Mon histoire
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I
- C’est là que tout a basculé -
Tout doucement je reviens à moi, je sens une chaleur étouffante et terrible autour de moi. Mes jambes me font mal, très mal. Je suis bloquée, coincée dans la carcasse du camion. Mon ami, le chauffeur près de moi,
est dans la même situation. Impossible de bouger, de tenter quoi que ce soit pour sortir de ce cercueil de fer,
et le feu qui grandit toujours. Nous allons brûler vifs. Je vois des gens qui s’approchent, qui s’agitent autour
du camion, qui tentent tant bien que mal de faire quelque chose pour nous sortir de se brasier.
Que c’est il passé, je ne me souviens plus de rien.
Les minutes nous semble une éternité.
Enfin une femme réussi à m’agripper et elle me sort du camion enflammé. Elle en aura les mains brûlées.
Merci à elle, sans cela je serai peut être morte carbonisée.
C’était en 1981, quelques mois avant mes 18 ans, mon ami était livreur de fruits et légumes.
Un beau jour d’été, il décide de m’emmener avec lui sur Bordeaux. Je ne savais que cette journée allait être
un tournant dans ma vie.
La journée avait été bien éprouvante physiquement. Le retour fut long, et tout doucement la fatigue se faisait
sentir. A la sortie d’un village, Mauvezin, à quelques kilomètres du dépôt sur une ligne droite le camion a
pris le bas coté et a terminé sa course dans un séchoir à tabac et pris feu immédiatement.
Quelques minutes après les pompiers sont arrivés, suivis des gendarmes. J’ai été prise en charge, et déjà je
savais que ma vie allait changée, dans un tourbillon de douleur.
Transporté à l’hôpital de La Réole, mon état est jugé trop critique, ils décidèrent de me transférer par
hélicoptère au CHU Le Tripode.
Arrivée aux urgences, j’ai été prise de suite au bloc opératoire. Je me suis réveillée dans le noir total au
service des brûlés au douzième étage.
Je souffrais le martyr. A la première infirmière qui entre dans la chambre je demande des nouvelles de mon
ami. Elle me répond qu’il est dans un état critique, mais les médecins font tout ce qu’ils peuvent pour le
sauver.
C’est alors que je fus prise de panique, je ne sentais plus mes jambes, je ressentais des douleurs bizarres,
j’avais horriblement peur de soulever le drap qui était sur moi.
Je vois entrer des personnes en habit stérile, avec bonnet et chaussons bleus, c’était la consigne pour éviter
de me transmettre des microbes,
Mes parents étaient là aussi, accompagnés du médecin. Celui-ci me dit ;
« Vous avez eu un grave accident, et le feu a détruit vos membres inférieurs, nous avons du vous amputer
de la jambe droite, et la gauche n’est pas belle du tout, nous allons essayer de la sauver, mais vous allez
devoir subir de lourdes interventions de soins pour nettoyer les plaies causées par le feu. Ses soins seront
sous formes de bains et sous anesthésie générale. »
Des soins délicats, qui se passaient au bloc opératoire. A l’aide d’une cuillère d’argent ils nettoyaient les
plaies, en enlevant la chair morte, ceci toutes les vingt quatre heures, pour faciliter la guérison, et permettre
ainsi à ma peau d’être bien préparée pour recevoir les futures greffes.
Pendant tout ce temps et malgré le nettoyage de mes plaies, les visites étaient autorisées, à la famille, mais
moi je ne les voyais pas. Les semaines passent, et les soins ne cessent de continuer. Bizarrement je ne me
rendais compte de rien, certainement les drogues qu’on m’administraient pour calmer mes douleurs me
faisaient cet effet. Seule cette lumière rouge présente en face de mon lit me servait de repère.
Les soignants devaient attendre la guérison complète de mes plaies pour aboutir à la greffe cutanée. Lors
des bains, ils ont ainsi fait plusieurs prélèvements de greffon sur mes cuisses, pour les mettre ensuite en
culture, cela permettait de garder la peau ‘en vie’.
Quelques mois plus tard, je suis transférée au service de traumatologie, et là je me demande ce que je vais
encore subir. Je suis seule dans ma chambre, la peur au ventre. Quelques minutes après mon arrivée, un
médecin et une infirmière entre dans la chambre, ils me font un sourire, qui sur le moment me réconforte un
peu, et me disent ;
« Votre situation est grave, pour reconsolider les fractures de votre tibia, nous allons vous poser un fixateur,
cela comporte six broches qui vont traverser votre tibia, des poids qui vous empêcheront de plier la jambe et
vous allez être alitée pendant trois mois »
Sur ce, ils sortent de la chambre, me donnant rendez-vous pour le lendemain.
II
- LES PREMIERES OPERATIONS –
Toute seule dans ma chambre, à l’aube de mes dix huit ans je me suis mise à pleurer toutes les larmes de mon corps, me demandant quand tout cela allait s’arrêter.
A peine remise de cette émotion, on frappe à ma porte. C’était ma famille qui me rendait visite. Un grand
plaisir pour moi. Un grand réconfort aussi. Je leur demande s’ils ont des nouvelles de mon ami. Ils me
répondent que oui. Il est dans le même service que moi. Mais malheureusement, plus brûler que moi, il a
subit l’amputation de ses deux jambes. Je demande si je peux le voir. Question bien idiote, après réflexion,
je ne vois pas comment, puis ce qu’il m’était impossible de me déplacer. De toute façon, par précaution, les
médecins refusèrent. J’étais très déçue.
Le lendemain matin huit heures, on vient me chercher pour m’emmener au bloc. J’étais à moitié endormie.
Le brancardier me demande si j’étais prête, je lui répond oui, il essaie de me rassurer pour me donner un peu
de courage, et on est parti.
On passe dans un long couloir ou il fait froid. On arrive au bloc opératoire, il me dit à tout à l’heure. Les
aides soignants me prennent en charge, on m’installe sur cette table en fer qui est glacée. L’anesthésiste me
prépare, il me dit de respirer à fond, mes paupières sont lourdes. Je m’endors.
A mon réveille, j’ai mal, je cris. Une infirmière arrive me dit que c’est fini ! Je suis en salle de réveille et que
je vais pouvoir regagner ma chambre. Les heures passent, et toujours aussi mal, froid et très soif. Comme
chaque fois après une intervention nous avons soif, mais interdiction de boire. Une attente interminable.
Grâce aux anti-douleur qui passent dans mes veines, j’arrive à me rendormir.
Enfin le brancardier vient me chercher et me ramène dans ma chambre. Au passage du brancard à mon lit
avec l’aide soignant j’avais l’impression qu’on m’arrachait la jambe tellement cela me faisait souffrir. On
me met la perfusion avec la pompe de morphine. L’infirmière m’explique gentiment que cette pompe est
réglée tous les quarts (ou quatre) heures pour que la douleur soit plus supportable.
A ce moment j’ai eu un petit espoir, me disant que le plus dur était derrière moi et que je devais faire mon
possible pour pouvoir remarcher un jour.
Mais les jours passent et les soins sont de plus de plus douloureux. Arrivé à saturation, je n’avais plus de
force pour me battre, plus de courage. Je perdis l’appétit, et donc je maigrissais énormément. Les médecins
prennent la décision de pratiquer une alimentation par sonde gastrique en passant par les voies nasales,
pour que je puisse reprendre assez de force pour la guérison.
Tous les matins il me resserrait le fixateur de la jambe, et en inspectant les cicatrices, on aperçoit un début
d’infection au niveau de la cheville qu’il me reste. Le médecin et l’infirmière quittent la chambre, avant de
sortir l’infirmière me dit juste qu’elle repasse dans un petit instant pour faire mes pansements. Je ne voulais
pas imaginer ce que le médecin prévoyait de faire, moi je n’avais qu’une envie, c’est que cela s’arrête.
J’avais très peur de repasser au bloc opératoire.
III
- AMPUTATION OU PAS ! –
Au retour de l’infirmière, elle s’aperçoit de mon air triste. Elle m’informe donc de ce qui va se passer par la suite. Il va falloir me faire des greffes de peau sur les brûlures. Cette une nouvelle étape qui va être dure,
mais c’est pour ma guérison. Je lui demande si je vais être réopérée, et elle me répond que oui. Et que c’est
pour demain. Mais avant cela les médecins doivent faire le point sur mon état. Ils me disent comment ils
vont procéder. D’abord ôter le fixateur, puis ce que les fractures sont à nouveau consolider, à la suite de quoi
ils vont commencer les greffes. Prendre de la peau sur mes cuisses et la poser sur ma jambe, mais cela va
être très long, et se fera en plusieurs fois. Ils me rassurent qu’en même que ça se passera bien. Ils sortent, et
me revoilà seule dans ma chambre, sans pouvoir parler à quelqu’un, partager mon angoisse, mes peurs, et
sans pouvoir bouger. J’avais très envie de voire ma famille pour avoir un peu de réconfort, mais mes frères
et sœurs étaient à l’école, ou travaillaient pour certains, ou encore n’habitaient pas sur place. De plus les
visites étaient limitées, ils ne pouvaient pas tous se présenter en même temps, le nombre de personne dans la
chambre en même temps étaient aussi limité. J’étais dans mes pensées quand on frappe à la porte. J’étais
hyper contente, malgré ce que venaient de m’annoncer les médecins. Voire sa famille, donne un peu de
chaleur et de baume au cœur. Ils faisaient un roulement pour venir me voire, ça soulageait un peu mes
parents. C’était mes frères qui m’on bien fait rigoler avec leurs blagues, pendant un moment j’ai oublié le
futur douloureux qui m’attendait. Ils m’apportaient aussi des nouvelles de mon ami, car avant de venir me
voire, ils passaient d’abord par sa chambre. Cela me faisait plaisir, mais j’aurai temps voulu le voire aussi,
mais c’était toujours impossible et interdit. A la fin de la visite, je n’avais pas envie de voire partir mes
frères, je ne voulais pas que ce petit bonheur s’arrête. Je sus bien plus tard qu’ils étaient tout aussi peinés
que moi de me voire dans cet état, avec tout l’attirail, cloué à mon lit, ou je ne pouvais même pas m’asseoir.
Ils m’embrassent et sortent.
Après cette journée, qui me rendait bien heureuse la réalité revenait au galop la nuit tombait, et le traitement
progressait lentement.
Le lendemain matin l’infirmière fait sa ronde, frappe à la porte rentre et me dit je viens vous préparer pour
partir au bloc pour les premières greffes, je suis là comme une enfant qui ne peut rien faire juste subir une
étape de plus de douleur qui me fait très peur.
L’attente fut très longue et mon angoisse grandissait au fur et à mesure. Le brancardier arrive, entre dans la
chambre, me prend en charge, et nous voilà partie dans ce long dédale de couloirs qui étaient pour moi
l’espoir de la guérison. Mais comment mon corps allait il accepter toutes ses douleurs et souffrances ?
Une fois de plus, on m’installe sur cette table froide et dure pour me préparer à l’anesthésie, et d’un air
amicale toujours cette phrase dite d’un air agréable. « Vous allez dormir et on se voie tout à l’heure en salle
de repos et plus rien. » Ma vie leur appartenait pour une heure ou deux.
Les anesthésies se succédant sans cesse, j’avais de plus en plus de mal à les supporter. J’éprouvais de plus
en plus de difficulté à me réveiller, tout cela malgré les encouragements des infirmières en salle de réveille
qui vous répètent « réveiller vous êtes en salle de repos madame allez réveillez-vous » Sans doute je dois
réagir inconsciemment à leurs conseils, car elles me laissent me réveiller à mon rythme, mais certainement
en me surveillant étroitement. Car lorsqu’on subit des anesthésies à répétition, régulièrement, et de façon
très rapprochées, il devient chaque fois plus difficile et long de se réveiller. Parfois, lorsque je n’arrive plus
à lutter contre les drogues, elles m’aident en me tapotant le visage pour me faire réagir
Après de longues minutes de lutte avec moi-même, me voilà revenue dans ma chambre, bien réveillé. C’est
le moment ou je découvre les résultats des soins. J’ai des bandages partout sur les cuisses et jambes. Je
souffre énormément. L’infirmière passe me voire, et m’informe que tout c’est bien passé, qu’on va me
laisser tranquille pour la fin de la journée, on fera les soins le lendemain.
On ne peut jamais imaginer ce que souffre les gens dans ces moments là, il faut subir cette souffrance, et je
voulais qu’on me laisse tranquille pour que tout cela s’arrête, mais en même temps j’étais consciente que
c’était là, mon long chemin pour la guérison. Je me rendormais tranquillement, quand soudain on frappe à la
porte, et je vois entrer le chirurgien. Je le regarde étonné. Il me dit « voilà nous avons commencés à greffer
votre jambe, mais cela ne va pas être suffisant, il faudra recommencer à plusieurs reprises, mais comme le
feu à complètement endommagé votre jambe je vais devoir prendre de la peau sur l’arrière de vos cuisses, si
vous êtes d’accord «
Je lui dis que non. Prenez la peau ailleurs mais laissez-moi mes cuisses. Allongée sur mon lit, ne pouvant
pas bouger, je ne voulais pas souffrir encore plus. Mais en fait sa demande n’était que formelle, il me
rétorqua que de toute façon il ne pouvait faire autrement, et que les greffons repoussent très vite, mais que
je me rassure il ne fera ça que dans quelques jours, et avec un intervalle de quarante huit heures.
Quarante huit heures de tranquillité à la fois pour mon esprit et mon corps. Je ne serai pas, pour les heures à
venir, entre deux sommeils, l’esprit tournant au ralenti. Je pourrai apprécier les visites de ma famille.
En fin d’après-midi j’ai la visite de l’infirmière qui reprends le discourt du chirurgien en ajoutant « Vous
savez, votre jambe n’est pas bien jolie ! Il faut tout tenter pour vous la sauver, sinon cela risque de vous
entraîner vers une autre amputation . »
Rien que d’imaginer la chose, mon sang se glace dans mes veines. Je la regarde effrayée, et je lui rétorque.
« Mais je souffre tellement, pourquoi vouloir me faire des greffes, si c’est plus tard pour la couper. Cette
jambe, est vilaine, elle ne sert à rien »
L’infirmière me répond ;
« Mais ne dite pas ça, on va vous la sauver «
IV
- PETIT REPIT –
A nouveau seule dans ma chambre, le seul endroit de répit, de calme précaire, sortir de cette chambre était devenu pour moi synonyme de souffrances à venir. Je me retourne, et me mets à pleurer. La souffrance est
une chose, mais devoir affronter tant d’épreuves seule, et à dix huit ans à peine, c’était trop dur.
Avant de sortir l’infirmière me conseille de me reposer. Cela faisait déjà plusieurs mois que j’étais dans ce
lit que je ne pouvais quitter, je ne pouvais qu’essayer de m’y reposer, entre deux soins, atroces et épuisants.
Cette nuit passée fut assez bonne, elle m’avait redonnée quelques forces physiques et morales, et je savais
qu’aujourd’hui il n’y avait pas d’intervention chirurgicale, uniquement des soins. J’avais donc l’esprit
tranquille. C’est avec un grand plaisir que j’ai vu arriver mon petit déjeuner avec un bon café, qui m’a fait
un grand bien. C’était aussi un jour de visite de ma famille, j’allais pouvoir passer un bon moment avec eux,
en n’étant pas cette fois, à moitié endormie par les tranquillisants. Perdue dans mes pensées, je sursaute tout
d’un coup, le téléphone de ma chambre s’est mit à sonner. C’était ma sœur aînée qui habitait sur Paris, qui
comme chaque matin, elle venait prendre un peu de mes nouvelles et passer un petit moment avec moi. Elle
était restée sur Paris pour raisons professionnelles, car quatre ans auparavant elle c’était marier. Elle me fit
part qu’ils envisageaient de descendre sur Bordeaux pour me rendre visite. Cela me fit chaud au cœur. Ils se
tenaient informés de mon état de santé, et quand je ne pouvais pas leur répondre, ma sœur s’adressait
directement au service dont je dépendais. Mon beau frère, très proche dans cette période difficile,
m’envoyait régulièrement du courrier, c’était pour moi, à la fois un grand réconfort moral et un formidable
moment de détente.
On frappe à ma porte, comme par réflexe, je regarde l’heure.
Je sus que c’était ma mère qui allait entrée, elle arrivait par le train de dix heures, et elle devait repartir au
train de dix huit heures. Elle passait un jour sur deux.
J’étais heureuse de la voire, et malgré la fatigue qui se lisait sur son visage, elle ne se plaignait jamais, mais
je savais qu’intérieurement elle souffrait de me voire ainsi. Ce jour là, j’étais bien, je ne souffrais pas et je
pouvais profiter pleinement de sa visite. On parlait, on riait parfois. Ces quelques rares instants me faisaient
un immense bien moralement. Malgré tout, je ne pouvais pas totalement ôter l’idée de mon esprit que la dure
réalité allait vite me rattraper.
L’arrivée de l’infirmière dans ma chambre mi fin à ce court instant de bonheur et décontraction. Le docteur
voulant lui parler, elle demanda à ma mère de bien vouloir la suivre.
Avant de quitter la chambre, ma mère déposant un bisou sur la joue, me glissa quelques mots, en me disant
qu’elle allait revenir.
Déjà je retombais dans l’inquiétude, et l’instant de bonheur d’avant me semblait déjà loin, je n’eu pas la
force de lui répondre, je me contentai de lui faire un léger sourire, mais un sourire qui voulait en dire tant.
J’étais perdue dans mes pensées, quand je téléphone sonna. C’était ma sœur aînée, celle qui vivait à Paris.
Comme d’habitude elle venait prendre de mes nouvelles, et en même temps m’annoncer une nouvelle. Ils
allaient descendre en fin de semaine pour me rendre visite. J’étais contente, un instant mon moral était
remonté. J’en profitais pour lui dire que le docteur avait voulu voire maman, et que je ne savais encore
pourquoi, j’avais peur.
Avec ses mots, des mots choisis, elle su me réconforter. Elle trouva tout de suite la raison de cette entrevue.
Certainement pour faire un point santé ! Très vite elle détourna la conversation pour me parler de leur visite
le samedi qui suivait, qu’ils passeraient la journée avec moi. Je voulais déjà être à samedi.
A peine je raccroche le téléphone, que maman revient, et elle me fait part de sa discussion avec le docteur.
V
- AUTRE INQUIETUDE –
Cela faisait une bonne quarantaine d’anesthésies générale que je subissais, et les soins étaient bénéfiques, j’étais sur le chemin de la guérison, le calvaire allait peut être prendre fin. Hélas, les docteurs avaient
découvert une infection au niveau du tibia, et il fallait réopérer pour faire une greffe osseuse. Mais il y avait
un problème, un de plus. Il fallait me prendre un morceau d’os au niveau de la hanche pour ensuite le placer
au tibia. C’était urgent d’intervenir pour sauver le tibia qui me restait, car déjà l’infection c’était transformée
en ostéite et je risquais une autre amputation.
Le chirurgien avait prit la décision de me réopérer le début de la semaine prochaine, voilà pourquoi il voulait
parler avec maman.
A l’énoncé de tout ce qui allait encore m’arriver, j’eu envie de mourir, je n’en pouvais plus. Je trouvais toute
cette souffrance injuste. Pourquoi cette brave femme avait elle prise tant de risques pour me sauver de cette
carcasse en feu. N’aurait il pas été mieux de m’y laisser périr ?
Bien sur je n’ai rien dit à maman, pour elle et le reste de la famille, c’était dur aussi pour eux de me voire
ainsi, ils faisaient de leur mieux pour me le cacher, et me tenir le moral au plus haut pour me réconforter.
Mais moi, du haut de mes dix huit ans, j’étais le plus souvent seule, à faire face à toutes ces inquiétudes, ces
interrogations, ces souffrances.
L’heure du départ de maman approchait, c’était pour elle, et pour tous ceux de la famille qui me rendaient
visite, un moment très difficile, une vrai épreuve pour chacun. Eux, cachaient la peine qu’ils avaient de me
voire ainsi, et moi, de les voire partir et de me savoir seule face aux médecins et infirmières. Avant de
partir, maman m’embrasse et me dit qu’elle revient dans deux jours avec papa. Je lui fais un signe de la tête,
et lui demande de passer le bonjour au reste de la famille.
Après le départ de maman, me voilà à nouveau seule. En fait un peu moins qu’auparavant, car cela fait
maintenant plusieurs semaines, voire des mois que je suis ici, et bien des soignants me connaissent. On
s’appelle par le prénom, c’est presque devenu une seconde famille. Une famille d’adoption !
Marion, l’infirmière. Bien sur ce n’est pas le vrai prénom, mais pour respecter son anonymat dans ce récit je
l’appellerai ainsi. Marion, donc, entre dans la chambre. S’assoit au bord de mon lit, et me réconforte un peu.
Elle était une personne agréable, douce et gentille avec les patients, elle savait redonner un peu de moral
devant toutes ces épreuves.
Elle me dit que la décision de me réopérer avait été prise. Elle dit aussi que ma grande sœur de Paris avait
appeler pour prévenir qu’ils seraient de passage le samedi suivant. Alors pour me donner du courage, elle
me prépare à ma prochaine étape, qui était de m’enlever la sonde gastrique qui jusqu’à cet instant servait à
m’alimenter, que j’allais devoir essayer de prendre mes repas toute seule, bien sur, ça serai bien pour ma
famille de voire ce progrès ! Elle savait y faire ! Il était important que j’arrive à manger, sinon, elle remettait
la sonde en place.
Depuis le temps, bien que mon estomac avait considérablement rétréci, je fis la promesse que j’allai essayer,
sachant que ça allait être très dur. Sur cette promesse Marion quitte la chambre.
Peu après on m’apporte le repas. Rien que l’odeur de cuisine qui se répand dans ma chambre me soulève
l’estomac. L’épreuve va être très difficile. Je n’ai pas faim ! Il pose le plateau repas sur la table roulante, et
ressort.
Me voilà seule face à mon plateau. Comme deux boxeurs qui se jaugent avant le combat. Qui de nous deux
va gagner ? Pour le moment c’est le plateau qui mène le jeu. La devant moi, immobile, il semble me
narguer. Et moi plus je le regarde, plus j’ai du dégoût, je ne me sent pas bien du tout, du bout des doigts, je
repousse la table, et j’attends.
Au bout de quelques minutes, prenant mon courage, je tente de prendre une bouchée de viande.
Immédiatement, une grosse envie de rendre me prend. Je saisis la poire d’appel pour demander de l’aide,
mais presque en même temps, me voilà baignant dans mon renvoi, il y en a partout. Une toute petite
bouchée, et tant de dégâts, c’est impensable. Du coup, on décide de me laisser tranquille pour ce soir, on
réessayera demain. On va chercher de l’aide, me nettoie, change les draps, la totale quoi ! Et moi toute
désolé, honteuse du désordre que je viens de créer. Je leur demande la raison. On me répond, que j’ai perdu
l’habitude de m’alimenter et que mon estomac fonctionne en mode réduit. L’habitude va revenir, mais il faut
un peu de temps.
La dessus, on m’allume la télévision en me souhaitant bonne nuit, et quitte la chambre.
Seule dans ma chambre, toujours cette lumière rouge, je prends mon compagnon du moment, mon nounours
Teddy, celui qui ma accompagné dans toutes les épreuves passées, et qui me réconforte pour celle à venir
encore. Je le prends dans mes bras, en lui proposant de lui relire le courrier de mon beau frère. Quelques
lettres déjà, que j’avais reçues depuis mon hospitalisation. Elles étaient pour moi d’un grand réconfort, elles
me donnaient une impression de liberté, quand je les lisaient je pouvais m’évader, et j’oubliais pendant un
moment l’endroit ou j’étais. Ces simples morceaux de papier m’ont beaucoup aidé dans ces épreuves. Il me
tardait d’être à samedi pour les voire. Ils avaient que peu d’occasion de se libérer. Tout doucement la fatigue
s’empare de moi, et je sombre dans un bon sommeil réparateur.
VI
- UN MOMENT DE TENDRESSE -
Après une bonne nuit, sans souci, j’ai la visite des médecins accompagnés des infirmières. Tout un panel pour moi toute seule. Ils sont au courant de mon combat avec le plateau repas, et ils savent qui a gagné. Mais
ils n’en parlent pas tout de suite. Ils regardent mes pansements. Enfin, ils m’informent, que pour les repas,
ils vont me donner des produits mixés qui vont aider à me redonner le goût de manger tout doucement.
Que l’intervention est prévue pour mardi, qu’il faut changer mes pansements en surveillant l’infection, avec
une peu d’antibiotiques. Voilà ! La dessus, bonne journée, et ils sortent. Et moi comme tout patient, cloué
sur son lit, à la merci des médecins, je les écoute sans dire un mot.
Quelques instants plus tard, les infirmières entrent dans ma chambre pour me faire la toilette et les soins, je
savais que ça allait être un moment de souffrance.
Après les soins, hormis la douleur que je ressentais chaque fois, mes journées se déroulaient normalement, je
me recroquevillais au fond de mon lit pour essayer d’atténuer mes souffrances. Les heures et les journées
étaient très longues. J’attendais avec impatience une visite, histoire de voire quelqu’un. Autre chose qu’une
personne avec une blouse blanche, quelqu’un qui me parle d’autre chose que de soins, et d’opération. Je
cherchais aussi comment occuper mes journées. Mais que voulez vous faire, quand il ne vous reste qu’une
jambe et demie, que vous êtes cloué sur votre lit ? Alors le choix n’est pas immense ! Vais-je aujourd’hui
regarder la télé, ou bien lire ? Voilà le tour de la question est fait. C’était les seules choses que je pouvais
faire. Mais cette fois là je n’ai pas eu à prendre de décision. On frappe à ma porte. Je tourne le regard vers
elle, une fraction de seconde, en espérant voire une autre personne, qu’un personnel soignant.
Surprise ! Là dans l’encadrement de la porte, je vois devant moi, mon ami ( le conducteur ) assis dans un
fauteuil roulant, poussé par un aide soignant. Nos regards se croisent, cela faisait trois mois, depuis
l’accident, qu’on ne c’était pas revu. Comme des adolescents, nous étions heureux de se revoir. Il s’avance
doucement vers moi, il s’approche, et tout bas comme un enfant qui demande pardon après avoir fait une
bêtise, se sentant responsable, il me dit son regret de m’avoir emmené avec lui ce jour là.
D’une voix tremblante, chargée d’émotion, j’essaye de le consoler, le réconforter, et l’encourager pour
l’avenir qui nous attendait. Il nous restait encore beaucoup d’efforts à faire, énormément de courage à avoir
pour remarcher un jour.
On s’étreint très fort dans les bras l’un de l’autre, les larmes coulent sur nos joues. On savait que notre
avenir ensemble venait d’être compromit par cet accident, car nous allions chacun de notre coté êtes pris en
charge par le monde hospitalier qui n’avait qu’un but nous aider à nous remettre « sur pied », et cela laissait
peu de place aux amours. Après ce petit instant de tendresse, il m’informa qu’il allait bientôt quitter
l’hôpital, il était transférer à La tour de Gassie, centre de rééducation de Bordeaux. Tout en sachant que pour
moi le chemin sera encore long, j’étais contente pour lui. Et qui sait si je guérissais assez vite, peut être
aurions nous la chance de se retrouver la bas.
La dessus l’aide soignant décide de le ramener dans sa chambre, tout en me promettant une autre visite plus
tard.
Une fois de plus je devais prendre sur moi pour supporter une nouvelle séparation.
Dans une chambre d’hôpital, vous pouvez rester des heures sans voir personne, ou alors c’est un aller et
venu permanent. A peine à t-il quitter la chambre que voilà Marion qui apparaît. J’étais contente de la voire.
Elle prenait son service, et venait voir si j’avais pu manger un peu. Oui, j’avais essayé, mais j’avais mal au
ventre. C’était normal, il fallait que je reprenne l’habitude.
Elle sort un cours instant et reviens avec une compote de pomme. Elle me demande d’essayer de manger.
Elle reste près de moi. Pour m’encourager, elle me rappelle la visite attendue de ma sœur de Paris et du beau
frère. Si je réussi à avaler la compote, je pourrai manger avec eux le lendemain. Elle ouvre le pot, me met
une cuillérée dans la bouche, comme on fait pour les bébés. Une bonne sensation de frais envahie ma
bouche, et comme je n’avais pas à mastiquer, se n’était pas écoeurant. Elle m’encouragea à finir le pot toute
seule, allume la télé, et me quitte pour allez voire les autres patients.
Je termine ma compote sans mal, aucune nausée.
VII
- PREPARATION PARTICULIERE -
J’attends avec impatience le lendemain pour la visite de ma sœur et du beau frère. Les occasions de les voire étaient assez rare. Je compte le temps, encore une nuit à passer, peut être seront-ils là au petit déjeuner,
avec moi pour une journée entière. Quand on passe son temps seule dans sa chambre, une visite est très
appréciée.
Je recevais de la part de mon beau frère énormément de soutien moral. Il savait trouver les mots pour me
donner du courage. Il me donnait du tonus avant chaque interventions chirurgicales, car malheureusement je
n’en était pas encore à la dernière. Il était mon confident pour les moments de souffrance.
Il a occupé une place importante pendant cette dure épreuve.
On frappe à ma porte, c’était Marion qui revenait, pour voire ou j’en étais avec ma compote. En voyant le
pot vide elle s’écria « super ! Tu as enfin mangée ! Pour ce soir je demande qu’on te prépare un repas mixé
« et pour continuer à me stimuler, elle ajoute » n’oublie pas que ta sœur vient demain, il faut que tu sois au
top !
- Et puis demain matin nous allons t’emmener prendre une douche.
Je lui réponds,
- je veux bien, mais je n’ose plus bouger de mon lit de peur de trop souffrir.
- Ne t’inquiète pas, on te donnera des calmants qui te permettront de bouger sans souffrir.
Sur ce, elle quitte la chambre. Je prends mon Teddy dans mes bras, je le blotti très fort contre moi. Je me
retourne, et j’essaie de me concentrer sur des pensées qui me donneront l’envie de me battre encore, et
encore.
Des bruit de chariot dans le couloir, c’est l’heure du repas. On me dépose mon plateau. Une assiette remplie
d’une espèce de purée, sans couleur, sans odeur, tout est mixé et ce n’est pas très appétissant. Je me stimule
un peu pour manger, car sinon demain je serai « branchée » avec la perfusion, et rien que dit penser, ça ne
me disait pas plus que ça.
La première cuillère dans ma bouche, j’ai du mal à avaler, alors j’aide en buvant un verre d’eau, ce que je
faisais déjà quand j’étais môme et que je n’aimais pas ce qu’il y avait dans mon assiette. Bien entendu je ne
termine pas mon repas, mais je pense avoir fait un effort, et je verrai bien si j’aurai faim demain.
Le téléphone sonna, c’était ma sœur qui me confirmait son arrivée le lendemain samedi. J’étais super
contente, je n’avais plus qu’une nuit à passer avant sa visite. La joie m’envahie, la gorge me serre. Elle
m’encourage, et en raccrochant elle me souhaite une bonne nuit. Je prends Teddy, le serre contre moi, et je
m’endort.
Comme dans tous les hôpitaux, on reconnaît l’heure du petit déjeuner, ou du repas, avec les bruits
caractéristiques de la distribution. Les portes qui s’ouvrent, le chariot à plateaux qui fait un bruit particulier,
les « bonjour », « bon appétit », et puis les odeurs. Le matin surtout, moi c’est l’odeur du bon café qui
m’éveille.
Ce week-end, Marion était de garde, elle frappe et entre dans ma chambre. De suite elle me dit « prête pour
la douche ! » Je lui fais signe oui de la tête, mais avec une certaine stupeur, que Marion devine tout de suite.
Elle me rassure et va cherchez sa collègue. Elles reviennent avec un brancard, car il fallait ça pour me
transporter et m’emmener à l’autre bout du service. Malgré l’angoisse cela me faisait du bien de quitter ma
chambre pour quelques minutes. Ont arrivent dans la salle de bain, la jambe dans une protection étanche,
elles me glissent dans l’eau et commencent la toilette. Marion me demanda comment je me sentais. Tout
allait très bien. Elle dit ;
« Aujourd’hui, c’est une journée spéciale, pour toi, il faut que tu sois bien, on va te laver les cheveux et te
coiffer »
La toilette terminée, elles me ramènent à ma chambre, me remettent au lit, en position allongée, car ma
jambe gauche devait rester à plat. Et l’attente va commencer. Je ne savais pas à qu’elle heure ils devaient
arriver. J’étais impatiente de les voire. Alors pour tenter de faire passer le temps plus vite, je regarde la télé
ou il y avait des dessins animés, en serrant Teddy dans mes bras. Je regardais sans voire en fait, mon esprit
était ailleurs.
Me sortant des mes pensées, Marion entre dans la chambre, et me dit
« tu ne sais pas ! Je t’amène de la visite «
VIII
- LA VISITE -
L’émotion fut trop forte, pas besoin de me dire qui était là. Depuis le temps que j’attendais. Je ne pu retenir mes larmes. Voyant ma réaction, Marion rajouta ;
« non ne pleure pas, ta sœur et ton beau frère son là, ils attendent dans le couloir, je vais les chercher »
Elle quitte la chambre, mais pas sans m’avoir fait un dernier rappel, sur le fait que je devais manger mon
déjeuner.
Le moment ou ils entrent dans ma chambre restera pour moi, un instant inoubliable, gravé à jamais dans ma
mémoire. Ma sœur se jette sur moi, me prends dans ses bras, me serre très fort. J’en fais de même, et bien
sur, nous vidons toutes les larmes de notre corps, ou en tout cas, une grosse partie. A cette époque, le beau
frère était surnommé « l’ours » par ceux qui ne le connaissaient pas complètement, tellement il pouvait
paraître distant avec les gens, je sais maintenant, que c’était pour lui un moyen de se protéger des autres,
mais lorsqu’on perçait cette protection, on pouvait l’apprécier à sa juste valeur. Il se tendait donc un peu en
retrait, et pour mettre fin à nos effusions avec ma sœur il dit ;
« Bon vous allez pas pleurer toute la matinée ! »
Il se penche vers moi et m’embrasse.
Ils avaient roulés de nuit pour être là assez tôt, pour passer un maximum de temps avec moi. Je voyais bien
la fatigue sur leurs visages, mais ils eurent la délicatesse de ne rien laisser paraître. On discuta de choses et
d’autres, de tout et de rien, avec toujours des mots pour me faire rire, et me faire oublier que j’étais sur un lit
d’hôpital. J’étais très heureuse de les voire, et cela me faisait un bien fou.
La matinée passe agréablement on discute de tout et on rit surtout. Un pur moment de détente. L’heure du
repas approche, Claudine, ma sœur, se propose d’aller se chercher un repas de façon à manger tous les trois
ensemble. Avec un sourire je lui signifie mon accord, mais tout en pensant que ça va être encore un moment
difficile pour moi, car j’ai toujours autant de mal à manger normalement. En attendant, on m’apporte mon
plateau repas. Un coup d’œil rapide, et déjà ça ne me paraît pas terrible, pas beaucoup d’envie à manger ce
qui se présente devant moi. Je gagne du temps en attendant le retour de Claudine et Patrick mon beau frère.
Les voilà de retour, l’épreuve va commencer. De suite Patrick avec sa façon à lui, tout en douceur,
commence à m’inciter à manger. Dès la première cuillérée en bouche, je ne peux pas l’avaler, j’ai des hauts
de cœur, c’est tellement fort que j’en ai les larmes qui montent aux yeux, et Claudine prévenante, toujours
prête à aider, qui voit ma peine à avaler, sent bien qu’il risque d’y avoir des dégâts sous peu, me conseille de
boire un verre d’eau et de laisser le repas. Patrick s’approche de moi, calmement, il me demande qu’est ce
qu’il me ferai plaisir. Je ne sais pas quoi lui répondre, étant donné que je n’ai plus goût à rien, rien ne me
faisait envie.
Claudine sort de la chambre, un instant après elle revient avec une coupe de salade de fruit. Claudine, c’est
ma sœur aînée, et les aléas de la vie, ont fais que très tôt et très jeune, elle s’est retrouvée à faire face à des
responsabilités d’adulte, donc il lui en faut un peu plus pour la déstabilisé. Elle était allée voire Marion pour
lui demander cette salade de fruit. Avec Patrick ils essayent de me la faire manger.
La fraîcheur et le goût sucré me sont agréable et, cueillere après cueillere, avec la motivation que me
chuchote à l’oreille Patrick, toute la salade y passe. Je dois dire, que Patrick savait très bien s’y prendre pour
trouver les mots, pour me motiver, ou bien pour me redonner du courage dans toutes circonstances. A la fin
de ce petit repas, ils me proposent un café. A ce moment, d’être là avec eux deux, buvant un café était un
instant simple, mais pour moi un grand moment de bonheur, et pour rien au monde je n’aurai voulu qu’il se
termine. En leur compagnie, tout s’apaise, bien des choses me paraissent plus simple, ils m’aident,
m’encouragent à surmonter mes épreuves. Ils sont en osmose. Claudine, elle c’est l’action, je peux lui
demander quelque chose ; un service, elle fera tout pour me le rendre, et si elle ne peut pas, elle s’arrangera
pour trouver quelqu’un, même si elle n’est pas physiquement présente, quelqu’un pour me le rendre. Patrick,
lui, c’est les mots, il sait dire les mots qu’il faut pour m’encourager, me réconforter. Sa différence ! C’est
qu’il a sa façon de dire les choses, il sait m’encourager, sans que ça soit avec une pitié affichée. Il est
sincère, mais direct aussi, il parle vrai, sans tourner autour du pot.
Depuis quelques temps déjà, j’avais envie de raconter mon histoire, mais je ne savais pas trop comment faire
et comment m’y prendre, alors une fois de plus il y est allé de ses conseils. Aujourd’hui, je lui envois mon
récit, il travaille dessus, trouve les mots qu’il faut pour décrire parfaitement mon ressenti de ces moments
difficiles, et me renvoi le résultat pour que je le valide.
A cet instant, ils ne se rendent pas compte du bien qu’ils me font, sans rien attendre en retour, ils donnent, ils
donnent.
C’est pour ça que je les aime.
Marion passe dans la chambre, elle vient me dire au revoir, son service est terminé. Elle me prévient que je
ne la revois que le lendemain soir. Claudine en profite pour suivre Marion afin d’obtenir un peu plus de
renseignements sur mes soins futurs et notamment sur l’intervention du mardi prochain. Pendant ce temps
nous discutons avec Patrick, disons qu’il m’occupe plutôt l’esprit en me faisant parler.
Claudine revient, et me fait part du compte rendu de son entretien avec Marion.
Mardi matin, je vais être réopérée de ma jambe gauche, ils me feront un curetage et ensuite je serai replâtrée.
« Tu sais pourquoi, me demande t-elle ?
« Oui et non, que je lui réponds «
Elle m’explique que suite à l’infection que j’ai au tibia, la fracture c’est mal consolidée. Les médecins vont
nettoyer, faire une greffe d’os et plâtrer pour que la jambe reste bien droite.
En l’écoutant parler, un désespoir immense me rempli, j’avais l’impression de tout reprendre à zéro. Alors
les larmes se sont misent à couler à flot. Claudine me prend dans ses bras et tente de me réconforter un peu.
Bien qu’ils soient à des centaines de kilomètres de là, elle m’assure qu’ils seront là pour m’aider à faire face
à cette nouvelle épreuve. Patrick, confirme, et dans son habitude, avar de mots inutiles, il ajoute simplement
« on est là, essuie tes larmes ». Ces quelques mots, très brefs, ne sont vraiment pas grand-chose, mais
venant de sa part, ils ont toute leur importance, c’est pour lui une façon de s’engager, et je pourrai compter
sur eux.
C’est l’heure du goûter, on me sert une compote et un café. Patrick attrape la compote et me la fais manger
sans aucun soucis, ça passe tout seul, et puis il demande à Claudine, d’aller leur chercher un café, après tout
il n’y avait pas de raison qu’ils ne m’accompagne pas ! Ca détend un peu l’atmosphère et on rigole.
Mais plus le temps passait, et plus je voyais le moment de leur départ approcher. Je ne le montrais pas, en
tout cas, ils ne disaient rien, mais je redoutais cet instant tellement j’étais bien avec eux. Comme à chaque
fois, on aimerait que ces instants ne s’arrête jamais. Mais hélas, le temps passe inexorablement, et le
moment cruciale arrive. Vingt heure, leur de la séparation a sonnée, ils doivent repartir et reprendre le
chemin du retour. De longues heures à passer sur la route. Une tendre étreinte avec chacun d’eux, les yeux
mouillés de chacun, et ils quittent la chambre. Voilà un pur moment de bonheur qui se termine.
A ce moment, sans eux, ma chambre me paraît être encore plus grande, je me sens toute petite, vulnérable,
inquiète, bref je me sens seule, mais pour m’aider à combattre cette instant désespoir, je garde au fond de
moi l’espérance de pouvoir un jour marcher auprès d’eux.
IX
- NOUVELLE OPERATION -
Le bruit des chariots dans le couloir me ramène à la réalité, et je savais que Marion allait reprendre son service, une petite lumière d’espoir dans ce long tunnel sombre.
J’avais un sentiment bizarre, malgré la tristesse du départ de Claudine et Patrick, leur visite m’avait fait un
bien tel, que j’étais dans un état d’esprit tranquille, léger, détendu. Ca faisait longtemps que je n’avais pas
ressenti cela. Le soir venu, je regardais la télévision, avec Teddy, et je me laissais partir doucement dans un
bon sommeil réparateur, comme on dit.
Dimanche matin, je viens de passer une très bonne nuit, et je me sens bien. Je repense à la journée d’hier
avec Patrick et Claudine. On frappe à la porte, c’est le petit déjeuner. Noyée dans mes pensées, je bois mon
café, et j’évite d’imaginer la suite de la journée, qui sera comme toutes les autres, c'est-à-dire, infernale, avec
la série de soins et de toilettes.
Subitement je ressenti des douleurs très violentes au niveau de l’amputation, une sensation bizarre, on aurai
dit que j’avais toujours mon pied qui me grattait, je ne comprenais plus, je savais bien que je n’avais plus de
pied, mais mon cerveau lui m’envoyais un message qui disait le contraire. J’appelle l’infirmière, à son
arrivée je lui explique mon doute. Elle me répond, que tout est normal, et que je vais avoir des douleurs
pendant longtemps, c’est ce qui s’appelle des douleurs fantômes. Fantômes peut être, mais bizarre sûrement,
et la douleur n’est pas fantômes, elle.
Elle m’explique le mécanisme. Lors d’une amputation, les commandes existent toujours au niveau du
cerveau, et les douleurs sont à l’origine de la réaction du cerveau. Elle demandera au docteur de ma prescrire
des médicaments pour faire disparaître ses douleurs. J’étais rassurée avec ses explications, mais il y a quand
même un effet bizarre, lorsque ça gratte « le pied « et que vous grattez le drap !
Lundi soir c’est diète pour préparer à l’opération du lendemain, l’aide soignant me prévient qu’on viendra
me chercher à 8h30. Peu à près, comme à la veille de chaque intervention, Marion, me rend visite,
m’explique le déroulement, tente de me rassurer, et me dit que de toute façon elle sera présente à mon
réveille.
Le lendemain, à 7h00 on vient me préparer, je me réveille à peine. L’odeur du café chaud pour le petit
déjeuner, commençait à me chatouiller les narines. Toilette à la bétadine, petite chemise pour le bloc
opératoire et le cachet pour détendre. Marion me donne ses derniers conseils afin d’avoir un réveil moins
agité. Je n’ai pas le temps de trop m’inquiéter, que peu de temps après on vient me chercher. Question
habituelle, mais un peu inutile, on me demande si je suis prête ! Je n’ai pas tellement le choix, et à moins de
m’enfuir en courant, ce qui me serai bien difficile dans mon état, je ne puis être qu’à leur merci. Nous voilà
partis dans ce dédale de couloirs infernal, ça n’en fini pas, le brancardier tente bien de me détendre en me
parlant, mais cette fois je suis encore plus inquiète que d’habitude, et j’ai l’impression que mes poumons
vont exploser. Enfin on arrive, on me transfert sur la table d’opération qui est toujours aussi froide. Me voilà
entre les mains du chirurgien. Il me dit à tout à l’heure, et quelques seconde après je ne suis plus là.
Après quelques heures je reviens à moi, dans la salle de réveille, ou je suis toute seule. En un instant avec le
peu de lucidité que j’ai, je suis prise de panique, un tuyau se trouve devant ma bouche, et m’empêche de
crier. Je me demande ce qu’il m’arrive. Une infirmière accoure et m’explique, que mon réveille était agité,
et que je manquais d’oxygène. Maintenant que je suis réveillée, il devrait me l’enlever.
Peu après je ressens comme une certaine lourdeur à ma cuisse, je baisse les yeux en direction de celle-ci, et
la je vois que toute ma jambe gauche est plâtrée, il restait juste une petite « fenêtre » sur le dessus pour
pouvoir faire les soins de ma greffe osseuse. L’infirmière revient me voire, me propose un peu à boire, me
« débranche », et prépare mon retour en chambre. J’étais assez contente de quitter ce lieu, et de me retrouver
en chambre.
De retour dans le service je me rassure un peu, instinctivement, j’associe la chambre, à un répit sur la
douleur. Voilà Marion qui entre dans la chambre, elle regarde ma jambe, et dit : « Voilà c’est fait !
Maintenant il faut attendre que la greffe prenne, nous allons faire ce qu’il faut pour que tu ne souffres pas
trop, mais surtout laisse bien ta jambe à plat, sinon tu risques des points d’appui au niveau de la cuisse ».
Tout cela c’est dans mon intérêt, mais voilà bien encore une position contraignante à tenir.
Après quelques semaines, le greffon a pris, cela me rassure, mais il y a encore le plâtre à enlever, et ça c’est
pas pour tout de suite.
X
- UNE LUEUR D’ESPOIR -
Comme je souffre un peu moins, j’ai demandé à maman qu’elle m’apporte de quoi faire du crochet, et un peu de lecture, histoire d’aider à passer le temps. Avec le temps, le crochet est devenu une passion, et grâce
à cela les heures passaient plus vite. J’étais justement en train de faire du crochet, quand le téléphone se mit
à sonner. C’était Claudine qui malgré la distance venait souvent prendre de mes nouvelles, et en même
temps me faire passer un agréable moment de discussion. Ca me faisait toujours autant plaisir. Grâce à ces
moments là, je pouvais m’évader un peu du monde hospitalier. Après un long moment de parlotte de tout et
de rien elle raccroche, et le bruit des chariots dans le couloir me ramène vite à la réalité. C’est l’heure du
repas. Le face à face avec le plateau repas est toujours un peu difficile, et c’est du bout des lèvres que je
tente d’en avaler un peu.
Marion réapparaît, qui passe me dire au revoir, elle a terminée son service. J’en profite pour lui demander
des nouvelles de mon ami. Elle me réponds qu’il est toujours là, mais que son départ pour la Tour de Gassie
est prévu pour la fin de semaine. Cette nouvelle me fit fondre en larmes, je savais que son séjour allait
bientôt se terminer, mais c’était pour lui la prochaine étape pour pouvoir remarcher un jour. Même si on ne
c’était pas beaucoup vu pendant tout ce temps, de le savoir là à coté je me sentais un peu moins seule.
Quelques jours plus tard, le docteur et une infirmière viennent faire le point sur l’avancement de mon
intervention qui depuis quelques temps était devenue moins douloureuse. Mais j’avais cette désagréable
impression de ne pas avancer vers la guérison , la fin de ce calvaire. Du coup, le moral n’étais au plus haut,
et je ne souhaitais qu’une chose, que tout cela s’arrête.
Le docteur décide que la rééducation devait commencer, elle se ferai au lit ! Sur cette décision ils quittent la
chambre. Une fois de plus, je retombe brutalement seule, dans le silence de cette chambre, avec ses mots qui
résonnent encore dans ma tête. Je ne compte plus toutes ces fois ou j’ai eu ressenti cette sensation.
Dès le lundi matin, un kiné entre dans la chambre, et commence à m’expliquer ce qu’il va faire pour
préparer mon moignon à supporter le port d’une prothèse, car que cela n’allait pas se faire rapidement, étant
donné que je ne pouvais toujours pas me tenir debout, à cause du plâtre à l’autre jambe. L’arriver dans le
service me rassure, pensant que j’allais être tranquille !!! Marion rentre dans ma chambre regarde ma jambe
et me dit ben voilà c’est fait !!! Maintenant il faut attendre que la greffe prenne nous allons te mettre a l’aise
pour que tu ne souffre pas et surtout laisse ta jambe bien à plat sinon tu risques de faire des points d’appui au
niveau de la cuisse. Après quelques semaines écoulées le greffon a pris, cela me rassure mais maintenant il
faut attendre que l’on enlève le plâtre et ça va être plus long.
Après quelques semaines de kiné et d’immobilisation, je me demandais si j’aurai un jour la chance de
pouvoir rentrer à la maison, ne serai ce que le temps d’un week-end. J’attendais justement l’arrivée du kiné
pour lui poser la question. La réponse ne fut pas celle que j’espérais, un refus catégorique. Ma déception une
fois de plus fut grande. J’étais cloîtrée dans cette chambre, je ne pouvais pas non plus me déplacer en
fauteuil roulant. Je devais rester enfermée et laisser le temps passer. Même si c’était pour mon bien, pour ma
santé, car se confinement, c’était surtout pour limiter le risque d’attraper des microbes qui aggraveraient
mon cas. Dans ces moments là, les minutes paraissent des jours entiers. On se perd dans des pensées, plus ou
moins saines, et puis on regarde à nouveau la montre, pour constater que les aiguilles ont à peine bougées.
C’est une fois de plus le téléphone qui me tire des mes vagabondages d’esprit. C’était ma mère qui
m’annonçait sa prochaine visite avec mon frère Jean Luc et sa femme Martine. Cela me relance le moral, du
coup me voilà avec un petit objectif, attendre leur visite. Que deviennent les gens qui sont seules dans les
hôpitaux, et qui doivent surmonter des moments difficiles comme les miens. Bien sur il y a le personnel
hospitalier, et si beaucoup sont complaisants il ne peuvent pas être disponibles pour tout le monde.
Comme à son habitude, Marion fait son apparition dans la chambre. A chaque prise de service elle venait me
saluer. Cette fois elle m’apportait une bonne nouvelle. Trois mois de plâtre, et il était question de me
l’enlever. Mais j’étais entre soulagement, et méfiance, il fallait qu’en même attendre confirmation le
lendemain, après la visite du chirurgien et du kiné. Malgré tout, je pensais qu’en même que j’étais en
progression, et l’étape suivante était le départ en centre de rééducation.
Marion, avant de sortir de la chambre me dit d’une voie douce, et toujours dans le but de me laisser de
l’espoir ;
« je te promets que tu remarcheras, mais cela va être long, et il va te falloir beaucoup de courage, une grande
force de caractère, mais tu auras des moments difficiles et douloureux »
La routine quoi !
XI
- ON LIBERE MA JAMBE GREFFEE –
Le lendemain matin, après le petit déjeune, le brancardier vient me chercher pour m’emmener en salle de plâtre.
J’étais ravie mais inquiète, depuis le temps que je portais ce plâtre ,j’avais un peut peur de ce que j’allais
voir. C’était la jambe qui avait été greffée, donc le résultat risquait d’être surprenant
J’arrive dans la salle fatidique. On m’installe. On m’annonce le programme. Enlever le plâtre, passer des
radios de contrôle, et ensuite on attend la visite du chirurgien qui décidera de la suite des événements.
Comme d’habitude, j’écoute, et j’obéis, quoi faire d’autre, après tout on est entre leur main !
Ils commencent. Ils attaquent le plâtre .Le bruit de la scie me fait froid dans le dos. Je suis choquée par
l’odeur de pourrie qui mont de ma jambe. Pendant ils travaillaient, des tas de questions tournaient dans ma
tête, et entre autres, était ce bien utile toute cette peine pour essayer de sauver cette jambe qui ressemblait à
une patte de cheval, maigre, vilaine et pleine de cicatrices d’un rouge vif.
Une fois le plâtre totalement enlevé, je tente un regard de curiosité vers ma jambe. Quand je vois l’état dans
lequel elle est, je m’évanoui. Ce sont les tapotements et les appels de l’aide soignant qui me ramène à la
réalité.
Ayant récupéré mes esprits, om m’emmène passer les radios. Ca, c’était pour moi la routine. Je crois
qu’avec toutes les radios que j’ai passées depuis des mois, il y aurai de quoi faire un puzzle . Ce qui me
stressait le plus, c’était d’entendre la conclusion. La peur de repartir pour des semaines encore, d’opérations,
de guérison.
Le brancardier qui m’avait amené, me prévient qu’il me laisse, et qu’il reviendra me chercher un peu plus
tard.
« Ok, je ne vais pas allé bien loin toute seule » lui répondis-je en souriant.
Pendant qu’on me radiographiait la jambe, je repartais dans mes pensées.
Comment était ce possible de remarcher un jour, à voir dans l’état ou j’étais, ça me paraissait bien difficile à
imaginer. Je réalisais qu’il y avait encore beaucoup de temps à passer dans le monde hospitalier, que ma
sortie n’était pas encore pour demain, et que j’allais encore devoir me battre contre tant de douleur.
Ce moment d’inquiétude et d’interrogation passé, on me ramène dans ma chambre et on me réinstalle sur
mon lit.
« L’infirmière va passer » me prévient on.
Mais Marion, n’étant pas de service, aujourd’hui, cela me dérangeais un peu, car je n’allais pas avoir mon
compte rendu comme d’habitude.
XII
•••• NOUVELLE COMPLICATION -
En attendant la visite de l’infirmière, immobile sur mon lit, je regarde cette jambe qui me fait peur. Tout à coup c’est la mélancolie mélangée à la tristesse qui m’envahie. Je me renvois, faisant de l’athlétisme avec
ma sœur Patricia, j’aimais beaucoup cela, et maintenant ou en suis-je ?
On frappe à la porte et de suite l’infirmière entre, elle me surprend dans mes pensées, avec quelques larmes
aux coins des yeux. Elle s’approche et me dit :
« Qu’est ce qu’il vous arrive , vous avez mal ? »
Je lui répond qu’une fois le plus le moral me faisait défaut. Dans ce genre de moment on ne peut pas se
permettre de regarder en arrière, sinon voilà ce qui arrive. On est obligé de se contenter de l’instant présent
et des résultats qu’on obtient grâce à nos efforts. C’est tout à fait le genre d’attitude que Patrick me
demandait d’avoir. Les paroles de soutient, de compassion sont gentilles, mais il reste qu’en même une
grande part de travail à faire pour surmonter toutes les difficultés, les souffrances, et ça, il me l’avait très
bien fait comprendre.
L’infirmière, ajoute, aussi gentiment que possible, qu’il faut du temps, et que c’est en bonne voie, qu’il faut
attendre la visite du chirurgien pour être mieux fixé. Pour le moment, elle allait me faire le nettoyage de la
jambe, m’amener le repas, et ensuite je pourrai me reposer. Elle ajoute que samedi, j’avais la visite de la
famille, et de me voire sans plâtre ça devrait faire plaisir à tout le monde.
Elle commence donc les soins. J’essaye de penser à autre chose, quand tout à coup une violente douleur dans
le tibia me secoue.
Sur le regard intergateur de l’infirmière, je lui dis :
« J’ai mal »
« Comment est la douleur, violente avec des lancements ? », me demande t-elle.
Je lui réponds oui de la tête. Elle paraît surprise par ma réponse, et quitte brusquement la chambre sans dire
un mot.
Surprise, je reste quelques secondes un peu béat. En attendant, je soulève le drap, et ce que je vois ne me
réjouis pas du tout. Il y a un écoulement au niveau de la greffe osseuse. De suite j’imagine encore une tonne
de complication, associée bien sur aux douleurs qui vont avec.
L’infirmière réapparaît. Elle dit devoir faire un pansement, en attendant de voir avec le docteur dans la
soirée. Ce sont des choses qui peuvent arrivées à la suite d’un plâtrage !!!
J’avais hâte de voir Marion, en qui j’avais une entière confiance, et de son coté elle ne me cachait rien.
J’étais parfaitement tenu au courant de tout ce que je subissais. J’avais aussi peur que cette nouvelle
complication, proche du week-end, m’empêche de recevoir la visite de ma famille. Le moral en prenait
encore un petit coup.
Après plusieurs heures, le docteur passe, et le verdict tombe. J’avais attraper un staphylocoque, une infection
qu’on attrape en milieu hospitalier. A nouveau le traitement classique, antibiotique, et pansement, et du coup
le départ pour la rééducation à La Tour de Gassie est reporté.
XIII
- BIENTOT LA REEDUCATION -
En attendant que l’infection guérisse, je continue les séances de kiné, pour préparer le moignon à recevoir la futur prothèse. Prothèse, qui d’ailleurs je ne sais pas encore à quoi elle ressemble. Les journées, n’en
finissent pas, et j’ai de plus en plus hâte de quitter cette chambre.
La famille est venue me rendre visite, j’étais hyper contente, il y avait mes parents, jean-luc et martine. Nous
avons passés une très bonne journée, tout le monde avait la « pêche ». Pendant que Martine part chercher du
café à la cafétéria, parce qu’il était bien sur hors de question que je sorte de la chambre, Jean-luc est resté
avec moi. Nous avons bien parlés, bien rit aussi, un autre moment inoubliable.
Avec le recul, tous ceux qui m’on suivi dans cette terrible épreuve, ont eux aussi fait preuve de caractère.
Jamais devant moi, ils n’ont montrés leur désarroi, leur peine, leur crainte aussi certainement. Au contraire,
ils avaient toujours un mot gentil, ou bien des mots pour m’encourager dans la nouvelle épreuve qui était
programmée. En tout cas je ne les ai jamais vu pleurer, ils ont toujours tout fait pour me faire avancer.
JE LEUR DOIS UN GRAND MERCI.
Comme toutes ces bonnes journées, elles passent trop vite, et l’heure de la séparation est toujours aussi
difficile. Le bisou du au revoir, et on se retourne deux à trois fois sur les deux mètres qui séparent mon lit
de la porte, et tout à coup, plus personne. Le calme reprend possession de la chambre, comme si il n’avait
jamais eu personne.
Je me retourne dans mon lit en essayant de ne pas sombrer dans de profond sanglots.
Le lendemain matin, Marion passe pour me faire les soins et en même temps pour me les expliquer. C’est ce
que j’aimais chez elle, jamais rien sans explication. Par la même occasion elle m’annonce une bonne
nouvelle, on allait commencer à m’asseoir sur le fauteuil. Voilà une énorme avancée dans ma guérison. Par
la suite pouvoir manger assise, me paraissait génial. De passer de la position coucher à assise, donnait
quelques étourdissements, mais Marion, me dit que c’était normal, et que nous progresserions lentement.
Quelques jours passent, et je m’enhardi un peu, un matin j’ai l’envie de me « lever » toute seule. Grosse
bêtise, il ne m’a pas fallu longtemps pour me retrouver par terre, étalé de tout mon long. Le souci de
l’amputation, est que le cerveau fonctionne toujours comme si le membre était encore là.
Très vite Marion, est arrivée, m’a bien crié dessus, me prévenant que cela pouvait être très dangereux de
faire seule ce genre de tentative.
Quelques semaines plus tard, les antibiotiques, les soins ont eu raison de l’infection, et pendant sa visite, le
chirurgien me dit que je vais pouvoir partir pour le centre de rééducation. Voilà une autre bonne nouvelle, le
bout du tunnel apparaissait il enfin ! Mais quelles nouvelles épreuves j’allais devoir affronter !
XIV
- LA TOUR DE GASSIE -
Après le départ du chirurgien, des tas de questions, d’angoisses, se bousculaient dans ma jeune tête de dix huit ans. Quel était ce nouvel univers que j’allais découvrir, quelles dures épreuves m’attendaient, quels
efforts allais je devoir encore fournir, combien de temps cela allait il durer ? Des dizaines de questions qui
restaient sans réponses.
L’arrivée du repas, me sort de ce tourbillon de réflexion abrutissant. J’étais assise dans le fauteuil, et la
position devenait inconfortable car j’avais le moignon qui portait dans le vide, et du coup ça me déclanchait
des douleurs fantômes. Je demande donc à l’aide soignant de bien vouloir me mettre au lit.
« il faut rester assise, me répond il » et il part.
Qu’importe, je le laisse partir, et je sonne l’infirmière. Mon infirmière préférée, Marion, arrive. Elle m’aide
à me mettre au lit, sans aucun problème. Voilà pourquoi, je ne voulais pas non plus trop quitter l’hôpital, je
commençait à prendre mes habitudes, je connaissais les soignants. Quant à Marion, je lui dois beaucoup, elle
m’a énormément soutenue dans les moments les plus durs.
Les semaines passent, la guérison progresse, et bien sur le départ approche.
Un jour Marion m’annonce que le départ est prévu pour le lundi prochain. Me voilà partagé entre la joie, car
doucement je me dirige vers la fin du tunnel, mais aussi la tristesse de quitter l’hôpital, après quatre mois de
soins intensifs à côtoyer différentes gens toutes aussi sympathiques les uns que les autres.
Pendant que je partais en ambulance au centre de rééducation, La Tour de Gassie, ma famille déménageais
mes affaires dans la chambre d’hôpital.
A mon arrivée, avant d’entrer, je détail l’extérieure. C était un vieux château, avec un jardin ou il y avait des
gens qui étaient tous avec un handicap différent. J’en eu froid dans le dos. En entrant dans le hall, je me
trouve face à face avec un homme plus âgé que moi amputé des deux jambes, j’ai été touché au plus profond
de moi et la seule chose qui m’est venue à l’esprit, s’y lui peu remarcher, pourquoi pas moi.
L’ambulancier qui c’était rendu compte de mon effroi, me dit,
« on monte au troisième, c’est le service des amputés, et l’infirmière en chef va passer pour t’expliquer le
déroulement de ton séjour.
En entrant dans la chambre, je constate qu’il y avait un wc, et une salle de bains, ce n’était pas très grand, le
séjour risquait d’être assez long, mais comme je n’étais pas non plus au club MED, je me dis qu’il fallait que
je sorte au plus vite.
Peu de temps après mon installation l’infirmière passe. Elle m’explique en gros ce qui m’attends. Comme
j’étais assise dans le fauteuil roulant, sans protection sur mes jambes elles fait comprendre que pour le
moment il valait mieux que je ne sorte pas trop de ma chambre. Le kiné des amputés devait venir aussi pour
m’expliquer son programme, mais moi je ne souhaitais qu’une chose….me tenir debout et remarcher au plus
vite.
Ma famille m’avait déjà rejoint dans ma chambre, lorsqu’on frappa à la porte. La porte s’ouvre, et j’eu la
surprise, de voir Eric. Il était lui aussi dans le service. J’étais contente de le revoir. Mais une sensation
bizarre de honte m’envahie. Je ne comprenais pas très bien cette réaction, du coup « je me suis mise sur la
défensive ». Par la suite, cette situation, je vais la répéter souvent, et petit à petit, ça se transformera en
agressivité, et là peu de gens oserons me le dire. Certains accepterons mes colères, me trouvant toutes les
excuses possible, d’autres auront le courage de me remettre à ma place.
Eric me demande comment j’allais, aujourd’hui et avec beaucoup de recul, je lui répondrais classiquement
« en fauteuil « , mais à ce moment précis, l’heure n’était pas à la plaisanterie. Je venais de faire tant
d’efforts pour surmonter toutes les souffrances pour en arriver là, que je me sentais un peu vide, pour faire
face à de nouvelles épreuves.
XV
- DECOUVERTE DU CENTRE -
La Tour de Gassie, est un grand centre de rééducation destinés aux accidentés, ou vous êtes entièrement pris en charge, tout est fait pour que chaque puisse retrouver un maximum d’autonomie et de liberté sans trop
dépendre de quelqu’un. En fait, on vous prépare à repartir au plus vite à la vie extérieure.
Le week-end fut agréable, une nouvelle époque allait commencée.
Petit déjeuner dans la chambre, et ensuite, il faut se débrouillé pour se déplacer du lit au fauteuil, prendre
une douche, tous les mouvements que l’on fait sans s’en rendre compte lorsqu’on est valide, mais au
moindre handicape, la chose la plus simple devient un vrai défit. J’imaginais déjà les efforts que j’allais
devoir fournir.
Sur les coups de 10h on frappe à ma porte. Un homme, entre, il se présente comme étant le kiné des
amputés. Nous allons travaillés ensemble, il va faire en sorte que je remarche très vite. Ce que j’espère !
On commence par échanger nos prénoms, c’est plus sympathique. Il continue ensuite en m’expliquant le
déroulement de la kiné.
Mais j’avais du mal à imaginé comment j’allais pouvoir remarcher sans mes jambes. Comment me tenir
debout !
Il m’explique que dans les prochains jours, j’allais allé en salle de rééducation et qu’on allait préparer mes
moignons pour qu’ils acceptent les prothèses. Rien que d’entendre prononcer ce mot me bouleversait je me
mis donc à pleurer.
Il allait donc commencé par me pratiquer un massage des moignons, ensuite il me montrerai le genre de
prothèse qui me sera destiné. Après la séance de kiné j’avais le reste de la journée libre.
Après son départ, je me retrouve seule dans ma chambre, sans trop savoir quoi faire. Heureusement,
quelques minutes plus tard un aide soignant passe et me fait savoir qu’il à au rez-de-chaussée une salle ou
tout le monde peut se retrouver. En couvrant bien mes jambes pour les protéger, je pouvais y descendre. Je
décide donc d’allé y faire un tour, histoire de ne pas rester enfermé dans ma chambre, pour une fois que j’ai
la possibilité de bouger, je n’allais pas m’en priver ! Arrivé dans la salle, je croise une foule de gens, tous
handicapés, bien sur. La première réaction fut de penser que personnes étaient différents, nous avions tous
un problème. Pas un regard de curiosité, ça faisait du bien de se trouver au milieu de gens semblables. Dans
ce lieu, la curiosité n’est pas de mise, la première question qu’on pose, n’est pas « comme ça t’est arrivé ? »,
mais plutôt « tu es arrivé quand ? ». C’est le plus important, car partant de là, chacun évalue le temps qu’il
lui reste à faire au centre, en fonction de son handicap, de sa progression de la rééducation.
Bien entendu Eric et moi étions dans le même service de rééducation, nous avions les même kinés, et ça me
paraissait génial. Mais nous avions trop de chose sur le cœur pour avoir une relation fusionnelle. Alors notre
relation était devenue plus amicale qu’autre chose. Pour Eric c’était difficile à gérer, il aurai voulu qu’on
nous traite en couple, quant à moi je ne voyais là qu’un centre de rééducation qui devait me redonner le
pouvoir de marcher.
En sortant de cette salle, j’aperçois, « la salle des tortures », la salle de travail. Par curiosité je pousse la
porte, et là, je vois les gens de train faire des exercices avec leur prothèse de toutes sortes. En voyant cela, je
fus une fois de plus très troublé, et j’ai pris rapidement la fuite, pour qu’on ne me voit pas pleurer, je voyais
une réalité qui me sautait brusquement à la face, une réalité que je ne voulais pas accepter.
XVI
- VILAINE PROTHESE –
Pendant ma visite, je me rends compte des efforts qu’il va me falloir fournir. Une semaine passe tranquillement, le lundi suivant, le kiné, me propose de commencer la rééducation en salle. Ca ne me
déplaisait pas, j’allais enfin pouvoir rencontrer les prothésistes.
La rééducation avait lieu le matin et l’après midi, je ne marchais toujours pas, mais je me battais, mon
objectif étais de me préparer à recevoir mes prothèses. Le kiné,que j’appelle Nono, me prévient que le
lendemain j’ai un rendez-vous avec le docteur des amputés pour fair une demande de prothèse de
rééducation, je me dis « génial, une jambe ». Le lendemain, à la visite, les prothésistes examinent les
moignons, me parlent dans leur jargon technique que je ne comprends pas. Pour eux, les moignons ont la
possibilité d’être appareillés. Moi je les écoute, et je devine pas vers quelles nouvelles douleurs je vais
encore devoir faire face. Quelques jours plus tard, Nono, m’emmène pour faire un moulage du moignon en
préparation de la prothèse.
J’étais contente, ma ça n’allait pas durer.
Lors de la remise de la prothèse je me suis mise à pleurer voyant une emboiture en plâtre visée sur un tube
en fer, et un pied, voilà avec quoi il fallait que je marche sans parler du pied gauche qui ressemblait à une
patte de cheval. Cela ma découragée et ma remise face a une réalité qui allait être un combat.
J’ai quittée la salle de rééducation sans rien dire et je suis montée dans ma chambre , je me suis câler dans le
lit et le moral était descendu au plus bas. A ce moment là j’ai eu une pensée pour Marion, elle qui était
toujours au près de moi dans les moments difficiles. Alors je me suis emparé de Teddy que j’ai serré très
fort contre moi, et me suis endormi.
L’arrivée de l’infirmière chef me tire de mon sommeil. L’ambiance n’était pas tout à fait la même qu’à
l’hôpital.
« qu’est ce que vous faite au lit ? me dit elle.
« je me repose, lui répondis je.
« mais, vous ne devez pas être en salle de rééducation ?, questionna t-elle.
« je n’en ai pas envie ! que je lui répond.
Je reçu l’ordre de descendre en salle, sinon elle appelait le kiné. Sur ce contact un peu rude, je compris bien
plus tard, qu’en fait les bousculait les gens surtout dans leur intérêt. Je sort de mon lit, je m’assois sur le
fauteuil, et je part vers la salle de rééducation. Non est là, il m’attend , il s’approche de moi, voit que je n’ai
pas trop la pêche pour faire une autre tentative avec la prothèse.
Nono tente de m’encourager, mais je lui réponds ;
« je n’ai plus de jambe et tu veux que je remarche, j’ai le moral à zéro »
A ce moment j’aurai voulu appuyer sur un bouton pour revenir en arrière……mais on était pas dans un
film ! Impossible, il faut encore et encore avancer, toujours plus facile à dire qu’à faire. Combien de fois
Patrick, me l’a répétée cette phrase !
Nono me propose au moins d’essayer de remettre cette prothèse, vilaine, mais temporaire. Faire quelques
pas avec histoire de voir comment je me sent, et si ça n’est pas concluant, il s’engage à en faire faire une à sa
façon. On reporte donc la tentative au lendemain. En sortant de la salle, je rencontre des gens qui marchaient
justement avec le même genre de prothèse. Curieuse, et intéressée, j’entame la conversation, en les
questionnant. Quel genre de sensation ressentent ils avec ces prothèses. Aimablement quelqu’un s’assoit et
prend le temps de commencer une discussion, pleine d’explications et enrichissante pour moi.
XVII
- BIENTOT LA FIN -
Après cela j’étais prête à accepter la prothèse, mais est ce que j’avais vraiment le choix ? On ne peut pas dire qu’une prothèse est belle, mais les prothèses de rééducation sont tout ce qu’il y a de sommaire, car elle
ne sont que temporaire en attendant l’adaptation et ensuite la prothèse « finale ». Je dis finale entre
guillemets car depuis le temps j’en ai eu des prothèses de puis 1981. Me voyant arriver le kiné m’apostrophe
gentiment « la nuit t’as faite réfléchir ? »
Je lui répond par un petit sourire, peut être un des rares que je distribuais à l’époque. J’enfile la prothèse et
me voilà debout. Après tant de temps passé allongé et assise, me voilà sur mes jambes, ça procure une
sensation bizarre. Un instant je voyais l’avenir autrement. Mais il y avait encore du travail, je fais quelques
pas entre le barres, Nono était derrière moi pour le cas ou, et m’encourageais en me disant, « plus tu
marcheras et moins tu auras envie de la quitter «
Effectivement, plus le temps passait et plus je progressais, je me sentais bien et j’étais contente. Après
quelques jours, il fallait faire un ajustement avec la prothèse. Oui, car le moignon, réagi, soit au changement
de poids, à la prise de muscle, bref il se modifie, et donc la prothèse n’est plus vraiment adaptée.
Nono me dit de passer voire le docteur, car quelque chose le chagrinait, il avait remarqué que le moignon
n’était pas normal. A la fin de la séance de rééducation j’enlève la prothèse, et là, mauvaise surprise, on
constate une blessure sur la cicatrice. Nono essaie de minimiser en me disant
« ce n’est pas grave, va à l’infirmerie, ils vont se soigner ça »
Très vite une mauvaise image me traverse l’esprit, je me revoie refaire le chemin en arrière.
A l’infirmerie, on me consulte, et de suite le verdict tombe. Hématome d’appui, arrêt de prothèse et
consultation auprès du docteur pour la suite à venir. Quelques instant plus tard le docteur confirme les
ennuis, je dois repasser des radios, prendre des antibiotiques, soins de compression.
Plus tard Nono passe me rejoindre dans la chambre, il me dit que ce genre de problème arrive quelques fois
et qu’il faut être vigilant pour ne pas aggraver et fragiliser le moignon. En attendant, il allait me faire des
massages et préparer ma jambe gauche, qui était amputé au niveau des orteils. Pas facile à appareiller,
j’avais pour le moment une sorte de sabot, provisoire, heureusement. J’essayais de m’y habituer, mais c’était
pas du tout élégant.
Les semaines passent, le moignon se guéri et je peux progresser mais à l’aide de cannes anglaise. Les jours
passent et se ressemble, l’ennui commence à me prendre, je voudrai bien retourner chez moi, rien que le
temps d’un week end.
Arrive enfin le jour de faire le point et d’envisager les prothèses définitives. Les prothésistes sont contents
du travail que j’ai effectué, je me débrouille bien et les moignons sont jolis. Seulement voilà, tous les jours
au centre je voyais toutes sortes de prothèses, et je constatais sans cesse, des petits défauts par-ci et par-là. Il
y avait des gènes pour marcher, de légers boitillements, des déhanchements, des bosses bizarres qui
apparaissaient sous les vêtements. Tout cela je le refusais, je venais de me faire enlever ma joie de vivre, je
ne voulais pas perdre ma dignité.
Pendant qu’on me fabriquait ma « nouvelle jambe » je continuais la rééducation, et au centre, nous étions un
petit groupe, ou nous avions organisés une petite course, c’était à celui qui le premier partirais en week end.
XVIII
- ENFIN LA SORTIE -
Après des mois de rééducation et de souffrance pour récupérer ma dignité et fierté de me tenir enfin debout et remarcher seul, c’est le prix qu’il faut payer pour s’en sortir, je vois enfin le moment de rentrer dans ma
famille, approcher.
Un retour, tant désiré, tant souhaité, au point que j’en rêvais parfois. Seulement voilà, tout n’était pas aussi
simple, car si dans le centre on nous entraîne à récupérer notre dignité, on est pas préparé aux aléas de la vie
courante. Tous handicapés peux en parler, c’est un combat de tous les jours, avec les difficultés d’accès, les
difficultés à circuler, et bien plus tard lorsque je conduirai, le nombre de fois ou une personne égoïste,
irresponsable se gare sur l’unique place réservé aux handicapés, parce que c’est la plus de l’entrée au
magasin, et bien que depuis, les mentalités ont un peu changées, ils n’en reste pas moins qu’il y toujours des
gens qui ne pensent qu’à leur petite personne, et ça durera tant que les sanctions ne seront pas plus forte. Le
combat ne s’arrête jamais.
De retour à la maison, après le temps des retrouvailles et la joie de revoir la famille, passé. Je commençais à
me poser des questions sur mon futur. Je refusais de rester à ne rien faire, je n’allais pas rester chez papa et
maman à me lamenter sur mon sort et rester enfermée. J’ai profité de ma convalescence pour faire le point
sur moi-même et qu’est ce qu’allait être ma vie . Ma relation avec Eric était terminer, nous nous étions
séparés amicalement, et chacun de son coté avait repris le cours de sa vie. L’accident avait tout gâcher, et il
s’en voulait tellement de m’avoir emmenée ce jour là.
Après bien des recherches, et des réflexions, me voilà inscrite dans un centre de formation à Pau, pour y
apprendre la comptabilité. Bien entendu, ce n’était pas du tout le métier que je souhaitais faire avant
l’accident, j’aurai aimé faire coiffeuse, mais il ne fallait plus y penser, les longs moment à passer debout, ce
n’était plus possible. Mais je ne suis pas resté longtemps à Pau, je ne supportais pas le fait d’être enfermé, je
ne trouvais pas ma place, j’avais des sensations d’étouffement, alors je demandais à être transférée dans un
centre plus près de chez moi, dans le Lot et Garonne, pour ne pas être en internat.
J’ai vécu un moment avec ma sœur Patricia, chez mon frère Gérard et sa femme Marie-Laure qui nous ont
accueillies le temps de me refaire une petite santé. Nous sommes restés jusqu’à l’arrivée de leur première
fille. Par la suite Patricia et moi, avons pris un appartement. Cette période fut pour moi une réadaptation à la
vie de tous les jours, et je n’avais pas la forme tous les jours, mais il fallait avancer.
Quelques mois passèrent, et de difficulté en difficulté j’avançais dans la vie. J’avais même parfois des
moments de bonheur. Lorsqu’un jour, je ressenti une forte douleur dans la jambe gauche, je ne pouvais plus
poser le pied par terre. De suite, des images, de mauvaises images, me revenaient à l’esprit. Je me revoyais
quelques mois auparavant. Je consulte un médecin. Analyse de sang, et de nouveau le verdict impitoyable
tombe. Staphylocoque, infection attrapé à l’hôpital. Antibiotique, prise de sang tous les jours, repos. CA a
duré assez longtemps, j’ai été obliger de repartir à Bordeaux, au Tripode pour y subir un curetage, et le
chirurgien m’apprend que avec ce genre d’infection on n’en guéri pas facilement, et qu’il faut faire très
attention à la fatigue et avoir une hygiène de vie très sérieuse.
XIX
- MAUVAISE NOUVELLE -
Avant de quitter l’hôpital, le chirurgien me rend visite, pour m’informer , et là ce qu’il m’annonce me laisse pantois.
« Votre jambe est très abîmée, mais aujourd’hui nous n’avons plus la possibilité de vous soigner. Je pense
qu’il faudrait pratiquer une autre amputation pour que vous puissiez être appareillée correctement ». Me dit
il, comme ça froidement.
De suite je lui fais comprendre que je ne suis pas du tout du même avis que lui.
« Pourquoi avoir fait tout ça, pour que quelques mois plus tard vous me parliez d’une nouvelle amputation.
Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt. Je suis habitué maintenant à marcher comme ça, pour moi c’est hors
de question » Que je lui répond.
Et je vais m’assoire dans mon fauteuil, fin de la discussion.
Sur ce, l’ambulancier vient me chercher, et avant de partir, le chirurgien, me demande de réfléchir qu’en
même. Alors que j’aurai dû quitter l’hôpital avec joie, je pars avec une énorme boule au ventre.
De retour à la maison, j’en parle à ma famille, qui bien entendu, est de l’avis du chirurgien. Mais, je voulais
avoir encore un autre avis. J’appelle ma sœur de Paris. Elle me répond de suite, qu’elle va se renseigner, et
de prévoir ma monter sur Paris pour une autre consultation. J’étais hésitante, mais de toute façon je n’avais
pas trop le choix non plus, pour sauver ce qui restait de ma jambe.
Quelques semaines plus tard le rendez-vous est pris. Je pars pour Paris, à l’hôpital Saint Antoine pour
rencontrer un nouveau chirurgien. Un instant j’ai l’impression de revivre tout ce que j’ai déjà vécu. Ma
sœur, qui m’accompagne toujours, et moi, arrivons dans le service. Un endroit lugubre, froid, et vieux. Ce
nouvel avis allait être important pour mon avenir.
Enfin on m’appelle, je me lève et j’entre dans le bureau. Le chirurgien nous accueille assis derrière son
bureau, et nous invite à nous assoire, et le dialogue commence.
Un peu angoissée, mon cœur battait la chamade.
« Je vais être franc avec vous. Effectivement cette jambe n’est pas jolie, mais je peux intervenir pour vous
redonner une marche correct. Cela va durer une quinzaine de jours d’hospitalisation et ne sera pas sans
douleur.
Je vous redresse la jambe au niveau du genou, je vous pose une branche, je bloque la cheville pour ne pas
qu’elle tourne, et je vous ré ampute le pied au niveau du talon car il est sain et la peau en bon état, ça fera
donc un moignon de qualité ».
Pour que je me rende bien compte, il me montre la vidéo d’une patiente qui avait subie la même chose que
moi. A vous de réfléchir »
Je reste sans rien dire, mais franchement, est ce que j’avais beaucoup de choix. Claudine, me sort de ma
réflexion.
« Tu vas je le faire, j’espère »
Ils étaient bien gentils tout ceux qui voulaient que je repasse sur la table d’opération. Moi je savais bien tout
ce que ça représentait. Je ne en voulais pas, bien sur, il voulait que je prenne la meilleur décision pour mon
avenir. Mais j’avais un autre souci en tête. Je montais du Lot-et-garonne et si je repartais chez moi, il y avait
beaucoup de chance que je ne remonte pas sur Paris, et là, Claudine, avait déjà compris la chose.
Au moment de sortir du bureau le chirurgien me conseil de prendre une bonne décision, et justement de
penser à mon avenir, car j’étais encore jeune.
XX
- NOUVELLE OPERATION -
De retour chez Claudine, nous faisons un compte à Patrick qui voulait tout savoir. Moi, je ne savais pas trop quelle décision prendre, le fait d’être réopérée pour être mieux appareillé étant tentant bien sur, mais
repasser par plein d’épreuves à nouveau me faisait froid dans le dos. Et le fait de redescendre en famille dans
le Lot et Garonne, me coupera complètement l’envie de revenir sur Paris. Patrick me fit comprendre que je
pouvais prendre des avis à droite et à gauche pour peser le pour et le contre, mais que de doute façon je serai
la seule à prendre la décision. Il me connaissait déjà bien, et lui il avait bien compris aussi que je mettais
dans la balance, que le fait d’être opéré sur Paris, cela les impliquait pour la suite. Sur cette longue soirée de
méditation, nous allons nous coucher, en pensant que la nuit porte conseil et que demain il fera jour !
Le lendemain matin, au petit déjeuner, je précise à Claudine, que ma décision est prise et que je ne rentre pas
à la maison. Dans la matinée, le rendez_vous est pris avec le professeur et l’opération programmée pour le
lundi matin. L’esprit « presque » tranquille, nous passons un week-end agréable, ou jamais il n’a été
question de l’opération, même si quelques fois j’y pensais un peu, certainement eux aussi, mais ils faisaient
en sorte de ne jamais aborder le sujet.
Lundi matin, ils m’accompagnèrent à l’hôpital. Arrivé dans le service du professuer, j’ai eu des frissons dans
le dos, de revoir ce genre d’endroit, mais c’était reparti, et il n’était pas question de faire marche arrière.
Devant aller au travail Patrick nous quitte, sans auparavant m’avoir souhaité courage. Claudine reste avec
moi jusqu’au départ pour le bloc opératoir. Elle me rassure en me disant qu’elle sera là à mon réveil.
On vient me chercher, et commence le défilé dans ce labyrinthe de couloir, allongée sur le brancard, comme
beaucoup je regarde défilé les néons au plafond m’évitant de trop penser. Nous arrivons dans une salle pour
nous préparer à l’opération, et ou il y avait déjà plusieurs personnes qui attendaient leur tour.
Une infirmière s’approche de moi, me dit quelques mots pour me rassurer, me met la perfusion, em
prévenant que l’allais m’endormir bientôt. Et plus rien.
Quelques temps après, on me ramène à la chambre, toujours un peu dans les vape, comme promis j’entend la
voix de Claudine. J’essaie d’ouvrir les yeux pour la voire, mais ils sont encore trop lourd, j’ai du mal,
l’anesthésie fait encore sont effet. J’attends un moment, et au bout d’un long effort je vois Claudine, assise
près de moi. Je n’avais pas encore assez de force pour parler, je croise son regard, ces yeux bleus me fixe,
elle ne disait rien, mais ça en disait beaucoup.
Je ressenti une faible douleur à la jambe droite, je regarde, et je vois un pansement sur la cuisse, et ma jambe
est ficelée dans une atèle. Je ne comprends pas très bien pourquoi .
Le chirurgien arrive et me fait un compte rendu. Il m’a redressé la jambe, bloquer la cheville, et pratiqué
l’amputation du pied. Pour que je souffre pas trop, il m’a mise sous morphine.
Après son départ j’arrive à demander à Claudine por combien de temps je suis là ? Elle répond, pour une
bonne quinzaine de jours, et qu’ensuite et pourrai rentrer à la maison. Sur ce elle me quitte pour retrouver
Patrick, en me prévenant qu’elle repassera le lendemain avant d’aller travailler. Quant à moi, elle me
conseille de bien me reposer.
Comme son cœur est grand et pur, elle ne pense pas à ce moment là le bien moral qu’elle me fait en étant
à mes cotés pendant cette nouvelle épreuve
XXI
- LE RETOUR RAPIDE -
Les journées passent, Claudine me rend visite tous les jours. Elle prenait sur son temps de déjeuner, faisant l’aller retour depuis son lieu de travail, à La Défense et l’hôpital. Elle restait une heure à une heure et demi,
et repartait vite travailler. Elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour me faire oublier la douleur, car je ne me
souvenais pas avoir eu aussi mal aux précédentes amputations.
Un jour juste avant la visite de Claudine, le chirurgien et l’infirmière, pendant leur visite journalière,
m’apprend que la cicatrisation est en bonne voie, mais qu’il va me falloir une atèle qui me prendrait la jambe
entière afin de consolider le genou. Equipé de la sorte je pourrai rentrer à la maison. Connaissant bien ma
sœur, je savais, sauf gros imprévu, qu’à sa prochaine visite elle aurait l’atèle et que donc je sortirai. Toute
contente je commençait déjà à rassembler mes affaires. Mais une atèle qui allait complètement me bloquer
la jambe, ça promettait d’être rock and roll.
Le fait de rester chez ma sœur m’aurait fait énormément plaisir, seulement voilà, ils n’avaient plus de jours
de congés disponibles, et ne souhaitaient pas me laisser seule à la maison dans mon état, il à donc fallu
organiser mon retour dans le Lot et Garonne en deux temps trois mouvements. L’organisation, c’est une
chose qu’ils savent faire. Claudine soumettait les idées, et Patrick faisait le tri, en pesant le pour et le contre.
Il fallait aussi trouver le moyen de me faire voyager le plus confortablement possible avec cette jambe raide.
Sans tourner autour du pot, la décision fut vite prise. L’aller retour se ferai le week-end prochain. C’est
allongé du mieux possible sur la banquette arrière, sanglé qu’en même, Patrick ne voulant courir aucun
risque, que nous avons pris la route très tôt le samedi matin. J’étais tellement bien installé que le voyage
c’est bien passé. Nous sommes arrivés à la maison dans l’après midi, ils m’ont déposés, bus un café, et
comme leur décision de me soutenir à faire cette opération n’avait pas plu à tout le monde, l’accueil fut un
peu froid, et ils ont repris la route en suivant.
Même si ils n’en attendaient pas plus, « Je dois leur dire un grand merci ».
De retour à la maison, il était impossible que je reprenne ma formation de suite. Je devais trouver un
prothésiste et que cette foutu jambe guérisse. Me voilà reparti dans un nouveau combat qui ne s’arrête
jamais
EPILOGUE
De retour chez moi, dans le Lot et Garonne, je me retrouvais face à un nouveau destin, et aller de nouveau de l’avant. Tout d’abord, un chemin un peu difficile entre toutes les visites de médecins et prothésistes ;
mais cela faisait parti de mon nouveau combat. Après bien des essais, me voilà de nouveau appareillée, et
je marche avec des béquilles.
La relation familiale était devenue plus forte, mais il fallait aussi que je trouve un domaine professionnel ou
je puisse avoir mon indépendance et mener ma nouvelle vie. Mon souhait était de reprendre ma formation,
elle allait durer 2 ans, mais je ne voulais pas rester en internat. Cette fois ci j’ai eu de la chance, j’ai réussi à
trouver un centre près de chez moi. C’était génial, j’avais toujours l’appartement avec ma sœur, et je pou-
vais donc rentrer tous les soirs. Je vivais ma vie comme je le voulais, prenant parfois un peu de bon temps.
Je progressais énormément dans mes déplacements, ainsi que dans ma formation ? Je rencontrais des gens
qui ne jugeais pas, j’avais confiance en moi, j’avais la forme, la patate !
Après des mois avec la prothèse, je commençais à être à l’aise, un jour mon frère Jean-luc, m’appris quel-
ques pas de danse,une chose banale, mais cela à compter pour moi.
Pendant cette période, ou ça allait bien, j’ai fais la rencontre de quelqu’un, de cette rencontre est né mon
fils. Mon premier enfant, Alexandre. J’étais comblée, malgré mon handicap, rien n’était plus beau. J’ai ac-
cepté mes différences, pour lui je ne devais plus jamais baisser les bras, il était mon moteur. Je devais être
là, pour le protéger, le soigner, le chérir, m’occuper de lui en toutes circonstances. Je lui dois ma nouvelle
vie. Merci mon chéri.
Quelques années passent.
J’ai pu terminer ma formation professionnelle. Bien entendu, toujours quelques aller-retour dans des hôpi-
taux, ça depuis toujours c’est devenu le rythme de ma vie.
Pendant ces années, j’ai changé de région, j’ai rencontré un homme très charmant, en tout cas à l’époque
(lol) , il m’apparu comme cela, et puis en réfléchissant un peu, tout le monde change, même moi. Mais en
regardant de plus près, le fond reste le même. Une petite fille est venue scellée cette union, Amandine.
Agréable petit bout, toute blonde. Avec ce deuxième enfant, j’ai été reboosté de plus belle, j’ai pu regarder
la vie bien en face. Depuis leur arrivé, j’ai subi bien d’autres opérations, d’autres ennuis avec les prothèses,
trop serrées ou trop lâches en fonction de la prise ou perte de poids. Nous avons eu des tas de problèmes,
comme beaucoup de gens, mais à ceux là s’ajoutaient ceux dû à mon handicap. Des infections. Des dou-
leurs. Des difficultés à me déplacer parfois. Des aménagements spéciaux nécessaires à mon handicap. Bref,
pleins d’autres choses auxquelles on ne pense pas quand on est valide. Mais grâce au soutient, et la pré-
sence, de mes enfants et de mon mari, nous avons surmontés toutes ces tracasseries. C’est très important
pour une maman d’avoir des enfants avec un cœur gros comme ça.
La vie ayant fait son chemin, aujourd’hui Alexandre vie à l’autre bout de la France, et Amandine, se pré-
pare à quitter le nid pour commencer sa vie. Je travaille en qualité d’hôtesse de caisse, et ma vie me
convient.
A la fin de récit le message que je souhaite faire passer, est de ne jamais baisser les bras, même si parfois
c’est difficile et on y croit plus, il faut toujours regarder devant, et espérer.
Les aides extérieures sont toujours bonnes à prendre, bien sur ! Mais avant tout, il faut savoir se battre seul.
Demain sera peut être meilleur, et si c’est pas demain, peut être après demain
DEDICACE
Je remercie toutes celles et ceux qui m’ont aidés et permis de faire ce récit, et du coup à me délivrer d’un poids qui me pesait depuis trente deux ans.
Une très grosse pensée, à Papa et Maman qui m’ont aidés pendant cette période et qui malheureusement
ne pourront jamais lire ce récit. Je vous aime !
Pour finir, merci, à mon Homme, et mes deux enfants de m’avoir aider à surmonter toutes épreuves de no-
tre vie. JE VOUS ADORE.
C. JOUHANNEAU