Daily Movies 58 - Février 2015

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EDITO Que vous soyez complètement, partiellement ou pas trop Charlie, s’il y a un endroit ce mois-ci pour revenir sur ces tragiques évènements avec recul et pondération, c’est le FIFDH (voir article ci-contre et en page 6). La liberté d’expression étant un des premiers des droits humains, le Forum permettra de débattre, en s’appuyant sur cet outil incomparablement puissant qu’est le cinéma. D’ailleurs, certains des films de février critiqués dans nos pages En salles démontrent cette capacité d’illustrer les grands problèmes de notre temps et de faire réfléchir le spectateur, en même temps qu’il le divertit : « Imitation Game », ou comment son homosexualité conduisit au ban de la société un génie et héros national, « Master Of The Universe » et sa dénonciation froide par un ancien banquier d’un système financier sans scrupules, « Felix et Meira », qui illustre la lutte d’une femme contre son conditionnement religieux… Même un film a priori sans messages comme « Fish And Cat » a au moins le mérite, outre ses qualités narratives, de montrer que l’Iran est plus que son image d’Epinal de pays des mollahs. UNE PUBLICATION Yamine Guettari [email protected] Nouvelle directrice – avec le retour de la cofondatrice Isabelle Gattiker – nouvelle communication visuelle, nouveau lieu central, nouveaux lieux de projection et de débat… C’est un FIFDH plein de surprises qui s’offrira aux festivaliers pour cette 13 ème édition ! 1bis DAILY MOVIES N O 58 FÉVRIER 2015 WWW.DAILY-MOVIES.CH En salles « Souvenirs de Marnie » : le chant du cygne de Ghibli ? Pas si sûr… 2 Festivals Le Festival du Film Vert souffle ses dix bougies : un anniversaire qui sera fêté dignement ! 7 11 ème Courtoujours : la manifestation genevoise de référence consacrée aux courts-métrages. Festivals 7 Festivals 7 ème Japan Impact : deux jours de folie à Lausanne pour la culture japonaise avec un grand C. 6 Le FIFDH est l’un des évènements les plus importants dédiés au cinéma et aux droits humains à travers le monde. Isabelle Gattiker justifie ainsi son importance : « Nous sommes convaincus que la qualité artistique des films est nécessaire pour traiter des violations de la dignité humaine. A travers deux compétitions internationales, Fictions et Documentaires, nous montrons le meilleur du cinéma suisse et international consacré aux droits de la personne. Avec des débats de haut niveau face au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, qui passe sous silence de nombreuses violations, nous offrons un forum où tous les sujets peuvent être débattus en toute liberté. Le FIFDH est un relais pour celles et ceux qui risquent leur vie sur le terrain ». Pour la première fois, le Festival investit Genève et ses alentours avec des projections et des débats dans des musées, maisons de quartier et autres lieux culturels, aux Pâquis, à Carouge, Meyrin, Versoix et Gaillard en France voisine. Des projections de films seront proposées gratuitement dans des cafés de Genève. Des séances seront également organisées dans le centre de détention de la Clairière, à l’hôpital de jour des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) et à la clinique psychiatrique de Belle-Idée. Le Festival s'ouvrira avec une soirée en hommage aux caricaturistes assassinés parce qu’ils défendaient la démocratie et se clôturera sur la Journée internationale des femmes, le 8 mars. Les donneurs d'alerte, les stratégies de communication djihadistes, l’environnement, Ebola, le centenaire du génocide arménien, la discrimination des Ouighours, Israël-Palestine, les migrations, le travail des enfants, la responsabilité des banques de respecter les droits humains seront débattus lors des soirées « Un film, un sujet, un débat ». Des discussions seront également organisées autour des discriminations contre la communauté LGBTIQ en Russie et à propos de l’histoire récente de la Colombie. Tous les débats seront retransmis gratuitement sur internet et accompagnés d’un hashtag dédié. La composition du jury Documentaires et du Jury Fictions ainsi que la liste des invités seront annoncés lors de la conférence de presse qui aura lieu le 17 février. Une quarantaine de films seront projetés en première mondiale, internationale ou suisse, réalisés par des cinéastes engagés parmi lesquels Erick Zonca, Danis Tanovic, Mira Nair, Amos Gitaï, Rithy Panh, les Yes Men et Juan Lozano. (Suite en page 6) www.fifdh.org [Yamine Guettari] Dès que vous voyez le logo ci-dessus, c'est qu'il y a des lots en jeu. COMMENT GAGNER ? En écrivant à concours@daily-movies. ch, et en mettant en objet concours + le titre du film. N’oubliez pas votre adresse postale pour participer au tirage au sort !

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Toute l'actualité du cinéma en Suisse dans le numéro du mois de février de Daily Movies

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EDITOQue vous soyez complètement, partiellement ou pas trop Charlie, s’il y a un endroit ce mois-ci pour revenir sur ces tragiques évènements avec recul et pondération, c’est le FIFDH (voir article ci-contre et en page 6). La liberté d’expression étant un des premiers des droits humains, le Forum permettra de débattre, en s’appuyant sur cet outil incomparablement puissant qu’est le cinéma.

D’ailleurs, certains des films de février critiqués dans nos pages En salles démontrent cette capacité d’illustrer les grands problèmes de notre temps et de faire réfléchir le spectateur, en même temps qu’il le divertit : « Imitation Game », ou comment son homosexualité conduisit au ban de la société un génie et héros national, « Master Of The Universe » et sa dénonciation froide par un ancien banquier d’un système financier sans scrupules, « Felix et Meira », qui illustre la lutte d’une femme contre son conditionnement religieux… Même un film a priori sans messages comme « Fish And Cat » a au moins le mérite, outre ses qualités narratives, de montrer que l’Iran est plus que son image d’Epinal de pays des mollahs.

UNE PUBLICATION

Yamine [email protected]

Nouvelle directrice – avec le retour de la cofondatrice Isabelle Gattiker – nouvelle communication visuelle, nouveau lieu central, nouveaux lieux de projection et de débat… C’est un FIFDH plein de surprises qui

s’offrira aux festivaliers pour cette 13ème édition !

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DAILY MOVIES NO 58 ■ FÉVRIER 2015 WWW.DAILY-MOVIES.CH

En salles

« Souvenirs de Marnie » : le chant du cygne de Ghibli ? Pas si sûr…

2 Festivals

Le Festival du Film Vert souffle ses dix bougies : un anniversaire qui sera fêté dignement !

7

11ème Courtoujours : la manifestation genevoise de référence consacrée aux courts-métrages.

Festivals 7Festivals

7ème Japan Impact : deux jours de folie à Lausanne pour la culture japonaise avec un grand C.

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Le FIFDH est l’un des évènements les plus importants dédiés au cinéma et aux droits humains à travers le monde. Isabelle Gattiker justifie ainsi son importance : « Nous sommes convaincus que la qualité artistique des films est nécessaire pour traiter des violations de la dignité humaine. A travers deux compétitions internationales, Fictions et Documentaires, nous montrons le meilleur du cinéma suisse et international consacré aux droits de la personne. Avec des débats de haut niveau face au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, qui passe sous silence de nombreuses violations, nous offrons un forum où tous les sujets peuvent être débattus en toute liberté. Le FIFDH est un relais pour celles et ceux qui risquent leur vie sur le terrain ».

Pour la première fois, le Festival investit Genève et ses alentours avec des projections et des débats dans des musées, maisons de quartier et autres lieux culturels, aux Pâquis, à Carouge, Meyrin, Versoix et Gaillard en France voisine. Des projections de films seront proposées gratuitement dans des cafés de Genève. Des séances seront également organisées dans le centre de détention de la Clairière, à l’hôpital de jour des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) et à la clinique psychiatrique de Belle-Idée.Le Festival s'ouvrira avec une soirée en hommage aux caricaturistes assassinés parce qu’ils défendaient la démocratie et se clôturera sur la Journée internationale des femmes, le 8 mars. Les donneurs d'alerte, les stratégies de communication djihadistes, l’environnement, Ebola, le centenaire du génocide arménien,

la discrimination des Ouighours, Israël-Palestine, les migrations, le travail des enfants, la responsabilité des banques de respecter les droits humains seront débattus lors des soirées « Un film, un sujet, un débat ». Des discussions seront également

organisées autour des discriminations contre la communauté LGBTIQ en Russie et à propos de l’histoire récente de la Colombie. Tous les débats seront retransmis gratuitement sur internet et accompagnés d’un hashtag dédié.La composition du jury Documentaires et du Jury Fictions ainsi que la liste des invités seront annoncés lors de la conférence de presse qui aura lieu le 17 février. Une quarantaine de films seront projetés en première mondiale, internationale ou suisse, réalisés par des cinéastes engagés parmi lesquels Erick Zonca, Danis Tanovic, Mira Nair, Amos Gitaï, Rithy Panh, les Yes Men et Juan Lozano.

(Suite en page 6)

www.fifdh.org

[Yamine Guettari]

Dès que vous voyez le logo ci-dessus, c'est qu'il y a des lots en jeu.

COMMENT GAGNER ?En écrivant à [email protected], et en mettant en objet concours + le titre du film. N’oubliez pas votre adresse postale pour participer au tirage au sort !

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DAILY MOVIES N°58 – FÉVRIER 2015

« SOUVENIRS DE MARNIE »LE DERNIER GHIBLI ?En août dernier une interview de Toshio Suzuki, le producteur emblé-matique des studios Ghibli, cofon-dés comme chacun le sait par Hayao Miyazaki et Isao Takahata, laissait entendre que les studios arrêtaient la production de long-métrages. Pourtant, la rumeur fut plus tard démentie : arguant d’une erreur de traduction, les studios parlaient désormais de « pause », de « recons-

truction », de « restructuration »... Il est vrai que les derniers films du studio, nonobstant leur qualité et leur accueil critique souvent unani-mement élogieux, ne furent pas tous d’immenses succès (« Le Conte de la princesse Kaguya » accuse 26 mil-lions de dollars de perte, et « Sou-venirs de Marnie » a fait des scores décevants lors de son exploitation japonaise l’été dernier). Du coup les têtes pensantes de Ghibli ont décidé de se recentrer sur leur musée et sur la gestion des droits de leurs œuvres, et de ne se lancer dans la production d’un nouveau long-métrage que si le projet semble « viable ». Une bonne raison de ne pas rater ce « Souvenirs

de Marnie » donc, puisque personne ne peut affirmer quand le prochain Ghibli verra le jour…Cette adaptation de « When Marnie Was There » de Joan G. Robinson, classique de la littérature jeunesse britannique publié en 1967, et consi-déré comme l’un des chefs-d’œuvre de la littérature anglaise pour la jeu-nesse, partait sous de bons auspices. C’est en effet un des livres de chevet de Miyazaki, qui fait partie de la liste

de lecture des nouveaux col-laborateurs du studio. Mais le défi était de taille, comme le confie H i r o m a s a Yonebayashi : « Je me suis d’abord dit qu’il serait dif-ficile à adap-ter. J’ai beau-coup apprécié ma lecture, j’ai été ému par l’histoire, mais ce qui fonct ionnai t à la perfec-

tion en tant qu’oeuvre littéraire me paraissait difficile à transcrire sous forme visuelle. Le livre tire sa force du dialogue entre Anna et Marnie. C’est à travers leurs conversations que l’on perçoit les variations des sentiments et de l’état d’esprit des personnages, et c’est là que se situe le plaisir du roman. Mais comment transcrire cela sous forme de film d’animation ? Je doutais de parve-nir à conserver toute l’intensité et la force émotionnelle du livre. Cepen-dant, longtemps après avoir terminé le livre, des images continuaient à hanter mon esprit. Anna et Marnie, proches l’une de l’autre, se tenant par la main, dans le jardin d’une

demeure en pierre faisant face à un splendide marais. Peut-être allaient-elles danser dans le clair de lune ? Un lien se nouait entre leurs deux cœurs, dans l’écrin de la beauté de la nature, le doux souffle de la brise, sur un air de musique familier. Après avoir dessiné plusieurs esquisses, je me suis finalement dit que je pou-vais essayer. »Notons aussi le retour de Masashi Ando au poste clé de superviseur de l’animation (il avait travaillé sur « Princesse Mononoké » et « Le Voyage de Chihiro »), avant de quit-ter le Studio Ghibli il y a treize ans.

[Yamine Guettari]

LA CRITIQUEIl y a quelque chose de profondé-ment envoûtant dans « Souvenirs de Marnie », quelque chose de pri-mordial qui nous ramène au cœur de nos émotions, quelque chose qui nous délivre en profondeur, quelque chose qui nous comprend.Au même rythme qu'Anna, jeune asthmatique en cure au bord de mer, nous découvrons les traumatismes de l'enfance et la magie de l'âme qui essaie d'en venir à bout. Car qui est Marnie ? Une amie imaginaire ou un fantôme ? Et quelle est cette étrange villa ? En ruines, en pleine réception mondaine ou en réno-vation moderne ? Ici, les temps du récit et de l'esprit se mêlent, s'entre-coupent et parfois s'entrechoquent. Yonebayashi jongle toute en finesse avec eux, entre réalité, fantasme, mémoire, présent et passés. Et une fois subtilement mis en place, ce mécanisme glisse doucement vers une unique temporalité à l'immer-sion totale et à la cohérence bluf-fante. « Souvenirs de Marnie2 réussit ainsi un numéro d'équilibriste nar-ratif quasi-inédit, dont l'unique but

est de nous perde tout autant qu'est perdue Anna.Figure splendide de l'adolescente anormale, exclue et solitaire, elle porte sur ses épaules toute la tristesse d'un mal-être profond et aliénant. Mais le retour aux sources, natu-rel et spirituel, sera sa guérison. Et c'est là aussi l'autre tour de force de « Souvenirs de Marnie », celui de jouer avec la simplicité/complexité de ce combat intérieur pour en tirer un pouvoir d'évocation, et surtout d'émotions, sublime. Car on parle ici avant tout d'abandon, de pardon et du poids des blessures cachées. Et pour ce genre de thématique, il n'y a jamais assez de mots, mais plutôt des larmes timides remplies de grandeur.Le chant du cygne des studios Ghibli n'aurait pas pu être plus beau.

[Florian Poupelin]

2

Anna, jeune fille solitaire, vit en ville avec ses parents adoptifs. Un été, elle est envoyée dans un petit village au nord d’Hokkaidō. Dans une vieille demeure inhabitée, au cœur des marais, elle va se lier d’amitié avec l’étrange Marnie…

EN SALLES

Alexandre Thomas Carole-lyne Loïc Caporal Gerber Klay Valceschini

Difret - - ★★★★ - -Felix et Meira - - - - ★★

Fish And Cat - ★★★★ - - -Foxcatcher - - - ★★★

Imitation Game - - - - ★★★★

Into The Woods ★★ - - - ★★

L’Enquête ★★★ - - - -La Nuit au musée 3 - - - ★

Les Nouveaux héros ★★★ - - - -Les Nouveaux sauvages - - - ★★★ ★★★★

Five angry mennotent les films du mois

LA COTATION DE DAILY MOVIES ★★★★★ Chef-d’oeuvre ★★★★ Excellent ★★★ Bien ★★ Bof ★ Mauvais T À éviter comme la mort

De Hiromasa YonebayashiAvec les voix de Sara Takatsuki, Kasumi ArimuraFrenetic Films

Sortie le 28/01

AVEC LE TEMPS VA, TOUT S'EN VA

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DAILY MOVIES N°58 – FÉVRIER 2015

UN RÉCIT SUR LA DIFFÉRENCE

Récompensé par le Prix du public au Festival International du film de

Toronto et nommé huit fois aux Oscars, « Imitation Game » retrace le parcours exceptionnel d’Alan Turing (Benedict Cumberbatch), le concepteur d’une machine qui a joué un rôle déterminant durant la Deuxième Guerre mondiale. Ce génie mathématicien est appelé à travailler avec une équipe de chercheurs (Matthew Goode, Keira Knightley, Allen Leech), afin de briser le système de codage des messages nazis, réputé inviolable. À travers trois moments clés de sa vie, le spectateur découvre que derrière les accomplissements de ce scientifique britannique, se cache un homme extraordinaire, sujet à un conflit intérieur avec sa sexualité. Benedict Cumberbatch, l’acteur montant connu pour son rôle de

détective excentrique dans la série télévisée « Sherlock », crève l’écran tant la qualité de sa performance est exceptionnelle et prouve que sa nomination aux Oscars est amplement méritée. Pour donner vie à Alan Turing, il transforme sa voix grave et tonitruante pour lui insuffler plus de douceur et de retenue. Dépeint comme un authentique marginal, le scientifique réussit à alléger l’atmosphère oppressante de cette époque grâce à l’humour généré par ses excentricités. Il faut également saluer la prestation impeccable de Keira Knightley, qui étonne par sa simplicité et dont le

rôle est essentiel pour contrebalancer l’extravagance d’Alan Turing. La complicité et la tendresse entre les deux personnages est palpable et leurs échanges offrent les meilleures séquences de ce film biographique.Le réalisateur norvégien Morten Tyldum (« Headhunters »), encore méconnu du grand public, livre un second long-métrage à la sincérité touchante, doté d’une réalisation sans prise de risques, mais tout de même de bonne facture. Le film est une réussite portée par une bande-originale envoûtante composée par le brillant Alexandre Desplat, mais aussi par un scénario bien construit et d’une très grande richesse. Effectivement, « Imitation Game », c’est aussi un regard sur la société, sur son intolérance vis-à-vis des personnes différentes, qui pourraient se révéler être les héros de demain.[Diana Jeronimo]

EN SALLES 3

BioBenedict CumberbatchDans le sangNé le 19 juillet 1976 à Londres, de deux parents acteurs, il suit leurs traces en entrant à l'univer-sité de Manches-ter pour étu-dier la comédie, puis en poursuivant sa formation à la prestigieuse London Academy of Music and Dramatic Art.

ApprentissageSa carrière suit une progres-sion logique. Il joue le répertoire classique dans les théâtres londoniens, puis obtient des seconds rôles à la télévision britannique, et enfin le premier rôle du téléfilm « Hawking » où il joue le scientifique, et surtout il incarne Sherlock Holmes dans la série « Sherlock » de la BBC.

ExplosionMême cheminement au cinéma, avec de nombreux petits rôles avant d’incarner des per-sonnages plus marquants : le dragon Smaug dans « Le Hob-bit », et le méchant Khan dans « Star Trek Into Darkness ». Nombreux le considèrent en Grande-Bretagne comme le prochain Laurence Olivier.

[Yamine Guettari]

« IMITATION GAME »

« Les Nouveaux Héros » est la dernière merveille des studios Disney, réalisée par

les créateurs de « La reine des neiges » et « Le monde de Ralph ». Inspiré d’un comics des éditions Marvel, le long-métrage nous emmène dans un futur alternatif, à San Fransokyo, où vit le jeune prodige Hiro Hamada (Ryan Potter). Encouragé à mettre à profit son intelligence au-dessus de la moyenne par son frère Tadashi (Daniel Henney), cet adolescent de 14 ans prend comme résolution d’entrer à l’université pour y étudier la robotique. Cependant, une tragédie bouleverse tous ses plans et le force à se lancer dans une quête périlleuse. Pour faire face aux obstacles qui se présentent, le jeune garçon pourra compter sur l’aide de son robot infirmier Baymax (Scott Adsit) et de son groupe d’amis. « Les Nouveaux Héros » réunit toutes les caractéristiques qui nous enchantent dans un long-métrage d’animation. Comme tout bon film de Disney, il transmet de fortes valeurs morales

telles que l’importance de la famille, le dépassement de soi et la notion de responsabilité. Il se veut également ludique en mêlant des leçons de chimie et physique, à de vraies scènes d’action dignes d’un blockbuster. Si tous les gadgets utilisés par nos héros peuvent perturber les puristes, ils seront conquis par la beauté visuelle du film et les séquences émotionnelles déchirantes entre Hiro et Baymax, qui viendront vider leurs glandes lacrymales. Mais l’atout majeur du film reste cet énorme robot gonflable inexpressif mais pourtant capable de nous faire naviguer entre émotion et hilarité avec une fluidité exemplaire. Un film à ne pas manquer ![Diana Jeronimo]

« LES NOUVEAUX HÉROS »

Pour une raison inconnue, la tablette magique qui donne vie à toutes les expositions

du musée d’histoire naturelle à la nuit tombée commence à perdre son pouvoir. Accompagné de ses fidèles compagnons de cire (Robin Williams, Owen Wilson), Larry, (Ben Stiller) le gardien de nuit, part en mission à Londres pour y trouver une solution avant que ses amis ne restent figés à jamais. Si aucun film de cette trilogie ne peut être considéré comme du grand art, les deux premiers épisodes de la franchise avaient au moins le mérite d’être divertissants et de disposer d’un scénario qui parvenait à décoller. « La nuit au musée – Le secret des pharaons » patauge dans la médiocrité en ne se limitant qu’à répéter le schéma et les plaisanteries des films précédents, mais cette fois-ci en prenant place dans un musée se trouvant de l’autre côté de l’Atlantique, et avec comme intrigue secondaire la difficulté d’un père à laisser son fils voler de ses propres ailes. Le long-métrage

laisse l’impression désagréable que les acteurs ne sont présents que pour honorer la fin de leur contrat sans se soucier du résultat final. Toutefois, il faut reconnaître la qualité exceptionnelle des effets spéciaux et qu’il est très difficile de ne pas s’émouvoir de la présence de Robin Williams, décédé avant le lancement du film, qui à chaque séquence semble faire ses adieux au cinéma. Si « La Nuit au Musée – Le Secret des Pharaons » ne réussit pas à se renouveler et à garder intactes la fraîcheur et l’énergie de ses autres opus, il a néanmoins un pouvoir similaire à la tablette d’or : faire revenir à la vie cet acteur d’exception à chaque fois que l’on y assistera. [Diana Jeronimo]

« LA NUIT AU MUSÉE – LE SECRET DES PHARAONS »

De Morten TyldumAvec Benedict Cumberbatch, Keira Knightley, Matthew GoodeAscot Elite Films

Sortie le 28/01

De Shawn LevyAvec Ben Stiller, Robin Williams, Owen Wilson20th Century Fox

Sortie le 04/02

De Don Hall et Chris WilliamsAvec les voix de Ryan Potter, Scott AdsitWalt Disney Pictures

Sortie le 11/02

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DAILY MOVIES N°58 – FÉVRIER 2015

Les Wachowski continuent dans la SF méta-physique avec les aventures d’une immi-grée russe qui pourrait bien avoir une destinée exception-nelle. Channing Tatum et Mila Kunis apportent leur coefficient glamour.

Sortie le 04/02

Un sniper des Navy Seals empile les faits d’arme en Irak. Mais son retour au pays va se révéler bien difficile. On fait confiance à Eastwood pour livrer une réflexion subtile sur l’engagement militaire améri-cain.

Sortie le 18/02

Eric (Dubosc) et Patrice (Kad) sont deux amis d’enfance bien différents : le premier est un fêtard coureur, le second un bon père de famille. Projetés en 1986, ils vont revivre leur adolescence... Avec Farrugia à la réalisation !

Sortie le 18/02 [YG]

4

« JUPITER ASCENDING » « AMERICAN SNIPER » « BIS »

Rainer Voss était un important banquier d'investissement allemand. Devenu consultant,

il raconte à la caméra de Marc Bauder la face cachée de la finance, ce « monde parallèle » qui vit à l'intérieur des gratte-ciels des quartiers d'affaires. Une véritable communauté fermée sur le monde extérieur, déconnectée des réalités sociales, et qui a une devise : faire toujours plus de profit, peu importe comment. Ce documentaire diffusé sur Arte en 2013 sort enfin dans les salles suisses après avoir suscité un intérêt important auprès du public international. Avec une mise en scène à la fois sobre et élégante, il accueille le discours de l'ancien banquier d'affaires

qui distille çà et là des révélations coup de poing sur les dérives pernicieuses du monde de la finance. Discours n'est pas démonstration et ce film à la tonalité assez intimiste s'attarde plus sur les implications personnelles et psychologiques du système que sur une volonté d'en déconstruire précisément les rouages. Un film important pour éveiller les consciences. [Arnaud Mittempergher]

« MASTER OF THE UNIVERSE »

2001. Le journaliste Denis Robert publie un livre choc dénonçant la société

Clearstream au fonctionnement opaque et plus que douteux. Ces révélations ébranlent le monde de la finance internationale et rejoignent bientôt les préoccupations du juge Renaud van Ruymbeke, engagé dans la lutte contre la corruption et responsable d’une enquête sur la vente de frégates à Taïwan contenant de nombreuses zones d’ombre. Mais la quête de la vérité n’est jamais sans danger… « L’Enquête » retrace les faits révélés par Denis Robert dans ses ouvrages « Révélation » et « La Boîte Noire ».

Tout y est : le travail d’investigation, la tempête médiatique et surtout la quantité astronomique de procès qui s’en est suivie. Et Vincent Garenq réussit à rendre cela à la fois compréhensible et intéressant, malgré une réalisation assez lente et un côté vintage délibéré. Un alliage de réalisme et de fiction réussi !

[Pauline Hausmann]

« L’ENQUÊTE »

EN SALLES

Pas vu mais on y croitTrois films à voir en salle ces prochaines semaines, mais qui n’ont pas encore été visionnés.

I l fallait être fou pour concrétiser un tel projet : un film de plus de deux heures tourné en un

seul plan. Si Alexandre Sokourov avait déjà relevé un défi similaire en tournant « L’Arche russe » (2002) en un plan de plus de 90 minutes, l’Iranien Shahram Mokri va encore plus loin. En s’inspirant d’un fait divers sordide, le réalisateur nous emmène sur les rives d’un lac qui accueillent un groupe d’étudiants venus camper et participer à une compétition de cerfs-volants. Autour du campement, deux hommes étranges rôdent et interpellent les jeunes. Deux heures durant, la caméra de Mokri va suivre tour à tour près de douze personnages pendant que l’atmosphère se fait de plus en plus menaçante. C’est dans sa construction que « Fish and Cat » s’avère ahurissant. Alors qu’on pourrait s’attendre à un récit linéaire qui se déroulerait en temps réel – le film étant composé d’un seul plan – on se rend compte qu’à chaque fois que nous suivons un nouveau personnage (qui, pour une raison

ou pour une autre, croise la route du précédent), la narration opère un retour en arrière. Ainsi, chaque passage de témoin entre deux individus équivaut à un flashback qui retarde toujours le dénouement. On vous laisse imaginer le travail de chorégraphie nécessaire ! Cette structure complexe nous prouve qu’il est toujours possible d’élaborer des nouveaux moyens pour raconter une histoire, en tordant par exemple la ligne du temps à la manière d’un ruban de Möbius. Un grand bravo aux quelques salles qui auront l’audace de programmer « Fish and Cat » (le Cinélux de Genève le proposera dès le 25 février) et nous ne pouvons que vous encourager à les soutenir en allant découvrir ce film subjuguant ! [Thomas Gerber]

« FISH AND CAT »

Un « petit » film qui s’est bien fait remarquer en 2014 avec le Prix du meilleur film

canadien au Festival international du film de Toronto (TIFF) et le Prix du meilleur long métrage de la Compétition internationale (Louve d’or) au Festival du nouveau cinéma (FNC). Mais de là à dire que c’est un chef d’œuvre canadien – comme de nombreux médias québecois – c’est sans doute bien exagéré. Par contre, c’est une belle histoire qui, au travers d’un scénario quelque peu romanesque, nous fait découvrir les habitants de la « La Petite Jérusalem » de Montréal. Tout débute avec Félix, un athée qui doit affronter la mort d’un père avec lequel il était très proche. Le hasard le conduira vers la belle Meira, qui va bouleverser sa vie en le confrontant avec des problématiques religieuses qui lui sont inconnues. Car Meira est mère et juive hassidique, et souffre du mode de vie imposé par son mari. Les deux formeront un couple en quête d’un ailleurs plus vivant, loin du deuil et d’une vie corseté par la

religion. Maxime Giroux qui avait déjà eu une première expérience avec les longs-métrages dramatiques (« JO pour Jonathan » en 2010) s’essaie ici à un film romantique qui ne l’est pas vraiment tant la retenue demeure omniprésente. Même si les enjeux sont peut-être trop vite vendus au spectateur, le spectateur se laisse facilement emporter par sa curiosité à suivre la vie de ces personnages à la fois apathiques et passionnés. Sa lenteur et son côté exagérément feutré pourront rebuter, le scénario manque parfois de force et de rythme, notamment pour certains scènes en trop qui sortent du contexte romantique. Pourtant la finesse de la peinture des personnages compense l’absence de surprises d’un scénario balisé. [Carlos Mühlig]

« FÉLIX ET MEIRA »

De Maxime GirouxAvec Martin Dubreuil, Hadas Yaron, Luzer TwerskyCineworx

Sortie le 04/02

De Shahram MokriAvec Babak Karimi, Saeid Ebrahimifar, Mona AhmadiTrigon-film

Sortie le 28/02

De Vincent GarenqAvec Gilles Lellouche, Charles Berling Agora Films

Sortie le 11/02

De Marc BauderAvec Rainer VossFrenetic Films

Sortie le 28/01

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DAILY MOVIES N°58 – FÉVRIER 2015FESTIVALS613ÈME FIFDH

– La première question que l’on a évidemment envie de vous poser, c’est avez-vous bouleversé votre programmation suite aux atten-tats terroristes de Paris ?– C’est surtout nous qui avons été avant tout bouleversés. Retournés. Révoltés. D’autant plus que Charlie Hebdo a été partenaire du Festival pendant trois éditions. En 2008, Wolinski était d’ailleurs venu au festival « croquer » en direct un débat sur le thème de la montée des populismes en Europe... Nous avons donc bien sûr tenu à rendre hommage un fort hommage aux caricaturistes assassinés. Nous présenterons cette année avec la Fondation Cartooning for peace une exposition qui regroupera de magnifiques dessins de caricaturistes du monde entier en hommage à leurs collègues de Charlie Hebdo. Nous allons également dédier notre soirée d’ouverture au travail des caricaturistes engagés, avec la projection du film « Caricaturistes, fantassins de la démocratie », en présence de la réalisatrice Stéphanie Valloato, le vendredi 27 février. Enfin, nous consacrerons une soirée aux méthodes de communication des groupes djihadistes, avec un film extraordinaire, « Warriors From The North » de Soren Steen Jespersen, suivi d’un débat, le mercredi 4 mars.

– En tant que nouvelle directrice, quelles pistes allez-vous dévelop-per pour le FIFDH ?– Cette année, nous aurons pour la première fois un magnifique lieu central, idéal pour notre Festival : Pitoëff, et toute la salle communale de Plainpalais, où nous proposerons un café/restaurant, une librairie, et nous montrerons des expositions d’artistes et vidéastes – notamment deux vases originaux du célèbre artiste chinois Ai Weiwei. Nous offrirons ainsi à notre public un vrai lieu d’échanges – nous attendons cette année 160 invité(e)s du monde entier, qui sont toujours heureux de rencontrer le public genevois après les débats. Pour la première fois, le Festival investit aussi cette année les quartiers

de Genève avec des projections et débats dans des lieux inhabituels : dans des cafés, des musées, des maisons de quartier, aux Pâquis, à Carouge, Meyrin, Versoix et même à Gaillard, en France voisine. Nous présenterons un film au Temple de Saint Gervais, en collaboration avec le Flux Laboratory. Des séances seront aussi organisées dans le centre de détention de la Clairière, ainsi qu’à l’hôpital de jour, et à la clinique psychiatrique de Belle-Idée, en collaboration avec les HUG.Nous développerons également la formation professionnelle, avec l’organisation de deux Masterclass, l’une du comédien franco-algérien Reda Kateb (« Un prophète », « Zero Dark Thirty », « Guillaume et les garçons à table »), et l’autre autour de l’utilisation de l’animation dans le cinéma documentaire.

– Tracez nous un peu le parcours qui vous a menée à ce poste…– J’ai fondé le Festival aux côtés de Léo Kaneman, en 2003, à la fin de mes études, et j’ai été la coordina-trice générale des trois premières éditions du Festival. J’ai ensuite eu envie de développer mes propres projets de films. J’ai eu la chance de me former à la production pen-

dant deux ans, comme assistante du cinéaste Amos Gitaï, dont une rétrospective complète vient d’être présentée à la Cinémathèque suisse. J’ai ensuite été pendant plusieurs années pro-ductrice de films, un métier que j’ai exercé avec bonheur. J’ai aussi enseigné à l’ECAL et à la HEAD. Je suis reve-nue au FIFDH l’année

dernière en tant que directrice ad-jointe, avant d’être nommée direc-trice générale le mois dernier. A 36 ans, je suis donc revenue à mes pre-mières amours ! C’est un honneur et un magnifique défi.

– Quelles seront les grandes thé-matiques de cette édition 2015 ? – Cette année, nous présenterons plusieurs films de cinéastes reconnus en première mondiale, internationale ou européenne. C’est une belle reconnaissance de la part du monde du cinéma. Nous présenterons aussi plusieurs films réalisés par de talentueux cinéastes suisses, ce qui me tient très à cœur. Lors des débats, nous mettons cette année à l’honneur les donneurs d’alertes, avec trois soirées qui seront consacrées directement ou indirectement à la question. Nous

commémorerons également le centenaire du génocide arménien, nous reviendrons sur la terrible épidémie d’Ebola, nous parlerons des migrations, du travail des enfants, de l’environnement, des menaces contre les personnes LGBT en Russie, ou encore de la responsabilité des banques dans le respect des droits humains. Nous présenterons en première mondiale une extraordinaire série d’animation sur l’histoire récente de la Colombie. Enfin, nous parlerons sport et droits humains, avec des films autour du football et de la boxe !

– La traditionnelle question à laquelle il n’y a pas de réponse facile : quel film vous a le plus touchée dans la sélection de cette année ?– Ils m’ont tous touchée, sinon je ne les aurais pas programmés ! Mais ce qui m’a fait le plus plaisir, c’est de mettre à l’affiche de vraies pépites de cinéastes (encore) peu connus du grand public : par exemple « Sunrise » de l’Indien Partho Sen-Gupta, « The Storm Makers » du Cambodgien Guillaume Suon, « Something Better To Come » de la Polonaise Hanna Polak, ou encore « ensored Voices », de l’Israélienne Mor Louschy. Entre autres…

– Que peut-on vous souhaiter pour cette première sous votre houlette ?– De continuer à croire que tout est possible. De rester curieuse et enthousiaste. Et de garder, tout en étant face à tant de tragédies, mon sens de l’humour intact.

www.fifdh.ch

[Yamine Guettari]

Suite de notre article en une sur le Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains, avec quelques mots de la nouvelle directrice Isabelle Gattiker, qui succède au fondateur Léo Kaneman,

qui reste président d’honneur et conseiller aux thématiques.

GenèveDu 27/02 au 08/03

GROS PLAN SUR… LE JAPAN IMPACT !Pour la 7ème année consécutive, l’association de l’EPFL PolyJapan organisera, les 14 et 15 février dans les bâtiments CE-CM de l’école, le Japan Impact, festival promouvant la culture japonaise sous toutes de ses formes.

Fidèle à sa vocation de proposer les « classiques » de toute convention sur le Japon (concours de Cosplay, concours de jeux vidéo (anciens et nouveaux), projections de dessins animés japonais, concerts, démonstration d’arts martiaux) et aussi de faire découvrir des aspects moins facilement abordables de la culture nippone, le Japan Impact 2015 aura un programme chargé. De nombreuses conférences prometteuses (sur le sumo,

les mangas, le Kamishibai (l’art du théâtre de papier), les jeux vidéo…) ; des ateliers variés, en petits comités, pour s’initier à la calligraphie, au Nail-Art, à l’origami (art du pliage du papier), à l’ikebana (art floral), à la fabrication d’un sceau, à la danse japonaise, à la cérémonie du thé ou encore, tout simplement, à la langue japonaise ; des concerts de tous genres (de Bernard Minet (!!!) au shamisen et au taiko) ; une exposition exceptionnelle d’objets d’époque... Bref il y en aura vraiment pour tous les goûts, et on ne peut que saluer la profusion et la variété d’activités proposées !

[Yamine Guettari]

« Charlie's Country »

« Caricaturistes, fantassins de la démocratie »

« The Yes Men Are Revolting »

Page 7: Daily Movies 58 - Février 2015

DAILY MOVIES N°58 – FÉVRIER 2015 710ÈME FESTIVAL DU FILM VERT 11ÈME FESTIVAL

COURTOUJOURSPour sa dixième édition, le Festival du Film Vert prendra place dans toute la Suisse romande, en France et dans la région zurichoise, durant tout le mois de mars 2015. L'occasion, pour un public toujours plus nombreux, d'assister à de nombreuses projections de documentaires sur l'écologie et le développement durable, pour poursuivre avec des débats très instructifs, le tout dans une ambiance conviviale.Pour marquer cet anniversaire, la soirée d'ouverture aura lieu dans une ambiance festive au Palais de Beaulieu de Lausanne, le samedi 28 février, Au programme : remise de prix en présence de nombreuses personnalités et réalisateurs, projection de « Kindia 3 », un film qui suit une opération d'aide au développement durable en Guinée Conakry, et une fin de soirée sur fond de musique africaine.Le 6ème prix Tournesol et le Prix Greenpeace 2015 seront donc remis à cette occasion, respectivement par un jury international composé de professionnels du cinéma ou de personnalités (venues de France, d'Italie et de Suisse) et par Greenpeace Suisse, partenaire du Festival depuis 2009. Ils devront choisir parmi : « Chasing Ice » (Jeff Orlowski, USA 2012) ; « Déchets » (Kate Amiguet, Suisse 2014) ; « Ondes, science et manigances » (Jean Hêches, France 2014) ; « Le Piège de plastique » (Olivia Mojiejewski, France 2014) et « Le Promeneur d'oiseau » (Philippe Muyl, France/Chine 2014).Au total, près de 50 films seront projetés qui aborderont des thématiques très variées : de la surproduction de plastique aux ondes dans lesquelles nous baignons, de la fonte des glaces aux salons feutrés des traders, les sujets sont – hélas ! – nombreux. Notons tout de même que depuis les premières projections en 2006, les films présentés ont sensiblement évolué : au départ souvent

alarmistes, nombre d’entre eux se sont orientés vers l'exploration de réponses possibles. Ainsi, le film « Sacrée croissance », de Marie-Monique Robin (projeté dans toutes les villes accueillant le festival), s'intéresse à des initiatives concrètes et réussies à travers le monde pour sortir du modèle de croissance infinie dans lequel notre société est enfermée depuis des décennies – alors même que nos ressources, elles, sont limitées.Un festival d’utilité publique !

www.festivaldufilmvert.ch

Source : communiqué de presse.

[Yamine Guettari]

Onze ans déjà que le festival CourToujours, organisé par l’association Ecran Mobile, présente au public genevois et d’ailleurs le meilleur des courts-métrages récemment produits. Cette année, vous pourrez découvrir pendant trois jours aux Cinémas du Grütli une sélection de 34 courts-métrages suisses et internationaux en compétition pour le prix du jury et le prix du public.Cette année 13 pays sont représentés dont la Suisse, la Belgique, la Bolivie, le Canada, la France, l’Allemagne, l’Iran, le Mexique, la Hollande, le Portugal, la Russie, l’Espagne et même le Tadjikistan ! Les courts voyagent entre fiction, documentaire, animation et parfois se risquent aux frontières d’un cinéma plus expérimental. Les films seront projetés en séries réparties en six thématiques constituant un fil conducteur. La série 1, Les mains sales, comportera entre autres un court mexicain, « Men of Clay » de Luiz Abraham Martinez Rocha ; la série 2, Les pieds dans l’eau, avec le documentaire « Boulevard End » de l’Allemande Nora Fingerscheidt ; la série 3, Une soirée imprévue, avec « Albertine », d’Alexis Van Stratum (Belgique), un film touchant qui parle de vieillesse et de solitude, mais aussi de persévérance ; la série 4, À côté de la plaque, avec « Ailleurs exactement » une coproduction suisso-canadienne de Kristina Wagenbauer ; la série 5, La privation, avec « Pan-Demia » un court-métrage espagnol de Ruben Sainz et enfin la série 6, Les jeux d’enfants, avec le très original « Salomea’s nose », de Susan Korda (Allemagne), qui parle des relations entre frères et sœurs de façon tragi-comique.Afin de soutenir les jeunes talents, en collaboration avec la HEAD et la ZHDK (Hautes Ecoles d’Art et de Design de Genève et Zürich), une séance spéciale de 6 films, réalisés par des élèves de deuxième année, leur sera réservée le samedi 21 février à 18h.

La remise des prix aura lieu lors de la soirée de clôture, le samedi 21 février, avec la projection de trois films coups de cœur de la sélection suisse du festival International Kurzfilmtage de Winterthur, « Totems » de Sarah Arnold, aussi présent à Locarno et qui a remporté le prix Pardino d’Oro 2014, « Abseits der Autobahn » de Rhona Mühlebach, prix du public de Winterthur 2014, et « En août » de Jenna Hasse.

www.courtoujours.ch

Source : communiqué de presse.

[Yamine Guettari]

FESTIVALS

Suisse Romande et France voisineDu 28/02 au 31/03

GenèveDu 18/02 au 21/02

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DAILY MOVIES N°58 – FÉVRIER 2015SWISS MADE8UN COLLECTIF DE CINÉMA QUI A DU GOUT !

– Daily Movies : Pourriez-vous brièvement nous raconter la ge-nèse de ce collectif ?– Bad Taste Pictures : Un peu d’eau, du sel, des bonnes épices et voilà le résultat ! Non plus sérieusement, au commencement notre collec-tif c’était deux amis passionnés de cinéma qui se sont lancés dans la création de leurs courts-métrages les plus déjantés, avant de tourner des films de plus en plus professionnels. L’équipe s’est agrandie pour devenir ce que nous sommes aujourd’hui.

– Bad Taste Pictures rend hom-mage au premier film d’un réa-lisateur néo-zélandais assez connu... Pourquoi ce nom ? Est-ce que cette référence reflète, d’une certaine manière, les ambitions de votre collectif ?– C’est un clin d’œil à Peter Jack-son, qui a donné envie à Benoît de faire du cinéma avec le film « Le Seigneur des Anneaux ». Il y avait aussi l’espoir secret qu’en tapant le nom de notre boîte sur Google, Peter Jackson tombe sur notre site

et nous contacte ! Le film « Bad Taste », même si on l’aime beau-coup, ce n'est pas vraiment le genre de cinéma qu’on a envie de faire. On est plus dans une veine décalée et fantastique, mais sans être gore. On veut faire des films où les spec-

tateurs se font emporter dans un univers et peuvent rire aussi bien que s’émouvoir.

– Vous êtes quatre à incarner ce collectif : comment vous répartis-sez-vous les taches ?– Tout le monde participe à la pro-duction des films mais on a chacun nos domaines de prédilection. Quand on crée un film on essaie de prendre les atouts et envies de tout le monde. A côté du travail pour

notre collectif, on a tous un métier diffé-rent. Sonia travaille comme scripte ; Benoît est assistant réalisateur ; Maxime est assistant caméra et chef opérateur ; Sami est comédien. On met tout ça ensemble, on secoue et ça donne Bad Taste !

– Votre précé-dente production, « Seuls », combine justement vos dif-férents domaines d'expertise. Pour-riez-vous détailler la genèse du projet et de quoi traite le film ?– « Seuls » c'est le premier film que Sami réalise sans son acolyte Benoît. L'idée du film est née d'un séjour dans un chalet que Sami a fait avec une amie, où

il a commencé à imaginer les évé-nements étranges qui pourraient s'y produire. Il a fallu ensuite réunir une équipe de techniciens motivés à dormir pendant cinq jours dans un chalet rempli d'animaux empail-lés ! « Seuls » c'est une métaphore

du sentiment d'oppression qui peut être ressenti par les personnes homosexuel les . Le chalet est présenté comme un lieu qui pro-tège mais qui, simultanément, enferme égale-ment. La volonté principale était d'aborder le

thème de l'homophobie par le biais du fantastique et de l'horreur afin de laisser des images marquantes et de la matière à réflexion au specta-teur.

– Quel fut la carrière de « Seuls » en festivals ? Quels ont été les re-tours et les réactions du public ?– La carrière de « Seuls » en festivals, nous l'espérons, n'est pas terminée. En onze sélections pour l'instant, il a voyagé à travers le monde et nous

sommes très fiers de la diversité des pays et des festivals touchés. Être projeté dans un programme d'une dizaine de courts-métrages quand on sait que des centaines, voire plus, sont réceptionnés par le jury, ça fait chaud au cœur. Les retours du public ont été très bons et ce qui a été généralement apprécié c'est le fait d'oser amener un message à tra-vers un film où l'on se cramponne sur sa chaise. Quand quelqu'un sursaute dans le public ou que l'on reçoit un message d'un spectateur après la projection, on se dit qu'on a réussi quelque chose.

– Votre nouveau projet « Enora » est un court-métrage mêlant drame et science-fiction. Com-ment le projet a-t-il vu le jour ?– C’est d’une première idée née entre Brest et Lausanne dans un train qu’est née « Enora ». On avait envie de raconter l’histoire d’un personnage éloigné de sa famille et qui a envie de rentrer chez lui mais qui fait face à des difficultés. On a bossé sur le scénario pendant deux ans et il a changé de nombreuses fois avant de devenir la version uti-lisée au tournage.

– Avez-vous eu certaines réfé-rences en tête lors de la conception du film ?– Lorsque nous écrivions, nous n'avons pas eu de référence précise. Nous nous sommes inspirés de plu-sieurs séquences de films, de mor-ceaux musicaux, de photographies ou de passages de texte qui viennent nourrir différents aspects de la créa-tion. Toutes ces petites inspirations mêlées à notre idée de base forment petit à petit le film. Pour « Enora », le film « Lore » nous a inspirés pour le côté caméra à l'épaule, le rapport à la nature. Nous avons prêté atten-tion à la manière de traiter l'époque historique qui est la même que celle de notre film, à savoir la Deuxième Guerre mondiale.

– Vous avez obtenu un joli succès avec votre campagne wemakeit,

mais il semblerait que le finance-ment d’« Enora » n’a pas été aussi facile que ça… ?– Malheureusement, les soutiens publics suisses n’étaient pas derrière nous pour ce projet. On a dû trou-ver un autre chemin pour pouvoir financer notre film. D’ailleurs, la recherche de financements n’est pas totalement achevée donc si vous nous lisez et que vous êtes intéressés à soutenir le projet, n'hésitez pas à nous contacter !

– Le film a été tourné il y a quelques mois dans la région de Fribourg. Dans les grandes lignes, comment le tournage s’est-il dé-roulé ?– Tout s’est très bien passé même si parfois c’était un peu stressant ques-tion timing. On avait énormément de plans à tourner et le soleil tombe vite en octobre. Mais grâce à une équipe dynamique et super efficace, on a tout pu rentrer dans la boîte ! D’ailleurs on profite pour remercier encore toutes celles et ceux qui se sont engagés dans cette aventure ! Et merci à nos deux magnifiques acteurs principaux : Isabelle Cam-piche d’Epalinges et Sean Biggers-taff qui nous est venu tout droit d’Ecosse.

– Quels sont vos projets ou envies pour la suite de l’année ?– Terminer « Enora » pour le prin-temps puis développer les différents scénarios qui germent dans nos têtes depuis un moment ! Ensuite on ira déposer nos étoiles à Hol-lywood Boulevard ! Pour ceux qui souhaitent nous suivre, nous avons un site internet (www.badtastepic-tures.ch) et une page Facebook.

Un grand merci aux membres de Bad Taste Pictures pour leur disponibilité ainsi que pour avoir pris le temps de partager un échantillon de leur pas-sion.

[Loïc Valceschini]

Ils sont quatre : Sonia Pfeuti, Benoît Monney, Sami Khadraoui et Maxime Raymond. Forts de leurs formations aussi variées que complémentaires, les membres du collectif Bad Taste Pictures se sont faits les dents en

travaillant intensivement dans le milieu du cinéma, enchaînant les tournages en Suisse, mais aussi à l'autre bout du monde. Chez eux, la passion est le cœur qui fait battre leurs artères, leur donnant la foi et la force de réaliser des films personnels et ambitieux. Après leur drame horrifique « Seuls », ils s'attaquent actuellement à « Enora »,

un projet d'envergure dans lequel un soldat fait une rencontre du troisième type. Plongé dans les codes de la science-fiction, ce drame historique illustre la volonté de création qui anime communément ces quatre Romands.

Le Daily Movies les a interviewés afin d'en apprendre plus sur ces fous de cinéma.

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DAILY MOVIES N°58 – FÉVRIER 2015DVD/BLU-RAY10

Dans un futur proche, une ville au milieu de nulle part privée d’eau, quelques hommes se battent pour un flacon du précieux liquide et quelques chances de survie.Bien que l’ambiance apocalyptique, les décors poussiéreux et désertiques rappellent forcément « Mad Max », le réalisateur semble clairement vouloir déve-lopper ici son propre univers et imposer un cinéma très personnel. Jake Paltrow ne s’inter-dit aucune audace et in-congruité formelle ou scénaristique. Le montage surprend, la lumière est changeante et le récit suit plein de pistes déconcertantes. La mise en scène se permet même quelques effets d’un autre temps tels que de gros zooms dans le plan. Mais bien qu’au premier abord l’œuvre manque d’unité, le tout trouve au final, bi-zarrement, une certaine cohérence. Comme si le réalisateur savait exacte-

ment où il allait et se plaisait à perdre volontairement le spectateur en route. Sans craindre non plus d’éti-rer parfois les scènes jusqu’à l’excès.

Cette lenteur revendi-quée s’avère toutefois entêtante et l’ambiance générale colle à la peau. Michael Shannon évolue ici comme un poisson dans l’eau, ha-bitué des films d’atmos-phère (« Take Shelter », « Bug ») et Nicholas Hoult fait un petit tour de chauffe avant le très attendu « Mad Max :

Fury Road ». « Young Ones » n’est finalement que le deuxième long-métrage d’un auteur qui ne manque ni d’ambition ni d’idées, qui semble encore chercher son style et que de prochains films désigneront peut-être comme un cinéaste à suivre. Son der-nier ouvrage mérite en tout cas d’être découvert. [Etienne Rey]

Notre avis

Avec « Boyhood », Richard Linklater avait pris le pari inouï de filmer une fiction étalée sur plus de dix ans, en gardant les mêmes acteurs qui, par conséquent, allaient grandir et vieillir à l'écran en parallèle au déroulement du récit. Cela dit, la prouesse du film ne réside pas tant dans cet exploit technique mais bien dans son approche du temps. À la fois laco-nique et faussement anodin, le récit nous emmène dans la spi-rale merveilleuse de la vie, où tout semble précieux de par le caractère éphémère de ce qui constitue cette dernière. Sans ne jamais insister dans la contextua-lisation temporelle de son film, Lin-klater se sert de la culture populaire, de la technologie et de la politique (américaine) pour indiquer le passage du temps. Le recours aux nombreuses ellipses s'affiche comme un parti pris

ambitieux mais totalement efficient, puisqu'il permet au film d'illustrer un fragment du destin de Mason, ce gar-çon introverti et artistique, ainsi que

celui de ses proches, tout en flottant sur la chronologie de ces personnages dans un sentiment de complé-tude paradoxal. En abordant la parentalité de manière moderne, le cinéaste évite les lieux communs qui semblaient parasiter ce genre de récits ; celui de « Boyhood » brille par son caractère unique et pourtant si

universel. Avec une apparente simpli-cité et une sincérité sidérante, le film de Linklater s’impose ainsi non seule-ment comme une œuvre unique, mais aussi comme une puissante réussite et sans doute la meilleure offre cinémato-graphique de 2014. [Loïc Valceschini]

Notre avis

The Young Ones■ De Jake Paltrow. Avec Michael Shannon, Nicholas Hoult,

Elle Fanning…

■ Ascot Elite

Boyhood■ De Richard Linklater. Avec Ellar Coltrane, Patricia Arquette,

Ethan Hawke…

■ Universal

Dans « Fury », le réalisateur du vulgaire mais efficace « End of Watch » se sert de la subtilité qu'on lui connaît pour illustrer une troupe de soldats américains avançant en territoire Allemand lors de la Deuxième Guerre mondiale. Bien qu'il soit entaché par des improbabilités scénaristiques (à l'image de la scène de résistance finale, qui s'apparente plus à une série B faisant fi de toute vraisemblance qu'à un quelconque film ''historique''), « Fury » a le mérite d'offrir un d i v e r t i s s e m e n t immersif et corsé. Toutefois, cela ne suffit guère à dissiper l'arrière-goût propagandiste du projet. La malhonnêteté du long-métrage apparaît dans sa dimension révisionniste, puisque le film dépeint des soldats un peu bestiaux – c'est la guerre quand même – mais qui se comportent (relativement) honorablement. Par conséquent, on

ne viole pas les femmes allemandes – elles sont toutes consentantes ou alors un boyscout empêche la situation de déraper – et on ne tue que les méchants officiers SS, jamais les enfants-soldats. Cette édulcoration

mensongère s'oppose paradoxalement à l'approche violente et gore du film : on préfère ainsi feinter le traitement d'éléments historiques au profit de valeurs patriotiques et d'effets spectaculaires. À ce propos, les balles traçantes tirées par les tanks ressemblent plus à des tirs au laser qu'à des obus. Mais au final rien de tout ceci

ne semble importer puisque comme les soldats protagonistes ne cessent de le répéter, il s'agit du meilleur boulot qu'ils n'ont jamais eus. Une idéologie qui laisse un sentiment amer à la fin du visionnage. [Loïc Valceschini]

Notre avis

Après deux films sur les sans-papiers, « La Forteresse » puis « Vol Spécial », Fernand Melgar creuse encore ici son sillon dans le terrain du docu-mentaire sociétal. Cette nouvelle œuvre du réalisateur romand parle toujours des rejetés mais cette fois-ci, non plus à l’échelle d’un pays mais à celle d’une ville. Il filme le microcosme d’un bunker sensé offrir un vétuste gîte et un maigre couvert aux hommes, femmes et familles qui n’ont pas trouvé à Lausanne de moyen de se nourrir ou d’endroit où dor-mir. D’un côté de la barrière patientent ceux qui espèrent une autorisation d’entrée pour la nuit et de l’autre, les travailleurs sociaux qui ont la difficile respon-sabilité d’octroyer, ou pas, un droit de passage. À la vue du visage déses-péré et impuissant de ces derniers on imagine quelques raisons sani-taires ou sécuritaires susceptibles

d’expliquer les motivations de leur hiérarchie à laisser des gens dormir dans le froid. Malheureusement, le film n’en parle pas. Il invite le spec-tateur à s’indigner, tout en le lais-sant libre de choisir des responsables

potentiels parmi ceux qu’il accuserait volontiers mais à qui le film ne donne pas la parole. Des fonc-tionnaires trop zélés peut-être, des politi-ciens sans cœur… ? On tomberait facile-ment dans les clichés commodes et les accusations précoces. Néanmoins, malgré cette absence d’ex-haustivité, par ail-leurs peut-être assu-mée par l’auteur, ce

documentaire percutant a tout pour éveiller les consciences et permettre à chacun, d’au moins se documen-ter sur le sujet ou au mieux, prendre des mesures et tenter de changer le cours de choses. [Etienne Rey]

Notre avis

Fury■ De David Ayer. Avec Brad Pitt, Logan Lerman, Shia LaBeouf…

■ Sony Pictures / Rainbow

L’Abri■ De Fernand Melgar. Documentaire

■ Seven Prod

Gone Girl

Pour son dixième film, David Fincher s'amuse à déconstruire les mécanismes du thriller tout en reconduisant les codes fondamen-taux du genre. Comme son titre l'indique, « Gone Girl » narre le mystère entourant la disparition d'une femme, Amy Dunne, et dont l'époux Nick en est le cou-pable présumé. La manipulation est à l'honneur dans « Gone Girl », puisqu'elle touche autant aux personnages qu'aux spectateurs, tous deux bernés par le récit facétieux em-ployé par Fincher. Pour peu que l'on se laisse prendre au jeu, le film se montre efficace et sa rela-tive longue durée se déroule sans que l'on s'en aperçoive, le deu-xième acte et les multiples révé-lations réservant leur lot de sur-prises. Le cinéaste porte un regard mordant sur les apparences – la thématique principale de son film –, qu'il pourvoit de notes méta-discursives sur les constructions narratives et les rapports ambigus

entre la fiction et la réalité.D'une certaine manière, le réa-lisateur prolonge les caractéris-tiques du film noir et ses jeux de manipulation en les réfléchis-sant, ainsi qu'en les adaptant à la société actuelle. Le détourne-ment des médias offre sans doute l'approche la plus ludique du film, mais aussi la plus critique, Fincher exposant avec efficacité le sentimentalisme racoleur de la télévision. Le cinéaste pousse cette approche encore plus loin dans son exhibition des principes du thriller. À plusieurs reprises, le personnage incarné par Ben Affleck commente ainsi le dé-roulement de la situation dans laquelle il se trouve et déduit la suite des étapes ironiquement en fonction de sa connaissance des polars et autres séries télévisées – il sifflote même le générique de « Law & Order » lors d'un interrogatoire.À travers ceci, Fincher semble se moquer de la banalisation de ces concepts narratifs qui s'exploitent

■ De David Fincher. Avec Ben Affleck, Rosamund Pike…

■ 20th Century Fox

abondamment dans la vie quoti-dienne ainsi que dans les médias. Mais le réalisateur n'en livre pas la critique définitive : en adoptant une telle approche, « Gone Girl » finit par

proposer un discours sur les discours, ce qui le rapproche dangereusement d'un méta-académisme hautain vis-à-vis du thriller et de ses sous-genres, alors que Fincher a lui-même bâti sa filmogra-phie en grande partie sur ceux-ci. Aussi, l'insatisfac-tion ressentie face à « Gone Girl » naît de son caractère ouvertement manipulateur qui, malgré son esthétisme soigné et sa mise en scène millimétrée, s'apparente plus à un exercice de style qu'à un véritable plaisir de racon-ter. Pour le coup, on retour-nera plus volontiers vers « Se7en » ou « Millénium : Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes » qui, en plus, avait le mérite de laisser toute

misogynie dans le placard. [Loïc Valceschini]

Notre avis

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DAILY MOVIES N°58 – FÉVRIER 2015 DVD/BLU-RAY 11

■ De Antoine Fuqua. Avec Denzel Washington, Chloé Grace-Moretz…

■ Sony Pictures / Rainbow

On pourrait très bien imaginer cette histoire d’un agent des forces spéciales à la retraite reprenant du service pour venger une jeune prostituée mise en scène par Tony Scott. La trame du film et la présence au générique de Denzel Washington rappelle les récentes réalisations du cinéaste britannique décédé. C’est donc un peu comme un hommage au cinéma de l’auteur de « Man On Fire » que pourrait être vu ce nouveau film d’Antoine Fuqua, autre honnête faiseur hollywoodien. On y trouve la même propension à privilégier l’action au récit car même si le film démarre pépère, dès la première scène de baston, tout bascule et le rythme s’emballe. À l’écran les morts s’alignent jusque dans un final plutôt original où les personnages d’entretuent à grand renfort d’outils de bricolage. Le reste est très banal, un peu bête et invraisemblable mais pour qui s’ennuie et veut faire passer le temps, le film est idéal. [Etienne Rey]

Notre avis

■ De Zach Braff. Avec Zach Braff, Kate Hudson…

■ ImpulsIl aura fallu attendre plus de dix ans et une campagne de crowdfunding pour découvrir le second long-métrage de Zach Braff. Fort du statut culte de « Garden State », l’ex héros de la série « Scrubs » aura réussi à récolter en seulement 3 jours, la somme nécessaire à la réalisation d’un projet qu’il développait sans succès depuis des années. Aidan Bloom (Zach Braff ), acteur raté, voit son quotidien chamboulé suite à l’annonce du cancer de son père. Il va devoir remettre en question son mode de vie pour jouer ses véritables rôles : père, mari, fils et frère. Si le film ressemble à son prédécesseur (récit autobiographique, mise en scène soignée et B.O. efficace), il souffre aussi d’une narration décousue et d’une ambition thématique démesurée, perdant ainsi la sincérité et la justesse de « Garden State ». Malgré ces défauts, « Le Rôle de ma vie » reste une œuvre attachante, ponctuée de quelques moments de grâce. [David Cagliesi]

Notre avis

« THE SALVATION »

■ De Anne Fontaine. Avec Fabrice Luchini, Gemma Arterton, Jason Flemying…

■ 20th Century Fox / Gaumont« Gemma Bovery » est d’abord un roman graphique de l’écrivaine anglaise Posy Simmonds. Tout comme l’était le film de Stephen Frears « Tamara Drewe », sorti en 2010 et dont l’actrice Gemma Arterton tenait déjà le premier rôle. Les similitudes entre les deux œuvres sont nombreuses : même interprète principale, même décor champêtre et même fascination pour le monde littéraire. La réalisatrice Anne Fontaine semble toutefois nullement

incommodée du fait et propose un film plus complémenta i re que similaire à celui de son collègue britannique. On retrouve le charme de l’un dans l’autre mais l’œuvre de la cinéaste française est peut-être un peu plus sombre et désabusée. La demoiselle du titre étant, dès le départ, condamnée et destinée à partager le même sort tragique que le fameux personnage

de Flaubert. Dans cette relecture de « Madame Bovary » pourtant, lorsque l’on découvre pour la première fois Miss Bovery dans une sublime lumière normande et à travers les yeux a m o u r a c h é e d’un bourgeois érudit installée en province, rien ne nous prédispose

au drame. L’argument de départ est simple et le récit ne raconte rien de plus compliquée que les émois

d’un homme soudain épris d’une envoutante voisine qu’il fantasme en héroïne de roman. L’intelligence des auteures, celle du livre avant celle du film, est de réussir à élever un peu le niveau tout en popularisant et en égayant un monument de la littérature française plutôt austère. Fabrice Luchini, un des deux merveilleux interprètes principaux de cette charmante comédie, dit de l’œuvre qu’elle « fait passer Flaubert en contre bande ». C’est exactement cela et on pardonnera alors volontiers au film son dénouement quelque peu maladroit. [Etienne Rey]

Notre avis

« GEMMA BOVERY »

■ D’Hélène Cattet et Bruno Forzani. Avec Klaus Tange, Sylvia Camarda…

■ Shellac DistributionLa sortie vidéo de « L'étrange couleur des larmes de ton corps » nous permet de traiter du giallo au travers d’extraits des interviews du couple de réalisa-teurs Hélène Cattet et Bruno Forzani (« Amer ») et de Luigi Cozzi, réalisa-teur (« Starcrash ») et historien du ci-néma, que nous avions rencontrés lors de la dernière édition du NIFFF.Le giallo est un genre d’exploitation transalpin ayant connu son âge d’or durant les années 70. Il emprunte son nom (jaune) directement aux romans policiers italiens publiés par les édi-tions Mondadori. Sorte de thriller hitchcockien perverti, qui mélange allégrement des éléments horrifiques et érotiques, le giallo naît en 1962 avec « La Fille qui en savait trop » du maestro Mario Bava. Il évolue visuel-lement et se codifie (meurtrier masqué avec mains gantées) l’année suivante avec « Six femmes pour l'assassin » tou-jours de Bava. Ce genre se popularise et impose définitivement son identité visuelle au début des années 70 avec « L'Oiseau au plumage de cristal », premier long métrage d’un des plus grands metteurs en scène italien, Da-rio Argento.Le giallo a considérablement évolué comme le souligne Bruno Forzani, coréalisateur de « L’étrange couleur » : « C’est difficile de le résumer car il

englobe différents sous-genres dont un qui fait directement référence aux « Diaboliques » de Clouzot (Henri-Georges). Ce sont des films de machi-nation qui abordent souvent des pro-blèmes d’héritage. Ensuite, il y a une deuxième branche de giallo qui nous (avec Hélène Cattet) intéresse plus particulièrement, c’est celle à la Dario Argento et à la Mario Bava avec une trame whodunit avec un assassin ganté de cuir noir qui tue à l’arme blanche. Chaque meurtre est une séquence-clé, voir même une séquence érotique. Il y a un jeu sur tous les détails qui confère au genre un côté très fétichiste ». Depuis quelques années, le giallo est de retour dans le paysage cinématogra-phique au travers de différentes pro-ductions jouant avec les codes : l’alle-mand « Masks » d’Andreas Marschall (2011), le britannique « Berberian

Sound Studio » de Peter Strickland (2012) et l’italien « Tulpa » de Federico Zampaglione (2012). Luigi Cozzi, scé-nariste de « Quatre mouches de velours gris », ne cautionne pas forcément ces nouvelles productions : « Dans les années 70, Dario (Argento) avait litté-ralement créé le genre en rencontrant un énorme succès publique. Tous les autres gialli ont directement découlé de ce succès. Le genre a ensuite changé, les producteurs ont trouvé d’autres filons car les spectateurs se fatiguent. Cela s’était déjà passé avec le western et le peplum. Il y a eu une nouvelle génération qui a découvert le giallo au travers des VHS, certains sont deve-nus réalisateurs et ont ainsi essayé de lui rendre hommage. J’apprécie cet hommage mais ces films sont issus et appartienent aux années 70. Même si certains de ces nouveaux films sont bons et beaux, ils sont en quelque sorte démodés et ne rencontrent ainsi pas de succès. Il faudrait pouvoir garder le concept de base du giallo et l’encrer totalement dans notre réalité, dans le monde actuel avec des situations plau-sibles et non pas avec un assassin ganté de cuir et le visage recouvert par un masque… (rires) ».Le point de vue de Cozzi, figure im-portante du giallo, n’est pas partagé par les réalisateurs de « L'étrange cou-leur des larmes de ton corps », comme le confirme Hélène Cattet : « C’est génial d’avoir cette vague revival, c’est une manière de revisiter ce genre et de l’enrichir ».

« Amer » (2009), le premier long mé-trage du couple Cattet/Forzani faisait déjà office d’exception en se démar-quant totalement des autres pro-ductions giallesques de ces dernières années. Grands amateurs du genre, ce duo de réalisateurs avait réussi avec brio à utiliser le language visuel du giallo, ses figures de style jouant avec des pulsions érotiques et meutrières, pour dépeindre la sexualité d’une femme.« L'étrange couleur des larmes de ton corps », œuvre atypique au titre poé-tique, ne se limite pas à un exercice de style. Comme « Amer », il représente une proposition de cinéma différente. Au travers du langage cinématogra-phique du giallo, le duo Cattet/For-zani nous immerge à nouveau dans du cinéma purement sensoriel où des séquences sans dialogues s’enchaînent car finalement la narration se construit par la mise en scène totalement maîtri-sée. Cette odyssée du giallo représente au genre, ce que « 2001 » de Kubrick représente à la science fiction.

Un grand merci à Hélène Cattet et Bruno Forzani, Luigi Cozzi, Mylène D’Aloia et toute l’équipe du NIFFF pour leur disponibilité et leur gentillesse.

Interviews réalisées par David Cagliesi et Jean-Yves Crettenand

Texte de David Cagliesi

Notre avis

« L'ÉTRANGE COULEUR DES LARMES DE TON CORPS »

« LE RÔLE DE MA VIE » (« WISH I WAS HERE »)

« THE EQUALIZER »

■ De Kristian Levring. Avec Mads Mikkelsen, Eva Green…

■ Praesens

Sélectionné à Cannes, « The Salvation » apparaît comme un western intriguant : produit entre le Danemark, le Royaume Uni et l'Afrique du Sud, il est composé d'un casting international aussi réjouissant (Mads Mikkelsen) que douteux (Éric Cantona). Mais si, dans les grandes lignes, « The Salvation » est un long-métrage modeste et bien effectué (à l'exception de vilains plans nocturnes et d'effets spéciaux non finalisés), il déçoit essentiellement par son manque d'originalité. Le réalisateur se contente de reproduire tous les lieux communs du genre sans ne jamais s'en distancer à travers la coproduction si particulière de cette entreprise. Pire, le film présente des relents de misogynie – certes, affiliés au western – qui prennent ici un tournant plutôt malvenu, puisqu'on soutient à plusieurs reprises que le rôle des femmes est de se taire. D'ailleurs, le seul personnage féminin « valable » est celui d'Eva Green, muette car dépourvue de langue. On a connu plus noble. [Loïc Valceschini]

Notre avis

Page 12: Daily Movies 58 - Février 2015

12« 20 règles pour Sylvie »■ De Jacques à Bâle. Avec Carlos Leal,

Viola Von Scarpatetti…

■ Praesens« 20 Règles pour Sylvie » fait partie de la catégo-rie comédies potaches, qui plus est, le long-mé-trage est une production helvétique.En voici la trame : Adalbert, papa poule veuf (Carlos Leal), vieux-jeu de surcroit, nourrit les plus grandes craintes à l’idée de voir sa fille, Sylvie (Viola Von Scarpatetti), quitter le cocon familial pour partir effectuer ses études de bio-logie à Bâle. Soucieux de la bonne tenue de sa fille, Adelbert, va lui faire signer un contrat sti-pulant les 20 règles qu’elle ne doit pas enfreindre (pas de sexe, pas de drogues, pas d’alcool, etc.). Comme si cela ne suffisait pas, Adalbert, déguisé en hippie, va suivre sa fille à Bâle et surveiller ses moindres faits et gestes pour s’assurer qu’elle respecte bien ses engagements. Sylvie, jeune fille modèle se concentre sur ses études, par contre, son père, homme de la montagne (employé de remontées mécaniques en station de ski) va quant à lui expérimenter toutes les tentations de la grande ville se liant d’amitié avec une bande d’étudiants foireurs. Toutes ces pérégrinations vont lui permettre finalement de renforcer ses liens avec Sylvie et de rencontrer l’amour en la personne de Tig O Bitty (Bettina Dieterle), tenancière d’un sex-shop.Le récit démarre plutôt bien. Carlos Leal avec sa grande barbe pourrait même évoquer le grand-père de Heidi (ou François Damiens dans « La famille Bélier », c’est selon). Pâle copie des films teenager américains à la « Very bad trip », « 20 règles… », présente un catalogue de scènes trash et de situations rocambolesques, caricaturales et au-delà du cliché sans pour autant déclencher le rire. Depuis quelques années le cinéma suisse s’essaye à la comédie avec plus au moins de bon-heur et de réussite. Il y a eu des jolies choses comme « Marcello Marcello » (Denis Rabaglia) ou « Les Mamies ne font pas dans la dentelle » (Bettina Oberli). Cependant, « 20 Règles… » lorgne du côté de « A vos marques prêts, Charlie » (Mike Eschmann). Quel dommage ! Heureusement le fond tendre et sentimental de la relation père/fille sauve un peu les meubles. Face à Adelbert, le personnage de Sylvie (Viola Von Scarpatetti) beaucoup moins spectaculaire, joue de sa fraicheur, avec spontanéité et naturel. Reste que le film vaut avant tout pour la prestation de Carlos Leal, qui tire son épingle du jeu avec aisance, se débrouillant très bien dans la langue de Goethe. À l’origine, chanteur hip-hop du groupe Sens Unik, certains d'entre vous l'auront repéré dans des spots publicités pour le câble haut débit. Sa carrière en constante progression se confirme au fil des ans, depuis une apparition courte-mais remarquée-dans « Casino Royale », il y a quelques an-nées. Dans son actualité figurent des participations à des séries tv, notamment : « Covert Affairs » ou « Devious Maids ».À signaler, côté configuration, le dvd propose des sous-titres anglais, une option suffisamment peu courante pour être soulignée. Côté bonus, c'est du copieux, les habituels teasers, bandes annonces, avant-première, accompagnées de scènes alternatives ou coupées.

[Miguel – FNAC Rive – Genève] L’avis du blogeurPlus d’infos sur www.blog.fnac.ch

LA SELECTIONSERVEUR NAS DE SYNOLOGY

Le modèle dont nous parlerons aujourd’hui est un modèle à 4 baies, ce qui permet donc l’installation de 4 disques dur. Soit un maximum (aujourd’hui) de 24 To de données brutes. Auquel il faut soustraire la part utilisée par le RAID (si vous faites le choix de protéger vos données de la perte d’un disque). Normalement cette part équivaut à un disque dur.

La fonction DLNA du DSM (système Synology) permet l’accès au contenu du NAS depuis tous les périphériques compatibles (smartphones, tablettes, smart TV, etc…) permettant ainsi (par exemple) la lecture des fichiers vidéos stockés sur le NAS.

Petit tour technique de l’appareil :Processeur : Intel Atom CE5335 Dual-Core 1.6 Ghz

RAM : 1Go DDR3

3xUSB2.0, 2xUSB3.0

Vitesse lecture moyenne : 112.45Mo/sec

Vitesse d’écriture moyenne : 101.21Mo/sec

Au niveau configuration, le DS415play est approximativement deux fois moins puissant que son grand frère le DS415+. Cependant le DS415play est équipé d’un processeur graphique, qui lui permet de transcoder à la volée les fichiers vidéos 1080p.

Conclusion :Pour moi la décision d’ajouter un NAS dans un réseau familial ne se discute même pas. Permettre l’accès centralisé des données pour toute la famille, et à distance, ça n’a pas de prix. Si on considère les possibilités qu’offre Synology, l’achat devient vite une évidence incontestable.

[Jérémie Charpilloz]

DVD/MULTIMEDIA

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DAILY MOVIES N°58 – FÉVRIER 2015 13

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DAILY MOVIES N°58 – FÉVRIER 201514 IL FAUT L’AVOIR VU !

■ D'Aditya Chopra. Avec Shah Rukh Khan, Kajol, Amrish Puri

Alors que le Daily Movies s'ap-proche de son 60ème numéro, il était temps de s'attaquer au cinéma bol-lywoodien autrement que dans la rubrique « Nanar, mon amour ! ». Tirant son nom de la contraction de Bombay et d'Hollywood, Bol-lywood incarne depuis les années 1930 le désir des Indiens de rivaliser avec les grands studios américains. Si le mélodrame musical représente l'une des facettes de cette industrie, il s'agit d'une vision restreinte de ces productions qui, à travers les décen-nies, abordèrent souvent des enjeux politiques, voire nationalistes.

RELECTURE DES FONDAMENTAUXPossédant tous les clichés attendus des réalisations bollywoodiennes, « Dilwale Dulhania Le Jayenge » (1995) – que l’on résumera plus avant par le sympathique acronyme « DDLJ » – représente certes une œuvre symptomatique de cette in-dustrie, mais comprend également suffisamment d'éléments novateurs pour créer une certaine rupture avec le classicisme dont ce cinéma était victime dans les années 1990. Alors que cette époque est marquée par des copies – parodiées ou non – de films populaires américains, « DDLJ » va proposer une relecture de la struc-ture archétypale du mélodrame en l'occidentalisant afin de l'adapter da-vantage au profil des jeunes généra-tions indiennes. Par ailleurs, il s'agit de l'un des premiers films s'adressant aux diasporas indiennes, puisque les deux protagonistes sont des Indiens vivant en Angleterre. Enfin, le long-

métrage permettra à Shah Rukh Khan de devenir la superstar que l'on connaît aujourd'hui.« DDLJ », dont la traduction fran-çaise serait « l'amant emmènera la mariée », raconte l'histoire d'amour

entre Simran (Kajol) et Raj (Shah Rukh Khan). Ceux-ci se rencontrent lors d'un voyage d'été en Europe et, après maintes disputes, finissent par succomber l'un à l'autre. Toute-fois, cette romance ne peut exister puisque Simran est promise à un Indien, suite à un mariage arrangé. Raj décide de la suivre en Inde afin d'empêcher la procession d'avoir lieu et d'épouser sa bien-aimée. L'arc narratif de « DDLJ » reconduit la structure dramatique sur laquelle les films bollywoodiens sont habituel-lement construits : le long-métrage est ainsi construit en deux actes, l'un plus léger et humoristique, l'autre plus lourd et dramatique.La première partie se déroule essen-tiellement en Europe – plus préci-sément en Suisse (!) – et, malgré sa nécessité narrative, représente sans doute le segment le moins puissant de l'œuvre. Bien sûr, l'on sourit de-vant cette romance naissante qui, de Paris à Saanen, illustre le jeu auquel ces deux personnages se livrent. La plupart des séquences musicales af-fiche une jovialité et un ton comique charmants, entre les loufoqueries de Khan dans un cabaret parisien – où Kajol se fait poursuivre par des

trompettistes –, et l'errance des pro-tagonistes alcoolisés à Gstaad. Bien qu'il puisse paraître étiré, ce segment européen pose néanmoins les jalons de l'amour central du film et le fait de manière ludique.

QUESTIONNEMENTS SOCIÉTAUXLe retour en Inde illustré dans la seconde partie explore davantage la volonté de modernisation du réalisateur. En souhaitant s'affran-chir du joug patriarcal, les amants s'opposent aux codes culturels tout en les respectant. Ainsi, au lieu de simplement s'enfuir avec Simran, Raj n'épousera celle-ci qu'après avoir obtenu l'aval de son père. La perspective occidentalisante avec laquelle Chopra aborde son film se retrouve dans la romance elle-même, puisqu'elle ne semble exister qu'à travers l'expérience européenne des amants. C'est là qu'ils vécurent la naissance de leur amour et qu'ils projettent leur idylle : cachés, ils s'imaginent, le temps d'une rêverie, vivre leur amour interdit dans les montagnes suisses, habillés de ma-

nière occidentale. De fait, Chopra ne crée pas de véritable scission avec la culture indienne ; il dépeint un compromis à cheval entre la moder-nité nécessaire aux nouvelles généra-tions et la tradition inhérente à leur patrimoine.De plus, « DDLJ » touche également à la hiérarchie des genres dans la

société indienne, à travers le per-sonnage de la mère de Simran. Lors d'une très belle séquence, celle-ci exprime les souffrances qu'elle a ressenties en tant que sœur, en tant qu'épouse et maintenant en tant que

mère. Ce témoignage oppose la fi-gure féminine sacrificielle à celle des hommes, qui vivent rigoureusement selon des codes patriarcaux qui leur sont avantageux. Le réalisateur se connecte ainsi à toute une tradition culturelle qui, de « La Maison de Bernarda Alba » à « Chocolat amer », s'insurge contre les mœurs avilis-santes et désuètes qui ne répondent plus aux besoins des sociétés ac-tuelles.Pour toutes ces raisons, « DDLJ » s'offre comme un long-métrage dont le visionnement s'avère nécessaire. Le film embrasse certes la plupart des clichés qui stigmatisent l'indus-trie bollywoodienne, mais il serait dommage de ne pas s'y essayer ; « DDLJ » affiche un tel premier degré qu'il est difficile de ne pas tomber sous le charme de ses deux prota-gonistes, dont l'alchimie entre l'en-voûtante Kajol et le facétieux Shah

Rukh Khan doit beaucoup. Dans la première partie, les deux acteurs jouent au chat et à la souris avant d'incarner, dans la seconde moitié, les amants martyrisés. Pour renfor-cer l'efficacité de ces deux segments, le réalisateur n'a lésiné sur aucun moyen : ventilateurs, compositions colorées, incroyables moments chan-tés et dansés. La surenchère kitsch est sans fin, comme les larmes qui ne cessent de couleur, ou encore comme les situations et personnages évoluant de manière extrême. Dans ce sens, les films bollywoodiens se rapprochent de ceux de Hong Kong – autre industrie cinématographique proéminente –, puisqu'ils partagent tous deux une optique esthétique et sentimentale similaire : avant toute crédibilité, c'est l'expressivité stylisée qui prime.Du haut de ses trois heures et dix minutes, « DDLJ » représente l'odys-sée romantique ultime. Ce n'est pas pour rien qu'il détient le record his-torique de la plus longue exploita-tion en salles, puisqu'en décembre 2014 il a fêté sa 1000ème semaine à l'affiche, 19 ans après sa sortie ! Comme le disait la nouvelle affiche sortie à l'occasion de cet événement : « Venez tomber amoureux, une fois de plus... ».

[Loïc Valceschini]

« DILWALE DULHANIA LE JAYENGE »

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DAILY MOVIES N°58 – FÉVRIER 2015 MUSIQUE DE FILM 15Interstellar■ Hans Zimmer■ Water Tower MusicVoilà bientôt dix ans que Hans Zimmer a tendance à reproduire son propre style ad nauseam. Mais lorsque Zimmer collabore avec Nolan, on est en droit d’attendre quelque chose de plus élaboré. Le compositeur ayant pondu pas moins de sept B.O. en moins de deux ans, difficile de croire qu’« Interstellar » ne soit pas une énième musique bruyante faite d’une avalanche d’ostinati. Pourtant, Zimmer livre un score monstre sous forme d’hommage à Philip Glass. Précisons d’entrée que la version collector est pour ainsi dire indispensable, celle-ci regorgeant de morceaux inédits. « Cornfield Chase » et sa mélodie crescendo donne des frissons, alors que la solennité de « Dust » tend à calmer l’auditeur. Une mélancolie obsédante se dégage de la plupart des morceaux, mais « Day One » et son piano ou la sublime piste « Mountains » sortent vraiment du lot. « S.T.A.Y » finit par convaincre que Hans Zimmer vient de signer là sa plus belle bande originale depuis au moins quinze ans. Une véritable perle que nous ne sommes pas prêts d’oublier. [Nathanaël Stoeri]

Notre avis

Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées■ Howard Shore■ Water Tower Music

Howard Shore devient de plus en plus rare au fil des années. Fidèle collaborateur de David Cronenberg, Shore semble plus à l’aise dans la musique discrète. Pourtant, avec « Le Seigneur des Anneaux », il fit preuve d'un talent dans l'orchestration massive en proposant l'un des plus beaux scores de tous les temps. Pour la trilogie du « Hobbit », Shore ne réitère malheureusement pas l’exploit mais réussit malgré tout à produire une musique de haute volée. Se souvenant des quelques mélodies inoubliables des deux premiers opus, on débute l'album avec le magnifique « Fire and Water ». En six minutes, le compositeur réussit à évoquer presque tous les thèmes musicaux de la trilogie. Smaug est évidemment omniprésent, la première séquence du film le mettant en scène. « The Darkest Hour » rappelle les heures les plus sombres de la première trilogie. « Sons of Durin » évoque la combativité des nains à travers une furieuse mélodie héroïque et inoubliable. Enfin, difficile de passer à côté de la sublime piste bonus « Ironfoot », emprunte de sonorités celtiques des plus agréables. [Nathanaël Stoeri]

Notre avis

Whiplash■ Justin Urwitz et Tim Simonec

■ Harmonia Mundi / Varèse Sarabande

Un roulement de caisse claire progressif, une tension qui opère comme une accélération cardiaque : tel est le décor planté en ouverture de cette bande-originale, avant que n’explosent les cuivres sur des rythmiques jazz. Damien Chazelle, auteur et réalisateur du drame musical « Whiplash » dans lequel il met en image sa propre expérience de batteur dans un conservatoire, a confié la musique de son film à son compagnon de Harvard Justin Urwitz. En s’associant au chef d’orchestre Tim Simonec, le musicien livre des compositions entre un jazz traditionnel et moderne, laissant la part belle aux rythmiques effrénées et aux solos de batterie. « Whiplash » et « Caravan », les deux morceaux que le protagoniste s’efforce de jouer sont tout simplement sidérants et donnent fortement envie de se replonger dans le film. La musique poursuit en installant une tension efficace à travers des sonorités plus sombres et plus calmes, en passant par des morceaux romantiques typiques des années 50, jusqu’au final survolté d’« Upswingin’ ». Pas d'ennui à l’horizon, juste du vrai jazz dans nos oreilles. [Alexandre Caporal]

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Musique de film suisse : anthologie 1923 – 2012■ Disques Office / Éditions Chronos

En collaboration avec la Cinémathèque suisse et l'UNIL, la Fondation SUISA vient de combler une immense lacune dans le panorama de la musique de film suisse en éditant cette anthologie couvrant près d'un siècle de compositions helvétiques. Sous la direction du musicologue Mathias Spohr, cette impressionnante compilation propose de se plonger dans l'histoire nationale des partitions cinématographiques à travers trois disques (1923-1959, 1960-1989, 1990-2012), un DVD de courts-métrages musicaux ainsi qu'un imposant livre, ce qui permet de prendre conscience de l'importance et de l'évolution historique de la musique de film suisse.Débutant en 1923, l'anthologie s'ouvre avec l'impressionnant « Pacific 231 » du légendaire Arthur Honegger, qui domine ce premier disque à travers une sélection de plusieurs de ses compositions, dont celles pour Abel Gance (« La Roue », « Napoléon ») ainsi que celle pour « Der Dämon des Himalaya ». Ce premier CD explore d'autres classiques, tels que « Gilberte de Courgenay » ou encore « Heidi und Peter », avant que le second attaque les années 1960, avec de nombreuses pistes consacrés au nouveau cinéma suisse. On notera le très choral « L'Inconnu de Shandigor » et les belles chansons de « Dällebach Kari ». Le troisième disque propose des musiques plus récentes, telles que celles de Louis Crelier, Bruno Spoerri ou encore de Vincent Gillioz, dont les compositions plus atmosphériques et dissonantes ont fait l'objet de chroniques dans le Daily Movies.Enfin, le livre accompagne parfaitement les disques puisqu'il comporte autant des essais que de précieux commentaires sur les morceaux constituant l'anthologie. Bien que les textes alternent entre l'allemand, le français, l'italien et l'anglais, la prédominance pour la première langue reflète les problématiques culturelles issues du plurilinguisme suisse et peut rendre l’exercice de lecture difficile. Le caractère lacunaire de cette publication entraîne inévitablement quelques frustrations mais s'avère inhérent à toute anthologie. « Swiss Film Music 1923 – 2012 » s'impose comme un objet essentiel, stimulant intensément notre soif de découvertes dans ce riche domaine qu'est la musique de film suisse. [Loïc Valceschini]

Notre avis

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s West Side Story■ Leonard Bernstein■ Sony ClassicalDepuis la création de cette ru-brique, aucune chronique n'avait été consacrée à une comédie musi-cale ; une lacune que comble ce classique du mois, dédié à « West Side Story » (1961). Modernisant le classique shakespearien de « Roméo et Juliette », le chef-d’œuvre de Robert Wise et Jerome Robbins remplace les oppo-sitions familiales par des rivalités raciales, ici contextualisées dans le New York des années 1950. La musique de Leonard Bernstein embrasse la forte expressivité du film – les chorégra-phies apparaissaient à l'époque comme révolutionnaires – en li-vrant des chansons puissantes et passionnelles. La composition comporte tant de classiques qui, encore aujourd'hui, restent chargés de leur force émotionnelle. De la splendide déclaration d'amour de « Maria » à la rixe verbale et comique de « Ame-rica », en passant par l'entraînant « I Feel Pretty », rien n'est anecdotique. Avec ses influences variées, cette musique s'affiche comme le merveilleux mariage ethnique auquel aspirait déses-pérément les amants de « West Side Story ». [Loïc Valceschini]

Notre avis

Page 16: Daily Movies 58 - Février 2015

DAILY MOVIES 58 – FÉVRIER 2015Daily Media sàrl/Daily Movies, Rue Gutenberg 5, 1201 Genève, +41 (22) 796 23 61, [email protected], www.daily-movies.chImpression : PCL Presses Centrales SA. Création graphique : Jack Caldron. Mise en pages : services-concept.ch Directeurs de Publication : David Margraf et Carlos Mühlig. Rédacteur en chef : Yamine Guettari. Rédacteur en chef adjoint : Jean-Yves Crettenand. Responsable Musiques de Films : Loïc Valceschini. Responsable Il faut l’avoir lu/vu : Thomas Gerber. Responsable festivals : Yamine Guettari. Responsable abo/distro : Carlos Mühlig. Corrections : Yamine Guettari, David Margraf, Carlos Mühlig, Thomas Gerber.Internet : Thomas Gerber et Loïc Valceschini.

Remerciements : à tous les annonceurs, collaborateurs, partenaires, abonnés et toutes les personnes grâce à qui Daily Movies existe !

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En coulisses

Disponible dans les Fnac, les cinémas indépendants, les cinémas Pathé, Mediamarkt, etc.Tous les lieux sur www.daily-movies.ch/distro

Access point

Comment ?! Déjà 58 numéros et pas une mention dans Daily Movies de l’immense

Ed Wood, le père spirituel du nanar ?! Réparons séance tenante ce regrettable manquement. Mais que dire sur cette pièce cinématographique qui n'ait pas encore été dit, lu ou écrit ? Pas grand-chose… C'est pourquoi l'on se contentera de brièvement résumer l'œuvre maîtresse d'Ed Wood, et de citer quelques anecdotes afin de tout de même mettre l'eau à la bouche de celles et ceux qui n’ont encore jamais vu cette pièce angulaire du film involontairement drôle.

CLASSIQUE ENTRE LES CLASSIQUES« Plan 9 From Outer Space », c'est du tout cuit, un film mythique, le mètre étalon du nanar en quelque sorte. Dès sa sortie, Ed Wood a immédiatement été qualifié de « plus mauvais réalisateur du monde », rien

que ça ! Et force est de reconnaître que le titre est loin d’être usurpé puisque le film se révèle une suc-cession de scènes plus fauchées les unes que les autres, amalgamées sans grande cohérence. On y trouve tout ce que l'amateur éclairé de nanars

recherche : des acteurs très mauvais, des effets spéciaux très cheap même pour l'époque, un scénario des plus rocambolesques et des incohérences à tous les niveaux. L'histoire peut se résumer en quelques mots : des extra-terrestres veulent envahir la Terre et

ont pour cela recours au plan n° 9 : réveiller les morts afin qu'ils tuent eux-mêmes les vivants.

On a donc droit à des soucoupes volantes en carton, des scènes de poursuites hallucinantes où les plans succes-sifs se déroulent aléatoirement la nuit et le jour, des retournements de

situations téléphonés, et des bastons dignes de vieillards cacochymes.

Les extraterrestres ne sont ni plus ni moins que des hommes en pyjama moulants parlant un très bon anglais, et l’intérieur de leur soucoupe res-

semble à s'y méprendre à une pièce vide dans laquelle on aurait disposé un bureau et quelques oscilloscopes.

Pour la petite histoire, l’immense Bela Lugosi joue dans ce film. Cet acteur mythique, qui personnifia Dracula dans le classique de Tod Browning, interprétera ici son der-nier rôle, au grand désespoir de Wood puisque la star décèdera avant la fin du tournage. Mais ne pouvant décemment se priver d'un tel nom au générique, c'est tout naturellement que le réalisateur demandera au médecin de sa femme de remplacer Bela, en secret bien sûr... Les deux hommes ne se ressemblent évidem-ment pas, ceci expliquant pourquoi dans certains plans le personnage tient son visage dissimulé derrière une cape, ne parle pas... et mesure 20 centimètres de plus !

Bref, « Plan 9 Nine From Outer Space » mérite d'être vu, à la fois pour son indiscutable densité nanarde et pour son statut d’œuvre culte dans l'histoire du cinéma. Nombre d'ar-ticles ont été écrits à son sujet et l'on ne saura que trop conseiller de visionner le film que le grand Tim Burton a consacré au « plus mauvais réalisateur du monde ».

UN EXCENTRIQUE ATTACHANTOn partage d’ailleurs le regard bien-veillant de Tim Burton pour Ed Wood. Comment, de fait, ne pas admirer ces gens qui, quoi qu'on en dise, on eut le courage de vivre de leur passion ? Combien de personnes se retrouvent-elles coincées dans une situation, un métier qui ne leur plaît pas, alors qu'elles avaient des aspi-rations artistiques ou autres ? Com-bien d'adolescents ont-ils dû remiser leurs doux rêves au placard, car ils n'avaient pas la force de lutter contre un establishment castrateur qui leur commandait d'être réalistes ? Com-bien d'apprentis chanteurs, acteurs, peintres, danseurs, sportifs se sont-ils vu conseillés de trouver une « vraie »

profession, avant de pratiquer leur passion ?

Ed Wood a beau compter parmi les plus mauvais techniciens de tous les temps, au moins, quand on parle de lui on emploie tout de même le terme « réalisateur » et cela devrait servir de leçon à beaucoup qui le cri-tiquent alors qu’ils n’ont finalement

pas eu son courage. Une sincère admiration pour ces gens qui ont vécu leur rêve envers et contre tout (et même contre une absence totale de talent, ce qui est d'autant plus héroïque !).

[Régis Brochier]

Retrouvez l'intégralité de cette critique - et des centaines d'autres - sur

nanarland.com, le site des mauvais films sympathiques.

NANAR, MON AMOUR !16« PLAN 9 FROM OUTER SPACE »

Prochaines sorties04 février 2015> Trois femmes> Papa ou maman> Tout feu, tout flamme

11 février 2015> Dancing Arabs> Fifty Shades Of Grey

18 février 2015> 20’000 jours sur Terre> Kingsman : Services secrets> Bob l'éponge - Le film : Un héros sort

de l'eau

25 février 2015> Les 108 Rois-Démons> Annie> Birdman