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MÉMOIRE DE MAÎTRISE – API 6999 Les organisations internationales face au défi de la lutte contre la pauvreté en Afrique Subsaharienne : Les Documents de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP) RÉDIGÉ PAR : Alberte De Manuella Ateba Awona SOUS LA DIRECTION DE : Professeure Geranda Notten Université d’Ottawa Le 10 mars 2021

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MÉMOIRE DE MAÎTRISE – API 6999

Les organisations internationales face au défi de la lutte contre la pauvreté

en Afrique Subsaharienne :

Les Documents de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP)

RÉDIGÉ PAR : Alberte De Manuella Ateba Awona

SOUS LA DIRECTION DE : Professeure Geranda Notten

Université d’Ottawa Le 10 mars 2021

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Résumé

La lutte contre la pauvreté occupe une place de plus en plus importante tant au sein des pays qu’au niveau de

la communauté internationale. Les Organisations Internationales (OI), depuis de nombreuses décennies

tendent la main aux pays afin d’éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes dans le monde. Malgré cela,

l’Afrique Subsaharienne (ASS) a le malheureux privilège d’être la région du monde la plus touchée par

l’extrême pauvreté, et les tendances de ses principaux indicateurs de développement, ne semblent aller en

faveur d’une résolution de cette situation. Cela nous a amené à nous interroger sur les raisons qui pourraient

expliquer la situation de pauvreté observée en ASS malgré toutes les actions entreprises depuis les années 50

par les OI. Dans ce mémoire, nous analysons successivement : le contexte du développement en ASS à l’aide

d’indicateurs économiques et sociaux ; les contours de la lutte contre la pauvreté par les organisations

internationales avec un accent particulier sur l’approche du Document de Stratégie pour la Réduction de la

Pauvreté (DSRP) ; et nous effectuons une étude quantitative mesurant l’impact des stratégies de réduction de

la pauvreté sur les conditions de vie autodéclarées par les personnes vivant en ASS (de 2002 à 2018). Nous

entendons apporter une contribution originale à la littérature sur ce sujet en implémentant une approche

différente dans notre étude quantitative. En effet, nous nous servons des données directement collectées

auprès des individus (micro-données), et notre variable dépendante est matérialisée par « les conditions de

vie autodéclarées par les individus », et non par des mesures de pauvreté établies au niveau des OI. De plus,

nous avons trouvé une manière de considérer jusqu’à 7 indicateurs « objectifs » pouvant permettre de mesurer

la pauvreté multidimensionnelle. Par conséquent, nous n’appréhendons pas la pauvreté uniquement comme

une condition matérielle, mais aussi comme une expérience vécue. Nos résultats montrent que

l’implémentation d’une stratégie de réduction de la pauvreté/DSRP en ASS, entraine une faible augmentation

de la probabilité de déclarer vivre dans de bonnes conditions. Cependant, un certain nombre d’éléments

devraient être considérés s’il faut réellement conclure à un effet positif des DSRP sur la réduction de la

pauvreté.

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Table des matières Résumé ....................................................................................................................................................................1

Liste des tableaux et des graphiques .....................................................................................................................4

Introduction ............................................................................................................................................................5

I- Mise en contexte : caractéristiques du développement en Afrique subsaharienne ..................................9

1- Présentation générale de l’Afrique Subsaharienne .......................................................................................9

2- Indicateurs du développement économique................................................................................................11

3- Indicateurs de développement humain et pauvreté .....................................................................................13

II- Champ théorique des stratégies internationales de réduction de la pauvreté ................................... 16

1- L’entrée en jeu des OI pour éradiquer la pauvreté, dans les pays en développement ................................16

2- L’ajustement structurel ...............................................................................................................................19

2-1 À propos du consensus de Washington ............................................................................................. 21

2-2 Les programmes d’ajustement structurel (PAS) ................................................................................ 23

3- Les documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) ........................................................25

3-1 L’élaboration des DSRP .................................................................................................................... 27

3-2 Les implications de l’approche DSRP sur les relations internationales ............................................ 30

III- Étude de l’impact des stratégies de réduction de la pauvreté sur les conditions de vie autodéclarées

des populations de l’Afrique Subsaharienne ..................................................................................................... 32

1- Cadre théorique ..........................................................................................................................................32

1-1 La lutte contre la pauvreté au niveau international ............................................................................ 32

1-2 Les performances des DSRP en termes d’éradication de la pauvreté ................................................ 34

2- Données et méthodologie ...........................................................................................................................40

2-1 Données ............................................................................................................................................. 40

2-2 Méthodologie ..................................................................................................................................... 41

3- Présentation et analyse des résultats ...........................................................................................................49

3-1 Description statistique sommaire des données .................................................................................. 49

3-2 Résultats de la régression à effets fixes ............................................................................................. 53

IV- Discussion ................................................................................................................................................. 61

Conclusion ............................................................................................................................................................ 65

Bibliographie ........................................................................................................................................................ 68

Annexes ................................................................................................................................................................. 77

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Liste des Abréviations

ASS : Afrique Subsaharienne

BIT : Bureau International du Travail

CNUCED : Commission des Nations Unies pour le Commerce et le Développement

CPI : Corruption Perception Index

DSRP : Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté

IDE : Investissement Direct Étranger

IDH : Indice de Développement Humain

IEO : Independent Evaluation Office

IFI : Institution Financières Internationales

ODD : Objectifs de Développement Durable

OED : Office of Economic Development

OI : Organisation Internationale

OMD : Objectifs pour le Millénaire de Développement

PAS : Programmes d’Ajustement Structurel

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PPA : Parité du pouvoir d’achat

PPTE : Pays Pauvre et Très Endetté

RDC : République Démocratique du Congo

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Liste des tableaux et des graphiques

Tableaux

Tableau 1 : Statistiques descriptives de la variable dépendante

Tableau 2 : Distribution en pourcentages de la variable indépendante ainsi que des variables de

contrôle

Tableau 3 : Résultats de la régression à effets fixes du modèle de régression principal

Tableau 4 : Contrôle de robustesse du modèle de régression

Graphiques

Graphique 1 : Évolution de l’extrême pauvreté dans les régions du monde

Graphique 2 : Évolution du nombre de personnes extrêmement pauvres dans les régions du monde

Graphique 3 : Évolution du PIB dans les régions en développement

Graphique 4 : Évolution de l’Indice de Développement Humain dans les régions du monde

Graphique 5 : Évolution des conditions de vie autodéclarées au fil des enquêtes

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Introduction

« Le mot pauvreté ou le substantif pauvre a été absent du vocabulaire de toutes les langues, pendant des

millénaires. Pauvre existait en tant qu’adjectif et ce, pour indiquer que quelque chose n’était pas à la

hauteur de ce qu’il devait être… Pendant cette même période, les gens vivaient de très peu, sans jamais

penser qu’ils étaient pauvres, ce qui a fait dire à l’anthropologue américain Marshall Sahlins que la

pauvreté était une invention de la civilisation. » (Rahnema, 2003).

De nos jours, la lutte contre la pauvreté se retrouve au centre de la plupart des politiques publiques aussi

bien nationales qu’internationales. La pauvreté qui était au départ un phénomène marginal, constitue à

présent, la clé de voûte de plusieurs politiques et programmes tant au sein des pays que dans les

organisations internationales. L’objectif recherché étant l’éradication de la pauvreté sous toutes ses

formes et pour tous les citoyens du monde. Elle est souvent appréhendée selon trois formes : sa forme

absolue qui concerne les personnes n’ayant pas les moyens d’assurer le minimum vital (nutrition, santé,

logement, …), sa forme relative caractérisant les personnes qui vivent en dessous d’un certain seuil de

privation (monétaire et/ou non-monétaire) dépendamment du contexte dans lequel elles vivent, enfin, sa

forme hybride ou multidimensionnelle qui combine les deux premières (Deuneulin, 2009). Ces types

de pauvreté existent non seulement entre les citoyens d’un même État, mais aussi entre les États.

À propos des tendances de pauvreté dans le monde, elles peuvent être visualisées par les deux graphiques

ci-dessous, tirés des dernières estimations de la Banque Mondiale.

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Graphique 1 : Évolution de l’extrême pauvreté dans les régions du monde

Source : établi par l’auteure à partir de « World Development Indicators ». Banque Mondiale (s.d)

Graphique 2 : Évolution du nombre de personnes extrêmement pauvres dans les régions du monde

Source : tiré de Data Wrapper (s.d)

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On peut ainsi voir que :

- Bien que toutes les régions du monde affichent une baisse des taux de pauvreté, celle-ci ne recule

pas partout au même rythme : Deux régions sont parvenues à ramener le taux d’extrême pauvreté à moins

de 3 % (ce qui correspond à l’objectif fixé à l’horizon 2030) : l’Asie de l’Est-Pacifique (qui compte 47

millions d’habitants sous le seuil d’extrême pauvreté) et l’Europe-Asie centrale (7 millions).

- Dans toutes les régions à l’exception de l’Afrique Subsaharienne (ASS), les taux moyens de pauvreté

varient de 1,5 à 12,4 %. 56 % de l’ensemble des personnes extrêmement pauvres dans le monde vivent

en ASS. Cependant, cette région que l’on disait condamnée au sous-développement a vu son taux de

pauvreté diminuer, même si ce mouvement y est plus lent. La part de la population concernée par

l’extrême pauvreté a reculé de huit points en trente ans (41 % en 2015 contre 49 % en 1981). En revanche,

le nombre de personnes extrêmement pauvres continue d’y augmenter du fait de la hausse globale de la

population : il est passé de 278 millions en 1990 pour atteindre 413 millions en 2015, soit un chiffre

supérieur à l’ensemble des autres régions réunies. Si cette tendance se poursuit, l’ASS concentrera en

2030 près de 90 % des personnes vivant dans l’extrême pauvreté sur le plan mondial. (Banque Mondiale,

2018 ; Banque Mondiale 2019a).

Au fil des années, la lutte contre la pauvreté a laissé place à la recherche du développement pour tous.

Néanmoins, malgré des résultats optimistes sur la pauvreté dans le monde, 16 pays ont vu leur

développement humain reculer depuis 1990. De plus, pas moins d’une centaine de pays ont connu un

recul important de leur économie au cours des 30 dernières années et le revenu par habitant dans ces pays

est à présent inférieur à ce qu'il était il y a 10 ou 20 ans. Les inégalités de revenu continuent de se creuser.

L'appauvrissement est réel dans les pays d'ASS (BIM, 2002 ; Peñafiel, 2000). Tout cela malgré que les

organisations internationales (OI) soient passées à un modèle d’action considérant désormais les

environnements stratégiques africains faisant une priorité aux questions de droits, de ressources et de

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moyens d’expression – Le Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP) (International

Monetary Fund and World Bank, 2000). D’où notre intérêt sur la question de savoir Comment expliquer

les tendances de pauvreté observées en ASS, malgré les nombreuses solutions proposées par les OI à

travers les stratégies internationales de développement ?

Pour cette recherche, nous utilisons un raisonnement abductif, ce qui nous amène à formuler l’hypothèse

selon laquelle : il est difficile pour l’ASS d’améliorer considérablement sa tendance de pauvreté (aussi

bien macro1 que micro2) malgré les stratégies internationales de développement parce que, l’influence

continue sur la politique économique des pays pauvres par les OI n’est pas forcément motivée par la

réduction de la pauvreté. De plus, ces organisations ont un regard externe sur la pauvreté telle que

vécue dans ces pays, le processus de définition des stratégies internationales incluant souvent très peu

de représentants de l’ASS. Il se pourrait donc que certaines stratégies et pratiques de développement

proposées par les organisations internationales soient inadéquates pour l’ASS, ce qui rendrait leur mise

en œuvre difficile voire inappropriée dans cette région du monde.

Nous avons une hypothèse alternative que nous tenterons aussi de vérifier. Elle est la suivante : les

contextes économique, social et environnemental de l’ASS contribuent fortement à maintenir cette

région comme celle regorgeant le plus grand nombre de pauvres absolus dans le monde. Par ailleurs,

il y a des différences parmi les pays de cette région, il est donc possible que les pays ayant les conditions

de développement les plus favorables (exemple : croissance économique élevée et soutenue, faible

corruption, etc.) soient plus aptes à réduire leur pauvreté d’une manière significative.

Notre travail est structuré en quatre principales parties. Dans la première, nous faisons une mise en

contexte par la présentation de l’ASS, nous insistons particulièrement sur les indicateurs de

1 A l’échelle des pays 2 A l’échelle des individus

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développement économique et humain. La deuxième partie est consacrée au champ théorique des

stratégies internationales de lutte contre la pauvreté. Nous y présenterons tour à tour : l’évolution

historique de la lutte contre la pauvreté entant qu’enjeu international prioritaire, les politiques

d’ajustement structurel et les DSRP. La troisième partie quant à elle consiste en une analyse quantitative

de l’incidence des stratégies de réduction de la pauvreté (basées sur les DSRP) sur les conditions de vie

auto déclarées des individus vivant en Afrique Subsaharienne. Dans la quatrième partie, nous discuterons

des principaux constats issus à la fois de notre revue de littérature et de notre analyse quantitative.

I- Mise en contexte : caractéristiques du développement en Afrique

subsaharienne

1- Présentation générale de l’Afrique Subsaharienne

L’ASS, est la région de l’Afrique située au Sud du désert du Sahara. Avec une superficie de 21 754 456

km2, Elle comporte 48 pays et est peuplée d'environ 1,107 milliards d'habitants, soit environ 14 % de la

population mondiale (Banque Mondiale, s.d). La population de l’ASS croît à un rythme élevé et assez

soutenu de 2,7% par an du fait d’une fécondité qui reste élevée (4,7 enfants en moyenne par femme en

2018 contre 2,4 dans le monde). Les jeunes de moins de 25 ans représentent actuellement 62% de sa

population, contre 44% dans l’ensemble des pays en développement et 27% dans les pays développés.

(ibid).

L'ASS a une très grande diversité de langues et de religions. Dans une tentative de donner un pied

d'égalité à toutes les langues, de nombreux pays ont choisi leur langue coloniale (français, anglais,

espagnol, etc.) comme langue officielle, afin d'éviter de donner aux locuteurs d'une langue un avantage

politique sur les autres. La plupart de la population de l'ASS travaille dans l'agriculture de subsistance

pour gagner sa vie et nourrir sa famille, d’ailleurs, le secteur agricole emploie environ 52 % (en 2020)

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de la population active de cette région. (Banque Mondiale, s.d). Le secteur informel de l'économie3 est

devenu une composante essentielle de l’économie en ASS. En effet, il représentait en moyenne 38 % du

PIB entre 2010 et 2014. L’emploi informel contribue en moyenne à 60 % de l’emploi total non agricole.

(FMI, 2017). Le secteur informel comprend le commerce, les marchés de rue et toute autre entreprise

sans registres financiers pour les transactions en espèces.

Même si la majorité de la population vit dans les zones rurales, au cours des dernières décennies, il y a

eu un boom du taux d’urbanisation qui est passé de 27 % en 1990 à 41 % en 2019 (SIPRI, 2020). Les

grandes villes se retrouvent ainsi extrêmement surpeuplées, ce qui engendre des difficultés telles que :

l’accès au logement, l’accès à l’eau potable, l’accès à une éducation et une santé de qualité, l’accès à

l’emploi, etc. (ibid.). Il y avait au moins 15 pays avec des conflits armés actifs en ASS en 2019. Huit

étaient des conflits armés infranationaux de faible intensité et sept étaient des conflits armés de haute

intensité (Nigéria, Somalie, RDC, Burkina Faso, Mali, Soudan du Sud et Cameroun). Presque tous les

conflits armés se sont internationalisés, notamment du fait d'acteurs étatiques (que ce soit directement ou

par l'intermédiaire de mandataires) et des activités transnationales de groupes islamistes violents, d'autres

groupes armés et de réseaux criminels. (ibid.). Pour ce qui est des conflits civils, le dernier rapport

d’Amnesty International sur la situation de la violence en Afrique Subsaharienne (2019) rapporte qu’en

2019, des conflits interminables ont continué de sévir, notamment au Mali et en République

démocratique du Congo, avec des attaques ciblées ou aveugles contre des civils. Au Burkina Faso, au

Cameroun, au Nigeria, en République centrafricaine et dans d’autres pays encore, des groupes armés se

sont livrés à des exactions, des homicides et des enlèvements notamment, qui ont donné lieu à des

déplacements massifs de populations. On a aussi vu apparaître de nouvelles formes de violence

intercommunautaire dans certains pays. (Amnesty International, 2019).

3 Non réglementé, non contrôlé ou non imposé.

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D’autres indicateurs statistiques que nous avons pu obtenir dans la base de données de Banque Mondiale

de l’ASS sont présentés en annexe 3.

2- Indicateurs du développement économique

En nous appuyant sur les statistiques de la Banque Mondiale, la situation économique de l’Afrique s’est

spectaculairement améliorée depuis 1994. En moins de quinze années, le taux annuel de croissance

annuel du PIB qui était négatif (-0,86 %) est passé au taux positif de 6,56 % en 2007 (Banque Mondiale,

s.d). Nous pouvons visualiser cette croissance à travers le graphique 3 ci-dessous.

Graphique 3 : Évolution du PIB dans les régions en développement

Source : établi par l’auteure à partir de « World Development Indicators ». Banque Mondiale (s.d)

Selon la BAD (2015), cette amélioration importante serait due à plusieurs facteurs tels que : la flambée

des cours des matières premières, l’allègement de la dette et l’augmentation des flux d’aide

internationale, une meilleure qualité de la gouvernance et des institutions, des conditions plus favorables

pour l’agriculture et, enfin, l’émergence d’une classe moyenne. Cependant, nous constatons que malgré

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cette croissance prodigieuse, de grands écarts existent dans la plupart des pays entre les taux de croissance

du PIB. L’ASS reste la partie du continent Africain et même du monde la plus démunie sur le plan

économique. Elle dispose d'un PIB par habitant très faible (3 782 $ en 2019 déterminés en PPA4

internationaux constants de 2011) par rapport à la moyenne mondiale (11 070 $ par habitant en 2019), et

d'un RNB par habitant de seulement 3 631 $ (en 2018 déterminés en PPA internationaux constants de

2011), la moyenne mondiale étant de 16 5182 $ (en 2018 déterminés en PPA internationaux constants de

2011). (Banque Mondiale, s.d).

En ASS, les tendances des secteurs économiques diffèrent selon les groupes de pays. Dans les pays

exportateurs de pétrole, l’exploitation minière et la fourniture de ressources énergétiques représentent

logiquement une part importante du PIB, tandis que le secteur manufacturier y est moins développé que

dans le reste de la région (FMI, s.d.). Le commerce de gros, la distribution, l’hôtellerie–restauration, ainsi

que le secteur des transports, du stockage et de la communication ont connu une expansion au cours des

deux dernières décennies. Pour ce qui est des autres pays riches en ressources naturelles, les « autres

services » dominent la production, et le secteur manufacturier y est comparable à celui des pays pauvres

en ressources naturelles. Dans ces derniers, le secteur de l’agriculture, de la chasse, de la sylviculture et

de la pêche ainsi que les autres services comptent pour la moitié du PIB réel. (ibid.). Une certaine

inadéquation entre les compétences et l’éducation de la main d’œuvre est également à mentionner sur le

marché du travail africain. À ce propos, la BAD (2020) mentionne que « les jeunes Africains sur-éduqués

gagnent en moyenne 18 % de moins que les jeunes ayant le même niveau d’études et occupant des postes

qui correspondent à leur éducation ». Cette inadéquation se répercute indirectement sur la productivité

du travail des jeunes par le biais des salaires, de la satisfaction au travail et de la recherche d’emploi.

4 Parité du pouvoir d’achat

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Les données sur le commerce international disponibles sur le site web du Fonds Monétaire International

nous montrent qu’en 2018, la part des importations de biens de l’ASS dans le total mondial était de 1,

73%, les exportations de biens quant à elles représentaient 1,77 % du total mondial. La région reste ainsi

très peu présente dans le commerce mondial. (FMI, s.d).

Dans la plupart des pays de l’ASS, un niveau d’inflation élevé est maintenu. Comme le souligne le

rapport de la BAD (2020) sur les perspectives économiques du continent, le taux d’inflation moyen en

Afrique a légèrement baissé de 2 points de pourcentage, passant de 11,2 % en 2018 à 9,2 % en 2019,

avec des niveaux de variation différents entre les pays et les économies. Il y a eu une amélioration des

soldes budgétaires au cours des deux dernières années, le ratio moyen pondéré du déficit par rapport au

PIB en Afrique étant passé de 5,9 % en 2017 à 4,8 % en 2019. Cependant, la dette publique et la dette

garantie par l’État ont un niveau élevé et en hausse dans la plupart des économies africaines, le ratio

médian de la dette publique par rapport au PIB dépassant 56 % en 2018, contre 38 % dix ans plus

tôt. On constate donc que bien que plusieurs pays se qualifiaient pour allègement de la dette dans les

années 2000, le niveau d’endettement est de nouveau en augmentation. Le rapport révèle aussi un

changement structurel dans la composition de la dette, avec un moindre recours aux prêts concessionnels

des institutions multilatérales et des créanciers officiels du Club de Paris, un accès plus large au

financement à long terme des marchés de capitaux internationaux, et le financement de créanciers

bilatéraux émergents, tels que la Chine. (ibid.).

3- Indicateurs de développement humain et pauvreté

Les données sur l’Indice de Développement Humain (IDH), telles qu’illustrées dans le graphique 4 ci-

dessous, nous révèlent que l’ASS connaît l’une des améliorations les plus significatives en termes de

développement humain.

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Graphique 4 : Évolution de l’Indice de Développement Humain dans les régions du monde

Source : (PNUD, 2018, p.3)

En effet, le rapport sur le développement publié par le PNUD (2019a) nous indique que cette région,

ayant enregistré un recul dans les années 1990, dû à la baisse spectaculaire de l’espérance de vie causée

par les conflits et l’épidémie de VIH/SIDA, a pu se rattraper et renouer avec la croissance de son IDH au

cours des deux dernières décennies. Elle est passée de la seconde région où la croissance de l’IDH était

la plus faible dans les années 1990 à la région la plus dynamique entre 2000 et 2010. En 1990, la région

avait un IDH de 0,400 contre 0,499 en 2010 soit une croissance de 24,75 %. En 2019, l’IDH de l’ASS

était toujours dans la catégorie de « développement humain faible » et se situait à 0,547. Il n’a donc varié

que d’environ 9,6 % depuis 2010, ce qui a eu pour effet de maintenir l’ASS comme la région du monde

avec l’IDH le plus bas. De plus, parmi les régions en développement dans le monde, l’ASS a enregistré

l’indice d’inégalité des genres le plus élevé en 2019 (0,570). La valeur moyenne de cet indice en 2019

était pourtant de 0,463 dans les pays en développement et 0,559 dans les pays sous-développés (PNUD,

s.d).

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Un indicateur qui nous a aussi interpelé est le taux de natalité chez les adolescentes. En effet, si ce taux

est élevé, il fait grandement obstacle à l’avancement des jeunes filles, en particulier lorsque ces

grossesses sont le fruit du hasard et non d’un choix. De plus, lorsque les enfants deviennent plus grands,

ils nécessitent l’accès à l’éducation et à l’emploi, plus de croissance économique est donc nécessaire. À

l’échelle mondiale en 2018, le taux de natalité des adolescentes était de 44 pour 1 000 femmes âgées de

15 à 19 ans, et il était le plus élevé en ASS (101,3 pour 1 000) (PNUD, 2019a). Entre 1990 et 2018,

l'espérance de vie en ASS a augmenté de 11 ans, passant de 50 à 61 ans. Malgré ce progrès remarquable,

la qualité de la santé, tant au niveau des intrants qu’au niveau des résultats nous montre qu’il existe

encore d’énormes disparités. En prenant par exemple comme indicateur l’accès à un médecin, l’Europe

et l’Asie centrale comptent 24,7 médecins pour 10 000 habitants, contre 7,8 en Asie et 1,9 en ASS. (ibid.).

En matière d’inégalités, bien que la valeur moyenne non pondérée de son coefficient de GINI ait baissé

de 3,4 points de pourcentage entre 1991 et 2011, l’ASS reste l’une des régions qui présentent les niveaux

les plus élevés d’inégalité sur le plan mondial. En effet, elle compte 10 des 19 pays les plus inégalitaires

de la planète (PNUD, 2017).

Concernant la pauvreté, les statistiques indiquent une tendance à la baisse depuis 1995. Le taux de

pauvreté à $ 1,90 par jour (2011 PPA) était de 29,1 en 1995 contre 15,1 en 2018. Il reste cependant bien

au-dessus du taux moyen mondial qui lui était de 2,9 en 2018. En prenant en considération l’indice de

pauvreté multidimensionnelle, le rapport du PNUD (2019b) révèle que : 57,5 % des personnes sont

pauvres en ASS. Les résultats sont cependant très différents en fonction des pays. Tandis que l’incidence

de la pauvreté multidimensionnelle est de 91,9% au Soudan du Sud et de 90,5 % au Niger, elle n’est que

de 14,9% au Gabon et 6,3% en Afrique du Sud. (PNUD, 2019b).

Bien que les pays de l’ASS aient enregistré des progrès au niveau de leurs indicateurs de développement

économique et humain depuis les années 90, la situation de pauvreté qui continue de régner dans cette

région demeure préoccupante. Allant dans le même sens, nous somme interpelés par la question de

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l’inclusivité de la croissance en ASS à savoir si elle profite réellement aux plus démunis. D’autant plus

que, les OI, par le biais des stratégies internationales de développement ont permis depuis les années

1950 de poser un cadre en vue de l’éradication de la pauvreté, auquel a adhéré la quasi-totalité des pays

de l’ASS. À ce sujet, le rapport de la BAD (2020) révèle que, entre 2000 et 2016, la consommation

moyenne par habitant en Afrique a augmenté de 3,32%. En revanche, le taux de croissance relatif aux

pauvres n’a atteint que 3,04%, ce qui veut dire que les ménages riches ont vu leur niveau de vie augmenter

beaucoup plus rapidement que celui des ménages pauvres. Les inégalités demeurent donc élevées en

Afrique (BAD, 2020, p.37).

II- Champ théorique des stratégies internationales de réduction de la

pauvreté

La lutte contre la pauvreté constitue de nos jours, un enjeu de portée globale au point où la communauté

internationale, par le biais des organisations internationales et ONG (Organisations Non

Gouvernementales) en a fait une question prioritaire pour la survie de l’humanité. Plus concrètement, de

multiples actions ont été déployées avant même l’adoption des Objectifs du Millénaire de

Développement (OMD)5 par les Nations Unies en l’an 2000, et actuellement dans le cadre des Objectifs

de Développement Durables (ODD)6 adoptés par 193 pays dans le monde. Afin de mieux comprendre

cet état des choses, passons en revue les principales étapes qui nous y ont menés.

1- L’entrée en jeu des OI pour éradiquer la pauvreté, dans les pays en développement

La compréhension de l’intervention des organisations internationales dans la lutte contre la pauvreté,

nécessite avant tout de retracer les origines de la théorie du développement. Dans leur article traitant de

la lutte contre la pauvreté entant qu’enjeu international, Hillenkamp et Servet (2012) mentionnent que le

5 Annexe 1 6 Annexe 2

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vocable « bien être et développement » est apparu pour la première fois dans l’article 22 du pacte de la

Société des nations, datant du 28 juin 1919. D’après eux, les termes « développement » et « sous-

développement » se rapportant aux relations internationales seraient apparus en 1942 dans un article

rédigé par un fonctionnaire du Bureau International du Travail (BIT). C’est ainsi que le 20 janvier 1949,

Harry S. Truman, président démocrate des Etats-Unis de 1945 à 1953, lors de son discours d’investiture

établit pour la première fois le lien entre la lutte contre la pauvreté et les relations internationales. Dans

le quatrième point de son discours, il annonce un impératif d’assistance aux pays dits « pauvres », ce qui

permit aux médias d’orchestrer une vaste campagne sur l’idée du « sous-développement ». Le but

recherché était de convaincre les contribuables américains que le soutien à ces pays correspondait, non

seulement à des considérations humanitaires (ce qui pouvait en partie être accepté par l’esprit chrétien

dominant des américains à cette période), mais en plus aux intérêts bien compris des Etats-Unis si ceux-

ci voulaient éviter l’expansion du communisme. (Lautier, 2002 ; Hillenkamp et Servet, 2012)

Dans les années 1950 – 1960, plusieurs pays ont accédé à l’indépendance, tentant ainsi de bâtir leur

propre modèle de développement en se libérant des tutelles exercées aussi bien par les ex-puissances

coloniales que par les deux blocs issus de la guerre froide (Berr et Combarnous, 2002). Un rapport de la

Commission Pearson (1969) nous fait part des intentions de la charte de l’ONU en matière de

développement, publiées en 1950 dans le rapport intitulé Measures for the Economic Development of

Under-Developed Countries. Ce rapport réalisé par un groupe d’experts nommé par le secrétaire général

des Nations Unies suggérait que les pays donateurs transfèrent aux pays en développement environ

10 milliards de dollars par an (sous forme d’investissement), les pays bénéficiaires devaient eux-

aussi puiser une somme similaire dans leur épargne nationale (en guise de remboursement)

(Pearson, 1969). Hillenkamp et Servet (2012) nous font pourtant remarquer que « cette aide suggérée

correspondait aux 3 % du PNB consacré pendant plusieurs années par les Etats-Unis au plan Marshall

pour l’Europe (principalement sous forme de dons) ».

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En 1955, à l’occasion d’une conférence tenue à Bandung en Indonésie, se sont réunis pour la première

fois ces pays désormais désignés comme « pays du tiers monde » ou simplement « Tiers monde ». Le

dénouement de cette conférence a été la consécration de leur modernisation économique et politique en

tentant de les ériger comme une force politique incontournable dans les relations internationales (Ben

Hammouda, 1999, p.73). Cela a permis d’imposer le Tiers monde comme interlocuteur des grandes

puissances sur la scène internationale (ainsi que la revendication d’un nouvel ordre international), et a

favorisé la création d’organisations internationales telle que la CNUCED pour stabiliser les prix des

produits de base (Mahmoud, 2010, p.9).

Suite à la publication en 1950 du rapport de l’ONU Measures for the Economic Development of Under-

Developed Countries, plusieurs séries de travaux des institutions spécialisées et subsidiaires de l’ONU

ont suivi traitant des thématiques telles que : la quantification des besoins des pays en développement, le

montant global nécessaire pour les aider ainsi que les efforts à fournir par les pays bénéficiaires, les

conditions structurelles préalables au développement, etc. (Sachs, 2005). Dix ans après, l’ex-président

des États-Unis, John F. Kennedy encouragea le lancement de la première Décennie du développement

aux Nations unies, programme qui visait la satisfaction des besoins essentiels des populations. Partant de

là, le terme « développement », ainsi que les différentes pratiques d’aide au développement sont devenus

le noyau central du discours des Nations Unies. L’annonce ayant été faite que cette aide prouvera

rapidement son efficacité, ce qui va permettre de l’arrêter plus tard (Hillenkamp et Servet, 2012). Les

pratiques d’aide se sont alors multipliées venant également des pays n’étant pas d’anciennes puissances

coloniales (Sachs, 2005). Une motion demandant aux pays dits riches de consacrer 1 % de leur revenu

national à l’aide au développement a aussi été adoptée en 1960 par l’Assemblée générale des Nations

Unies, cette proposition peut être retrouvée dans le rapport de la Première Conférence des Nations unies

sur le commerce et le développement tenue en 1964. La théorie du développement s’est alors répandue

dans les années 1960 et était essentiellement dominée par les théories de la dépendance. Elle préconisait

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d’ailleurs des stratégies pour rompre avec le capitalisme et concevoir un développement autonome et

autocentré (Mahmoud, 2010, p.10).

Selon Mahmoud (2010, p.11), dans les années 1970, à la suite des réussites enregistrées par le Tiers

monde dans la modernisation des structures économiques et l’accélération de la dynamique

d’accumulation des pays, la théorie du développement gagna plus de force. Il explique que ces

dynamiques de croissance tirent leur avantage de l’accroissement des ressources de ces pays, et que cette

croissance fut alimentée par des placements de liquidités internationales (par les banques en

surliquidité) sous forme d’emprunts à des taux d’intérêt relativement bas au Tiers monde.

Malheureusement, à partir de la fin des années 1970, les cours des matières premières ayant chuté, les

taux d’intérêt ayant été relevés de façon brutale et unilatérale par les pays industrialisés, les déséquilibres

internes et externes des pays sous-développés se sont accentués avec pour effets l’insolvabilité financière

du Tiers monde et l’aggravation de la crise de la dette. Pour éviter une crise financière généralisée, le

FMI et la BM (institutions de Bretton Woods) ont donc été imposés par la communauté internationale en

tant que les « interlocuteurs uniques dans la gestion de cette crise, en leur laissant le soin de déterminer

les solutions aptes à la résoudre » (Mahmoud, 2010, p.10 &11, Sarrazin, 1997). C’est ainsi qu’ont été

conçus les programmes d’ajustement structurel et de stabilisation macro-économique visant à dégager

un surplus de ressources dans les pays endettés afin de rembourser leurs dettes.

2- L’ajustement structurel

Vers la fin des années 1970, une certaine vulnérabilité s’est fait ressentir dans la plupart des économies

africaines (Mahmoud, 2010 ; Tedika, 2010). En effet, les pays de l’ASS dont l’économie était

principalement axée sur l’exportation des produits du secteur primaire, ont rencontré un certain nombre

de problèmes du fait d’une part de la détérioration des termes de l’échange, et d’autre part, de l’instabilité

des prix de leurs principaux produits d’exportation (cacao, café, or, thé, coton) (CNUCED, 2001, p.37 ;

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Banque Mondiale, 1996, p.2). Page et Hewitt (2001, p.4), le FMI (2000), ainsi que (Prashad, 2008, p.181-

182) soutiennent que cette situation a été à l’origine :

- De la diminution de la part de l’ASS dans le commerce mondial et son incapacité à participer à

des échanges internationaux de produits manufacturés et de produits dynamiques

- De la complication de la gestion macroéconomique et du découragement des investisseurs

étrangers

- Du surendettement des pays de cette région.

Le FMI (2000, p.112) affirme d’ailleurs que : « les pays ayant été touchés par la baisse des cours

figurent parmi les plus pauvres du monde, tous sont classés parmi les pays à faible revenu par la

Banque Mondiale, plus de la moitié se trouve en Afrique Subsaharienne, 16 étant des pays pauvres et

très endettés. ». Par ailleurs, Brunel, Kipré, Antoine et De Montelos (2005, p.61) ajoutent les catastrophes

naturelles, notamment les grandes périodes de sècheresse (1972-1973 puis 1982-1983) ayant frappé le

continent noir, en particulier l’ASS comme facteurs d’aggravation de cette situation économique

délétère. De ce fait, ces pays ont été condamnés une dépendance vis-à-vis des pays étrangers, c’est

ainsi que la Banque Mondiale et le FMI entrent réellement dans le vif du sujet. En coordination avec le

département du Trésor américain et les principales banques commerciales, ces institutions financières

internationales (IFI) ont commencé à offrir des prêts concessionnels, une restructuration de la dette et,

finalement, une annulation partielle de la dette aux pays en crise (Peet, 2009, p.86-91, p.136-146). En

échange, ces pays ont dû subir une « stabilisation » (à court terme) et un « ajustement structurel » (à long

terme), c'est-à-dire que les gouvernements devaient mettre en œuvre un programme de réformes

structurelles et macroéconomiques conformément au « Consensus de Washington » (ibid.). La mise en

œuvre de ces programmes de réforme - appelés programmes d'ajustement structurel (PAS) - deviendrait

également une condition préalable pour recevoir des subventions et des prêts bilatéraux (ibid., p.115-

116).

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2-1 À propos du consensus de Washington

La doctrine néolibérale a fait son apparition dans les années 1970, remettant en question les modèles

Keynésiens, créant ainsi une ouverture à des idées nouvelles (Peet et Hartwick, 2015, p.89). Enracinés

dans une tradition ontologique profondément individualiste, les fondateurs de cette école de pensée ont

adopté une vision de l'interventionnisme et du protectionnisme étatiques comme non seulement

inefficaces mais aussi inhibiteurs de la liberté humaine (ibid., p. 90-94). Au lieu de cela, ils ont plaidé

pour un système dans lequel l'État serait relégué un rôle assimilable à celui de « veilleur de nuit »

consistant à maintenir l'état de droit, ainsi qu'à effectuer des tâches macroéconomiques limitées telles

que la fixation des taux d'intérêt. Croissance, richesse et bien-être ont été atteints le plus efficacement

grâce à une concurrence volontaire et sans entrave entre des acheteurs et des vendeurs privés intéressés

et maximisant l'utilité (ibid.).

Contrairement au keynésianisme, ces idées néolibérales avaient des implications politiques

radicales. Certaines d'entre elles avaient déjà été reflétées dans les conditionnalités du FMI au courant

des années 1970, mais c'est pendant la crise de la dette des années 80 que le néolibéralisme a été

pleinement adopté par les IFI (Peet, 2009, p.84-85, p.136-145). Alors que la Banque mondiale s'était

concentrée sur la réduction ciblée de la pauvreté et la satisfaction des besoins de base tout au long des

années 1970, la sagesse dominante était maintenant que si l'inflation pouvait être maintenue sous contrôle

et les marchés laissés seuls, ou du moins laissés libres, la richesse « coulerait » sur les pauvres (ibid.,

p.134-137; Banks et Hulme, 2012, p.5).

En 1989, l'économiste John Williamson a formulé ce qui était, à son avis, les dix principales

recommandations politiques du paradigme de développement néolibéral - ce qu'il a appelé le « consensus

de Washington 10 » (Williamson, 1990): (1) S'engager à la discipline budgétaire, en particulier à travers

( 2) une réduction des dépenses publiques, afin d'éviter des déficits budgétaires importants et une

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instabilité macroéconomique; (3) adopter une réforme fiscale en élargissant l'assiette fiscale et en

abaissant les taux marginaux d'imposition, augmentant ainsi les incitations pour les investisseurs; (4)

laisser les taux d'intérêt être fixés par le marché, mais veiller à ce qu'ils soient positifs lorsqu'ils sont

ajustés en fonction de l'inflation afin d'attirer et de préserver les capitaux; (5) permettre des taux de

change compétitifs et (6) supprimer les barrières commerciales pour canaliser les ressources vers une

utilisation plus productive et encourager une croissance orientée vers l'exportation; (7) libéraliser les

investissements directs étrangers (IDE) pour permettre aux entreprises étrangères d'être compétitives

sur un pied d'égalité; (8) privatiser les entreprises publiques pour maximiser l'efficacité

économique; (9) supprimer la réglementation inutile du marché pour accroître la concurrence; et

enfin (10) garantir les droits de propriété pour assurer un environnement d'investissement attractif.

La littérature sur le sujet nous laisse entrevoir pour la majorité des critiques. Ainsi, plusieurs critiques

ont été énoncées contre le consensus de Washington. Nous n’allons en évoquer que quelques-unes : il a

par exemple été avancé que le néolibéralisme se fonde sur des hypothèses ontologiques erronées et

fallacieuses sur la nature humaine, la nature des marchés et la science économique (Peet et Hartwick,

2015, p.45-62, p.112-117). Ha-Joon Chang (2002), quant à lui, a fait valoir que le consensus de

Washington est dépourvu d'analyse historique en ce que la voie de développement qu'il propose va à

l'encontre de celle engagée par l'Occident et les « marchés émergents » en Asie de l'Est, une voie qui a

inclus une intervention considérable de l'État (Chang, 2002, chapitres 1 et 2). En fait, la persistance du

protectionnisme dans les pays riches a été un obstacle majeur à la croissance orientée vers l'exportation

que la néo libéralisation est censée faciliter dans les pays pauvres (Abrahamsson, 2008, p.16). Pour les

marxistes, une telle hypocrisie révèle comment les théories néolibérales fonctionnent simplement comme

un camouflage idéologique pour ce qui est vraiment un projet politique élitiste visant à solidifier la

domination des puissances occidentales et des classes supérieures, réduire le coût du travail, augmenter

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l'accumulation de surplus et la rediriger vers le haut (voir par exemple Mahmoud, 2010 ; Harvey, 2005

; Duménil et Lévy, 2004 ; Varoufakis, 2011 ; Prashad, 2014).

2-2 Les programmes d’ajustement structurel (PAS)

Ces programmes appliqués conjointement par le FMI et la Banque Mondiale dans les pays en

développement à partir des années 1980, constituaient une réponse à la situation de cessation de paiement

des pays africains (Boliga, 1999, p.341). D’après Sarrasin (1997), ces programmes représentent un

modèle de développement économique basé sur trois principaux éléments : la libéralisation des

échanges, la prédominance des forces du marché et la diminution des interventions de l’État dans

l’économie (voir Sarrasin, 1997, p.518 ; Mahmoud, 2010, p.50). Compte tenu des vives critiques (sur

leurs effets « négatifs ») qui ont suivi l’application des mesures d’ajustement structurel, les IFI les ont

continuellement adaptés. La première génération de ces programmes (1981 – 1984) portait en priorité

sur le rétablissement des équilibres macroéconomiques ; à partir de la seconde génération (1984 – 1986)

il y a eu une certaine attention accordée aux dimensions sociales de l’ajustement ; et la troisième

génération (depuis 1987) suggère d’introduire la réduction de la pauvreté comme objectif fondamental

des efforts d’ajustement (Mahmoud, 2010, p.51).

Tout au long des années 1980 et 1990, les rôles joués par chacune des IFI se sont de plus en plus

imbriqués, en grande partie parce que le FMI est allé de plus en plus au-delà de sa préoccupation

traditionnelle de macroéconomie et dans des domaines de nature plus micro et structurelle sur lesquels

la Banque Mondiale a concentré son attention (Mosley, 2001, p.310 ; Stiglitz, 2002/2017, p.110-

112). Peu à peu, le nombre de conditions politiques imposées par les IFI à travers leurs différents

programmes s'est également accru (Hermele, 2005, p.2). Malgré le fait que ces « conditionnalités »

incarnaient les principes fondamentaux du consensus de Washington exposés précédemment, il convient

de noter que les IFI sont souvent allées plus loin, en utilisant une approche de « doctrine du choc »

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d'ajustement structurel rapide qui comprenait (mais ne se limitait pas à) la désyndicalisation, les

licenciements, les réductions de salaires, les réductions des dépenses sociales et l'élimination des

subventions sur les produits de base (Peet et Hartwick, 2015, p. 99-105; Sumner, 2006, p.16).

Dans la littérature, la majorité des auteurs s’accordent sur le fait que les PAS n'ont pas tenu leurs

promesses. Il est bien entendu difficile de déterminer comment les pays se seraient comportés en

l'absence de programmes, d'autant plus que l'environnement économique extérieur a continué à se

détériorer, au moins tout au long des années 80 (souvent qualifiées de « décennie perdue »). La diversité

des lieux sous ajustement semble également importante à souligner. Par exemple, il a été prôné que les

PAS avaient plus de sens en Amérique latine pour laquelle les programmes étaient principalement

conçus, qu'ailleurs (Stiglitz, 2002/2017, p.149). D'autres ont fait valoir que les pays d'Afrique auraient

pu être moins bien lotis sans les programmes, ou du moins qu'ils auraient pu être mieux lotis si les

prescriptions politiques avaient été pleinement et correctement mises en œuvre (Mahmoud, 2010 ;

Sahn et al., 1997 ; Scott, 2010).

Certains auteurs ont pu évoquer des aspects positifs aux PAS, notamment Tedika (2010) qui a mentionné

dans un article sur la pauvreté en Afrique que : « Dans une série d’articles, Emanuele Baldacci, Benedict

Clements et Sanjeev Gupta ont trouvé que l’austérité budgétaire du FMI n’a pas été vraiment désastreuse

sur le plan macroéconomique. En examinant 39 pays à faible revenu ayant appliqué un programme

d’ajustement appuyé par le FMI pendant les années 90, les auteurs trouvent qu’en moyenne les pays de

l’échantillon (africains et d’ailleurs) ont enregistré une croissance du revenu par habitant de 0,5 % par an

pendant les années 90. Une amélioration de 1 point du solde budgétaire qui a eu un effet positif

significatif sur le taux de croissance du PIB, en l’augmentant d’un quart de point au moins. Toutes choses

restant égales, l’austérité était par conséquent non seulement inéluctable dans un contexte d’endettement

excessif, mais utile pour contribuer à l’induction à terme de la croissance » (Tedika, 2010). Cependant, il

existe de nombreuses preuves que les PAS n'ont pas réussi à stimuler une croissance soutenue et à réduire

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la pauvreté (voir par exemple Johnson & Schaefer, 1999 ; Easterly, 2005 ; CNUCED, 2000 ; CNUCED,

2002 ; Pérennes, 1991). En fait, les études montrent que les programmes ont souvent causé d'énormes

dommages aux personnes déjà pauvres et vulnérables ; à l'industrie et à l'agriculture locales ; aux droits

du travail et aux droits de l'homme (Cornia et al., 1987 ; SAPRIN, 2002 ; Lloyd & Weissman, 2010

; Rodwan Abouharb et al., 2010). Même des études menées au sein des IFI ont conclu que bon nombre

de leurs politiques et projets avaient échoué (Banque mondiale, 1992 ; OED, 1992 ; Khan, 1990).

3- Les documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP)

À partir de la fin des années 80, la mise en œuvre des programmes d’ajustement structurel a entrainé le

déclenchement de nombreuses manifestations autant dans les « pays du Sud » que dans certains « pays

du Nord » (Walton et Seddon, 1994 ; Peet, 2009 p.99-104). Il était de plus en plus acquiescé que les

prescriptions néolibérales échouaient peut-être à dessein et que le fardeau de la dette dans les pays

pauvres n'était pas simplement injuste, mais s’avérait impayable (Peet, 2009, p.104-107). En 1996,

en guise de réponse, les IFI ont lancé l'initiative en faveur des Pays Pauvres et Très Endettés (PPTE),

dans le but de commencer à annuler une partie de la dette due par les pays les plus pauvres. Néanmoins,

comme on pouvait s'y attendre, cela était accompagné de certaines conditions (ibid., p.107- 108). Après

le renforcement de l'initiative PPTE en 1999 en vue de couvrir un plus grand nombre de pays, ceux qui

pouvaient et voulaient bénéficier d'un allégement de la dette devaient préparer et mettre en œuvre un

document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) (Elkins et al., 2018, p.378). Palash (2009),

soutient que l’établissement de DSRP doit être comprise comme la dernière approche des IFI dans les

pays, en matière de stratégies de réduction de la pauvreté. Celle-ci étant associée à une série d’approches

précédentes telles que : l’initiative PPTE, la stratégie commune d'assistance-pays (SCAP), l’évaluation

participative de la pauvreté (PEP), le plan d'action de lutte contre la pauvreté et le cadre de développement

global (CDG) (ibid.).

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Avant tout, le DSRP est un document décrivant la politique économique et sociale nationale d'un pays.

Celle-ci étant axée sur un programme de réduction de la pauvreté et une approche participative dans

l’élaboration de politiques (Banque mondiale, 2003, p.2). Outre l'identification de la nature, des sources

et des incidences de la pauvreté dans le pays, un DSRP doit également détailler comment le pays va

générer des ressources pour la réduction de la pauvreté, y compris les plans de restructuration de

l'économie en conséquence, ainsi que la manière dont les ressources générées, y compris celles provenant

du financement concessionnel et de l'allégement de la dette seront utilisés pour atténuer la pauvreté et

atteindre les autres objectifs de développement qui y sont définis (Ibid., p.4). Les stratégies présentées

dans un DSRP devraient ainsi se concentrer sur les résultats et les effets bénéfiques aux pauvres, y

compris à long terme, et intégrer la multidimensionnalité de la pauvreté (Guimarães et Avendaño, 2010,

p.320). Le manque d'engagement local ayant été identifié comme un obstacle majeur à la mise en œuvre

réussie des programmes soutenus par les IFI, les DSRP devraient donc être formulés par le pays

bénéficiaire (Booth, 2005, p.1). Le gouvernement national prendrait l'initiative, mais le DSRP devrait

également être élaboré en collaboration avec un éventail de parties prenantes nationales y compris des

partis d'opposition, des syndicats, des entreprises, des ONG, des institutions religieuses, ainsi que des

donateurs internationaux (Fraser, 2005, p.317 ; Dijkstra et Komives, 2009 p.3).

Comme indiqué dans le cadre de développement global des IFI, l'appropriation par les pays, une large

participation et des partenariats ont été vantés comme les principes fondamentaux de l'approche DSRP

(Peet, 2009, p.145-147). À la suite de la Conférence internationale de 2002 sur le financement du

développement, l'approche DSRP est aussi devenue un cadre important à travers lequel d'autres donateurs

ont organisé leur aide aux pays pauvres (Elkins et Feeny, 2014, p.230). Cette dernière a été renommée

Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (ibid., p.110). Outre l'accès à l'allégement de la

dette et aux prêts concessionnels, la mise en œuvre du DSRP a entraîné la perspective d'une aide bilatérale

accrue, y compris sous forme d'appui budgétaire (Elkins et al., 2018, p.382). Par ailleurs, les DSRP

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offriraient aux pays pauvres « une occasion unique de poursuivre une stratégie de développement

nationale intégrée, ce qui manquait depuis la fin des années 70 et le début des années 80, lorsque ces

pays se sont lancés dans des réformes axées sur le marché » (Gottschalk, 2005, p.440). Les stratégies de

développement sont également devenues un vecteur important pour atteindre les OMD et les ODD

(Elkins et al., 2018, p.378-379).

Dans la littérature, l’approche DSRP a suscité beaucoup d’intérêt tant en ce qui concerne son processus

d’élaboration, que pour son contenu, ses implications en termes de relations internationales et ses

performances. Dans cette partie, nous aborderons uniquement ce qui a trait au processus d’élaboration

des DSRP, leur contenu et implications sur les relations internationales. Les performances seront

abordées dans la revue de littérature de la partie pratique (III) de notre mémoire.

3-1 L’élaboration des DSRP

Tel qu’évoqué plus tôt, le principe clé de l’approche DSRP est le pilotage par et pour le pays bénéficiaire,

sur la base d’une participation à grande échelle de la majorité des acteurs possibles au sein du pays. Cela

renforcerait ainsi la légitimité des stratégies de lutte contre la pauvreté.

Partant de cela, le FMI (2000, p.14) a reconnu que l'accent mis sur l'appropriation et la participation au

processus DSRP « faciliterait la création d'un soutien politique national pour le programme, car il est

susceptible d'être considéré, au moins en partie, comme un produit autochtone, plutôt que comme un

imposition étrangère ». Néanmoins, plusieurs chercheurs ont contesté l'approche participative (voir Craig

et Porter, 2003; Brown, 2004; Fraser, 2005; Rückert, 2009; Dutta et Rastogi, 2016), soutenant que : dans

la pratique, cette approche sert simplement d'instrument pour diffuser les connaissances fondées sur le

marché concernant la réduction de la pauvreté et le développement. Ces connaissances étant présentées

comme « universelles et techniques », ce qui rationaliserait l'imposition de politiques et d'objectifs de

performance définis ailleurs (Rückert, 2009; Dutta et Rastogi, 2016). En conséquence, la participation

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dirigée par les IFI est comprise comme une technique de contrôle social et politique qui cherche à

approfondir l'hégémonie du néolibéralisme. Tel que soutenu par Rückert (2009, p.68) : « Grâce à des

exercices participatifs, la Banque mondiale pénètre profondément dans le tissu culturel des sociétés des

pays en développement, dans le but ultime de produire sujets néolibéraux complices ».

De plus, McGee, Levene et Hughes (2002) ont examiné la participation au processus DSRP en ASS et

ont constaté qu'il reposait la plupart du temps, sur des procédures de consultation mal conçues,

précipitées, exclusives et mal organisées. Ils ont également constaté que les informations essentielles

n'étaient souvent pas fournies aux participants, un temps insuffisant leur avait été accordé pour analyser

les projets avant de les commenter, et il y avait un manque de transparence dans la sélection de ces

participants.

S’agissant du contenu des DSRP, bon nombre de chercheurs s’y sont intéressés, certains ayant porté de

vives critiques quant à la non-rupture des politiques au consensus de Washington. 30 DSRP de première

génération ont été analysés par Stewart et Wang (2003 ; 2005). Ces derniers ont trouvé que non seulement

il y avait une uniformité remarquable entre les DSRP, mais aussi qu’aucune rupture significative avec le

consensus de Washington ne s'était produite : de nombreuses stratégies mettaient l'accent sur la bonne

gouvernance, y compris des mesures pour lutter contre la corruption et accroître la transparence et la

responsabilité publique. La plupart des DSRP approuvaient également la poursuite de la privatisation des

entreprises publiques et la libéralisation du commerce, des comptes de capital, du secteur bancaire, des

taux de change et des taux d'intérêt ; ainsi que des politiques monétaires et budgétaires de contraction

pour maintenir l'inflation et les déficits sous contrôle (ibid., p.462-467). Ils ont aussi fait valoir que la

section macroéconomique des DSRP semblait souvent détachée ou même en contradiction avec la section

d'analyse de la pauvreté (Stewart et Wang, 2005, p.467). Cette remarque va dans le même sens qu’un

rapport de 2005 du Projet du Millénaire des Nations Unies qui critique les DSRP pour avoir laissé les

cadres macroéconomiques préétablis et les plafonds budgétaires dicter, et ainsi limiter, les progrès des

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OMD, plutôt que de laisser ces politiques être dictées par les exigences nécessaires pour répondre aux

OMD (UN Millennium Project, 2005, p.58-61). Gottschalk (2005, p.440) quant à lui a remarqué, en

analysant le contenu transnational de 15 DSRP d’un point de vue des stratégies macroéconomiques, qu’il

y a « un accord fort parmi les DSRP selon lequel une croissance à large assise devrait être

au centre d'une stratégie de développement ». Cependant, il a également constaté que les stratégies en

question ne « soutenaient pas vraiment la croissance économique et la réduction de la pauvreté de manière

directe et claire » : L'accent était toujours mis sur la stabilité macroéconomique, les politiques budgétaires

et monétaires manquant de flexibilité nécessaire pour faire face aux chocs exogènes (comme une baisse

soudaine de la demande d'exportations d'un pays) et laissant peu de marge de manœuvre aux

gouvernements pour sortir des ralentissements (ibid.). Dans une autre analyse des contenus de 50 DSRP,

Sumner (2006) a confirmé la pensée selon laquelle les DSRP préconisaient généralement des politiques

fiscales et monétaires strictes. La privatisation était une autre politique préconisée dans la grande majorité

des DSRP qu’il a étudié, tandis que la libéralisation du commerce, de l'agriculture, des comptes de capital

et des Investissements Directs Étrangers (IDE) étaient des caractéristiques un peu moins courantes des

stratégies, en particulier dans les PPTE africains (Sumner, 2006, p.1406-1411). Il a conclu que les DSRP

avaient fait des progrès par rapport au consensus de Washington, mais que très peu de politiques du

DSRP pouvaient être qualifiées de « non orthodoxes » (ibid., p.1408). Une étude de 22 DSRP basée sur

leur alignement aux OMD a été réalisée par Fukuda-Parr (2010, p.33). Il en est ressorti que l'engagement

à atteindre les OMD était sélectif et que la majorité des DSRP manquaient de stratégies de croissance à

large assise et d'investissement en faveur des pauvres dans les infrastructures sociales. Au lieu de cela,

les DSRP reflétaient une hypothèse selon laquelle les « retombées » permettraient d'atteindre les objectifs

de réduction de la pauvreté du programme des OMD ».

Nonobstant les critiques à propos du contenu des DSRP, certains auteurs y ont trouvé des aspects positifs.

Notamment, Elkins et Feeny (2014) dans leur analyse (la plus complète à ce jour) de 81 DSRP en

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30

fonction de leur alignement global sur le consensus de Washington, le consensus post-Washington et le

consensus de New York. Leurs résultats suggèrent que les politiques du DSRP étaient en fait marquées

par une certaine diversité, que les DSRP des pays les plus pauvres étaient généralement moins alignés

sur le consensus de Washington, qu'un abandon de l'orthodoxie néolibérale s'est produit, surtout après

2004. Ils interprètent leurs résultats comme une preuve claire que l'engagement OMD a réussi à faire

évoluer les politiques du processus DSRP vers la réalisation des OMD (2014, p.243). Dans une analyse

distincte mais similaire de 87 DSRP, Elkins (2014) a également trouvé des preuves qu'un « programme

de protection sociale » comprenant des politiques et des programmes visant directement à lutter contre

la pauvreté et la vulnérabilité était clairement exprimé dans de nombreux DSRP. Cela était

particulièrement vrai dans les pays plus riches et plus ethniquement homogènes (ibid.).

3-2 Les implications de l’approche DSRP sur les relations internationales

Ces dernières années, les DSRP sont devenus le point central d’une grande partie du dialogue politique

et des négociations sur le financement officiel du développement entre les pays à faible revenu, et les IFI

bilatérales et multilatérales (Tan, 2011).

Pour certains, l'approche DSRP n'a été qu'un effort de relations publiques pour permettre aux IFI

d'échapper aux critiques et de se re-légitimer ainsi que leur programme de réforme controversé devant le

tribunal de l'opinion publique (Guimarães et Avendaño, 2010; Saeed et al., 2015). Pourtant, alors que

l'apparente survie du consensus de Washington a été interprétée comme une preuve du manque

d'appropriation nationale (Stewart et Wang, 2003), d'autres ont soutenu que certains gouvernements du

Sud en sont venus à internaliser la vision du monde des donateurs, les transformant en « régimes de post-

conditionnalité » (Harrison, 2001). Il a également été souligné que, même s'il existait un engagement en

faveur d'un programme de développement radicalement différent, l'approche DSRP était par sa nature

même incapable de surmonter (et peut même avoir sapé les efforts) les obstacles extranationaux à la

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31

réduction de la pauvreté (Tan, 2011). Par exemple, la néo libéralisation dans le cadre des PAS a rendu

les pays plus vulnérables aux caprices des marchés mondiaux et au pouvoir des sociétés transnationales.

Cela a, à son tour, presque certainement affecté le contenu des DSRP. Prashad (2014) soutient également

que les concepts problématisés par le projet DSRP, à savoir : la réduction de la pauvreté, la participation

et l'appropriation nationale, sont constitués comme de nouveaux domaines de régulation par la

dynamique du pouvoir et l’influence qui sous-tendent la formulation de cette initiative. Cela aurait des

répercussions au-delà de la politique et l'incorporation de l’opposition pour englober un éventail

beaucoup plus large de causes et effets, incluant la production et la diffusion de discours sur le

« développement » et les constructions de la « pauvreté ».

À bien des égards, l'initiative de stratégie de réduction de la pauvreté a permis aux IFI de corriger

certaines de leurs erreurs passées et de signaler un changement de priorités, comme l'illustre l’accent mis

sur la lutte contre la pauvreté. La Banque mondiale a même adopté le slogan « Travailler pour un monde

sans pauvreté ». Plusieurs auteurs conviennent que l'approche DSRP représentait un pas dans la bonne

direction, mais qu'elle n'allait pas assez loin (voir par exemple Booth, 2003; Driscoll et Evans, 2005;

Gottschalk, 2005; Cheru, 2006; Mouelhi et Rückert, 2007) car, les IFI ont continué d'exercer une

influence « en coulisses » sur les DSRP. La participation ressemblerait souvent davantage à une

consultation, et les principales parties prenantes telles que les syndicats ayant parfois été totalement

exclues du processus (Oxfam, 2004, 1; Stewart et Wang, 2005, p.456-457). De plus, alors que la

formulation des stratégies était dans certains cas caractérisée par un degré élevé d'appropriation nationale,

il pouvait y avoir une certaine distance entre ce qui avait été élaboré sur papier et la mise en œuvre réelle

(Booth, 2003, p.157; Dijkstra, 2005; Dijkstra et Komives, 2009, p.18). Dans les cas où l'appropriation

était effectivement forte, le fait qu'une série d'acteurs différents étaient censés participer à la formulation

a peut-être eu pour effet d'affaiblir la légitimité des gouvernements en place (Stewart et Wang, 2003,

p.27).

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32

Dans la troisième partie de ce document, nous tenterons d’apporter des évidences empiriques concernant

l’approche DSRP en ASS, à travers une analyse quantitative des informations relatives aux pays de cette

région.

III- Étude de l’impact des stratégies de réduction de la pauvreté sur les

conditions de vie autodéclarées des populations de l’Afrique

Subsaharienne

1- Cadre théorique

1-1 La lutte contre la pauvreté au niveau international

En nous appuyant sur nos recherches, nous avons constaté que la lutte contre la pauvreté sur le plan

international en tant qu’enjeu prioritaire n’a pas fait suite à des revendications de la société civile, ni à

l’observation d’une tendance négative de la pauvreté dans le monde. Car les résultats présentés par les

OI nous démontrent qu’il y a toujours eu augmentation du revenu mondial et diminution de l’incidence

de la pauvreté. En 50 ans, le revenu moyen réel par habitant a triplé et les taux de pauvreté dans la grande

majorité des pays n’ont cessé de s’améliorer. (Confère statistiques de la Banque Mondiale : Banque

Mondiale, s.d). Peñafiel (2000) dans son analyse du discours de la Banque Mondiale, nous démontre que

l’émergence du mot « pauvre » serait un « évènement discursif structurant » du jargon politique

international ayant des effets politiques se répandant de la scène internationale, vers des scènes nationales

et locales. Ces derniers venant entrer en contradiction avec d’anciens jargons politiques, c'est-à-dire avec

les formes de se représenter le politique et d'agir à travers lui. Dans le même ordre d’idée, Hillenkamp et

Servet (2012) déclarent que : « Le lien entre pauvreté ou, plus exactement lutte contre la pauvreté et

relations internationales, pour ce qui est des origines mêmes des politiques de développement, a été

principalement médiatisé à partir du célèbre point 4 du discours d’investiture du président Harry S.

Truman qui le 20 janvier 1949 a justifié pour la première fois au niveau officiel les politiques d’aides

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économiques et financières comme alternatives aux relations coloniales entretenues par les pays

européens… ».

En effet, dans les années 1970 et 1980, la lutte contre la pauvreté était organisée autour du thème de

« développement », tandis qu'à partir de 1990 les politiques de développement devinrent des modalités

de lutte contre la pauvreté (Campbell, 2005). L’un des tournants des années 1990 est aussi la prise de

conscience généralisée des OI que la pauvreté ne peut se réduire à sa dimension monétaire, c'est-à-dire à

un niveau insuffisant de revenu (BIM, 2002). De plus, le concept d’exclusion sociale s’est élargi à cette

même période, au point que l’on désigne désormais par « exclus » « des groupes entiers de personnes qui

se trouvent partiellement ou totalement en dehors du champ d’application effectif des droits de

l’homme » (Strobel, 1996). Cette approche7 de définition de la pauvreté préconise alors que certaines

personnes peuvent être pauvres, bien qu’elles aient un revenu suffisant ou des moyens de survie

suffisants, si elles sont entièrement ou partiellement exclues d’une pleine participation à la société dans

laquelle elles vivent. On retrouve dans la littérature sur la question des avis selon lesquels, l’exclusion

sociale serait quelque chose comme une image plus globale de la pauvreté. Les Nations Unies considèrent

cette approche dans les explications et la résolution de la pauvreté axées sur les droits humains

notamment par la définition en 2015 des ODD à l’horizon 2030 ayant succédé aux OMD (Diez,

communication personnelle, 2016).

Au fil du temps, on est passé d’une considération purement financière de la pauvreté à l’inclusion des

facteurs aussi bien sociaux qu’environnementaux. Il y a donc eu une évolution progressive de la question

de lutte contre la pauvreté à la question de développement (Campbell, 2005). Cela a aussi poussé les

chercheurs à reconnaitre de plus en plus l’importance de regarder au-delà de la pauvreté monétaire, d’où

la croissance considérable du nombre d’études aussi bien théoriques qu’empiriques sur les dimensions

7 Cette approche peut aussi être appelée « approche du développement humain »

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34

non monétaires de la pauvreté. Le paradigme actuel considère alors la pauvreté comme un problème

multidimensionnel. Cela est dû en partie à l’énergie donnée par l’approche du développement humain et

aux écrits de Sen en 1987, 1992 et 1999 (sur les standards de vie, les inégalités réexaminées et le

développement comme liberté) et d’autres (par exemple Muellbauer, 1987 qui soutient la théorie de sen

sur les standards de vie) sur l’importance éthique de l’extension des différentes capabilités. Cela est

également dû à la grande disponibilité de meilleures données, qui fait que de meilleures mesures de la

pauvreté sont en demande, car pour réduire efficacement la pauvreté, il faut analyser les interconnexions

entre les différents types de privations qui maintiennent les pauvres dans la pauvreté (Deuneulin, 2009).

Pour ces raisons, certains auteurs ont effectué des analyses des performances des DSRP tout en prenant

en considération les différentes dimensions de la pauvreté.

1-2 Les performances des DSRP en termes d’éradication de la pauvreté

Il y a très peu de littérature en ce qui concerne l’analyse des impacts des DSRP sur la pauvreté. Peu de

recherches quantitatives ont été menées pour mesurer les effets des DSRP sur la réduction de la pauvreté.

Nous pensons dans le cas de l’ASS, que cela pourrait être dû au manque de disponibilité et de fiabilité

des données (voir Young, 2010 ; Henderson et al., 2008).

Étant donné la différence entre les DSRP des pays, la Banque Mondiale a soutenu qu’il y aurait des

divergences significatives dans les progrès réalisés par les pays qui implémentent et ceux qui ne le font

pas (Marshall et Walters, 2011, p.4). Faisant suite à cette assertion, un certain nombre d’organes

d’évaluation externes de la Banque Mondiale et du FMI ont publié en 2004, un rapport comprenant des

évaluations transnationales des progrès réalisés après la mise en œuvre du DSRP (voir IEO, 2004,

chapitre 6 ; OED, 2004, chapitre 3). En premier lieu, un rapport du Bureau indépendant des

évaluations (IEO) présentait les progrès accomplis par les pays ayant un DSRP par rapport aux pays

n’ayant pas un, sur la base d’un certain nombre d'indicateurs macroéconomiques tels que : la croissance

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économique et les termes de l'échange pour la période 2000-2002 (IEO, 2004, pp.79-81). Les auteurs du

rapport ont également comparé les données à celles de 1997-1999 soit la période d'avant la mise en œuvre

des DSRP. Les résultats ont été mitigés, et comme les auteurs n'ont pas pris en compte d'autres facteurs

potentiels pouvant expliquer les changements observés, toute association apparente avec la mise en

œuvre du DSRP pouvait très bien être erronée. Compte tenu de la durée limitée, il était également

discutable sur une base théorique que des changements aient pu être causés par la mise en œuvre du

DSRP. Enfin, il faut noter qu'aucun des indicateurs utilisés n'était directement lié à la pauvreté.

Le rapport du Département de l'évaluation des opérations (OED) quant à lui, comprenait quand même

une brève évaluation des progrès réalisés par les pays implémentant un DSRP, par rapport aux indicateurs

des OMD disponibles (OED, 2004, pp.33-34), mais cette évaluation était limitée aux 12 pays qui avaient

à l'époque publié des rapports de progrès annuels. Plus important encore, leurs progrès n'ont pas été

comparés à ceux des pays n'ayant pas mis en œuvre le DSRP, et en effet, les auteurs soulignent qu’« il y

a clairement des problèmes pour attribuer les progrès au cours de la période à l'introduction de l'Initiative

DSRP en raison de l'absence d'un contrefactuel. En outre, le DSRP a été introduit à des moments

différents dans chacun de ces pays » (ibid., p.34). Le manque considérable de données, combiné avec

encore une fois, le court laps de temps créent des problèmes supplémentaires qui limitent encore

davantage ce qui peut être conclu à partir des résultats.

Dans une étude non publiée, Bezemer et Eggen (2007; 2008, p.24) ont également tenté de déterminer si

la mise en œuvre des DSRP augmente les progrès vers les OMD. Contrairement aux rapports

susmentionnés, ils ont utilisé des régressions de données de panel pour ce faire. Cependant, en raison du

manque de données, les auteurs n'ont pu estimer l'effet que sur quatre indicateurs. Leurs résultats ont

aussi été mitigés : la mise en œuvre du DSRP s'est avérée positivement associée à une vaccination et une

scolarisation plus élevées, mais pas à une mortalité et un analphabétisme plus faibles. Au moment de leur

étude, les DSRP étaient mis en œuvre depuis cinq ou six ans. Les auteurs ont reconnu que la courte

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période de mise en œuvre était problématique, mais ont défendu leur étude en faisant valoir que les DSRP

devraient progresser dans quelques années (Bezemer et Eggen, 2008, p.3). Ce qui est plus problématique,

cependant, est le contrefactuel utilisé pour estimer les progrès, car, les auteurs ont limité leur population

aux pays à faible revenu, et plusieurs d'entre eux ont mis en œuvre des DSRP, il n'y avait plus assez de

pays pour constituer un groupe témoin. Au lieu de cela, Bezemer et Eggen ont comparé les valeurs

moyennes des indicateurs des OMD disponibles entre 1990-1999 et 2000-2005. Un problème important

avec cette approche est que de nombreux pays à faible revenu mettaient en œuvre des programmes

similaires dans les années 90, à savoir les PAS. Les auteurs n'ont fait aucun effort pour contrôler

l'influence de ces programmes, d’ailleurs ils ne les ont pas du tout mentionnés.

Dans une analyse distincte, qui fait également partie de leur article, Bezemer et Eggen (2007; 2008) ont

évalué la vitesse de mise en œuvre, la durée et la conception de plusieurs DSRP, afin d'estimer l'effet de

ces aspects sur les indicateurs des OMD. Ils ont constaté qu'un DSRP qui comprend « une meilleure

qualité des objectifs et des indicateurs était significativement associé à plus de progrès dans l'amélioration

des taux d'achèvement scolaire, mais aussi à une moindre progression des taux de scolarisation »

(Bezemer et Eggen, 2007, p.19). Pendant ce temps, des « actions politiques concrètes » mieux formulées

étaient associées à des taux de mortalité infantile et des moins de cinq ans plus faibles. Enfin, une

progression plus rapide des DSRP intérimaires au DSRP complet était associée à des taux plus faibles de

vaccination contre la rougeole et des taux de mortalité infantile plus élevés (ibid.). Il convient toutefois

de noter que les mesures utilisées pour la « qualité des cibles et des indicateurs » étaient basées sur une

évaluation de la Banque Mondiale qui ne couvre que le développement rural. De plus, on peut se

demander si le nombre de mois entre un DSRP intérimaire et un DSRP complet pourrait vraiment être

considéré comme une approximation de l'étendue du dialogue interne et de l’appropriation, comme les

auteurs l'ont suggéré (ibid., p.16).

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Dans une analyse de régression de données de panel similaire et non publiée, Marshall et Walters (2011)

ont étudié la relation entre la mise en œuvre du DSRP et les taux de pauvreté monétaire en contrôlant le

niveau de développement économique et les inégalités. Ils ont également estimé si l'effet principal était

conditionné par une croissance économique croissante et une diminution des inégalités. Pour mener leur

analyse, Marshall et Walters ont effectué des régressions avec des modèles à première différence et à

effets fixes bidirectionnels. Leur groupe de contrôle était constitué d'observations des pays qui

ne mettaient pas en œuvre les DSRP la même période, de 2000 à 2014. Ils ont utilisé un score de

propension correspondant à 25 pour créer un échantillon plus homogène de pays. Marshall et Walters

ont trouvé des preuves que la mise en œuvre des DSRP était significativement associée à la réduction de

la pauvreté, mais seulement lorsque la pauvreté était opérationnalisée en tant que pourcentage d'une

population vivant avec moins de 1,25 dollar par jour. Lorsque le seuil de pauvreté national de chaque

pays a été utilisé, les résultats n'étaient statistiquement significatifs à aucun niveau. L'effet estimé de la

mise en œuvre du DSRP sur la pauvreté selon le seuil international de pauvreté, semble avoir été quelque

peu conditionné à l'augmentation de la croissance économique, mais pas à la diminution des inégalités. À

partir de là, les auteurs ont conclu qu’« il est possible d'interpréter les DSRP comme des stratégies de

croissance remodelées, mais à base étroite ». Puisque, malgré la direction positive de la croissance

économique, elle est associée à une faible notion de croissance inclusive. Bien que cette croissance

profite aussi aux plus démunis, les plus aisés en bénéficient davantage, ce qui fait croitre les inégalités.

(Marshall et Walters 2011, p.29).

En plus de celles susmentionnées, nous avons trouvé dans nos recherches deux autres évaluations de la

performance des DSRP, ayant des aspects assez similaires. Tout d’abord, celle de Elkins, Feeny et

Prentice (2018) qui a été publiée dans une revue académique à comité de lecture ; puis, celle de Bohlers

(2019) dans le cadre d’une thèse en études internationales à l’université de Gothenburg. L’article de

Elkins, Feeny et Prentice (2018) semble assez similaire à celui de Bezemer et Eggen en ce qu'il cherche

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également à estimer l'effet de la mise en œuvre des DSRP sur les progrès vers les OMD. Mais,

contrairement à Bezemer et Eggen, et comme Marshall et Waters, Elkins et al. utilisent un groupe témoin

de pays de la même année et utilisent un score de propension pour les échantillonner. Ils effectuent

également une analyse de régression des données de panel, couvrant les observations entre 1999 et 2014,

et leurs modèles incluent des effets fixes bidirectionnels. Elkins et al. reconnaissent que « l'établissement

d'un DSRP fait généralement partie d'un vaste processus de réforme qui peut inclure un allégement de la

dette envers la communauté internationale ainsi qu'une aide étrangère supplémentaire » (2018, p.382),

mais ils ne tiennent pas compte de ces variables. Au lieu de cela, ils contrôlent l'effet des trois variables

suivantes : PIB par habitant, dépenses de santé et gouvernance. La variable « gouvernance » est une

version indexée des six dimensions des Indicateurs mondiaux de gouvernance (WGI). Compte tenu de

l'éventail des phénomènes capturés par ces six dimensions, il est contestable que cette variable exprime

des actions de bonnes ou de mauvaises gouvernances. En fait, son effet estimé n'est statistiquement

significatif que pour un seul indicateur (mortalité maternelle, à un seuil de 90 %). Faisant écho à Marshall

et Walters (2011), Elkins et al. ont constaté que la mise en œuvre des DSRP était positivement associée

à une réduction de la pauvreté selon le seuil international de pauvreté. En outre, ils ont trouvé des

associations positives avec une réduction de la mortalité infantile, une amélioration de la scolarisation

primaire et la parité entre les sexes. Les auteurs interprètent cela comme une preuve suggérant que « les

DSRP devraient continuer comme mécanisme pour opérationnaliser » les ODD (Elkins et al., 2018,

p.388).

L’étude de Bohlers (2019) quant à elle portait sur l’estimation de la relation entre la mise en œuvre des

DSRP et la pauvreté multidimensionnelle (mesurée par les quatre premiers ODD se rapportant

directement à la lutte contre la pauvreté). Elle couvrait 103 pays pauvres non fragiles, sur une période de

17 ans (entre 2000 et 2016). L’auteur a considéré un groupe de traitement (pays mettant en œuvre le

DSRP) et un groupe de contrôle (pays ne mettant pas en œuvre le DSRP sur la même période). Il a

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effectué une analyse de régression de données de panel en utilisant la méthode « difference-in-

difference », incluant les « effets fixes » liés aux pays, ainsi que ceux liés au temps. Ses résultats

démontrent qu’au départ, avant l'ajout des effets fixes, les modèles utilisés indiquaient que la pauvreté

multidimensionnelle augmentait lorsque les pays pauvres mettaient en œuvre les DSRP. Cependant,

lorsqu’il a contrôlé les différences entre les pays (effets fixes), le signe du coefficient a changé de

direction dans tous les modèles. Cela suggérait que, la mise en œuvre du DSRP a effectivement conduit

à une réduction de la pauvreté. Il a également trouvé que, la mise en œuvre réussie du DSRP semblait

initialement avoir été quelque peu conditionnée à un PIB par habitant plus élevé. Moins de mères étaient

décédées à cause des grossesses lorsque les pays mettaient en œuvre les DSRP même si le PIB par

habitant avait diminué. En bout de ligne, l’auteur conclut que : « la mise en œuvre du DSRP a réduit la

sous-alimentation mais accru la pauvreté (monétaire) dans les pays pauvres » (Bohlers, 2019).

En somme, malgré les avis mitigés des auteurs, nous pouvons dire sur la base de la littérature existante

que la mise en œuvre des DSRP a permis des améliorations au niveau de certains indicateurs de la

pauvreté multidimensionnelle. La plupart des analyses faites en sont d’ailleurs arrivées à la conclusion

que les DSRP ont un effet positif sur la réduction de la pauvreté. Cependant, il faudrait remarquer que la

quasi-totalité des recherches effectuées jusque-là portait sur des données agrégées au niveau des pays

(macro-données), ainsi que sur des indicateurs définis par les OI. Avec une approche différente, l’étude

que nous entreprenons dans le cadre de cette recherche tentera d’apporter un aspect novateur dans la

littérature existante. En effet, nous nous servirons des données directement collectées auprès des

individus (micro-données), et notre variable dépendante sera matérialisée par « les conditions de vie

autodéclarées par les individus », et non par des mesures de pauvreté établies au niveau des OI. De plus,

nous avons trouvé une manière de considérer jusqu’à 7 indicateurs « objectifs » pouvant permettre de

mesurer la pauvreté multidimensionnelle dont peuvent souffrir les personnes.

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2- Données et méthodologie

2-1 Données

Pour mener à bien cette recherche, nous utiliserons trois sources de données :

1. Les données issues des enquêtes sur la qualité de la démocratie et la gouvernance au sein de 36

pays africains (dont 33 sont de l’Afrique Subsaharienne) réalisées par Afrobaromètre entre 2002

et 2018 (round 2 à round 7).

Afrobaromètre se positionne comme leader mondial dans les projets de recherche sur les questions qui

affectent les hommes et les femmes ordinaires d’Afrique (Afrobarometer, s.d(a)). L’âge des enquêtés est

de 18 ans ou plus. L’unité d’échantillonnage c’est le ménage. À la base, chaque ménage a été choisi

aléatoirement, puis il s’en est suivi un schéma de marche utilisant un intervalle de 5/10.

Ce sont des données de pseudo-panel, puisqu’il s’agit d’un regroupement de données individuelles

d’enquêtes indépendantes comparables effectuées en différentes périodes de temps, sur la même

population de référence et selon la même méthodologie. Elles nous procurent donc divers avantages

comme la réduction des problèmes de valeurs nulles et d’erreurs sur les variables. Ces problèmes étant

souvent causés par la sortie de certains individus du panel ou leur refus de répondre au fur et à mesure

que le temps passe, par le rééchantillonnage systématique des individus dans les mêmes cohortes

d’enquête (T. Magnac, 2005). En outre, puisque ces données peuvent être construites pour des périodes

plus longues, on peut analyser les processus d’ajustement lent pour estimer sur de longues périodes et

comparer différentes unités d’observation (comme tel est le cas dans cette étude).

Les données regroupées de notre échantillon complet ont 425 004 observations. Les effectifs des pays

d’Afrique Subsaharienne varie de 2 387 individus pour le plus petit à 10 789 individus pour le plus grand.

(Les détails seront fournis en annexe 4).

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2. Les données du PIB par tête en $ constants de 2017, des pays de l’Afrique Subsaharienne faisant

partie de notre échantillon.

Ces données sont tirées du site « World Development Indicators » de la Banque Mondiale et accessibles

gratuitement (Banque Mondiale, s.d). Elles constitueront les modalités de notre variable « PIB ».

3. Les données sur la corruption par pays pendant la période étudiée.

Ces données sont issues de la base de données de Transparency International et également accessibles

gratuitement (Transparency International, s.d).

4. Les données relatives à l’existence ou non d’une stratégie de réduction de la pauvreté8 dans les

pays concernés par notre étude, pendant la période étudiée (2012 à 2018).

Nous avons recueilli ces données à l’aide du site du Fonds Monétaire International (FMI) qui regroupe

les différents Documents de Stratégie pour la Réduction de la pauvreté (DSRP) de chaque pays

(International Monetary fund, s. d). Nous avons aussi effectué une recherche supplémentaire sur Google

et Google Scholar afin de compléter les informations issues du site du FMI. Ces données seront utilisées

comme modalités de notre « variable d’effet de la politique » ou variable explicative (indépendante)

principale : «PRS9».

2-2 Méthodologie

Nous allons utiliser l’estimateur du modèle de probabilité linéaire à effets fixes. Cette méthode nous

semble appropriée car elle nous permet d’inclure les variables indicatrices temporelles, et les paramètres

de nuisance (ou variables des effets individuels) dans le modèle. Cela nous procure l’avantage de ne pas

voir tous les coefficients estimés être biaisés par l’oubli de telles variables, étant donné que les chocs

8 Annexe 5 9 Poverty Reduction Strategy/Stratégie de Réduction de la Pauvreté

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agrégés, sources d’hétérogénéité sont en général très significatifs (T. Magnac, 2005). Ce modèle peut

cependant révéler d’étranges résultats de probabilités difficiles à interpréter, du fait de la linéarité

(probabilités inférieures à 0 ou supérieures à 1). Cependant, les autres alternatives à ce modèle qui sont

des modèles non linéaires (logit, probit, etc.) ne nous permettent pas d’inclure les effets fixes des pays et

temporels car elles posent plusieurs problèmes statistiques. Le principal problème étant que : le nombre

de groupes tend vers l’infini, ce qui fait augmenter le nombre de paramètres dans les mêmes proportions,

rendant ainsi les estimations non significatives.

Notre modèle de régression principal est donc de la forme :

𝑺𝑹𝑳𝑪𝒊𝒄𝒕+𝟏 𝒓𝒐𝒖𝒏𝒅 = 𝜷𝟎 + 𝜷𝟏𝑷𝑹𝑺𝒄𝒕 + 𝜷𝟐𝑷𝑰𝑩𝒄𝒕 + 𝜷𝟑𝑪𝒐𝒓𝒓𝒖𝒑𝒕𝒊𝒐𝒏𝟏𝒄𝒕 + 𝜷𝟒𝑼𝒓𝒃𝑹𝒖𝒓𝒊𝒄𝒕 +

𝜷𝟓𝒄𝒐𝒏𝒇𝒍𝒊𝒄𝒕𝒊𝒄𝒕 + 𝑬𝒅𝒖𝒄𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 − 𝒄𝒂𝒕𝒊𝒄𝒕 + 𝑬𝒎𝒑𝒍𝒐𝒚𝒎𝒆𝒏𝒕 − 𝑺𝒕𝒂𝒕𝒖𝒔𝒊𝒕 + 𝑫𝒊𝒎𝒆𝒏𝒔𝒊𝒐𝒏𝒔_𝒄𝒂𝒕𝒊𝒄𝒕 +𝜶𝒊 + 𝝀𝒕 +

℮𝒊𝒕

Avec :

i = 1, …, n les indices des individus

c = 1,…, n les indices des pays

t = 1, …, T les indices des dates

L’effet fixe temporel 𝜆𝑡 (datet) mesure les variables omises identiques pour les différents individus mais

variant avec le temps. Il contrôle les facteurs qui modifient les conditions de vie auto-déclarées au fil du

temps mais sont communs à tous les individus. Les paramètres αi (Countryi) sont dits paramètres de

nuisance par opposition aux paramètres d’intérêt β, car ils nuisent à l'estimation directe des β. Ils varient

selon les pays mais restent constants dans le temps. ℮𝑖𝑡 est le facteur résiduel, il représente l’erreur dans

l’estimation de notre variable dépendante. Il contient les facteurs autres que nos variables indépendantes

qui pourraient avoir un impact sur notre variable dépendante.

La variable dépendante (SRLC), a été créée en tant que variable numérique égale à 1 si le répondant a

déclaré vivre dans d’assez bonnes ou des très bonnes conditions et 0 autrement. Il s’agit d’une estimation

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subjective de la pauvreté en conditions de vie (variable de bien-être subjectif) des individus vivant en

Afrique Subsaharienne. Les répondants ont fourni des réponses à la question : « comment décririez-vous

vos conditions de vie actuelles ? » [Notre traduction]. Nous partons de l’assertion de Ravallion (2010),

selon laquelle, toute définition de la pauvreté devrait être largement acceptée dans le contexte spécifique

dans lequel elle est utilisée. Le seuil de pauvreté absolue10 semble plus adéquat pour mesurer la pauvreté

dans les pays pauvres que dans les pays riches, c’est pourquoi nous préférons utiliser cette variable pour

mesurer la pauvreté dans les contextes propres à chaque individu. Un certain nombre d’auteurs utilisent

d’ailleurs cette variable de bien être subjectif corrélée aux caractéristiques des ménages (sexe, age,

revenu, éducation, statut d’emploi, autres dimensions de la pauvreté …), afin de mesurer la pauvreté dans

des contextes précis (voir par exemple Ravallion et Lokshin (2001; 2002; 2010); Graham et Pettinato

(2002); Senik (2004); Luttmer (2005); Ferrer-i-Carbonell (2005); Herrera et al. (2006); Bishop et Luo

(2006); Kingdon et Knight (2006, 2007); Fafchamps et Shilpi (2009); Knight et Gunatilaka (2010);

Castilla (2010)). C’est ce qui justifie également le fait que nous ayons inclus dans notre modèle la variable

« dimensions » détaillée plus bas. En outre, nous nous attendons à ce que les effets des stratégies de

réduction de la pauvreté soient différés, c’est pourquoi nous allons aussi considérer la variable

dépendante « SRLC + 1 round » décalant ainsi la période de traitement de 3 ans en moyenne.

La variable indépendante (PRS) est également une variable numérique égale à 1 si le pays implémente

une stratégie de réduction de la pauvreté pendant une année donnée et 0 s’il n’en implémente aucune.

Les réformes entreprises dans le cadre de la réduction de la pauvreté n’étant pas facilement réversibles

après leur mise en œuvre, nous supposons ici que les effets des stratégies de réduction de la pauvreté

durent toute la période de notre analyse (jusqu’en 2018) à partir du lancement de la première stratégie

par un pays donné. Cependant, nous pensons qu’il est raisonnable de supposer qu’il y a un certain

décalage entre la période de mise en œuvre et les effets, c’est pourquoi nous mesurerons aussi le temps

10 Vivre avec moins de 1,90$ par jour.

Page 45: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

44

de traitement par la période de mise œuvre de la stratégie plus 1 round d’enquête (soit 3 ans en moyenne)

en modifiant notre variable dépendante. Il existe cependant quelques limitations inévitables à notre

variable PRS. Tout d'abord, elle ne permet pas de saisir à quel point les PRS étaient alignés sur les

différents paradigmes de développement, ensuite la mesure dans laquelle chaque stratégie peut être

considérée comme « appropriée » dans le pays la mettant en œuvre, ou alors la mesure dans laquelle les

politiques énoncées dans les PRS ont été pleinement et correctement mises en œuvre. Bien qu'il soit

difficile d'imaginer une méthode fiable pour déterminer quantitativement l'appropriation nationale des

PRS, l'alignement des paradigmes et la mise en œuvre complète/correcte auraient pu être déterminés en

évaluant systématiquement chaque DSRP et chaque rapport annuel d'avancement publié pour les pays

les mettant en œuvre. Une telle entreprise dépasse largement le cadre de notre projet de mémoire.

Les variables de contrôle

Dans le but d’éviter les biais dans l’estimation de notre paramètre d’intérêt 𝛽1, nous introduirons dans

notre modèle des variables de contrôle qui sont les plus susceptibles d’expliquer des variations aussi bien

de notre dépendante (SRLC) que de notre variable indépendante (SRLC).

La variable « PIB » représente le produit intérieur brut par habitant au sein d’un pays donné à une

période de temps précise. Nous avons divisé les valeurs par 1 000 afin d’avoir une échelle comprenant

uniquement les nombres de 1 à 2 chiffres dans notre régression, simplifiant ainsi l’analyse des résultats.

Cette variable nous permet de contrôler la situation économique du pays, ce qui s’avère important car, à

mesure que les pays s'enrichissent, leurs citoyens deviennent plus riches (moins de pauvres) et leurs

gouvernements peuvent dépenser plus pour la réduction de la pauvreté (moins de pauvreté). Le PIB par

habitant est le produit intérieur brut converti en dollars internationaux en utilisant les taux de parité du

pouvoir d'achat. Un dollar international a le même pouvoir d'achat sur le PIB que le dollar américain aux

États-Unis. Le PIB au prix d'achat est la somme de la valeur ajoutée brute de tous les producteurs

Page 46: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

45

résidents du pays plus les taxes sur les produits et moins les subventions non incluses dans la valeur des

produits. Il est calculé sans déduire la dépréciation d'actifs fabriqués ou l'épuisement et la dégradation

des ressources naturelles. Les données sont en dollars internationaux constants de 2017. (Banque

Mondiale, s.d).

La variable « Corruption1 » a été créée en tant que variable numérique prenant la valeur 1 pour les

pays avec un mauvais indice de perception de la corruption/niveau de corruption élevé (Indice de 0 à 30)

et 0 pour les pays avec un bon indice de perception de la corruption/niveau de corruption faible ou moyen

(Indice de plus de 30). Nous avons choisi le chiffre 30 car il représente la valeur moyenne dans la

distribution des indices de perception de la corruption au sein de notre échantillon. L’échelle d’évaluation

des indices retenue par Transparency International allant de 0 pour les pires indices à 100 pour les

meilleurs (Transparency International, s.d). Nous effectuerons un test de robustesse de notre régression

en considérant un seuil d’indice de perception de la corruption différent (indice de 0 à 40), dans le but de

vérifier la fiabilité de cette variable dans nos estimations. La corruption est très importante à mesurer

surtout dans le contexte de l’ASS où selon les classements internationaux, la plupart des pays ont les

niveaux de corruption les plus élevés dans le monde. Ce fléau par lequel les ressources financières (déjà

peu nombreuses) sont détournées à d’autres fins, empêche aux dirigeants de prendre des décisions

éclairées tout en maintenant les populations dans la pauvreté.

La variable « Dimensions » est une variable composite représentant le nombre de dimensions objectives

de pauvreté dans l’environnement du répondant (de 0 à 7) parmi : « school, police station, health clinic,

market stalls, sewage system, electricity, water ». Par exemple, si le répondant a juste une clinique de

santé dans son environnement, cette variable prendra la valeur de 1. Nous trouvons qu’il est important

de la contrôler dans notre régression car la présence de ces infrastructures, facilités ou services dans un

environnement détermine le niveau de pauvreté du pays et peut aussi impacter les conditions de vie

autodéclarées par les individus, tel que nous l’avons expliqué plus tôt. Pour les régressions que nous

Page 47: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

46

allons effectuer, nous utiliserons les catégories de dimensions afin de simplifier l’interprétation des

résultats. Nous avons codifié la variable et obtenu les modalités suivantes : « dimensions_cat » : 1 =

Low living conditions/Very poor (0,1,2) ; 2 = Middle living conditions (3,4,5) ; 3 = High living conditions

(6,7).

Les catégories représentant le niveau d’éducation « Education_cat » et les catégories d’emploi rémunéré

« Employment_cat » pourraient expliquer le fait qu’un pays s’aligne à une stratégie internationale de

développement (par conséquent ait un programme de réduction de la pauvreté) et ainsi impacter la

déclaration des conditions de vie. De même, la présence ou non d’un conflit « Conflict », peut expliquer

le besoin de recourir à l’aide internationale (par conséquent avoir une PRS) et conditionner la façon dont

les individus perçoivent leurs conditions de vie. L’explication est la même pour la variable « UrbRur »

car il est communément admis que les réalités des zones urbaines sont différentes de celles des zones

rurales. Alors, les zones rurales étant généralement plus pauvres, le niveau d’urbanisation d’un pays

pourrait expliquer l’existence d’un programme de lutte contre la pauvreté (PRS) et aussi les conditions

de vie autodéclarées des individus.

La description complète des variables est contenue en annexe 6.

Nous allons exclure de l’échantillon, les répondants dont le pays n’est pas de l’ASS (Algérie, Maroc,

Tunisie et Égypte) et filtrer les personnes qui n’ont pas des réponses valides pour les variables que nous

utiliserons.

Pour établir un lien de causalité entre deux variables, il est primordial d’analyser quatre obstacles qui

pourraient empêcher de penser à un lien de cause à effet entre ces variables (Kellstedt et Whitten, 2018,

chap.3). Cette analyse se fait en répondant aux questions suivantes (Ibid.) :

- Existe-t-il un mécanisme causal crédible associant les PRS aux SRLC ? Oui il y a un

mécanisme causal crédible qui connecte les PRS aux SRLC car, l’implémentation des stratégies

Page 48: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

47

de réduction de la pauvreté est supposée améliorer les conditions de vie des individus. En effet,

la chaine de causalité incluant les variables que nous analyserons ici est telle que : les stratégies

internationales de développement nécessitent des programmes pour atteindre leurs objectifs. De

plus, la plupart des programmes (dans notre cas il s’agit des PRS) essaient d’améliorer des

éléments tels que l’état des routes, les centres de santé, la présence des écoles, les programmes

de protection sociale, les subventions (par exemple école primaire sans frais) etc., cela devrait

donc améliorer la variable des dimensions, ce qui devrait à son tour contribuer à améliorer les

conditions de vie autodéclarées (SRLC).

- Peut-on avoir la possibilité que ce soit les SRLC qui causent les PRS ? De prime à bord, on

pourrait penser à la possibilité selon laquelle les SRLC causent les PRS (en énonçant que les

stratégies de réduction de la pauvreté sont mises sur pied suite à l’observation de l’augmentation

de la pauvreté dans les pays – par conséquent mauvaises conditions de vie). Si plusieurs personnes

déclarent vivre dans des mauvaises conditions, alors les stratégies de réduction de la pauvreté

pourraient être mises en place. Cependant le processus d’élaboration des programmes de lutte

contre la pauvreté (PRS), tel que présenté par Cling, Razafindrakoto et Roubaud (2004) ne tient

pas compte des déclarations des individus ni des mouvements de la société civile. Il est d’ailleurs

réservé aux pays ayant besoin d’aide ou de la réduction de leurs dettes. Par ailleurs, dans le

contexte particulier des pays de l’ASS, la participation imposée comme condition au processus

du d’établissement du DSRP n’est pas toujours effective (confère partie sur l’élaboration du

DSRP).

- Existe-t-il une covariation entre les deux variables ? D’après les résultats de notre modèle de

régression, le coefficient de la variable « PRS » et le R2 sont différents de 0. Ce qui montre qu’il

y a bien une covariation entre les deux variables. De plus, sur la base de la littérature que nous

avons exploré sur le sujet, nous pouvons formuler l’hypothèse (H1) selon laquelle le coefficient

Page 49: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

48

de variation de nos variables dépendante (SRLC) et indépendante principale (PRS) serait positif

mais de faible ampleur, car l’existence des programmes de lutte contre la pauvreté ne se traduit

pas forcément par une mise en œuvre et un suivi concrets et efficaces. Notre hypothèse nulle H0

étant que : implémenter ou pas un DSRP n’a aucun impact sur les conditions de vie des

personnes, lorsqu’on contrôle un certain nombre d’autres facteurs importants contribuant à

expliquer ces conditions de vie.

- Existe-t-il d’autres variables (en dehors de celles contrôlées dans le modèle de régression)

pouvant expliquer à la fois la variable dépendante et la variable indépendante ? comme autre

variable de confusion pouvant permettre d’expliquer les PRS et les conditions de vie auto-

déclarées, nous pensons à la mauvaise gouvernance. Cependant, on pourrait dire que la mauvaise

gouvernance est indirectement contrôlée par les variables « dimensions » et « corruption1 » qui

reflètent les résultats des actions de bonne ou mauvaise gouvernance. De plus, cette variable

décrirait des changements dans l’environnement et le biais engendré par son omission pourrait

donc aussi être corrigé en partie par les effets temporels inclus dans le modèle de régression.

Après avoir répondu à ces questions, nous pensons qu’il est tout à fait raisonnable de parler d’un lien de

cause à effet entre notre variable indépendante principale (PRS) et notre variable dépendante (SRLC).

Néanmoins, nous tenons à préciser que notre modèle comporte certaines limites pouvant également

causer des bais dans l’estimation des coefficients des variables. Les principales limites étant que :

- Le modèle suppose que l'effet des DRSP est le même tout au long de son existence dans un pays.

Ce qui n'est probablement pas vrai car les effets peuvent être différents dépendamment des

périodes de temps. Certains pays peuvent avoir des effets plus rapides que d’autres et ces effets

peuvent impacter différemment les conditions de vie tout au long de cette période. Cette limite

est en partie maitrisée par le retardement de l’effet de la variable « SRLC » d’une ronde

Page 50: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

49

d’enquête. De plus, le nombre limité de rondes d’enquête et la perte d'observations sont des coûts

importants pour obtenir un modèle dynamique plus réaliste (par exemple avec une variable

« SRLC + 2 rounds »). Par ailleurs, nos données couvrent une période assez grande allant

quasiment du lancement de l’approche DSRP (2002) jusqu’à 16 ans plus tard (2018). Il y a donc

à notre avis suffisamment de temps pour analyser les retombées des DSRP.

- Le modèle de régression a un contrefactuel relativement faible car, le groupe témoin dans chaque

ronde d’enquête est très limité. Dans chaque ronde, très peu de pays n’ont pas implémenté de

DSRP. Néanmoins, parmi les pays d’ASS que nous étudions, nous avons l’Afrique du Sud qui

n’a pas implémentée de stratégie de réduction de la pauvreté d’envergure internationale/DSRP

pendant toute la période analysée.

3- Présentation et analyse des résultats

3-1 Description statistique sommaire des données

Pour avoir les informations concernant notre variable dépendante (SRLC), Afrobaromètre a collecté les

réponses à la question de savoir comment les répondants pourraient décrire leurs conditions de vie

actuelles. Les réponses ont été telles que présentées dans le tableau ci-dessous :

Tableau 1 : Statistiques descriptives de la variable dépendante

Pourcentages des individus ayant répondu sur leurs conditions de vie autodéclarées

Réponses Question Pourcentages

1 : Very bad

How would you describe your own

present living conditions?

20,8

2 : Fairly bad 27,8

3 : Neither good nor bad 19,0

4 : Fairly good 27,3

5 : Very good 5,1

Pourcentages de la variable dépendante SRLC

1 : Fairly good or very good

32,4

0 : Otherwise 67,6

Source : calculs de l’auteure à partir des données d’Afrobaromètre (s.d(b)) round 2 à 7.

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50

Nous effectuerons également un contrôle de robustesse en considérant une codification différente de

notre variable dépendante. Nous aurons une variable SRLC1 pour laquelle, la valeur 1 est attribuée aux

répondants ayant donné les réponses 1, 2 ou 3 et la valeur 0 autrement.

Le graphique suivant présente l’évolution des réponses au fil des enquêtes.

Graphique 5 : Évolution des conditions de vie autodéclarées au fil des enquêtes

Pour mettre en œuvre une enquête dans un pays donné, le réseau Afrobaromètre a fixé des conditions

nécessaires et critères à respecter. Cela dépend de la disponibilité des fonds et de la capacité des citoyens

d'exprimer ouvertement leur opinions (Afrobaromètre, s.d(c)). C’est ce qui explique les variations dans

le nombre de pays où les enquêtes sont effectuées au fil des rondes.

Source : calculs de l’auteure à partir des données d’Afrobaromètre (s.d(b), round 2 à round 7)

Nous constatons en considérant l’échantillon complet que, pendant la durée des enquêtes, les répondants

ont le plus souvent décrit leurs conditions de vie comme « 2 : assez mauvaises » (27,8 % en moyenne).

Page 52: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

51

Dans les zones urbaines, la majorité des répondants ont estimé vivre dans d’« 4 : assez bonnes

conditions » (29 % en moyenne), tandis que dans les zones rurales, la plupart estimaient plutôt vivre dans

d’« assez mauvaises conditions » (29,3 % en moyenne). En répartissant les pays en deux groupes selon

leur PIB par tête, nous avons trouvé que dans les 4 pays les plus riches de l’échantillon11, les individus

ont le plus qualifié leurs conditions de vies comme « 4 : assez bonnes » (30,7 % en moyenne) tandis que

dans les pays les plus pauvres, la réponse la plus donnée au sujet des conditions était qu’elles sont « 2 :

assez mauvaises » (28,1 % en moyenne).

Le tableau 2 présente la distribution en pourcentages de la variable indépendante ainsi que des variables

de contrôle.

Tableau 2 : Distribution en pourcentages de la variable indépendante ainsi que des variables de contrôle

Variable Pourcentages des

répondants

Variables

recodées

Pourcentage

s

PRS (Pays ayant une stratégie de réduction de la

pauvreté)

2002 75,8

2003 78,8

2004 81,8

2005 84,8

2006 87,9

2007 87,9

2008 90,9

2009 87,9

2010 87,9

2011 84,8

2012 84,8

2013 87,9

2014 87,9

2015 84,8

2016 78,8

2017 75,8

2018 72,7

11 Botswana, Gabon, Mauritius et South Africa (confère annexe 7)

Page 53: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

52

Variable Pourcentages

des répondants Variables recodées

Pource

ntages

Conflict

1 : YES Presence of Policemen or police vehicles / soldiers or

army vehicles in the primary sampling unit 31,1

0 : Otherwise 68,9

Corruption1

1 : Bad CPI (<= 30) 43,4

0 : Medium or good CPI (> 30) 56,6

Education_Level Education_cat

0 : No formal schooling 11,5

1 : No schooling or some

(informal/primary) schooling 27,4

1 : Informal schooling only 3,8

2 : Completed Primary

schooling / some high school 27,1

2 : Some primary schooling 12,9 3 : Completed high school 17,3

3 : Primary school completed 10,5

4 : Post-secondary schooling

(some or completed) 28,1

4 : Some high school 16,9

5 : High school completed 17,1

6 : Post secondary qualification (not university) 8,9

7 : Some university or college 6,7

8 : University, college completed 9,7

9 : Post graduate 2,1

URBRUR UrbRur

1 : Urban 39,1 0 : Rural 60

2 : Rural 60 1 : Urban 40

3 : Semi-urban 0,8

460 : Peri-urban 0,1

Job Employment_Status

0 : No (not looking) 36,6 1 : Unemployed 64,1

1 : No (looking) 28 2 : Yes, employed part-time 12,2

2 : Yes, part time (not looking) / Yes part time 9,6 3 : Yes, employed full-time 23,2

3 : Yes part time (looking) 2,6

4 : Yes full time (not looking) 4,2

5 : Yes full time (looking)/ yes full time 19,1

Dimensions Dimensions_cat

0 5,4

1 : Low living conditions/Very

poor (0,1,2) 32

1 11,9

2 : Middle living conditions

(3,4,5) 45

2 14 3 : High living conditions (6,7) 23

3 16,2

4 15,3

5 13,4

6 11,9

7 11,9

PIB (seuil de faible revenu) 72,4 Sources : calculs de l’auteure à l’aide des données du FMI (s.d), Banque Mondiale (s.d), Transparency International (s.d) et

Afrobaromètre (s.d(b), round 2 à round 7).

Page 54: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

53

Il ressort de ce tableau que : pour chaque année de 2002 à 2018, la majorité des pays (plus de 70 %) a

adopté une stratégie de réduction de la pauvreté. La présence des conflits dans les unités résidentielles

des répondants a été relativement faible (31,1 %). 43, 4 % des pays ont un mauvais indice de perception

de la corruption au seuil que nous avons retenu (30/100). Le plus grand pourcentage de répondants avait

un niveau d’étude post secondaire (28,1%), pourtant, la plupart des personnes ayant participé à l’enquête

(64,1 %) étaient sans emploi. 60 % des répondants proviennaient des zones rurales, tandis que les autres

40 % vivaient dans des zones soit urbaines, soit semi urbaines, soit péri urbaines. Malgré que le plus

grand nombre de répondants (45%) a entre 3 et 5 dimensions objectives de bien-être dans leur milieu de

vie, il y a encore en ASS un grand nombre de personnes (32 %) vivant dans des conditions très pauvres

avec 0 ou 1 seule dimension et peu de personnes (23%) réussissant à avoir 6 ou 7 dimensions pourtant

basiques de bien-être dans leur milieu de vie.

72,4 % des pays de l’échantillon ont eu un seuil de faible PIB par tête durant la période étudiée. Le seuil

de PIB par tête retenu ici étant issu de la classification de la Banque Mondiale, soit 3 995$. (Voire Banque

Mondiale, 2019b). Le graphique en annexe 7 présente l’évolution du PIB par tête dans les pays, au cours

de la période étudiée.

3-2 Résultats de la régression à effets fixes

Nous analysons dans cette partie les résultats de nos régressions et test statistiques. Nous avons trois

tableaux qui présentent les résultats de nos calculs, chaque tableau comprenant plusieurs modèles classés

en fonction des variables utilisées. Ici, nous en présenterons deux (tableau 3 et tableau 4), le troisième

figurera à l’annexe 8.

Page 55: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

54

• Modèle de régression principal

Tableau 3 : Résultats de la régression à effets fixes du modèle de régression principal

Dependent variable: 𝑺𝑹𝑳𝑪𝒊𝒄𝒕+𝟏 𝒓𝒐𝒖𝒏𝒅

(1) (2) (3) (4) (5) (6) (7)

PRS 0.024*** 0.023*** 0.023*** 0.029*** 0.031*** 0.031*** 0.032*** (0.004) (0.004) (0.004) (0.004) (0.004) (0.004) (0.004)

PIB 0.004*** 0.007*** 0.007*** 0.007*** (0.0004) (0.0005) (0.0005) (0.0005)

Corruption1 0.061*** 0.060*** 0.061*** (0.005) (0.005) (0.005)

UrbRur -0.001 0.0002 (0.002) (0.002)

Conflict -0.011*** (0.002)

factor(Education_cat)2 0.012*** 0.013*** 0.011*** 0.010*** 0.010*** 0.011*** (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002)

factor(Education_cat)3 0.012*** 0.012*** 0.010*** 0.009*** 0.009*** 0.009*** (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002)

factor(Education_cat)4 0.007*** 0.007*** 0.005** 0.004 0.004 0.004 (0.003) (0.003) (0.003) (0.003) (0.003) (0.003)

factor(Employment_Status)2 -0.004* -0.004* -0.004* -0.005** -0.005** -0.005** (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002)

factor(Employment_Status)3 0.0004 0.0004 -0.001 -0.001 -0.001 -0.001 (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002)

factor(Dimensions_cat)2 0.004** 0.003 0.003 0.003 0.005*** (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002)

factor(Dimensions_cat)3 -0.001 -0.003 -0.004* -0.004 0.001 (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.003)

Observations 425,004 425,004 425,004 425,004 425,004 425,004 425,004

R2 0.064 0.064 0.064 0.065 0.065 0.065 0.065

Adjusted R2 0.058 0.058 0.058 0.058 0.059 0.059 0.059

Residual Std. Error

0.452

(df =

422156)

0.452

(df =

422151)

0.452

(df =

422149)

0.452 (df

=

422148)

0.452 (df

=

422147)

0.452 (df

=

422146)

0.452 (df = 422145)

Notes: Valeur p : *significatif à 10 % ; **significatif à 5 % ; *** significatif à 1 %.

Les erreurs standards sont présentées entre parenthèses.

Sources : calculs de l’auteure à l’aide des données du FMI (s.d), Banque Mondiale (s.d), Transparency

International (s.d) et Afrobaromètre (s.d(b), round 2 à round 7).

Page 56: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

55

Les résultats de régression de notre modèle de probabilité linéaire à effets fixes nous montrent que,

lorsqu’on considère un décalage de l’effet des stratégies de réduction de la pauvreté/DSRP sur les

conditions de vie, les stratégies de réduction de la pauvreté ont un effet positif et significatif (au seuil

de 1%) sur les conditions de vie autodéclarées en ASS. Pour notre échantillon complet (colonne 7 du

tableau 3), en contrôlant le PIB, le niveau de corruption, la géolocalisation, la présence de conflits, le

niveau d’éducation, le statut d’employabilité et les dimensions objectives de conditions de vie,

l’implémentation d’une stratégie de réduction de la pauvreté ou d’un DSRP est associée à une

augmentation de 3,2% de la probabilité de déclarer vivre dans de bonnes conditions. Ce résultat est

significatif au seuil de 1%. Cette probabilité augmente au fur et à mesure qu’on ajoute des variables de

contrôle dans la régression.

Concernant les variables de contrôle, les estimations des coefficients sont significatives à l’exception de

la variable « UrbRur ». Un niveau d’éducation plus élevé diminue la probabilité de déclarer vivre dans

de bonnes conditions par rapport aux personnes n’ayant pas fait ou ayant fait très peu d’études.

L’explication pourrait être due au fort chômage enregistré ASS malgré le niveau d’étude élevé de la

population adulte de notre échantillon (confère statistiques descriptives). Le statut d’emploi est

négativement associé à la probabilité de déclarer vivre dans de bonnes conditions. En effet, les personnes

travaillant à temps partiel ont une diminution de 5% de leur probabilité de déclarer vivre dans de bonnes

conditions par rapport aux personnes non employées (résultat significatif au taux de 5%). Pourtant, pour

les personnes travaillant à temps plein, la diminution est de 1%, mais ce résultat n’est pas significatif.

Nous nous demandons si la cause serait les mauvaises conditions de travail ou alors le fait que les

personnes n’occupent pas forcément les emplois qui leur conviennent ? Cela pourrait constituer un point

important pour de plus amples recherches. Les catégories de dimensions sont positivement associées à

la probabilité de déclarer vivre dans de bonnes conditions. Cependant, cette probabilité diminue lorsque

Page 57: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

56

la catégorie de dimension est plus élevée. Lorsque le PIB par tête augmente d’une unité, il y a aussi une

augmentation de la probabilité de déclarer vivre dans de bonnes conditions, mais cette probabilité est

assez faible, soit de 0,7% (résultat significatif au seuil de 1%). Dans les pays classés comme corrompus

(indice de perception de la corruption inférieur ou égal à 30) la probabilité de déclarer vivre dans de

bonnes conditions augmente de 6,1% par rapport aux pays peu ou pas corrompus. Cette probabilité

représente le double de celle relative à l’implémentation d’une stratégie de réduction de la pauvreté.

Vivre en zone urbaine contribue très faiblement à augmenter la probabilité de vivre dans de bonnes

conditions. L’estimation de ce coefficient n’est pas significative. La présence d’un conflit diminue la

probabilité de vivre dans de bonnes conditions de 1,1%, ce résultat est significatif au seuil de 1%.

Les résultats du test statistique lié au modèle principal de notre échantillon nous montrent que :

- Le coefficient R2 indique que seulement environ 6,5 % des conditions de vie autodéclarées par

les personnes vivant en Afrique Subsaharienne sont expliquées par la variable indépendante

principale, les variables de contrôle, les effets des pays et les effets liés au temps. Le modèle a

donc une très faible adéquation aux données, cependant les variables utilisées permettent quand

même d’expliquer une petite partie des conditions de vie autodéclarées par les personnes en ASS.

- Les erreurs standard associées au coefficient principal estimé « PRS » et à tous les autres

coefficients sont inférieures à 5 % (égale à 5% uniquement pour la variable Corruption1). Ce qui

signifie que les coefficients estimés sont statistiquement significatifs (la plupart au seuil de 1%,

ou de 5%) puisque les prédictions sont entachées d’une faible erreur et leur effet sur la variable

dépendante est différent de 0. Cela suggère que notre hypothèse nulle H0 peut être rejetée et

notre hypothèse alternative H1 acceptée : nous pouvons être sûr à au moins 99 % que

l’implémentation d’une stratégie de réduction de la pauvreté sera associée à une modification des

conditions de vie autodéclarées en Afrique Subsaharienne.

Page 58: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

57

Nous avons également observé la relation entre les stratégies de réduction de la pauvreté et les conditions

de vie autodéclarées des personnes vivant en Afrique Subsaharienne, avec un modèle sans décalage de

l’effet des stratégies. Soit le modèle : 𝑆𝑅𝐿𝐶𝑖𝑐𝑡 = 𝛽0 + 𝛽1𝑃𝑅𝑆𝑐𝑡 + 𝛽2𝑃𝐼𝐵𝑐𝑡 + 𝛽3𝐶𝑜𝑟𝑟𝑢𝑝𝑡𝑖𝑜𝑛1𝑐𝑡 +

𝛽4𝑈𝑟𝑏𝑅𝑢𝑟𝑖𝑐𝑡 + 𝛽5𝑐𝑜𝑛𝑓𝑙𝑖𝑐𝑡𝑖𝑐𝑡 + 𝐸𝑑𝑢𝑐𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 − 𝑐𝑎𝑡𝑖𝑐𝑡 + 𝐸𝑚𝑝𝑙𝑜𝑦𝑚𝑒𝑛𝑡 − 𝑆𝑡𝑎𝑡𝑢𝑠𝑖𝑡 +

𝐷𝑖𝑚𝑒𝑛𝑠𝑖𝑜𝑛𝑠_𝑐𝑎𝑡𝑖𝑐𝑡 +𝛼𝑖 + 𝜆𝑡 + ℮𝑖𝑡

Les résultats sont présentés à l’annexe 8 et sont statistiquement significatifs au seuil de 1% pour la

plupart. Contrairement à notre modèle principal, les résultats montrent que l’implémentation d’une

politique de réduction de la pauvreté ou d’un DSRP est associée à une diminution de 5,5% de la

probabilité de déclarer vivre dans de bonnes conditions. Le niveau d’éducation, le statut d’employabilité

et les catégories de dimensions plus élevés correspondent à une augmentation de plus en plus élevée de

la probabilité de déclarer vivre dans de bonnes conditions. Les coefficients des variables « PIB » et

« Conflict » traduisent également une diminution de la probabilité de déclarer vivre dans de bonnes

conditions (lorsque le PIB augmente et lorsqu’il y a conflit). Cependant, ces résultats ne sont pas

statistiquement significatifs. Le coefficient de la variable corruption a aussi un signe opposé à celui du

modèle principal puisqu’ici, dans les pays corrompus, la probabilité de déclarer vivre dans de bonnes

conditions diminue de 11,3% par rapport aux pays peu ou pas corrompus (ce résultat est significatif au

seuil de 1%). Ce qui semblerait plus logique. Ici également, vivre en zone urbaine contribue très

faiblement à augmenter la probabilité de déclarer vivre dans de bonnes conditions (0,4%), mais le résultat

est statistiquement significatif. Ces résultats nous semblaient plus éloignés de la réalité car il parait

évident que l’effet de l’implémentation d’une stratégie devrait se faire ressentir à travers le temps et non

immédiatement comme le suggère ce modèle.

• Contrôle de robustesse du modèle de régression

Tableau 4 : Contrôle de robustesse du modèle de régression principal

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58

Dependent variable: 𝑺𝑹𝑳𝑪𝒊𝒄𝒕+𝟏 𝒓𝒐𝒖𝒏𝒅

𝑺𝑹𝑳𝑪𝒊𝒄𝒕+𝟏 𝒓𝒐𝒖𝒏𝒅 𝑺𝑹𝑳𝑪𝟏𝒊𝒄𝒕+𝟏 𝒓𝒐𝒖𝒏𝒅##

(1)

Only the

poorest

(2)

All

(3)

All &

Corruption2#

(4)

Only the

poorest

(5)

All

PRS 0.024*** 0.032*** 0.031*** 0.049*** 0.017*** (0.004) (0.004) (0.004) (0.004) (0.004)

PIB 0.012*** 0.007*** 0.005*** 0.008*** 0.002*** (0.001) (0.0005) (0.0005) (0.001) (0.0005)

Corruption1 0.085*** 0.061*** 0.088*** 0.030*** (0.005) (0.005) (0.006) (0.005)

Corruption2 0.006

(0.004)

UrbRur -0.005*** 0.0002 -0.002 -0.007*** -0.0003 (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002)

Conflict -0.013*** -0.011*** -0.011*** -0.006*** -0.005*** (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002)

factor(Education_cat)2 0.008*** 0.011*** 0.011*** 0.008*** 0.008*** (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002)

factor(Education_cat)3 0.006** 0.009*** 0.010*** 0.006** 0.009*** (0.003) (0.002) (0.002) (0.003) (0.003)

factor(Education_cat)4 0.0002 0.004 0.006** 0.006** 0.008*** (0.003) (0.003) (0.003) (0.003) (0.003)

factor(Employment_Status)2 -0.007*** -0.005** -0.004* -0.009*** -0.008*** (0.002) (0.002) (0.002) (0.003) (0.002)

factor(Employment_Status)3 0.0003 -0.001 -0.001 0.0003 -0.002 (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002)

factor(Dimensions_cat)2 0.007*** 0.005*** 0.005*** 0.002 -0.001 (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002)

factor(Dimensions_cat)3 0.009*** 0.001 0.003 0.001 -0.006** (0.003) (0.003) (0.003) (0.003) (0.003)

Observations 372,208 425,004 425,004 372,208 425,004

R2 0.068 0.065 0.065 0.087 0.078

Adjusted R2 0.061 0.059 0.058 0.080 0.072

Residual Std. Error 0.451 (df =

369493)

0.452 (df =

422145)

0.452 (df =

422145)

0.479 (df =

369493)

0.482 (df =

422145)

Notes: Valeur p : *significatif à 10 % ; **significatif à 5 % ; *** significatif à 1 %.

Les erreurs standards sont présentées entre parenthèses. # Corruption2 = indice de corruption considéré au seuil de 40 ## 𝑺𝑹𝑳𝑪𝟏𝒊𝒄𝒕+𝟏 𝒓𝒐𝒖𝒏𝒅 = very good + fairly good + neither good nor bad self-reported living conditions

Sources : calculs de l’auteure à l’aide des données du FMI (s.d), Banque Mondiale (s.d), Transparency International (s.d)

et Afrobaromètre (s.d(b), round 2 à round 7).

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59

Dans le tableau ci-dessus, nous effectuons trois différents contrôles afin de valider les résultats de notre

modèle de régression principal.

Tout d’abord, nous avons réalisé notre modèle de régression principal sur un échantillon comprenant

uniquement les pays les plus pauvres de l’échantillon – only the poorest (tous les pays exceptés :

Botswana, Gabon, Mauritius et South Africa). Les résultats ne sont pas très éloignés de ceux obtenus

précédemment. Cependant, il est important de relever certains faits. La probabilité de déclarer vivre dans

de bonnes conditions lorsqu’on réside dans un pays qui implémente une stratégie de réduction de la

pauvreté est plus faible dans ce cas, elle n’augmente que de 2,4 %. Le coefficient de la variable

« UrbRur » ici est devenu significatif au seuil de 1% et de signe opposé à celui du modèle principal. Plus

précisément, vivre en zones urbaines diminue la probabilité de déclarer vivre dans de bonnes conditions

de 0,5%. Les variables « PIB », « Corruption1 » et « Dimensions_cat » ont un coefficient plus élevé pour

ce qui est de la probabilité de déclarer vivre dans de bonnes conditions. Dans ce modèle cependant, la

probabilité de déclarer vivre dans de bonnes conditions augmente lorsque la catégorie de dimensions est

plus grande. Le R2 dans ce modèle est légèrement plus élevé que celui du modèle principal, mais cette

différence n’est pas de proportion importante (6,8% contre 6,5% précédemment).

Ensuite, nous avons testé notre modèle de régression en utilisant un seuil différent pour l’indice de

perception de la corruption (corrompu si indice <= 40 ; variable « Corruption2 »). Le coefficient estimé

de cette variable suggère également une augmentation de la probabilité de déclarer vivre dans de bonnes

conditions lorsqu’on vit dans un pays corrompu, mais cette augmentation est très faible. De plus, ce

résultat n’est pas significatif et c’est pourquoi nous avons préféré utiliser la variable « Corruption1 » dans

notre modèle principal. Compte tenu de la différence observé quant à la significativité statistique et l’écart

dans les coefficients estimés des variables « Corruption1 » et « Corruption2 », nous pensons qu’il n’est

pas prudent de se fier à la variable corruption, car ses résultats pourraient symboliser une corrélation

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fallacieuse (nous reviendrons dessus dans la discussion). D’autres recherches pourraient considérer de

meilleures mesures de la corruption au sein des pays, qui captureraient mieux l’impact de ce fléau.

Nous avons enfin testé notre modèle en codifiant notre variable dépendante différemment12. Au lieu de

la codification utilisée dans le modèle principal (1= personnes ayant déclaré vivre dans de très bonnes

ou d’assez bonnes conditions), nous avons considéré la valeur 1 = personnes ayant déclaré vivre dans de

très bonnes ou assez bonnes ou ni bonnes ni mauvaises conditions de vie. Lorsque la relation entre la

variable dépendante et la variable indépendante (plus les variables de contrôle, les effets des pays et les

effets liés au temps) a été observée dans l’échantillon complet, les résultats sont pratiquement similaires

à quelques exceptions près à ceux du modèle principal et les coefficients estimés des variables sont de

plus faible amplitude. La variable « UrbRur » a un coefficient estimé négatif, mais ce résultat n’est

également pas significatif. Le R2 semble également plus élevé ici, mais la différence n’est pas non plus

très grande (7,8% dans ce modèle contre 6,5% dans le modèle principal). En revanche, lorsqu’on effectue

la régression uniquement avec les pays les plus pauvres de l’échantillon, les coefficients ont une

amplitude beaucoup plus élevée. Les coefficients estimés de la variable « Dimensions_cat » ne sont pas

significatifs et le R2 est plus élevé (8,7%) mais demeure assez faible.

12 𝑺𝑹𝑳𝑪𝟏𝒊𝒄𝒕+𝟏 𝒓𝒐𝒖𝒏𝒅

##

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61

IV- Discussion

À travers notre étude, nous avons cherché à comprendre les raisons qui pourraient expliquer la situation

de pauvreté observée en ASS.

Le premier enjeu de notre recherche consistait à faire une analyse des contextes économiques, sociaux et

environnementaux de cette région du monde, qui pourraient expliquer l’état des choses actuel. Nous

avons trouvé conformément à notre hypothèse alternative que, malgré de modestes progrès parfois

enregistrés à certaines périodes de l’histoire, l’ASS ne dispose toujours pas de bons indicateurs de

développement aussi bien économiques, qu’humains. De plus, elle est dans la majorité des cas, la région

avec les indicateurs les plus faibles ou négatifs. Nous pensons que cela pourrait être attribuable aux

différentes contraintes auxquelles fait face l’ASS parmi lesquelles : l’instabilité des prix des matières

premières, les catastrophes naturelles, la sècheresse dans certains pays qui détruit parfois les récoltes, les

situations conflictuelles persistantes qui poussent massivement les populations à se déplacer, la mauvaise

gouvernance de la part des dirigeants, etc. D’innombrables sources présentent aussi la croissance

démographique comme un frein majeur au développement en ASS. Nous sommes d’avis que cette

croissance démographique pourrait être transformée en atout si les pays se dotent des moyens d’y faire

face. Guengant (2007, p.109) proposait par exemple pour le cas de l’ASS, de mettre un accent sur la

baisse des naissances grâce aux transformations socio-économiques déjà en cours. Il suggère qu’en

faisant progresser la planification familiale pour permettre de limiter le besoin de reproduction, un effet

de rattrapage pourra se produire assez rapidement. Cela aura pour effet d’augmenter les taux de

couverture sanitaire des mères et des enfants, les taux d’entrée dans le primaire puis dans le secondaire

(Guengant, 2007, p.109). Un progrès non négligeable vers le développement.

L’ASS dispose d’importants atouts pour le développement tels que : un marché intérieur en pleine

expansion, plusieurs réserves de minerais et d’hydrocarbures, un fort potentiel agricole avec de

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62

nombreuses terres cultivables (Severino et Ray, 2010). Cependant, ces atouts ne sont pas exploités de

façon à ce que cette région puisse en tirer profit étant donné son contexte politique, économique, social

et environnemental. La forte dépendance de la majorité de la population (faible population active,

population jeune donc plus de personnes à charge) ne vient sans doute pas faire progresser les efforts

entrepris dans la bonne direction.

Le deuxième enjeu de notre recherche consistait à analyser sur la base de la littérature existante, l’impact

des stratégies de réduction de la pauvreté promues par les organisations internationales en ASS. Il en est

ressorti que, bien que la dernière approche fondée sur les DSRP avait permis de faire un pas dans la

bonne direction, les progrès ne sont pas jugés suffisants pour parler de réduction de la pauvreté. La

littérature sur le sujet provenant aussi bien des auteurs africains que des auteurs d’ailleurs demeure très

mitigée et avec une forte tendance au scepticisme quant à la capacité de ces stratégies à éradiquer la

pauvreté dans les pays sous-développés ou en développement. Quelques études ont même trouvé des

associations négatives entre l’implémentation des DSRP et certains indicateurs de développement au sein

des pays. En outre, les concepts opérationnalisés dans la démarche DSRP tels que « la participation »,

l’appropriation » et le « partenariat » restent encore difficiles à appréhender. Concernant la « réduction

de la pauvreté, dans la plupart des cas, les progrès réalisés semblaient quelque peu avoir été conditionnés

par une croissance économique plus grande et en augmentation dans le pays (voir (Marshall et Walters,

2011 ; Elkins et al., 2018 ; Bohlers, 2019). Un autre élément ayant retenu notre attention est le début de

l’assistance aux pays pauvres sous forme d’investissements dans les années 50, qui devaient ensuite être

remboursés par leur épargne. Tel que précisé dans le rapport de l’ONU intitulé Measures for the

Economic Development of Under-Developed Countries, il était préconisé pour promouvoir le

développement que : les pays donateurs devaient transférer aux pays en développement environ 10

milliards de dollars par an (sous forme d’investissement), et les pays bénéficiaires devaient eux-aussi

rembourser ce même montant en se servant de leur épargne nationale. Pourtant, selon Hillenkamp et

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63

Servet (2012) « cette aide suggérée correspondait aux 3 % du PNB consacré pendant plusieurs années

par les Etats-Unis au plan Marshall pour l’Europe (principalement sous forme de dons) ». Il y a donc ici

une incompréhension de notre part quant à l’association de la notion d’aide à celle d’investissement

remboursable. Nous nous demandons, comment des pays déjà en difficultés financières pourraient avoir

à rembourser des sommes supposées les aider ? C’est d’ailleurs de notre point de vue la même situation

qui a plongé les pays africains dans cet engrenage d’endettement de plus en plus élevé.

Le dernier enjeu de notre recherche était d’étudier l’impact des stratégies de réduction de la

pauvreté/DSRP sur les conditions de vie autodéclarées des populations vivant en Afrique Subsaharienne.

Nos résultats sont consistants et statistiquement significatifs, mais démontrent qu’il y a une assez faible

partie des conditions de vie autodéclarées qui peut être expliquée par l’implémentation d’une stratégie

de réduction de la pauvreté. Cet effet est systématiquement présent dans différentes spécifications de

modèles et échantillons de pays que nous avons utilisés. L'effet est de 3.2% pour l'échantillon total mais

varie de 2.4% pour les pays les plus pauvres à 4.9% lorsque la variable dépendante est codifiée

différemment et pour les pays les plus pauvres. Ayant effectué un test de robustesse de notre modèle de

régression principal selon plusieurs critères, nous pensons avoir ouvert des brèches intéressantes pour

des recherches futures. Dans ce sens, deux principaux éléments sont à soulever. Premièrement, lorsque

nous avons codifié différemment la variable dépendante (SRLC) en introduisant les personnes ayant fait

une déclaration neutre à propos de leurs conditions de vie (valeur 1 = personnes ayant déclaré vivre dans

de très bonnes ou assez bonnes ou ni bonnes ni mauvaises conditions de vie), nous avons obtenu des

coefficients avec une amplitude beaucoup plus élevée dans les pays les plus pauvres (voir tableau 4).

Cette évidence nous semble intéressante car on peut voir ici que, les stratégies de réduction de la pauvreté

ont un effet plus positif sur les plus pauvres. Cependant, nous ne devons pas perdre de vue que dans notre

modèle principal (dont la variable dépendante prend la valeur 1 pour les personnes ayant déclaré vivre

dans de très bonnes ou dans d’assez bonnes conditions de vie), l’effet des stratégies de réduction de la

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pauvreté sur les conditions de vie autodéclarées, était plus faible dans les pays les plus pauvres. Ce qui

suggérait plutôt que les stratégies de réduction de la pauvreté profitent plus aux personnes plus nanties.

En fin de compte, nous préférons nous fier à la tendance observée avec notre modèle principal, car

d’après nous, il est plus prudent de ne pas attribuer de catégorisation à des personnes avec des réponses

neutres. Deuxièmement, le fait que la variable mesurant la corruption au sein des pays nous donne des

résultats différents selon le seuil retenu, nous laisse penser à une possibilité de corrélation fallacieuse. En

réalité, nous avons utilisé une mesure absolue pour définir les pays jugés corrompus. Cette mesure a été

déterminée après que nous ayons effectué des analyses visant à déterminer le meilleur seuil à considérer.

Il se pourrait donc que les corrélations observées soient causées par la méthode d'analyse, plutôt que par

un lien entre les variables. C’est pourquoi nous suggérons pour d’autres recherches sur le sujet, que de

meilleures variables mesurant la corruption puissent être utilisées.

Un dernier point à aborder au sujet de notre analyse quantitative concerne les limites auxquelles nous

avons été confrontés pour mener à bien cette étude. L’enquête Afrobaromètre ne couvrait que 16 pays en

2002 (round 2) puis le nombre de pays a augmenté progressivement au fil des rondes d’enquête. En outre,

certaines questions ont été ajoutées ou supprimées dans certaines rondes. Nous avons donc choisi

d’inclure uniquement les variables qui étaient mesurées pour toute les rondes d’enquête de notre base de

données. Concernant les pays, nous avons comparé les codes des pays utilisés dans chaque ronde (car ils

étaient différents) afin de ne pas nous tromper en éliminant les pays qui ne sont pas d’ASS. Nous pensons

que, peut-être les résultats auraient été différents si les mêmes pays et les mêmes questions (par

conséquent les mêmes variables) avaient été présents dès la première ronde d’enquête.

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65

Conclusion

L’objectif de notre recherche était de tenter de comprendre ce qui pourrait expliquer les tendances de

pauvreté observées en ASS, malgré les nombreuses solutions proposées par les OI à travers les stratégies

internationales de développement. Nous avons émis l’hypothèse qu’il est difficile pour l’ASS d’améliorer

considérablement sa tendance de pauvreté (aussi bien macro que micro) malgré les stratégies

internationales de développement parce que, l’influence continue sur la politique économique des pays

pauvres par les OI n’est pas forcément motivée par la réduction de la pauvreté. De plus, ces organisations

ont un regard externe sur la pauvreté telle que vécue dans ces pays, le processus de définition des

stratégies internationales incluant souvent très peu de représentants de l’ASS. Nous avons également

émis une hypothèse alternative préconisant que : les contextes économique, social et environnemental de

l’ASS contribuent fortement à maintenir cette région comme celle regorgeant le plus grand nombre de

pauvres absolus dans le monde. À l’aide de nos recherches, nous avons tour à tour : analysé le contexte

du développement en ASS à l’aide des indicateurs économiques et sociaux, exploré les contours de la

lutte contre la pauvreté par les organisations internationales à l’aide d’un certain nombre de stratégies et

effectué une étude quantitative13 pour mesurer l’impact des stratégies de réduction de la pauvreté sur les

conditions de vie autodéclarées par les personnes vivant en ASS.

Sur la base de ce que nous avons trouvé, nous pouvons en déduire que, l’implémentation des stratégies

de réduction de la pauvreté/DSRP contribue faiblement à améliorer la situation de pauvreté et donc les

conditions de vie des populations de l’ASS. Cette amélioration n’est néanmoins pas suffisante pour

mener à une éradication complète de la pauvreté dans la région. En nous appuyant sur l’analyse

quantitative, nous émettons cependant quelques réserves quant à affirmer qu’il y a un lien de causalité

évident entre les stratégies de réduction de la pauvreté/DSRP et les conditions de vie en ASS. En effet,

13 Remerciements : nous tenons à remercier notre directrice de mémoire, la professeure Geranda Notten qui nous a

grandement appuyé pour la détermination du modèle de régression et ses spécifications.

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nous avons observé à travers les indicateurs de développement que les contextes, politiques, sociaux et

économiques ne sont certes pas propices à faire fructifier les actions positives menées par les OI, mais

les stratégies en elles-mêmes sont également contestables sur un certain nombre d’aspects. Le processus

de participation, l’appropriation nationale, le contenu et les implications en termes de relations

internationales sont notamment des éléments qui soulèvent des contestations dans la littérature sur les

DSRP. En réalité, même si les DSRP se caractérisaient par un degré d'appropriation nationale plus

important que ce n'était le cas avec les PAS, il ne fait aucun doute que les IFI ont continué d'exercer une

influence considérable sur les stratégies de réduction de la pauvreté et devraient donc être tenues au

moins en partie responsables de leurs résultats. Nous devons également être conscients du fait que l’effet

apparent de la mise en œuvre des stratégies de réduction de la pauvreté/DSRP pourrait provenir d’autres

politiques ou programmes poursuivis au même moment dans les pays.

Les DSRP représentent une initiative internationale majeure de développement en ce sens qu’ils ont

également servi à titre de plans développement nationaux dans de nombreux pays (voir FMI, 2019). Très

peu de recherches se penchent malheureusement sur leurs performances globales réelles pourtant, des

interrogations subsistent encore sur les questions de l’accomplissement de leur mission primaire (réduire

la pauvreté) et leur détachement complet par rapport aux programmes d’ajustement structurel ayant

connu un échec retentissant. En guise de rappel, les pays pauvres ont majoritairement choisi

d’implémenter les DSRP afin d’alléger leur dette et d’accéder à de nouveaux prêts. Tel que présenté dans

la deuxième partie, la crise de la dette initiale qui a conduit à l'initiative des pays pauvres très endettés

(PPTE) et aux premiers DSRP était en grande partie le résultat de facteurs externes originaires de

l'Occident et échappant au contrôle des gouvernements des pays pauvres. Cela échappait certainement

au contrôle des gouvernements successifs, ainsi qu’au peuple gouverné. Si l'on considère ensuite les

échecs des IFI face à la crise de la dette et les dommages causés par leur ajustement structurel, les résultats

peu concluants de la mise en œuvre du DSRP deviennent d'autant plus problématiques.

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67

Bien entendu, il faut noter que notre analyse souffre de certaines limites dont le faible nombre d’études

sur le sujet évoqué dans la revue de littérature, ainsi que les autres limites évoquées dans la partie portant

sur l’étude quantitative. Cela est néanmoins une contribution importante à la tâche de grande envergure

consistant à évaluer la performance des DSRP. Sur la base des évidences que nous avons discuté dans ce

mémoire, nous pouvons dire que nos conclusions ne soutiennent pas l'idée que les DSRP devraient

devenir le mécanisme permettant d'opérationnaliser les ODD, ni pour éradiquer l’extrême pauvreté dans

le monde et encore moins en ASS. Nous soulignons finalement l'absence de résultats concluants.

En plus de lancer un appel à de plus amples recherches sur le sujet, nous pensons qu’il est aussi

envisageable dans le cadre des stratégies de réduction de la pauvreté de mettre plus d’emphase sur la

gratuité de certains services de base (exemple: école primaire et secondaire, soins de santé, eau), et

l’attribution de certaines facilités (allocations familiales, pensions vieillesse invalidité et décès plus

consistantes, etc.) afin d’améliorer le niveau et la qualité de vie des populations. Par ailleurs, pour les

recherches futures utilisant les perceptions des individus, il serait intéressant qu’Afrobaromètre inclue

une variable mesurant ce que les individus considèrent lorsqu’ils déclarent vivre dans de bonnes

conditions ou pas. Ou alors, les chercheurs pourraient s’inspirer des modèles plus sophistiqués de mesure

de la perception du bien-être (voir par exemple la section sur la méthodologie de l’étude quantitative - la

variable dépendante pour les références citées). Finalement, nous ne pensons pas qu’il soit judicieux de

recourir exclusivement à des mesures subjectives de pauvreté étant donné que les personnes évaluent

leur situation sur des bases purement personnelles et qui ne sont pas toujours le reflet de la réalité. Garder

un niveau élevé d’objectivité est plus recommandable dans la lutte contre la pauvreté car il y a des

évidences qui sont partagées par la quasi-totalité des êtres humains.

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68

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Annexe 3 : Autres indicateurs de développement en ASS

Indicateur ASS Monde

Éducation

Enfants non scolarisés (% des enfants d’âge

primaire)

19 %

(en 2019)

8 %

(en 2019)

Adolescents non scolarisés (% des adolescents en

âge de fréquenter le 1er cycle du secondaire)

37 %

(en 2018)

15%

(en 2018)

Emploi % Population active sur la population totale 39 %

(en 2019)

45 %

(en 2019)

Électricité Accès à l’électricité (% de la population) 47,7 %

(en 2018)

89,6 %

(en 2018)

Eau

People using at least basic drinking water services

(% of population)

61 %

(en 2017)

90 %

(en 2017)

People using safely managed drinking water

services (% of population)

27 %

(en 2017)

71 %

(en 2017)

Source : calculs de l’auteure à partir de « World Development Indicators ». Banque Mondiale (s.d)

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Annexe 4 : Caractéristiques de l’échantillon

Source : calculs de l’auteure à partir des données d’Afrobaromètre (s.d(b), round 2 à round 7)

Années d'interview

urban rural Total sample urban rural Total sample urban rural Total sample urban rural semi-urban Total sample urban rural peri-urban semi-urban Total sample urban rural peri-urban semi-urban Total sample

Algeria 1 220 1 200

Benin 1 198 1 200 1 200 1 200 1 200

Botswana 1 200 1 200 1 200 1 200 1 200 1 198

Burkina Faso 1 200 1 200 1 200 1 200

Burundi 1 200 1 200

Cameroon 1 200 1 200 1 202

Cape Verde 1 268 1 256 1 264 1 200 1 200 1 200

Cote d'Ivoire 1 200 1 199 1 200

Egypt 1 200 1 200

Gabon 1 200 1 199

Gambia 1 200

Ghana 1 200 1 197 1 200 2 400 2 400 2 400

Guinea 1 200 1 200 1 194

Kenya 2 398 1 278 1 104 2 400 2 397 1 599

Lesotho 1 200 1 161 1 200 1 200 1 200 1 200

Liberia 1 200 1 200 1 200 1 200

Madagascar 1 350 1 350 1 200 1 200 1 200

Malawi 1 200 1 200 1 200 2 400 2 400 1 200

Mali 1 283 1 244 1 232 1 200 1 200 1 200

Mauritius 1 200 1 200 1 200

Morocco 1 200 1 200 1 200

Mozambique 1 400 1 198 1 200 2 400 2 400 2 392

Namibia 1 199 1 200 1 200 1 200 1 200 1 200

Niger 1 200 1 200 1 200

Nigeria 2 428 2 363 2 324 2 400 2 400 1 600

Sao Tomé and Principe 1 200 1 200

Senegal 1 200 1 200 1 200 1 200 1 200 1 200

Sierra Leone 1 200 1 200 1 200

South Africa 2 400 2 400 2 400 2 399 2 400 1 840

Sudan 1 200 1 200 1 200

Swaziland / Eswatini 1 200 1 200 1 200

Tanzania 1 223 1 304 1 208 2 400 2 386 2 400

Togo 1 200 1 200 1 200

Tunisia 1 200 1 200 1 199

Uganda 2 400 2 400 2 431 2 400 2 400 1 200

Zambia 1 198 1 200 1 200 1 200 1 200 1 200

Zimbabwe 1 104 1 048 1 200 2 400 2 400 1 200

TOTAUX 9 113 15 188 24 301 9 695 15 702 25 397 10 521 17 192 27 713 19 907 30 993 687 51 619 22 089 31 246 88 512 53 982 19 828 25 308 40 647 45 823

POURCENTAGES 37,50% 62,50% 38,17% 61,83% 37,96% 62,04% 38,57% 60,04% 1,33% 40,92% 57,88% 0,16% 0,95% 43,27% 55,23% 0,09% 1,41%

*En gris, c'est les pays qui ne sont pas de l'Afrique Subsaharienne

Round 7

2002-2004 2005-2006 2008 2011-2013 2014-2015 2016-2018

Round 2 Round 3 Round 4 Round 5 Round 6

Page 81: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

80

Annexe 5 : Les stratégies de réduction de la pauvreté par pays

Source : auteure à partir de « IMF DATA ». FMI (s.d)

Page 82: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

81

Annexe 6 : Description complète des variables

Variable Définition Transformations à effectuer (s’il y a lieu) Modalités (après

transformation)

Variable dépendante

SRLC (Self-Reported Living

Conditions)

Conditions de vie auto-déclarées du

répondant.

Cette variable a été créée en tant que variable

numérique muette (dummy variable) égale à 1

si le répondant a déclaré vivre dans d’assez

bonnes (code 4) ou des très bonnes conditions

(code 5) et égale à 0 autrement (toute autre

réponse valide donnée).

2 modalités:

1 = fairly good or very

good

0 = otherwise

Variables indépendantes

PRS Existence ou non d’une stratégie de

réduction de la pauvreté dans un

pays pour une année donnée.

Cette variable a été créée en tant que variable

numérique égale à 1 s’il y a en place un

programme de lutte contre la pauvreté dans un

pays donné à une année donnée (le programme

est matérialisé la plupart du temps par

l’existence d’un document stratégique pour la

réduction de la pauvreté – DSRP), et égale à 0

s’il n’y en a pas.

2 modalités :

1 = Yes

2 = No

PIB Produit Intérieur Brut par habitant

(converti en dollars internationaux

en utilisant les taux de parité du

pouvoir d'achat) au sein d’un pays

donné à une période de temps

précise.

Il s’agit du PIB par tête converti en $

internationaux en utilisant les taux de parité du

pouvoir d'achat divisée par 1000 (afin d’avoir

sensiblement la même échelle que les autres

variables et pouvoir mieux interpréter les

résultats)

De 0,73$ à 22,21$

Conflict Presence of Policemen or police

vehicles / soldiers or army vehicles

in the primary sampling unit.

Cette variable a été créée en tant que variable

numérique muette (dummy variable) égale à 1

s’il y a la présence de policiers, soldats,

véhicules de police et/ou de véhicules de

l’armée dans l’environnement du répondant et

égale à 0 autrement.

C’est la combinaison des deux variables

(polmv et solav) pour matérialiser s’il y a ou

pas un conflit armé dans l’environnement du

répondant.

2 modalités:

1 = yes

0 = otherwise

Page 83: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

82

Variable Définition Transformations à effectuer (s’il y a lieu) Modalités (après

transformation)

UrbRur Géolocalisation du répondant.

Cette variable a été recodée. Avec 4 modalités

à la base, les observations enregistrées pour

« semi urban » et « peri urban » ont été

ajoutées à celles de « urban » pour ne garder

que 2 modalités.

2 modalités :

0 = rural

1 = urban

Corruption1 Niveau de l’indice perception de la

corruption par pays pour une année

donnée.

Cette variable a été créée en tant que variable

numérique égale à 1 pour les pays avec un

niveau de corruption élevé (Indice de 0 à 30) et

0 pour les pays avec un score de corruption

faible ou moyen (Indice de plus de 30).

2 modalités :

0 = Indice de corruption

faible ou moyen

1 = Indice de corruption

élevé

Education_cat Niveau d’étude du répondant. Cette variable a été recodée. Elle représente les

catégories en termes d’éducation auxquelles

appartiennent les répondants. À la base, elle

avait 10 modalités.

4 modalités :

1 = No schooling or

some (informal/primary)

schooling

2 = Completed Primary

schooling / some high

school

3 = Completed high

school

4 = Post-secondary

schooling (some or

completed)

Employment_status Situation d’emploi du répondant. Cette variable a été recodée afin d’être

représentative de la situation d’emploi du

répondant. Nous avions 6 modalités pour la

variable « job » que nous avons regroupé en 3.

3 modalités:

1 = Unemployed

2 = Yes, employed part-

time

3 = Yes, employed full-

time

Dimensions_cat Catégories associées au nombre de

dimensions de bien-être présentes

dans l’environnement du répondant

(de 0 à 7) parmi : school, police

station, health clinic, market stalls,

sewage system, electricity, water.

C’est une variable catégorielle créée pour

représenter le nombre (ou la somme) de

dimensions objectives de bien-être présentes

dans l’environnement du répondant (de 0 à 7)

parmi : school, police station, health clinic,

market stalls, sewage system, electricity, water.

3 modalités :

1 = Low living

conditions/Very poor

(0,1,2)

2 = Middle living

conditions (3,4,5)

3 = High living

conditions (6,7)

Page 84: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

83

Variable Définition Transformations à effectuer (s’il y a lieu) Modalités (après

transformation)

Country Pays du répondant. Code 1 à 36

Date Date de l’interview. 03JUN2002 à 02.01.17

school Presence of school

in the primary sampling

unit/enumeration area, or within

easy walking distance.

Cette variable a été créée en tant que variable

numérique muette (dummy variable) égale à 1

s’il y a une école dans l’environnement du

répondant ou à une distance de marche

facilement accessible et égale à 0 autrement.

2 modalités:

1 = yes

0 = otherwise

police_station Presence of police station

in the primary sampling

unit/enumeration area, or within

easy walking distance.

Cette variable a été créée en tant que variable

numérique muette (dummy variable) égale à 1

s’il y a une station de police dans

l’environnement du répondant ou à une

distance de marche facilement accessible et

égale à 0 autrement.

2 modalités:

1 = yes

0 = otherwise

health_clinic Presence of health clinic

in the primary sampling

unit/enumeration area, or within

easy walking distance.

Cette variable a été créée en tant que variable

numérique muette (dummy variable) égale à 1

s’il y a une clinique de santé dans

l’environnement du répondant ou à une

distance de marche facilement accessible et

égale à 0 autrement.

2 modalités:

1 = yes

0 = otherwise

market_stalls Presence of market stalls selling

groceries and/or clothes

in the primary sampling

unit/enumeration area, or within

easy walking distance.

Cette variable a été créée en tant que variable

numérique muette (dummy variable) égale à 1

s’il y a un marché pour s’approvisionner en

denrées alimentaires et/ou se vêtir dans

l’environnement du répondant ou à une

distance de marche facilement accessible et

égale à 0 autrement.

2 modalités:

1 = yes

0 = otherwise

electricity Presence of electricity grid that

most houses could access in the

primary sampling unit/enumeration

area.

Cette variable a été créée en tant que variable

numérique muette (dummy variable) égale à 1

s’il y a de l’électricité dans l’environnement du

répondant ou à une distance accessible par la

majorité des résidences et égale à 0 autrement.

2 modalités:

1 = yes

0 = otherwise

water Presence of piped water system that

most houses could access in the

primary sampling unit/enumeration

area.

Cette variable a été créée en tant que variable

numérique muette (dummy variable) égale à 1

s’il y a de l’eau dans l’environnement du

répondant ou à une distance accessible par la

majorité des résidences et égale à 0 autrement.

2 modalités:

1 = yes

0 = otherwise

Page 85: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

84

Variable Définition Transformations à effectuer (s’il y a lieu) Modalités (après

transformation)

sewage_system Presence of sewage system that

most houses could access in the

primary sampling unit/enumeration

area.

Cette variable a été créée en tant que variable

numérique muette (dummy variable) égale à 1

s’il y a un système d’égouts dans

l’environnement du répondant ou à une

distance accessible par la majorité des

résidences et égale à 0 autrement.

2 modalités:

1 = yes

0 = otherwise

polmv Presence of policemen or police

vehicles in the primary sampling

unit/enumeration area.

Cette variable a été créée en tant que variable

numérique muette (dummy variable) égale à 1

s’il y a la présence de policiers et/ou de

véhicules de police dans l’environnement du

répondant et égale à 0 autrement.

2 modalités:

1 = yes

0 = otherwise

solav Presence of soldiers or army

vehicles in the primary sampling

unit/enumeration area.

Cette variable a été créée en tant que variable

numérique muette (dummy variable) égale à 1

s’il y a la présence de soldats et/ou de véhicules

de l’armée dans l’environnement du répondant

et égale à 0 autrement.

2 modalités:

1 = yes

0 = otherwise

Sources : calculs de l’auteure à l’aide des données du FMI (s.d), Banque Mondiale (s.d), Transparency International (s.d) et Afrobaromètre

(s.d(b), round 2 à round 7).

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85

Annexe 7 : Évolution annuelle du PIB par tête dans les pays de l’échantillon

Source : réalisé par l’auteure à partir des données obtenues sur « World Development Indiators ». Banque Mondiale (s.d)

Page 87: MÉMOIRE DE MAÎTRISE API 6999 Les organisations ...

86

Annexe 8 : Résultats de la régression à effets fixes du modèle de régression basique (sans décalage de

la variable dépendante)

Dependent variable: 𝑺𝑹𝑳𝑪𝒊𝒄𝒕

(1) (2) (3) (4) (5) (6) (7)

PRS -0.063*** -0.063*** -0.062*** -0.055*** -0.055*** -0.055*** -0.055*** (0.003) (0.003) (0.003) (0.003) (0.003) (0.003) (0.003)

PIB 0.005*** -0.0005 -0.0005 -0.0004 (0.0004) (0.0004) (0.0004) (0.0004)

Corruption1 -0.114*** -0.113*** -0.113*** (0.005) (0.005) (0.005)

UrbRur 0.004** 0.004** (0.002) (0.002)

Conflict -0.002 (0.002)

factor(Education_cat)2 0.031*** 0.029*** 0.027*** 0.028*** 0.027*** 0.027*** (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002)

factor(Education_cat)3 0.075*** 0.072*** 0.069*** 0.070*** 0.070*** 0.069*** (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002)

factor(Education_cat)4 0.107*** 0.103*** 0.101*** 0.104*** 0.104*** 0.104*** (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002)

factor(Employment_Status)2 -0.005*** -0.006*** -0.006*** -0.005** -0.005** -0.005** (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002)

factor(Employment_Status)3 0.035*** 0.034*** 0.033*** 0.034*** 0.033*** 0.034*** (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002)

factor(Dimensions_cat)2 0.007*** 0.006*** 0.007*** 0.006*** 0.006*** (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002)

factor(Dimensions_cat)3 0.018*** 0.016*** 0.018*** 0.015*** 0.016*** (0.002) (0.002) (0.002) (0.002) (0.002)

Observations 489,768 489,768 489,768 489,768 489,768 489,768 486,468

R2 0.080 0.086 0.086 0.086 0.088 0.088 0.088

Adjusted R2 0.074 0.080 0.080 0.080 0.082 0.082 0.082

Residual Std. Error 0.450 (df =

486660)

0.449 (df =

486655)

0.449 (df =

486653)

0.449 (df =

486652)

0.448 (df =

486651)

0.448 (df =

486650)

0.448 (df =

483370)

Notes: Valeur p : *significatif à 10 % ; **significatif à 5 % ; *** significatif à 1 %.

Les erreurs standards sont présentées entre parenthèses.

Sources : calculs de l’auteure à l’aide des données du FMI (s.d), Banque Mondiale (s.d), Transparency International

(s.d) et Afrobaromètre (s.d(b), round 2 à round 7).