence.

propos recueillis par Jacqueline Thibeaudeau

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Un ensemble de remèdes créés il y a presque un siècle pour traiter les étatsémotionnels est-il toujours efficace à l’heure d’Internet, de la mondialisationet du stress permanent engendré par notre société d’hyperconsommation ?Edward Bach, médecin homéopathe anglais du début du 20e siècle, a dé-couvert et mis au point 38 élixirs appelés les Fleurs de Bach. Ces prépara-tions sont réalisées à partir de fleurs d’arbres ou de fleurs sauvages, exceptél’eau de roche, Rock Water. Chaque fleur correspond à une émotion et à unétat d’esprit particulier et négatif à notre bien-être. La colère, la peur, lafrustration, la culpabilité, l’impatience, l’incertitude pour n’en citer quequelques-unes sont des émotions dites négatives. L’action des Fleurs deBach n’est pas de refouler les attitudes émotionnelles négatives mais de lestransformer en réactions positives ; un peu comme lorsqu’on allume unebougie dans une pièce sombre, la bougie n’enlève pas l’obscurité maiselle met de la lumière là où il n’y en avait pas.Ainsi, il n’est pas nécessaire d’être physiquement malade pour éprouver lesbienfaits des Fleurs. Beaucoup d’entre nous traversent des périodes de dif-ficultés et de fatigue, la négativité s’installe ; c’est alors que les Fleurs sontprécieuses pour rétablir l’équilibre et l’harmonie. On peut se poser la ques-tion de savoir si nos émotions sont les mêmes que celles ressenties par nosaïeux et si la théorie élaborée par Bach est aujourd’hui encore valable.Pour cela, nous allons essayer de comparer des situations décrites àl’époque de Bach (1886-1936) avec d’autres plus actuelles. Prenons l’exem-ple d’Hervé Bazin, alias Brasse Bouillon, qui décrit dans Vipère au poingses sentiments envers sa mère, la terrible Folcoche. Il éprouve pour elletout au long de son enfance de la haine et de la colère. Pensons maintenantà «La haine» de Matthieu Kassovitch en 1995 ou à «L’esquive»d’Abdellatif Kechiche en 2003, deux films qui mettent en scène, sur fondde crise des banlieues, des jeunes laissant libre cours à leur colère. BrasseBouillon a aujourd’hui fait place aux jeunes des banlieues, mais la colèreet la haine sont toujours là. Il s’agit des mêmes émotions dont les causessont différentes et évolutives selon les époques.Les situations changent mais les sentiments et les émotions que ces évé-nements provoquent restent les mêmes. C’est la raison pour laquelle laméthode élaborée par Bach est et sera une façon simple et efficace de ré-tablir l’équilibre émotionnel.

«La maladie n’est pas un processus uniquement physique. C’est le dernierstade d’expression d’un déséquilibre plus global. La tranquillité de l’espritet l’harmonie de l’âme permettent le retour à la pleine santé.» Dr E. Bach

Sophie Léonetti, conseillère Fleurs de Bachwww.naturopathe-biarritz.com

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«Si je devais choisir une seule méthode de traitement parmi toutes celles quiexistent au monde, je choisirais les quintessences florales du docteur Bach. Jesuis convaincue qu’elles ont plusieurs décennies d’avance sur leur temps, etqu’elles deviendront bientôt une référence pour la grande majorité des méde-cins et de leurs patients. Elles ont, d’une façon ou d’une autre, un effet très sub-til sur le Moi intérieur, dont elles résolvent rapidement les conflits, alors qu’unepsychothérapie aurait pris des années, en supposant qu’elle soit réussie.» C.K.Munro, gynécologue obst., Londonderry, Irlande du Nord, UK.

Sophie Léonetti aide les per-sonnes à travailler sur leursémotions et conseille lesfleurs de Bach. Nous l’avonsrencontrée à Biarritz et, aucours d’une sympathique en-trevue, elle a répondu àquelques questions.

Gorse,l’ajonc, lafleur pourles états dedésepoirréchauffedéjà par sacouleur...

Livre de référence :

«Les 38 quintessences florales du Dr EdwardBach», Mechthild Scheffer, Éditions Librairiede Médicis

Les Fleurs de Bachsont-elles adaptéesà la vie moderne ?

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est une famille de bactéries qui sontdes hôtes habituels du tube digestif,chez l’homme et les animaux à sangchaud. La souche humaine, indis-pensable à l’appareil digestif del’homme, a un rôle important dansla dernière étape de la digestion. Parcontre, les souches animales pré-sentes dans les viandes de bœuf oude volaille peuvent effectivementcontaminer notre système digestif àtravers la consommation de viandescrues ou insuffisamment cuites, oude produits au lait cru contenantcette souche bovine.

L’homme dépend incontestable-ment des micro-organismes pour senourrir, se soigner ou traiter les dé-chets. Les microbes ne sont doncpas nos ennemis mais nos princi-paux alliés. À nous de les compren-dre pour, non seulement, vivre enharmonie avec eux, mais les utiliserefficacement.

Les microprotecteurs de la terre

La terre est pour ainsi dire «l’es-tomac» des plantes. De même quenotre santé dépend de notre alimen-tation et de l’état de notre systèmedigestif, celle des plantes est condi-tionnée par l’état de la terre qui les

porte. Comme pour nous, les micro-organismes vont permettre aux végé-taux de bien digérer les nutrimentsqui leur sont nécessaires. Si l’on saitcertes que les plantes ont un besoinincontournable de NPK (azote,phosphore, potassium), l’apport chi-mique de ces éléments ne remplacerajamais leur présence naturelle équili-brée, car la Nature est un alchimistedoué, difficile à imiter artificiellementsans conséquences néfastes à plusou moins long terme. Il s’ensuit quel’on peut à peine imaginer tous lesavantages apportés par une bonnegestion du sol, celle qui entretient sarichesse et son équilibre, commeune ferme autrichienne en a fait labrillante démonstration.

À Peuerbach, en Autriche, la fa-mille Hildebrandt s’applique de-puis des décennies à entretenir labonne qualité de ses sols. La fermedes parents fit déjà sensationlorsqu’éclata en 1986 la catastrophede Tchernobyl car, dans toutel’Autriche, ce fut la seule exploitationdans laquelle aucune radioactivité nefut détectée dans les racines des lé-gumes, alors que toute la région étaitfortement contaminée.

Le parfait équilibre régnant entrele monde microbien et les racines

avait incontestablement protégé lesplantes. L’expérience démontre deplus en plus que, tant au niveau dusol qu’à celui du climat, les problèmesfondront comme neige au soleil dèsl’instant où nous abandonnerons nosprétentions humaines en tous genrespour observer humblement la Natureet tirer parti de toutes les solutionsqu’elle seule est en mesure de nousoffrir.

Les micro-organismes efficaces du professeur Teruo Higa

C’est précisément cette attitudehonnête, humble et persévérante quia permis au chercheur japonais TeruoHiga, spécialiste en agronomie, demettre au point ses micro-organismesefficaces, dits EM, qui s’illustrentdans des domaines aussi variés quel’agriculture, la dépollution et lasanté. Voici donc la merveilleusehistoire de sa découverte :

Issu d’une modeste famille japo-naise de douze enfants, Teruo Higaavait dû s’atteler courageusement autravail. Il avait pu toucher du doigt lamaigreur des ressources obtenues auprix du rude labeur quotidien des cul-tivateurs. Ces expériences marquèrentde façon décisive l’orientation de sa

Les micro-organismes, des pouvoirs

merveilleux et inconnus

Ce sont des organismes vi-vants, dont le nom indiquequ’ils sont uniquement visibles

au microscope et qui, comme toutêtre vivant, se nourrissent.

Ils s’appellent bactéries, moisis-sures, champignons. Il en existe desmilliards autour de nous, dans laterre, dans l’air, dans l’eau, sur nous,sur notre peau, nos vêtements, dansnotre gorge et nos intestins. Quand,dans certaines conditions, dues à des

déséquilibres d’origines diverses, ilsfont preuve de virulence, ils devien-nent des virus (virus de la grippe, dusida…). Mais, leur rôle n’est pas denuire ! Ils nous sont avant tout in-dispensables. Certains micro-orga-nismes ont un rôle de conservateurcomme les levures ou les ferments.D’autres permettent la fabrication defromages, de médicaments, de pain,de bière, de vin, de cidre, de yaourt.

C’est d’ailleurs grâce aux micro-

organismes que les yaourts sont plusdigestes que le lait.

Les moisissures font partie deschampignons. Ces décomposeurs«nettoyeurs» vont se développer surdes débris végétaux et animaux. Ilssont pourvus de filaments qui sécrè-tent des substances pour mieux dé-composer et digérer la matière à la-quelle ils s’attaquent et dont ils vont senourrir jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus.

L’Escherichia coli, par exemple,

Les micro-organismes (microbes) sont probablement les premiers êtres vivants apparus surTerre et seraient donc les ancêtres communs de tous les êtres vivants. Ces êtres infiniment pe-tits jouent un grand rôle dans le bon fonctionnement de la planète. En effet, ils effectuent 90 %des réactions biochimiques produites sur Terre et, sans eux, la vie ici-bas serait anéantie.Qui sont ces organismes invisibles à l’œil nu parfois nuisibles, mais toujours indispensables ?

La Nature est unalchimiste doué,difficile à imiter artificiellementsans conséquencesnéfastes à plus oumoins long terme.

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vie professionnelle car, tandis qu’ilétait à la recherche de moyens suscep-tibles d’améliorer le sort des paysans,il fut dans un premier temps un ardentpartisan de l’agrochimie. En matièred’engrais, désherbants, pesticides, toutsemblait bon pour aider l’agriculture,car l’espoir de pouvoir faire des cul-tures proches de la nature échouaitdevant cette simple réalité : beaucoupde travail pour peu de résultats…

Jusqu’à ce qu’arrive pour luil’heure du revirement, qui ne devaitpas se faire sans douleur. Alors qu’illui avait été confié plusieurs projetsagronomiques, dans lesquels en-traient de grandes quantités de pro-duits chimiques, il se mit à avoir desproblèmes de santé. Une grande fai-blesse encore jamais éprouvée (iln’avait que 40 ans !), accompagnéed’éruptions cutanées et d’allergies.

Quand il finit par faire le rappro-chement entre ces symptômes et sonactivité, il entreprit de plus amplesobservations et comprit que les ré-sultats obtenus à grand renfort deproduits chimiques allaient à l’en-contre du but souhaité pour l’agri-culture, et mettaient en péril la santéhumaine, animale et végétale. C’estainsi qu’un intense projet de re-cherche vit le jour. Il fit des expé-riences sur un nombre incalculablede souches microbiennes, cumulantsuccès et échecs.

Un soir d’automne 1981, le pro-fesseur Higa venait de mener de nou-velles expériences sur différentsmicro-organismes, une fois de plusconvaincu de son échec. Alors qu’ils’apprêtait à quitter le laboratoireaprès une rude journée, il rangea sonmatériel, stérilisa ses outils et jeta en-semble dans un seau toutes lessouches microbiennes sur lesquellesil venait de travailler. Sortant du la-boratoire, il prit le seau et, le cœurlourd, versa tout son mélange demicro-organismes inoffensifs sur uncoin de pelouse. Il clôturait ainsi 10années de recherches sans succès. Sil’on prend en considération le faitqu’il existe un nombre incalculable

de souches microbiennes différenteset aucun repère pour savoir où etcomment trouver les «bonnes», il nes’agissait ni plus ni moins que d’uncoup de dé. Pourtant, cette fois, il de-vait en être autrement !

Une semaine après avoir jeté lemélange sur le coin de gazon, le pro-fesseur Higa remarqua une crois-sance frappante de l’herbe sur la pe-tite surface et comprit que le contenude son seau était à l’origine de cettepetite merveille. Il comprit aussi quel’activité bénéfique des micro-orga-nismes ne pouvait se faire qu’au seind’un mélange dans lequel chaquesouche de bactéries serait utile àl’autre. Il se mit alors à travailler surdes combinaisons. Tout se passaitbien jusqu’à ce qu’une nouvelle bac-térie vienne tout détruire ! Cesguerres d’anéantissement entre bac-téries finirent par conduire à la dé-couverte d’un mélange remplissanttous les critères : la promotion et lemaintien d’une croissance saine desplantes, avec des rendements accruset un goût meilleur.

À cette culture microbienne futdonné le nom de « micro-organismesefficaces», en bref EM, et c’est souscette terminologie que chacun peutles trouver et les utiliser.

Les EM et leur efficacité dansde nombreux domaines, ycompris contre la pollutionradioactive !

Cette technique révolutionnairetant souhaitée porta ses fruits sur leplan pratique à partir de 1982. Outreles terres travaillées avec les EM, surlesquelles on obtint soudain des ren-dements accrus de 30 % sans lemoindre apport chimique, on traitapar exemple avec eux les déchargespolluées par les métaux lourds et lesproduits chimiques, ainsi que leseaux d’égoût.

Les EM se sont aussi avérés effi-caces dans le traitement des odeurs,celui des eaux usées rendues à nou-veau potables et même dans le do-maine de la santé (EM-X) en raison

de leurs puissantes propriétés anti-oxydantes.

En 2002 ont commencé des essaissur des terres agricoles et des per-sonnes irradiées suite à la catastrophede Tchernobyl. Un terrain situé enBiélorussie a été fortement traité auxEM. Dès la première année, le tauxd’irradiation a diminué de 15 %.L’irradiation d’un autre terrain situéà Tchernobyl même a chuté de 30 %par an. Étant donné que les enfantsde cette région mangent des alimentsirradiés, ils sont bien sûr contaminés.Avec un taux d’irradiation de plusde 30 becquerels, on dit qu’il se pro-duit une désintégration, le systèmeimmunitaire est fortement affaibli.

Pendant un essai clinique, les en-fants ayant subi une irradiation su-périeure à 100 Bq et allant jusqu’à200 Bq, ont reçu quotidiennement,pendant 40 jours, de 10 à 30 mld’EM-X. À la fin de cet essai, leurtaux d’irradiation est passé sous leseuil des 30 Bq. Chez la moitié desenfants, le taux est descendu au pointqu’il n’était plus détectable. Le plusétonnant est que, un an après, les en-fants traités n’ont pas montré denouvelle augmentation du taux d’ir-radiation. (Ces essais ont été menésavec l’aide de l’Institut nationalcontre l’irradiation. Source : TeruoHiga, janvier 2009.)

Expérience personnellePersonnellement, j’utilise les EM

depuis de nombreuses années tantpour l’amélioration de l’eau que pourle jardinage et le nettoyage de la mai-son. Il existe donc plusieurs façons deles employer. Le plus simple est deplacer des billes de céramique EMdans tous les récipients possibles : ca-rafe, arrosoir, auge, etc. Chacunpourra constater par lui-même l’amé-lioration de la qualité de l’eau. Il existeégalement de la poudre de céramique,que l’on peut répandre dans le jardinen la mélangeant à l’eau d’un arrosoir.Sachant que ces produits restent actifspendant environ une dizaine d’an-nées, ils sont vraiment économiques.

Le produit de base est le flacon deEM1, que l’on peut utiliser tel quelen le diluant dans de l’eau ou en lemultipliant, comme nous allons l’in-diquer, pour préparer ce que l’on ap-pelle les EM actifs (EMA). Le flaconnon ouvert se garde plusieurs moisalors que la solution activée doit êtreutilisée plus rapidement. On peutpréparer soi-même la solution active(EMA) à l’aide d’un activateur danslequel on mélange la solution de baseà de l’eau et de la mélasse. Selon lesbesoins, pour le jardin, le nettoyagede la maison, la désinfection d’éta-bles par exemple, on peut obtenir 30litres de EMA à partir d’un seul litred’EM1 et 1 litre de mélasse, en seprocurant l’activateur 33 litres. Pourune consommation moindre, les ac-tivateurs existent aussi en 1 litre ou10 litres.

Le secret des EM : favoriserle bien pour réduire le mal

Parmi les innombrables espècesde micro-organismes répertoriées,seules quelques-unes sont responsa-bles de la façon dont les substancesorganiques se transforment : si leprocessus est positif, l’odeur est bonneet la décomposition va dans le senssouhaité. Si le processus est négatif,de mauvaises odeurs se dégagent, il ya pourriture et rien ne va plus.

Dès qu’ils sont nourris, les micro-organismes efficaces commencent àlibérer des substances utiles commeles vitamines, les acides organiques,les minéraux et les antioxydants.Diffusés dans le sol ou employéspour le nettoyage, pour lutter contre

les odeurs et même dans le cadre mé-dical, ils transforment la microflore,ce qui a pour effet que le terrain pro-pice aux maladies devient un milieuqui leur est réfractaire. L’action anti-oxydante des micro-organismes agitdirectement sur la terre et indirecte-

ment sur les plantes en préservant leuréquilibre. Les processus à l’œuvreaccroissent l’humus, améliorent laqualité des produits et refoulent lesprédateurs.

À l’instar de la société humaine, ilexiste pratiquement trois sortes demicro-organismes classés en cons -tructifs, destructifs et opportunistes.L’environnement est donc soumis auxorganismes qui sont les chefs de file.La technologie EM va influencerl’environnement microbien, faisant ensorte de permettre aux micro-orga-nismes constructifs d’être supérieursen nombre et, en conséquence, elleva pouvoir s’allouer le soutien desopportunistes.

Grâce aux travaux scientifiquesdu professeur Higa, nous avons lapreuve qu’il est possible d’avoir unevie presque exempte de produits chi-miques. Connaître ces processuspermet un autre regard sur tous lesproduits antibactériens et autres.

Lorsqu’on désinfecte une surface,qu’on la dépouille de toute présence

de micro-organismes, ce sont systé-matiquement les destructeurs quiviennent en premier la coloniser. Lesmaladies nosocomiales seraient sansdoute plus vite éradiquées si l’ons’efforçait d’apporter le «bon» plutôtque de lutter contre le «mauvais».

Favoriser le bien pour faire reculer lemal est un principe conforme auxlois de la Création. Par exemple,nous avons tout intérêt à émettre despensées heureuses et positives plutôtque de déployer l’inventaire de toutce qui va mal. Et il sera plus efficacede développer nos qualités plutôtque de lutter désespérément contrenos défauts.

Il existe plusieurs livres pour ap-prendre à connaître et à utiliser lesEM, et tous ces articles sont disponi-bles sur le site www.hector-produits-naturels.com qui dispense sanscompter tous les renseignementsnécessaires.

Non seulement le professeur Higanous a apporté une aide efficace,mais il nous a également offert unebelle leçon de vie.

Monique Giraud [email protected]

consultez aussi le site : www. em-france.fr

MICRO-ORGANISMES

L’homme dépend des micro-organismespour se nourrir, se soigner ou traiter lesdéchets.

Les processus à l’œuvre accroissent l’humus, améliorent la qualité des produits et refoulent les prédateurs.

Un livre richement illustré et clairementstructuré.Des conseilset des témoignages.

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REPORTAGE

En République démocratique duCongo, en Afrique, àMbongwana, l’un des quartiers

les plus pauvres de la ville deKinshasa, qui compte des millionsd’habitants, j’ai visité un centre ou-vert aux enfants en difficulté qui sus-cite l’admiration. L’association qui legère s’appelle «L’aide à l’enfance dé-favorisée» (AED) ; elle a pour butd’accueillir les enfants des rues et deles réintégrer dans la société. L’AEDa été fondée en 1966 à l’initiatived’un juge belge, et elle obtenait en1970 son statut d’association offi-ciellement reconnue (ASBL).

Aujourd’hui, elle lutte encorepour assurer les moyens financiersabsolument nécessaires à sa mission.

L’association AED regroupe huitcentres, trois pour les garçons et cinqpour les filles. Les bâtiments pour lesfilles sont plus petits, car les garçonssont plus nombreux.

Au moment de mon passage àMbongwana, cent garçons étaientconfiés à la garde de 23 collabora-teurs dévoués. Le centre est soutenupar 240 travailleurs volontaires, quicollaborent étroitement avec les diri-geants permanents du centre ; ils dé-pistent le plus rapidement possibleles enfants défavorisés qui échouentdans les endroits de la ville propices

au vagabondage ; ils les prennentalors en charge. Plus de 12 millionsde personnes vivent à Kinshasa, et cenombre ne cesse d’augmenter à causede la guerre civile dans l’est du pays.C’est, entre autres, la raison pour la-quelle de plus en plus d’enfants sontdans une situation difficile.

On nous a montré les plans d’ac-tion des employés et les zones d’in-tervention dans la ville.

L’AED intervient dans les en-droits réputés à problèmes : marchés,arrêts d’autobus importants... Ontient un registre exact sur chaque en-fant en danger manifeste : son ori-gine, ses conditions de vie habi-tuelles, les problèmes auxquels il aété confronté ou qui risquent d’ap-paraître dans le futur. Le directeur del’AED, M. Kambana, explique qu’ilveut découvrir ses «candidats» leplus tôt possible, «car plus un enfantvit longtemps dans la rue, plus il estdifficile de l’intégrer plus tard dansune famille et une communauté».

Quand les enfants sont amenésau centre, ils bénéficient d’un emploidu temps régulier, où alternent som-meil, repas, et sport. On leur pro-pose aussi un accompagnement mé-dical et scolaire. Cela sonne bien enthéorie, mais en pratique, c’est plusdifficile. Sur les lieux, il devient vite

évident que tout manque : nourri-ture, vêtements, lits, matelas, articlesde sport, la liste est longue !

Les enfants ont échoué dans larue pour diverses raisons. Quelques-uns sont orphelins de père et demère, d’autres ont été abandonnés,certains étaient des enfants-soldatsdans l’est du pays, d’autres ont desantécédents judiciaires ou un com-portement violent. D’autres encoreont simplement été pris pour dessorciers par leurs propres parents etmis à la porte.

Ce problème de la « sorcellerie »est encore très grand au Congo enraison de l’héritage culturel. Il n’estpas rare que des enfants au comporte-ment inhabituel soient considérés parleurs parents comme «ensorcelés».

Ils craignent que l’enfant n’attirele malheur sur leur famille et l’aban-donnent sans pitié. « Mais plus tard,lorsqu’il est évident que les chosesvont bien pour eux, raconte le direc-teur Kambana, le sourire aux lèvres,quand les enfants ont appris un mé-tier et ne montrent aucune anomalie,ils sont souvent de nouveau contac-tés par leur famille, car ce contactpourrait leur profiter financièrement.Durant plus de 25 ans d’activité, jen’ai pas encore rencontré de véritableenfant-sorcier.»

Tant qu’il y aura des enfants à la rueen RDCVisite d’un centre qui accueille les enfants et les jeunes défavorisés en République démocratique du Congo.

Habits, nourriture : on est reconnaissantpour tout.

Dans le bureau de l’association «AED» il y a beau-coup à faire...

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REPORTAGE

en 1983, pour soutenir l’initiative.C’est une action qui m’a apportébeaucoup de joie.

C’est ainsi que cette activité se-condaire est devenue ma mission. Ettant qu’il y aura des enfants dans lesrues, nous aurons à cœur de les ensortir. Nous accompagnons encoreles enfants après l’intégration à la viequotidienne et à la vie sociale, et c’estun plaisir de voir que, malgré les sé-rieuses difficultés dans lesquelles ilsse trouvaient, ils prennent bien letournant.»

Le toit du centre AED a été ré-cemment rénové, pourtant à certainsendroits on peut toujours voir à tra-vers. La cuisine, la salle de lavage, les

toilettes, tout cela a un besoin urgentde rénovation. Pour atteindre un mi-nimum de qualité de vie, il faudraitdes lits et des matelas pour que lesenfants n’aient pas à dormir à quatresous une moustiquaire.

Le financement est le problème leplus criant. L’État offre une aide mi-nime, par exemple il paye le salairedu directeur – 32 dollars par mois (!)– et depuis peu, des contacts ont étéétablis avec l’Unicef, mais force estde constater un manque de tout.

Ma visite durera deux heures et jeretournerai à la climatisation de monauto. Songeur, je lève mon chapeaudevant l’engagement des collabora-teurs de l’AED... et je me demandesous quelle forme apporter une aidevalable. Dons en nature, dons en ar-gent ? Il faut naturellement s’assurerque l’aide arrive vraiment, là où elleest la plus nécessaire.

Michael [email protected]

REPORTAGE

L’association AED valorise beau-coup l’intégration scolaire et profes-sionnelle. Le but souhaité est l’inté-gration de l’enfant au système sco-laire existant. Les enfants doiventêtre suffisamment mûrs pour fré-quenter l’école en dehors du centre.

Pour cela, il faut souvent qu’ilssurmontent de grands obstacles, lepremier étant l’analphabétisme.Beaucoup d’enfants n’ont appris ni àlire ni à écrire. Pour cette raison, unenseignant s’occupe de les préparer.

Près des bâtiments de l’AED deMbongwana, il y a un centre de for-mation pour différents métiers : onenseigne la menuiserie, la maçonne-rie, l’électricité et l’horticulture ;

c’est ainsi qu’on prépare ces jeunes àla vie qu’ils mèneront après leur pas-sage au centre. Ce qui a été produitest vendu dans la rue qui se trouvedevant les locaux. Des chaises, destables, des lits, mais aussi des cer-cueils de bois. «Nous produisons desobjets d’usage courant, dit un for-mateur, et comme ça, la mort sert àla vie».

Un autre des instructeurs nousconduit fièrement dans le bâtimentde production. Ici, de vieilles ma-chines qui ont déjà servi pendant 30ans continuent de servir, mais biendes choses sont tout simplementfaites à la main. Un jeune hommetravaille à la scie les divers éléments

d’une armoire ; j’ai déjà chaud rienqu’à le regarder travailler. Mais lachaleur ne semble pas l’affecter, car ilbavarde joyeusement avec ses amis.

Nous visitons aussi le jardin. Ony cultive une sorte d’épinard amerconsommé sur place.

L’irrigation est l’un des plusgrands problèmes. Nous découvronsalors un mur de 30 cm qui borde unepartie de la propriété. «Nous avonsrempli notre partie du contrat, dit ledirecteur, laconique, mais pas notrepartenaire, et la serre n’a pas étéconstruite.»

Est-il heureux d’exercer cette ac-tivité ? «Oui, dit-il. Savez-vous, j’aidonné quelques cours d’électricité ici

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Même dans lesplus pauvresconditions, uneenfance heu-reuse doit êtrepossible.

Quatre enfants dorment sous chaquemoustiquaire.

Visite dans l’horticulture(jardin).

Le directeur de l’associationde Kamana.

Beaucoupviennent aider.L’association a un urgentbesoin d’aide. Mais commentaider ?

Le travail manuel...

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La lumière ! Origine de toute exis-tence. D’extraordinaires forces de radia-tion pénètrent les premiers sédimentsoriginels de la matière, elles préparent cechaud sol nourricier. Semblable à unedouce écume, scintillante comme de l’or,étincelante comme de l’argent, la lu-mière pénètre délicatement jusque dansdes sphères presque sans fin. À l’époqueprimitive de l’évolution, ce fut comme sile moindre refroidissement dans l’océande lumière et de radiation avait formédes ondulations, semblables à une ridesur du lait bouilli, et avait ainsi formé lespremières structures lumineuses. Cettefine fraîcheur se déploie comme un douxmanteau qui, complètement incolore paropposition aux lumineux germes desunivers, devient sombre.

Mouvement, condensation, transfor-mation… dans la loi rythmique, les lieuxd’incubation, semblables à de brillantestours de lumière, donnent naissance,grâce à une gigantesque concentrationd’énergie, à leurs milliards de soleils. Del’énergie en surabondance, des explo-sions de dimension intergalactique ;des galaxies, si rapprochées les unes desautres qu’il y a très peu d’espace entreelles ; des structures à l’état brut, neressemblant encore à aucune galaxieordonnée – ainsi se produit le com-mencement de tous les temps – denotre temps – de notre univers.

Jusqu’à notre époque, trois centsmillions d’années se sont écoulées ;celles-ci ne représentent cependant quedeux pour cent de l’âge connu del’Univers. Lorsque la lumière survint,provenant de confins inimaginables, elleengendra l’espace et le temps. Une ex-plosion originelle cosmique, qui conte-nait tout : toutes les lois naturelles, toutce qui était nécessaire pour la formationde l’univers et de tous les genres de vie.

L’univers est disposé favorablement ànotre égard, et ce, de façon si invrai-semblable, que tout ne peut qu’être pla-nifié. Si, par exemple, la densité de lamatière lors de l’explosion originelleavait été 1/1040 fois plus grande,l’Univers, en peu de temps, aurait subiun processus d’effondrement gravita-tionnel. En réalité, beaucoup de chosesdans le cosmos semblent être exacte-ment centrées sur l’existence humaine,on parle ici du «principe anthropique».Si la force de gravitation, la charge d’unélectron ou la masse d’un proton avaitété différente, ne serait-ce que d’unefaçon infime, il n’y aurait effectivementni atomes, ni étoiles étincelantes, ni lavie telle que nous la connaissons. Le finréglage des lois naturelles induit indu-bitablement l’hypothèse que l’univers etl’évolution de la vie ne sont pas l’effetdu hasard, mais qu’il y a derrière toutcela une fin et un sens élevés.

Au début, dans la pouponnière del’univers, tout se déploya à une vitesseincroyablement grande à l’échelle cos-mologique. Des milliards de soleils seformèrent à partir de poussièresd’étoiles, des étoiles explosèrent à leurtour en supernovae presque en quelquessecondes. De nouveaux éléments et denouvelles formes naquirent, des quasarset d’innombrables galaxies naines, d’ir-régulières formes de transition, seule-ment nées dans le but de se reformer, fa-çonnant d’étranges groupes, pour en-suite se combiner en galaxies dedimensions inimaginables, qui dominentaujourd’hui l’univers. À peine quatorzemilliards d’années de miracles sans fin ;c’est ainsi que se manifeste l’univers, et ilappartient à l’être humain de s’enquérirde cette connaissance.

Reinhardt Wurzel

ASTRONOMIE

Un magnifique cliché du téles-cope spatial Hubble pris dansla région d’une nouvelle for-mation d’étoiles

À gauche : L’explosion originelle − la re-présentation retouchée d’uneéclipse solaire.

À droite :Le célèbre «Ultra Deep Field»exposé à la lumière à lon-gueur de journée − un clichéde Hubble montre l’universau commencement destemps. Il dévoile des milliersde formes de galaxies decette époque-là, irrégulièreset non structurées. Poussière spatiale

La plus fine matière ayant prisforme dans l’univers : un grain depoussière moléculaire de la tailled’un micromètre.

Au commencementde tous les temps

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d’une autre. Si cette terre est morte,les aliments qu’elle nous donnera neseront plus porteurs de l’énergie quela terre devrait donner. En plus del’énergie cosmique, il y a l’énergietellurique. Lorsque la plante jaillit dusol c’est le soleil qui intervient, pournous c’est l’ensemble du système vi-bratoire. C’est pourquoi la biodyna-mie intègre les planètes parce quechacune d’elles émet des fréquencesvariables qui constituent un élémentsymphonique : lorsque la plante re-çoit l’ensemble de ces énergies, elletrouve son équilibre. Actuellement, onlui met des engrais solubles chimiquesqu’elle absorbe par effet osmotique,elle s’appauvrit et se déséquilibre.Que va-t-il se passer ? La maladiecryptogamique arrive avec les micro-champignons qui interviennent enpremier sur les feuilles, en détruisantles cellules de la plante pour l’empê-cher de se multiplier, ensuite les rava-geurs savent laquelle doit disparaîtrepour ne pas créer la dégénérescencede l’espèce, ils éliminent les plantes

fanées et sont très efficaces. Si nousmangeons cette plante carencée etforcée par des engrais chimiques,au lieu de la laisser pousser avec levecteur des énergies terrestres et cé-lestes, elle transmet à notre propreorganisme – qui, lui, va être satisfaitpar la chaîne des oligo-éléments né-cessaires à un certain équilibre –toutes les substances. Quand nous lesingérons, cette part altérable modifienotre santé. Si nous ajoutons l’eau etl’air pollués, l’atmosphère stressante,je trouve que nous sommes assezsolides !

Crise humaine et spirituelleLe philosophe Patrick Viveret dit :«Toute grande crise est à analyserdans les catégories de crise religieuse,crise de croyance...»P.R. : Pour moi l’écologie intègrel’univers entier et si notre soleil s’ar-rêtait de briller, nous disparaîtrions.Au lieu que la conscience humainevoit dans cette planète un véritablemiracle, elle ne fait qu’exploiter les

gisements et épuise les ressourcesjusqu’au dernier poisson, et dernierarbre, en polluant… Je dis parfois àdes amis religieux : «Vous devriezêtre les premiers à dénoncer la pollu-tion puisque l’œuvre de Dieu est pro-fanée. La Création ne nous appartientpas, elle nous accueille». Beaucoupde discours sont devenus creux et nereflètent plus la réalité tangible ! Dit-on assez aux enfants : «La vie estsacrée, tout ce que tu as, tout ce quela vie te donne, ce n’est pas un dû,c’est un don ?» En règle généraleéduque-t-on à la gratitude ? Non,donc toute la phase qui nous amène-rait vers l’éducation du respect et dusacré est occultée.Je reste très attaché au Messagechristique. Pour moi, c’est un im-mense événement, une consciencequi proclame de façon forte que laplus grande puissance qui soit c’estl’amour, et que nous sommes là pouraimer, pour prendre soin, et nonpour détruire. Nous ne pourronsconstruire un monde apaisé qu’en

Éveil des consciences Un nouveau monde se construit

MdG : Pourquoi une Fondation ?Pierre Rabhi : La Fondation PierreRabhi «Pour la sécurité, la salubritéet l’autonomie alimentaire» existecar il y a une défaillance au niveau del’alimentation, et cela se confirme deplus en plus. Je l’ai dit il y a près decinquante ans et, depuis, d’autresque moi ont tiré la sonnetted’alarme. Nous allons probablementvers une pénurie alimentaire mon-diale sans précédent parce que notrefaçon de gérer la planète fait quenous en réduisons la dynamique.Citons les paramètres indispensablesà l’alimentation de sept milliardsd’habitants. 1- Avoir des paysans qui cultivent uneterre vivante et non des sols morts àcause des substances chimiques qui lesfragilisent et sur lesquels poussent desplantes qui nécessitent des pesticidesen grande quantité. 2- Comprendre les risques de l’in-trusion de semences génétiquementmanipulées et non reproductibles(OGM), au détriment du patrimoinedes semences dont l’humanité avaitla charge depuis plus de 12 000 ans.3- Admettre que nous ne maîtrisonsabsolument pas les paramètres duchangement climatique. Nous pour-rions avoir des conjonctions de sé-cheresses ou d’inondations impor-tantes qui anéantiraient les récoltes dustock mondial, d’ailleurs très faible ence moment, et s’il y avait une pénurie

nous serions incapables d’avoir lestock suffisant pour mettre les céréalesde base sur le marché afin d’éviterune catastrophe alimentaire. 4- Considérer que l’eau est égalementun aliment, puisque la nourriture estcomposée de grandes quantitésd’eau. Mais l’eau qui est polluée estvectrice de nuisances. Lorsque nousréunissons l’ensemble de ces don-nées, c’est une dure réalité pour ungrand nombre de nos frères terres-tres en Éthiopie et dans les zones sa-hariennes où pour eux c’est déjà uneréalité ! Nous pensons que nous serons tou-jours à l’abri, alors que c’est une er-reur ; l’extension de la famine est entrain de progresser du fait que nousavons créé des mégastructures avecdes industriels de la terre sur des su-perficies très importantes. De ce fait,les paysans qui garantissaient la surviepar l’omniprésence de l’alimentationsur l’ensemble du territoire, et qui cul-tivaient la terre avec des structures àl’échelle humaine, ont disparu. Là où nous sommes installés en Ar-dèche, il y avait cinq fermes en acti-vité en 1962, aujourd’hui il n’y en aplus une seule. Même si nous n’arri-vons pas à y croire, nous sommesdans une situation où la probabilitéd’une très grande pénurie est là.Nous allons donc de façon assez pro-bable vers ce que nous appelons undésastre alimentaire.

L’agro-écologie : un respectde la terre et de la vie Dans cette crise, l’être humain est-ilson propre obstacle ?P.R. : Le confinement des humainsdans les mégalopoles est contre na-ture, il est hors sol. Il a généré unmode de pensées séparé de la puis-sance de la vie. L’obstacle le plus gé-néralisé est notre vision fragmentée.Lorsque l’écologie est bien abordée,elle nous apprend à nous remettre àproximité des sources qui assurent lapérennité de la vie et non dansl’anecdote d’une urbanisation qui nepourra pas tenir. Actuellement, nouspourrions dire que c’est une penséeurbaine qui essaie de penser la Na-ture sans pour autant en avoir l’ex-périence tangible et sensible. Je dis àdes amis qui sont dans la politiqueécologique : «Vous ne parlez jamaisde la beauté et du sacré de la vie,vous ne parlez que des éléments fac-tuels alors qu’en réalité l’écologie cen’est pas cela.» La terre est un organisme vivant àpart entière avec des bactéries, desvers de terre, des insectes multiples,des cellules où l’air, l’humidité, tousles éléments vivants dont ceux denotre être se combinent à elle, étantdonné son besoin d’eau, d’air et dechaleur. Puisque ces éléments sontvibratoires, selon l’influx que nous ymettons, même par la pensée, com-binés, ils vont agir d’une manière ou

INTERVIEW

Automne 2011, à l’heure où les couleurs chatoyantes éclairent le paysage dans tous leursdégradés dorés, Monde du Graal a rencontré Pierre Rabhi dans sa maison en Ardèche.Écrivain et penseur, pionnier de l'agro-écologie avec quarante ans d’engagement au servicede l’homme et de la nature, il estime la crise écologique, économique et sociale profonde,mais nous parle aussi de l’éveil des consciences, individuelle et collective pour construire unnouveau monde, de façon responsable.

«Nous allons donc de façonassez probable vers ce quenous appelons un désastrealimentaire.»

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remettant de la beauté et de l’amourdans nos relations, en misant sur larichesse de nos valeurs les plus no-bles : l’unité, la solidarité, la convi-vialité. Les institutions installent dessituations complexes dans la gestionet de plus, les pays aux religions mo-nothéistes n’arrêtent pas de se faire la

guerre. Nous sommes finalementdans une vision matérialiste et pro-fane de la vie qui n’a rien à voir avecle Message du Christ. On s’arrange ànotre façon avec des préceptes, pour-tant si nous sommes conscients quenous dépendons de l’énergie divine,reliée à l’Innommable, l’Indicible,Celui dont nous ne pouvons riendire, l’ambiguïté fait notre quotidiencar derrière tout cela il y a la peur etnous cherchons seulement à justifierl’état des lieux. Nous vivons dansl’anxiété de quelque chose qui nousamène à vouloir absolument toutexpliquer, alors que nous savons trèsbien que nous avons des limites. Jem’en tiens donc à cette phrase deSocrate, qui dit : «Je sais que je ne

sais pas». Penser au Divin est un be-soin que nous éprouvons, c’est unenourriture, et le silence pour moiest une très grande nourriture ; cen’est pas facile mais lorsque nousarrivons à le vivre profondémentcela régénère. C’est un long souffletranquille. Néanmoins, parce qu’il a

fait des découvertes technologiquesimportantes et instauré un paradigmenouveau en exhumant la matièremorte (pétrole, charbon...) qui résultede la longue alchimie de la terre,l’homme a instauré un système oùil se prend pour un dieu, il veutmodifier le cycle naturel qui gêne saprétention à vouloir mieux savoir ! De ce fait, notre société est basée surla frénésie, la vanité de vouloir tou-jours dominer. Sous cette influence,notre mental produit des chimères,des peurs, des angoisses. Commentl’apaiser ? C’est un foyer où se décla-rent les haines et où l’amour dominerarement. Mais nous avons le librearbitre pour rester libres.La majorité des scientifiques sont

dans la rationalité froide, par contreune frange de la science ne s’y est pasenlisée. À l’appui d’un vécu ressenti, elle aévolué en utilisant raisonnement etintuition. Exemple, je me soigne enhoméopathie qui pour la sciencepure et dure correspond à un pla-cebo. Il est très difficile d’obtenir lecomposé du produit, car la substancedu support a été diluée de très nom-breuses fois, alors qu’est-ce qui agit ?Seule l’information ! Ce qui amène àdire que le «subtil» est au-delà, toutvient du subtil, et c’est le rôle del’humain de le révéler dans la ma-tière. Le matérialisme très limité nele prend pas en compte. Noussommes donc dans une situationinintelligible.

Cultiver son jardinManquons-nous de vision claire ?P. R. : Depuis quarante-cinq ans, j’aiorienté ma vie autour de commentme mettre au service de la vie, decette planète dont la beauté ne cessede me couper le souffle. Vue du ciel,la planète bleue n’est pas la mappe-monde découpée que nous décrivonsdans nos discours et enseignements.L’autonomie de la planète se fondesur le non gaspillage. La nature n’apas de poubelle parce qu’elle ne créepas de déchets. Dans la conscienceécologique, l’impact du film de Co-line Serreau « Solutions locales pourun désordre global» a contribué àl’évolution d’un changement. Dansce cas, nous sommes placés dans lasituation de propager notre message,mais nous ne faisons pas que montreret analyser, nous agissons. Quel que soit le pays, nous créonsdes structures qui incarnent nos va-leurs. J’aimerais bâtir le modèle «unhectare, une famille, un habitat». Ilest vital de soutenir l’agriculture quisoigne ses sols, de favoriser lesAMAP, de réapprendre à vivre avecun potager, une ruche, un poulailler…Cultiver son jardin de même que noschoix de consommation sont de lapolitique en actes. L’écologie nous

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conduit à repenser notre médecine,notre industrie pour plus de so-briété… En Afrique, au BurkinaFaso, Maroc, Mali... beaucoupd’agriculteurs sont pris dans le tra-quenard de la mondialisation, et ce-lui qui cultivait son lopin familials’est retrouvé propulsé par la loi dumarché dans la même arène que lesgros producteurs américains, doncendetté puis insolvable. Cette misèrede masse va bien au-delà de la pau-vreté, elle confisque aux hommes ceque la nature leur a donné, la vie,l’eau, la terre, les semences… Donc,nous les aidons à s’affranchir et leurtransmettons des savoir-faire écolo-giques en réhabilitant les pratiquestraditionnelles. En partant de la terrenourricière qui est le fondement dela vie, nous leur apprenons à incar-ner des valeurs importantes. Pourêtre plus efficaces, nous avons crééune Fondation qui est le résultatd’années de travail et de souffrancescomme dans toute aventure humaine. Je suis à l’origine de l’option écolo-gique du Monastère de Solan dans leGard. J’ai proposé aux sœurs de va-loriser leurs terres dans le respect del’environnement, d’en faire un éco-site expérimental d’intérêt général.L’impact est désormais visible, et desmonastères orthodoxes roumains medemandent conseil pour suivre lamême démarche. Solan est un exempled’agro-écologie. Je ne suis d’aucunereligion, mais c’est dans le mondeorthodoxe que l’engagement écolo-gique est le plus affirmé. Le respectde la Création, comme devoir del’homme envers Dieu, est proclamépar le patriarche lui-même. L’écolo-gie ne peut pas être un paramètreparmi d’autres. C’est le fondementmême de la vie et la vie transcendetout. Bien comprise, l’écologie fondéesur l’interdépendance des règnes et desespèces est, par excellence, une grandeleçon d’autonomie et de sobriété. Moi-même, issu des deux culturesNord et Sud, j’ai appris à me définirsans choix confessionnel, ni idéolo-gie… Avec notre capacité de penser

limitée, nous avons la prétentiond’appréhender le réel de nature infinie,or nous pouvons juste comprendre unfragment de réalité souvent différentde celui de nos semblables.

Nous produisons de l’indi-gence et de la souffrancePour qu’il y ait un monde meilleur,l’individu ne doit-il pas opter pourune conscience plus élevée ?P. R. : En 2012, nous avons lancé unmouvement que nous appelons«Tous candidats». J’ai écrit un opus-cule qui s’intitule «Éloge du géniecréateur de la société civile» car dansma vision propre, j’ai l’impressionque les politiques font de l’acharne-ment thérapeutique sur un modèlequi est déjà moribond. Aujourd’hui,tous les diagnostics que nous avonssur les banques, les faillites, etc.,montrent que nous produisons del’indigence à grand rendement et dela souffrance avec un modèle quiétait censé nous libérer. Avec l’idéede solutionner, nous créons de plusen plus de problèmes. La pulsion dutoujours plus, censée permettre àtout le monde d’avoir à manger et cequ’il faut pour vivre, crée de l’indi-gence. Il y a bien là une inversion de lacompréhension qui n’est pas résolue.La société ne peut changer sil’homme ne change pas. C’est im-possible ! C’est lui qui détermine leschoses et si lui-même ne fait pas sonpropre changement par rapport à lasociété, à la nature et à l’ensemble desa vie intérieure, je ne vois pas com-ment cela pourra changer. Dans maréflexion, je m’étais dit naïvementqu’avec l’agriculture bio il y auraitune attitude élevée, une morale àl’égard de la vie : avoir de la grati-tude, prendre soin de la terre en la

cultivant pour obtenir les substancesnobles et la vitalité de la nourriturepour que les énergies cosmiquesnous mettent dans le circuit réel de lavie. Souvent j’interpelle les gens :«Manger bio et vous chauffer au so-laire, c’est bien, mais la vraie trans-formation c’est de ne plus exploitervotre prochain !» Le problème est là,chacun de nous doit changer et ainsinous contribuerons à changer lemonde. Tout peut être détourné, in-venté mais si l’être ne change pasfondamentalement, nous serons dansl’avidité permanente, sans jamaisnous satisfaire. Il ne faut pas confon-dre aptitudes et intelligence. Nos ap-titudes rendent le monde chaotique,elles ne parviennent pas à donner unordre intelligent à nos prouesses. Il ya un ordre d’intelligence qui nousprécède et qui est symphonique.L’écologie est une symphonie danslaquelle chacun joue sa partition.L’homme d’aujourd’hui est mani-pulé à être insatiable, à être insatisfaitde ne pas avoir ceci ou cela. En agis-sant ainsi on ne nourrit pas son êtreprofond. On laisse croire que le bon-heur se trouve dans l’accumulationet on comprend qu’elle ne mène àrien. Je peux tout acheter avec del’argent ou presque, sauf la joie. Lajoie ne s’achète pas et c’est pourtantelle qui nous nourrit vraiment ! Lavraie joie, état fondamental de bien-être, n’a rien à voir avec le plaisir quiest éphémère.

Créer une société apaiséeL’enfant reproduit ce qu’il voit. Lapriorité n’est-elle pas dans l’éduca-tion ?P. R. : La réforme de la société nepeut se faire sans une réforme del’éducation. Lorsque nous voyons

«Je peux tout acheter ou presque avec de l’argent, sauf la joie. La joie ne s’achètepas et c’est pourtant elle qui nous nourritvraiment !»

Nous produisons de l’indigence à grandrendement et de la souffrance avec unmodèle qui était censé nous libérer.

«Manger bio et vous chauffer au solaire, c’est bien, mis la vraie trans-formation c’est de ne plus exploitervotre prochain !»

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Comme l’homme moderne n’est pasnourri intérieurement, il achète sanscesse en pensant qu’avec toutes ceschoses il va combler ou compenser,mais non, cela ne peut pas contreba-lancer ce manque de lien avec la Na-ture. De plus, la présence et la beautéanimale nous manquent. «En consi-dérant parfois les fresques des pyra-mides égyptiennes où elles figurent, jesonge particulièrement à ces vacheszébus, porteuses de lyres en guise decornes. Elles parcourent la broussesahélienne généreuse, patiente, tran-quille comme un hymne vivant à lamajesté d’une création qui nous estdevenue étrangère.» («La tragiquecondition animale», 9/05/2007)

Silence, jardinage et poésieLe jardinage vous permet-il de puiserdans le silence, de faire le point ?P. R : Le jardin est un lieu où je sèmeet récolte avec reconnaissance, unlieu qui m’oblige à m’orienter avechumilité. Si nous voulons du rende-ment, nous aurons du rendementmais si nous sommes attentifs au mi-racle de la vie, il nous ouvre des pers-pectives absolument extraordinaires :quoi que nous fassions nous sommesramenés au fait que l’intelligence estlà et je sais que je ne sais pas. Le réelse révèle particulièrement dans le si-lence qui favorise plus la modestieque la spéculation, il permet de com-prendre dans le sens profond duterme. Les grands intuitifs commeGoethe, Galilée, Einstein avaientcertainement de la modestie et leurâme vibrait. Nous portons en nous quelquechose de l’intérêt commun qu’il fautrendre efficace dans le monde del’organisation. Ma nature me portevers la poésie et heureusement je mesuis découvert très stratège. Enfant,je n’en avais pas conscience. C’estaprès avoir suivi mon chemin quej’ai atteint un certain seuil. La valeurdu parcours, c’est l’utilité de l’expé-rience. Un ami m’a fait l’honneurd’une biographie : «Pierre Rabhi lefertile». Lorsque j’ai écrit ma première

biographie : «Du Sahara aux Cé-vennes ou la reconquête du songe»,ce que j’entendais par songe, c’est lefait qu’aujourd’hui nous n’avons plusd’espace pour nous retrouver tran-quille avec nous-même, ce temps quedonne la Nature quand nous chemi-nons avec elle. Le songe, ce n’est pasle rêve creux, ce ne sont pas les chi-mères, c’est aimer notre chemin devie avec les saisons. Entrer dans l’au-tomne, vivre l’hiver, découvrir la ju-bilation et le renouveau du prin-temps, l’apothéose de l’été. Nousavançons dans ce cycle qui nous en-seigne à la fois la patience et le mys-tère : si nous observons une grainedans la terre, nous comprenons qu’il ya déjà un programme à l’intérieuralors qu’elle est minuscule. Commentcela fonctionne-t-il ? Nous ne sommesplus assez attentifs à tout cela.

Le féminin est au cœur du changementVous écrivez dans «Éloge du géniecréateur» : «Nous voulons porterles valeurs occultées par le politique,comme le féminin ou l’éducation dela complémentarité… »P. R : La femme représente le prin-cipe féminin qui est une sensibilitéparticulière. Nous naissons tous àpartir de l’union d’un homme etd’une femme, alors pourquoi dans lavie sociale le féminin est-il subor-donné ? J’ai toujours beaucoup souf-fert de la subordination universellede la femme. La non reconnaissancedu féminin est un des éléments im-portants et constitutifs du tout. En Afrique ou en Amérique latine,pays dits en développement, sans lesfemmes tout s’effondrerait. En Oc-cident, le système est masculinisé aupoint que la femme s’adapte mêmeen sortant de sa propre nature. Lemasculin a forgé le paradigme actuelde la vitesse, de la puissance, de latechnologie avancée, etc. La femme, souvent malmenée, a dumal à trouver sa place dans les pul-sions dominantes d’ordre masculin.Ce déséquilibre existant est rarement

abordé, alors que la réalité devrait re-poser sur le féminin et le masculindans leurs genres respectifs. Ces deuxgenres complémentaires par naturesont devenus antagonistes. Chez ceux que nous appelons lespeuples premiers, nous trouvons cetéquilibre où les deux éléments sontrassemblés et perçus comme uneunité et non simplement commedeux éléments. La vie n’est faite quede complémentarité. Dans mon en-gagement j’inclus vraiment le fait derestaurer cette complémentarité fé-minin/masculin. En 2002, lorsque je me suis présentéaux élections, c’était bien «le fémininau cœur du changement» qui en étaitla base. Le masculin qui avait fabriquéce monde ne pouvait le changer danssa globalité, par contre l’élément fé-minin qui avait été occulté avait lacharge du changement. La femme dans sa façon d’éduquerl’enfant prépare la société nouvelle,et est vraiment très soucieuse de lacontinuité de la vie. Elle nourrit l’en-fant en elle et hors d’elle et tout celapour le mettre sur le chemin de la vie.Dans le don de soi, homme et femmepeuvent retrouver leur potentiel,alors l’humanité retrouverait la qua-lité de confiance qui lui manque.

propos recueillis par Jacqueline Thibeaudeau

[email protected]

Bibliographie : www.amazon.fr/Pierre-Rabhi/e/B001JORT4G

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un enfant venir au monde, il est dansune disponibilité totale, il appré-hende le monde avec ses cinq sens,prend connaissance de son corps,écoute, se nourrit, regarde, exprimeses émotions et ses désirs. C’est souvent l’éducation quil’abîme en lui donnant en exemple larivalité ou la domination. Nous en-semençons l’enfant d’angoisses parceque nous ne l’invitons pas à être libreet bienvenu dans la vie pour réaliserce qu’il a à faire sans préjudices. Sou-vent, nous lui portons atteinte en luidemandant de se mettre en concur-rence pour être le premier. Notrerôle serait de dire : «trouve ta place»,sans le pousser dans le sens où nousvoudrions qu’il aille. La charge de l’éducateur est d’expli-quer que chacun apporte quelque

chose et qu’il y a une mutualisationdes valeurs nous permettant d’êtresolidaires. Les défaillances de l’unpeuvent être corrigées par l’autre etdans cette mutualisation nous créonsune société apaisée. Je crois à une pé-dagogie qui révèle l’enfant à lui-même et lui transmet l’enthousiasmed’apprendre. Il est navrant que l’in-tellect prime à ce point sur le travailmanuel. Nos mains sont des outilsmagnifiques capables de construireune maison, de jouer une sonate, dedonner de la tendresse. Offrons aux nouvelles générationsl’épreuve de la nature, du travail dela terre, des saisons. La pensée hu-maine n’a pas de meilleure école quel’intelligence universelle qui la pré-cède et qui se manifeste dans lamoindre petite plante, dans la diver-sité, la complexité, la continuité duvivant. À l’évidence, le pôle sud n’est

pas contre le pôle nord, rien n’estcontre rien, c’est une unité absolu-ment magnifique d’ordre harmo-nique. L’écologie est donc l’union oùles éléments constitutifs d’un sys-tème donnent et reçoivent. Les gens manifestent dans la rue enlevant le poing contre l’injusticeréelle ou non, mais il faut être lo-gique : la première chose à appliquerc’est ce qui est juste là où je vis. Est-ce que j’aime mon compagnon ouma compagne comme il ou elle doitêtre aimé ? Est-ce que j’aime mes en-fants, mes voisins ? Est-ce que je suisvraiment dans la démarche que jeprétends vouloir pour le monde ? Sije n’y suis pas, ma revendication nesert à rien. La gentillesse, la bienveillance, labonté, tout ce qui est évident n’est

pas toujours facile, pourtant c’est làque tout doit commencer puisque làest le royaume de chacun : ce champd’action est à la disposition de touset tout un chacun peut décider etgouverner avec des valeurs impor-tantes dans son microcosme. Cesexemples qui devraient se retrouverdans la famille, à l’école et dans la so-ciété, demandent de l’abnégation etdu discernement aux adultes. L’en-fant doit trouver l’accueil, la sécurité,les soins, l’écoute et l’amour indis-pensables à tout être. Lui-même lefera alors dans son petit royaume.Tout cela fait partie du changementde paradigme qui inclut forcément lareconnaissance de la beauté dans lesrapports humains. Dans bien des cas, notre relation aumonde animal est devenue tragiqueégalement ; les animaux sont unpeuple fantôme à nos yeux. Nous

les regardons derrière un voile ano-nyme, pour éviter le difficile specta-cle de la souffrance que nous leurinfligeons. Cet état de fait d’uneinertie complice dans bien des casnous rend sans crédibilité aux yeuxdes enfants qui en souffrent.

Beauté et énergie sont liéesLa beauté est-elle liée au fait d’aimertout ce qui élève l’âme ?P. R : Pourquoi avons-nous si peud’émerveillement ? La plupart desécologistes ne parlent pratiquementjamais de la beauté, de la vie, ils par-lent de carbone, bien sûr. Pourtant sinous nous sommes installés ici, c’estpour la beauté du paysage. En 1963 sur notre sol rocailleux, lechemin était à peine praticable, il n’yavait pas d’électricité, pas de télé-phone, très peu d’eau. Les gens necomprenaient pas notre démarche etdisaient qu’ils ne voulaient pas nousaider à nous suicider. Nous leuravons donc expliqué que le lieu étaitbeau et que c’était là que nous vou-lions vivre. Nous étions totalementpersuadés que l’énergie pour y vivrenous serait donnée et cela n’a pasmanqué. Lorsque nous sommesnourris intérieurement de beauté etde satisfaction, tout cela génère ennous l’énergie pour ensuite répondreaux difficultés de la vie. Du point de vue agronomique, nousaurions pu facilement partir et avoirdes terres plus fertiles, mais nousvoulions rester dans cette beauté, cesilence, l’air pur, les lieux habités partout ce qui est vivant, avec lesétoiles ! C’est cela le contexte hu-main, l’homme n’est pas né pour tou-jours arracher à la terre des choses àtransformer en dollars, c’est absurde. L’homme est fait pour admirer, doncpour aimer ; c’est la raison pour la-quelle nous avons orienté notre vie enprenant toujours en compte que labeauté d’essence divine n’est affiliée àaucune religion. Par contre, je saisque la nature m’a ouvert la porte à destrésors de mystères de vie, à la spiri-tualité profonde, à la beauté infinie.

www.fondationpierrerabhi.orgwww.terre-humanisme.org

www.appel-consciences.infowww.oasisentouslieux.org

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et aussi : Les amis de Solan 30330 La Bastide

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Le Graal est toujours actuelJules Evola, (1) philosophe italien

du 20e siècle, écrit : «Le Graal n’arien à voir avec les divagations mys-tiques des uns, ni avec les dissectionsérudites des autres. Le Graal a uncontenu vivant, un “mystère” donton peut dire qu’il demeure jusqu’àprésent largement ignoré. Il se relie àune tradition métaphysique, au sensle plus strict du terme. Ce n’est quedans le cadre d’une discipline apte àsaisir la réalité de ce qui se cache der-rière les symboles et les mythes pri-mordiaux et, donc, dans la perspec-tive d’une métaphysique de l’histoire,que l’on peut atteindre son sens le plusvrai et le plus profond.»

L’interprétation la plus répandueconcernant le Graal est celle quiévoque la coupe dans laquelle futcélébrée la Cène, et dans laquelle lesang du Christ aurait été recueillipar Joseph d’Arimathie. Si le Graalsemble associé à une pensée chré-tienne, comment se fait-il que cetteinterprétation n’apparaisse dans aucundogme des Églises ?

Dans «l’Islam et le Graal», PierrePonsoye(2) , érudit français, écrit en1957 : «L’énigme du Graal est decelles qui ne cesseront jamais d’éveil-ler l’intérêt profond de l’homme quimédite, parce que son "lieu" est au-delà de tous les problèmes secondairesde l’esprit, dans la retraite très inté-rieure de ce mystère d’intellectionqui, pour tous les grands spirituels, estune mémoire, la mémoire spontanéedes choses divines. C’est au cœur decette mémoire, de cette information es-sentielle de Dieu que son secret veutêtre cherché.»

Il est donc inutile de vouloir l’as-similer à un objet terrestre et encoremoins de chercher à le situer géogra-phiquement. L’origine historique duGraal, difficile à situer dans le temps,remonte certainement bien avant notreère, à une époque où l’humanité re-connut le Créateur et fut à l’écoute desguides spirituels. Nous allons suivre lecheminement de cette notion à traversl’histoire jusqu’à notre époque.

Nous découvrirons combien leGraal est actuel, et qu’il est la sourceet le dispensateur de «l’eau de lavie» : «À celui qui a soif, je donneraigratuitement de la source de l’eauvive». (Ap 21, 7)

L’étymologie du mot GraalLes racines du mot Graal se re-

trouvent dans les langues d’oc et ca-talane : grasal, grasau, grial et égale-ment dans le vieux français : graalz,sorte de vase ou grande vasque. Oncomprend ainsi pourquoi de nom-breuses personnes ont recherché leGraal dans le Sud-Ouest, par exempleà Montségur.

La source celtique est liée au vaseou chaudron dit de «coridwen»,contenant une mixture de six plantesmagiques, nommée gréal, qui étaitcensée apporter, à ceux qui en bu-vaient quelques gouttes, sagesse etpuissance. Certains ont artificielle-ment fait provenir le mot Graal degraduale qui devient graduellement,degré après degré, d’où une évolu-tion par l’éveil, afin d’étayer la thèsed’une quête initiatique. Cette hypo-thèse simpliste ne peut évidemmentpas être retenue.

Pierre Ponsoye assimile le Graal àla pierre de la Kaaba.(3)

La notion de contenant, de vase,de coupe, reste l’essentiel de cette re-présentation.

Les premiers écrits L’histoire du Graal est apparue

vers la fin du 12e siècle avec troisromans qui sont devenus célèbres :le «Conte du Graal» (Perceval liGallois) de Chrétien de Troyes,«L’Histoire du Graal» de Robert deBoron, et le «Parzival» de Wolframvon Eschenbach.

• Chrétien de Troyes (4) (né vers1135 et mort vers 1185)

Après son retour de Jérusalem oùil avait eu de nombreux contacts avecles Byzantins, Philippe d’Alsace,comte de Flandre, remet un manus-crit à Chrétien de Troyes, auteur envogue et largement connu pour ses

romans chevaleresques dits aussiarthuriens. Chrétien fait de ce ma-nuscrit un roman chevaleresque,«Le conte du Graal» ou le «romande Perceval». Cette adaptation don-nera à son livre un caractère de tra-dition celtique. Il meurt en laissantson œuvre inachevée.

• Robert de Boron (5) (milieu du12e – début du 13e)

Il reprend le récit de Chrétien deTroyes avec un but précis : christia-niser le Graal. En 1199, il rédige sonroman «L’estoire du Graal» en ima-ginant le parcours de Josephd’Arimathie lorsqu’il débarque surles terres d’Occident avec son neveu,et la fameuse coupe dans laquelle ilaurait recueilli le sang du Christ sousla croix, celle qui servit à Jésus pourcélébrer la Cène. Le Graal devient«le saint calice» !

Rappelons ici que l’Inquisitionest instaurée en cette même année1199 et que le livre de Chrétien deTroyes était considéré comme païenet pour certains hérétique. On com-prend pourquoi il fallait absolumentchristianiser le Graal afin que l’Égliseen ait la maîtrise.

• Wolfram von Eschenbach (6)

(1170-1220)Sans aucun doute, il est le plus

Le Graal la dernière révélation

Telle une connaissance silencieuse, le Graal fait résonner en nous la nostalgie d’une Lumièresalvatrice. Comment et pourquoi le mot Graal a-t-il traversé les siècles ? Qu’apporte saconnaissance en ce temps de confusion spirituelle ?

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Notes :1- Jules Evola ou As Baron Giulio Cesare Evola,(1898–1974), Le Mystère du Graal , Éd. Villainet Belhomme, Paris.2- Pierre-Édouard Ponsoye (1915 -1975), docteuren médecine, écrivain religieux et ésotérique :L'islam et le Graal, Denöel, Paris, 1957, rééditéchez Archè-Milano.3- La Kaaba est une construction cubique qui setrouve au centre de la mosquée sacrée «masjid al-Haram» à la Mecque. Il y a deux pèlerinages :le Hajj et l'Omra.4- Chrétien de Troyes, poète français, connu pourses romans chevaleresques, «Le conte du Graalou le roman de Perceval», Éd. Livre de Pochecollection gothique.5- Robert de Boron, Le Roman du Graal, Éd. Ber-nard Cerquiglini, Paris, U.G.E., 10/18, 1981(édition de la trilogie du manuscrit de Modène).6- Wolfram von Eschenbach, chevalier et poèteallemand du Moyen Âge. Il est considéré commel'un des plus grands poètes épiques de son temps.«Parzifal», Éditions Aubier Montaigne, Paris 1977,traduction de Ernest Tonnelat.

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De plus, nous apprenons dansl’ouvrage «Résonances des millé-naires enfuis» (Éditions du Graal),avec les récits sur «la vie de Moïse»,et «la vie de Abd-ru-shin» ainsi quedans le récit de «Zoroastre», que lasignification du Graal leur fut trans-mise, d’où le parcours possible decertains écrits qui finiront par aboutirdans les mains des Croisés, pour êtreexploités par les auteurs de la fin du12e siècle en Europe.

À part quelques études entre ini-tiés, il ne sera à nouveau question duGraal qu’à la fin du 19e siècle avecWagner. Il réveillera à nouveau l’in-térêt des chercheurs.

Parsifal et Wagner (9)

(1813-1883)Wagner est un compositeur qui

écrit lui-même ses opéras et, inspirépar Wolfram von Eschenbach, ilcompose dans un premier temps son«Lohengrin». Il écrit le livret en 1845et finalise sa partition en 1848.

Sa description poétique du Graalest donnée par Lohengrin dans latroisième scène du troisièmeacte (voir encadré).

En 1857, il compose «L’enchan -tement du Vendredi Saint» qui inspi-rera son opéra «Parsifal». Ce dernierne sera réalisé que vingt ans plus tardpour s’achever en 1882.

Il se dit alors «guidé par les in-tentions supérieures de l’Esprit uni-versel» ; mais malgré une haute ins-piration, il christianise le Graal selonl’interprétation de Robert de Boron.Le Graal redevient «le saint calice»dans lequel le Christ célèbre la Cèneet où fut recueilli son sang.

À cette époque, Wagner est fi-nancé par Louis II, roi de Bavière oùle catholicisme est profondémentancré, et il est lui-même un ferventcatholique. Cela lui vaut les foudres deNietzsche dans leurs correspondances.

Bien que l’opéra «Parsifal» sus-cite des controverses, surtout dans laseconde moitié du 20e siècle, il n’en apas moins bouleversé bien des spec-tateurs. Il faut notamment signaler

les impressions d’Athénagoras 1er(10),données dans une interview au jour-nal «Der Spiegel» le 8 mai 1967 :

«Après avoir abordé divers sujets,Athénagoras 1er se déclara convaincuque l’unité de toutes les confessionschrétiennes deviendrait un jour réalité.Il précisa que cet idéal sacré, pour le-quel lui-même priait et travaillait demanière ininterrompue, était la vo-lonté de Dieu. Et, lorsqu’il dit :"L’homme est grand, et il mérite quepour l’amour de lui on se donne lapeine de réunir les Églises. C’est à cecique je pense toujours et… à Parsifal",il cite son expérience du Parsifal deWagner : "Je l’ai lu en français il y a 50ans ; et ceci depuis ne me sort plus del’esprit. J’ai également vu l’Opéra

de Wagner, il y a 30 ans, auMetropolitain Opera de New York,au cours d’une représentation donnéeau profit d’œuvres de bienfaisance.Cela a duré 4 heures. Et lorsque vintParsifal avec le Graal, qu’avons-nousfait alors ? Nos âmes se mirent à ge-noux, nous nous inclinâmes, et depuisje me tiens sous l’étendard deParsifal. Je vois la main qui tient leGraal. Quand cela viendra-t-il ? Jene sais. Mais ce dont je suis convaincuc’est qu’un jour le monde chrétienverra venir Parsifal avec le Graal."Le patriarche conclut l’entrevue parces mots : "Ce que nous voulons ?Mettre en circulation la monnaied’amour, la coexistence et… le Graal."»

La symbolique du Graal À travers les écrits du Graal, tout

le monde s’accorde pour dire que leGraal est représenté par une coupe,une vasque, un plat creux ou unepierre plate. Le Graal est aussi amenépar des anges pour être confié à deshommes qui en sont dignes, leur viedoit être pure et vertueuse et il leurfaut être des exemples de loyauté,d’honneur et de courage. Alors, ilspourront participer au festin de lanourriture céleste transmise par lacolombe déposant cette force touteparticulière dans le Graal. Voilà enquelques phrases ce que l’on peuttraduire de la symbolique de cesécrits dans lesquels on retrouve lerite solennel d’un repas lors des fêtesdu Graal !

Comment et pourquoi le Saint Graal resurgit ànotre époque

Joachim de Flore, moine cister-cien et théologien du 12e siècle, nousmet lui aussi sur la piste avec ses troistraités où il est question de trois èresqui doivent se succéder. À partir de

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fidèle au texte original. Il cite d’ail-leurs bien volontiers ses sources :Chrétien de Troyes, dont il repren-dra le texte considérant qu’il n’avaitpas respecté le manuscrit de Philipped’Alsace, et Kiot le Provençal qui luitransmet un nouveau manuscrit.

Kiot semble être un nom d’em-prunt pour celui qui fut vraisembla-

blement un chevalier important del’ordre du Temple ! Von Eschenbachle présentera comme «le maître deTolède».

Von Eschenbach donnera sa ver-sion du Graal dans son «Parzifal» quisera suivi d’un écrit plus ésotérique,«Titurel», resté inachevé.

Le manuscrit de Kiot serait signéd’un certain Flégétânis, astronomed’origine juive (de la race deSalomon), considéré comme étant unpaïen. Il donne au Graal une originecéleste, «il était, disait-il, un objet quis’appelait le Graal. J’en ai clairementlu le nom dans les étoiles. Une trouped’anges l’a déposé sur terre puis s’estenvolée bien au-delà des astres».Cette origine est confirmée par lesdifférents auteurs, qu’ils soient fran-çais (Chrétien de Troyes, Robert deBoron), gallois (Gauthier Map) ouallemands (Wolfram von Eschenbachet Albrecht).

Nous sommes en pleine périodedes croisades et les relations entrechevaliers européens et princesarabes ne manquent pas de s’établir.D’autant que durant la période des10e et 11e siècles, Tolède est un lieu derencontres et d’échanges entre scien-tifiques, philosophes et autres cher-cheurs. À cette époque, les trois cou-rants monothéistes, Islam, Judaïsmeet Christianisme, y sont réunis et s’ycôtoient avec considération.

L’origine arabe du Graal Pierre Ponsoye pense que le ma-

nuscrit de Wolfram von Eschenbachest de provenance arabe, ne serait-ce que par l’origine des noms despersonnages et de l’habillement desfemmes notamment : les vêtementsdes vierges du Graal, le manteau deRepanse de Joye, la porteuse du

Graal, le tissu d’achmardi (transcrip-tion de l’arabe azzamradi) sur lequelelle porte l’Objet très saint, le substi-tut en soie de la Table Ronde, sont enétoffe précieuse de «païennie» (terredes païens) et cette origine fait partieintégrante du symbolisme arabe. Lapreuve de qualité ou de vertu desarmes, des chevaux, des métaux, despierres, eux aussi chargés de signifi-cation symbolique, est constammentappuyée sur leur provenance arabe.Les astronomes les plus célèbres sontarabes. Les planètes dont la course dé-limite le royaume futur de Parzivalsont désignées par leur nom arabe. EtPierre Ponsoye n’hésite pas à assimilerle Graal à la pierre noire de la Kaaba.

Friedrich von Suhtscheck (7) (auteurautrichien des années 1930) a écritdeux articles parus, en avril 1931, oùil attribue aux mythes manichéensiraniens la source des écrits sur leGraal. La notion viendrait de la Perseà l’époque de Zoroastre. Il conclutainsi l’article sur ce sujet : «Lessources de la littérature européennesont à rechercher en Iran. Elles sontparvenues en Europe et en France aumoment des croisades.»

La thèse de Otto Rahn (8)

(1904-1939)Il écrit «Croisade contre le

Graal», où il fait allusion à la croi-sade contre les Albigeois qui furent

exterminés par ordre inquisitorial, etdéfend la thèse du mythe du Graalcathare. Il en déduit que «Montsalvatou Montsalvage» cité par vonEschenbach n’est autre queMontségur ! Cela lui permettait alorsde faire le lien entre le catharisme etle Graal. Précisons que la significa-tion de Montsalvat est «Montagnesalvatrice», elle n’a rien de communavec Montségur «Mont sûr».

Heinrich Himmler, intéressé parles écrits d’Otto Rahn, le fait entrerdans la Schutzstaffel (SS) comme ar-chéologue, mais les recherches faitesen pays cathare restent infructueuseset pour cause, il n’y a rien à découvrir !

Les archives de TolèdeIl est très vraisemblable que les li-

vrets manuscrits viennent de Tolède.Il pourrait même y avoir un lien avecle trésor de Salomon ramené à Romepar Titus en 70, après la prise deJérusalem et la destruction duTemple. Puis en 410, Alaric 1er pilleRome et divise le «trésor» entre lesvilles de Carcassonne et Tolède.

Il est tout aussi vraisemblable quela connaissance du Graal ait par-couru un long périple à travers lessiècles et qu’elle ait son origine audébut du monothéisme perpétué parles grandes traditions égyptiennes,hébraïques, persanes ou chrétiennes.En effet, nous retrouvons la notiondu Dieu unique en Égypte avecAménophis IV (Akhenaton) qui metle Dieu Aton au-dessus de tous lesdieux ; en Perse avec le zoroastrismequi a pour Dieu suprême AhuraMazda ; et bien sûr, plus proche denous, avec le peuple hébreu conduitpar Abraham et par Moïse qui recon-naît en Yahweh le Dieu unique, qui luitransmet les Dix Commandements.

«Ce dont je suis convaincu c’est qu’un jourle monde chrétien verra venir Parsifal avecle Graal.»

9- Wilhelm Richard Wagner, grand compositeurd’opéras dont son «Parsifal» (1877-1882) quisera son dernier.10- Athénagoras 1er (1886-1972), patriarcheorthodoxe de Constantinople de 1948 à 1972.

7- Friedrich von Suhtscheck, Université de Graz,Autriche, a écrit deux articles dans la revue «For-schung und Fortschritt» en 1931 sur l’origine ira-nienne du Graal en renommant le Parzifal devon Eschenbach en Pârsivalnâmeh.8- Otto Rahn, écrivain et archéologue allemand,Croisade contre le Graal (1933), Éd. Pardès,direction Christiane Roy, traduction Robert Pitrou.

Aux bords lointains dont nul morteln’approcheIl est une montagne qu’on nommeMontsalvat,Et là s’élève un temple sur la roche,Rien n’est au monde égal à son éclat.

Comme le Saint des Saints, avec mystère On garde un vase auguste dans ses murs,Les anges l’ont remis sur cette terreAux soins pieux des hommes les plus purs.

Une colombe en traversant l’espaceVient tous les ans lui rendre sa splendeur,C’est là le Graal ! Et d’une sainte grâceSes chevaliers en lui puisent l’ardeur,

De le servir quiconque obtient la gloireS’élève au rang d’un être surhumain,Par lui le juste est sûr de sa victoire,L’effort du crime expire sous sa main,

S’il doit partir vers une autre contrée,Pour protéger le droit et la vertu,Son pouvoir dure et sa force est sacréeTant que de tous il demeure inconnu.

Du Graal pourtant le merveilleux mystèreÀ l’œil de nul mortel ne doit s’offrir,Chacun de nous subit la loi sévère.S’il est connu soudain il doit partir !

Eh bien ! Je vais parler puisqu’on l’ordonne :Le Graal m’envoie et j’ai suivi la loi.Mon père, Parsifal, tient la couronne !Et Lohengrin, son chevalier, c’est moi.

Lohengrin, scène 3, acte 3

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celles-ci, il alimente la thèse du millé-narisme en fixant la dernière période,à compter de 1260.

Trois périodes :L’ère du Père : l’Ancien

Testament – la loi, L’ère du Fils : le Nouveau

Testament – la grâce,L’ère du Saint Esprit :

l’évangile éternel – surabondance dela grâce, et le Jugement.

Cette étude est intéressante sinous faisons correspondre ces trois«ères» aux grandes ères cosmiquesliées à la précession des équinoxes etau déplacement du point vernal sidé-ral le long de l’écliptique (plan cor-respondant à la révolution de la Terreautour du Soleil).

Le point vernal parcourt les 360°de cette rotation en 25 920 ans, soitchaque signe du Zodiaque en 2 160ans (12 signes dont chaque signecorrespond à 30° de cette rotation).Actuellement, selon leur méthode de

calcul, les astrologues estiment quenous venons d’entrer dans l’ère duVerseau ou, au plus loin, au siècleprochain.

Avant d’examiner chaque ère ourègne en particulier, et de voir leurcorrespondance avec les signes duZodiaque, nous allons revenir sur lanotion fondamentale de la Trinitépour bien comprendre les événe-ments qui se déroulent devant nous.

La Trinité ou tri-Unité !La Bible nous en parle dès la

Genèse avec l’apparition des troispersonnages aux chênes de Mambré :«Abraham, ayant levé les yeux, vittrois hommes et courut de la tente àleur rencontre.» (Gen 18)

La tradition chrétienne reconnaît,dans l’apparition des trois person-nages, une annonce voilée de laTrinité.

Nous en avons une très belle re-présentation avec l’icône d’AndreïRoublev(11) intitulée «La SainteTrinité». Ce tableau représente troispersonnages assis autour d’une tableavec au centre une coupe.

Notons quelques points remar-quables qui confirment la représen-tation tri-unitaire d’une même na-ture : les trois visages sont identiqueset confirment l’unicité. Un des per-sonnages se tient droit et les deuxautres ont la tête penchée vers letroisième, ceci pour bien signifierd’une part le Père et d’autre part lesdeux fils qui s’inclinent vers luicomme pour accepter leur missionfuture. Tous les trois ont dans lamain gauche le bâton du pèlerin quisymbolise le sceptre de la Toute-puissance divine ! Des ailes les dis-

tinguent des humains et montrentqu’ils n’appartiennent pas au mêmegenre. Ils sont représentés de façonconsubstantielle pour mieux montrerl’inconsubstantialité de Dieu.

La coupe rappelle le Graal etsymbolise le contenant de la sourcede vie transmise par la Volonté deDieu à la Création.

Ainsi, lors de la venue de Jésussur Terre, la connaissance de la SainteTrinité est déjà acquise aux Juifs.L’annonce de l’archange Gabriel faiteà Marie (Luc 1, 26-38), où le nom deJésus lui est donné, ne pouvait doncêtre confondue avec la prophétied’Esaïe (7,10-16) de la venued’Imanuel.

Ce sont bien deux personnalités

différentes qui représentent chacuneun Fils, et l’un et l’autre sont chargésde deux missions distinctes.

Remontons le temps et observonsalors dans les grandes lignes la cor-respondance de ces trois dernièresères :

– 4000 ans à – 2000 ans : L’ère du Taureau : c’est l’époque

du dieu Apis, dont le corps humainest doté d’une tête de taureau sur-montée d’un disque solaire enÉgypte – et du dieu lune, Hubaal, enMésopotamie, qui a un corps de tau-reau avec une tête d’homme. LesHébreux lors de l’Exode auront ànouveau recours à cet ancien dieu,«le veau d’or», pendant que Moïse setrouve au mont Sinaï et reçoit lesdix Commandements. C’est le poly-théisme

– 2000 ans à notre ère :L’ère du Bélier, c’est l’époque

d’Akhenaton, de Zoroastre et aussid’Abraham et de Moïse où le bélierest l’animal du sacrifice.

Le monothéisme est aussi définipar la trinité : le Père et les deux Fils,et ces deux Fils sont étroitement liésau Bélier puisque Jésus, Fils de Dieu,est communément appelé «Agneaude Dieu» et le Saint Esprit, le Filsde l’Homme Imanuel, est la figurecentrale du livre de l’Apocalypseavec les 4 animaux dont le bélier estdirectement en rapport avec Lui.

C’est le monothéisme – l’Ère duPère – la Loi : les dix Comman -dements. L’Ancien Testament, le pre-mier livre !

Les deux derniers millénaires :L’ère des Poissons : le signe de re-connaissance des chrétiens durant lespremiers siècles est le poisson.

Les premiers chrétiens se servi-rent du mot poisson en grec IXOYC(ICHTHYS) comme d’un véritableacte de foi car ce mot interprété comme

La Sainte Trinité, icône d’Andréï Roublev.

11- Andreï Roublev ou saint André l'Iconographeest un moine peintre d'icônes russe du XVe siècle.Né vers 1360-1370 et mort probablement en1428, il est connu pour ses icones d’une grandeinspiration et particulièrement celle de la Trinité.

La coupe rappelle le Graal et symbolise lecontenant de la source de vie transmise par laVolonté de Dieu à la Création.

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Création, du divin au spirituel etjusqu’à la matière la plus dense.

Ce long parcours à travers lessiècles nous permet de comprendre entoute logique pourquoi et commentle Graal nous est révélé aujourd’hui.L’humanité devait attendre cetteépoque pour recevoir cette dernièrerévélation et reconnaître la véritécontenue dans cette quête du Graal.

Le prophète Esaïe l’a expriméainsi : «Mes pensées ne sont pas vospensées et vos voies ne sont pas mesvoies, dit l’Éternel. Car autant lescieux sont élevés au-dessus de laterre, autant mes voies sont élevéesau-dessus de vos voies. De même, eneffet, que la pluie et la neige, une foisdescendues des cieux, n’y retournentpas avant d’avoir arrosé et fécondé laterre et d’en avoir fait pousser lesgermes, pour donner de la semenceau semeur et du pain à celui quimange, ainsi en est-il de ma parole :une fois qu’elle est sortie de mabouche, elle ne revient pas à moi sanseffet, sans avoir réalisé ce que j’aivoulu et accompli l’œuvre pour la-quelle je l’ai envoyée.» (53, 8-12)

La quête du Graal éveille en nousla nostalgie de la Lumière et corres-pond à la recherche d’un épanouis-sement intérieur. Le Saint-Graal de-vient une bénédiction par l’intermé-diaire de la Sainte Colombe si,comme les disciples le jour de laPentecôte, nous sommes ouverts etprêts à recevoir sa Force.

Dans sa conférence «le Saint-Graal», Abd-ru-shin (12) nous donneune description du Graal, commeune réalité située au sommet de laCréation. Il nous dit que le Saint-Graal est le point de départ de laForce divine pour le maintien et ledéveloppement de tous les mondes.

Claude [email protected]

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acrostiche signifiait littéralement :«Jésus-Christ, Fils de Dieu, notresauveur» soit le mot grec disposéverticalement :

I = Iesous – JésusCH = Christos – ChristTH = Theou – de DieuY = Yios – le filsS = Soter : le sauveurC’est l’Ère du Fils – la grâce – le

message d’Amour. Le NouveauTestament, le second livre !

Aujourd’hui L’ère du Verseau a commencé ou

va commencer, elle annonce de grandschangements, dont le Jugement deDieu pour l’humanité. Les deux cou-rants représentés symboliquementpour ce signe par la division en deuxflux, de l’eau versée par Ganymède,

représentent l’accord indispensableentre notre conduite spirituelle etnotre gestion de la Terre, sur laquellenous sommes des hôtes. Il est temps dedonner à l’esprit sa vraie place, afin quel’intellect soit enfin utilisé avec discer-nement comme un outil précieux.

C’est le moment des choix défi-nitifs sous la conduite du deuxièmefils – le Fils de l’Homme – Imanuel.

L’Ère du Saint-Esprit correspondà la surabondance de la grâce, maisaussi au Jugement dernier prophétisé.(Ap 20, 11-15)

L’Apocalypse, le troisième livrede la Bible !

C’est le temps où nous est offert«l’Évangile éternel» : «Après cela jevis un autre ange, qui volait au mi-lieu du ciel, portant l’Évangile éter-nel, pour l’annoncer à ceux qui habi-tent la terre, à toute nation, à toutetribu, à toute langue et à tout peuple.Il disait d’une voix forte : "CraignezDieu, et donnez-lui gloire ; car l’heure

de son Jugement est venue. Adorezcelui qui a fait le ciel, la terre, la mer etles sources d’eaux !"» (Ap 14, 6-7)

La dernière révélationCette transmission ne peut être

faite que par le Fils de l’Homme lui-même, et Jésus l’a annoncé commeétant le consolateur : «mais le conso-lateur, le Saint-Esprit que le Pèreenverra en mon nom, celui-là vousenseignera toutes choses, et vous re-mettra en mémoire tout ce que jevous ai dit.» (Jean 14, 26)

Dans son livre «Comment Jésusest devenu Dieu», Frédéric Lenoirparle de l’Esprit saint en ces termes :«L’Esprit (en grec pneuma qui signi-fie également “souffle”) est présentdès le récit de la Genèse : c’est par sonsouffle que Dieu donne vie à Adam ;

et le roi David de dire, dans le SecondLivre de Samuel, que "l’esprit deYahvé s’est exprimé par (lui), sa pa-role est sur (sa) langue"(23,2).»L’Esprit saint, c’est la force agissantede Dieu. C’est lui qui pousse lescroyants à l’action, qui les inspire, quilittéralement les anime.

Chez Jean le théologien – commeon surnomme parfois l’apôtre-évan-géliste – "l’Esprit de vérité" du Pèredoit guider la communauté descroyants, être leur Paraclet, c'est-à-dire leur défenseur : "Quand il vien-dra, lui, l’Esprit de vérité, il vous gui-dera dans la vérité tout entière ; car ilne parlera pas de lui-même, mais cequ’il entendra, il le dira, et il vousexpliquera les choses à venir"(Jean16,13).»

Dans le quatrième Évangile,l’Esprit saint est ainsi investi d’unemission qui lui était jusqu’alors in-connue : Il est en effet présentécomme le successeur de Jésus après

son départ (Jean 15,26-27), celui quifait perdurer la présence du Christsur Terre. Son rôle est capitalpuisque, Jésus l’explique à ses disci-ples, «c’est dans votre intérêt que jeparte ; car si je ne pars pas, le Paracletne viendra pas vers vous ; mais si jepars je vous l’enverrai.» (Jean 16,7)

Nous pouvons compléter cettedernière citation de Jean par les ver-sets 8 à 11 qui sont d’importancesur le rôle du Paraclet, «le Saint-Esprit» : «… Et quand il sera venu,il convaincra le monde de péché, dejustice et de jugement ; de péché,parce qu’ils ne croient pas en moi ; dejustice, parce que je m’en vais auprèsdu Père, et que vous ne me verrezplus ; de jugement parce que le princede ce monde est jugé.»

Il est clairement dit qu’il vientpour juger le monde et il nous estprésenté comme le justicier de Dieu.Il n’y a donc aucun doute qu’il ne peuts’agir du retour de Jésus, celui de laparousie des Églises chrétiennes. Cetévénement est le Jugement dernier an-noncé dans l’Apocalypse (20, 11-15).

Mais le Saint-Esprit est aussi leConsolateur promit par Jésus, il estporteur de «l’Évangile éternel» quiapporte un message d’espoir pour lesjustes. Ce message redresse les er-reurs et les interprétations faites parles Églises. Aucun arbitraire de lapart de Dieu ne peut se justifiermême par la phrase «les desseins deDieu sont impénétrables».

La connaissance qui nous esttransmise en ce temps d’ère duVerseau redonne à Dieu la perfectionabsolue. Les lois vivantes qui sont àl’œuvre dans la Création sont l’ex-pression de la volonté divine et ellesne peuvent être détournées ou abo-lies, elles agissent en toute Justicedans l’Amour et la Pureté. Afinqu’elles soient saisies et comprisespar l’humanité, la description et lefonctionnement de la Création noussont révélés.

C’est là qu’intervient le Graalcomme source de toute vie, une forcequi flue à travers l’ensemble de la

La connaissance qui nous est transmise ence temps d’ère du Verseau redonne à Dieula perfection absolue.

Le Graal

«Parzival est une grande promesse. Les imperfections et les erreurs ajoutéespar les auteurs des légendes en raison de leur façon de penser trop terrestredénaturent la véritable essence de ce noble personnage. Parzival fait un avec leFils de l’Homme dont le Fils de Dieu lui-même annonça la venue.

…À l’endroit le plus élevé du spirituel essentiel éternel, à son point de dé-part, se dresse le Manoir du Graal. Ce Manoir est visible et tangible spiri-tuellement parce qu’il est encore du même genre spirituel essentiel. Il renfermeune salle située à son tour aussi à l’extrême limite touchant au Divin : elle estdonc encore plus éthérée que tout le reste du spirituel essentiel. Dans cette salle,gage de l’éternelle bonté de Dieu le Père, symbole de son Amour divin le pluspur et point de départ de la Force divine, se trouve... le Saint-Graal !

C’est une Coupe dont le contenu bouillonne et ondoie constamment, tel unsang vermeil, sans jamais déborder. Elle baigne dans la plus éclatante Lumière,et seuls les plus purs parmi tous les êtres spirituels essentiels ont le privilège depouvoir contempler cette Lumière. Voilà les gardiens du Saint-Graal ! Lorsqu’ilest dit dans les poèmes que les plus purs parmi les humains sont destinés àdevenir les gardiens du Graal, il s’agit là d’un fait que le poète inspiré a énoncéde façon par trop terrestre parce qu’il ne lui était pas possible de s’exprimerautrement.

Aucun esprit humain ne saurait fouler ce lieu sacré. Même dans sa spiri-tualité essentielle la plus accomplie, au retour de son périple à travers les plansde la matière, il est loin d’être suffisamment éthéré pour en franchir le seuil,c’est-à-dire la limite. Même à son plus haut degré de perfection, il est encoretrop dense pour cela.

…Au jour de la Sainte Colombe, à intervalles réguliers, la Colombe appa-raît au-dessus de la Coupe, en tant que signe renouvelé de l’immuable Amourdivin du Père. C’est l’heure de la liaison, celle qui apporte le renouvellement dela Force. Les gardiens du Graal la reçoivent en un recueillement empli d’hu-milité et sont ensuite en mesure de retransmettre cette Force merveilleuse qu’ilsont reçue.

L’existence de la Création entière en dépend !C’est le moment où, dans le Temple du Saint-Graal, l’Amour du

Créateur se déverse, rayonnant, pour apporter une vie nouvelle, une nou-velle impulsion créatrice qui, en descendant, se répand en pulsations dansl’ensemble du cosmos. Un frémissement traverse alors toutes les sphères,un frisson sacré annonciateur d’une grande joie, d’un grand bonheur. Seull’esprit de l’être humain de la Terre se tient encore à l’écart, sans ressentir cequi lui arrive, à lui précisément, lors de cet événement ; il n’a pas consciencede l’immense cadeau qui lui est fait et qu’il reçoit avec indifférence parce quel’étroitesse qu’il s’est personnellement imposée et qui est due à son intellect nelui permet plus de saisir pareille grandeur.

C’est l’instant où afflue la vie pour la Création entière !…L’être humain devrait cesser de considérer le Saint-Graal uniquement

comme quelque chose d’insaisissable, car il existe réellement ! Cependant, lanature même de l’esprit humain lui interdit à jamais de pouvoir le contempler.Quant à la bénédiction qu’il répand – une bénédiction que les gardiens du Graalpeuvent transmettre, et qu’ils transmettent effectivement – les esprits humainspeuvent la recevoir et en bénéficier s’ils s’ouvrent pour l’accueillir.»

Abd-ru-shin, extrait, Dans la Lumière de la Vérité, conf. 34, tome 2

Note :12-- Abd-ru-shin (Oscar Ernst Bernhardt, 1875-1941), «Dans la Lumière de la Vérité – Messagedu Graal», Éditions du Graal, www.graal.org.

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RELIGION

Une connaissance qui ne futpas divulguée ouvertement

La Bible n’affirme nulle part quela réincarnation est une réalité, maisaucun passage ne le nie explicite-ment. De manière générale, on peutdire que la Bible n’en parle qu’indi-rectement.

Pourquoi cette discrétion oucette absence de prise de positionnette à son sujet ?

L’explication est donnée par unmembre même de l’Église. Le pèreJérôme, qui vécut de 347 à 420 aprèsJ.-C. et à qui l’on doit la Vulgate, tra-duction de la Bible en latin à partirdu grec, écrit que «La doctrine de laréincarnation a été dans les temps lesplus anciens communiquée à un petitnombre d’élus, comme une vérité quine devait pas être répandue dans lamasse du peuple».

Si, au départ, le peuple n’était pasau courant de la réincarnation, il le

devint avec le temps. Les Hébreuxvivaient entourés de populations quiy croyaient, comme les Assyriens, lesPhéniciens, les Égyptiens et lesGrecs. Le savoir se glissa ainsi peu àpeu dans des cercles de plus en pluslarges. Cela transparaît ici ou là dansles textes de l’Ancien Testament, etplus souvent encore dans leNouveau Testament.

La réincarnation dans la Bible

Commençons par deux passagesde l’Ancien Testament qui parlentclairement de la préexistence desâmes, condition indispensable pourque des incarnations, puis des réin-carnations, puissent avoir lieu.

«J’étais un enfant d’un heureux

naturel, j’avais reçu en partage uneâme bonne, ou plutôt, parce quej’étais bon, j’étais venu dans un corpssans souillure.» (Livre de la sagesse,attribué à Salomon, 8,19-20)

À propos du prophète Jérémie :«Avant que je t’eusse formé dans leventre de ta mère, je te connaissais ; etavant que tu fusses sorti de son sein, jet’avais consacré, je t’avais établi pro-phète des nations.» (Jérémie 1,4-6)

Les deux passages suivants parlentde la réincarnation future de quel -qu’un qui a déjà vécu une vie surTerre.

Dans le livre d’Ezéchiel, il estécrit à propos du peuple hébreux,désigné dans le texte comme «lesbrebis du Seigneur», que ces derniersrecevront un nouveau guide :«J’établirai sur elles (les brebis) unseul pasteur, qui les fera paître, monserviteur David» (Ezéchiel 34,23).Or, le David dont il est question dans

ce texte écrit en l’an 600 avant J.-C. estun grand personnage de l’histoirejuive qui vivait environ en l’an 1000 av.J.-C., autrement dit 400 ans avant quele livre d’Ezéchiel ne fût écrit ! Ce pas-sage, annonçant le retour de David,parle clairement de sa réincarnation.

Dans le livre de Malachie, ontrouve une autre annonce de réincar-nation : «Voici, je vous enverrai Elie,le prophète, avant que le jour del’Éternel n’arrive, ce jour grand et re-doutable» (Malachie 3,23). Ce texteécrit au 5e siècle avant J.-C. ne peutconcerner la mission déjà réalisée parElie qui vécut au 9e siècle av J.-C.,donc 4 siècles auparavant. Il parleforcément d’une mission futured’Elie, pour laquelle il se réincarnera.

Dans un passage du Nouveau

Testament, Jésus demande à ses disci-ples «Et moi, qui dit-on que je suis ?».Ceux-ci lui répondent que dans lepeuple «Les uns disent que tu esJean-Baptiste, les autres Elie ; d’autresencore Jérémie ; ou l’un des pro-phètes» (Matthieu 16,14-15). Bienqu’il ne soit pas logique de dire queJean-Baptiste s’est réincarné en Jésuspuisqu’ils vivaient à la même époque,il n’en reste pas moins que cette ré-ponse témoigne que la réincarnationétait tenue pour possible par le peuple.

Un autre passage sous-entendl’acceptation de la réincarnation ;c’est celui de la guérison de l’aveugle.«Jésus vit, en passant, un hommeaveugle de naissance. Ses disciples luidemandèrent : Rabbi, qui a pêché,cet homme ou ses parents, pour qu’ilsoit né aveugle ?» (Jean 9,1-2)

Si cet homme est aveugle de nais-sance à cause de ses péchés, c’est qu’illes a commis avant sa naissance, doncdans une vie antérieure. La questiondes disciples montre qu’ils envisagentcomme possible que quelqu’un puissesemer une chose dans une vie et larécolter dans une autre, qu’ils étaientau courant et acceptaient l’idée de laréincarnation. D’ailleurs, Jésus danssa réponse ne les corrige pas, il neleur dit pas qu’ils se trompent enpensant que l’aveugle a pu être lui-même la cause de sa déficience vi-suelle par son comportement dansune autre vie. Cette idée est acceptéecomme naturelle par lui. Ne serait-ce pas parce qu’elle est une réalité ?

Les Pères de l’ÉgliseAprès la mort de Jésus, diffé-

rentes personnalités commentèrentet expliquèrent ses paroles. Ils sontappelés «Pères de l’Église» car ilssont à l’origine des dogmes del’Église chrétienne. Or, leurs écritsrévèlent que la réincarnation était ac-ceptée et reconnue comme vraie, parune partie d’entre eux tout au moins.

Origène (115-254 après J.-C.) futun des plus influents théologiens duchristianisme primitif. Son influences’étendit jusqu’au 4e siècle.

La Bible et la réincarnation

RELIGION

La réincarnation n’est pas une notion étran-gère à la Bible et au christianisme, comme onl’entend dire couramment. Différents passagesde la Bible laissent entrevoir que la réincar-nation était connue et admise, car ce qui est

dit ne peut avoir été écrit que par quelqu’unqui croit en la réincarnation. Sa réalité a étéégalement confirmée par de nombreux Pèresde l’Église ainsi que par différents membresdu clergé.

Jésus et l’aveugle de naissance. Peinture de Duccio di Buoninsegna (né vers 1255-1260, décédé vers1318-1319), grand peintre siennois.

«...j’avais reçu en partage une bonneâme, ou plutôt, parce que j’étais bon,j’étais venu dans un corps sans souil-lure.» Sagesse 8,19-20

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RELIGION

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Il est généralement considérécomme le plus brillant des Pères del’Église. Pour lui «Chaque âmevient en ce monde, fortifiée par lesvictoires ou affaiblie par les échecsde ses vies antérieures».

Grégoire de Nysse (335-395),Père de l’Église grecque, affirme :«C’est une nécessité naturelle pourl’âme de se purifier à travers de mul-tiples vies».

Saint Augustin (354-430) dont lesécrits ont profondément influencé lapensée chrétienne écrit : «N’ai-jepoint vécu dans un autre corps avantd’entrer dans le sein de ma mère».

Le concile de ConstantinopleSi la croyance en la réincarnation

était si bien implantée chez les Pèresde l’Église, pourquoi n’a-t-elle passubsisté jusqu’à nos jours dans lesÉglises chrétiennes ?

Elle ne subsista pas parce quecette croyance fut brusquement in-terdite, non pas parce qu’elle fut sou-dainement considérée comme fausse,mais pour des raisons politiques. Eneffet, trois cents ans après la mortd’Origène, certains de ses partisanscausèrent des troubles au Moyen-Orient, en présentant une de sesidées de manière trop radicale, idéequi n’avait d’ailleurs rien à voir avecla réincarnation.

L’empereur Justinien qui régnaitalors voulu rétablir l’ordre et la paix.Il ne le fit pas en cherchant à faire re-venir à la raison les fauteurs de trou-bles, mais en interdisant purement etsimplement l’ensemble de l’ensei-gnement d’Origène, ce qui incluait,

entre autres, la connaissance de la ré-incarnation. Cette décision fitd’abord l’objet d’un édit de l’empe-reur. Mais étant donné que l’empe-reur ne représentait que le pouvoirpolitique, il fallait encore que sa dé-cision soit confirmée par une ins-tance religieuse. Ce fut fait en 553lors du 2e concile de Constantinople.

La condamnation de l’enseigne-ment d’Origène eut ainsi pour

conséquence que toute personne qui,dans le monde chrétien, admettait ouprofessait les idées d’Origène – ycompris, par la force des choses,l’idée de la réincarnation – était sus-ceptible d’être excommuniée. Or, àcette époque, à cause de la puissancede l’Église, une excommunicationéquivalait à une exclusion totale de lasociété.

Ainsi pour des raisons de poli-tique intérieure, la réincarnation futarbitrairement et radicalement sup-primée de l’enseignement chrétien.

Des témoignages du clergéEst-ce à dire que l’idée de la réin-

carnation disparut complètement ?Non. Si on réussit à l’étouffer, ellesubsista néanmoins, car, sans elle,l’être humain ne peut concilierl’amour et la justice de Dieu avecl’inégalité criante des destins. Ellesubsista même à l’intérieur de l’Église.

Ainsi, l’archevêque italien LouisPassavali (1820-1897) écrivit : «Jesuis d’avis que ce serait un grandprogrès si on pouvait publiquementsoutenir la thèse des renaissances,tant sur Terre que dans d’autresmondes. Ce serait donner une solu-

tion à bien des problèmes qui tour-mentent par leur absurdité l’esprit etla raison des hommes d’au-jourd’hui.»

Le cardinal Mercier (1851-1926)affirma : «En ce qui concerne la doc-trine de la réincarnation, je ne voisaucun motif pour lequel la raison latiendrait pour fausse ou impossible».

Le cardinal Daniélou (1905-1974), lui aussi, dit à propos desperspectives qu’offraient les réincar-nations : «Et je reconnais que, pourma part, si je n’étais pas catholique,elles me seraient très sympathiques.Il serait séduisant en effet de penserque le destin de l’âme se poursuivra àtravers les mondes spirituels succes-sifs. Ce qui a pu ne pas être réussidans cette existence, pourrait l’êtredans une existence ultérieure, decette manière, si nous avons eu uneexistence médiocre, en nous réincar-nant, une possibilité pourra nousêtre donnée de nous élever à un ni-veau plus haut. Vous savez que cesvues ont été adoptées par Origène,qui fut un des grands génies de lathéologie.» («La survie après lamort», Éditions Labergerie)

Les passages de la Bible et les té-moignages qui ont été donnés icin’avaient pas pour but de prouver laréalité de la réincarnation – seuls lesfaits peuvent le faire – mais de mon-trer qu’il serait erroné de rejeter sonexistence sous prétexte que la Biblen’en parlerait pas et que ce serait uneidée opposée au christianisme.

Christopher [email protected]

EN LISANT

La poésie chinoise

Comment la poésie chinoise ancienne peut-elle nous toucher,nous Occidentaux, malgré les traductions, les siècles de distanceet notre ignorance du contexte culturel qui l’a vue naître ?

C’est qu’elle peint des tableauxdépouillés où nous sommesinvités à regarder en nous-

mêmes, aidés en cela par une particu-larité de l’écriture chinoise qui estd’offrir des images plutôt que des sons,ces caractères pouvant être traduits,cependant, de diverses manières.

Elle nous transporte, par exem-ple, à la montagne où habitent lessages et où la terre et le ciel se rencontrent, symbolisant ainsil’union harmonieuse du matériel et du spirituel.

«Pourquoi vivre au cœur de cesvertes montagnes ?» demande Li Po.«Je souris, sans répondre ; l’esprittout serein… L’autre monde est là,non celui des humains.» Ou encore :«Temple du Sommet, la nuit : /Lever la main et caresser les étoiles./Mais chut ! baissons la voix : / Ne ré-veillons pas les habitants du ciel.»

Ailleurs, le même auteur écrit :«Les oiseaux se hâtent au retour.Où donc, la voie de retour pour leshommes ?» De la même façon, LiYü écrit : «Oies sauvages haut envolées/ À quand le retour del’homme ?» Les oiseaux migrateursconnaissent le chemin du retour,mais les hommes ont oublié celuiqui doit les ramener à la patrie spiri-tuelle de leur origine.

Se recueillir dans le calme, déta-chement en fin de vie et préparationau passage vers d’autres plans : «Surle tard, je n’aime que la quiétude. /Loin de mon esprit la vanité deschoses./ Dénué de ressources, il mereste la joie,/ De hanter encore maforêt ancienne.» (Wang Wei)

À l’opposé des montagnes oùl’on recherche la sagesse et les liens

avec les hauteurs, on trouve la plainesans fin qui peut rappeler l’exil,souvent politique ou relié à unefonction, la séparation de l’êtreaimé ou des amis ; ou alors les barbares envahisseurs, la guerre etla mort : «Le sang des jeunes venantdes dix contrées…» (Du Fu)

L’homme idéal n’est pas un surhomme, il mène au contraireune vie simple et humble, vivant enmontagne ou dans une cabane depêcheur près de la rivière.Acceptant sa petite place dans l’uni-vers, il mène une vie de gratitude etd’émerveillement qui le comble :«Rentrant à minuit, j’ai échappé autigre. / Sous le mont noir, à la mai-son, tous dorment./ La GrandeOurse, au loin, s’incline vers lefleuve ; / Là-haut, l’Étoile d’Or, enplein ciel, s’agrandit.» À quoi res-semble le poète ? Non pas à un aigle,mais plutôt à une modeste «Mouettedes sables entre ciel et terre» (Du Fu).

La plupart des anciens poètes deChine utilisent un fonds commund’images et de métaphores, maisl’œuvre de Li Ho est différente,mystérieuse, presque surréaliste,ressemblant quelquefois aux visionsdes prophètes bibliques, visionsapocalyptiques : «Le serpent à neuftêtes nous dévore l’âme… / LorsqueDieu [on ne Le nomme presquejamais en poésie chinoise] enverrason char – joug en or, sabre étoilé dejade –/ Viendra la fin des calami-tés…/ Souvenez-vous de l’hommequi délirait devant le mur,/ Y ins-crivant ses Questions au Ciel !»

Sauf quelques exceptionscomme celle-ci, la poésie chinoiseancienne (dynastie des Tang, 618-

907) reflète plutôt un élan vers lespirituel, la sagesse, les hauteurs, ledétachement, en reconnaissant lebesoin de silence, de quiétude, faci-lité par une vie simple et naturelle,tout en constatant les malheurs etles tragédies qui nous accablent. Onpeut reconnaître dans l’art chinois decette époque des fondements d’abordtaoïstes et ensuite bouddhistes.

Quoiqu’issue d’une cultureétrangère à la nôtre, la poésie chi-noise contient des valeurs communesà tous les humains. Si ce n’était pas lecas, comment pourrait-elle nous tou-cher et donner naissance à tant detraductions ?

Normand [email protected]

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L’empereur Justinien voulut rétablir lapaix en interdisant l’ensemble de l’ensei-gnement d’Origène, qui incluait laconnaissance de la réincarnation.

La poésie chinoisereflète plutôtun élan versle spirituel enreconnaissantun besoin dequiétude facilitée par une viesimple et naturelle.

consultez ou téléchargez les autres articles de Christopher Vasey

sur www.graal.org

www.graal.org

Versions françaises des poèmes chinois : Fran-çois Cheng, «Entre source et nuage» et «Poésiechinoise» publiés chez Albin Michel.

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RÉCITS PASSÉS

Les lois des IncasLà-haut dans l’univers trône le

Très-Haut ; nous Lui sommes toussoumis. Il a choisi les Incas pour Lereprésenter sur Terre. Là où s’élèveun Temple du Très-Haut, un Incaexerce les fonctions de prêtre et deroi.

Tous les Incas obéissent au roi-prêtre du Temple d’or. Il est leGrand, et c’est lui qui a le guide leplus élevé et le plus sage.

Tous les Incas sont formés etéduqués dès l’enfance en vue de leurtâche.

Cette dignité est héréditaire : lefils la reçoit de son père ; toutefois,celui-ci choisit toujours, avec l’aidede son guide, le meilleur et le plus ca-pable de ses fils.

Si un fils est refusé à l’Inca, il estautorisé à former son gendre pour luisuccéder, ou bien il choisit un garçonde noble lignée qu’il élève pour enfaire son successeur. Dans les deux cas,il lui faut le consentement du Grand.

Aucun Inca ne doit jamais ou-blier que, dans son district, il est lereprésentant du Très-Haut. Ses de-voirs occupent la première place ; savie appartient au peuple.

De même que tous les Incasobéissent au Grand, sans le contre-dire ni émettre la moindre objectionparce qu’ils savent que sa mission etses ordres viennent du Très-Haut, demême le peuple obéit à l’Inca qui estle prêtre chargé de son district.

Lorsqu’un homme a atteint cin-quante étés, il fait partie du cercle desanciens et, lors de la fête de son in-tronisation, l’Inca décide s’il doit êtreun sage ou un homme d’action.

Le devoir des sages consiste à dé-libérer avec l’Inca de toute questionqu’il leur soumet.

Les hommes d’action veillent àl’exécution des ordres.

Chaque homme du peuple a lesmêmes droits tant qu’il vit defaçon pure. Lorsqu’un garçon naît,il reste dans la tente de ses parentsjusqu’à l’âge de quatorze ans. Ilaide sa mère et son père dans leur

travail. Il apprend à nager, à couriret à grimper avec d’autres garçons.Mais il apprend avant tout à obéir.

À la puberté, il est admis dansl’une des tentes réservées aux adoles-cents. Chacune de ces tentes se trouvesous la direction d’un homme d’ac-tion. Les jeunes gens y apprennentsurtout à travailler, mais on continueaussi à les entraîner chaque jour auxexercices qu’ils ont déjà pratiqués.

Les nouveaux occupants de latente des adolescents doivent

d’abord exécuter tous les travaux quise présentent. Le maître observe avecune grande attention ce à quoi le gar-çon qui vient d’arriver est le plusapte. Ce dernier reçoit alors une ins-truction spéciale et est affecté commeaide auprès des hommes qui exercentcette activité.

Lorsqu’il a atteint vingt-et-unétés, il devient un homme qui a ledroit d’exécuter un travail indépen-dant et habite dans un dortoir réservéaux hommes. Il peut alors choisir uneépouse et édifier sa propre tente dèsqu’il le désire. Son choix est soumisà l’approbation de l’Inca qui bénitégalement le couple.

Le travail est un devoir et un pri-vilège. Celui qui doit être puni pourun motif quelconque n’a pas le droitde travailler pendant un certaintemps. Plus il travaille et mieux il ac-complit sa tâche, plus il est considéré.

L’Inca décide de ce qui doit êtrefait : construction de temples et deroutes, édification de nouvelles de-meures, approvisionnement de den-rées et de fournitures pour l’habille-ment, et ainsi de suite.

Les hommes d’action font en

sorte que tout travail individuels’adapte à l’ensemble. Chaquehomme accomplit sa tâche à l’endroitqui lui est assigné. Tous savent qu’ilsservent ainsi le Très-Haut.

Chacun va chercher auprès duresponsable des réserves ce dont il abesoin pour lui-même et pour ceuxdes siens qui habitent avec lui.

Le responsable doit veiller à l’ap-provisionnement des denrées et desfournitures pour l’habillement, demême qu’à celui des métaux et despierres destinés à orner les vêtementset les habitations.

Les jeunes gens et les hommesqui ne sont pas qualifiés pour un

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Les commandements des Incas

RÉCITS PASSÉS

Tous les enseignements furent jadis voulus de Dieu ; ils étaient exactement adaptés aux dif-férents peuples et aux différents pays, et entièrement élaborés en fonction de leur maturitéd'esprit et de leur réceptivité du moment. Le livre Réveil des Temps Passés, tome 2, nous révèlele récit des Incas, leur vie au quotidien, mais avant tout leurs lois et leurs commandements.

Que tes actions, tes paroles et tes pensées soient vraieset pures comme la lumière du soleil !

Que ce que tu promets à quiconque soit sacré pour toi.

Que chaque créature du Très-Haut soit précieusepour toi : homme, animal ou plante. La vie lui a étédonnée comme à toi.

Respecte la femme, elle est la fleur des pensées duTrès-Haut. Tout comme les feuilles protègent, nour-rissent et ombragent la fleur, toi, protège la femme.

Ne laisse passer aucune journée sans faire un travailqui profite à tous.

Que ton cœur soit rempli de gratitude ! Ce que tu es et ce que tu as, le Très-Haut te l’a donné ! Ne l’oublie jamais.

Que la belle humeur anime ce que tu fais ! La Mèredorée rit ; ris donc toi aussi.

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RÉCITS PASSÉS

travail précis sont affectés commeaides aux responsables.

Quiconque n’habite plus la mai-son paternelle reçoit tout ce dont il abesoin.

Lorsqu’elles ont dix étés, les fillesquittent la maison de leurs parentsdans laquelle elles ont aidé leur mèretout en apprenant auprès d’elle.

Dans la tente des jeunes filles,dirigée par plusieurs femmes, onleur enseigne à chanter, à reconnaîtreles herbes, à observer le cours desastres et à collectionner des plumes.

Elles apprennent à accomplirtoutes les tâches féminines et elles seperfectionnent ensuite dans le travailpour lequel elles sont particulièrementhabiles : tresser des nattes, broder,coudre des plumes, faire des cordes,confectionner des vêtements, etc.Elles vivent dans la tente des jeunesfilles jusqu’à ce qu’un homme leschoisisse pour épouse.

Les fils et les filles des Incas ha-bitent dans les mêmes tentes que lesautres garçons et filles. Ils sont élevés

comme eux et prennent part à tousles travaux.

Seul le fils d’Inca qui est choisipour succéder à son père devient sonélève. Les autres fils d’Incas sont entout les égaux des autres jeunes genset des hommes.

Les filles d’Incas doivent ap-prendre davantage de choses que lesautres jeunes filles. Elles apprennentà faire et à défaire des nœuds, à pré-parer des remèdes, à reconnaître lesmaladies et à soigner les malades.Cependant, leur occupation essen-tielle consiste à nettoyer et à décorerle Temple.

Lorsqu’une fille d’Inca se marie,elle travaille comme toute autrefemme dans la maison de son époux.Le service du Temple prend fin pourelle. Mais elle doit utiliser sesconnaissances de l’art médical pour lebien de tous. Sur l’ordre de l’Inca,elle doit être prête à faire des nœudsdès que des messages doivent êtretransmis ou qu’une natte doit êtreexécutée pour le Temple.

Aucune jeune fille n’est obligéede suivre un homme pour lequel elleéprouve de l’antipathie.

La femme est sacrée pourl’homme. Il la protège et la nourrit.

L’homme est l’ami et le conseillerde la femme. Elle entretient sa tenteet la décore, elle lui donne des en-fants et les élève.

Ce n’est qu’ensemble qu’ils for-ment un tout aux yeux du Très-Haut.

Qu’aucune journée ne commencesans remerciement au Très-Haut !Qu’aucune journée ne s’achève sansremerciement envers Lui !

Avec ces lois et les septComman dements du Très-Haut,nous avons pu garder notre peuplepur pendant des milliers d’annéesjusqu’à ce que des influences étran-gères finissent par l’emporter.

(extrait)Réveil des Temps Passés, tome 2

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Georges LemoineCollection Poche illustrateurÉditions Delpire, 2011La parution d’un nouveau livre sur l’illustrateur Georges Lemoine nous donne l’occasion de re-découvrir son œuvre exceptionnelle. C’est d’abord en 1979 qu’il a suscité l’admiration d’unlarge public par ses illustrations du conte de Marguerite Yourcenar : Comment Wang-Fô futsauvé, publié chez Gallimard Jeunesse.Dans ce conte, le vieux peintre Wang-Fô produisait des œuvres si parfaites qu’elles prenaient vie.Lorsqu’il peignait un cheval, il devait en même temps l’attacher pour qu’il ne s’enfuie pas.Georges Lemoine, en dessinant le vieux maître, a découvert lui aussi cette humble magie où labaguette emprunte la forme d’une plume, d’un crayon ou d’un pinceau. Alors, au bout de samain, un peu d’aquarelle devient le sang qui illumine les personnages, le ciel du matin et le ventsous les ailes des oiseaux.Tout comme Wang-Fô, et aussi modestement que lui, à petites touches, Lemoine est devenu unmaître de l’illusion qui nous permet de pénétrer dans le tableau et d’y vivre comme en un autremonde. En réalité, c’est notre âme qui s’élève alors pour rejoindre le monde éthéré d’un certain art,celui de Lemoine, mais aussi des auteurs qu’il illustre et qui l’ont inspiré.Si cela vous intéresse, allez donc feuilleter ce livre consacré à Georges Lemoine, publié en 2011,ainsi que quelques livres illustrés par lui comme : Comment Wang-Fô fut sauvé, L’enfant et la ri-vière, Leïla…On peut aussi le voir au travail dans deux documentaires sur You Tube : Georges Lemoine, illus-trateur, Georges Lemoine, copiste, par Loïc Seron.Bonne découverte, ou redécouverte !

DieuFrédéric Lenoir Éditions Robert LaffontÀ travers une conversation animée par des questions posées par Marie Drucker, Frédéric Lenoirdéveloppe beaucoup de sujets d’actualité en répondant aux interrogations telles que : La foi peut-elle exister sans le doute ? Le Dieu des juifs, des chrétiens et des musulmans est-il le même ? Quia écrit la Bible et le Coran ? Etc. Douze chapitres guident la documentation étayée des réponses,tels : Préhistoire et chamanisme – Naissance des déesses… et des dieux – Jésus : Dieu est amour –L’athéisme –

«…environ 90% des Américains et les deux tiers des Européens croient encore en Dieu, même sila foi diminue progressivement depuis plusieurs décennies. Selon une enquête très fiable menéedepuis trente ans en Europe, par une équipe de sociologues européens (publiée dans l’ouvrage LesValeurs des Européens), on assiste en France à une très forte érosion du catholicisme, puisque 70%des Français se disaient catholiques en 1981 et qu’ils n’étaient plus que 42% en 2008. Dans ce mêmelaps de temps, les autres religions (judaïsme, protestantisme, islam, orthodoxie, bouddhisme) ontprogressé de 3% à 8%, mais cela tient essentiellement à l’essor démographique de l’islam en France.Parallèlement, les personnes se déclarant "sans religion" ou "athées" sont passées de 27% à 50%.Si on considère la croyance en Dieu proprement dite, elle résiste beaucoup mieux que l’apparte-nance religieuse et reste stable à 52%...».Dans l’épilogue, l’auteur parle de la lecture littérale des textes conduisant à l’intolérance et à laviolence : «le clivage le plus profond n’est pas entre les croyants et les non-croyants, mais entreles tolérants et les intolérants… toute discussion est quasiment impossible avec un croyant ou unathée dogmatique qui préfère le choc des certitudes à la recherche commune de la vérité.» «… Quelles que soient nos croyances, l’important n’est-il pas de cultiver et de promouvoir lesvaleurs universelles qui nous unissent et dont dépend l’avenir de toute l’humanité : la justice, laliberté, l’amour ?»

Paroles de femmes africainesDVD /80mn de Michel CrozasRéunies lors du Forum social mondial de Dakar, elles viennent du Burkina Faso, du Bénin, de laCôte d'Ivoire, du Togo, du Mali, du Niger, du Sénégal, de Guinée-Conakry, de Tunisie, deRépublique démocratique du Congo. Toutes militantes pour les droits de la femme, elles témoignent sur la condition des femmes dansleurs pays respectifs et expriment leur opinion sur le micro-crédit, la dette publique, leurs luttes.Parmi elles, de grandes voix africaines comme celle de Aminata Traoré.

www.filmsdocumentaires.com/films/1070-paroles-de-femmes-...

Faux départDVD /1h 27 mn de Sonia BarkallahEnquête sur les expériences de mort imminente. Des millions de personnes à travers le monde ontvécu cette expérience qui a bouleversé leur vie, au point qu’elles ne craignent plus la mort : ellesracontent la sensation de se détacher de son corps, d’assister à sa propre réanimation, d’entendreles chirurgiens parler entre eux, et de voir une lumière au bout d’un tunnel. Longtemps considéré comme obscur et sujet aux railleries, le phénomène intéresse aujourd’huide nombreux scientifiques, qui s’interrogent : Comment ces personnes ont-elles pu percevoiret mémoriser des scènes de leur réanimation alors qu’elles étaient inconscientes, dans le coma etparfois déclarées mortes cliniquement ? www.s17production.com/fr/Faux-depart.asp

Éloge du génie créateur de la société civilePierre RabhiÉditions Actes SudDans ce livret, Pierre Rabhi parle de ses engagements et de ses expériences d’alternativesconcrètes, écologiques et humaines dont l’efficacité va au-delà des constats concernant le mondequi va mal. Il écrit : «Partout dans le monde, des hommes et des femmes s’organisent autour d’ini-tiatives originales et innovantes en vue d’apporter des perspectives nouvelles pour l’avenir… Tous, chaque jour, dans chacun de nos choix les plus quotidiens, nous sommes les meilleurs candidatsà la construction d’une société respectueuse des êtres humains et de la nature». Il est donc importantd’insister sur le fait que c’est à son caractère pacifique et déterminé que la démarche trouvera sa forceet son efficacité.»

Nous avons sélectionné pour vous

La sagesse du jardinier Gilles ClémentÉditions L’œil neuf, ParisGilles Clément est paysagiste. Sa participation au parc André Citroën à Paris l’a fait connaîtredu grand public. Il y a mis en œuvre son «Jardin en mouvement» qui «s’inspire de la friche :espace de vie laissé au libre développement des espèces qui s’y installent». Comment le paysagiste s’y prend-il pour concevoir un aménagement ? «L’idée provient d’unerencontre avec le site.» Les jardiniers parlent du «genius loci» des Romains, qui était une entitéprotectrice du lieu (le «génie du lieu»). C’est comme s’ils reconnaissaient ainsi, implicitement,l’existence de ces entités invisibles de la nature. Jardiner sans eux, en effet, semble impossible.

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Page 32: MONDE DU GRAAL VIERGE - EM-insideem-inside.blogspirit.com/media/00/02/2080529456.pdf52 La Bible et la réincarnation 56 Les Commandements des Incas 62 Nina Berberova Veiller sur notre

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vinrent avec une force triplée et, dansune brillance encore jamais vue, dansun calme inouï, au plus profondd’elle-même, dans le fond de sonâme, là où la pensée prend naissance,elle vit le ciel étoilé, celui qui s’étaitmontré par la fenêtre de Ledd pen-dant qu’elle tenait sa main sur sa poi-trine. À cet instant, sa vie lui apparutdans une lumière encore jamais vue ;tout avait un sens caché qui se dé-ployait devant…» Le lendemain, legarçon refuse d’aller à l’hôpital. Ilest guéri. Mais seules les deux sœursen connaissent la cause et gardent lesecret.

La troisième sœur, Sonia, sembleplus pragmatique, et même froide.Pourtant, elle nous surprend par sarésolution de cheminer «de sommeten sommet» : «Je m’installe pour ainsidire à deux mille mètres d’altitude etc’est de là que je fais mon départ dansla vie… Je parcours le chemin dumonde sur le plan spirituel, je faismien le cheminement de la penséehumaine, je suis son cours.»

Ces trois sœurs incarnent peut-être diverses facettes de l’âme del’auteure, trois visages sur un mêmecorps comme dans certaines sculp-tures de l’Inde. Trois éveils, trois as-pirations spirituelles, que ce soit dansla découverte du pouvoir de guéri-son, dans la poésie ou dans la re-cherche de la sagesse.

Puis peu à peu, à mesure qu’ellesvieillissent et que les promesses, queles espoirs de leur jeunesse ne sem-blent pas se réaliser, un certain dés-enchantement s’installe. Dacha estprise par son travail de bureau, puiselle épouse le fils du patron sans l’ai-mer. Avec ce mariage, elle choisit latranquillité, la sécurité matérielle etelle se croit heureuse, ou veut s’enconvaincre.

Pourtant, elle constate que sonmonde intérieur a changé. Plus deciel étoilé en elle, plus de cette«union avec quelque chose d’im-mense». Tout est calme maintenant,mais c’est le calme du «sommeil».

Possède-t-elle encore ce don de

guérison qui l’avait bouleversée ? Entout cas, elle n’essaie plus de s’enservir. Dans le monde rassurantqu’elle s’est choisi, loin de la tragé-die de son enfance, il ne semble plusy avoir de place pour ceux qui souf-frent et qu’elle pourrait soulager.

Sonia est différente : elle ne peutaccepter cet engourdissement ; touten elle s’y oppose. Car, écrit-elledans son journal, «… une vie facileconduit au dépérissement de l’âme età la décadence des peuples.»

Mais l’absolu qu’elle recherchedepuis si longtemps, elle ne le trouvepas, et cela la mène au néant, qui luisemble être la seule réponse valable.«Pour d’autres, ce lien [avec lemonde] n’est peut-être pas dans lenéant au sens littéral de ce mot, maisdans un néant relatif : dans l’absencede pensée, l’abrutissement.» Ce qu’il-lustre, pour elle, le choix de Dacha.«Mais je ne puis me contenter d’unnéant relatif… je choisis l’unique ab-

solu qui soit à ma portée : le néantabsolu.»

On ne ressent en Sonia aucunamour, aucune compassion, que cesoit pour les hommes ou pour la na-ture ; seulement un grand désespoir.«Vous êtes la reine des neiges», lui ditun vieil homme, ami de la famille.«Vous devriez fondre un peu.»

Dacha s’endort dans le confort,Sonia s’autodétruit par ses re-cherches stériles. Des trois sœurs,seule Zaï semble encore bien vivanteet saine.

Le pouvoir de guérir de Dacha,dont elle avait été témoin, avaitconstitué pour elle un miracle, maiscela n’avait pas eu de suite, malheu-reusement. «Dacha, qu’as-tu fait deta vie ?» se demande-t-elle en pen-sant à sa sœur. D’un autre côté, lafroideur de Sonia lui devient insup-portable : «On étouffe près de toi»,finit-elle par lui dire.

Zaï travaille maintenant dans unegrande librairie, elle est pleine d’es-poir, une vie passionnante s’ouvredevant elle. Puis un jour tout s’ef-fondre lorsque Sonia se suicide, le1er septembre 1939, alors que débutela Seconde Guerre mondiale et quele livre se termine. Une fin cruelle,après l’épanouissement de Zaï. Leroman pourrait sembler désespéré.

Mais plutôt qu’une conclusionpessimiste, je préfère y voir un aver-tissement de veiller sur notre âme, depréserver et de nourrir les espoirs denotre jeunesse et de vivre selon lesvaleurs profondes que l’on a faitesnôtres.

Un encouragement à résister detoutes nos forces à l’engourdisse-ment qui nous guette. Voilà peut-êtrela grande leçon de ce beau livre écritentre 1948 et 1950, après la guerre,mais publié seulement une cinquan-taine d’années plus tard, selon le sou-hait de son auteure qui y cachaitpeut-être des choses trop intimes.

Normand [email protected]

Nina Berberovaet le besoin de veiller sur notre âme

L’envoûtement du livre com-mence dès la première page :«Dacha avait souvent l’impres-

sion que ce qui était en elle ressem-blait à un ciel étoilé. Dans ces mo-ments-là, il lui semblait voir à l’inté-rieur d’elle-même comme si elle se fûttrouvée au bord d’un gouffre. Là –non pas dans le cerveau, non pas ausommet, mais tout au fond, dans lenoyau, là où la pensée prend naissance– tout n’était que calme, silence, séré-nité. Les étoiles dessinaient une imagefamilière, la Voie lactée ruisselait. Leslois des mathématiques et de l’astro-nomie y agissaient probablement deconcert : tout y était mystérieusementbeau, et, quand elle plongeait son re-gard au plus profond d’elle-même,c’est son propre équilibre qu’elle pou-vait contempler. Dacha aimait admi-rer cette profondeur qui, certaine-ment, suivait les mêmes voies quecelles du monde autour d’elle, maiségalement les siennes. Lorsqu’elle par-venait à cette profondeur, où conver-geaient toutes ses réflexions, tous sesdoutes, toutes ses insomnies, ce quisemblait au-dessus d’elle se révélaitêtre dans son propre sang. C’étaitcomme si, assise au bord d’un préci-pice, elle avait aperçu les étoiles bril-ler à ses pieds. Souvent, elle demeurade longs moments en leur compagnie.L’idée que personne ne savait ni nesaurait jamais ce qui faisait l’essentielde sa vie la surprenait, lui inspirait de

la joie. Dans ce ciel étoilé renversé àl’intérieur d’elle-même, Dacha devi-nait son lien avec l’univers et ne cher-chait pas à en créer d’autres.»

J’ai lu d’autres livres de NinaBerberova, il y a quinze ou vingt ans,et ils m’avaient profondément tou-ché. Son écriture est magnifique danssa simplicité et son dépouillement.

Née à Saint-Pétersbourg en 1910,Nina Berberova est arrivée en Francequinze ans plus tard, puis elle s’estétablie aux États-Unis à l’âge de qua-rante ans. En 1985, les éditions ActesSud ont commencé à publier sonœuvre en français, alors qu’elle étaitâgée de plus de 80 ans.

Dès le début du livre, nous en-trons dans la tragédie, celle de laRévolution russe. Puis nous suivonsZaï, 14 ans, qui va retrouver ses deuxdemi-sœurs à Paris : Dacha et Sonia.Malgré la tragédie, la pauvreté – etpeut-être à cause d’elles –, les troissœurs réfléchissent, avec la passionet l’enthousiasme de la jeunesse, auxgrands concepts du bien, du beau, duvrai, de la responsabilité. Elles veu-lent refaire le monde, et elles en dis-cutent avec ardeur, lors de longuespromenades avec des amis. Elles veu-lent refaire le monde, tout en seconstruisant elles-mêmes…

Le pouvoir de guérison deDacha, l’aînée, constitue l’un desprincipaux éléments du récit : «Unjour, il y avait de cela cinq ans,

Lioubov Ivanovna avait eu une fortecolique néphrétique. Les médica-ments, les piqûres étaient restés sanseffet et Dacha, désemparée à la vuede ses souffrances, lui avait posé lesdeux mains sur le front… La douleurs’était calmée. Elle n’en avait parlé àpersonne ; peu à peu, elle avait oubliéce qui s’était passé et d’où cela luiétait venu. Mais aujourd’hui, pourla première fois, elle était tout à faitconsciente de sa force. Elle n’avaitpas du tout peur. Cela ressemblait àun bonheur soudain. Elle sortit dou-cement dans le couloir et monta l’es-calier.»

Dacha est en vacances à la mon-tagne avec sa sœur Zaï. Un jeunehomme qu’elle aime bien a fait unechute et s’est gravement blessé. Il doitse rendre à l’hôpital le lendemain,mais en attendant, il souffre beau-coup. Afin de le soulager, Dachaentre dans sa chambre en pleine nuit.Elle pose sa main sur sa poitrine bles-sée, «sa grande main tranquille quidevint toute chaude. Tout était tenduen elle comme une voile sous le vent.»

De retour dans sa chambre,Dacha dit à sa sœur : «“Je l’ai peut-être guéri, seulement, il ne faut pas enparler.” Elle se laissa tomber sur sonlit tout habillée, épuisée et heureuseque la nuit cachât son visage à Zaï.Mais, à peine allongée et seule avecelle-même, la lucidité, la clarté et unesorte de transparence absolue lui re-

LITTÉRATURE

Avec «Le cap des tempêtes», qu’elle avait demandé de ne publier qu’après sa mort, Nina Ber-berova nous offre un roman plein de jeunesse et de profondeur, un récit qui nous touche parcequ’il renvoie à notre propre jeunesse, à nos questionnements, à nos découvertes intérieures quisouvent ont jeté les bases de notre vie d’adulte. Un roman qui aborde aussi la difficulté de de-meurer fidèle à nos idéaux, le besoin de résister à l’engourdissement spirituel qui nous guette,si nous n’y prenons garde.

Publication commémorant lecentième anniversaire de la

naissance de l’auteur.

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MONDE DU GRAAL

Un regard spirituel sur le monden° 289 - avril - mai - juin 2012

56e annéeÉditions du Graal :

23, rue Colbert93100 Montreuil-sous-Bois

Tel. 01 48 57 71 05 Fax 01 48 57 83 92

Internet : www.graal.orgEmail : [email protected]

Directeur de la publication :Jean-Marc Simonin

Comité de rédaction :Normand Charest, Liliane Cohen-Salmon

Jacqueline Thibeaudeau Rédacteurs :

Ginette et Normand Charest, Monique Giraud, Marianne Klauser-

Stalder, Sophie Leonetti, Dieter Malchow,Janina Rieck, Loïc Sallet,

Jacqueline et Claude Thibeaudeau,Christopher Vasey, Reinhardt Wurzel

Coordination traducteurs et relecteurs :Normand Charest, Liliane Cohen-Salmon

Aline Petit, Michèle DemolderGraphistes :

Katja Dorow-Schwart,,Jean-Claude Ménard, Laurence Savona

Photos et illustrations :Philippe Jeanne

Photogravure et impression :Printed by Offizin Scheufele, Stuttgart,

Allemagne 100% papier recyclé

Abonnement etDistribution Presstalis :

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1e couv, pages 8, 14-15, 18, 20-23, 32-35, 36-37, 44, 3e de couv. : Gralswelt

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Musée Maria de Faykod

SPIRITUALITÉ

Avons-nous encore besoin desreligions ?

DOSSIER

Le cerveau est-il le siège de l’âme ?

Monde du GraalJUILLET - AOUT - SEPTEMBRE 2012 numéro 290

QUESTIONS SUR LA VIE

Les étonnantes facultés des animaux

REGARDS SUR LEMONDE

La dimension spirituelle du travail

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Nous ne cessons de mettre en regard ce que noussommes et ce que nous devrions être. Cette habitude denous mesurer toujours à quelque chose ou à quelqu’unest une des principales causes de nos conflits. Pourquoinous comparons-nous à d’autres ? Si nous ne nouscomparons à personne, nous devenons ce que noussommes.

Krishnamurti

Éditions du Graal www.graal.org