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MÉMOIRE PRÉSENTÉ AU COMITÉ PERMANENT DES FINANCES DANS LE CADRE DES CONSULTATIONS PRÉBUDGÉTAIRES 2016
BESOIN D’APPUI AU DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES DE TÉLÉCOMMUNICATION SANS FIL, AFIN DE CONSOLIDER L’OCCUPATION
DYNAMIQUE DU TERRITOIRE DANS LA RURALITÉ CANADIENNE, LES TERRITOIRES NORDIQUES ET LE MAINTIEN DE LA COMPÉTITIVITÉ
DE LEURS ENTREPRISES.
Présenté par :
André Nepton, M.Sc., coordonnateur, Agence interrégionale de développement
des technologies de l’information et des télécommunications (AIDE-TIC)
613, rue Albert, bureau 101 La Baie (Québec) G7B 3L6
Courriel : [email protected]
Tél. (418) 544-2885
17 février 2016
DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES DE TÉLÉCOMMUNICATION i AIDE-TIC – 17 février 2016
TABLE DES MATIÈRES
L’AGENCE INTERRÉGIONALE DE DÉVELOPPEMENT DES TECHNOLOGIES DE
L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS (L’AIDE-TIC) ...................................... 1
RÉSUMÉ ......................................................................................................................... 2
ÉLÉMENT DE RÉFLEXION SUR LE THÈME ................................................................ 4
MISE EN CONTEXTE ......................................................................................................... 4
CONSTATS GENERAUX PANCANADIENS ............................................................................. 4
DEFIS ............................................................................................................................ 5
AUTRE ELEMENT IMPORTANT A CONSIDERER ..................................................................... 6
CONCLUSION ET RECOMMANDATION ....................................................................... 7
SOURCES ....................................................................................................................... 9
DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES DE TÉLÉCOMMUNICATION 1 AIDE-TIC – 17 février 2016
L’AGENCE INTERRÉGIONALE DE DÉVELOPPEMENT DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS (L’AIDE-TIC)
L’AIDE-TIC est un organisme sans but lucratif créé en 2009 et dirigé par un conseil
d’administration bénévole, d’expertise diversifiée et issu des communautés dépourvues
de services. Sa mission est de répondre aux besoins d’accessibilité aux nouvelles
technologies de l’information et des communications (TIC) des populations et
organisations rurales non desservies du Québec, et ce, en permettant l’accès aux mêmes
prix et conditions que ceux offerts en milieux urbains au Canada.
L’AIDE-TIC offre un service d’accompagnement et de développement de projets à titre de
promoteur collectif ou conseil. L’organisme développe avec les milieux, des solutions
innovantes de partenariats publics/collectifs rentables et durables à long terme, qui
s’arrime avec les grands télécommunicateurs privés (PPCP). La préfaisabilité, l’analyse
des coûts de projet, la consultation publique, la recherche de partenariats financiers et
techniques, le déploiement à titre de chargé de projet, et la gestion des infrastructures
sont au centre de ses actions.
À ce jour, nous avons déployé 15 infrastructures d’accueil, propriété de l’AIDE-TIC, au
nom des milieux. Ces pylônes collectifs de télécommunication accueillent les
télécommunicateurs et les services publics, permettant la desserte cellulaire dans plus de
18 communautés des MRC de la Haute-Côte-Nord, du Fjord-du-Saguenay, au Lac-Saint-
Jean, de la Baie-James, et pour la communauté innue d’Essipit, qui est partenaire de la
corporation depuis 2009.
DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES DE TÉLÉCOMMUNICATION 2 AIDE-TIC – 17 février 2016
RÉSUMÉ
Ce mémoire s’inscrit dans le renforcement des conditions de support à l’occupation
dynamique du territoire et la sécurité des populations, tout en offrant aux collectivités
rurales et nordiques un milieu de vie technologiquement attrayant pour s’y établir et y
demeurer. Dans une autre mesure, d’assurer aux entreprises le maintien de leur
compétitivité et de leur capacité technologique d’actions sur l’échiquier concurrentiel des
marchés.
En matière de développement régional, les impacts néfastes de l’inaccessibilité aux
technologies des télécommunications et de l’information sont connus, dont notamment
ceux sur la capacité de rétention et d’attraction des populations. Cette réalité en
entreprise est tout aussi criante, particulièrement dans les collectivités les plus
dévitalisées et le plus souvent mono-industrialisées, comme c’est souvent le cas du côté
des plus petits villages ressources canadiens.
Aujourd’hui, les infrastructures de télécommunication sont devenues aussi stratégiques
et cruciales pour le développement que celles induites par nos infrastructures routières,
aéroportuaires ou ferroviaires. À ce titre, elles doivent être étendues pour assurer le
développement de nos entreprises, qui aspirent à pénétrer de nouveaux marchés.
L’instantanéité d’accès à l’information peut désormais combler une part du vide de
l’éloignement des marchés pour maintenir la compétitivité des entreprises. De l’acheteur
au manufacturier, l’information doit être continue et disponible. Dans cet esprit, les
collectivités rurales canadiennes ne peuvent plus être soustraites du service
d’accessibilité par la voix, et doivent aussi être branchées à Internet et le demeurer, même
en déplacement. Cette intermodalité de la transmission d’informations en temps réel, de
la production à la livraison devient essentielle et imposée par la clientèle. L’émergence
de la Chine dans le secteur industriel et de consommation en est un bel exemple.
C’est pourquoi la croissance de la demande pour la téléphonie et l’Internet mobile est
fulgurante, principalement propulsée par les téléphones intelligents et les tablettes. En
raison de sa versatilité et de ses capacités accrues depuis l’avènement de la technologie
LTE, ces réseaux cellulaires sont donc au centre des besoins exprimés par nos élus
provenant des collectivités rurales dépourvues de services. Ce choix technologique est
raisonné, et demeure le seul qui peut fournir de l’Internet à large bande (pouvant atteindre
jusqu’à 290 Mbps) fixe et mobile, puis collatéralement de la téléphonie cellulaire sur des
territoires souvent à faible densité, très étalés, mais aussi économiquement non viable
DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES DE TÉLÉCOMMUNICATION 3 AIDE-TIC – 17 février 2016
pour les télécommunicateurs, alors que la demande des secteurs couverts est en pleine
progression.
Au bénéfice des populations et entreprises, l’AIDE-TIC est d’avis que des sommes
devraient être allouées spécifiquement pour le déploiement d’infrastructures de
télécommunication cellulaire dans le Fonds Chantier Canada. Il faudrait également
diminuer la pression financière sur les municipalités désirant se pourvoir d’infrastructures
d’accueil. Dans un autre ordre d’idées, afin de s’assurer d’une sécurité accrue sur les
principales routes d’accès interrégionales, l’AIDE-TIC estime qu’il serait opportun
d’accorder un incitatif fiscal pour les télécommunicateurs qui déploieront des sites de
grandes tailles sur ces routes faiblement utilisées. Faute de quoi, ces routes resteront
sans service pour plusieurs années. Le désistement récent de Rogers sur son projet de
couverture de la 155 entre Shawinigan et le Lac-Saint-Jean au Québec, en un exemple
éloquent.
DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES DE TÉLÉCOMMUNICATION 4 AIDE-TIC – 17 février 2016
ÉLÉMENT DE RÉFLEXION SUR LE THÈME
MISE EN CONTEXTE
Population canadienne totale (octobre 2015)1 35 985 751 habitants
Nombre de propriétaires de téléphones intelligents 20142 23 750 000 (66%)
Augmentation du nombre d’usagers2 4 % entre 2013-2014
En 2014, 49 % du temps de navigation sur Internet est fait avec des téléphones
intelligents et tablettes (en progression) 3.
Le volume mondial de données transitées avec des appareils mobiles a crû de 81 %
en 2013 (6,75 % par mois) 3.
La demande se multipliera par 11 de 2014 à 2018, et représentera 66 % de tout le
volume transité sur Internet4.
En 2014, 99% de la population canadienne ont accès à la téléphonie et l’internet
mobile 2
En 2013, déjà 1 ménage sur 5 au Canada ne disposait que d’une ligne téléphonique
cellulaire (sans téléphone filaire) 5.
CONSTATS GENERAUX PANCANADIENS
Le cœur dense des régions du Sud canadien possède des réseaux de fibres
optiques étendus qui sont, outre pour les services satellitaires, l’ossature de toutes
les technologies de l’information et des télécommunications. Le Nord pour sa part
souffre indéniablement de l’absence d’une véritable dorsale de fibre optique et de
réseaux alternatifs pour en assurer la redondance et la robustesse.
Avec la mise en orbite de deux satellites à large bande en 2013 (Jupiter 4G et
Télésat 3G), la presque totalité du territoire canadien peut avoir accès à des vitesses
minimales de 5 Mbps pour de l’Internet fixe6. Par contre, la vitesse satellitaire
n’excède pas 10 Mbps et deviendra rapidement inadéquate pour les usagers des
services numériques avancés.
À juste titre en 2016, les usagers veulent être branchés à l’Internet et le demeurer
lors de leurs déplacements. Les principaux usages sont le visionnement vidéo, les
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messageries instantanées, les réseaux sociaux, les moteurs de recherche, et le
commerce électronique.
La demande pour l’Internet mobile (par cellulaire LTEA7) est en explosion, avec des
vitesses pouvant atteindre jusqu’à 290 Mbps8 comparables aux plus performants
réseaux hybrides (fibre optique et câbles coaxiaux), mais malheureusement à un
prix d’utilisation supérieur en raison de la capacité des sites et des coûts
d’implantation de chaque site.
Il n’en demeure pas moins que de trop nombreuses municipalités rurales de l’arrière-
pays et des territoires nordiques, sont encore trop souvent totalement dépourvues
de téléphonie cellulaire et d’Internet mobile, et que les routes d’accès interrégionales
à faible densité n’ont la plupart du temps que des services épars ou discontinus.
La géomorphologie du territoire canadien et son étendue freinent donc le
développement du sans-fil à un coût abordable.
DEFIS
Au bénéfice des Canadiens, pour maximiser l’utilisation d’Internet et améliorer la
compétitivité des entreprises, tout en appariant l’offre à la demande, il serait préférable
de prioriser simultanément :
a) le support au déploiement de la fibre optique au Nord (dorsales de fibre optique) et
ensuite laisser le soin aux entreprises privées de développer des infrastructures de
diffusion. La fibre optique pourra ensuite atteindre les résidences et les entreprises
(à des vitesses pouvant atteindre jusqu’à 940 Mbps9). Cette situation diffère en
ruralité. Le déploiement y est complexe et onéreux pour des milieux souvent
touchés par l’étalement urbain ;
b) appuyer le déploiement d’infrastructures sans fil performant (jusqu’à 290 Mbps8)
pour offrir les services cellulaires de voix et d’Internet, particulièrement en zones
rurales sans service. Ainsi nous pourrons compenser l’absence de fibre et assurer
le maintien de l’occupation et la vitalité des territoires10.
DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES DE TÉLÉCOMMUNICATION 6 AIDE-TIC – 17 février 2016
Les dernières municipalités rurales sans service ne peuvent à elle seule, intéresser les
grands télécommunicateurs avec une base insuffisante d’usagers et de voyageurs pour
assurer l’autofinancement des infrastructures. De plus, le coût moyen des
immobilisations d’un site réalisé par l’AIDE-TIC est de près de 500 000 $ pour couvrir des
distances ne dépassant guère 20 km linéaires sur route dans des régions montagneuses.
AUTRE ELEMENT IMPORTANT A CONSIDERER
L’orientation du CRTC visant à diminuer les frais d’utilisation de la téléphonie cellulaire,
passe par l’augmentation du nombre de télécommunicateurs, une volonté d’augmenter le
volume de partage des infrastructures et la diminution des frais d’itinérance. De ce fait,
la concurrence serait accrue et diminuerait ainsi les frais aux usagers11. Cette hypothèse
peut apparaître justifiée pour les consommateurs en zones déjà desservies. Elle a
d’ailleurs poussé la mise en place de nouvelles ententes de partage en itinérance entre
les télécommunicateurs en 2015.
Toutefois, nous constatons que cette vision engendre une contrepartie néfaste sur les
zones rurales actuellement sans service, éloignées et faiblement peuplées. Les
télécommunicateurs se limitent désormais aux projets moins coûteux dans des zones
denses où la demande peut aisément être satisfaite ou éventuellement, se concentreront
sur des projets issus de négociations et priorisations communes pour les nouveaux sites.
DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES DE TÉLÉCOMMUNICATION 7 AIDE-TIC – 17 février 2016
CONCLUSION ET RECOMMANDATION
En conclusion, nous désirons remercier le comité d’avoir donné une voix aux municipalités
et territoires ruraux et nordiques concernés et préoccupés par l’absence de service
cellulaire encore en 2016.
Par le passé, nous avons été à même de constater que les élus des municipalités
priorisent toujours la technologie cellulaire, malgré ses coûts, aux autres technologies
d’accès à Internet. Ils répondent donc unanimement et publiquement de ce choix pour
les accès complémentaires à Internet, et désirent même investir pour assurer la livraison
du service. Toutefois, les municipalités ne peuvent construire des infrastructures d’accueil
et assumer seules le cadre réglementaire de ces équipements, perdant en surcroît le
privilège de la taxation.
Les infrastructures de télécommunications sans fil permettent d’améliorer les services de
sécurité civile et municipaux. Elles permettent ainsi de contribuer à la rétention de nos
populations, et surtout de nos jeunes en ruralité. Elles favorisent indéniablement la venue
de nouvelles entreprises dans les communautés bénéficiaires. De plus, elles permettent
de garantir aux entreprises d’accéder aux mêmes plateformes technologiques
concurrentielles que celles offertes à des secteurs urbains et de maintenir ainsi leur
compétitivité sur un échiquier mondial en constante évolution.
Pour favoriser le déploiement des services de téléphonie cellulaire et d’Internet mobile,
l’AIDE-TIC suggère :
1. D’élargir la nature des infrastructures admissibles au Fonds Chantier Canada, afin
de ne plus être limité qu’aux projets à large bande fixe, et y intégrer un volet
autorisant nommément la technologie cellulaire à titre d’infrastructures stratégiques
pour l’Internet mobile et la voix. Également, il serait opportun d’augmenter la quote-
part du gouvernement fédéral à 50% et de diminuer d’autant la participation des
municipalités dans ces projets. Cet élargissement permettrait le respect du choix
technologique par les communautés et favoriserait l’adéquation entre l’offre et la
demande des consommateurs pour les services mobiles.
DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES DE TÉLÉCOMMUNICATION 8 AIDE-TIC – 17 février 2016
2. Afin d’assurer une sécurité accrue sur les principales routes d’accès interrégionales,
tout en permettant la géolocalisation des usagers en péril, nous devons donc
considérer le service cellulaires d’urgence (911) comme essentiel. À ce titre et
considérant les faibles volumes d’usagers, d’accorder un crédit d’impôt incitatif à
l’investissement et/ou une dépense pour amortissement accélérée (DPA) au taux de
55%, et ce, pour la totalité des nouveaux coûts engendrés par les sites de continuité
routière, comme c’est le cas pour les biens de catégorie 50 pour l’ARC12.
DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES DE TÉLÉCOMMUNICATION 9 AIDE-TIC – 17 février 2016
SOURCES
1- http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/151216/dq151216e-fra.htm?HPA 2- http://www.crtc.gc.ca/fra/publications/reports/policymonitoring/2015/cmr1.htm 3- Sondage comScore, Le Quotidien, 11 octobre 2014, p. 21 4- Cisco visual networking index : Global Mobile Data Traffic Forecast Update 2013-
2018. 5- http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/140623/dq140623a-fra.htm 6- http://www.monxplornet.com/plans-pricing/ 7- https://fr.wikipedia.org/wiki/LTE_Advanced 8- http://soutien.bell.ca/mobilite/telephones_intelligents_et_internet_sans_fil/quest_ce_que_
la_technologie_4g_lte_et_comment_puis_je_men_servir?step=2#displayStep 9- http://www.bell.ca/Services_Internet/Acces_Internet 10- Stratégie pour assurer l’occupation et la vitalité des territoires 2011-2016 et
révisions 2013-2016, gouvernement du Québec. 11- Discours du Trône, 16 octobre 2013, "Le gouvernement envisage de réduire les
frais d’itinérance pour la téléphonie cellulaire". 12- http://www.cra-arc.gc.ca/tx/bsnss/tpcs/slprtnr/rprtng/cptl/dprcbl-fra.html#Cat50
ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION 10 AIDE-TIC – Mars 2015