Moi en version 2.0 (Elle Québec)

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EXCLUSIVITÉ IPAD Les années ont passé. Après avoir multiplié les statuts du genre Choupette-a- encore-pissé-sur-la-moquette-Grrrr!, on réfléchit maintenant aux informations qu’on partage avec nos amis Facebook et nos abonnés Twitter. On s’est rendu compte que chaque statut, chaque gazouillis, chaque photo que nous publions in- fluencent la perception que les autres ont de nous. Et personne ne veut être éti- queté en fonction des problèmes urinaires de son chat. «Que nous le voulions ou pas, nous sommes constamment en train de construire notre image de marque personnelle sur les médias sociaux», souligne le gourou américain du Personal Branding, Dan Schawbel. En d’autres mots: Internet et les médias sociaux nous offrent aujourd’hui un auditoire qu’on veut impressionner et à qui on peut présen- ter une version revue et corrigée de nous-mêmes, une version 2.0, si vous préférez. UN DOUBLE NUMÉRIQUE Il suffit d’observer avec un peu d’attention la page Facebook ou le compte Twitter de nos proches pour en prendre conscience. Mon ami Pierre, par exemple, fait toujours de fines remarques sur l’absurdité du quotidien, ce qui lui donne l’allure d’un gars cultivé sachant manier la langue française. Ma copine Mélanie, elle, se plaît à écrire des statuts à caractère philosophique qui véhiculent l’image d’une femme portée sur l’introspection. Vincent, lui, aime montrer ses talents artistiques en publiant des photos grâce à l’application Instagram. Quant à Geneviève, elle s’assure de soigner sa réputation de fille hip en racontant dans quelle soirée bran- chée elle est récemment allée. Bref, tout comme moi, mes amis paraissent plus beaux, plus drôles, plus intelligents et plus intéressants dans les médias sociaux que dans la vraie vie. Normal: tant qu’à révéler certaines facettes de notre per- sonnalité aux autres, autant mettre en évidence celles qui sont attrayantes. «J’avoue que quelques-uns de mes statuts sont hyper étudiés, me confie Pierre. J’aime faire rire mes amis et les faire réagir. Alors, avec mes statuts Facebook, je tra- vaille à me composer une image de gars drôle et intelligent. Et je mentirais si je disais ne pas vou- loir recevoir de fleurs. J’ai aussi un petit côté “insécure” et exhi- bitionniste!» reconnaît-il en riant. Si notre propension à faire notre propre promotion peut nous donner des petits airs narcissiques, elle n’est toutefois pas née avec leWeb 2.0. «L’autopromotion n’est pas le propre des médias sociaux», rappelle Madeleine Pastinelli, professeure agrégée du Département de sociologie de l’Université Laval. «Cette technique est vieille comme le monde!» Depuis toujours, nous cherchons à nous montrer sous un jour flatteur. «Ce qui est nouveau par contre, poursuit M me Pastinelli, c’est que les médias sociaux nous permettent de projeter une ver- sion de nous-mêmes en mots et en photos: chacun peut maintenant se former une identité numérique, une sorte de double virtuel. Et parce que chacun peut voir l’image qu’il projette, il a davantage tendance à vouloir la modeler.» Que nous l’admettions ou pas, nous tentons presque tous de montrer une image sublimée de nous-mêmes dans les médias sociaux. D’où nous vient ce désir d’auto- représentation? «Il est dû au fait qu’on vit aujourd’hui dans une société hyper indi- vidualiste», croit André Mondoux, sociologue spécialiste des technologies de l’in- formation. «On est dans la dynamique de l’égo et du je. Nous passons notre temps à nous “dire” pour exister dans les médias sociaux. Le problème, c’est que, comme cette présence est éphémère, il faut sans cesse recommencer.» Il est vrai que l’entretien de cette image lustrée exige du temps et des efforts. Pour certaines personnes, ça semble être une job à temps plein. Au point où on peut se demander si elles ne passent pas plus de temps à «tweeter» ou à «faceboo- ker» leur vie qu’à la vivre. Il y a plus d’un milliard d’utilisateurs de Facebook. Plus de la moitié d’entre eux le visitent quotidiennement. Chaque jour, plus de 250 millions de photos y seraient publiées! «Comme Facebook ne prend jamais de pause, nous ne prenons jamais de pause non plus. Les humains ont toujours trou- vé de nouvelles manières de “s’autopromouvoir”. Mais ils ne l’ont jamais fait tout le temps, et encore moins tous les matins, avant même de s’être versé une tasse de café», faisait remarquer récemment l’auteur canadien Stephen Marche dans un article du magazine The Atlantic. GARE AUX GAFFES Certains excellent dans ce type de concours de popularité 2.0 et parviennent à s’attirer les sympathies de nouveaux contacts, l’attention d’un amoureux poten- tiel ou même à faire mousser leur carrière. Mais d’autres échouent lamentable- ment et cumulent les faux pas en divulguant des informations trop intimes, en n’écrivant que des commentaires négatifs ou en inondant leurs contacts de leurs moindres faits et gestes. Peut-être vous souvenez-vous d’une de vos connaissances qui a la triste ha- bitude de ne publier que des photos de son décolleté, qu’elle a prises avec son cellulaire devant le miroir de sa salle de bains; ou d’un de vos amis du secon- daire qui ne peut pas écrire une phrase sans faire 10 fautes d’orthographe. «Aujourd’hui, vous êtes ce que vous “publiez”, rappelle Dan Schawbel. Les choses que vous dites et affichez dans les médias sociaux vont alimenter l’image que les autres se feront de vous.» Ainsi, Miss Décolleté risque de passer pour une fille qui manque quelque peu de classe, tandis que votre ami du secondaire sera sans doute pris pour un illettré. «Dans la vie, on a du pouvoir sur certaines choses: les vêtements qu’on porte, le journal qu’on lit... Mais il y en a d’autres qui nous échappent: notre physionomie par exemple, ou le fait qu’on soit obèse ou qu’on boite», souligne la sociologue Madeleine Pastinelli. «Il en va de même dans le cas des médias sociaux: on peut choisir les photos qu’on va mettre en ligne, mais il y a des choses qui échappent à certaines personnes, comme leur maîtrise de la langue française ou leur jugement.» AUTOPROMOTION PAYANTE Michelle Blanc figure parmi les personnes qui ont su se mettre en valeur dans les médias sociaux, au point d’en tirer profit professionnellement. Par ses gazouillis colorés (et incroyablement nombreux!), elle a réussi à se construire une imagede «tripeuse du Web», dit-elle. En plus d’être une des premières Québécoises à avoir «tweeté», c’est une des spécialistes des médias sociaux les plus médiatisées de la province. Son agenda de consultante en stratégies de gestion et marketing Inter- net ne désemplit pas. Elle croit que son succès tient à sa façon personnelle d’abor- der les médias sociaux. «Je mélange des statuts et des gazouillis d’ordre personnel à d’autres qui sont davantage d’ordre professionnel, le tout avec humour et spon- tanéité», précise l’auteure des livres Les médias sociaux 101 et Les médias sociaux 201. Michelle Blanc n’est pas la seule à avoir tiré parti de Facebook et de Twitter. Éric Parazelli, journaliste et créateur de contenu multiplateforme, explique avoir été invité à postuler pour un emploi dans une chaîne de télévision après avoir échan- gé quelques gazouillis avec la vice-présidente de ladite chaîne. La VP en question avait été charmée par ses tweets et l’avait invité à soumettre sa candidature. «J’ai toujours aimé souligner des choses en marge des courants dominants, avoir un regard différent sur l’actualité, la culture, les médias, prendre un certain recul pour mieux observer et repérer ce qui dépasse, ce qui irrite, et je crois que c’est ça qui a plu à celle qui est devenue ma boss à cette époque», ex- plique M. Parazelli, qui a changé d’emploi depuis. Se démarquer intelligemment dans les médias sociaux ne permet pas seu- lement de faire fructifier sa carrière, ça peut aussi aider à se faire des amis. Pierre est de ceux dont le cercle de relations s’est élargi grâce à Facebook: «Des gens qui aimaient bien mes sta- tuts et qui pensaient avoir des atomes crochus avec moi parce qu’ils trou- vaient mes déclarations tantôt amu- santes, tantôt intellos, m’ont demandé si je voulais être amis avec eux. J’ai moi aussi fait des demandes à des gens que je ne connaissais pas, parce que leurs mots d’esprit me plaisaient. Je me suis bâti ainsi tout un réseau d’amis Facebook dont les intérêts étaient les mêmes que les miens et avec qui ça clique. Maintenant, on se rencontre pour prendre une bière!» Catherine, elle, a découvert que les médias sociaux permettaient même de rencontrer l’amour avec un grand @. Un jour, alors qu’elle regardait des photos de ses connaissances sur Facebook, elle est tombée sur un bel inconnu. Charmée, elle lui a écrit un message et fait une demande d’«amitié». Ça a tout de suite cliqué entre eux. En couple depuis trois ans, Catherine et François ont maintenant un enfant! «Facebook n’est pas un site de rencontres, mais quand François m’est tombé dans l’œil, j’ai parcouru ses photos et son profil; j’ai trouvé qu’il avait l’air drôle et sans prétention», se rappelle Catherine. Bref, François avait parfaitement réussi son «autopromotion». A u départ, c’est la curiosité qui nous a poussées à nous inscrire sur Facebook. Pour savoir ce qu’était devenu le beau François du secon- daire, pour voir les photos du petit dernier de notre famille éloignée ou pour connaître l’évènement à ne pas manquer le samedi soir. Puis, on s’est créé un compte Twitter afin de suivre l’actualité et d’épier un peu le quotidien de nos people préférés. LES MÉDIAS SOCIAUX NOUS PERMETTENT DE NOUS PRÉSENTER SOUS NOTRE PLUS BEAU JOUR… À CONDITION DE NE PAS GAFFER, BIEN SÛR! texte GENEVIÈVE VÉZINA-MONTPLAISIR CORBIS «Les médias sociaux nous permettent de projeter une version de nous-mêmes en mots et en photos: chacun peut maintenant se former une identité numérique, une sorte de double virtuel. Et parce que chacun peut voir l’image qu’il projette, il a davantage tendance à vouloir la modeler.» MADELEINE PASTINELLI, SOCIOLOGUE VOUS AVEZ DIT KLOUT? Aujourd’hui, votre popularité sur Facebook et Twitter ne se calcule plus selon le nombre de vos amis ou de vos abonnés. Elle se calcule selon un indice, le score Klout. Cet outil mesure l’influence que vous avez dans les différents médias sociaux, à savoir le nombre de fois que le contenu que vous avez publié a été vu, ainsi que les réactions qu’il a provoquées. Le score Klout varie de 0 à 100. Plus votre pointage est élevé, plus votre influence en ligne est grande. Le score moyen d’un usager quotidien des médias sociaux oscille autour de 20. Celui de Mitsou excède aujourd’hui les 60, et celui de Lady Gaga, les 90. Vous désirez savoir quelle est votre valeur? Il suffit de visiter le site klout.com et d’y connecter les différents comptes que vous avez dans les médias sociaux. CONSEILS D’AMIS Dans les différents médias sociaux, il faut briller et être plein d’esprit. Votre côté bougon, légèrement hystérique sur les bords, il vaut mieux le garder pour vous. Voici quelques règles de base à suivre pour soigner votre image et réussir votre «autopromotion». 1. Soyez positive Les commentaires négatifs n’ont rien de très sexy. 2. Ciblez votre lectorat Mieux vaut mettre votre énergie à renforcer vos relations avec un nombre restreint de personnes que de vous égarer en tentant de communiquer avec un auditoire trop large et mal défini. 3. Restez modeste Si tous vos statuts et vos gazouillis sont sur le ton du je-me-moi et se concentrent sur votre formidable nombril, le nombre de vos amis et de vos abonnés risque de fondre comme neige au soleil. 4. Ne polluez pas le mur de vos amis Publier des liens intéressants sur le mur Facebook de vos amis, c’est bien; n’y publier que des vidéos de petits chats cute risque à la longue de faire sortir les griffes de vos amis. 5. Soignez votre français Faire trois fautes d’orthographe dans un gazouillis de moins de 140 caractères est le plus sûr moyen d’être jugée et snobée par vos amis virtuels.

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EXCLUSIVITÉ IPAD

Les années ont passé. Après avoir multiplié les statuts du genre Choupette-a-encore-pissé-sur-la-moquette-Grrrr!, on réfléchit maintenant aux informations qu’on partage avec nos amis Facebook et nos abonnés Twitter. On s’est rendu compte que chaque statut, chaque gazouillis, chaque photo que nous publions in-fluencent la perception que les autres ont de nous. Et personne ne veut être éti-queté en fonction des problèmes urinaires de son chat. «Que nous le voulions ou pas, nous sommes constamment en train de construire notre image de marque personnelle sur les médias sociaux», souligne le gourou américain du Personal Branding, Dan Schawbel. En d’autres mots: Internet et les médias sociaux nous offrent aujourd’hui un auditoire qu’on veut impressionner et à qui on peut présen-ter une version revue et corrigée de nous-mêmes, une version 2.0, si vous préférez.

UN DOUBLE NUMÉRIQUEIl suffit d’observer avec un peu d’attention la page Facebook ou le compte Twitter de nos proches pour en prendre conscience. Mon ami Pierre, par exemple, fait toujours de fines remarques sur l’absurdité du quotidien, ce qui lui donne l’allure d’un gars cultivé sachant manier la langue française. Ma copine Mélanie, elle, se plaît à écrire des statuts à caractère philosophique qui véhiculent l’image d’une femme portée sur l’introspection. Vincent, lui, aime montrer ses talents artistiques en publiant des photos grâce à l’application Instagram. Quant à Geneviève, elle s’assure de soigner sa réputation de fille hip en racontant dans quelle soirée bran-chée elle est récemment allée. Bref, tout comme moi, mes amis paraissent plus beaux, plus drôles, plus intelligents et plus intéressants dans les médias sociaux que dans la vraie vie. Normal: tant qu’à révéler certaines facettes de notre per-sonnalité aux autres, autant mettre en évidence celles qui sont attrayantes.

«J’avoue que quelques-uns de mes statuts sont hyper étudiés, me confie Pierre. J’aime faire rire mes amis et les faire réagir. Alors, avec mes statuts Facebook, je tra-vaille à me composer une image de gars drôle et intelligent. Et je mentirais si je disais ne pas vou-loir recevoir de fleurs. J’ai aussi un petit côté “insécure” et exhi-bitionniste!» reconnaît-il en riant.

Si notre propension à faire notre propre promotion peut nous donner des petits airs narcissiques, elle n’est toutefois pas née avec leWeb 2.0. «L’autopromotion n’est pas le propre des médias sociaux», rappelle Madeleine Pastinelli, professeure agrégée du Département de sociologie de l’Université Laval. «Cette technique est vieille comme le monde!» Depuis toujours, nous cherchons à nous montrer sous un jour flatteur. «Ce qui est nouveau par contre, poursuit Mme !Pastinelli, c’est que les médias sociaux nous permettent de projeter une ver-sion de nous-mêmes en mots et en photos: chacun peut maintenant se former une identité numérique, une sorte de double virtuel. Et parce que chacun peut voir l’image qu’il projette, il a davantage tendance à vouloir la modeler.»

Que nous l’admettions ou pas, nous tentons presque tous de montrer une image sublimée de nous-mêmes dans les médias sociaux. D’où nous vient ce désir d’auto-représentation? «Il est dû au fait qu’on vit aujourd’hui dans une société hyper indi-vidualiste», croit André Mondoux, sociologue spécialiste des technologies de l’in-formation. «On est dans la dynamique de l’égo et du je. Nous passons notre temps à nous “dire” pour exister dans les médias sociaux. Le problème, c’est que, comme cette présence est éphémère, il faut sans cesse recommencer.»

Il est vrai que l’entretien de cette image lustrée exige du temps et des efforts. Pour certaines personnes, ça semble être une job à temps plein. Au point où on peut se demander si elles ne passent pas plus de temps à «tweeter» ou à «faceboo-ker» leur vie qu’à la vivre. Il y a plus d’un milliard d’utilisateurs de Facebook. Plus de la moitié d’entre eux le visitent quotidiennement. Chaque jour, plus de 250 millions de photos y seraient publiées! «Comme Facebook ne prend jamais de pause, nous ne prenons jamais de pause non plus. Les humains ont toujours trou-vé de nouvelles manières de “s’autopromouvoir”. Mais ils ne l’ont jamais fait tout le temps, et encore moins tous les matins, avant même de s’être versé une tasse de café», faisait remarquer récemment l’auteur canadien Stephen Marche dans un article du magazine The Atlantic.

GARE AUX GAFFESCertains excellent dans ce type de concours de popularité 2.0 et parviennent à s’attirer les sympathies de nouveaux contacts, l’attention d’un amoureux poten-tiel ou même à faire mousser leur carrière. Mais d’autres échouent lamentable-ment et cumulent les faux pas en divulguant des informations trop intimes, en n’écrivant que des commentaires négatifs ou en inondant leurs contacts de leurs moindres faits et gestes.

Peut-être vous souvenez-vous d’une de vos connaissances qui a la triste ha-bitude de ne publier que des photos de son décolleté, qu’elle a prises avec son cellulaire devant le miroir de sa salle de bains; ou d’un de vos amis du secon-daire qui ne peut pas écrire une phrase sans faire 10 fautes d’orthographe. «Aujourd’hui, vous êtes ce que vous “publiez”, rappelle Dan Schawbel. Les choses que vous dites et affichez dans les médias sociaux vont alimenter l’image que les autres se feront de vous.» Ainsi, Miss Décolleté risque de passer pour une fille qui manque quelque peu de classe, tandis que votre ami du secondaire sera sans doute pris pour un illettré.

«Dans la vie, on a du pouvoir sur certaines choses: les vêtements qu’on porte, le journal qu’on lit... Mais il y en a d’autres qui nous échappent: notre physionomie par exemple, ou le fait qu’on soit obèse ou qu’on boite», souligne la sociologue Madeleine Pastinelli. «Il en va de même dans le cas des médias sociaux: on peut choisir les photos qu’on va mettre en ligne, mais il y a des choses qui échappent à certaines personnes, comme leur maîtrise de la langue française ou leur jugement.»

AUTOPROMOTION PAYANTE Michelle Blanc figure parmi les personnes qui ont su se mettre en valeur dans les médias sociaux, au point d’en tirer profit professionnellement. Par ses gazouillis colorés (et incroyablement nombreux!), elle a réussi à se construire une imagede «tripeuse du Web», dit-elle. En plus d’être une des premières Québécoises à avoir «tweeté», c’est une des spécialistes des médias sociaux les plus médiatisées de la province. Son agenda de consultante en stratégies de gestion et marketing Inter-net ne désemplit pas. Elle croit que son succès tient à sa façon personnelle d’abor-der les médias sociaux. «Je mélange des statuts et des gazouillis d’ordre personnel à d’autres qui sont davantage d’ordre professionnel, le tout avec humour et spon-tanéité», précise l’auteure des livres Les médias sociaux 101 et Les médias sociaux 201.

Michelle Blanc n’est pas la seule à avoir tiré parti de Facebook et de Twitter. Éric Parazelli, journaliste et créateur de contenu multiplateforme, explique avoir été invité à postuler pour un emploi dans une chaîne de télévision après avoir échan-gé quelques gazouillis avec la vice-présidente de ladite chaîne. La VP en question avait été charmée par ses tweets et l’avait invité à soumettre sa candidature. «J’ai toujours aimé souligner des choses en marge des courants dominants, avoir un regard différent sur l’actualité, la culture, les médias, prendre un certain recul pour mieux observer et repérer ce qui dépasse, ce qui irrite, et je crois que c’est ça qui a plu à celle qui est devenue ma boss à cette époque», ex-plique M. Parazelli, qui a changé d’emploi depuis.

Se démarquer intelligemment dans les médias sociaux ne permet pas seu-lement de faire fructifier sa carrière, ça peut aussi aider à se faire des amis. Pierre est de ceux dont le cercle de relations s’est élargi grâce à Facebook: «Des gens qui aimaient bien mes sta-tuts et qui pensaient avoir des atomes crochus avec moi parce qu’ils trou-vaient mes déclarations tantôt amu-santes, tantôt intellos, m’ont demandé si je voulais être amis avec eux. J’ai moi aussi fait des demandes à des gens que je ne connaissais pas, parce que leurs mots d’esprit me plaisaient. Je me suis bâti ainsi tout un réseau d’amis Facebook dont les intérêts étaient les mêmes que les miens et avec qui ça clique. Maintenant, on se rencontre pour prendre une bière!»

Catherine, elle, a découvert que les médias sociaux permettaient même de rencontrer l’amour avec un grand @. Un jour, alors qu’elle regardait des photos de ses connaissances sur Facebook, elle est tombée sur un bel inconnu. Charmée, elle lui a écrit un message et fait une demande d’«amitié». Ça a tout de suite cliqué entre eux. En couple depuis trois ans, Catherine et François ont maintenant un enfant! «Facebook n’est pas un site de rencontres, mais quand François m’est tombé dans l’œil, j’ai parcouru ses photos et son profil; j’ai trouvé qu’il avait l’air drôle et sans prétention», se rappelle Catherine. Bref, François avait parfaitement réussi son «autopromotion». !

A u départ, c’est la curiosité qui nous a poussées à nous inscrire sur Facebook. Pour savoir ce qu’était devenu le beau François du secon-daire, pour voir les photos du petit dernier de notre famille éloignée ou pour connaître l’évènement à ne pas manquer le samedi soir. Puis, on

s’est créé un compte Twitter afin de suivre l’actualité et d’épier un peu le quotidien de nos people préférés.

LES MÉDIAS SOCIAUX NOUS PERMETTENT DE NOUS PRÉSENTER SOUS NOTRE PLUS BEAU JOUR… À CONDITION DE NE PAS GAFFER, BIEN SÛR! texte GENEVIÈVE VÉZINA-MONTPLAISIR

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«Les médias sociaux nous permettentde projeter une version de nous-mêmes

en mots et en photos: chacun peut maintenant se former une identiténumérique, une sorte de double virtuel.

Et parce que chacun peut voir l’image qu’il projette, il a davantage

tendance à vouloir la modeler.» MADELEINE PASTINELLI, SOCIOLOGUE

VOUS AVEZ DIT KLOUT?Aujourd’hui, votre popularité sur Facebook et Twitter ne se calcule plus selon le nombre de vos amis ou de vos abonnés. Elle se calcule selon un indice, le score Klout. Cet outil mesure l’influence que vous avez dans les différents médias sociaux, à savoir le nombre de fois que le contenu que vous avez publié a été vu, ainsi que les réactions qu’il a provoquées. Le score Klout varie de 0 à 100. Plus votre pointage est élevé, plus votre influence en ligne est grande. Le score moyen d’un usager quotidien des médias sociaux oscille autour de 20. Celui de Mitsou excède aujourd’hui les 60, et celui de Lady Gaga, les 90. Vous désirez savoir quelle est votre valeur? Il suffit de visiter le site klout.com et d’y connecter les différents comptes que vous avez dans les médias sociaux.

CONSEILS D’AMISDans les différents médias sociaux, il faut briller et être plein d’esprit. Votre côté bougon, légèrement hystérique sur les bords, il vaut mieux le garder pour vous. Voici quelques règles de base à suivre pour soigner votre image et réussir votre «autopromotion».1. Soyez positive Les commentaires négatifs n’ont rien de très sexy. 2. Ciblez votre lectorat Mieux vaut mettre votre énergie à renforcer vos relations avec un nombre restreint de personnes que de vous égarer en tentant de communiquer avec un auditoire trop large et mal défini.3. Restez modeste Si tous vos statuts et vos gazouillis sont sur le ton du je-me-moi et se concentrent sur votre formidable nombril, le nombre de vos amis et de vos abonnés risque de fondre comme neige au soleil.4. Ne polluez pas le mur de vos amis Publier des liens intéressants sur le mur Facebook de vos amis, c’est bien; n’y publier que des vidéos de petits chats cute risque à la longue de faire sortir les griffes de vos amis.5. Soignez votre français Faire trois fautes d’orthographe dans un gazouillis de moins de 140 caractères est le plus sûr moyen d’être jugée et snobée par vos amis virtuels.