MON PARCOURS GIENNOIS  · Web viewTout allait bien jusqu’au jour où Tonton a eu des ennuis de...

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MON PARCOURS GIENNOIS - M. et Mme SERGENT – rue des Moreaux 7 Juillet 1939 – 2 Février 1949 – 10 ans - Mme TRIPET – rue des Briqueteries (même quartier) 2 Février 1949 – resté 3 à 4 mois - M. et Mme LABAILLE – rue de Montbricon Resté 5 à 4 mois - Mme TISSIER – rue de Noé 15 Décembre 1949 – 17 Septembre 1955 – 6 ans - 17 Septembre 1955 – mariage – logement rue de Verdun - 1960 – Achat maison – rue Georges Clemenceau Après le décès de Tata en Juillet 1946 et après de nombreuses démarches, des échanges de courrier et des formalités, l’Assistance Publique autorise Tonton à me garder, à condition de prendre une femme de ménage pour l’entretien de la maison et du linge. Une voisine, Mme Forget, ayant déjà deux enfants de l’Assistance, s’est proposée et a été acceptée par Orléans. Donc de 1946 à 1949 nous avons vécu tous les deux en parfaite harmonie. Nous nous sommes bien débrouillés pour le ménage, la cuisine, les frites c’était mon domaine…. A la saison des tomates, j’aimais faire des tomates farcies. Toutes les semaines, Mme Forget s’occupait du linge et quelquefois, elle nous faisait des petits plats.. Suzanne venait souvent nous voir et peut-être remettre un peu d’ordre dans la maison ! Tout allait bien jusqu’au jour où Tonton a eu des ennuis de santé. Plusieurs fois le docteur est venu lui faire des saignées. Son cœur était malade et malheureusement après une attaque de paralysie il ne pouvait plus rester seul. Donc il est parti chez Suzanne à Aulnay. Robert voulait me prendre avec lui et m’apprendre le métier d’horloger (son métier) mais à l’Assistance Publique d’Orléans cela n’a pas été accepté car il y avait changement de région. Donc, il a fallu au plus vite, me retrouver une maison d’accueil. Je me suis retrouvé chez Mme Tripet que je connaissais bien car elle habitait dans le quartier. Donc déménagement : Tonton m’avait laissé l’armoire de sa mère, une table pliante que j’ai perdue plus tard, un vélo datant de 1900 où j’avais fait mon apprentissage de cycliste et un poste de radio dans un meuble

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MON PARCOURS GIENNOIS

- M. et Mme SERGENT – rue des Moreaux7 Juillet 1939 – 2 Février 1949 – 10 ans

- Mme TRIPET – rue des Briqueteries (même quartier)2 Février 1949 – resté 3 à 4 mois

- M. et Mme LABAILLE – rue de Montbricon Resté 5 à 4 mois- Mme TISSIER – rue de Noé

15 Décembre 1949 – 17 Septembre 1955 – 6 ans

- 17 Septembre 1955 – mariage – logement rue de Verdun

- 1960 – Achat maison – rue Georges Clemenceau

Après le décès de Tata en Juillet 1946 et après de nombreuses démarches, des échanges de courrier et des formalités, l’Assistance Publique autorise Tonton à me garder, à condition de prendre une femme de ménage pour l’entretien de la maison et du linge. Une voisine, Mme Forget, ayant déjà deux enfants de l’Assistance, s’est proposée et a été acceptée par Orléans. Donc de 1946 à 1949 nous avons vécu tous les deux en parfaite harmonie. Nous nous sommes bien débrouillés pour le ménage, la cuisine, les frites c’était mon domaine…. A la saison des tomates, j’aimais faire des tomates farcies. Toutes les semaines, Mme Forget s’occupait du linge et quelquefois, elle nous faisait des petits plats..Suzanne venait souvent nous voir et peut-être remettre un peu d’ordre dans la maison !Tout allait bien jusqu’au jour où Tonton a eu des ennuis de santé. Plusieurs fois le docteur est venu lui faire des saignées. Son cœur était malade et malheureusement après une attaque de paralysie il ne pouvait plus rester seul. Donc il est parti chez Suzanne à Aulnay.Robert voulait me prendre avec lui et m’apprendre le métier d’horloger (son métier) mais à l’Assistance Publique d’Orléans cela n’a pas été accepté car il y avait changement de région.Donc, il a fallu au plus vite, me retrouver une maison d’accueil.Je me suis retrouvé chez Mme Tripet que je connaissais bien car elle habitait dans le quartier. Donc déménagement : Tonton m’avait laissé l’armoire de sa mère, une table pliante que j’ai perdue plus tard, un vélo datant de 1900 où j’avais fait mon apprentissage de cycliste et un poste de radio dans un meuble très sculpté, poste à lampes réalisé par Robert qui avait fait son service militaire dans les TransmissionsL’armoire se trouve actuellement dans notre maison bretonne. Mme Tripet était très gentille avec moi. Elle avait un grand jardin et je l’aidais de mon mieux.Mais voilà, Madame Tripet était veuve de M. Tripet son deuxième mari qui était propriétaire de la maison et avait deux enfants en première noce. Ces derniers voulurent vendre la maison. Donc, Mme Tripet chercha un logement et moi, une nouvelle maison d’accueil…

Je me suis retrouvé dans le quartier de Montbricon, chez M. et Mme Labaille, de braves gens mais très stricts sur la question des horaires : repas à 12 heures et à 19 heures. D’où problème pour moi, car travaillant dans le commerce Optique-Photos, le soir je devais quitter le travail à 19 heures mais si un client était là, il fallait bien le servir. Donc je n’étais pas souvent à l’heure et quand j’arrivais le dîner était froid et pas question de le faire réchauffer !!! Par ailleurs, le matin, c’était chocolat pour tout le monde mais malheureusement mon foie l’acceptait très mal ainsi que certains plats. J’avais des problèmes de digestion.Ces braves gens, le dimanche, allaient jouer aux cartes chez leur fils et ils rentraient tard. Ainsi si je voulais aller au cinéma, je partais le ventre vide…Mis à part ces petits détails, ils étaient très gentils avec moi ainsi que leurs enfants.Ayant des problèmes de santé, j’ai demandé à la responsable des enfants de Gien, de me trouver une autre pension.Mme Tissier, rue de Noé, se proposa pour me recevoir. M. Laboute, mon patron, me dit : ne va pas chez cette dame, c’est un vrai dragon et en plus pas aimable. A vrai dire, il avait eu des mots avec elle en tant que cliente.Je me suis présenté chez elle et j’ai été bien reçu. Visite de la chambre assez grande, de la fenêtre j’avais vue sur l’église, pas de chauffage, WC et petit lavabo au bout du couloir. Cette dame était brave mais c’est vrai qu’elle avait le ton bref… Ayant tenu l’Hôtel du Puy de Dôme pendant de longues années, elle était bonne cuisinière et prenait soin du déjeuner ce qui n’était pas le cas de la famille Labaille. Elle avait un fils d’une cinquantaine d’années qui était électricien. Il avait son atelier au Sous-sol et quand j’avais du temps libre et qu’il travaillait là, j’allais le voir et même travailler avec lui. Nous nous entendions bien. J’ai appris pas mal d’astuces dans le métier qui me servent encore aujourd’hui.Il avait une fille, Germaine, du même âge que moi, et il disait toujours : si j’avais un gars !!! Pour lui, j’étais son gars. Quand Mme Tissier était invitée à déjeuner ou à dîner chez eux, j’étais toujours invité, même des fois au restaurant… Sa bru, Mme Tissier jeune, tenait le magasin d’électricité, rue de Paris. Elle était gentille ainsi que sa fille Germaine.Pour mes 20 ans, ils avaient organisé un petit goûter. Des amies de Germaine ainsi que mon copain Roger Dupré y participaient. M . Tissier déboucha une bouteille de champagne. Je reçus en cadeau, un magnifique briquet à gaz (à cette époque là je fumais un peu). Cet après-midi là m’avait très touché et je crois que j’ai pleuré.

J’allais au bal avec Germaine et ses camarades. A cette époque là il fallait que les filles soient accompagnées par un parent ou un frère, donc je faisais le rôle de frère…Pour une soirée « Carnaval » nous avons participé, Germaine, Roger et moi à un bal costumé.

Roger, Germaine et un amie

Une amie, Roger et moi

A un moment, avec M. Tissier nous avons recueilli un pauvre chat noir que j’ai baptisé « Misère » tellement il était maigre et sale. Après un moment passé à la maison, il a repris sa bonne forme. Mme Tissier n’était pas très tendre avec lui. S’il voulait sortir, elle le jetait par la fenêtre pour ne pas descendre l’étage. Heureusement il se recevait sur une butte de terre.Etant militaire, je suis venu en permission. En arrivant j’ai demandé où se trouvait Misère. Elle me répondit : » il est dans le fond de la cour, malade, il ne mange plus et bave toujours. J’ai demandé au voisin chasseur de venir lui donner un coup de fusil » Je suis descendu et j’ai trouvé Misère. Il bavait. J’ai regardé dans sa gueule, le malheureux avait une arête de poison piquée dans la gorge. Alors, avec une pince, je lui ai retirée. Il a dû dire : Ouf, vive les permissions !!! Il y avait aussi le chien de M. Tissier, Dick, un jeune berger allemand. J’allais le promener le soir quand M. Tissier était occupé par son travail.

Voilà comment se passait ma vie chez Mme Tissier. Tout allait bien, elle était gentille avec moi. Je lui rendais service autant que je le pouvais. Faire des courses, rapporter le pain tous les jours, l’hiver monter le charbon pour la journée. Il y avait un petit jardinet dans la cour et l’été je le nettoyais et l’arrosais, peinture de la grille, enfin des petits boulots d’entretien dans une maison..Par contre, elle n’aimait pas que j’invite quelqu’un dans ma chambre. « pas de fumelles à la maison » c’était son mot. Avant de partir soldat, j’avais une petite amie et elle me disait : »comment va votre bonne amie ? » Ca m’énervait vraiment !!Enfin, je crois que ce fut le seul différend qu’il y eut entre nous.Pour mon départ au Service militaire, en Septembre 1951, Je me suis dirigé vers la gare, avec une belle valise en bois blanc fabriquée par M. Dupré. J’étais un peu triste en attendant le train sur le quai quand j’ai soudain entendu : Lucien, tu viens boire un coup. A cette époque, il y avait un Bar Restaurant à la gare de Gien.C’était M. Tissier qui venait me dire bonsoir. Nous avons bu un rhum. Avant de monter dans le train, il m’a embrassé. Je crois que tous les deux nous avions les larmes aux yeux. Ce geste m’a marqué, je m’en souviens encore.Pendant mon service militaire, j’avais rangé toutes mes affaires dans l’armoire de Tonton et Mme Tissier a eu la gentillesse de me la garder, ainsi que ma bicyclette dans le garage de M. Tissier.