Mémoires de Saint-Jacques - Ville de St-Jacques de la Lande

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Mémoires de Saint-Jacques Rédaction et publication «Groupe Mémoire» du Centre de la Lande - Mars 2004 1 SOMMAIRE - Le territoire de Saint-Jacques, portion des bassins de Rennes. - De l’école des filles à l’Espace du Pigeon Blanc. - Bertrand du Guesclin de Broons … au Pâtis des Couasnes ! - Du rififi à la «rave» de Champ cors ? - Soldats français et allemands à Saint-Jacques pendant la première guerre mondiale. - Assemblée pour le louage des domestiques - La fête du Pigeon Blanc. - De «Notre-Dame de la Forêt» à «Jacques de la Lande» : les noms successifs de Saint-Jac- ques. - Georges Cano, maire de Saint- Jacques de 1971 à 1989.

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Mémoires de

Saint-Jacques

Rédaction et publication«Groupe Mémoire» du Centre de la Lande - Mars 2004

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SOMMAIRE

- Le territoire de Saint-Jacques, portion des bassins de Rennes.

- De l’école des filles à l’Espace du Pigeon Blanc.

- Bertrand du Guesclin de Broons … au Pâtis des Couasnes !

- Du rififi à la «rave» de Champ cors ?

- Soldats français et allemands à Saint-Jacques pendant la première guerre mondiale.

- Assemblée pour le louage des domestiques

- La fête du Pigeon Blanc.

- De «Notre-Dame de la Forêt» à «Jacques de la Lande» : les noms successifs de Saint-Jac- ques.

- Georges Cano, maire de Saint- Jacques de 1971 à 1989.

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Groupe

deSaint-Jacques de la Lande

Mémoire

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SOMMAIRE

3 éditorial

LE tERRItOIRE Et SES AMé- nAGEMEntS6 Le territoire de Saint-Jacques, portion des bassins de Rennes 10 La dénomination du territoire : de « Notre-Dame de la Forêt » à « Jacques de la Lande »

SAInt-JAcquES du tEMpS JAdIS12 Du Guesclin, de Broons au Pâtis des Couasnes

15 Du rififi à la « rave » de Champcors

18 Assemblée pour le louage des domestiques

19 Soldats français et allemands à Saint-Jacques pendant la guerre 14-18

SAInt-JAcquES du pASSé pROchE22 La fête du Pigeon Blanc

24 De l’école des filles à l’Espace du Pigeon Blanc

AutRES REGARdS

Des lieux et des hommes26 Chamcorps, les Couardières, le Reynel, le Pâtis des Couasnes

28 Georges Cano, maire de Saint- Jacques de 1971 à 1989

Divertissements29 Devinettes et mots croisés

EdItORIAL

tERRItOIRE, hIStOIRE Et

MEMOIRE dE SAInt-JAcquES

C e premier numéro de Mémoires de Saint-Jacques inaugure une série de publications consacrées à la commune

de Saint-Jacques de la Lande. Il est l’aboutisse-ment du travail réalisé depuis plusieurs années par le « Groupe Mémoire » du Centre de la Lan-de. Mais il voudrait aussi être le point de départ d’une aventure : publier une revue durable et régulière qui traiterait du territoire, de l’histoire et de la mémoire de Saint-Jacques de la Lande.

Un projet du « Groupe Mémoire »

Ce « Groupe Mémoire » a été formé en 1996, dans le cadre de l’O.J.A.(Office Jacquolandin d’Animation) devenu depuis Centre de la Lande, par Denis Jardin, Jean-Claude Morfoisse, Renée Thouanel et l’animateur Bernard Flahaut. Denis Jardin était déjà l’auteur d’une exposition, présentée en 1984 dans le cadre du Photo-Club, sur le vieux Saint-Jacques. Pour ce faire, il avait reproduit diverses gravures extraites du livre de l’abbé Grimault publié en 1916, Ma Paroisse de Saint-Jacques. Il avait également utilisé des photos recueillies auprès des habitants de la commune.

Depuis 1996, le groupe s’est étoffé et surtout, il a mené un travail de collecte de témoignages, auprès des habitants du Bourg et des écarts (villages), puis de ceux du Pigeon Blanc, pour glaner leurssouvenirs, enrichir le fonds photographique. Parallèlement, un travail de recherches était effectué dans les archives de la commune, de Rennes et du département. Des contacts étaient pris avec des historiens amateurs pour travailler sur des sujets variés et passer au crible le monumental ouvrage de l’abbé Grimault. Le projet de la rédaction d’un livre, à l’instar de Bruz de B à Z et de Chartres en Bretagne fut même lancé !

Mais l’ampleur de la matière et la modestie des moyens forcèrent le «Groupe Mémoire» à admettre que la rédaction d’un livre, qui rénoverait et compléterait celui de l’abbé

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EdItORIAL

Grimault, était très difficile à mener à bien dans un délai raisonnable. Voilà pourquoi, il a choisi la formule d’une revue, publiée au rythme de trois numéros par an, renvoyant ainsi le projet de livre sur Saint-Jacques à des calendes que nous ne souhaitons cependant pas grecques.

Les ressources exploitables

Les ressources de Saint- Jacques susceptibles d’alimenter une telle revue paraissent des plus ordinaires et des plus modestes. Son territoire est exigu, en partie enclavé dans celui de la grande ville de Rennes, sans unité apparente. Son pa-trimoine architectural, en dépit de la Croix Ro-bert, du Manoir, des vestiges du Haut-Bois, est modeste, tout comme sa petite église datant du milieu du XIXe siècle et privée de son clocher depuis l’Occupation. Sa mémoire est diminuée par le seul fait que la grande majorité de ses habitants actuels sont des nouveaux venus. Ceux qui ont connu la commune avant ses mutations des dernières décennies sont dispersés et deviennent de moins en moins nombreux.

Il reste cependant bon nombre de matériaux susceptibles de servir notre projet. Les archives municipales ont été récemment rigoureusement regroupées et ordonnées. L’exploration des archives municipales de Rennes, des archives départementales ou même diocésaines, est loin d’être achevée. La collecte de documents et de témoignages auprès de ceux qui ont connu Saint-Jacques autrefois, est à poursuivre.

En outre, nous disposons de deux études historiques, datant du début du XXe siècle, consacrées à la commune. La première, Saint-Jacques de la Lande. Essai de monographie. est due au propriétaire du Manoir à cette époque, Harscouët de Keravel. Assez courte, elle se borne au recensement érudit de tous les renseignements disponibles en son temps sur les vestiges, les lieux, les constructions, les propriétaires et leurs droits du temps du régime seigneurial. On y trouve bon nombre d’indications intéressantes pour notre projet.

La seconde étude, déjà évoquée ci-dessus, est le livre écrit par un recteur du début du XXe siècle, l’abbé Julien Grimault : Ma paroisse de Saint-Jacques. Il s’agit ici, pour notre projet, d’une source d’une toute

autre ampleur (plus de mille pages en deux volumes !) et d’un très grand intérêt.

Ce livre constitue, à notre avis, le princi-pal trésor du patrimoine historique de Saint-Jacques. Et sans doute, peu de communes de Bretagne et même de France peuvent se targuer d’en posséder l’équivalent !

Cet ouvrage peut paraître aujourd’hui rébarbatif par ses digressions vers l’histoire des autres paroisses du pays de Rennes, vers la « grande histoire » de la Bretagne ou de la France, et par ses fastidieuses énumérations. On y lit aussi des considérations historiquement hasardeuses, voire fantaisistes ou franchement partisanes, en particulier lorsqu’il évoque la Révolution française.

Ces digressions, énumérations et considé-rations ont certes chacune une justification dans le projet de l’abbé Grimault d’une oeuvre respectueuse de la continuité historique, érudite jusqu’à l’exhaustivité, instructive et militante au service de la cause de la foi et du clergé.

Mais au-delà de ces handicaps, Ma Pa-roisse de Saint-Jacques contient aussi des centaines de documents extraits souvent d’archives aujourd’hui disparues comme les archives paroissiales. Bon nombre d‘entre eux sont remarquables et même exceptionnels, à notre échelle locale, par leur ancienneté et leur précision. A partir de la fin du XVIe et surtout du XVIIIe siècle, la documentation utilisée et reproduite par l’abbé Grimault de-vient prodigieuse, en particulier sur les ins-titutions, civiles comme ecclésiastiques, et leur fonctionnement, la vie économique, le déroulement de la Révolution à Saint-Jacques et enfin sur le XIXe siècle étendu à la première décennie du suivant : pas moins de 250 pages pour chacune de ces deux dernières périodes !

Cet ouvrage monumental devenu fort rare, est pour notre commune, et pour l’histoire du pays de Rennes d’ailleurs, une mine extraordinairement abondante et précieuse de documents de toute sorte : sur la vie religieuse bien sûr, mais aussi sur bien sur l’administration de la paroisse puis de la commune, la fiscalité, l’économie, la société, les querelles, procès et autres péripéties dont l’intérêt n’est pas qu’anecdotique. Et tout cela, de ses origines les plus lointaines à la Belle Epoque incluse !

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De plus, les en-têtes, fins de chapitres et lettres initiales sont enjolivés par des motifs décoratifs empruntés à l’église et au Manoir.

Le texte est illustré par des photographies et surtout par les dessins à la plume signés D. Fenaut représentant avec élégance et minutie plusieurs dizaines de constructions de Saint-Jacques, dont une bonne partie aujourd’hui disparues. Enfin, l’abbé Grimault avait une plume facile et surtout fort élégante et séduisante, surtout lorsqu’il se laissait aller au plaisir de raconter. Dans bien des cas, c’est volontiers que nous lui céderons la plume.

Les grandes rubriques

Pour présenter d’une façon organisée les multiples facettes du territoire, de l’histoire et de la mémoire de Saint-Jacques, nous prévoyons trois.rubriques régulières et stables.

La première, le territoire et ses aménagements, sera consacrée à l’espace occupé par la commune de Saint-Jacques : ses particularités physiques ou « naturelles », celles des temps où, comme la forêt vierge de M. Prud’homme, « la main de l’homme n’avait pas encore mis le pied. » Mais elle sera aussi alimentée d’articles sur l’occupation ancienne et actuelle de ce territoire, les aménagements et les constructions, bref tout ce que les hommes ont pu transformer au cours des siècles.

La seconde rubrique, Saint-Jacques du temps jadis, regroupera les articles consacrés à l’histoire de Saint-Jacques, du passé le plus lointain à la Deuxième Guerre mondiale. Sous cette rubrique, les articles aborderont les grandes périodes de l’histoire de Saint-Jacques en commençant par les longs siècles où la commune ne portait pas encore son nom actuel. Puis les sujets présentés suivront le rythme de l’histoire traditionnelle de la France, avec quelques modifications, à cause de l’inégalité de nos sources et surtout du rythme propre de l’histoire de Saint-Jacques : l’Ancien Régime, la Révolution, le XIXe siècle, étendu à la première décennie du suivant durant laquelle s’achève le récit de l’abbé Grimault et enfin le premier XXe siècle.Suivra la rubrique : Saint-Jacques du passé proche. Elle couvrira la période allant de la Deuxième Guerre mondiale

à nos jours, et concernera les personnes, les activités, les réalisations récentes, présentées dans une perspective historique Nourrie par des articles faisant appel aux souvenirs et aux témoignages, elle relèvera de la mémoire autant que de l’histoire au sens strict du terme.

Suivra la rubrique : Saint-Jacques du passé proche. Elle couvrira la période allant de la Deuxième Guerre mondiale à nos jours, et concernera les personnes, les activités, les réalisations récentes, présentées dans une perspective historique Nourrie par des articles faisant appel aux souvenirs et aux témoignages, elle relèvera de la mémoire autant que de l’histoire au sens strict du terme.

Le choix de la Deuxième Guerre comme ligne de démarcation entre jadis et passé proche, nous a paru s’imposer à cause des traces laissées par cet événement sur les lieux et les gens de la commune. De plus, à partir de cette date, les sources d’une histoire de Saint-Jacques peuvent provenir de la mémoire vivante. Enfin, ce choix découle du fait que cette guerre a été un tournant décisif dans l’histoire locale. En effet, c’était depuis des siècles une commune rurale. Mais à partir de la Deuxième Guerre mondiale, sa mutation en commune suburbaine s’accélère jusqu’à devenir la commune quasi exclusivement urbaine qu’elle est aujourd’hui.

Enfin, nous prévoyons une dernière partie, baptisée Autres regards, pour regrouper ce qui n’aura pas trouvé place dans les grandes rubriques précédentes. C’est le cas des arti-cles ou notices sur les lieux et les personnages marquants de l’histoire de Saint-Jacques. D’où son appellation : des lieux et des hommes. Nous prévoyons aussi dans cette dernière par-tie d’ouvrir un courrier des lecteurs pour que vous nous fassiez part de vos réactions : cor-rections, désaccords, propositions de sujets et de collaboration ! Et comme notre but est aussi de distraire le lecteur, pourquoi pas des jeux du style mots croisés , car la revue « Mémoires de Saint-Jacques » souhaite allier la connaissance au loisir.

Ainsi donc la revue projetée sera-t-elle constituée de sujets variés picorant dans les innombrables aspects du territoire, de l’histoire et de la mémoire de Saint-Jacques. De plus,

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tout en partant systématiquement de Saint-Jacques, nous nous autoriserons, en veillant à ne pas trop en abuser, des escapades vers d’autres lieux et des sujets de l’histoire gé-nérale de la Bretagne ou de la France. C’est déjà le cas dans ce numéro avec l’évocation du Pâtis des Couasnes et de du Guesclin !

Cependant, en fonction de l’actualité, de l’abondance de la documentation, de l’intérêt du sujet, il arrivera qu’un numéro spécial soit consacré à un seul thème. Ce sera le cas dès le deuxième parution déjà en préparation. Il sera consacré à « Saint-Jacques et la Deuxième Guerre mondiale », à l’occasion du soixantième anniversaire de la Libération.

Une revue jacquolandine mais pas nombriliste

Centrant tous ses sujets sur le seul Saint-Jacques, notre revue peut encou-rir le reproche de nombrilisme et ce-lui, subséquent, de n’intéresser qu’uneinfime minorité de lecteurs, les Jacquolandins d’origine, y ayant vécu la majeure partie de leur existence et y vivant toujours.

Mais à cette poignée de personnes, il convient d’ajouter tous ceux qui ont connu Saint-Jacques à un moment donné de leur vie, surtout la masse considérable des Jacquolandins d’adoption, de longue ou de fraîche date.

C’est à eux aussi, et peut-être même à eux surtout, que s’adresse ce projet de revue. Aucun individu, aucune collectivité humaine, quelle que soit sa taille, ne peut se dispenser de mémoire. L’homme tout autant et plus qu’un animal raisonnable est un animal à mémoire. Et dans ce domaine constitutif de tout humanisme, il ne suffit pas de connaître son passé pour trouver ses racines. Il faut être aussi curieux du passé des autres, pour tisser des liens avec eux et conforter son propre enracinement.

Enfin, bien des traits de Saint-Jacques sont partagés avec d’autres communes du pays de Rennes, du département, de la Bretagne et même de la France. Souvent, il suffira au lecteur étranger à Saint-Jacques, de remplacer les noms jacquolandins par ceux de la commune qu’il connaît, pour se sentir concerné par le sujet évoqué. Notre entreprise vise donc à intéresser

des lecteurs bien au-delà des étroites limites du territoire communal, bien au-delà des seuls Jacquolandins.

Cependant, la revue Mémoires de Saint-Jacques ne vivra que si elle trouve des lecteurs en nombre suffisant pour lui assurer, dans les meilleurs délais, son autonomie financière. Voilà pourquoi la question des adhésions par l’abonnement est cruciale. En présentant ce premier numéro, nous espérons ne pas déce-voir l’attente de ceux qui nous ont déjà fait confiance en s’abonnant avant toute parution. Que leur nombre aille en grandissant ! Pour notre part, nous sommes persuadés qu’il y a, dans la vie locale, une place entre la com-munication et l’information sur l’immédiat, pour une publication fouillant dans l’histoire et la mémoire. L’ambition de « Mémoires de Saint-Jacques » est d’apporter, d’une manière attrayante, une pierre à la reconstruction d’une identité pour une commune tronçonnée et dislo-quée, menacée de dilution dans la grande ville voisine, et passée d’à peine 2 000 habitants au lendemain de la guerre à près de 7 000 en 1975 et plus de 10000 en ce début du XXIe siècle.

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LE tERRItOIRE dE SAInt-JAcquES, pORtIOn dES bASSInS dE REnnES

Le territoire de Saint-Jacques est entièrement inclus dans le bassin

de Rennes. Mais en fait, il y a deux bassins de Rennes! L’un est défini par le relief et l’autre par le sous-sol.

Bassin topographique et bassin géologique

Le plus classique, le plus visible, celui des géographes, des dictionnaires… , c’est le

bassin topographique. Large d’environ 35 kilomètres, il couvre à peu près la moitié de la superficie du département de l’Ille-et-Vilaine. Ses limites sont assez bien marquées dans le relief, surtout au nord et plus encore au sud par les fortes pen-tes bien connues des amoureux de la « petite reine » : Saint-Germain-sur-Ille, Talensac, la Chevelure… le « Petit Tourma-let », dans le triangle Guichen-Laillé-Bourg-des Comptes,

et enfin la côte de Pont-Réan, la plus rude, la plus redoutée, théâtre de deux championnats de France professionnels. Cette fameuse côte est l’obstacle to-pographique le plus proche du territoire jacquolandin !

L’autre bassin est de dimen-sions bien plus modestes. Défini non plus par les inégalités de sa surface mais par la structure du sous-sol, il est désigné par les géologues par l’expression de « bassin tertiaire de Rennes ».

LE tERRItOIRE Et SES AMénAGEMEntS

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LE tERRItOIRE Et SES AMénAGEMEntS

Ce bassin géologique a la forme d’une ellipse allongée nord-sud, d’environ 10 kilo-mètres de long, de Le Rheu à la Seiche, pour seulement 4 ki-lomètres de large. Ce « bassin tertiaire » est un fossé d’effon-drement du socle, c’est-à-dire d’un soubassement datant des confins de l’antécambrien et du primaire, datant environ d’un demi-milliard d’années. Ce socle est constitué de « schistes briovériens1 » plus connus sous le nom de « schistes de Pont-Réan », une roche aisément reconnaissable à sa couleur rougeâtre, très largement uti-lisée dans de multiples cons-tructions, des plus modestes aux plus huppées, de la ville de Rennes et de sa région. Tout ré-cemment, ces pierres ont servi pour la construction des murs encadrant le pont qui enjambe le Blosne, entre la Gaité et la Morinais.

Le fossé géologique du bassin tertiaire de Rennes est axé sur une faille minéralisée2, dite « faille de Pont-Péan », célèbre par ses mines de plomb longtemps exploitées. La faille, invisible dans la topographie, ne traverse le territoire de Saint-Jacques qu’à l’extrême sud-ouest, dans une zone désormais occupée par le Golf de Rennes établi près du village du Temple du Cerisier.

Le territoire de Saint-Jacques est entièrement inclus dans ce bassin tertiaire et, à lui seul, il constitue près dutiers de sa su-perficie totale. Ce bassin tertiai-re est l’un des plus vastes bas-sins sédimentaires de Bretagne et surtout le plus complet par

la durée de la sédimentation. M. Jean Plaine déplore que les principales coupes soient désormais soustraites à l’ob-servation car ce bassin est loin d’avoir fourni tous les rensei-gnements qu’on peut espérer y trouver. Cependant, dans l’édition d’Ouest-France du 5 octobre 2000, un article consa-cré au profil sismique réalisé à Chartres de Bretagne, indiquait qu’il y avait désormais d’autres moyens pour affiner les con-naissances sur ce bassin.

L’intérêt économique du bassin tertiaire

L’intérêt économique du bassin tertiaire de Rennes, dont près du tiers rappelons-le est jac-quolandin a été considérable au XIXe, au début du XXe et même dans la deuxième moitié de ce dernier siècle car, outre les mines de Pont-Péan, divers sédiments ont été exploités in-tensivement.

En premier lieu, les calcaires, rares en Bretagne, dans des carrières situées sur le territoire de Chartres, qui fournissaient par cuisson de la chaux vive pour l’amélioration des terres agricoles Par addition d’eau à cette chaux vive, on obtenait de la chaux dite « éteinte » qui était utilisée comme enduit et servait à la fabrication de mortier de construction. C’est avec cette chaux que furent fabriqués, en particulier, les kilomètres de tuyaux mis en place pour le réseau d’assainissement de la ville de Rennes à la fin du XIXe et début XXe siècle. L’une des principales carrières de chaux était celle de Lormandière

située à quelques centaines de mètres des limites du territoire de Saint-Jacques.

Ensuite viennent les graviers et les sables exploités le long de la Vilaine, entre Apigné et l’écluse de Pont-Réan sur une superficie d’environ 450 hec-tares. La principale entreprise d’exploitation était jacquolan-dine puisqu’elle était dirigée par M.Leyès qui réside depuis des décennies à la Pérelle. Des années 50 au début des années 70, ces carrières ont fourni l’essentiel des besoins en matière première des en-treprises de construction durant la période de forte croissance de l’agglomération rennaise.

A l’apogée de son activité, l’entreprise de M.Leyès fournissait de 700 000 à un million de tonnes par an, soit par jour environ 4 000 tonnes ! Le transport de ces énormes masses en direction de la zone industrielle de la route de Lorient se faisait par une douzaine de chalands, chacun d’eux effectuant 2 à 3 voyages par jour.

Les gisements de graviers et de sables de la Vilaine sont pourtant modestes (2 à 3 mètres d’épaisseur) comparés à ceux de la Seine (40 mètres !) ou du Rhin (100 mètres !). Cependant l’exploitation est descendue à 20 mètres aux Couardières et à 23 mètres à la Piblais. Aujourd’hui, l’exploitation des graviers et sables se limite au site de Lillion ; elle est menée par la Société Rennaise de Dra-gage (S.R.D.), ex-entreprise Leyès, intégrée au groupe mul-tinational Lafarge.

Les meilleurs gisements de la

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LE tERRItOIRE Et SES AMénAGEMEntS

vallée de la Vilaine se situent dans les marais de Redon. Mais leur exploitation se heurte en particulier à l’obligation de décaper 5 à 6 mètres de terre végétale, et plus encore aux problèmes quasi-insurmonta-bles de transport : écluses trop petites, transports par camions (il en faudrait une centaine par jour !) Monstrueux !

L’intérêt économique du bassin tertiaire de Rennes, et partant du sous-sol de Saint-Jacques, paraît donc désormais réduit. Mais la réalisation du profil sismique à Chartres de Bretagne à l’automne de l’an 2000 n’avait pas pour seul objectif de trancher une querelle de géologues sur l’émergence de la Bretagne: est-elle émergée depuis 300 millions d’années (hypothèse la plus courante) ou seulement depuis 200 millions d’années (hypothèse nouvelle) ? Dans ce dernier cas, il ne serait pas impossible qu’il se trouve à plusieurs centaines de mètres de profondeur, d’importantes réserves d’eau, comme celles déjà exploitées du Bassin parisien.

Le « petit Tourmalet » : Ce rude obstacle, pour les cyclotouristes de la région rennaise, se dresse sur le chemin qui relie la gare de Bourg-des-Comptes à la départementale N° 39, entre Guichen et la Halte de Laillé, en passant par les villages de la Basse et de la Haute Bouxière. Partant d’une altitude de moins de 30 mètres, le pédaleur doit passer un véritable petit col culminant à plus de 90 mètres ! Le versant sud est réputé plus difficile que le versant nord.

La côte de Pont-Réan : Située sur l’ancienne nationale 177 de Rennes à Redon, la réputation de difficulté de cette côte a dépassé les limites du bassin rennais et de l’Ille-et-Vilaine. C’est elle qui fut déterminante dans le choix de la région rennaise pour l’organisation d’un championnat de France de cyclisme professionnel en 1965 et en 1970. Le championnat de 1965 eut lieu le 22 août et fut marqué par la lutte des deux champions qui divisaient alors la France : Poulidor qui termina…deuxième mais devança son rival, Anquetil, troisième. Leur rivalité avait profité à un troisième larron, Henry Anglade, vainqueur à la moyenne de 36,860 Km/h sur 253kilomètres. En 1970, le 21 juin, la moyenne du vainqueur fut d’un kilomètre à l’heure supérieure, mais le vainqueur, Paul Gutty fut déclassé…pour un contrôle anti-dopage positif.Pour un cyclotouriste, gravir la côte de Pont-Réan est toujours, sinon un exploit, du moins un test d’une certaine aptitude à l’effort.

Sources principales

PLAINE, Jean, Le tertiaire au pays de Rennes.GICQUEL, Patrice, Un siècle de vélo au pays des sourds, Collection Espaces et Temps du sport, L’Harmattan, 2002. Cyclotouriste confirmé, membre pendant plusieurs années de Saint-Jacques Cyclotourisme. Patrice Gicquel a bouclé en 1996, le 5° Tour de France cyclotouriste.

Notes :1 Briovérien : le dernier des âges du précambrien (avant l’ère primaire), situé entre – 850 et 600 millions d’années. Cet âge fut dans nos régions, une période de dépôts de sédiments , dont les schistes violacés, dit aussi de Pont-Réan.

2 Faille minéralisée : rupture dans la disposition originelle des roches où se sont concentrés des métaux. C’est le cas de la faille du bassin tertiaire de Rennes qui passe par la mine de Pont-Péan (qui lui donne son nom), entre Matival et Lormandière (en Chartres) et le Temple du Cerisier sur le territoire de Saint-Jacques.

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dE « nOtRE-dAME dE LA FORêt » à « JAcquES dE LA LAndE»

Les noms successifs de Saint-Jacques du Moyen-Age à la Révolution.

Le nom actuel de la commune de Saint-Jacques est, somme

toute, assez récent dans son histoire. La paroisse, avait déjà plusieurs siècles d’existence avant que n’apparaisse, au XVIIe siècle, le nom actuel de Saint-Jacques de la Lande. Et ce nom ne nous est pas parvenu directement car, durant la Révolution, la commune fut débaptisée à deux reprises !

Les premières dénominations

Les plus anciennes déno-minations connues remontent aux XIIe et XIIIe siècles. Elles se trouvent dans deux bulles pontificales1, en latin, repro-duites dans le Cartulaire2 de Saint-Georges. L’une du pape Alexandre III, datée de 1164 cite une « Ecclesia Sancti Ma-rie de Foresta » que l’abbé Gri-mault traduit par « Notre-Dame de la Forêt. » L’autre, de 1208, émanant du pape Innocent III, évoque un « Sancti Jacobi de Forestâ », Saint-Jacques de la Forêt.

Dans les deux cas, la dé-nomination fait référence à la couverture forestière. Le territoire de la future com-mune faisait alors partie d’une très grande forêt qui s’étendait au sud de la ville de Rennes, connue sous les noms de Mohon, Mouscon, Montceaux…Ce ter-ritoire serait décrit dans un acte de 1154, émanant de l’évêque de Rennes, que l’abbé Grimault eut la « satisfaction » de trouver au

Cartulaire de Saint-Georges. Il donne le texte intégral en latin et sa traduction de cet acte de donation ou plus exactement de partage des dîmes entre le chapitre3 de sa cathédrale et l’abbaye de Saint-Georges « pour rétablir la paix entre les chanoines et les religieuses ».

Selon cet acte épiscopal de 1154, le partage concernait les « dîmes de la forêt, c’est-à-dire de la partie située en-deça du Reinel jusqu’aux anciennes clôtures du vieux village de Closné et de la Croix Rogon, aux Couardières et à la métairie que depuis longtemps les religieuses possédaient… ». L’abbé Grimault note que « les limites …sont celles de la paroisse de Saint-Jacques, du Risnel [Reynel] à Cleusné [Cleunay], que la propriété des Couardières est depuis longtemps déjà…aux mains des religieuses ».

L’apparition du nom de « Sancti Jacobi » [Saint-Jacques] serait liée à celui d’un évêque de Rennes de la fin du XIIe siècle, Jacques Ier, qui aurait aussi été le fondateur du premier hôpital de Rennes qui s’appelait à l’origine, hôpital Saint-Jacques. Cet hôpital, datant de la première moitié du XIIIe siècle, avait un lien fort avec les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. De là à déduire que le nom de notre commune est lui aussi lié au fameux pèlerinage, c’est une autre affaire qui ne peut être examinée ici.

De la forêt aux landes et de James à Jacques

Le document de 1208 est le dernier où apparaît la référence à la forêt, remplacée par « de Landis » c’est-à-dire « des Landes ». Cette dénomination de Saint-Jacques où la forêt est remplacée par la lande, un indice du défrichement du territoire, est attestée au XVe

siècle. Mais à la fin du XVIe siècle, c’est « aux paroissiens et habitants de Saint-James de la lande » que le sénéchal de Redon adresse un mandement leur annonçant l’établissement d’une taxe pour l’entretien d’une garnison. « Jacques » est donc devenu « James ».

La dénomination « Saint-Jacques de la Lande » apparaît à l’extrême fin du XVIe siècle, dans la présentation de la taille4 levée en 1598. Mais « James » et « Jacques » durent cohabiter quelque temps. L’acte de démission du recteur de Saint-Jacques Alain Le Fur, daté du 16 juin 1649 et reproduit par l‘abbé Grimault dans sa traduction du latin, en donne la preuve. Il y est dit en effet que Le Fur était « recteur de l’église paroissiale de Saint-Jacques de la Lande, vulgairement Saint-James de la Lande… ».

L’usage populaire de « Ja-mes » pour « Jacques » disparut progressivement au cours du XVIIe siècle. En tout cas, ce do-cument de 1649 mis à part, tous les documents à partir du début

LE tERRItOIRE Et SES AMénAGEMEntS

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du XVIIe siècle, n’appelle plus la paroisse que sous la forme de « Saint-Jacques de la Lande ». C’est le cas, en par-ticulier, des rôles du fouage4 ordinaire de 1628. et de 1664. Cependant, ce nom ne nous est pas parvenu directement.

Saint-Jacques débaptisé !

Cette appellation fut modifiée durant la Révolution par la suppression de « Saint ». La commune, créée quelques années plus tôt, s’appela donc « Jacques de la Lande ». Cette appellation fut officielle à deux reprises. D’abord en 1793-1794, au temps de la municipalité révolutionnaire de Saint-Jacques, élue le 18 novembre 1792 et maintenue en place jusqu’à la fin de 1794, puis pendant un temps encore plus court, à la fin du Directoire (1795-1799)

L’utilisation de l’appellation « Jacques de la Lande » est attestée par plusieurs « pièces curieuses » reproduites dans l’ouvrage de l’abbé Grimault. En voici quelques extraits illustrant son utilisation, orthographe scrupuleusement respectée.

« Mémoire de depence fait par la municipalité de Jacque la lande du 26 prérial segond année Republiquienne [14 juin 1793] pour un drapo tricolore sur le cloché payé vingt cinq livres. »

« Nous soussignés Pierre Théaudière officier Municipal de la cy-devant paroisse de Saint-Jacques de la Lande… »« Je soussigne et reconnais avoir reçu du citoyen Fraleula somme de vingt cinq livres

pour un étendard de la Liberté, que j’ai fait et fourny pour la Commune de Jacque de la Lande, dont quittances, Rennes le 18 prairéal 2e année républicaine. [6 juin 1793] »

Nous ne résistons pas au plaisir de citer un dernier exemple, par ce qu’il concerne encore le personnage fameux de l’histoire de la Révolution à Saint-Jacques qu’est Gilles Fraleu mais aussi à cause de l’orthographe de son titre, révélatrice de la difficulté pour les contemporains d’assimiler toutes les nouveautés de ces temps.

« Je reçus du citoyen Fraleu à Jean national (sic) [ lire agent national] de la Commune de Jacque de la lande, la somme de vengt senque livres pour avoirs pein le drapeaux de la dite Commune en couleur tricolore. Rennes le 7 messidore, 2e

année Républiquienne. [25 juin 1793] ».

Les documents cités ci-dessus sont tous antérieurs à la lettre du 30 septembre 1793 adressée par le Comité de Division territoriale de la Convention nationale aux ad-ministrateurs du District de Rennes pour expliquer les rai-sons qui pouvaient pousser les communes à changer de nom. Les « sans-culottes » jacquo-landins, devenus maîtres de la municipalité en novembre 1792, avaient donc anticipé les conseils de la Convention nationale5 aux administrateurs du District de Rennes pour expliquer les raisons qui pou-vaient pousser les communes à changer de nom. Les « sans-cu-lottes » jacquolandins, devenus maîtres de la municipalité en-novembre 1792, avaient donc

anticipé les conseils de la Con-vention nationale. Ils étaient entrés très tôt dans la nouvelle ère de l’Histoire qu’entendaient fonder les révolutionnaires en créant leur calendrier républi-cain6.

Il nous faudra bien entendu revenir sur ces moments cru-ciaux de l’histoire de la com-mune pendant la Révolution. Mais une chose est déjà pa-tente : l’été 1793 fut très chaud à Saint-Jacques de la Lande.

Jacques :Toutes nos sources sont d’accord

pour dire que ce saint , qui a donné son nom à la commune, est « Saint-Jacques le Majeur » dont la fête est le 25 juillet. Ce Saint-Jacques est présenté comme le frère de Jean, l’un des quatre auteurs de l’Evangile. Une tradition fait de lui l’évangélisateur de l’Espagne. Ses reliques, conservées dans la cathédrale de « Santiago de Compostela », sont à l’origine de l’un des plus vieux et des plus célèbres pèlerinages de l’Occi-dent chrétien.

Ce qualificatif de « Majeur » est utilisé pour le distinguer d’un « Jac-ques le Mineur », lui aussi un des douze apôtres, mais dont l’adhésion n’aurait daté que de la fin de la vie du Christ. La fête de ce Saint-Jacques était fixée au 10 mai.

Il existe un troisième Saint-Jac-ques, dont la fête était le 15 juillet, « Saint Jacques le Sage », évêque d’une ville de Mésopotamie, qui fut un des pères du Concile de Nicée qui fixa la doctrine catholique en 325.

Notes :1 lettre du Pape, munie d’un sceau (ou bulle), concernant un sujet d’intérêt général. Ici, il ne s’agit que d’une lettre en faveur de l’abbaye de Saint-Georges.2 livre contenant les titres relatifs aux droits temporels, c’est-à-dire matériels par opposition à spirituels, d’une abbaye, d’un chapitre, d’une église ou d’une seigneurie.3 assemblée des chanoines qui entourent l’évê-que et forment son conseil.4 noms d’impôts directs perçus au profit du roi sous l’Ancien Régime.5 nouvelle assemblée constituante qui succéda à la Législative après la chute de la monarchie en août 1792. Elle dirigea la France du 21 septembre (abolition de la monarchie) au 26 octobre 1795.6 destiné à remplacer le calendrier traditionnel, dit grégorien, son premier jour fut fixé au 22 septembre 1792 qui devenait le 1er vendémiaire de l’an I de la République.

LE tERRItOIRE Et SES AMénAGEMEntS

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SAInt-JAcquES du tEMpS JAdIS

du GuEScLIn, dE bROOnS …Au pâtIS dES cOuASnES !

Avec la duchesse A n n e ,

Bertrand du Guesclin est assu-

rément le personnage histori-que breton le plus célèbre de l’histoire de…la France de la fin du Moyen-Age. Né à Broons, dans le département actuel des Côtes d’Armor, pro-bablement en 1320, dans une famille de la petite noblesse bretonne, il devint connétable1

de France. C’était le titre donné pendant 4 siècles ( du début du XIIIe au début du XVIIIe siècle) au commandant en chef des armées et pre-mier dignitaire du Royaume de France, après le Roi.

Bertrand du Guesclin est statufié à Dinan et dans sa commune natale de Broons. Mais de cette dernière statue, visible de la voie-express Rennes-Brest, il ne reste que le socle orné d’un graffiti en grosses lettres jaunes, pein-turé par un nationaliste breton exalté : « Traitour », terme qui n’a guère besoin de traduction.

Dans le chapitre XIII du tome I de Ma Paroisse de Saint-Jac-ques qui a pour titre « La Guer-re de Succession entre Blois et Montfort à Rennes et dans ses environs », l’abbé Grimault, évoque les prouesses juvéniles du « grand Breton [qui] fit ses premières armes et se distin-gua, sinon toujours sur notre territoire même, du moins sur ses confins ». Son passage sur notre sol serait l’explication

originaux de la commune : le Pâtis des Couasnes !

Les prouesses du jeune homme de Broons

Parmi les exploits du jeune du Guesclin rapportés par l’historien de la paroisse de Saint-Jacques, on peut lire qu’à l’âge de 16 ans, après s’être échappé de la prison où son père l’avait enfermé, avoir volé un cheval de labour, trouvé refuge chez un oncle à Rennes et s’être esquivé de l’église où sa tante l’avait emmené pour le détourner de la tentation de participer au tournoi organisé dans la ville, il prit part à « une lutte solennelle sur la grand’place.…Reconnu par quelques-uns de ses compagnons de Broons qui le presse de combattre…il provoque un robuste lutteur qui vient de terrasser douze adversaires; il le renverse, mais tombe avec lui et se blesse gravement à un genou. Force fut de le rapporter saignant chez sa tante, qui, naturellement lui fit là-dessus un long sermon ».

Un an plus tard, « lors des fêtes et des joutes données à l’occasion du mariage de Charles de Blois avec Jeanne de Penthièvre », Bertrand du Guesclin troqua son cheval de labour pour le cheval et l’armure d’un cousin. Il défit un gentilhomme qui l’avait provoqué, refusa de lever sa visière comme le lui demandait la foule avide de connaître le

vainqueur et défit encore une douzaine d’autres jouteurs. « Son père vient l’attaquer à son tour : à la stupéfaction générale, Bertrand abaisse devant lui la pointe de sa lance et refuse le combat ». Il triompha encore de quatre autres cavaliers avant d’être reconnu et félicité par son père et par la foule, qu’il convient d’imaginer en délire.

Du Guesclin au siège de

Rennes

Dans la confuse guerre de succession de Bretagne, partie intégrante de la Guerre de Cent Ans, l’un des épisodes les plus fameux fut le siège de la ville de Rennes de 1346-1347 par les troupes anglaises du duc de Lancastre. Du Guesclin, au service de la maison de Blois soutenue par le Roi de France, n’était pas arrivé à temps pour s’enfermer dans la ville et la défendre comme il l’avait fait quelques années plus tôt. Mais il joua un rôle important dans la mise en échec des assiégeants.

L’abbé Grimault ne résiste pas à la tentation de présenter à cette occasion, quelques péripéties de ce siège qui dura 9 mois et quelques faits d’armes de du Guesclin. Sont narrés successivement : le harcèlement des troupes anglaises par du Guesclin, déjà grand expert de cette forme de guerre si différente de celle des chevaliers, la capture d’un troupeau de 4 000 porcs par

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Penhouët, le rusé capitaine-gouverneur de la ville assiégée, qui fit pendre une truie par les pieds de derrière, à la poterne de la porte Mordellaise pour attirer le troupeau dans la ville si bien que quand ils furent tous entrés et le pont-levis relevé, les Anglais restèrent la « goule bée ».

Est racontée encore, l’opération d’intoxication menée avec la complicité d’un bourgeois faux-déserteur qui réussit à faire croire aux Anglais qu’une « armée de 4 000 soldats allemands » devait arriver par l’est pour délivrer la ville; l’évasion du faux déserteur en direction de la route de Nantes et sa rencontre, avec du Guesclin qui, fort de ses renseignements, incendie les tentes anglaises, détourne vers la ville au bord de la famine et donc de la capitulation, un convoi de vivres de cent charrettes destiné aux Anglais, et n’oublie pas de payer aux charretiers le prix des provisions.

Le récit se termine par l’évocation d’un autre exploit chevaleresque du futur conné-table : « le combat des trois lan-ces2 » qui opposa du Guesclin à l’Anglais Guillaume Bemboro3 qui l’avait défié à la fin d’un dîner offert par le duc de Lan-castre. L’Anglais s’obstina à vouloir poursuivre le combat après « les trois premières lan-ces sans résultats » et malgré l’avertissement du Breton qui déclara ne l’avoir « épargné jusque là que par égard pour le prince ». Nouveau triomphe pour le Breton! L’imprudent

Bemboro fut renversé d’un coup de lance et remis « à demi-mort » [sic] au duc de Lancastre.

Et Saint-Jacques dans tout cela ?

L’abbé Grimault trouve trois liens entre Saint-Jacques et les évènements rapportés ci-dessus. Le premier provient du lieu d’installation du camp des troupes anglaises assiégeant la ville de Rennes. S’appuyant sur le grand historien de la Bretagne de son temps, Arthur de la Borderie, il situe ce camp à la Courrouze. Ce qui n’est pas du tout invraisemblable, car l’antiquité de la vocation militaire des ces landes partagées entre les territoires de Rennes et de Saint-Jacques est un fait attesté.

La rencontre, « dans une maison abandonnée, en Saint-Jacques ou au-delà » du bour-geois rennais faux-déserteur et de du Guesclin « qui tenait la campagne dans les environs »

Du Guesclin par Fenaut

et y arrive « par hasard » est étonnante, improuvable mais pas impossible.

Reste l’affaire des 4 000 porcs. Comme il paissait dans les prairies voisines des murailles, et vu l’importance phénoménale du troupeau, l’abbé Grimault avance que ces prairies s’étendaient «sans doute jusqu’à notre Pâtis-des-Couennes. qui peut bien tirer de là son nom ».

Cette explication est sans aucun doute fantaisiste. Mais elle ne manque pas d’ingé-niosité et de saveur. Quoiqu’il en soit de la véracité des liens établis entre le siège de Rennes de 1346 et Saint-Jacques, il est pratiquement certain que le fu-tur connétable a foulé notre sol du territoire communal. Quant aux anecdotes le concernant rapportées par l’abbé Grimault, elles illustrent à la fois la vieille guerre chevaleresque et les tac-tiques modernes de la guérilla, de la ruse et de l’espionnage. Elles raviveront aussi, peut-être, les souvenirs d’école de ceux qui ont appris l’Histoire de France dans des manuels basés sur des récits et des ima-ges édifiantes.

Notes :1 dans la monarchie capétienne, ce titre donné au commandant général des armées, faisait de son titulaire le premier officier de la Couronne. Du Guesclin, né dans une famille de la petite noblesse bretonne, est le plus illustre de la trentaine de dignitaires ayant porté ce titre entre le début du XIIIe et 1627, date de la suppression du titre par Louis XIII.

2 combat singulier pour lequel les deux combattants se sont accordés sur l’arme. Ici la lance, l’une des armes offensives, avec l’épée, considérée comme « loyale ». Cette joute à

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cheval qui se déroula aux Lices, au début de 1357, au cours du siège de Rennes, est de peu postérieure à un autre combat fameux de du Guesclin : celui qui l’opposa à Thomas de Cantorbéry sur la place du marché de Dinan. Dans ce cas, il s’agissait d’un duel judiciaire et les chevaliers avaient pour armes, outre la lance et l’épée, un couteau. Du Guesclin, au cours du même siège affronta un autre chevalier anglais en trois coups de lance, un coup de hache et trois coups d’épée. Selon Froissart, ce fut un beau combat et personne ne fut blessé.

3 Guillaume Bembro ou Bemborough était un proche parent, peut-être un frère de celui qui avait tenu le château du Fougeray et avait été tué au combat des Trente, dans la lande de Mi-voie, à mi-chemin entre Ploërmel et Josselin, le 26 mars 1351.

Sources principales

Abbé GRIMAULT, Ma pa-roisse de Saint-Jacques, T.I., p. 103-107.

J.P. LEGUAy et H. MARTIN, Fastes et malheurs de la Bre-tagne ducale 1213-1532, Edi-tions Ouest-France, 1982.

MINOIS Georges, Du Guesclin, Fayard, 1993.

Le siège de Rennes en 1356

C’est un des grands faits de la deuxième phase de la Guerre de Succession de Bretagne qui opposa de 1341 à 1364 (avec des années de trêves comme durant la fameuse Guerre de Cent ans dont elle fait partie) deux maisons prétendantes : la maison de Blois-Penthièvre et celle de Montfort. La première était appuyée par le Roi de France (et donc du Guesclin) et la seconde par le Roi d’Angleterre. La ville fortifiée paraît avoir subi à la fois un siège en règle avec tentatives d’ébrécher la muraille par des béliers ou un travail de sape et un blocus pour l’affamer. Le siège, commencé le 3 octobre 1356 par les troupes anglaises du duc de Lancastre, fut levé le 5 juillet de l’année suivante.

Du Guesclin, un personnage controversé

La querelle entre ceux qui ont présenté du Guesclin comme l’incarnation de la trahison à la cause bretonne et ceux qui voient en lui un précurseur de Jeanne d’Arc dans la naissance du patriotisme français est historiquement déplacée, vaine et au fond infantile par son manichéisme outrancier. Du Guesclin, dans la guerre de succession de Bretagne avait choisit le camp de la maison de Blois soutenue par le roi de France envers qui sa fidélité fut sans faille. Cette fidélité, son courage, son honnêteté, sa simplicité, lui valurent d’être de « son vivant et après sa mort, un instrument de propagande et un mythe au service d’une monarchie encore fragile et menacée ».

Du Guesclin fut avant tout un chef de guerre. Mais sur ce point aussi le personnage est controversé. L’historien Edouard Perroy l’a présenté comme un « médiocre capitaine, incapable de gagner une bataille ou de mener à bien un siège de quelque envergure, tout juste bon à galvaniser les bandes de routiers pillards qui reconnaissent en lui un maître ». Certes du Guesclin n’a rien d’un grand stratège. Mais ce fut un chef de guerre habile situé à la jonction des deux manières de pratiquer, à l’époque, cet art meurtrier : la guerre des chevaliers, présentée très souvent d’une manière idéalisée et irréelle et celle, fort peu chevaleresque des routiers, dont il fut un chef de bande efficace. Du Guesclin sut « concilier les exigences de la guerre chevaleresque et le réalisme de la guerre de mercenaires ».

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du RIFIFI à LA « RAvE » dE chAMpcORS ?

D’emblée, il convient d’expliquer, les guille-mets et le point d’in-

terrogation de ce titre à dessein provocateur et, avouons-le, un tantinet racoleur.

Les guillemets ne corres-pondent pas à l’utilisation d’un mot emprunté à un document relatant les évènements évo-qués dans cet article, pour la simple raison que les faits se sont déroulés il y a plus de deux siècles ! Ils ne sont utilisés ici, que pour tenter de rendre acceptable l’énorme anachro-nisme. Il nous faudra par contre justifier la comparaison que ce terme implique avec les rave parties contemporaines, du type de celles qui se sont déroulées à la Prévalaye, à proximité immédiate du territoire de la commune de Saint-Jacques, au début des mois de décembre des années 2001 et 2003, dans la foulée des Transmusicales rennaises.

Quant au point d’interro-gation, il découle du flou et des lacunes de nos sources, en l’état actuel de nos recherches, sur les faits qui se déroulèrent aux abords de ce lieu, fameux par son moulin, situé sur les bords de la Vilaine, à l’extrémité sud-ouest du territoire de Saint-Jacques.

Ce qui est sûr, c’est qu’il s’y produisit des incidents jugés assez sérieux pour faire l’objet d’un « procès-verbal rapporté le 23 juin 1791 » et d’une « déclaration et réquisitoire au pied en date du 24 » émanant

de deux citoyens de la com-mune, en charge du maintien de l’ordre public. Et que le Directoire du District prit des mesures pour prévenir les troubles qui pouvaient éclater lors de l’assemblée tradition-nelle qui « se tenait par Chan-cor…nommée ordinairement de la Saint-Jean des Bois, dans laquelle plusieurs domestiques se rassemblaient pour trouver à se placer ».

Des injures et des menaces

L’affaire avait commencé la veille de cette assemblée qui se tenait de la Saint-Jean (24 juin) à la Saint-Pierre (29 juin.) Il ressort du procès-verbal du District consacré à cette affaire que le citoyen Gilles Fraleu, « lieutenant de la Garde nationale de Saint-Jacques », qui s’était rendu sur les lieux, y fut victime d’ « injures ». Il s’en plaignit à son supérieur immédiat, « M. Laumailler, capitaine commandant la garde nationale de Saint-Jacques » qui saisit dès le lendemain, le Directoire du District de cette affaire.

Gilles Fraleu est l’un des personnages les plus importants de l’histoire de la Révolution à Saint-Jacques. Nous le retrouverons dans l’évocation d’autres troubles, bien plus sérieux, qui agitèrent la commune entre 1792 et 1795. Au moment de l’affaire de l’assemblée de la Saint-Jean des Bois, Gilles Fraleu avait

33 ans. Né le 18 mars 1758, c’était le fils aîné d’un Gilles Fraleu (1725-1785), et de Ma-rie Tréluyer.

Son père est signalé comme trésorier en 1754 et laboureur à la métairie de la Porte du Haut-Bois en 1767. Gilles Fraleu fils avait deux frères, dont l’un, Florent, son cadet de 8 ans, marié à Jeanne Macé, demeurait alors à la Barre, en Chartres de Bretagne. Nous retrouverons aussi ce Florent Fraleu dans l’un des épisodes les plus chauds de la Révolution à Saint-Jacques.

En juin 1791, Gilles Fraleu, marié en 1781 à Guillemette Trochu, avait déjà eu 4 garçons dont les deux premiers (Gilles-Jean et Etienne-Marie) étaient morts en bas-âge. Les deux qui avaient survécu avaient alors 4 et 2 ans et une petite fille allait naître quelques semaines après l’affaire. Deux autres garçons naquirent ultérieurement, Michel, en novembre 1792 et Guillaume-Joseph, né le 5 thermidor an III (23 juillet 1795) « de père décédé » car quelque temps auparavant, Gilles Fraleu avait été assassiné.

De Laumailler, nous ne savons pas grand chose, sinon qu’il était propriétaire de Ma-loré, une propriété aujourd’hui disparue sous l’emprise de l’aérodrome et qu’il était mem-bre du District. C’était donc, nécessairement, un « citoyen actif1 » aisé puisqu’il était con-tribuable d’au moins 10 livres,

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seuil de l’éligibilité, dans le système censitaire mis en place par la Constituante. Laumailler ne paraît pas avoir été présent à Champcors au moment de l’affaire, mais il prit aussitôt la défense de son adjoint et présenta lui-même, au Directoire du District, une « déclaration et réquisitoire au pied » sur les menaces que représentait pour l’ordre public, la tenue de cette assemblée des domestiques : « il était à craindre, dans les circonstances présentes, qu’ils ne se portassent à commettre quelques désordres ».

Le pourquoi des injures et des menaces

Faute de connaître le contenu des rapports de Gilles Fraleu et de Laumailler, nous ne pouvons rien dire de la nature des injures et des menaces de désordre. Mais du moins avons-nous des indices sur les origines des unes et des autres. Ces indices découlent de la référence aux « circonstances » dans l’évocation des menaces par Laumailler surtout du considérant qui précède la décision du District sur la suite à donner au rapport de Gilles Fraleu. : « Le Directoire, considérant combien. dans ces premiers moments il importe de réprimer tout ce qui tend à troubler l’ordre public, à diminuer le respect dû à la nation et aux officiers de la force armée, combien il serait dangereux d’exposer les bons citoyens au découragement qui naîtrait naturellement des injures qui leur seraient faites à raison de leur service dans

les gardes nationales, si ces injures n’étaient pas punies ». Pour souligner l’importance de ces références à la situation, l’abbé Grimault fit imprimer en italique, les deux passages que nous avons soulignés dans ce paragraphe.

Nous pouvons déduire de ce considérant du procès-verbal du 24 juin, que Gilles Fraleu s’était très vraisemblablement présenter en uniforme à Champcors pour vérifier de visu la bonne tenue de cette assemblée de domestiques. Qu’il y fut très mal accueilli, sans doute par des railleries et des quolibets, qualifiés par lui d’« injures » pour être passibles de poursuites. Il est aussi plus que probable que ces railleries et quolibets étaient liés au fait que Gilles Fraleu devait être connu de nombre de domestiques réunis à Champcors et que son tout nouvel accoutrement le rendait ridicule autant qu’odieux aux yeux de ceux qui avaient lancé contre lui des « injures ».

Ce que nous savons de la garde nationale de la commune de Chartres, donne quelques éclaircissements sur les divi-sions et les tensions engendrées dans les campagnes du pays de Rennes par le développement de la Révolution. Les deux communes, bien que n’appar-tenant pas au même District (Chartres appartenait au Dis-trict de Bain) étaient contiguës, et aussi très proches par leur population (près de 800 pour la première et un peu plus de 700 pour l’autre), leur struc-ture socio-économique, leurs mentalités…et l’impact des évènements extérieurs qu’elles

subirent en ces temps-là.En revanche, pour ce qui

concerne leur garde nationale, les différences étaient flagran-tes. Celle de Chartres était pré-coce et fort nombreuse ; celle de Saint-Jacques n’apparaît qu’au moment de l’affaire de Champors, soit au moins un an plus tard, et les seuls noms connus de gardes nationaux sont ceux de deux officiers ci-tés dans le document du 24 juin 1791. Il est plus que probable que les effectifs de la garde na-tionale de Saint-Jacques étaient squelettiques et son existence éphémère.

Reste à éclairer les « cir-constances » qui faisaient craindre «quelques désordres». L’hypothèse selon laquelle l’assemblée aurait attiré des vagabonds à qui des passeports prescrivaient la route dont ils ne devaient pas s’écarter n’est pas impossible. Au début du mois de septembre, la garde na-tionale de Chartres avait reçu, de la municipalité, en con-formité avec les instructions du District de Bain, l’ordre d’arrêter « tous les vagabonds qui s’éloigneraient de la route qui leur est prescrite par leurs passeports ».

En revanche, il serait trop hasardeux de relier les « injures » et les « menaces » à l’évènement majeur qui venait de se produire quelques jours avant la réunion de Champcors : la fuite du Roi et son arrestation à Varennes, le 21 juin.

S’il y a un événement natio-nal qui a pu, du moins en ap-parence, contribuer à entretenir un climat de tension dans l’as-semblée de la Saint-Jean des

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Bois, ce serait plutôt le vote par la Constituante de l’une des lois les plus importantes pour la suite de l’histoire de la France : celle adoptée le 14 juin 1791 et connue sous le nom du député rennais Le Chapelier. Cette loi fameuse, en abolissant définitivement les corporations et en interdisant les coalitions, rendait illégales la formation de syndicats et le recours à la grève. Elle faisait de tout contrat de travail une relation individuelle entre l’employé et l’employeur et concernait bien entendu les ouvriers agricoles. Mais ceux-ci, à la différence des ouvriers des autres métiers, n’étaient pas organisés en corporations. La loi Le Chapelier ne changeait rien dans les pratiques habituelles des campagnes.

Il reste plus sage de considérer que les injures et menaces provenaient de l’échauffement des esprits par l’ambiance de fête que prenait l’assemblée de la Saint-Jean des Bois et aussi par la fréquentation des cabarets, comme le suggère la suite du procès-verbal du District.

Les décisions du Directoire

L’avis du Directoire concer-nant les « injures » proférées à l’encontre de Gilles Fraleu fut assez prudent. Après le baume des rappels du considérant évoqué ci-dessus, il fut décidé qu’une copie conforme serait remise, « après l’approbation du Département…à l’accu-sateur public2 pour lui servir de dénonciation et que, si ce citoyen l’exige, le tout lui sera notifié à la diligence du

procureur syndic3 ». Autant dire que l’affaire des « inju-res » ne dut pas aller plus loin.

Il n’en fut pas de même pour les menaces de désordres évoquées par le capitaine commandant la garde nationale de Saint-Jacques, comme le prouve la fin du procès-verbal : « …le Directoire, oui le procureur syndic, est d’avis de requérir M. de Melesse, commandant à la gendarmerie nationale, d’envoyer sur-le-champ 4 ou 6 gendarmes, s’il en a ce nombre, dont il puisse disposer, et en tout cas le plus grand nombre qu’il pourra, à Saint-Jacques de la Lande, où s’est tenu ce jour l’assemblée de la Saint-Jean des Bois pour y faire visiter les cabarets et conseiller aux citoyens de se retirer tranquillement chez eux et de continuer d’envoyer chaque jour des cavaliers au même lieu, attendu que l’assemblée se continue jusqu’à la Saint-Pierre.

En cas que M. de Melesse ne puisse pas faire partir le nom-bre de gendarmes nécessaires, le Directoire arrête de prier et requérir M. du Petit-Bois, lieu-tenant-colonel commandant du Régiment d’Orléans dragons4, de commander deux dragons pour se joindre aux gendar-mes ».

Nous ignorons les suites de cette affaire de Champcors, ce qui justifie encore plus l’utilisation du point d’inter-rogation dans le titre de cet article. Quant à la comparaison entre cette assemblée de la Saint-Jean des Bois du temps de la Révolution avec les rave parties contemporaines, elle ne

nous paraît pas complètement indéfendable. L’assemblée des domestiques ne pouvait-elle pas se déplacer et se tenir dans des endroits relativement dé-serts ? En effet, s’interrogeant sur le lieu exact du territoire de Saint-Jacques où s’était tenue cette assemblée de la Saint-Jean des Bois de juin 1791, l’abbé Grimault estime probable « qu’elle pouvait se transporter d’un lieu à l’autre ou se tenir simultanément à Champcors ou au Bourg, ou plutôt sur la grande lande qui les séparait ». Par ailleurs, la surveillance étroite par les for-ces de l’ordre, celle des caba-rets et même la composition de la population fréquentant l’as-semblée de la Saint-Jean des Bois ne sont pas sans évoquer les caractéristiques des raves : les domestiques n’étaient-ils pas à l’époque d’authentiques intermittents du travail ?Notes :1 dans le système censitaire créé par la Constituante, homme âgé payant une contribution égale à la valeur locale de 3 journées de travail. Electeur du premier degré, il participe à la désignation des électeurs du second degré (revenu variant de 100 à 400 journées de travail) qui choisissent parmi eux les députésde l’Assemblée Législative. 2 magistrat chargé pendant la Révolution de requérir l’application des lois auprès d’un tribunal criminel.3 homme de loi agissant en justice au nom d’une communauté. Dans le cas de l’affaire de Champcors, il agit au nom du District.4 soldats de cavalerie pouvant combattre à pied, intégrés à partir du XVIe siècle dans chaque compagnie de gendarmerie. Jusqu’en 1870, les dragons portaient un uniforme vert, un pantalon garance et un casque de cuivre orné d’un plumet écarlate, d’une crinière flottante et d’un bandeau de peau tigrée.

Sources principalesAbbé GRIMAULT, Ma paroisse de Saint-Jacques, T.II.Travail collectif, Chartres en Bretagne.

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ASSEMbLéE pOuR LE LOuAGE dES dOMEStIquES

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Les as-s e m -b l é e s

pour le louage des domesti-ques ont existé très longtemps. Des personnes

âgées de la commune ont pu en témoigner car elles y ont participé.

Une délibération du Conseil Municipal du 15 mars 1874 en parle :

« Le conseil, après en avoir délibéré,

- considérant que la po-pulation de la commune est complètement agricole et que la situation et les voies de com-munication qui conduisent au bourg sont de nature à attirer un grand nombre d’acheteurs et de vendeurs ;

- considérant, en outre, que l’assemblée qui se tient à Saint-Jacques le jour de la Saint-Jean, pour le louage des domesti-ques, autrefois très fréquentée, devient aujourd’hui fort peu importante par suite d’autres assemblées établies le même jour à Vern et à Mordelles ;

- demande l’autorisation d’établir le lundi qui précède la Saint-Jean une foire qui, fort utile pour les cultivateurs, sera en même temps très profitable au petit commerce local ;

- demande, en outre, de re-porter à ce même jour (lundi d’avant la Saint-Jean) l’assem-blée pour le louage des domes-tiques qui a lieu au bourg le 24 juin de chaque année. Signé : le maire : M. de

la Motte du Portal. »

Plus tard, cette assemblée fut remise au dimanche le plus près de la Saint-Jean, mais ne fut plus que la fête locale. Pour se placer, les jeunes de la commune pouvaient aller soit à Chamcorps où ils retrouvaient des gens des communes voisi-nes comme Bruz ou Chavagne, soit sur le Champ de Mars à Rennes où l’offre et la demande étaient beaucoup plus vastes.

Voyons le témoignage (re-cueilli en 1998 avant sa mort) de Madame Guédeu née Lucie Grasland qui a vécu cette expé-rience :

« Dans le temps, quand on s’embauchait dans les fermes, c’était à la Saint-Jean ou à la Saint-Michel. A la Saint-Jean (ou la Saint-Pierre) on s’embauchait pour les 3 mois d’été : juin, juillet, août. Les gars se mettaient un épi de blé à la boutonnière et nous, les filles, on mettait une fleur. A la Saint-Michel, on s’embauchait pour tout l’hiver. Je ne sais plus ce qu’on mettait à la boutonnière.

Il fallait surtout de la main d’œuvre pour l’été, pour les grands travaux, parce que c’étaient la faucheuse et les faucilles. J’ai coupé le blé avec la faucille. Il y avait des batteurs avec des chevaux. Quelquefois, on battait le blé avec les fléaux. Chez mon oncle, on battait l’orge avec des fléaux.

J’allais à la foire du Champ de Mars. On pouvait être pris dans une autre commune. Moi, c’est ce qui m’est arrivé. Je suis partie à 12 ans. A 14 ans, je suis revenue chez Delabouëre à la

Lucie Guédeu

Gautrais. C’était une grande ferme. Je gardais les vaches. J’ai toujours travaillé dans les fermes jusqu’à 20 ans, jusqu’à ce que je me marie (… )

Quand on allait se placer à la foire, la on voyait les patrons circuler, nous regarder sous toutes les coutures. Ils vou-laient voir si on était costaud, si on n’était pas malade, si on était courageux, si on avait bon caractère (…) Mais ça, ils ne le voyaient pas tout de suite.

Quelquefois, ils venaient nous parler, c’était bon signe, signe qu’on les intéressait. Ils faisaient leur choix, ils vou-laient savoir plein de choses : notre âge, d’où on venait, ce qu’on faisait avant, ce que fai-saient nos parents…

Mais nous aussi, on avait notre avis. Quelquefois, le fermier avait l’air sympa. On se disait : pourvu qu’il me prenne ! Parfois, il avait l’air rosse. On se disait : je ne le regarde pas, il va aller en voir une autre.

De toutes façons, c’était la honte pour nous si on n’était pas pris… Heureusement, moi, ça ne m’est jamais arrivé ».

Il semble que la façon de placer le signe (épi ou fleur) indiquait la place que l’on cherchait : ouvrier agricole ou domestique. Si vous avez vous-mêmes des témoignages, n’hésitez pas à nous les faire connaître.

Sources principales

- Archives départementales. - Témoignages d’habitants.

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SAInt-JAcquES du tEMpS JAdIS

De la Motte du Portal

Né à Locminé, il avait épousé Clotilde de Gourden, la fille du châtelain du Haut-Bois, maire de Saint-Jacques de 1852 à sa morts en 1868. Il ne succéda pas directement à son beau-père car il n’accéda au poste de maire de Saint-Jacques qu’en 1870. Il le resta jusqu’à sa mort en 1893.

Lucie Guédeu

Madame Guédeu, née Lucie Grasland, est née le 17 mai 1906 à Bréal sous Montfort. Elle avait 5 ans quand elle est arrivée à la Teillais, elle y est resté jus-qu’en 1915.

Elle a quitté Saint-Jac-ques quand elle s’est ma-riée. Elle y est revenue en 1961 après la mort de son mari. Elle avécu dans une baraque de réfugiés, rue de la Pilate. Puis relogée dans les HLM, rue Louise Michel, elle y est morte en 1998.

SOLdAtS FRAnçAIS Et ALLEMAndS à SAInt-JAcquES

pEndAnt LA GuERRE 14-18

La Grande Guerre se si-tua, bien sûr, à l’Est et au Nord de la France.

Les hommes mobilisés par-taient presque tous sur ces ter-rains de luttes et de tueries, loin de leur région.

A Saint-Jacques, comme ailleurs, la population paya un lourd tribut à cette hécatombe. Le monument aux morts, élevé en 1922 près de l’église, porte 53 noms d’habitants morts au front, alors que la commune comptait environ 1000 habi-tants, soit 5% de la population totale !

Les fermes, les ateliers, les usines avaient perdu une gran-de partie de leur main d’œuvre qui devait être remplacée par des femmes. Toutefois d’autres hommes ont séjourné sur la commune sous la tenue mili-taire.

Saint-Jacques, ville de garnison

Rennes étant une ville de garnison, et Saint-Jacques ayant des terrains militaires, des troupes et des chevaux y sont regroupés, soit pour se reposer, et se refaire une santé, soit pour travailler à l’Arsenal. Certains sont hébergés dans des fermes de la commune. Le camp de la Marne et le camp de Verdun seront construits en 1916 pour y héberger des militaires ouvriers à la Courrouze.

L’abbé Grimault écrit sur le Livre de Paroisse en septembre 1914 : « Dès les premiers jours de la semaine, notre bourgade, voire notre paroisse furent

envahies par les artilleurs du 7e et du 41e de Rennes. Deux lieutenants logés au presbytère s’employaient de leur mieux à leur mobilisation…. Le soir où ils nous quittaient, la bourgade se réunit sur la place de la mairie pour leur faire une ovation et leur adresser leurs vœux patriotiques… »

Mais Saint-Jacques n’en a pas fini avec les soldats, on peut lire un peu plus loin : « Le 25 septembre, en effet, nous était arrivé, inopinément, le 61e d’Artillerie de Verdun, sauvé précipitamment de Mourmelon… D’abord décidés à établir tout le régiment à Saint-Jacques pour raison d’abreuvage des chevaux, ils en transportent une moitié à Chartres et à Châtillon. Le commandant s’installait au Pèlerinage pendant que les deux lieutenants prenaient place au presbytère, que le bureau s’installait à l’école de filles de l’avenue [l’école publique de filles, aujourd’hui la cantine de l’école Eugène Pottier] et le mess des officiers dans la petite maison Métayer au passage des Rivières… Les meilleures relations s’établirent tout de suite entre la troupe et la population et ce jusqu’à la fin, c’est-à-dire pendant deux ans et demi… »

Mais la présence des troupes n’est pas sans inquiéter le Recteur : « On se plaint que la ferveur diminue, que les offices sont moins suivis, la Table Sainte moins fréquentée ; que la jeunesse est moins respectueuse et moins réservée.

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D’où vient ce mal ? La cause, on ne le dit qu’à demi-mot : la présence prolongée des mêmes troupes dans les cantonnements, leur inaction momentanée, leur contact avec la population civile sous le même toit, les lenteurs énervantes de la guerre, l’éloignement du danger : tout cela favorise plus ou moins la légèreté et le laisser-aller et fait oublier facilement le chemin de l’église et les obligations les plus graves… »

Enfin, il n’y a pas à déplorer trop de familiarités ni les suites

SAInt-JAcquES du tEMpS JAdIS

famille Grasland, parents de Madame Lucie Guédeu, a été obligée de quitter cette ferme car le père étant mobilisé, la femme ne peut pas, à elle seule, faire tout le travail et élever ses enfants. Ils partent au Temple de Blosne où elle peut travailler à la journée chez les maraîchers.

Les prisonniers allemands sont chargés de construire une route à partir de la Teillais qui relie la route de Nantes et donc le Pigeon Blanc et Rennes. Cette route, toujours très uti-lisée, permettait aux habitants

Sources principales

- Archives départementales- Le Livre de Paroisse de Saint-Jacques. - Témoignages d’habitants.

Les morts de la Grande Guerre

Avec, de 1,3 à 1,4 million de morts pour une population d’environ 40 millions d’habitants, le rapport est de 1 mort pour environ 30 habitants soit près de 3,4 %. Avec un mort pour 20 habitants Saint-Jacques a payé un plus lourd tribut à la Grande Guerre que la moyenne française.

Cette proportion est en revanche conforme à la triste moyenne bretonne. Bien que les historiens aient ramené le chiffre des morts bretons de la Grande Guerre des 260 000 avancés au lendemain de la guerre à 130 000, la contribution de la Bretagne reste nettement supérieure à la moyenne nationale. Ce qui s’explique par sa forte proportion de paysans, explication aussi valable pour Saint-Jacques.

des villages de la Calvenais, la Teillais, la Bouvrais, la Cave aux Loups… d’aller à Rennes, par exemple pour vendre leurs produits au marché des Lices, sans passer par le Bourg de Saint-Jacques ou par le Haut-Bois.

Cette petite route s’appelle toujours, dans le langage local, le « Chemin des Boches ».

l’armée sans en référer au Maire, ce que les autres propriétaires ont fait. Le Maire lui conseille de demander des dommages directement à l’armée.

Des prisonniers allemands

Si beaucoup de soldats français sont faits prisonniers et envoyés en Allemagne, des soldats allemands sont envoyés à Saint-Jacques. Certains d’entre eux sont hébergés à la ferme de la Teillais. La

déplorables qui pourraient en découler. En février 1916, on enregistre même le mariage d’une jeune fille de Saint-Jacques avec un soldat du 61e.

Ainsi, pendant toute la guerre, des troupes occupent les fermes et les grandes maisons de la commune. En 1919, Melle Frain de la Gaulayrie se plaint du fait que sa maison de la Piblais qu’elle n’habite qu’en été, ait été occupée par des troupes du 40e Régiment d’Artillerie et que des réparations y sont nécessaires. Elle a signé un accord avec

Guerre 1914-18 : Prisonniers allemands

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SAInt-JAcquES du tEMpS JAdIS

La guerre 14-18 : Des prisonniers allemands cantonnés dans une ferme de la Teillais construisirent une route qui relie la route de Nantes, les villages de la Teillais, la Basse-Teillais, la Calvenais. C’est le « Chemin des Boches ».

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SAInt-JAcquES du pASSé pROchE

LA FêtE du pIGEOn bLAnc

S i depuis 1989, le carnaval est devenu une institution pour Saint-

Jacques, la fête du Pigeon Blanc l’a été jusqu’en 1960 pour l’agglomération rennaise. Les gens disent avec fierté : « Avec la fête de la rue de Vern, c’étaient les deux plus grandes fêtes de Rennes et des environs ». Normalement, cette fête durait deux jours, mais si le 15 août se trouvait être un vendredi ou un lundi, on ne se privait pas pour faire la fête pendant trois jours.

La veille du 15 août

Elle commençait la veille du 15 août avec les manèges et les baraques foraines.

Le grand départ avait lieu à la nuit tombante avec la « re-traite aux flambeaux ». Toute la population du quartier et des environs se retrouvait vers l’Octroi de Nantes pour for-mer le défilé. En tête du cor-tège, le drapeau français était fièrement porté pour ouvrir les festivités. Ce fut longtemps Pierre Lanoë ; il boitait suite à un accident du travail, mais cela ne l’empêchait pas de me-ner bon train toute sa troupe.

Derrière lui, venait la musique des Trompettes Rennaises, suivie des enfants portant des flambeaux ou des lampions fixés au bout d’une perche en bois.

Le défilé s’arrêtait devant tous les cafés du quartier. La fanfare continuait de jouer pendant que beaucoup de gens dansaient dans la rue. D’autres

entraient pour se désaltérer… Ainsi, à chaque café c’étaient : consommations, chants, danses ou les trois à la fois… Ensuite, les gens pouvaient continuer à danser dans les bals du quartier, au restaurant du Pigeon Blanc et aux Trois Marches (restaurant qui était situé à l’emplacement du magasin SUPER U).

La Fête du Pigeon Blanc

Le jour du 15 août

Le lendemain, la fête com-mençait par les courses cyclis-tes. Des sportifs de Saint-Jac-ques comme Raymond Croyal, René Lepêcheur ou les frères Guédard se sont souvent illus-trés dans ces courses.

Peu à peu, les stands et les manèges se mettaient en route car des gens de toutes les com-munes environnantes venaient y passer la journée. Certains jeux étaient assurés par le Co-mité des Fêtes animé essentiel-lement par les commerçants du quartier. Citons parmi les jeux qui ont laissé le meilleur souvenir : le casse-pots, le mât

de cocagne, la bataille de polo-chon sur un tronc d’arbre bien savonneux…

Tous les restaurants du quartier servaient à boire et à manger. La boisson favorite était, bien sûr, le cidre et on trouvait toutes sortes de charcuteries bien fraîches. Les gens mangeaient sur place ou allaient s’asseoir dans une prairie un peu plus loin.

L’après-midi, c’était le défilé de chars. Ils avaient été préparés par les habitants du quartier avec l’aide des commerçants ou maraîchers qui prêtaient leur véhicule : camion, charrette et chevaux, remorques… Il ne faut pas oublier les vélos fleuris qui permettaient à tous les volontaires d’y participer.

Le soir du 15 août, la fête se terminait par un feu d’artifice et on continuait à danser et faire la fête tard dans la nuit.

Cette fête a été arrêtée pendant les guerres. Elle a été relancée en 1945, mais, peu à peu, le nombre des voitures augmentant sur la rue de Nantes, il n’était plus possible de couper la circulation. De plus, les gens ont pris l’habitude de partir au mois d’août et l’installation de l’usine Citroën à la fin des années 50 a sonné le glas de cette fête du Pigeon Blanc.

Sources principales

Témoignages d’habitants.

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SAInt-JAcquES du pASSé pROchE

Fête du Pigeon Blanc

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dE L’écOLE dE FILLES à L’ESpAcE du pIGEOn bLAnc

SAInt-JAcquES du pASSé pROchE

La Mairie de Saint-Jacques et le Centre de la Lande mettent à

la disposition des habitants du quartier et des associations et clubs un Espace, une maison de quartier où adultes et enfants pourront se rencontrer. Mais à quoi était destiné ce bâtiment et de quand date-t-il ?

Revenons à la fin de la guerre 1939-1945. La seule école du quartier du Pigeon Blanc est celle qui a été construite en 1931, où est implanté maintenant l’Atelier Public d’Urbanisme. Cette école a été occupée par les Allemands. Dès la Libération, les maîtres et leurs élèves ont repris possession des locaux. Arrive alors une période de forte construction dans le quartier. Quelles en sont les raisons ?

D’une part, beaucoup de gens sont à la recherche d’un logement dans ces années d’après guerre. D’autre part, deux usines se sont installées rue de la Pilate : il s’agit de la Rennaise de Préfabrication et de l’usine Langlois. Le quartier est couvert par les champs des maraîchers ou de quelques fermes. Plusieurs parcelles sont propriétés de la famille de Boberil, les maîtres du château de Bréquigny. Mais ce château a été très endommagé par l’occupation, celle des Allemands puis celle des réfugiés et les châtelains n’habitent plus là, donc peu à peu, ils vendent leurs terres.

Les lotissements de maisons in-dividuelles puis les immeubles voient le jour. Cela entraîne une arrivée notable de familles donc d’enfants en âge scolaire.

Des solutions provisoires sont trouvées :

- occupation du petit local de la Mairie par une classe. C’est la salle où se trouve actuellement le Point Accueil Emploi, salle construite par les Allemands pendant la guerre où la Mairie s’est réfugiée dès leur départ. En fait, elle fera double emploi : salle de mairie et salle de classe. Les jours de mariage, de cérémonie ou de réunion du conseil municipal, il faudra vider la classe de ses tables d’écoliers puis les remettre ensuite ;

- aménagement et fermeture du préau de l’école pour en faire deux classes (Il a été de nouveau fermé pour en faire des garages) ;

- construction d’une autre classe près de la cour.

Malgré tout cela, les effec-tifs augmentent sérieusement dans les classes. En 1952, le conseil municipal décide la construction de 3 nouvelles classes et d’un préau, mais il ne peut le faire sans obtenir d’aide de l’Etat. Il demande que M.Laloy, architecte, soit agréé.

Le 8 septembre 1954, l’ins-pecteur d’Académie écrit au maire de Saint-Jacques, Jean Pont : « Vous m’avez entre-tenu des difficultés que vous ne

manquerez pas de rencontrer à la rentrée prochaine pour accueillir tous les élèves qui demanderont à entrer dans les écoles publiques de votre com-mune. Les directeur et directri-ce des deux écoles m’ont égale-ment rappelé une situation qui ne m’avait pas échappé et à la-quelle aucun remède n’avait pu être apporté jusqu’ici… Vous savez que les crédits sont très limités et je doute fort que le projet de Saint-Jacques puisse être pris en considération avant 1955. De toute façon, l’école ne sera pas construite au début de l’année scolaire ni même vraisemblablement, au cours de l’année prochaine, aussi, je crois qu’il est absolument né-cessaire que vous recherchiez de toute urgence un local à usage de classe pour chacune des deux écoles, si vous voulez pouvoir donner satisfaction à la population… ».

En janvier 1955, le Maire achète à M.Berhault une parcelle de terrain de 933 m2

derrière l’école existante, pour la construction d’une école de 6 classes plus une classe enfantine. Ce sera la classe ronde que nous appelons généralement « la Rotonde » où seront accueillis jusqu’à 80 petits élèves de maternelle.

Le 23 septembre 1956, les nouvelles classes affectées à l’école de filles sont inaugurées. Les garçons resteront encore pendant 9 ans dans l’école ancienne le long de la rue des 25 fusillés.

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SAInt-JAcquES du pASSé pROchE

L’inauguration se fait en présence de MM. Henry, rec-teur d’Académie, Le Strat, dé-puté, Fréville, maire de Rennes, Lebrun, inspecteur primaire de l’Education nationale…

Inauguration de l’école du Pigeon Blanc en 1956

A l’occasion de son discours, Jean Pont, maire de Saint-Jacques, ne manque pas de rappeler que, vu les projets de construction dans le quartier, il faut penser dès maintenant à la construction d’un autre groupe scolaire. Ce sera l’école de garçons en 1965 qui deviendra l’école de la Croix Verte, puis l’école maternelle Gabriel Péri en 1972.

Puis, plus tard, le quartier étant saturé, les constructions se ralentissent. Les familles vieillissent, ont moins d’enfants. Le nombre des enfants scolarisés commence à décroître vers 1975.

En 1983, au départ de Mme Chopperis, directrice, il est décidé de regrouper les deux écoles et d’en faire une école mixte à la Croix Verte.

Les locaux restent vides pendant quelques années, puis une moitié est laissée à la

disposition de l’OJA pour y installer sa bibliothèque publique, l’autre moitié est prêtée à l’Inspection Aca-démique pour y installer les bureaux de l’Inspecteur de

Circonscription. bibliothèque est fermée et ses locaux son-tréaménagés en espace d’ac-cueil et de réunion pour l’OJA devenu Centre de la Lande.

En 2001, à l’ouverture de la Médiathèque Centre Lucien Herr, la bibliothèque est fermée et ses locaux sont réaménagés

en espace d’accueil et de réunion pour l’OJA devenu Centre de la Lande.

En 2003, le Centre de la Lande ayant libéré les salles du 1er étage du 23 rue du Temple de Blosne pour rejoindre l’EPI, l’Inspection de l’Education Na-tionale s’y installe. La Mairie récupère ainsi l’ensemble des anciens locaux de l’école de filles pour en faire un Espace de vie sociale pour le quartier du Pigeon Blanc. Des travaux y sont faits pour qu’ils rempla-cent les locaux du Foyer René Vilboux appelé à disparaître. Ainsi chaque grand quartier de Saint-Jacques aura sa maison de quartier (la Gautrais pour le bourg, la Morinais pour le cen-tre ville et l’Espace du Pigeon Blanc pour ce quartier).

Sources principales

Registres de délibérations du Conseil Municipal de Saint-Jacques.Témoignages d’habitants.

Ecole du Pigeon Blanc , aujourd’hui

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AutRES REGARdS : des lieux et des hommes

C ette rubrique est constituée de notices concernant d’une part, les noms de lieux situés sur le territoire de la commune de Saint-Jacques, (et le cas échéant de lieux voisins) et d’autre part, les personnages dont le nom est lié à son histoire. Les lieux et les personnages, pour lesquels

les renseignements sont suffisants, feront l’objet d’un article.Les notices sur les lieux préciseront leur localisation exacte, surtout s’il s’agit de lieux disparus,

leur étymologie, les éléments connus les concernant…tout cela dans la mesure où nous pouvons les identifier. Bien entendu, cette rubrique accueillera tout renseignement supplémentaire et toute correc-tion ou contestation. Ainsi, selon un mot à la mode, cette rubrique deviendra interactive.

Pour ce premier numéro, nous avons choisi des notices concernant quatre lieux évoqués dans les divers articles et un article concernant un personnage qui a marqué l’histoire récente de Saint-Jac-ques, Georges Cano, maire de la commune pendant 18 ans.

A pROpOS dE quELquES LIEux-dItS

Chancors

Ce lieu-dit, situé au fran-chissement de la Vilaine par le C.D. 434, se trouve à la jonction de trois communes : Saint-Jacques, Chavagne et Bruz. L’orthographe de ce lieu-dit est variable. La carte de Cassini datant du XVIIe siècle, signale en ce lieu un moulin de « Chamcours ». On trouvece nom écrit sous la forme de « Champcorps », dans un do-

Moulin de Chancorscument de 1806 cité dans Bruz de B. à Z ou de « Chan-cor », sur le cadastre de 1812, ou encore « Champcor » et « Champcors » sur les cartes I.G.N ! Les plans de la ville de Saint-Jacques utilisent aussi bien laforme « Champcors » que celle de « Chancors ».

L’existence de Chancors est attestée très anciennement. En 1030, il est fait mention de ce lieu-dit comme ayant été cédé, avec le village nommé « cavana » (Chavagne), par Havoie, l’épouse d’un duc de Bretagne, à l’abbaye de Saint-Georges pour y construire des moulins. Chavagne aurait été déjà à cette date constituée en paroisse.

En 1573, les moulins de Chancors appartenaient à

« Messire Champion, sieur des Croix et de Cicé ». Il s’opposa à cette date à la construction d’une écluse, l’une des 10 décidées en 1571, par leséchevins de Rennes, avec l’accord du Roi. S’il ne putempêcher la construction de l’écluse, il obtint une

indemnité pour ses moulins. Dans les années précédant

la Révolution, les Etats de Bretagne firent procéder à de très grands travaux de réparations ou de construction d’écluses (huit, dont Pont-Réan et le Boël) de 1786 à 1789. L’aménagement de l’écluse de Chancors sera terminée le 1er janvier 1786.

De Chancors à Cicé on préféra ouvrir un canal, d’environ 850 toises (soit 1 650 mètres) pour éviter de curer la rivière. Plusieurs centaines d’hommes, militaires ou civils, y furent employés. A Chancors un pont fut réclamé à l’époque par les propriétaires du voisinage pour accéder aux prairies. Mais le document de 1806 cité plus haut n’y signale qu’un gué, à quelques distances des moulins et seulement praticable aux basses eaux, comme ceux situés en aval, du Four et de Cicé.

Ces renseignement sont tirés du site internet de Chavagne et de Bruz de B à Z. Dans ce dernier ouvrage, une vingtaine de pages sont consacrées à la navigation sur la Vilaine.

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AutRES REGARdS : des lieux et des hommes

Les Couardières

Le nom de ce lieu de Saint-Jacques, proche de la Vilaine a été retenu pour désigner l’une des plus courtes rues de la commune : celle qui part du boulevard de la Haie de Cognets vers le petit chemin qui allait du Pâtis des Couasnes à la Piblais. La partie occidentale de ce chemin est désormais impraticable. La petite rue des Couardières avait un prolongement vers la Vilaine qui passe aujourd’hui par le site d’exploitation de la S.R.D (Société Rennaise de Dragage). C’est ce chemin, reliant la Vilaine au Pâtis des Couasnes, qui est la limite entre les communes de Saint-Jacques et de Rennes dans cette zone criblée d’étangs.

Ce nom, qui peut aussi s’écrire au singulier, attesté depuis le XIIe siècle sous une forme latine, dérive proba-blement de « couard », (pol-tron, lâche) sobriquet d’une personne, signalé en Ille-et-Vilaine et dans le Morbihan. Harscouët de Keravel note qu’à la fin du XVIIe siècle, il y avait à la Couardière, « à 200 mètres de la Piblais, à l’angle de deux bas chemins voisins de l’Illion, une maison noble … bâtie en bois et terrasse sur fondements de pierre … cour avec portail conduisant au pont levys et promenouer … deux pigeonniers … droit de pêche sur la Vilaine … un moulin à eau … une maison et métairie plus deux autres maisons hors de la cour dite la Pinelière, rabine, courtil, l’emplas d’un bois de haute futaye de 40 cordes, une pâture ci-devant

en futaye, 40 cordes ; autres 56 cordes, plus des terres » La corde est ici une corde carrée, unité de surface agraire valant 60 m2. Les « futayes » des Couardières occupaient donc des surfaces bien modestes à nos yeux.

Le Reynel

Dénommé au temps de l’Abbé Grimault « ruisseau de Risnel » son nom est parfois écrit aussi Resnel ou Reynel. C’est le plus modeste des cours d’eau jacquolandin à porter un nom sur les cartes de la commune. Venu de Chartres de Bretagne, le Reynel pénétrait sur le territoire de Saint-Jacques au lieu-dit la Rivière. Dès lors, il sert de frontière avec cette commune sur environ 800 mètres et surtout avec Bruz, sur près de 3 kilomètres, jusqu’au Temple du Cerisier. Le Reynel décrit une dernière boucle qui longe le terrain du golf de Rennes, avant de se résoudre à rejoindre la Vilaine, un peu au nord de la Pérelle. Ce cours d’eau frontalier est aujourd’hui peu visible car il est masqué dans sa traversée des terrains de la Foire Exposition, dans sa remontée vers le nord le long du golf de Rennes, et dans son parcours terminal vers la Vilaine, à travers les plans d’eau des anciennes carrières de sables et de graviers.

Le Pâtis des Couasnes

Si le premier terme est aisé à expliquer, il n’en va pas de même pour le second. Le mot « pâtis » désignait un terrain

destiné au pâturage du bétail. Il est assez fréquent dans les noms de lieux de la région rennaise. Il y a, par exemple, à Chavagne, un Pâtis des Friches, au sud de Babelouse, à Bruz, un Pâtis Cahot, à Chartres un Pâtis du Plein et un Pâtis Malais.

En revanche, le mot « Couasnes » reste mystérieux. Le terme de « couasnes » existe bien, mais seulement dans le Périgord où il désigne un méan-dre abandonné de la Dordogne. Si son lien avec un épisode de la vie de du Guesclin est fan-taisiste, il n’est pas impossible qu’il dérive de « Couennes ». En tout cas, la dénomination de ce lieu est récente, car ce nom ne figure pas dans le tableau d’assemblage du plan cadastral de 1812 et sur la carte du Tome I de Ma paroisse de Saint-Jac-ques, ce lieu est désigné par la forme simple de « Le Pâtis ».

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AutRES REGARdS : des lieux et des hommes

pERSOnnAGES MARquAntS :

Georges cano, Maire de 1971 à 1989

Georges Cano est né en 1929 à Beaucé près de Fougères. Son père étant cheminot, son en-fance se passe dans différentes villes au gré des mutations.

Son frère et lui ont une enfance relativement heureuse dans une famille d’ouvriers où le père est syndicaliste CGT et fervent laïque et la mère très croyante, très pieuse et parfois effrayée par le militantisme de son mari. Toute la vie de Georges Cano sera marquée par ce double héritage qu’il essaiera de concilier : fidélité au christianisme et à la gauche.

Le 8 mars 1943, la famille est bouleversée par la mort du père qui est tué lors du bombardement de la gare de Rennes. Georges a 14 ans. Il continue tout de même ses études car sa mère se met au travail et son frère aîné l’aide à acheter ses livres. Après le Cours Complémentaire, il va au lycée et suit des cours de dessin industriel aux Beaux-Arts. Il apprend ainsi le métier de métreur.

Dès 1944, il est entré dans le scoutisme et y a rencontré des hommes qui l’ont profondément marqué.

Il arrive à Saint-Jacques en 1952 avec son épouse Odette. Ils ont fait construire et il ter-mine lui-même une maison rue Honoré Commeurec.

Chaque jour, Jean Pont, le Maire (SFIO) de l’après-guer-re, passe devant chez lui. Leur conversation porte sur la vie municipale et leur convergence

politique. C’est ainsi que Geor-ges Cano se retrouve le benja-min du Conseil Municipal en 1959, année où René Vilboux devient Maire. Comme il ne fait jamais les choses à moitié, il s’investit pleinement dans ses nouvelles responsabilités et aux élections suivantes, en 1965, il est élu 1er adjoint de René Vilboux. En 1971, il est élu Maire de Saint-Jacques.

Malheureusement, cet évé-nement heureux est accom-pagné d’un grand malheur familial. Georges et Odette ont 4 enfants : Evelyne, Jean-Marie, yves et Thierry né en 1967. Mais Thierry est atteint d’une leucémie qui l’emporte en quelques mois. Il décède 3 semaines après l’élection de Georges au poste de Maire. Ce sera une période dure pour le couple. Très entourés et secon-dés, ils surmonteront cette dé-chirure et poursuivront l’action municipale engagée. En 1973, ils adopteront Marie-Josée.

Georges est le 1er Maire socialiste d’Ille-et-Vilaine. Depuis 1970, le District est créé et il en est l’un des vice-présidents. Une des premières tâches du District est de créer le SDAU (Schéma Directeur de l’Aménagement et de l’Ur-banisme). C’est un outil im

Georges Cano

portant pour un développement harmonieux des communes mais il faut se battre pour qu’il ne soit pas trop contraignant dans les limites de la zone aé-roportuaire.

Une des œuvres importantes de Georges Cano est la réalisation de la Zone Industrielle de la Haie des Cognets qui crée des emplois et apporte de la taxe professionnelle à la commune. Il crée aussi l’OJA qui permet l’éclosion et le développement de tout le réseau associatif qui va s’étoffer avec les nouveaux équipements : - la rénovation du Manoir, de la ferme de la Gautrais au bourg- le Foyer René Vilboux à la Rablais

Parmi toutes les autres réalisations, citons : • sur le plan scolaire :

- l’école maternelle Gabriel Péri- la nouvelle école Eugène Pottier

• sur le plan sportif :- le complexe Salvador Allende à la Rablais- le stade et le gymnase à la Gautrais

Citons aussi :- les lotissements du Manoir et du Pas-Hubert- le lancement de la ZAC et de la place Jules Vallès

De plus, en initiant un style participatif, notamment par les « commissions élargies », les

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AutRES REGARdS : des lieux et des hommes

réunions d’information en tous domaines (budget, urba-nisme…) et la diffusion du journal Le Jacquolandin se crée le lien social concrétisé par la création de la Crèche Fami-liale, la Halte-Garderie, l’école municipale de musique et les multiples activités cogérées par l’OJA.

Ajoutons surtout la pré-servation de l’avenir par une politique de réserves foncières et financières qui permettent à Daniel Delaveau, successeur de Georges Cano, de mettre en œuvre ce qui allait devenir le Saint-Jacques Centre ville de l’an 2000.

En 1973, Georges Cano est élu Conseiller Général d’Ille et Vilaine, avec, au second tour, près de 80% des voix à Saint-Jacques. Réélu à ce poste en 1976 (dès le 1er tour), ainsi qu’en 1982 et 1989, il quittera l’instance départementale en 1994. Ainsi, il fut le 1er Con-seiller Général Maire de Saint-Jacques, et ce, durant 21 ans.

En 1977, les élections municipales voient la création d’une liste d’Union de la Gauche opposée à 2 autres listes. Georges Cano est réélu Maire de Saint-Jacques et il devient 1er vice-président du District. Le Conseil Municipal compte 5 élus communistes.

En 1983, il n’y a qu’une liste, celle de l’Union de la Gauche. « Approbation générale ou art de ratisser large ? » se demande un journaliste. Daniel Delaveau fait son entrée dans le conseil. Georges Cano lui confie aussitôt un poste d’adjoint à la communication et à l’urbanisme.

En 1989, Georges Cano a 60 ans. Il laisse la tête de liste à Daniel Delaveau et garde un poste d’adjoint chargé des travaux.

En 1995, il accepte de repartir comme conseiller municipal et se charge de la formation des nouveaux élus. Mais un problème de santé l’empêche de finir son 7e mandat. Il se retire et prend une retraite bien méritée en 1997, après 38 ans de vie municipale dont 3 mandats de Maire.

A ce titre, il a reçu la Mé-daille d’Or Départementale et Communale en 1997, après avoir été promu Chevalier de la Légion d’Honneur au titre du Ministère de l’Intérieur, pro-motion du 1er janvier 1983.

Sources principalesArchives communales de Saint-Jacques.Témoignage de Georges Cano.

divertissements

Devinettes

Quelles sont les années de victoire de Jacques Anquetil dans le Tour de France ?

Combien d’années séparent la mort de du Guesclin de celle de Jeanne d’Arc ?

L’ouverture de l’Assemblée de la Saint-Jean des Bois tenue à Chancors en 1791 est-elle antérieure ou postérieure à la fuite de Louis XVI ?

Quel était le régime politique de la France au moment de l’inauguration des nouvelles classes de l’école des filles du Pigeon Blanc ?

Quels sont les noms des Présidents de la République française au temps où Georges Cano fut maire de Saint-Jacques ?

Mots croisés jacquolandins

1 Fondateur de la première école de Saint-Jacques. 2 Chiffres romains. Avalée.3 A sa place près de l’église du Bourg.4 Fatigué5 Rival du Stade Rennais. Négation.6 Noms des curés en Bretagne. 7 Article espagnol. Lettre grecque. 8 Mesure de poids. Pour écouter la musique. A Actrice ayant son allée à la Mal-tière.B On le respire. Fait pleurer les da-mes.C Pronom D Mammifère marin vivant à Saint-Jacques … il y a quelques millions d’années !E Continent.F Roi burlesque d’origine rennaise. Note ancienne.G Un match peut l’être. On peut l’avoir en entrant en scène.H L’homme des neiges. Cardinal.

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MéMOIRES dE SAInt-JAcquES

Revue d’histoire locale trimestrielle éditée par le Groupe

Mémoire de Saint-jacques- Centre de la Lande -

EPI - Condorcet10, rue François Mitterrand

35 136 Saint-Jacques de la Lande

Directrice de publication

Renée Thouanel

Rédaction

Rédacteur en Chef : Auguste CharlouComité de rédaction : Auguste Charlou, Renée Thouanel, Léo Poligné, Jean-Paul

Meunier

Maquette

Mehdi Zmuda

Crédits photographiques

Christian Reland

AU SOMMAIRE DU 2e NUMéRO

Saint-Jacques de la veille de la 2e guerre mondiale à la Li-bération

Etat de la commune en 1939Repères et grandes phases de la guerreEtat de la commune à la fin de la guerre

documents et témoignages

La vie quotidienne sous l’occupationLes bombardementsLa Résistance à Saint-Jacques

Les lieux de mémoire

L’aéroportLes terrains militairesLes blockhausLe Haut BoisLa MaltièreLes noms de rues à Saint-Jacques

témoignages de résidents de la Rablais

Vue aérienne du Pigeon Blanc

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