Molo Polo ITW

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MOLO POLO : Bouffer froid.

Chaque semaine grâce à Boule vanille (the best blog de glace ever !), je fais une interview. Cette semaine, c’est... septieme art ! Barney Cohen vient nous présenter son nouveau film Molo Polo (avec Ana Talabard). Et il en est fier ! En plus, il y est question de glâces... Miam-Miam Slurp !!!Quel à été le point de départ de Molo Polo ?Parfois, l’envie est juste de filmer un plan final ou de réagir contre quelque chose qu’on nous impose comme étant « Le cinéma» ou alors de définir une grammaire totalement nouvelle de cet art qu’on juge sur le moment sous-estimé par des saloperies de culs de jattes.Pour Molo Polo, du point de vue du jeu, il y’avait l’envie de jouer un personnage shake-spearien hanté par des illusions bovariennes olés-olés. Une sorte de hooligan avec une per-ruque à un concert acoustique de Booba où il n’y à que le synthé qui marche.Il y’avait aussi l’envie de faire un film différent.Différent : pas dans le sens de, par exem-ple, des homosexuels. Non. Juste différent. Comme quand quelqu’un commande un ba-nana split devant vous au restaurant et que vous dites tout fort « . Heureusement HEU-REUSEMENT que ce n’est pas un banana sp-lif que vous commandez. Parce que c’est illé-gal, un banana splif. » et que après vous riez. Et que là, les gens vous regardent comme si vous étiez différent.

Y’a t’il un écart entre le Molo Polo que vous aviez dans votre tête et le Molo Polo final ?Oui. On à fait un générique plus coloré. Plus punchy. On à, aussi, rajouté un peu de reverb au mix. Puis aussi au dernier moment mais ça je sais pas si cela compte, j’ai dit « Raf, on va pas le faire en champs/contre champs ce passage. Un plan large, c’est mieux. » Puis, après, j’ai dit « Ah non, en fait un champs/con-tre champs ça montre la scission. En fait rien, Raf. »Quand tu fais un film, faut que tu sois va-chement sur de toi et ne pas montrer que tu doutes à l’équipe. Sinon ils vont à la régie pour manger. Mais, là, la régie était pourrie. C’était peut-être pour cela que je doutais.

ON A AUSSI RAJOUTÉ DE LA REVERB AU MIX.

Comment dirigiez vous les acteurs. En quoi consistait ce travail ?A leur montrer des extraits d’épisodes avec Edie Falco, de braquer un faux pistolet sur leur tempe et de leur dire « Joue comme elle ou je tire. J’en aie rien à battre, je suis un ouf.».Quelles question vous posez-vous pour faire un film?

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Vous dites souvent: “il faut filmer comme on braque!”, pourquoi?Pour que tout le monde lève les deux bras en l’air et se mette a danser, qu’il envisage, peut être, une farandole. Voir des backflips. Et pour, aussi, enfin réussir à avoir du pop-corn au fromage dans les salles de cinéma. Pour que les peuples soient libres. Pour qu’il n’y ait plus de SIDA. Pour envisager de vivre dans un tipi géant avec un grand chef indien qui s’appellerait Manathan Mac Doudou Le Fourbe. Et pour que Manathan Mac Doudou Le Fourbe devienne champion de Beat-box labélisé bio. Et pour que Phoebus (N.D.L.R: Le feu chien jaune du réalisateur), me voie un jour, arriver avec une gamelle pleine de steaks.

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Je chuchote dans le vide « Cher petit film quel bête sera tu ? » pendant deux ou trois jours sans dormir. Après, je fais des crises d’angoisse et j’appelle la police.Quelle est votre réponse à l’analyse polém-ique de Luc Dardenne sur la scène finale de « Mystic River» de Clint Eastwood?Passionnant. Mais cela voudrait alors dire que le chef décorateur est une bille et que le per-sonnage de Sean Penn a de faux tatouages.Puisqu’on parle un peu de philosophie, Ni-etzsche disait que le mélange des cultures était un élément nécessaire à l’évolution. Il préférait d’ailleurs les références orien-tales dans Carmen de Bizet aux opéras de Wagner.Vous retrouvez-vous dans cette volonté d’injecter des influences extérieures dans sa propre culture pour en faire quelque chose de plus fort, de plus évolutif ?Je répondrai demain.(Note de la rédaction : Il n’a jamais répondu demain.)Que pensez vous de la mort ?Je crois que la mort existe pour insufler une

dynamique au cinéma : en terme de narra-tion mais aussi au niveau des entrées. Si Jack coule mais qu’au lieu de se noyer, il va rejoin-dre ses potes au bar qui est au fond de l’océan car comme il est pas mort : il peut respirer sous l’eau. Et qu’après Rose se ramène pour boire des pintes... Les spectateurs auraient trouvé ça naze et Cameron n’aurait pas pu faire Ava-tar en 3D. Personnellement, j’aurai bien aimé cette fin. Elle est mélancolique et me rappelle mon enfance.Parfois, j’ai l’impression que mes genoux s’effondrent comme fondent les glaces...LOL !Cela me donne envie d’hurler parce que je ne peux pas aller jusqu’ou je veux aller.Vous êtes rigolote...J’aimerai tellement être plus forte que ce monde qu’on nous impose. Ne pas toujo-urs rentrer contre le vent et ne pas le rame-ner avec moi. Dans ma rue, il y’a ce restau-rant chinois. Parfois, ils sortent un poisson de l’aquarium et parient sur le temps que va mettre le poisson à mourir. Je ne veux pas être ce poisson. Je

ne veux pas nom plus être ce tapotement qu’il émet en agonisant sur la table comme si on tapait avec une bite sur mon front. Je ne veux pas être comme vos personnages : une bête créée. Vous devez vous dire que je suis sûrement une ancienne gothique. Non. Par contre, ma jambe en bois est bien réelle. Quand j’étais gamine, on vivait sur une caravelle etj’avais jamais vu de forêt. Je voyais que des ports. Avec des bars, des magasins de glaces et des rivieras , tu vois ? Des marins modernes et chics qui me disait « Hey Gamine, marque que t’as 18 ans sur ton passeport et viens nous su...» Tu vois le délire... J’étais obligé de me faire croire que j’étais une sorcière pour leur jeter des sorts. Dans mes mains craquait la rage: « Vous les porcs serez pendus crus. Pendus crus. Pendus crus. » Une nuit alors qu’on était en pleine mer, j’entends des milliers de cloches. Je sors sur le perron de no-

tre caravelle, il fait comme s’il faisait jour mais entouré de nuit. Comme si des vaisseaux spatiaux étaient au dessus de nous. Comme un jour noir et bleu. Je sors sur le perron et je vois des millions de marins modernes et chics pendus au dessus de la mer. Puis les marins mod-ernes, chics et pendus que j’ai du tuer, en fait, ont pris racine pour devenir des arbres; une forêt.Alors je descends de la caravelle et je me mets à courir dans cette forêt qui flotte. Elle ne veut pas me sauter.Je suis nue avec ma jambe de bois, je ris et je boite. J’ai la conviction d’être une grande sorcière. Mes poumons de fil-lettes s’emplissent de rage de vivre.En hurlant, je me mets à cogner de mes mains sur les troncs pour faire venir le sang et croquer à pleines dents dans ce-tte glace rouge faite de moignons.J’englouti mes deux poings com-

me des cornets. J’ai le ventre gonflé et repu. Le souffle haletant, handicapé. Je n’ai plus de poings. J’attends. Je veux frap-per. Je fais un petit cri énervé. Ma respira-tion rapide secoue tout mon corps . J’ai la nuque courbée. Les épaules nerveuses. Les sourcils froncés. Ma langue entre mes dents. Les jambes écartées. Je regarde au loin. Je guette l’adversaire. Je crois que c’est la seule fois où je n’ai plus eu peur.

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LOL

Réalisé par Barney COHENAvec Ana TALABARD et Barney COHENMontage de Chloé VITTCEAUTFILMTROPICAL DÉCHU 2011

©2012

Ecrit par Seth Putman