Moby Dick (1956) de John Huston - This is My Movies

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Moby Dick (1956) de John HustonCatégories : #années 50, #film américain, #john huston, #drame, #critique, #gregory peck

Résumé : XIXème siècle, à New Bedford dans le Massachusetts.Le narrateur de l'histoire, Ishmaël, arrive dans la ville, le coeurgonflé d'espoirs et un rêve en tête : devenir marin. Il entre dans la1ère auberge venue et fait la rencontre de joyeux marins. Lors desa 1ère nuit, il fait la rencontre de Queequeg, un harponneurd'origine polynésienne et venant d'une tribu cannibale. Lelendemain, il se fait embaucher sur le Pequod, un baleinier. Etc'est partit pour un long voyage de 3 ans, à la recherche desbaleines qui lui rapporteront son lot d'aventures mais aussid'argent. Le Pequod est sous le commandement du capitaineAchab, un rude marin à la jambe de bois et qui nourrit une haineféroce envers une baleine blanche à la réputation terrifiante. Lasimple évocation de son nom suffit à faire frémir le plus aguerri

des marins et les plus folles légendes courent à son sujet. Et plus le capitaine se rapproche de sa proie,plus la fin apparaît de plus en plus inéluctable.

Critique : en 1954, John Huston s'est installé en Irlande depuis déjà quelques années et c'est lorsd'une de ses virées nocturnes qu'il fit la rencontre de l'écrivain Ray Bradbury. Ce dernier lui confiaalors qu'il n'avait jamais été capable de le lire. John Huston lui balança alors une copie du roman deHerman Melville et lui dit de revenir le lendemain après avoir lu ce qu'il pouvait. Le cinéaste essaiedepuis plusieurs années de porter à l'écran une nouvelle adaptation de l'un des plus célèbres romansaméricains de tous les temps. Huston est alors déjà connu pour avoir adapté de nombreux grandsclassiques dans différents genres et signés par des écrivains prestigieux comme Dashiell Hammett,Truman Capote. Il a fait le tour des studios et si la United Artists s'est montré un temps intéressé, lademande des producteurs d'y inclure un personnage féminin ainsi qu'une romance a quelque peudégoûté le réalisateur, désireux de faire un film sombre, torturé et loin de tout le glamourhollywoodien. Les rudes espaces de l'Irlande l'inspirent visiblement beaucoup et il s'y tiendra jusqu'à ceque la Warner, un partenaire historique qui lui avait permis de passer derrière la caméra en 1941 avec"Le faucon maltais" accepte de lui produire son scénario tel quel à la condition que le rôle du captaineAchab soit tenu par une grosse star. Ray Bradbury et lui collaboreront pendant quelques mois ausein d'une relation de travail assez mouvementée qui inspirera à l'écrivain un roman semi-autobiographique "La baleine de Dublin", dont le titre original, "Green shadows, White whale" n'estpas sans rappeler une autre oeuvre semi-autobiographique sur John Huston "White hunter, blackheart", signée par Peter Viertel et racontant le tournage de l'adaptation de son roman "The AfricanQueen" par le fantasque réalisateur américain et qui sera plus tard adapté au cinéma par Clint

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Eastwood.

Le tournage du film s’avérera assez compliqué car Huston tenait absolument à tourner dans desdécors naturels, sur un vrai bateau et en pleine mer. Bien évidemment, une bonne partie des acteurs etdes techniciens tombèrent malade et le tournage dût être décalé durant de nombreuses semaines,entraînant une énorme inflation du budget. Et comme si cela ne suffisait pas, de nombreux décorsfurent détruit par des ouragans ou diverses tempêtes. Pragmatique, Huston attribua ça à une sorte decolère divine somme toute assez légitime, son film étant foncièrement iconoclaste. En dépit de toutesces galères, le film parvint à être tourné de manière à peu près correcte durant l'année 1954 mais sasortie fût un peu plus longue à venir. Le résultat vaut toutefois largement le coup et ne dépareille pasvraiment avec le reste de la filmographie de ce grand réalisateur.

Queequeg et Ishmaël.

Le film s'ouvre en pleine lumière, avec l'apparition du narrateur qui se fait appeler Ishmaël qui arrivedans cette petite ville balnéaire. Très vite, on est plongé dans le noir et la lumière très particulière créepar le directeur de la photographie Oswald Morris au cours du développement de la pellicule estassez surprenant, laissant beaucoup de place aux teintes sombres. Le climat est rude, les visages desmarins aussi et on est assez vite embarqué au cœur de la vie du bateau, le scénario s'attachantégalement à nous décrire le mieux possible la vie des marins d'un baleinier, ces scènes se révélant trèsintéressantes et toujours parfaitement intégrées au récit. Pendant ce temps là, le capitaine Achabdemeure invisible et n'apparaît qu'après plus d'une demie-heure. Il sera dès lors de presque toutes lesscènes, entraînant son équipage toujours plus loin dans sa quête vengeresse, ignorant les règles de

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sécurité mais aussi en abandonnant ses croyances chrétiennesainsi que tout sentiment de charité. Cette virée au sommet de lafolie est encore aujourd'hui une véritable réussite même si onpeut regretter la performance un poil surjouée de GregoryPeck, la star choisit par Huston afin de pouvoir obtenir l'argentnécessaire à la production du film. Le reste du casting estcomposé de quais-inconnus qui livrent chacun d'excellentesprestations, certaines étant même plus que mémorable commecelle de Queequeg, incarné par l'acteur austro-hongroisFriederich Ledebur. Les critiques de l'époque ne furent pastendre avec Peck, jugé bien trop jeune pour le rôle (qui a 20 ansde plus dans le roman) et si l'acteur fût très contrarié à la sortiedu film, il admis quelques années plus tard que c'est John

Huston lui-même qui aurait dû jouer le rôle (le réalisateur le destinait au départ à son propre père). Anoter également la présence au générique de Orson Welles, qui ne joue que dans une seule scène(mais quelle scène !) et bien évidemment, c'est lui qui a écrit son long monologue qu'il déclamera avecsa voix inimitable de grand conteur qu'il était (le tout aidé par une petite bouteille de Brandy, planquéepar Huston dans sa chaire afin de l'aider à vaincre son trac).

Les séquences maritimes sont magnifiques, le montage dynamique ainsi que quelques audacesvisuelles nous offrent quelques grands moments de cinéma. Alors oui, on pourra toujours dire que leseffets spéciaux concernant la baleine tueuse ont un peu vieillis mais au regard de l'époque, ils restentencore très crédibles et leur rendu est parfois saisissant. J'émettrai toutefois quelques doutes sur lescénario, pas toujours très clair et brossant des portraits pas forcément très profond, se reposant biensouvent sur une juxtapositions des caractères solide mais qui ne varie jamais vraiment, chacun étantenfermé dans un stéréotype comme par exemple les 3 seconds du capitaine (le calme, le gros dur quiaime bien rigoler et le petit dernier, dévoué et sévère). Le film montera crescendo en pression, commetoujours à l'époque, et le final se distinguera par de nombreuses plans très puissants et d'une trèsgrande intensité qui en laissera plus d'un complètement assommé.

Un fait étonnant me concernant, c'est qu'en dépit dufait que j'adore essentiellement les réalisateurs ayantun style visuel très fort, je sois aussi fasciné par lesfilms de John Huston, qui n'est pas, d'un point devue purement formel, un grand cinéaste. Il estindéniablement un conteur très doué et un directeurd'acteurs absolument brillant mais son découpagedemeure très classique et il est assez avare de grandsmouvements ou encore d'exploits techniques. Son art

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se situe bien ailleurs et son analyse de la nature humaine s'avère très profonde et pousse le spectateur àse questionner sur divers sujets. Le roman de Melville était fait pour lui. D'ailleurs, quand j'ai vu quemon bouquet cinéma proposait le film "Moby Dick" avec son nom au générique plus celui de GregoryPeck, je n'ai pas longtemps hésité pour me lancer dans le visionnage.

J'ai découvert ce cinéaste de manière assez récente et j'ai eu la chance de visionner quelques uns de cesfilms parmi les plus fameux comme "Le faucon maltais", "Le trésor de la Sierra Madre" (mon préféréjusqu'à présent), "Quand la ville dort", "Les désaxés" plus quelques autres et à chaque fois, je me suislaissé prendre par sa narration. Il me reste encore quelques essentiels de cet immense réalisateur à voiret j'ai hâte de m'y frotter.

Queequeg et son harpon lors de son entretien d'embauche.

Bien évidemment, le film se planta au box-office et son budget titanesque pour l'époque fût très loind'être remboursé (la légende veut que ce ne soit d'ailleurs toujours pas le cas malgré les années). Lacarrière de John Huston continua son déclin au box-office malgré des collaborations prestigieusesavec Robert Mitchum et John Wayne (même si le courant ne passa pas du tout entre eux) mais ilcontinua de travailler à un rythme régulier, offrant au cinéma quelques grands classiques par la suite.

Note : 9/10

Budget : 4 500 000 $ (soit l'équivalent de 39 131 361 $ de 2014)